Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Introduction ' Alath Eorie Des Nombres: D Epartement de Math Ematiques

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 62

université mohammed premier

faculté des sciences


oujda
Département de Mathématiques

Introduction à la Théorie des Nombres

Réalisé par :
M. C. ISMAILI 1 et M. M. CHEMS-EDDIN 2

Année Universitaire : 2019-2020

1. mcismaili@yahoo.fr
2. 2m.chemseddin@gmail.com
Introduction
Ces notes sont les notes de cours d’un module introductif sur la théorie algébrique des
nombres enseignées au sein de la Faculté des Sciences d’Oujda pour l’année universitaire 2019-
2020. Ce cours nous a donné l’occasion de présenter plusieurs résultats de différentes références,
dans le but de permettre aux étudiants du Master ”Théorie des nombres” d’acquérir les concepts
et les connaissances de base en théorie algébrique des nombres, on a contribué à choisir l’ordre,
reformuler, détailler et simplifier le maximum possible les notions et les démonstrations de ce
cours. Pour toute proposition de correction veuillez contacter Moulay Chrif Ismaili (professeur à
la faculté des sciences d’Oujda) ou Mohamed Mahmoud Chems-Eddin (enseignant contractuel
à la faculté des sciences d’Oujda).

page 1
Table des matières

1 Anneaux et modules nœthériens - Anneaux de valuation discrète 4


1.1 Préliminaires sur les modules et la dépendance intégrale . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Idéaux fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Préliminaires sur les anneaux et les modules nœthériens. . . . . . . . . . 7
1.2.2 Idéal fractionnaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Anneaux de valuation discrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2 Localisation - Anneaux de Dedekind 13


2.1 Localisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Anneaux de Dedekind . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 Décomposition des idéaux premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3.1 Entiers e, f, g . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3.2 Cas des corps de nombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

3 Outils de base de la théorie algébrique des nombres 22


3.1 Trace, norme et discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.1.1 Cas d’une extension d’anneaux B/A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.1.2 Cas d’une extension séparable de degré fini L/K . . . . . . . . . . . . . 24
3.1.3 Cas des corps de nombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2 Localisation de l’anneau des entiers par un idéal premier . . . . . . . . . . . . . 32
3.3 Norme d’un idéal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.3.1 Cas du corps quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.3.2 Cas du corps cyclotomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.4 La théorie de ramification dans une extension normale de corps de nombres . . . 38
3.5 Symbole de Legendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

4 Groupe des classes d’idéaux et groupe des unités 44


4.1 Le groupe des classes d’idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.1.1 Finitude du groupe des classes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.1.2 Une procédure pour trouver le groupe des classes d’idéaux d’un corps de
nombres et exemples de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2 Le groupe des unités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.2.1 Quelques définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.2.2 Quelques préparations pour le théorème des unités de Dirichlet . . . . . 48

2
TABLE DES MATIÈRES

4.2.3 Le théorème des unités de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50


4.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

5 Complément sur la théorie des valuations 54


5.1 Valeurs absolues, Valuations sur un corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
5.2 Les valuations p-adique, les valuations sur Q . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.3 Complétion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5.4 Les valuations archimédiennes sur un corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
5.5 Les premiers d’un corps de nombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

page 3
Chapitre 1

Anneaux et modules nœthériens - Anneaux


de valuation discrète

Un anneau dans ce cours (sauf mention contraire) sera toujours commutatif, unitaire et
intègre.

1.1 Préliminaires sur les modules et la dépendance intégrale


Définition 1.1. Soit A un anneau, on dit que M est un A-module ( ou module sur A) si :

(1) M est un groupe abélien (noté additivement).

(2) Il existe une loi de multiplication externe ( notée multiplicativement)


telle que :
A × M −→ M
(a, x) 7−→ ax
et ∀a, b ∈ A, ∀x, y ∈ M :
a(x + y) = ax + ay.
(a + b)x = ax + bx.
(ab)x = a(bx).
1A x = x.
Remarque 1.1. C’est la définition d’un A-module à gauche ; on peut aussi définir la notion
de A-module à droite.
Définition 1.2. Soit M un A-module, on dit que N est un sous A-module de M si N est un
A-module pour les lois induites : ax + by ∈ N si x, y ∈ N, a, b ∈ A.
Définition 1.3. Une application f : M → N entre A-modules est une application A-linéaire,
ou homomorphisme de A-modules si :
∀x, y ∈ M, f (x + y) = f (x) + f (y)
∀a ∈ A, ∀x ∈ M, f (a · x) = a · f (x).
Si de plus f est bijectif alors f −1 est un A-homomorphisme, et on dit que f est un isomorphisme
de A-modules.

4
1.1. PRÉLIMINAIRES SUR LES MODULES ET LA DÉPENDANCE INTÉGRALE

Exemples 1.1.

(1) A est un A-module.

(2) Si A est un corps K, un K-module n’est rien d’autre qu’un K-espace vectoriel. Donc la
théorie des modules généralise celle des espaces vectoriels.

(3) Soit (G, +) un groupe commutatif. La notion d’exponentiation (qui est la loi externe) est
définie sur G par :

i) ∀a ∈ G, 0a = 0 (0 étant l’élément neutre de G).

ii) ∀a ∈ G, ∀n ∈ Z, on a :

na = a + · · · + a, n fois si n > 0 et na = (−n)(−a) si n < 0.

On vérifie alors que ∀a ∈ G, ∀m, n ∈ Z, on a :

(m + n)a = ma + na et (mn)a = m(na) = n(ma).

Ainsi, tout groupe commutatif G est un Z-module. La théorie des modules contient
donc celle des groupes commutatifs.

(4) Soient B un anneau, A un sous-anneau de B et K le corps des fractions de l’anneau A.


A × M −→ M
Soit M un idéal de A : M est un sous A-module de K.
(a, x) 7−→ ax
Définition 1.4. Un A-module M est dit de type fini, s’il existe x1 , x2 , · · · , xr dans M tel que
M = Ax1 + Ax2 + · · · + Axr . Si de plus, la partie {x1 , x2 , · · · , xr } est libre sur A ; on dit que
M est un A-module libre de type fini.
Remarque 1.2. Un A-module de type fini n’est pas nécessairement libre. Z/nZ est un Z-
module de type fini qui n’est pas libre, car Z/nZ = Z[1] et n1 = 0.
Définition 1.5. Soit A ⊂ B ; A un sous-anneau de B.
(1) Soit α ∈ B, on dit que α est un entier algébrique sur A, s’il existe un polynôme
P (X) 6= 0 de A[X] unitaire tel que P (α) = 0 ; αn + an−1 αn−1 + · · · + a1 α + a0 = 0, où les
ai ∈ A, on dit que α est entier sur A.
(2) On dit que B est entier sur A, si tout élément de B est entier sur A.
(3) L’ensemble des éléments de B qui sont entiers sur A, s’appelle la clôture intégrale de
A dans B.
(4) On dit que A est intégralement fermé dans B, si A est égal à sa clôture intégrale
dans B.
(5) On dit que A est intégralement clos, si A est intégralement fermé dans son corps des
fractions.
Théorème 1.1. Soit B un anneau et A un sous-anneau de B, alors les P.S.S.E.

page 5
1.1. PRÉLIMINAIRES SUR LES MODULES ET LA DÉPENDANCE INTÉGRALE

(1) x est entier sur A.


(2) A[x] est un A-module de type fini.
(3) Il existe un sous-anneau C de B contenant A et x tel que C soit un A-module de type fini.

Démonstration. (1) ⇒ (2) :


Soient a0 , · · · , an−1 ∈ A tels que :

xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 = 0.

Notons par M le sous A-module de B engengré par 1, x, · · · , xn−1 . L’égalité précédente permet
de voir que xn ∈ M , on en déduit par récurrence sur j que ∀j ∈ N, xn+j ∈ M ; en effet, en
multipliant l’égalité précédente par xj on obtient, xn+j = −an−1 xn+j−1 − · · · − a0 xj . D’autre
part A[x] est le A-module engendré par les xk (k ≥ 0), d’où A[x] = M .
L’implication (2) ⇒ (3) est évidente.
(3) ⇒ (1) :
Soit {y1 , · · · , yn } un système générateur fini du A-module C ; on a ainsi C = Ay1 + · · · + Ayn .
Comme x ∈ C, yi ∈ C, et que C est un sous-anneau de B, on a xyi ∈ C, il existe donc des
X n
éléments aij de A tels que xyi = aij yj . Ainsi
j=1

n
X
(δij x − aij )yj = 0, (i = 1, · · · , n).
j=1

On a donc un système de n équations linéaires homogènes en (y1 , · · · , yn ). Si on note d le


déterminant det(δij x − aij ), le calcul menant aux formules de Cramer montre qu’on a dyi = 0
pour tout i. Comme C = Ay1 + · · · + Ayn , on en déduit dC = {0}, d’où d = d.1 = 0. Or, si on
développe le déterminant
det(δij x − aij ),
on obtient une équation de la forme P (x) = 0 où P est un polynôme de degré n sur A ;
n
Y
ce polynôme est unitaire car le terme en xn provient uniquement du produit (x − aii ) des
i=1
éléments de la diagonale principale, ainsi (1) est vraie.
Adjonction : Soit B un anneau et A un sous-anneau de B. Soit S une partie de B. On désigne
par A[S] le sous-anneau de B engendré par A et S ; A[S] = {P (s1 , · · · , sr ) | P (X1 , · · · , Xr ) ∈
A[X1 , · · · , Xr ], si ∈ S}.

Corollaire 1.1. A ⊂ B, soit S une partie finie de B telle que ∀α ∈ S, α est entier sur A,
alors A[S] est un A-module de type fini sur A.
Démonstration. S finie, et α entier sur A, donc A[α] est un A-module de type fini. Soit β ∈ S
entier sur A, β est aussi entier sur A[α], d’où A[α][β] = A[α, β] est un A[α]-module de type
fini. Finalement A[α, β] est un A-module de type fini, d’où le résultat.
On démontre aussi que si A ⊂ B ⊂ C, si B est entier sur A, C entier sur B alors C est
entier sur A.

page 6
1.2. IDÉAUX FRACTIONNAIRES

Proposition 1.1. Tout anneau factoriel est intégralement clos (en particulier un anneau prin-
cipal).
Démonstration. A ⊂ K, où K est le corps des fractions de A.
α ∈ K et α entier sur A, donc

αn + an−1 αn−1 + · · · + a1 α + a0 = 0, ai ∈ A.
n n−1
Supposons α = xy avec x et y premiers entre eux et x, y ∈ A. xyn + an−1 xyn−1 + · · · + a0 = 0, donc
xn + y(an−1 xn−1 + · · · + a0 y n−1 ) = 0, comme le membre entre parenthèses est un élément de A,
on trouve que y divise x, ce qui est absurde, d’où le résultat.

1.2 Idéaux fractionnaires


1.2.1 Préliminaires sur les anneaux et les modules nœthériens.
Théorème 1.2. Soit A un anneau et soit M un A-module, alors les P.S.S.E.
(1) Toute famille non vide de sous A-modules de M admet un élément maximal.
(2) Toute suite croissante de sous A-modules de M est stationnaire.
(3) Tout sous A-module de M est de type fini.
Démonstration. (1) ⇒ (3) :
Soient E un sous-module de M et Φ la famille des sous-modules de E de type fini ; elle n’est
pas vide car {0} ∈ Φ, par (1), Φ admet un élément maximal F . Pour x ∈ E, F + Ax est un
sous-module de type fini de E (il est engendré par la réunion de {x} et d’un système générateur
fini de F ). On a donc F = F + Ax car F + Ax ⊃ F et F maximal. D’où x ∈ F, E ⊂ F, E = F ,
et E est de type fini.
(3) ⇒ (2) : [
Soit (M )n≥0 une suite croissante de sous-modules de M . Alors E = Mn est un sous-module
n≥0
de M . Par (3) il admet un système générateur fini (x1 , · · · , xq ). Pour tout i, il y a un indice n(i)
tel que xi ∈ Mn(i) . Soit n0 le plus grand des n(i). On a xi ∈ Mn0 pour tout i, d’où E ⊂ Mn0 .
Pour n ≥ n0 , les inclusions Mn0 ⊂ Mn ⊂ E et l’égalité Mn0 = E montrent que Mn0 = Mn .
Donc la suite est stationnaire à partir de n0 .
Il reste à montrer que (2) ⇒ (1). Or l’équivalence de (1) et de (2) est un cas particulier du
lemme suivant :
Lemme 1.1. Soit T un ensemble ordonné. Les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) Toute famille non vide d’éléments de T admet un élément maximal.
(b) Toute suite croissante (tn )n≥0 d’éléments de T est stationnaire.
Démonstration du lemme :
a) ⇒ b) :
Soit tq un élément maximal de la suite croissante (tn )n≥0 . Pour n ≥ q on a tn ≥ tq (croissante),
donc tn = tq (à cause de la maximalité).
b)⇒ a) :
Supposons qu’on ait une partie non vide S de T sans élément maximal. Alors, pour x ∈ S,
l’ensemble des éléments de S strictement supérieurs à x est non vide. Par l’axiome de choix,

page 7
1.2. IDÉAUX FRACTIONNAIRES

il existe une application f : S → S telle que f (x) > x pour tout x ∈ S. Comme S est non
vide, on choisit t0 ∈ S, et on définit par récurrence la suite (tn )n≥0 au moyen de tn+1 = f (tn ).
cette suite est strictement croissante donc n’est pas stationnaire. Ainsi l’implication b) ⇒ a)
est démontrée par l’absurde. CQFD.

Définition 1.6. (1) Un A-module M qui vérifie l’une des conditions du théorème précédent
s’appelle un A-module nœthérien.
(2) Un anneau A est dit nœthérien s’il est nœthérien en tant que A-module.

Remarque 1.3. Les sous A-modules d’un anneau A sont ses idéaux.
Citons aussi le grand théorème suivant :

Théorème 1.3. Soient A un anneau principal, M un A-module libre de rang fini n et M 0 un


sous-module de M . Alors :
1. M 0 est libre de rang q ≤ n.
2. Il existe une base {e1 , e2 , ..., en } de M et des éléments non nuls a1 , ..., aq de A tels que
{a1 e1 , ..., aq eq } soit une base de M 0 et ai divise ai+1 , ∀1 ≤ i ≤ q − 1.

Pour la démonstration de ce théorème voir ([6], page 156).

1.2.2 Idéal fractionnaire.


Définition 1.7. Soit A un anneau et soit K son corps des fractions. On dit que H est un idéal
fractionnaire de K, (ou bien de A) si :
(1) H est un sous A-module de K.
(2) ∃d ∈ A − {0} : dH ⊂ A.

Remarque 1.4. Les idéaux habituels de A sont appelés idéaux entiers de A (dans certaines
situations on dit idéaux entiers de K) ; les idéaux entiers sont des idéaux fractionnaires.

Proposition 1.2. Soit A un anneau et K son corps des fractions.


(1) Tout sous A-module de K de type fini est un idéal fractionnaire de K.
(2) Si A est nœthérien, alors tout idéal fractionnaire de K est un A-module de type fini.

Démonstration. (1) Si H est un sous A-module de K de type fini ; ∃x1 , · · · , xn ∈ K :


H = Ax1 + Ax2 + · · · + Axn . Si d désigne le dénominateur commun de tous les xi , on a alors
x0 x0
H = A 1 + · · · + A n , x0i ∈ A, et d ∈ A, d’où dH ⊂ A.
d d
(2) Soit H un idéal fractionnaire, ∃d ∈ A − {0} : dH ⊂ A ⇒ H ⊂ d−1 A ⊂ K. H est un sous
A-module de d−1 A, car d−1 A est un sous A-module de K.

A −→ d−1 A
a 7−→ d−1 a

d−1 A ' A en tant que A-modules, or A est nœthérien, d’où d−1 A est un A-module nœthérien,
d’où tout sous A-module est de type fini et par suite H est un A-module de type fini.

page 8
1.3. ANNEAUX DE VALUATION DISCRÈTE

Définition 1.8. (1) Un idéal fractionnaire H de A est dit principal si : ∃γ ∈ K : H = γA.


0
X de deux idéaux fractionnaires H et H de A est défini par :
(2) Le produit
HH0 = { xi x0i , où xi ∈ H, x0i ∈ H0 }.
i∈I fini

Proposition 1.3. L’ensemble des idéaux fractionnaires de A est un monoı̈de commutatif et


unitaire pour le produit des idéaux.
Démonstration. Si H et H0 sont des idéaux fractionnaires de A, il est clair que HH0 est un idéal
fractionnaire de A. L’élément neutre est A.

Idéal inversible : Un idéal fractionnaire H est inversible, s’il existe un idéal fractionnaire H0 tel
que HH0 = A.
Remarque 1.5. Si H et H0 sont des idéaux entiers de A on dit que H0 divise H si H ⊂ H0 .
p.g.c.d.(H, H0 ) = H + H0 .
p.p.c.m.(H, H0 ) = H ∩ H0 .

1.3 Anneaux de valuation discrète


Définition 1.9. Un anneau de valuation discrète est un anneau principal et qui possède
un et un seul idéal maximal ; (un anneau non nécessairement principal qui possède un seul idéal
maximal est appelé un anneau local).
Soit A un anneau de valuation discrète d’idéal maximal M(A). Le quotient A/M(A) est
un corps ; on l’appelle le corps résiduel de A (quelques fois on note A = A/M(A)).
Les unités de A sont les éléments n’appartenant pas à M(A) et forment un groupe multiplicatif
noté U(A) et appelé le groupe multiplicatif de A(il se note aussi A∗ ) ; cela est dû au fait que
dans un anneau principal un idéal est premier si et seulement si il est maximal.
Comme A est principal alors M(A) est principal ; il existe donc π ∈ A tel que M(A) = πA.
π est un élément irréductible de A, l’élément π s’appelle une uniformisante de A.
Soit x un élément non nul de A qui n’est pas une unité : xA ⊂ πA = M(A), autrement dit π
divise x dans A , x = πx1 , comme x1 ∈ A − {0} on a x1 est une unité ou π divise x1 , de proche
en proche on montre qu’il existe n ≥ 0 tel que x = επ n , où ε est une unité de A.

Définition 1.10. Si x = επ n ; ε unité de A, on appelle n la valuation de x.


Remarques 1.6.
(1) Si π 0 est une autre uniformisante et x ∈ A − {0} avec x = επ n , on a π 0 = ε0 π ; ε, ε0 des
unités de A, donc x = επ n = εε0−n π 0n . Autrement dit, la valuation ne dépend pas du choix
de π.
a επ m
(2) Soit K le corps des fractions de A, et soit x ∈ K − {0}; x = = 0 n = εε0−1 π m−n ; ainsi
b επ
∀x ∈ K − {0}, x = uπ r , où u est une unité de A et r ∈ Z, r est encore appelé la valuation
de x ∈ K.
Par convention la valuation de 0 est +∞.
(3) Notons par K ∗ le groupe multiplicatif des éléments non nuls de K, et par v l’application
définie de K ∗ dans Z qui à x ∈ K ∗ fait correspondre sa valuation. on vérifie que

page 9
1.3. ANNEAUX DE VALUATION DISCRÈTE

(i) L’application v : K ∗ −→ Z est un homomorphisme surjectif, (v(xy) = v(x) + v(y)).


(ii) On a v(x + y) ≥ Inf(v(x), v(y)).
(iii) A = {x ∈ K | v(x) ≥ 0}, M(A) = {x ∈ K | v(x) > 0} et U(A) = {x ∈ K | v(x) =
0}.
Inversement

Théorème 1.4. Soit K un corps et v un homomorphisme surjectif de K ∗ sur Z tel que v(x+y) ≥
Inf(v(x), v(y)), ∀x, y ∈ K, où v(0) = +∞. Alors l’ensemble A des éléments x ∈ K tels que
v(x) ≥ 0 est un anneau de valuation discrète dont v est la valuation associée à A.

Démonstration. Il est clair que A est un sous-anneau de K, d’autre part Kerv = {x ∈ K ∗ | v(x) =
0} et K ∗ /Kerv ' Z.
Soit x ∈ Kerv, xx−1 = 1 et v(xx−1 ) = v(x) + v(x−1 ) = v(1) = 0, donc v(x−1 ) = 0, c.à.d.
x−1 ∈ Kerv. Ainsi Kerv ⊂ U(A), l’inclusion inverse est très facile à établir, donc Kerv est le
groupe des unités de A.
On remarque que v(x) = v(y) ⇔ v(xy −1 ) = 0 ⇔ xy −1 ∈ Kerv ⇔ x = εy, où ε est une
unité de A. Comme v est surjectif ∃π ∈ K tel que v(π) = 1, on a π ∈ A et pour tout
x ∈ K ∗ , v(x) = n ⇒ v(x) = v(π n ) ⇒ x = επ n . Ainsi ∀x ∈ A − U(A); x ∈ πA, donc πA est
l’unique idéal maximal de A.
Soit H un idéal de A et soit x un élément de H tel que v(x) ≤ v(y) pour tout y ∈ H. On a
x = επ n , on peut prendre x = π n . Si y ∈ H, soit v(y) = m, v(y) = v(π m ) ⇒ y = ε0 π m or
m ≥ n, donc y ∈ π n A. Ainsi, H = π n A, c.à.d. que A est un anneau principal.
Conclusion : A est un anneau de V.D. dont la valuation associée est l’application v.

Exemple 1.2. Soit p un nombre premier et Z(p) = { m n


| m et n ∈ Z; (p, n) = 1}. Soit H un
m
idéal propre de Z(p) et soit x ∈ H, x = n où (p, n) = 1, p|m car sinon m n
serait inversible et
r m0 r
H = Z(p) . Comme p|m, x = p n ∈ p Z(p) , d’où H ⊂ pZ(p) , par suite pZ(p) est l’unique idéal
maximal de Z(p) . On montre facilement que Z(p) est un anneau principal, c’est donc un anneau
de V.D., on l’appelle le localisé de Z par p (ou bien par pZ).
Lemme d’approximations successives

Lemme 1.2. Soit A un anneau de valuation discrète dont v est la valuation associée et soient
n éléments x1 , x2 , · · · , xn de K tels que v(xi ) > v(x1 ), i ≥ 2. Alors

x1 + x2 + · · · + xn 6= 0.

Démonstration :
Si x1 = −(x2 + · · · + xn ) alors v(x1 ) = v(−1) + v(x2 + · · · + xn ) = v(x2 + · · · + xn ), d’où
v(x1 ) ≥ Inf i≥2 (v(xi )) = v(xi0 ), contradiction. 

Proposition 1.4. Tout anneau de valuation discrète est intégralement clos.


Démonstration :
Soit A un anneau de V.D. et soit K son corps des fractions. Soit x ∈ K tel que ∃a1 , · · · , am ∈ A
et xm + a1 xm−1 + · · · + am = 0. Supposons que v(x) = −n où n ∈ N∗ , donc v(xm ) = −mn. On
a ainsi v(a1 xm−1 ) = v(a1 ) + (1 − m)n > v(xm ), · · · , v(ai xm−i ) = v(ai ) + (i − m)n > v(xm ), · · · ,
v(am ) > v(xm ). Cela est en contradiction avec le lemme précédent. 
On montre en fait que :

page 10
1.4. EXERCICES

Théorème 1.5. Soit A un anneau intègre nœthérien. Pour que A soit un anneau de valuation
discrète, il faut et il suffit qu’il vérifie les deux conditions suivantes :
(i) A est intégralement clos.
(ii) A possède un idéal premier non nul et un seul.
Pour la démonstration consulter [9].
Lemme 1.3. Soit B un anneau, P un idéal premier de B et A un sous-anneau de B. Alors
P ∩ A est un idéal premier de A.
Démonstration :
P est un idéal premier de B ⇔ B/P est un anneau intègre.
Soit ϕ : A 7−→ B/P qui à a ∈ A fait corréspondre a + P. ϕ est un homomorphisme d’anneaux,
d’autre part Kerϕ = {a ∈ A | a + P = P } = A ∩ P . Comme A/A ∩ P ' ϕ(A) et comme ϕ(A)
est un sous-anneau de l’anneau intègre B/P , alors A/A ∩ P est intègre, donc P ∩ A est premier
dans A. 
Notation 1.1. Soit B un anneau, A un sous-anneau de B et P un idéal premier de A. P L’idéal
P étendu à B est l’idéal de B noté P B, dont les éléments sont les sommes finies ai bi où
ai ∈ P, bi ∈ B.
Lemme 1.4. (1) Soit P un idéal premier d’un anneau A. On suppose que P contient un produit
m
Y
fini d’idéaux Hi de A. Alors ∃i : Hi ⊂ P .
i=1
(2) Dans un anneau nœthérien intègre, tout idéal non nul contient un produit fini d’idéaux
premiers non nuls.
Démonstration :
(1) Il suffit de montrer la proppriété pour m = 2. Supposons que H1 H2 ⊂ P et que H1 6⊂ P et
H2 6⊂ P . Il existe donc xi ∈ Hi : xi 6∈ P . Comme P est premier x1 x2 6∈ P , or x1 x2 ∈ H1 H2 ⊂ P ,
c.à.d. x1 x2 ∈ P , contradiction. D’où le résultat.
(2) Soit A un anneau nœthérien intègre, et soit = l’ensemble des idéaux non nuls de A ne
contenant pas de produit fini d’idéaux premiers non nuls. Supposons que = 6= ∅. Soit B un
élément maximal de =. B est non premier, donc il existe x, y ∈ A − B tels que xy ∈ B. Posons
I = B + xA et J = B + yA. I et J sont des idéaux de A contenant strictement B, ils
n’appartiennent donc pas à = ; il existe alors P1 , · · · , Pn , Q1 , · · · , Qr des idéaux premiers non
Yn Yr Y n Y r
nuls de A tels que Pi ⊂ I et Qj ⊂ J . On a alors Pi Qj ⊂ IJ ⊂ B, (car xy ∈ B).
i=1 j=1 i=1 j=1
Cela est en contradiction avec la définition de B. 

1.4 Exercices
Exercice 1.1. Soit K le corps des fractions d’un anneau intégralement clos, x ∈ K\A et B =
A[x−1 ]. Montrer que x n’est pas inversible dans B.
Exercice 1.2. A un anneau de valuation discrète de corps des fractions K.
1. En utilisant la valuation d’un élément x ∈ A, définir un espace normé (K, || · ||).
2. (K, || · ||) est-il complet?, si non donner un contre exemple.

page 11
1.4. EXERCICES

Exercice 1.3. Soit A un anneau local d’idéal maximal M. On suppose que M est principal et
que ∩∞ n n
n=0 M = (0). Montrer que tout idéal non nul de A est de la forme M pour un certain
entier n. En déduire que A est noethérien.

Exercice 1.4. Soient A un anneau noethérien et f : A → A un homomorphisme surjectif


d’anneaux. Montrer que f est un isomorphisme.

page 12
Chapitre 2

Localisation - Anneaux de Dedekind

2.1 Localisation
Soit A un anneau intègre et soit S une partie de A.

Définition 2.1. On dit que S est une partie multiplicative de A si S est stable pour la
multiplication, 1 ∈ S et 0 6∈ S.
Soit S une partie multiplicative de A, on appelle anneau de fractions de A par rapport
à S et on note S −1 A, l’ensemble S −1 A = { as | a ∈ A et s ∈ S}.

Il est clair que S −1 A est un anneau intègre, commutatif, unitaire et contenant A.

Proposition 2.1. Soient A un anneau intègre, S une partie multiplicative de A, et A0 = S −1 A.


(1) Pour tout idéal H0 de A0 , on a (H0 ∩ A)A0 = H0 de sorte que H0 7→ H0 ∩ A est une injection
croissante (pour l’inclusion) de l’ensemble des idéaux de A0 dans celui des idéaux de A.
(2) L’application P 0 7→ P 0 ∩ A est une bijection de l’ensemble ordonné (par inclusion) des
idéaux premiers de A0 sur celui des idéaux premiers P de A tels que P ∩ S = ∅. L’application
réciproque est P 7→ PA0 .
Démonstration :
(1) Soit H0 un idéal de A0 , il est clair que (H0 ∩ A)A0 ⊂ H0 . Inversement, soit x ∈ H0 , on a
x = as avec a ∈ A et s ∈ S. Comme sx ∈ H0 , on a a ∈ H0 et a ∈ A, c.à.d. a ∈ H0 ∩ A,
d’où x = a. 1s ∈ (H0 ∩ A)A0 , d’où l’égalité demandée. On établit sans peine que l’application
H0 7→ H0 ∩ A est injective et croissante.
(2) Soit P 0 un idéal premier de A0 , alors P = P 0 ∩ A est un idéal premier de A (lemme 1.3) ; de
plus on a P ∩ S = ∅, car si s ∈ P ∩ S, on a s ∈ P 0 et 1 = 1s .s ∈ A0 P 0 = P 0 , ce qui est absurde.
Inversement, soit P un idéal premier de A tel que P ∩ S = ∅, on va montrer que PA0 est un
idéal premier de A0 tel que PA0 ∩ A = P.
p
On établit d’abord que PA0 = { s | p ∈ P et s ∈ S} : en effet, tout élément x de PA0 s’écrit
n
X ai X bi
x = pi avec (ai ∈ A, si ∈ S, pi ∈ P), donc x = pi par réduction à un même
i=1 i
s i
s
p P
dénominateur (bi ∈ A, s ∈ S), par suite x = s avec p = bi pi ∈ P. Comme P ∩ S = ∅, on a
0 p
1 6∈ PA , car on ne peut avoir 1 = s avec p ∈ P et s ∈ S.
On montre que l’idéal PA0 est premier : soient as et bt appartenant à A0 tels que as . bt ∈ PA0 ,
p
alors as · bt = u avec p ∈ P et u ∈ S ; d’où abu = pst ∈ P ; comme P ∩ S = ∅, on a u 6∈ P, d’où

13
2.1. LOCALISATION

ab ∈ P (carP est premier), par suite a ∈ P ou b ∈ P, de sorte que as ou bt appartient à PA0 .


Il reste à montrer que P = PA0 ∩ A ; l’inclusion P ⊂ PA0 ∩ A est triviale. Inversement, soit
p
x ∈ PA0 ∩ A, on a x = s (p ∈ P, s ∈ S) car x ∈ PA0 d’où sx = p ∈ P ; comme s 6∈ P et que
P est premier, on en déduit x ∈ P.
Les formules P = PA0 ∩ A et P 0 = A0 (P 0 ∩ A) montrent que les applications P 0 7→ P 0 ∩ A et
P 7→ PA0 (restreintes aux idéaux premiers décrits dans l’énoncé) sont des bijections réciproques
l’une de l’autre, car leurs composées dans les deux sens sont des applications identiques. Leur
croissance est évidente. 
Proposition 2.2. Soient A un anneau intègre et S une partie multiplicative de A. Pour qu’un
élément α soit entier sur S −1 A, il faut et il suffit que α soit de la forme sb avec s ∈ S et b
entier sur A.
Démonstration : à titre d’exercice.
Remarque 2.1. Le corps des fractions de l’anneau A est égal au corps des fractions de S −1 A.
Définition 2.2. Soient A un anneau intègre et S une partie multiplicative de A. On appelle
S −1 A le localisé de A par S.
Localisé de A par un idéal premier P
Soit P un idéal premier de A, on pose S = A − P, on vérifie que S est une partie multiplicative
de A et on note S −1 A par AP ; c’est le localisé de A par P. En considérant la composée ϕ des
AP −→ AP /PAP
A −→ AP et
applications x 7−→ x + PAP
x 7−→ x
elle a pour noyau Ker ϕ = PAP ∩A = P grâce à la proposition 2.1, d’après la même proposition
on sait que PAP est un idéal premier du localisé AP ; c’est en fait l’unique idéal maximal de
AP . Si de plus l’idéal premier P est maximal dans A, on montre que les corps A/P et AP /PAP
sont isomorphes. On les appelle corps résiduels.
Les idéaux premiers de AP correspondent biunivoquement aux idéaux premiers de A contenus
dans P.
Proposition 2.3. Supposons que A ⊆ B deux anneaux tels que B soit intègre et entier sur A.
Alors, A est un corps si et seulement si B est un corps.
Démonstration. Supposons que A est un corps. Soit b 6= 0 un élément de B. Alors A[b] est un
A-espace vectoriel de dimension finie. L’application
A[b] −→ A[b]
x −→ xb
est linéaire injective car B est intègre, donc bijective. Par conséquent, b est inversible dans B.
D’où B est un corps.
Supposons que B soit un corps. Soit α ∈ A, α 6= 0. Alors α−1 ∈ B et puisque B entier sur A, il
existe an−1 , ..., a1 , a0 ∈ A tel que
α−n + an−1 α−n+1 + ... + a1 α−1 + a0 = 0.
D’où, en multipliant par αn−1 , on a
α−1 = −(an−1 + ... + a1 αn−2 + a0 αn−1 ).
Alors α−1 appartient à A.

page 14
2.2. ANNEAUX DE DEDEKIND

Proposition 2.4. Soit A un anneau intègre. Soient S une partie multiplicative de A et Q un


idéal maximal de A tel que Q ∩ S = ∅. Alors :

S −1 A/QS −1 A ∼
= A/Q.

Démonstration. Soit l’homomorphisme Φ : A −→ S −1 A/QS −1 A, a 7−→ ( a1 ). Notons que le


noyau de Φ est (QS −1 A) ∩ A = Q. Soit alors l’injection φ : A/Q −→ S −1 A/QS −1 A. Montrons
que φ est surjective. Soit as ∈ S −1 A avec a ∈ A, s ∈ S. Comme s ∈/ Q, alors s est inversible
modulo Q. Donc il existe b tel que bs ≡ 1 mod Q. On a alors s − ab = (1 − bs) as ∈ QS −1 A.
a

Donc φ(ab) = ( as ).
Lemme 2.1. Soit A un anneau intègre. Si M est l’ensemble des idéaux maximaux de A, alors :

A = ∩m∈M Am .

Démonstration. Notons D l’intersection des Am , pour m ∈ M. On a A ⊆ D. Pour x ∈ D soit


Hx = {a ∈ A : ax ∈ A}. Alors Hx est un idéal de A. Supposons A D. Donc il existe y ∈ D tel
que Hy 6= A. Soit m un idéal maximal de A contenant Hy . Comme D ⊆ Am , il existe a ∈ A\m
tel que ay ∈ A. Alors a ∈ Hy \m. Absurde.

2.2 Anneaux de Dedekind


Théorème 2.1. Soit A un anneau nœthérien, alors les propositions suivantes sont équivalentes :
(1) Pour tout idéal premier non nul P de A, AP est un anneau de valuation discrète.
(2) A est intégralement clos et tout idéal premier non nul P de A est maximal.
Démonstration :
(1) ⇒ (2). Soit P un idéal premier non nul de A, supposons que P ⊂ P 0 , où P 0 est un idéal
premier de A contenant strictement P. La proposition 2.1.1 implique que PAP 0 ⊂ P 0 AP 0 sont
des idéaux premiers distincts de AP 0 . Cela est en contradiction avec le fait qu’il n’existe qu’un
seul idéal premier non nul dans AP 0 ; puisque c’est un anneau de V.D., donc P = P 0 . Ainsi, P
est maximal.
Soit K le corps des fractions de A et soit α = a un élément entier sur A. K est aussi le corps
b
des fractions de AP pour tout idéal premier non nul P de A. Comme AP est un anneau de
V.D.( donc principal), il est intégralement clos, par suite α = a ∈ AP pour tout idéal premier
b
non nul P de A. Ainsi, b n’appartient à aucun idéal premier non nul de A. b est une unité de
A car sinon l’idéal bA serait contenu dans un idéal maximal (donc premier) de A puisque A est
nœthérien. Enfin, α ∈ A.
(2)⇒ (1). Soit P un idéal premier non nul de A, comme P est maximal, PAP est l’unique idéal
premier de AP (proposition 2.1). D’autre part, A est nœthérien implique que AP l’est aussi. Il
reste à montrer que AP est intégralement clos.
Soit α ∈ K entier sur AP , on a α = as , où a est entier sur A et s 6∈ P, s ∈ A ( proposition
2.1.2), or A est intégralement clos, d’où a ∈ A , par suite α = as ∈ AP . 
Définition 2.3. On appelle anneau de Dedekind, tout anneau nœthérien vérifiant l’une
des propositions du théorème précédent : un anneau de Dedekind est un anneau nœthérien,
intégralement clos et dans lequel tout idéal premier non nul est maximal.
Exemple 2.1. Tout anneau principal est un anneau de Dedekind.

page 15
2.2. ANNEAUX DE DEDEKIND

Théorème 2.2. Tout idéal premier non nul d’un anneau de Dedekind A est inversible dans le
monoı̈de des idéaux fractionnaires de A.

Démonstration :
Soit P un idéal premier non nul de A, on pose P 0 = {x ∈ K | xP ⊂ A}, il est clair que P 0 est
un idéal fractionnaire de A. On va montrer que PP 0 = A.
On a PP 0 ⊂ A, et comme P est un idéal de A, on a A ⊂ P 0 , d’où P = AP ⊂ P 0 P, comme
P est maximal et que P ⊂ PP 0 ⊂ A ; on a soit PP 0 = A, soit P 0 P = P. Il faut montrer que
PP 0 = P est impossible.
Supposons que PP 0 = P, et soit x ∈ P 0 , on a xP ⊂ P, d’où x2 P ⊂ xP ⊂ P, et xn P ⊂ P pour
tout n ∈ N. On en déduit que le A-module A[x] est un idéal fractionnaire de A. Comme A est
nœthérien, A[x] est un A-module de type fini, donc x est entier sur A. Or A est intégralement
clos ; on a donc x ∈ A. Ainsi PP 0 = P implique P 0 = A.
Reste à montrer que P 0 = A est impossible. Soit un élément non nul a ∈ P. L’idéal aA
contient un produit P1 P2 · · · Pn d’idéaux premiers non nuls ; on peut supposer n minimum. On
a P ⊃ aA ⊃ P1 P2 · · · Pn , donc P contient l’un des Pi , P1 par exemple. Comme P1 est maximal
par hypothèse, on a P = P1 . Posons B = P2 · · · Pn ; on a aA ⊃ PB, et B 6⊂ aA d’après le
caractère minimal de n. Il existe donc un élément b ∈ B tel que b 6∈ aA. Comme BP ⊂ aA, on
a bP ⊂ aA, d’où ba−1 P ⊂ A ; on en déduit que ba−1 ∈ P 0 . Or, comme b 6∈ aA, on a ba−1 6∈ A ;
d’où P 0 6= A. 

Remarque 2.2. Soit A un anneau de Dedekind de corps des fractions K, alors pour tout idéal
fractionnaire H de A on a, H−1 = {x ∈ K | xH ⊂ A}.

Théorème 2.3. Dans un anneau de Dedekind A, tout idéal fractionnaire non nul H se décompose
Y r
d’une manière unique sous la forme H = Pini , ni ∈ Z et les Pi sont des idéaux premiers
i=1
de A distincts deux à deux. De plus, le monoı̈de des idéaux fractionnaires de A est un groupe
abélien multiplicatif.

Démonstration. Soit H un idéal fractionnaire non nul de A, ∃d ∈ A tel que dH ⊂ A . Comme


dH = (dA).H, et comme dH est un idéal entier de A, il suffit de montrer le théorème pour les
idéaux entiers non nuls de A.
Soit F la famille des idéaux entiers non nuls de A ne vérifiant pas le théorème. On suppose que
F est non vide. Comme A est un anneau de Dedekind, F admet un élément maximal ; soit H
un tel élément, c’est un idéal entier de A. Il existe un idéal premier P de A tel que H ⊂ P.
Posons P 0 = P −1 (l’inverse de P), on a P 0 .H ⊂ P 0 P = A, et H ⊂ P 0 H, car l’inverse P 0 = {x ∈
K | xP ⊂ A}. On distingue deux cas :
1) P 0 H ∈ F. Dans ce cas H = HP 0 ⊂ A, en d’autres termes H = P −1 H.
Soit x ∈ P 0 ; xH ⊂ A, par suite ∀n ∈ N, xn H ∈ A, d’où A[x] est un idéal fractionnaire de
A, et comme A est nœthérien, A[x] est un A-module de type fini, donc x est entier sur A.
Enfin x ∈ A car A est intégralement clos, c.à.d. P 0 ⊂ A, or P 0 ⊃ A, d’où P 0 = A, par suite
AP = P 0 P = P = A, ceci est impossible.
Yr
0 −1
2) P H 6∈ F, dans ce cas P H s’écrit de façon unique sous la forme P H = −1
Pini , d’où H
i=1
r
Y
s’écrit de façon unique sous la forme H = P Pini , cela veut dire que H vérifie le théorème,
i=1

page 16
2.3. DÉCOMPOSITION DES IDÉAUX PREMIERS

donc H ne doit pas appartenir à F, contradiction.


Conclusion : l’ensemble F est vide, d’où le résultat.
Remarque 2.3. Soit H un idéal fractionnaire non nul d’un anneau de Dedekind A, tel que
Yr
H = Pini , où ni ∈ Z et les Pi des idéaux premiers distincts deux à deux de A, alors
i=1
r r
vPi (H)
Y Y
H −1
= Pi−ni . En posant vPi (H) = ni , on écrit H = Pi ; vP (H) est la valuation de
i=1 i=1
H modulo l’idéal premier P.
Définition 2.4. Soit A un anneau de Dedekind de corps des fractions K, soit =(A) le groupe
des idéaux fractionnaires non nuls de A, et =0 (A) = {αA | α ∈ K ∗ } le sous-groupe des idéaux
fractionnaires principaux de A. On pose H(A) = =(A)/=0 (A) et on note H(A) = H(K) =
=(K)/=0 (K) ; H(K) s’appelle le groupe des classes d’idéaux de K au sens large ( ou
au sens ordinaire)
On résume quelques unes des propriétés de la valuation modulo un idéal premier P dans le
corollaire suivant :
Corollaire 2.1. Soit A un anneau de Dedekind, soit P un idéal premier non nul de A, et soient
H et V des idéaux fractionnaires non nuls de A, alors :
1) vP (HV) = vP (H) + vP (V).
2) vP (VH−1 ) = vP (V) − vP (H).
3) vP (H + V) = Inf (vP (H), vP (V)).
4) Pour tout élément non nul x du corps des fractions K de A, on a, vP (xA) = vP (x).

2.3 Décomposition des idéaux premiers dans une


extension
2.3.1 Entiers e, f, g
Soit A un anneau de Dedekind de corps de fractions K, et soit L une extension séparable
finie de K. On désigne par B la fermeture intégrale de A dans L, alors B est un A-module de
type fini et c’est un anneau de Dedekind.
Indice de ramification : e
Soit P un idéal premier de A, comme A ⊂ B, P B est un idéal entier de B. Soit donc P B =
g
Y
Piei , où ei ≥ 1 et g ≥ 1, la décomposition de P B en produit d’idéaux premiers dans B.
i=1
Comme Pi est premier dans B, alors Pi ∩ A est un idéal premier de A, or P B ⊂ Pi , donc
P ⊂ Pi ∩ A, et comme P est maximal, on a P = Pi ∩ A pour tout 1 ≤ i ≤ g. On dit que les Pi
sont les diviseurs de P dans B.
Remarque 2.4. Si P est un idéal premier de B tel que P = P ∩ A, alors il existe i tel que
P = Pi .
En effet, si on suppose que Pi 6= P pour tout i, alors en passant au localisé BP et en posant
g
Y
S = B − P, on aura S −1
Piei = BP . D’autre part, P ⊂ P ⇒ P B ⊂ P et donc S −1 P B 6= BP ,
i=1
car S −1 P =
6 BP .

page 17
2.3. DÉCOMPOSITION DES IDÉAUX PREMIERS

Définition 2.5. 1) Soit P un idéal premier de A, et soit P est un idéal premier de B tel
que P = P ∩ A ; on dit que P est un idéal premier au dessus de P . Dans la décomposition
g
Y
PB = Piei , les Pi sont les idéaux premiers de B au dessus de P .
i=1
2) L’idéal P B s’appelle l’extension de l’idéal P à B.
g
Y
3) Soit P B = Piei , l’entier ei s’appelle l’indice de ramification de l’idéal premier Pi
i=1
dans (ou relatif à) l’extension L/K.
g
Y
Soit P un idéal premier de B, P ∩ A est un idéal premier de A et (P ∩ A)B = Piei , il
i=1
existe donc un unique i tel que P = Pi , donc le ei correspondant est l’indice de ramification de
l’idéal premier P dans l’extension L/K.

Degré résiduel
Soit P un idéal premier de B au dessus de P , on a B/P et A/P sont des corps ; A/P (resp.
B/P) s’appelle le corps résiduel de A (resp. de B) relatif à P (resp. à P).
Notons par ϕ l’homomorphisme d’anneaux défini de A dans B/P par ϕ(a) = a = a + P, on a
Ker ϕ = {a ∈ A | a = 0} = {a ∈ A , a ∈ P} = A ∩ P = P . On peut donc considérer que A/P
est un sous-corps de B/P ; ainsi B/P est une extension de A/P appelée l’extension résiduelle
relative à P.

Définition 2.6. On dit qu’un idéal premier P de B est non ramifié dans l’extension
L/K, si l’indice de ramification de P dans L/K est égal à 1 et de plus l’extension résiduelle
correspondante est séparable, c.à.d. B/P est séparable sur A/P .
Dans le cas contraire, on dit que l’idéal P se ramifie dans L/K.

Proposition 2.5. L’extension résiduelle B/P est de dimension finie sur A/P .
Démonstration : B est un A-module de type fini ; soit {x1 , · · · , xr } un système de générateurs de
r
X
B, soit b ∈ B, on a b = ai xi , si on note par b la classe de b modulo P, on a b = a1 x1 +· · ·+ar xr
i=1
, ainsi {x1 , · · · , xr } est un système de générateurs de B/P sur A/P , or B/P et A/P sont
des corps, donc B/P est un e.v. sur A/P admettant un système de générateurs fini. Ainsi
[B/P : A/P ] ≤ r 

Définition 2.7. 1) [B/P : A/P ] = fP ; l’entier fP s’appelle le degré résiduel de P dans


l’extension L/K.
2) S’il existe un seul idéal P divisant P tel que fP = 1 (g = 1), on dit que P (ou P) (P B = P e )
est totalement ramifié dans l’extension L/K.

Norme d’un idéal


Soit P un idéal premier de B au dessus d’un idéal premier P de A, soit fP le degré résiduel
correspondant, alors la norme de P relativement à K est définie par

NL/K (P) = P fP .

page 18
2.3. DÉCOMPOSITION DES IDÉAUX PREMIERS

r
Y
Si H est un idéal fractionnaire de B, tel que H = Pini , où les Pi sont des idéaux premiers
i=1
de B, alors la norme de H relativement à K est
r
Y
NL/K (H) = [NL/K (Pi )]ni .
i=1

2.3.2 Cas des corps de nombres


Soit K un corps de nombres, c.à.d. une extension de degré fini de Q, et soit A la fermeture
intégrale de Z dans K (on dit que A est l’anneau des entiers de K et on le note OK ). Soit P
un idéal premier de A, P ∩ Z est un idéal premier de Z, donc P ∩ Z = pZ, où p est un nombre
premier de Z. Soit f = [A/P : Z/pZ] le degré résiduel de P dans K/Q. Z/pZ étant un corps
fini donc A/P est fini et l’extension A/P de Z/pZ est séparable.
Yr
Soit pA = Piei , où ei est l’indice de ramification de Pi ; on dit que ei est l’indice de ramifi-
i=1
cation absolu de Pi , et NK/Q (P) la norme absolue de P, on a NK/Q (P) = (pZ)f = pf Z, il est
facile de remarquer que NK/Q (P) = Card (A/P)Z.

Soit L une extension finie de K et B la fermeture intégrale de A dans L, P un idéal pre-


g
Y
mier de A, et soient P B = Piei et [B/Pi : A/P ] = fi , alors l’extension B/Pi de A/P est
i=1
toujours séparable.

Proposition 2.6. On désigne par A un anneau de Dedekind, de corps de fractions K, L une


extension séparable finie de K, M une extension séparable finie de L, B la fermeture intégrale
de A dans L, et C celle de B dans M .
Soient P, P et Q des idéaux premiers respectifs de A, B et C tels que P = P ∩A et P = Q∩B,
alors :
eM/K (Q) = eM/L (Q).eL/K (P) et fM/K (Q) = fM/L (Q).fL/K (P),
où eM/K (Q) et fM/K (Q) sont respectivement l’indice de ramification et le degré résiduel de Q
dans l’extension M/K.
Démonstration : On applique uniquement la définition.

Théorème 2.4. Soit A un anneau de Dedekind de corps des fractions K, soient L une extension
séparable finie de K de degré n et B la fermeture intégrale de A dans L. Si P est un idéal
premier de A, alors : X
eL/K (P)fL/K (P) = n = [L : K].
P |P

Démonstration. Posons S = A−P , et AP = S −1 A le localisé de A en P , on sait que B 0 = S −1 B


est la fermeture intégrale de AP dans L. Il faut noter que K est aussi le corps des fractions de
AP et L celui de B 0 .
B 0 est un AP -module libre de rang n. Soit {x1 , · · · , xn } un base de B 0 sur AP , et soit xi la classe
de xi modulo P B 0 ; montrons que {x1 , · · · , xn } est une base de B 0 /P B 0 sur AP /P AP . On a

page 19
2.3. DÉCOMPOSITION DES IDÉAUX PREMIERS

P AP ⊂ P B 0 donc la correspondance définie de AP /P AP × B 0 /P B 0 7→ B 0 /P B 0 qui à (λ̇, x) fait


correspondre λx est une application. Il est clair que {x1 , · · · , xn } est un système de générateurs
de B 0 /P B 0 sur AP /P AP , d’autre part λ1 x1 + · · · + λn xn = 0 implique λ1 x1 + · · · + λn xn ∈ P B 0 .
Comme AP est un anneau de valuation discrète, P AP = πAP , P B 0 = πB 0 où π ∈ AP (on peut
p p
choisir π dans A), posons π = s , p ∈ P et s ∈ S, on a alors : λ1 x1 + · · · + λn xn = s x, où
p
x ∈ B 0 , or x = as11 x1 + · · · + asnn xn avec si ∈ S et ai ∈ A, on en déduit que λi = s asii , d’où
(ssi )λi = pai ∈ P AP , par suite λi ∈ P AP car ssi ∈ S et P AP premier.
Conclusion : la partie {x1 , · · · , xn } est une AP /P AP -base de B 0 /P B 0 , on en déduit alors que
[B 0 /P B 0 : AP /P AP ] = n.
g
Y
Soit P B = Piei la décomposition de P B en produit de puissances d’idéaux premiers de B,
i=1
g
Y
alors P B 0 = P AP B 0 = (Pi B 0 )ei est la décomposition de P B 0 en produit d’idéaux premiers
i=1
de l’anneau de Dedekind B 0 . g
Y
D’après le théorème du reste chinois on a B /P B ' 0 0
B 0 /(Pi B 0 )ei . B 0 /(Pi B 0 )ei est un espace
i=1
g
Y
vectoriel sur AP /P AP , ainsi B 0 /(Pi B 0 )ei est un e.v. de dimension n sur AP /P AP , par suite
i=1
g
X
(dim B 0 /(Pi B 0 )ei sur AP /P AP ) = n
i=1
Montrons que B 0 /P m est de dimension mf sur AP /P AP lorsque P est un idéal premier de B 0
et f le degré résiduel de P ∩ B dans l’extension L/K. La propriété est vraie pour m = 1 (voir
la fin de la démonstration). Supposons que B 0 /P m−1 est de dimension (m − 1)f sur AP /P AP ,
soit ϕ : B 0 /P m 7→ B 0 /P m−1 telle que ϕ(x + P m ) = x + P m−1 , alors ϕ est un homomorphisme
surjectif d’e.v. et Ker ϕ est un sous-espace vectoriel de B 0 /P m , or les s.e.v. de B 0 /P m sont
de la forme H/P m avec P m ⊂ H, ainsi Ker ϕ = H/P m . En fait, P m ⊂ H ⊂ P m−1 , et H
est un idéal de B 0 . Comme B 0 est un anneau de Dedekind et P un idéal premier de B 0 , le
calcul de la valuation de H par rapport à P permet d’affirmer que H = P m ou H = P m−1 ,
d’où ker ϕ = P m−1 /P m . Il est facile de remarquer que Ker ϕ est de dimension 1 sur B 0 /P, et
comme B 0 /P est de dimension f sur AP /P AP , alors Ker ϕ est de dimension f sur AP /P AP .
En combinant l’égalité dim B 0 /P m = dim B 0 /P m−1 + dim Ker ϕ et l’hypothèse de récurrence,
on trouve que B 0 /P m est de dimension mf sur AP /P AP , donc la dimension de B 0 /(Pi B 0 )ei sur
g
X
AP /P AP est égale à ei fi , enfin n = ei fi . Comme B 0 /Pi B 0 ' B/Pi (à noter que Pi ∩ S = ∅)
i=1
et comme A/P ' AP /P AP , on a [B 0 /Pi B 0 : AP /P AP ] = [B/Pi : A/P ] = fi ; le degré résiduel
de Pi dans l’extension L/K.

Corollaire 2.2. Le nombre des idéaux premiers au dessus d’un idéal premier P est compris
entre 1 et n.

Corollaire 2.3. Si H est un idéal fractionnaire de K, alors

NL/K (H) = Hn .

page 20
2.4. EXERCICES

Remarque 2.1. On va traiter ces notions avec plus de détails dans les chapitres suivants ; dans
le cas des corps de nombres. On donnera une version du théorème précédent dans le cas d’une
extension normale de corps de nombres.

On ferme cette section par l’énoncé du théorème de Kummer-Dedekind, qui est un moyen
important du calcul effectif de la factorisation d’idéaux en idéaux premiers :
Soient Fp = Z/pZ et f (X) ∈ Z[X]. On note par f (X) ∈ Fp [X] la réduction modulo p du
polynôme f (X). Pour tout g(X) ∈ Fp [X], on désignera par g(X) n’importe quel polynôme de
Z[X] dont la réduction modulo p est g(X). Si K est un corps de nombres, on notera par OK ,
l’anneau des entiers de K.

Théorème 2.5 (Kummer-Dedekind). Soit K un corps de nombres de degré n et p un nombre


premier. Supposons qu’il existe α ∈ OK tel que OK = Z[α] et notons f (X) ∈ Z[X] son polynôme
minimal. Soit f (X) = g 1 (X)e1 ...g r (X)er la factorisation de f (X) en polynômes irréductibles de
Fp [X]. Notons fi le degré de g i . Alors la décomposition en idéaux premiers de pOK est donnée
par :

pOK = P1e1 ...Prer avec Pi = (p, gi (α)).


De plus, f (Pi /p) = fi .

Démonstration. Voir [10, 1].

2.4 Exercices

2.1. Soit K = Q( −1). L’anneau des entiers de K est l’anneau des entiers de Gauss
Exercice √
OK = Z[ −1]. Étudier la décomposition d’un nombre premier p dans OK .

Exercice 2.2. Soit A = Z[ −13].
1. Montrer que A n’est pas un anneau de Dedekind.

2. Donner la fermeture intégrale de A dans Q( −13).

page 21
Chapitre 3

Outils de base de la théorie algébrique des


nombres

Dans ce chapitre on va traiter les notions Trace, Norme et Discriminant et ses liens avec les
entiers d’un corps de nombres et la théorie de ramification.

3.1 Trace, norme et discriminant


3.1.1 Cas d’une extension d’anneaux B/A tels que B est un A-module libre
de rang fini
Rappelons certains résultats d’algèbre linéaire. Soient :
• A un anneau commutatif,
• E un A-module libre de rang fini n,
• u un endomorphisme de E,
• B = {e1 , ..., en } une base de E,
• (aij ) la matrice de u dans cette base.
Pn
La trace (resp. le déterminant) de u est définie par : T r(u) = i=1 aii (resp. det(u) =
det(aij )). Il est connu que T r(u) et det(u) sont indépendants de la base choisie et on a :

T r(u + u0 ) = T r(u) + T r(u0 ) et det(uu0 ) = det(u)det(u0 ).


De plus, on a la formule de Vietà :
det(XidE − u) = X n − T r(u)X n−1 + ... + (−1)n det(u).
Ces notations se généralisent de la manière suivante :
Soit B/A une extension d’anneaux tels que B soit un A-module libre de rang fini n. Pour
tout x ∈ B, on note Tx l’endomorphisme de B défini par Tx (y) = xy. On définit la trace
(resp. la norme, le polynôme caractéristique) de x relativement à l’extension B/A, l’élément :
T rB/A (Tx ) (resp. NB/A = det(Tx ), Px,B/A (X) = det(XidB − Tx )).
Remarque 3.1. Comme Tx+y = Tx + Ty , Txy = Tx ◦ Ty et Tαx = αTx , on obtient les homomor-
phismes additif et multiplicatif suivants :
T rB/A : B → A et NB/A : B ∗ → A∗ .

22
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Pour x1 , ..., xn ∈ B, le discriminant de la famille {x1 , ..., xn } relativement à B/A est défini
par :
discrB/A (x1 , ..., xn ) := det(T rB/A (xi xj )).

Exemple
√ 3.1. Soit d 6∈ {0, 1} un entier sans facteurs carrés, B = Q( d) et A = Q. La famille
{1, d} est une A-base √ de B.
Pour tout x = a + b d ∈ B, avec a, b ∈ Q, la matrice de Tx dans cette base est donnée par :
 
a bd
.
b a

Donc T rB/A (x) = 2a et NB/A (x) = a2 − b2 d. On montre aussi discrQ(√d)/Q (1, d)=4d.

Par un simple calcul on a la proposition suivante :


Pn
Proposition 3.1. (1) Soit x01 , ..., x0n ∈ B tel que, pour tout i = 1, ..., n, x0j = i=1 aij xi , avec
aij ∈ A. Alors :

discrB/A (x01 , ..., x0n ) = (det(aij ))2 discrB/A (x1 , ..., xn ).

(2) discrB/A (x1 , ..., xn ) 6= 0 =⇒ la famille {x1 , ..., xn } est linéairement indépendante.
(3) Soient {x1 , ..., xn } et {x01 , ..., x0n } deux bases du A-module B. Alors, ou bien discrB/A (x1 , ..., xn ) =
discrB/A (x01 , ..., x0n ) = 0, ou bien discrB/A (x1 , ..., xn ) et discrB/A (x01 , ..., x0n ) sont associés dans
A.

Définition 3.1. Soit {x1 , ..., xn } une A-base du A-module B, alors l’idéal principal de A en-
gendré par discrB/A (x1 , ...xn ) est appelé le discriminant de B relativement à A (ou tout
simplement, le discriminant de B sur A), il se note discr(B/A). Il est clair, d’après la
proposition précédente que discr(B/A) est indépendant de la base choisie.

Proposition 3.2. Soient A un anneau commutatif et B1 , ..., Br des anneaux commutatifs conte-
nant A et qui sont des A-modules libres de rang fini. Alors :
r
Y
discr(B1 × ... × Br /A) = discr(Bi /A).
i=1

Démonstration. Il suffit de traiter le cas r = 2, une récurrence simple donnera ensuite le résultat.
Soit (x1 , ..., xn ), (y1 , ..., ym ) des A-bases de B1 et B2 respectivement.
On a {(x1 , 0), ..., (xn , 0), (0, y1 ), ..., (0, ym )} est une A-base B1 × B2 . Posons zi = (xi , 0) pour
i = 1, ..., n. zn+i = (0, yi ) pour i = 1, ..., m. On a T rB1 ×B2 /A (t, 0) = T rB1 /A (t), pour tout t ∈ B1
et T rB1 ×B2 /A (0, t) = T rB2 /A (t), pour tout t ∈ B1 . Donc :
 
(T rB1 /A (xi xj )) (0)
det(T rB1 ×B2 /A (zi zj )) = det  
(0) (T rB2 /A (yi yj ))
= det(T rB1 /A (xi xj ))det(T rB1 /A (xi xj ))
= discr(B1 /A)discr(B2 /A).

page 23
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Proposition 3.3. Soient B un anneau, A un sous-anneau de B tels que B soit un A-module de


rang fini n, (x1 , ..., xn ) une A-base de B et H un idéal de A. Pour x ∈ B notons x la classe de
x modulo H. Alors (x1 , ..., xn ) est une A/H-base de B/HB et on a :

discr(x1 , ..., xn ) = discr(x1 , ..., xn ).

Démonstration. Notons (aij ) est la matrice de l’endomorphisme de multiplication par x. Par


rapport à la base (x1 , ..., xn ). Alors la matrice de l’endomorphisme de multiplication par x par
rapport à la base (x1 , ..., xn ) est (aij ). Donc T rB/A (x) = T rB/A (x). D’où le résultat.

Proposition 3.4. Soit S est une partie multiplicative de A. Notons A0 = S −1 A et B 0 = S −1 B.


Si {z1 , ..., zn } est une A-base de B, alors c’est aussi une A0 -base de B 0 et pour tout x ∈ B on a :

T rB 0 /A0 (x) = T rB/A (x), NB 0 /A0 (x) = NB/A (x).


Donc discrB 0 /A0 (z1 , ..., zn ) = discrB/A (z1 , ..., zn ).

Démonstration. Soient Tx : B 7−→ B et Tx0 : B 0 7−→ B 0 les endomorphismes de multiplication


par x ∈ B. Soit M (Tx ) et M (Tx0 ) respectivement les matrices de Tx et Tx0 dans la base {z1 , ..., zn }.
On a clairement M (Tx ) = M (Tx0 ). D’où le résultat.
Dans la sous-section suivante, on va traiter un cas particulier de ce qui précède, c’est le cas
B = L et A = K, avec L/K est une extension séparable de degré fini.

Exercice 3.1. Soient L/K une extension séparable de degré fini et M un corps intermédiaire
de L/K. Posons [L : M ] = r et [M : K] = m. Montrer que pour tout x ∈ M , on a :

Px,L/K (X) = (Px,M/K (X))r .

En déduire que Px,L/K (X) = (mx,K )d , avec d = [L : K(x)] et mx,K le polynôme minimal de x
sur K.

3.1.2 Cas d’une extension séparable de degré fini L/K


Soit L/K une extension séparable de degré fini n. Ce cas est beaucoup plus riche que le
cas d’une extension d’anneaux B/A telle que B est un A-module libre de rang fini. Soit x ∈ L
comme le polynôme caractéristique de x est le polynôme caractéristique de Tx , alors par le
théorème de Cayley-Hamilton, on a Px,L/K (Tx ) = 0. Comme Px,L/K (Tx ) = TPx,L/K (x) , alors
0 = Px,L/K (Tx ) = TPx,L/K (x) (1) = Px,L/K (x).
Par suite, Le polynôme caractéristique de x ∈ L coı̈ncide avec le polynôme minimal, si et
seulement si x est un élément primitif de L/K. On a :

Proposition 3.5. Soit L/K une extension séparable de degré fini. Notons n = [L : K]. Soient
σi , 1 ≤ i ≤ n les K-morphismes de L dans une clôture algébrique K de K. Pour tout x ∈ L on
a:
(1) Px,L/K (X) = ni=1 (X − σi (x)).
Q

(2) T rL/K (x) = ni=1 σi (x).


P

(3) NL/K (x) = ni=1 σi (x).


Q

page 24
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Démonstration. Posons M = K(x). Si L = K(x), alors les σi sont deux-à-deux distincts et on


a: n
Y
mx,K = (X − σi (x)).
i=1

Or x est un élément primitif, alors :


n
Y
Px,M/K (X) = mx,K (X) = (X − σi (x)).
i=1

Si L 6= K(x), Posons m = [M : L] et r = [L : M ]. On a Px,L/K (X) = (Px,M/K (X))r . Puisque x


est un élément primitif de M/K, donc :
m
Y
Px,M/K (X) = (X − φj (x)),
j=1

où les φj sont les K-morphismes de M dans K. Comme chaque φj se prolonge de r façons
différentes à des homomorphismes σij , et n = rm, donc :
m
Y m Y
Y r
r r
Px,L/K (X) = (Px,M/K (X)) = (X − φj (x)) = (X − σij (x)),
j=1 j=1 i=1

d’où l’assertion 1.
Les assertions 2 et 3 sont des conséquences de l’assertion 1. et la formule de Vietà.

Remarque 3.2. Si x1 , ..., xn ∈ L, alors on a :


n
X n
X
T rL/K (xi xj ) = σk (xi xj ) = σk (xi )σk (xj ).
k=1 k=1

Donc, la matrice (T rL/K (xi xj )) = At A, avec A = (σk (xj )). Or det(A) = det(At ), alors :

discrL/K (x1 , ..., xn ) = det(T r(xi xj )) = det(At A) = det(At )det(A) = det(A)2 = det(σk (xi ))2 .

Par suite, on a une nouvelle définition du discriminant de la famille {x1 , ..., xn } :

discrL/K (x1 , ..., xn ) := det(T rL/K (xi xj )) = det(σi (xj ))2 .

Exemple
√ 3.2. Avec les mêmes√notations de√l’exemple 3.1 on a l’ensemble des Q-morphismes de
Q( d) dans C est √ {Id, a + b d√−→ a − b d}. √ Donc : √
T rQ( d)/Q (a + b d) = (a + b d) + (a − b d) = 2a, NQ(√d)/Q (a + b d) = a2 − db2 et

2


1 1
discrQ( d)/Q (1, d)= √ √ = 4d.


d − d
Proposition 3.6. Soient L/K une extension séparable de degré fini n, x un élément primitif de
L/K et mx le polynôme minimal de x sur K. Alors :
Y
discrL/K (1, x, ..., xn−1 ) = (σi (x) − σj (x))2 = (−1)n(n−1)/2 NL/K (m0x (x)).
i<j

page 25
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Démonstration. On a : discrL/K (1, x, ..., xn−1 ) = det((σi (xj )))2 = det((σi (x))j )2 (avec 1 ≤ i ≤ n
et 0 ≤ j ≤ n − 1). Si on pose θi = σi (x), on obtient :
1 θ1 θ12 ... θ1n−1
 
1 . . ... . 
(σi (x)j ) = (θij ) = 
 . . . ...
,
. 
1 θn θn2 ... θnn−1
C’est une matrice de Vandermonde d’ordre n × n, donc :
Y Y
det((σi (x))j ) = (θi − θj )2 = (σi (x) − σj (x))2 .
i<j i<j

On a aussi :
Y Y n Y
Y
2 n(n−1)/2 n(n−1)/2
(σi (x) − σj (x)) = (−1) (σi (x) − σj (x)) = (−1) (σi (x) − σj (x)).
i<j i6=j i=1 j6=i
Qn Pn Q
Et mx (X) = i=1 (X −σi (x)), donc m0x (X) = i=1 j6=i (X −σj (x)). D’où pour tout 1 ≤ i ≤ n,
Y
σi (m0x (x)) = m0x (σi (x)) = (X − σj (x)).
j6=i
Qn
Alors, discrL/K (1, x, ..., xn−1 ) = (−1) n(n−1)/2
i=1 σi (m0x (x)) = (−1)n(n−1)/2 NL/K (m0x (x)).
Corollaire 3.1. Comme les σi (x) sont deux-à-deux distincts, alors discrL/K (1, x, ..., xn−1 ) 6= 0.
Proposition 3.7. Soit L/K une extension séparable de degré fini n. Soit y1 , ..., yn ∈ L. Alors
{y1 , ..., yn } est une base de L si et seulement si discrL/K (y1 , ..., yn ) 6= 0.
Démonstration. Comme L/K est séparable de degré fini, alors par le théorème de l’élément
K(x). Donc (1, x, ..., xn−1 ) est une K-base de L.
primitif, il existe x ∈ L tel que L =P
Pour tout j = 1, ..., n, posons yj = nk=1 bjk xk−1 avec les bjk ∈ K.
Notons B = (bjk ). D’après Proposition 3.1, on a :
discrL/K (y1 , ..., yn ) = (det(B))2 discrL/K (1, x, ..., xn−1 ).
D’après le corollaire précédent, on a discrL/K (1, x, ..., xn−1 ) 6= 0. Donc discrL/K (y1 , ..., yn ) 6= 0
si seulement si det(B) 6= 0. Il s’ensuit que le résultat découle du fait que det(B) 6= 0 si et
seulement si {y1 , ..., yn } est une base de L.
Corollaire 3.2. Soit L/K une extension séparable de degré fini n. L’application
hx, yi = T rL/K (xy)
est une forme bilinéaire du K-espace vectoriel L, non-dégénérée (c’est-à-dire, si x ∈ L tel que
T rL/K (xy) = 0, ∀y ∈ L, alors x = 0).
Démonstration. Le fait que h., .i est bilinéaire est clair.
Soit {x1 , ..., xn } une K-base arbitraire de L. La matrice de h., .i dans cette base est M =
(T rL/K (xi xj )). On a :
detM = det(T rL/K (xi xj )),
= discrL/K (x1 , ..., xn ),
6= 0, (voir Proposition 3.7).

page 26
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Remarque 3.3. Sous les conditions du corollaire précédent, comme hx, yi = T rL/K (xy) est
non-dégénérée, alors l’application K-linéaire qui à x ∈ L, fait correspondre le forme K-linéaire
fx : y 7−→ T rL/K (xy)
est une injection de L dans son dual HomK (L, K).
Comme L et HomK (L, K) sont de même dimension finie sur K, alors x 7−→ fx est une bijection
de L sur son dual. Si (x1 , ..., xn ) est une K-base de L, alors l’image réciproque de sa base duale
par cette bijection est une K-base, (x01 , ..., x0n ) , de L vérifiant :
T rL/K (xi x0j ) = δij ,
où δij vaut 1 si i = j et 0 si i 6= j.
Cette remarque va être utile pour la démonstration du théorème 3.1.
Proposition 3.8. Soit A un anneau intégralement clos, K son corps des fractions. Soient L une
extension de K, séparable et de degré fini n, et B la fermeture intégrale de A dans L. Alors
1. L est le corps des fractions de B.
2. Il existe un élément primitif de L/K dans B.
3. Pour tout x ∈ B, les conjugués de x sont aussi dans B.
4. Pour tout x ∈ L on a : x ∈ B si et seulement si son polynôme caractéristique (resp. son
polynôme minimal) est à coefficients dans A.
Démonstration. 1. Soit y ∈ L. On a L/K est algébrique, donc il existe α0 , ..., αn−1 ∈ K tels
que
y n + αn−1 y n−1 + ... + α0 = 0.
En multipliant par le dénominateur commun a des αi on aura
ay n + an−1 y n−1 + ... + a0 = 0,
avec les ai ∈ A. Donc :
(ay)n + an−1 (ay)n−1 + ... + an−1 a0 = 0.
Donc b = ay est entier sur A, d’où y = ab , avec b ∈ B et a ∈ A − {0}.
2. Comme L est séparable de degré fini alors il existe y ∈ L tel que L = K(y). d’après la
démonstration de l’assertion 1, il existe b ∈ B et a ∈ A tel que y = ab , donc b = ya et on
a K(ya) = K(y) donc b est un élément primitif de L.
3. Soit x ∈ B. Alors il existe an−1 , ..., a0 ∈ A tels que :
xn + an−1 xn−1 + ... + a0 = 0,
donc mx,K | X n + an−1 X n−1 + ... + a0 . Alors les conjugués de x vérifient la même relation
de dépendance intégrale de x. Donc ils sont aussi entiers.
4. Soit x ∈ L. Comme L/K est séparable, posons σi , (1 ≤ i ≤ n) les K-morphismes de
L dans K. Donc Q si x ∈ B, alors d’après l’assertion 3, les σi (x) sont entiers sur A. Or
PL/K,x (X) = ni=1 (X − σi (x)), donc les coefficients de PL/K,x sont des produits et des
sommes des σi (x), alors ils sont entiers sur A. Et comme PL/K est à coefficients dans K
et A est intégralement clos, alors PL/K,x ∈ A[X].
Réciproquement, si PL/K,x ∈ A[X], x est entier sur A, car PL/K,x (x) = 0. Le résultat sur
le polynôme minimal est une conséquence de ce qui précède en posant L = K(x).

page 27
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Remarque 3.4. Les éléments de L sont de la forme ab , avec b ∈ B et a ∈ A.

Théorème 3.1. Soient A un anneau noethérien, intégralement clos et K son corps des fractions.
Soient L/K une extension séparable de degré fini n et B la fermeture intégrale de A dans L.
On suppose que K est de caractéristique nulle. Alors B est un sous-A-module d’un A-module
libre de rang n.

Démonstration. D’après la proposition précédente il existe x ∈ B tel que L = K(x). Donc


(1, x, ..., xn−1 ) est une K-base de L. D’après Remarque 3.3, il existe (x1 , ..., xn ) une K-base de
L telle que :
T rL/K (xi xj ) = δij .
Soit b ∈ B. Alors il existe (α1 , ..., αn ) ∈ K n tels que :

b = α1 x1 + ... + αn xn .

On a : T rL/K (xi b) = αi ∈ K, donc les αi sont entiers sur A. Comme A est intégralement clos,
alors αi ∈ A, donc B ⊆ Ax1 ⊕ ... ⊕ Axn .

Remarque 3.5. Comme A est noethérien et B est un sous-A-module d’un A-module de type
fini, alors par la théorie des modules, B est un A-module de type fini.

Corollaire 3.3. Sous les hypothèses du théorème précédent et si de plus A est principal, alors
B est un A-module libre de rang n = [L : K].

Démonstration. Soit {x1 , ..., xn } une K-base de L tel que

B ⊆ Ax1 ⊕ ... ⊕ Axn .

Une telle base existe bien sûr, d’après la preuve du théorème précédent. Donc, B est un A-
module de rang inférieur ou égal à n (i.e. rangA (B) ≤ n). Comme on peut choisir a ∈ A et
β1 , ..., βn tels que xi = βai , donc Aβ1 ⊕ ... ⊕ Aβn ⊆ B. Alors n ≤ rangA (B). D’où le résultat.

Lemme 3.1. Soient A un anneau noethérien, intégralement clos et K son corps des fractions.
Soient L/K une extension séparable de degré fini n et B la fermeture intégrale de A dans L.
Soit {x1 , ..., xn } une K-base de L contenue dans B. Posons d = discr(x1 , ..., xn ). Alors :

dB ⊆ Ax1 + ... + Axn .

Démonstration. Soit α = a1 x1 + ... + an xn un élément de B avec les ai ∈ K.


On a n
X
xi α = aj x j x i ,
j=1

donc
Xn
T rL/K (xi α) = T rL/K ( aj x j x i )
j=1
n
X
= aj T rL/K (xj xi )
j=1

page 28
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

   
a1 T rL/K (x1 α)
.  . 
   
 .  et b = 
Posons a =  .
  

.  . 
an T rL/K (xn α)
On a :
b = (T rL/K (xj xi ))a.
bi
Or d = det(T rL/K (xj xi )), T rL/K (xi α) ∈ A, alors par les formules de Cramer on a : ai = d
,
avec bi est un élément de A. Donc dα = b1 x1 + ... + bn xn . D’où dB ⊆ Ax1 + ... + Axn .

On appelle base intégrale de B sur A (ou A-base de B) toute famille {x1 , ..., xr } de B telle
que ∀b ∈ B, b s’écrit d’une manière unique sous la forme
b = a1 x1 + ... + ar xr ,
avec les ai ∈ A.

à titre d’exercice, on peut vérifier qu’une base intégrale de B sur A est une K-base de L,
donc son cardinal n est le degré [L : K] (i.e. r = n). L’existence d’une base intégrale signifie
que B est un A-module libre de rang n = [L : K].
Proposition 3.9. Soit A un anneau principal, K son corps des fractions. Soit L/K une extension
séparable de degré fini n et B la fermeture intégrale de A dans L. Alors :
Tout sous-B-module M 6= 0 de L, de type fini, est un A-module libre de rang [L : K].
Démonstration. Soit (y1 , ..., yr ) une famille génératrice du B-module M . Comme il existe a ∈ A
tel que ayi ∈ B, (1 ≤ i ≤ r), alors aM ⊆ B.
Par suite adM ⊆ dB ⊆ Ax1 + ... + Axn = M0 , où x1 , ..., xn est une K-base de L. Or A est
principal et M0 est un A-module libre, alors adM est aussi un A-module libre et on a :
[L : K] = rg(B) ≤ rg(M ) = rg(adM ) ≤ rg(M0 ) = [L : K].
D’où finalement rg(M ) = [L : K].

3.1.3 Cas des corps de nombres


Dans la suite de ce cours on va s’intéresser au cas des corps de nombres qui est l’objet
principal de la théorie algébrique des nombres.
Définition 3.2. Soit L un corps de nombres et OL l’anneau des entiers de L. D’après ce qui
précède OL est un Z-module libre de rang n = [L : Q]. Soit {x1 , ..., xn } une Z-base de OL . Le
discriminant discrL/Q (x1 , ..., xn ), est appelé le discriminant du corps de nombre L et il se
note δL (des fois on dit aussi le discrimiant absolu de L).
Soit L/K une extension de corps de nombres de degré n. D’après ce qui précède on a :
• discr(OL /OK ) est un idéal non nul de OK .
• Si de plus OK est principal, OL est un OK -module
libre de rang n.

page 29
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Définition 3.3. Le discriminant relatif de L/K est l’idéal δL/K de OK engendré par les
éléments discrL/K (x1 , ..., xn ), pour toutes les K-bases {x1 , ..., xn } possibles de L telles que pour
tout i, xi ∈ OL .

Notre but maintenant est de caractériser les premiers de K qui se ramifient dans L. Rap-
pelons qu’un anneau est dit réduit si son seul élément nilpotent est l’élément nul.

Lemme 3.2. Si A est un anneau noethérien réduit, alors l’idéal (0) est l’intersection d’un nombre
fini d’idéaux premiers.

Démonstration. Comme A est noethérien, alors tout idéal de A contient un produit d’idéaux
n n n
premiers. Soit (0) ⊇ P1n1 ...Pq q . Donc (0) = P1n1 ...Pq q . On a, si x ∈ P1n1 ∩ ... ∩ Pq q , alors
n
xn1 +...+nq ∈ P1n1 ...Pq q = (0). D’où xn1 +...+nq = 0. Par suite , x = 0, car A est réduit. Donc
n
P1n1 ∩ ... ∩ Pq q = (0).

Proposition 3.10. Soient K un corps fini ou de caractéristique nulle et L une K-algèbre commu-
tative de dimension finie. Alors, pour que L soit réduit il faut et il suffit que discr(L/K) 6= (0).

Démonstration. Soit L non réduit et soit x ∈ L un élément nilpotent x 6= 0. Posons x1 = x.


Soit {x1 , ..., xn } une K-base de L. Comme L est commutatif, alors xxj est nilpotent. Donc, son
polynôme caractéristique est X n , et T rL/K (xxj ) = 0, pour j = 1, ..., n. Par suite :

discrL/K (x1 , ..., xn ) = det(T rB/K (xi xj )) = 0,

car la première ligne de la matrice (T rL/K (xi xj )) est nulle. Donc discr(L/K) = 0.
Réciproquement, supposons que L est réduit. alors (0) est une intesection fini d’idéaux premiers
de L, donc (0) = P1 ∩ ... ∩ Pr , avec les Pi sont des idéaux premiers.

Comme Pi ∩ K est un idéal de K, distinct de K, alors Pi ∩ K = (0). Donc K ⊆ L/Pi . On a


l’anneau L/Pi est un anneau qui est un K-espace vectoriel de dimension finie. Alors on a L/Pi
est entier sur K, comme K est un corps, L/Pi l’est aussi. Par suite, Pi est maximal. Posons
Li := L/Pi . Le théorème des restes chinois donne :

L∼ = L/(0) ∼
Y Y
= L/Pi = Li ,
i i

Donc, par Proposition 3.2, on trouve :


r
Y
discr(L/K) = discr(Li /K).
i=1

Mais les corps Li sont des extensions séparables de K, car K est un corps fini ou de caractéris-
tique nulle. Alors, d’après Proposition 3.7, discr(Li /K) 6= 0. D’où discr(L/K) 6= 0.

Lemme 3.3. Soient L/K une extension de corps de nombres de degré fini n et P un idéal
premier non nul de OK . Posons A = OK et B = OL . S = A\P, A0 = S −1 A, B 0 = S −1 B et
P 0 = PA0 . Alors, P se ramifie dans L si et seulement si discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn ) ∈ P 0 , pour toutes
A0 -base {y1 , ..., yn } de B 0 .

page 30
3.1. TRACE, NORME ET DISCRIMINANT

Démonstration. Soit PB = Qe11 ...Qerr la décomposition de P dans B. Comme Qi est un idéal


e
maximal, alors Qei i + Qj j = B, ∀i 6= j. Donc le théorème des restes chinois donne :
g

Y
B/BP = B/Qe11 ...Qerr = B/Qei i .
i=1

Donc, P se ramifie dans L, si et seulement si B/PB est non réduit. Par suite, d’après Proposition
3.10, on a
P se ramifie dans L, si et seulement si discr((B/PB)/(A/P)) = (0),
car A/P est un corps fini.
On a B 0 est un module libre de rang n sur l’anneau principal A0 et on a :

A/P ∼
= A0 /P 0 et B/PB ∼
= B 0 /PB 0 .

Alors :
P se ramifie si et seulement si discr((B 0 /B 0 P)/(A0 /P 0 )) = (0).
Comme, discr((B 0 /B 0 P)/(A0 /P 0 )) est engendré par discr(B 0 /B 0 P)/(A0 /P 0 ) (x01 , ..., x0n ), pour toute
A0 /P 0 -base {x01 , ..., x0n } de B 0 /B 0 P et si {y1 , ..., yn } est une A0 -base de B 0 , alors {y1 , ..., yn } est
une A0 /P 0 -base de B 0 /B 0 P. Donc :
discr((B 0 /B 0 P)/(A0 /P)) = 0 si et seulement si discr(B 0 /B 0 P)/(A0 /P) (y1 , ..., yn ) = 0, pour toute
A0 -base {y1 , ..., yn } de B 0 .
On a discr(B 0 /B 0 P)/(A0 /P) (y1 , ..., yn ) = discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn )(voir Proposition 3.3), donc :

discr((B 0 /B 0 P)/(A0 /P)) = 0 si et seulement si discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn ) = 0, pour toute A0 -base
{y1 , ..., yn } de B 0 .
Il s’ensuit que :
P se ramifie si et seulement si discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn ) ∈ P 0 , pour toute A0 -base {y1 , ..., yn } de B 0 .

Théorème 3.2. (de Dedekind) Soient L/K une extension de corps de nombres de degré fini n
et P un idéal premier non nul de OK . Alors P se ramifie dans OL , si et seulement si P ⊇ δL/K .
(i.e. Pour que P se ramifie dans OL il faut et il suffit que P divise δL/K ).

Démonstration. On adopte les notations du lemme précédent. D’après le lemme précédent il


suffit de démontrer que l’équivalence suivante : discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn ) ∈ P 0 , pour toute A0 -base
{y1 , ..., yn } de B 0 , est équivalente à P ⊇ δL/K .
Soit {x1 , ..., xn } une K-base de L contenu dans B. Alors {x1 , ..., xn } est une A0 -base de B 0 .
D’après Proposition 3.4 et puisque xi ∈ B pour tout i, on a :

discrL/K (x1 , ..., xn ) = discrB 0 /A0 (x1 , ..., xn ) ∈ P 0 ∩ A = P,

page 31
3.2. LOCALISATION DE L’ANNEAU DES ENTIERS PAR UN IDÉAL PREMIER

d’où δL/K ⊆ P. Réciproquement, supposons que δL/K ⊆ P. Si {y1 , ..., yn } est une A0 -base de B 0 ,
posons yi = xsii , avec xi ∈ B et si ∈ A\P. Alors on a {x1 , ..., xn } est une K-base de L, contenue
dans B, et :

discrB 0 /A0 (y1 , ..., yn ) = discrL/K (y1 , ..., yn )


 2
1
= discrL/K (x1 , ..., xn ) ∈ A0 P = P 0 .
s1 ...sn

Ce qui termine la preuve.

Corollaire 3.4. Soit K une extension non triviale de degré fini de Q. Soit p un nombre premier.
On a :

p se ramifie dans K si et seulement si p divise δK .

3.2 Localisation de l’anneau des entiers par un idéal premier


Soit K un corps de nombres. Soit P un idéal premier de OK .
Posons S = OK \P. On définit OK,P par : OK,P = S −1 OK , c’est l’anneau obtenu par localisation
de OK par P. Puisque l’anneau OK,P est un anneau de Dedekind et local, alors l’idéal Q =
POK,P est l’unique idéal premier non nul de OK,P . Comme tout idéal propre de OK,P se factorise
en produit d’idéaux premiers non nuls, alors tout idéal non nul de OK,P est de la forme Qn ,
n ≥ 0. Donc les idéaux de OK,P sont donnés par la proposition suivante :

Proposition 3.11. Les idéaux de OK,P sont de la forme P n OK,P , pour n ≥ 0.

Proposition 3.12. L’anneau OK,P est principal.

Démonstration. Posons Q = POK,P . Il suffit de montrer que Q est principal. Soit α ∈ Q\Q2 .
Comme αOK,P = Qn , pour un certain entier n > 1 et α ∈ / Q2 , donc nécessairement n = 1.
Alors αOK,P = Q.

Un générateur de l’unique idéal premier mP de OK,P , noté π, est appelé une uniformisante
de OK,P . Remarquons que toutes les uniformisantes de OK,P sont associées, et que mP ∩OK = P.

Si L/K est une extension du corps de nombres de degré fini n et P un idéal premier de OK ,
alors la localisé de OL par P sera noté OL,P . (i.e. OL,P = S −1 OL , où S = OK \ P).

Remarque 3.6. D’après la proposition 2.2, OL,P est la fermeture intégrale de OK,P dans L.

Proposition 3.13. En respectant les mêmes notations ci-dessus on a :


(1) OL,P /POL,P ∼= OL /POL .
(2) OL,P est un OK,P -module libre de rang n.

Démonstration. 1. Ce point est une conséquence de la proposition 2.4.


2. Conséquence de la remarque précédente et la proposition 3.9.

page 32
3.3. NORME D’UN IDÉAL

3.3 Norme d’un idéal


Soit K un corps de nombres de degré n sur Q. Dans cette section on va traiter la notion
de norme d’un idéal de OK qui peut être regardé comme une généralisation de la norme d’un
élément de OK .

On appelle norme d’un idéal non nul H de OK , et on note NK (H), le nombre [OK : H]
(i.e. l’indice du sous-groupe H dans le groupe additif OK ).
Proposition 3.14. Soit H un idéal non nul de OK . Alors la norme de H est fini. Si de plus
H = (α), α ∈ Z, alors NK ((α)) = |α|n .
Démonstration. Soient α ∈ H ∩ Z, α 6= 0 et α1 , ..., αn une Z-base de OK (voir la proposition
3.9), donc αα1 , ..., ααn appartiennent à (α). On a (α) ⊆ H ⊆ OK , donc, par le 3ème théorème
d’isomorphisme on a [OK : (α)] = [OK : H][H : (α)].
Notons que l’homomorphisme φ défini par :

φ: ⊕Zαi −→ (Z/αZ)n
P
ni αi −→ (n1 , ..., nn ),

induit l’isomorphisme suivant :

OK /(α) = ⊕Zαi / ⊕ Zαi α ∼


= (Z/αZ)n .

D’où [OK : H] est fini et si H = (α), alors [OK : (α)] = |α|n .


Proposition 3.15. Soient H et G deux idéaux de OK . Alors :

NK (HG) = NK (H)NK (G).

(i.e. la norme NK est multiplicative).


Démonstration. Si H et G sont étrangers i.e. H + G = OK , alors par le théorème des restes
chinois on a :
OK /HG ∼ = OK /H × OK /G.
Donc par la factorisation en produit des idéaux premiers, il serait suffisant de démontrer que
pour tout idéal premier P de OK on a : NK (P m ) = NK (P)m .
En utilisant le fait que OK /P m−1 ∼= (OK /P m )/(P m−1 /P m ) (il s’agit d’un isomorphisme de
groupes), on démontre par récurrence que :

NK (P m ) = |OK /P m | = |OK /P| × |P/P 2 | × ... × |P m−1 /P m |.

Montrons que |P k /P k+1 | = |OK /P|, pour tout k > 1.


Soit α ∈ P k \P k+1 . Considérons l’homomorphisme de groupes :

αOK −→ P k /P k+1
αβ 7−→ αβ.

Le noyau de cet homomorphisme est αOK ∩ P k+1 et son image est


(αOK + P k+1 )/P k+1 . On a αOK ⊆ P k , alors P k+1 ⊆ αOK + P k+1 ⊆ P k . Donc αOK + P k+1 est

page 33
3.3. NORME D’UN IDÉAL

une puissance de P. Alors αOK + P k+1 = P k , puisque α ∈ / P k+1 .


k+1
On a aussi αOK ∩ P = αP, en effet : αOK se décompose sous la forme αOK = P k P1 ...Pr ,
avec P 6= Pi . Donc αP = P k+1 P1 ...Pr . Si on suppose que αP ( αOK ∩ P k+1 ( P k+1 , alors il
existe i tel que : αP ⊆ P i ( P k+1 . Donc nécessairement k + 2 ≤ i. Or αP = P k+1 P1 ...Pr , alors
i ≤ k + 1, ce qui est absurde. Donc OK /P est isomorphe à P k /P k+1 . D’où le résultat.
Corollaire 3.5. Si H est un idéal de OK tel que H = P1ei ...Prer , alors :

NK (H) = NK (P1 )ei ...NK (Pr )er .


Qr
(i.e. |OK /H| = i=1 |OK /Pi |ei ).
Théorème 3.3. Soit L/K une extension de corps de nombres de degré n. Pour tout idéal non
nul H de OK on a :

NL (HOL ) = (NK (H))n .


Démonstration. Par la multiplicativitéé de la norme, il suffit de démontrer le résultat pour les
idéaux premiers de OK . Soit P un idéal premier de OK .
Montrons que NL (POL ) = (NK (P))n (i.e. |OL /POL | = |OK /P|n ).
Puisque OL,P est un OK,P -module libre de rang n, alors OL,P /POL,P est un OK,P /POK,P -
module libre de rang n. Donc :

|OL,P /POL,P | = (|OK,P /POK,P |)n .

D’autre part, on a :

= OL /POL et OK,P /POK,P ∼


OL,P /POL,P ∼ = OK /POK .
(voir la proposition 2.4). D’où résultat.
Remarque 3.7. Si Q est un idéal premier de OL au-dessus de P, alors :

NL (Q) = |OL /Q| = |OK /P|f (Q/P) = NK (P)f (Q/P) ,

où f (Q/P) = [OL /Q : OK /P]. On verra l’importance de cette remarque par la suite.

Rappelons que si K/Q est une extension du corps de nombres de degré n, alors le discrimi-
nant de n’importe quelle base intégrale est appelé le discriminant de K, et il est noté δK . Ainsi
δK ∈ Z\{0}. On a :
Proposition 3.16. Soit H un idéal non nul de OK . Soit {y1 , ..., yn } une Z-base quelconque de
H. Alors :
discr(y1 , ..., yn )
N (H)2 = .
δK
Démonstration. Soient {x1 , ..., xn } une base intégrale de OK et {c1 , ..., cn } telle que {c1 x1 , ..., cn xn }
est une base de H (voir Théorème 1.3 et Proposition 3.9). Alors, OK = Zx1 ⊕ ... ⊕ Zxn et
H = Zc1 x1 ⊕ ... ⊕ Zcn xn . Donc,

Zci xi ∼
M M M
OK /H = Zxi / = Z/Zci .

page 34
3.3. NORME D’UN IDÉAL

Cet isomorphisme est obtenu par l’homomorphisme :


M X
φ : OK −→ Z/Zci , ai xi 7−→ (a1 , ..., an ).
Qn
Ker(φ) = H. Donc NK (H) = Q i=1 |ci |.
Comme discr(c1 x1 , ..., cn xn ) = ( ni=1 |ci |)2 .discr(x1 , ..., xn ) = ( ni=1 |ci |)2 .δK et discr(c1 x1 , ..., cn xn ) =
Q

discr(y1 , ..., yn ), pour toute base {y1 , ..., yn } de H, alors (NK (H))2 = discr(yδK1 ,...,yn ) .

Proposition 3.17. Pour tout y ∈ OK tel que y 6= 0 on a :

NK (OK y) = |NK/Q (y)|.

Démonstration. Soit {x1 , ..., xn } une base intégrale de OK . Alors {yx1 , ..., yxn } est une base de
OK y. D’après la proposition précédente on a :

discr(yx1 , ..., yxn )


NK (OK y)2 = .
δK
D’autre part, on a :

discr(yx1 , ..., yxn ) = det(σi (yxj ))2


= det(σi (yδi,j ))2 .det(σi (xj ))2
= (NK/Q (y))2 δK .

D’où le résultat.

Exemple 3.3. On considère le corps quadratique K = Q(i) = Q( −1). On a OK = Z[i]. On a
aussi :
2Z[i] = (1 + i)(1 − i)Z[i] = P 2 ,
avec P = (1 + i)Z[i], car (−i)(1 + i) = 1 − i. On a P est un idéal premier.
De plus P ∩ Z = 2Z. Donc P = (1 + i) est au-dessus de 2, et on a NK (P) = |NK/Q (1 + i)| =
(1 + i)(1 − i) = 2.

3.3.1 Cas du corps quadratique


Proposition 3.18. Soit K une √ extension quadratique de Q. Alors il existe d ∈ Z\{0, 1} sans
facteurs carrés tel que K = Q( d).

Démonstration. S’il existe d, tel que K = Q( d), alors nécessairement d ∈ / {0, 1}, car K 6= Q.
Soit α un élément primitif de K/Q. Posons mα = X + bX + c, b, c ∈ Q, le polynôme minimal
2 2
de α sur Q. On a : mα = (X + 2b )2 − b −4c 4
. Donc (α + 2b )2 = b −4c
4
. Alors si β = 2α + b, on a
β = b − 4c et K = Q(α) = Q(β). On a b − 4c ∈ Q, donc il existe r ∈ Z et s ∈ N∗ tels que
2 2 2

b2 − 4c = rs . Alors w = sβ vérifie w2 = rs et K = Q(β) = Q(w). Posons rs = m2 d avec d sans


w w 2

facteurs carrés. Donc K = Q(w) = Q( m ) et comme d = ( m ) , alors K = Q( d).
Notations
(√ : Il sera utile, pour simplifier certaines écritures, de considérer la notation suivante :
d si d ≡ 2[4] ou d ≡ 3[4]
wd = 1+√d
2
si d ≡ 1[4].

page 35
3.3. NORME D’UN IDÉAL

Proposition
√ 3.19. Soit d 6= 0, 1 un entier sans facteurs carrés ( donc d 6≡ 0[4]) et soit K =
Q( d). Alors :

(1) OK = Z[ d] si d ≡ 2, 3[4].

(2) OK = Z[ 1+2 d ] si d ≡ 1[4].

(i.e. OK = Z[wd ] ).

Démonstration. On a d’après Exemple 3.2, pour tous x = a+b d, a, b ∈ Q, T rK/Q (x) = 2a ∈ Z
et NK/Q (x) = xσ(x) = a2 − b2 d ∈ Z, on a aussi mx,Q = X 2
− T rK/Q (x)X + NK/Q (x).
√ √
1+ d
L’inclusion ⊇ : Il est clair que d ∈ OK . Posons α = 2 .
Alors mα = X 2 − X + 1−d 4
. Si d ≡ 1[4], alors mx ∈ Z[X], d’où α ∈ OK . Ce qui démontre
l’inclusion ⊇. √
L’inclusion ⊆ : Soit z = a + b d, avec a, b ∈ Q. Supposons que z ∈ OK . Si b = 0, on a
z = a ∈ Q. Donc z ∈ Z, car Z est intégralement clos. Donc z ∈ Z[wd ].
Supposons maintenant que b 6= 0. Alors z ∈ / Q et son polynôme minimal est :
√ √
mz = (X − (a + b d))(X + (a − b d))
= X 2 − 2aX + (a2 − b2 d) ∈ Q[X]
= X 2 − T rK/Q (z)X + NK/Q (z) ∈ Z[X].
0
√ 0

On
√ a z = a − b d est aussi entier sur Z, donc z − z ∈ O K , alors 2b d ∈ OK . Comme
d ∈ OK , alors 2bd ∈ OK . Comme 2db ∈ Q, on a 2bd ∈ OK ∩ Q = OQ = Z. En résumé, on a
2bd, 2a, a2 − b2 d ∈ Z. On a les deux cas suivants :

1. a ∈ Z. Dans ce cas b2 d ∈ Z. Posons b = uv , avec u, v sont premiers entre eux. Alors v 2 |u2 d.
Donc v 2 |d, car u2 et v 2 sont premiers√entre eux.
√ Comme d est sans facteurs carrés, alors
v = ±1. Donc b ∈ Z. Ainsi, z = √ a + b d ∈ √Z[ d].
On a aussi : z = (a − b) + 2b( 1+2 d ) ∈ Z[ 1+2 d ]. Donc z ∈ Z[wd ].
2. a ∈/ Z. Dans ce cas, puisque 2a ∈ Z, on peut écrire a = m2 , m ∈ 2Z + 1. Alors on a
2
a2 − b2 d = m4 − b2 d ∈ Z, et donc m2 − 4b2 d ∈ 4Z. Par suite, 4b2 d = (2b)2 d ∈ Z, avec la
même raison comme dans le cas précédent, on voit que 2b ∈ Z. Écrivons b = n2 , ∈ Z, avec
n ∈ Z. On a :
m2 − 4b2 d = m2 − n2 d ∈ 4Z.
Puisque m est impair, on a m2 ≡ 1[4], ce qui entraı̂ne que n2 d ≡ 1[4] et que n est impair.
√ √
Alors que d ≡ 1[4]. Donc on a : z = a + b d = m+n 2
d
, où m et √n sont impairs.

Alors
m−n m−n 1+ d 1+ d
m − n est pair et donc 2 ∈ Z. Par suite on a z = 2 + n. 2 ∈ Z[ 2 ]. D’où le
résultat.


Proposition 3.20. Soit K = Q( d) un corps quadratique avec d ∈ Z\{0, 1}, sans facteurs
carrés. Alors on a :
(
4d si d ≡ 2 ou 3 mod 4
δK =
d si d ≡ 1 mod 4.

page 36
3.3. NORME D’UN IDÉAL


Démonstration. D’après Proposition 3.19, si d ≡ 2 ou 3 mod 4, alors {1, d} est une base de
OK . Donc :

T rK/Q (1) T rK/Q ( d) 2 0
δK = √ = = 4d.
T rK/Q ( d) T rK/Q (d) 0 2d

Et si d ≡ 1 mod 4, on a {1, 1+2 d } est une base de OK . Donc :

1+ d
T rK/Q (1) T r ( ) 2 1

K/Q

δK = √ 2


= 1+d = (1 + d) − 1 = d.
T rK/Q ( 1+2 d ) T rK/Q (( 1+2 d )2 ) 1 2

3.3.2 Cas du corps cyclotomique


Soit K = Q(ζ), avec ζ est une racine primitive p-ième Q
de l’unité, où p est un nombre premier.
p−1
Rappelons que Φp (X) = X p−1 + X p−1 + ... + X + 1 = i=1 (X − ζ i ) est le polynôme minimal
de ζ sur Q. Donc :
Qp−1
ζ ∈ OK et p = Φp (1) = i=1 (1 − ζ i ).
Notons que 1 − ζ,1 − ζ 2 ,...,1 − ζ p−1 sont associés. En effet : pour tout 1 ≤ i, j ≤ p − 1 il existe
k un entier tel que j ≡ ik mod p. Donc :
1 − ζj 1 − ζ ik
= = 1 + ζ i + ζ 2i + ... + ζ (k−1)j ∈ OK .
1 − ζi 1 − ζi
1−ζ i
i
De même 1−ζ j ∈ OK , donc 1 − ζ = ui (1 − ζ), où ui est une unité de OK . D’où les 1 − ζ i ,
1 ≤ i ≤ p − 1, sont associés. On a de plus :
p = u(1 − ζ)p−1 , (3.1)
où u = u1 u2 ...up−1 est une unité de OK .
L’élément 1 − ζ est non inversible dans OK , car sinon p aura un inverse dans OK ∩ Q = Z, ce
qui n’est pas vrai. Donc OK (1 − ζ) ∩ Z = Zp, car l’idéal OK (1 − ζ) ∩ Z contient p et ne contient
pas 1.
Lemme 3.4. 1. Pour tout 1 ≤ i ≤ p − 1, on a :
T rK/Q (ζ i ) = −1 et T rK/Q (1 − ζ i ) = p.

2. Pour tout x ∈ OK , on a : T rK/Q (x(1 − ζ)) ∈ pZ.


Démonstration. 1. On a : Φp (X) = X p−1 +X p−1 +...+X +1 = p−1 i i
Q
i=1 (X −ζ ), donc T rK/Q (ζ ) =
−1, pour tout i.
On a aussi T rK/Q (1 − ζ i ) = T r(1) − T r(ζ i ) = p − 1 + 1 = p, car T rK/Q (1) = p − 1.
2. Soit x ∈ OK , on a les p − 1 automorphismes de K sont définis par σi (ζ) = ζ i . Donc
σi (x(1 − ζ)) = xi (1 − ζ i ), avec xi ∈ OK . Comme 1 − ζ i = (1 − ζ)(1 + ζ + ... + ζ i−1 ), alors
σi (x(1 − ζ)) est un multiple de 1 − ζ dans OK . Donc T rK/Q (x(1 − ζ)) ∈ OK (1 − ζ). Mais
T rK/Q (x(1 − ζ)) ∈ Z. D’où T rK/Q (x(1 − ζ)) ∈ OK (1 − ζ) ∩ Z = pZ.

page 37
3.4. LA THÉORIE DE RAMIFICATION DANS UNE EXTENSION NORMALE DE
CORPS DE NOMBRES
Théorème 3.4. Soit n > 1 un entier. Soit K = Q(ζ), avec ζ est une racine primitive n-ième
de l’unité. Alors :
OK = Z[ζ].
Démonstration. On va démontrer ce théorème seulement pour le cas n = p. Pour la démons-
trations dans le cas général voir [2]. On a évidemment Z[ζ] ⊆ OK .
Soit x ∈ OK . Alors il existe a0 , ..., ap−1 ∈ Q, tels que :
x = ap−2 ζ p−2 + ... + a1 ζ + a0 .
Donc : x(1 − ζ) = ap−2 (ζ p−2 − ζ p−1 ) + ... + a1 (ζ − ζ 2 ) + a0 (1 − ζ).
En appliquant la trace et le point 1 du lemme précédent on aura :
T rK/Q (x(1 − ζ)) = a0 T rK/Q (1 − ζ) = a0 p.
Par le point 2 du lemme précédent : a0 p ∈ pZ, donc a0 ∈ Z. Comme ζ −1 = ζ p−1 , alors ζ −1 ∈ OK .
Donc (x−a0 )ζ −1 = ap−2 ζ p−3 +...+a2 ζ +a1 ∈ OK . Donc d’une manière similaire à ce qui précède
on a a1 ∈ Z. Alors en appliquant successivement la partie précédente de la démonstration on
trouve a1 , a2 , ..., ap−1 ∈ Z.
Proposition
p 3.21. Soit p un nombre premier impair. Le corps Q(ζp ) contient le corps quadratique
Q( (−1) (p−1)/2 p).
Démonstration. Voir [2].
Proposition 3.22. Soit p un nombre premier. Le discriminant absolu du corps Q(ζpn ) est donné
par :
n−1
δQ(ζpn ) = ±pp (pn−n−1) .
avec le signe − si pn = 4 ou p ≡ 3 (mod 4), et le signe + sinon.
Démonstration. Voir [2].

3.4 La théorie de ramification dans une extension normale de


corps de nombres
Soit L/K une extension de corps de nombres de degré fini n. Si P est un idéal premier de
OK , alors l’idéal POL se décompose dans l’anneau de Dedekind OL en idéaux premiers. On
peut écrire alors :
g
Y
POL = Qei i , (3.2)
i=1

où les ei sont des entiers strictement positifs, et Qi 6= Qj si i 6= j.

Rappelons les définitions suivantes :


S’il existe i tel que ei ≥ 2, on dit que P est ramifié dans OL (ou dans L).
Si g = 1 et e1 = n, on dit queP est totalement ramifié sur OL (ou dans L).
Si g = n, on dit que P est complètement décomposé sur OL (ou dans L).
Si g = 1 et e1 = 1, on dit que P inerte sur OL (ou dans L), i.e. POL est premier.

page 38
3.4. LA THÉORIE DE RAMIFICATION DANS UNE EXTENSION NORMALE DE
CORPS DE NOMBRES
Remarque 3.8. 1. F rac(OK ) = K et F rac(OL ) = L.
2. OL ∩ K = OK .
Lemme 3.5. Soit P un idéal premier non nul de OK et soit Q un idéal premier de OL . Les
conditions suivantes sont équivalentes :
1. Q ⊇ POL
2. Q ⊇ P
3. Q ∩ OK = P
4. Q ∩ K = P
Démonstration. Les assertions 1. et 2. sont clairement équivalentes.
2. implique 3. car Q ∩ OK idéal premier de OK et P est un idéal maximal OK . Donc 2. et 3.
sont équivalentes.
l’assertion 3. est équivalente à 4. car d’après la remarque précédente on a : Q ∩ OK = Q ∩ K
.
Si P et Q vérifient les propriétés équivalentes du lemme précédent, on dit que Q est au-
dessus de P ou que P est en dessous de Q. Deux idéaux au-dessus du même idéal sont dit
conjugués (où l’un est un conjugué de l’autre).
Théorème 3.5. 1. Tout idéal premier non nul de OL est au-dessus d’un unique idéal premier
non nul de OK .
2. Tout idéal premier propre de OK est en dessous d’au moins d’un idéal premier de OL .
Démonstration. Exercice.
Proposition 3.23. Soit σ un élément de Gal(L/K). Alors la restriction de σ à OL est un
isomorphisme d’anneaux σ/OL : OL −→ OL et σ/OK = Id/OK .
Théorème 3.6. Supposons que L/K une extension normale et P un idéal premier de OK . Le
groupe Gal(L/K) opère transitivement sur l’ensemble des idéaux premiers de OL au-dessus de
P.
Démonstration. Soit Q un idéal premier de OL au-dessus de P et σ ∈ Gal(L/K). σ est un
isomorphisme de OL dans OL . donc σ(Q) est un idéal premier de σ(OL ) = OL au-dessus de
σ(P) = P. ce qui montre que Gal(L/K) opère sur l’ensemble des idéaux premiers de OL au-
dessus de P.
Montrons maintenant que cette opération est transitive. Soit Q et Q0 deux idéaux premiers
au-dessus de P. Montrons qu’il existe σ ∈ Gal(L/K) tel que σ(Q) = Q0 .
Supposons que pour tout σ ∈ Gal(L/K) , on ait σ(Q) 6= Q0 . On a σ(Q) et Q0 sont des idéaux
premiers, donc maximaux, alors σ(Q) + Q0 = OL .
Si σ1 , ..., σn sont les éléments de Gal(L/K), on trouve alors :

σ1 (Q) ∩ ... ∩ σn (Q) + Q0 = OL .

Donc d’après le théorème des restes chinois, il existe x ∈ OL tel que :


(
x ≡ 0 mod Q0
x ≡ 1 mod σ1 (Q) ∩ ... ∩ σn (Q).

page 39
3.4. LA THÉORIE DE RAMIFICATION DANS UNE EXTENSION NORMALE DE
CORPS DE NOMBRES
Donc : (
x ≡ 0 mod Q0
x ≡ 1 mod σ(Q),
pour tout σ ∈ Gal(L/K).
On a alors : Y Y
NL/K (x) = σ −1 (x) = x σ −1 (x).
σ∈Gal(L/K) σ∈Gal(L/K),σ6=IdL

Puisque x ≡ 0 mod Q0 , donc x ∈ Q0 , alors NL/K (x) ∈ Q0 ∩ OK = P (car NL/K (x) ∈ OK ).


D’autre part comme x ≡ 1 mod σ(Q), pour tout σ ∈ Gal(L/K), alors aucun facteurs de
NL/K (x) n’appartient à Q et comme Q est premier, alors NL/K (x) ∈
/ Q. Donc NL/K (x) ∈
/
Q ∩ OK = P, ce qui est absurde.
Comme P = Qi ∩ OK , d’après Lemme 3.5, alors l’injection naturelle OK −→ OL induit
une injection OK /P −→ OL /Q. Donc OL /Q est une extension de OK /P. Comme OL est un
OK -module de type fini, alors OL /Q est un OK /P-espace vectoriel de dimension finie.

On note f (Q/P) l’entier [OL /Q : OK /P], et on l’appelle degré d’inertie (ou degré résiduel)
de Q/P.
L’entier e(Q/P) s’appelle l’indice de ramification de Q/P (ou l’indice de ramification de P sur
OL ). Le nombre g dans l’égalité (3.2) s’appelle le nombre de décomposition de P.

Théorème 3.7. Soit L/K une extension normale du corps de nombres de degré fini n et soit P
un idéal premier de OK . Soit
POL = Qe11 ...Qegg ,
la factorisation en idéaux premiers de P dans OL . Posons fi = f (Qi /P). Alors :

f1 = ... = fg et e1 = ... = eg .

Démonstration. D’après Théorème 3.6, pour tout i(1 ≤ i ≤ g), il existe σi ∈ Gal(L/K) tel que
σi (Q1 ) = Qi .
Comme σi (P) = P. Donc :

POL = σi (Qe11 ...Qegg ),


= σi (Q1 )e1 ...σi (Qg )eg ,

donc, par unicité de la factorisation, e1 = ei , ∀i = 1, ..., g, car σi (Q1 ) = Qi .


On a aussi σi induit un isomorphisme :

OL /Q1 ∼
= OL /σi (Q1 ) = OL /Qi .

Donc f1 = fi , ∀i = 1, ..., g.

Corollaire 3.6. Si K = Q, alors l’idéal (p) de OL , où p est un entier premier, se factorise sous
la forme :
(p) = (P1 P2 ...Pg )e ,
où les Pi sont les idéaux de OL au-dessus de (p).

page 40
3.5. SYMBOLE DE LEGENDRE

Théorème 3.8. Soit L/K une extension de corps de nombres de degré n et soit P un idéal
premier de OK . Soit
POL = Qe11 ...Qegg ,
la factorisation de P en idéaux premiers dans OL . Posons fi = f (qi /P). Alors :
g
X
ei fi = n.
i=1

Démonstration. Comme [OL /Qi : OK /P] = fi , alors NL (Qi ) = |OL /Qi | = |OK /P|fi . Donc par
la multiplicativité de la norme on a :

NL (POL ) = NL (Q1 )e1 ...NL (Qg )eg


= NK (P)f1 e1 ...NL (P)fi eg
Pg
= NK (P) i=1 fi ei .

On a aussi, d’après Théorème 3.3, NL (POL ) = NK (P)n . D’où le résultat.

Corollaire 3.7. Soit L/K une extension normale de corps de nombres de degré n. Soit P un
idéal de OK et POL = (Q1 ...Qg )e la factorisation de P en idéaux premiers de OL . Alors :

n = ef g. (3.3)

L’égalité (3.3) est appelée l’égalité fondamentale.

3.5 Symbole de Legendre


Dans cette section on va rappeler des résultats sur le symbole de Legendre dont les démons-
trations de certains sont laissées pour le prochain semestre :
Soit p un nombre premier impair. On définit le symbole de Legendre pour un entier relatif
a par :

   1 si a est un carré non nul modulo p
a
p
= 0 si a ≡ 0 (mod p)
−1 si a n’est un carré non nul modulo p.

Remarque 3.9. On peut aussi inclure le cas particulier p = 2 dans cette définition, mais il est
sans intérêt, en fait a2 = 0 si a est pair et 1 sinon.

Proposition 3.24. Soient p > 2 un nombre premier, a et b deux entiers relatifs, alors :
    
1. ab
p
= ap b
p
.
  p−1
2. ap ≡ a 2 (mod p)

Démonstration. À titre d’exercice.

page 41
3.6. EXERCICES

Théorème 3.9 (Loi réciprocité quadratique). Soient p, q > 2 deux nombres premiers. Alors :
   
q p−1 q−1
. p
= (−1) 2 2 .
p q
De plus, on a pour tout nombre premier p :
   
−1 p−1 2 p2 −1
= (−1) 2 , = (−1) 8
p p
Démonstration. Voir [7].

Théorème 3.10. Soient d un entier sans facteurs carrés et K = Q( d).
1. Pour tout p > 2 nombre premier on a :
• p se ramifie dans K ⇐⇒ p|d,
 
• p inerte dans K ⇐⇒ dp = −1,
 
• p se décompose dans K ⇐⇒ dp = 1.
2. Pour 2 on a :
• 2 se ramifie dans K ⇐⇒ d ≡ 2, 3 (mod 4),
• 2 inerte dans K ⇐⇒ d ≡ 5 (mod 8),
• 2 se décompose dans K ⇐⇒ d ≡ 1 (mod 8).
Démonstration. Voir [7, 2].

3.6 Exercices
Exercice 3.1. Soit B/A une extension d’anneaux tel que B soit un A-module libre de rang fini
n. Montrer les assertions suivantes :
(1) Soit x01 , ..., x0n ∈ B tel que, pour tout i = 1, ..., n, x0j = ni=1 aij xi , avec aij ∈ A. Alors :
P

discrB/A (x01 , ..., x0n ) = (det(aij ))2 discrB/A (x1 , ..., xn ).

(2) discrB/A (x1 , ..., xn ) 6= 0 =⇒ la famille {x1 , ..., xn } est linéairement indépendante.
(3) Soient {x1 , ..., xn } et {x01 , ..., x0n } deux bases du A-module B. Alors, ou bien discrB/A (x1 , ..., xn ) =
discrB/A (x01 , ..., x0n ) = 0, ou bien discrB/A (x1 , ..., xn ) et discrB/A (x01 , ..., x0n ) sont associés dans
A.
Exercice 3.2. Soient L/K une extension séparable de degré fini et M un corps intermédiaire
de L/K. Posons [L : K] = n et [M : K] = m. Montrer que pour tout x ∈ M , on a :

Px,L/K (X) = (Px,M/K (X))r .

En déduire que Px,L/K (X) = (mx,K )d , avec d = [L : K(x)] et mx,K le polynôme minimal de x
sur K.
Exercice 3.3. Soient A un anneau intégralement clos et K son corps des fractions. Soient L/K
une extension séparable de degré fini n et B la fermeture intégrale de A dans L.

page 42
3.6. EXERCICES

1. Montrer qu’une A-base B est une K-base de L/K et que pour tout y ∈ L, on a y = ab , avec
(a, b) ∈ B × A.
2. En déduire qu’il existe un élément y ∈ B tel que L = K(y).
3. Montrer que pour tout x ∈ B, les conjugués de x sont aussi dans B.
4. Montrer que pour tout x ∈ L, x ∈ B si et seulement si son polynôme caractéristique relati-
vement à L/K (resp. son polynôme minimal) est à coefficients dans A.

Exercice 3.4. Soit P ∈ Z un polynôme irréductible unitaire de degré n. Soit α une racine de
P , K := Q(α) et δK le discriminant de K.
1. Montrer que le discriminant de (1, α, ..., αn−1 ) est égal au discriminant discr(P ) de P . Ex-
primer ce nombre en fonction de la norme NK/Q (P 0 (α)).
2. Montrer que discr(P ) = [OK : Z[α]]2 δK , où [OK : Z[α]] désigne l’indice de Z[α] dans OK .

Exercice 3.5. Soit A := Z[ −3]. Le but de cet exercice est de montrer que cet anneau n’est pas
un anneau de Dedekind (i.e. les idéaux ne se décomposent pas en produit d’idéaux premiers).

1. Soit H un idéal de A défini par H := (2, 1 + −3). Montrer que H est un idéal premier et
que H 6= (2).
2. Montrer que H2 = (2)H.
3. Montrer que les idéaux de A ne se décomposent pas de manière unique en produit d’idéaux
premiers.
4. Montrer que H est l’unique idéal premier contenant 2.
5. Montrer que (2) n’est pas produit d’idéaux premiers de A.

6. Déterminer la fermeture intégrale de A dans Q( −3).

Exercice 3.6. Soit L/K une extension normale de corps de nombres. Soit σ un élément de
Gal(L/K). Montrer que la restriction de σ à OL est un isomorphisme d’anneaux σ/OL : OL −→
OL et σ/OK = Id/OK .

Exercice 3.7. Soit K un corps de nombres. Montrer que le signe de δK (le discriminant de K)
est (−1)r2 où 2r2 est le nombre des plongements complexes de K.
2iπ p−1
Exercice 3.8. Soit p un nombre premier impair et ζ = e p . Montrer que δQ(ζ) = (−1) 2 pp−2 .

Exercice 3.9. Soit K un corps de nombres et {x1 , ..., xn } une famille de OK formant une Q-base
de K.
1. Montrer que si le discriminant de K est sans facteurs carrés, alors {x1 , ..., xn } est une base
intégrale de OK .
2. En déduire l’anneau des entiers de K.

Exercice 3.10. Soit P ∈ Z[X] un polynômes unitaire.


1. Si P = ni=1 (X − xi ), montrer que 1≤i<j≤n (xi + xj ) ∈ Z.
Q Q

2. En déduire que discr(P ) ≡ 0 ou 1 (mod 4).


3. En déduire que si K est un corps de nombre, alors δK ≡ 0 ou 1 (mod 4).

page 43
Chapitre 4

Groupe des classes d’idéaux et groupe des


unités

4.1 Le groupe des classes d’idéaux


Soient K un corps de nombres de degré n et σ1 , ..., σn les plongements de K dans C. L’anneau
OK n’est pas toujours principal. Dans ce chapitre on va associer à K un invariant h, qui mesure
le degré d’écart de OK d’être principal, tel que h = 1 si et seulement si OK est principal.
Soit IK le groupe des idéaux fractionnaires de OK et PK le sous-groupe de IK des idéaux
fractionnaires principaux.

4.1.1 Finitude du groupe des classes


Définition 4.1. Soit K un corps de nombres, avec les notations ci-dessus, le groupe quotient
CK = IK /PK est appelé le groupe des classes d’idéaux de K.
Les éléments de CK sont appelés classes d’idéaux. Par définition de CK , deux idéaux frac-
tionnaires H et G appartiennent à la même classe d’idéaux s’il existe α ∈ K ∗ tel que αH = G.
On écrira H ∼ G.
Remarque 4.1. On rappelle que si H est un idéal fractionnaire de K, alors il existe γ ∈ OK \{0}
tel que γH ⊆ OK (voir la définition 1.7).
Lemme 4.1. Soit u une classe d’idéaux de CK . Alors il existe un idéal entier dans u.
Démonstration. Soit a un idéal fractionnaire appartient à u. D’après la remarque précédente,
il existe γ ∈ OK \{0}, tel que γa ⊆ OK . Or (γ) ∈ PK , alors γa ∈ u, car a = (γ −1 )γa.
On a l’inégalité renversée suivante :
Théorème 4.1. Il existe une constante dépendant λK seulement de K de sorte que chaque idéal
non nul H de OK contient un élément α tel que :
|NK/Q (α)| ≤ λK NK (H).
Démonstration. Soient n = [K : Q], {x1 , ...x1 } une base intégrale de OK et σ1 , ..., p
σn les plon-
gements de K dans C. Soient H un idéal de OK et m l’unique entier (i.e. m = E( n NK (H))),
tel que :
mn ≤ NK (H) < (m + 1)n .

44
4.1. LE GROUPE DES CLASSES D’IDÉAUX

L’ensemble suivant : ( n )
X
A= ai xi : ai ∈ Z, 0 ≤ ai ≤ m ,
i=1

est de cardinal (m + 1) . Comme NK (H) = |OK /H| < (m + 1)n , alors par le principe des tiroirs
n

on a : n n
X X
ai x i = a0i xi mod H,
i=1 i=1

avec 0 ≤ ai , a0i ≤ m, et aj 6= aj pour un certain j. En posant ci = ai − a0i , on trouve :


n
X
α := ci xi ∈ H,
i=1

avec |ci | ≤ m et cj 6= 0 pour un certain j. Par l’inégalité triangulaire on a :



Yn n
Y n Y n Xn Y n X
n
X
|NK/Q (α)| = |σi (α)| = σi ( cj x j ) = cj σi (xj ) ≤ m|σi (xj )|.



i=1 i=1 j=1 i=1 j=1 i=1 j=1

Q n Pn Qn Pn
Donc |NK/Q (α)| ≤ mn i=1 j=1 |σi (xj )|. Posons alors, λK = i=1 j=1 |σi (xj )|. Donc :

|NK/Q (α)| ≤ mn λK ≤ λK NK (H).

La constante λK = ni=1 nj=1 |σi (xj )| s’appelle la constante de Kronecker. Elle nous
Q P
permet parfois de déterminer le groupe des classes d’idéaux.

Remarque 4.2. Soit α ∈ H ⊂ OK tel que |NK/Q (α)| ≤ λK NK (H). Alors [H : αOK ] ≤ λK
Donc toute classe d’idéaux est représentée par un idéal fractionnaire α1 H qui contient OK tel
que [ α1 H : OK ] ≤ λK .

Corollaire 4.1. Soit u une classe d’idéaux de CK . Alors il existe un idéal entier dans u de norme
inférieure ou égale à λK .

Démonstration. Soit H un idéal entier de u−1 . D’après le théorème précédent, il existe α ∈ H


tel que |NK/Q (α)| ≤ λK NK (H). Soit G l’ideal tel que αOK = HG. Donc, G ∈ u et NK (G) =
|NK/Q (α)|
NK (H)
≤ λK .

Proposition 4.1. Soit m un entier positif. Il n’y a qu’un nombre fini d’idéaux de norme inférieure
à m.

Démonstration. Soit n = [K : Q] et H un idéal de OK tel que NK (H) < m. Posons H =


P1e1 ...Prer . Alors NK (H) = pf11 e1 ...pf1r er avec pi ∈ Pi et fi son degré d’inertie. On a pi < m et et
ni < logpi (m). Donc il n’y a qu’un nombre fini de choix pour les pi et les ni . Or il n’y a qu’un
nombre fini d’idéaux premiers de OK au-dessous de pi , alors il y a seulement un nombre fini de
choix pour les Pi . D’où le résultat.

Théorème 4.2. Le groupe des classes d’idéaux CK est fini.

page 45
4.1. LE GROUPE DES CLASSES D’IDÉAUX

Démonstration. D’après Corollaire 4.1, toute classe d’idéaux contient un idéal entier de norme
inférieure à λK . Donc, le théorème découle de la proposition 4.1.

Comme CK est fini, son ordre noté hK := |CK | est appelé le nombre des classes d’idéaux de
K.
Théorème 4.3. Les classes d’idéaux de OK sont :
∗ représentées par les idéaux de OK de norme inférieure à λK ,
∗ engendrées comme groupe par les idéaux premiers P avec NK (P) ≤ λK .
Démonstration. à titre d’exercice.

4.1.2 Une procédure pour trouver le groupe des classes d’idéaux d’un corps
de nombres et exemples de calcul
Pour déterminer le groupe des classes d’idéaux CK procède comme suit :
• On détermine une Z-base de OK , disons {x1 , ..., xn }
• Soit la constante de Kronecker :
n X
Y n
λK = |σi (xj )|.
i=1 j=1

• Trouver tous les idéaux premiers P tels que NK (P) ≤ λK .


• Trouver les relations entre les classes [P], avec NK (P) ≤ λK .
Soit NK (P) = pf , si NK (P) ≤ λK , alors p ≤ λK . Donc on factorise tous les idéaux pOK
avec p ≤ λK . Si p est inerte dans K, alors pOK est principal, donc il appartient à la classe
de OK dans CK . Par suite, on factorise seulement les idéaux pOK tel que p se ramifie ou se
décompose dans K. Soit alors P0 l’ensemble des idéaux premiers au-dessus de ces premiers p,
à titre d’exercice vous pouvez montrer que P0 contient les générateurs du groupe des classes
d’idéaux CK . Il reste alors la dernière étape qui est le plus difficile (i.e. déterminer lesquels de
ces générateurs sont égaux). Il se peut que vous arrivez à montrer que tous les idéaux dans
la liste sont principaux (i.e. si α ∈ P et |NK/Q (α)| = NK (P), alors P = αOK ), dans ce cas
hK = 1 (i.e. le nombre des classes de K égal 1), mais si vous vous trouvez devant des idéaux
que vous suspectez non principaux, et que vous voulez montrer qu’ils ne sont pas principaux
(donc, h > 1), comment faire cela? Une méthode pour montrer que H n’est pas principal, c’est
de calculer NK (H). Après casser vos doigts espérez d’arriver à montrer qu’il n’y a pas d’élément
α tel que |NK/Q (α)| = NK (H).
√ √ √
Exemple 4.1. Soient K = Q( 13) et OK = Z[ 1+2 13 ]. On a alors {1, 1+2 13 } est une Z-base de
OK . On a :
1 + √13
! √ !
13 − 1 √
λK = 1 + 1+ = 4 + 13 ≈ 7, 6.

2 2


Donc, on doit factoriser tous les idéaux pOK tels que p ≤ 7. C’est-à-dire factoriser X 2 − X − 3
(mod p) pour p = 2, 3, 5 et 7 (Voir le tableau ci-dessous). Les idéaux de norme au plus 7 sont
2OK , P3 et P30 (L’idéal 5OK est de norme 25 et l’idéal 7OK est de norme 49).

page 46
4.2. LE GROUPE DES UNITÉS

p X 2 − X − 3 (mod p) pOK
2 irreductible 2OK
3 X(X − 1) P3 P30
5 irreductible 5OK
7 irreductible 7OK

Table 4.1 – La factorisation dans OK .


√ √ √ √
Soit 3 = (4 + 13)(4 − 13). Or NK ((4 √ ± 13)OK ) = 3 et 4 ± 13 ne sont pas des unités
de OK , alors les idéaux P3 et P30 sont (4 ± 13)OK , donc ils sont principaux. Par suite, tout
idéal de norme au plus 7 est principal,
√ ce qui implique que CK est trivial et hK = 1. On a
1+ 13
montré alors que l’anneau Z[ 2 ] est principal sans vérifier qu’il est euclidien (normalement
pour montrer que ce type d’anneaux est principal on vérifie qu’il est euclidien).
En utilisant le théorème de Minkowski (voir [8, 2]) et d’autres résultats, on améliore l’in-
égalité dans le théorème 4.1, et on obtient une copie de ce théorème avec une autre constante
µK qui est plus efficace (et plus petite) que la constante de Kronecker λK . La constante µK est
appelée la constante de Minkowski, et elle est donnée par :
 r2
4 n! p
µK = |δK |,
π nn

où r2 est tel que 2r2 est le nombre de plongements σi de K avec σi (K) 6⊂ R. La procédure de
calcul du groupe des classes exposée précédemment devient plus simple avec cette constante.
Exemple 4.2. Soit K = Q(ζ5 ). On a r2 = 2 et δK = 53 = 125, donc la constante de Minkowski
vaut  2
4 4! √
µ= 125 ≈ 1, 70.
π 44
Il en résulte que OK = Z[ζ5 ] est principal.

4.2 Le groupe des unités


Soit K un corps de nombres de degré n. Dans la suite, on note par σ1 ,...,σn les plongements
de K dans C et par σ : C 7−→ C la conjugaison complexe. Pour tout i, σ ◦ σi est l’un des
σj , et est égale à σi si et seulement si σi (K) ⊂ R. Soit r1 le nombre des plongements σi tels
que σi (K) ⊂ R. Les autres plongements sont en nombre pair 2r2 et on a n = r1 + 2r2 . On
les numérote de sorte que σi (K) ⊂ R, pour tout 1 ≤ i ≤ r1 et que σj = σs+j , pour tout
r1 + 1 ≤ j ≤ r1 + r2 . Dans ce cas, on dit que K est de signature (r1 , r2 ). Si r2 = 0 on dit que
K est totalement réel, et si r1 = 0 on dit que K est totalement imaginaire.

4.2.1 Quelques définitions

Le groupe des unités de K est le groupe multiplicatif des unités de OK , l’anneau des entiers
de K. Donc :

OK = {α ∈ OK | α 6= 0 et α−1 ∈ OK }.

page 47
4.2. LE GROUPE DES UNITÉS

Proposition 4.2. On a :

OK = {α ∈ OK | NK/Q (α) = ±1}.

Démonstration. Soient σ1 ,...,σn les plongements de K dans C avec σ1 = IdK . On a :


n
Y
NK/Q (x) = σi (x) ∈ Z,
i=1


∀α ∈ OK . Si α ∈ OK , alors on a :

1 = NK/Q (1) = NK/Q (α)NK/Q (α−1 ) ∈ Z,

comme NK/Q (α) et NK/Q (α−1 ) sont des entiers alors NK/Q (α) = ±1.
Inversement, supposons que NK/Q (α) = ±1. On a :

α−1 = σ1 (α−1 ) = ±σ2 (α)...σn (α).

Or σi (α) ∈ OK , alors α−1 ∈ OK .

Posons :
µ(K) = {ζ ∈ K : ∃k ∈ N, ζ k = 1},
µ(K) est l’ensemble des racines de l’unité contenues dans K. C’est un sous-groupe de K ∗ . De
plus, on a µ(K) ⊂ OK , car toutes les racines de l’unité vérifient la relation de dépendance
intégrale suivante :
ζ k − 1 = 0.

Donc, µ(K) est un sous-groupe du groupe des unités. En effet, on a µ(K) = (OK )tor , est le

sous-groupe de torsion de OK ; c’est-à-dire, le sous-groupe constitué de tous les éléments de

OK d’ordre fini. Donc :

EK := OK /µ(K),
est un groupe sans torsion, c’est-à-dire il n’a pas d’éléments d’ordre fini autre que l’unité.

4.2.2 Quelques préparations pour le théorème des unités de Dirichlet


L’application Q-linéaire injective suivante est appelée le plongement canonique de K dans
Rn :

σK : K −→ Rr1 × Cr2 ' Rr1 × R2r2 = Rn


α 7−→ (σ1 (α), ..., σr1 (α), σr1 +1 (α), ..., σr1 +r2 (α))
Considérons maintenant l’application :

LK : K ∗ −→ Rr1 +r2
α 7−→ (log|σ1 (α)|, ..., log|σr1 +r2 (α)|)
L’application LK est un homomorphisme du groupe multiplicatif K ∗ dans le groupe additif
Rr1 +r2 (i.e. LK (αβ) = LK (α) + LK (β)), et il s’appelle le plongement logarithmique de K.

page 48
4.2. LE GROUPE DES UNITÉS

Proposition 4.3. Soit B une partie bornée de Rr1 +r2 , alors

B 0 = {u ∈ OK

: LK (u) ∈ B}

est un ensemble fini.

Démonstration. Comme B est bornée et |σi (u)| > 0, ∀u ∈ B 0 , alors il existe un nombre réel
α > 1 tel que, pour tout u ∈ B 0 , on ait :
1
≤ |σi (u)| ≤ α, pour tout 1 ≤ i ≤ n.
α
Alors, les polynômes symétriques élémentaires en les σi (u) sont bornés. Or ces polynômes sont

les coefficients du polynôme caractéristique de u, qui est à coefficients dans Z, car u ∈ OK .
Donc, il n’y a qu’un nombre fini de polynômes caractéristiques possibles pour les éléments
u ∈ B 0 . Donc, seulement un nombre fini de possibilités des racines des polynômes minimaux
d’éléments u ∈ B 0 . Ce qui prouve que u peut appartenir à B 0 seulement pour un nombre fini
de valeurs. D’où la finitude de B 0 .

Remarque 4.3. De la proposition précédente il découle que ker(LK |OK∗ )(le noyau de la restriction

de LK à OK ) est un groupe fini. En effet, il suffit de prendre B = {0}. Dans ce cas B 0 =
ker(LK |OK∗ ).

Proposition 4.4. Le noyau de la restriction de LK à OK est constitué exactement de toutes les
racines de l’unité contenues dans K (i.e. ker(LK |OK∗ ) = µ(K)).

Démonstration. Il est connu que tout sous-groupe fini du groupe multiplicatif K ∗ est un groupe
cyclique formé des racines de l’unités. Donc ker(LK |OK∗ ) est un groupe cyclique contenu dans
µ(K). Inversement, soit u ∈ K, tel que uk = 1. Alors :

|σi (u)|k = |σi (u)k | = |1| = 1,

par suite, |σi (u)| = 1, et donc log|σi (u)| = 0, pour tout i, ce qui montre que u ∈ ker(LK |OK∗ ).
Un sous-groupe additif G de Rn est dit un sous-groupe discret de Rn si et seulement si,
pour tout compact K de Rn , l’intersection G ∩ K est finie. Un exemple typique de sous-groupe
discret de Rn est Zn . Rappelons le résultat suivant :

Théorème 4.4. Tout sous-groupe discret de Rn , est un Z-modul libre de rang r ≤ n.

Démonstration. Voir [8].


Un sous-groupe discret de rang n de Rn est appelé un réseau de Rn .

Proposition 4.5. OK est un groupe abélien de type fini et il est isomorphe à µ(OK ) × Zs , avec
s ≤ r1 + r2 .

Démonstration. D’après la proposition 4.3, LK (OK ) est un sous-groupe discret de Rr1 +r2 . Donc,

LK (OK ) est un Z-module de rang s, avec s ≤ r1 + r2 . Par le théorème d’isomorphisme, on
obtient :
∗ ∗
LK (OK ) ' OK /µ(K).

page 49
4.2. LE GROUPE DES UNITÉS


Cet isomorphisme envoie LK (x) à xµ(K). Soit {x1 µ(K),...,xs µ(K)} une base de OK /µ(K) et

x ∈ OK , alors xµ(K) est un produit fini de puissances de xi µ(K). Donc, x est le produit d’un
élément de µ(K) et un produit fini de puissances des xi . Comme les LK (xi ) sont linéairement
indépendants, alors les xi le sont aussi (à condition que la notion de l’indépendance linéaire est
traduite aux groupes multiplicatifs comme suit : x1 ,...,xs sont multiplicativement indépendants
si, xm ms m1 ms n1 ns
1 ...xs = 1 implique que mi = 0 pour tout i, ce qui donne x1 ...xs = x1 ...xs implique
1

mi = ni pour tout i). D’où le résultat.

4.2.3 Le théorème des unités de Dirichlet


Théorème 4.5 (des unités de Dirichlet). Soit K un corps de nombres de type (r1 , r2 ). Alors :
1. Le groupe µ(K) est un groupe cyclique.

2. EK := OK /µ(K) est un groupe abélien libre de rang r1 + r2 − 1.
Autrement dit : Le groupe des unités de l’anneau des entiers d’un corps de nombres K est
isomorphe au produit du groupe des racines de l’unité de K et d’un groupe abélien libre de rang
r1 + r2 − 1.

Démonstration. On a exposé les grandes étapes de la démonstration de ce théorème sous forme


des propositions dans la section précédente. Maintenant on va améliorer l’estimation donnée

par la proposition 4.5 et montrer que s ≤ r1 + r2 − 1. Soit x ∈ OK . alors NK/Q (x) = ±1. Alors :
n
Y r1
Y rY
1 +r2

±1 = NK/Q (x) = σi (x) = σi (x) σj (x)σj (x).


i=1 i=1 j=r1 +1

Donc en prenant la valeur absolue et en appliquant la fonction logarithme, on obtient :


r1
X rX
1 +r2

0= log(|σi (x)|) + log|(σj (x)σj (x)|).


i=1 j=r1 +1

Alors, LK (x) = (y1 , ..., yr1 +r2 ) appartient à l’hyperplan W d’équation :


r1
X rX
1 +r2

yi + 2 yj = 0.
i=1 j=r1 +1


Cet hyperplan est de dimension r1 + r2 − 1. Or LK (OK ) est un sous-groupe discret de W , alors
s ≤ r1 + r2 − 1. Il reste à montrer que s = r1 + r2 − 1 (i.e. l’inégalité inverse) et c’est en effet
la partie la plus difficile dans la preuve de ce théorème, elle utilise le théorème de Minkowski
et quelques autres résultats qu’on va pas exposer ici (voir [8, 7]).

Remarque 4.4. Le théorème précédent montre qu’il existe un système {u1 , ..., ur } d’unités de
K avec r = r1 + r2 − 1, tel que toute unité u de K s’écrite, d’une seule façon, sous la forme :

u = ζun1 1 ...unr r ,

avec ni ∈ Z et ζ une racine de l’unité dans K. Le système {u1 , ..., ur } s’appelle un système
d’unités fondamentales de K.

page 50
4.2. LE GROUPE DES UNITÉS


Exemple 4.3. Soit Q( −d) un corps quadratique imaginaire. Alors K est de signature (r1 , r2 ) =
(0, 1). Donc par le théorème des unités de Dirichlet, on a :

OK = µ(K) × Zr1 +r2 −1 = µ(K).

Donc, le groupe des unités de K est constitué seulement des racines de l’unité. Et on a :

1. Si d ≡ 1 ou 2 (mod 4), alors l’anneau
√ des entiers de K est OK = Z[ d] (Proposition
3.19). Donc pour tout x = a + b −d (a, b ∈ Z) et :

NK (x) = a2 + b2 d ≥ 0.

Pour que x soit une unité il faut et il suffit que a2 + b2 d = 1. Si d ≥ 2, alors b = 0 et


a = ±1, d’où x = ±1. Si d = 1, alors x = ±1 ou x = ±i.

2. Si d ≡ 3 (mod 4), alors l’anneau des entiers de K est OK = Z[ 1+2 d ]. Donc pour tout

x = a + 2b (1 + −d) (a, b ∈ Z) et :
2
b2 d

b
NK (x) = a+ + ≥ 0.
2 4

Pour que x soit une unité il faut et il suffit que (2a + b)2 + db2 = 4. Si d ≥ 7, ceci implique
b = 0, donc (2a)2 = 4, a = ±1, et x = ±1. Si d = 3, on obtient de plus les possibilités
b = ±1, d’ou (2a ± 1)2 = ±1, c’est-à-dire :
1 √
x = (±1 ± −3).
2
(les signes ± étant indépendants).

En résumé nous avons démontré que le groupe des unités d’un corps quadratique imaginaire K

est OK = {1, −1} sauf dans les cas suivants :

a) K = Q(i), alors OK = {1, i, −1, −i}
√ ∗

b) K = Q( −3), alors OK = {[(1+ −3)/2]j , j = 0, 1, 2, √
3, 4, 5}, le groupe des racines sixièmes

de l’unité. On peut lister les éléments x = a + b/2 + b −3 ∈ OK comme suit :
j = 0 ⇒ x = 1 (a √ = 1, b = 0)
j = 1 ⇒ x = (1 + √ −3)/2 (a = 0, b = 1)
j = 2 ⇒ x = (−1 + −3)/2 (a = −1, b = 1)
j = 3 ⇒ x = −1 (a √ = −1, b = 0)
j = 4 ⇒ x = −(1 + √ −3)/2 (a = 0, b = −1)
j = 5 ⇒ x = (1 − −3)/2 (a = 1, b = −1).


Exemple 4.4. Soit K = Q( 3), alors K est de signature (r1 , r2 ) = (2, 0). Donc par le théorème
des unités de Dirichlet, on a : r1 + r2 − 1 = 1 et µ(K) = ±1. Donc le groupe des unités de K
est donné par :


√ k
OK = {±(2 + 3) , k ∈ Z}.

page 51
4.3. EXERCICES

4.3 Exercices
Exercice 4.1. Soient K un corps de nombres et µK la constante de Minkowski. Montrer que les
classes d’idéaux de OK sont :
1. représentées par les idéaux de OK de norme inférieure à µK ,
2. engendrées comme groupe par les idéaux premiers P avec NK (P) ≤ µK .
3. engendrées comme groupe par les idéaux premiers au dessus de p tel que p ≤ µK .

Exercice 4.2. Soit K := Q( −5).
1. Donner OK , l’anneau des entiers de K.
2. Montrer que 6 admet deux décompositions différentes en produit d’éléments irréductibles
dans OK . En déduire que OK n’est pas factoriel.
3. Soit p un nombre premier. Montrer que OK /pOK est isomorphe à Fp ×Fp , Fp2 ou Fp [X]/(X 2 )
suivant la décomposition de x2 + 5 dans Fp [X].
4. En calculant le discriminant de K, déduire par le théorème de Kummer que le troisième
cas(i.e. OK /pOK ' Fp [X]/(X 2 ) ) se produit si et seulement si p = 5 ou p = 2.
5. Caractériser les autres cas par le symbole de Legendre.
6. Donner la décomposition de 2 dans K(i.e. dans l’anneau des entier de K).
7. En utilisant la constante de Minkowski donner le groupe des classes de K. Déduire le nombres
de classe de K.

Exercice 4.3. • Soit K un corps de nombres. Montrer que OK est fini si et seulement si K = Q
ou K est un corps quadratique imaginaire.

• Soit K = Q( −d) avec d un entier positif sans facteurs carrés. Montrer sans utiliser le
théorème des unités de Drichlet que :

 Z/4Z si d=1

OK = Z/6Z si d=3
Z/2Z sinon.

Exercice 4.4. Soit p un nombre premier impair. On note L := Q(ζp ) et L+ := Q(ζp + ζp−1 ).
1. Montrer que L est une extension quadratique de L+ , et que L est totalement imaginaire (i.e.
r1 = 0).
2. Montrer que L+ est totalement réel (i.e. r2 = 0).
3. Calculer les rangs de OL∗ et OL∗ + .
4. Soit φ : OL∗ −→ L∗ définie par φ(u) = u/u, où u est le conjugué complexe de u.
a. Montrer que φ est à valeurs dans µ(L), le groupe des racines de l’unité de L, et que c’est
un homomorphisme de groupes.
b. Soit Φ : OL∗ −→ µ(L)/µ(L)2 , l’homomorphisme induit par φ. Montrer que Ker(Φ) =
µ(L).OL∗ + .
c. En déduire que (OL∗ : µ(L).OL∗ + ) vaut 1 ou 2.
5. On veut montrer que OL∗ = (ζp ).OL∗ + . On raisonne par l’absurde et suppose que (ζp ).OL∗ + (
OL∗ .

page 52
4.3. EXERCICES

a. Montrer que Φ est surjective.


b. Montrer qu’il existe u ∈ OL∗ et m ∈ Z tels que u = −ζpm u.
c. En décomposant u dans la base {1, ζp , ..., ζpp−2 }, montrer que 2u ∈ P, où P est l’idéal
premier (1 − ζp ) de OL .
d. Conclure.

Exercice 4.5. Soit K un corps de nombres et m un entier premier avec hK . Montrer que si H
est un idéal de OK tel que Hm est principal, alors H est principal.

Exercice 4.6. Soient K un corps de nombres, H1 et H2 deux idéaux étrangers. Montrer que s’il
existe un idéal B et un entier m tel que H1 H2 = B m , alors il existe deux idéaux étrangers B1
et B2 tels que H1 = B1m et H2 = B2m .

Exercice 4.7. Soient K = Q( −5). Montrer que CK est cyclique à deux éléments et déterminer
un générateur.

page 53
Chapitre 5

Complément sur la théorie des valuations

Dans ce chapitre on va parler sans démonstrations de certains résultats et notions de la


théorie des valuations (pour les détails voir [2].) Notons que dans ce chapitre on adopte les
notations de [2].

5.1 Valeurs absolues, Valuations sur un corps


Soit K un corps de nombres.

Définition 5.1. Une fonction | · | : x −→ |x| de K dans R+ est une valeur absolue si :
i) |x| = 0 ⇐⇒ x = 0.
ii) |xy| = |x||y|.
iii) Il existe une constante strictement positive C telle que : |x + y| ≤ C.max{|x|, |y|}, pour
tout x, y ∈ K.
Si | · | vérifie i) et ii) avec pour tout x, y ∈ K, |x + y| ≤ |x| + |y| (l’inégalité triangulaire ), alors
la fonction | · | est appelée une norme sur K ou une valuation sur K. Dans ce cas (K, | · |)
est dit un corps valué.

Remarque 5.1. Toute norme est une valeur absolue.

Une valeur absolue est dite triviale si |x| = 1 pour tout x ∈ K ∗ . On considérera uniquement
les valeurs absolues non triviales. Donc il existe, toujours, y ∈ K tel que |y| =
6 1. Deux valeurs
absolues | · | et | · |1 sont dites équivalentes si on a pour tout x ∈ K :

|x| < 1 ⇔ |x|1 < 1.

Proposition 5.1. Deux valeurs absolues | · | et | · |1 sur K, sont équivalentes si et seulement si


il existe un réel a tel que |x|a = |x|1 , ∀x ∈ K.

Définition 5.2. Une norme sur K est dite ultramétrique, ou non archimédienne si on a
la condition (N A) plus restrictive que l’inégalité triangulaire :

(N A) : |x + y| ≤ max{|x|, |y|}.

Une norme est dite archimédienne si elle n’est équivalente à aucune norme ultramétrique.

54
5.1. VALEURS ABSOLUES, VALUATIONS SUR UN CORPS

Notons que les valuations (i.e. les normes) donnent aux corps une structure d’espace mé-
trique (avec la distance d(x, y) = |x − y|). Si la valuation est ultramétrique on dit que la
distance est ultramétrique et (K, | · |) est espace ultramétrique. D’un point de vue topologique,
deux valuations sont équivalentes si elles définissent la même topologie sur K.

Exemple 5.1. 1. Soit K un corps tel que il existe une injection i : K −→ R. Soit |y| = |i(y)|R ,
pour tout y ∈ K, où | · |R est la valeur absolue usuelle sur R.
Il est facile de vérifier que c’est une norme sur K. Pour démontrer que c’est une norme
archimédienne, il faut démontrer qu’elle est équivalente à aucune norme vérifiant (N A).
D’après la proposition 5.1, une norme équivalente à |·| est une puissance de cette dernière.
Supposons alors, qu’il existe un réel a, tel que :

|x + y|a ≤ max{|x|a , |y|a }, ∀x, y ∈ K.

On a i(n1K ) = n. Alors, pour x = y = 1, on obtient : 2a ≤ 1a = 1, donc a < 1. Mais


pour x = 3 et y = −2, On a |3 − 2|a = 1 ≤ max{3a , 2a } = 2a . Ce qui contredit le fait que
a < 1. Donc | · | est une norme archimédienne.
2. Soit K un corps tel que il existe une injection i : K −→√C. Soit |y| = |i(y)|C ,∀y ∈ K, où
| · |C est la norme usuelle sur C définie par |a + ib|C = a2 + b2 . Comme dans l’exemple
précédent, | · |C est une norme archimédienne.

Exemple 5.2. La valuation sur Q notée | · |∞ est définie par : |x|∞ = x si x > 0 et |x|∞ = −x
si x < 0 (i.e la restriction de la valeur absolue usuelle sur R ) est archimédienne.

Proposition 5.2. Une norme sur | · | est non archimédienne si et seulement si, il existe N > 0
tel que |n1K | ≤ N , pour tout n ∈ Z.

Remarque 5.2. Le fait qu’une valuation sur K est archimédienne ou non archimédienne se
détermine seulement sur le sous-corps premier de K.

Proposition 5.3. Soit | · | une valuation non archimédienne sur K. Soit :

R = {x ∈ K : |x| ≤ 1}, p = {x ∈ K : |x| < 1}.

Alors R est un anneau local d’idéal maximal p et de corps des fractions K. De plus on a : R
est un anneau de valuation discrète (i.e. AVD) si et seulement si {|x| : x ∈ K, x 6= 0} est un
sous-groupe multiplicatif de R∗ , isomorphe à (Z, +).

Remarque 5.3. 1. L’hypothèse | · | est non archimédienne, donne |x + y| ≤ max{|x|, |y|}, ce


qui fait que R est un anneau. Dans le cas archimédien un tel anneau n’est pas défini.
2. On a : ∀x ∈ K, x ∈ R ou x−1 ∈ R. Donc R est un anneau de valuation.

L’anneau R, dans la proposition précédente, est appelé l’anneau de valuation de (K, | · |),
et p est appelé l’idéal de valuation. S’il est nécessaire on le notera R|·| .

Remarque 5.4. Deux valuations équivalentes ont le même anneau de valuation.

Proposition 5.4. L’anneau R est intégralement clos

Démonstration : Car R est un anneau de valuation.

page 55
5.2. LES VALUATIONS P-ADIQUE, LES VALUATIONS SUR Q

5.2 Les valuations p-adique, les valuations sur Q


Soient R un anneau de Dedekind et K son corps des fractions. Pour tout x ∈ K on a :
Y
xR = pvp (x) ,
p premier

où p est un idéal de R.


L’anneau localisé Rp est un AVD, d’idéal maximal noté aussi p. Si π est une uniformisante de
K (i.e un générateur de p dans Rp ). Alors :

xRp = pvp (x) .

En utilisant cette factorisation dans Rp , on démontre aisément les propriétés suivantes de vp (x) :
pour tout x, y ∈ K, on a :
1. vp (x) est un entier ∀x ∈ K ∗ .
2. vp (xy) = vp (x) + vp (y).
3. vp (x + y) ≥ min{vp (x), vp (y)}.
Par convention on pose vp (0) = ∞. Toute fonction v vérifiant ces quatre propriétés (les 3
propriétés + la convention) est appelée une valuation exponentielle sur K. D’une telle fonction
on peut construire la valuation (i.e. la norme) suivante sur K :

|x|v = cv(x) .

Avec c est un réel quelconque tel que 0 < c < 1.

Remarque 5.5. 1. Changer c par un autre c0 de l’intervalle ]0, 1[, donne une autre valuation
équivalente.
2. La propriété 3. nous permet de vérifier qu’on a : |x+y|v ≤ max{|x|v , |y|v }. Donc la valuation
| · |v est non archimédienne.

La valuation | · |vp est appelée la valuation p-adique sur K.

Exemple 5.3. Pour p premier, pour tout x ∈ Q∗ , il existe un unique n = n(x) ∈ Z tel que
x = pn ab , avec p ∧ a = p ∧ b = 1. La fonction vp (x) = n(x) est une valuation exponentielle sur
Q. On définit la valuation suivante :

| · |p : Q −→ R, x 7−→ p−vp (x) .

Cette valuation est non archimédienne et est appelée valuation p-adique sur Q.
On a
1
|p|p = .
p
Le théorème suivant détermine toutes les valuations sur Q

Théorème 5.1 (d’Ostrowski). 1. Toute valuation non archimédienne sur Q est équivalente à
une valuation p-adique, pour un certain entier premier p.
2. Toute valuation archimédienne sur Q est équivalente à la valeur absolue usuelle (i.e. | · |∞ ).

page 56
5.3. COMPLÉTION

Définition 5.3. Une famille de valuations équivalentes sur K est appelée un premier sur K(où
aussi une place sur K). Une famille de valuations non archimédiennes sur K est appelée un
premier fini sur K (où aussi une place finie sur K). Une famille de valuations archi-
médiennes sur K est appelée un premier infini sur K (où aussi une place infinie sur
K).

On utilise p ou q, pour noter les premiers et | · |q pour noter la valuation en q.

Exemple 5.4. D’après le théorème 5.1 les premiers sur Q sont les premiers correspondant aux
valuations p-adique pour un certain entier premier p, et un autre premier, noté p∞ , sur Q
associé aux valuations archimédiennes de valuation | · |∞ .

Les valuations | · |p et | · |∞ sont appelées les valuations normalisées de Q. Le théorème


suivant permet de comprendre pourquoi on a posé cette définition et pourquoi on a normalisé
la valuation p-adique avec |p| = p1 (alors que |p| valant n’importe quel réel de ]0, 1[ définirait
une norme équivalente ).

Théorème 5.2. (Formule du produit)


Notons par | · |p la valuation normalisée dans le premier p (i.e. la place p) sur Q. Alors ∀x ∈ Q∗
on a : Y
|x|p = 1
p premier
Y
(i.e |x|∞ × |x|p = 1).
p premier

5.3 Complétion
Soit (K, | · |) un corps valué. Dans ce paragraphe on va parler de l’existence d’une extension
complète de K.

Définition 5.4. Le corps valué (K, | · |) est dit complet si toute suite de Cauchy dans K converge
vers un élément dans K.

Soit C l’ensemble de toutes les suites de Cauchy dans K et N l’ensemble de toutes les suites
(xn )n ⊆ K telles que lim|xn | = 0. Sur C, on définit l’addition et la multiplication suivantes :

(an )n + (bn )n = (an + bn )n


(an )n (bn )n = (an bn )n

C de muni ces deux opérations est un anneau et N est un idéal maximal de C. Le corps K b = C/N
muni de la valuation : |(xn )n + N|0 = limn→+∞ |xn | est complet (cette limite existe puisque (xn )
est une suite de Cauchy dans K, donc (|xn |) est de Cauchy dans R, alors elle est convergente
). On a l’injection suivante i : K −→ K, b x 7−→ (x)n + N, alors K b est une extension de K. De
plus, |i(x)|0 = lim|x| = |x|. Donc la valuation | · |0 sur K
b prolonge celle sur K.

Définition 5.5. Un homomorphisme de corps σ : K −→ L est appelé un homomorphisme de


corps valués entre (K, | · |) et (L, | · |0 ) si pour tout x ∈ K, |σ(x)|0 = |x|.

On a le théorème de complétion suivant :

page 57
5.4. LES VALUATIONS ARCHIMÉDIENNES SUR UN CORPS

Théorème 5.3. Soit (K, | · |) un corps valué. Il existe un corps valué complet (K, b | · |1 ) et
σ : (K, | · |) −→ (K,
b | · |1 ) un homomorphisme de corps valués avec les propriétés suivantes :
1. σ(K) est dense dans K. b
2. Si (L, | · |0 ) est valué complet et τ : (K, | · |) → (L, | · |0 ) est un homomorphisme de corps
valués, alors il existe un unique homomorphisme de corps valués τ 0 : (K, b | · |1 ) → (L, | · |0 )
tel que τ = τ 0 ◦ σ
Le corps valué (K, b | · |1 ) est unique à isomorphisme de corps valué près. Ce corps est appelé
le corps complété de K.

On note Qp le corps complété de (Q, | · |p ) et Q∞ le corps complété de (Q, | · |∞ ).

Notation 5.1. Pour des raisons de simplicité on va noter la valuation sur le corps complété de
K par la même notation que celle de K.

5.4 Les valuations archimédiennes sur un corps


Soit K un corps de nombres de degré n et | · |1 une valuation archimédienne sur K. D’après
le théorème d’Ostroski , K
b le corps complété de K est isomorphe ou bien à R ou bien à C.
Donc soit φ cet isomorphisme. On peut supposer que :

|x|1 = |φ(x)|,

avec |φ(x)| est la norme usuelle sur R et C. En composant φ avec l’injection de K dans K, b on
trouve que | · |1 est déterminée par l’injection de K dans R ou C. D’où la proposition suivante :

Proposition 5.5. Soit K un corps de nombres. Alors toute valuation archimédienne sur K est
équivalente à une valuation sur K définie par :

|x|1 = |φ(x)|, ∀x ∈ K,

où φ est une injection de K dans R ou C et |φ(x)| est la norme usuelle sur R ou C.

On va déterminer lesquelles de ces valuations ne sont pas équivalentes. Soit σ1 ,...,σr1 les
r1 injections de K dans R et σr1 +1 ,...,σr1 +r2 ,σ r1 +1 ,...,σ r1 +r2 , les 2r2 injections de K dans C,
avec σ(x) := σ(x), ∀x ∈ K. Comme |σ(x)| = |σ(x)|, ∀x ∈ K, alors toutes deux injections
conjuguées définissent deux valuations égales, donc équivalentes sur K. De la démonstration
du théorème de Dirichlet, on trouve qu’il existe un élément inversible dans OK tel que :

|σi (ui )| > 1, |σj (ui )| < 1, pour 1 ≤ j ≤ r + s, j 6= i.

Par suite |x|i = |σi (x)| n’est pas équivaut à | · |j , pour j 6= i. Donc on a le théorème suivant :

Théorème 5.4. Soit K un corps de nombres. Soient σ1 , ..., σr1 les plongements réels de K et
σr1 +1 ,...,σr1 +r2 les plongements complexes de K définis précédemment. Alors une valuation sur
K est équivalente à une et une seule valuation sur K définies par :

|x|i = |σi (x)|, 1 ≤ i ≤ r1 + r2 .

page 58
5.5. LES PREMIERS D’UN CORPS DE NOMBRES

5.5 Les premiers d’un corps de nombres


Soit K un corps de nombres. Comme les corps complétés de K sous deux valuations équi-
valentes sont isomorphes, alors on appelle le complété de K sous le premier p (ou le complété
de (K, p)), le complété de K pour une certaine valuation dans p (voir la définition 5.3). Un
premier infini p sur K est dit un premier réel sur K (ou une place réelle sur K) si le complété
de (K, p) est le corps des réels R. Un premier infini p sur K est dit un premier complexe sur
K (ou une place complexe sur K) si le corps complété de (K, p) est le corps des complexes
C. Donc les premiers réels sur K correspondent aux injections de K dans R et les premiers
complexes correspondent aux couples des injections conjuguées de K dans C.
Soient L une extension de degré fini sur K et p un premier infini sur K. Quels sont les prolon-
gements de p sur L ? c’est la question qu’on va traiter par la suite.
• Supposons que p est un premier complexe. Soit τ : K −→ C une injection de K dans C telle
que la valuation |τ (x)| soit dans p. Comme C est algébriquement clos, alors il existe g injections
τi : L −→ C, telles que τi (x) = τ (x), ∀x ∈ K. Les τi sont deux à deux non conjuguées, car
τi (x) = τ (x), ∀x ∈ K et τ est l’injection de K dans C. Donc ces injections correspondent aux
premiers complexes q1 , ..., qg sur L. Par analogie aux premiers finis on écrit :
p = q1 ...qg , g = [L : K]
pour dire que qi est un premier sur L prolongeant p. On définit formellement l’indice de rami-
fication e(qi /p) = ei = 1 et l’indice d’inertie f (qi /p) = fi = 1 et on dit que p est non ramifié
sur L (car ei = 1). Dans ce cas on a :
X
ei fi = [L : K]

• Supposons maintenant que p est un premier réel. Soit τ l’injection de K dans R correspondant
à p. Alors il existe [L : K] prolongement de τ sur L, dont certains d’entre eux sont à image
dans R. Soit alors :
τ1 , ..., τr1 , τr1 +1 , ..., τr1 +r2 , τ r1 +1 , ..., τ r1 +r2 ,
les prolongements de τ sur L, tels que τi (L) ⊆ R, pour 1 ≤ i ≤ r1 , et τ r1 +j (x) := τr1 +j (x), ∀x ∈
L, ∀r1 ≤ j ≤ r1 + r2 . On a r1 + 2r2 = [L : K] . Donc on a r1 premiers réels q1 , ..., qr1 prolongeant
p et r2 premiers complexes qr1 +1 , ..., qr1 +r2 . Si qi est un premier réel, on dit que qi est non ramifié
sur p et on pose ei = 1 = f . Pour les autres premiers qr1 +j , qui sont des premiers complexe
prolongeant un premier réel, on pose e(qr1 +j /p) := 2 et f (qr1 +j /p) := 1. On écrit formellement :
p = q1 , ..., qr1 q2r1 +1 ...q2r1 +r2 ,
P
et on a ei fi = [L : K]. On résume les discussions précédentes dans le théorème suivant :
Théorème 5.5. Soient K un corps de nombres et p un premier infini sur K. Soient L une
extension de degré fini sur K et q1 , ..., qg les premiers de L prolongeant p. Soit ei = e(qi /p)
2 si p est réel et qi est complexe et ei = 1 dans les autres cas. Soit fi = f (qi /p) = 1, ∀i.
égal à P
Alors ei fi = [L : K].

5.6 Exercices
√ √ √ √ √ √ √
Exercice 5.1. Soient K1 = Q( 2, 3, −7), K2 = Q( 2, −7) et K3 = Q( 2, 3). Donner
les places ramifiées dans les extensions K1 /K2 et K1 /K3 .

page 59
5.6. EXERCICES

√ √ √ √ √ √ √
Exercice 5.2. Soient K1 = Q( 2, 3, −7), K2 = Q( 2, −7) et K3 = Q( 2, 3). Donner
les premiers (finis ou infinis) totalement décomposés dans les extensions K1 /K2 et K1 /K3 .

page 60
Ouvrages

[1] D. Guin, Algèbre II, Anneaux, Modules et algèbre multilinéaire . EDP


Sciences, 2013.
[2] G. J. Janusz, Algebraic number fields. Academic Press new York and
London, 1997.
[3] S. Lang, Algebraic Number Theory, Springer-Verlag, New York, 1986.
[4] W. Narkiewicz, Elementary and Analytic Theory of Algebraic Numbers.
Springer-Verlag, Berlin, 2004.
[5] J. Neukirch, Algebraic Number Theory. Springer-Verlag, Berlin, 1999
[6] J. Querré, Cours d’algèbre. Masson, 1976.
[7] P. Ribenboim, Algebraic Numbers. Wiley-interscience, 1972.
[8] P. Samuel, Théorie algébrique des nombres. Hermann, 1971.
[9] J. P. Serre, Corps locaux. Hermann, Paris, 1968.
[10] L. C. Washington, Introduction to cyclotomic fields. Second edition. Gra-
duate Texts in Mathematics, 83. Springer-Verlag, New York, 1997.

Polycopiés

[1] G. Auriol, Introduction à la théorie algébrique des nombres, disponible sur


internet.
[2] T. Wiston, Algebraic number theory, disponible sur internet.
[3] M. M. Chems-Eddin, Théorème de Kronecker-Weber a , disponible sur in-
ternet.
a. Un mémoire de Master sous la direction du professeur Driss Bouziane, Faculté des
Sciences Semlalia, Marrakech. 2017.

61

Vous aimerez peut-être aussi