Guide Des Épices: Tout Savoir Sur Les Épices Et Leurs Usages
Guide Des Épices: Tout Savoir Sur Les Épices Et Leurs Usages
Guide Des Épices: Tout Savoir Sur Les Épices Et Leurs Usages
To u t s avo ir s u r l e s é p i ce s e t l e u r s u s a ge s
Le berlingot que j’ai conçu me permet de reproduire cet usage, de délivrer, de faire découvrir
à la cuisinière, au cuisinier toute la richesse aromatique originelle d’une épice.
La botanique m’offre la possibilité d’être rigoureux sur la sélection des variétés d’épices
directement auprès de producteurs.
La cuisine m’aide à savoir mettre en scène ces épices et composer différents mélanges d’épices
que nous vous proposons.
Quelque part ce berlingot vous fait partager les arômes originels des épices de mon enfance.
Les épices sont un monde de parfums. Quelques grammes suffisent pour parfumer et mettre
en valeur vos réalisations culinaires. Il faut cependant acquérir une certaine connaissance afin
de les maitriser totalement. Ce guide vous aidera, je l’espère, à vous familiariser avec les épices
et leurs usages.
Les épices sont des composés organiques et elles se représentent sous différentes formes :
fleurs (rose), boutons floral (girofle), pistil de fleur (safran), écorce (cannelle), racine
(gingembre, curcuma), graine (nigelle, tonka), fruits (poivre, coriandre, cumin, piment, vanille),
tige (citronnelle), résine (asse fétide). Parfois une seule plante peut donner plusieurs épices :
la coriandre donne trois parfums : son fruit (que l’on appelle graine), sa feuille et sa racine. La
muscade, deux parfums, avec sa noix et son macis (arille entourant la coque qui contient la noix
de muscade).
Bienvenue dans le monde passionnant des plantes qui nous offrent des multiples parfums pour
nos cuisines, et qui attendent que nous les mettions en scène.
On distingue cependant les épices des herbes qui elles aussi apportent de la saveur à un plat.
Elles ont donc le même rôle : parfumer un plat. Elles sont pour la plupart des feuilles (thym,
laurier, romarin, sauge, sarriette, menthe, etc..).
Le sel ?
Le sel lui est un composé minéral. Ce n’est pas
une épice, il n’apporte pas de parfum. C’est par
contre un exhausteur de goût. On trouve deux
sortes de sels : le sel de roche, extrait dans les
mines et le sel marin obtenu par évaporation
dans les salines.
Epicé ou pimenté ?
Si on prend quelques définitions de références, le Larousse nous indique que le terme
« épicé » c’est « Relever d’épices, de condiment un plat, un mets. » Cette définition semble
invariable dans le temps, la fameuse édition du Larousse de 1898 indique la même chose. En
ligne, l’Internaute et le Cnrtl ont la même définition avec toutefois le synonyme proposé pour
l’internaute : « pimenté ».
Pimenté serait alors donc synonyme d’épicé ? loin s’en faut ! En effet les plats que l’on cuisine
peuvent être épicés tout en ayant aucune saveur piquante avec des épices telles que le cumin,
la coriandre, la badiane, le yuzu, le combawa, la cannelle, la vanille, le fenugrec, l’anis, l’aneth,
le curcuma, le girofle, etc..… Le terme pimenté est donc bien inapproprié en l’absence de
piquant pour ces plats épicés!
Une épice est donc un parfum que l’on utilisera en cuisine. Elle se mettra en musique, seule ou
avec plusieurs autres épices dans vos réalisations culinaires.
On en conclut aisément que la qualité d’une épice se définit donc par ses qualités organoleptiques.
Celles qui affectent les sens : le goût, la saveur, l’odeur. Une épice de qualité c’est une épice qui
apporte du gout, de la puissance avec une complexité aromatique similaire à un parfum : elle
offre ses notes de têtes, de cœur et de fond.
Alors comment savoir si l’épice que vous allez acheter et celle qui vous apportera vraiment du goût ?
Il faut bannir les épices en poudre conservées dans des pots (ou pire dans des sachets plastiques
transparent). En effet, l’air présent dans le pot, la lumière (si le pot est transparent), l’humidité,
les ouvertures successives ne feront qu’altérer vos épices. Elles tendront vers un gout unique,
insipide et de piètre qualité. On finira par les surdoser voire les gaspiller en les jetant.
Un pot d’épice se garde parfois plusieurs années dans son placard ; Imagineriez-vous obtenir un
bon café si vous le conservez en poudre pendant un an dans un pot en verre ? Non. Et pourtant
nous le faisons pour nos épices. Une épice ne vous donnera toute sa puissance que si vous la
moulez au dernier moment.
Un point fondamental vous apportant une preuve de la qualité de celle-ci est son sourcing,
comment est t elle sélectionnée. D’où vient t elle ? la traçabilité est t-elle totale ? Vous
propose-t-on l’origine géographique de la région du producteur ?
Choisissez uniquement un site qui vous propose des épices dont le sourcing est assuré
directement par le site en question. Où chacun des producteurs, sa localisation, son travail est
clairement explicité. C’est un gage indéniable de qualité.
Pour les mélanges d’épices (curry, quatre épices, etc..) vérifiez également qui le fait. Est-ce que
le vendeur réalise lui-même ses mélanges ? Ou se fournit t il directement auprès d’un tiers ?
C’est un indice supplémentaire d’un travail bien fait ou non.
Les contenants sont aussi un bon indicateur, vérifiez que ceux-ci protègent au mieux l’épice.
Enfin un bon proverbe est bien valable pour les épices également : le bon marché coute toujours
trop cher. Pas cher, vous en mettrez plus, faute de gout.
Combien ?
Il est difficile de normer une quantité d’épice nécessaire à un plat, à la différence d’une tasse de
café où l’on connait la dose de café moulu qu’il faut. Cette difficulté provient essentiellement
de notre sensibilité à ces parfums. Nous n’évoquons pas un instant le piquant, se référer
ci-dessus (Epicé ou pimenté). On parle donc ici que de puissance aromatique. Il est de concert
de considérer qu’une cuillère à café d’épice convient pour un plat de 4 personnes. A part les
épices de feu (celles qui piquent et sont au final peu nombreuses), vous ne prendrez que peu
de risque en surdosant une épice. La délicatesse sera de mise avec les épices de feu où il est
difficile de diminuer le piquant d’un plat.
Quand ?
Selon le mode de cuisson et le type de plat, une épice ne se met pas au même moment.
• En début de cuisson : plats mijotés
• En milieu de cuisson : potage, soupe, légumes
• Au service : Le poivre, c’est une épice de fin de cuisson voire même de service. Que l’on
ajoute dans son assiette. Un soupçon d’épice peut être rajouté au service pour renforcer le
goût.
La Vanille et le Safran sont des exceptions, car ce sont des épices d’infusion.
Une épice s’exprimera d’autant plus qu’elle sera associée à du gras (beurre, crème, huile, lait
de coco, etc..) C’est le gras qui exalte les saveurs. Pas étonnant que Joël Robuchon met 250g
de beurre pour 1kg de pomme de terre !
Il faut tout simplement oser. Fiez-vous aux compositions des currys par exemple, elles vous
donnent les bases de quelques mariages. Curcuma, cannelle, coriandre, cumin, poivre,
gingembre se trouvent très régulièrement ensemble, c’est une base.
Si vous pensez prendre trop de risque en mélangeant plusieurs épices, alors tournez-vous vers
les assemblages déjà réalisé que l’on propose. Il en existe des dizaines de disponibles dans le
commerce.
Utilisez votre doigt plutôt qu’un couteau pour extraire tous les grains de
vanille. Le couteau risque d’emporter quelques fibres de la gousse amenant
un peu d’amertume.
Ensuite une gousse de vanille doit s’infuser longtemps. Plus vous infusez,
plus vous disposerez de parfums. Si vous l’infusez dans du lait par exemple,
1h à 2h à basse température (60°-80° maxi) sont nécessaires pour en
extraire toute la quintessence. Si vous faites une crème chantilly, mettez
votre gousse de vanille dans la crème la veille et laissez infusez 24h au
réfrigérateur.
Il n’existe pas de classification internationale de qualité dans le monde du poivre. Quelques pays
définissent un cahier des charges de la qualité d’un poivre en prenant en compte des critères de
taille de grains, pureté du grain, triage, teneur en humidité, pourcentage de baies de faible densité.
En Inde on parlera de TGSEB (Tellicherry Garbled Special Extra Bold)TGEB (Tellicherry Garbled
Extra Bold) TG (Tellicherry Garbled) de Malabar ; Garbled Black Pepper MG-1, MG-2, de
Malabar Ungarbled Black PepperMUG 1 à 4. Au Vietnam on parlera de Bold, Asta, BB2, FAQ,
Pinhead, cette fois ci on prend largement en compte la densité apparente du poivre (densité de
plusieurs grains de poivre dans un récipient). En Indonésie on retrouvera le système ASTA (qui
nous vient des USA, American Spice Trade Association). En Malaisie on introduit un système
similaire, mais cette fois ci, basé sur des couleurs indiquant le label (Brown label, Yellow label,
Black Label, etc..) pour les poivres noirs et Cream, Green, Blue Label pour les blancs. On peut
retrouver de temps à autre ces mentions sur les poivres du commerce en France. Peu connues
chez nous, elles sont peu reprises. Même si cela est gage de qualité, il sera mal aisé de se
souvenir de tous ces labels souverains de qualité.
A noter que le poivre Penja du Cameroun et le poivre de Kampot sont eux les deux seuls
poivres à bénéficier d’une IGP (indication géographique protégé). Leur cahier des charges est
plus strict que les autres poivres.
L’origine est certainement un très bon gage de qualité. Si celle-ci est clairement indiquée
sur le contenant, vous aurez à coup sûr un bon produit. Vérifiez scrupuleusement ce
que l’on vous indique sur le contenant ou ce que le vendeur vous dira. N’hésitez pas à le
questionner, au travers de ses réponses, vous verrez s’il maîtrise le sourcing de ses produits.
Cependant au sein de chaque origine on pourra noter des différences qualitatives. Le poivre
est comme le vin, à partir d’une bonne grappe de raisin on peut faire un bon vin ou un cru
exceptionnel. La notion de mono-producteur peut être un atout, elle vous certifie que le poivre
vient d’une et une seule exploitation, transformé par un et un seul producteur. Nous sommes
sur un grand cru. Le parallèle au vin vous éclairera : ce ne sera pas un poivre de coopérative.
(de plusieurs producteurs)
Quels sont les tests pour valider mon choix ?
Il est souvent difficile d’apprécier la qualité d’un aliment
avec seulement le visuel, le toucher et l’odorat. Pour le
poivre c’est la même chose, goutez le !
Le piper nigrum, c’est le poivre noir que l’on retrouve dans toutes les cuisines.
Le fruit du poivrier, qui est une liane grimpante, est une baie qui se trouve sur une grappe. Les
couleurs du poivre final dépendront de quand ils seront cueillis, donc de leur maturité et de la
transformation qui s’en suit par le producteur. Avec un seul fruit, on arrive donc à avoir 6 couleurs !
• Vert, la fraicheur végétale : Les baies sont cueillies vertes avant leur maturité. Elles sont
encore gorgées d’eau et sont très fragile. La plupart du temps, elles sont alors trempées
dans de la saumure pour les conserver. Il est délicat de sécher du poivre vert et d’en
garder sa stabilité, d’où la rareté à trouver du poivre vert sec.
Notes gustatives : C’est un poivre aux notes végétales ; herbacées prononcées. Il est
aérien. Légèrement moins piquant que le poivre noir, il convient parfaitement pour les
sauces, les viandes, poissons.
• Jaune, une exception : Ce sont les quelques rares grains jaunes que l’on cueille juste avant
leur maturité totale. Ils sont échaudés, lavés à l’eau puis on leur enlève la peau. C’est une
exclusivité Max Daumin de proposer ce poivre.
Notes gustatives : Lorsque les grains sont jaunes sur la grappe du poivrier, ils bénéficient
alors de la concentration maximale en huile essentielle et en pipérine. La pipérine est le
composé chimique responsable du piquant. C’est un poivre puissant, aux notes anisées.
• Rouge, le caviar du poivre : C’est le poivre que l’on cueille à maturité totale. Sa cueillette
est délicate, on cueille les grains rouge juste avant qu’ils ne se dégradent. Ce sont les
vendanges tardives du poivre. On le trouve ainsi plus rarement du à son procédé de
récolte.
Notes gustatives : A l’instar du raisin, le poivre rouge est un poivre presque sucré.
Il dispose des notes de raisins secs, de foin agréable. Son intensité a baissé
comparativement au poivre vert et noir. Il convient parfaitement aux viandes blanches ;
légumes, poissons mais aussi les desserts, pâtisseries et fruits.
• Blanc, des notes animales : C’est le poivre rouge auquel on enlève la peau. On frotte les
grains vigoureusement pour retirer la peau du grain de poivre (péricarpe). Cette opération
du producteur apporte une expression aromatique différente du poivre rouge.
Notes gustatives : C’est un poivre rouge alliant puissance et douceur mais avec des notes
plus animales. Il convient aux mets délicats.
C’est ainsi que l’on retrouve dans celle-ci, à la fois une grande famille : celle des zanthoxylum
dans laquelle on trouvera pour les plus connus : le Timur, le Sichuan, le Sansho. Et à la fois des
baies satellites : baies roses, poivre de la Jamaïque, baies de la Tasmanie (pour les plus connus)
Sels de roche (gemme) : ce sont des sels que l’on extrait dans la roche soit à l’air libre en carrière
soit dans des mines. Ces sels nous proviennent de la préhistoire, du temps des dinosaures. La
mer se retirant dans plusieurs parties du globe, celle-ci en s’évaporant nous a légué divers
gisements de sels. Parfois des impuretés vont venir s’y glisser, colorant ces sels de roche.
L’oxyde de fer donnera la couleur rose du sel rose de l’Himalaya, la sylvinite le bleu du sel Bleu
de perse, etc.. Ces sels ne sont pas iodés. Ils ont également la particularité d’être exempt de
toute pollution. Il y a 250 millions d’années, rien ne venait polluer la mer. Ces sels sont faits
pour être utilisés en moulin.
Un gout différent selon l’origine ? Non tous les sels sont des sels,
c’est donc du chlorure de sodium à 99,99%. Seule la structure fera
une différence : la fleur de sel par exemple, tel un flocon de neige,
se dissout très rapidement sous notre langue. Elle donne du peps à
notre dégustation. Un sel de roche, moulu au moulin, se dissoudra lui
plus lentement.
On comptabilise aujourd’hui plus de 140 variétés de piments aux saveurs différentes. L’on
trouve aussi bien des piments doux, des piments moyennement relevés jusqu’à des piments
littéralement explosifs !
Il existe une autre échelle plus simplifiée et calquée sur le modèle de Scoville, dont voici
quelques repères :
• 0 Neutre : Poivron
• 1 Doux : Paprika doux
• 2 Chaleureux : Piment doux
• 3 Relevé : Piment Ancho
• 4 Chaud : Piment d’Espelette
• 5 Fort : Piment Jalapeno, Sauce Tabasco
• 6 Ardent : Piment Fort
• 7 Brûlant : Piment Piquin
• 8 Torride : Piment oiseau
• 9 Volcanique : Piment Chiltepín
• 10 Explosif : Piment antillais
On trouve de plus en plus dans le commerce de références à cette échelle. Elle vous donnera
ainsi quelques repères, et selon votre sensibilité, pour goûter un piment.
L’échelle pourrait continuer plus haut mais il est assez rare sous nos contrées de trouver
connaisseur se rassasiant de piment plus fort que le piment Antillais ! Il existe certes des
piments encore bien plus fort tels que le Trinidad moruga scorpion ou le Carolina Reaper qui
font plus l’objet de concours des plus forts taux de capsaïcine par des variétés hybrides créées
que pour l’expression d’une saveur.
Astuces :
Si vous disposez d’un piment entier, enlevez toutes les parties blanchâtres ainsi que les
graines, vous allez diminuez fortement le piquant de votre piment.
Si c’est trop tard, sachez que la capsaïcine n’est pas soluble dans l’eau mais plutôt dans
un corps gras. Alors ne buvez absolument pas d’eau, prenez plutôt un verre de lait ou un
yaourt pour calmer l’ardeur du piment !
Les poivres
Les vanilles