MEMOIRE - ABEDI - MARIUS - (Version Fianle)
MEMOIRE - ABEDI - MARIUS - (Version Fianle)
MEMOIRE - ABEDI - MARIUS - (Version Fianle)
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE ET JUDICIAIRE
Par
TRESOR ABEDI
Gradué en droit
EPIGRAPHE
« Il faut réparer le mal, faire qu'il semble n'avoir été qu'un rêve ».1
1
J. CARNONNIER, Droit civil les obligations, Paris, PUF, 2004, n°1114, p.2253.
II
IN MEMORIAM
Trésor ABEDI
III
DEDICACE
AVANT-PROPOS
L'auteur tient à exprimer ses chaleureux remerciements à ceux qui, de près tout
comme de loin, l'ont aidé à mener comme il se doit la réalisation de ce mémoire.
Mmes et Mrs
LABU Marie
LABU Niclette
MALAMBA Édouard
MALIKI Desmond
MUJALIWA Alfred
SADALA Saleh
TONDO Christophe
Ainsi qu'à madame Merveille BIEKOKA, qui en avait assuré la mise en page.
V
O. INTRODUCTION
La philosophie de la responsabilité civile est civile est bien particulière. Déjà à
partir de 1804, l'institution est présentée sous un aspect répressif déterminant, la solution est
présentée par l'article 1382 du code civil français (l'équivalent de l'article 258 du code civil
congolais, livre 3) et a pour finalité de sanctionner le comportement fautif2. Le principe étant
ainsi présenté en ces termes: “tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage,
oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer”3. D'où, chacun n'est responsable que
pour son fait personnel et la réparation ne peut être demandée qu'à son auteur. Conscient que le
dommage n'a probablement pas pour source unique, le fait de l'homme, les choses peuvent être
également sources d'innombrables dommages qui nécessitent d'être réparé. C'est ainsi que le
principe de la responsabilité pour fait personnel connait une dérogation avec le mécanisme de
la responsabilité pour fait des choses, dans lequel une personne est appelée réparer le dommage
dont la source est le fait d'une chose4; les rédacteurs du code code Napoléon proposèrent l'article
1384 pour les dommages qui peuvent résulter du fait d'une chose.
L'article 1384 était, à l'origine, envisagé uniquement comme une annonce des
régimes spéciaux prévues aux articles 1385 et 1386 (les alinéas 2 et 3 portant sur l'incendie
d'une chose n'ont été ajoutés qu'en 1922). Il fallait alors considérer qu'il n'éxistait pas de principe
général de la responsabilité du fait des choses. Par conséquent, la victime d'un dommage causé
par une chose ne pouvait obtenir réparation en prouvant une faute à l'origine du dommage5.
À l'heure du machisme, les dommages deviennent de plus en plus croisants et le
nombre d'accidents causés par le fait des choses notamment en matière du travail connait une
ascension fulgurante. Le besoin indemnitaire se faisant ainsi ressenti avec acuité, dans la mesure
où il n'était pas toujours facile de découvrir une faute à l'origine du dommage. Pendant ce temps,
les victimes se trouvèrent dépourvues de reparation6.
Face à cette situation, certains auteurs ont défendu l'idée que l'alinéa 1 de l'article
1384 du code Napoléon annonçait un principe général de la responsabilité du gardien de la
chose en cas de dommage causé par une chose, sans qu'il soit nécessaire de trouver une faute7.
Cet alinéa 1 de l'article 138
2
B.O KALONGO MBIKAYI., Droit civil : les obligations, tome 1, éditions universitaires africaines, Kinshasa,
2012, p.209.
3
Décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations contractuelles, art.258.
4
Lire H.L.J MAZEAUD et F.CHABAS., Leçons de droit civil, tome 2, V.I, obligations, montchrestien, neuvième
ed., 1998, n°425.
5
A.D. PEYRUSSE., Droit civil : les obligations, tome 1, CNFPT, p.178.
6
Ibidem.
7
Ibidem.
2
1.1. PROBLÉMATIQUE
Toute conception de la recherche procède normalement par l'existence d'un
problème, lequel mérite des interrogations auxquelles le chercheur se pose [...] la
problématique10 est l'ensemble des questions posées dans un domaine de la science en vue de
chercher des solutions qui s'imposent. Elle est également entendue comme l'interrogation d'un
sujet donné avec des questions pertinentes qui forment le débat, elle suscite un raisonnement,
elle mène à d'autres questionnements: C'est l'art de poser les bonnes questions11.
8
A.D. PEYRUSSE., Op.cit., p.178.
9
Auteurs cités par le professeur PHILIPPE LE TOURNEAU dans son ouvrage qui s'intitule “la responsabilité
civile”.
10
SYLVAIN SHOMBA cité par SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimétisme institutionnel en République
Démocratique du Congo : analyse critique et perspectives d’avenir, mémoire de licence, faculté des sciences
politiques et administratives, unikin, 2021-2022, p.4
11
E. MWANZO idin'AMINYE et K.LUKUSA Carlos., Cours de méthodologie juridique : instruments de
recherche, rédaction scientifique, dissertation juridique, unikin 2018-2019, p.84.
3
12
KABANGE NTABALA., Droit des services et entreprises publiques et problématique de la transformation des
entreprises publiques en RDC: études monographies Sonas et Snel, publication de la faculté de droit des universités
du Congo, Kinshasa, p.244.
13
Arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993, art.1 point 4.
4
ou continue à occuper ces emprises, notamment celui celui de Matadi kibala, tout en ignorant
sensiblement le danger qu'elles représentent. Elle y construisit des habitations et un marché
pirate sur une zone non constructible et non habitable. Certaines de ces personnes prétendent
avoir acquis des titres de propriété sur ces espaces et les autres estimant que face au besoin en
manque d'un marché public, pouvaient utiliser cet espace qui, selon elles disponibles, afin de
faciliter leurs échanges commerciaux mais tout en ignorant sensiblement le danger qui les
guettait.
Après un certain moment de leur occupation du lieu, le malheur n'a pas hésité de
frapper à la porte un mois après que SEM Tshisekedi Tshilombo ait évoqué la question de la
délocalisation du marché de Matadi kibala compte tenu du danger qu'il représentait, à l'occasion
du conseil de ministres de janvier 2022. Hélas ! La proposition est resté comme telle sans être
matérialisé. Un mois après après ait été évoquée au conseil des ministres c'est-à-dire le 03
février 2022 un câble de haute tension s'est coupé par la foudre et est tombé en plein marché de
Matadi kibala et a causé la mort de 25 personnes et deux rescapés après avoir subis des atteintes
corporelles très grave14.
Face à cette situation scandaleuse et malheureuse dont la population est victime,
il importe de s'interroger:
1. À qui revient-il l'obligation d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala? Est-
ce au au gouvernement central entant qu'autorité publique de régulation, au
gouvernement provincial en tant que gestionnaire de la province de Kinshasa: lieu dans
lequel le drame s'est réalisé, ou tout simplement à la snel entant que société productrice,
transportatrice et commerçante de l'énergie électrique ?
2. Le drame ne pouvait- il pas être éviter?
3. Quelles possibilités le code civil, livre 3 offrait-il aux victimes afin de garantir leur
indemnisation ?
Ces questions constituent sans équivoque notre problématique et guideront les
moments clés de nos recherches.
1.2. INTERET DU SUJET
L'intérêt est la base, la clé et la plaque tournante de toute action, pas d'intérêt pas
d'action dit-on. Il est tout a fait logique de faire ressortir l'intérêt théorie, scientifique et pratique
14
Conférence de presse tenue conjointement entre le ministre des médias et porte-parole du gouvernement son
excellence Patrick Muyaya Katembwe, le directeur général de la Snel et le gouverneur de la ville province de
Kinshasa : bilan du drame, tenue le jeudi 03 février 2022.
5
de la question à traiter. Non seulement c'est un bon moyen d'animer le travail, mais c'est souvent
l'occasion de dégager les idées éclairant le sujet15.
0.2.1. Sur le plan théorique
Il importe de relever que sur le plan théorique que cette étude a pour intérêt le
mérite de mettre à la portée de la communauté scientifique et aux lecteurs en général des
données pertinentes sur la question de la réparation du préjudice dans la responsabilité civile de
plein droit, en ce qu'elle prend en compte les règles importantes prévues en la matière.
0.2.2 Sur le plan scientifique
Cette étude est un cadre privilégié rassemblant un nombre important des notions
dans diverses branches du droit, notamment le droit civil les obligations, le droit des assurances,
le droit de la sécurité sociale, le droit Administratif, le droit civil les biens. Il constitue un cadre
privilégié des connaissances juridiques dans lequel les chercheurs en droit pourront s'en servir
dans le cadre de leur recherche scientifique. Cette étude est en réalité une véritable contribution
scientifique sur un thème éloquent, sur lequel il était nécessaire face aux impératifs de la société,
une telle architecture littéraire et juridique puisse en fournir les grandes lignes indicatrices de
solution aux problèmes dont la société fait face.
0.2.3 Sur le plan pratique
S'agissant de l'intérêt que présente cette étude sur le plan pratique, elle est un
instrument important mis à la portée des praticiens de droit notamment aux juges, avocats, les
étudiants en droit etc...afin de leur permettre de mettre en pratique toutes les règles que nous
avons annoncé afin de permettre aux victimes d'être rétablies plus rapidement que possible dans
leur droit après survenance du dommage.
15
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos., Op.cit., p.82.
16
Raoul KIENGE-KIENGE INTUDI., Initiation à la recherche scientifique, 2009-2010, unikin, p.7.
6
conquis”, construit et constaté : il est construit sur les préjugés, conquis par la raison et constaté
dans le fait17.
Comme on peut s'en rendre compte, le domaine de responsabilité est vaste.
Cependant, comme l'indique l'intitulé du présent travail, nous nous limiterons à l'examen de la
responsabilité civile pour fait des choses.
Nonobstant que nous avons recouru de temps en temps aux solutions apportées
par les droits français et belge, notre champ spatio-temporel est celui de la République
Démocratique du Congo depuis 1993, date à partir de la quelle les emprises des lignes haute
tension étaient officiellement des espaces non constructible frappés de servitudes de non
aedificandi par l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993.
1.4.MÉTHODOLOGIE
0.4.1. Méthodes
Il est évident que le point de départ de tout édifice scientifique est constitué
de sources formelles de droit. Nul ne peut en effet prétendre faire une œuvre juridique en
ignorant le postulat essentiel suggéré par le professeur Vittolo Villa pour qui, tout opérateur
juridique doit connaître les paradigmes du droit positif18.
La méthode 19 est définit comme une démarche organisée et rationnelle de
l'esprit pour arriver à un certain résultat. La méthode est également définie par plusieurs auteurs
comme un ensemble des connaissances définies et qui sont utilisées en vue de développer la
connaissance scientifique des phénomènes humains, sociaux20…
Eu égard à la sagacité et la complexité que présente l'analyse des mécanismes
de de réparation du préjudice de la responsabilité civile de plein droit, nous optons de faire
usage à une approche plus ou moins pluridisciplinaire à la fois historique, exégétique, et
comparative.
D'abord la méthode historique: la méthode juridique n'a d'efficacité si elle est
complétée par la méthode historique dans son approche diachronique. Montesquieu21 écrivait,
il faut “éclairer les lois par l'histoire et l'histoire par des lois”.
17
RAYMOND QUIVY et VAN CAMPENHOUDT., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunold,
1995, p.14.
18
VITTORIO VILLA., La science : entre descriptivisme et constructivisme, PUF, Paris, p.284.
19
Le dictionnaire français Larousse (petit)., Malesherbes, 2015, p.267, SV, méthode.
20
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos, Op.cit., p.86.
21
MONTESQUIEU, L'esprit des lois, 1748, livre 30,1.
7
22
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos., Op.cit., p.85.
23
Ibidem.
24
Ibidem.
25 Idem, Op.cit., p.89.
26 Idem, Op.cit., p.90.
8
un phénomène ou un sujet d'étude. Elle est donc un ensemble d'outils mis à la disposition de la
recherche et implique donc une manipulation matérielle, des procédés de collecte des données
adaptées à l'objet de la recherche, à l'objectif de la recherche et à la méthode de recherche.
Pour ce faire, nous avons utilisé la technique documentaire. Par document, il
faille entendre toute source qui permet d'appréhender les informations sur un phénomène donné
ou un fait, il peut s'agir par exemple par exemple d'un document écrit, une observation, un
entretien27.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons utilisé la technique documentaire
en ce qu'elle nous a permis de prendre connaissance de la littérature disponible ; l'interview qui
nous a permis d'entrer en contact avec quelques personnes ayants des informations nécessaires
susceptibles de nous permettre d'avoir une vue d'ensemble du thème que nous traitons ; nous
avons également récolté les données via les différentes émissions organisées qui avait consacré
le drame comme leur principal thème, mais aussi nous avons également collecté les données
des conférences portant sur le drame de Matadi kibala.
27 OTEMIKONGO MATEFU cité par J.B NAGIFI NGANDAKWE., Des responsabilités pénales et civiles du
personnel soignant congolais ; cas de la ville de Kisangani, Travail de fin de cycle, faculté de droit, unikis, 2009,
p.4.
9
Section 1 : PRÉLIMINAIRE
Il sera abordé dans cette étude des notions préliminaires, la notion de la R.C (§1)
où il va s'agir de définir et de retracer l'histoire évolutive de la responsabilité civile ; in fine,
établir la distinction entre la responsabilité civile et les autres responsabilités voisines (§2).
§1. Notion de la responsabilité civile
A. Définition de la responsabilité civile
Quand une personne est victime d'un dommage qui l'atteint dans sa chair, dans
ses sentiments, ou dans ses biens, elle va chercher à en effacer les conséquences28. De ce point
de vue, la responsabilité civile peut-être définie comme toute obligation pour l'auteur d'un
dommage causé à autrui, de le réparer (2). Dans le même fil d'idées, V. Ladegaillerie la définie
dans son livre intitulé : « lexique des termes juridiques » comme étant une obligation de réparer
le préjudice résultant soit de l'inexécution d'un contrat, soit de la violation du devoir général de
ne causer aucun dommage à autrui par son fait personnel, ou des choses dont on a la garde, ou
du fait des personnes dont on répond[...]29. La responsabilité civile est définie au regard de son
effet caractéristique: elle fait naître l'obligation, pour le responsable, de réparer le dommage
qu'il a indûment causé à autrui. Ce dommage peut avoir deux origines différentes : tantôt, il
résulte de l'inexécution d'une obligation née d'une convention, en sorte que le responsable est
le débiteur défaillant et la victime son créancier ; le dommage a donc sa source dans un acte
juridique, plus précisément dans un contrat, et l'on parle, pour cette raison, de la responsabilité
contractuelle30. Tantôt le dommage est sans rapport avec l'exécution défectueuse d'un contrat ;
il procède alors d'un fait juridique. Si ce fait a été commis avec la volonté de causer le dommage,
on est en présence d'un délit civil; dans le cas contraire, il s'agit d'un quasi-delit civil. On parle
dès lors, de la R.C délictuelle (et quasi-delictuelle)31.
C'est de cette occurrence, se référant à son origine, le concept responsabilité
dérive du verbe latin « respondere » qui a pour signification se porter garant, s'assumer, la
28
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Responsabilité délictuelle, PUG, 4e édition, 2015, p.6.
29
V. LADEGAILLERIE., Lexique des termes juridiques, 2018, p.138.
30
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Op.cit., p.6.
31
Ibidem.
10
responsabilité à être tenu de ses actes 32 . Comme on peut déjà, dès lors l'apercevoir, cette
responsabilité de répondre de ses actes fait émaner soit de la conscience même de la personne
soit d'un texte de loi. On y déceler dans cette obligation, une condition essentielle de la liberté :
[...] Un individu irresponsable est un facteur de trouble et un être humainement diminué 33,
l'homme libre est tout homme qui a la conscience des conséquences de ses actes posés et de
répondre de la conséquence dommageable dont ses actes sont générateurs. La responsabilité
civile telle qu'elle vient d'être définie ci-haut renferme plusieurs objets auxquels elle poursuit
1. Objets de la responsabilité
La responsabilité n'a pas à proprement parler un objet unique, elle poursuit à
contrario des objets divers ; elle peut être morale avec comme but de sanctionner le for intérieur
de la conscience individuelle. Elle est aussi politique, responsabilité du gouvernement. Ellle est
une fois de plus administrative, la responsabilité de l'Administration publique. Elle est bien plus
encore civile et pénale, la responsabilité de l'auteur d'un fait dommageable et de l'auteur d'une
infraction34 etc...
Toutes ces formes de responsabilités font montre sans ambages que la
responsabilité a des objets divers. Par ailleurs, nous avons relevé soupra que la responsabilité
civile a 2 origines différentes (contractuelle ou délictuelle), c'est pour autant que cette
responsabilité civile demeure dualiste au regard du CCCL III.
2. Unité ou dualité de la responsabilité civile?
Pour tout un chacun, le droit de la responsabilité civile est dualiste; il est soit
d'essence contractuelle soit d'essence extra-contractuelle. C'est pourquoi le titre même de ce
point peut surprendre : « unité où dualité de la responsabilité civile »?. Le dualisme est là. Il
suffit d'ouvrir la plupart des ouvrages de responsabilités ou de droit des obligations pour
constater soit le titre même de l'ouvrage, soit dans le plan, soit dans le développement, qu'il y a
deux Responsabilités civiles: la responsabilité contractuelle et la responsabilité extra-
contractuelle, les auteurs contemporains préférant généralement cette dernière expression à
celle de la responsabilité délictuelle35.
32
P. MALAURIE, L. AYNES et M. STOFFEL cités par M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Réforme du
droit civil les obligations en RDC: mélange à la mémoire du Doyen B.O KALONGO MBIKAYI, Paris, Harmattan,
2020, p.213.
33
P.MALAURIE et L. AYNES., Les obligations, ed. Cujas, Paris, 1985, p.21.
34
Ibidem.
35
M. BACACHE GIBEILI., Responsabilité civile extra-contractuelle, 2e édition, economica, 2012 cité par
Benjamin moro-puech., Regards critiques sur la consécration du dualisme des responsabilités contractuelle et etra-
contractuelle, panthéon Assas, p.1.
11
36
FABIEN GIRARD DE BAROS., Responsabilité civile délictuelle ou contractuelle : la fin d'un monisme absolu?
In lettre juridique n°232 du 19 octobre 2006.
37
P. MALAURIE et L. AYNES Op.cit., p.21.
12
l'émanation des lois saliques qu'elles nommaient Welgheld qui, littéralement signifiait « le prix
du sang »38. Dans ce système, la victime était d'abord vengée puis indemnisée sans que l'on
puisse examiner la conduite de l'auteur du fait dommageable, c'est-à-dire que l'on considère
l'auteur comme coupable du seul fait que sa conduite a été préjudiciable à autrui.
Peu à peu, les lois dites germaniques énumèrent les différents délits en chiffrant
chacun le montant de réparation, c'est le système de la composition pécuniaire : un homme libre
vaut mieux qu'un esclave, un évêque plus qu'un homme libre, un franc plus qu'un romain.39
b. En droit romain
La séparation entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale commence
à se faire constater avec acquitté. Dans cette période, l'idée de la réparation prend du relief.
Ultérieurement, l'autorité sociale fixera une sorte des tarifs des compositions pécuniaires dues
à la victime ou à sa famille. Et puis, lorsque l'autorité de l'État s'est affirmée, peu à peu va
s'établir la distinction entre d'une part les peines infligées par l'État (corporelle ou pécuniaire),
et d'autre part, la réparation due à la victime (en nature ou en argent).
c. Dans l'ancien droit
Les traits primitifs de la responsabilité du droit romain connaissent une évolution
sous l'influence du droit canon et des concepts chrétiens. On arrive à une conception plus
subjective, on assiste à l'essor d'un principe de la responsabilité fondé sur la faute, qu'on doit à
l'émergence de DOMAT. L'idée de la faute devient dès lors essentielle. Le détachement de la
responsabilité civile et la responsabilité pénale, la responsabilité civile gagne son autonomie
par rapport à la responsabilité pénale40.
2. À l'époque du code civil41
À l'époque de l'élaboration du code civil Napoléon, actuel code civil français, 5
articles sont consacrés à la résponsabilité civile :
- L'article 1382 vise les délits
- L'article 1383 vise les quasi-delits c'est à dire les fautes non intentionnelles
- L'article 1384 vise la responsabilité du fait des choses et la responsabilité du fait d'autrui.
38
P. MALAURIE et L. AYNES., Op.cit., p.21.
39
Https:/www. Coursdedroit.net/cours de Responsabilité civile délictuelle. Consulté le 12 décembre 2022 à 2h17
min.
40
Https:/www. Coursdedroit.net/cours de Responsabilité civile délictuelle. Consulté le 12 décembre 2022 à 2h17
min.
41
Idem.
13
42
https:/ www. Coursdedroit.net/ différence entre la responsabilité pénale et administrative. Consulté le 12
décembre 2022 à 3h09 min.
43
Https:/ www.ooreka.fr/ Responsabilité pénale. Consulté le 15 décembre 2022 à minuit 57min.
14
44
Https:/ www.loupie.org/ Dictionnaire/ Responsabilité morale consulté le 02 Décembre 2022 à 8h57 min.
45
S. FOURNIER et MAISTRE DU CHAMBON (P.)., Op.cit. p.6.
46
Ibid
15
Bien plus, nous verrons que, même dans le cas où l'on évoque la faute civile, on
se réfère à une notion très particulière, sans aucun rapport avec la faute morale, ce qui éloigne
encore davantage la responsabilité civile de la responsabilité morale.
Déjà à ce niveau de notre analyse, nous ajoutons encore en disant que la
responsabilité civile n'est rien d'autre qu'une obligation juridique, qui a pour émanation la loi
tandis que, la responsabilité morale, relève d'une obligation morale non sanctionnée par
l'autorité étatique. Cette dernière, en effet, n'est pas un lien de droit comme dit haut, c'est un
simple devoir moral très général qui pèse sur la conscience d'un individu ou un devoir mondain
ou religieux et dont l'existence ignorée du droit47.
En définitive, comme on le remarque déjà, le critère de distinction entre la
responsabilité civile qui est l'obligation juridique et la responsabilité morale qui est l'obligation
morale se situe au niveau la sanction :
La première est reconnue par l'autorité publique et sanctionnée devant les tribunaux de l'État
tandis que, la seconde ne l'est pas ; elle est considérée comme une responsabilité imposant un
devoir moral, mondain ou de bienveillance, et non un devoir juridique. Cette responsabilité
morale trouve sa sanction en dehors du droit, c'est-à-dire dans le for intérieur de la conscience
individuelle ou dans l'au-delà (selon les croyances spirituelles de l'obligé)48.
3. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité administrative
La responsabilité des personnes publiques ou la responsabilité administrative
désigne l'obligation qui incombe à l'administration de réparer les dommages occasionnés par
son action ou son inaction 49 . En quelque sorte, la responsabilité administrative est donc à
proprement dit une responsabilité civile, non pas au sens où elle serait une responsabilité
responsabilité de droit civil applicable à l'Administration, mais elle conduit au versement des
dommages-intérêts à la victime (tout comme la responsabilité civile applicable aux personnes
privées).
Concernant la responsabilité civile, elle est généralement une responsabilité
limitée aux personnes privées, en ce sens que c'est le code civil livre 3 qui prend soin d'en
déterminer les principes fondamentaux aux régimes de la responsabilité civile. La responsabilité
administrative serait donc proche si non identique à la responsabilité de droit civil en vertu du
principe d'unité.
47
B.O KALONGO MBIKAYI., Les obligations, tome 1, CRDJ, p.17.
48 P.LUTUMBA WA LUTUMBA., Droit civil : les obligations, édition C.C.D.A, Kinshasa, 2019, p.8.
49
Https:/ www.droit.fr/ droit de la responsabilité administrative. Consulté le 02 Décembre 2022 à 10h47min.
16
50
La grande bibliothèque de droit., Responsabilité administrative, barreau-Paris in jurispedia consulté le 02
Décembre 2022 à 11h30 min.
51
M.J TASOKI MANZELE., Manuel de procédure pénale, faculté de droit, unikin, 2013-2014, p.44.
17
est la victime de l'acte dommageable ou les victimes par ricochet, ses ayants
droit( cette réalité demeure inchangée lorsqu'il s'agit de la responsabilité
administrative). En ce qui concerne la responsabilité morale, relevons qu'à ce
niveau, il n'existe aucun titulaire de l'action en terme d'une personne qui subie le
dommage et qui réclame réparation, car comme nous l'avons dit ci-dessus que la
responsabilité morale relève du for intérieur de la conscience de l'obligé.
52
V. KANGULUMBA., Indemnisation des victimes des accidents de la circulation et assurances de
Responsabilité automobile. Étude de droit comparé belge et congolais, Louvain-la-neuve, bruylant, academia,
2002, p.144.
18
contribuent, chacune pour sa part et dans une mesure véritable, à faire ressortir la spécificité
de la responsabilité civile, par rapport à des ordres de Responsabilité différents53.
Par ailleurs, les enseignements du droit romain paraissent avoir sur ce point de
vue une portée limitée. En effet, outre le fait que le droit romain n'a pas su distinguer nettement
la responsabilité pénale et la responsabilité civile d'une part, contractuelle et délictuelle d'autre
part, il n'apparaît pas non plus que les juristes se soient interrogés sur le fondement de la
responsabilité civile. Le droit de l'ancien régime contribua à libérer la responsabilité civile du
joug de la responsabilité pénale, et affirma un principe général de la responsabilité civile fondée
sur la faute54 avec comme conséquence : « pas de faute, pas de responsabilité civile non plus ».
A. La théorie classique fondée sur la faute
On croyait que la faute était passée pour de bon sous les fourches caudines des
théories du risque et de la garantie, de telle sorte que le concept devenait de plus en plus atone,
amorphe. Et même, récemment, il semblait être voué aux gémonies par une frange de la doctrine
qui prônait son abandon pur et simple. Mais, il n'en est rien à défaut d'être efflorescente, la faute
s'est requinquée.
En effet, pour les auteurs du code civil en France (1804), une seule source de
responsabilité : la faute. Le principe est énoncé dans l'article 1382 du code Napoléon : « tout
fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage, obligé celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer ». C'est l'équivalent de l'article 258 du code civil livre 3 55. À cet effet,
c'est le comportement fautif de l'auteur du dommage qui est sanctionné, car selon la philosophie
libérale, chacun doit répondre personnellement de ses fautes. Il s'agit là de la responsabilité
civile subjective fondée essentiellement sur le fait fautif de l'auteur du dommage.
Dans le fondement classique de la responsabilité civile fondée sur la faute, la
victime du dommage était assujettie à l'obligation de l'apport de la preuve de la faute de l'auteur
du dommage, afin d'obtenir de lui l'indemnisation. On y décèle dans le fondement classique de
la responsabilité civile subjective un certain fardeau placé sur la tête de la victime l'obligeant à
démontrer, à prouver, chaque fois qu'elle est victime d'un dommage, la faute de l'auteur de ce
dommage. À persuader le juge saisi, en le faisant voir que le dommage dont elle est victime :
dans sa chaire dans ses biens etc... est la résultante de la faute de l'auteur de ce dommage. À
défaut de toute démonstration, la victime était abandonnée dans son triste sort, sans être
indemnisée.
53
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Op.cit,. p.11.
54
Ibidem.
55
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Les obligations, Paris, Harmattan, 2017, p.96.
19
Cette situation plaçait le plus souvent la victime dans l'impasse voire dans le
désarroi car son indemnisation était conditionnée à la preuve du dommage dont elle a, ou elle
vient de subir.
Cette théorie classique comme fondement unique de la responsabilité civile
devenait de plus en plus obsolète à l'époque de la révolution industrielle. L'apparition du
machinisme multiplia les sources anonymes des dommages qui ne répondaient pas à la structure
de la responsabilité civile fondée sur la faute. Le besoin indemnitaire était ressenti avec acquitté.
À cet effet, les auteurs classiques proposèrent deux théories, lesquelles pallieront les limites
acquises par la responsabilité civile fondée sur la faute
B. La théorie des risques
La théorie des risques rappelons le, a deux versions, à savoir : la théorie du risque
profit(1) et celle du risque créé (2).
1. La théorie du risque profit
Dans un premier temps, les partisans de cette théorie ont envisagé sa première
version dite risque-profit. Celle-ci prévoit l'indemnisation de la victime conformément aux
critères de justice distributive. Elle est limitée en effet, au cas où le dommage est causé par la
société pour lequel l'identification de l'auteur du fait dommageable est pratiquement impossible.
C'est notamment le cas de l'hypothèse classique à cette époque à savoir : les accidents du travail.
La responsabilité revient, si l'on suit cette théorie à celui qui dirige le risque et en tire profit.
D'après les partisans de la théorie du risque dans la première version, il est possible d'y voir
aussi les bases d'une collectivisation des risques. Défendue avec enthousiasme sur ses mérites
par les adeptes de la théorie du risque, le parlement français en 1898 fait rapidement adopté la
première loi française sur les accidents du travail par le biais de la loi du 9 avril 189856.
Désormais, le patron sera automatiquement responsable du dommage causé à
l'occasion d'un accident du travail. Il ne s'agit plus de savoir si celui-ci a commis une faute;
mais c'est à la faveur d'un risque social bien déterminé, que l'employé mérite une indemnisation.
Ce n'est qu'après une telle codification que la théorie du risque-profit a commencé sa pertinence.
Car cette version est apparue tout de suite après inutile à répondre à tous les besoins
indemnitaires. Cette solution est en effet, selon certains partisans limitée qu'au seul domaine de
l'indemnisation des dommages rélatifs aux activités des entreprises et pas assez aux
56
G. RIPERT., La règle morale dans les obligations civiles, 4eme édition, LGDJ, 1949, n°116, p.53.
20
comportements des victimes57. La base de cette théorie est que la responsabilité doit passer sur
la personne qui est la tête du risque, car c'est elle qui utilise la chose et la met en activité, et qui
du coup, fait courir des risques à d'autres personnes. La responsabilité des personnes ayant agit
sans le moindre avantage économique n'était pas pris en compte. Pour cette raison la théorie a
ensuite trouvé une réponse dans la théorie du risque- créé.
2. La théorie de risque créé
La théorie des risques dans sa deuxième version dite risque-créé, voulait pallier
par la suite, ces carences, était responsable celui qui exerçait une puissance du fait, celui qui
utilisait la chose au moment où l'accident s'est produit58. Cela s'est particulièrement manifesté
dans la jurisprudence française dans une application ayant pour objet la garde de la chose :
refusant en cela de distinguer les différentes choses qui peuvent être à l'origine d'un dommage.
Cette version s'inscrit dans une version plus générale. Elle est devenue ainsi le véritable régime
de la responsabilité sans faute en droit français déduit de l'ancien article 1384 du code civil
dépuis la jurisprudence Jand'heur.
C. La théorie de garantie
Selon cette théorie, on a eu tort d'enfermer le problème de fondement de la
responsabilité : faute ou risque, c'est le type du faux dilemme qui provient du fait que le
problème a été mal posé. Jusqu'ici pour répondre à la question : pourquoi faut-il réparer les
dommages causés à autrui? les réponses étaient recherchées du seul côté de l'auteur de ces
dommages: parce qu'il a commis une faute disent les uns; parce qu'il a profité d'une activité
dont il doit assumer les risques, déclarent les autres, on a eu raison d'observer que la théorie du
risque, comme celle de la faute, sont toutes deux subjectives, en ce sens qu'elles se cherchent
les raisons de condamner du côté de l'auteur du dommage59.
Cette façon de réfléchir n'est pas du tout complet, car elle met de côté la victime
du dommage qui, en principe devrait aussi être au centre de la question liée à la réparation. Il
est évident que toute personne n’a droit à la vie et à son intégrité physique ainsi que celle de ses
proches, chacun a droit à l'intégrité matérielle de ses biens, et plus généralement à sa sécurité
matérielle et morale. Ces droits, il est vrai ne sont pas définis et consacrés expressément par la
57
Voir la loi du 09 août 1898 sur les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail.
Bulletin de l'inspection du travail n°2 . En Allemagne, déjà dans les années 1880, un mouvement de socialiste s'est
manifesté par l'élaboration d'un système d'assurance obligatoire pour les accidents du travail. Voir notamment G.
Vinot, « la loi sur les accidents du travail à cent ans », alternatives économiques 1898 n°158
58
ARENA (S.)., Obligations et Responsabilité civile, thèse, Paris, tome1, 2018, p.125.
59
BORIS STARCK., Obligations: Responsabilité délictuelle, 2eme édition, Paris, Litec, 1985, p.35.
21
loi, mais on ne saurait en méconnaître l'existence sans les impératifs élémentaires de la vie
sociale60. Ces droits, disons les mérite d'être protégé.
Par ailleurs, cette théorie STARCK a recherché à sortir de l'affrontement
faute/risque en trouvant une troisième voie. Pour lui, le tort de deux théories précédentes était
de se placer du seul côté de la victime. Il poursuit en affirmant que la victime a des droits et en
particulier elle a droit à sa vie, à son intégrité corporelle, à l'intégrité matérielle de ses biens et
que ses biens doivent être protégés de l'activité d'autrui et cela même si cette activité est
irréprochable61. Les droits de la victime doivent être garantis contre toute atteinte. La victime a
droit à titre de garantie à toute atteinte à sa personne ou sur son patrimoine, dans ces cas-là il
n'y a pas de faute à exiger du responsable62. En revanche, les autres dommages comme les
dommages moraux ou économiques ne sont pas garantis parce qu'ils sont la conséquence
normale de l'exercice du droit d'agir et même de nuire légitimement, droit que possède l'auteur
du dommage. Ces dommages non garantis ne donneront lieu à réparation que s'il y a une faute
à leur origine. La théorie de garantie proposée par STARCK est mixte, elle combine la
responsabilité sans faute pour les dommages garantis et la responsabilité pour faute pour les
dommages non garantie. Il combine les fondements de faute et de garantie en fonction de la
nature du dommage.
1. Manifestation de la théorie de garantie dans le code civil livre III
De notre point de vue, nous reprochons à la théorie de garantie de ne pas prendre
compte du droit positif dans son ensemble. Le droit de la responsabilité civile dans le code civil
ne fait de distinction en fonction de la nature du dommage. Le droit commun de la responsabilité
distingue selon la source du dommage selon qu'il provient d'un fait personnel, d'un fait d'autrui
ou de la chose qui est sous la garde d'une personne.
2. Mérite du principe
La théorie de garantie a plusieurs mérites, elle a le mérite de proposer une ligne
de partage entre le fondement de la faute et le fondement du risque, de montrer que ces deux
fondements étaient compatibles et d'expliquer certains régimes de responsabilité civile comme
le régime d'indemnisation des victimes de circulation routière.
60
BORIS STARCK., Op.cit., p.35.
61
L. JOSSERAND., De la responsabilité du fait des choses inanimées, Paris: à Rousseau 1897, p.125.
62
BORIS STARCK., Essai d'une théorie générale de la responsabilité considérée en sa double fonction de
garentie et de peine privée (pref). M. Picard, thèse, Paris, 1947, p.42.
22
63
BORIS STARCK., Essai d'une théorie générale de la responsabilité considérée en sa double fonction de
garantie et de peine privée (pref). M. Picard, thèse, Paris, 1947, p.42.
64
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.214.
65 Idem, Op.cit., p.216.
23
objectif de rétablir l'équilibre qui a été rompu par la surveillance du dommage entre le
patrimoine de la victime du dommage et celui de l'auteur dudit dommage.
Lorsque la victime subie un dommage dans son corps ou dans ses biens, elle
éprouve toujours le désir de voir tout ce qu'elle a perdu à l'occasion de la surveillance du
dommage, lui être restitué en nature ou carrément par équivalent lorsque toute restitution en
nature n'est plus possible. C'est de cette occurrence que la responsabilité délictuelle vise à
réparer les dommages subis par la victime. Cette fonction est aujourd'hui exacerbée, une
nomenclature a été proposée. Certains dommages juridiquement réparables ne sont pas
vraiment réparés ou effacés, telle que la souffrance morale par exemple. Cette fonction semble,
à ce jour, atténuée en raison du développement des techniques modernes de réparation des
préjudices, on assiste notamment à la collectivisation des risques, des différents fonds de
garantie et de la sécurité sociale
1. La collectivisation des risques (socialisation des risques)
a. Etat de la question
Le code civil congolais livre III lorsqu'il érige les conditions de mise en œuvre
de la responsabilité civile, il met en évidence la relation dialectique, tryptique entre la faute, le
dommage et le lien de causalité entre le premier et le second. De telle sorte que, la victime qui
solliciterait devant le juge la réparation du dommage qu'elle a subie, à l'égard d'une autre
personne auteur dudit dommage est contraint à démontrer la faute de celui-ci; c'est-à-dire en
démontrant devant le juge en le persuadant tout en prouvant le dommage dont elle souffre (ou
a souffert) résulte de la faute de l'auteur de l'acte dommageable. De cette considération, les
régimes juridiques du code civil lui-même, notamment les articles 258 à 262 du code civil livre
3 qui proclament d'ailleurs la responsabilité civile individuelle basée essentiellement sur la faute,
avec comme conséquence, pas de faute pas de responsabilité civile non plus.
Dorénavant, avec l'avènement du progrès technique, la théorie de la
responsabilité civile individuelle semble être moins efficace et acquise des limites étant donné
qu'il est des dommages qui existent à ce jour, qui sont le fait de l'évolution acerbe de progrès
de la technologie moderne, de telle sorte que, lorsque qu'il est établi que le dommage est la
résultante de l'activité technologique. De ce prisme, compte tenu de la logique prônée par le
code civil, qui veut que chaque fois que l'on s'engage à étudier la question de la réparation la
victime qui la sollicite est astreinte à l'obligation de l'apport de la preuve de l'acte fautif qui lui
aurait causé préjudice.
24
66
B.O KALONGO MBIKAYI., Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois, Kinshasa, PUZ,
2e édition, 1979.
67
P. MUTEBA TSHIMANGA., Notes de cours de progrès technique et Responsabilité civile, unikin, faculté de
droit, 2020-2021, inédit.
25
responsable du dommage ne peut être identifié, soit qu'il ne soit pas assuré et s'avère insolvable,
soit que l'assureur refuse sa garantie68.
Pour faire face à ce genre de situations, notamment en droit comparé, le droit
français a imaginé de créer les différents fonds de garantie lesquels permettront l'indemnisation
efficace des dommages subis pas les victimes potentielles. Parmi les fonds de garantie imaginés
en droit français, on peut citer: le fond de garantie obligatoire (FGO) qui prend en charge
l'indemnisation des victimes de circulation routière, lorsque le responsable de l'accident n'est
pas connu ou n'est pas assuré; le fond de garantie des victimes de terrorisme et d'autres
infractions qui prend en charge l'indemnisation des victimes d'infractions lorsqu'il se révèle que
l'auteur de l'acte est inconnu et insolvable ; l'Office national d'indemnisation des victimes
d'accidents médicaux qui prend en charge l'absence de faute de la part d'un professionnel de
santé ou lorsque ce dernier n'est pas assuré.
Certes, il est vrai que personne ne peut ignorer l'importance et le rôle que
présentent la collectivisation des risques dans la fonction réparatrice du dommage, le bien qu'il
fournit aux victimes en favorisant leur indemnisation, mais cette collectivisation présente
certaines limites à l'égard de certains dommages.
c. Limites de la socialisation des risques
Pour certains risques le recours à la solidarité paraît nécessaire. Toutefois, un tel
mécanisme ne peut être généralisé compte tenu des limites qu'il présente :
1. Le risque de déresponsabilisation des auteurs et des victimes des dommages. Selon
cette conception, il est nécessaire de lutter contre que quoiqu'il arrive la société peut
tout prendre en charge ;
2. Le coût financier important pour la société : dans cette perspective d'idée, l'on peut se
demander « quel sera le sort de la victime du dommage lorsque le coût financier de la
réparation est immensément colossal ».
Dans cette hypothèse, il sera logique de ne pas déresponsabiliser les auteurs et
les victimes de ces risques sous peine de voir ce poids s'accroître. Pour ce motif, les fonds de
garantie sont amenés à développer les campagnes de prévention visant à sensibiliser les
individus sur la nécessité de s'assurer et les conséquences du défaut d'assurance en cas de
sinistre.
68
POTO MACRAEM., Notes de cours de droit des assurances, faculté de droit, Unikin, 2021-2022, inédit.
26
En outre, ce fonds dispose d'un recours subrogatoire contre le responsable du dommage qu'ils
ont indemnisés, c'est-à-dire ils peuvent se retourner contre les éventuels auteurs du dommage
s'ils existent69.
d. Procédure d'indemnisation dans la collectivisation des risques
La procédure d'indemnisation dans la collectivisation des risques se déroule
généralement en deux phases qu'il convient de faire atteler succinctement : il y a la procédure
amiable et celle contentieuse.
d.1. La procédure amiable
Dans la procédure dite amiable, la victime dépose une demande auprès du fonds :
- Le fonds procède à l'étude du dossier après cette étude, le fonds par l'intermédiaire de
sa commission transmet à la victime une offre d'indemnisation ;
- Acceptation de la victime et conclusion d'une transaction avec le fonds. Signalons
qu'il est impossible de remettre en cause l'indemnisation devant un juge.
d.2. Phase contentieuse
Cette phase est déclenchée généralement lorsqu'il ya refus de l'indemnisation par
le fonds : dans ce cas la victime peut agir en justice contre le fonds pour faire fixer le montant
de l'indemnité. Le juge compétent saisi du dossier fixera l'indemnité que le fonds doit sans
ambages régler.
2. Le phénomène Assurantiel
L'assurance se révèle, d'une part, comme un contrat à l'instar de tout autre
contre contrat et, d'autre part, comme une technique par excellence. Le contrat d'assurance est
défini comme : une opération par laquelle une partie, l'assuré se fait promettre moyennant
paiement (prime où cotisation) pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d'un sinistre, une
prestation financière (capital où indemnité) par une autre partie, l'assureur, qui prenant en
charge un ensemble de risques, les compense en se basant sur les lois de statistiques70.
Le phénomène Assurantiel se révèle comme une avancée remarquable en
matière d'indemnisation des victimes puisque, comme l'exprimait le Doyen B.O Kalongo
Mbikayi, qu'il constituait une forme de socialisation des risques: l'individu en lui-même,
considéré comme infiniment petit face à l'ampleur des dommages causés, transfert ces risques
à un organe suffisamment outillé pour n'est pas abandonner les victimes sans compensation71.
69
Https:/www.aidebtsam.com/ la socialisation des risques consulté le 07 Décembre 2022 à 2h11'.
70
G. CORNU., Vocabulaire juridique. Association Henri Capitant, 10e édition, Quadrige, p.84.
71
Lire utilement B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit.
27
72
V. LOKO. Notes de cours de la sécurité sociale, unikin, faculté de droit, 2020-2021, inédit.
28
s'efforce normalement d'agir avec prudence (le rôle préventif c'est beaucoup plus vif dans la
responsabilité pénale)73.
En effet, la responsabilité civile vise aussi à éviter que le préjudice ne se
renouvelle, ne s'aggrave ou ne perdure. Le juge peut prendre toute mesure pour mettre fin au
préjudice. La responsabilité civile apparaît en quelque sorte comme une menace, une épée de
Damoclès suspendue sur la tête (où mieux, sur le patrimoine) de quiconque causerait dommage
à autrui74. Traditionnellement, la responsabilité civile permet, dans la mesure du possible, de
punir la réalisation des dommages par la crainte légitime de la sanction pécuniaire qu'elle
engendre75.
Par ailleurs, ce qu'il faut cependant reconnaître s'agissant de la responsabilité
civile, le développement fulgurant de l'assurance à l'époque contemporaine affaiblit, à coup sûr,
la fonction préventive, étant donné l'assurance déplace le poids de l'indemnisation du
patrimoine du responsable (du fait dommageable) à Celui de la compagnie d'assurance qui est
un tiers dans le rapport d'obligation né de l'avènement du dommage76.
C. Fonction de dilution de la charge des dommages
Il arrive fréquemment qu'en tenant compte des circonstances, qu'il serait
illogique en cas de survenance du dommage, de laisser la charge de la réparation à l'auteur du
dommage tout seul, c'est-à-dire la charge d'indemniser la victime. La justice sociale voudrait
que la charge de la réparation soit supportée par l'ensemble de la société. Pour y arriver, il faut
procéder à l'amortissement du poids de l'indemnisation en le diluant sur l'ensemble de la société.
Cette fonction a un avantage considérable à l'égard des victimes qui peuvent souvent échapper
à l'insolvabilité de l'auteur du dommage, en espérant être indemnisé par les structures fortes de
la société toute entière. Cette fonction a connu un essor fulgurant avec le développement de
l'assurance, les fonds de garantie et la sécurité sociale à l'instar de la fonction réparatrice.
73
P. LE TOURNEAU Responsabilité civile professionnelle, 2e édition, Dalloz, p.62.
74
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., 216.
75
P. LE TOURNEAU et LOIE CADIET., Droit de la responsabilité et des contrats, Dalloz, Paris, 2000, p.2.
76
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.217.
29
§1. Le dommage
A. Définition et preuve du dommage
1. Définition
La responsabilité civile ne se conçoit pas sans dommage, puisque sa finalité est
de rétablir la victime dans l'état antérieur à l'accident qu'elle a subi. Si un dommage ou un
préjudice (les termes s'emploient l'un pour l'autre) est une condition nécessaire de la réparation,
il ne s'ensuit pas que n'importe quel dommage ne donne ouverture à l'action en responsabilité.
Sans dommage pas de Responsabilité civile dirait-on, le dommage reste
l'élément déclencheur de celle ci parce que le juge ne peut accorder aucune réparation à la
victime si elle ne parvient à prouver qu'elle a subie un dommage réparable77. Les articles 258
et 259 qui constituent d'ailleurs le siège de la matière n'ont pas pris soin de définir clairement
le concept dommage
Pour Bernard Dubuisson a qui nous empruntons la définition du dommage78,
celui-ci est un concept extrêmement vaste. Le dommage écrit-il représente toute perte totale ou
partielle d'un bien, d'un avantage ou d'un intérêt que l'on avait ou sur lequel on pouvait compter.
Abordant dans le même sens Mme Hebrand ajoute que le dommage est l'amoindrissement
infligé à la victime dans sa personne physique, morale ou dans ses biens79. Le Doyen B.O
Kalongo Mbikayi abordant toujours dans le même fil d'idée en résumant le dommage comme :
toute atteinte aux droits et intérêts d'ordre patrimonial et économique de la victime80. Il s'agit
là, d'une atteinte à un bien, à un droit, un avantage ou un intérêt de quelqu'un.
En effet, il est de principe que tout dommage mérite réparation, lorsque les
conditions de la mise en oeuvre de l'action en responsabilité sont réunies. Cependant,
contrairement au droit coutumier, le droit écrit n'indemnise (ne répare) pas tous les dommages.
Ne peuvent donner lieu à l'indemnisation que les dommages répondant aux critères suivants :
certitude, liaison directe avec la faute, caractère personnel et la lésion d'un intérêt juridiquement
protégé81.
2. Preuve du dommage
La règle la plus connue qui forme d'ailleurs un principe général en matière de
contentieux civil est la maxime latine « Actori in cumbit probatio » qui se traduit en langue de
77
MULENDA KIPOKE J.M., Droit civil les obligations, s.l.n.d, p.213.
78 B. DUBUISSON., Cours polycopié de droit des obligations, UCLLN, fac droit, 2004-2005, p.190.
79 Mme HEBRAND., Cours polycopié de théorie générale des obligations. 2e année. ENDA, 1967-1968.
80 B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.214.
81 J.M. MULENDA KIPOKE., Op.cit., p.247.
31
82
Lire utilement le décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations conventionnelles, art 45.
83
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Droit civil les obligations, Paris, harmattan, 2017, p.99.
32
Par ailleurs, Roland Crunger relève à ce sujet pour donner lieu à la réparation, le
dommage doit remplir certains critères : le dommage doit être certain, direct et consistant à la
violation un intérêt juridiquement protégé84.
Dommage certain
S'agissant du dommage certain, il importe de savoir que cela va de soi pour être
indemnisé, la victime doit prouver l'existence du dommage qu'il a subi. La certitude du
dommage s'apprécie généralement au moment où le juge est saisi pour son évaluation, c'est-à-
dire le préjudice à réparer doit être actuel. Le Doyen B.O Kalongo Mbikayi relève que la notion
de la certitude a toujours été une notion problématique, elle soulève dans les pratiques
nombreuses discussions qui ont donné lieu aux conclusions suivantes85:
Il n'est pas nécessaire pour être réparé que le dommage soit actuel au jour du
jugement. On a admis, en effet, que la réparation d'un préjudice futur était possible dès lors que
sa réalisation (son existence, son avènement) était certain dans l'avenir et son évaluation par le
juge dès maintenant86. Ainsi, pour un accident entraîna une incapacité permanente de travail, le
juge évalue aussitôt saisi la réparation (rente viagère) car le préjudice est successif.
Dommage direct
Pour ce qui concerne le dommage direct, signalons que ce caractère permet
d'écarter dans un cas donné la réparation de nombreux autres dommages indirects et lointains
qui, peut-être n'auraient pu être provoqués par la faute de l'auteur du dommage.
Dommage consistant à la violation d'un intérêt juridiquement protégé : considérant cette
modalité des dommages, elle est celle qui fait référence à un intérêt digne d'être pris en
considération par la loi, un intérêt non contraire aux lois et qui est cependant protégé
par loi87. Il se décèle clairement qu'un intérêt illégitime non protégé par la loi ne peut
pas donner lieu à une quelconque réparation.
2. Dommages corporels ou physiques
Lorsque l'on se plonge dans la lecture et relecture de la constitution de la
République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du
20 janvier 2011, à son article 16 qui, disposant que: « la personne humaine est sacrée. L'Etat a
l'obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l'intégrité physique
84
R. GRUNGER, in savoir juridique, économique, fiscale et politique, tome 1, Edilec, 1973, p.170.
85
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.218 à 219.
86
L'shi, 7 août 1974, R.J.Z, 1977, n°1,2et 3, p.74-75 cité par B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.219.
87
Lire utilement le développement de la théorie de la causalité du Doyen B.O KALONGO., Op.cit., p.201 à 2004
33
ainsi qu'au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l'ordre public,
du droit d'autrui et des bonnes mœurs [...] »88, on décèle dans cette disposition constitutionnelle
que le droit à la réparation du dommage découle du principe constitutionnel de l'intégrité
corporelle inviolable. Il découle de ce principe que nul n'est autorisé de porter atteinte à
l'intégrité physique de la personne d'autrui.
L'étude du dommage physique nous contraint d'apporter une certaine précision
quant à ce qui concerne les conséquences dont ces dommages sont générateurs. À cet effet, les
conséquences sont légions selon que nous sommes en face d'un dommage non mortel ou mortel,
que nous considérons comme un dommage suprême.
a. Dommage consistant dans une atteinte à la santé ou à l'intégrité physique
Ce dommage renferme plusieurs composantes, les plus certaines ou fiables sont
constituées des frais médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques que la victime supporte
(damnum emergens), et par le manque à gagner correspond à la diminution, à la suppression de
la capacité de travail (Lucrum cessans). Outre l'existence des préjudices de nature matériel, il
existe également des dommages que l'on qualifie des moraux qui exigent, tant soit peu après
leur réalisation, que les victimes potentielles des dits dommages obtiennent réparation (le
développement des dommages moraux sont abordés au point C).
b. Dommage corporel entraînant la mort
Il est souvent des circonstances où un dommage se produit, il occasionne
directement la mort pour celui qui le subi. Ainsi, lorsque l'on se référé directement au drame de
Matadi kibala, qui constitue d'ailleurs le cadre matériel de notre étude, on note que le
sectionnement d'un fil conducteur haute tension à l'occasion d'une pluie torenciere qui causé la
mort de 25 personnes dans le marché pirate de Matadi kibala selon le rapport du gouvernement
par le biais de son porte-parole Mr Patrick Muyaya. Cette situation scandaleuse a plongé toute
la population de toute la ville de Kinshasa dans le désarroi et une désolation totale manquant
même des mots.
Pour cette hécatombe, il doit être envisagé une réparation au profil des ayants
droit des victimes de ce drame. La prétention pour ces personnes d'obtenir la réparation du
préjudice causé se fonde tantôt sur le droit de la victime dont les ayants droit constituent le
prolongement (droit successoral), c'est-à-dire les héritiers et légataires universels de la victime
qui acceptent la succession, peuvent exiger au responsable du fait dommageable la réparation.
88
Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011, art.16.
34
3. Dommages Moreaux 89
Le dommage moral est réparable, lorsque le dommage subi cesse d'être corporel
ou matériel et revêt un caractère extra-patrimonial, sa réparation peut susciter des objections,
soit d'une manière générale, parce qu'il est alors singulièrement difficile d'aménager une
réparation adéquate, soit de manière plus particulière, lorsqu'il s'agit d'une douleur morale car
il peut être choquant d'aller en quelque sorte monnayer ses larmes devant les tribunaux. À quoi
cela a été répondu que, de toute façon, et même lorsqu'il ne s'agit pas de dommage moral,
l'octroi des dommages-intérêts tend moins à réparer qu'à compenser l'irréparable, y compris la
douleur subie à la mort d'un être cher.
Sensible à ces arguments la jurisprudence a décidé que le dommage réparable
pouvait être moral, ce qui lui a notamment permis d'affirmer la responsabilité de son auteur,
en cas d'atteinte à l'honneur ou à la considération à la pudeur ou aux convictions religieuses
d'une personne. Là où le dommage moral coexiste avec le dommage matériel (physique), sa
réparation a d'ailleurs souvent permis aux tribunaux , sans le dire, d'user de ce chef de préjudice
pour augmenter les dommages-intérêts mis à la charge du responsable, dans la mesure où,
faisant remplir par l'indemnisation une fonction de peine privée, ils ont estimé que l'attitude de
l'auteur du dommage était nettement répréhensible. Des indemnités ont même été accordées en
réparation du préjudice d'affection par la mort d'un animal
Le dommage moral par ricochet (le préjudice d'action), c'est surtout à propos de
la réparation de la douleur éprouvée en raison de la mort d'un être cher ou même des seules
souffrances physiques subies par lui que l'on a pu se demander si la jurisprudence n'avait pas
été trop loin dans le sens de l'indemnisation des préjudices d'affection. S'agissant des préjudices
d'affection accompagnant la mort ou les blessures subies par un être humain, la jurisprudence,
après avoir adopté en termes assez généreux une solution libérale , voulant , d'une part,
subordonner la réparation du préjudice d'affection à l'existence d'un lien de parenté ou d'ailleurs
et, d'autre part, ne l'admettre qu'en cas de décès de la victime immédiatement ou, à tout le moins,
si les proches souffrent d'un dommage de gravité exceptionnelle, mais ces restrictions ont été
abandonnées.
§2. La faute
A. Notions
La faute n'est pas définie en droit positif congolais. Lorsque l'on se réfère à son
étymologie, la faute peut s'entendre comme la défaillance de l'homme qui n'accomplit pas son
89
https: www. mémoireonline.com/ la problématique de la réparation du dommage moral en droit positif congolais
consulté le 16 Décembre 2022 à 11h40 min.
35
devoir90. Elle est d'abord une notion morale, saisie par l'évidence, immédiatement ressentie par
tous, sauf dans des cas limites ou pour des personnes tordues 91 . La faute englobe des
comportements divers pouvant revêtir des réalités multiples plus ou moins complexes. Il peut
s'agir d'un écart si minime soit-il, volontaire ou non, par acte ou omission par rapport à la
prudence et à la négligence que l'on peut attendre d'un homme raisonnable. Comme on le
remarque, la faute n'est pas toujours facile à définir, bien que les juristes s'y soient toujours
essayés92.
Pour rendre aisé la compréhension du concept faute compte tenu de la difficulté
définitionnelle qu'il éprouve, il semble logique que l'on se serve d'un critère général
d'appréciation
1. Critère général de la définition du concept faute
a. Faute, violation d'un texte
Est constitutif de faute tout manquement volontaire ou involontaire aux
dispositions législatives et réglementaires impératives ordonnant ou prohibant tel ou tel autre
acte. Les textes violés peuvent être pénaux, d'ordre administratif (cas de règlement d'hygiène
par exemple), d'ordre privé (en matière d'empiètement, par exemple construire sur un terrain
d'autrui) 93 . Dans tous les cas, l'acte illicite constitutif de la faute n'est pas toujours au fait
formellement illégal, c'est-à-dire expressément interdit par un texte, ce qui fait une majeure
différence avec le droit pénal dominé par le principe de la légalité des délits et des peines:
Nullum crimen nulla poena sine lege (pas d'infractions sans texte). Inversement, le fait de s'être
conformé à une disposition légale ou réglementaire n'est pas toujours exclusif d'une faute. Il
n'est pas non plus nécessaire que ce fait constitue une norme préexistante, même non écrite. Il
suffit qu'il soit un comportement social défectueux, une erreur de conduite, c'est-à-dire injuste94.
b. Faute en l'absence de la violation d'un texte
Comme nous l'avons annoncé dans les lignes qui ont immédiatement précédées,
que l'on peut commettre une faute que l'on ait forcément transgressé un texte légal ou
réglementaire existant. En se référant à l'article 258 du code civil livre 3, la faute qui engage la
responsabilité de celui qui est imputé, implique une certaine appréciation morale, un jugement
de valeur sur ce qui est bon et ce qui est mal. C'est une erreur de conduite qu'un homme
normalement avisé, le bonus pater familias des Romains, n'aurait commise dans les mêmes
90
Étymologie : du latin fallo, ere= tomber.
91
P. MALAURIE et L. AYNES ., Obligations : 1Responsabilité délictuelle, édition Cujas, 2001-2002, p.41.
92
Ibidem.
93
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.197.
94
P. MALAURIE et L. AYNES ., Op.cit., p.43.
36
circonstances. D'où, certains faits sont normalement condamnables, quel que soit la morale que
l'on professe, religieuse ou laïque95. En l'absence de toute violation de la loi, la conscience de
chacun réprouve, par exemple le comportement de l'amant qui reconnaît et légitime un enfant
qu'il sait ne pas le sien, pour agir en nullité une fois la brouille survenue.
En effet, de l'appréciation souveraine du juge qui saurait appliquer le critère
moral purement subjectif pour apprécier le fait fautif en dehors de toute violation d'un texte
légal existant, et décider en fonction de ce qu'il considère, lui, comme fautif. Il doit tenir compte
de la mentalité moyenne de la société dans laquelle il vit et non de laquelle il rend son
jugement96.
Par ailleurs, la faute civile notamment la faute d'imprudence, est à opposer de la
faute morale. La morale recommande à tout individu l'abandon du mal, et de ne faire que ce qui
est jugé bon par la société. Le manquement aux devoirs moraux s'apprécie par rapport à la
conscience universelle qui est supérieure, élevée et n'est pas sanctionnée juridiquement dans la
vie en société.
À contrario, la faute civile s’apprécie comme le rappelle le Doyen B.0 Kalongo
Mbikayi qu': « en se référant aux besoins moraux de la vie en société, aux usages, soit généraux,
soit professionnels » 97 . On recommande à l'homme d'être prudent, éveillé et souple dans
l'exercice de ses activités dans la société. La référence est faite non pas à l'homme parfait dans
sa conduite, mais à celui qui est moyen.
c. La faute dans l'exercice d'un droit
La faute dans l'exercice d'un droit peut se comprendre en des termes simplistes
comme l'abus d'un droit c'est-à-dire en faisant usage d'un droit que l'on sait légitime et protégé
par la loi, on l'exercice au-delà des limites reconnus par la loi, à l'ordre public et aux bonnes
mœurs. Il est souvent fréquent, qu'un individu ou plusieurs d'ailleurs, exerçant un droit subjectif
ou une liberté publique, l'exerce au-delà des limites imposées (abus de droit). L'article 14 al.1
de la loi dite foncière dispose: « la propriété est le droit de disposer d'une chose d'une manière
absolue et exclusive, saufs les restrictions qui résultent de la loi et des droits réels appartenant
à autrui »98. Faisant allusion à cette disposition, on y décèle une certaine limite imposée au droit
de propriété. Cette limite d'observe dans l'exercice du droit de propriété qui doit être exercé
95
BORIS STARCK, H. ROLAND et L.BOYER., Obligations. 1Responsabilité délictuelle, 5e édition, Paris, Litec,
p.134
96
BORIS STARCK, H. ROLAND et L.BOYER., Op.cit., p.134
97
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.227
98
Loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, foncier et immobilier, régime des sûretés,
art. 14.
37
dans les limites imposées par la loi et au respect des droits réels appartenant à autrui. Il est de
droit reconnu à toute personne d'exercer son droit de propriété sur la chose qu'elle dispose, mais
cet usage devient abusif lorsqu'il est fait dans le dessein de nuir à autrui. Il en est de celui qui
allume sa radio en plein milieu de la nuit, à volume hyper élevé dans l'intention de provoquer
une nuisance sonore à ses voisins. Pareil acte est sans ambage constitutif d'un abus de droit, et
est donc une faute au sens de l'article 258 CCl III.
B. Critères imputabilité de la faute
1. Notion de l'imputabilité
Traditionnellement, on estime qu’il ne suffit pas qu’une faute ait été commise
pour que la responsabilité de son auteur soit engagée, encore faut-il qu’elle lui soit imputable.
Aussi, l’imputabilité implique que l’auteur du dommage soit doué de
discernement. Autrement dit, il doit avoir conscience de ses actes, soit être capable de savoir
s’il commet ou non un écart de conduite. L’auteur du dommage doit, en somme, être en mesure
de distinguer le bien du mal. A cet effet, trois critères ont été retenus pour apprécier l'importance
à l'égard de l'auteur d'un fait dommageable
2. Critères d'imputabilité
L'imputabilité s'avère être un élément subjectif de la faute. En effet, comme nous
venons de le mentionner précédemment, qu'il ne suffit pas de violer une norme de conduite ou
de poser un acte objectivement fautif pour qu'on soit obligé de répondre d'une faute, aucune
faute ne peut être imputée à son auteur si celui-ci n'a pas agi librement. La compréhension de
cette exigence de discernement conduit à affirmer que, lorsque l'auteur d'une faute qui soit
incapable d'apprécier les conséquences dommageables de son acte fautif, ne se verra pas être
reproché d'aucune responsabilité99. La conscience, la capacité et la liberté de la volonté sont
préalablement exigés pour que l'auteur d'un acte dommageable puisse porter le fardeau de la
conséquence de ses actes.
a. La volonté conscience
Au sens de l'article 258 du code civil livre 3, un seul un individu conscient peut
commettre une faute, c'est-à-dire celui qui, agissant avec toute lucidité, est celui qui peut
commettre une faute. L'inconscient, le fou, l'idiot et l'enfant sont considérés comme
irresponsables. L'irresponsabilité de l'inconscient tout comme celle de l'animal est donc la règle.
Il y a donc, à cet égard une évolution en droit comparé où l'on tend dans le souci d'une grande
99
J.M. MULENDA KIPOKE., Op.cit., p.258.
38
protection des victimes à mettre fin à l'irresponsabilité des déments et des anormaux100. Ainsi,
l'article 1386 bis du code civil Belge (loi du 16 avril 1935) permet au juge de condamner un
dément à un dommage quand bien même que la condition d'imputabilité ferait. Il en est aussi
du droit français (article 489-2 du code civil français).
Toutefois, relevons que l'état d'inconscience ne serait pas confondu avec la
perte momentanée de conscience. Lorsqu'une personne commet une faute en état d’ivres que
par exemple, la faute lui sera sans ambages imputable.
S'agissant des personnes morales, le principe retenu est celui veut que la faute
des organes puis engager la personne morale. Outre la volonté consciente, elle doit aussi être
capable.
b. Volonté capable
La volonté à laquelle nous faisons allusion est celle de l'auteur d'un
comportement délictuel, d'où la volonté de l'auteur d'un comportement délictuel doit être
capable. Cette capacité délictuelle ne doit, en aucun moment être confondue avec la capacité
contractuelle. La capacité délictuelle est plus largement reconnue, parce qu'il suffit, pour ne
pas commettre la faute, d'une expérience plus élémentaire que pour contracter, et aussi parce
que n'ayant pas choisi leur rôle mérite plus de protection que les contractants101.
Ainsi, certaines personnes peuvent être capables délictuellement sans l'être dans
les engagements contractuels (lire utilement l'article 8 du code civil, livre 3). La volonté en plus
d'être consciente et capable, elle être aussi libre.
c. La volonté libre102
Pour qu'un comportement dommageable soit imputé à son auteur, un autre critère,
le troisième d'ailleurs est requis : il s'agit de la volonté libre comme le souligne d'aucuns. En
effet, les seules volontés consciente et capable ne suffisent pas pour rendre le défendeur
responsable de son acte. La victime est alors contrainte de prouver que le défendeur a agi en
toute liberté. Dès ce fait, le cas de dommage résultant d'un cas fortuit ou de la force majeure, le
défendeur ne sera nullement responsable. Il sera de même du préjudice né de l'État de nécessité
de la faute exclusive de la victime elle-même ou d'un tiers.
100
art.1386 du code civil belge (loi belge du 16 avril 1953) art.489-2 du code civil français (loi du 03 janvier 1968,
J.C.P III, 33784. Il est à souhaiter que notre droit s'inspire de ces innovations cité par B.O KALONGO MBIKAYI.,
Op.cit., p.230
101
B.O KALONGO MBIKAYI., Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois, Kinshasa, PUZ,
1977 cité par le même auteur, Op.cit., p.231.
102 MULENDA KIPOKE J.M., Op.cit., p.259.
39
103
B.O. KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.233.
40
livre III qu'ont pu déceler le lien causal dans les mots « qui cause et par la faute duquel »104.
La troisième condition de mise en œuvre de la responsabilité civile est donc l'existence d'un
lien de causalité dans notre droit positif congolais. L'exigence de la notion de causalité est une
tâche qui n'est facile à réaliser, son application en est une autre.
B. Application de la notion de causalité
Il y a différentes manières de concevoir la causalité. La difficulté du droit de la
responsabilité tient du fait qu'un dommage est précédé d'un enchaînement d'événements, qui
peut avoir plus au moins contribué à sa réalisation. Le problème consiste donc à choisir parmi
ces antécédents celui où ceux que l'on considère comme cause du dommage. Il en est ainsi d'une
personne qui s'arrête pour acheter un agenda et laisse les clefs sur la voiture, la voiture est volée.
Le voleur a commis un accident et a renversé un piéton. On remarque parmi ces antécédents, il
ya l'accident du voleur, mais aussi la négligence du propriétaire de la voiture, sans le vol de la
voiture, pas d'accident et donc pas de dommage.
En droit doit-on considérer que le dommage a été causé par le fait de conduire
trop vite ou par la négligence du propriétaire ? Il faut envisager les diverses solutions doctrinales
en cas de multiplicité de cause.
C. Solutions doctrinales en cas de multiplicité de causes
1. Théorie de l'équivalence des conditions
Ce fût, pendant longtemps, la position dominante. L'idée est que tous les faits
sans lesquels l'accident ne se serait pas produit qui, en d'autres termes, en ont été la condition
nécessaire, en sont, de manière équivalente, la cause, sans que l'on puisse à cet égard faire le
choix ni de mesure 105 . En clair, cette théorie consiste à considérer comme causalité tout
événement sans lequel le dommage n'aurait pas eu lieu, par conséquent tout événement qui
participe à la chaîne causale doit être considéré comme une cause du dommage, c'est une
conception large de la causalité106.
Par ailleurs, cette théorie était suffisante pour résoudre le problème de la
causalité lorsque la faute était le fondement quasiment exclusif de la responsabilité. Aujourd'hui,
lorsque l'on s'écarte de la responsabilité civile pour faute prouvée, cette théorie est généralement
écartée car elle pousse beaucoup trop loin les implications de la responsabilité et donne à un
dommage un nombre infini de causes. La retenir aujourd'hui serait hasardeux car elle prend en
104
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.234; LUTUMBA WA LUTUMBA., Op.cit., p.169.
105
P. MALAURIE et L. AYNES., Op.cit., p.47.
106
Idem, Op.cit., p.59.
41
compte toutes les causes sans en faire une distinction. Cette allure, on peut même allonger la
liste de causes et dire que s'il y a accident c'est parce que l'auteur du dommage vivait et s'il
vivait, c'est parce qu'il a été conçu par la volonté de ses parents [...] On pourrait en arriver à
mettre en cause l'humanité toute entière, voire le créateur. Ce serait une responsabilité trop
étendue107.
2. Théorie de la causalité adéquate
La théorie de la causalité adéquate cherche parmi les antécédents de l'accident le
fait adéquat, c'est-à-dire celui dont on peut considérer comme la véritable cause. En clair, cette
théorie considère comme antécédents de l'accident, les seuls antécédents qui, selon le cours
normal des choses sont de nature à produire le résultat qui s'est effectivement réalisé.
Cette théorie est développée par le philosophe Allemand Bon Kries, elle tend à
faire un choix entre les différentes causes qui ont contribué à produire un dommage, car chaque
cause peut avoir un pouvoir causal différent. Cette théorie retient, seul l'événement qui
normalement, raisonnablement, peut entraîner des dommages, tel qu'il s'est produit sans
l'intervention des circonstances extraordinaires peuvent être considéré comme la cause du
dommage108.
Ainsi, la théorie de la causalité adéquate introduit le critère de raisonnabilité dans
le processus de la recherche de la causalité en écartant tous les antécédents qui, en réalité, ne
peuvent pas produire le dommage de tel qu'il vient d'être commis.
Le professeur J.M Mulenda Kipoke estime pour sa part que la théorie de la
causalité adéquate présente toutefois d'arbitraire dans ses explications. Car, elle passe sous le
silence et jette dans l'ombre le principe de la prévisibilité du dommage cher à la démarche
pénale109.
3. La théorie de la proximité de la cause (causa proxima)
Cette théorie veut que l'on retienne l'événement le plus proche du dommage et
le dernier en date. C'est la théorie la plus simple à appliquer. Cependant, l'ordre chronologique
n'est pas nécessairement l'ordre causal. En pratique, on est passé de l'appréciation de la cause
la plus proche à l'appréciation de la faute la plus proche110.
107
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.236
108
MULENDA KIPOKE J.M., Op.cit., p.264.
109
Ibidem.
110
https://www.lgbd.org/lien de causalité.fr consulté le 20 Décembre 2022 à 15h09 min.
42
111
https:// www. Varoclier-avocat. Com/articles-juridiques: la prévision historique et la juridique Trinité consulté
le 06 février 2023 à 18h49'.
112
V. KANGULUMBA., Op.cit., p.41
43
Les conditions retenues par la jurisprudence sont tirées du texte de l'article 260
al.1° du décret du 30 juillet 1888 portant sur les contrats ou obligations conventionnelles, le
fameux code civil livre III. Ces conditions sont au nombre de 4, il s'agit de la chose, le fait de
la chose, la garde de la chose et le dommage causé par le fait de la chose. Ces conditions peuvent
être ramené à trois dans nos développements car les conditions rélatives à la chose et fait de
celle-ci seront examinés en une seule et même condition qui sera intitulé sous un titre unique:
« la chose ». D'où les conditions retenues seront au nombre de trois, à savoir : la chose
(paragraphe 1), la garde (paragraphe 2) et le dommage (paragraphe 3).
§1. La chose
A. Notions de la chose
Cette condition retenu par la jurisprudence et la doctrine congolais est également
requises par nombreuses autres jurisprudences et doctrines de droit étranger, c'est notamment
le droit Français et Belge qui en fait une condition existentielle de mise en œuvre de
responsabilité pour fait des choses.
Cependant, la chose ne reçoit aucune définition légale. Aussi, ce terme reçoit-
elle une acception assez vague dans la langue française. Il s'agit là d'un concept le plus général
possible par lequel l'on désigne tout ce qui existe et qui est concevable comme objet unique
(concret, abstrait, réel, mental) et qui, en droit, peut être approuvé113.
En droit, elle devrait être précisément définie, car cela va de la sécurité de tous.
B. Application du concept chose
Autant que le terme chose est vague, autant qu'il est nécessaire tout au moins
d'en déterminer les contours.
En effet, l'article 260 al.1° du code civil livre 3 pose le principe selon lequel pour
engager la responsabilité du gardien de la chose, il faut d’abord être en présence d’une chose.
Le principe est que toutes les choses peuvent être sources de responsabilité,
qu’elles soient meubles ou immeubles (exemples : arbres, poteaux…), matérielles ou
immatérielles (exemples : ondes sonores, vapeur, images télévisées…), inertes ou en
mouvement, viciées ou pas, dangereuses ou non.
Ainsi, même une chose qui ne présente absolument aucun caractère de
dangerosité peut entrer dans le champ d’application de l’article 260 Al.1° du Code civil. On
peut citer un exemple parlant : celui de la feuille de banane qui provoque la chute d’une cliente
dans un supermarché.
113
Dictionnaire Larousse illustré cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.41.
44
114
A. TUNCA., Risques et sécurité, J.T., 1972, p.457 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.42.
115
1er inst. Leo, 12 1avril 1952, R.J.C, 1953, p.93, avec note- Fagnart, L, -L, « examen de la jurisprudence, 1968-
1975 » in JJ, 1969, p.259, n°34 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.42.
45
La lecture de l'alinéa premier de l'article 260 du code civil congolais paraît d'une
généralité absolue. Elle ne fait pas distinction entre les choses mobilières et immobilières. Nous
dirons que la disposition s'applique à toutes les choses qui ne sont pas régis par une disposition
particulière. Tels, l'écroulement d'un mur qui n'est pas causé par le ruine [...].116.
Il y a problème actuellement au regard de l'évolution technologique quant à la
qualification de certains produits comme des choses. Nous avons noté que le corps humain ne
pouvait pas être traité de chose, ni la pensée humaine même matérialisée. À l'heure actuelle, la
science médicale commercialise le sang et certaines parties d'organes humains pour la
transfusion, les greffes et la transplantation : les microbes et les virus humains qui font des
milliers des victimes ne peuvent-ils pas être considérés comme les choses ?
Dans l'entre temps, notons que s'agissant d'un être humain, il est interdit qu'il
soit dans le commerce. Or, le sang humain est donc dans le commerce donc susceptible d'être
approprié comme toute chose. Dans cette mésure, il engagerait en cas de dommage la
responsabilité du gardien et non du donneur du sang. Il peut en être de même pour des microbes
qui sont sous la garde de laboratins ou des médecins en dehors de leur responsabilité
professionnelle.
D. Rôle ou fait de la chose
La responsabilité du fait des choses suppose un fait de la chose à l'origine du
dommage. Pour qu'il y ait dommage selon les termes de l'article 260 al.1° du code civil livre 3,
la doctrine et la jurisprudence renseignent que la chose doit avoir joué un rôle actif. Le rôle
d'une chose est pris en considération que si la chose a été, en quelque manière, l'instrument du
dommage 117 . Si tel s'avère être le cas, il s'observe que peu importe les circonstances dans
lesquelles le dommage s'est réalisé, elles demeurent les plus souvent indéterminées, dans ce cas,
c'est le gardien de la chose qui demeure responsable. Inversement, lorsque la chose apparente
du dommage n'a joué qu'un rôle extrêmement passif, son gardien demeure sans doute
irresponsable. Cette irresponsabilité du gardien se fonde sur le fait que l'instrument apparent du
dommage n'a à proprement parlé joué un rôle actif dans la réalisation du dommage. Ce rôle
passif de l'instrument apparent s'analyse comme une cause négative d'exonération en soi,
indépendamment de la cause étrangère118. Dans les cas où la chose n'a joué qu'un rôle passif, la
victime est implicitement présumée responsable de son propre malheur car, la chose n'a qu'un
116
Loi congolaise du 10 juillet 1974 portant R.C obligatoire des bâtiments communaux, administratifs et autres
contre l'incendie, in jour officiel 15 août 1974, p.638-683 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.44.
117
Cas. 2e civ., 5 janvier.1994. Bill.civ.II, n°14 cité par P. LE TOURNEAU., Op.cit., p.49.
118
Ibidem.,
46
rôle passif, l'on conclut que le dommage résulte de sa propre faute. Il revient pour cela, à la
victime d'établir que la chose incriminée a participé de manière déterminante à la production
du dommage.
Notons in fine, que le fait de la chose n'est pas nécessairement anormal, de sorte
que le gardien ne peut se contenter, pour être exonérer, de prouver que le fait de la chose a été
parfaitement normal119.
Se faisant, pour une compréhension facile du rôle de la chose dans la réalisation
du dommage, nous analysons deux situations :
1° la chose en mouvement est entrée en contact avec la victime : lorsqu'une chose est en
mouvement et est entrée en contact avec la victime, la jurisprudence présume le rôle causal de
la chose dans survenance du dommage. Il appartient à la personne dont la responsabilité est
engagée d'apporter les éléments tendant à l'exonération de la responsabilité ;
2° la chose n'est pas entrée en contact avec la victime: lorsqu'une chose est en mouvement mais
n'est pas entrée en contact avec la victime, c'est à la victime de prouver le rôle causal de la chose
dans la survenance du dommage.
En effet, l'alinéa premier de l'article 260 du code civil pose le principe selon que
le dommage ait été causé par le fait de la chose incriminée, n'exige pour autant la matérialité
d'un contact. L'absence de contact entre la chose et la personne ou l'objet qui ont subi le
dommage n'est pas nécessairement exclusive de lien de causalité (cfr l'arrêt : 2 arrêts civ. 2
janvier 1940). La chose qui a causé dommage à autrui doit être sous la garde d'une personne.
§2. La garde de la chose
A. Aspect général de la garde
La garde de la chose est la condition centrale de ce système de responsabilité.
L'arrêt Franck120 a défini la garde de la chose comme l'usage, la direction et le contrôle de la
chose. Ainsi la garde est définie sous un angle matériel : pouvoir de fait sur la chose. Ce pouvoir
est objectif, c'est-à-dire qu'un dément ou un enfant peut être gardien de la chose étant donné
que le discernement n'est pas une condition pour garder la chose (Civ. 2e, 30 juin 1966). La
garde présente un caractère objectif, il suffit que l'auteur du dommage soit le gardien effectif
de la chose au moment du dommage (exemple : lancé d'un caillou). L'élément moral n'est pas
pris en compte : peu importe que le dommage résulte d'une action volontaire ou non de l'auteur.
119
P. LE TOURNEAU., Op.cit., p.50.
120
Cass. Ch. Réunies, 2 décembre 1941.
47
Le plus souvent, c'est le propriétaire qui est désigné comme gardien. C'est l'arrêt
Franck du 2 décembre 1941 qui a révélé la présomption de garde du propriétaire. Celle-ci peut
être renversée à sa charge s'il prouve que quelqu'un d'autre a l'usage, le contrôle et la direction
de la chose. De plus, lorsque la détermination du propriétaire est impossible, cette présomption
de garde pèse sur l'utilisateur de la chose121.
Mais par principe il est possible d’établir un transfert de la garde chaque fois que
l’on démontre qu’une personne, autre que le propriétaire, s’est emparée de l’usage, de la
direction et du contrôle de la chose. Le transfert peut être également établi par un contrat,
comme le contrat de prêt.
Concernant le transfert de la garde et du lien de préposition, on considère que
c'est le commettant qui a la direction et le contrôle de la chose. Il serait donc gardien de la chose
à la place de son préposé. Toutefois, la doctrine s'interroge par rapport à d'autres formes d'outils
dont jouisse le préposé (ex. : le matériel chirurgical). Cette position est justifiée par l'idée que
le préposé utilise la chose au profit de son commettant. En outre, la condition de contrôle de la
chose n'est pas remplie (le préposé n'en a que l'usage et la direction).
Mais il se pose la problématique du vice inhérent à la chose et non à son gardien.
La jurisprudence a donc, sur le fondement d'une thèse élaborée par Berthold
Goldman [réf. nécessaire], éclairci ce point avec l'arrêt Oxygène liquide (Cass. 5 janvier 1956)
en distinguant deux cas :
1° Lorsque les dommages sont dus au comportement de la chose, c’est-à-dire à la manière dont
elle a été utilisée, c’est le possesseur de la chose qui sera réputé le gardien.
2° Mais si le dommage est dû à la structure même de la chose, c’est-à-dire à la manière dont
elle est constituée, ce sera son fabricant ou son propriétaire qui sera considéré comme le gardien.
Cette distinction n'est utilisée que lorsqu'on est face d'un dommage causé par une
chose mue par un dynamisme propre et dangereux.
Aussi se pose la problématique de la garde collective : une chose pouvant être
sous la maîtrise de plusieurs personnes à la fois. Dans cette situation, chacune des personnes,
gardiens collectifs, pourra être tenue du dommage. Cela a pour intérêt de trouver des
responsables lorsqu'il est impossible de désigner un responsable propre. Dans l'hypothèse où la
victime fait partie du groupe de gardiens collectifs, les responsabilités des autres gardiens seront
alors écartées. L'exemple type d'une garde collective est l'accident de chasse avec impossibilité
de désigner l'auteur du coup de feu, les chasseurs verront donc leur responsabilité engagée in
solidum.
B. Les conditions d'exonération122
La responsabilité du fait des choses est une responsabilité objective dite aussi de
plein droit. Les seules conditions d’exonération sont donc celles de la cause étrangère :
1° La force majeure : il ne faut pas que le dommage ait été créé par un vice interne de la chose.
Si l’événement était normalement prévisible, alors la force majeure ne pourra être retenue.
L’irrésistibilité de l’événement est appréciée in abstracto. La force majeure est exonératoire si
et seulement si elle a causé le dommage dans sa totalité.
2° Le fait du tiers : si le dommage est causé par le fait d’un tiers, il peut être exonératoire, à la
condition que ce fait revêtisse tous les caractères de la force majeure.
3°Le comportement de la victime peut éventuellement exonérer le gardien de sa responsabilité,
notamment si la victime a accepté les risques. Notons, que l'exonération sera partielle si le fait
de la victime a concouru à la survenance du dommage. Dans ce cas, les risques doivent être
normaux et prévisibles pour qu'il y ait exonération. Désormais toutefois, la victime d'un
dommage causé par une chose peut invoquer la responsabilité résultant de l'article 260, alinéa
1er, du code civil, à l'encontre du gardien de la chose, instrument du dommage.
C. Consentement de la victime
Le consentement de la victime se manifeste de plusieurs manières et produit des
retombées diverses. Parfois la victime consent au dommage, parfois sans consentir au dommage,
accepte de courir certains risques générateurs du dommage. Souvent il peut s'agir de
l'acceptation du dommage (a), ou de l'acceptation des risques.
a. Acceptation du dommage
Volenti non fit injuria. En droit pénal par exemple, sauf exception (vol viol et
séquestration) le consentement de la victime est sans effet sur l'infraction. Au contraire, en droit
civil, le principe est que l'obligation de réparer disparaît quand la victime a consentie au
dommage: volenti non fit injuria (à celui qui consent, on ne fait pas de tord). Mais la règle
suppose que l'intérêt soit disponible pour la victime, ce qui amène à distinguer le dommage
pécuniaire et le dommage corporel.
1° lorsqu'il s'agit d'un dommage pécuniaire, la victime perd son droit en consentant au dommage,
parce qu'elle peut renoncer directement à ses droits, elle peut aussi le faire individuellement, à
122
https:// www.coursdedroit.net/Responsabilité pour fait des choses : causes où conditions d'exonérations consulté
le 14 décembre 2022 à 11h40 min.
49
la condition qu'il ait eu véritablement consentement, c'est-à-dire que sa volonté ait été réelle et
consciente.
2° Au contraire, s'il s'agit d'un dommage corporel, l'efficacité du consentement est restreinte et
dépend des intérêts en cause. L'atteinte à l'intégrité corporelle d'une personne est justifiée par
son consentement lorsque s'y ajoute un intérêt particulier (l’acte chirurgical par exemple) ou
général (l’acte de transfusion sanguine par exemple). Dans le cas contraire, le consentement de
la victime ne supprime pas la responsabilité. Par exemple, dans le duel la participation
commune et volontaire de deux partie ne retire pas à l'acte son caractère fautif; de même, le
consentement de la personne à sa propre mort. L'acceptation de dommage ne doit pas être
confondue par l'acceptation des risques.
b. L'acceptation des risques
Qu'adviendrait-il lorsque la victime, par son comportement à accepter
volontairement les risques? Ce cas peut-il être exonératoire de toute responsabilité ?
En effet, se référant dans le contexte de notre thème, les victimes du drame de
Matadi kibala sachant que le marché dans lequel ils réalisaient leurs opérations commerciales
était situé au coeur d'une emprise de la SNEL qui, au départ était un endroit frappé de servitude
légale, l'on peut alors leurs opposer l'acceptation des risques afin de s'éloigner de l'idée selon
laquelle les victimes pourraient un jour solliciter l'indemnisation ?
Le code civil est muet quant à ce qui concerne l'acceptation de risques par la
victime. La réponse à cette préoccupation est puisée en droit comparé, notamment en droit
français. La jurisprudence et la doctrine ont varié, pour cela, il faut considérer :
- La situation avant 2010: la jurisprudence prend en compte l'acceptation des risques mais
uniquement dans les compétitions sportives.
Aux termes de la jurisprudence, seuls les risques normaux de l’activité pouvaient
être accepté par la victime, c’est-à-dire les dangers prévisibles eu égard à une pratique habituelle
de l’activité dommageable, un risque de mort ne pouvant cependant jamais être considéré
comme accepté par la victime123.
- La situation en 2010: la deuxième chambre civile rend l'arrêt le 04 novembre 2010124
dans cet arrêt la cour de cassation française rejette acceptation des risques sur le terrain
de la responsabilité du fait des choses, attendu de principe clair dans lequel elle énonce
que la victime d'un dommage causé par une chose peut invoquer la responsabilité
123 Cass.
Civ. 2, 8 mars 1995 n°91-14895.
124 Civ.
2e, 4 nov. 2010, n° 09-65947.
50
résultant de l'article 1242 al.1°( l'équivalent de l'article 260 al.1°) à l'encontre du gardien
de la chose, instrument du dommage sans que puisse lui être opposé son acceptation des
risques. Ici, l'étendu est général et ne fait plus référence à une compétition sportive. Elle
n'étend plus accepter l'exonération des risques sur fond de l'article 1242 al.1° (article
260 al.1° du code civil livre III) peu importe que ce soit une compétition ou pas.
- Cet arrêt fut très dezingué et a balisé le chemin à la réforme de la loi du 12 mars 2012
tendant à faciliter l’organisation des manifestations sportives et culturelles s’est donnée
comme objectif de réformer le régime de responsabilité civile des pratiquants sportifs
du fait des choses.
Cette loi introduit l'acceptation des risques dans le sport. L’article L. 321-3-1 du
Code du sport, issu de l’article 1er de la loi n° 2012-348 du 12 mars 2012 tendant à faciliter
l’organisation des manifestations sportives et culturelles dispose ainsi que : « les pratiquants ne
peuvent être tenus pour responsables des dommages matériels causés à un autre pratiquant par
le fait d’une chose qu’ils ont sous leur garde, au sens du premier alinéa de l’article 1384 du
code civil, à l’occasion de l’exercice d’une pratique sportive au cours d’une manifestation
sportive ou d’un entraînement en vue de cette manifestation sportive sur un lieu réservé de
manière permanente ou temporaire à cette pratique»125.
Le texte n’exclut la responsabilité du sportif gardien de la chose que pour les
seuls « dommages matériels » causés à l’occasion d’une pratique sportive se déroulant sur « un
lieu réservé » à cette pratique.
Dans les autres cas, le sportif ayant causé un dommage à un autre ne pourra plus
opposer à la victime son acceptation des risques
§3. Le dommage
Rappelons que le dommage a fait l'objet d'un long commentaire dans la section
consacrée aux conditions de mise en œuvre de la responsabilité pour fait personnel, pour éviter
les redites nous émettons juste un bref commentaire pour fixer l'encrage en ce qui concerne
cette section réservée aux conditions de mise en œuvre de la responsabilité pour fait des choses.
En effet, lorsque l'on évoque la question de la responsabilité, l'idée du dommage
vient directement à l'esprit. Le dommage est une condition de responsabilité civile pour fait des
choses. La responsabilité civile pour fait des choses avons nous dit concerne la situation dans
laquelle un individu engage sa responsabilité délictuelle à la suite d'un dommage qu'il aurait
125
P. MALAURIE et L.AYNES., Op.cit., p.78.
51
causé à autrui par le biais d'une chose dont il aurait eu usage, la direction et le contrôle au
moment du dommage. Pourtant une chose peut paraître aussi dangereuse qu'elle soit, n'emporte
aucune responsabilité si elle ne cause pas à une personne ou à une autre chose. Et pour causer
dommage, elle peut s'être comportée d'une certaine façon, de sorte à prendre une part active
dans la genèse du dommage 126 . Cette condition suppose la relation entre la chose
(comportement de la chose, fait de la chose) et l'effet (le dommage causé, la lésion d'un intérêt
juridiquement protégé).
Nous concevons qu'il y a fait de la chose lorsqu'il est établi que cette dernière à
sûrement provoqué un dommage. La jurisprudence française par exemple, n'exige pas un
contact matériel de la chose avec la victime ou l'objet endommagé127.
D'où, le fait de la chose ne loge pas nécessairement l'idée d'un contact matériel
avec la chose incriminée, il implique tout simplement que l'intervention de la chose incriminée
ait joué un rôle causal, générateur du dommage.
126
P. Arnold., Droit du sport. Théorie de l'acceptation des risques : état de lieux, 14 février 2014 consulté sur
https://www.eclipse-avocats.com, le 7 février 2023 à 10h34 min.
127
V. KANGULUMBA., Op.cit., p.45
52
128
Https//www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-rapport-nzinga [en ligne] consulté le 22 Décembre
2022 à 1h35'.
53
129
Https//www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-rapport-nzinga [en ligne] consulté le 22 Décembre
2022 à 1h35'.
54
130
Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février telle que révisée par la loi n°11/002 du 20
janvier 2011, art.16.
131
DOUCET cité par Manasi N'kusu, Droit pénal spécial, troisième graduat, faculté de droit, unikin, 2016, p.34.
132
Ibid.
133
Déclaration Universelle des droits de l'Homme proclamée par l'assemblée générale des nations unies dans sa
résolution 217(3), du 10 décembre 1948, art.3.
56
La personne humaine est inviolable. Toute être humain a droit au respect de sa vie privée
et à l'intégrité physique et morale de sa personne : nul ne peut être privé arbitrairement
de ce droit 134;
Toute personne a droit à la vie, à l'intégrité physique ainsi qu'au libre développement de
sa personnalité dans le respect de la loi, de l'ordre public, du droit d'autrui et des bonnes
moeurs135; en aucun cas, et même lorsque l'État de siège ou d'urgence est proclamé
conformément aux articles 87 et 88 de la présente constitution, il ne peut être dérogé au
droit à la vie 136 .Les articles 16 et 61 de la constitution rendent la vie sacrée en
interdisant de manière paremptoire d'y porter atteinte.
Cependant, la question de la sacralité de la vie humaine n'est plus retenue par
tous les pays. Sa protection s'affaiblit peu à peu, car dans certains pays on tend déjà à la
reconnaissance du droit à l'avortement ou de l'interruption volontaire de la grossesse, la vie
humaine ne partant plus de la conception mais plutôt de la naissance.
En droit positif congolais à contrario, le code pénal érige en infraction plusieurs
comportements de l'homme susceptibles de porter atteinte à la vie humaine en prévoyant des
incriminations ayant généralement des taux assez élevés de la peine, en tenant compte de la
valeur qu'il protège.
En effet, au vue des faits et circonstances dans lesquelles le drame de Matadi
kibala s'est réalisé avec tous les dégâts en perte des vies humaines, on peut être tenté de penser
que seule la question de la réparation des préjudices causés vallait son pesant d'or et peut être
portée devant le juge civil en ignorant sensiblement les aspects penaux qui méritent d'être
analysés.
Se faisant, une seule incrimination peut être retenue dans le drame, il s'agit: de
l'homicide ou les lésions corporelles involontaires.
A. L'homicide ou les lesions corporelles
1. Notions
Aux termes de l'article 52 du code pénal qui dispose: “Est coupable d'homicide
ou des lésions corporelles involontaires celui qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de
précaution, mais sans intention d'attenter à la personne d'autrui”. Il résulte de cette disposition
que l'homicide involontaire consiste dans le fait de causer la mort par défaut de prévoyance ou
134
Art.4 de la charte Africaine des droits de l'homme et de peuple du 27 juin 1981, entrée en vigueur le 21 octobre
1986, in OUA Doc.cab/leg/67/3 rev5, 21, Lm.58.1982 cité par MANASI N'KUSU, Op.cit, p.10.
135
Constitution de la République Démocratique du Congo telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011,
art.16.
136
Idem, art.61.
57
de précaution, sans intention d'attenter à la personne d'autrui 137. Il ne s'agit pas uniquement de
la mort provoquée par des violences involontaires certes, la mort non recherchée qui survient à
la suite d'une omission due à la maladresse, à l'imprudence, à la négligence, à l'inattention, à
l'indifférence ou à l'imperitie (par exemple, ne pas mettre des gardes fous autour d'une piscine
dans laquelle les enfants se noient ; ne pas couvrir la fausse sceptique dans laquelle un enfant
tombe et meurt; laisser les médicaments à la portée des enfants qui en prend et meurent138).
Par ailleurs, DOUCET semble traiter cette question avec une minutie excessive,
très pointilleux en définissant le concept homicide involontaire comme étant : “le fait de causer
la mort d'autrui par une action ou une omission rélevant de la maladresse, l'imprudence, de la
négligence, de l'inattention, de l'indifférence ou de l'imperitie”, ce qui comprend l'inobservation
des règlements.
Bien plus, pour Jean Levasseur pour qu'il y ait infraction au sens de l'article 52
du code pénal congolais, il faut qu'il y ait atteinte à l'intégrité corporelle de la victime, il peut
s'agir des lésions externs (un piéton blessé par un véhicule, un accident de chasse, pris en terme
d'exemple) ou des lésions internes, des maladies, d'empoisonnement.
Peu importe, le degré de gravité des blessures ou des maladies, aussitôt l'intégrité
physique de la victime est atteinte, si légèrement que ce soit, il ya sans doute lésions corporelles.
Il faut cependant, qu'il s'agisse d'une véritable atteinte à l'intégrité physique: une simple
indigestion provoquée par l'absorption des denrées légèrement avariées ne peut être considéré
comme lésion corporelle.
La précision étant apportée pour ce qu'il faille entendre de l'infraction d'homicide
ou lésions corporelles involontaires au regard du code pénal et de la doctrine, examinons au
point qui va suivre les éléments constitutifs de cette prévention.
2. Éléments constitutifs d'homicide ou lesions invontaires
a. Élément légal
L'infraction d'homicide ou les lésions involontaires est prévue et punie par les
articles 52 et 53 du code pénal. Ces dispositions prevoyent respectivement ce qui suit :
- Article 52 : Est coupable d'homicide involontaire ou des lésions involontaires celui qui
a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d'attenter
à la personne d'autrui ;
137
MANASI N'KUSU, Op.cit, p.34.
138
Ibidem.
58
- Article 53 : Quiconque aura involontairement causé la mort d'une personne sera puni
d'une servitude pénale de trois mois à deux ans et d'une amende de 50 mille francs.
b. Le Dommage (élément matériel)
À l'instar de tout délit d'imprudence, l'homicide ou lésions corporelles
involontaires réquiert un dommage, une faute pénale et un lien de causalité entre le premier et
la seconde.
Ici le dommage est le fait matériel : pour que le fait matériel soit établi la loi
exige qu'une personne soit morte. On tient ici au résultat : la mort 139. C'est ainsi qu'on estime
que l'auteur d'une faute, meme la plus grave, la plus évidente et la mieux établie ne sera pas
poursuivie et réprimé que si celui-ci a produit le résultat matériel prévu par la loi, à savoir : la
mort de la victime en cas d'homicide involontaire ou la lésion corporelle de la victime en cas
des lésions corporelles involontaires. À partir du moment où la faute est prouvée et que le
résultat s'est effectivement produit, l'agent doit être sanctionné sans qu'il y ait lieu de faire la
distinction selon la gravité de la faute. Tél est le principe applicable en cette matière.140
c. La Faute
Pour que l'infraction d'homicide ou des lésions corporelles involontaires soit
retenue, l'agent doit commettre une faute . Et il n'est pas exigé que cette faute soit intentionnelle,
c'est-à-dire il n'est pas requis l'agent ait voulu ou prévu le résultat ni même le fait générateur de
celui-ci. Une faute même légère peut caractériser cette qualification 141. La faute étant alors
considérée comme l'élément central de cette prévention sans lequel, l'on se trouverait dans une
situation telle que l'infraction ne serait pas établie à l'égard de l'agent nonobstant que le
dommage existe. Ceci étant précisé, que doit- on entendre par le concept faute?
D'emblée, le code pénal congolais lui même n'a pas pris soin de définir le concept
faute, il énumère uniquement des comportements de l'agent qui peuvent être constitutifs de
faute.
c.1. La faute, quelle définition ?
Le concept faute ne renferme pas une définition légale. Face à ce vide
definitionnel créé par le législateur, la doctrine n'est pas restée indifférente. C'est de cette
occurence que le professeur Likulia Bolongo défini la faute comme: “Une erreur de conduite
qui permet d'imputer à un agent une conséquence dommageable”142. Comme nous l'avons déjà
139
LIKULIA BOLONGO., Droit spécial zaïrois, Tome1, Ed.LGDJ, Paris, 1985, p.109.
140
AKELE ADAU., Syllabus du droit pénal spécial , troisième graduat, faculté de droit, unikin, 2003-2004, p.59.
141
Ibidem.
142
LIKULIA BOLONGO, Op.cit, p.109.
59
mentionné, pour que l'infraction soit établie en fait tout comme en droit, l'agent doit
nécessairement avoir commis une faute, cette dernière peut être, de fois légère; à contrario si
aucune faute n'est établie , il n'y a pas non plus infraction.
La faute dont il est ici question, est une condition existentielle de cette infraction
et peut prendre des formes diverses.
c.2. Différentes formes que peut prendre une faute
Il peut s'agir, selon Jean Levasseur:
La maladresse : Elle consiste dans le défaut d'adresse, dans un manque d'habilité ou
d'exterité corporelle. L'exemple le plus classique illustrant la maladresse est celui d'un
ouvrier qui laisse tomber une pierre et tue un passant ou celui d'un chasseur qui atteint
mortellement une personne humaine en visant un gibier. La maladresse se caractérise
par la faute morale ou intellectuelle de l'architecte, du guérisseur ou du médecin qui ne
se montre pas habille dans l'exercice de son art ou qui pratique sans aucune adresse ou
finesse de l'esprit143;
L'imprudence : Lorsqu'il faut évoquer l'imprudence dans cette prévention, pour bien la
comprendre, l'on se serve d'un type d'homme standard ou refferenciel: un homme
prévoyant et raisonnable. Dans l'appréciation du comportement d'un homme prévoyant
raisonnable, si l'on arrive à se rendre compte que tel ou tel autre comportement ne
pouvait pas normalement être affiché par lui(homme prévoyant et raisonnable),
facilement on peut conclure que tel comportement ou tel autre est constitutif d'une faute ;
L'inattention : elle consiste pour l'homme d'être absorbé par une autre chose que par ce
qu'il fait.144 Voici quelques formes d'inattention :
Le cas d'un chauffeur de taxi qui s'absorbe dans le spectacle de la rue et qui provoque
un accident ;
Le cas d'un chirurgien qui oublie une pince dans le ventre de son patient, pour ne citer
que ces 2 exemples;
La négligence : Elle consiste dans l'insouciance, le manque de soin, d'application ,
d'exactitude ou généralement caractérisée par l'inaction, l'abstention ou l'omission. C'est
notamment le fait d'omettre de donner par geste ou par signal un avertissement
nécessaire.145
143
AKELE ADAU, Op.cit., p.62
144
Idem, Op.cit., p.36
145
Idem, Op.cit., p.62
60
En clair, la faute par négligence est l'omission d'une précaution commandée par
la prudence, on décèle dans cette définition que les fautes par négligence pourraient être
classées dans la catégorie des fautes par imprudence.146
L'inobservation des règlements : il s'agit ici, de considérer dans cette gibecière des
règlements, tous les textes légaux et administratifs: lois, ordonnances, décrets, arrêtés
des diverses autorités administratives. La violation par l'agent de tous ces textes légaux
et administratifs est constitutif de faute pénale qu'incrimine cette prévention.
3. Le lien de causalité entre la faute pénale et le dommage
Pour que l'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires soit établie,
il est nécessaire qu'il y ait une relation logique entre la faute pénale commise par l'agent et le
résultat de la faute qui est le dommage réalisé, c'est-à-dire il doit y avoir une relation de cause
à effet entre la faute commise et le dommage subi par la victime. Il importe peu qu'il y ait ou
non de fautes multiples imputables à plusieurs personnes pour qu'il y ait faute. Ici, la
responsabilité de chacune des personnes doit être engagée. L'imprudence ou la négligence de
l'une ne doit pas exclure la négligence ou l'imprudence de l'autre147.
Si l'auteur de l'homicide involontaire est la personne morale, peu importe que la
causalité soit directe ou indirecte, toute faute permet d'engager la responsabilité pénale de la
personne morale.
Par ailleurs, la situation change lorsque l'auteur de l'homicide involontaire est
une personne physique, il ya deux types de causalité:
La causalité directe148
C'est l'idée où une personne sans avoir vraiment causé le dommage elle-même,
a créé ou bien a contribué à créer une situation ayant permis la réalisation du dommage ou n'a
pas pris des mesures pour l'éviter. En cas de causalité directe, une faute simple pourra engager
la responsabilité pénale de l'auteur. Il s'agit ici de voir si l'auteur n'a pas accompli ce qu'il faut
faire au regard de la nature de ses missions, de ses fonctions, de ses compétences ou du pouvoir
et des moyens dont il dispose ;
Causalité indirecte
Il s'agit ici du cas où l'auteur (l'agent) n'a fait seulement contribuer à la situation
qu'à provoquer le dommage ou bien au comportement de celui qui devrait agir et ne l'a pas fait.
Si la causalité s'avère indirecte, une faute plus grave est requise, il doit s'agir soit d'une faute
146
MANASI N'KUSU, Op.cit., p.37.
147
Ibidem..
148
Https//www.cabinet.zenou.fr.droit pénal/homicide involontaire [en ligne] consulté le 28 décembre 2023 à 1h44'
61
délibérée ou une faute caractérisée. Il faut donc une détermination à commettre la faute, et ceci
en connaissance de l'obligation particulière ou de sécurité. Cette distinction est faite par le code
pénal criminel français149. Le code pénal congolais quant à lui n'opère pas de distinction entre
la causalité directe et indirecte. Cette distinction ne vaut que pour les personnes physiques, les
personnes morales en sont exclues. N'importe quelle faute légère ou grave suffit pour engager
la responsabilité pénale de la personne morale.
4. Appréciation personnelle
L'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires étant parfaitement
analysée, qu'il me soit permis d'apprécier les faits tels qu'ils se sont réalisés dans le drame en le
confrontant avec les caractéristiques de l'infraction d'homicide ou lésions corporelles
involontaires récemment analysée. Pour rendre aisée cet exercice, le rappel des faits vaut son
pesant d'or:
En effet, tout rémonte dans la matinée du mercredi 02 février 2022, les médias
locaux notamment la radio Okapi et top Congo fm nous apprirent qu'un drame s'est réalisé à
Matadi kibala. Ils rapportèrent que le drame fut provoqué par la coupure d'un câble haute-
tension sur la ligne zongo-gombe à l'accasion d'une pluie torenciere. Ledit câble est tombé sur
un marché pirate érigé en pleine emprise des lignes de haute tension dans lequel se trouvait des
marchands qui réalisaient les opérations d'achat et de vente. Le lieu était inondé par les eaux de
pluie; et l'eau étant reconnue comme la meilleure conductrice d'électricité. Les eaux Jonchèrent
le marché pirate et créèrent un champ magnétique tout au tour de celui-ci, et par la suite il s' en
est suivi l'électrocution de 25 personnes dont 21 personnes mortes au sein du marché et 4 autres
sur le boulevard. Il avait seulement deux personnes qui ont survécu après le drame (selon le
rapport du gouvernement lu par le ministère national des médias et porte parole du
gouvernement, Mr Patrick Muyaya).
En effet, au regard des faits tels que relayés, il se constate à plusieurs égards que
l'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires prévue aux articles 52 et 53 du code
pénal congolais est sans ambages établie en fait tout comme en droit:
D'abord sur le point de vue du dommage exigé par le code pénal, pour ce qui concerne
l'homicide le code pénal exige qu'il une mort d'homme pour qu'il soit retenu. Par
conséquent, le drame en avait fait 25; pour ce qui concerne les lésions corporelles
involontaire, le code pénal exige en terme de dommage qu'il ait des atteintes physiques,
sans qu'il n'ait mort d'homme. Or, le bilan du drame renseigne qu'il ya eu deux personnes
149
Https//www.cabinet.zenou.fr.droit pénal/homicide involontaire [en ligne] consulté le 28 décembre 2023 à 1h44'
62
qui ont survécu à la mort après le drame mais ayant subies des atteintes physiques très
graves. Au vue de cette considération, nous dirons que le dommage a été sans doute
réalisé ;
Ensuite, du point de vue de la faute: Découvrir la faute dans les circonstances qui ont
milité dans la réalisation de ce drame n'est pas une tâche facile à réaliser. En effet,
rappelons au préalable que le lieu dans lequel le drame s'est réalisé est une servitude au
regard de la l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 qui cite à son article
premier les emprises des lignes de haute tension sur une distance 25m de part et d'autre.
Le petit marché de Matadi kibala étant entièrement érigé sur une emprise qui, selon la
loi ne devrait pas abrité un marché ou toute autre construction de nature à y être habitée.
En effet, la Snel étant aujourd'hui la société détenant le monopole de la
production, du transport et du commerce d'énergie électrique sur l'ensemble du territoire
national en République Démocratique du Congo. L'exploitation se réalise par différents
barrages hydroélectriques construits sur l'ensemble du territoire national, le transport de
l'électricité se réalisant lui par l'implantation des pilonnes à l'aide desquels les câbles électriques
à haute tension sont suspendus, favorisant ainsi le transport aisé de l'électricité jusqu'aux
différents lieux de consommation. La consommation quant à elle est réalisée au moyen des
différentes installations de la Snel qui permettent la distribution facile de l'électricité dans les
habitations des abonnés.
Rappelons que de la production en passant par le transport jusqu'à la
consommation de l'électricité par les abonnés, le courant électrique présente un danger qui
guette toujours la population, de telle sorte que chacun dans son coin est sensé prendre beaucoup
plus de précaution pour échapper au dommage que le courant électrique est susceptible de
causer.
En effet, la Snel connaissant le danger qu'il ya en cas d'occupation d'une emprise
des lignes de haute tension devrait normalement s'assurer que dans cette emprise de passage
des câbles H.T que personne n'y habite, n'y construise des habitations ou toute autre
construction de nature à abriter un marché. Ne pas remplir cette obligation qui était sienne est
constitutif d'une faute qui lui est forcément imputable;
Enfin, le dommage et la faute étant démontré, il revient maintenant important d'établir
le lien de causalité entre la faute et le dommage tel que réalisé. Il importe de rappeler
que l'exercice à ce niveau ne consisterait pas à étudier des caractéristiques de la causalité
directe et indirecte qui, entant exigé lorsque l'auteur est une personne physique. Or, la
Snel est une société commerciale, donc une personne morale.
63
En effet, le lien de causalité est là. Il suffit juste de faire appel à la théorie des
risques. Il s'apercevoir sans équivoque que la Snel à créer le risque, et il revient à celui qui crée
le risque, selon les partisans de cette théorie, d'en supporter les conséquences dommageables
sans qu'il soit demandé au victime d'apporter la preuve du comportement fautif de celui qui doit
supporter la réparation.
D'un autre point de vue, il était de l'obligation de la Snel connaissant le danger
que pourrait apporter un câble à haute tension, devrait s'assurer que les emprises de câble ne
soient occupées par la population en menant des campagnes de sensibilisation quant à ce. Ne
pas le faire, est une défaillance à son obligation, et cela étant constitutif d'un comportement
fautif ayant un lien avec le drame.
En paroraison, il est évident que la responsabilité pénale de la Snel est sans doute
dégagée. La question épineuse qui reste est celle rélative à l'application de la peine à l'égard de
la Snel entant que personne morale.
A. Responsabilité pénale de la société nationale d'électricité (Snel S.A)
Au prélude cette de réflexion, il semble important de s'interroger s'il existerait
effectivement une responsabilité pénale des personnes morales en droit positif congolais. Le
décret du 30 juillet 1940 portant code pénal congolais tel que modifié par la loi n°06/18 du 20
juillet 2006 est muet sur cette question. Qu'à cela ne tienne, il semble important d'analyser la
question de la responsabilité pénale des personnes morales dans notre droit positif.
1. Principe
Lorsqu'une infraction est commise par une personne physique agissant, non pas
pour lui même ou pour son compte personnel, mais dans l'exercice de ses fonctions, en tant que
organe ou représentant d'une personne morale; notamment en tant qu'associé de la société,
syndicat etc. La responsabilité pénale de la personne physique qui a commis l'infraction peut
être retenue. Il est poursuivi et condamné personnellement et non en sa qualité.150
Se faisant, la question que l'on se pose est celle de savoir si à côté de la
responsabilité pénale de l'organe ou du représentant de la personne morale, qui a matériellement
commis l'infraction , en agissant pour le compte de la personne morale dont il a exécuté sa
volonté, l'on peut retenir la responsabilité pénale de la personne morale elle-même?151
150
NGOTO NGOYIE NGALINGIE., L'essentiel du droit pénal congolais, Ed. PVC, Kinshasa, 2018, p.50.
151
BERNARD BOULOC cité par SOCRATE LISANGA MANDEFU., Responsabilité pénale des personnes
morales en droit positif congolais: approche comparative sur le droit belge et français in IJRDO- journal of
Law and cybercrime, pp.25-26.
64
En effet, en RDC il est de principe que seules les personnes physiques sont
capables de delinquer. Ni les choses ni les animaux ne peuvent pas être sujets de l'infraction.
Seuls les êtres fait de chair, doter de la volonté et d'intelligence peuvent commettre une
infraction et, de ce fait, encourir une peine. “L'esprit individualiste du droit pénal fait qu'on ne
peut attribuer un acte coupable et appliquer une peine qu'à l'individu”.152 Le principe retenu est
coulé en ces termes : “SOCIETAS NON PROTEST DELINQUARE” traduisant l'incapacité de
la personne morale à commettre une infraction et d'encourir une peine. Une telle affirmation se
fondait sur divers arguments:
La loi pénale n'impose des obligations qu'à des individus153;
Matériellement, seule une personne physique peut commettre effectivement un délit.154
Mais il peut arriver qu'une personne physique commet une infraction dans le but de
réaliser l'objet social de la personne, dans ce cas, la responsabilité pénale sera partagée
entre l'agent et la personne morale;
Les collectivités n'ont ni volonté ni conscience, elle ne peuvent, dès lors, pas être
résponsabilisées;
Les sanctions n'ont pas été prévues pour des personnes morales, soit par leur nature,
comme l'emprisonnement, soit que la loi y fait obstacle 155 . L'instauration de la
responsabilité pénale de la personne morale a forcé certaines législations à proposer des
peines applicables à celle-ci.
2. Rejet progressf du principe
Le principe qui a été retenu est celui qui veut que la société ne puisse pas avoir
la capacité de commettre une infraction et d'encourir une peine (Societas non protest delinquare).
Cependant, à côté de cette irresponsabilité pénale de la personne morale coexiste
des lois particulières qui consacrent la responsabilité pénale des personnes morales, il s'agit
notamment de:
L'ordonnance loi n°68/010 du 06 janvier 1968 relative aux droits de consommation et
régie des boissons alcooliques telle que modifiée par l'ordonnance loi n° 68/192 qui
dispose en son article 29 al.4 que toute personne physique ou morale est responsable
des infractions commises par les membres de son personnel ;
152
G.STEFANI et LEVASEUR (G.)., Droit pénal général, 10e édition, Dalloz, Paris, 1978, n°244 cité par
NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité du droit pénal général, 2e édition, Ed.Universitaires Africaines, p.236.
153
A.ABBAS., Précis du droit pénal général, Bruylant, Bruxelles, 1936, p.82.
154
Code pénal Belge, art.5 al.2. Attention, contrairement à la France, la Belgique prévoit une cause d'excuse
absolutoire pour l'individu ayant agi par négligence ou imprudence si sa faute est moins grave que celle de la
personne morale.
155
Code pénal Belge, art.39.
65
156
NYABIRUNGU MWENE SONGA., Op.cit., p.254.
66
157
EMMANUEL DREYER., Droit pénal général, troisième édition, Lexis nexis, 2014, p.775.
158
Lire utilement CUCHE (P.)., Précis du droit criminel, Dalloz, cinquième édition, 1934, p.91, n°102.
159
SOCRATE LISANGA MANDEFU., Op.cit., p.28.
67
à une réalité160. C'est de cette occurence que les partisans de cette théorie nous font observer
que des personnes morales n'ont jamais été des êtres fictifs tel qu'on le pense, elles constituent
sans ambages une réalité juridique, d'autant plus que ces entités détiennent ou possèdent une
volonté propre diamétralement distincte de celle de leurs membres et, qu'elles peuvent à tout
moment engagée leur résponsabilité pénale.
Cependant, le cas de l'impossibilité matérielle de leur appliquer des sanctions
pénales à titre de peine d'emprisonnement, cet argument n'est pas éloquent. C'est vrai,
admettons le qu'il est quasiment impossible de faire appliquer la sanction pénale comme la
peine d'emprisonnement à une personne morale, il est du moins possible, par le simple fait que
la personne morale procède un patrimoine, la logique oblige de lui infliger une sanction
pécuniaire, notamment l'amende et la confiscation spéciale voire même condamner la personne
morale à une peine comme la dissolution qui mettra automatiquement terme à son existence ou
de lui créer une incapacité à exercer son activité.
4. Position du droit congolais et de sa jurisprudence
4.1. Position retenue par le droit congolais
Le droit congolais de la responsabilité pénale des personnes morales pose le
principe selon que la personne morale ne peut engager sa responsabilité. S'il ya des faits
infractionnels qui font penser aux personnes morales, seuls les dirigeants sociaux, personnes
physiques, pourront pénalement répondre.161
Par conséquent, il paraît évident à ces jours lorsque l'on évoque la problématique
de la responsabilité pénale des personnes morales, la première idée qui taraude l'esprit fait état
uniquement de la responsabilité des personnes impliquées dans la gestion quotidienne de la
personne morale. La jurisprudence s'est également prononcée sur cet débat, elle n'est pas restée
indifférente.
4.2. La position de la jurisprudence
Le titre lui même n'est pas équivoque. Il fournit déjà l'idée de ce qui sera
développé dans le cadre de ce point. Il s'agit sans doute de donner la position de la jurisprudence
congolais par rapport au débat sur la question. En substance, cet exercice sera rendu possible
en relevant quelques unes des décisions phares sur la question de la responsabilité pénale des
personnes morales, c'est notamment:
160
SOCRATE LISANGA MANDEFU., Op.cit., pp.28-29.
161
NYABIRUNGU MWENE SONGA., Op.cit., p.252.
68
L'affaire Difco162
Dans cette affaire, la cour d'appel de Kinshasa a condamné la société Difco,
représenté par son administrateur délégué, à une peine d'amende cumulée avec la restitution à
la RDC des devises fraudées et à la confiscation des biens, y compris les créances ayant fait
l'objet de l'infraction, ainsi que les bénéfices tirés de l'infraction.
L'affaire Socobanque
Dans l'affaire Socobanque, la cour suprême de justice a condamné la société
Socobanque pour avoir, par intermédiaire de son administrateur délégué, fait le commerce de
monnaie et moyens de paiement en monnaie étrangère non conforme à la réglementation de la
banque nationale, à une peine d'amende, à la restitution à la RDC des devises frauduleusement
soustraites à l'encaissement et au paiement des dommages-interêts.163
Par conséquent, au travers de ces deux jurisprudences, la cour suprême de justice
avait fondé sa décision, notamment dans l'affaire Socobanque sur pied de l'article 11 de
l'ordonnance loi n°67/272bdu 23 juin rélative au change qui dispose: “l'infraction à la
réglementation du change est réputée existente dans le chef de toutes personnes physiques ou
morales intervenant directement ou indirectement dans le fait qui la caractérise”.
4.3. Position personnel sur le débat
Il est tout a fait correcte que les deux tendances ci-haut évoquées aient réellement
soulevées les vrais problèmes de droit qui alimentent ainsi le débat autour de la question de de
la responsabilité pénale des personnes morales. D'un côté, les minimalistes se fondant sur la
théorie fictive pour repousser toute idée sur la responsabilité pénale des personnes morales (cfr
l'argument de la tendance minimaliste); les maximalistes, eux par contre se fondant sur la
théorie de la réalité ont estimé que la personne morale devrait engager pénalement sa
responsabilité (cfr nos développements sur la tendance maximalistes). Par ailleurs, le droit
congolais admet à titre de principe l'irresponsabilité pénale de la personne morale. Telle est
l'expression Societas Delinquare non protest.
De ce fait, malgré que le principe retenu soit l'irresponsabilité pénale des
personnes morales, mais il est désormais opportun de préciser que cette irresponsabilité n'est
pas absolue. Il existe des lois particulières au Congo qui tendent déjà à obstruer la tendance de
l'irresponsabilité en affirmant aux travers des dispositions claires et précises la responsabilité
pénale des personnes morales qui, à mon humble avis semble être logique envue de contraindre
les personnes morales à être soumises aux lois et la réglementation nationale sous peine
162
Kin, 11 avril 1970., Revue congolaise de droit, Kinshasa, ONRD, 1971, p.253.
163
CSJ, 13 Août 1971., Revue congolaise de droit, 1972, p.14.
69
d'encourir une peine. D'où, la responsabilité pénale des personnes morales est, à ce jour, en droit
positif congolais, non pas une mythe mais une réalité.
5. Poursuite de la personne morale (Snel S.A)
La poursuite de la personne morale devant les juridictions congolaises est
aujourd'hui plus une réalité qu'une simple utopique.
Aujourd'hui il est reconnue à la victime, la possibilité de saisir les juridictions de
jugement contre les personnes morales. Cependant, dans cette démarche il va s'agir de préciser
la procédure que les victimes des dommages pourront suivre afin que leur situation soit
examinée devant un juge pénal saisi pour résponsabilité pénale de la personne morale.
Section 2: ANALYSE DE LA RESPONSABILITÉ DE L'ÉTAT
Il est évident que lorsque l'on pense au drame de Matadi kibala avec tous les
dégâts qu'il a occasionné en perte des vies humaines, il ya vraiment de quoi se demander si une
telle hécatombe n'était pas évitable. Il s'agit en substance dans cette section d'analyser le rôle
de l'État en tant que puissance publique, pourvoyeur et capable d'intervenir dans le but de
prévenir des conséquences dommageables en prenant des mésures idoines imposantes. Pour y
parvenir, l'État à une mission connue et dispose des moyens d'intervention pour rendre effectif
la réalisation matérielle de sa mission.
§1. Bref rappel sur la mission et les moyens d'intervention de l'Etat
A. La mission de L'État
L'état comme personne morale de droit public interne et international rempli
deux principales missions, à savoir: la mission de l'État gendarme (1) et celle de l'État
providence (2).
1. Mission de l'État gendarme
Plusieurs auteurs relèvent que la mission de l'État gendarme vise à garentir aux
citoyens la paix sociale. L’État gendarme est celui qui garanti l'ordre social au sein de la société
étatique. L'ordre social est une valeur qui permet à une communauté de vivre en harmonie au
sein de la société ; il procure la paix interne en protégeant les droits et libertés fondamentales
de chaque citoyen contre la loi du plus fort, la loi de la jungle164.
Par conséquent, l'État gendarme est un Etat qui limite ses interventions à la
protection extérieure (l'armée) et intérieure (la police et la justice) des citoyens. En effet, l'État
gendarme est indissociable à la pensée libérale, son rôle aux fonctions régaliennes qui consistent
pour l'essentiel à faire appliquer des lois en accord avec l'ordre naturel qui contraint toute société,
164
YUMA BIABA (L.)., Manuel du droit Administratif général, éditions CEDI, 2018, p.6.
70
ces lois permettent d'échapper à l'État de nature et de garentir les libertés individuelles (que l'on
se rappelle la célèbre formule de Hobbes selon laquelle l'homme est un loup pour l'homme.165
ADAM Smith dans son ouvrage intitulé “la richesse des nations de 1776”,
enonce les trois devoir du souverain dont:
- Le premier est celui rélatif à la protection de la société contre la violence et l'invasion
d'autres sociétés, c'est-à-dire d'entretenir une armée et la défense du territoire ;
- Le deuxième devoir du souverain est celui relatif à la protection, autant que cela est
possible, chacun des membres de la société. L'état doit ainsi entretenir une police et une
justice qui offrent à chacun la protection de la loi;
- Enfin, Adam Smith énonce un troisième devoir du souverain, celui relatif à la
construction des certains ouvrages publics et certaines institutions que l'intérêt privé
d'un particulier ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le
profit n'en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers.166
On y décele dans la pensée de Adam Smith, trois trois objectifs d'un État
moderne:
a. Le maintien de l'ordre public
La notion du maintien de l'ordre public renvoit essentiellement à trois éléments
qui composent d'ailleurs l'ordre public: La tranquillité publique, la sécurité publique et la
salubrité publique.
- La tranquillité publique correspond à la quiétude sociale167, elle permet d'empêcher des
troubles aux sein de la population et d'éviter que les individus se conduisent sans aucune
contrainte sociale.
En clair, il s'agit de mettre en place des mésures adaptées pour permettre
l'exercice des droits et libertés tout en assurant la sécurité des personnes et de leurs biens. Il
s'agit d'une opération de rétablissement de l'ordre public par les forces de sécurité [...]168 en cas
de troubles ;
- La sécurité publique quant à elle vise essentiellement à la protection des biens et des
personnes; elle constitue l'un des besoins fondamentaux pour la paix sociale. Seul l'État
peut garantir une telle sécurité en réglementant la sécurité routière et en empêchant les
atteintes aux droits et libertés des citoyens: droit de propriété, droit de domicile, droit à
165
https//www.melchior.fr/notion-etat-gendarme [en ligne] consulté le o4 janvier 2023 à 1h28'
166
Ibid.
167
YUMA BIABA (L.)., Op.cit., p.7.
168
Https//www.viepublique.fr consulté le o4 janvier 2023 à 16h 43'.
71
la vie et à l'intégrité physique, droit de la famille et autant d'autres droits et libertés que
l'on retrouve dans le préambule de la constitution.169
- La salubrité publique : elle est encore plus recherchée dans un Etat qui se veut protecteur
des intérêts purement vitaux de la communauté car elle s'investie dans la promotion de
la vie saine , en luttant contre les épidémies, les maladies etc. l'État met en place des
règles d'hygiène qui interdisent formellement la pollution de l'environnement et à la
détérioration des endroits publics ainsi que du voisinage 170 , à défaut d'une salubrité
efficace, il sera sans doute impossible d'assurer à la population la santé publique.
En somme toute, il est d'une évidence que l'État gendarme s'investit
essentiellement dans la protection des et des personnes, qui assure la tranquillité des citoyens.
Ces missions rentrent généralement dans ce que l'on appelle la police administrative.171
b. L'encadrement social
l'État gendarme est aussi celui qui s'investit dans l'organisation et l'encadrement
de la vie socio-économique de la population, la gestion de la population à travers l'état civil, à
travers la gestion de l'espace foncier et de l'urbanisme , la protection de l'environnement et la
contribution par la population aux charges publiques par les paiements des taxes et impôts.
En effet, il est évident que l'encadrement social a pour mérite de faciliter une vie
organisée des citoyens au sein de la société par la présence des règles qui s'imposent. En faisant
de l'encadrement social une clef de vous, l'État s'assigne la mission de lutter contre la loi du
plus fort en organisant la société de manière équitable et équilibrée.
c. L'organisation de la sanction et le règlement du contentieux
l'État gendarme assume aussi la charge de protéger les citoyens contre le non
respect de la loi. l'État s'investit à cet effet, à assurer à la fois un rôle préventif et répressif en
organisant des sanctions contre les comportements anti-sociaux des certains membres de la
communauté, en les incitant à se soumettre aux exigences légales et réglementaires. l'État joue
également le rôle d'arbitre en cas des conflits opposés entre les membres de la société afin que
ceux-ci ne se rendent point justice. C'est donc à l'État qu'il revient la charge d'organiser la justice
sociale pour éviter la loi du talion et mettre fin aux litiges entre les individus.172
Il convient de dire en clair, que les missions de l'État gendarme sont réalisés aux
moyens des différents services publics de l'État qui constitue son administration ; celle-ci
169
YUMA BIABA (L.)., Op.cit., p.7.
170
Ibidem.
171
Idibem.
172
Idem, Op.cit., p.8.
72
constitue la cheville ouvrière de l'État. Chacun des services publics de l'État est attaché à un
ministère regalien qui en assure la tutelle. L'armée, la police et les services judiciaires
accomplissent la mission de l'État gendarme. l'État moderne n'est pas resté au stade d'être
seulement structurel, il a pris la dimension d'un État machine, pourvoyeur des besoins de la
population.
B. Missions de l'état providence
1. Origine et fonction pourvoyeuse de l'État
“On a pensé à faire la charité aux pauvres et jamais à faire valoir les droits de
l'homme pauvre sur la société”. En s'exprimant ainsi devant l'assemblée constituante, le duc de
la Rochefoucauld-liancourt, rapporteur de la commission pour l'extinction de la mendicité,
posait le débat sur la question sociale. Ce débat opposera tout au long du 19e siècle ceux qui,
d'une part défendaient les droits du pauvre, c'est-à-dire une prise en charge collective des risques
sociaux ; à ceux qui, d'autre part misaient sur le devoir du riche, c'est-à-dire le choix de la charité
et de la bienfaisance, le seul pour eux qui ne porte pas atteinte aux libertés fondamentales. C'est
d'ailleurs en défendant le second point de vue que le député Émile Olivier utilisera le premier,
en 1864, cette expression d'État providence.173
Son sens étymologique révèle que le mot providence tire sa source du verbe latin
“providere” qui signe “remplir un vide, combler une lacune.” l'État providere est celui qui vient
répondre aux besoins auxquels la popularité faire face ou satisfaire par elle-même. Comme on
le remarque, les Etats modernes évoluent à la vitesse de croisière sous tous les aspects,
notamment les aspects la vie sociale etc. D'où, à ce jour, les questions se rapportant aux aspects
sociaux de la vie dans la société se posent avec acuité.
Pour faire face à cette réalité, les Etats font face a des nouvelles contraintes qui
nécessitent que des solutions soient urgemment apportées. Ces solutions avouons-le, dépassent
la capacité des citoyens et nécessitent l'intervention de l'État afin de rétablir l'ordre social. l'État
devient ainsi une sorte de providence car, sans son intervention, la population serait abandonnée
à elle-même.
En effet, que deviendrait les citoyens sans l'État devant les épidémies, les
calamités et catastrophes naturels? Comment l'éducation des masses seraient-elles gratuitement
sans l'État? Comment les voies de communication (transport aérien, transport maritime,
transport ferroviaire) seraient-elles développées au profit de toute la communauté au moindre
coût sans l'État ?.174
173
Https//www.melchior.fr/etat-providence [en ligne] consulté le 05 janvier 2023 à 3h01'.
174
Ibidem..
73
175
YUMA BIABA (L.)., Op.ci.t, p.9.
74
176
A. MARIE NSAKA., Réforme de la police nationale congolaise et la contribution des partenaires
internationaux, p.5.
177
Loi organique n°11/013 du 11 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de la police nationale
congolaise, art.17.
75
de la PNC sont tenus avec promptitude de déférer à toute réquisition légale des ces autorités.
Ceci signifie que si la réquisition est manifestement illégale, les éléments de la PNC doivent
s'abstenir d'exécuter ses termes. Ceci soulève la question de la légalité des mésures prises par
les agents de la PNC. À ce sujet, il faut noter qu'elles sont pour une part celles de la légalité de
toute décision administrative, la subordination de la légalité des mésures de police à leur
nécessité. La légalité à laquelle toutes les mésures de police sont soumises signifie qu'elles
doivent émaner de l'autorité compétente et avoir été prises, le cas échéant selon les procédures
et dans les formes prescrites quant au fond, elles doivent bien attendu, avoir été prises en vue
du maintien de l'ordre public (où s'agissant de certaines polices spéciales , conformément à la
finalité qui leur propre) et non pas surtout en vue d'un intérêt financier ou pour satisfaire à un
intérêt financier, un intérêt personnel ou celui d'un tiers178.
Il importe de préciser que l'autorité de la police s'attache à concilier les nécessités
de l'ordre public où des intérêts généraux dont elle a la charge avec certains principes
constitutionnels comme les articles 16, 17 et 61 de la constitution de la RDC du 18 février 2006
telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 qui consacrent notamment la sacralité
de la personne humaine, le respect du droit à l'intégrité physique, le droit à la liberté individuelle
ou encore l'interdiction de l'emprisonnement pour dette [...].
De ce qui précède, l'on peut ainsi déduire que la fonction de police peut s'analyser
comme étant une fonction institutionnelle de protection et de régulation de l'ordre social qui est
exercée aux fins de prévenir ou de corriger les dérèglements à cet ordre. La police
administrative a une mission qui se résume en activités d'accomplissement de régulation,
d'assistance, de surveillance et de protection dont l'objet est la prévention des délits ainsi que la
maîtrise ou le contrôle d'activités perturbatrices de l'ordre, de situation de crise.
a.1.3. Distinguer la police administrative et la police judiciaire
La police judiciaire a pour finalité la répression, car elle constate les infractions
en recherchant les auteurs et les preuves; les litiges qui concernent ces infractions rélevant du
juge judiciaire. À contrario, la police administrative a pour finalité la prévention, elle a pour
mission de prévenir les atteintes à l'ordre public, et relève du juge administratif. Il arrive le plus
souvent dans la pratique que la distinction entre la police police administrative et la police
judiciaire soit très délicate à opérer puisque disposant d'un même personnel. La distinction peut
se faire remarquer par les interventions sur le terrain: des policiers qui effectuent des rondes
pour prévenir une atteinte éventuelle à l'ordre public répondent à la mission de police
178
CHAPUIS (R.)., cité par MUHINDO MAGADJU., Le rôle de la police nationale congolaise dans le contexte
de la décentralisation en RDC, p.603.
76
administrative, mais des mêmes policiers constatent une infraction lors d'une patrouille
nocturne parce qu'ils se retrouvent face au un voleur pris en flagrant délit, ils répondront alors
à une mission de police judiciaire.
En RDC, l'autre distinction peut également être établie sur base du régime
juridique différent qui organise ce deux types de police :
- En ce qui concerne la police administrative, c'est la loi organique n°11/013 du 11 aout
portant organisation et fonctionnement de la police nationale congolaise (PNC);
- Alors que la police judiciaire, elle, est organisée par l'ordonnance n°78-289 du 03 juillet
1978 relative à l'exercice des attributions d'officiers et agent de police judiciaire près les
juridictions de droit commun.
En somme toute, quoique difficile de distinguer la police administrative et celle
judiciaire, nous avons quand même osé de le faire compte tenu de certaines caractéristiques non
visible par tous (la mission sur le terrain et le régime juridique différent entre ce deux types de
police).
b. Intervention de l'État au moyen de services publics
b.1. Préliminaire
Il est aujourd'hui une évidence que dans toute société, l'on retrouve un ensemble
d'activité et que l'on qualifie d'intérêt général, à ce titre, prises en charge par la collectivité
publique. Jacques CHEVALIER pense que les services publics, relèvent, à proprement parler
et à première vue, de l'ordre de l'évidence179. Le service public renvoit essentiellement aux
fonctions collectives, nécessaires à l'existence du social.
L'État justifie alors sa permanence à l'aide de la notion de service public180. La
présence de l'État est beaucoup plus ressentie par la présence de services publics investis du
rôle de la satisfaction des besoins d'intérêt général ressentis par la population afin d'assurer tant
soit peu l'ordre public. Le service public se révèle aujourd'hui comme une activité de l'État
manifestée sous la forme de prestation de service particulière se cristallisant sous un régime
dérogatoire au droit commun impose une nouvelle perception de l'État et de son mode
d'organisation. L'État structurel se décloisonne et muté spectaculaire en Etat machine dans
l'optique de la satisfaction des besoins d'intérêt général.
179
CHEVALIER (J.)., Le service public, onzième édition mise à jour, PUF, 1987, p.3.
180
Lire J.L de CORAIL., La crise de la notion juridique de service public en droit Administratif français, LGDJ,
1954, p.22 et S.
77
181
MBAU SUKISA (D.)., Manuel des grands services de l'État, faculté de droit, unikin, 2020-2021, inédit, p.4.
182
GUGLIELMI (J.)., Une introduction au droit du service public, col. Exhumation d'epuisés, Université Paris 2,
p.2.
183
SANGA KABAMBA (E.)., Les services publics congolais face à la satisfaction d'intérêt général. Cas de la
Snel, p.1.
78
fait pas au hasard, elle doit respecter 3 criteres principaux que la doctrine qualifie de critères de
détermination de service public.
La présence d'un intérêt considéré d'intérêt général :
L'expression "intérêt général" désigne les intérêts, valeurs ou objectifs qui sont
partagés par l'ensemble des membres d'une société. Elle correspond aussi à une situation qui
procure un bien-être à tous les individus d'une société184.
En effet, dans le langage politique par exemple, l'intérêt général ou intérêt public
est une notion qui décrit la finalité de l'action de l'Etat au niveau d'un pays sans qu'il soit
nécessaire d'en définir le contenu exact. Il peut être à la fois la somme des intérêts particuliers
et un intérêt spécifique à la collectivité qui transcende les intérêts des individus. Pour les
partisans de l'utilitarisme, la recherche de l'intérêt général consiste à maximiser le bonheur
individuel du plus grand nombre des membres d'une société185;
Le lien plus plus ou moins étroit avec une personne publique (le service public est
rattaché à une personne publique):
C'est le critère le plus évident, la pierre angulaire de service public. En effet,
dans le cas où le service public n'est géré le plus par une personne publique, l'État est alors
l'unique maître de gestion de service public. Il est des cas où il (l'État) peut accorder la gestion
de service public à des personnes privées par le mécanisme la régie directe ou indirecte;
La soumission de cette activité à un régime exorbitant du droit privé: lié au droit public
depuis l'arrêt Blanco. Activité de service public à raison de sa nature doit être soumis
à un régime juridique spécifique exorbitant du droit commun.186
En effet, les activités gérées par l'État ou les entités territoriales décentralisées
sont considérées comme activité de service public soumise au droit public d'où la compétence
du juge administrative.
Se faisant, il ne suffit pas que le besoin soit d'intérêt général afin de faire appel
à l'intervention de l'État, il faut encore que ce besoin ne soit donc pas en mesure d'être pris en
charge par l'initiative des particuliers au motif que ce besoin nécessite des moyens matériels et
financiers colossaux pour leur pris en charge, leur satisfaction. D'où, au cas où ces critères sont
remplis, l'intervention étatique est sans doute opportune. En RDC, l'intervention étatique a un
fondement constitutionnel.
184
Https//www.toupie.org/dictionnaire/intérêt-général[en ligne] consulté le 04 janvier 2023 à 18h33'.
185
Ibid.
186
Https/www.coursdedroit.net/ la notion de service public : définition et critères [en ligne] consulté le 04 février
2023 à 19hO8'.
79
responsabilité sera sa doute engagée au cas où cette défaillance causerait des dommages à la
population.
§2. Fondement de la responsabilité de l'État dans le drame de matadi kibala
A. Fondement tiré du rôle de l'État
Rappelons que la responsabilité est un institut créé dans le but de protéger et de
sauvegarder les droits de l'homme. Elle présume donc un dommage, une perte pour un tiers, et,
avec cela, l'objectif de reconstitution de cet équilibre rompu par le dommage, non seulement
l'acte d'indemnisation, mais aussi la réparation des dommages causés.
En effet, la recherche du fondement de la responsabilité de l'État s'inscrit dans
une perspective d'analyse d'attitudes de l'État et de ses services publics bien avant la survenance
du dommage, lesquelles (attitudes de l'État) pourraient être regardées comme causes non
lointaines du drame. À cet effet, deux attitudes semblent captiver notre attention comme fondant
la responsabilité de l'État : - le fait pour l'État de ne pas intervenir au moment opportun afin de
prévenir des conséquences dommageables occasionnées par le drame d'une part, et
l'amateurisme de ses services publics, d'autre part. La responsabilité de l’Etat sans faute sera
alors engagée sur pied des articles 258 du CCCL III et de 147 de la constitution en cas de
dommâge exceptionnel. Notons que, avant que l'on analyse les deux attitudes qui présagent la
responsabilité de l'État, précisons préalablement l'importance des buts de l'État.
1. Importance des buts de l'État
Depuis les siècles passés, les ideologues mais également les praticiens de la
théorie de l'État ne parviennent pas à s'entendre sur les tâches dont l'accomplissement incombe
à l'État. L'éventail d'opinion va de celles qui restraignent au maximum le pouvoir de l'État et ne
concèdent à celui-ci que l'accomplissement de tâche de police, à ce qui prônait l'État total qui
doit faire le bonheur des hommes, contre le gré au besoin187.
Les buts de l'État doivent s'entendre comme différentes missions que l'État est
sensé accomplir dans le but de la protection de la population contre le mal et de la satisfaction
des besoins d'intérêt général.
Ainsi donc, l'État moderne comme la RDC ne doit pas seulement, comme il était
dans le passé, de ne se contenter que de la protection de la population contre les voleurs, des
meurtriers et d'autres criminels, il a encore sensiblement étendu le champ de sa protection.
187
Lire utilement G.THOMAS FLEINER., Théorie générale de l'État, quatrième partie : l'État et la société, s.l.n.d,
pp.435-458.
81
En effet, les dépendances et les interactions toujours plus marquées ont conduit
à intensifier les communications mais également à accroître les périls auxquels l'homme
s'expose. l'État est donc contraint d'assumer des nouvelles responsabilités et d'accomplir les
tâches correspondantes. Cet accroissement continu des missions de police implique de même
coup des restrictions aux libertés du citoyen.188
Lorsque, dans l'intérêt de la protection de l'environnement et des lieux jugés
dangereux par leur nature où le rôle qu'ils accomplissent, les pouvoirs publics édictent des
prescriptions pour délimiter des zones à bâtir dans l'intérêt de l'aménagement du territoire, ils
restraignent considérablement entre autre la liberté du propriétaire foncier qui ne peut plus
construire n'importe où ni n'importe comment.189
En effet, en RDC il existe l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 sur
les servitudes. Cet arrêté ministériel énumère les différentes servitudes au sein desquelles toutes
construction et occupation sont strictement prohibées: les emprises des lignes haute tension en
fait partie.
l'État est sensé veiller au respect de ces servitudes par la population en prenant
des mesures idoines imposantes à l'égard de toute personne qui construirait ou occouperait des
lieux frappés de servitude par la loi. De ce fait, sachant que l'emprise des lignes haute tension
de la SNEL sur la ligne zongo-gombe était entièrement jonchée par une frange de population
qui s'en servait en titre de marché pirate et qui y construisait des habitations. On s'interroge sur
quelle attitude l'État a-t-il pris face à ce comportement de la population ?
2. La non intervention de l'État : une omission coupable ?
Les personnes civilisées n'arrêtent pas dire que le malheur n'est jamais venu seul.
Ils affirment cependant que derrière le malheur qui frappe un homme dans sa chair ou dans ses
biens, se trouverait un comportement actif ou passif qui serait considéré comme source dudit
malheur. De ce fait, comme le titre l'indique : “la non intervention de l'État : une omission
coupable?” Nous pousse à analyser le fait pour l'État de ne pouvoir pas intervenir face à un
besoin d'intérêt général alors que le dit besoin relevait de sa mission lui dévolue par la
constitution.
À ce jour, beaucoup de familles en RDC en général et dans la ville de Kinshasa
en particulier trouvent difficilement de quoi manger, subvenir à leurs besoins divers grâce au
petit commerce (que les kinois appellent mombongo). Il s'avère que depuis une décennie, la vie
est devenue dure en RDC et les familles souffrent jour et nuit pour chercher le moyen de
188
G.THOMAS FLEINER., Op.cit., pp.435-458.
189
Ibidem
82
190
MICHAEL LIPSKY et STEVEN RATHGEB (S.)., traduit par GARELLA, Financement exceptionnel,
contractualisation publique/privée particulière, innovation exceptionnelle, dispositif ciblé sur les besoins
immédiats et focalisés sur des solutions de court terme [en ligne] consulté sur
htpps//www.journals.openedition.org, le 09 février à 18h18'.
83
s'était produit causant ainsi la mort de plusieurs de nos compatriotes par électrocution. À en
croire, l'État avait tous les moyens en sa possession pour intervenir afin d'apporter la solution
si minime soit-elle, à ce besoin d'intérêt général; et l'État s'est totalement abstenu sans aucune
intervention majeure. Cette abstention est, à notre sens coupable et devra engager la
responsabilité de l'État.
b. L'intervention envisagée dans le sens de la prévention
Admettons que l'État justifierait sa défaillance par manque des moyens
financiers colossaux pour prendre en charge tous les besoins urgents éprouvés par la population
sur l'étendue du territoire national au même moment, c'est pour autant qu'il manquait d'autres
options pour éviter ce drame ?
Il importe de rappeler encore que la population du coin de Matadi kibala faisait
de l'emprise des lignes à haute tension, un lieu d'échanges commerciaux par faute d'avoir un
marché public, courait déjà un danger imminent dans la mesure où, ces lignes transportent une
grande quantité d'électricité susceptible de causer de dommages considérables lorsqu'il ya
coupure d'un câble qui entre directement en contact avec la population.
Conscient de ce danger, un arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993
avait été signe pour faire des lignes passage des câbles à haute tension, une servitude, c'est-à-
dire un endroit auquel la population n'est autorisée d'y habiter ou de construire des locaux de
nature à y exercer des activités commerciales .
De ce fait, il découle d'ailleurs de l'obligation de l'État, connaissant le danger que
présente les emprises des lignes à haute tension, de s'assurer que dans cette servitude aucune
personne, aucune construction ne pouvait s'y retrouvée. l'État devrait procéder à l'aide des
actions concrètes sur le terrain en deguerpissant toutes ces personnes occupatrices de cette
servitude. La police devrait en principe, s'investir de cette tâche avec l'accompagnement de
l'État. De ce prisme, il est évident que l'État avait sensiblement failli à sa mission de prospection
de la population face à ce danger jugé imminent auquel elle (la population) s'exposait. Ne pas
intervenir en amont pour prévenir le drame rend coupable et, devra engager sa responsabilité.
B. Fondement tiré du non respect de la loi et des règles urbanistiques
Dans une ville moderne, les constructions ne s'érigent pas comme à la campagne
ou chaqu'un le fait de sa manière selon ses préférences; elles ne se font pas d'une manière
désordonnée non plus, mais suivant l'observance de certaines règles: l'intéressé est sensé obtenir
un contrat d'occupation auprès des services cadastraux et est assujetti au respect des règles
urbanistiques. Cela témoigne que ce processus n'est pas automatique, elle est longue et prend
84
assez de temps pour permettre aux services de l'État en la matière d'appliquer leur pouvoir de
contrôle à l'égard de l'intéressé qui est sensé respect les règles en la matière.
En effet, les servitudes légales ne sont pas destinées à être habitées. Dans le
contexte actuel, il s'observe dans la ville de Kinshasa que la quasi-totalité de voies de passage
des lignes haute tension sont occupées par les populations qui y érigent des constructions ou y
exercent des activités de type commerciale sous le regard impuissant de l'État qui, devrait faire
respecter la loi en usant de son pouvoir de contrainte.
Un autre fait criant est celui se rapportant à l'amateurisme des services fonciers,
de l'urbanisme et habitat qui octroient des titres de propriété et autorisation de bâtir dans des
espaces frappés de servitude par la loi. Est-ce l'ignorance de la loi ou tout simplement de la
mauvaise foi?
Rappelons tout de même que les services fonciers, de l'urbanisme et l'habitat ne
peuvent, en aucun cas, se cacher derrière l'ignorance de la loi pour justifier ses comportements
maladroits, ils sont sensés connaître la loi plus que quiconque. Cette attitude est sans cesse
regardée comme constituant l'une des causes du drame, pour le simple motif que sans
l'occupation de ce lieu, le drame ne se serait pas réalisé de la ma manière dont elle s'est réalisée.
À ce niveau aussi, l'on retient la responsabilité de l'État via les actes maladroits accomplis par
ses services.
Section 3: MISE EN OEUVRE DES DROITS DES VICTIMES
Aussitôt les conditions de la responsabilité sont réunies. Il naît une obligation
dans le chef de celui-ci un dommage au profit de celui qui l'a subi. Chaque fois que la victime
n'obtient pas à l'amiable la réparation du préjudice éprouvé, elle doit exercer une action en
justice (1). Le procès en responsabilité civile a une importance particulière. Le fait constitutif
d'un dommage balise la voie à une réparation du dommage, mais cette obligation se révèle
encore informe, c'est en quelque sorte un rouage inerte. Il faut l'intervention d'un procès en
responsabilité pour la transformer en une dette précise en terme des dommages-interêts. Ce qui
fait que le jugement auquel abouti l'action en responsabilité ou la décision d'un arrangement à
l'amiable a un caractère non pas déclaratif comme il en est le cas de la plupart de jugements,
mais constitutif, créateur de droit dans ce sens qu'elle fait partie désormais du patrimoine de la
victime.
85
191
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.116.
192
JAY et ASSOCIATES (Bloc du cabinet d'avocats)., Transaction en droit du travail congolais: Attention à
l'évolution de la loi de 2002 à 2016[en ligne] consulté sur htpps//www.legavox.fr le 12 février 2023 à 12h55'.
193
A. Rubbens, Droit judiciaire congolais, tome1, PUC, Kinshasa, 2012, p.12.
194
P.MALAURIE et L.AYNES., Op.ct., p.120.
86
195
P.MALAURIE et L.AYNES., Op.cit., p.124.
87
196
P. LUTUMBA wa LUTUMBA., Notes de cours de droit des obligations, deuxième graduat, faculté de droit,
unikin, 2018-2019, inédit.
197
Loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l'ordre
judiciaire, art.107.
198
Code penal congolais, art. 53.
88
constituant partie civile, fera que le juge saisi puisse aussi accorder les allocations d’office des
dommages intérêts en vertu de l’article 107 du code d’OCJ qui dispose que : « l’action en
réparation du dommage causé par une infraction peut être poursuivie en même temps que
l’action publique et devant le même juge. Il en est de même des demandes de dommages-
intérêts formés par le prévenu contre la partie civile ou contre les co-prévenus ».
En effet, le juge civil s'il était déjà saisi doit surseoir à statuer tant qu’il n’a pas
été statué définitivement sur l’action publique. Cela en vertu du principe général du droit « le
criminel tient le civil en état », principe dont le fondement est pour certains auteurs
l’ordonnance-législative de l’administrateur général au Congo du 14 mai 1886 sur les principes
à suivre dans les décisions judiciaires en son article premier: « Quant la matière n’est pas prévue
par un décret, un arrêté ou une ordonnance déjà promulgués, les contestations qui sont de la
compétence des tribunaux du Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes
généraux du droit et l’équité ».
Le professeur Vincent KANGULUMBA199 quant à lui trouve le fondement de
ce principe dans l’article 116 du code d’O.C.J plutôt que dans cette ordonnance législative qui
dispose à ses alinéas 1 & 2 « si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, les cours
et tribunaux appliquent celle-ci, pour autant qu’elle soit conforme aux lois et à l’ordre public.
En cas d’absence de coutume ou lorsque la coutume n’est pas conforme aux lois et à l’ordre
public, les cours et tribunaux s’inspirent des principes généraux du droit ». L’application
correcte du principe : « le criminel tient le civil en état » signifie que le juge civil a l’obligation
de vérifier si le procès répressif invoqué peut avoir une influence sur le procès civil. Cet adage
indique que les juridictions civiles, saisies d'une cause connexe avec une affaire repressive,
doivent surseoir à statuer jusqu'à ce que le procès pénal soit vidé.200
Il ressort qu'avant toute décision de surseance, il faut préalablement que:
- Que le juge civile se trouve dans l'impossibilité de se prononcer sur la demande civile
sans préjuger des faits de la responsabilité sur lesquels la juridiction répressive est
appelée à se prononcer201;
- Que les poursuites soient effectivement entamées, soit par l'ouverture de l'instruction
soit par la citation directe202 .
199
V.KANGULUMBA., L'ordonnance de l'administrateur général du 14 mai 1886: un ancêtre révéré en droit
congolais ? Propres critiques sur l'application d'un texte dégénéré, in Revue de droit Africain (RDA), RDJA,
p.329.
200
A.RUBBENS, Droit judiciaire congolais, tome 1, PUC, Kinshasa, 2012, p.77.
201
L'shi, 13 Août 1971, R.J, 1972, p.66.
202
A.RUBBENS., Op.cit., p.77.
89
En effet, cette surseance 203 doit être décrétée même si les poursuites sont
entamées après l'introduction et l'instruction de l'affaire civile; si la clôture des débats est déjà
été prononcée, l'ouverture des poursuites justifie une réouverture des débats. La surseance ne
prend fin que lorsque le jugement répressif est coulé en force des choses jugées.
Toutes fois, en ce qui concerne le principe de l’autorité de la chose jugée au
pénal, nous relevons que si une personne est condamnée au pénal, cela entraine forcement faute
civile et, s’il y a dommage prouvé, il y a des allocations des dommages et intérêts. Mais, en cas
d’acquittement au pénal, il n’y a pas en principe nécessairement absence de responsabilité au
civil. L’action publique peut être éteinte, mais l’action civile subsiste contre les héritiers. Dans
cette dernière hypothèse, l’action civile peut être menée par les ayants-droit contre l’auteur du
dommage. Si la victime n’exerce pas l’action en responsabilité civile dans le délai, celle-ci peut
se prescrire.
3. La prescription de l’action en responsabilité
L’action en responsabilité peut être prescrite selon que le fait des installations de
la SNEL donnant par conséquent lieu au dommage est purement civil ou pénal. De ce fait, La
prescription désigne la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n'est
plus recevable. La prescription est un mode légal d'acquisition ou d'extinction de droits par le
simple fait de leur possession pendant une certaine durée.
La question de la prescription est réglée par l'article 613 du code civil, lorsqu'il
disposition : “la prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer par un certain laps de
temps et sous les conditions terminées par la loi”. Se faisant, nous n'avons guère trouvé la
jurisprudence en la matière.
a. Action civile
Lorsque le titulaire d’un droit est resté trop longtemps sans l'exercer, il y alieu
de présumer que son droit est éteint. Elle dispense également les débiteurs qui se sont acquittés
de leur obligation du soin de conserver indéfiniment leur quittance.
Toutefois, la victime peut renoncer à l’action en réparation. Mais celle-ci doit
intervenir qu’après le dommage, c'est-à-dire une fois que la créance en indemnisation sera née
dans le patrimoine de la victime. Cela signifie en d’autres termes, qu’avant, il ne peut y avoir
de renonciation à l’action en réparation car, celle-ci est d’ordre public.
La victime d’une infraction peut aussi voir son action éteinte.204
203
A.RUBBENS., Op.cit., p.66.
204
https://congovirtuel.com/page_lukusa.php consulté le 26 février 2023 à 1h56'.
90
b. Action pénale
Lorsque la victime veut obtenir une indemnisation découlant d’une infraction,
celle-ci doit se constituer partie civile. C’est aux termes de disposition de l’article 24 du code
pénal que l’on donne la solution sur la prescription en matière répressive. Il dispose en effet
que :
« L’action publique résultant d’une infraction sera prescrite :
1. Après un an révolu, si l’infraction n’est punie que d’une peine d’amende, ou si le
maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas une année ;
2. Après trois ans révolus, si le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas
cinq années ;
3. Après dix ans révolus, si l’infraction peut entrainer plus de cinq années de servitude
pénale ou la peine de mort ».
Aux termes de l'article 107 du code d’O.C.J, il se révèle que le juge répressif
peut accorder d’office des allocations à la victime d’une infraction qui résulte d’un dommage
des installations de la SNEL. A cet effet, la victime joint son action civile à l'action pénale
intentée par le ministère public.
4. Étude des modes de réparation du préjudice
Si la responsabilité pénale a pour but la peine infligée au délinquant, la
responsabilité civile trouve sa finalité dans la reparation.205 Il vise à remettre la victime dans la
situation où elle se serait trouvée si l'acte dommageable ne s'était pas produit. A cette fin, les
modes de réparation soulèvent deux séries de questions: la réparation doit elle se faire en nature
ou en argent ?
a. Réparation en nature ou en argent ?
La doctrine est partagée sur la question de savoir si la réparation doit être faite
en nature ou en argent. Certains auteurs écartent complètement la possibilité pour le juge
d'ordonner une réparation aussi bien en matière contractuelle que extra-contractuelle; d'autres
en font le principe. En fait tout dépend de la nature du préjudice, 3 règles domine cette question:
Il est des cas ou la réparation en nature est quasiment impossible : le cas par exemple
d'un dommage ayant entrainé la mort de la victime tel est le cas du drame ayant causé
la mort de plusieurs personnes, dans ce cas, la Snel ou l'État ne peut pas restituer aux
205
L.Ripert, la réparation dans la responsabilité délictuelle, thèse, Paris, Gren.oble, 1938; G. Viney et Markesinis,
la réparation du dommage corporel. Essai de comparaison des droits anglais et français, 1985 Cité par Boris
Starck, Henri Roland et Laurent Boyer, Op.cit., p.491.
91
206
P. MALAURIE L.AYNES, Op.cit., pp.146-147.
207
Idem., Op.cit., p.146.
92
devrait produire d'intérêts moratoires que du jour où par le jour où il a été calculé par
un jugement de condamnation208;
- Rente viagère: la condamnation à une rente viagère est souvent employé afin de réparer
les dommages corporels ayant entrainé une incapacité permanente ou en cas de décès
des parents laissant des jeunes enfants. Elle compense effectivement le préjudice auquel
elle s'adapte puisqu'elle s'échelonne dans le temps.
5. Caractères de la réparation
La réparation d'un préjudice soulève deux principales préoccupations
notamment sur les fonctions de celle-ci. Ainsi deux principales fonctions ou caractères s'en
dégagent: la réparation a une fonction compensatoire et est intégrale.
a. Caractère integral de la réparation
Cette fonction de la réparation consiste en la restitution ou au retablissement à
la situation antérieure au dommage. Il en est ainsi de la restitution des avantages divers à titres
de compensation (jouissance d'un bien, droit de préfèrence, etc.)
De ce fait, on peut estimer que réparer un dommage, c'est bien faire en sorte qu'il
y ait rétablissement à la situation antérieure. Il est fort de constater qu'un tel rétablissement n'est
toujours pas possible dans bien de cas. Ainsi, le droit ne saurait ressuscité les morts causés!
Réparer dans ces cas est, non seulement rétablir une situation, mais compenser un dommage
[...].209 Dans cette perspective, les décisions du juge peuvent être assez diverses.
b. Caractère integral de la réparation
Les circonstances dans lesquelles s'est produit le dommage peuvent, le cas
échéant, empêcher à la Victime d'obtenir un rétablissement du statu quo ante. Sous ce prisme,
on peut affirmer qu'elle a droit en principe, à une réparation intégrale nonobstant que
l'évaluation du préjudice semble être une casse tête.
La condamnation ne doit réparer que le dommage retenu à charge du responsable.
La victime doit être remise exactement dans son état antérieur à l'accident, restitutio in integrum.
Du moins, autant qu'il est possible au juge surtout par analogie du réalisme210.
Difficulté de la réparation intégrale liée à l'évaluation: on peut s'interroger s'il est facile
de réparer le dommage rien que le dommage. Que faudra-t-il décider le juge lorsque le
208
P. MALAURIE L.AYNES., Op.cit., p.46.
209
ROBERT J.H cité par TERRE, SMILER et LEQUETTE, Droit civil les obligations, huitième édition, Dalloz,
Paris, p.794.
210
J.CARBONNIER., Droit civil : les obligations, PUF, Paris, 1956, p.447.
93
dommage a causé la perte de la vie humaine comme il est le cas du drame de Matadi
kibala, cette vie pourra-t-elle être remplacée par une autre?
Dans cette pareille circonstance l'évaluation de l'indemnité est destiné à
compenser le dommage et non la restitution de ce qui est perdu à la suite du dommage.
Ainsi, le principe de la réparation intégrale qui veut que le dommage soit réparé
entièrement et rien que le dommage, trouve les limites dues principalement à des difficultés
d'évaluation des dommages, partant de l'étendue de la réparation elle même, peut se faire sous
plusieurs formes qui constituent autant d'éléments rendant difficile voire impossible
l'application stricte du principe de la réparation intégrale.
§2. Examen des quelques décisions de justice sur le dommages causés par les installations
de la SNEL
A. Voie extrajudiciaire (transaction)
Le présent point a pour objet l’analyse des dossiers relatifs à des électrocutions
et électrisations recueillies auprès de la division juridique de la SNEL et dans des cours et
tribunaux.
L’analyse des dossiers se fait en deux temps : un premier temps présentant les
faits et un second ou l’on critique le traitement apporté par la SNEL à ces dossiers.
1. Dossier électrisation
Cas de monsieur QI Rappel des faits :
En date du 15 Avril 2004, devant un kiosque de vente installée au croisement
des avenues Tshuapa et Bokasa, C/Kinshasa, madame QI, à sa descente d’un minibus, avait
marché sur un câble BT du départ 04 de la cabine LUVUA II. De cet incident, madame QI s’en
est sortie avec des brûlures au niveau des deux jambes.
Après avoir pris en charge les soins de son épouse, monsieur J.C, a sollicité de
la SNEL un règlement à l’amiable du litige né de cette électrisation. Après discussions, les deux
parties conviennent sur le montant de 1500 $ américains à payer par la SNEL au titre de
réparation de tous les préjudices subis.
Evaluation médico-légal du dommage révèle l’incapacité physique permanente
de 5%.
Discussions en droit
Le dommage causé à madame QI est un dommage corporel qui donne lieu à
réparation. La responsabilité de la SNEL est engagée sur pied de l’article 260 alinéas 1, CCCL
III. En effet, la SNEL en tant que gardienne de la chose ayant causé le dommage, est responsable
du fait de n’avoir pas veillé au maintien de sa chose en bon état d’usage et de fonctionnement
94
tel que lui est recommandé par le cahier des charges générales relatif à la distribution publique
de l’énergie électrique en son article 10.
D’un point de vue pénal, ce fait, est constitutif de l’infraction de coups et
blessures involontaires, infraction prévue à l’article 52, CP et, puni de servitude pénale de 8
jours à 1 an et d’une amende de 50 à 500 FC ou d’une de ces peines seulement, (article 54 CP).
Cette responsabilité repose sur le fait que le dommage causé est dû au défaut de prévoyance ou
de précaution de la SNEL. Ceci aurait débouché sur la condamnation du responsable des
activités de la SNEL dans le secteur ne laissant à la SNEL que la charge de payer les dommages
et intérêts parce qu’étant l’employeur de celui sur qui pèse la responsabilité pénale donnant lieu
à la réparation.
De la réparation
La réparation de ce dommage a donné lieu à une évaluation préalable du médecin
légal. Mais, la convention de règlement amiable signée mentionne l’engagement des parties au
respect de celui-ci, notamment celle de la victime à n’entreprendre aucune autre action pour
obtenir un quelque conque paiement en rapport avec ledit préjudice.
Toutefois, la convention peut être révoquée dans les cas prévus par la loi,
notamment les cas du dol, lésion ou de survenance de dommage ultérieurement à la convention
mais, toujours lié à l’électrisation dont elle a été victime. C’est là même la portée du principe
de la réparation intégrale : tout le dommage rien que le dommage. Peu importe que celui-ci ne
soit pas apparu, et donc pas pris en compte lors de la signature de la convention :
2. Dossier d'électrocution
B. Voie judiciaire
a. Dossier électrocution au civil
Cas de dossier Z.K
Rappel des faits En date du 04 Janvier 2002, le nommé KK, fils de monsieur
Z.K, âgé de 14 ans, est mort électrocuté sur le réseau SNEL qui pris en charge, les funérailles.
Dans sa requête adressée à la SNEL, monsieur Z.K sollicita le paiement de
500.000 $ américains de dommage intérêts pour tous préjudices confondus. N’ayant pas obtenu
de suite favorable, il assigna la SNEL devant le TGI/Gombe qui lui alloue 25.000 $ américains
à titre de dommages intérêts, jugement rendu sous R.C 81.216 en date du 17 Août 2004.
Estimant que la somme lui allouée était insatisfaisante, il interjeta appel contre
la décision du premier juge devant la cour d’appel de Kinshasa/Gombe, sous R.C 23.268 qui,
elle, a porté ce montant à 40 000 $ américains dans son arrêt rendu en date du 23 Mars 2006.
95
La SNEL ayant perdu ce procès, elle estima sage de n’intenter aucune action
judiciaire et invita monsieur Z.K à signer avec elle un accord de règlement à l’amiable et épura
complètement sa dette au mois d’Août 2007.
employés SNEL (ici opposant) cités et les en acquitte sans frais, se déclare incompétent pour
statuer sur les dommages intérêts postulés et met les frais d’instance à charge des citant.
Le juge d’appel statuant, après réouverture des débats, estime que les préposés
de SNEL ont commis une faute pénale dit établi en fait comme en droit l’infraction d’homicide
involontaire à charge de monsieur BK et MNZ, dit qu’ils ne subiront aucune peine ; condamne
la SNEL, civilement responsable aux paiements des dommages intérêts de 20.000 $ américains
et met les frais d’instance à charge des intimés.
Le dernier juge a dit le droit de la bonne manière en reconnaissant la
responsabilité pénale des agents SNEL tout en ne les condamnant pas pour autant à subir de
peine et met à charge de la SNEL le paiement des dommages intérêts.
CRITIQUE
La responsabilité civile pour faire des choses prévue à l'article 260, al.1 du code
civil est une responsabilité basée sur la faute. En effet, le défaut d'entretien et de surveillance
du gardien de la chose incriminée laisse présager la faute de celui-ci, qui doit par la suite
engagée sa responsabilité civile. D'où, la responsabilité civile pour fait des choses n'est jamais
engagée automatiquement: le juge cherche toujours à connaître si la personne qui en assurer la
garde, si le dommage qui se produit résulterait de son défaut d'entretien ou de surveillance. Un
tel paradigme réduirait la chance des victimes d'obtenir réparation du préjudice par elles subies.
Car le responsable peut invoquer les causes d'exonération notamment la faute de la victime elle.
Et le juge n'étant soumis qu'à l'autorité de la loi peut facilement être tenté de laisser la victime
sans réparation.
Pour éviter ce genre de situation, le juge doit être très prudent et doit prendre en
compte le fait que les les installations de la Snel, notamment les câbles de haute tension sont de
choses bien sûr mais des choses particulières compte tenu du danger qu'elles représentent : un
danger imminent et permanent.
De ce fait, il doit en cas de dommage causé par ces institutions, établir la
responsabilité civile de la Snel non seulement sur base de l'article 260, al.1 du code civil, mais
également et surtout sur base de la théorie des risques en dispensant aux victimes l'obligation
de prouver la faute de la Snel S.A comme gardien de la chose. Cette vision va de pair avec le
fondement actuellement de la responsabilité civile qui n'est pas basée sur la faute mais plutôt
sur le soucis ardent d'apporter le remède à la victime de l'accident (la réparation).
97
CONCLUSION
Dans le cadre du présent travail intitulé “la réparation du préjudice dans la
responsabilité civile de plein droit : regard rétrospectif sur l'indemnisation des victimes du
drame de Matadi kibala”, nous avons observé que la problématique que nous avons constitué
tout au début de nos recherches valait son pesant d'or. Il s'est agi, en substance dans le cadre
de cette étude de relever le responsable sur la tête duquel pouvait être porté la charge
d'indemniser les victimes; étudier les possibilités que le code civil nous offre afin de faciliter
aux victimes d'acquérir ses droits qui étaient déjà nés le jour du drame, dans le but d'apporter
les solutions idoines qui favoriseront le respect des droits des victimes.
De ce fait, notre problématique a essentiellement tournée autour des questions
suivantes :
1. À qui revient-il l'obligation d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala? Est-
ce au au gouvernement central entant qu'autorité publique de régulation, au
gouvernement provincial en tant que gestionnaire de la province de Kinshasa : lieu dans
lequel le drame s'est réalisé, ou tout simplement à la snel entant que société productrice,
transportatrice et commerçante de l'énergie électrique ?
2. Ce drame ne pouvait-il pas être éviter ?
3. Quelles solutions le code civil livre 3 offrait-il aux victimes afin de favoriser leur
indemnisation?
Puisqu'il s'agit de la question de la responsabilité civile avant tout, il nous a
préalablement paru important de préciser tout d'abord son contexte historico-evolutif avant
d'indiquer les conditions et la mise en oeuvre des droits des victimes.Puisqu'il en est ainsi, nous
avons relevé à ce sujet que la responsabilité civile est l'obligation qui incombe à l'auteur du
dommage d'indemniser la victime.
Avant l'avènement du code Napoléon est la vengeance privée qu'on a appelé la
“vindicte”. Il s'agissait de la vengeance reconnue à la victime du dommage ou sa famille contre
l'auteur . De ce fait, la victime d'un vol se venge par lui-même ou par les siens afin d'apaiser le
mal qui l'a frappé, puis plutard pour punir le coupable. D'où la responsabilité avait une double
facette: une réparation qui apporte un remède au mal et une punition que l'on inflige à l'auteur
du dommage. À ce temps là, la responsabilité civile n'était pas encore libérée du joug de la
responsabilité pénale.
Peu à peu après l'époque antique marquée par la vengeance privée, s'en est suivi
l'époque où la responsabilité était dominée par le système de la composition pécuniaire. Dans
ce système les différents délits étaient énumérés d'avance en chiffrant pour chacun le prix de la
98
Pour clore cette étude, nous avons examiné la question relative à la mise en
œuvre de droit des victimes, où il a été question d'identifier les personnes sur la tête desquelles
devraient être portées la charge d'indemniser des victimes. Sur cette question pertinente, il
s'agissait plus précisément de répondre à la première question de notre problématique.
En premier lieu, nous avons attribué la charge d'indemniser les victimes à la Snel
en se fondant sur la théorie des risques. Nous avons démontré que le câble haute tension fait
partie des installations de la Snel. Selon cette théorie avons nous dit, il était logique pour celui
qui crée les risques ou qui profite de l'activité à risque de réparer le dommage dont cette activité
à risque est susceptible de générer. Et pour cela, il est logique pour la Snel de prendre en charge
toutes les victimes des dommages qui résulteraient du fait de ses installations ou de la coupure
des câbles à haute tension ayant causer dommage. D'où, avons affirmé la responsabilité de la
Snel d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala.
En second lieu, nous avons démontré la responsabilité de l'État congolais. À ce
sujet, nous avons établi le fondement de sa responsabilité en démontrant le rôle préventif qu'il
était sensé jouer. Certes, il était de l'obligation de l'État de prendre en charge les besoins
d'intérêt général ressentis par la population, c'est le moyen le plus éloquent qui fait sentir la
présence de l'État au près de la population. Les besoins sont infiniment nombreux dans un Etat
comme le nôtre, mais l'État est appelé à satisfaire ceux qui sont urgents avec impact social
visible. La population de Matadi kibala en avait éprouvé un et avait besoin que l'État agisse
(construir un marché public pour le compte de la population de cette contrée de Matadi kibala)
afin de permettre aux mamans commerçantes de ce coin de réaliser les échanges commerciaux
avec beaucoup plus de quiétude. Chose qui n'étant pas faite et la population s'étant alors décidée
d'utiliser d'un espace non constructible frappé de service par l'arrêté interministériel n°0021 du
29 octobre 1993 sur les servitudes. Face à cette réaction de la population inadaptée, l'État
quoique faillible à sa première mission de pourvoyeur des besoins d'intérêt général, il devrait
en principe faire respecter cet arrêté interministériel qui interdit toutes contribution et habitation
dans les emprises des lignes de haute tension en prenant des mesures idoines qui s'imposent en
deguerpisant toutes ces personnes occupatrices des emprises des lignes de haute tension,
notamment celles qui occupaient l'emprise de passage de ligne haute tension de Matadi kibala
sur les pilonnes 181 et 182. D'où, l'État est regardé comme défaillant à sa mission de faire
respecter cet arrêté interministériel et de prévenir des troubles à l'ordre public. C'est de cette
occurrence que nous avons relevé la responsabilité de l'État congolais.
À cet effet, après l'examen de la procédure que les victimes devront suivre devant
les juridictions civiles ou pénales pour arriver à recevoir de la Snel et de l'État congolais
100
l'indemnisation de leur préjudice éprouvé ont également fait l'objet d'une longue analyse. Nous
avons relevé en ce qui concerne la responsabilité civile pour fait des choses, que le code civil,
livre 3 prévoit une possibilité pour toute personne victime d'un dommage causé par le fait d'une
chose de se voir être retablie à sa situation antérieure comme si le dommage n'avait jamais eu
lieu. Pour y parvenir, il faut que la victime obtienne réparation du préjudice qu'elle a subi. Il
faut pour cela que la chose incriminée soit sous le contrôle ou pouvoir d'une personne
déterminée (la garde).
Les décisions de justice sur cette matière démontrent que les juges n'ont usé d'un
seul fondement pour déterminer la responsabilité de la Snel S.A, ils se fondent sur les prescrits
de l'article 260 al.1 du code civil. Nous avons démontré dans la critique que nous avons adressé
à ces décisions de justice que ce fondement n'était pas adapté à fonction actuel de la
responsabilité civile qui ne vise pas la faute pour qu'il ait indemnisation, mais par contre le
simple dommage si minime soit-il suffit pour que la victime optienne réparation. Or, en se
fondant sur l'article 260 al.1 du code civil, livre 3 le gardien de la chose peut être exonéré en
prouvant que le dommage aurait resulté du fait de la force majeure ou de la faute exclusive de
la victime. D'ou, la théorie des risques était le meilleur fondement de la responsabilité surtout
en ce qui concerne les activités des entreprises susceptibles de causer des dommages, afin de
permettre aux victimes d'être rétablies dans leur droit en bénéficiant des indemnités dus au
préjudice subi. Ceci nous pousse à formuler les suggestions suivantes à l'État et la Snel S.A:
Identifiez tous les sites à problème et prendre le courage de délocaliser tous les
occupants illégaux sans délai
Qu'il soit prévu un fonds de garantie pour l'indemnisation des victimes d'électrocution
et d'électrisation ou carrément que la Sonas prevoye une police d'assurance obligatoire
pour les victimes d'électrocution
Que le ministère public fasse respecter formellement les prescrits de l'article 120.9 de
loi n°14/11 du 17 juin 2014 relative d'électricité qui interdit formellement la
construction ou l'autorisation de construire sur les lignes électriques en appliquant les
peines prévues 125 la même loi qui prévoit une peine de 6 à 12 mois de servitude pénale
et une amende de l'ordre de 1.000.000 à 10.000.000 de Frans congolais;
Que la Snel s'investit dans la campagne de sensibilisation de la population en leur
rappelant les risques qu'il ya en essayant d'occuper les lieux de passage des lignes
électriques, leur rappeler aussi que ce comportement est érigé en infraction et peut
donner lieu à des poursuites pénales à l'égard de l'intéressé.
101
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES JURIDIQUES
A. Textes Nationaux
1. Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du 20
janvier 2011.
2. Loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence
des juridictions de l'ordre judiciaire.
3. Loi congolaise du 10 juillet 1974 portant responsabilité civile, obligatoire des bâtiments
communaux, administratifs et autres contre l'incendie, in jour officiel 15 août 1974.
4. Décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations contractuelles.
5. Arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993, art.1 point 4.
6. Constitution de la République Démocratique du Congo telle que révisée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011.
7. Loi organique n°11/013 du 11 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de la
police nationale congolaise.
8. Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal.
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1. Déclaration Universelle des droits de l'Homme proclamée par l'assemblée générale des
nations unies dans sa résolution 217(3), du 10 décembre 1948.
2. Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981, entrée en vigeuer
le 21 octobre 1986.
II. JURISPRIDENCES
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2. A.ABBAS., Précis du droit pénal général, Bruylant, Bruxelles, 1936.
3. A.D PEYRUSSE., Droit civil : les obligations, tome 1, CNFPT.
102
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1973.
4. Revue congolaise de droit, Kinshasa, ONRD, 1971.
5. SOCRATE LISANGA MANDEFU., Responsabilité pénale des personnes morales en
droit positif congolais: approche comparative sur le droit belge et français in IJRDO-
journal of Law and cybercrime.
6. V.KANGULUMBA., L'ordonnance de l'administrateur général du 14 mai 1886: un
ancêtre révéré en droit congolais ? Propres critiques sur l'application d'un texte
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B. MEMMOIRE
- SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimetisme institutionnel en République
démocratique du Congo: critique et perspectives d’avenir, mémoire de Licence, faculte
de ScienceS PolitiqueS et Administratives, unikin, 2021-2022.
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1. MBAU SUKISA (D.)., Manuel des grands services de l'État, faculté de droit, unikin,
2020-2021, inédit.
2. Mme HEBRAND., Cours polycopié de théorie générale des obligations. 2e année.
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3. P. LUTUMBA wa LUTUMBA., Notes de cours de droit des obligations, deuxième
graduat, faculté de droit, unikin, 2018-2019, inédit. B. DUBUISSON., Cours polycopié
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4. P. MUTEBA TSHIMANGA., Notes de cours de progrès technique et Responsabilité
civile, unikin, faculté de droit, 2020-2021, inédit.
5. POTO MACRAEM., Notes de cours de droit des assurances, faculté de droit, Unikin,
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- SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimétisme institutionnel en République
Démocratique du Congo : analyse critique et perspectives d’avenir, mémoire de licence,
faculté des sciences politiques et administratives, unikin, 2021-2022.
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inédit.
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- GARELLA, Financement exceptionnel, contractualisation publique/privée
particulière, innovation exceptionnelle, dispositif ciblé sur les besoins immédiats et
focalisés sur des solutions de court terme [en ligne] consulté sur
htpps//www.journals.openedition.org, le 09 février.
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2023.
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Le fondement actuel de la responsabilité civile n'est pas toujours la faute comme il en a été le cas à
l'époque classique mais plutôt la réparation. Lorsqu'une personne est atteinte par un préjudice dans
sa chair ou dans ses biens, son soucis majeur est d'obtenir réparation de la manière la plus efficace
possible. Les victimes du drame de Matadi Kibala méritent d'être indemnisés de la part de l'État
d'une part et de la SNEL de l'autre part. Cette responsabilité étant aisni fondée sur les dispositions
du code civil (258, 260 al.1) et de l'article 147 de l constitution d'une part, et sur la théorie des
risques d'autre part: tout celui qui crée le risque ou profite des revenus génerés par cette activité,
doit indamniser les dommages generés par elle. Pour ce faire, les parties devront favoriser beaucoup
plus la voie extrajudiciaire pour permettre aux victimes d'être rétablies dans leur droit de la manière
la plus prompte que possible, car la voie judiciaire étant très longue et coûteuse pour les victimes.