VLEP Ra Chrome
VLEP Ra Chrome
VLEP Ra Chrome
d’exposition en milieu
professionnel
Les composés
du chrome hexavalent
Avis de l’Anses
Rapport d’expertise collective
AVIS
de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation,
de l’environnement et du travail
Relatif à la proposition de valeurs limites d’exposition à des agents chimiques
en milieu professionnel
Evaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux d’exposition
sur le lieu de travail pour
L’Anses a pour mission de contribuer à assurer la sécurité sanitaire dans les domaines de
l’alimentation, de l’environnement et du travail et d’évaluer les risques sanitaires qu’ils
peuvent comporter.
Elle fournit aux autorités compétentes toutes les informations sur ces risques ainsi que
l’expertise et l’appui technique nécessaires à l’élaboration des dispositions législatives et
réglementaires et à la mise en œuvre des mesures de gestion du risque (article L.1313-1
du Code de la santé publique).
Le présent avis de l’Anses reprend à son compte les travaux d’expertise conduits par
l’Afsset. En effet, l’Anses est devenue juridiquement opérationnelle au 1er juillet 2010 suite
à la parution du décret d’application de l’ordonnance du 8 janvier 2010 instituant sa
création, et a repris les missions, les acquis et les valeurs de l’Afsset et l’Afssa.
2. CONTEXTE
Le comité scientifique européen chargé de mener l’expertise en matière de limites
d’exposition professionnelle à des agents chimiques (CSLEP ou SCOEL dans sa
dénomination anglaise) a publié en décembre 2004 un rapport1 où il retient l’effet
cancérogène comme effet critique pour les composés du chrome hexavalent.
Les calculs d’excès de risque effectués dans ce rapport à partir d’un modèle linéaire sans
seuil indiquent 5 à 28 cas de cancers pulmonaires supplémentaires sur une population de
1
Rapport SCOEL/SUM/86 rev final, décembre 2004.
1/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
3. ORGANISATION DE L’EXPERTISE
L’expertise a été réalisée dans le respect de la norme NF X 50-110 « Qualité en expertise
– Prescriptions générales de compétence pour une expertise (Mai 2003) » avec pour
objectif de respecter les points suivants : compétence, indépendance, transparence,
traçabilité.
Ces problématiques relèvent des compétences du comité d’experts spécialisés (CES)
« Expertise en vue de la fixation de valeurs limites à des agents chimiques en milieu
professionnel » (CES « VLEP »). Ce dernier a mandaté quatre rapporteurs (3 experts du
CES et un agent de l’Anses) pour la réalisation des travaux d’expertise.
Les travaux ont été soumis régulièrement au CES tant sur les aspects méthodologiques
que scientifiques et les conclusions ont été présentées et approuvées lors de la séance du
17 septembre 2009 par le CES « VLEP ».
Cette expertise est ainsi issue d’un collectif d’experts aux compétences complémentaires.
Le présent avis se fonde pour les aspects scientifiques sur le rapport final issu de cette
expertise collective (rapport d’expertise collective en vue de la fixation de valeurs limites
d’exposition à des agents chimiques en milieu professionnel de septembre 2009, portant
sur l’évaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux
d’exposition sur le lieu de travail pour les composés du chrome hexavalent). Ce rapport a
été approuvé par le comité d’experts spécialisés lors de sa séance du 17 septembre 2009.
4. AVIS ET RECOMMANDATIONS
Position de principe
Pour le chrome hexavalent et ses composés, cancérogènes avérés chez l’homme, l’Anses
estime que la VLEP actuelle fixée à 50 µg.m-3 fait courir aux travailleurs un risque de
cancer de poumon très important qu’il convient de réduire sans délai par une démarche
obligatoire de substitution.
A cet effet, l’Anses demande un renversement de la charge de la preuve pour que
l’employeur n’utilise les composés hexavalents du chrome que si l’application envisagée
est dûment justifiée et qu’aucune substitution n’est possible. Cette demande est en
cohérence avec d’autres travaux menés au sein de l’agence notamment dans le cadre du
règlement REACH où l’Anses a été chargée de la préparation de dossiers pour 4
composés du chrome hexavalent (chromate de sodium, dichromate d’ammonium,
dichromate de potassium, chromate de potassium) dans le cadre de la procédure
d’autorisation2.
2
Le but de l’autorisation est de garantir que les risques résultant de substances extrêmement préoccupantes soient
valablement maîtrisés et que ces substances soient progressivement remplacées par d’autres substances ou technologies
appropriées, lorsque celles-ci sont économiquement et techniquement viables.
2/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
3
Organisme américain de réglementation qui a pour mission notamment la fixation des valeurs limites d’exposition
professionnelle.
4
Organisme fédéral américain chargé de la prévention des risques professionnels.
3/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
Parmi les différents modèles utilisés par l’OSHA pour effectuer les calculs d’excès de
risques, le modèle linéaire est celui qui s’ajuste le mieux aux données. L’application de ce
modèle conduit aux résultats suivants :
- 1 cas de décès par cancer de poumon supplémentaire pour 1000 travailleurs
exposés à une concentration de 0,1 µg Cr VI.m-3 ;
- 1 cas de décès par cancer de poumon supplémentaire pour 10 000 travailleurs
exposés à une concentration de 0,01 µg Cr VI.m-3.
Il a été jugé plus prudent de ne pas donner d’estimation à des niveaux d’exposition plus
faibles. En effet, en deçà, les approximations deviennent trop importantes par rapport aux
calculs d’origine.
Ces excès de risque « vie entière » de cancer pulmonaire ont été calculés en prenant
comme hypothèse une exposition aux composés du chrome hexavalent de 8 heures par
jour, 5 jours par semaine, 240 jours par an sur une période de 45 ans.
Ces valeurs constituent les références que l’Anses propose aux gestionnaires du risque
pour fixer une VLEP.
Les données de la littérature n’ont pas été jugées de qualité suffisante pour pouvoir
recommander une valeur limite court terme (VLCT-15min) sur des bases sanitaires pour
les composés du chrome hexavalent et ce d’autant plus qu’il s’agit d’agents cancérogènes
sans seuil.
La mention «peau » doit être attribuée afin de prévenir d’éventuels effets systémiques. En
effet, il existe des données quantitatives indiquant la possibilité d’une contribution
substantielle à l’exposition professionnelle de la voie cutanée par rapport à la voie
inhalatoire.
En outre, l’Anses tient à souligner que les composés du chrome hexavalent sont des
sensibilisants cutanés et sont donc susceptibles de produire un effet local.
4/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
5
Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques : DARES. Les expositions aux risques
professionnels : Les produits chimiques, résultats SUMER 2003. Juillet 2006.
5/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
Conclusions de l’Anses
L’Anses via cette expertise collective fournit aux gestionnaires du risque de nombreux
éléments leur permettant de fixer une valeur limite d’exposition professionnelle pour les
composés du chrome hexavalent.
Face à ce cancérogène puissant, l’Anses estime que seule la valeur la plus basse possible
est acceptable. La présente expertise montre que les techniques d’analyse actuellement
en vigueur en milieu professionnel permettent de mesurer une VLEP-8h jusqu’à un niveau
de concentration en chrome hexavalent de 1 µg.m-3. L’Anses incite le ministère chargé du
travail à considérer cette valeur comme une étape pertinente pour contribuer à la réduction
des risques sanitaires liés aux composés du chrome hexavalent.
6
Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles.
7
As Low As Reasonably Achievable.
6/7
Anses – Mission permanente « VLEP »
- dans la mesure où il n’est pas possible de recommander une VLCT sur des bases
sanitaires, il est préconisé de ne pas dépasser sur 15 minutes une concentration
8
correspondante à 5 fois la VLEP-8h qui sera fixée . Cette VLCT aura pour objectif
de limiter l’importance des niveaux d’exposition sur de courtes durées d’exposition.
- l’Anses préconise de poursuivre ce travail d’expertise par le développement de
valeurs de référence biologique pour les composés du chrome hexavalent afin de
pouvoir compléter le dispositif de prévention du risque chimique sur les lieux de
travail.
Le directeur général
Marc MORTUREUX
8
Pour plus de détails, se reporter au rapport d’expertise collective en vue de la fixation de valeurs limites d’exposition à des
agents chimiques en milieu professionnel » de décembre 2008, portant sur les recommandations relatives aux valeurs
limites d’exposition professionnelle en vue de limiter l’importance et le nombre de pics d’exposition dans une journée de
travail (partie1).
7/7
Afsset RAPPORT « VLEP : santé et métrologie des composés du chrome hexavalent »Mission permanente VLEP
Evaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux
d’exposition sur le lieu de travail pour
Les composés du chrome hexavalent
RAPPORT
d’expertise collective
Septembre 2009
Mots clés
VLEP, valeurs limites, fixation, niveaux d’exposition, milieu professionnel, agents chimiques,
expertise, effets sur la santé, métrologie, méthodes de mesure, lieu de travail, valeur référence,
métaux lourds, cancérogène
Le présent rapport d’expertise collective a été adopté par le CES « expertise en vue de la fixation de
valeurs limites à des agents chimiques en milieu professionnel » le 17 septembre 2009
Président
M. François PAQUET
Membres
M. BINET Stéphane ;
Mme BISSON Michèle
Mme DIERS Brigitte ;
Mme DONNADIEU-CLARAZ Marie ;
M. FALCY Michel ;
Mme FALSON Françoise ;
M. FASTIER Antony ;
Mme GRIMBUHLER Sonia
Mr HAGUENOER Jean-Marie
Mme IWATSUBO Yuriko ;
Mme KERDINE-ROEMER Saadia ;
M. LECARPENTIER Christian ;
Mme MACE Tatiana
Mme MATRAT Mireille ;
Mme NISSE Catherine
Mme PILLIERE Florence
Mme RAMBOURG Marie-Odile
M. SANDINO Jean-Paul ;
M. SLOIM Michel
M. SOYEZ Alain
Mme STOKLOV Muriel ;
Mme TELLE-LAMBERTON Maylis
M. VIAU Claude ;
M. VINCENT Raymond.
PARTICIPATION AFSSET
Coordination scientifique
Mme Mounia El Yamani – secrétaire scientifique du CES
Mme Dominique Brunet – référente scientifique du CES
Contribution scientifique
Mme Marie-Laure Cointot
M. Hugues Modelon
Mme Eléna Nerrière-Catelinois
Mme Amandine Paillat
Secrétariat administratif
Mme Véronique Quesnel
EXPERTISE COLLECTIVE :
SYNTHÈSE ET CONCLUSIONS
Portant sur l’évaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux
d’exposition sur le lieu de travail pour
les composés du chrome hexavalent
Contexte
Le SCOEL dans un rapport publié en décembre 2004 retient que les composés du chrome
hexavalent provoquent les effets suivants : irritation par inhalation, sensibilisation cutanée et
respiratoire, néphrotoxicité et cancer du poumon.
Le SCOEL a focalisé son analyse sur l’effet cancérogène, qui a été jugé le plus important, et pour
lequel les données chez l’homme sont disponibles en grande quantité.
Pour établir une relation dose-réponse, le SCOEL s’est basé sur une méta-analyse (Steenland et al.,
1996) regroupant 10 études épidémiologiques sur travailleurs exposés à différents composés du
chrome hexavalent. Les calculs d’excès de risque à partir d’un modèle linéaire sans seuil, ont donné
les risques de cancer suivants: 5 à 28 cas de cancers pulmonaires supplémentaires dans une
population de 1000 travailleurs pour une exposition professionnelle à 50 µg de chrome VI/m3.
La direction générale du travail a demandé à l’Afsset de prendre en compte le rapport du SCOEL et
de proposer des valeurs limites d’exposition en milieu professionnel pour les composés du chrome
hexavalent.
Organisation de l’expertise
L’Afsset a confié au Comité d’Experts Spécialisés (CES) « Expertise en vue de la fixation de valeurs
limites à des agents chimiques en milieu professionnel » (CES-VLEP) l’instruction de cette saisine.
Ce dernier a mandaté 4 rapporteurs (3 experts du CES et un agent de l’Afsset) pour la réalisation des
travaux d’expertise.
Le rapport de synthèse relatif aux effets sanitaires des composés du chrome hexavalent est issu du
travail de plusieurs rapporteurs désignés en fonction des compétences requises pour instruire un
dossier de substance cancérogène sans seuil d’effets selon la méthodologie du CES. Les rapporteurs
ont réévalué les articles sources cités en référence à chaque fois qu’ils l’ont estimé nécessaire ou
que le CES leur en a fait la demande. Le choix d’un modèle d’évaluation de risque aussi bien que de
l’ensemble d’études épidémiologiques ont fait l’objet d’une lecture attentive.
Les travaux des rapporteurs ont été soumis régulièrement au CES (tant sur les aspects
méthodologiques que scientifiques). Les rapports produits tiennent compte des observations et
éléments complémentaires transmis par les autres membres du CES.
Ces travaux d’expertise sont ainsi issus d’un collectif d’experts aux compétences complémentaires.
Ils ont été réalisés dans le respect de la norme NF X 50-110 « qualité en expertise » avec pour
objectif de respecter les points suivants : compétence, indépendance, transparence, traçabilité.
Description de la méthode
1- pour l’évaluation des effets sur la santé :
L’analyse de la littérature amène à considérer que le chrome VI et ses composés sont génotoxiques
et mutagènes et conduisent à des effets cancérogènes.
L’effet critique retenu par inhalation est le cancer des voies pulmonaires. Les dérivés du chrome VI
sont des substances pour lesquelles il n’existe pas de seuil de toxicité
Une approche sans seuil d’effet est donc retenue, la richesse de la base de données chez l’homme a
permis à différentes équipes scientifiques et organismes de références de calculer des excès de
risque sanitaires pour cet effet critique en milieu professionnel.
Le CES VLEP a sélectionné les cohortes de Painesville (Gibb et al., 2000) et de Baltimore (Luippold
et al., 2003) car il les a considérées comme étant celles qui disposent des meilleures données
d’exposition et celles les plus spécifiques d’une exposition au chrome VI. Il a discuté, comme il est
d’usage dans tout calcul d’excès de risques à partir de données épidémiologiques, sur les limites des
extrapolations et notamment les incertitudes liées à l’exposition réelle des travailleurs, aux modèles, à
l’existence d’un seuil ou celles de la forme de la courbe relation dose-réponse. L’influence de facteurs
tels que le tabagisme, l’âge ou l’effet « travailleur sain » et la possibilité d’extrapoler les calculs de
risques établis sur une cohorte de travailleur américains de l’industrie du chrome à des travailleurs
d’autres secteurs ont également été discutés.
2- pour l’évaluation des méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de travail.
Le rapport de synthèse est basé sur une fiche de recueil de données métrologie qui répertorie et
classe les méthodes de mesure existantes jusqu’en janvier 2009. La liste des principales sources
consultées est indiquée dans le rapport correspondant.
Le CES-VLEP a adopté :
- le rapport de synthèse pour l’évaluation des effets sur la santé lors de sa séance du 18 juin
2009
- le rapport de synthèse relatif aux méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de
travail lors de la séance du 18 juin 2009
La synthèse et les conclusions de l’expertise collective ont été adoptées par le CES-VLEP le 17
septembre 2009.
Dans la mesure où, en l’état actuel des données disponibles, aucun seuil d’effet sanitaire ne semble
pouvoir être mis en évidence, notamment au regard de la cancérogénicité avérée chez l’homme des
dérivés du chrome hexavalent, le CES-VLEP considère que la toxicité de ces dérivés s’exerce selon
un mécanisme d’action sans seuil, le cancer du poumon étant l’effet critique retenu.
Etant donné que les données disponibles sur la cancérogénicité sont suffisantes pour dériver une
relation dose-réponse aux faibles doses et leur associer des excès de risque, le CES fait le choix de
ne pas recommander de valeurs limites d’exposition professionnelle pour les dérivés du chrome
hexavalent mais d’évaluer les risques individuels additionnels de décès par cancer du poumon.
Le calcul d’excès de risque de l’intervalle supérieur de l’estimation de l’OSHA, obtenu à partir de la
cohorte de Gibb est retenu pour les raisons suivantes :
- Les estimations réalisées à partir de ces calculs semblent solides, puisque vérifiées par le
NIOSH et l’industrie du chrome, elles ont donné des résultats sensiblement identiques.
- les données du tabagisme ont été prises en compte pour minimiser l’influence de ce facteur
de confusion.
- la population de référence choisie pour appliquer ce modèle est la cohorte de Baltimore
utilisant les meilleures données d’exposition et les plus spécifiques par rapport à une
exposition au chrome VI et ses dérivés
- l’étude de cohorte de Gibb à l’origine des calculs de risque a été financée par des fonds
publics (US EPA), de nombreuses mesures ayant permis la mise en place d’une matrice
emploi-exposition
- -le scénario d’exposition est celui classiquement pris en compte pour les calculs de risque en
population professionnelle (8 heures/jour, 5 jours par semaine, 240 jours par an, pendant 45
ans de 20 à 65 ans, en exposition cumulée) et les résultats sont exprimés en risque « vie
entière »
Le modèle linéaire (excès de risque relatif) a été choisi car s’ajustant mieux aux données. Le CES a
ainsi conduit une extrapolation linéaire passant par l’origine en considérant comme point de départ
une concentration de 1µg CrVI/m3 associée à un risque de 10 cas de cancers supplémentaires pour
1000 travailleurs, par approximation des résultats de l’OSHA sur la cohorte Gibb. Il arrive aux
résultats suivants :
- 0,1 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-3
- 0,01 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-4
Le CES-VLEP juge plus prudent de ne pas donner d’estimation à des excès de risque plus bas. En
effet les approximations à faire pour exprimer les excès de risque individuels à 10-5 et 10-6 sont trop
importantes par rapport aux calculs d’origine.
Cependant, le CES-VLEP souligne que lorsqu’un ajustement est effectué sur les durées d’exposition,
ces valeurs sont cohérentes avec celles données par divers organismes comme l’OEHHA, l’OMS ou
l’US EPA pour une exposition en population générale.
Aucune étude n’établit de seuil d’effet pour les expositions aigues aux dérivés du chrome VI.
Cependant, certaines données de la littérature rapporte des irritions des voies respiratoires à partir de
1,3 µg Cr VI/ m3 et des perforations nasales à la suite d’expositions répétées à des pics d’acide
chromique (concentration équivalente de 10 µg CrVI/ m3). La valeur d’exposition court terme est à
fixer non seulement en cohérence avec la VLEP retenue mais également en prenant en compte les
effets susmentionnés.
La mention « Peau » doit être attribuée car des éléments quantitatifs ont permis de calculer, pour
certains dérivés du chrome VI, une contribution de la voie cutanée bien supérieure à 10% pour des
niveaux d’expositions correspondant à la valeur limite recommandée par le NIOSH lors de la
rédaction du rapport (REL-TWA= 1µg/m3) et au niveau de risque le plus élevé calculé par le CES : 10-
3 .
De plus certaines formes du chrome VI sont irritantes pour la peau et peuvent conduire à une
sensibilisation cutanée.
Les méthodes de mesure des expositions recommandées sont celles préconisant un prélèvement de
la fraction inhalable, une extraction séquentielle, d’abord, des composés solubles du chrome
hexavalent dans une solution tampon pH 8, puis des composés insolubles dans une solution
fortement alcaline aux ultrasons à chaud, et enfin une analyse par chromatographie ionique avec
détection colorimétrique du dérivé à la diphenylcarbazide.
L’adaptation des méthodes NIOSH 7605 et OSHA ID 215 (V2) pour tenir compte des préconisations
ci-dessus est possible.
La norme ISO 16740 (bien que d’une présentation relativement confuse) contient de façon
suffisamment détaillée les différentes étapes d’extraction et d’analyse préconisées ci-dessus pour
pouvoir fournir un protocole expérimental satisfaisant en sélectionnant les options.
Le protocole MétroPol 84 (nouvelle version septembre 2008) répond aux exigences de préparation de
l’échantillon et sa sensibilité est satisfaisante pour une VLEP abaissée jusqu’à 1 µg/m3 avec la
méthode d'analyse par chromatographie ionique.
Si la VLEP recommandée est située en deçà d’une concentration en Chrome VI de 1 µg/m3, les
limites de quantifications des méthodes citées rendent leur application inadéquate.
SOMMAIRE
Préambule .....................................................................................................................................13
Expertise collective : synthèse et conclusions .................................... Erreur ! Signet non défini.
Abréviations..................................................................................................................................20
Glossaire .......................................................................................................................................22
6 Conclusions .................................................................................................. 47
Bibliographie ....................................................................................................... 48
ANNEXES ............................................................................................................. 90
Annexe 2 : Synthèse des déclarations publiques d’intérêts des experts par rapport au
champ de la saisine.............................................................................................................92
Préambule
Le dispositif français d’établissement des VLEP comporte trois phases clairement distinctes :
une phase d’expertise scientifique indépendante (seule phase confiée à l’agence) ;
une phase d’établissement d’un projet réglementaire de valeur limite contraignante ou
indicative par le ministère chargé du travail ;
une phase de concertation sociale lors de la présentation du projet réglementaire au sein du
Conseil supérieur de prévention des risques professionnels (CSPRP) et de la Commission
nationale d’hygiène et de sécurité en agriculture (CNSHTA). L’objectif de cette phase étant
de discuter de l’effectivité des valeurs limites et de déterminer d’éventuels délais
d’application, fonction de problèmes de faisabilité technico-économique.
L’organisation de la phase d’expertise scientifique nécessaire à la fixation des valeurs limites
d’exposition professionnelle (VLEP) a été confiée à l’Afsset dans le cadre du plan santé au travail
2005-2009 (PST).
Les VLEP telles que recommandées par le CES « expertise en vue de la fixation de valeurs limites à
des agents chimiques en milieu professionnel », sont des niveaux de concentration en polluants dans
l’atmosphère des lieux de travail à ne pas dépasser sur une période de référence déterminée et en
deçà desquels le risque d’altération de la santé est négligeable. Même si des modifications
physiologiques réversibles sont parfois tolérées, aucune atteinte organique ou fonctionnelle de
caractère irréversible ou prolongée n’est admise à ce niveau d’exposition pour la grande majorité des
travailleurs. Ces niveaux de concentration sont déterminés en considérant que la population exposée
(les travailleurs) est une population qui ne comprend ni enfants ni personnes âgées.
Ces niveaux de concentrations sont déterminés par les experts du CES à partir des informations
disponibles dans des études épidémiologiques, cliniques ou de toxicologie animale. L’identification
de ces concentrations sécuritaires pour la santé humaine nécessitent généralement d’appliquer des
facteurs de correction aux valeurs identifiées directement par les études. Ces facteurs permettent de
prendre en compte un certain nombre d’éléments d’incertitude inhérents à la démarche
d’extrapolation conduite dans le cadre d’une évaluation des effets sanitaires des substances
chimiques sur l’Homme.
- soit en mg/m3, c'est-à-dire en milligrammes d’agent chimique par mètre cube d’air et en ppm (parties
par million), c'est-à-dire en centimètres cube d’agent chimique par mètre cube d’air, pour les gaz et
les vapeurs ;
- soit en mg/m3 uniquement, pour les aérosols liquides et solides.
- soit en f/cm3, c'est-à-dire en fibres par cm3 pour les matériaux fibreux.
La valeur de la VLEP-8h peut être dépassée sur de courtes périodes pendant la journée de travail à
condition toutefois:
- que la moyenne pondérée des valeurs sur l’ensemble de la journée de travail ne soit pas dépassée.
- de ne pas dépasser la valeur de la VLCT si elle existe.
En plus des VLEP, le CES évalue la nécessité d’attribuer ou non une mention « peau », lorsqu’une
pénétration cutanée importante est possible. Cette mention indique la nécessité de prendre en
compte la voie d’exposition cutanée dans l’évaluation de l’exposition et, le cas échéant, de mettre en
œuvre des mesures de prévention appropriées (telles que le port de gants de protection). La
pénétration cutanée des substances n’est pas prise en compte pour la détermination des niveaux de
valeurs limites atmosphériques et peut donc potentiellement entraîner des effets sanitaires
indépendamment du respect de ces dernières.
Le CES évalue également les méthodes de référence applicables pour la mesure des niveaux
d’exposition sur le lieu de travail. Les différents protocoles sont classés en fonction des méthodes
mises en oeuvre. Ces dernières sont ensuite évaluées et classées en fonction de leur conformité à la
norme de 2006, EN 482 : « Atmosphère des lieux de travail – Exigences générales concernant les
performances des modes opératoires de mesurage des agents chimiques ». Le classement est
réalisé selon deux catégories :
la catégorie 1 pour des méthodes entièrement validées : fiabilité, précision, spécificité,
sensibilité, conservation des prélèvements…
la catégorie 2 pour des méthodes indicatives (des critères de validation ne sont pas précisés
dans le protocole ou ne sont pas suffisamment explicités).
Les méthodes de catégorie 1 sont celles qui sont recommandées de façon préférentielle pour les
contrôles d’exposition en référence à des VLEP réglementaires contraignantes. En l’absence de
méthodes de catégorie 1, les méthodes de catégorie 2 sont recommandées pour les contrôles
d’exposition en référence à des VLEP réglementaires indicatives.
EXPERTISE COLLECTIVE :
SYNTHÈSE ET CONCLUSIONS
Portant sur l’évaluation des effets sur la santé et des méthodes de mesure des niveaux
d’exposition sur le lieu de travail pour
les composés du chrome hexavalent
1.1
1.3 Contexte
Le SCOEL dans un rapport publié en décembre 2004 retient que les composés du chrome
hexavalent provoquent les effets suivants : irritation par inhalation, sensibilisation cutanée et
respiratoire, néphrotoxicité et cancer du poumon.
Le SCOEL a focalisé son analyse sur l’effet cancérogène, qui a été jugé le plus important, et pour
lequel les données chez l’homme sont disponibles en grande quantité.
Pour établir une relation dose-réponse, le SCOEL s’est basé sur une méta-analyse (Steenland et al.,
1996) regroupant 10 études épidémiologiques sur travailleurs exposés à différents composés du
chrome hexavalent. Les calculs d’excès de risque à partir d’un modèle linéaire sans seuil, ont donné
les risques de cancer suivants: 5 à 28 cas de cancers pulmonaires supplémentaires dans une
population de 1000 travailleurs pour une exposition professionnelle à 50 µg de chrome VI/m3.
La direction générale du travail a demandé à l’Afsset de prendre en compte le rapport du SCOEL et
de proposer des valeurs limites d’exposition en milieu professionnel pour les composés du chrome
hexavalent.
Ce dernier a mandaté 4 rapporteurs (3 experts du CES et un agent de l’Afsset) pour la réalisation des
travaux d’expertise.
Le rapport de synthèse relatif aux effets sanitaires des composés du chrome hexavalent est issu du
travail de plusieurs rapporteurs désignés en fonction des compétences requises pour instruire un
dossier de substance cancérogène sans seuil d’effets selon la méthodologie du CES. Les rapporteurs
ont réévalué les articles sources cités en référence à chaque fois qu’ils l’ont estimé nécessaire ou
que le CES leur en a fait la demande. Le choix d’un modèle d’évaluation de risque aussi bien que de
l’ensemble d’études épidémiologiques ont fait l’objet d’une lecture attentive.
Les travaux des rapporteurs ont été soumis régulièrement au CES (tant sur les aspects
méthodologiques que scientifiques). Les rapports produits tiennent compte des observations et
éléments complémentaires transmis par les autres membres du CES.
Ces travaux d’expertise sont ainsi issus d’un collectif d’experts aux compétences complémentaires.
Ils ont été réalisés dans le respect de la norme NF X 50-110 « qualité en expertise » avec pour
objectif de respecter les points suivants : compétence, indépendance, transparence, traçabilité.
2- pour l’évaluation des méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de travail.
Le rapport de synthèse est basé sur une fiche de recueil de données métrologie qui répertorie et
classe les méthodes de mesure existantes jusqu’en janvier 2009. La liste des principales sources
consultées est indiquée dans le rapport correspondant.
Le CES-VLEP a adopté :
- le rapport de synthèse pour l’évaluation des effets sur la santé lors de sa séance du 18 juin
2009
- le rapport de synthèse relatif aux méthodes de mesure des niveaux d’exposition sur le lieu de
travail lors de la séance du 18 juin 2009
La synthèse et les conclusions de l’expertise collective ont été adoptées par le CES-VLEP le 17
septembre 2009.
Dans la mesure où, en l’état actuel des données disponibles, aucun seuil d’effet sanitaire ne semble
pouvoir être mis en évidence, notamment au regard de la cancérogénicité avérée chez l’homme des
dérivés du chrome hexavalent, le CES-VLEP considère que la toxicité de ces dérivés s’exerce selon
un mécanisme d’action sans seuil, le cancer du poumon étant l’effet critique retenu.
Etant donné que les données disponibles sur la cancérogénicité sont suffisantes pour dériver une
relation dose-effet aux faibles doses et leur associer des excès de risque, le CES fait le choix de ne
pas recommander de valeurs limites d’exposition professionnelle pour les dérivés du chrome
hexavalent mais d’évaluer les risques individuels additionnels de décès par cancer du poumon.
Le calcul d’excès de risque de l’intervalle supérieur de l’estimation de l’OSHA, obtenu à partir de la
cohorte de Gibb est retenu pour les raisons suivantes :
- Les estimations réalisées à partir de ces calculs semblent solides, puisque vérifiées par le
NIOSH et l’industrie du chrome, elles ont donné des résultats sensiblement identiques.
- les données du tabagisme ont été prises en compte pour minimiser l’influence de ce facteur
de confusion.
- la population de référence choisie pour appliquer ce modèle est la cohorte de Baltimore
utilisant les meilleures données d’exposition et les plus spécifiques par rapport à une
exposition au chrome VI et ses dérivés
- l’étude de cohorte de Gibb à l’origine des calculs de risque a été financée par des fonds
publics (US EPA), de nombreuses mesures ayant permis la mise en place d’une matrice
emploi-exposition
- -le scénario d’exposition est celui classiquement pris en compte pour les calculs de risque en
population professionnelle (8 heures/jour, 5 jours par semaine, 240 jours par an, pendant 45
ans de 20 à 65 ans, en exposition cumulée) et les résultats sont exprimés en risque « vie
entière »
Le modèle linéaire (excès de risque relatif) a été choisi car s’ajustant mieux aux données. Le CES a
ainsi conduit une extrapolation linéaire passant par l’origine en considérant comme point de départ
une concentration de 1µg CrVI/m3 associée à un risque de 10 cas de cancers supplémentaires pour
1000 travailleurs, par approximation des résultats de l’OSHA sur la cohorte Gibb. Il arrive aux
résultats suivants :
- 0,1 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-3
Septembre 2009 Version finale 17 / 95
Afsset RAPPORT « VLEP : santé et métrologie des composés du chrome hexavalent »Mission permanente VLEP
- 0,01 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-4
Le CES-VLEP juge plus prudent de ne pas donner d’estimation à des excès de risque plus bas. En
effet les approximations à faire pour exprimer les excès de risque individuels à 10-5 et 10-6 sont trop
importantes par rapport aux calculs d’origine.
Cependant, le CES-VLEP souligne que lorsqu’un ajustement est effectué sur les durées d’exposition,
ces valeurs sont cohérentes avec celles données par divers organismes comme l’OEHHA, l’OMS ou
l’US EPA pour une exposition en population générale.
Aucune étude n’établit de seuil d’effet pour les expositions aigues aux dérivés du chrome VI.
Cependant, certaines données de la littérature rapporte des irritions des voies respiratoires à partir de
1,3 µg Cr VI/ m3 et des perforations nasales à la suite d’expositions répétées à des pics d’acide
chromique (concentration équivalente de 10 µg CrVI/ m3). La valeur d’exposition court terme est à
fixer non seulement en cohérence avec la VLEP retenue mais également en prenant en compte les
effets susmentionnés.
La mention « Peau » doit être attribuée car des éléments quantitatifs ont permis de calculer, pour
certains dérivés du chrome, une contribution de la voie cutanée bien supérieure à 10% pour des
niveaux d’expositions correspondant à la valeur limite recommandée par le NIOSH lors de la
rédaction du rapport (REL-TWA= 1µg/m3); de plus certaines formes du chrome VI sont irritantes pour
la peau et peuvent conduire à une sensibilisation cutanée.
Les méthodes de mesure des expositions recommandées sont celles préconisant un prélèvement de
la fraction inhalable, une extraction séquentielle, d’abord, des composés solubles du chrome
hexavalent dans une solution tampon pH 8, puis des composés insolubles dans une solution
fortement alcaline aux ultrasons à chaud, et enfin une analyse par chromatographie ionique avec
détection colorimétrique du dérivé à la diphenylcarbazide.
L’adaptation des méthodes NIOSH 7605 et OSHA ID 215 (V2) pour tenir compte des préconisations
ci-dessus est possible.
La norme ISO 16740 (bien que d’une présentation relativement confuse) contient de façon
suffisamment détaillée les différentes étapes d’extraction et d’analyse préconisées ci-dessus pour
pouvoir fournir un protocole expérimental satisfaisant en sélectionnant les options.
Le protocole MétroPol 84 (nouvelle version septembre 2008) répond aux exigences de préparation de
l’échantillon et sa sensibilité est satisfaisante pour une VLEP abaissée jusqu’à 1 µg/m3 avec la
méthode d'analyse par chromatographie ionique.
Si la VLEP recommandée est située en deçà d’une concentration en Chrome VI de 1 µg/m3, les
limites de quantifications des méthodes citées rendent leur application inadéquate.
- que le principe ALARA3 (aussi bas que techniquement possible) doit être appliqué en
présence d’une substance cancérigène sans seuil ;
Abréviations
ACGIH : american conference of governmental industrial hygienists
ADN : acide désoxyribonucléique
AFNOR : association française de normalisation
BMD : benchmark dose
BMDL : limite inférieure de l’intervalle de confiance généralement à 95% de la BMD
BMR : benchmark response : il s’agit du niveau de réponse associé à la benchmark dose
CES : comité d’experts spécialisés
CPG : chromatographie en phase gazeuse
CSLEP : comité scientifique en matière de limites d'exposition professionnelle à des agents
chimiques ou SCOEL en anglais
CE : commission européenne
CIRC : Centre International de Recherche sur le Cancer
CV : coefficient de variation
DECOS : dutch expert committtee on occupational safety
DFG : deutsche forschung gemeinschaft (Allemagne)
DMF : diméthylformamide
EINECS : european inventory of existing commercial substances (inventaire européen des
substances chimiques commerciales existantes)
ELINCS : european list of notified substances (liste européenne des substances notifiées)
EQRS : évaluation quantitative des risques sanitaires
ERU : excès de risque unitaire
GC/FID : chromatographie en phase gazeuse avec détection par ionsiation de flamme
GESTIS : gefahrstoffinformationssystem (système d’information sur les substances dangereuses)
HSE : health and safety executive (Grande-Bretagne)
Glossaire
BMD (benchmark dose) : dose correspondant à un niveau de réponse fixé à priori (généralement 1, 5
ou 10%), calculée à partir de la relation dose-réponse chez l’animal ou l’homme.
Numéro CAS (numéro du Chemical Abstract Service) d’une substance chimique : c’est le numéro
d’enregistrement de cette substance auprès de la banque de données du Chemical Abstract Service,
qui est une division de l’American Chemical Society. Un numéro unique et spécifique est ainsi
assigné à chaque substance qui a été décrite dans la littérature.
Numéro CE : il s’agit suivant le cas du numéro EINECS ou du numéro ELINCS. Le numéro EINECS
identifie la substance dans l’inventaire des substances chimiques existantes commercialisées en
Europe avant le 18 septembre 1981. Le numéro ELINCS identifie la substance dans la liste des
substances chimiques introduites sur le marché européen après le 18 septembre 1981 et notifiées
conformément à la directive 67/548/CEE.
Numéro Index : il s’agit du numéro attribué aux substances dangereuses inscrites sur la liste de
l’Annexe I de la directive 67/548/CEE.
LOAEL : il s’agit de la dose minimale entraînant un effet considéré comme néfaste statistiquement
significatif par rapport au témoin.
NOAEL : il s’agit de la dose maximale n’entraînant pas d’effet néfaste statistiquement significatif par
rapport au témoin, issue de l’identification du LOAEL. Autrement dit, c’est la dose testée qui précède
directement le LOAEL.
Valeur limite 8 heures ou VME 8 heures : il s’agit de la valeur pour la moyenne dans le temps des
concentrations auxquelles un travailleur est effectivement exposé au cours d’un poste de 8 heures.
VLCT : il s’agit d’une valeur limite qui se rapporte à une période de référence de 15 minutes (sauf
indication contraire) pendant le pic d’exposition.
VLE : il s’agit d’une valeur qui ne devrait jamais être dépassée et qui est mesurée sur une durée
maximale de 15 minutes : le prélèvement est limité à la durée du pic d’exposition (quand cela est
techniquement possible) sans dépasser 15 minutes.
2 Informations générales
Tableau 1: Composés du chrome VI ; liste non exhaustive, données issues de « Handbook of Chemistry
and physics, 86e édition, 2005-2006 »
Classification
Composé Numéro CAS Formule Solubilité (g/100 g d’eau)
CMR4
4 Classification de l’annexe 1 de la Directive 67/548/CEE. « Non classé » peut signifier qu’il n’a pas été
proposé de dossier de classification pour la substance (« non listée »).
Septembre 2009 Version finale 24 / 95
Afsset RAPPORT « VLEP : santé et métrologie des composés du chrome hexavalent »Mission permanente VLEP
3 VLEP existantes
Toutes les valeurs réglementaires sont reprises dans les tableaux A-4 à A-20 de l’annexe A
du rapport de synthèse sur la métrologie du chrome VI.
3.1.1 France
Source / date Circulaire du 13 mai 1987
mg Cr/m3 0,05
VLEP – 8h
ppm
mg Cr/m3
VLCT – 15 min
ppm
Mention peau
3.2 Pays-bas
Source / date Base de données gestis (http://www.hvbg.de/e/bia/gestis/limit_values/index.html,
consulté le 05/05/09)
– 8h ppm
mg Cr/m3 0,05
STEL
ppm
Mention peau
3.3 Danemark
Source / date Base de données gestis (http://www.hvbg.de/e/bia/gestis/limit_values/index.html,
consulté le 05/05/09)
mg Cr/m3 0,01
STEL
ppm
Mention peau
3.4.1 OSHA
Source / date Site de l’Osha :
http://www.osha.gov/pls/oshaweb/owadisp.show_document?p_table=STANDA
RDS&p_id=13096, consulté le 05/05/2009
mg Cr/m3 0,005
TWA
ppm
mg/m3
STEL
ppm
Mention peau
3.4.2 ACGIH
Source / date Livre : 2006 TLVs and BEIs
mg/m3
TLV-STEL
ppm
mg/ m3
TLV-C
ppm
Mention peau
mg/ m3
REL-ST
ppm
Mention peau
Dans son draft de 2008, le NIOSH propose une REL pour les composés du chrome VI à 0,2µg
Cr(VI)/m3. De plus, une mention peau est proposée pour prendre en compte le caractère irritant et
sensibilisant du chrome VI (NIOSH, 2008).
5 Toxicocinétique – Métabolisme
Les données ayant trait à la cinétique et au métabolisme du chrome VI sont issues des monographies
de l’US EPA ou de l’ATSDR sur le sujet (US EPA, 1998;ATSDR, 2008). Des éléments des documents
SCOEL, OSHA et OMS (WHO, 2000;SCOEL, 2004;OSHA, 2006) utiles pour la construction des
VLEP sont repris dans ce document. D’une façon générale, les propriétés toxicocinétiques sont liées
à l’état de valence de l’atome de chrome (VI dans ce document) et à la nature du ligand (qui
conditionne en premier lieu la solubilité, voir les quelques exemples fournis en préambule).
5.1 Absorption
En milieu professionnel, l’absorption se fait de façon prédominante par inhalation et éventuellement
par voie cutanée.
D’une façon générale, la quantité, le dépôt ou l’absorption de chrome inhalé sont déterminés par les
facteurs influençant le comportement des particules dans les voies aériennes. Ainsi le chrome déposé
dans le tractus respiratoire est soumis aux 3 mécanismes de clairance couramment décrits : transport
mucociliaire, phagocytose par les macrophages et absorption (puis transfert) dans le sang ou dans la
lymphe. Ainsi, la contribution relative de ces 3 processus dans l’absorption du chrome dépend des
propriétés physico-chimiques (taille des particules), de la forme chimique (solubilité dans l’eau) et des
autres propriétés des particules vectrices du chrome. L’identification du chrome dans les urines, le
sang et les tissus (exemple de mesure dans les cheveux) de travailleurs exposés confirment la
pénétration systémique des composés du chrome VI après inhalation.
Très schématiquement, le chrome VI est mieux absorbé que le chrome III, en particulier grâce à sa
meilleure pénétration à travers les membranes biologiques ; la pénétration dans le flux sanguin est
favorisée pour les formes solubles du chrome VI ; moins les formes sont solubles et plus lente est
leur absorption, augmentant ainsi la rétention pulmonaire. Des données quantitatives sur l’absorption
des différentes formes de chrome VI sont fournies dans le document de l’ATSDR : peuvent alors y
être associés différents profils toxicocinétiques en fonction des modèles compartimentaux retenus.
Par exemple, des études par injection intra trachéale chez le rat, ont permis d’établir des pics
d’absorption dans le sang en fonction de la solubilité : ces pics étaient observés 30 min après
injection pour le chromate de sodium à 24 heures après injection pour le chromate de plomb ou de
zinc (Bragt and van Dura, 1983). De plus, la nature du ligand conditionne la rétention pulmonaire ; en
effet, un pic retardé aussi important que celui du chromate de sodium a été observé avec le zinc alors
que le pic d’absorption observé avec le chromate de plomb était très faible avec une rétention
pulmonaire plus importante pour cette dernière forme.
Pour l’absorption gastro-intestinale, il a été estimé que, chez l’homme, l’absorption de chrome VI était
inférieure à 5% de la quantité totale ingérée ; au pH des sucs gastriques, le chrome VI est réduit en
chrome III (US EPA, 1998). Cette voie d’absorption peut donc être considérée comme marginale
dans un contexte professionnel (le chrome VI ingéré dans ce contexte provient du mécanisme
d’élimination par l’ascenseur mucociliaire)
L’absorption cutanée du chrome, en particulier sur peau lésée, a été mise en évidence chez l’homme
et l’animal par des mesures dans les urines ou le sang; de même que pour l’inhalation, la pénétration
du chrome VI par voie cutanée est meilleure que pour le chrome III. Une étude chez 4 volontaires
sains, immergés dans une solution d’eau chlorée contenant 22mg de chrome VI par litre (dichromate
de potassium), pendant 3 heures, rapporte un coefficient d’absorption de 1,5x10-4 μg/cm2.h (soit un
Kp de 0,068.10-4 cm/h) sur la base de mesures urinaires (Corbett et al., 1997). D’autres données
d’absorption et calculs de Kp sont rapportés et suggèrent une pénétration importante à travers la
peau pour le dichromate de sodium (coefficient de pénétration entre 1 à 10 μg/cm2.h et Kp entre
3,1.10-4 et 6,9.10-4 cm/h) ; le coefficient de pénétration variait en fonction de la concentration molaire
du dichromate de sodium en solution aqueuse, pour un temps d’application d’une heure chez
l’homme (Baranowska-Dutkiewicz, 1981). La pénétration cutanée est bien sûr influencée par le
solvant utilisé, les conditions occlusives et la concentration en chrome VI de la préparation appliquée
(ATSDR, 2008). Enfin le SCOEL rapporte que l’absorption cutanée de composés solubles du chrome
VI est de l’ordre de 4% de la dose appliquée par contact cutanée direct avec une solution aqueuse
(SCOEL, 2004).
5.2 Distribution
Les examens et autopsies effectués chez des travailleurs exposés au chrome (majoritairement à la
forme VI) ont révélé des taux de chrome dans les différents tissus et organes (foie, cerveau,
poumons, cœur, nodules lymphatiques, moelle osseuse, muscle, glandes surrénales…) supérieurs à
ceux observés chez des personnes non exposées professionnellement (ATSDR, 2008). La
concentration pulmonaire en chrome VI augmente avec l’âge ainsi qu’en fonction d‘autres facteurs
comme les habitudes tabagiques.
Un passage transplacentaire et dans le lait maternel a été mis en évidence chez des femmes
professionnellement exposées (mesure du chrome dans le cordon ombilical, le placenta et le lait),
ainsi que chez le fœtus après avortement, par rapport à des femmes non exposées (Shmitova, 1980).
Cependant, ces résultats sont à prendre avec précaution, des taux anormalement élevés ayant été
observés chez les contrôles, pouvant traduire des problèmes analytiques. Un passage mère-enfant
du chrome est probable, à minima par le lait, au vu des mesures effectuées dans le lait de femmes
américaines (Casey and Hambidge, 1984).
Les études de distribution chez l’animal ont confirmé cette répartition assez ubiquitaire du chrome
dans l’organisme après étude par injection intra-trachéale mais aussi après exposition cutanée. De
même, il a été mis en évidence un passage transplacentaire après administration parentérale de
chrome VI. Des études mécanistiques ont confirmé la capacité du chrome VI à traverser les
membranes biologiques et à se lier avec les protéines intracellulaires de différents tissus ; ce passage
transmembranaire se fait essentiellement par l’intermédiaire des systèmes de transport
membranaires des anions phosphate et sulfate (d’où la répartition ubiquitaire du chrome VI). Enfin,
les études mettent en évidence une accumulation préférentielle du chrome VI dans les cellules
circulantes du sang (globules rouges) par rapport au plasma (Costa and Klein, 2006;ATSDR, 2008).
5.3 Métabolisme
Le chrome VI est instable dans l’organisme et est réduit en chrome III par différents agents
réducteurs : dans le poumon et plus largement dans les fluides cellulaires, l’acide ascorbique semble
être l’agent principal de réduction du chrome VI ; une déplétion des stocks pouvant être observée.
Une réduction par le glutathion et la cystéine est efficace, bien que moins rapide (US EPA, 1998). De
façon similaire, une fois le chrome VI à l’intérieur des hématies, il est réduit en chrome III par
l’intermédiaire du glutathion. Lors de cette réduction, l’élément chrome passe par différents états de
transition (chrome V et IV) pour aboutir à l’état de valence III du chrome, qui a alors une forte capacité
à former des complexes stables avec les macromolécules.
5.4 Elimination
Après réduction en chrome III, le chrome est rapidement éliminé par le rein (demi-vie d’élimination par
le rein comprise entre 4 à 10 heures, modèles ouvert mono-compartimental) (Kiilunen et al., 1983).
Cette propriété est d’ailleurs utilisée pour suivre l’exposition des travailleurs au chrome et pour la
fixation de valeurs limites biologiques. Les ions chromium peuvent aussi être éliminés par les fèces
en fonction de leur solubilité et de la voie d’administration (voie d’élimination prépondérante lors de
l’ingestion).
Toxicité générale
Des données détaillées peuvent être retrouvées dans la littérature pour un profil toxicologique
complet du chrome VI chez l’animal et chez l’homme (US EPA, 1998;WHO, 2000;OSHA,
2006;ATSDR, 2008;NIOSH, 2008) ; seuls les éléments importants pour la construction des VLEP
sont repris dans cette synthèse.
De plus, comme déjà discuté, la toxicité du chrome peut être très différente en fonction de son état de
valence (III et VI) et de sa forme chimique, en particulier de sa solubilité : par exemple, l’inhalation de
trioxyde de chrome, très soluble, entraine des dommages sur la muqueuse nasale et des perforations
de la cloison nasale alors que des formes moins solubles voire insolubles ont plutôt des effets sur la
partie inférieure de l’arbre bronchique.
Dans la suite de ce document sont détaillées les principales cohortes fournissant des données
quantitatives suffisamment solides pour calculer des excès de risques sanitaire pour les cancers,
essentiellement pulmonaires, chez le travailleur (revue des cohortes non exhaustive).
Ainsi, l’exemple d’une étude mise en place par la société de consulting Environ (financement par
Industrial Heatlh Fondation ou IHF) illustre la complexité de l’interprétation des résultats des
différentes cohortes. Le protocole de cette étude avait été proposé à la fin des années 1990 pour
étudier les effets du chrome VI à des expositions plus faibles que celles historiquement enregistrées,
cette étude étant justifiée par l’hypothèse d’une diminution des expositions des travailleurs
consécutivement à l’amélioration des procédés de fabrication. Le protocole initial prévoyait que les
résultats de 4 usines de production de chromates (2 américaines et 2 allemandes) seraient regroupés
pour augmenter la puissance des calculs (Michaels et al., 2006). Le rapport5 fournit par Environ à
l’IHF ne semble jamais avoir été publié dans son intégralité et/ou fourni aux autorités réglementaires
(dont OSHA). Par contre, les données de mortalité et d’exposition des 4 entreprises de production de
chromates ont été analysées et publiées séparément. Les résultats publiés à partir des 2 usines
américaines ne montrent pas une augmentation significative, avec seulement 3 cas observés de
cancer du poumon (faible puissance statistique) (Luippold et al., 2005). Selon les auteurs cela
pourraient aussi être mis en relation avec les faibles expositions observées (0,36 à 4,36 µg/ m3 en
moyennes annuelles). Pour la partie allemande de l’étude dans laquelle les travailleurs ont été
classés en 3 groupes d’exposition selon leur excrétion urinaire de chrome, une augmentation
significative du risque de cancer du poumon est observée pour le groupe le plus exposé lorsqu’on le
compare aux 2 groupes combinés d’exposition moindre (odds ratio 6,9 [2,6-18,2]) (Birk et al., 2006).
Les résultats, tels que présentés, ne permettent pas de discuter de le taux de mortalité par cancers
du poumon aux faibles doses (pas de comparaison entre les 2 groupes de doses inférieures).
L’analyse par régression logistique des résultats des 2 études (comme prévue dans le protocole
initial) montre des odds ratios pour les décès par cancers pulmonaires de respectivement 20,2 [6,2-
65,4] et 4,9 [1,5-16,0] pour le groupe le plus exposé (>5,8 µg/m3) et le groupe intermédiaire (1,2-5,8
µg/m3), lorsque ceux-ci sont comparés au groupe le moins exposé (< 1,2 µg/m3) (Michaels et al.,
2006).
Ces derniers résultats sont d’ailleurs en accord avec les données issues d’une cohorte de l’US-EPA
obtenues précédemment (Gibb et al., 2000a) et qui montrent aussi une augmentation du risque aux
faibles expositions. Simultanément, l’IHF a commissionné des études sur les effets sanitaires du
chrome VI aux faibles doses (Proctor et al., 2003;Crump et al., 2003;Luippold et al., 2003;Proctor et
al., 2004).
5 Applied Epidemiology. Collaborative Cohort Mortality Study of Four Chromate Production Facilities, 1958-1998, Final Report to Industrial
Health Foundation, Pittsburg USA, September 27, 2002.
Une des premières cohortes à avoir établi un lien de causalité entre cancers pulmonaires et
expositions professionnelles au chrome VI (composés solubles ou insolubles) est la cohorte de
Painesville, Ohio, USA (usine de fabrication de chromate) (Mancuso, 1997a;Mancuso, 1997b).
L’étude de Mancuso a été faite sur une cohorte de petite taille (332 employés), la cohorte ayant été
suivie de 1946 à 1993 (exposition de 1931 à 1937). Les niveaux d’exposition étaient élevés (et établis
à partir d’une seule étude d’hygiène industrielle) et les habitudes tabagiques non connues. Une autre
cohorte a été construite dans la même usine mais sur les générations de travailleurs suivantes
(Luippold et al., 2003) : la cohorte a été suivie de 1941 à 1997 avec une exposition au chrome entre
1940 et 1972. Cette cohorte est un peu plus grande que celle de Mancuso (482 travailleurs soit un
total de 14048 personnes-années) et compile des données sur l’exposition beaucoup plus précises,
issues de 21 études d’hygiènes industrielles (Proctor et al., 2003;Proctor et al., 2004) permettant la
construction d’une matrice emplois-expositions en fonction de différents postes de travail . L’histoire
tabagique des sujets était mal documentée (connue chez seulement 35% de la cohorte) et n’a pas
été prise en compte dans les calculs de SMR (Standardized Mortality Ratio); le rôle confondant
d’autres expositions professionnelles a été limité lors de l’inclusion dans la cohorte (exclusion des
sujets). Les SMR pour les cancers du système respiratoire étaient significativement augmentés par
rapport aux taux de référence de l’Ohio ou de la population générale américaine (respectivement 239
[179-313] et 266 [199-347]) ; une tendance statistiquement significative était retrouvée pour le cancer
du poumon avec la latence depuis le premier emploi, la durée de l’emploi et le niveau d’exposition
cumulé. Dans la discussion, les auteurs comparent leurs résultats avec la cohorte de Baltimore et
émettent la possibilité de l’existence d’un seuil d’effet pour le cancer pulmonaire chez l’homme. Cette
étude a été financée par l’industrie du chrome.
Une deuxième cohorte de taille plus importante a été identifiée dans une autre usine de production de
chromate, la cohorte de Baltimore, Maryland, USA (Hayes et al., 1979;Hayes et al., 1989). Cette
cohorte était constituée de 4 217 travailleurs employés de 1945 à 1974 et la cohorte a été suivie
jusqu’en 1977. Une équipe de L’US EPA a construit une cohorte légèrement différente à partir des
travailleurs de ce site (Gibb et al., 2000b) ; seuls les travailleurs embauchés après 1950 ont été
retenus (construction d’une nouvelle unité de production et collecte des données d’exposition jugées
plus fiables à partir de cette date), la taille de la cohorte ainsi définie étant de 2357 travailleurs (soit
70 736 personnes-années) ; le suivi de cette cohorte a été effectué de 1950 à 1992 avec des
expositions entre 1950 et 1985 (date de fermeture de l’usine). L’exposition de cette cohorte a été
largement documentée avec la réalisation de 70000 mesures contemporaines au fonctionnement de
l’usine : jusqu’en 1978, l’exposition des sujets de la cohorte a été estimée à partir de matrices emploi-
exposition (non présentées), puis, après 1978, les expositions par mesures personnelles étaient
disponibles. L’historique sur les habitudes tabagiques est documenté pour 91% des sujets. La durée
d’exposition moyenne était 3,1 années (médiane de 0,39 ans) ; cette faible durée d’exposition
s’explique par l’intégration de travailleurs ayant été exposés moins de 90 jours au chrome VI. En dépit
de niveaux d’exposition faibles (4 catégories : 0-1,5 ; 1,5-8,9 ; 9-76,9 ; 77-5250 µgCr O3/m3.an),
l’analyse de la cohorte a montré une relation croissante entre l’exposition cumulée au chrome VI et le
ratio des taux de cancer du poumon observé/attendu (respectivement 0,96 [0,63-1,38], 1,42 [0,95-
2,01], 1,57 [1,07-2,20], 2,24 [1,60-3,03]. Le statut tabagique a été pris en compte dans ces analyses ;
des analyses en sous groupe ont aussi été effectuées, en particulier en fonction de l’origine ethnique.
Des cohortes ont été construites dans d’autres secteurs d’exposition au chrome VI et ont pu servir à
l’élaboration d’excès de risque de cancers ; cependant, ces cohortes sont jugées généralement moins
complètes et moins informatives que celles citées ci-dessus. Des cohortes ont été par exemple
construites chez des soudeurs (Gerin et al., 1993;Steenland, 2002;Sorensen et al., 2007), chez les
travailleurs de l’industrie aéronautique (Alexander et al., 1996), dans la fabrication de plaques de
chrome (Sorahan et al., 1987;Sorahan and Harrington, 2000) ou dans des usines de production de
ferrochrome (Langård et al., 1990). Globalement, toutes ces données sont concordantes avec une
augmentation du risque de cancer du poumon même si le lien de causalité est plus difficile à établir
en raison d’expositions moins bien documentées (autres produits chimiques) que dans l’industrie des
chromates (cohorte Baltimore ou Painesville).
du chrome VI en comparaison avec les composés moins solubles ou insolubles qui ont une action
plutôt de type local (Costa and Klein, 2006;ATSDR, 2008).
Concernant les effets cancérogènes du chrome VI au niveau du tractus respiratoire, il est
actuellement difficile de différencier le potentiel cancérogène des composés solubles de ceux
insolubles ; en effet si les données épidémiologiques permettent difficilement d’établir des relations
quantitatives solides pour les effets des composés insolubles, les expérimentations animales
semblent indiquer que les composés insolubles ont un potentiel cancérogène au moins aussi
important que les composés solubles (NIOSH, 2008). L’existence d’un seuil d’effet a été discutée
pour le cancer pulmonaire chez l’homme (effets aux faibles doses d’expositions) ; ce seuil est
défendu par l’industrie du chrome, les équipes institutionnelles étant plutôt en faveur de l’absence de
seuil (Park and Stayner, 2006). Quoi qu’il en soit, les différentes équipes ont calculés des excès de
risques sanitaires à partir de différentes cohortes permettant ainsi des extrapolations aux faibles
doses.
Comme déjà signalé dans ce document, les données épidémiologiques pour le chrome VI sont
nombreuses et d’une rare qualité dans ce domaine, et ceci du fait que :
la société a pris très tôt conscience (fin du 19e siècle) des effets toxiques (dont cancérogènes) du
chrome, autorisant ainsi des suivis de cohortes professionnelles (dès le milieu du 20e siècle) et de
nombreuses mesures d’exposition en milieu industriel ;
l’existence d’un débat scientifique et de controverses, essentiellement entre institutionnels nord-
américains d’une part et industriels du chrome d’autres part, qui a conduit à des analyses croisées
des travaux de chaque partie, en particulier lors de la révision des valeurs de l’OSHA au début des
années 2000.
Ainsi, seuls les éléments de contexte et principales conclusions sont reprises dans la suite de ce
document, les données scientifiques ayant nourri les débats étant aisément disponibles dans les
références citées.
S’il existe de nombreuses cohortes et quelques méta-analyses sur les données épidémiologiques
concernant le chrome VI, il semble y avoir un consensus scientifique sur le fait que assez peu sont
suffisamment informatives (et en particulier en termes d’exposition) pour obtenir des calculs d’excès
de risque relativement fiables. Le Tableau 2 reprend les principales analyses retrouvées dans la
littérature ainsi que des éléments très généraux de description. Il est proposé par la suite de
restreindre l’analyse aux calculs effectuées à partir des mises à jour des cohortes de Painesville
(Gibb et al., 2000b) et de Baltimore (Luippold et al., 2003) qui sont actuellement considérées comme
étant les cohortes avec les meilleures données d’exposition et les plus spécifiques d’une exposition
au chrome (minimisant ainsi dans les analyses le rôle des facteurs de confusion dus aux co-
expositions à d’autres produits industriels) ; le principal facteur de confusion est alors le tabagisme
pour lequel il existe des stratégies pour évaluer et corriger les biais éventuels sur la survenue de
cancer des voies pulmonaires et de décès associés.
Enfin, il est à signaler que des calculs d’excès de risque ont aussi été effectués pour la population
générale par différentes équipes ; les expositions professionnelles sont souvent à l’origine de ces
calculs pour la population générale. L’US EPA et l’OEHHA ont utilisé les données issues de la
cohorte de Mancuso (US EPA, 1998;OEHHA, 2008), l’OMS celles de la cohorte de Hayes et des
données de Langard (Langård and Norseth, 1975;Langård and Vigander, 1983;Langård et al.,
1990;WHO, 2000) sur des travailleurs et des équipes scientifiques proposent des réactualisations à
partir des cohortes les plus récentes (Crump et al., 2003).
Tableau 2 : Synthèse des différents calculs de risques de décès par cancer des voies pulmonaire retrouvés dans la littérature pour une exposition
professionnelle au chrome VI (sans distinction entre composés de solubilités variables)
US EPA KS Crump Decos Goldbolm Crump Environ Goldbolm Gibb KS Crump Park Goldbolm Environ ICDA6
1984 1995 1998 2006 2003 2003 2006 1986 1995 2004 2006 2003 1997
Excès de risque à 1
µg Cr(VI)/m3 (nb de
2,1 2,2 6 9,1
décès pour 1000)
1,8 5,8-8,9 2 5,9 3 1,4 1,8 16,4 0,1-0,6
[1,3-2,9] [1,3-3,5] [3-12] [4-16]
[intervalle de
confiance à 95%]
Source Niosh
Niosh 2008 Niosh 2008 Niosh 2008 Oui Oui Osha 2006 Oui Niosh 2008 Oui Oui Osha 2006 Scoel 200
bibliographique 2008
Calculs
Exposition Exposition Exposition Exposition Expositio
effectués pour Exposition
Caractéristiques de Exposition professionnelle professionnelle professionnelle professionnelle professionn
une exposition professionnelle
l'exposition pour la professionnelle continue de 20 continue de 20 continue de 20 continue de 20 continue de
environnementa continue de 20
construction de la continue de 20 à 65 ans; à 65 ans; à 65 ans; à 65 ans; à 65 ans
le et ajustement à 65 ans; risque
table de survie à 65 ans risque jusqu'à risque jusqu'à risque jusqu'à risque jusqu'à risque jusq
sur exposition jusqu'à 89 ans
100 ans 85 ans 89 ans 100 ans 85 ans
professionnelle
La comparaison des différents résultats à une concentration d’exposition de 1 µg/m3 est possible
du fait de l’utilisation de modèles mathématiques proches par toutes les équipes ; les équipes ont
testé plusieurs modèles, le linéaire ressortant en général comme celui qui décrivait le mieux les
données indépendamment du modèle de régression retenu (maximum de vraisemblance,
régression de Poisson ou de Cox…). De même, il apparait que l’expression des résultats en risque
relatif est plus adaptée au mécanisme d’action cancérogène du chrome VI (et aux cancérogènes
en général) que les risques additifs du fait de la prise en compte des autres causes de décès en
fonction des tranches d’âge, point particulièrement important pour des mécanismes d’action à forte
latence, et donc avec des effets observés sur les tranches d’âge supérieures de la population
(Crump et al., 2003). La population de référence retenue permet d’ajuster les données en
particulier pour intégrer le rôle du tabagisme dans la table de survie ; ainsi pris en compte, le tabac
ne semble pas introduire de biais importants dans les analyses. Les caractéristiques des
expositions professionnelles sont celles classiquement retenues pour les calculs de risque en
population professionnelle aux USA (8 heures/jour, 5 jours par semaine, 240 jours par an, pendant
45 ans de 20 à 65 ans, exposition cumulée) et les résultats sont harmonisés et exprimés en risque
« vie entière » (jusqu’à 100 ans pour certains modèles) selon une exposition constante
(concentration à 1µg CrVI/m3 dans le Tableau 2) ; de part le caractère linéaire de la relation, des
comparaisons et des extrapolations peuvent donc être effectuées aux faibles doses, toujours avec
la réserve que, par définition, ces extrapolations (en particulier aux faibles doses) sortent du
domaine d’observation des données (zone d’interpolation). Pour rappel, le domaine d’observation
correspond aux niveaux d’exposition à partir desquels apparaissent un risque significativement
augmentés (notion de puissance statistique et de taille des groupes) pour la mortalité ou le taux de
cancer des voies aériennes supérieurs, en fonction de la cohorte considérée dans l’analyse.
Une analyse rapide des données du Tableau 2 permet d’évaluer qualitativement la cohérence
entre ces différents calculs de risque ; la fourchette relativement restreinte des résultats (compris
dans un intervalle d’un facteur 10 dans sa majorité) plaide en faveur d’une bonne homogénéité des
résultats des différentes équipes ; cependant, ces calculs ont été effectués sur les résultats de 2
cohortes. Les résultats de l’ICDA (The international Chromium Developpement Association), repris
par le SCOEL dans son analyse de risque de 2004, se situent dans la partie basse des
estimations ; cette analyse reprend une méta-analyse (Steenland et al., 1996) ce qui rend
l’évaluation des niveaux d’exposition complexes. L’analyse critique de ces données par le NIOSH
conclut que « les hypothèses et la méthode retenue pour cette analyse de risque conduisent à une
analyse moins fiable que les analyses qui reprennent des données d’exposition dans certaines
usines, données corrélées avec les cancers du poumon » (NIOSH, 2008). De même, l’équipe de
Goldbolm a écarté cette source de donnée (utilisation d’une méta-analyse), jugeant qu’il existait
des données suffisamment fiables sur des cohortes de travailleurs (Goldbohm et al., 2006). Les
calculs effectués sur des cohortes de travailleurs dans d’autres secteurs que la fabrication de
chromate (Gerin, Alexanders) manquent de puissance selon l’OSHA : de plus, ces études
souffrent de biais plus importants, en particulier au niveau de l’évaluation des expositions et de la
prise en compte des facteurs de confusion (expositions moins spécifiques au chrome que pour les
cohortes des usines de chromates).
Enfin, il a été choisi de privilégier les résultats de calculs effectués à partir de la mise à jour des
cohortes car parallèlement, les équipes ont effectuées d’importants efforts pour documenter les
expositions améliorant ainsi sensiblement les calculs.
Les calculs effectués à partir de cette cohorte correspondent à l’intervalle haut retenu par l’OSHA
dans ses conclusions. Les résultats des différents calculs sont très cohérents, les différences
pouvant s’expliquer en partie par le choix de populations de référence différentes.
L’OSHA a fait appel à la société Environ pour effectuer des calculs de risques à partir des données
qui avaient étaient mises à sa disposition ; la critique de la validité de ces calculs a été faite par
l’OSHA et comparée aux calculs d’autres équipes à partir des mêmes données d’origine ; ainsi les
calculs d’Environ effectués à partir des données de la cohorte de Gibb ont été vérifiés par le
NIOSH et l’industrie du chrome (par l’intermédiaire de la société Exponent) ; les résultats étaient
sensiblement identiques, quels que soient les modèles mathématiques utilisés, validant ainsi les
calculs de Environ. Une équipe du NIOSH a publié ses calculs à partir des données de Gibb (Park
et al., 2004); cette analyse est d’ailleurs retenue dans le draft 2008 du NIOSH concernant
l’évaluation des risques professionnels dus à l’exposition au chrome VI.
Une des principales critiques sur l’utilisation de la cohorte de Gibb pour les calculs d’excès de
risque est l’inclusion dans cette cohorte de travailleurs ayant une durée d’emploi inférieure à un an,
diminuant ainsi la durée moyenne d’emploi dans cette cohorte (durée moyenne inférieure à 4 ans);
des analyses ont été effectuées en incluant et en excluant cette catégorie de travailleurs et
montrent que la restriction aux travailleurs ayant des durées d’emploi supérieures à 1 ans ne
modifie pas les estimations d’excès de cancers du poumon et que ce n’est donc pas une source
d’incertitude substantielle dans les calculs de risque. Concernant la prise en compte du tabagisme,
l’OSHA indique que les précautions sont prises dans les calculs pour minimiser l’influence de ce
facteur de confusion.
Ainsi, en se basant sur l’analyse d’Environ et du NIOSH (les résultats d’Exponent n’ayant pas
permis de les remettre en cause), l’OSHA conclut que les modèles linéaires s’ajustent mieux aux
données de la cohorte de Gibb que les modèles non-linéaires, en particulier pour la modalité
risque relatif. De plus, le choix de la population de référence a peu d’impact sur le résultat final et
l’OSHA argumente sur le fait qu’il est préférable de retenir la population de référence de Baltimore
dont les caractéristiques sont plus proches de la population d’étude en particulier en ce qui
concerne le fond de pollution urbaine et la consommation de tabac ; l’OSHA retient, comme
meilleure estimation des risques pour la cohorte Gibb, les calculs de Environ (Tableau 3) tout en
rappelant que les résultats sont très proches des autres calculs.
Tableau 3: Estimation de l’OSHA du risque d'excès (relatif) de décès par cancer du poumon pour
1000 travailleurs (exposition à des TWA -8h constantes) (rapport OSHA, 2006)
Niveau
d’exposition 0,25 0,5 1 5 10 20 52
(µg/m3)
Estimation du
risque relatif 2,3 4,6 9,1 45 86 164 351
pour 1000 [1-3,9] [2-7,8] [4-16] [20-75] [39-142] [76-256] [181-493]
[intervalle 95%]
Si on considère une courbe linéaire (forme y=ax+b) entre les concentrations 0,25 µg.m-3 et 10
µg.m-3, on peut calculer, à partir des valeurs centrales des intervalles de confiance, les
paramètres pour estimer les concentrations en fonction des excès de risque. L’équation est alors :
y= 0,116x+0,024
Si y=1/1000 alors x=0,14µg.m-3
Si y=1/10000 alors x=0,04µg.m-3
Si y= 1/100000 alors x=0,02 µg.m-3
Si on renouvelle les calculs sur l’intervalle de concentration de 0,25 à 1µg/m-3, l’équation devient
alors :
y= 0,11x-0,004
Si y=1/1000 alors x= 0,11 µg.m-3
Si y=1/10000 alors x= 0,007 µg.m-3
Si y=1/100000 alors x= -0,0029 µg.m-3
Ainsi, l’influence du paramètre b est prépondérante à partir du risque 10-4, ce qui rend aléatoire
une extrapolation à l’origine pour estimer des risques inférieurs à cette valeur.
Les calculs effectués par l’équipe de Goldbolm n’ont pas été analysés ni par l’OSHA, ni par le
NIOSH ; cependant la principale différence provient de la population de référence et les résultats
sont très proches de ceux de l’OSHA. Dans leur discussion, les auteurs rappellent qu’ils ont fait
ces calculs pour documenter la démarche de sélection d’un calcul de risque pour un cancérogène
sans seuil, en l’illustrant par le cas du chrome VI . Le but de la publication n’est donc pas d’établir
formellement de nouveaux calculs de risque ; ceux-ci sont rapportés pour comparaison mais ne
sont pas retenus dans les propositions finales.
Niveau
d’exposition 0,25 0,5 1 5 10 20 52
(µg/m3)
[intervalle 95%]
En ce qui concerne la nature du chrome VI, il existe peu d’information sur la cancérogénicité chez
l’homme des composés peu solubles; cependant, les expérimentations chez l’animal ont
démontré un potentiel cancérogène des composés peu solubles au moins aussi important que les
composés solubles, à partir desquels ont été faits ces calculs de risques. Ainsi l’OSHA juge
pertinent d’utiliser ces calculs de risques dans d’autres types d’industrie, en particulier pour les
situations exposant à des composés insolubles.
L’estimation des expositions induit une incertitude dans ces calculs de risque ; en effet, dans les 2
cohortes, des expositions relativement élevées sur des courtes périodes sont extrapolées à des
expositions cumulées à de faibles doses sur une carrière professionnelle. Enfin, sur l’effet critique
retenu, l’exposition au tabac peut être un facteur de confusion important ; cependant, l’OSHA
indique, qu’en l’absence d’interaction d’effet entre le tabac et le chrome VI, il n’y a pas de raison
que le risque soit sous ou surestimé dans des proportions importantes.
Le NIOSH conclut quant à lui sa revue sur les différents calculs d’excès de risque en retenant une
fourchette de risque bornée par les calculs de Crump pour la cohorte Paineville (Luippold) et de
Park pour la cohorte Baltimore (Gibb); il est mentionné que les estimations analysées sont à peu
près toutes du même ordre de grandeur et qu’elles indiquent des excès de risque de décès par
cancer du poumon considérables pour les travailleurs exposés aux valeurs limites actuellement en
vigueur aux USA. Il est rapporté que selon les estimations de Park, une exposition de 0,2µg/m3
pendant une carrière de 45 ans correspond à un excès de risque de décès par cancer du poumon
de 1 cas pour 1000 travailleurs (NIOSH, 2008).
Le chrome VI est irritant pour les membranes du système respiratoire (entre autres). Aucune étude
n’établit de seuil d’effet pour les expositions aigues aux dérivés du chrome VI. Cependant,
quelques données sont retrouvées dans la littérature :
Le SCOEL rapporte un seuil d’effet (irritation) à 1,3 µg Cr VI/m3 chez des volontaires exposés à de
l’acide chromique ; ces données n’ont cependant pas pu être vérifiées.
Une étude (Lindberg and Hedenstierna, 1983) rapporte des perforations nasale chez des
travailleurs exposés à des pics de 20 µg CrO3/m3 (soit 10 µg CrVI/m3) et des irritations nasales
chez des travailleurs exposés à des concentrations journalières supérieures à 1 µg CrO3/m3.
La valeur d’exposition court terme est à fixer en cohérence avec la VLEP retenue. Les experts du
CES VELP tiennent à souligner que cette valeur devra prendre en compte les éléments suscités ;
de plus, l’exposition à du chrome VI pourrait déclencher des crises d’asthme chez des personnes
préalablement sensibilisées, aucun élément quantitatif ne pouvant être donné sur ce point à ce
jour.
7 La quantité de composé absorbé après exposition des mains et des avant-bras (2000 cm2) pendant 1h doit contribuer à plus de 10 %
de la dose systémique absorbée par inhalation sur 1 journée de travail de 8h à la VLEP-8h, en considérant une absorption inhalatoire
3
de 50% et un volume d’air inspiré de 10 m (ECETOC, 1993).
7 Conclusions
Le CES ne recommande pas d’élaborer des valeurs professionnelles différentes en fonction de la
nature du composés du chrome VI et en particulier de sa solubilité ; il recommande de retenir une
valeur unique valable pour tous les dérivés du chrome VI. L’évaluation de risque sanitaire
proposée ci-dessous s’adresse donc à tout type de composés de chrome VI.
Selon la méthodologie du CES VLEP, il n’est pas proposé de VLEP-8h pour un cancérogène sans
seuil. Il existe dans la littérature scientifique plusieurs calculs d’excès de risque de décès par
cancer du poumon consécutif à une exposition professionnelle au chrome VI et à ses dérivés. Les
calculs disponibles pour des scénarii d’expositions professionnelles ont été détaillés dans ce
document et le CES VLEP s’est prononcé pour retenir le calcul d’excès de risque de l’intervalle
supérieur de l’estimation de l’OSHA, obtenu à partir de la cohorte de Gibb notamment pour les
raisons suivantes :
- Les estimations réalisées à partir de ces calculs semblent solides, puisque vérifiées par le NIOSH
et l’industrie du chrome, elles ont donné des résultats sensiblement identiques, quels que soient
les modèles mathématiques utilisés.
- les données du tabagisme ont été prises en compte pour minimiser l’influence de ce facteur de
confusion.
- la population de référence choisie pour appliquer ce modèle est la cohorte de Baltimore utilisant
les meilleures données d’exposition et les plus spécifiques par rapport à une exposition au chrome
IV et ses dérivés
- l’étude de cohorte de Gibb à l’origine des calculs de risque a été financée par des fonds publics
(US EPA), de nombreuses mesures ayant permis la mise en place d’une matrice emploi-exposition
-le scénario d’exposition retenu est celui classiquement retenue pour les calculs de risque en
population professionnelle (8 heures/jour, 5 jours par semaine, 240 jours par an, pendant 45 ans
de 20 à 65 ans, en exposition cumulée) et les résultats sont exprimés en risque « vie entière »
Le modèle linéaire (excès de risque relatif) a été retenu car s’ajustant mieux aux données. Le
CES a ainsi conduit une extrapolation linéaire passant par l’origine en considérant comme point de
départ une concentration de 1µg CrVI/m3 associée à un risque de 10 cas de cancers
supplémentaires pour 1000 travailleurs, par approximation des résultats de l’OSHA sur la cohorte
Gibb. Il arrive aux résultats suivants :
0,1 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-3
0,01 µg Cr VI / m3 pour un excès de risque individuel de décès par cancer pulmonaire de 10-4
Le CES-VLEP juge plus prudent de ne pas donner d’estimation à des excès de risque plus bas. En
effet les approximations à faire pour exprimer les excès de risque individuels à 10-5 et 10-6 sont
trop importantes par rapport aux calculs d’origine (voir calculs en dessous du tableau 3).
Cependant, le CES-VLEP souligne que lorsqu’un ajustement est effectué sur les durées
d’exposition, ces valeurs sont cohérentes avec celles données par divers organismes comme
l’OEHHA, l’OMS ou l’US EPA pour une exposition en population générale.
Aucune étude n’établit de seuil d’effet pour les expositions aigues aux dérivés du chrome VI.
Cependant, certaines données de la littérature rapporte un seuil d’effet à des valeurs entre à 1,3
µg Cr VI/ m3 (irritation) 10 µg CrVI/ m3 (perforation nasales). La valeur d’exposition court terme est
à fixer non seulement en cohérence avec la VLEP retenue mais également en prenant en compte
les effets susmentionnés.
L’attribution d’une mention « Peau » est retenue car des éléments quantitatifs ont permis de
calculer pour certains dérivés du chrome une contribution de la voie cutanée bien supérieure à
10% ; de plus certaines formes du chrome VI sont irritantes pour la peau et peuvent conduire à
une sensibilisation cutanée.
Bibliographie
Alderson, M. R., N. S. Rattan, and L. Bidstrup, 1981, Health of workmen in the chromate-producing
industry in Britain: Br.J.Ind.Med., v. 38, no. 2, p. 117-124.
ATSDR. Toxicological profile for chromium. Draft for public comment. 2008. Atlanta, USA, Agency
for Toxic Sbstance and Disease Registry.
Bragt, P. C., and E. A. van Dura, 1983, Toxicokinetics of hexavalent chromium in the rat after
intratracheal administration of chromates of different solubilities: Ann.Occup.Hyg., v. 27, no. 3, p.
315-322.
Casey, C. E., and K. M. Hambidge, 1984, Chromium in human milk from American mothers:
Br.J.Nutr., v. 52, no. 1, p. 73-77.
Cole, P., and B. Rodu, 2005, Epidemiologic studies of chrome and cancer mortality: A series of
meta-analyses: Regulatory Toxicology and Pharmacology, v. 43, no. 3, p. 225-231.
Costa, M., and C. B. Klein, 2006, Toxicity and carcinogenicity of chromium compounds in humans:
Critical Reviews in Toxicology, v. 36, no. 2, p. 155-163.
Crump, C., K. Crump, E. Hack, R. Luippold, K. Mundt, E. Liebig, J. Panko, D. Paustenbach, and D.
Proctor, 2003, Dose-response and risk assessment of airborne hexavalent chromium and lung
cancer mortality: Risk Analysis: An Official Publication of the Society for Risk Analysis, v. 23, no. 6,
p. 1147-1163.
Davies, J. M., 1984, Long term mortality study of chromate pigment workers who suffered lead
poisoning: Br.J.Ind.Med., v. 41, no. 2, p. 170-178.
ECETOC. Percutaneous absorption. Monograph n°20. 1993. Brussels, Belgium, European Centre
for Ecotoxicology and toxycology of Chemicals.
Enterline, P. E., 1974, Respiratory cancer among chromate workers: J.Occup.Med., v. 16, no. 8, p.
523-526.
Frentzel-Beyme, R., 1983, Lung cancer mortality of workers employed in chromate pigment
factories. A multicentric European epidemiological study: J.Cancer Res.Clin.Oncol., v. 105, no. 2,
p. 183-188.
Gibb, H. J., P. S. Lees, P. F. Pinsky, and B. C. Rooney, 2000a, Clinical findings of irritation among
chromium chemical production workers: American Journal of Industrial Medicine, v. 38, no. 2, p.
127-131.
Gibb, H. J., P. S. Lees, P. F. Pinsky, and B. C. Rooney, 2000b, Lung cancer among workers in
chromium chemical production: American Journal of Industrial Medicine, v. 38, no. 2, p. 115-126.
Halasova, E., T. Matakova, L. Musak, V. Polakova, and P. Vodicka, 2008, Chromosomal damage
and polymorphisms of DNA repair genes XRCC1 and XRCC3 in workers exposed to chromium:
Neuro Endocrinology Letters, v. 29, no. 5, p. 658-662.
Hayes, R. B., A. M. Lilienfeld, and L. M. Snell, 1979, Mortality in chromium chemical production
workers: a prospective study: Int.J.Epidemiol., v. 8, no. 4, p. 365-374.
Hayes, R. B., A. Sheffet, and R. Spirtas, 1989, Cancer mortality among a cohort of chromium
pigment workers: Am.J.Ind.Med., v. 16, no. 2, p. 127-133.
IARC. Chromium and chromium compounds. IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic
Risks to Human. Vol. 49, 463-474. 1990. Lyon, France, International Agency for Research on
Cancer.
Ref Type: Report
Kumar, S. et al., 2005, Semen quality of industrial workers occupationally exposed to chromium:
Journal of Occupational Health, v. 47, no. 5, p. 424-430.
Langård, S., A. Andersen, and J. Ravnestad, 1990, Incidence of cancer among ferrochromium and
ferrosilicon workers: an extended observation period: British Journal of Industrial Medicine, v. 47,
no. 1, p. 14-19.
Langård, S., and T. Norseth, 1975, A cohort study of bronchial carcinomas in workers producing
chromate pigments: British Journal of Industrial Medicine, v. 32, no. 1, p. 62-65.
Langård, S., and T. Vigander, 1983, Occurrence of lung cancer in workers producing chromium
pigments: British Journal of Industrial Medicine, v. 40, no. 1, p. 71-74.
Lindberg, E., and G. Hedenstierna, 1983, Chrome plating: symptoms, findings in the upper
airways, and effects on lung function: Arch.Environ.Health, v. 38, no. 6, p. 367-374.
Luippold, R. S., K. A. Mundt, L. D. Dell, and T. Birk, 2005, Low-level hexavalent chromium
exposure and rate of mortality among US chromate production employees: Journal of Occupational
and Environmental Medicine / American College of Occupational and Environmental Medicine, v.
47, no. 4, p. 381-385.
Maeng, S. H., H. W. Chung, K. J. Kim, B. M. Lee, Y. C. Shin, S. J. Kim, and I. J. Yu, Chromosome
aberration and lipid peroxidation in chromium-exposed workers: Biomarkers: Biochemical
Indicators of Exposure, Response, and Susceptibility to Chemicals, v. 9, no. 6, p. 418-434.
Mancuso, T. F., 1997b, Chromium as an industrial carcinogen: Part II. Chromium in human tissues:
American Journal of Industrial Medicine, v. 31, no. 2, p. 140-147.
Michaels, D., C. Monforton, and P. Lurie, 2006, Selected science: an industry campaign to
undermine an OSHA hexavalent chromium standard: Environmental Health: A Global Access
Science Source, v. 5, p. 5.
NIOSH. Occupational Exposure to Hexavalent Chromium. External review draft. 2008. National
Institut for Occupationnal Safety and Health.
O'Flaherty, E. J., 1996, A physiologically based model of chromium kinetics in the rat:
Toxicol.Appl.Pharmacol., v. 138, no. 1, p. 54-64.
OEHHA. Toxicity Criteria Database. 2008. CA, USA, Office of Environmental Heath Hazard
Assessment.
OSHA, 2006, Occupational exposure to hexavalent chromium. Final rule: Federal Register, v. 71,
no. 39, p. 10099-10385.
Park, R. M., J. F. Bena, L. T. Stayner, R. J. Smith, H. J. Gibb, and P. S. J. Lees, 2004, Hexavalent
chromium and lung cancer in the chromate industry: a quantitative risk assessment: Risk Analysis:
An Official Publication of the Society for Risk Analysis, v. 24, no. 5, p. 1099-1108.
Park, R. M., and L. T. Stayner, 2006, A search for thresholds and other nonlinearities in the
relationship between hexavalent chromium and lung cancer: Risk Analysis: An Official Publication
of the Society for Risk Analysis, v. 26, no. 1, p. 79-88.
Proctor, D. M. et al., 2003, Workplace airborne hexavalent chromium concentrations for the
Painesville, Ohio, chromate production plant (1943-1971): Applied Occupational and
Environmental Hygiene, v. 18, no. 6, p. 430-449.
Russo, P., A. Catassi, A. Cesario, A. Imperatori, N. Rotolo, M. Fini, P. Granone, and L. Dominioni,
2005, Molecular mechanisms of hexavalent chromium-induced apoptosis in human
bronchoalveolar cells: American Journal of Respiratory Cell and Molecular Biology, v. 33, no. 6, p.
589-600.
Satoh, K., Y. kukuda, K. Torii, and N. Katsuno, 1981, Epidemiological study of workers engaged in
the manufacture of chromium compounds: J.Occup.Med., v. 23, p. 835-838.
SCOEL. Risk assessment for Hexavalent Chromium. SCOEL/SUM/86. 2004. Scientific Committee
on Occupational Exposure Limits.
Shelnutt, S. R., P. Goad, and D. V. Belsito, 2007, Dermatological toxicity of hexavalent chromium:
Critical Reviews in Toxicology, v. 37, no. 5, p. 375-387.
Shmitova, L. A., 1980, [Content of hexavalent chromium in the biological substrates of pregnant
women and puerperae engaged in the manufacture of chromium compounds]: Gig.Tr.Prof.Zabol.,
no. 2, p. 33-35.
Sorahan, T., and J. M. Harrington, 2000, Lung cancer in Yorkshire chrome platers, 1972-97:
Occupational and Environmental Medicine, v. 57, no. 6, p. 385-389.
Steenland, K., D. Loomis, C. Shy, and N. Simonsen, 1996, Review of occupational lung
carcinogens: American Journal of Industrial Medicine, v. 29, no. 5, p. 474-490.
Steenland, K., 2002, Ten-year update on mortality among mild-steel welders: Scandinavian
Journal of Work, Environment & Health, v. 28, no. 3, p. 163-167.
Suzuki, Y., K. Homma, M. Minami, and H. Yoshikawa, 1984, Distribution of chromium in rats
exposed to hexavalent chromium and trivalent chromium aerosols: Ind.Health, v. 22, no. 4, p. 261-
277.
Takahashi, K., and T. Okubo, 1990, A prospective cohort study of chromium plating workers in
Japan: Arch.Environ.Health, v. 45, no. 2, p. 107-111.
WHO. Air Quality Guidelines for Europe- Second Edition. 91. 2000. WHO Regional publications,
European Series, World Heath Organization.
Wise, S. S., A. L. Holmes, and J. P. Wise, 2008, Hexavalent chromium-induced DNA damage and
repair mechanisms: Reviews on Environmental Health, v. 23, no. 1, p. 39-57.
Les méthodes sont essentiellement basées sur l’échantillonnage de l’aérosol sur filtre à partir d’un
échantillonneur de la fraction inhalable. En pratique la cassette fermée ouverture 4 mm reste très
utilisée bien que n’étant pas conforme à la fraction inhalable au sens strict et en particulier pour les
particules de diamètre aérodynamique > à 20 µm. Cependant on considère que cet
échantillonneur donne des résultats satisfaisants notamment lorsque l’on prend en compte les
dépôts sur les parois. Les protocoles proposant un traitement par réactif chimique directement
dans la cassette (MétroPol INRS) ou prévoyant une récupération des dépôts sur les parois par
frottis (OSHA ID 215) peuvent être retenus.
La méthode analytique de base consiste à traiter l’aérosol prélevé par extraction avec un acide
(sulfurique ou nitrique ) suivi d’une analyse par la diphenylcarbazide (DPC). Il se forme un
complexe coloré CrII-diphenylcarbazone qui absorbe à λ = 540 nm. Cette réaction fournit une
méthode d’analyse extrêmement sensible avec une limite de détection de l’ordre de 0,1 ng de CrVI
par échantillon. Cependant un certain nombre de cations peuvent interférer avec la
diphenylcarbazide notamment le CuII, le Fe III, Hg II, le MoVI , et le V(V). Aussi l’utilisation d’une
technique de chromatographie ionique séparant les ions en présence sera à privilégier, la réaction
avec la DPC se faisant post colonne.
L’intérêt de déterminer séparément le CrVI soluble et CrVI insoluble, les possibilités d’oxydo
réduction CrVI/CrIII, l’influence importante du pH dans ces réactions redox font que l’on doit
accorder une importance toute particulière à ces aspects de la chimie du chrome8, qui vont
conditionner les méthodes analytiques qui sont présentées ci-après.
8 Voir en particulier K. ASHLEY, A. HOWE, M. DEMANGE et O. NYGREN - Sampling and analysis considerations for the
determination of hexavalent chromium in workplace air. J. Environ. Monit., 2003, 5, 707-716 (ou Réflexions sur le prélèvement et
l'analyse du chrome hexavalent dans l'air des lieux de travail, Hygiène et Sécurité du travail, 2004, ND 2209-195-04, pp. 38-51, INRS).
1-1 Influence du pH
L’extraction directe du CrVI en milieu acide pose problème du fait que la réduction CrVI en CrIII est
facilitée en milieu acide en présence notamment de certains agents réducteurs comme FeII.
En milieu acide la réaction de réduction est la suivante :
HCrO4- + 7 H+ + 3 e- Cr3+ +4 H2O E0 = +1,21 V (pH 1)
En milieu alcalin
En milieu alcalin on a donc une stabilisation du Cr VI par déplacement de la réaction sur la gauche
Pour des pH < 10 CrVI est présent sous forme anionique CrO42- et HCrO4-
CrIII est sous forme de cations Cr3+ , Cr(OH)2+ , Cr (OH)2+
Les méthodes examinées sont celles étudiées lors du mandat Européen (revue des méthodes
achevée en 2005, données consignées dans la base de données GESTIS, en libre accès sur
Internet9) dont certaines ont été révisées depuis la fin de ces travaux, quelques méthodes un peu
plus anciennes mais toujours proposées aux utilisateurs par les mêmes organismes et une
méthode de terrain. On trouvera un bref résumé de chacune de ces méthodes au paragraphe 0 de
l'annexe A.
Les méthodes relatives au chrome hexavalent ont été tout d’abord évaluées par rapport à trois
critères:
prélèvement de l'aérosol (la méthode préconise-t-elle le prélèvement de la fraction
d'intérêt?)
préparation de l'échantillon (ce qui inclut la mise en solution si la technique analytique le
demande)
technique analytique.
On trouvera un résumé des conclusions relatives à l'examen de chacun des points pris
individuellement au paragraphe 0 de l'annexe A.
La norme ISO 16740 donne un éventail de possibilités compatibles avec ces exigences et propose
des solutions bien documentées. Il semble toutefois difficile de la prendre pour méthode de
référence pour l’évaluation du respect de la VLEP car la diversité des solutions proposées peut
conduire à des résultats très différents pour des prélèvements d’aérosols identiques, sans que le
nom de la méthode utilisée ne puisse donner d’indice sur la raison des divergences. Les méthodes
retenues sont donc des méthodes compatibles avec cette norme mais qui proposent un choix
particulier parmi les options proposées. Elles répondent aux exigences de l'EN 482.
9 http://www.hvbg.de/e/bia/gestis/analytical_methods/index.html
Les méthodes ID-215 (OSHA), NMAM 7605 (NIOSH) et MétroPol 084 (INRS) proposent des
variantes de la norme ISO 16740.
Au niveau du prélèvement, aucune de ces trois méthodes ne demande l’utilisation d’un
échantillonneur spécifique de la fraction inhalable, mais les méthodes OSHA et INRS imposent
l’analyse des particules déposées sur les parois, ce qui peut être considéré comme équivalent
pour la plupart des aérosols contenant du chrome VI (divergence importante avec cette fraction
uniquement pour les aérosols de granulométrie très élevée, voir plus loin). La méthode NIOSH ne
peut être utilisée que si elle est modifiée pour permettre cette analyse (essuyage des parois
comme dans l’ID-215 de l’OSHA ou extraction dans la cassette comme dans la MétroPol 084).
Pour la méthode OSHA, le prélèvement est effectué sur un filtre imprégné de soude, ce qui limite
les risques d’interférence par d’autres composés ou de réduction des composés de Cr VI pendant
le prélèvement mais les risques d’oxydation de Cr III soluble éventuellement présent dans l’air (cas
des ateliers de traitement de surface en particulier) ne sont pas exclus (pas de données de
validation sur ce point dans la méthode). Les interférences éventuelles sont prises en compte par
l’utilisation de tampons et d’agents de précipitation spécifiques. Les données de validation
correspondant à l’emploi de ces tampons figurent dans la méthode.
Dans la méthode du NIOSH, l’utilisation de filtres non-imprégnés ne permet pas d’éviter les
interférences pendant le prélèvement, mais ceux-ci sont limités lors de l’extraction du chrome VI
qui s’effectue sous purge d’azote ou en présence d’un agent de précipitation. Dans la méthode
INRS, les interférences sont limitées par l'extraction des composés solubles de chrome VI en
milieu ammoniac/sulfate d'ammonium préalablement à l'extraction alcaline des composés
insolubles de chrome VI. Les performances analytiques (gamme d’analyse et limite de
quantification) sont conformes aux exigences de l’EN482 à la fois pour une VLEP de 50 µg/m3
mais également si la VLEP est abaissée à 1 µg/m3.
Bien que rien ne permette de les écarter, les méthodes BIA 6665 Methode Nr. 2 et BGI 505-5/2
n’ont pas été retenues. Tout d’abord, elles ne sont disponibles qu’en allemand ou éventuellement
en anglais (BIA 6665 seulement) et ne sont pas accessibles par µInternet. Ensuite, elles
préconisent bien l’emploi d’un échantillonneur de la fraction inhalable (PGP) équipé de filtres non
imprégnés mais les solutions d’extraction proposées ne sont pas celles citées dans l’ISO 16740 et
leur choix n’est pas documenté dans la méthode.
Les méthodes MétroPol 084 (INRS, méthode alternative), MDHS 61, BIA 6665 Methode Nr. 1, BGI
505-5/1 et NMAM 7605 (NIOSH) présentent de nombreuses caractéristiques semblables.
Au niveau du prélèvement, elles préconisent soit l’utilisation d’un échantillonneur spécifique de la
fraction inhalable (PGP pour les méthodes allemandes) ou l’analyse des parois d’une cassette
fermée (MétroPol) ce qui peut être considéré comme équivalent pour la plupart des aérosols
contenant du chrome VI (divergence avec cette fraction essentiellement pour les aérosols de
granulométrie très élevée, voir plus loin). La méthode NIOSH ne peut être utilisée que si elle est
modifiée pour permettre cette analyse (essuyage des parois comme dans l’ID-215 de l’OSHA ou
extraction dans la cassette comme dans la MétroPol 084). Aucune de ces méthodes ne
recommande l’emploi de filtres imprégnés. La méthode anglaise propose l’emploi de plusieurs
échantillonneurs dont aucun n’est connu pour échantillonner la fraction inhalable, mais un
changement d’échantillonneur (ou l’analyse des parois en cas d’emploi d’une cassette fermée)
suffirait pour parer à cet inconvénient.
La méthode MétroPol propose une extraction séquentielle du chrome VI soluble puis insoluble,
selon un mode opératoire compatible avec l’ISO 16740. L’utilisation d’une extraction préalable des
composés solubles dans une solution sulfate d'ammonium/ammoniac prévient l’oxydation des
composés de Cr III soluble pendant l’extraction alcaline à chaud, ce qui évite le besoin d’effectuer
cette extraction sous courant d’azote ou en présence d’agents de précipitation comme dans les
méthodes NIOSH ou OSHA ou dans la BGI 505-5/1. Toutes ces méthodes utilisent les solutions
d’extraction préconisées par l’ISO 16740 et ne devraient en théorie pas conduire à des résultats
divergents.
Les performances analytiques (gamme d’analyse et limite de quantification) sont conformes aux
exigences de l’EN482 pour une VLEP de 50 µg/m3 mais ne permettront en aucun cas d’effectuer
des mesures utilisables si la VLEP est abaissée à 1 µg/m3, la plupart d’entre elles ayant des limites
de quantification supérieures à cette valeur. L’utilisation de la chromatographie ionique avec
détection colorimétrique du dérivé à la DPC pour l’analyse des solutions obtenues par ces
méthodes permettrait d’obtenir les limites de détection souhaitées.
Une mention spéciale peut être faite aux méthodes MDHS 52/3, dédiée aux prélèvements dans les
ateliers de traitement de surface et NMAM 7300 (NIOSH). La première de ces méthodes préconise
l’emploi de filtres imprégnés de soude, principe qui a été repris dans l’ISO 16740 et dans la
méthode OSHA ID-215 (voir commentaires ci-dessus). La seconde a été développée pour être
utilisable sur le terrain, ce qui peut présenter certains avantages.
Les limites de quantification de ces deux méthodes, ainsi que celle du la NMAM 7605 leur
permettraient d’être utilisées pour une VLEP abaissée jusqu’à environ 10 µg/m3 mais ne leur
permettent pas d’être envisageables si celle-ci devait descendre en deça.
10 FD CEN/TR 15230 (X43-203) Guide pour l’échantillonnage des fractions d’aérosols inhalables, thoraciques et
alvéolaires
11
K. ASHLEY, A. HOWE, M. DEMANGE et O. NYGREN - Sampling and analysis considerations for the determination of
hexavalent chromium in workplace air. J. Environ. Monit., 2003, 5, 707-716 (ou Réflexions sur le prélèvement et
l'analyse du chrome hexavalent dans l'air des lieux de travail, Hygiène et Sécurité du travail, 2004, ND 2209-195-04, pp.
38-51, INRS).
Recommandations
Les méthodes de mesure conseillées sont celles préconisant un prélèvement de la fraction
inhalable, une extraction séquentielle, d’abord, des composés solubles du chrome hexavalent
dans une solution tampon pH 8, puis des composés insolubles dans une solution fortement
alcaline aux ultrasons à chaud, et enfin une analyse par chromatographie ionique avec détection
colorimétrique du dérivé à la DPC.
L’adaptation des méthodes NIOSH 7605 et OSHA ID 215 (V2) pour tenir compte des
préconisations ci-dessus est possible.
12 Boiano JM, Wallace ME, Sieber W K, Groff JH, Wang J, Ashley K [2000]. Comparison of three sampling and analytical methods for
the determination of airborne hexavalent chromium. J Environ Monit 2: 329-333.
13
Ashley K, Andrews RN, Cavazos L, Demange M [2001]. Ultrasonic extraction as a sample preparation technique for elemental
analysis by atomic spectrometry. J Anal At Spectrom 16:1147-1153.
La norme ISO 16740 (bien que d’une présentation relativement confuse) contient de façon
suffisamment détaillée les différentes étapes d’extraction et d’analyse préconisées ci-dessus pour
pouvoir fournir un protocole expérimental satisfaisant en sélectionnant les options.
Le protocole MétroPol 84 (nouvelle version septembre 2008) répond aux exigences de préparation
de l’échantillon et sa sensibilité est satisfaisante pour une VLEP abaissée jusqu’à 1 µg/m3 avec la
méthode d'analyse par chromatographie ionique.
Si la VLEP recommandée est située en deça d’une concentration en Chrome VI de 1 µg/m3, les
limites de quantifications des méthodes citées rendent leur application inadéquate.
1-Informations générales
1-1 Identification de la substance
Le chrome hexavalent est présent dans nombre de substances chimiques et peut se former au
cours de certains procédés industriels comme le soudage inox par exemple. Le Tableau A - 1
présente une liste de substances contenant du chrome VI telle qu'elle est référencée dans la base
de données Gestis en 200814, avec les numéros CAS correspondants.
Pour mémoire, le Tableau A - 2 ci-dessous présente une liste des substances qui contiennent du
chrome non-VI et leurs valeurs limite telles que référencées dans GESTIS. Le problème de
l'analyse de ces substances ne sera pas traité dans ce document, mais peut être évoqué, les deux
analyses étant généralement étroitement liées.
Tableau A - 2 : Substances contenant du chrome non-VI, référencées dans GESTIS14
15 D'après le "Criteria Document for Hexavalent Chromium", International Chromium Development Association, Avril 1997
Dichromate de potassium
Chromate de césium
Dichromate de césium
Chromate de lithium
Dichromate de sodium
Chromate de rubidium
Dichromate de rubidium
2- VLEP existantes
La liste de VLEP indiquée dans les tableaux A - 4 à A - 20 ci-dessous est tirée de la base de
données Européenne GESTIS14 (mise à jour mars 2008). Cette base contient les valeurs limite des
pays suivants : Autriche, Belgique, Canada (Québec), Danemark, Union Européenne, France,
Allemagne (AGS), Allemagne (DFG), Hongrie, Italie, Japon, Espagne, Suède, Suisse, Pays-Bas,
USA (OSHA), Royaume Uni.
Tableau A - 4
CAS No.
mg/m³ mg/m³
France 0,05
Hongrie 0,05
Japon 0,05
Remarques
Tableau A - 5
CAS No.
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,1
Espagne 0,05
Tableau A - 6
mg/m³ mg/m³
Remarques
Tableau A - 7
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,1
Hongrie 0,05
Espagne 0,05
Suède 0,02
Remarques
Tableau A - 8
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 9
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 10
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,1
France 0,1
Espagne 0,1
Remarques
Tableau A - 11
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,001
Hongrie 0,05
Tableau A - 12
mg/m³ mg/m³
Hongrie 0,05
Remarques
Tableau A - 13
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,012
Espagne 0,012
Pays-Bas 0,025
Tableau A - 14
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 15
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 16
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,01
Tableau A - 17
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 18
mg/m³ mg/m³
Tableau A - 19
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,0005
Hongrie 0,05
Espagne 0,0005
Tableau A - 20
mg/m³ mg/m³
Belgique 0,01
Hongrie 0,01
Pays-Bas 0,01
Il est intéressant de noter également les valeurs de l'ACGIH pour le Chrome et ses composés
inorganiques16 :
Composés de Cr VI Solubles dans l'eau:
TLV–TWA, 0.05 mg/ m3 , en Cr
A1 — Cancérogène Confirmé pour l'homme
Composés de Cr VI insolubles dans l'eau:
TLV–TWA, 0.01 mg/m3 , en Cr
A1 — Cancérogène Confirmé pour l'homme
et pour mémoire :
Métal et composés de Cr trivalent : CAS number: 7440-47-3 (Chrome élémentaire)
TLV–TWA, 0.5 mg/m 3 , en Cr
A4 — Non Classifiable en tant que cancérogène pour l'homme
D'autre part, dans l'appendice C du "NIOSH Pocket Guide to Chemical Hazards" de 1995, le
NIOSH propose une REL de 0,001 mg Cr(VI)/m3 pour tous les composés de chrome hexavalent
[Cr(VI)] (moyenne pondérée sur 10 h). Le NIOSH considère tous les composés du Cr(VI) (y
compris l'acide chromique, le tert-butyle chromate, le chromate de zinc et le chlorure de chromyle)
comme cancérogènes potentiels dans le cadre du travail.
La PEL de l'OSHA est de 0.005 mg CrO3/m3 (8-hour TWA) pour l'acide chromique et les
chromates, y compris le chromate de tert-butyle (notation peau) et les chromates de zinc17.
Le chrome hexavalent figure sur la liste des produits chimiques cancérogènes, mutagènes et
toxiques pour la reproduction (CMR) : voir Annexe 1 de la directive 67/548/CEE).
17 http://www.osha.gov/pls/oshaweb/owadisp.show_document?p_table=FEDERAL_REGISTER&p_id=19009
Chromate de zinc20 :
- Industrie des peintures pour métaux (peintures d'apprêt anti-corrosion) et des vernis;
- Pigment pour peintures automobiles
- Couleur pour artistes
- Agent anti-corrosion pour stratifiés époxy.
Les méthodes examinées sont celles étudiées lors du mandat Européen (revue des méthodes
achevée en 2005, données consignées dans la base de données GESTIS, en libre accès sur
Internet21) dont certaines ont été révisées depuis la fin de ces travaux, quelques méthodes un peu
plus anciennes mais toujours proposées aux utilisateurs par les mêmes organismes et une
méthode de terrain. Pour mémoire, une méthode dédiée aux prélèvements surfaciques (lingettes)
est citée également. Le Tableau A - 21 (ci-après) liste les méthodes examinées avec leur date de
publication et leur origine. On trouvera un bref résumé de chacune de ces méthodes ci-après, au
paragraphe 0.
MétroPol 084
Chrome hexavalent octobre-08 Méthode INRS
(méthode de base)
MétroPol 084
Chrome hexavalent octobre-08 Méthode INRS
(méthode alternative)
Issue 1:
15 May 1989
NMAM 7600 Chromium, hexavalent Méthode NIOSH
Issue 2:
15 August 1994
Chromium, hexavalent,
NMAM 7605 15 March 2003 Méthode NIOSH
by Ion Chromatography
Issue 1:
15 May 1989
NMAM 7604 Chromium, hexavalent Méthode NIOSH
Issue 2:
15 August 1994
21 http://www.hvbg.de/e/bia/gestis/analytical_methods/index.html
Méthode NIOSH
Chromium, hexavalent, by Field-Portable
NMAM 7703 15 March 2003 (Méthode de terrain, pour
Spectrophotometry
mémoire)
Méthode OSHA
W4001 HEXAVALENT CHROMIUM avr-01 (Analyse de surfaces :
Lingettes, pour mémoire)
NMAM 7703 LOD : 0.08 μg Cr[VI] par échantillon 0,56 µg/m3 total
(*) Limite de quantification recalculée comme les 10/3 de la LOD pour un prélèvement de 4 h ( 480 L d’air) quand elle ne figure pas
dans la méthode
Les méthodes relatives à des aérosols métalliques peuvent être évaluées par rapport à trois
critères:
Échantillonneur
Pour les aérosols de chrome hexavalent, la fraction de l’aérosol à prélever est la fraction inhalable.
Un certain nombre de méthodes préconise (en les citant ou non) l'utilisation d'un
échantillonneur de la fraction inhalable (ISO 16740, MDHS 52/3, BIA 6665 (méthodes 1 et
2), BGI 505-5/1 et /2)22.
D'autres méthodes préconisent l'utilisation de la cassette "fermée" (37 ou 25 mm, orifice 4
mm) en incluant dans l'échantillon les particules déposées sur les parois de ces cassettes,
ce qui est équivalent à un prélèvement de la fraction inhalable lorsque le diamètre
aérodynamique de ces particules n'est pas trop élevé23 (MétroPol 084, OSHA ID-21524).
D'autres méthodes enfin décrivent l'analyse du seul filtre placé dans ces mêmes cassettes
(NMAM 7600, 7605, 7604 et 7703, OSHA ID-10324) ou laissent le choix à l'utilisateur, cas
de certaines méthodes, plus anciennes (MDHS 61).
Alors que les deux premiers types de méthodes de prélèvement sont acceptables, le troisième
devrait être écarté car il ne correspond pas à un prélèvement de la fraction inhalable. Il s’agit d’un
prélèvement de particules collectées (« total dust » dans la littérature anglo-saxonne) pour lequel
le biais par rapport à la fraction inhalable peut être très important, en particulier pour les
poussières de granulométrie élevée. Les méthodes correspondantes peuvent toutefois être
examinées également car leur adaptation en une méthode "filtre + parois" est en général facile à
réaliser, sans altération notable du principe de la méthode d'analyse.
22 Attention : certains échantillonneurs de la fraction inhalable ont été validés en tenant compte des poussières déposées sur les parois
(cassette IOM par exemple) et d'autres non (GSP, "bouton", etc.). Il est important de s'assurer que la méthode utilisée pour l'analyse
tient compte de ces spécificités.
23 Voir l'Annexe A de la Norme NF X 43-257 (mai 2008) ou le commentaire de la méthode MétroPol dans la base de données GESTIS
(http://bgia-online.hvbg.de/AMCAW/substance/sheets/116-04-S-Chromium%20hexavalent.pdf): "The method specifies the use of a
filter cassette that is not an inhalable sampler. However, this method involves the analysis of wall deposits, for which the collection
efficiency of the filter cassette has not been determined. Published comparisons with inhalable samplers indicate that such methods
might meet the EN 482 performance requirements, at least for a restricted range of particle size distributions. Therefore, the overall and
expanded uncertainty data above have been calculated assuming that the filter cassette used in this method acts as an inhalable
sampler."
24 Il est à noter que l'OSHA a modifié un certain nombre de ses méthodes - dont l'ID 215 - pour prendre en compte les dépôts sur les
parois et qu'elle annonce sur la page d'accueil de ses méthodes son intention de renforcer cette politique.
Filtre
Les filtres utilisés pour le prélèvement du chrome hexavalent ne doivent pas contenir de Cr VI,
mais aussi et surtout ne doivent pas être susceptibles de modifier le degré d'oxydation des
différents composés du chrome prélevés. Certaines méthodes le rappellent et d'autres non. On
peut noter en particulier que de nombreuses méthodes préconisent l'emploi de membranes en
PVC, sans toujours préciser que la provenance de celles-ci doit être soigneusement sélectionnée,
le plastifiant présent dans certaines de ces membranes pouvant présenter un caractère réducteur,
de même que les liants de certains filtres en fibre de verre.
Quelques méthodes, en particulier celles dédiées au prélèvement des brouillards émis par les
activités de traitement de surface (ISO 16740, MDHS 52/3, …) proposent l'emploi de filtres
imprégnés de soude. Il est souhaitable de s'assurer que ces filtres ne risquent pas alors d'oxyder
le chrome III (présent également dans de tels ateliers, en particulier au cours du vieillissement des
bains), cette oxydation étant établie lors de l'extraction par des milieux très alcalins.
La préparation de l'échantillon est une étape cruciale pour la détermination des composés de
chrome VI11. Comme il n'y a pas à ce jour de technique analytique fiable et performante permettant
de déterminer le chrome VI à l'état solide dans les aérosols prélevés sur les lieux de travail, les
méthodes publiées comportent toutes une phase de mise en solution de celui-ci. Selon les cas, le
but recherché est la solubilisation de l'ensemble des composés de chrome hexavalent (chrome VI
total : ISO 16740, MDHS 61, BIA 6665 (méthodes 1 et 2), BGI 505-5/1 et /2), NMAM 7604 et 7703,
OSHA ID-103 ) ou deux extractions sélectives successives des composés de chrome VI solubles
(composés solubles dans l'eau ou dans un tampon légèrement basique) puis insolubles (dans une
solution fortement alcaline) (ISO 16740, MétroPol 084, NMAM 7600 et 7605, OSHA ID-215). Cette
deuxième solution devrait être privilégiée dans la mesure où les valeurs limites sont distinctes
dans nombre de pays et risquent de l'être également au niveau européen.
Toutefois, à proximité de bains de traitement de surface, on sait que les composés du chrome (III
et VI) sont émis sous forme de solution (brouillard) et il peut être pertinent de mesurer le chrome VI
total et de comparer le résultat obtenu à une valeur limite relative au chrome VI soluble (acide
chromique et/ou chromates solubles) (MDHS 52/3).
3-3 Eléments pour le classement des méthodes selon les performances annoncées et les
données de validation
D-103
Extraction alcaline conforme à l’une des options de l’ISO 16740 mais
attaque HNO3 + H2O2 pour les peintures.
Performances conformes aux exigences de l’EN482 en ce qui
concerne la gamme de concentrations et la limite de détection si la
VLEP reste à 50 µg/m3 mais LOQ très insuffisante si la VLEP est
abaissée à 1 µg/m3.
Annexe B
KIRK-OTHMER – Encyclopedia of Chemical Technology, New York, John Wiley and sons
Patty’s Industrial Hygiene and Toxicology, 5e éd., New-York, John Wiley and sons
Environmental Health Criteria. World Health Organization, Genève, disponible sur le site:
http://www.inchem.org/
Index Merck (Index MERCK : The Merck Index, an encyclopedia of chemicals, drugs, and
biologicals. Thirteenth edition. Published by Merck Research Laboratories Division of Merck
& Co., Inc. Whitehouse Station, NJ. 2001),
Handbook of Chemistry and Physics, Editor David R. LIDE, (CRC). Une version
électronique est disponible sur le site : http://www.hbcpnetbase.com/welcome.asp (accès
payant)
Annexe C
Annexe D
AFNOR : Normes préparées ou examinées par la commission X43C « Air des lieux de
travail » (code ICS 13.040.30) : http://www.afnor.fr
Critères Exigences
Critères Exigences
Exigences supplémentaires :
Dans le cas d’un échantillonnage d’un aérosol, le dispositif
d’échantillonnage doit être conforme aux exigences de la
norme EN 13205 pour le type d’aérosol prélevé (inhalable
ou alvéolaire)
ANNEXES
Afsset RAPPORT « VLEP : santé et métrologie des composés du chrome hexavalent »Mission permanente VLEP
SYNTHESE DES DECLARATIONS PUBLIQUES D’INTERETS DES MEMBRES DU CES PAR RAPPORT AU
CHAMP DE LA SAISINE
Analyse Afsset : /
VB
Actions de formation auprès d’entreprises de la Chimie et
de la Pharmacie donnant lieu à versement à l’organisme
d’appartenance (CNRS)
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset: /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /
Analyse Afsset : /