AIR2012 SA0236 Ra
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AIR2012 SA0236 Ra
des différentes
techniques d’épuration
d’air intérieur
émergentes
Avis de l’Anses
Rapport d’expertise collective
Le directeur général
Maisons-Alfort, le 29 septembre 2017
AVIS1
de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation,
de l’environnement et du travail
relatif à « l’identification et l’analyse des différentes techniques d’épuration de l’air intérieur
émergentes »
La qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments constitue un enjeu de santé publique en France et dans
de nombreux pays, dont la population est de plus en plus consciente. En effet, l’environnement
intérieur offre une grande diversité de situations d’exposition à de nombreux agents physiques et
contaminants chimiques ou microbiologiques, dont les conséquences sur la santé varient
notamment selon la nature des polluants, les caractéristiques des expositions, etc. Différentes
sources peuvent être à l’origine de la présence de polluants dans l’air intérieur : des sources
propres au bâti, à son environnement, à ses équipements ou aux comportements de ses
occupants. Des dispositions existent dans les Codes de l’Environnement, de la Construction et de
la Santé publique, qui définissent la politique pour la qualité de l’air intérieur.
Pour réduire l’exposition aux polluants de l’air intérieur, les recommandations actuelles des pouvoirs
publics portent en priorité sur la limitation des émissions à la source, l’aération et la ventilation.
Depuis ces dernières années le marché de l’épuration de l’air intérieur se développe avec la
commercialisation d’équipements revendiquant des propriétés d’épuration de l’air intérieur sous
forme d’appareils autonomes, ainsi que des matériaux de construction et de décoration mettant en
avant leurs propriétés dépolluantes. Ces dispositifs et produits sont destinés à toute la population,
mais peuvent cibler particulièrement les sujets sensibles ou sensibilisés.
Cependant la question de leur efficacité et surtout celle de leur innocuité se pose.
La veille scientifique menée par l’Anses sur le sujet, l’a conduite à consulter son comité d’experts
spécialisé en charge de l’« évaluation des risques liés aux milieux aériens » qui a attiré l’attention
de l’Anses sur des travaux portant sur les intérêts et les limites de la photocatalyse, et la mesure
1
Annule et remplace la version du 23 juin 2017. La nature des modifications est présentée en annexe.
des performances intrinsèques des épurateurs d’air autonomes pour les applications tertiaires et
résidentielles. Des études ont en effet mis en évidence le fait que des dispositifs d’épuration de l’air
mettant en œuvre le principe de la photocatalyse, présentaient une efficacité variable, parfois faible,
et pouvaient être responsables de la formation dans l’air de sous-produits réactionnels
potentiellement dangereux. Ces résultats concernaient des épurateurs d’air photocatalytiques
autonomes commercialisés pour le grand public mais également des appareils photocatalytiques
distribués en milieux industriels.
Les conclusions d’un atelier scientifique sur l’état des connaissances scientifiques relatives à
l’efficacité et l’innocuité des procédés d’épuration de l’air utilisant la photocatalyse dans les
environnements intérieurs et les perspectives de développement de ces procédés organisé le 2
avril 2012 par l’Observatoire de la qualité de l’ai intérieur (OQAI) en partenariat avec l’université de
la Rochelle ont montré que si le principe de la photocatalyse peut présenter une efficacité
potentielle sur de nombreux polluants de l’air intérieur, il présente néanmoins des inconvénients.
Dans ce contexte, le CES « Evaluation des risques liés aux milieux aériens » a pointé l’importance
de travailler sur cette problématique et a encouragé l’Anses à s’autosaisir sur le sujet.
Considérant ces éléments, l’Anses s’est autosaisie le 10 octobre 2012 sur les deux questions
suivantes :
1. Recenser les techniques d’épuration de l’air utilisées en environnement intérieur pour le
grand public et pour de petites unités volumétriques ou en traitement d’appoint en milieu
professionnel2 (caractéristiques techniques, modalités de mise en œuvre, processus
d’élimination, efficacité revendiqué, spectre d’activité pour les substances chimiques, particules,
agents biologiques, etc.),
2. Rassembler et analyser les connaissances disponibles sur l’évolution de la qualité de l’air
associée à l’utilisation de ces nouvelles3 techniques d’épuration d’air, notamment en présence
de mélanges de polluants (polluants traités, non traités et secondaires) et en fonction de la mise
en œuvre des dispositifs. Il ne s’agira pas d’évaluer l’efficacité des différents dispositifs
disponibles sur le marché. Les techniques reposant sur la filtration ne sont pas couvertes.
2. ORGANISATION DE L’EXPERTISE
2.1. Organisation
2
Les dispositifs utilisés en milieu industriel ; et les systèmes d’épuration d’air intégrés aux systèmes de ventilation des bâtiments
collectifs, sont exclus du champ de la saisine.
3
L’auto-saisine porte sur les techniques d’épuration émergentes. L’évolution de la qualité de l’air liée à l’utilisation de systèmes de
filtration n’a donc pas été traitée dans le cadre de cette expertise.
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In fine, les travaux d’expertise ont été adoptés par le CES «Evaluation des risques liés aux milieux
aériens» lors de sa séance du 30 janvier 2017.
L’Anses analyse les liens d’intérêts déclarés par les experts avant leur nomination et tout au long
des travaux, afin d’éviter les risques de conflits d’intérêts au regard des points traités dans le cadre
de l’expertise.
Les déclarations d’intérêts des experts sont rendues publiques via le site internet de l’Anses
(www.anses.fr).
2.2. Méthodologie
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Le CES rappelle que l’objectif de ces travaux n’était pas d’évaluer la pertinence globale de
l’utilisation de systèmes d’épuration de l’air intérieur, mais d’évaluer l’impact de l’utilisation de
plusieurs de ces dispositifs sur la qualité de l’air, en d’autres termes, d’analyser les polluants
effectivement traités et les polluants potentiellement émis par ces dispositifs.
L’épuration de l’air repose sur deux grands principes : le piégeage des contaminants ou leur
destruction. Les techniques mettant en œuvre ces deux grands principes sont intégrées dans des
appareils autonomes ou des systèmes HVAC. Elles sont décrites dans ce qui suit.
4
L’acronyme HVAC (Heating, ventilation, air conditioning/ chauffage, ventilation, conditionnement de l’air), usuellement utilisé au niveau
mondial, fait référence à des systèmes regroupant les équipements nécessaires pour le chauffage, la ventilation et la climatisation à
l’échelle d’un bâtiment : chaudières/chaufferies, refroidisseurs, centrales de traitement d’air, ventilateurs d’extraction, filtres, conduits (US-
EPA 1991). Mais tous les systèmes HVAC ne sont pas conçus pour répondre à ces trois fonctions. Le terme HVAC regroupe une grande
variété de dispositifs allant de l’appareil autonome jusqu’à des systèmes centralisés desservant plusieurs espaces intérieurs d’un
bâtiment. (US-EPA 1991).
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L’ionisation est la transformation d’un atome ou d’une molécule électriquement neutre en ion, par la
perte ou le gain d'un ou plusieurs électrons. Le principe de l’ionisation est de précipiter les
particules chargées de l’air soit sur les surfaces, par répulsion des particules de même charge sur
les surfaces par attraction électrostatique, c’est l’ionisation simple, soit sur des électrodes portant
une charge électrique opposée à celle des particules ionisées, c’est la précipitation électrostatique.
Les particules de charges opposées peuvent également s’attirer et former des particules plus
lourdes qui vont se déposer sur les surfaces plus rapidement.
Il existe plusieurs procédés permettant d’ioniser un atome ou une molécule. On distingue par
exemple :
Les systèmes d’épuration utilisant le principe de l’ionisation utilisent le plus souvent des procédés
d’ionisation par impact électronique, dont les deux techniques les plus couramment utilisées sont
l’ionisation par décharge couronne (corona) et l’ionisation par décharge à barrière diélectrique
(BDD).
Si les particules sont la cible principale de l’ionisation, une action sur les molécules gazeuses peut
également être observée. Les interactions entre les composés organiques volatiles (COV) et des
radicaux formés lors de la génération d’ions conduisent à une suite de réactions chimiques en
chaîne qui doit conduire à une minéralisation lorsque la réaction est complète. C’est ce qui est
recherché dans le plasma.
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plasma est obtenue lorsqu’un gaz est soumis à un champ électrique de forte intensité, à un champ
électromagnétique intense ou à des températures suffisamment élevées, ou lorsqu’il est bombardé
par des particules. Il en résulte une ionisation du gaz. Lorsque celle-ci est assez importante pour
que le nombre d’électrons par unité de volume soit comparable à celui des molécules, le gaz
devient alors un fluide très conducteur appelé plasma.
Dans le domaine de l’épuration de l’air intérieur, c’est la technologie du plasma « froid » ou plasma
non-thermique, c’est-à-dire lorsque la température moyenne du gaz est proche de la température
initiale, qui est utilisée afin de générer des espèces actives, comme les radicaux libres, qui sont
capables de décomposer par oxydation certains polluants présents dans l’air.
b) L’ozonation
Le principe de l’épuration de l’air par l’ozone repose sur l’émission dans l’air, d’ozone par des
générateurs d'ozone ou ozoneurs.
La molécule d’ozone (O3), très réactive et relativement instable, a une tendance naturelle à se
décomposer en dioxygène (O2) et oxygène atomique (O) qui vont réagir avec d’autres composés
chimiques jusqu’à les décomposer. Cette capacité à céder facilement un atome d’oxygène lui
confère un très fort pouvoir oxydant. La technique de l’épuration par ozonation repose sur cette
propriété de l’ozone à pouvoir générer des réactions de décomposition.
c) La photocatalyse
Le principe de la photocatalyse repose sur la décomposition de molécules par une succession de
réactions chimiques, jusqu’à la minéralisation, suite à l’activation d’un catalyseur par un
rayonnement lumineux d’énergie suffisante.
Ainsi, de manière simplifiée, le principe de la photocatalyse repose sur un processus électronique
qui se produit à la surface d’un catalyseur, qui est souvent du dioxyde de titane (TiO2) du fait de son
faible coût et de ses performances élevées. Lorsque que le catalyseur est soumis à un
rayonnement d’intensité lumineuse suffisante, des charges se créent à la surface de celui-ci. Des
réactions d’oxydo-réductions successives se produisent alors entre les molécules adsorbées sur le
photocatalyseur et ces charges jusqu’à, en théorie, une minéralisation complète du polluant
organique en eau et dioxyde de carbone (CO2). Il se forme également des dérivés réactifs de
l’oxygène (OH•, O2•-, H2O2…) qui contribuent à la dégradation des polluants organiques.
Remarque : le principe de la photocatalyse peut également être mis en œuvre dans des matériaux
de construction ou de décoration comme des peintures, des carrelages, etc.
Nota bene : D’autres techniques d’épuration de l’air existent comme la filtration biologique ou les
ultraviolets. La biofiltration repose sur la capacité de certains microorganismes à métaboliser les
polluants. Elle n’est cependant pas encore mise en œuvre pour l’épuration de l’air intérieur. Les
ultraviolets peuvent avoir une action germicide et une action photolytique sur les COV. Leur
application commerciale porte aujourd’hui essentiellement sur l’élimination des aérosols microbiens,
cependant cette technologie n’est recensée que dans peu de dispositifs et l’analyse de la littérature
scientifique n’a pas permis d’identifier d’études les concernant dans des conditions d’utilisation se
rapprochant de la réalité.
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les désodorisants qui revendiquent une neutralisation des odeurs, au-delà du masquage, sans que
le principe ne soit toutefois bien défini.
Les graphiques présentés ci-dessous, extraits de l’étude de marché, illustrent les éléments décrits
ci-dessus.
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Réglementation et normalisation :
Les recherches bibliographiques n’ont pas permis d’identifier de réglementation propre à
l’utilisation ou la mise sur le marché de systèmes d’épuration de l’air intérieur en France. A
l’étranger, seul l’Etat de Californie (USA) réglemente les émissions d’ozone des dispositifs
d’épuration d’air, qui ne doivent pas émettre plus de 0,05 ppm d’ozone.
S’il n’existe pas de réglementation contraignante encadrant les dispositifs d’épuration de l’air en
France, trois normes, dont deux expérimentales5, permettent d’évaluer les performances
intrinsèques des épurateurs d’air autonomes (norme NF B44-200, également applicable aux
climatiseurs), l’efficacité des systèmes photocatalytiques sur les COV (norme expérimentale XP
B44-013), et d’évaluer les matériaux photocatalytiques vis-à-vis de la dégradation des oxydes
d’azote (norme expérimentale XP B44-011). Il est important de noter que les essais conduits en
laboratoire ne sont pas toujours représentatifs des conditions réelles d’utilisation.
Ces normes représentent un réel progrès car elles proposent des protocoles d’essais normalisés
qui permettent de comparer les performances des différents dispositifs entre eux. Elles permettent
d’évaluer l’efficacité des dispositifs mais également l’émission de certains produits secondaires.
Cependant elles sont encore perfectibles car elles ne prévoient pas toutes ni d’essais en
recirculation, ni d’essais de vieillissement. Or ces essais complémentaires permettraient de :
Par ailleurs, ces dispositifs peuvent dégrader la qualité de l’air intérieur en générant de nouveaux
polluants. Au vu de l’analyse de la littérature scientifique conduite, le CES note qu’il peut être
observé :
Des émissions primaires, intentionnelles ou non, liées au fonctionnement du dispositif (ex. :
ozone émis par les ozonateurs, mais également par les plasmas),
5
Postérieurement à l’adoption des travaux d’expertise, ces deux normes expérimentales ont été remplacées ; les normes les ayant
remplacées n’ont pas pu faire l’objet d’une évaluation :
- la norme expérimentale XP B44-13 de décembre 2009 (Méthode d’essais et d’analyses pour la mesures d’efficacité de
systèmes photocatalytiques pour l’élimination des composés organique volatils / odeurs dans l’air intérieur en recirculation) a
été annulée et remplacée par la norme NF EN 16846-1 en juin 2017 (Photocatalyse – mesure de l’efficacité des dispositifs
photocatalytiques servant à l’élimination, en mode actif, des COV et des odeurs dans l’air intérieur – partie 1 : méthode
d’essai en enceinte confinée) ;
- la norme expérimentale XP B44-011 de décembre 2009 (Photocatalyse - Méthode d'essai pour l'évaluation des matériaux
photocatalytiques vis-à-vis de la dégradation des NOx - Méthode à un seul passage en mode tangentiel) a été annulée et
remplacée par la norme expérimentale XP CEN/TS 16980-1 en février 2017 (Photocatalyse - Méthodes d'essai en flux
continu - Partie 1 : détermination de la dégradation du monoxyde d'azote (NO) dans l'air par des matériaux photo-
catalytiques).
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Les sprays « assainissants » contenant des huiles essentielles ou d’autres substances actives
revendiquent une action biocide et sont par conséquent soumis au règlement européen (UE)
n°528/2012 relatif à la mise à disposition sur le marché et l’utilisation des produits biocides. Ils
doivent donc contenir des substances actives approuvées ou encore en cours d’examen au niveau
européen. A terme, ils devront faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) qui
sera basée sur la démonstration, d’une part de l’efficacité du produit contre les cibles
revendiquées, et d’autre part d‘un risque acceptable pour l’homme et l’environnement.
Considérant qu’ils feront dans les années à venir l’objet d’une évaluation dans le cadre de
l’implémentation de ce règlement6, il n’a pas été conduit dans le cadre de cette expertise de
recherche bibliographique approfondie ni sur l’efficacité biocide des huiles essentielles ou autres
substances actives dispersées dans l’air intérieur, ni sur les effets sur la santé de l’inhalation des
huiles essentielles notamment. L’expertise présente toutefois deux études récentes pointant des
émissions de COV à des niveaux préoccupants.
Le CES relève qu’il existe à ce jour peu d’études sur les effets, bénéfiques ou délétères, sur la
santé à court terme associés à l’utilisation d’épurateurs d’air, et qu’aucune étude sur les effets à
long terme n’a été identifiée dans la littérature scientifique.
Par ailleurs, le CES note que l’utilisation de systèmes d’épuration d’air intérieur conçus pour le
grand public pourrait ne pas être adaptée à une utilisation dans des ambiances professionnelles
où la nature et le niveau de polluants peuvent être différents de ceux rencontrés dans les
environnements intérieurs domestiques.
Le tableau 1 synthétise les principes, revendications d’efficacité et limites des principales
techniques d’épuration relevées par l’analyse bibliographique.
6
Les produits dont les substances actives sont en cours d’examen ne sont pas encore soumis à AMM. Les produits dont
les substances actives ont été approuvées sont d’ores et déjà soumis à AMM. La fin du programme d’examen des
substances actives inscrites au programme d’examen des substances est prévue pour 2024.
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Tableau 1 : principes, revendications d’efficacité et limites des principales techniques d’épuration relevées par l’analyse
bibliographique.
Technique
Principe Revendications d’efficacité Limites/inconvénients relevés par l’analyse de la littérature scientifique
d’épuration
Injection d’ions dans l’air qui sont captés par les L’efficacité est peu démontrée en conditions réelles d’utilisation.
Elimination des contaminants
particules. Les particules chargées sont captées
biologiques
Ionisation/filtration par les surfaces du bâtiment, ionisation simple, Emissions potentielles :
Elimination des contaminants
électrostatique ou par des plaques électriquement chargées Ozone formation de particules secondaires en présence de terpènes
chimiques
présentes au sein de l’épurateur dans le cas de
Amélioration du bien-être Espèces réactives de l’oxygène réactions avec les polluants de l’air
la précipitation électrostatique. intérieur pouvant former des polluants secondaires
L’ozone peut être efficace sur les contaminants chimiques et biologiques, mais à
des concentrations dans l’air qui peuvent avoir un impact sur la santé humaine.
L’efficacité est faible aux concentrations d’ozone sans effet sur la santé humaine.
Elimination des composés
organiques
Oxydation des polluants par la décomposition de La génération d’ozone entraine des concentrations dans l’air supérieures à 100
Ozonation Elimination des odeurs µg.m-3 (valeur guide de l’OMS sur 8h dans l’air ambiant)
l’ozone
Elimination des micro-
organismes
Formation de polluants secondaires, ex :
Particules en présence de terpènes
Acide acétique en présence de formaldéhyde
Le plasma froid seul a de réelles capacités à minéraliser les polluants en CO2 et O2
Elimination des contaminants en conditions expérimentales, mais en pratique, il est observé :
Minéralisation des molécules organiques au biologiques
Une minéralisation incomplète génération de polluants secondaires
Plasma froid travers de réactions d’oxydation initiées par les Elimination des contaminants
L’émission d’ozone formation de particules secondaires en présence
radicaux libres produits dans un champ ionisant. chimiques
de terpènes
Elimination des odeurs
L’émission d’oxydes d’azote
Elimination des contaminants
Les mêmes limites que pour les plasmas froids « seuls » sont recensées, la
Synergie entre un plasma et une catalyse ou biologiques
formation de produits secondaires restant cependant moindre.
Plasma/catalyse photocatalyse, permettant de limiter la Elimination des contaminants
génération de polluants secondaires (NO2 et O3). chimiques
Elimination des odeurs
Elimination des contaminants En théorie la photocatalyse aboutit à une minéralisation des polluants en CO2 et O2.
Activation d’un catalyseur hétérogène par un biologiques
Photocatalyse rayonnement lumineux, souvent une lampe UV. Elimination des contaminants En pratique la minéralisation est incomplète, ce qui engendre la formation de
Minéralisation des polluants. chimiques produits secondaires (ex : cétones, aldéhydes, acides organiques).
Elimination des odeurs
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Indépendamment de l’efficacité théorique d’une technologie donnée, ce sont les conditions effectives de sa
mise en œuvre qui déterminent l’efficacité.
Dans ce contexte, afin d’assurer la sécurité des utilisateurs, le CES recommande la mise en place d’une
certification de chaque dispositif qui revendique une épuration de l’air intérieur.
Les essais devront considérer :
L’efficacité du dispositif à réduire le ou les polluant(s) visé(s),
Les émissions de polluants liées au fonctionnement du dispositif,
Les émissions de sous-produits, issues de la dégradation incomplète de polluants,
Les réactions des émissions du dispositif avec des polluants présents dans l’environnement
intérieur,
Les effets du vieillissement du dispositif sur l’efficacité et l’émission de polluants et de sous-produits
de dégradation.
Enfin, les essais devront être conduits dans les conditions les plus proches possibles de conditions
d’utilisation du produit, dans différents environnements ciblés.
Le CES recommande que les allégations relatives à l’assainissement de l’air soient
contrôlées/réglementées. Les revendications d’assainissement doivent être précisées avec la liste des
polluants ciblés.
Concernant le cas particulier des produits/substances pulvérisés afin d’assainir l’air intérieur, basés sur des
propriétés biocides, l’évaluation de l’efficacité dans le cadre du règlement européen n°528/2012 relatif à la
mise sur le marché de produits biocides, devra considérer l’efficacité de ces substances sur des micro-
organismes aéroportés.
Le CES recommande d’informer la population des risques potentiels d’une dégradation de la qualité de l’air
intérieur lors de l’utilisation de certains dispositifs d’épuration. L’attention sera attirée sur le fait que la
dégradation de composés odorants, qui peuvent contribuer à la perception d’une mauvaise qualité de l’air,
peut entrainer la formation de sous-produits non-odorants, mais qui peuvent être plus nocifs que les
composés initiaux.
Le CES recommande que les utilisateurs soient informés de l’importance de respecter les instructions
d’entretien des dispositifs d’épuration, afin de limiter les risques d’émissions de sous-produits.
Le CES recommande la mise en garde des sujets asthmatiques sur une possible aggravation de leur
pathologie lors de la mise en œuvre de tels dispositifs, en particulier les dispositifs utilisant des huiles
essentielles et les dispositifs pouvant générer de l’ozone.
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Le CES recommande la conduite d’études sur l’impact de l’utilisation d’épurateurs d’air sur la qualité de l’air
intérieur en conditions réelles, et de s’assurer de l’absence d’effets néfastes sur la santé, en particuliers
chez les sujets allergiques et/ou asthmatiques.
Dr Roger Genet
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Saisine n° « 2012-SA-0236 »
MOTS-CLÉS
Epuration de l’air, purification de l’air, qualité de l’air, pollution de l’air, air intérieur, composés organiques
volatils, biocontaminants, photocatalyse, ionisation, ozonation, plasma
Air purification, air cleaning, air quality, air pollution, indoor air, volatile organic compounds, bio-
contaminants, photo-catalysis, ionization, plasma
RÉFÉRENCES
US-EPA. 1991. Building air quality. Washington, DC: U.S. Environmental Protection Agency.
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Epuration de l’air intérieur
RAPPORT
d’expertise collective
comité d’experts spécialisé « Evaluation des risques liés aux milieux aériens »
Janvier 2017
Mots clés
Epuration de l’air, purification de l’air, qualité de l’air, pollution de l’air, air intérieur, composés
organiques volatils, biocontaminants, photocatalyse, ionisation, ozonation, plasma
Air purification, air cleaning, air quality, air pollution, indoor air, volatile organic compounds, bio-
contaminants, photo-catalysis, ionization, plasma
EXPERTS RAPPORTEURS
Les travaux, objets du présent rapport ont été suivis et adoptés par le CES suivant :
■ Evaluation des risques liés aux milieux aériens – 25 octobre 2012, 15 mai 2014, 18 septembre
2014, 11 juin 2015, 4 février 2016, 14 avril 2016, 30 juin 2016, 8 septembre 2016, 17
novembre 2016 et 16 décembre 2016.
Président
Vice-présidente
Mme Séverine KIRCHNER – Directrice adjointe de la Direction santé confort (Centre scientifique et
technique du bâtiment), coordinatrice de l’Observatoire de la qualité de l'air intérieur – Spécialités :
chimie et pollution de l'atmosphère, air intérieur, expologie.
Membres
M. Gille AYMOZ – Chef de service qualité de l’air (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie) - Spécialités : physico-chimie de l’atmosphère, rejets atmosphériques. (démission le 24
mars 2016)
Mme Armelle BAEZA – Professeur des universités (Université Paris Diderot) – Spécialité :
toxicologie.
PARTICIPATION ANSES
Coordination scientifique
Mme Audrey MALRAT-DOMENGE – Direction de l’évaluation des risques, Anses
Contribution scientifique
Mme Marion KEIRSBULCK – Direction de l’évaluation des risques, Anses
Mme Audrey MALRAT-DOMENGE – Direction de l’évaluation des risques, Anses
Secrétariat administratif
Mme Sophia SADDOKI – Direction de l’évaluation des risques, Anses
Etude de marché sur les techniques d’épuration de l’air intérieur à destination du grand public ou
des professionnels. - Nomadéis en collaboration avec ULR Valor – Mai 2015 – Marché
n°14MP029.
SOMMAIRE
Présentation des intervenants ....................................................................................................3
Sigles et abréviations ................................................................................................................ 11
Liste des tableaux ...................................................................................................................... 13
Liste des figures ........................................................................................................................ 13
1.1 Contexte............................................................................................................................. 15
1.2 Objet de la saisine ............................................................................................................. 16
1.3 Modalités de traitement : moyens mis en œuvre et organisation .................................. 16
1.4 Prévention des risques de conflits d’intérêts ................................................................. 16
Sigles et abréviations
Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
AHAM : Association of home appliance manufacturers
AMM : Autorisation de mise sur le marché
ANSI : American national standards institute
ARCAA : Association de recherche clinique en allergologie et asthmologie
ASHRAE : American society of heating, refrigerating and air-Conditioning engineers
BBC : Bâtiment basse consommation
Cal EPA : California environmental protection agency
CADR : Clean air delivery rate (débit d’air épuré)
CARB : California air resources board
CES : Comité d’air spécialisé
CETIAT : Centre technique des industries aérauliques et thermiques
CIRC : Centre international de recherche sur le cancer
CNL : Campagne Nationale Logements
CO2 : Dioxyde de carbone
COV : Composé organique volatil
COVt : Composés organiques volatils totaux
CTA : Centrale de traitement d'air
CVC : Chauffage, ventilation et climatisation
DBD : Décharge à barrière diélectrique
DEP : Débit expiratoire de pointe
ECARF : European centre for allergy research foundation
EDF : Electricité de France
ERP : Etablissement recevant du public
ESP : filtre électrostatique
HAP : Hydrocabure aromatique polycyclique
HEPA : High Efficiency Particulate Air
HVAC : Heating, ventilation and air-conditioning
INPES : Institut national de prévention et d'éducation pour la santé
INRS : Institut national de recherche et de sécurité
JEM : Japan Electrical Machinery Association Standard
LEPTIAB : Laboratoire d'Étude des Phénomènes de Transfert et de l'Instantanéité : Agro-industrie
et Bâtiment
Tableau 1 : Les principaux polluants de l’air intérieur et leurs effets sur la santé ........................................... 22
Tableau 2 : Classification des filtres ................................................................................................................ 39
Tableau 3 : Impact des générateurs d’ions sur la perception de la qualité de l’air (Siegel et al. 2008) .......... 61
Tableau 4 : Débits d’air, débits d’air épuré de la première phase de l’étude de Waring, Siegel, et Corsi (2008)
................................................................................................................................................................ 65
3
Tableau 5 : Emissions d’O3, concentrations prévisionnelles (C*) dans des volumes de 50 et 392 m (Waring,
Siegel, et Corsi 2008) ............................................................................................................................. 66
Tableau 6 : Résumé des résultats de l’étude de Fletcher et Van Der Graaf (2011) ....................................... 69
Tableau 7 : Synthèse des résultats de l’étude Cal-EPA (2006) ...................................................................... 73
Tableau 8 : Abattements de COV et sous-produits observés à partir de la revue de Bahri et Haghighat
(2014) ...................................................................................................................................................... 80
Tableau 9 : Abattements de COV et sous-produits observés à partir de la revue de Bahri et Haghighat
(2014) ...................................................................................................................................................... 85
Tableau 10 : Résultats de l’étude de Kolarik et Toftum (2012) ....................................................................... 89
Tableau 11 : Perception de la qualité de l’air suite à l’utilisation de prototypes d’épurateurs photocatalytiques
(Kolarik et al. 2010, Kolarik et Wargocki 2010)....................................................................................... 94
Tableau 12 : Produits intermédiaires issus de la photocatalyse des COV recensés dans la revue de Mo et al.
(2009) ...................................................................................................................................................... 97
Tableau 13 : résumé des tests contrôles et photocatalytiques des neufs épurateurs (Costarramone et al.
2015) ....................................................................................................................................................... 98
Tableau 14 : CADR pour les COV aux concentrations initiales de 1000 et 250 ppbV de chaque polluant
(acétaldéhyde, toluène, acétone, n-heptane et COV totaux) (Costarramone et al. 2015) .................. 100
Tableau 15 : Principales caractéristiques des appareils testés telles que fournies par les fabricants et
résultats des tests d’émissions d’ozone et de NO x. (Tokarek et al. 2011) ........................................... 101
Tableau 16 : Synthèse des résultats des essais de la phase 2 pour 1 épurateur d’air autonome en terme
d’évolution des concentrations en polluants (d’après Tokarek et al. (2011)). ...................................... 102
Tableau 17: mesure de la quantité moyenne de limonène dans 1 et 4 pulvérisations et calcul théorique de la
3
concentration dans la cabine de 9 m (procédure n°1) ........................................................................ 112
Tableau 18 : Synthèse des limites des principales techniques d’épuration relevées par l’analyse
bibliographique. ..................................................................................................................................... 118
1.1 Contexte
La qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments constitue une préoccupation de santé publique en
France et dans de nombreux pays. En effet, l’environnement intérieur offre une grande diversité de
situations d’exposition à de nombreux agents physiques et contaminants chimiques ou
microbiologiques, dont les conséquences sur la santé sont variables. Différentes sources peuvent
être à l’origine de la présence de polluants dans l’air intérieur : des sources propres au bâti, à son
environnement, à ses équipements ou aux comportements de ses occupants.
Afin de réduire l’exposition à ces polluants de l’air intérieur, il est généralement conseillé de limiter
les sources, d’aérer et de ventiler. Le contexte énergétique actuel est marqué par un renforcement
de l’isolation des bâtiments et un taux de renouvellement d’air de plus en plus maitrisé. Dans ce
cadre, les systèmes d’épuration d’air commercialisés pour le grand public pourraient représenter
une alternative pour améliorer la qualité de l’air intérieur.
Si cette alternative peut représenter une solution séduisante, les systèmes actuels n’ont pas
toujours prouvé leur efficacité et leur innocuité. En effet, peu de données chiffrées sont disponibles
pour juger de l’efficacité d’épuration de ces appareils, dont les technologies peuvent mettre en
œuvre des filtres à particules, une ionisation, des charbons actifs, la photocatalyse ou du plasma
froid. Trois normes ont été publiées sur des méthodes d'essais qui permettent d'évaluer les
performances intrinsèques des épurateurs d'air (efficacité d'épuration vis-à-vis de polluants, calcul
du débit d'air épuré, mesure de la puissance acoustique) (normes XP B44-011, XP B44-013
(2009) et norme NF B44-200 (2016)).
Dans ce contexte, les résultats d’études menées par l’INRS et un consortium scientifique (CETIAT,
LHVP, EDF, LEPTIAB, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Tera Environnement) (Ribot et al.
2006) ont été présentés au comité d’experts spécialisé (CES) « Evaluation des risques liés aux
milieux aériens » en septembre 2011 comme sujet émergent. Ces résultats ont mis en évidence
que les dispositifs d’épuration de l’air mettant en œuvre le principe de la photocatalyse, présentent
une efficacité variable, parfois faible, et peuvent être responsables de l’apparition de sous-produits
réactionnels potentiellement dangereux. Ces résultats concernent des épurateurs d’air
photocatalytiques autonomes commercialisés pour le grand public mais également des appareils
photocatalytiques distribués en milieux industriels.
Parallèlement, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), en partenariat avec l’université
de La Rochelle, a organisé un atelier scientifique le 2 avril 2012 sur l’état des connaissances
scientifiques relatives à l’efficacité et l’innocuité des procédés utilisant la photocatalyse dans les
environnements intérieurs et les perspectives de développement de ces procédés. Cette journée a
réuni les spécialistes du domaine. Les conclusions de cet atelier ont été restituées lors d’une
réunion publique le 25 juin 2012 : Comme les travaux cités précédemment, les conclusions
montraient que si le principe de la photocatalyse présente une efficacité potentielle sur de
nombreux polluants de l’air intérieur, il a surtout de nombreux inconvénients. En effet, les
systèmes et les matériaux photocatalytiques ne sont pas optimisés pour un usage dans les lieux
de vie, l’efficacité n’est pas systématiquement démontrée pour l’air intérieur, notamment en
conditions réelles d’utilisation et il n’existe pas de certification des produits commercialisés. De
plus, les risques liés à l’émission de sous-produits potentiellement nocifs, ainsi que les risques
inconnus liés à l’utilisation de certains agent photocatalytiques comme les nanoparticules de
dioxyde de titane ont également été soulignés (OQAI 2012).
Dans ce contexte, le CES « Evaluation des risques liés aux milieux aériens » a pointé l’importance
de travailler sur cette problématique et a encouragé l’Anses à s’autosaisir sur le sujet (Annexe 1).
1 Les dispositifs utilisés en milieu industriel ; et les systèmes d’épuration d’air intégrés aux systèmes de
ventilation des bâtiments collectifs, sont exclus du champ de la saisine.
2 Le programme de recherche PHYTAIR est né en 2004 sous l’impulsion du CSTB, du LSVF de la Faculté
de Pharmacie de Lille et de l’Association Plant’Air Pur, afin d’étudier les capacités d’épuration des polluants
par les plantes via leurs feuilles de façon passive, sans dispositif de biofiltration ; d’étudier les mécanismes
biologiques impliqués dans l’épuration ; d’étudier le potentiel d’utilisation des plantes dans la biosurveillance
de l’air intérieur par les plantes. Il a été soutenu financièrement par l’ADEME, les Conseils Régionaux du
Nord–Pas de Calais et des Pays de Loire, le CSTB de Nantes et les fonds FEDER.
La revue de la littérature réalisée dans le cadre de ces travaux d’expertise a pour objectif de faire
un état des connaissances sur l’évolution de la qualité de l’air intérieur associée à l’utilisation des
dispositifs d’épuration de l’air intérieur.
Des requêtes ont été formulées dans la base de données bibliographique Scopus pour la période
2008 à 2016 avec les groupes de mots clés suivants :
Indoor air
purification OR treatment OR cleaning OR filtration OR cleaner OR purifier OR filter
Un tri a été réalisé en analysant les titres et les résumés de plus de 2300 publications répertoriées
afin d’éliminer dans un premier temps les publications qui n’entrent pas dans le champ de
l’expertise (classées « hors sujet »). Cette approche a reposé principalement sur l’exclusion des
articles portant sur l’efficacité énergétique, les systèmes centralisés de type HVAC3 ou les
dispositifs à intégrer dans des gaines de ventilation (systèmes dits « in duct »), sur la recherche et
le développement de techniques d’épuration et de nouveau matériaux au stade expérimental, et
sur des locaux particuliers (ex. salle propre - clean room, bâtiments agricoles).
Près de 90% des publications ont ainsi été classées « hors sujet » amenant une base d’environ
200 articles originaux à analyser. Ces articles fournissent en particulier des éléments sur :
un descriptif et une discussion des technologies d’épuration d’air,
des résultats de mesures sur site,
les polluants d’intérêt.
Les publications relatives à des essais réalisés en conditions réelles ou comparables aux
conditions réelles avec des appareils commercialisés ont été privilégiées. Par conditions réelles ou
proches de la réalité, il est entendu des essais réalisés dans des locaux d’habitation ou dans des
« grandes » chambres d’essais, avec un polluant ou un mélange de polluants dans des
concentrations « proches » des concentrations rencontrées dans les environnements intérieurs
tels que les logements. Par conséquent, les références traitant de tests d’efficacité expérimentaux
et de modélisation à la fois au niveau de l’efficacité ou des concentrations ont été a priori écartées
du champ de ce travail d’analyse bibliographique, sauf si ces essais étaient réalisés dans des
conditions proches de conditions réelles.
Pour répondre à la première question liée au recensement des techniques d’épuration, les experts
rapporteurs et le CES ont préconisé la réalisation d’une étude de marché sur les dispositifs
d’épuration en France. Un appel d’offre a été publié par l’Anses au mois d’août 2014 pour la
réalisation d’une telle étude.
3 Le terme HVAC (Heating, ventilation, air conditioning), usuellement utilisé au niveau mondial, fait référence
à des systèmes regroupant les équipements nécessaires pour le chauffage, la ventilation et la climatisation à
l’échelle d’un bâtiment : chaudières/chaufferies, refroidisseurs, centrales de traitement d’air, ventilateurs
d’extraction, filtres, conduits (EPA, 1991). Mais tous les systèmes HVAC ne sont pas conçus pour répondre
à ces 3 fonctions. Une diversité de systèmes HVAC est soulignée et peut être représentée par un appareil
autonome jusqu’à des systèmes centralisés desservant de multiples zones (EPA, 1991).
Le bureau d’étude Nomadéis, en partenariat avec l’ULR-Valor, a été retenu. Nomadéis est un
cabinet de conseil indépendant, spécialisé en développement durable et ULR-Valor est la filiale de
l’Université de La Rochelle dédiée à la valorisation des résultats de la recherche de
l’établissement. L’objet et la méthodologie d’enquête pour la réalisation de l’étude de marché de
l’épuration de l’air intérieur sur une durée de 4 mois (de fin 2014 à début 2015) sont décrits en
Annexe 2.
Deux auditions ont été réalisées dans le cadre de cette expertise. La première de l’association de
consommateurs UFC Que choisir – département des essais comparatifs (Mme Mélanie Marchais
et M. Eric Bonneff), et la seconde de M. Frédéric De Blay et de Mme Martine Ott du CHRU de
Strasbourg, dans l’objectif de recueillir des compléments d’informations sur leurs travaux sur des
produits d’épurations et d’autres part, de recueillir leurs expériences et leurs attentes potentielles
sur ces produits commercialisés en France. Les comptes-rendus de ces auditions figurent en
Annexe 3 et Annexe 4.
3.1 Sources
La qualité de l'air intérieur dépend de l’intensité des émissions provenant des sources de pollution
présentes et du taux de renouvellement de l'air.
Outre la pollution d’origine extérieure (polluants atmosphériques urbains en général, mais aussi
radon, pollens et micro-organismes), les sources de pollution intérieure sont multiples :
Les équipements fonctionnels : appareils à combustion (chaudière, cuisinière à gaz,
chauffe-eau : émissions de monoxyde de carbone et, de dioxyde d’azote), appareils de
chauffage (émission d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) lors de la
combustion de bois, de charbon), équipements électriques (production d’ozone par des
imprimantes laser) ;
Les constituants structurels du bâtiment : matériaux isolants et faux plafonds
(contiennent de l’amiante et d’autres fibres), revêtements de sols, plaques murales…;
Les éléments décoratifs et mobilier (formaldéhyde et autres composés organiques volatils
(COV) émis par exemple par les panneaux en bois agglomérés, les moquettes ; phtalates
émis par les sols et les papiers muraux plastifiés ; acariens issus des poussières de literies
et de moquette…).
Les occupants et leurs activités : tabagisme, utilisation de produits ménagers, bricolage,
acariens, moisissures, animaux de compagnie, etc.
o La fumée de tabac environnementale (ou tabagisme passif) en particulier est
exhalée par le fumeur ou émise par des cigarettes, pipes ou cigares qui se
consument. Cette fumée contient plus de 4 000 substances : monoxyde d’azote,
benzène, monoxyde de carbone, ammoniac, acide cyanhydrique, métaux lourds,
etc.
o Les produits ménagers sont d’importantes sources de COV ; l’emploi de produits
biocides (ex : produits de traitement du bois) et/ou de produits phytosanitaires
(traitement des plantes) constituent notamment des sources d’émissions polluantes.
Les désodorisants d’intérieur, les bougies, encens etc. sont également des sources
de pollution susceptibles de libérer entre autres des COV.
o Le bricolage conduit à l’usage de peintures, laques, résines, papiers, vernis, colle,
et autres produits susceptibles de libérer des COV ainsi que des particules et des
fibres.
- les effets apparaissant suite à une exposition de longue durée à de faibles concentrations
de polluants ou suite à une accumulation de la substance dans l’organisme.
Les études épidémiologiques sur le lien entre pollution de l’environnement intérieur et effets
sanitaires se développent depuis quelques années. Elles ont tout d’abord porté sur les expositions
à la fumée de tabac environnementale et aux biocontaminants, principalement les allergènes et les
moisissures et plus récemment sur les polluants chimiques comme les aldéhydes. Ces études
suggèrent un lien entre l’exposition à des polluants de l’air intérieur en France et la survenue
d’effets respiratoires (Annesi-Maesano et al. 2012, Billionnet et al. 2011).
La présence de polluants n'implique pas nécessairement de conséquences sanitaires. Les effets
sur la santé dépendent du type de polluant(s), de sa (leur) concentration, de la durée d'exposition
(temps passé en présence du polluant) et de la sensibilité de chaque individu.
Tableau 1 : Les principaux polluants de l’air intérieur et leurs effets sur la santé
Effets sanitaires
– Cancer du poumon
Radon
– Cancérogène pour l’Homme - Groupe 1 (CIRC 1987)
– Irritation de la peau, des muqueuses et du tractus respiratoire ;
– Nausées, maux de tête et vomissements, allergie respiratoire ;
– Cancers ;
– Altération de la reproduction et effets sur le développement.
Exemples :
Trichloroéthylène (TCE) et tétrachloroéthylène (PCE) : Effets neurologiques
(symptômes narcotiques) , rénaux et hépatiques (Afsset 2009d, c)
Le TCE est classé cancérogène pour l’Homme (cancers multi-site : foie,
COV poumon, reins, testicules, système hématopoïétique) - Groupe 1 (CIRC,
2012)
Le PCE est classé cancérogène probable chez l’Homme - Groupe 2A
(CIRC 2012b)
Exemples :
Formaldéhyde : effet irritant au niveau respiratoire et oculaire (Afsset
Aldéhydes 2007b)
Cancérogène pour l’Homme (cancer du nasophrasynx) - Groupe 1 (CIRC
2012d)
Effets sanitaires
Groupe 3 (Anses 2013)
Les mesures de politiques publiques pour l’amélioration de la qualité de l’air intérieur se déclinent
depuis 2004 dans le cadre du plan national santé environnement. Les deux premiers plans
(PNSE 1 2004-2008 ; PNSE 2 2009-2014) ont intégré des actions qui visaient à améliorer les
connaissances dans ce domaine et à limiter les sources de pollution à l’intérieur des bâtiments,
mais aussi des actions sur la construction des bâtiments et la maîtrise des installations d'aération,
de ventilation et de climatisation.
La profession de conseillers en environnement intérieur, intervenant généralement sur prescription
médicale pour identifier les diverses sources d’allergènes et de polluants au domicile de personnes
souffrant de maladies respiratoires ou allergiques liées à l’air intérieur, a été développée sous
l’impulsion du 2ème PNSE avec la création de 18 postes sur financement du ministère chargé de
l’environnement.
La réglementation dans le domaine de qualité de l’air intérieur repose à la fois sur la prévention de
la santé publique associée à certains polluants (amiante, radon, monoxyde de carbone, tabagisme
passif) mais aussi sur 2 engagements forts du Grenelle de l’environnement, en 2007:
La mise en place d’un étiquetage des matériaux de construction et de décoration ;
La surveillance de la qualité de l'air intérieur dans les établissements recevant du public.
Les matériaux de construction, les produits de décoration et les meubles sont régulièrement cités
comme des sources de pollution des environnements intérieurs du fait de leurs émissions en
polluants volatils, voire semi-volatils.
Les produits de construction et de décoration vendus en France sont soumis à une obligation
d’étiquetage depuis le 1er septembre 20134. L’étiquette permet d’indiquer de manière simple et
lisible le niveau d’émission du produit en polluants volatils. Ce niveau d’émission est indiqué par
une classe allant de A+ (meilleure classe) à C ; 4 classes étant proposées à partir des émissions
évaluées pour 11 paramètres : 10 COV individuels et les composés organiques volatils totaux
(COVT).
La surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public se met en
place progressivement notamment dans les établissements accueillant des enfants5. L’évaluation
des moyens d’aération et la mesure de polluants (formaldéhyde, benzène) et du dioxyde de
carbone en tant qu’indicateur de confinement sont proposés avec des dispositions particulières de
prévention de la qualité de l’air6.
Les mesures de polluants seront en particulier mises en regard des valeurs-guides réglementaires
pour l’air intérieur et de valeurs déclenchant des investigations complémentaires. Ces valeurs ont
en particulier été fixées dans la réglementation française sur la bases des travaux d’expertise
menés par l’Anses et ayant abouti à l’élaboration de VGAI.
4 Article L221-10 du Code de l’environnement, décret n° 2011-321 du 23 mars 2011 et arrêté du 19 avril
2011 (modifié)
5 Article L221-8 du Code de l’environnement et décret 2011-1728 du 2 décembre 2011
6 Article L221-8 du Code de l’environnement, décret n°2012-14 du 5 janvier 2012
Le 3ème PNSE pour la période 2015 2019, intègre les 26 actions du plan de qualité de l’air intérieur
(PQAI) publié en octobre 2013 (action 49 : mettre en œuvre le plan de qualité de l’air intérieur.
Ces 26 actions sont regroupées en cinq thématiques :
Informer le grand public et les acteurs relais
Développer l’étiquetage pour les produits susceptibles d’émettre des polluants dans l’air
intérieur
Dans la filière du bâtiment, développer les actions incitatives et préparer les évolutions
réglementaires en lien avec la réglementation thermique
Progresser sur le terrain vis-à-vis de pollutions spécifiques
Améliorer les connaissances.
La communication est orientée sur le comportement des occupants afin de rappeler les bonnes
pratiques et de lutter contre les idées fausses sur la qualité de l’air intérieur. Le baromètre santé
environnement 2007 réalisé par l’INPES7, montre que parmi les différents sujets
environnementaux, la pollution de l’air intérieur est l’un des sujets sur lesquels la population se
sent la moins bien informée. Dans ce baromètre réalisé avant la campagne d’information de
l’INPES de 2007, 49 % s’estimaient « plutôt bien » informés, tandis 41 % se déclaraient « plutôt
mal » informés et 10 % n’en avaient jamais entendu parler.
Une information et un étiquetage de certains produits de consommation émetteurs de polluants
volatils est proposée, tels que produits désodorisants (encens, bougies et masquants d’odeur) et
produits d’entretien. Une attention particulière sera portée aux meubles pour enfants. Enfin en lien
avec la rénovation thermique des logements, une vigilance sur la qualité de l’air intérieur sera
portée avec notamment la formation des professionnels du bâtiment et de la santé.
L’une des premières mesures de prévention mise en avant pour améliorer la qualité de l’air
intérieur est d’assurer une aération régulière, même de courte durée de son logement, y compris
en période de chauffage des locaux.
Dans la campagne de l’INPES dédiée à la pollution de l’air intérieur de 2007, trois gestes simples
étaient proposés dont aérer 10 minutes chaque jour et ventiler.
Les systèmes de ventilation (naturelle par des bouches d’aération ou mécanique avec une VMC)
sont normalement conçus pour apporter de l’air neuf aux occupants et évacuer les polluants se
trouvant à l'intérieur des locaux principalement dans les pièces d’eau (cuisine, salle de
bain/douches). Les systèmes peuvent comporter d’autres fonctionnalités, qui peuvent être de
chauffer (et éventuellement refroidir) tout en assurant généralement de façon conjointe le
renouvellement de l'air. On parle alors de conditionnement d’air.
L’OQAI a réalisé un état des lieux de la ventilation dans le parc de logements français (OQAI
2009) à partir des données collectées sur l’échantillon de 567 logements représentatif des 4
millions de résidences principales en France. La moitié des logements se caractérise par des
constructions anciennes (avant 1967) non soumises aux exigences réglementaires instaurant le
7 Depuis le 1er mai 2016, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), l'Institut de
veille sanitaire (InVS) et l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) sont
devenus Santé publique France.
La Figure 1 présente l’estimation des ventes pour les différentes familles de produits ciblés. Les
principales caractéristiques des fabricants et distributeurs de dispositifs d’épuration d’air intérieur
commercialisés en France sont représentés sur la Figure 2.
L’émergence de nombreux produits sous différents formats et reposant sur des technologies plus
ou moins évoluées a été mise en évidence dans l’étude. Les produits peu onéreux et reposant sur
peu d’indications de maintenance représentent la plus grande part des ventes en France.
Une trentaine d’entretiens a été réalisée dans le cadre de cette étude (la liste des experts,
fabricants, distributeurs et prescripteurs auditionnés est présentée en Annexe 2). D’après les
personnes auditionnées, il ressort les éléments suivants en termes de « visibilité/appréhension du
marché » :
Le marché apparaît en pleine évolution. Les innovations porteraient plus sur le design et les
services associés notamment en matière de suivi et de mesures (capteurs, voyants,
indicateur de saturation etc.) et non sur les technologies. Une limitation des dépenses
énergétiques en lien avec la réglementation RT 2012 peut encourager le recours à des
technologies passives.
Le développement du marché à court terme est pressenti de façon unanime en lien
notamment avec la dynamique existante en Asie et aux Etats-Unis et l’importation de
produits.
Le marché est considéré comme très mature en Asie (Corée et Japon en particulier) où des
purificateurs sont couramment utilisés depuis une cinquantaine d’années. Le marché s’est
encore plus fortement développé ces trois dernières années en Chine avec la forte
sensibilisation de la population à la santé et le caractère « hygiéniste » de la culture
asiatique. Le marché américain est également considérable avec un développement sur les
deux dernières décennies en raison des problèmes d’allergie et d’asthme ce qui explique le
marketing fortement axé sur la santé.
L’article R221-30 du Code de l’environnement prévoit une obligation de surveillance de la
qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public par les
propriétaires ou les exploitants des établissements publics ou privés, dont la mise en
œuvre est cependant suspendue.
Que ce soit au niveau des motivations des acheteurs ou des cibles des fabricants, les
profils cités sont en premier lieu les personnes soucieuses de leur santé ou de leur famille,
notamment celles ayant des problèmes d’allergie ou de santé respiratoire, puis celles
sensibles à la problématique de la pollution de l’air. Au-delà d’un certain intérêt des français
pour les thématiques relatives à la pollution de l’air intérieur, il n’est pas observé de
mobilisation forte ni un équipement accéléré des ménages et des professionnels en
produits d’épuration. De même, l’intérêt des prescripteurs tels que les architectes reste
faible.
Par contre, une offre spécifique se développe pour le secteur médical (hôpitaux, cabinets
dentaires ou prothésistes). D’autres secteurs professionnels ont été cités de façon
marginale comme cible : il a été relevé les salons de coiffures et/ou de manucures, hôtels,
pressings et animaleries. La demande pour le secteur tertiaire et résidentiel est envisagée
mais les contraintes de dimensionnement pour le traitement de bâtiments collectifs ont été
soulignées.
Une vigilance est observée sur les informations fournies par les industriels considérées
davantage comme des arguments commerciaux visant à convaincre les consommateurs et
non une information précise sur l’efficacité et l’usage du produit. Le caractère incomplet de
ces informations, voire mensonger ou trompeur a été cité à l’occasion de plusieurs
entretiens.
Enfin, le message important ressortant des entretiens d’experts est que l’amélioration de la
qualité de l’air intérieur passe et doit passer en priorité par la limitation des sources et
l’optimisation du renouvellement d’air (ventilation) ; le recours à l’épuration de l’air intérieur
devant se limiter à des situations très spécifiques.
Les sprays assainissant dominant le marché reposent sur des propriétés biocides (Figure 3). Il est
distingué dans cette étude les produits dits « naturels » à base d’huiles essentielles
principalement, et les désodorisants plus classiques largement distribués dans la grande
distribution, qui peuvent revendiquer une action assainissante, au-delà du masquage des odeurs...
Plus de 80 % des fabricants sont des acteurs spécialisés dans le bien-être, l’aromathérapie, la
phytothérapie, les cosmétiques et la propreté (produits d’entretien). Ces produits sont vendus en
grande surface ou dans des enseignes spécialisés, magasins bio et/ou des
pharmacies/parapharmacies.
67 % d’entre eux revendiquent une action, autre qu’un masquage, sur les odeurs rejoignant
l’appellation de sprays désodorisants et 60 % une action sur les biocontaminants.
L’intérêt du public pour ces produits est confirmé par les chiffres de vente. Plusieurs des acteurs
auditionnés ont souligné le manque d’études sur l’efficacité mais aussi sur les émissions de ces
produits.
Pour les autres familles de produits d’épuration, une diversité de technologies est mise en œuvre
dans les systèmes notamment au niveau des appareils autonomes avec en tête la filtration
mécanique (45%) souvent combinée à d’autres technologies (ionisation, adsorption physique etc.)
(Figure 4, Figure 5 et Figure 6). Le principe de ces différentes technologies est précisé dans le
chapitre 5.
La moitié des produits repose sur une seule technologie d’épuration d’air. Pour l’autre moitié, il
peut y avoir jusqu’à 5 technologies associées, correspondant pour la plupart à une succession de
couches de filtration complémentaires.
Il est à souligner cependant certaines limites. En effet, à l’occasion de l’étude conduite, il n’a pas
toujours été possible de classer certains épurateurs d’air intérieur compte tenu des incertitudes sur
les principes d’épuration mis en œuvre et aux informations peu précises fournies par les
fabricants.
3% 3% 0% 0% Biocides (75)
4% Ionisation (56)
Ads. chimique (21)
5% Photocatalyse (20)
32% Ozonation (14)
6%
Désinfection thermique (13)
6% Filtration mécanique (13)
Lessivage eau (10)
8% UVC (7)
Ads. physique (6)
9% 24% Biocatalyse (1)
Filtration électronique (1)
Figure 3 : Technologies les plus utilisées par les produits mobilisant une seule technique d’épuration
Filtration mécanique
Ionisation
Ads. Physique
Biocides
Photocatalyse
Plasma froid
Appareils autonomes
Filtration électronique
Ozonation Climatiseurs
UVC Matériaux
Ads. Chimique Sprays
Désinfection thermique
Autres
Lessivage eau
Autre catalyse
Autre
Biocatalyse
L’analyse globale réalisée dans l’étude montre que les polluants traités selon les revendications
des produits recensés sont par ordre décroissant :
Des polluants gazeux organiques en intégrant les odeurs dans cette catégorie, pour 75%
des produits recensés. De façon générale, il est cité une action sur les COV,
hydrocarbures, aldéhydes, cétones et spécifiquement sur le formaldéhyde, le benzène, le
toluène, l’éthylène, le glutaraldéhyde et le phénol.
Le traitement des odeurs est une des revendications principales quelle que soit la famille
de produits (59% des appareils). A noter que les appareils autonomes, les sprays et les
autres articles ciblent beaucoup les odeurs. Les termes employés sont diversifiés ; il a été
relevé : mauvaises odeurs / odeurs déplaisantes / odeurs désagréables avec dans certains
cas des éléments plus précis comme : odeurs de tabac, cuisine, poubelles, toilette,
moisissures, renfermé, animaux, peinture, chaussures.
Les biocontaminants (68% au total) en distinguant les allergènes (pollens, acariens et
animaux) (54%) dont l’épuration est principalement revendiquée par les appareils
autonomes et climatiseurs.
Là encore, une diversité de termes est employée pour décrire les biocontaminants traités :
biocontaminants aéroportés/ micro-organismes aéroportés, micro-organismes (nuisant à la
santé pour un produit), organismes microscopiques en suspension jusqu'à 0,3 micron ou
jusqu'à 0,01 micron, éléments pathogènes, spores de moisissures, moisissures,
champignons, bactéries (légionnelles, E. Coli précisées dans quelques cas), virus avec
l’identification spécifique du virus de la grippe et H1N1, germes, mites, Bacille (dont EHEC
pour un produit), microbes, levures. Des revendications portent aussi sur les pellicules,
squames et poils d'animaux domestiques, punaises de lit et mites.
Les particules (57%) dont l’épuration est principalement revendiquée par les appareils
autonomes et climatiseurs en cohérence avec la mise en œuvre de la filtration mécanique.
Les terminologies employées sont les suivantes : poussières (avec quelques fois les
précisions suivantes : fines, de toner, de chantier, d’oiseaux), particules (fines, petites,
grosses, micro, aéroportées, dans l’air, diesel, en suspension, de toutes tailles, de toutes
sortes, PM2,5 et PM10, nocives/polluantes, de saleté), fibres, cendres, cheveux, peluches,
squames, poils.
Pour deux produits d’un même fabricant, il est mentionné la pollution minérale (amiante,
carbone, poussières de métaux, fibres d'isolants, poussières de ciment, fibres textiles).
Des polluants inorganiques (6%) : ozone (O3), oxydes d’azote (NOx), ammoniac (NH3), le
dioxyde de carbone (CO2), Notons que le mercure est cité pour un appareil autonome
intégrant une technologie d’adsorption physique et de filtration mécanique.
De nombreux termes génériques sont aussi utilisés : la fumée (40%) que ce soit de tabac, de
cigarette, de combustion, de soudure ou encore suie ; puis faisant référence à des « polluants de
l’air»9, à des problèmes de santé avec les 2 cas suivants « Rhumes, bronchites, sinusites » et « le
manque de concentration, les maux de tête chroniques, le Syndrome des bâtiments malsains, à
des produits de consommation « Insecticides, photocopieuse, spray pour cheveux », à des
paramètres « humidité, ions négatifs, oxygène actif, électricité statique, cations produits par des
appareils électriques, charges électrostatiques » et enfin des accroches commerciales «assainit
l'air, maison saine et fraiche, air propre et revitalisant, purifie et rafraîchit l'atmosphère, purifie,
assainit et rafraîchit l'atmosphère » qui ne détaillent pas les polluants traités, ceci étant
principalement constaté pour les produits commercialisés sur les plateformes de vente en ligne.
Les appareils autonomes et les climatiseurs sont les produits ayant la plus grande étendue de
polluants traités à relier à la diversité des technologies mises en œuvre (Figure 7).
9 Pollution, pollutions ambiantes, polluants communs de l'air intérieur, polluants nocifs, polluants
atmosphériques/polluants contenus dans l'atmosphère, pollution de combustion, pollution domestique et
industrielle, pollution volatile, micro-polluants, résidus toxiques, substances polluantes, déchets organiques
et de cuisine, gaz industriels, gaz d'échappement, émanations de véhicules, substances chimiques/ gaz
chimiques nocifs/ composés chimiques, substances gazeuses toxiques, gaz toxiques
Figure 7 : Polluants traités par les différentes familles de produits recensés et nombre de références par polluant et type de produits
Figure 8 : Mécanismes de capture des particules sur une fibre – Effet de diffusion
L’interception directe (Figure 9) : les particules possédant une faible inertie peuvent suivre
les lignes de courant du fluide porteur lorsqu'elles contournent les fibres. La particule sera
interceptée lorsque la distance de la particule à la surface de la fibre sera inférieure à son
rayon.
Figure 9 : Mécanismes de capture des particules sur une fibre – Effet d’interception
L’impaction inertielle (Figure 10) : les particules ayant suffisamment d‘inertie quittent les
lignes de courant lors de changements brusques de direction ou lors d’accélérations au
voisinage de la fibre, pour s'y impacter. Ce mécanisme est prépondérant pour les particules
de taille importante (dp > 0,1 m).
Figure 10 : Mécanismes de capture des particules sur une fibre – Effet d’inertie
Le tamisage (Figure 11) : Les particules d’un diamètre supérieur à la distance entre deux
fibres ne peuvent pas passer.
Figure 11 : Mécanismes de capture des particules sur une fibre – Effet tamisage
Il convient de noter qu’en filtration de l’air, on essaie généralement de retenir les particules de
petite dimension. Les mécanismes d’interception et de diffusion sont donc privilégiés.
Pour cela la vitesse de l’air dans les médias fibreux est réduite pour augmenter la probabilité du
contact particule/fibre.
Figure 12 : Efficacités pour chaque mécanisme de capture et totale - Adapté de (Bailly, Clerc-Renaud,
et Rutman 2001)
Le plus grand risque avec les filtres est l'encrassement, c'est pourquoi il est fortement indiqué de
disposer de préfiltres. En effet plus le pouvoir de filtration est élevé, plus le filtre s'encrasse
rapidement. Une maintenance régulière avec changement des filtres est donc nécessaire.
5.1.2.1 Généralités
L’ionisation est la transformation d’un atome ou d’une molécule électriquement neutre en ion, par
la perte ou le gain d'un ou plusieurs électrons.
Il existe plusieurs procédés permettant d’ioniser un atome ou une molécule. On distingue par
exemple :
l’ionisation par impact électronique : un faisceau d’électrons accélérés rencontre un atome
ou une molécule et lui arrache lors du choc un ou plusieurs électrons,
l’ionisation par l’action de rayonnements : un atome ou une molécule est soumis à l’action
d’un rayonnement de longueur d’onde suffisamment énergétique pour éjecter un électron
périphérique.
Les systèmes d’épuration utilisant le principe de l’ionisation utilisent le plus souvent des procédés
d’ionisation par impact électronique, dont les deux techniques les plus couramment utilisées sont
l’ionisation par décharge couronne (corona) et l’ionisation par décharge à barrière diélectrique
(BDB).
La décharge couronne
L’ionisation par décharge couronne se produit lorsqu’un potentiel élevé est appliqué entre une
électrode active, une pointe ou un fil de petit diamètre et une électrode passive, généralement une
plaque ou une grille reliée à la terre (Figure 14). La quantité d’ions produits augmente avec la
tension appliquée et le nombre d’électrodes. La dispersion des ions est obtenue par répulsion
électrostatique.
Une décharge « corona » peut être positive ou négative selon la polarité de l’électrode active.
D’après sa définition, le terme ionisation devrait être considéré comme un terme générique
désignant toutes les formes d’exploitation de l’électricité pour le traitement de l’air. Mais en
pratique, il est généralement utilisé pour les deux applications ci-dessous (Blondeau et al. 2007).
Il existe deux types de systèmes d’épuration utilisant le principe de l’ionisation de l’air : les
appareils à ionisation simple et les précipitateurs électrostatiques. Les filtres à particules utilisant le
principe de l’ionisation de l’air sont qualifiés de filtres électroniques.
En théorie, ces systèmes visent à précipiter les particules, soit sur les surfaces du bâtiment, soit
sur les précipitateurs électrostatiques. Dans la pratique une action sur les molécules gazeuses
peut également être observée par l’action des radicaux formés par les liaisons entre les élections
libres et l’O2 (Blondeau et al. 2007). Les interactions entre les COV et ces radicaux conduisent à
une suite de réactions chimiques en chaîne qui doit conduire à une minéralisation lorsque la
réaction est complète. C’est ce qui est recherché dans le plasma décrit dans le chapitre 5.2.1,
toutefois ces réactions ne sont pas exclues dans l’ionisation simple.
Figure 15 : Exemple de précipitateur électrostatique utilisé en unité de gaine (Ribot et al. 2006)
5.2.1 Plasma
Le plasma est un état de la matière constitué d’un gaz ionisé. Le terme plasma désigne un gaz
composé d’un mélange de particules neutres, d’ions positifs (atomes ou molécules ayant perdu un
ou plusieurs électrons) et d’électrons libres.
La formation d’un plasma est obtenue lorsqu’un gaz est soumis à un champ électrique de forte
intensité ou à un champ électromagnétique intense ou à des températures suffisamment élevées,
ou lorsqu’il est bombardé par des particules. Il en résulte une ionisation du gaz.
Lorsque l’ionisation est assez importante pour que le nombre d’électrons par unité de volume soit
comparable à celui des molécules, le gaz devient alors un fluide très conducteur appelé plasma.
5.2.2 Ozonation
La molécule d’ozone (O3) est formée de trois atomes d’oxygène de formule O3. La molécule
d’ozone est très réactive et relativement instable. Elle a une tendance naturelle à se décomposer
en dioxygène (O2) et oxygène atomique (O) qui va réagir avec d’autres composés chimiques
jusqu’à les décomposer. Cette capacité à céder facilement un atome d’oxygène lui confère un très
fort pouvoir oxydant. Le principe de l’épuration par ozonation repose sur cette propriété de l’ozone
à pouvoir générer des réactions de décomposition.
L’ozone trouve de nombreuses applications industrielles, en particulier dans le traitement de l’eau,
grâce à ses propriétés oxydantes et désinfectantes. Compte tenu de ses propriétés physico-
chimiques, l’ozone est également utilisé dans le domaine de l’épuration de l’air pour oxyder et
dégrader certains composés organiques.
Le principe de l’épuration de l’air par l’ozone repose sur l’émission dans l’air d’ozone par des
générateurs d'ozone ou ozoneurs. Les principales techniques de génération d’ozone reposent sur
les deux principes suivants :
• la photodissociation de l'O2 sous l'action des rayons UV d’une lampe à vapeur de mercure,
• la décharge électrique dans un flux d'air ou d'oxygène (on parle de décharge à effet
corona).
La génération d'ozone par décharge électrique est la technique la plus utilisée.
Un générateur de décharge corona est constitué de deux plaques métalliques (électrodes)
séparées par une couche d’air et un isolant électrique de constante diélectrique élevée, comme la
céramique ou le verre borosilicaté. Une différence de potentiel élevée est appliquée entre les deux
électrodes afin de générer une décharge électrique dans la couche d’air. La décharge électrique
créée (décharge-corona) provoque la dissociation de la molécule d'oxygène et la formation de
deux radicaux d'oxygène. Ces radicaux formés se combinent avec les molécules d'oxygène pour
former la molécule d'ozone.
Les systèmes d’épuration de l’air utilisant des ozoneurs revendiquent des capacités à éliminer les
odeurs et les micro-organismes.
La biofiltration est une technique de traitement qui appartient à la famille des procédés de
traitement biologique. Ces procédés sont basés sur la capacité de certains micro-organismes à
métaboliser les polluants.
Le principe général du traitement est décrit par la réaction d’oxydation exothermique des
composés présents dans l’effluent gazeux conduisant à la formation de biomasse, d’eau, de
dioxyde de carbone et de produits minérqui repose suraux.
Micro-organismes
Substrat + O2 Biomasse + CO2 + H2O + chaleur + produits minéraux
La biofiltration est à ce jour, parmi les techniques biologiques de traitement d’air, la technique
biologique ayant fait l’objet du plus grand nombre d’applications industrielles. Depuis quelques
années, des travaux portent sur son utilisation en traitement de l’air intérieur (Lu et al. 2010,
Ondarts 2008, Ondarts et al. 2012, Wang et Zhang 2011). Ses principales caractéristiques sont
détaillées ci-dessous.
5.2.3.1 Le procédé
La biofiltration (Figure 16) est une technique caractérisée par sa relative simplicité de mise en
œuvre. En effet, cette technique consiste à forcer le passage du gaz à traiter au travers d’un
matériau de garnissage colonisé par les micro-organismes épurateurs maintenu à un taux
d’humidité optimal.
Les biofiltres sont des réacteurs garnis d’un matériau support sur lequel des microorganismes
épurateurs se développent sous forme de biofilm. Le traitement des effluents gazeux par
biofiltration repose sur une première étape de transfert des polluants vers le biofilm, où ils sont
alors oxydés par la biomasse immobilisée. La nature du matériau de garnissage, le mode
d’inoculation, le taux d’humidité et le pH font partie des paramètres opératoires déterminants, qui
influencent à la fois les performances épuratoires et les communautés microbiennes impliquées
dans les biofiltres.
Biofilm
Arrosage Transfert
périodique Adsorption/ COV COV
Désorption O2 O2
Gaz
pollué Biodégradation 1
Multiplication
Support Gaz
Figure 16 : Schéma illustrant le principe de fonctionnement d’un biofiltre et les principaux mécanismes
impliqués dans la biofiltration (P1, Pn : sous-produits et intermédiaires de réaction. Sx : autre substrat
(provenant du support organique, de la matrice EPS ou de la mort cellulaire). D’après Deshusses (1997) et Fanlo
(1998)
Les microorganismes peuvent provenir du matériau filtrant, d’une suspension de boues activées
ou d’un inoculum spécialisé introduit avant la mise en route du biofiltre. L’inoculation du matériau
filtrant avec une microflore complexe acclimatée aux polluants est une pratique courante qui
permet d’accélérer le démarrage du biofiltre. Les boues activées issues de stations d’épuration des
eaux usées sont aussi très souvent utilisées. Elles renferment une grande diversité de
microorganismes potentiellement capables de dégrader une large variété de polluants.
Afin d’optimiser les mécanismes de transfert de gaz et d’adsorption, certains paramètres doivent
être pris en compte lors de la mise en œuvre du biofiltre.
Pour répondre à toutes ces attentes, la composition du matériau support peut être complexe. Les
matériaux les plus couramment utilisés sont la tourbe ou le compost comme support de base. Le
charbon actif est souvent utilisé comme agent tampon vis à vis des fluctuations de concentrations
en polluants en entrée du réacteur.
De nombreux travaux visent à améliorer ou à mettre au point un matériau adapté à la biofiltration,
étant donné que la nature de celui-ci influe largement sur les performances du système.
5.2.3.3 Bilan
Le coût d’installation d’un biofiltre dépend du volume du gaz à traiter, de la nature et de la
concentration en polluants, de la localisation de la source de pollution, des équipements et unités
nécessaires pour le prétraitement de l’air en amont du biofiltre auxquels se rajoutent des éléments
périphériques (canalisations, filtres, échangeurs, ventilateurs...). Les coûts de fonctionnement
d’une unité de biofiltration dépendent de la consommation énergétique, de la nature du matériau
filtrant et de sa durée de vie, de la consommation d’eau et d’éléments nutritifs et de la
maintenance des différents équipements de l’unité.
Même si chaque installation répond à des critères spécifiques (nature de l’effluent gazeux à traiter,
localisation de la source de pollution, critères inhérents au lieu d’implantation), toute installation de
biofiltration se doit de respecter les différents points discutés ci-dessus.
Dans le cas de la mise en œuvre de la biofiltration en traitement de l’air intérieur, des
considérations particulières doivent être prises en compte, comme en particulier le très faible
niveau des concentrations de polluants à éliminer ou encore la possible génération d’aérosols
microbiens.
5.2.4 Catalyse/photocatalyse
5.2.4.1 Photocatalyse
5.2.4.1.1 Généralités
Objet d’un intérêt croissant depuis quelques années, la photocatalyse est très souvent considérée
comme une technique universelle, simple, « non polluante » et extrêmement efficace. Elle
présente de nombreux avantages dont celui d’opérer à température ambiante et à pression
atmosphérique. Si les conditions opératoires optimales sont réunies, les produits issus de la
minéralisation complète des polluants à dégrader, sont l’eau, le dioxyde de carbone, l’azote et
d’autres espèces minéralisées qui ne nécessitent, a priori, pas de traitements ultérieurs.
La photocatalyse a montré ses capacités oxydantes sur un large panel de composés tels que les
colorants (Li et al. 2006, Wang, Silva, et Faria 2007), les pesticides (Herrmann et Guillard 2000),
les polluants organiques des eaux usées (Hamill, Weatherley, et Hardacre 2001, Bousselmi et al.
2000), les substances chlorées (Alberici et al. 1998, Gérardin et al. 2013) et bien d’autres COV
(Cloteaux et al. 2014, Zuo et al. 2006, Kim et al. 2002) (Figure 17). Elle est en outre, de plus en
plus utilisée à des fins de désinfection, touchant différents microorganismes que ce soit des
bactéries, des champignons ou même des virus (Faure et al. 2011).
Cette vision, idéaliste voire utopique, est fréquemment employée pour présenter cette technique.
Toujours est-il que les conditions optimales menant à la minéralisation complète des polluants sont
rarement rassemblées et que des sous-produits de dégradation, parfois plus toxiques que les
polluants à éliminer initialement, sont alors formés. Par conséquent, la question de l’innocuité de la
photocatalyse reste complète à ce jour et demande une meilleure prise en compte du problème
par la communauté scientifique.
5.2.4.1.2 Principe
La photocatalyse est une réaction de catalyse hétérogène où le catalyseur est activé par un
rayonnement lumineux d’énergie suffisante. Un catalyseur idéal est une substance qui augmente
notablement la vitesse d’une réaction chimique sans être elle-même transformée de façon
définitive. L’activité catalytique dépend à la fois du degré de dispersion des agents actifs du
catalyseur, de sa forme, de sa structure poreuse, de sa surface spécifique. En photocatalyse, les
catalyseurs sont des semi-conducteurs tels que les oxydes ou les sulfures (TiO2, ZnO, CeO2, CdS,
ZnS, etc.). Le dioxyde de titane est le catalyseur le plus utilisé en photocatalyse de par son faible
coût et ses performances élevées (Mills et Le Hunte 1997). Il est pris comme exemple pour
présenter le mécanisme photocatalytique dans ce qui suit.
La réaction de catalyse hétérogène est classiquement décomposée en sept étapes (Figure 18) :
Étape 1. La migration diffusionnelle des réactifs de la phase fluide vers la surface du grain
de catalyseur : diffusion externe.
Étape 2. La migration diffusionnelle des réactifs dans les pores du grain : diffusion interne.
Étape 3. L’adsorption des réactifs.
Étape 4. La réaction de surface ou superficielle.
Étape 5. La désorption des produits de réaction.
Étape 6. La diffusion interne des produits.
Étape 7. La diffusion externe des produits.
adsorption
réactifs 1 réactifs
2 3
réactifs
réaction sites
produits produits 4
7 actifs
6
grain pore 5
désorption
diffusion diffusion produits
externe interne
Figure 18 : Les différentes étapes d’une réaction de catalyse hétérogène (Cloteaux 2015)
On parle de limitation par la cinétique physique, ou de régime diffusionnel, lorsque ce sont les
étapes de transfert interne ou externe qui limitent la vitesse de dégradation. Quand ce sont les
étapes d’adsorption, de désorption ou la réaction en surface qui sont les étapes les plus lentes, on
parle de limitation par la cinétique chimique ou de régime chimique. Mehrotra, Yablonsky, et Ray
(2003) ont mis en évidence des phénomènes de limitation par le transfert de matière et de lumière
lors de l’utilisation de suspension de particules de TiO2 pour des charges en catalyseur élevées.
En faisant varier les conditions expérimentales, ils ont pu identifier les domaines de limitation
chimique, de limitation par le transfert interne et de limitation par le transfert de lumière.
10 Air ambiant / air extérieur : En référence à la réglementation relative à la surveillance de la qualité de l’air
(code de l’environnement – article Articles R221-1 à R221-3), le terme « air ambiant » est employé pour
désigner l’air extérieur en distinction avec l’air intérieur. Dans le document, la désignation « air extérieur »
correspondra à « air ambiant »
avec un débit variable selon les modèles et les fabricants et peut atteindre plusieurs centaines de
m3.h-1. Le temps de séjour dans ces appareils est habituellement inférieur à la seconde et l’air
s’écoule tangentiellement au support photocatalytique (flux léchant).
5.3 UV
5.3.1.1 Généralités
La photochimie est le domaine qui relève des processus chimiques induits par la lumière et les
radiations qui la composent. Les possibilités de la photochimie sont très vastes et les réactions
photochimiques sont multiples et diverses comme peuvent l’être les réactions chimiques. La
lumière permet des transformations nouvelles, accélère des réactions déjà connues ou encore
aide à les orienter. Dans le domaine de la chimie organique, la lumière peut être un agent de
synthèse. La lumière peut également être un agent de destruction de la matière comme pour le
cas dans les réactions photolytiques.
Les applications industrielles de la lumière pour la synthèse sont peu nombreuses. En revanche,
l’utilisation de celle-ci composée de radiations relativement énergétiques telles que les ultraviolets
(UV) se développe comme moyen d’épuration d’effluents liquides ou gazeux. Si la lumière permet
d’induire et de de promouvoir des réactions, elle est actuellement couramment employée à des
fins germicides.
convenable (Scacchi et al. 1996), c’est-à-dire une longueur d’onde absorbée assez faible pour que
l’énergie soit suffisante pour induire la dissociation de la molécule.
Appliquée au traitement de composés organiques volatils (COV), cette technique de
photooxydation présente un intérêt lorsque que des radiations très énergétiques sont mises en
œuvre. En effet, des radiations de longueurs d’onde inférieures à 200 nm permettent de produire
de l’ozone à partir de l’oxygène présent dans l’air à traiter. Ainsi, l’oxydation des composés
organiques en présence à la fois d’UV lointains et d’ozone présente une efficacité plus importante
que celle qui serait obtenue en présence d’UV moins énergétiques seuls.
Les mécanismes qui interviennent dans un tel processus intègrent donc une photolyse « directe »
et la combinaison de la photolyse et de l’oxydation chimique. La prédominance des différents
mécanismes du processus dépend non seulement des propriétés de la source lumineuse
(longueur d’onde, intensité), de la concentration et de la nature du composé organique mais
également de la concentration en ozone et de l’humidité relative.
La photolyse directe
Le rendement de la photolyse directe est proportionnel au nombre de photons absorbés par unité
de temps et dépend également du rendement quantique global de la réaction. De manière
schématique, le rendement quantique global correspond au rapport du flux de molécules
décomposées par le flux de photons absorbés. Dans le cas de faibles concentrations de COV,
l’absorption des radiations est proportionnelle à la concentration en polluants.
L’oxydation chimique
Les processus oxydants observés dans ce contexte sont induits principalement par l’ozone et les
radicaux hydroxyles. Ces radicaux sont générés pour une large proportion par la décomposition de
l’ozone selon le mécanisme suivant :
O3 + h ->O. + O2
O. + H2O -> 2 OH.
Le rendement quantique de la décomposition de l’ozone est dans ce cas dépendant de la
présence de vapeur d’eau. L’oxydation des espèces organiques présentes est réalisée par les
radicaux hydroxyles.
5.3.2 Applications
A ce jour, les applications commerciales de cette technologie dans le domaine tertiaire ou dans
l’habitat concernent principalement l’élimination d’aérosols microbiens avec la mise en œuvre de
radiations UVC. En revanche, rares voire inexistants sont les dispositifs destinés à décomposer les
COV par photolyse directe ou par la combinaison « photolyse – oxydation chimique ». Néanmoins,
la pertinence de cette dernière appliquée au traitement des COV a été démontrée en laboratoire
sans toutefois aborder la question des sous-produits induits (Wang et Ray 2000).
5.4.1 En France
5.4.2 A l’international
5.5 Normes
Trois normes ont été publiées sur des méthodes d'essais qui permettent d'évaluer les
performances intrinsèques des épurateurs d'air : efficacité d'épuration vis-à-vis de polluants, calcul
du débit d'air épuré, mesure de la puissance acoustique. Elles sont succinctement présentées ci-
dessous.
L’objectif de cette norme est de définir des méthodes d’essais pour évaluer les performances
intrinsèques des épurateurs d’air autonomes pour application tertiaire et résidentielle. Elle est
également applicable aux climatiseurs individuels autonomes qui présentent une fonction
d’épuration d’air.
Les méthodes d’essais définies dans cette norme permettent de mesurer l’efficacité des
épurateurs vis-à-vis de polluants d’essais qui représentent les :
- gaz (mélange d’acétone, d’acétaldéhyde, de formaldéhyde, d’heptane et de toluène)
- microoroganismes (bactérie - Staphyloccocus epidermidis et champignon - Aspergilus
niger),
- allergènes (chat Feld 1 – Felis domesticus 1),
- particules inertes (particules de DiEthylHexylSebacate – DEHS, de 0,3 à 0,5 µm).
La norme permet également de mesurer certains produits intermédiaires de réactions (ozone,
monoxyde de carbone, monoxyde d’azote, dioxyde d’azote) ainsi que la puissance acoustique de
l’épurateur.
Les essais sont conduits sur un banc d’essai simulant un passage unique des polluants dans
l’épurateur.
L’exploitation des résultats des essais permet de calculer le débit d’air épuré de l’épurateur.
Cette norme est applicable quelle que soit la technique d’épuration. Elle peut être complétée par
les deux normes suivantes pour les appareils fonctionnant sur le principe de la photocatalyse.
Deux normes étrangères ont été recensées, l’une aux Etats-Unis (ANSI/AHAM AC-1-2002 avril
2002) et l’autre au Japon dans le rapport de (Ribot et al. 2006) sur la mise en place du protocole
de qualification des appareils d’épuration d’air. en 2006. Les recherches complémentaires n’ont
pas permis d’identifier d’autres normes.
Japan Electrical Machinery Association Standard (JEM 1467) au Japon : Purificateurs d'air
à usage domestique (mars 1995).
Cette norme permet d’évaluer les performances de deux fonctions des épurateurs : la collecte des
poussières et la désodorisation.
o Collecte des poussières
L’essai doit être réalisé dans une pièce d’un volume de 20 à 30 m3 avec comme source de
polluant de la fumée de cigarette (de marque Mild Seven). L'étanchéité de la pièce doit être telle
que la concentration en poussières après 30 minutes est supérieure à 80 % de la valeur initiale. La
concentration initiale, avant mise en route de l'épurateur, doit être comprise entre 1 et 5 mg/m³.
Après la mise en fonctionnement de l’épurateur, l'essai se poursuit jusqu'à ce que la concentration
en poussières soit égale à un tiers de la valeur initiale.
La méthode d'essais décrite par la norme JEM 1467 permet de déterminer le débit d'air et le débit
d'air épuré de l'épurateur, à l'état initial (appareil neuf) et après qu'il ait été encrassé avec de la
fumée de tabac.
Pour les essais de désodorisation, l’épurateur est installé dans une enceinte d'un volume de 1 m³,
et les trois gaz suivants sont étudiés : ammoniac, acétaldéhyde et acide acétique. Ces gaz sont
générés par la combustion de 5 cigarettes de marque Mild Seven. Préalablement à l'essai
proprement dit, l'enceinte est polluée en faisant fonctionner un fumoir à cigarettes.
Lorsque l'épurateur ne fonctionne pas, la décroissance naturelle doit être telle qu'après 1 heure la
concentration résiduelle en gaz est au moins égale à 70 % de la valeur initiale. L'épurateur d'air est
mis en route après la combustion des cigarettes et la concentration résiduelle en gaz est mesurée
après 30 minutes de fonctionnement de l'épurateur. Le résultat est exprimé en taux d'élimination
des polluants pour chacun des trois gaz.
La pondération attribuée aux différents gaz tient compte du seuil minimal qui est la concentration
minimum détectée par l'homme.
Dans le cadre de ces missions, l’ARCAA a mis en place deux labels « allergènes contrôlés » et
« air intérieur contrôlé », qui sont délivrés par son comité d’approbation HQE-A (Haute Qualité
Environnementale pour allergiques). Ces labels peuvent concerner des détergents, des fibres
textiles, des aspirateurs… La liste des produits labélisés est disponible sur son site internet.
Un référentiel médical est constitué par différents critères préalablement approuvés par un
organisme indépendant équipé de laboratoires qualifiés.
La communication des résultats des tests obtenus par l'organisme indépendant seront
validés, après leur lecture, par deux médecins experts de l'ARCAA en charge du dossier de
labellisation, contresignés par le (la) Président(e) de l'ARCAA pour caution finale.
Les critères appliqués dépendent donc du type de produit et ne font pas l’objet d’un référentiel
« standardisé ». Concernant les épurateurs d’air, d’après le site internet de l’ARCAA, seul un
épurateur a été labélisé, en 2012. Le site ne mentionne pas si des demandes de label ont été
formulées pour d’autres produits sans succès. Depuis janvier 2014 la labélisation des épurateurs
d’air est suspendue.
Pour rappel, ces procédés sont basés sur la génération d’ions, qui va entrainer le chargement des
molécules et particules en suspension dans l’air. Dans le cas de l’ionisation simple, les particules
de même charges vont se repousser et se déposer sur les surfaces (sol, murs, meubles…), alors
que les particules de charges opposées vont s’attirer et former des particules plus lourdes qui vont
se déposer sur les surfaces plus rapidement (Luengas et al. 2015).Ces particules peuvent donc
être remises en suspension, alors que dans le cas de la filtration électrostatique, ou précipitation
électrostatique, les particules ionisées sont collectées sur des plaques chargées, qui doivent être
nettoyées régulièrement pour maintenir l’efficacité.
Les générateurs d’ions revendiquent une élimination des polluants de l’air intérieur et/ou une
amélioration du bien-être et de la perception de la qualité de l’air intérieur (Siegel et al. 2008).
L’étude de marché a montré que l’ionisation était la technique intégrée la plus rependue après la
filtration, avec 40 % des dispositifs recensés pour l’ionisation simple et 7 % des dispositifs pour la
précipitation électrostatique. Dans 75 % des cas, l’ionisation est associée à une ou deux autres
technologies, principalement la filtration électronique.
D’après Siegel et al. (2008) qui ont réalisé une revue de la littérature et une synthèse de leurs
travaux sur l’utilité des générateurs d’ions dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, environ
8 % des foyers californiens seraient équipés de ionisateurs d’air. Ces systèmes d’épuration sont
assez prisés, car ils sont peu bruyants et consomment moins d’électricité que les autres systèmes,
notamment ceux fonctionnant avec des filtres mécaniques de type particules aériennes à haute
efficacité (High Efficiency Particulate Air(HEPA)).
L’analyse de la littérature de ces huit dernières années a permis d’identifier quelques études
expérimentales sur la réaction des ions négatifs avec les polluants de l’air intérieur et l’émission de
produits secondaires, dont une se rapprochant de conditions réelles, en termes de volume de la
chambre d’essai.
Tableau 3 : Impact des générateurs d’ions sur la perception de la qualité de l’air (Siegel et al. 2008)
Impact du
Utilisation d’un
générateur d’ions
Nombre de Perceptions/symptômes placébo et/ou
Référence sur la fréquence
sujets évaluées dans l’étude population de
et la sévérité des 2
1 référence
symptômes
ouvert/oppressant,
agréable/désagréable,
sec/humide, frais/renfermé,
confortable/inconfortable,
appaisant/irritant,
vivifiant/somnolent,
Fishman (1981) 8 Sans effet Placebo
calmant/excitant,
plaisant/ennuyant,
bon/mauvais, peau
sèche/peau humide, yeux
secs/yeux humides, nez
dégagé/nez congestionné
Impact du
Utilisation d’un
générateur d’ions
Nombre de Perceptions/symptômes placébo et/ou
Référence sur la fréquence
sujets évaluées dans l’étude population de
et la sévérité des 2
1 référence
symptômes
poussières et saletés,
Richardson et al. Population de
7 courant d’air, air renfermé, Amélioration
(2001) référence
air sec
1 «
Amélioration significative » renvoie à une significativité statistique définie par chaque auteur. « Amélioration » et
« sans effet » signifient qu’il n’y a pas de significativité statistique.
2
« Placebo » indique que les symptômes ont également été évalués en présence d’un épurateur factice qui semblait
fonctionner et « Population de référence » signifie que les symptômes ont été comparés à une population de référence
dans un environnement identique ou similaire en l’absence de générateur d’ions.
Trois indices de symptômes ont été construits sur les bases de questionnaires portant sur les trois
semaines d’intervention :
Symptômes cutanés (échelle de 0 à 8) : sécheresse, rougeurs, démangeaison et sensation
de brûlure au visage.
Symptômes des membranes muqueuses (échelle de 0 à 8) : irritation nasale, de la gorge,
des yeux, ou toux.
Symptômes généraux (échelle de 0 à 10) : fatigue, sensation de tête lourde (« heavy-
headed »), céphalées, nausées ou troubles de la concentration.
Des mesures physiologiques ont été également été réalisées :
Congestion nasale par rhinométrie acoustique,
Débit expiratoire de pointe (DEP).
La diminution moyenne de la concentration en particules était de 30 µg.m-3 dans le groupe
« intervention » et de 8 µg.m-3 dans le groupe « contrôle », soit respectivement un abattement de
46 et 18 %. Les concentrations de toutes les fractions de particules ont été réduites, mais
l’abattement des particules de diamètre inférieur à 10 µm était plus important. Les auteurs
suggèrent que la diminution de la concentration pour le groupe « contrôle » est due, d’une part à
l’action du filtre à charbon actif qui peut retenir les plus grosses particules et d’autres par au
brassage de l’air par l’épurateur qui favoriserait l’élimination des particules par le système de
ventilation central.
Les indices des symptômes d’irritation ont été réduits de 4 à 3 points après l’intervention dans le
groupe « intervention ». Les deux groupes ont montré une réduction de l’indice des symptômes
généraux, mais plus significativement dans le groupe « intervention ».
Trois des quatre indicateurs de congestion nasale ont diminué dans le groupe « intervention »,
mais faiblement.
Le DEP a légèrement augmenté dans le groupe « intervention » de manière statistiquement
significative.
En conclusion, les auteurs notent que l’épurateur à filtration électrostatique a permis de réduire la
concentration en particules, mais n’a pas eu d’impact significatif sur la santé des participants.
Le même auteur a conduit une autre étude similaire rapportée dans les actes de conférence en
2011 (Skulberg, Hellum, et Sjøvold 2011). L’auteur conclut que les résultats sont en accord avec
ceux de la précédente étude.
pour former des particules fines et ultrafines ainsi que des sous-produits gazeux. Siegel et al.
(2008) ont repris les taux d’émission d’ozone relevés pour 26 dispositifs dans 7 études conduites
entre 1999 et 2007. Les appareils testés étaient de natures différentes : appareils portables pour
une pièce entière, de petites unités pour les voitures, pour les petites pièces comme les salles de
bains, ainsi que des appareils individuels, à porter autour du cou. Les taux d’émission d’ozone
allaient de 56 µg.h-1 à 4,3 mg.h-1. Les auteurs précisent que ces appareils sont cependant
conformes à la norme d’émission d’ozone ANSI/UL 867 section 37, de 0,05 ppm. Cependant, les
conditions d’essais de cette norme peuvent varier et ne sont pas représentatives de l’émission en
conditions réelles.
Outre la synthèse de la littérature, l’étude de Siegel et al. (2008) avait également pour objectif de
déterminer l’évolution de la concentration en particules fines et ultrafines liée à la formation
d’aérosols organiques secondaires. Ces derniers sont formés par la réaction entre l’ozone, qui
peut être généré par un épurateur, et les composés insaturés présents dans l’air intérieur, suite à
l’utilisation de désodorisants notamment. Aux Etats-Unis, deux épurateurs populaires ont été
testés dans une chambre d’essais de 14,75 m3. Deux exemplaires (épurateurs A1 et A2) ont été
testés pour le premier modèle, et le second modèle (épurateur B) a été testé avec et sans lampe
UV, dont l’objectif était de neutraliser les bioaérosols. Les tests ont été réalisés sur une durée de
24 heures. Les taux de renouvellement de l’air différaient pour les deux épurateurs : environ 0,5 h-1
pour le modèle A et 0,95 h-1 pour le modèle B.
Le bruit de fond de la concentration en ozone était d’environ 8-27 ppb, pour atteindre, lors du
fonctionnement des épurateurs, un état stationnaire à 120 ppb pour le modèle A et 45 ppb pour le
modèle B. Le fonctionnement de l’appareil entraine donc une forte augmentation de la
concentration en ozone. Lorsque les épurateurs fonctionnent en présence du désodorisant, la
concentration en ozone diminue jusqu’à 9-21 ppb, pour les deux modèles. Cette diminution est liée
à la réaction entre l’ozone et le produit désodorisant.
Le bruit de fond de la concentration en particules ultrafines était inférieur à 15 particules/cm3. En
l’absence du désodorisant, l’épurateur a permis de diminuer les concentrations en particules,
particulièrement celles d’un diamètre supérieur à 20 nm. L’introduction du désodorisant a entrainé
une très forte augmentation de la concentration en particules quelle que soit la taille, jusqu’à plus
de 100 000 particules/cm3 pour les particules de diamètre compris entre 20 et 50 nm. L’état
stationnaire en présence du désodorisant est significativement plus élevé (p>0,05) pour :
les particules de diamètre compris entre 11 et 50 nm pour les essais sur l’appareil A,
toutes les particules pour l’essai sur l’appareil B,
les particules de diamètre supérieur à 21 nm pour l’essai sur l’appareil B avec la lampe UV.
Dans cet essai, l’efficacité des épurateurs pour éliminer les particules, en présence de terpènes,
diffère en fonction des modèles et des tailles de particules, mais pour la plupart des particules, la
concentration lors du fonctionnement de l’appareil en présence du désodorisant était supérieure à
celle du bruit de fond.
Ainsi, les auteurs concluent qu’en présence de terpènes, le fonctionnement de ces épurateurs
génère plus de particules qu’il n’en élimine. Ils soulignent que lorsque les débits d’air épuré pour
les particules sont mesurés en laboratoire, directement en sortie d’appareil, en l’absence d’autres
polluants comme l’ozone ou les terpènes, le résultat en termes d’abattement de concentration en
particules peut être surestimé car la formation de particules secondaires n’est pas prise en
compte. De même, la norme UL 867 qui permet aux Etats-Unis de mesurer le taux d’émission
d’ozone, ne prévoit pas de mesurer la concentration en terpènes ou autre substances pouvant
réagir avec l’ozone. De ce fait, l’émission d’ozone peut être quant à elle sous-estimée.
Tableau 4 : Débits d’air, débits d’air épuré de la première phase de l’étude de Waring, Siegel, et Corsi
(2008)
L’épurateur « HEPA 2 » et le « filtre électrostatique (ESP) » ont les débits d’air épuré les plus
élevés. Les générateurs d’ions ont des débits d’air épurés très faibles, en lien avec leurs faibles
débits d’air.
L’efficacité en sortie d’appareil a également été mesurée. Les épurateurs HEPA et le filtre
électrostatique ont une efficacité inférieure à 60 % pour les particules de moins de 200 nm de
diamètre ; elle augmente légèrement pour les particules de plus grande taille. A noter, que
l’efficacité mesurée est bien celle de l’épurateur et pas du filtre. Dans le cadre du filtre HEPA,
l’efficacité du filtre est au minimum de 99,97 %, la différence entre l’efficacité du filtre et de
l’épurateur vient probablement de la conception de l’appareil avec des dérivations de l’air autours
du filtre.
Une modélisation de l’efficacité de ces cinq épurateurs dans une pièce de 50 m3 et dans une
maison de 392 m3 avec un taux de renouvellement de l’air de 0,5 h-1 a été réalisée. Dans la pièce
de 50 m3, les épurateurs HEPA et le filtre électrostatique éliminent environ 80-90 % des particules
d’un diamètre supérieur à 50 nm alors que les générateurs d’ions n’en éliminent que 40-60 %.
Dans la maison de 392 m3, l’élimination est de 40-60 % pour les épurateurs HEPA et filtre
électrostatique et de 10-20 % pour les générateurs d’ions.
Les émissions d’ozone des générateurs d’ions et de l’ESP ont été mesurées, et l’impact du
fonctionnement de ces appareils sur la concentration en ozone dans une pièce de 50 m3 et une
maison de 392 m3 a été modélisé (Tableau 5).
3
Tableau 5 : Emissions d’O3, concentrations prévisionnelles (C*) dans des volumes de 50 et 392 m
(Waring, Siegel, et Corsi 2008)
Le générateur d’ions 2 a le taux d’émission d’ozone le plus élevé, alors qu’il a le débit d’air épuré le
plus faible. L’épurateur électrostatique présente un taux d’émission un peu plus faible, pour un
débit d’air épuré bien plus élevé, son filtre à charbon actif élimine vraisemblablement une partie de
l’O3 généré. Cette génération d’ozone n’est pas anodine : les auteurs soulignent qu’une
augmentation de 10 % de la concentration d’O3 dans l’air extérieur entraine une augmentation de
la mortalité de 0,52 %. De plus, comme déjà évoqué plus haut, l’ozone peut réagir avec d’autres
substances et entrainer la formation de sous-produits plus nocifs. Pour la deuxième phase de
l’étude, cinq générateurs d’ions ont été testés en présence d’une source de terpènes : 3 modèles
d’une même marque (nommés IG, 1, 3 et 4) et 2 exemplaires d’un épurateur d’une autre marque
(IG 5A et 5B). Pour le modèle IG4, une lampe UV a été ajoutée dans l’objectif d’éliminer les
bioaérosols. Les 5 épurateurs testés étaient neufs.
Chaque test a duré environ une journée pendant laquelle les concentrations en ozone et particules
ont été mesurées en continu. Les tests se sont déroulés en trois phases d’au moins 4 heures :
1. mesure du bruit de fond (épurateur éteint),
2. fonctionnement de l’épurateur,
3. fonctionnement de l’épurateur en présence d’un désodorisant (source de terpènes).
Lors du fonctionnement de l’épurateur, les résultats montrent une augmentation de la
concentration en ozone et une diminution de la concentration en particules. En présence du
désodorisant, la concentration en ozone diminue et celle en particules augmente, de manière
statistiquement significative pour les particules de 4,6 à 157 nm de diamètre, en fonction des
épurateurs.
Les auteurs soulignent que ces résultats démontrent que les ionisateurs peuvent entrainer la
formation de particules ultrafines, mais que ces résultats ont toutefois des limites. D’une part, dans
des conditions réelles, les concentrations en ozone et terpènes seraient plus diluées, ce qui
limiterait la formation des particules ultrafines, et d’autre part, l’ozone produit par l’épurateur
réagirait également avec les surfaces, dont les moquettes/tapis. Ils indiquent néanmoins que
l’utilisation de ces épurateurs en environnement intérieur peuvent être une source de danger et
que les épurateurs HEPA testés dans cette étude sont plus efficaces pour éliminer les particules et
ne génèrent pas d’ozone ou d’autres sous-produits.
d) Wu et Lee (2004)
Les travaux de Wu et Lee (2004) ont porté sur l’oxydation des COV par les ions négatifs de l’air. Ils
ont étudié la réaction de trois composés organiques volatils, le chloroforme, le toluène et le 1.5-
hexadiène avec les ions négatifs dans un réacteur expérimental dans une chambre d’essais
conçue pour prévenir la formation d’ozone et de NOx. Les essais conduits, avant l’introduction des
COV, ont montré qu’en deçà d’une décharge de 16 kV, il n’y avait pas de génération d’ozone ou
de COV. De 17 à 30 kV, les concentrations en ozone et NOx augmentent avec la décharge pour
atteindre, respectivement, 504 et 150 ppb, à 30kV. Les essais ont donc été conduits à 15 kV pour
limiter la production de sous-produits. La quantité d’ions négatifs produits augmente de manière
exponentielle avec le voltage de la décharge.
Les résultats de ces recherches ont montré que la réaction entre ces composés et les ions négatifs
est une réaction d’oxydation lente (de l’ordre de plusieurs heures) qui peut être influencée par le
taux d’humidité relative, en particulier pour le chloroforme et le toluène. Ces travaux ont également
mis en évidence que les produits finaux des réactions d’oxydation de ces COV étaient l’eau et le
dioxyde de carbone mais que des produits secondaires étaient également émis. La réaction
d’oxydation du chloroforme par les ions négatifs s’est accompagnée d’une production d’acide
chlorhydrique et l’oxydation du 1,5-hexadiène a provoqué la formation de 4-pentanal. En outre,
bien que cette étude ait permis de démontrer une réelle capacité des ions négatifs à oxyder les
COV considérés, il convient de noter que les concentrations d’ions générés lors de ces essais ont
été bien supérieures aux niveaux de concentration d’ions générés par les appareils
commercialisés.
Tableau 6 : Résumé des résultats de l’étude de Fletcher et Van Der Graaf (2011)
(1089) (1397)
x8 x6 6
B > 10 4000 62,6 69,8 53,5 81,2
(10624) (10476)
- -
C 1050 1480 53,2 66,9 33,9 43,1
(1157) (1318)
D (pas de - -
fonction - - 74,8 - 36,2 -
ionisation) (1125) (1916)
x3 x3
E 62000 1000 55,8 32,5 48,3 31,5
(3775) (2802)
x 27 x 24 6
F > 10 948000 47,7 42,1 52,7 32,9
(36094) (18747)
- -
G 200 110 46,2 55,3 21,1 56,8
(1301) (1974)
Bruit de
200 90
fond
…
: pas de différence statistique significative entre les données contrôles et tests
Concernant l’efficacité sur l’abattement des bactéries S. aureus, les résultats sont assez
hétérogènes. Les quatre épurateurs les plus efficaces, avec une diminution supérieure à 66%, sont
les épurateurs A, B, C et D. les appareils A et C ne montraient qu’une capacité limitée à produire
des ions, l’appareil D lui, ne disposant pas de fonction ionisation. L’épurateur B, dont la fonction
ionisation est performante, ne montre qu’une amélioration de la performance de 7 % lorsque que
celle-ci est activée. Les épurateurs E et F, ont une efficacité limitée, considérant les quantités
d’ions qu’ils produisent, cette efficacité est même plus importante lorsque la fonction ionisation est
éteinte. Enfin, l’appareil G, qui se montrait inefficace pour générer des ions, montre une efficacité
moyenne qui augmente légèrement lors de l’activation de la fonction ionisation.
Concernant l’efficacité sur l’abattement des bactéries B. subtilis, celle-ci est inférieure à celle de S.
aureus sauf pour l’épurateur B, pour lequel elle est supérieure, et pour l’épurateur G pour lequel
elle est du même ordre de grandeur. Pour l’épurateur B, l’efficacité est jugée bonne par les
auteurs ; elle est moyenne pour l’épurateur G, et les autres épurateurs sont peu efficaces. A
l’exception de l’épurateur B, la mise en marche de la fonction ionisateur diminue la performance ou
ne l’améliore pas de manière significative.
In fine, concernant l’implication de la fonction ionisation sur l’abattement des bactéries dans l’air,
seul un appareil, B, montre une augmentation significative de la performance sur B. subtilis, de 53
à 81 %. Il n’a pas été observé de relation entre l’élimination des bactéries et les concentrations
d’ions. L’appareil qui émet le plus d’ions, n’a pas d’effet significatif sur la concentration des
bactéries. D’après les auteurs, il semblerait que le filtre HEPA soit le plus grand contributeur à
l’efficacité des appareils sur l’élimination des bactéries.
Les auteurs soulignent que si les appareils testés revendiquaient tous une efficacité supérieure à
99% pour l’élimination des bactéries et/ou virus présents dans l’air, dans la pratique, cette
performance n’est pas atteinte, voire en est loin. Il est à noter que la méthode de test utilisée par le
fabricant pour revendiquer cette efficacité n’est pas mentionnée. Les auteurs soulignent que les
tests à passage unique ou de dégradation ne sont pas adaptés pour des appareils conçus pour
être utilisés dans une pièce habitée. Les tests en conditions stabilisées sont plus appropriés.
6.1.1.4 Conclusions
Si 40 % des dispositifs d’épuration présents sur le marché français intègrent une fonction
d’ionisation, leur capacité à améliorer la qualité de l’air intérieur n’apparaît pas toutefois démontrée
dans des conditions réelles, au vu de l’analyse bibliographique. De plus, les ionisateurs d’air
revendiquent généralement induire une sensation de bien-être qui n’est souvent pas démontrée. A
l’occasion de la conférence Indoor Air de 2016, Scheepers et al. (2016) ont présenté une revue de
la littérature sur la toxicité des ions et l’impact d’une charge électrique sur la toxicité des particules.
Les auteurs concluent qu’à ce jour, il n’y a pas de preuve robuste d’un effet bénéfique ou néfaste
de l’inhalation d’ions. Cependant si les particules chargées sont inhalées et deviennent
biodisponibles, des effets néfastes peuvent apparaître. Cette situation peut se présenter dans le
cas de nanoparticules chargées positivement.
L’analyse de la littérature des huit dernières années met en évidence une efficacité mitigée dans
les situations de recours à ces dispositifs comme moyen de lutte contre le syndrome des bâtiments
malsains (Siegel et al. 2008).
Concernant l’efficacité sur les particules : l’ASHRAE souligne que l’efficacité varie
considérablement selon les appareils et leurs conditions de fonctionnement ; cependant, les
études montrent qu’il n’y a pas ou peu de bénéfices sur les symptômes aigus (ASHRAE 2015).
Les débits d’air épuré sont souvent insuffisants pour traiter une pièce. Par ailleurs, le
fonctionnement de ces appareils en présence de composés organiques insaturés, comme les
terpènes, peut également entraîner une augmentation de la concentration en particules ultrafines
en raison de la génération d’ozone par le dispositif (Ardkapan et al. 2011, Siegel et al. 2008).
L’US-EPA indique que les ionisateurs d’air munis de précipitateurs électrostatiques, ou filtres
électrostatiques, peuvent être efficaces sur les particules fines (jusqu’à 98 % pour certains
appareils (en sortie d’appareil) à de faibles débits). L’efficacité est plus élevée aux faibles débits et
lorsque les plaques collectant les particules sont propres (US-EPA 2009).
Concernant les effets sur les COV : l’étude de Wu et Lee (2004) montre une réelle efficacité pour
l’oxydation des COV. Toutefois, la capacité du dispositif expérimental à générer des ions était bien
supérieure à celle des appareils commercialisés. Par ailleurs, cette action sur les COV peut
entrainer la formation de produits secondaires si l’oxydation est incomplète ; par exemple, en
Enfin, dans leurs études, Siegel et al. (2008), Fletcher et Van Der Graaf (2011) et Ardkapan et al.
(2011) soulignent la non pertinence des essais utilisés par les fabricants pour étayer la preuve de
l’efficacité de leurs produits. En effet, ces tests sont souvent des tests de dégradation ou en
passage unique qui ne sont donc pas représentatifs d’une utilisation en conditions réelles. De plus,
ces tests n’intègrent pas la mesure de polluants secondaires générés par les interactions avec les
polluants de l’air intérieur. Comme le souligne Siegel et al. (2008) dans sa revue, l’efficacité réelle
des ioniseurs reste encore à démontrer en conditions réelles d’utilisation.
6.2.1 Ozonation
L’ozonation est une technique reposant sur la capacité de l’ozone à décomposer les molécules,
majoritairement organiques, par oxydation, et à éliminer les micro-organismes contenus dans l’air
par effet biocide.
L’étude de marché a permis de recenser 28 dispositifs utilisant l’ozonation, soit moins de 6 % des
produits. Pour 50% de ces dispositifs, l’ozonation est couplée à une autre technologie. L’ozonation
est utilisée majoritairement dans les épurateurs autonomes ; seul un ozonateur intégré dans un
climatiseur a été recensé.
Aucune donnée récente sur l’utilisation des générateur d’ozone en tant qu’épurateurs d’air n’a été
recensée dans la littérature scientifique, à l’exception de rapports de l’US-EPA (US-EPA 2009,
2014) et du Cal-EPA (Cal-EPA 2006).
D’après le rapport de l’US-EPA de 2009 sur les épurateurs d’air autonomes (US-EPA 2009) et un
document résumant l’évaluation de l’efficacité et des effets sur la santé des ozonateurs
commercialisés en tant qu’épurateurs d’air (US-EPA 2014), l’ozone a peu de potentiel pour
éliminer les composés odorants, virus, bactéries, moisissures à des concentrations sans effet sur
la santé humaine. Par conséquent, l’ozonation apparaît peu efficace pour réduire la pollution de
l’air intérieur. Par ailleurs, ce rapport de l’US-EPA souligne que certaines études montrent que les
générateurs d’ozone peuvent entrainer des concentrations d’ozone dans l’air trop élevées, même
si les épurateurs sont utilisés suivant les prescriptions d’usage. Santé Canada a également mis en
garde la population contre l'utilisation domestique de purificateurs d'air conçus pour produire de
l'ozone sur son site internet (Santé Canada 2012).
Concentration
maximale moyenne Durée pour Durée pour
Puissance de sur 1 heure dans la atteindre 70 ppb atteindre 90 ppb
fonctionnement pièce
(min) (min)
(ppb)
a b
Modèle 1 Faible 1 ND ND
(ozonation +
ionisation) Moyenne 88 28 ND
a
– l’épurateur était réglé sur ventilation faible, avec l’ozonateur à la puissance minimale.
b
– ND : l’épurateur n’a jamais atteint le niveau mentionné
c
– deux épurateurs du modèle 4 ont été testés pour mesurer la variabilité inter-produit.
Au-delà des effets intrinsèques de l’ozone sur la santé humaine, l’ozone peut également réagir
avec les polluants de l’air intérieur pour former des polluants secondaires (US-EPA 2014). Par
exemple, US-EPA (2014) cite une étude en laboratoire de Weschler (Weschler, Hodgson, et
Wooley 1992), où de l’ozone était en présence de polluants émis par une nouvelle moquette. Cette
étude montre que l’ozone introduit dans la chambre d’essai a pu éliminer certains composants,
dont les composants odorants. Cependant la réaction entre l’ozone et les composés odorants émis
par la moquette, a produit de nombreux aldéhydes et au final la concentration en COVtotaux a
augmenté. De plus, l’ozone en présence de formaldéhyde peut entrainer la formation d’acide
formique. Le rapport du Cal-EPA (Cal-EPA 2006) souligne que l’ozone ne détruit pas réellement
les composés odorants, mais qu’il masque les odeurs de par son effet sur le système olfactif.
Enfin, en présence de terpènes comme le limonène et le pinène, l’ozone entraine une
augmentation significative de la concentration en particules ultrafines.
6.2.2 Plasma
Le plasma froid est une technique qui consiste en la minéralisation des molécules organiques au
travers de réactions d’oxydation initiées par les radicaux libres produits dans un champ ionisant.
D’après l’étude de marché, cette technologie est utilisée dans 12% des appareils retrouvés sur le
marché français, soit dans 35 épurateurs autonomes (7% des épurateurs autonomes recensés) et
dans 23 climatiseurs (38% des climatiseurs recensés). Elle est généralement couplée à d’autres
technologies, comme la filtration ou l’ionisation. Les revendications d’efficacité portent sur les
composés organiques volatils et les odeurs.
De nombreux travaux de recherche ont déjà étudié la destruction de COV par le plasma non
thermique et montrent une certaine efficacité. Cependant, peu d’essais ont été réalisés en
conditions réelles ou en conditions qui s’en approcheraient.
3. en présence d’un appareil faisant circuler l’air dans un filtre à particules préalablement
utilisé pendant 6 mois,
4. en présence de vapeur d’éthanol (10 mg.m-3) et d’isopropanol (13 mg.m-3),
5. dans la chambre vide.
Dans l’expérience conduite dans les pièces, plusieurs sources ont été utilisées en même temps,
identiques à celles utilisées dans l’expérience en chambre d’essai : 3 personnes, matériaux de
construction et de décoration et appareil faisant circuler l’air dans un filtre à particules
préalablement utilisé pendant 6 mois.
Plusieurs conditions de ventilation ont également été testées, avec deux épurateurs (450 m 3.h-1
chacun) par pièce en fonctionnement et à l’arrêt :
dans la pièce vide, à 1,4 h-1,
en présence des sources de pollution, à 0,6 h-1,
en présence des sources de pollution, à 1,4 h-1,
en présence des sources de pollution, à 2 h-1,
en présence des sources de pollution, à 6 h-1.
Dans les deux expériences, les sources de pollution n’étaient pas visibles pour les sujets évaluant
la qualité de l’air et les sources de pollution et taux de ventilation avaient été déterminés dans une
étude pilote afin de recréer des niveaux d’exposition réels. Ces niveaux ne sont toutefois pas
précisés dans la publication pour tous les polluants. Par ailleurs, la publication ne précise pas si
les essais conduits avec les appareils à l’arrêt ont été conduits avec des appareils factices munis
uniquement de la fonction ventilation ou si l’appareil était effectivement à l’arrêt. La seconde
hypothèse pourrait entrainer un biais.
Dans les deux expériences, quelles que soient les conditions d’essais, le pourcentage de
personnes insatisfaites de la qualité de l’air, immédiatement après être entrées dans la chambre
d’essais ou dans la pièce, était inférieur lorsque l’épurateur fonctionnait. Cependant, l’effet n’était
statistiquement significatif que dans les 4 conditions suivantes :
dans la chambre d’essais vide,
dans la chambre d’essais en présence de vapeurs d’alcool,
dans la pièce en présence des sources de pollution et à des taux de ventilation de 0,6 et
2 h-1.
Ils concluent, que, si l’utilisation de cet épurateur n’entraine pas une diminution de la perception de
la qualité de l’air par des êtres humains, elle ne l’améliore que modestement. L’étude ne mesure
pas les polluants secondaires, à l’exception de l’ozone, mesuré à des concentrations négligeables
à la sortie de l’appareil. Considérant que le fonctionnement de l’épurateur n’entraine pas de
diminution de la qualité de l’air perçue, les auteurs suggèrent que son fonctionnement n’émet pas
de sous-produits dangereux ou à des concentrations qui n’entrainent pas d’odeur. Les auteurs
indiquent donc que l’utilisation de ces appareils pourrait améliorer la qualité de l’air perçue et
réduire les besoins de ventilation, mais que d’autres études seraient nécessaires pour confirmer
ces résultats, avec des épurateurs de même type ou de capacité supérieure, avant de
recommander l’usage de ces produits.
La conclusion sur l’absence de produits secondaires néfastes est discutable, car l’absence d’odeur
ne signifie pas l’absence de polluants, qu’ils soient néfastes ou pas. Il est important de
recommander des mesures de sous-produits lors du fonctionnement des épurateurs en présence
de sources de pollution.
Comme pour l’étude de Fang et al. (2011), les conclusions de l’étude de Zhang et al. (2011)
apparaissent un peu « hâtives ». En effet, si l’étude ne montre pas d’effets négatifs de l’utilisation
sur de courtes périodes, elle ne recherche pas les polluants secondaires qui pourraient être émis,
qui, sans être odorants, pourraient avoir un impact sur la santé à long terme. L’étude ne
recommande pas explicitement l’utilisation de ces appareils mais elle conclut qu’en l’état actuel
des connaissances ils peuvent être utilisés. Or, en l’état actuel des connaissances, et plus
particulièrement de l’absence de connaissance sur les polluants secondaires cette conclusion
semble prématurée.
L’étude de Kivity et al. (2009) était une étude pilote prospective d’intervention, dont l’objectif était
d’évaluer l’efficacité d’un épurateur d’air fonctionnant sur le principe du plasma, mais également
équipé de filtres HEPA et à charbon actif, chez des patients allergiques, entre autres, aux
acariens. Trente patients souffrant de rhinite allergique et 10 d’asthme allergique (dont 6 souffrant
des deux) ont été recrutés dans des centres spécialisés dans le traitement de l’allergie situés dans
le nord, le sud et le centre d’Israël. L’étude s’est déroulée sur plusieurs saisons, 8 semaines
consécutives par patient. Les 8 semaines étaient divisées en 3 phases :
2 semaines, au début, sans l’épurateur,
4 semaines avec l’épurateur placé dans la chambre, à proximité du lit,
2 semaines, de nouveau sans l’épurateur.
Un bilan de santé et un questionnaire ont été faits au début de l’étude, puis le patient devait
compléter des questionnaires pendant les 8 semaines d’étude. Les patients asthmatiques devaient
en plus noter dans un carnet leurs symptômes, le nombre de bouffées d’albuterol et le débit
expiratoire maximal mesuré deux fois par jour.
Lors de l’utilisation de l’épurateur, les résultats montrent une amélioration statistiquement
significative des symptômes chez les patients souffrant de rhinite, ainsi que chez ceux souffrant
d’asthme. Ces résultats d’après les questionnaires sont confirmés par l’examen physiologique,
pour les patients asthmatiques. Lors des deux semaines suivant l’utilisation de l’appareil, une
amélioration a également été notée, par rapport à la première phase de l’étude, mais moindre, et
statistiquement non significative. Les auteurs suggèrent que la diminution de l’inflammation lors de
la période d’utilisation de l’épurateur est responsable de l’amélioration observée lors des deux
semaines suivantes.
Kivity et al. (2009) citent d’autres études sur cet appareil, qui ont montré une amélioration de la
qualité de vie de patients allergiques à des allergènes intérieurs.
Cette étude est intéressante car un examen physiologique complète la perception des symptômes
des patients. Une étude avec des épurateurs placebo aurait permis de confirmer ces résultats.
Les publications répertoriées ci-dessous présentent des tests qui n’ont pas été conduits en
conditions réelles ou s’en approchant, notamment parce que les mesures ont été faites
directement à la sortie du dispositif expérimental. Ils apportent cependant des informations
intéressantes sur la capacité à traiter des polluants par le plasma, car il n’y a pas d’autre
technologie associée, ainsi que sur des polluants secondaires qui pourraient être émis.
benzène, éthylbenzène et xylènes) ont été injectées dans le dispositif d’épuration d'air à plasma
froid. L’étude fait varier quelques paramètres :
Débit : 320 et 640 L.min-1 (soit environ 19 et 38 m3.h-1)
Concentration : 1,5.107 M, 3,1.10-7 M, 4,6.10-7 M
Les analyses des prélèvements d'air réalisés en sortie de cet épurateur ont permis d'estimer
l'efficacité de dégradation des COV de ce système. L'efficacité d'épuration a été évaluée à 11 %
pour le cyclohexène et le toluène, à moins de 2 % pour le benzène, à 3% pour l'éthylbenzène et
4 % pour les xylènes. D’après les auteurs, considérant la consommation d’énergie de l’appareil,
17,3 W, ce résultat est correct. Ils soulignent cependant que des études montrent que des
dispositifs couplés à des catalyses hétérogènes peuvent être plus performants, à des
consommations d’énergie plus faibles. Cependant, le catalyseur doit être entretenu, ce qui n’est
pas le cas des appareils qui n’utilisent que le plasma froid.
Concernant l’influence du débit, l’efficacité du dispositif était meilleure au faible débit (11% à
320 L.min-1 et 8 % à 640 L.min-1), ce qui était le résultat attendu puisque les molécules sont dans
le plasma pendant une durée plus longue lorsque le débit est faible.
Concernant l’influence de la concentration, l’efficacité était meilleure à la dose la plus faible, 11%
pour le cyclohéxène à 1,5.107 M et 4% à 4,6.10-7 M. Les auteurs émettent l’hypothèse que le
nombre de molécules actives (ozone, radicaux…) produites dans le plasma est insuffisant par
rapport à la durée de présence des molécules dans le dispositif. En effet, augmenter la
concentration de polluants à traiter sans modifier le débit et/ou la puissance électrique du dispositif
conduit à une diminution de l’efficacité.
Les analyses réalisées ont également permis d'identifier que plusieurs produits de dégradation
étaient émis par l'épurateur, en particulier des alcools, des aldéhydes, des cétones et un époxyde.
Ces sous-produits sont le résultat de réactions des COV avec l'ozone et les radicaux libres formés
dans le plasma.
e) Shimizu (2011)
Shimizu (2011) a fait une synthèse de données sur les microplasmas dans le traitement de la
pollution de l’air intérieur, basées sur des dispositifs expérimentaux dans des essais en passage
unique. Les résultats varient en fonction des dispositifs expérimentaux (variation de la source
d’énergie). Ainsi, deux dispositifs sont testés pour le traitement du formaldéhyde, à des
concentrations initiales de 0,707 et 0,768 ppm. Dans les deux essais, l’abattement du
formaldéhyde augmente avec la puissance du microplasma, de manière non linéaire de 0 %
jusqu’à environ 96 % pour une puissance de 0,8 à 1,3 kV mais avec des courbes différentes en
fonction des dispositifs. De même pour l’émission d’ozone, mais avec une émission de 12,1 ppm à
1,3 kV pour un dispositif alors qu’elle est de 3,81 avec le second à 0,8 kV. Un des dispositifs
génère également des NOx. Dans une autre étude toujours avec un microplasma en présence
formaldéhyde, Shimizu (2011) a observé la formation de CO2, CO et N2O en l’absence d’humidité
et d’acide formique en présence d’humidité.
10 000 ppm), gaz acides (i.e. NOx, SOx), particules et bactéries à température ambiante, son
implémentation peut générer des polluants tels que l’ozone et des oxydes d’azote, et l’oxydation
incomplète des polluants peut entrainer la formation de sous-produits (CO, composées
organiques) qui peuvent être plus nocifs que les polluants primaires. Le Tableau 8 résume
l’abattement des COV et les polluants secondaires observés. Par ailleurs, bien que consommant
moins d’énergie que le plasma chaud, le plasma froid a un rendement énergétique faible,
particulièrement pour les faibles concentrations en COV. Enfin, l’humidité relative a un impact fort
sur l’efficacité des dispositifs.
Particules
Toluène 90
d’aérosol
Air 2 000 1 N/D
Particules
Trichloroéthylène 40
d’aérosol, Cl2
CO 500
Toluène 280 5 Jusqu’à 97
Air aérosol N/D
Butyl acetate 120 20 Jusqu’à 75 CO N/D
a
Toluène 100 ̴ 85 CO
CO, N/D
a
CH2Cl2 N2 + 109 85 formaldéhyde,
0,5 acide acétique
20% O2
Mélange toluène + Chlorforme, 0,5
100 + 109 N/A
CH2Cl2 benzène 0,4
Air + 70
57 157
% HR
80 % CO 8%
Toluène N2 + 240 0,315 36
20% O2 O3 8
N2 + 5 a
̴ 52
Toluène % O2 50 100 CO N/D
N2 + 5 73,1
Benzène 56
Mélange N/A
a
1,5 ̴ 60 CO,
a
1,4
a
̴ 93 O3, >35 %
O3 49,9
Air sec 70 NO <0,01
NO2 1,5
Toluène 0,5 10,8
O3 31,2
Air + 27 a
̴ 80 NO < 0,01
% HR
NO2 0,8
a
Air sec 46 O3, 55-75
Air + 26 acide
57
% HR formique,
benzaldéhyde,
acide
benzoïque,
alcool
Toluène 0,5 10
benzylique,
Air + 50
26 4-méthyle-2-
% HR
propyle
furane, N/D
5-méthyl-2-
nitroprpyl
furane,
3-méthyl-4-
serait la dispersion de particules chargées dans l’air, dont les conséquences sont inconnues. En
conclusion, si les épurateurs ne permettent pas de réduire la pénétration des contaminants
fongiques, contrairement à une pression positive, ils peuvent contribuer à la diminution de
l’exposition des patients, en addition avec d’autres mesures préventives.
c) Shimizu (2011)
Dans sa synthèse Shimizu (2011) a également considéré l’effet des microplasmas sur les
bactéries et virus. Ainsi des Escherichia coli et Bacillus subtilis ont été nébulisés et injectés dans le
microplasma à 8,5 L.min-1. L’efficacité du microplasma est meilleure sur les Escherichia coli que
sur les Bacillus subtilis et augmente avec la puissance.
6.2.2.4 Conclusions
Les publications analysées montrent que les épurateurs fonctionnant sur le principe du « plasma »,
mais généralement couplé à d’autres techniques comme la catalyse (Fang et al. 2011), les filtres
HEPA et charbon (Kivity et al. 2009) ou les filtres électrostatiques (Park et al. 2011) peuvent
diminuer les concentrations en particules, COV, microorganismes. Mais ils sont également source
de pollution en fonction des conditions d’utilisation notamment. Le fait que les dispositifs utilisés
soient équipés de plusieurs technologies ne permet pas de conclure sur la technologie « plasma »
seule. Cependant, comme mentionné en introduction, dans le commerce les appareils munis de
générateur de plasma utilisent également d’autres technologies.
Concernant l’effet des épurateurs « plasma » sur la perception de la qualité de l’air, les études de
Fang et al. (2011) et Zhang et al. (2011) montrent que ces derniers peuvent améliorer la qualité de
l’air perçue mais de manière modeste, particulièrement lorsque le taux de renouvellement de l’air
est faible. Toutefois, dans ces études il n’y a pas eu de mesures des COV présents dans la pièce,
il n’est donc pas possible de conclure sur une amélioration de la qualité de l’air. Il est montré
cependant que l’épurateur est efficace à a minima sur certains composés odorants, ce qui pourrait
sembler être un résultat « positif », mais si la dégradation de ces composés est incomplète des
composés potentiellement plus nocifs pourraient être émis.
Concernant les effets sur la santé, la seule étude d’intervention recensée (Kivity et al. 2009),
montre que l’utilisation d’un épurateur dans la chambre, chez des patients allergiques aux
acariens, a permis une amélioration des symptômes de rhinites et d’asthmes. Cette amélioration a
été mesurée par questionnaires et par la mesure bi-quotidienne du débit expiratoire maximal chez
les patients asthmatiques. Cette étude montre que l’amélioration des symptômes persiste deux
semaines après le retrait de l’épurateur. Dans leur publication, Kivity et al. (2009) citent d’autres
études qui confirment ces résultats. Ces résultats pourraient être consolidés par le même type
d’étude qui utiliserait également des épurateurs « placebo ».
Concernant le traitement des particules, les résultats ne sont pas homogènes et ne permettent pas
de conclure sur la capacité des plasmas à éliminer les particules de l’air intérieur (tabac, sable
jaune et pollens). En effet, si l’étude de Park et al. (2011) montre que l’épurateur est efficace, la
présence d’un filtre électrostatique en plus du plasma pourrait suggérer que les particules sont
collectées par ce dernier.
Par ailleurs, si l’épurateur émet de l’ozone et que des terpènes sont présents dans l’air intérieur, la
concentration en particules fines risque d’augmenter (Ardkapan et al. 2011). Concernant l’efficacité
sur les COV, le plasma peut également dégrader des COV comme le formaldéhyde (Shimizu,
Blajan, et Kuwabara 2011), le cyclohexène, le benzène, l’éthylbenzène et les xylènes (Schmid,
Jecklin, et Zenobi 2010). Les essais décrits dans ces deux publications n’ont pas été réalisés dans
des conditions proches de la réalité : d’une part les polluants étaient mesurés directement à la
sortie de l’appareil, donc suite à un passage unique, et d’autre part, il s’agissait d’un dispositif
expérimental ou destiné à être intégrer dans une climatisation. Néanmoins les résultats sont
intéressants car ils démontrent, d’une part la capacité de la technologie « plasma », seule à
réduire certains polluants organiques, et d’autre part des polluants secondaires ont été recherché
dans les prélèvements en la sortie de l’appareil. Ainsi la dégradation du formaldéhyde entraine la
formation d’acide formique, de monoxyde de carbone et le fonctionnement du dispositif entraine la
formation d’ozone et d’oxydes d’azote. Les quantités d’ozone et d’oxydes d’azote formés
augmentent avec la décharge appliquée. Les analyses réalisées dans l’étude de Schmid, Jecklin,
et Zenobi (2010) ont permis d’identifier des alcools, des aldéhydes, des cétones et un époxyde.
Ces sous-produits sont le résultat de réactions des COV avec l'ozone et les radicaux libres formés
dans le plasma.
Concernant les biocontaminants, un appareil conçu pour les hôpitaux équipé d’une fonction
plasma, mais également de fonctions de filtration (électrostatique, HEPA, charbon actif) et de
catalyse, a été testé par Brenier-Pinchart et al. (2009) et Fréalle et al. (2011) sur les moisissures
filamenteuses dans des services d’hématologie. L’appareil a permis avec un abattement moyen de
86 % pour les prélèvements de surface et de 80% pour les prélèvements d’air, en fonctionnant à
450m3.h-1. Les auteurs précisent que ces performances étaient inférieures à celle mesurées dans
des études antérieures au débit de 1000 m3.h-1 (Brenier-Pinchart et al. 2009).
Le débit de ventilation joue un rôle dans l’efficacité de ces dispositifs. Lorsque les essais sont
réalisés dans des conditions se rapprochant de la réalité avec de multiples passages de l’air dans
l’épurateur, les études montrent que la performance est améliorée avec l’augmentation du débit de
l’épurateur (Brenier-Pinchart et al. 2009, Park et al. 2011). C’est l’inverse qui est observé dans les
études mesurant les polluants à la sortie de l’épurateur (Schmid, Jecklin, et Zenobi 2010). En effet,
l’augmentation du débit diminue la durée du contact des polluants avec les molécules actives
produites dans le plasma, donc réduit l’efficacité dans lors d’un passage unique. Mais dans des
essais en conditions réelles, l’augmentation du débit entraine une augmentation du nombre de
passages dans le plasma et augmente donc l’efficacité.
Enfin, l’humidité relative a un effet sur l’efficacité du système, par exemple des études montrent
que l’élimination du toluène et du formaldéhyde augmente avec l’humidité relative, alors que pour
le méthanol, elle diminue (Luengas et al. 2015).
La revue de la littérature de Bahri et Haghighat (2014) sur les plasmas conclut que les plasmas
froids ont la capacité de réduire les concentrations d’une large gamme de COV (1 - 10 000 ppm),
gaz acides (i.e. NOx, SOx), particules et bactéries à température ambiante. Toutefois, bien que
consommant moins d’énergie que le plasma chaud, le plasma froid a une efficience énergétique
faible au regard des concentrations en COV retrouvées dans l’air intérieur.
Si le plasma est une technologie qui peut sembler prometteuse pour certains auteurs, pour
d’autres non. En principe, la décomposition des composés doit conduire uniquement à la formation
de CO2 et d’O2. Cependant dans la pratique « réelle » et même dans certaines études en
laboratoire, elle peut conduire à des oxydations incomplètes et par conséquent à la formation de
polluants secondaires qui peuvent être plus nocifs que les polluants primaires visés. Par ailleurs, la
technologie peut émettre de l’ozone, qui, au-delà de ses propriétés irritantes, peut également
entrainer la formation de particules ultrafines en réagissant avec les terpènes présents dans les
environnements intérieurs.
6.2.3 Plasma-catalyse
Pour améliorer les performances des plasmas froids, des catalyseurs ou photocatalyseurs avec ou
sans source d’UV peuvent être ajoutés. La combinaison de ces deux technologies est plus
performante que les deux technologies seules (Bahri et Haghighat 2014). Cette synergie entre ces
deux technologies peut être liée à la capacité du catalyseur à adsorber le polluant ; si celle-ci est
significative, le temps de rétention est augmenté ce qui améliore l’efficacité globale du système
(Vandenbroucke et al. 2011).
Le catalyseur peut être soit dans la zone de la décharge (catalyse dans le plasma), soit situé après
celle-ci (catalyse post plasma) (Bahri et Haghighat 2014). La combinaison de ces deux
technologies permet notamment de minimiser les émissions de NO2 et O3. Bahri et Haghighat
(2014) concluent que si ces systèmes sont plus efficaces que les plasmas froids classiques, avec
un meilleur rendement énergétique et une émission moindre de polluants secondaires, ils
nécessitent encore des recherches complémentaires pour une application à la pollution de l’air
intérieur, notamment à de faibles concentrations.
Le Tableau 9 résume l’abattement des COV et les polluants secondaires observés dans des
systèmes de plasma-catalyse.
Efficacité Sous-
Polluants Concentration Débit
Catalyseur Gaz porteur -1 d’élimination produits Concentration
cibles (ppm) (L.min )
(%) formés
γ- Al2O3 77 0
O3
α- Al2O3 Carbowax 100 N/A
36 %; N/A, <
Air sec 98
CO, O3, 10 ppm
Pt/ Al2O3 2-heptanone 180 0,42
Air + 3 % NOX 26 %, N/A, <
86
H2O 10 ppm
3 wt.%
MnOx/SMF Isopropanol Air 100 0,5 100 O3 N/A
a
CO3O4/ N2 + 5 %
Toluene 50 0,1 96 CO N/A
Al2O3/Ni O2
MnOx/ Air + 30 %
Formaldéhyde 2,2 6 87 O3 14 ppm
Al2O3 HR1
Efficacité Sous-
Polluants Concentration Débit
Catalyseur Gaz porteur -1 d’élimination produits Concentration
cibles (ppm) (L.min )
(%) formés
Al2O3 (benzène, HR 1,4 97 NO2 40 ppb
toluène, p-
xylène) 1,2 95
O3 24 ppm
CuOMnO2/
78 NO N/A
TiO2
NO2 553 ppb
Toluène Air sec 0,5 10,8
O3 3,6 ppm
TiO2 82 ± 2 NO < 10 ppb
b
NO2 1295 ppb
Air + 30 % 100
Benzène Air + 50 % 0,470 b
̴ 63
HR
Air + 30 %
100
MnOx/ HR
Toluène 0,810 O3 27,3 – 30 ppm
Al2O3 6
Air + 50 % b
95 CO N/A
5wt. % Mn HR
Air + 30 %
95
HR
p-xylène 0,730
Air + 50 % b
95
HR
phénol pour les deux dispositifs ainsi que du méthanol, du phénol et de l’hydroquinone pour
microplasma.
Concernant la formation de NO2 et d’O3, en l’absence de benzène, les concentrations augmentent
avec le temps pour les deux dispositifs, mais la présence du catalyseur permet de réduire
fortement ces émissions. Ainsi au bout de 90 minutes, les concentrations en NO2 et O3 étaient
respectivement de 234 et 25,3 ppm en l’absence de catalyseur et de 25,7 et 1,3 ppm en présence
de catalyseur. Les résultats sont similaires en présence de benzène.
Les épurateurs combinant un filtre adsorbant avec des catalyseurs et un plasma peuvent voir leur
efficacité maintenue dans le temps. Tanaka et al. (2016) ont présenté les résultats d’un essai de 3
mois sur 2 épurateurs d’air à l’occasion de la conférence Indoor Air de 2016. Les deux épurateurs
étaient identiques : pré-filtre + filtre electret (filtre chargé électrostatiquement) + catalyseur
« désodorisant », l’un des épurateurs était également muni d’un plasma en amont du filtre
adsorbant. Les deux appareils ont été soumis à une faible concentration de formaldéhyde pendant
3 mois. Pour l’épurateur sans plasma, le CADR avait diminué de 37 % après un mois, de 49 %
après 2 mois et de 61 % après 3 mois d’utilisation. Alors que pour l’épurateur muni d’un plasma, le
CADR n’a diminué que de 15 % après un mois et de 24 % après 2 et 3 mois d’utilisation. Les
auteurs concluent que les espèces réactives générées par le plasma peuvent réagirent avec le
formaldéhyde adsorbé sur le filtre et le régénérer. L’étude ne mesure pas les autres polluants qui
pourraient être émis suite à la dégradation du formaldéhyde.
Le plasma peut également être utilisé pour régénérer un catalyseur ou un filtre adsorbant. Ce
traitement est dit séquentiel, car lors de la première phase, dite phase de stockage, les polluants
sont traités par le catalyseur ou adsorbés par le filtre, puis lors d’une deuxième phase, dite phase
de décharge, le filtre ou le catalyseur sont régénérés par un plasma non thermique afin d’éviter la
saturation de ces éléments (Bahri et Haghighat 2014, Sultana et al. 2015). Les études
expérimentales sur ces techniques séquentielles ont fait l’objet d’une revue par Sultana et al.
(2015). Sultana et al. (2015) concluent que, d’après les études expérimentales, ces traitements
séquentiels ont montré leur efficacité sur l’abattement des COV et sur la régénération des
adsorbants saturés. Cependant si ces systèmes ont été améliorés ces dernières années, ils sont
encore perfectibles. Le choix du catalyseur doit combiner une forte capacité d’adsorption et une
haute activité catalytique envers les COV adsorbés. Par ailleurs, l’humidité relative a une influence
sur l’efficacité de ces systèmes. En effet, les molécules d’eau peuvent entrer en compétition avec
les COV pour l’adsorption à la surface du catalyseur, ce dernier doit donc également avoir des
propriétés hydrophobes (Bahri et Haghighat 2014).
Les études recensées étant expérimentales, la poursuite de l’étude de ces systèmes séquentiels
est nécessaire, notamment afin de mesurer l’efficacité de prototypes commercialisables dans des
conditions plus proches de la réalité (mélange de polluants, hauts débits adaptés au traitement
d’une pièce, température ambiante, haut niveau d’humidité relative…) (Bahri et Haghighat 2014,
Sultana et al. 2015).
6.2.4 Photocatalyse
La photocatatalyse est une technique d’épuration présente dans 15 % des dispositifs recensés
dans l’étude de marché. Son principe repose sur la décomposition de molécules par une
succession de réactions chimiques, jusqu’à la minéralisation, suite à l’activation d’un catalyseur
par un rayonnement lumineux, souvent UV-A dans les épurateurs d’air autonomes, et par la
lumière visible pour les matériaux de construction.
Comparaison de l’acceptabilité
de la qualité de l’air avant et
Conditions après le changement
jour pièce changement
initiales
T0 T0 +45
T0 T0 + 5 h
min
Matériaux de
construction (MC)
1 1 + peinture Lumière
photocatalytique p<0,01 p<0,05
(PP)
2 MC + PP bioeffluents NS
p<0,05
MC + PP +
3 bioeffluents NS
lumière p<0,05
MC + PP +
Emission
4 lumière + NS NS
d’isopropanol
bioeffluents
Pas de
5 Pièce vide NS NS
changement
2
1 Pièce vide MC NS
p<0,01
2 MC bioeffluents NS
p<0,05
Emission
3 MC + bioeffluents NS NS
d’isopropanol
Pas de
4 Pièce vide NS NS
changement
NS : non significatif
Les études expérimentales décrites ci-dessous ont été conduites sur des matériaux
commercialisés ou des peintures dont la composition est proche de peintures commercialisées.
Elles illustrent la capacité de ces matériaux photocatalytiques à dégrader plus ou moins
efficacement les polluants de l’air intérieur, mais également leur capacité à émettre des COV.
La plupart des essais sont effectués sous lumière UV, alors que dans des conditions réelles
d’utilisation les matériaux photocatalytiques sont soumis à la lumière visible. Bartolomei et al.
(2016) ont évalué l’efficacité de différents matériaux avec des propriétés photocatalytiques,
disponibles sur le marché français, soumis à de la lumière visible dans une chambre d’essai en
acier inoxydable de 360 L. Les matériaux testés étaient une peinture, deux vernis pour le bois,
trois enduits muraux (dont un non photocatalytique - sansTiO2 - mais de même composition que
les deux autres) et des carreaux de céramique. Les essais ont été conduits sur les matériaux
neufs (21 jours après l’application sur des plaques d’acier), mais également après une exposition
à 100 ppb d’ozone pendant 14 jours ou après une exposition à des UV-A pendant 14 jours pour
simuler un vieillissement des matériaux.
L’efficacité a été testée sur deux mélanges :
formaldéhyde, toluène et limonène (15-50 µg.m-3),
toluène et limonène (15-50 µg.m-3) (afin de mieux mettre en évidence la formation de
formaldéhyde).
Un essai de référence a été conduit dans le noir en présence du mélange des trois polluants. Les
enduits montrent un taux de conversion du formaldéhyde (fraction du formaldéhyde qui a été
éliminé) entre 37 et 78 %, y compris pour l’enduit sans TiO2. Les auteurs suggèrent que cette
adsorption est due à la porosité du matériau. Les taux de conversion du formaldéhyde pour les
autres matériaux et ceux du toluène et limonène pour tous les matériaux sont de l’ordre de 10 %
ou inférieur, sauf pour les carreaux de céramique qui n’ont montré aucune activité.
Concernant les matériaux neufs, la peinture produit plus de formaldéhyde qu’elle n’en élimine, ce
qui conduit à un taux de conversion négatif et à des taux de conversion de 8-15 % pour le toluène
et le limonène. Les enduits ont des taux de conversion du formaldéhyde d’environ 45 % et
d’environ 10 % pour les deux autres COV. Les vernis n’ont aucun effet sur le formaldéhyde et des
taux de conversion de 10-20 % pour le toluène et le limonène sont observés. Enfin, les carreaux
de céramique n’ont aucun effet sur le toluène et limonène, et produisent un peu de formaldéhyde.
La formation de sous-produits est observée : formaldéhyde (peinture et céramique), acétaldéhyde,
2-éthyl hexanol (essentiellement pour l’enduit) et benzaldéhyde.
Les essais conduits sans formaldéhyde ont des résultats similaires, ce qui peut traduire une
absence de compétitivité entre le formaldéhyde et les deux autres COV.
Les vieillissements par l’ozone et l’UV-A montrent une légère réduction des taux de conversion, et
une diminution des sous-produits formés. L’activité photocatalytique des matériaux a donc
tendance à diminuer avec le temps.
Les propriétés d’épuration de l’air de ces matériaux de construction sur ces trois COV typiques de
l’air intérieur varient de 0 à 45 % sous de la lumière visible. Ces faibles résultats montrent que la
lumière du jour pourrait ne pas être suffisante pour initier une excitation photocatalytique totale. De
plus des sous-produits sont observés, ce qui traduit un procédé photocatalytique incomplet.
augmente rapidement jusqu’à 80 g.m-3, puis décroit jusqu’à 30 g.m-3 à 7 jours et 15 g.m-3 à 14
jours. L’effet du vieillissement de la peinture a été évalué en irradiant de nouveau les panneaux,
toujours pendant 14 jours, 4 et 5 mois après la première irradiation. Les résultats sont similaires
pour tous les carbonylés avec une même courbe des émissions que pour la première période
d’irradiation : une émission forte au début de l’irradiation, puis une décroissance pendant les 14
jours. Si les émissions sont moins fortes à 4 et 5 mois, la concentration émise lors du début de
l’irradiation est plus élevée que celle observée à la fin de la période précédente. Ainsi pour le
formaldéhyde, après la première période d’irradiation la concentration est de 15 g.m-3, et
d’environ 55 g.m-3 au début de l’irradiation 4 mois après la première irradiation.
L’étude a également recherché l’influence du TiO2 sur les émissions de carbonyles, en irradiant
pendant 5 heures la même peinture, mais sans TiO2.
Pour la peinture, en l’absence de TiO2, la peinture n’émet que du formaldéhyde et de
l’acétaldéhyde, en très faibles quantités pour ce dernier, mais dans des quantités identiques pour
le formaldéhyde. La peinture avec TiO2 émet également de l’acétone, du propanal, du butanal et
de faibles quantité d’hexanal et décanal. Contrairement aux essais sur 14 jours, l’acétaldéhyde est
le composé dont l’émission est la plus importante. Ces résultats démontrent que le TiO 2, irradié,
contribue à la formation de carbonyles, mais qu’il n’a pas d’influence sur la formation/émission de
formaldéhyde.
Les auteurs concluent que le développement de peintures photocatalytiques pouvant être activées
par des UV et la lumière visible doit être optimisé pour limiter les émissions de substances
potentiellement dangereuses, notamment en améliorant la stabilité de ses constituants.
6.2.4.1.3 Conclusions
Le principe des matériaux de construction et de décoration photocatalytiques est intéressant car
ces matériaux ne consomment pas d’énergie, sont silencieux et ne nécessitent pas d’entretien. De
plus, pour les peintures, qui sont les produits les plus courants, l’étude de marché a souligné que
dans le cadre de travaux de rénovation effectués par un professionnel, le surcoût du choix d’une
peinture photocatalytique vs une peinture classique est faible. Toutefois, la bibliographie, portant
essentiellement sur les peintures, montre que leur utilisation peut avoir un impact négatif sur la
qualité de l’air.
Dans leur étude de perception de la qualité de l’air, Kolarik et Toftum (2012) concluent qu’en
présence de matériaux de construction et de décoration comme le linoléum ou des panneaux de
particules, l’activation de la peinture photocatalytique entraine une diminution de l’acceptabilité de
la qualité de l’air ce qui est vraisemblablement dû à l’émission de produits secondaires. Ces
produits secondaires seraient émis suite à la dégradation incomplète des polluants, mais
également suite à l’auto-dégradation de la peinture. En effet, certains composés de la peinture
sont organiques et donc susceptibles de réagir avec le photocatalyseur activé. Des recherches
sont donc nécessaires pour améliorer la stabilité des constituants de ces matériaux.
Pour être des produits viables, les matériaux photocatalytiques doivent démontrer une activité
photocatalytique durable, en accord avec la durée de vie habituelle de ces matériaux. Trois des
études décrites ont évalué l’action du vieillissement des peintures. Les émissions de composés
carbonylés uniquement dus à l’auto-dégradation de la peinture diminuent (Geiss et al. 2012).
Lorsque la peinture est soumise à des COV, les résultats sont contradictoires, une diminution du
taux de conversion et des sous-produits formés, qui traduirait une diminution de l’activité
photocatalytique est observée dans l’étude de Bartolomei et al. (2016), alors qu’une légère
augmentation des émissions, qui seraient dues à une meilleure accessibilité des sites
photocatalytiques, est observée dans l’étude de Auvinen et Wirtanen (2008). Le procédé de
vieillissement et les COV testés différaient dans les deux études.
Enfin, les photocatalyseurs doivent être améliorés pour être plus efficaces à la lumière du jour qui
est moins puissante que la lumière UV souvent utilisée dans les essais expérimentaux.
Tableau 11 : Perception de la qualité de l’air suite à l’utilisation de prototypes d’épurateurs photocatalytiques (Kolarik et al. 2010, Kolarik et
Wargocki 2010)
Kolarik et al. (2010) Kolarik et Wargocki (2010)
Prototype non commercialisé, avec du TiO 2, des lampes UV, et en L’épurateur est conçu pour être utilisé dans un conduit de
amont, un filtre MERV 10 et deux plaques en acier perforées (pour ventilation. Il n’est pas précisé s’il s’agit d’un dispositif
protéger le photocatalyseur et les lampes de la poussière). commercialisé. Le catalyseur est le du TiO2 et les lampes UV.
Purificateur d’air
Utilisation d’un épurateur « factice » avec uniquement la Utilisation d’un épurateur « factice » avec uniquement la
ventilation ventilation
3
Bureau de 108 m , divisé en deux parties par une cloison. 3 pièces
3
D’un côté 10 postes de travail et les analyseurs d’air, de l’autre, le 36 m², 108 m
photocatalyseur, les sources d’émission de polluants et le système 3
de ventilation ainsi que des ventilateurs afin d’homogénéiser l’air 2 de 13 m², 40 m
Pièce dans la pièce. Pollution de fond faible (revêtement de sol et peintures à faibles
expérimentale émissions)
Séparées en deux par une cloison de 2 m de haut
Disposition : d’un côté l’évaluation de l’air, de l’autre la mise en
conditions.
50 m² d’une moquette âgée de 20 ans (issue d’un bureau existant) i :50 m² d’une moquette âgée de 20 ans (issue d’un bureau
existant), 12,5 m² d’un linoléum âgé de 6 ans et 5 m² de panneaux
12,5 m² d’un linoléum âgé de 7 ans de particules âgés de 3 ans
5 m² de panneaux de particules âgés de 5 ans ii : 2 écrans cathodiques neufs connectés à un PC, branchés
pendant 5 h avant le premier essai et laissés en fonctionnement
pendant les essais
Sources de
polluants iii : 7 filtres ayant préalablement été utilisés dans un système de
ventilation pendant 1 an
iv : Mélange de sources précitées : matériaux de construction (15
m² de moquette, 3,8 m² de linoleum et 1,5 m² de panneaux de
particules. + un écran et un PC + un filtre usagé)
v : 7 personnes – sources de bioeffluents
2 groupes (le premier groupe n’étant pas disponible pour les 2 50 sujets, recrutés au sein de l’Université Technique du Danemark
essais) (34 hommes et 16 femmes), dont 6 fumeurs, 9 allergiques, 3
sujets au rhume des foins, et 34 se déclarant comme sensibles à
38 sujets de 19 à 45 ans (moyenne : 24,3 ans) (24 hommes et 14 la mauvaise qualité de l’air.
Panel
femmes) avec les sources de pollution présentes
39 sujets de 21 à 70 ans (moyenne : 36,7 ans) (23 hommes et 16
femmes) sans les sources de polluants
Evaluation de l’acceptabilité de la qualité de l’air, de l’intensité de Evaluation de l’acceptabilité de la qualité de l’air, de l’intensité de
Etude sensorielle l’odeur et de la fraicheur de l’air. l’odeur et de la fraicheur de l’air.
Evaluation faite au moment de l’entrée dans la pièce Evaluation faite au moment de l’entrée dans la pièce
D’après ces deux études, la perception de la qualité de l’air, l’intensité des odeurs et la fraicheur
de l’air peuvent être améliorées de manière significative avec des taux de ventilation faible ou
moyen, en présence de matériaux de construction, filtres usagés et matériel informatique. Mais en
présence de bioeffluents la qualité de l’air perçue est détériorée, probablement en raison de
l’oxydation incomplète des alcools, principaux composés des bioeffluents d’après Kolarik et
Wargocki (2010). Dans leur étude, Kolarik et al. (2010) ont réalisé en plus de l’étude sensorielle,
des prélèvements d’air qui montrent que de nombreux polluants sont présents. Le fonctionnement
de l’épurateur permet de diminuer certains polluants, au taux de renouvellement d’air de 0,6 h -1.
Certains polluants comme l’acide acétique, la 2-butanone et l’acétone ont vu leur concentration
augmenter, aux différents taux de renouvellement de l’air.
Ces résultats confirment la nécessité de réaliser des mesures des polluants lors des études de
perception, afin de rechercher la présence de polluants secondaires et l’impact réel de l’épurateur
sur la qualité de l’air. En effet une amélioration de la perception de la qualité de l’air, notamment en
termes de fraicheur et odeur ne signifie pas que la qualité de l’air est réellement améliorée.
Tableau 12 : Produits intermédiaires issus de la photocatalyse des COV recensés dans la revue de
Mo et al. (2009)
En fonction des conditions de mise en œuvre, ces intermédiaires réactionnels peuvent être émis
par les systèmes photocatalytiques ou encore désactiver le catalyseur, comme l’acide benzoïque.
Non +
a d
D5 UVC ionisation et + - <20% <5% HCHO
filtration
Non + filtration
D6 UVC par charbon - + >99% e -
actif
Non + filtration
b d
D7 UVA par charbon + - <30% 40% HCOH
actif
Non +
c d
D8 Non spécifié ionisation et + - 48-99% <5% HCHO
filtration
a: acetaldéhyde, acétone, formaldéhyde, éthyl acétatte, benzèe, butyl formate, toluène, o- et p-xylène, éthylhexanol,
avec des alcanes de C12 à C14.
b: acétaldéhyde et de faibles concentrations de formaldéhyde, acétone et toluène.
c: acétaldéhyde, acétone, formaldéhyde, éthanol, t-butanol et butanal.
d: en fonction des COV
e : non déterminé
Après 24 heures, les COV émis, par trois des appareils, dans la phase contrôle (sans sources de
COV) sont principalement l’acétaldéhyde (<260 ppbV), l’acétone (<160 ppbV) et le formaldéhyde
(<42 ppbV). Ce résultat implique que des composants ne sont pas stables lorsque l’épurateur est
allumé. Les émissions de COV peuvent provenir soit du matériau photocatalytique, soit des
composés irradiés par les lampes UV-C ou UV-A. Pendant cette phase de contrôle cinq épurateurs
ont produits du CO2, ce qui démontre une activité photocatalytique, probablement sur des COV
émis par les dispositifs. A noter que les 3 épurateurs qui ont émis des COV, n’ont pas produit de
CO2, ce qui pourrait traduire une minéralisation incomplète.
Pendant le test de photocatalyse, une diminution de la concentration en COV a été observée pour
presque tous les épurateurs. Les CADR ont été calculés.
Les six épurateurs pour laquelle la minéralisation est supérieure à 99 % après 5 heures de
fonctionnement, ne montrent pas de sous-produits. A noter que du formaldéhyde a été observé
pendant les 30 premières minutes. Les 3 autres épurateurs n’ont pas ou peu de capacité à
minéraliser les COV. De plus ils contiennent des matériaux qui émettent des COV et notamment
du formaldéhyde en présence des 4 COV testés. Ils ne devraient donc pas être utilisés comme
purificateurs d’air intérieur.
Le Tableau 14 montre que les CADR ne sont pas corrélés au débit des épurateurs et que le
changement de catalyseur, par un même catalyseur, mais d’un lot différent ne donnait pas les
mêmes résultats.
L’épurateur D3 a subi des tests de vieillissement en restant allumé dans le laboratoire pendant
plusieurs semaines. Il a été testé plusieurs fois pendant cette période. Si les CADR diminuent avec
le temps, la minéralisation reste complète, à l’issue des 4 mois de vieillissement. La baisse du
CADR peut être due à une baisse de l’efficacité de la lampe et/ou du catalyseur.
L’étude a également cherché à mesurer les émissions de nanoparticules, qui n’ont été observées
avec aucun des épurateurs.
Les auteurs concluent que des données complémentaires sur l’efficacité et la sécurité de ces
épurateurs dans un volume plus représentatif de conditions réelles, ventilé et en présence d’autres
polluants seraient nécessaires et qu’il y a un besoin urgent de tests appropriés et de certification
pour assurer la sécurité des consommateurs.
Pour compléter cette dernière conclusion, la norme XP B44-013 est conçue pour mesurer
l’efficacité d’un épurateur en milieu confiné. L’efficacité mesurée dans ces conditions est plus
favorable que dans des conditions réelles d’utilisation dans un grand volume, car elle favorise les
multiples passages des polluants dans l’épurateur, et donc leur minéralisation complète.
Tableau 14 : CADR pour les COV aux concentrations initiales de 1000 et 250 ppbV de chaque polluant (acétaldéhyde, toluène, acétone, n-heptane
et COV totaux) (Costarramone et al. 2015)
3 -1
Dispositif CADR (m .h )
n- COV n- COV
Débit Vdispositif Acétaldéhyde Toluène Acétone Acétaldéhyde Toluène Acétone
heptane totaux heptane totaux
maximal /
3 -1 Vchambre 4000 1000
(m .h ) 1000 ppbV chaque 250 ppbV chaque
ppbV ppbV
D0 30 0,011 9,82 5,96 3,42 2,09 3,64 22,04 10,27 6,95 4,70 7,23
D1 20 0,005 2,49 2,44 1,68 1,33 1,76 3,20 3,08 2,37 2,04 2,64
D2 50 0,015 13,73 5,90 3,55 14,05 6,19 19,80 10,94 7,34 20,15 12,67
a
D2 22,10 11,01 4,79 13,77 10,21 _ _ _ _ _
D3 120 0,008 4,06 1,24 1,13 0,49 0,84 7,81 2,35 2,36 1,30 1,80
a
D3 2,45 0,76 0,68 0,25 0,51 12,70 2,60 2,33 1,20 1,90
D4 250 0,061 9,1 4,39 2,79 2,71 3,65 ND 4,86 3,76 4,59 5,01
D6 160 0,033 12,80 24,50 23,20 29,40 23,90 ND ND ND ND 34,40
ND : non déterminé Vdispositif / Vchambre : ratio du volume du dispositif sur le volume de la chambre
a : essai avec un nouveau média photocatalytique du même fabricant, mais d’un autre lot
Système de
filtration de Oui Oui Oui Non Non
particules
La publication n’évoque pas d’hypothèses sur les raisons des différences de production d’ozone et
de NOx pour des appareils fonctionnant sur le même principe et ne précise pas pourquoi
l’épurateur n°2 a été choisi et non le n°5 pour la conduite de la seconde phase de l’étude.
Dans la deuxième phase, l’épurateur 2, fonctionnant sur les principes de la photocatalyse et de
l’ionisation négative, a été soumis à un mélange de formaldéhyde, toluène, limonène et de NO x,.
Les concentrations choisies étaient proches des concentrations moyennes observées lors de la
Campagne nationale logements (CNL) réalisée par l’OQAI en 2006, à l’exception des NO x qui
n’avaient pas été mesurés lors de cette campagne, et pour lesquels un compromis entre les
valeurs moyennes relevées dans littérature a été retenu (Tableau 16). Les concentrations sont
mesurées en sortie de la chambre d’essai avec des prélèvements d’une heure :
Le premier avec l’épurateur à l’arrêt afin de vérifier le niveau de polluants généré,
Les quatre suivants avec l’épurateur en fonctionnement,
Le dernier l’épurateur à l’arrêt à fin de vérifier de nouveau la génération de polluants.
Les mesures d’efficacité particulaire ont été réalisées à deux vitesses, 220 m3.h-1 (vitesse 2) et
440 m3.h-1 (vitesse 4).
Afin d’étudier le vieillissement de l’appareil, ce dernier a fonctionné en continu pendant 1 mois
dans la maison MARIA du CSTB. Une source d’émission de limonène a été introduite dans la
chambre d’essai au milieu de la campagne de mesures, ainsi, plusieurs morceaux de lambris en
pin ont été disposés dans la pièce d’étude entre les semaines 2 et 3.
Les résultats des essais sont résumés dans le Tableau 16.
Tableau 16 : Synthèse des résultats des essais de la phase 2 pour 1 épurateur d’air autonome en
terme d’évolution des concentrations en polluants (d’après Tokarek et al. (2011)).
Concentrations
Polluants suivis générées Résultats
-3
(µg.m )
3 -1
A un débit de 220 m .h
Augmentation significative de la concentration dès la mise en marche de
Formaldéhyde 25 l’appareil.
-3
Supérieure à 150 µg.m pour l’appareil neuf
-3
De l’ordre de 50 à 75 µg.m avec l’appareil vieilli.
3 -1
A un débit de 220 m .h
Augmentation de l’ordre de 10-20%
Peu significatif car du même ordre de grandeur que l’incertitude
associée
Résultats identiques pour le système neuf et vieilli
Toluène 30
Au débit maximal
Concentrations très nettement supérieures
Emissions vraisemblablement intrinsèques par le système
Résultats identiques pour le système neuf et vieilli
Concentrations
Polluants suivis générées Résultats
-3
(µg.m )
3 -1
A un débit de 220 m .h
Limonène 20 Diminution de 90 % de la concentration pour l’appareil neuf.
Diminution de 50 % pour l’appareil vieilli.
3 -1
A un débit de 220 m .h
Dès le début de fonctionnement de l’appareil, il est observé une
Monoxyde diminution rapide de la concentration en NO, et une augmentation
30
d’azote concomitante de la concentration en NO2. Le bilan global sur la
concentration de NOx est quasiment nul.
résultats identiques pour le système neuf et vieilli
3 -1
A un débit de 220 m .h
Pour l’appareil neuf, l’efficacité particulaire pour les particules de 0,5 µm
de diamètre est de 60 %
Particules de
diamètre centré Non précisée
sur 0,5 µm 3 -1
A un débit de 440 m .h
Pour l’appareil neuf, l’efficacité particulaire pour les particules de 0,5 µm
de diamètre est de 77,5 %
En complément des mesures d’évolution de la concentration des polluants injectés, des mesures
d’autres COV et aldéhydes ont été faites lors de l’utilisation de l’appareil vieilli. Celles-ci montrent
que l’appareil émet du formaldéhyde et d’autres aldéhydes (benzaldéhyde, pentanal, octanal), du
toluène, du styrène, du xylène, et différents alcanes (dont décane et undécane) lors de son
fonctionnement et du formaldéhyde et des traces de toluène, éthylbenzène, styrène, xylène,
benzaldéhyde lorsqu’il est arrêté.
Cette étude sur un nombre restreint d’appareils est insuffisante pour être représentative.
Néanmoins, parmi les cinq épurateurs testés, trois émettent de l’ozone et/ou des NOx, en
l’absence de polluant à traiter.
L’efficacité particulaire, de 60 à 78 %, est, d’après l’auteur, assez bonne en comparaison avec des
systèmes équivalents ; elle semble augmenter avec le débit. Concernant l’efficacité sur les
polluants gazeux, elle est plus discutable. Ainsi, pour les NOx et le toluène, le bilan épuratoire est
neutre, avec toutefois une augmentation de la concentration de NO2 et une diminution de la
concentration de NO. Pour le limonène, l’abattement est de 90 % pour le système neuf, mais il
diminue quasiment de moitié pour un appareil ayant fonctionné en continu pendant un mois.
Concernant le formaldéhyde, la concentration augmente dès la mise en marche de l’appareil,
jusqu’à plus de 150 µg.m-3 pour l’appareil neuf et jusqu’à 75 µg.m-3 pour l’appareil vieilli. L’auteur a
réalisé un calcul théorique dans l’hypothèse où l’appareil serait mis en fonctionnement dans une
pièce de 30 m3 avec un taux de renouvellement d’air horaire de 0,5. L’émission d’une
concentration de formaldéhyde de 70 µg.h-1 (émission mesurée pour un appareil vieilli) entrainerait
une augmentation de la concentration de 4,7 µg.m-3. Cette augmentation de la concentration en
formaldéhyde pourrait être due à une émission des matériaux constitutifs et/ou la conversion du
limonène.
D’après l’auteur, la diminution de l’abattement du limonène et de l’émission du formaldéhyde lors
de l’utilisation de l’appareil vieilli, pourrait être dues à la dégradation des performances de
l’appareil et/ou une modification des phénomènes de réactivité liée à un ratio NO/NO2 différent
dans le mélange à traiter dans les essais avant et après vieillissement.
Enfin, il est à noter, qu’en absence de polluant, l’appareil vieilli, qu’il soit en fonctionnement ou non,
entraine l’émission de COV et d’aldéhydes. Cet essai n’a pas été conduit sur l’appareil neuf.
6.2.4.1.4 Conclusions
Les études mettent en évidence le fait que a photocatalyse génère des sous-produits de
réactions : la dégradation des polluants est constituée d’une succession d’étapes qui conduit à la
génération de composés intermédiaires, jusqu’à la minéralisation totale théorique. Plusieurs
travaux montrent que la réaction de photocatalyse n’est pas toujours aussi complète qu’elle le
devrait ; de ce fait, les produits intermédiaires, ou sous-produits peuvent être émis dans l’air. Les
produits secondaires peuvent être des cétones, des aldéhydes, des acides organiques... qui
peuvent avoir des propriétés plus toxiques et/ou irritantes que les polluants initiaux. Le dispositif
fonctionnant sur le principe de la photocatalyse devient alors également une source d’émission de
polluants de l’air intérieur (Mo et al. 2009). La formation de sous-produits dépend des polluants
initiaux présents dans l’air intérieur et de de la configuration de l’épurateur, ce qui rend difficile la
prévision de la génération de sous-produits, qu’elle soit quantitative ou qualitative. Une autre
préoccupation est l’inactivation du catalyseur, par exemple par empoisonnement ou encrassage, et
l’absence de modèle pour en prédire la durée de vie (Zhong et Haghighat 2015).
L’amélioration de la perception de la qualité de l’air a été évaluée par deux études. En présence de
matériaux de construction, la qualité de l’air perçue, l’intensité des odeurs et la fraicheur de l’air
peuvent être significativement améliorées à des taux de ventilation faible et moyen (Kolarik et al.
2010, Kolarik et Wargocki 2010), mais en présence de bioeffluents, la qualité de l’air perçue est
détériorée, probablement en raison de l’oxydation incomplète des alcools, principaux composés
des bioeffluents d’après Kolarik et Wargocki (2010).
Ces résultats confirment la nécessité de réaliser des mesures des polluants lors des études de
perception, afin de rechercher la présence de polluants secondaires et l’impact réel de l’épurateur
sur la qualité de l’air. En effet une amélioration de la perception de la qualité de l’air, notamment en
termes de fraicheur et odeur ne signifie pas que la qualité de l’air est réellement améliorée d’un
point de vue sanitaire.
Concernant l’efficacité sur les contaminants chimiques, parmi les neuf épurateurs testés par
Costarramone et al. (2015) suivant la norme XP B44-013, trois d’entre eux sont peu ou pas
efficaces et émettent des COV lors de leur utilisation, même en l’absence de COV dans l’air. Les
autres épurateurs dégradent efficacement l’acétone, le N-heptane, le toluène et l’acétaldéhyde
dans une enceinte confinée, avec une minéralisation de plus de 99 %, 5 heures après la mise en
fonctionnement de l’épurateur. Les CADR ne sont pas corrélés au débit de l’épurateur et pour un
même épurateur, le changement de catalyseur, par un catalyseur identique d’un autre lot conduit à
des résultats différents. Si l’augmentation du débit favorise les multiples passages des polluants
sur la surface catalytique, et donc leur dégradation, la conception de l’épurateur et son matériau
catalytique sont des paramètres qui sont déterminants pour l’efficacité du système.
A noter que cette minéralisation complète en enceinte confinée ne serait pas nécessairement
observée dans des conditions réelles d’utilisation, pour une même durée d’utilisation, car le
nombre de passages des polluants sur la surface catalytique serait bien moindre.
Dans une autre étude, Costarramone et al. (2016) montrent une bonne corrélation entre les
résultats suivant la norme XP B44-013 et des essais conduits sur deux épurateurs en conditions
« réelles » dans des pièces meublées (mais non habitées), pour les COV les plus lourds qui sont
rapidement dégradés, cependant les concentrations en formaldéhyde et acétaldéhyde augmentent
légèrement.
Tokarek et al. (2011) ont testé un épurateur fonctionnant sur le principe de la photocatalyse et de
l’ionisation négative, dans une chambre d’essais de 1 m3, avant et après vieillissement. Pour le
toluène et le formaldéhyde, une augmentation significative des concentrations est observée avant
et après vieillissement, alors qu’une diminution de la concentration en limonène est observée, de
90 % pour l’appareil neuf, à 50 % pour l’appareil vieilli, ce qui peut laisser supposer une
dégradation de l’appareil.
Enfin l’étude de Gérardin et al. (2010) montre que dans le cas d’une utilisation en milieu
professionnel, qui impliquerait une exposition à des composés spécifiques, une étude préalable
sur l’efficacité du système sur ces composés est nécessaire. En effets, dans le cadre de cette
étude, l’épurateur confronté notamment à du perchloroéthylène a entrainé l’émission de phosgène
à une concentration supérieure à la VLEP en un point de mesure.
Concernant l’efficacité sur les contaminants biologiques, les deux études conduites dans un
environnement intérieur recensées montrent que la photocatalyse associée à un rayonnement
UV-A peut être efficace sur certaines bactéries. Un effet synergique entre la lampe UV-A et le
catalyseur est observé (Sánchez et al. 2012, Tsai, Sung, et Song 2011). En effet, le catalyseur
permet l’accrochage des microorganismes, ce qui augmente le temps d’irradiation et peut induire
un temps d’exposition suffisamment long pour que les microorganismes soient bloqués dans leur
reproduction, voire détruits (Blondeau et al. 2007). D’après les études recensées, la photocatalyse
avec une lampe UV-C n’a pas d’effet synergique sur l’inactivation des bactéries (Hequet et al.
2016, Sánchez et al. 2012). Enfin, Zhang et Gamage (2010) ont identifié dans leur revue sur les
applications de la désinfection photocatalytique des études qui montrent une réduction de la
propagation du SRAS dans des avions suite à l’épidémie de 2003, ainsi que la capacité de
prototype à inactiver le virus de la grippe aviaire A/H5N2.
Ces résultats montrent que l’efficacité et l’émission de sous-produits varient d’un modèle
d’épurateur à l’autre. Il est nécessaire de mettre en place des essais normalisés et d’initier un
processus de certification afin d’éliminer les épurateurs les moins efficaces et ceux susceptibles
d’émettre des polluants. Néanmoins, les tests en enceintes confinées, définis dans la norme XP
B44-013, ne permettent pas de bien évaluer l’efficacité des dispositifs en conditions réelles
d’utilisation, pour tous les polluants. Une augmentation des concentrations en formaldéhyde et
acétaldéhyde peut être observée en condition réelles, alors qu’elle n’avait pas été observée
suivant les tests normalisés.
Le vieillissement de l’appareil est un paramètre à prendre en compte dans les essais d’efficacité,
car celle-ci peut être réduite par l’encrassement ou l’empoisonnement du catalyseur. Outre, l’effet
du vieillissement sur l’abattement de la concentration en limonène observé dans de l’étude
deTokarek et al. (2011), l’effet du vieillissement est mentionné dans plusieurs revues. L’étude de
Hay et al. (2015) qui a évalué la désactivation du catalyseur dans des réacteurs expérimentaux et
commerciaux dans un laboratoire et sur le terrain, est souvent citée. Les résultats sur le terrain
montrent une rapide désactivation du catalyseur, de 55 à plus de 90 % après une semaine
d’utilisation (4 prototypes testés). Une deuxième série de tests a montré une désactivation de 28 à
80 %. L’étude en laboratoire et sur le terrain a montré une corrélation forte entre le silicium présent
à la surface du catalyseur et la désactivation de ce dernier. L’auteur indique que considérant que
les siloxanes sont la principale source de silicium dans les COV de l’air ambiant, il est probable
que l’empoisonnement du catalyseur soit dû à la photo-oxydation des siloxanes.
Dans une revue Hay et al. (2015) indiquent qu’une minéralisation complète n’est possible qu’en
laboratoire. La désactivation du catalyseur fait varier sa surface au cours du temps et réduit le
nombre de sites actifs disponibles, et donc également le nombre de radicaux disponibles. La
minéralisation incomplète devient alors plus présente, ce qui augmente la production de sous-
produits. L’effet de la désactivation du catalyseur sur la formation de sous-produits doit être
évalué.
Enfin, la question de l’émission de nanoparticules par les épurateurs d’air photocalatytiques est
une question qui s’est posée à plusieurs reprises lors de l’instruction de ces travaux. Seules deux
études (Costarramone et al. 2016, Costarramone et al. 2015) ont recherché ces émissions et
aucune nanoparticule n’a été détectée.
7.1 Principe
Les sprays « assainissants » recensés dans le cadre de l’étude du marché, revendiquent
principalement une action sur les odeurs (69 %) et/ou une action biocide (60 %) : antifongique,
bactéricide, virucide, acaricide ou encore insecticide. Soixante-quatre produits ont été recensés,
dont 38 sprays à base d’huiles essentielles, les autres produits étant principalement des
désodorisants qui revendiquent une « neutralisation » des odeurs et pas un simple « masquage »,
sans toutefois que le principe de « neutralisation » soit bien défini.
Les produits à bases d’huiles essentielles représentent 59 % des produits référencés et sont
notamment commercialisés en pharmacie, commerces « biologiques », l’objectif revendiqué étant
d’assainir l’air « naturellement ». Considérant les propriétés anti-allergènes de certaines huiles
essentielles, elles sont parfois recommandées chez des patients allergiques.
L’évaluation des substances et des produits prévue par la réglementation biocide se déroule en
deux temps :
1. L’évaluation des substances actives biocides : un ou des notifiant(s) dépose(nt) une
demande d’approbation d’une substance active pour un ou plusieurs type de produit.
L’évaluation menée par un Etat membre rapporteur est ensuite discutée par l’ensemble des
Etats-membres. Si la substance est conforme aux critères réglementaires, elle fait l’objet
d’un règlement d’approbation pour un ou des types de produits.
2. Une fois les substances actives approuvées, les produits biocides sont soumis à
autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette autorisation est donnée sur la base de la
démonstration, d’une part de l’efficacité du produit contre les cibles revendiquées, et
d’autre part d‘un risque acceptable pour l’homme et l’environnement compte tenu des
usages revendiqués.
La mise en œuvre du règlement biocide est en cours, la fin du programme d’examen des
substances actives inscrites au programme d’examen des substances est prévue pour 2024. Les
produits biocides dont les substances actives ne sont pas au programme d’examen sont interdits.
Les produits contenant des substances actives approuvées sont soumis à AMM. Les produits
biocides dont la substance active est encore en cours d’évaluation, sont dans un régime
transitoire, où chaque Etat-membre applique ses dispositions nationales. En France, les produits
biocides soumis au régime transitoire sont mis librement sur le marché, à quelques exceptions
près pour lesquels un agrément est nécessaire avant mise sur le marché. C’est le cas pour :
Les produits biocides utilisés contre les maladies contagieuses du bétail soumises à
déclaration obligatoire ou contre celles qui font l’objet d’une prophylaxie collective
organisée par l’Etat. Le Ministère de l’Agriculture est l’autorité qui délivre l’agrément.
Les produits désinfectant les réseaux d’eau chaude sanitaire, les eaux thermales et les
piscines publiques, ainsi que produits désinfectant l’eau destinée à la consommation
humaine et les installations de productions et de distribution d’eau destinée à la
consommation humaine (majoritairement TP 2, 4 et 5). La Direction Générale de la Santé
est l’autorité qui délivre l’agrément.
Les produits utilisés en thanatopraxie pour la conservation des corps (TP22). La Direction
générale de la santé est l’autorité qui délivre l’agrément.
Les sprays assainissants ne font a priori pas partie des produits nécessitant un agrément en
période transitoire.
Par ailleurs, tous les produits biocides, avec AMM ou en période transitoire, doivent être mis sur le
marché en suivant les prérequis suivants :
contenir des substances actives soutenues dans le programme d'examen pour l'usage
adéquat, à savoir listées à l'annexe II du règlement 1062/2014 et n'ayant pas fait l'objet de
décisions de non-approbation suite à des abandons,
A ce jour, un produit revendiquant un assainissement de l’air par action biocide, présent sur le
marché, dispose soit d’une AMM si sa (ou ses) substance(s) active(s) a (ont) été approuvée(s), ou
est mis librement sur le marché si sa (ou ses) substance(s) active(s) est (sont) en cours
d’évaluation.
Le géraniol, par exemple, naturellement présent dans plusieurs huiles essentielles, est une des
substances actives contenues dans des produits « assainissants » qui est en cours d’évaluation
pour les usages TP 18 (Insecticides, acaricides et produits utilisés pour lutter contre les autres
arthropodes) et TP 19 (Répulsifs et appâts). Les sprays « assainissants » contenant du géraniol
comme substance active sont donc mis librement sur le marché jusqu’à la fin de l’évaluation du
géraniol. A l’issue de l’évaluation :
si le géraniol est approuvé pour les types de produits 18 et 19, le fabricant d’un produit de
type 18 ou 19 qui ne contient que du géraniol comme substance active, ou du géraniol
avec d’autres substances actives déjà approuvées, devra faire une demande d’AMM en
précisant les usages précis revendiqués. Le produit reste sur le marché jusqu’à la fin de
son évaluation,
si le géraniol est approuvé pour les types de produits 18 et 19, le fabricant d’un produit de
type 18 ou 19 qui contient d’autres substances actives biocides en cours d’évaluation, doit
attendre que les autres substances actives soient approuvées pour faire une demande
d’AMM, le produit reste librement sur le marché,
si le géraniol n’est pas approuvé pour un type de produit, alors les produits de ce type qui
contiennent du géraniol en tant que substance active doivent être retirés du marché.
L’association « UFC Que choisir » a réalisé des essais sur sept sprays « assainissants » à base
d’huiles essentielles, et huit désodorisants, dont trois revendiquant une action assainissante. Les
résultats de ces essais ont été publiés dans le numéro de novembre 2014 dans l’objectif de
comparer leur impact respectif sur la qualité de l’air intérieur des logements.
Les essais ont été réalisés dans des chambres d’émission de 1 m3 suivant les préconisations
d’usage de chaque produit en termes de nombre et durée de pulvérisation. Certains produits ne
présentant pas de préconisation d’usage, une moyenne des préconisations des autres produits a
été appliquée. Les niveaux d’émission ont été ramenés à des pièces de 30 m3 avec un taux de
renouvellement de l’air de 0,5.
Ces tests en laboratoire ont montré que les émissions générées entrainaient des concentrations
en COV totaux de 475 à 15 790 µg.m-3 pour les sprays « assainissants » à base d’huile
essentielles et de 514 à 2 717 µg.m-3 pour les désodorisants qui revendiquent une destruction des
odeurs ou un effet désinfectant. Les COV principalement retrouvés sont les terpènes, dont le
linalool et le limonène, à l’exception d’un désodorisant qui émet principalement un phtalate : le
DEP.
Concernant les particules fines PM2,5, l’association de consommateurs met en avant les
différences entre les vaporisateurs et les aérosols notamment sur le principe de fonctionnement
reposant dans le premier cas sur la pulvérisation d’une dose de produit à chaque pression et dans
le second cas sur une pulvérisation continue du produit ainsi que du gaz propulseur. Dans
l’ensemble, les vaporisateurs émettent beaucoup moins de particules fines que les aérosols : de
0,4 à 10 ppm pour les premiers et de 4 à 780 ppm pour les seconds.
Par ailleurs, l’association de consommateurs souligne que les revendications d’efficacité de ces
produits sont souvent biaisées. Ainsi les tests d’efficacité conduits par les fabricants de ces sprays
« assainissants » à base d’huiles essentielles suivant des normes NF prévoient que les huiles
essentielles soient en contact pendant un temps donné avec les microorganismes. Or les résultats
de ce type d’essai ne sont pas extrapolables à un produit pulvérisé dans l’air d’une pièce.
Delmas et al. (2016) ont conduit des essais afin de mesurer la concentration dans l’air de
terpènes, dont le limonène, lors de la pulvérisation d’un spray à base d’huiles essentielles
revendiquant des propriétés assainissantes de l’air intérieur. Trois protocoles différents ont été
déployés pour quantifier le limonène. Les essais pour déterminer la concentration aérienne ont été
conduits suivant les préconisations d’usage du produit qui sont de 6 à 8 pulvérisations dans une
pièce de 25 m2.
Méthode
Protocole n°1 : Calcul de la concentration théorique de limonène dans une et quatre
pulvérisations : 3 séries de 10 mesures de la masse totale de la pulvérisation. La masse de
limonène est déduite des données de composition du produit obtenues auprès du centre
anti-poison de Strasbourg, soit environ 4-5% de limonène.
Protocole n°2 : Mesure de la concentration aérienne de limonène par un appareil de photo-
ionisation dans une cabine de 9 m3 dont le taux de renouvellement d’air était de 30,5 m3.h-1
: deux séries de 10 mesures.
o Après une pulvérisation au centre de la cabine, la concentration est mesurée toutes
les 30 secondes pendant 20 minutes.
o Après quatre pulvérisations, une aux quatre coins de la cabine, la concentration est
mesurée toutes les 30 secondes pendant 30 minutes.
Résultats
Résultats du protocole n°1 : à partir des quantités de limonène contenues dans une et quatre
pulvérisations, calculées à partir de la masse d’une et quatre pulvérisations et des données de
composition, les concentrations théoriques de limonène dans la cabine de 9 m3 et la pièce de
42 m3 ont été calculées. Les résultats sont donnés dans le Tableau 17.
1 pulvérisation 4 pulvérisations
Quantité moyenne théorique de
limonène 13,4 57,7
(mg)
Concentration théorique dans
3
la cabine de 9 m 1490 6410
-3
(µg.m )
Conclusions
Les résultats montrent que la pulvérisation du produit testé augmente considérablement les
concentrations en limonène dans l’air intérieur ; trois heures après huit pulvérisations dans une
pièce d’habitat, la concentration est encore près de 200 fois supérieure au taux résiduel maximum
qui avait été mesuré avant pulvérisation.
Dans leur discussion, les auteurs indiquent que « l’exposition aux huiles essentielles peut aggraver
l’asthme chez des patients déjà asthmatiques. L’étude de Kumar et al. (1995) a comparé
l’exposition à un parfum et à un placebo chez 39 asthmatiques par rapport à 13 témoins. La
diminution de la VEMS était significativement plus importante chez les asthmatiques que chez les
témoins. De plus la diminution de la VEMS était reliée à la sévérité de l’asthme, soit 36 % pour les
asthmes sévères, 17 % pour les modérés et 8 % pour les légers. A côté des asthmatiques, les
patients souffrant d’hypersensibilité chimique multiple sont des sujets à risque (Millqvist,
Bengtsson, et Löwhagen 1999). Enfin le limonène a également été décrit comme étant un agent
de sensibilisation cutanée. En effet, certains patients ont des patchs test positifs aux COV dont le
limonène (Rutherford et al. 2007, Buckley et al. 2003, Su et al. 2007). Malgré des données sur le
rôle potentiel des COV comme sensibilisant cutané, le mécanisme le plus fréquemment retenu
dans la détérioration de la fonction respiratoire chez les patients asthmatiques serait plutôt de type
irritatif ». Les auteurs concluent qu’ « aux vues des données de la littérature, les concentrations
élevées de COV terpéniques sont délétères pour les asthmatiques. Par conséquent, l’utilisation
d’huiles essentielles sous forme de spray ne doit pas être recommandée chez les patients
asthmatiques. »
7.4 Conclusions
L’association de consommateurs UFC Que Choisir indique qu’un des arguments des fabricants de
sprays à base d’huiles essentielles en faveur de leurs produits est que les effets des COV de leurs
produits ne seraient pas comparables aux COV de la chimie puisqu’ils proviennent d’essences
végétales. Or l’association rappelle qu’une substance qu’elle soit d’origine naturelle ou de
synthèse a les mêmes propriétés et donc les mêmes effets sur la santé. Par ailleurs, les
précautions d’usages présentées sur l’emballage des vaporisateurs à base d’huiles essentielles
mentionnent notamment : « Ne pas respirer les aérosols » ou « Ne pas respirer les vapeurs »,
associées à « Utiliser seulement dans des zones bien ventilées ».
Concernant les particules fines émises par les aérosols des désodorisants, l’association de
consommateurs souligne qu’il y a peu de données sur leur toxicité en lien avec leur composition.
Cependant, il est désormais bien établi que plus les particules sont fines plus elles pénètrent
profondément dans l’appareil respiratoire et sont donc susceptibles d’avoir une réactivité plus
importante avec l’organisme.
Concernant les effets sur la santé du limonène et autres terpènes, Delmas et al. (2016) soulignent
que les COV ont été décrits comme irritants pour les bronches, voire potentialisateurs de la
réponse bronchique à l’allergène chez les sujets normaux et particulièrement chez les sujets
allergiques et asthmatiques lors de test d’exposition aux COV et d’études épidémiologiques. Par
ailleurs, l’exposition aux huiles essentielles peut aggraver l’asthme chez des sujets déjà
asthmatiques et les fragrances sont également responsables d’asthmes professionnels. Enfin, les
terpènes peuvent réagir avec l’ozone présent dans les logements pour former des produits
secondaires dont des aldéhydes et notamment du formaldéhyde.
Or les sprays « assainissants » à base d’huiles essentielles peuvent être conseillés à des sujets
allergiques qui peuvent être asthmatiques en raison de leur propriétés anti-allergénique. L’étude
de Delmas et al. (2016) souligne qu’aucune étude contrôlée visant à apprécier les effets cliniques
des huiles essentielles chez des sujets présentant des allergies respiratoires n’a été réalisée à ce
jour.
Dans son rapport de 2009 relatif à la procédure de qualification des émissions de composés
organiques volatils par les matériaux de construction et produits de décoration, l’Afsset préconisait
une concentration limite d’intérêt (CLI) en limonène de 450 µg.m-3, suivant la valeur guide
proposée dans le projet européen INDEX (EC 2005, Afsset 2009a). D’après le rapport INDEX (EC
2005), les seuils de détections olfactifs sont 1,1 mg.m-3 pour le d-limonène et 2,8 mg.m-3 pour le
l-limonène. Dès lors que les seuils olfactifs sont atteints, des symptômes irritatifs sont susceptibles
d’apparaître chez des sujets normaux. Les concentrations relevées dans l’étude de Delmas et al.
(2016) sont supérieures à la CLI dans la cabine de 9 m3 et dans la pièce de 42 m3.
En conclusion, les concentrations relevées dans ces deux études sont susceptibles d’entraîner des
effets sur la santé, notamment chez les sujets asthmatiques, alors qu’ils font partie de la cible de
ces produits qui revendiquent des propriétés limitant les sources d’allergie. Considérant ces
signaux récents, l’utilisation d’huiles essentielles sous forme de sprays « ne devrait pas être
recommandée » chez les sujets asthmatiques.
8 Conclusion
Ces dernières années le marché des épurateurs de l’air intérieur s’est développé avec la
commercialisation d’appareils autonomes, ainsi que des matériaux de construction et de
décoration revendiquant des propriétés dépolluantes. Ces dispositifs et produits sont destinés à
toute la population, mais peuvent cibler particulièrement les sujets sensibles ou sensibilisés.
Cependant la question de leur efficacité et surtout celle de leur innocuité se pose.
Les recommandations actuelles des pouvoirs publics portent en priorité sur la limitation des
émissions à la source, l’aération et la ventilation (INPES 2009).
Les revendications d’efficacité sont assez hétérogènes et peuvent cibler une substance spécifique
ou un mélange de polluants. Elles portent principalement sur les composés organiques volatils
(COV) (75 %), les virus, bactéries et moisissures (68 %), les particules (58 %) et les allergènes
(pollens, acariens) (54 %). Certaines concernent plus génériquement la fumée de cigarette, les
odeurs, ou « les polluants de l’air ».
Concernant les technologies d’épuration utilisées, il est important de noter que plus de la moitié
des références combinent plusieurs technologies. Les plus présentes sur le marché sont la
filtration mécanique (35 % des références), l’ionisation (33 % des références) et l’adsorption
physique (24 % des références). Il est à noter que cette expertise a été initiée notamment suite à
l’émergence de préoccupations sur la photocatalyse rapportées dans plusieurs travaux de
recherche montrant des émissions de sous-produits. Cependant l’étude de marché montre que
cette technologie est encore peu répandue et représente moins de 17 % des références.
Enfin, l’étude a permis de mettre en évidence le fait que les technologies des dispositifs mis sur le
marché étaient souvent mal décrites sur les dispositifs d’épuration et que l’efficacité revendiquée
était rarement justifiée. Les fabricants, « prescripteurs » et associations de consommateurs
auditionnés ont souligné la nécessité de normes permettant de justifier l’efficacité des produits.
Par ailleurs, les « prescripteurs » indiquent être plus favorables à la prévention par l’élimination
des sources de polluants qu’à une approche par épuration de l’air. Si un traitement de l’air s’avère
nécessaire, à ce jour seule la filtration mécanique est perçue par ces prescripteurs comme étant
« sans danger ». Il est important de souligner que si ces dispositifs ne sont pas entretenus ils
peuvent être à l’origine d’une détérioration de la qualité de l’air.
S’il n’existe pas de réglementation contraignante en France, trois normes, dont deux
expérimentales, permettent d’évaluer les performances intrinsèques des épurateurs d’air
autonomes (norme NF B44-200, également applicable aux climatiseurs), l’efficacité des systèmes
photocatalytiques sur les COV (norme expérimentale XP B44-013), et d’évaluer les matériaux
photocatalytiques vis-à-vis de la dégradation des oxydes d’azote (norme expérimentale XP B44-
011). Il est important de noter que les essais conduits en laboratoire ne sont pas toujours
représentatifs des conditions réelles d’utilisation.
Ces normes représentent un réel progrès car elles proposent des protocoles d’essais normalisés
qui permettent de comparer les performances des différents dispositifs entre eux. Elles permettent
d’évaluer l’efficacité des dispositifs mais également l’émission de certains produits secondaires.
Cependant elles sont encore perfectibles car elles ne prévoient pas toutes ni d’essais en
recirculation, qui permettraient de mettre en évidence la formation de sous-produits de réaction
des polluants de l’air intérieur avec les émissions de l’épurateur (par exemple, l’interaction entre
l’ozone et les terpènes conduit à la formation de particules), ni d’essais de vieillissement afin de
mesurer l’éventuelle baisse de performance de l’appareil au cours du temps.
Par ailleurs, ces dispositifs peuvent dégrader la qualité de l’air intérieur en générant de nouveaux
polluants. Au vu de l’analyse de la littérature scientifique conduite, il peut être observé :
Les sprays « assainissants » contenant des huiles essentielles revendiquent une action biocide et
sont par conséquent soumis au règlement européen n°528/2012. A termes, ils devront faire l’objet
de demandes d’autorisation de mise sur le marché qui prendront en compte les effets sur la santé
et l’efficacité du produit. Considérant qu’ils feront dans les années à venir l’objet d’une évaluation
dans le cadre de l’implémentation de ce règlement11, il n’a pas été conduit dans le cadre de cette
expertise de recherche bibliographique approfondie ni sur l’efficacité biocide des huiles
essentielles dispersées dans l’air intérieur, ni sur les effets sur la santé de l’inhalation de ces huiles
essentielles. L’expertise présente toutefois deux études récentes pointant des émissions de COV à
des niveaux préoccupants.
Il existe à ce jour peu d’études sur les effets, bénéfiques ou délétères, sur la santé à court terme
associés à l’utilisation d’épurateurs d’air, et aucune étude sur les effets à long terme n’a été
identifiée dans la littérature scientifique.
Par ailleurs, l’utilisation de systèmes d’épuration d’air intérieur conçus pour le grand public pourrait
ne pas être adaptée à une utilisation dans des ambiances professionnelles où la nature et le
niveau de polluants peuvent être différents de ceux rencontrés dans les environnements intérieurs
domestiques.
Le Tableau 18 synthétise les limites des principales techniques d’épuration relevées par l’analyse
bibliographique.
11 La mise en œuvre du Règlement Biocides est en cours, la fin du programme d’examen des substances
actives inscrites au programme d’examen des substances est prévue pour 2024.
Tableau 18 : Synthèse des limites des principales techniques d’épuration relevées par l’analyse bibliographique.
Technique
Principe Revendications d’efficacité Limites/inconvénients relevés par l’analyse de la littérature scientifique
d’épuration
Injection d’ions dans l’air qui sont captés par les L’efficacité est peu démontrée en conditions réelles d’utilisation.
Elimination des contaminants
particules. Les particules chargées sont captées
biologiques
Ionisation/filtration par les surfaces du bâtiment, ionisation simple, Emissions potentielles :
Elimination des contaminants
électrostatique ou par des plaques électriquement chargées Ozone formation de particules secondaires en présence de terpènes
chimiques
présentes au sein de l’épurateur dans le cas de
Amélioration du bien-être Espèces réactives de l’oxygène réactions avec les polluants de l’air
la précipitation électrostatique. intérieur pouvant former des polluants secondaires
L’ozone peut être efficace sur les contaminants chimiques et biologiques, mais à
des concentrations dans l’air qui peuvent avoir un impact sur la santé humaine.
L’efficacité est faible aux concentrations d’ozone sans effet sur la santé humaine.
Elimination des composés
organiques
Oxydation des polluants par la décomposition de La génération d’ozone entraine des concentrations dans l’air supérieures à 100
Ozonation Elimination des odeurs
l’ozone µg.m-3 (valeur guide de l’OMS sur 8h dans l’air ambiant)
Elimination des micro-
organismes
Formation de polluants secondaires, ex :
Particules en présence de terpènes
Acide acétique en présence de formaldéhyde
Le plasma froid seul a de réelles capacités à minéraliser les polluants en CO2 et O2
Elimination des contaminants en conditions expérimentales, mais en pratique, il est observé :
Minéralisation des molécules organiques au biologiques
Une minéralisation incomplète génération de polluants secondaires
Plasma froid travers de réactions d’oxydation initiées par les Elimination des contaminants
L’émission d’ozone formation de particules secondaires en présence
radicaux libres produits dans un champ ionisant. chimiques
de terpènes
Elimination des odeurs
L’émission d’oxydes d’azote
Elimination des contaminants
Les mêmes limites que pour les plasmas froids « seuls » sont recensées, la
Synergie entre un plasma et une catalyse ou biologiques
formation de produits secondaires restant cependant moindre.
Plasma/catalyse photocatalyse, permettant de limiter la Elimination des contaminants
génération de polluants secondaires (NO2 et O3). chimiques
Elimination des odeurs
Elimination des contaminants En théorie la photocatalyse aboutit à une minéralisation des polluants en CO2 et O2.
Activation d’un catalyseur hétérogène par un biologiques
Photocatalyse rayonnement lumineux, souvent une lampe UV. Elimination des contaminants En pratique la minéralisation est incomplète, ce qui engendre la formation de
Minéralisation des polluants. chimiques produits secondaires (ex : cétones, aldéhydes, acides organiques).
Elimination des odeurs
9 Recommandations
Concernant le cas particulier des produits/substances pulvérisés afin d’assainir l’air intérieur,
basés sur des propriétés biocides, l’évaluation de l’efficacité dans le cadre du règlement européen
n°528/2012 relatif à la mise sur le marché de produits biocides, devra considérer l’efficacité de ces
substances sur des micro-organismes aéroportés.
Les utilisateurs doivent être informés de l’importance de respecter les instructions d’entretien des
dispositifs d’épuration, afin de limiter les risques d’émissions de sous-produits.
Les sujets asthmatiques doivent être mis en garde sur une possible aggravation de leur pathologie
lors de la mise en œuvre de tels dispositifs, en particulier les dispositifs utilisant des huiles
essentielles et les dispositifs pouvant générer de l’ozone.
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ANNEXES
Annexe 1 : Auto-saisine
Les éléments ci-après sont issus du rapport de l’étude de marché réalisée et produite par
Nomadéis et ULR Valor.
I. Objectifs du marché :
Identifier l’ensemble des produits destinés à l’épuration de l’air intérieur (y compris les plus
innovants) commercialisés en France à destination du grand public et des petits professionnels ;
Caractériser chacun de ces produits sur le plan technique (technique d’épuration mise en
œuvre, composition du produit, type de polluants traités, conditions d’utilisation, etc.) ;
Collecter un ensemble de données économiques sur ces produits (volume de vente actuel,
perspectives d’évolution du marché, structuration du réseau de distribution, etc.).
II. Périmètre
Les produits analysés dans cette étude de marché ont été classés dans 5 familles :
Les appareils autonomes d’épuration de l’air intérieur, allant de petits appareils portatifs dédiés
au grand public à des dispositifs adaptés aux professionnels ;
L’intégration d’une nouvelle famille constituée de systèmes végétaux revendiquant une action d’épuration de
l’air intérieur (bio-filtration) n’a pas été retenue en raison d’un faible nombre de produits identifiés. En effet,
les plantes sont exclues de l’étude sauf dans le cas où elles sont intégrées dans des appareils ou vendues
exclusivement pour leurs propriétés d’épuration de l’air intérieur, cette thématique de l’épuration par les
plantes ayant déjà été étudiée par l’OQAI.
Le périmètre de l’étude a par conséquent été défini sur les bases suivantes :
Sont inclus tous les systèmes revendiquant une action d’épuration de l’air intérieur, et affichant
ainsi clairement un argument commercial d’épuration de l’air. Sont ainsi concernés les dispositifs peu
onéreux, peu encombrants, auxquels les particuliers peuvent ou veulent croire, même si leurs
capacités réelles d’épuration de l’air ne sont pas réellement effectives. Ces produits peuvent être
plurifonctionnels, comme les climatiseurs, humidificateurs ou déshumidificateurs qui intègrent
également des fonctions d’épuration de l’air. Les matériaux de construction et de décoration
revendiquant de telles vertus rentrent également dans le champ de l’analyse. En revanche seuls les
ionisateurs revendiquant expressément une action d’épuration de l’air intérieur ont été recensés (les
appareils dont la documentation ne met en avant que le bien-être des occupants ont été exclus);
Ne sont considérés que les produits commercialisés à destination des particuliers et des petites
unités professionnelles (salons de coiffure, pressings, ongleries, chambres d’hôpital…). Les
systèmes de traitement d’air centralisés, c’est-à-dire épurant puis distribuant l’air dans l’ensemble
d’un bâtiment ou un ensemble de pièces d’un bâtiment sont ainsi hors périmètre d’étude ;
Sont couverts par l’étude l’ensemble des produits, de marque française ou étrangère,
commercialisés en France. Concernant la vente en ligne, seuls les sites francophones, ciblant
clairement une clientèle française et possédant des dispositifs de livraison en France, ont été étudiés ;
III. Méthodologie
1. Analyse documentaire
L’analyse du marché de l’épuration de l’air intérieur s’est appuyée sur une vaste analyse documentaire, dans
un premier temps pour cerner de façon approfondie la thématique de l’épuration de l’air intérieur. Les
données relatives aux produits d’épuration ont été recueillies sur la base d’environ 185 catalogues,
documents techniques, monographies, modes d’emploi élaborés par les fabricants, ainsi que des
contenus de pages web produits par les fabricants et les distributeurs.
Nomadéis et ULR Valor ont dans un premier temps procédé à l’identification des fabricants et distributeurs
de dispositifs d’épuration de l’air intérieur et au repérage de leurs coordonnées, afin de pouvoir recenser les
gammes de produits commercialisés (et recueillir des données et/ou documentations techniques
disponibles).
Il est à noter que la qualité et la précision des informations apportées sur les technologies mises en
œuvre sont par conséquent extrêmement variables. Nomadéis / ULR Valor ont cependant fait preuve
d’une grande rigueur lors de leur traitement en portant une attention particulière aux éléments suivants :
Nature et provenance de la source documentaire ;
Niveau de précision et fiabilité de la source documentaire.
Dans le cas de données contradictoires identifiées dans différentes sources, c’est l’information
fournie par le fournisseur qui a été privilégiée. Les sources des données prises en compte ont été
intégrées à la base pour chacune des références répertoriées.
Dans le cas particulier des systèmes de ventilation ou de climatisation qui intègrent des fonctions
d’épuration de l’air, le recensement et l’analyse ont été effectués à partir de recherches approfondies sur le
Web prenant comme point de départ les fabricants de matériels climatiques. Le périmètre de l’étude étant le
marché français, seuls les matériels bénéficiant de documentations en langue française (catalogue produits,
documentation commerciale, documentation technique, manuel d’utilisation…) ont été considérés, même si
ce critère n’est évidemment pas suffisant pour affirmer qu’ils sont effectivement déployés à grande échelle
sur le territoire national. Ont également été exclus de l’analyse les matériels qui n’intègrent qu’un filtre
mécanique à particules positionné au niveau de la prise d’air, la fonction de ces filtres étant alors davantage
de prévenir l’empoussièrement du système que d’améliorer la qualité de l’air intérieur.
Contrairement à ce qui a été fait pour les épurateurs autonomes, l’identification des techniques d’épuration
de l’air mises en œuvre dans les appareils n’a pas systématiquement été effectuée sur la base de la
description qui en est faite par le fabricant ou les distributeurs. Quand cette dernière s’est avérée être trop
sommaire et/ou recourir à une terminologie laissant place au doute, des recherches complémentaires ont
été menées afin d’identifier les procédés physico-chimiques réellement intégrés aux appareils et de les
répertorier dans la base de données suivant la classification prédéfinie. Ces recherches parfois longues,
laborieuses et incertaines nous ont alors conduit à analyser des supports divers et variés écrits en langues
étrangères (notices d’utilisation avec vue éclatée des appareils, vidéos promotionnelles du fabricant, articles
de revue, brevets…).
2. Entretiens
Cette analyse a été enrichie par la conduite de 28 entretiens qualitatifs auprès de 4 profils d’acteurs :
Experts (instituts de recherche, institutions, etc.) disposant d’une vision large du marché de
l’épuration ou d’une connaissance approfondie de certaines technologies d’épuration : François
Maupetit (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB)) ; Pierre Deroubaix (ADEME) ;
Pascal Kaluzny (Tera environnement) ; Alain Ginestet (Centre Technique des Industries
Aérauliques et Thermiques (CETIAT)) ; Béatrice Caullet (Laboratoire d'Hygiène de la Ville de
Paris) ; Sylvie Lacombe (Fédération européenne de la photocatalyse (EPF))
Il est à souligner que de nombreux acteurs interrogés lors de l’étude, notamment les
prescripteurs et experts, soulignent l’importance de la réduction des émissions à la source
(sélection de matériaux ou de mobilier peu émissifs par exemple) ainsi que d’une bonne ventilation
et aération des lieux de vie et de travail. Ce n’est que dans le cas où ces conditions sont respectées
et qu’un problème de qualité de l’air persiste que doit intervenir l’épuration de l’air. Ceci nécessite
alors une analyse des polluants présents afin de mettre en œuvre une solution d’épuration adaptée
aux polluants à traiter et à l’environnement d’utilisation.
L’épuration ne serait ainsi pas nécessaire dans la majorité des logements, hormis dans certains cas
extrêmes (logements situés dans des zones très soumises à la pollution).
4. Visites terrains
La visite du salon Pollutec a été complétée par une journée de terrain dans plus de 35 enseignes
susceptibles de distribuer des produits d’épuration de l’air intérieur . Une priorité a été donnée aux
distributeurs « physiques » (par opposition au commerce en ligne) et en particulier aux distributeurs de
proximité tels que les pharmacies ainsi que les petites surfaces (drogueries, électriciens, etc.), ces acteurs
étant difficiles à mobiliser lors de la consultation en ligne ou par le biais de recherches en ligne.
Pharmacies 15 0 4 2,3
Magasins bio 2 2 2 2
Commerces de proximité (drogueries, électriciens) 3 0 0 0
TOTAL 36 0 9
Parmi les 36 commerces visités, seuls 8 ne commercialisaient aucun produit d’épuration de l’air intérieur : 2
pharmacies, les 3 commerces de proximité (drogueries, électriciens), Point P (commercialisation uniquement
dans certains magasins), Bricorama, FNAC et Nature & Découvertes. 46 produits différents ont été
identifiés dans l’ensemble de ces commerces.
Alors que Nature & Découvertes commercialisait auparavant des épurateurs autonomes en magasin, ce
n’est plus le cas à ce jour en raison d’un certain manque de succès, la sensibilisation auprès du grand public
étant encore trop faible. Néanmoins ces produits sont encore vendus via la plateforme en ligne de
l’enseigne.
Les pharmacies commercialisent pour la plupart des sprays assainissants, les conseils d’utilisation étant
néanmoins fortement variables. Si certains pharmaciens alertent quant à une sur-utilisation du produit,
d’autres n’ont pas de recommandations particulières. Ces sprays sont principalement mis en vente pour
des raisons commerciales, au vu du succès qu’ils représentent, bien que les pharmaciens ne soient pas
toujours convaincus de leur efficacité.
Les questions de la consultation portaient principalement sur les aspects économiques, la majorité des
données techniques ayant été pré-identifiées lors des recherches documentaires. La rapidité de réponse au
questionnaire est en effet ressortie comme un aspect clé pour que les fabricants et distributeurs acceptent
d’y répondre.
Il a été rappelé aux répondants à plusieurs reprises que les données économiques ne seraient pas
analysées individuellement mais agrégées. La possibilité de répondre « je ne sais pas », « information non
disponible » ou « information confidentielle » a été assurée tout au long du questionnaire.
b) Structure du questionnaire
Le questionnaire était structuré en 3 grandes parties, la première étant commune aux fabricants et
distributeurs (10 questions). La seconde partie était spécifique à chacune de ces catégories d’acteurs et
portait plus précisément sur la gamme de produits d’épuration de l’air intérieur produits ou commercialisés.
Enfin, au vu de la structure du marché, composé d’une majorité de distributeurs et fabricants
commercialisant un nombre restreint de références, il a semblé pertinent d’interroger les distributeurs et
fabricants par référence. La troisième partie permettait ainsi aux fabricants et distributeurs d’indiquer les
caractéristiques techniques (en particulier concernant la réalisation de tests) et économiques (volumes de
ventes actuels et évolution attendue) de chacune de leur référence, ou de leurs 3 références principales.
Cette dernière partie par référence a néanmoins rarement été complétée car elle nécessitait un nouveau
passage sur l’interface d’accueil pour chaque référence ajoutée.
Les informations demandées dans les différentes parties du questionnaire ne pouvant pas forcément être
complétées par les mêmes personnes au sein d’une même entreprise, un système basé sur des codes
uniques transmis aux acteurs par mail permettait de répondre en plusieurs fois.
Une invitation à répondre au questionnaire, incluant les coordonnées d’Audrey Malrat-Domenge dans un
souci de légitimité, a été envoyée à 213 fabricants et distributeurs sur la durée d’ouverture de la
plateforme12, avec deux relances pour chaque entreprise. Chacune des invitations envoyées était
personnalisée et comprenait ainsi un code unique permettant à chaque entreprise de répondre au
questionnaire, ainsi que la liste des produits pré-identifiés par Nomadéis et ULR Valor pour chaque
acteur. Les invitations ont été transmises :
- Par mail lorsque des coordonnées directes étaient disponibles. Le mail comportait alors le logo de
l’Anses ainsi qu’un courrier d’accompagnement signé par l’Anses, permettant d’accroître la
crédibilité de la démarche auprès des acteurs contactés ;
- Par le biais de formulaires en ligne lorsqu’aucunes coordonnées directes pertinentes n’avaient pu
être identifiées, c’est-à-dire dans plus de la moitié des cas.
Par ailleurs une actualité a été publiée sur le site Construction 21 (média social du bâtiment et de la ville
durable), dans la rubrique « Santé dans le bâtiment et qualité de l'air intérieur », en date du 27 mars. Celle-ci
avait pour objectif de médiatiser l’initiative de l’Anses dans les réseaux susceptibles d’être intéressés par la
thématique de la qualité de l’air intérieur et d’inviter les acteurs pertinents à répondre au questionnaire ou à
le relayer.
12Parmi les 247 entreprises identifiées, 34 (13,7%) n’ont pu être contactées en raison de coordonnées introuvables ou
défaillantes. Le premier envoi a été réalisé du 2 au 6 mars, la première relance du 23 au 26 mars et la seconde relance le
6 avril.
13 www.traitementdelair.com, www.airnaturel.com, www.stadlerform.fr et www.blueairfrance.com
14Sans aucun incentive, il est satisfaisant de s’attendre à un taux de retour de 10% par une enquête en ligne. - Solène Guillemot. Les
incentives dans les enquêtes en ligne. Business administration. 2013.
le présent rapport n’est pas uniquement basée sur l’analyse des données recueillies dans le cadre de la
consultation en ligne mais s’appuie également sur un ensemble de données contextuelles et d’hypothèses
destinées à faciliter un exercice d’extrapolation.
o Base fabricants
La base comprenant les informations relatives aux fabricants est structurée en 2 parties :
Données générales
- Dénomination sociale ;
- Localisation (pays) ;
- Ancienneté de l’activité d’épuration de l’air intérieur ;
- Nombre de salariés ;
- Degré de spécialisation : les entreprises dites spécialisées sont tournées vers des activités
ayant un lien avec l’épuration de l’air (bricolage, bien-être, aromathérapie, enfance, propreté).
Un certain nombre d’entreprises ont été répertoriées comme « ultra-spécialisées » lorsque leur
activité est uniquement relative au traitement et/ou à l’épuration de l’air ;
Données économiques
- Offre proposée (nombre de produits par famille et nombre total de produits) ;
- Liste des références produites par le fabricant ;
- Clientèle ciblée (particuliers, professionnels) ;
- Canaux privilégiés pour l’accès aux marchés (vente directe : en ligne et par correspondance, en
magasin, à domicile, par l’intermédiaire de professionnels ; vente par des distributeurs : vente
physique, par correspondance, etc.).
o Base distributeurs
La base distributeurs est également organisée en 2 parties distinctes :
Données générales
- Dénomination sociale ;
- Taille de l’effectif ;
- Degré de spécialisation : les entreprises dites spécialisées ont été définies par opposition aux
entreprises généralistes, quelle que soit leur spécialisation (bricolage, bien-être, aromathérapie,
enfance, propreté, électroménager, etc.). Un certain nombre d’entreprises ont été répertoriées
comme « ultra-spécialisées » lorsque leur activité est uniquement relative au traitement de l’air ;
- Type de commercialisation (petites, moyennes ou grandes surfaces, vente en ligne, vente par
l’intermédiaire de professionnels poseurs, etc.).
Données économiques
- Offre proposée (nombre de produits par famille et total, références proposées) ;
- Volume de ventes sur les dernières années et perspectives d’évolution du marché ;
- Clientèle ciblée (particuliers, professionnels).
o Base produits
Cette base répertorie un ensemble d’informations techniques et économiques relatives aux produits. Pour
chaque produit, les données suivantes sont renseignées :
Données techniques
- Nom du fabricant (marque) et de la référence ;
- Famille de produits (appareils autonomes, climatiseurs, matériaux de construction et de
décoration, sprays, objets autres) ;
Données économiques
- Prix de vente, avec une mention pour les produits dont le prix n’a pas été identifié, ainsi que les
produits n’étant plus commercialisés à ce jour ;
- Volume de vente en France sur les cinq dernières années ;
- Publics visés par le produit (particuliers, bureaux, infrastructures de santé, commerces et
services, autres) ;
- Verbatim (éléments de langage relatifs aux propriétés de l’appareil).
Sur la base de recherches bibliographiques et de l’expertise apportée par le consortium ULR Valor /
Nomadéis, les technologies d’épuration ont été classifiées d’après les catégories suivantes :
L’adsorption chimique (irréversible), reposant sur le piégeage des polluants gazeux par
l’établissement d’une liaison chimique forte et définitive avec les groupements fonctionnels de la
surface du média filtrant, ou des molécules présentant des groupements fonctionnels capables
d’établir ces liaisons (scavengers) intégrés dans un matériau ;
L’adsorption physique (réversible) ou filtration moléculaire, s’appuyant sur la captation des
molécules gazeuses dans l’air à partir de matériaux présentant une porosité et une surface spécifique
très élevées (charbons actifs, zéolites, gels de silice, alumines activées, polymères) ;
L’utilisation de biocides, principalement sous la forme de substances chimiques injectées dans
l’atmosphère, mais pouvant également reposer sur des biocides encapsulés dans un matériau (ions
argent par exemple) ;
La catalyse et notamment :
- La biocatalyse, qui repose sur l’utilisation d’un substrat végétal, éventuellement chargé
en micro-organismes, pour minéraliser les composés organiques volatils ;
- La photocatalyse, une technologie d’oxydation avancée des oxydes d’azote et
composés organiques volatils (COV) reposant sur l’activation d’un matériau semi-
conducteur (principalement à base de dioxyde de titane TiO 2) par irradiation UV
(naturelle ou par une lampe à UV). Cette technique permet également l’élimination des
micro-organismes, soit par l’utilisation de lampes UV germicides (UVC), soit à partir des
radicaux libres qui sont produits par le photocatalyseur ;
La désinfection thermique, consistant à éliminer les polluants microbiologiques par une exposition à
des températures élevées ;
La filtration particulaire :
15Le débit d’air traité est défini comme le débit d’air passant à travers un appareil. Le débit d’air épuré (CADR : Clean Air
Delivery Rate), quant à lui, est le débit d'air propre (dépourvu de polluant) avec lequel il faudrait ventiler la chambre
expérimentale pour obtenir le même résultat (décroissance de la concentration en polluant) qu'avec l'épurateur d'air.
Source : LEPTIAB, CETIAT, LHVP, GRA, EDF, 2006. Mise en place de protocoles de qualification des appareils
d’épuration d’air.
- La filtration mécanique des particules, avec des filtres d’efficacité diverses définies
par leur classe. Le média filtrant est dans certains cas traité par des substances
physiques ou chimiques désinfectantes, évitant ainsi la prolifération des micro-
organismes dans le filtre (filtres biostatiques) ;
- La filtration électronique, qui a une action sur les particules, soit par sédimentation sur
les parois ou le mobilier des particules chargées électriquement, soit par la récupération
de ces particules chargées sur un support de charge électrique inverse qui est
positionné en aval de l’ioniseur (principe de la précipitation électrostatique).
L’ionisation, qui consiste à produire des ions négatifs qui, une fois émis dans l’air, contribuent à
améliorer la sensation de bien-être des occupants et ont une action biocide sur les microorganismes
de tous types (destruction par les radicaux libres générés à partir des ions négatifs ou directement par
le champ électrique de fort voltage dans lequel passe l’air) ;
Le lessivage par l’eau mis en œuvre par des systèmes appelés « laveurs d’air », faisant passer l’air
au travers d’un rideau d’eau retenant les particules. La désinfection de l’eau est généralement
assurée par des agents biostatiques ou biocides ;
L’ozonation, reposant sur la capacité de l’ozone à décomposer les molécules (majoritairement
organiques) par oxydation, et à éliminer les micro-organismes contenus dans l’air (effet biocide) ;
Le plasma froid, une technique consistant à minéraliser les molécules organiques au travers de
réactions d’oxydation initiées par les radicaux libres produits dans le champ ionisant. Cette technique
agit sur les composés organiques volatils;
Le rayonnement UV germicide, possédant la propriété de détruire les micro-organismes (bactéries,
virus, moisissures) si l’exposition est suffisamment longue.
Limites de l’étude
La liste des appareils d’épuration d’air recensés n’est pas exhaustive mais est représentative du marché et
permet de dégager les principales tendances.
Malgré les efforts entrepris, la classification a parfois été difficile et il peut au final subsister une certaine
incertitude sur les fonctions d’épuration réelles de tel ou tel appareil.
Il réside en effet une certaine difficulté dans la lecture et la compréhension des informations communiquées
par les fabricants. Le marché étant encore émergent et peu réglementé, les industriels utilisent
fréquemment des argumentaires commerciaux visant à rassurer et convaincre les consommateurs
de l’intérêt de l’appareil sans décrire en détail son fonctionnement et recourent parfois pour cela à des
termes inappropriés. Les données ainsi collectées peuvent être entachées d’un certain nombre d’erreurs.
Certains appareils intègrent des éléments qui sont plurifonctionnels, par exemple des filtres composés de
matériaux visant à la captation ou à l’élimination de différents types de polluants (gaz, particules,
microorganismes). Ces matériaux peuvent être entremêlés pour former un média d’apparence homogène,
ou répartis en couches assemblées. Dans cette situation, la règle adoptée a été de cocher ou de mentionner
le nom de l’élément épurant dans chacune des colonnes correspondant à une technique d’épuration mise en
œuvre par l’élément. En conséquence, pour certaines références commerciales, la base de données fait
apparaître davantage de modes d’épuration qu’il n’existe physiquement de modules d’épuration à l’intérieur
de l’appareil.
Les multiples effets résultant de l’ionisation de l’air engendrent de la confusion et une terminologie
souvent inadaptée ou imprécise utilisée par les fabricants. Ainsi, sur la base conjointe de l’expertise des
supports documentaires et des polluants mentionnés comme étant traités par le fabricant, et
indépendamment de la terminologie utilisée par ce fabricant pour nommer le procédé, la fonction d’ionisation
a été répertoriée :
Dans la colonne « ionisation » si l’appareil vise à améliorer la sensation de bien-être ou s’il
revendique une action biocide sur les microorganismes de tous types ;
Dans la colonne « filtration électronique » si le fabricant revendique une action sur les
particules ;
Dans la colonne « plasma froid » si le fabricant revendique une action sur les composés
organiques volatils ou les odeurs.
Enfin, certains procédés décrits comme étant de la photocatalyse sont entourés par un certain flou. La
documentation et les illustrations relatives à certains appareils dits photocatalytiques ne mentionnent
aucunement la présence de lampes, qui sont pourtant une condition sine qua non pour parler de
photocatalyse. Il pourrait ainsi s’agir de filtres catalytiques activés par un plasma froid généré en amont
(technique de plasma-catalyse) ou par un autre phénomène.
L’audition de Madame Mélanie Marchais (rédactrice technique dans les domaines de la chimie domestique
et de l’environnement) et de Monsieur Eric Bonneff (Directeur du service des Essais comparatifs) du
département des Essais Comparatifs d’UFC Que Choir s’est déroulée dans les locaux de l’Anses le 10
février 2015, en présence de Mesdames Audrey Malrat-Domenge, Marion Keirsbulck et Valérie Pernelet-
Joly. Un entretien téléphonique préalable s’est tenu le 17 juillet 2014. Ce compte-rendu synthétise les
éléments de ces deux échanges.
L’Anses s’est autosaisie sur les dispositifs d’épuration d’air, suite aux présentations en comité d’experts
spécialisé « Evaluation des risques liés aux milieux aériens » de F. Squinazi des travaux, sur la « Mesures
des performances intrinsèques des épurateurs d’air autonomes pour applications tertiaires et résidentielles »
et de F. Gérardin sur la photocatalyse. Par la suite, les résultats des ateliers de l’OQAI sur la photocatalyse,
ont confirmé la nécessité de travailler sur le sujet. Considérant les résultats de ces études l’Anses s’est
autosaisie sur les deux questions suivantes :
1. Recenser les techniques d’épuration d’air utilisées en environnement intérieur pour le grand public et
pour de petites unités volumétriques ou en traitement d’appoint en milieu professionnel
(caractéristiques techniques, modalités de mise en œuvre, processus d’élimination, efficacité
revendiqué, spectre d’activité pour les substances chimiques, particules, agents biologiques,
etc.). Il s’agira d’identifier les nouvelles technologies d’épuration d’air qui sont apparues sur le
marché ces dernières années ;
2. Rassembler et analyser les connaissances disponibles sur l’évolution de la qualité de l’air associée à
l’utilisation de ces systèmes d’épuration d’air, notamment en présence de mélanges de polluants
(polluants traités, non traités et secondaires) et en fonction de la mise en œuvre des dispositifs. Il
ne s’agira pas d’évaluer l’efficacité des différents dispositifs sur le marché.
Le recensement des techniques d’épuration d’air, inclut les appareils autonomes, les climatiseurs munis
d’une fonction d’épuration de l’air, les sprays et autres diffuseurs, les matériaux de construction et de
décoration, les petits objets…
Pour la première question, l’Anses réalise une étude de marché dans le cadre d’une prestation en cours.
Pour la seconde question, l’Anses appuyée d’experts rapporteurs, réalise une recherche bibliographique,
basée sur les publications publiées ces cinq dernières années, qui traitent des substances effectivement
traitées par les systèmes d’épurations, ainsi que les produits secondaires potentiellement émis. Les
publications avec des essais réalisés en conditions réelles et des dispositifs commercialisés sont
privilégiées.
les tests d’émissions sur les sprays assainissants et désodorisants réalisés par UFC Que Choisir
(publiés dans Que Choisir, novembre 2014, n°530), ainsi que sur d’autres travaux en cours ou
passés sur les dispositifs d’épuration de l’air intérieurs,
les questions et / ou retours de consommateurs sur les dispositifs d’épuration de l’air intérieur
Encadré sur un produit Pur Essentiel (composition) dans le dossier Pollution de l’air intérieur d’avril
2014,
Papier d’enquête sur les purificateurs d’air (Elisabeth Chesnais) de mai 2014,
Essais en chambre d’émissions de COV sur des sprays assainissants et désodorisants (15
produits), de novembre 2014,
Concernant les tests sur les désodorisants, UFC Que Choisir avait déjà fait des campagnes de mesures en
2004 et 2008.
Le service courrier des lecteurs a été interrogé sur les épurateurs d’air intérieur. Depuis 2007, seuls deux
courriers sur le sujet ont été reçus, l’un demandant à UFC Que Choisir s’ils allaient conduire des tests sur
des produits et l’autre demandant des références de produits.
Tests d’émissions sur les sprays assainissants et désodorisants réalisés par UFC Que Choisir
(publiés dans Que Choisir, novembre 2014, n°530)
L’objectif des essais étaient de rechercher les COV et les particules fines émis par les sprays assainissants
et désodorisants
Des tests d’émissions en chambre ont été réalisés par un prestataire, pour le Département Essais
comparatifs d’UFC Que Choisir en 2014 sur 7 produits se présentant comme assainissant ou purificateur
d’air, un produit un peu à la marge se déclarant désinfectant et 8 désodorisants.
Un des arguments des distributeurs et fabricants est l’aspect naturel de ces produits à base d’huiles
essentielles, toutefois, il est important de souligner que la toxicité les COV ne dépend pas de leur origine,
naturelle ou chimique.
Les désodorisants aérosolisés sont susceptibles de se déposer sur les surfaces. UFC Que Choisir n’a pas
réalisé de tests sur les poussières déposées.
UFC Que Choisir n’a pas réalisé d’essais sur ce type de produits. Il est difficile d’envisager des tests
comparatifs, car le fonctionnement de ces appareils dépend beaucoup des conditions réelles d’utilisation.
Des tests en laboratoire ne seraient probablement pas représentatifs de la réalité.
UFC Que Choisir mentionne les dispositifs connectés qui revendiquent une mesure de la qualité de l’air
intérieur qui commencent à apparaître sur le marché. Aucune étude n’est actuellement en cours, mais il y a
des interrogations sur la validité de leurs mesures, et la sécurité informatique de ces produits.
L’Anses remercie UFC Que Choisir pour la transmissions de ses données sur le marché de l’épuration de
l’air intérieur, ainsi que sur les protocoles d’essais de ses essais sur les sprays assainissants et
désodorisants. Il est bien noté que ces données ne peuvent publiées par l’Anses.
L’Anses s’est autosaisie sur les dispositifs d’épuration d’air, suite aux présentations en comité d’experts
spécialisé « Evaluation des risques liés aux milieux aériens » de F. Squinazi des travaux, auxquels le Pr. De
Blay a collaboré, sur la « Mesures des performances intrinsèques des épurateurs d’air autonomes pour
applications tertiaires et résidentielles » et de F. Gérardin sur la photocatalyse. Par la suite, les résultats des
ateliers de l’OQAI sur la photocatalyse, ont confirmé la nécessité de travailler sur le sujet. Considérant les
résultats de ces études l’Anses s’est autosaisie sur les deux questions suivantes :
1. Recenser les techniques d’épuration d’air utilisées en environnement intérieur pour le grand public et
pour de petites unités volumétriques ou en traitement d’appoint en milieu professionnel
(caractéristiques techniques, modalités de mise en œuvre, processus d’élimination, efficacité
revendiqué, spectre d’activité pour les substances chimiques, particules, agents biologiques,
etc.). Il s’agira d’identifier les nouvelles technologies d’épuration d’air qui sont apparues sur le
marché ces dernières années ;
2. Rassembler et analyser les connaissances disponibles sur l’évolution de la qualité de l’air associée à
l’utilisation de ces systèmes d’épuration d’air, notamment en présence de mélanges de polluants
(polluants traités, non traités et secondaires) et en fonction de la mise en œuvre des dispositifs. Il
ne s’agira pas d’évaluer l’efficacité des différents dispositifs sur le marché.
Le recensement des techniques d’épuration d’air, inclut les appareils autonomes, les climatiseurs munis
d’une fonction d’épuration de l’air, les sprays et autres diffuseurs, les matériaux de construction et de
décoration, les petits objets…
Pour la première question, l’Anses réalise une étude de marche dans le cadre d’une prestation en cours.
Pour la seconde question, l’Anses appuyée d’experts rapporteurs, réalise une recherche bibliographique,
basée sur les publications publiées ces cinq dernières années, qui traitent des substances effectivement
traitées par les systèmes d’épurations, ainsi que les produits secondaires potentiellement émis. Les
publications avec des essais réalisés en conditions réelles et des dispositifs commercialisés sont
privilégiées.
sur l’utilisation des huiles essentielles pour épurer l’air intérieur, notamment sur une étude en cours
du Professeur De Blay,
sur la formation des conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI), notamment sur les
recommandations éventuelles des CMEI quant à l’utilisation de systèmes d’épuration de l’air
intérieur.
Huiles essentielles
Le Pr. De Blay indique que de nombreux patients asthmatiques utilisent des huiles essentielles et peuvent
ressentir une gêne. L’objectif de leur étude était de quantifier les quantités de limonène et de COVt émises
par des pulvérisations d’un spray d’huiles essentielles commercialisés. L’étude s’est déroulée en trois temps.
Sous hotte : évaluation de la concentration massique en limonène dans des pulvérisations du
produit. Les essais ont une bonne reproductibilité, il est à noter que la concentration en limonène est
plus importante dans les flacons neufs que dans les flacons usagés. A partir de ces résultats, la
concentration théorique en limonène dans une pièce, suite au nombre de pulvérisations préconisé
par le fabricant, a été calculée.
3
Dans une cabine de 9 m , ventilée et régulée : la concentration en limonène est mesurée par un
appareil mobile à photo-ionisation. L’appareil est étalonné pour le limonène. Des séries de mesures
ont été faites après 1 et 4 pulvérisations. A noter que le fabricant recommande de réaliser 6 à 8
pulvérisations dans une pièce. Le nombre de pulvérisations a été adapté à la chambre d’essais.
-3
Après une pulvérisation la concentration maximale était de 10 mg.m , suivi d’une décroissance
pendant une vingtaine de minutes. Après 4 pulvérisations, la concentration maximale était de
-3
57,30 mg.m , suivi d’une décroissance de 30 minutes. La concentration résiduelle après 20 et 30
minutes était très supérieure à la concentration de bruit de fond.
3
Dans une pièce de 42 m meublée avec fenêtre et porte : l’objectif est de reproduire des
conditions proches de la réalité. 8 pulvérisations du produits ont été faite dans la pièce,
conformément à la notice d’utilisation, puis la concentration en limonène a été mesurée pendant 3h.
-3
A l’issue de ces 3 heures la concentration résiduelle était de 5 mg.m . La concentration moyenne
-3
sur 30 minutes était de 15 mg.m . Comme pour les essais dans la chambre, la concentration en
limonène résiduelle était bien supérieure à la concentration initiale.
Concernant les effets sur la santé, les travaux d’Isabelle Annessi ont montré le rôle néfaste des COV dans
l’asthme et la rhinite. Il n’y a pas d’étude spécifique sur le limonène ; en revanche les terpènes ont été
incriminés dans les symptômes d’asthme et de rhinite.
Concernant l’efficacité contre les allergènes, elle reste a priori à démontrer. Le Pr. De Blay, n’a pas d’avis
négatif sur les huiles essentielles de manière générale, il faut cependant être vigilant sur le mode
d’utilisation. Il n’y a pas de norme sur des limites d’exposition au limonène (il existe le Project INDEX 2005
-3
de l’UE qui mentionne une limite d’exposition de 450 µg.m ) mais il serait pertinent de déconseiller ces
produits chez les sujets asthmatiques et / ou allergiques. 30 % de la population née après 1980 serait
potentiellement allergique.
Les travaux ont été publiés dans la revue française d’allergologie en juin 2016.
Conservant l’utilisation de systèmes d’épuration de l’air intérieur, Mme Ott indique que d’une manière
générale ce sont les solutions d’évictions des sources de contaminants qui sont privilégiées. Lorsque la
source l’allergène, par exemple, ne peut être éliminée les CMEI peuvent éventuellement recommander des
appareils d’épuration munis de filtres HEPA, notamment pour les allergènes.
La surveillance de la qualité de l’air intérieur se met en place progressivement notamment dans les
établissements accueillant des enfants[1].
Elle repose sur :
- une évaluation obligatoire de l’état des moyens d’aération et de ventilation[2] tous les 7 ans.
L’évaluation de l’état des moyens d’aération et de ventilation consiste en un constat de la présence
d’ouvrants donnant sur l’extérieur, de leur facilité d’accès et de leur manœuvrabilité ainsi qu’un
examen visuel des bouches ou grilles d’aération. Elle est réalisée par les personnes ou
organismes mentionnés dans ce même décret, notamment les services techniques de la
collectivité
- la réalisation, tous les 7 ans, d’une campagne de mesure de certains polluants (formaldéhyde,
benzène, dioxyde de carbone et tétrachloroéthylène si l’établissement est contigu à une installation
de nettoyage à sec) qui doit être effectuée par des organismes accrédités.
À défaut de la réalisation de la campagne de mesure, l'établissement peut mettre en place un plan
d’actions sur la base d’une évaluation réalisée à partir du guide pratique pour une meilleure qualité
de l’air intérieur dans les lieux accueillant des enfants.
Les premières échéances pour la mise en œuvre de cette surveillance sont fixées au 1er janvier
2018 pour les établissements d'accueil collectif d'enfants de moins de 6 ans, les écoles
maternelles et les écoles élémentaires puis au 1er janvier 2020 pour les accueils de loisirs, les
établissements d'enseignement ou de formation professionnelle du 2nd degré[3].
A ce jour, des valeurs-guides pour l’air intérieur sont définies[4] pour le formaldéhyde et le
benzène.
La valeur-guide pour le formaldéhyde est fixée pour une exposition de longue durée à 30 µg.m -³,
elle entrera en vigueur le 1er janvier 2015 et sera abaissée à 10 µg.m-³ au 1er janvier 2023.
La valeur-guide pour le benzène est fixée pour une exposition de longue durée à 5 µg.m -³. Elle est
entrée en vigueur le 1er janvier 2013 et sera abaissée à 2 µg.m-³ au 1er janvier 2016. »
Notes