Analysie
Analysie
Analysie
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
5 10 15 20 25 30
-0.1
-0.2
-0.3
« Mais je n’ai nulle envie d’aller chez les fous », fit remarquer Alice.
« Oh ! vous ne sauriez faire autrement », dit le Chat. « Ici, tout le monde
est fou. Je suis fou. Vous êtes folle. »
« Comment savez-vous que je suis folle ? » demanda Alice.
« Il faut croire que vous l’êtes », répondit le Chat ; « sinon, vous ne seriez
pas venue ici. »
1 Avant-propos 1
3 Fonctions, approximations 11
4 Continuité, dérivabilité 17
6 Séries numériques 49
6.1 Formule d’Abel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
6.2 Fonction zêta de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
6.3 Tests de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
6.4 Groupement de termes, comparaison et interversion . . . . . . . . . . . 63
7 Séries de fonctions 73
7.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
7.2 Séries entières sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
7.3 Séries entières sur C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
7.4 Séries de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
v
vi TABLE DES MATIÈRES
12 Probabilités 221
12.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
12.2 Processus de Galton-Watson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
12.3 Loi normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
12.4 Entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
12.5 Groupes et probabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
12.6 Arithmétique et probabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
12.7 Théorème de Perron-Frobenius . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
12.8 Théorème de Weierstrass – preuve probabiliste . . . . . . . . . . . . . . 252
12.9 Droite des moindres carrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
13 Géométrie 257
Avant-propos
Benjamin : On commence le matin par une matière difficile puis pause déj. 40
minutes, une matière faille jusqu’à 17h, pause goûter 20 mn. On enchaîne avec une
matière difficile. Et le soir on fait des annales jusqu’à ce qu’on soit cuit. A ce rythme
là, c’est jouable.
Antoine : Attend-tend-tend-tend-tend. Là j’en peux plus, là j’en ai marre, on fait
une pause ?
Benjamin : Ouais, carrément. Pause Stat. ? Intégrales ?
Première année, Thomas Lilti, 2018.
1
2 CHAPITRE 1. AVANT-PROPOS
Chapitre 2
Soluce
1. Si la fonction f est constante égale à k ∈ C, on a, pour n ≠ 0,
b k int b k inb ina
In = k ∫ eint dt = [e ]a = (e − e ) .
a in in
Par conséquent, on a
2k
∣In ∣ ⩽ Ð→ 0.
n n→+∞
Le résultat en découle.
2. Si f est une fonction en escaliers, il existe une subdivision a = a0 < a1 < ⋯ <
ap = b, p ⩾ 1, de l’intervalle [a, b] telle que, pour tout i ∈ {0, p − 1} :
f ∣[ai ,ai+1 ] =∶ ki ,
3
4 CHAPITRE 2. INTÉGRALES SUR UN SEGMENT
a
Chacune des intégrales ∫aii+1 f (t)eint dt tendant vers 0, d’après la question 1,
et comme la somme est finie, on en déduit le résultat désiré :
In Ð→ 0.
n→+∞
3. On sait que toute fonction continue par morceaux sur un segment est limite uni-
forme d’une suite de fonctions en escaliers. Notons (fn )n une suite de fonctions
b
en escaliers qui tend uniformément vers f . En notant In,k ∶= ∫a fk (t)eint dt, on
a
∣In ∣ = ∣In − In,k + In,k ∣ ⩽ ∣In − In,k ∣ + ∣In,k ∣.
Or, par inégalité triangulaire,
b b
∣In − In,k ∣ = ∣ ∫ (f (t) − fk (t))eint dt∣ ⩽ ∫ ∣f (t) − fk (t)∣dt.
a a
Soit ε > 0. Par convergence uniforme de (fk )k vers f , on peut choisir k suffi-
samment grand pour rendre la quantité ∣In − In,k ∣ plus petite que 2ε . En effet,
soit K ∈ N tel que, pour tout k ⩾ K,
ε
∣f (t) − fk (t)∣ ⩽ .
2(b − a)
On a bien
ε b ε
∣In − In,k ∣ ⩽ ∫ dt = .
2(b − a) a 2
On fixe k ⩾ K. En utilisant le résultat de la question 2, soit N ∈ N tel que, pour
tout n ⩾ N,
ε
∣In,k ∣ ⩽ .
2
Ainsi, pour tout n supérieur à N, on obtient :
ε ε
∣In ∣ ⩽ + = ε,
2 2
ce qui est le résultat voulu.
4. Si f est de classe C 1 , par intégration par parties, on trouve
b 1 1 b
b ′
In = ∫ f (t)eint dt = [f (t)eint ]a − ∫ f (t)e dt
int
a in in a
1 b
= (f (b)einb − f (a)eina − ∫ f ′ (t)eint dt) .
in a
Ainsi,
1 b 1
∣In ∣ ⩽ ∣ (∣f (b)∣ + ∣f (a)∣ + ∫ ∣f ′ (t)∣dt) ⩽ (∣f (b)∣ + ∣f (a)∣ + M(b − a)) ,
n a n
où M est le maximum de f ′ (qui est continue), atteint sur le compact [a, b].
On a ainsi prouvé que In tend vers 0, lorsque n tend vers l’infini, dans le cas
où f est de classe C 1 .
5
(ii) Montrer qu’il y a égalité si et seulement s’il existe des nombres com-
plexes a et b tels que :
2π 2π
f (t) = a cos t + b sin t.
T T
4πA ⩽ L2 ,
L
(i) Justifier que l’on peut supposer que ∫0 x(t)dt = 0.
(ii) Sous cette hypothèse, montrer que pour tout C > 0, on a
1 L2 L 1 L
A⩽ ⋅ 2 ∫ x′ (t)2 dt + ⋅ C ∫ y ′ (t)2 dt.
2 4π C 0 2 0
Soluce
T
1. (i) Par hypothèse, ∫0 f (t)dt = 0, donc le coefficient de Fourier de f , c0 (f ),
est nul. Comme de plus, la fonction f est de classe C 1 , par le théorème de
Dirichlet, elle est la somme de sa série de Fourier. On peut alors écrire :
∀t ∈ R, f (t) = ∑ cn (f )einωt ,
n∈Z∗
où ω = 2π
T.
6 CHAPITRE 2. INTÉGRALES SUR UN SEGMENT
cn (f ′ ) = inωcn (f ),
∣cn (f ′ )∣2
∑ ∣cn (f )∣ ⩽ ∑ n ∣cn (f )∣ = ∑
2 2 2
n∈Z∗ n∈Z∗ n∈Z ω2
Finalement, on a bien
1 T 1 1 T
′
∫ ∣f (t)∣ dt ⩽ 2 ∫ ∣f (t)∣ dt.
2 2
T 0 ω T 0
On a ainsi établi l’inégalité de Wirtinger :
T T2 T
′
∫ ∣f (t)∣2 dt ⩽ 2 ∫ ∣f (t)∣ dt.
2
0 4π 0
(ii) Supposons d’abord l’égalité. On a alors
∑ ∣cn (f )∣ = ∑ n ∣cn (f )∣ .
2 2 2
n∈Z n∈Z
∣n∣⩾2
Si la somme d’une série à termes positifs est nulle, alors, tous ses termes
sont nuls ; autrement dit, pour tout ∣n∣ ⩾ 2, cn (f ) = 0.
On obtient alors, pour tout t ∈ R :
2π 2π
f (t) = ∑ cn (f )einωt = c1 (f )eiωt + c−1 (f )e−iωt =∶ a cos t + b sin t,
n∈Z T T
1 a2 1
ab ⩽
⋅ + ⋅ Cb2 ,
2 C 2
√ √
avec égalité si et seulement si a/ C = Cb. En effet, l’inégalité est équi-
√ 2
valente à ( √a − C b) ⩾ 0.
C
1 L2 L 1 L
A⩽ ⋅ 2 ∫ (x′ )2 + ∫ C(y ′ )2 .
2 4π C 0 2 0
L2 L
= C, i.e. C = .
4π 2 C 2π
Il vient alors, en utilisant le fait que le paramétrage est normal :
1 L L
′ ′ 1 L L
′ ′ 2 1/2 L2
A⩽ ⋅ ∫ (x (t) 2
+ y (t) 2
)dt = ⋅ ∫ (x (t) 2
+ y (t) ) dt = .
2 2π 0 2 2π 0 4π
(iv) S’il y a égalité A = L2 /(4π), c’est que l’on a égalité dans le petit pilier et
dans l’inégalité de Wirtinger. D’après la question 1ii, il existe a et b tels
que pour tout t,
2π 2π
x(t) = a cos t + b sin t
L L
√
et d’après le rappel ci-dessus, √x = C y ′ , i.e. y ′ = 2π
L x.
C
8 CHAPITRE 2. INTÉGRALES SUR UN SEGMENT
On reconnaît
√ un paramétrage du cercle centré en (0, y(0)) et de rayon
r = a2 + b2 . En effet, soit t0 tel que a = r cos t0 et b = r sin t0 . Alors
x(t) = r cos 2π
L (t − t0 ) et y(t) = y(0) + r sin L (t − t0 ).
2π
2π 2 2 2
( ) (a + b ) = 1, i.e. L = 2πr,
L
et l’aire est A = L2 /(4π) = πr2 , conformément aux formules bien connues.
Exercice 3 (Irrationalité de π)
Le but de cet exercice est de démontrer que le nombre π est irrationnel. Pour ce
faire, on va raisonner par l’absurde, en supposant que
a
π= ,
b
où a et b sont des entiers naturels non nuls. Pour n ∈ N, on pose également
1 n π
Pn (x) ∶= x (a − bx)n et In = ∫ Pn (x) sin(x)dx.
n! 0
Soluce
1. Pour x ∈ ]0, π[, Pn (x) et sin(x) sont strictement positifs. Ainsi, la fonction que
l’on intègre est positive, non identiquement nulle et continue sur l’intervalle
d’intégration ; on en déduit que son intégrale, In , est strictement positive.
2. Soit x ∈ [0, π]. On a
1 n π n an
Pn (x) = x (a − bx)n ⩽ Ð→ 0.
n! n! n→+∞
On en déduit que Pn tend bien vers 0 en l’infini, comme voulu.
3. Soient n, m ∈ N. Remarquons tout d’abord que Pn est de degré 2n ; on en déduit
(m)
que, pour tout m ⩾ 2n, Pn = 0.
(m)
On a également Pn (0) = 0 pour m ⩽ n − 1 puisque, en dérivant m fois, pour
(m)
0 ⩽ m ⩽ n − 1, il va rester un facteur en x dans Pn (x).
Reste maintenant à étudier le cas où n ⩽ m ⩽ 2n. Fixons un tel m. Par la
formule de Leibniz, on a
1 m m
P(m)
n (0) =
n (k) n (m−k)
∑ ( )(x ) (0)((a − bx) ) (0).
n! k=0 k
10 CHAPITRE 2. INTÉGRALES SUR UN SEGMENT
On continue par une intégration par parties à l’intégrale ∫0 P′n (x) cos(x)dt, et
π
on trouve :
a π
In = Pn ( ) + Pn (0) + [P′n (x) sin(x)]π0 − ∫ P′′n (x) sin(x)dt
b 0
a π
′′
= Pn ( ) + Pn (0) − ∫ Pn (x) sin(x)dt.
b 0
Et ainsi de suite. Une série d’intégrations par parties nous donne alors
n π
a
In = ∑ (−1)k (P(2k)
n ( ) + P(2k)
n (0)) + (−1) ∫
n
Pn(2n) (x) sin(x)dt.
k=0 b 0
11
12 CHAPITRE 3. FONCTIONS, APPROXIMATIONS
(b) Montrer que pour tout f dans E, la suite de fonctions (hn )n∈N définie
par :
∀n ∈ N, ∀x ∈ I, hn (x) = (un (f − f (x)e0 ))(x)
Soluce
1. Notons d’abord que si f et g dans E sont tels que f ⩾ g, alors f − g ⩾ 0,
donc u(f − g) ⩾ 0, c’est-à-dire u(f ) ⩾ u(g). L’application de u aux inégalités
−∣f ∣ ⩽ f ⩽ ∣f ∣ donne alors ∣u(f )∣ ⩽ u(∣f ∣).
2. (a) La fonction f étant continue sur le segment I, elle y est, en vertu du
théorème de Heine, uniformément continue ; il existe donc bien un réel
η > 0 tel que si (t, x) ∈ I × I et ∣t − x∣ ⩽ η, alors ∣f (t) − f (x)∣ ⩽ ε.
(b) Soit maintenant (t, x) ∈ I × I :
— si ∣t − x∣ ⩽ η, alors ∣f (t) − f (x)∣ ⩽ ε ;
(t−x)2 ∣∣f ∣∣∞
— si ∣t − x∣ > η, alors η2
⩾ 1 et ∣f (t) − f (x)∣ ⩽ 2∣∣f ∣∣∞ ⩽ 2 (t − x)2 .
η2
Ainsi on a, dans les deux cas, la majoration :
∣∣f ∣∣∞
∣f (t) − f (x)∣ ⩽ ε + 2 (t − x)2 .
η2
(c) L’inégalité (2) est une réécriture de l’inégalité (1) en termes de fonctions,
en exonérant la formule de la variable t.
(d) D’après les questions précédentes, on a :
∣∣f ∣∣∞
∣u(f − f (x)e0 )∣ ⩽ u(∣f − f (x)e0 ∣) ⩽ u (εe0 + 2 (e2 − 2xe1 + x2 e0 ))
η2
∣∣f ∣∣∞
⩽ εu(e0 ) + 2 (u(e2 ) − 2xu(e1 ) + x2 u(e0 )) .
η2
∣∣gn ∣∣∞ ⩽ ∣∣un (e2 ) − e2 ∣∣∞ + ∣∣2e1 un (e1 ) − 2e2 ∣∣∞ + ∣∣e2 un (e0 ) − e2 ∣∣∞
⩽ ∣∣un (e2 ) − e2 ∣∣∞ + 2 ∣∣e1 ∣∣∞ ∣∣un (e1 ) − e1 ∣∣∞ + ∣∣e2 ∣∣∞ ∣∣un (e0 ) − e0 ∣∣∞
Par hypothèse la quantité majorante tend vers 0, donc la suite (gn )n∈N
converge uniformément vers la fonction nulle sur I.
(b) Soit n ∈ N. En récrivant l’inégalité (3) avec u = un , on obtient :
∣∣f ∣∣∞
D’où l’on déduit : ∣∣hn ∣∣∞ ⩽ ε ∣∣un (e0 )∣∣∞ +2∣∣gn ∣∣∞ . La quantité ∣∣un (e0 )∣∣∞
η2
∣∣f ∣∣
étant bornée, disons par M > 0 et puisque 2 2∞ ∣∣gn ∣∣∞ → 0 quand
η
n → +∞, il existe un entier N tel que :
∣un (f )(x) − f (x)∣ ⩽ ∣hn (x)∣ + ∣f (x)∣ ⋅ ∣un (e0 )(x) − e0 (x)∣.
On en déduit ∣∣un (f ) − f ∣∣∞ ⩽ ∣∣hn ∣∣∞ +∣∣f ∣∣∞ ∣∣un (e0 ) − e0 ∣∣∞ . Le membre de
droite de la dernière inégalité tendant vers 0 quand n → +∞, on en conclut
que (un (f ))n∈N converge uniformément vers f sur I (c’est le théorème de
Korovkin).
1. Vérifier que pour j ∈ {0, 1, 2}, la suite (Bn (ej ))n∈N converge uniformément
vers ej sur I.
2. En déduire que pour tout f dans E, la suite (Bn (f ))n∈N converge uniformé-
ment vers f sur I.
14 CHAPITRE 3. FONCTIONS, APPROXIMATIONS
3. Soit a et b deux réels tels que a < b et S = [a, b]. Montrer que le sous-espace
vectoriel R[x] des fonctions polynomiales à coefficients réels est dense dans
l’espace des fonctions continues sur S, à valeurs réelles, muni de la norme
infinie.
Soluce
1. Pour commencer, on a pour tout n
n n
k n
Bn (e0 )(x) = ∑ e0 ( ) Bn,k (x) = ∑ ( )xk (1 − x)n−k = 1 = e0 (x).
k=0 n k=0 k
n
k n
n−1 k
Bn (e1 )(x) = ∑ e1 ( ) Bn,k (x) = ∑ ( )x (1 − x)(n−1)−(k−1) = x = e1 (x)
k=0 n k=1 k − 1
2
Enfin, en itérant la formule d’absorption, il vient ( nk ) (nk) = ( ) 1 (n−1),
n k−2 + n k−1
n−1 n−2
et donc :
n
k 1 n
k 2 n
Bn (e2 )(x) = ∑ e2 ( ) Bn,k (x) = x(1 − x)n−1 + ∑ ( ) ( )xk (1 − x)n−k
k=0 n n k=2 n k
1 n−1 n n−2 k
= x(1 − x)n−1 + ∑( )x (1 − x)n−k
n n k=2 k − 2
1 n n−1 k
∑(+ )x (1 − x)n−k
n k=2 k − 1
1 n−1 2 1 n−1 2 1
= x(1 − x)n−1 + x + (x − x(1 − x)n−1 ) = x + x
n n n n n
e1 − e2
= (e2 + ) (x).
n
n
∀x ∈ I, Bn,k (x) = ( )xk (1 − x)n−k
k
On note Kn est l’opérateur linéaire (clairement) positif défini sur E par :
n k+1
1. Vérifier que pour j ∈ {0, 1, 2}, la suite (Kn (ej ))n∈N converge uniformément
vers ej sur I.
2. En déduire que pour tout f dans E, la suite (Kn (f ))n∈N converge uniformé-
ment vers f sur I.
Soluce
1. En utilisant les identités
k+1 k
(n + 1) [( )−( )] = 1,
n+1 n+1
n+1 k+1 2 k 2 n k 1
[( ) −( ) ]= ( )+
2 n+1 n+1 n+1 n 2(n + 1)
n+1 k+1 3 k 3 n2 k 2 n k 1
[( ) −( ) ]= ( ) + ( )+
3 n+1 n+1 (n + 1)2 n (n + 1)2 n 3(n + 1)2
16 CHAPITRE 3. FONCTIONS, APPROXIMATIONS
n2 n 1
Kn (e2 ) = Bn (e2 ) + Bn (e1 ) + Bn (e0 )
(n + 1) 2 (n + 1) 2 3(n + 1)2
n(n − 1) 2n 1
= e2 + e1 + e0 .
(n + 1) )
2 (n + 1) 2 3(n + 1)2 )
Remarque. L’avantage des polynômes de Kantorovich sur ceux de Bernstein est qu’ils
convergent plus finement que ces derniers. En effet, nous venons de voir que Kn (f )
converge uniformément vers f . Il se trouve que la convergence est également valable
1
1
pour la norme Lp , c’est-à-dire pour la norme (∫0 ∣f (t)∣ dt) , des fonctions continues
p
Soluce
1. L’assertion (1) signifie que f est croissante au sens large. Si l’assertion (2) est
satisfaite, alors f est croissante au sens large et, pour tout couple (x1 , x2 ), on
a de plus : f (x1 ) ⩽ f (x2 ) ⇒ x1 ⩽ x2 . Par contraposée, c’est équivalent à :
x2 < x1 ⇒ f (x2 ) < f (x1 ). Comme x1 et x2 sont quelconques, cela veut dire
que f est strictement croissante.
2. Supposons (ii). Si f (x1 ) < f (x2 ), f n’est pas décroissante ; alors, f (x2 ) > f (x3 )
donc f n’est pas croissante non plus. Sinon, c’est que f (x1 ) > f (x2 ), si bien
que f n’est pas croissante ; alors, f (x2 ) < f (x3 ) donc f n’est pas décroissante
non plus.
Réciproquement, supposons (i), c’est-à-dire que f n’est ni croissante, ni dé-
croissante. Il existe a < b et c < d dans I tels que f (a) > f (b) et f (c) < f (d).
Supposons tout d’abord f (b) ⩽ f (c). Si b ⩽ d, on a f (a) > f (b) et f (b) ⩽ f (c) <
f (d) donc on prend x1 = a, x2 = b, x3 = d. Sinon, c’est que d < b, [...]
Le cas f (b) > f (c) est analogue.
17
18 CHAPITRE 4. CONTINUITÉ, DÉRIVABILITÉ
Les trois exercices suivent nous ont été communiqués par Jean-Claude Sikorav.
Soluce
1. On fixe le réel x. Pour tout n, notons un = f n (x), de sorte que un+1 = f (un ).
Posons h ∶= f (x) − x = u1 − u0 . Comme f est strictement croissante, f respecte
les inégalités, donc, par récurrence, la suite un+1 − un = f (un ) − un est de signe
constant – celui de h – si bien que la suite (un ) est monotone. Plus précisément,
elle est strictement croissante, resp. strictement décroissante, resp. constante,
si h > 0, resp. h < 0, resp. h = 0.
Si la suite est bornée, alors, elle converge vers une limite ` qui, par continuité
de f , est solution de f (`) = `. Si elle ne l’est pas, alors, elle est strictement
monotone et non bornée ; elle tend vers +∞, vers −∞.
2. Si f est un homéomorphisme strictement décroissant, alors f a pour limite +∞
en −∞ et −∞ en +∞. De plus, l’application x ↦ f (x) − x est une application
continue strictement décroissante, et a également pour limite +∞ en −∞ et −∞
en +∞. Par le théorème des valeurs intermédiaires, elle prend la valeur 0. Cela
prouve l’existence d’un point fixe, forcément unique par stricte décroissance.
3. Comme f possède au moins deux points fixes, f ne peut être strictement dé-
croissante, et donc, les hypothèses impliquent qu’elle est strictement croissante.
Si x vérifie a < x < b, alors a = f (a) < f (x) < f (b) = b, ce qui implique que f
stabilise ]a, b[. Par une récurrence immédiate, on montre que f n (x) est compris
entre a et b pour tout n ∈ N.
La suite (f n (x))n est donc monotone, de sens de variation donné par h ∶=
f (x) − x. Comme x ne peut être un point fixe par hypothèses, h est non nul et
19
donc la suite (f n (x))n est strictement monotone. Cette fois-ci, elle est bornée
et elle possède ainsi une limite ` dans le fermé [a, b]. Cette limite ` est forcément
un point fixe par continuité de f , et donc ` vaut a ou b. La dernière assertion
s’obtient en remplaçant f par f −1 , qui est également un homéomorphisme ayant
a et b pour points fixes, et sans point fixe entre les deux.
Soluce
1. Soit σ l’application de G dans le groupe multiplicatif {1, −1} qui envoie f
sur 1, resp. −1, si f est croissante, resp. décroissante. La règle des sens de
variations (par exemple la composée d’un décroissant par un décroissant est
un croissant 1 ...) implique que l’application σ est un morphisme de groupes.
Comme l’identité Id de R est croissante et que − Id est décroissante, σ est
surjective. Le noyau de σ est donc un sous-groupe distingué d’indice 2 de G
qui n’est rien d’autre que G+ .
2. On fixe dans un premier temps un homéomorphisme f strictement croissant
d’ordre fini. Supposons, par l’absurde, que f n’est pas l’identité, et fixons un
réel x tel que f (x) ≠ x. D’après la question 1 de l’exercice 8, la suite (f n (x))n
est monotone, et ce, strictement, car f (x)−x ≠ 0. Quitte à changer f en f −1 , on
peut supposer que f (x) > x, et donc que notre suite est strictement croissante.
Supposons f d = Id, avec d > 0. Il vient
d’où l’absurdité.
Montrons la seconde assertion. Si f n’est pas dans G+ , alors f 2 est dans G+ ,
et, comme f est d’ordre fini d, f 2 est également d’ordre fini (qui, au passage
divise d). Par l’étude précédente, f 2 = Id. Et comme f ≠ Id, puisque f est
décroissante, il résulte que f est bien d’ordre 2.
3. On veut montrer que deux éléments d’ordre 2 sont conjugués. On peut remar-
quer que ι(x) = −x fournit un homéomorphisme d’ordre 2 de R et il suffit main-
tenant, par transitivité, de montrer que tout homéomorphisme f d’ordre 2 est
conjugué à ι. Dit autrement, nous voulons construire un homéomorphisme ϕ tel
que ϕ−1 ○ f ○ ϕ = ι, ce qui revient à dire que pour tout réel x, ϕ(−x) = f (ϕ(x)).
1. Miam !
20 CHAPITRE 4. CONTINUITÉ, DÉRIVABILITÉ
Comme ϕ est strictement croissante sur [0, +∞[ et ]−∞, 0], elle est strictement
croissante sur R.
Surjectivité : On voit que, en l’infini, ϕ0 tend vers l’infini, et il en est donc de
même de ϕ. Comme f est un homéomorphisme décroissant, sa limite en +∞
est −∞, et on en déduit que la limite de ϕ en −∞ est +∞. La surjectivité sur
R provient alors de la continuité et du théorème des valeurs intermédiaires.
Homéomorphisme : comme ϕ est strictement croissante, elle est injective, et
comme elle est surjective, c’est une bijection. Elle possède donc une bijection
inverse, également bijective et de plus, strictement croissante, on sait alors
qu’elle est continue.
Remarque. Le groupe G n’a donc pas de sous-groupes finis d’ordre n > 2. On peut
noter que les homéomorphismes de C possèdent, quant à eux, des homéomorphismes
de tout ordre n : il suffit de choisir une racine primitive n-ième de l’unité ω et de
considérer l’application z ↦ ωz de C. De même le groupe des homéomorphismes du
cercle contient des sous-groupes de tout ordre.
1. Montrer que si f est dans G sans point fixe, alors f ∈ G+ . On supposera dans
la suite f dans G sans point fixe, donc strictement croissante.
2. Montrer que l’on peut prouver I) et II) en se ramenant au cas où f (0) > 0.
3. On suppose donc par la suite que f (0) > 0. Soit ϕ0 l’homéomorphisme de
[0, 1[ sur [0, f (0)[ qui envoie x sur f (0)x. Soit ϕ l’application de R dans
lui-même telle que
Montrer que ϕ est bien définie et continue sur chaque intervalle [m, m + 1[,
m ∈ Z.
4. Montrer que ϕ est continue sur R et strictement croissante.
5. Montrer enfin que ϕ est un homéomorphisme et conclure.
Soluce
1. Cela découle directement de la question 2 de l’exercice 8.
2. Supposons que I) et II) sont vraies pour dans le cas où f (0) > 0. Montrons
alors le cas général. Comme f (0) ≠ 0, vu que f ne possède pas de point fixe, il
ne reste qu’à étudier le cas où f (0) < 0. Soit ι défini sur R par ι(x) = −x. Soit
g ∶= ι ○ f ○ ι−1 , c’est-à-dire g(x) = −f (−x). Si par l’absurde, g(x) = x, on aurait
f (−x) = −x, ce qui est impossible car f n’a pas de point fixe. Conclusion g n’a
pas de point fixe et de plus, g(0) = −f (0) > 0. On en déduit par I), valable pour
g, qu’il existe ϕ ∈ G, tel que ϕ ○ g ○ ϕ−1 = f1 , et donc (ϕ ○ ι) ○ f ○ (ϕ ○ ι)−1 = f1 .
On a montré que I) est valable pour f .
On déduit de II), valable pour g, qu’il existe ϕ ∈ G+ tel que ϕ ○ g ○ ϕ−1 = f±1 et
donc (ϕ ○ ι) ○ f ○ (ϕ ○ ι)−1 = f±1 . Or, ι ○ f±1 ○ ι−1 = f∓1 . On obtient alors
Ceci prouve II) pour f vu que ι−1 ○ ϕ ○ ι ∈ G+ car G+ est distingué (ou si on
préfère, par la règle des variations).
3. Pour tout réel x, on a x − ⌊x⌋ ∈ [0, 1[, et donc ϕ0 (x − n) est bien définie, ce
qui implique que ϕ est bien définie sur R. Sur l’intervalle [m, m + 1[, on a
ϕ(x) = f m (x − m). Comme x ↦ x − m est continue sur [m, m + 1[, et que f m
est continue (même pour m < 0 puisque f est un homéomorphisme), on a bien
la continuité voulue.
4. Comme f est continu et que lim0+ ϕ0 = 0 et lim1− ϕ0 = f (0), on a :
5. Pour montrer que ϕ est un homéomorphisme, il suffit de voir qu’il est surjectif.
En effet, comme il est strictement croissant, il est injectif, et ainsi, la surjec-
tivité impliquera la bijectivité. Comme l’inverse de ϕ strictement croissant et
surjectif, on saura qu’il est également continu.
Montrons donc la surjectivité de ϕ.
Par la question 1 de l’exercice 8, et vu que f n’a pas de point fixe, on obtient
qu’à t fixé dans [0, 1[,
On ne peut pas vraiment quitter sereinement cette correction sans avoir prouvé
que f1 et f−1 sont dans des classes de conjugaison distinctes de G+ . Supposons
par l’absurde que ce soit le cas : il existerait un homéomorphisme croissant
ψ tel que ψ −1 ○ f1 ○ ψ = f−1 , c’est-à-dire : ψ(x) + 1 = ψ(x − 1). En particulier
ψ(1) = ψ(0) − 1 < ψ(0), ce qui est absurde car ψ est supposée croissante.
On en déduit que ϕ(x + 2) = f (ϕ(x + 1)) = f 2 (ϕ(x)). Par récurrence, pour tout n ∈ N
et tout x ∈ R, il vient : ϕ(x + n) = f n (ϕ(x)).
En remplaçant x par x − 1, on trouve : f (ϕ(x − 1)) = ϕ(x). En composant par
l’homéomorphisme réciproque f −1 , il vient : ϕ(x − 1) = f −1 (ϕ(x)) pour tout x. Une
nouvelle récurrence immédiate permet de conclure :
∀n ∈ Z, ∀x ∈ R, ϕ(x + n) = f n (ϕ(x)).
En particulier, ϕ(1) = f (ϕ(0)). Nous ne semblons pas avoir d’autre contrainte sur ϕ
sur [0, 1] mais cette équation détermine ϕ ailleurs. En effet, pour x réel quelconque,
posons n = ⌊x⌋ et t = x − n, alors on connaît ϕ(x) = ϕ(t + n) = f n (ϕ(t)).
2. On voit que le fait que f (0) > 0 implique que f est dans la classe de conjugaison de f1 pour
G+ et pas dans celle de f−1 .
23
f (bn ) − f (an )
lim = f ′ (c).
n→+∞ bn − an
Soluce
1. Si x < y, il existe c ∈ ]x, y[ tel que f (x) − f (y) = f ′ (c)(x − y) ⩽ 0.
2. Si an = c ou si bn = c à partir d’un certain rang, l’égalité est évidente. Sinon,
an < c < bn pour tout n et :
an cn bn an cn bn
Soluce
1. (a) Notons c = (a + b)/2. La fonction g ∶ [a, c] → R, x ↦ f (x + (b − a)/2) − f (x)
prend les valeurs g(a) = f (c) − f (a) et g(c) = f (b) − f (c) = −g(a). Elle
s’annule donc en un point α ∈ [a, a + (b − a)/2], il n’y a plus qu’à prendre
β = α + (b − a)/2.
(b) Si l’intervalle construit dans le point précédent est inclus dans ]a, b[, c’est
gagné. Sinon, c’est que α = a et β = c. On applique le point précédent à
[a, c] : on obtient un intervalle [α′ , β ′ ] ⊂ [a, c], de longueur (b − a)/4, tel
que f (α′ ) = f (β ′ ). Si a < α′ , le segment [α′ , β ′ ] convient. Sinon, a = α′ et
β ′ = (a + c)/2 et le segment [β ′ , c] convient.
2. Pour (a0 , b0 ), on prend le couple (α, β) construit dans la question précédente.
Puis on applique inductivement ladite question à l’intervalle [an , bn ] pour
construire (an+1 , bn+1 ).
3. Soit c la limite commune des suites (an ) et (bn ) que l’on vient de construire –
elle appartient à ]a, b[. D’après la question 2 de l’exercice 11, on a :
f (bn ) − f (an ) 0
f ′ (c) = lim = lim = 0.
n→+∞ bn − an n→+∞ bn − an
4. Ce passage est standard. Soit f une fonction réelle continue sur [a, b], dérivable
sur ]a, b[. On veut montrer qu’il existe alors c dans ]a, b[ tel que f (b) − f (a) =
f ′ (c)(b − a). On choisit un réel M pour que la fonction g sur [a, b] par
H = {x ∈ G; x > 0}
Soluce
1. Le groupe G n’étant pas réduit à {0}, il existe un réel non nul x0 appartenant
à G. Deux cas se présentent :
— soit x0 > 0, et dans ce cas x0 ∈ H ;
— soit x0 < 0, et alors, comme x0 ∈ G, on a en particulier −x0 ∈ H.
Ainsi, H n’est pas vide.
2. (i) On rappelle que la borne inférieure a de H est caractérisée par :
⎧
⎪
⎪∀x ∈ H, x ⩾ a ;
⎨
⎪
⎩∀ε > 0, ∃x ∈ H, x < a + ε.
⎪
27
28 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
(ii) Comme H est non vide et minoré, donc possède une borne inférieure,
notée a. De plus, comme 0 est un minorant, par définition d’une borne
inférieure, on en déduit que a est positif ou nul.
(iii) Supposons donc que a = 0. L’objectif est de montrer que, pour tous réels
α et β tels que α < β, on a G ∩ ]α, β[ ≠ ∅.
Puisque a est nul, en utilisant la caractérisation de la borne inférieure
rappelée ci-dessus, avec ε = β − α, il existe g ∈ H tel que 0 < g < β − α. On
va donc chercher un élément de G ∩ ]α, β[ sous la forme ng, où n ∈ Z.
Posons
α
n=⌊ ⌋+1
g
Dans ce cas, on a
α α α
⌊ ⌋ ⩽ < ⌊ ⌋ + 1,
g g g
ce qui implique
α α
< n ⩽ + 1.
g g
On a donc bien dans ce cas, en utilisant l’inégalité qui précède,
α < ng ⩽ α + g < α + β − α = β.
3. Soit deux réels u et v non nuls tels que uv ∉ Q. Notons tout d’abord que uZ + vZ
est un sous-groupe de (R, +). Si ce sous-groupe n’est pas dense dans R, alors
il exite a > 0 tel que uZ + vZ = aZ, d’après la question précédente.
Or, comme u et v appartiennent à uZ + vZ, il existe deux entiers non nuls p, q
tels que u = pa, et v = qa, ce qui entraîne que
u p
= ∈ Q.
v q
Autrement dit,
lim cos(∣pn ∣) = x.
n→+∞
Il existe donc bien une suite d’éléments de C qui converge vers x, et ceci est
valable pour tout x ∈ [−1, 1].
Ainsi, l’ensemble C est bien dense dans [−1, 1].
Remarque. Il faut noter les similitudes existantes entre le cas où, dans cet exercice,
un sous-groupe de R peut être de la forme aZ, et la preuve qui consiste à montrer
que Z est euclidien, donc principal : dans les deux cas, l’argument-clef est la division
euclidienne. La différence repose sur l’aspect continu de R, qui permet une alternative
dans R : les sous-groupes denses.
Signalons que la base 10, trop arbitraire, n’est pas satisfaisante pour obtenir de
telles approximations. On peut utiliser la suite xn+1 ∶= 12 (xn + x2n ), avec x0 = 2, voir
√
section 11.1.1, pour obtenir une suite de rationnels qui converge vers 2. Il suffit√par
exemple de prendre, x3 = 577
408 , pour avoir une bonne précision : 0 < g ∶= 577 − 408 2 <
−3
10 .
√ Une méthode générale efficace consiste à partir d’une approximation de α (ici,
2) par représentation en fraction continue...
Le but de cet exercice est d’étudier la limite de cette suite, d’en trouver un
équivalent en l’infini, puis d’en donner un développement asymptotique à deux
termes.
Dans la suite, on note I l’intervalle ]0, π2 ].
1. Montrer que
lim un = 0.
n→+∞
Soluce
1. On part de l’égalité suivante, valable pour tout x ∈ R,
∣sin(x)∣ ⩽ ∣x∣ .
Comme, de plus, la suite un reste positive, cela implique que, pour tout n ∈ N,
un+1 ⩽ un .
La suite (un )N est alors décroissante, minorée par 0 ; elle est donc convergente.
Notons ` ∈ Ī sa limite. Or, par continuité de la fonction sinus, en passant à la
limite dans la formule de définition de la suite par récurrence, on obtient :
` = sin(`).
uαn+1 − uαn Ð→ A ∈ R∗ .
n→+∞
1 n−1 α
∑ (u − uαk ) Ð→ A,
n k=0 k+1 n→+∞
On a donc
uα+2
uαn+1 − uαn = −α n
+ o(uα+2
n ).
6
Ainsi, en prenant α = −2, on obtient
1
u−2 −2
n+1 − un = + o(1).
3
On a donc
1 1 1
lim ( − )= .
n→+∞ u2n+1 un2 3
En utilisant l’idée décrite précédemment, on en déduit, par le théorème de
Cesaro :
1 1 1 n−1 1 1 1
lim ( 2 − 2
) = lim ∑ ( 2 − 2)= ,
n→+∞ n un n u0 n→+∞ n u u 3
k=0 k+1 k
et donc,
1 1
lim 2
= .
n→+∞ n un 3
32 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
Finalement, on obtient
1 n
∼ ,
u2n n→+∞ 3
et donc, l’équivalence souhaitée,
√
3
un ∼ .
n→+∞ n
3. On va baser le raisonnement sur la même idée que pour la question précédente,
en cherchant cette fois un développement limité à deux termes de 1/u2n+1 −1/u2n .
Soit n ∈ N fixé ; on a
u3n u5n u2 u4
un+1 = sin(un ) = un − + + o(u5n ) = un (1 − n + n + o(u4n )) .
6 120 6 120
On en déduit
2
u2n u4n u2 2u4
u2n+1 = u2n (1 − + + o(u4n )) = u2n (1 − n + n + o(u4n )) .
6 120 3 45
On a donc
−1
1 1 u2 2u4
= 2 (1 − n + n + o(u4n ))
u2n+1 un 3 45
2
1 ⎛ u2n 2u4n u2n 2u4n ⎞
= 1 − (− + + o(u4
n )) + (− + + o(u4n )) + o(u4n )
un ⎝
2 3 45 3 45 ⎠
1 u2n u4n
= (1 + + + o(u4n )) .
u2n 3 15
Ainsi, on a
1 1 1 u2n
− − = + o(u2n ).
u2n+1 u2n 3 15
En utilisant l’équivalent de un de la question précédente, on en déduit l’équi-
valent :
1 1 1 u2n 1 3 1
2
− 2
− ∼ ∼ ⋅ ∼ .
un+1 un 3 15 15 n 5n
On veut maintenant reprendre l’idée décrite dans la question précédente, et
sommer les équivalents afin d’en déduire un équivalent du second ordre de la
suite un . On a obtenu l’équivalence
1 1 1 1
− − ∼ ,
u2n+1 2
un 3 5n
qui sont deux termes positifs, et tels que la série ∑ 1/5n diverge, par le critère
de Riemann. En utilisant le théorème d’équivalence des sommes partielles de
séries à termes positifs 1 , on en déduit que ∑ un diverge, et que les sommes
partielles sont équivalentes. On obtient alors
1 1 n n−1 1 1 1 n−1
1 log(n)
2
− 2
− = ∑ ( 2
− 2
− ) ∼ ∑ ∼ .
un u0 3 k=0 uk+1 uk 3 k=1 5k
n→+∞ 5
1. Voir par exemple le Gourdon, Analyse, pour l’énoncé précis de ce théorème.
5.1. SUITES RÉELLES 33
Hn = ln(n) + γ + o(1),
On a alors
1 √
3 3 log(n) log(n) 2
3 3 log(n) log(n)
un = [ (1 − + o( ))] = (1 − + o( ))
n 5n n n 10n n
√ √
3 3 3 log(n) log(n)
= − √ + o( √ )
n 10n n n n
Soluce
1. Soit (un ) une suite de réels. Considérons l’ensemble :
E = {n ∈ N ∣ ∃k > n, uk ⩾ un }
∀n ⩾ p, un+1 ⩽ un ;
ainsi la suite (un )n⩾p est une suite décroissante, extraite de (un ).
2. C’est un exercice classique pour l’agrégation, voir par exemple, de même, [7].
34 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
Soluce
Soit (un )n∈N une suite bornée, on doit montrer qu’elle admet une sous-suite conver-
gente. Si la suite ne prend qu’un nombre fini de valeurs, l’une de ces valeurs est
atteinte pour un nombre infini d’indices 3 , ce qui permet de construire une suite
extraite constante donc convergente. Désormais, on écarte ce cas.
Soit [a0 , b0 ] un segment qui contient tous les termes de la suite. On construit par
récurrence une suite de segments emboîtés ([an , bn ])n∈N telle que [an , bn ] contient
une infinité de valeurs de (un ) et bn − an = 1/2n pour tout n. Soit n un entier pour
lequel [an , bn ] a été construit. Soit cn = (an + bn )/2. S’il y a une infinité de valeurs
de (un ) dans [an , cn ], on pose (an+1 , bn+1 ) = (an , cn ). Sinon, c’est qu’il y en a une
infinité dans [cn , bn ] et on pose (an+1 , bn+1 ) = (cn , bn ).
Soit ` la limite commune des suite (an ) et (bn ). Construisons inductivement
une suite extraite de (un ) qui converge vers `. On choisit n0 = 0. Soit k un entier,
supposons avoir construit n0 < n1 < ⋯ < nk tels que unj ∈ [aj , bj ] pour tout j inférieur
à k. Comme le segment [ak+1 , bk+1 ] contient une infinité de valeurs de (un ), on peut
choisir un indice nk+1 strictement supérieur à nk tel que unk ∈ [ak , bk ]. Ceci montre
l’existence de l’extraction (nk )k∈N . Par la trivialité des gendarmes, la suite (unk )k∈N
converge vers `.
Soluce
Soit f ∶ [a, b] → R une fonction continue. On suppose que f (a)f (b) ⩽ 0 et on veut
prouver l’existence de c dans [a, b] tel que f (c) = 0. On construit deux suites (an ) et
(bn ) de la façon suivante :
⎧
⎪ an + bn an + bn
⎪
⎪(an ,
⎪ ) si f (an )f ( )⩽0;
(a0 , b0 ) = (a, b) et ∀n ∈ N, (an+1 , bn+1 ) = ⎨ a + b 2 2
⎪
⎪
⎪(
n n
, bn ) sinon.
⎪
⎩ 2
3. Version imagée : si on range une infinité de chaussettes dans un nombre fini de tiroirs, un des
tiroirs contient une infinité de chaussettes.
5.1. SUITES RÉELLES 35
Prouvons que f (an )f (bn ) ⩽ 0 pour tout n. C’est vrai si n = 0 par hypothèse.
Soit n un entier, on suppose que f (an )f (bn ) ⩽ 0. Notons cn = (an + bn )/2, alors :
⎧
⎪f (an )f (bn ) ⩽ 0 si f (an )f (cn ) ⩽ 0 ;
⎪
⎪
f (an+1 )f (bn+1 ) = ⎨ f (an )f (cn )
⎪
⎪f (cn )f (bn ) =
⎪ × f (an )f (bn ) ⩽ 0 si f (an )f (cn ) > 0.
⎩ f (an )2
De plus, les suites (an ) et (bn ) sont adjacentes. En effet, on a par construction :
an ⩽ an+1 ⩽ bn+1 ⩽ bn et bn −an = (b−a)/2n . Elles ont donc une limite commune c. Par
continuité de f , l’inégalité f (an )f (bn ) ⩽ 0 vraie pour tout n entraîne que f (c)2 ⩽ 0,
c’est-à-dire f (c) = 0.
1. Montrer que si [α, β] est dominant pour f et si γ ∈ [α, β], alors [α, γ] ou
[γ, β] est dominant.
2. Construire par dichotomie deux suites adjacentes (an ) et (bn ) telles que
[an , bn ] est dominant pour f .
3. Démontrer qu’une fonction continue sur un segment est bornée et atteint son
maximum.
Mais [α, β] est dominant donc il existe y0 ∈ [α, β] tel que f (y0 ) ⩾ f (x0 ). Par
construction de x0 , on a : y0 ∈ [β, γ].
Ceci entraîne que [β, γ] est dominant. En effet, soit x dans [a, b]. Il existe y
dans [α, β] tel que f (y) ⩾ f (x). Si y ∈ [γ, β], rien à ajouter. Sinon, on a :
f (y0 ) ⩾ f (x0 ) > f (y) ⩾ f (x).
2. L’intervalle [a, b] est dominant. On définit deux suites adjacentes (an ) et (bn ).
On pose (a0 , b0 ) = (a, b). Pour n entier, supposons avoir défini an et bn de
sorte que [an , bn ] soit dominant. Posons cn = (an + bn )/2. On choisit (an , bn ) =
(an , cn ) si [an , cn ] est dominant et (an , bn ) = (cn , bn ) sinon. Alors [an+1 , bn+1 ]
est dominant.
3. On vérifie que la limite commune c de ces deux suites est un maximum de f .
En effet, soit x ∈ [a, b]. Pour tout n, il existe yn ∈ [an , bn ] tel que f (yn ) ⩾ f (x).
Mais la suite (yn ) converge vers c et f est continue donc f (c) ⩾ f (x).
4. Voici une métaphore de Daniel Perrin : « Quoi que propose la concurrence, nous pouvons faire
mieux ! »
36 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
Les deux exercices suivants, qui utilisent les mêmes notations, sont tirés de la
première composition du CAPES externe 1998.
Cadre
Soit I un intervalle de R, soit f ∶ I → I une fonction de classe C 2 qui admet un point
fixe r dans I, c’est-à-dire que f (r) = r. Soit x0 ∈ I et soit (xn )n∈N la suite définie par
la relation xn+1 = f (xn ) pour tout n ∈ N. On suppose que la suite (xn )n∈N converge
vers r et qu’elle n’est pas stationnaire.
(b) Montrer qu’il existe une constante non nulle λ(x0 ) telle que
f ′′ (r)
∀j ∈ N, xj+1 − r = (xj − r)2 (1 + Sj ) et lim Sj = 0.
2 j→+∞
(c) En déduire qu’il existe une constante µ(x0 ) ∈ ]0, 1[ telle que
2 2n
(xn − r) ∼ (µ(x 0 )) .
f ′′ (r)
Soluce
1. Soit k un réel strictement compris entre ∣f ′ (r)∣ et 1. Par continuité de f ′ , il
existe un voisinage V de r tel que ∣f ′ (x)∣ < k pour tout x de V. L’hypothèse
de convergence entraîne l’existence d’un entier N tel que pour tout n ⩾ N,
5.1. SUITES RÉELLES 37
f ′′ (cj )
f (xj ) − f (r) = f ′ (r)(xj − r) + (xj − r)2
2
f ′′ (cj )
= f ′ (r)(xj − r)(1 + Rj ) où Rj = (xj − r).
2f ′ (r)
f ′′ (cj )
f (xj ) − f (r) = f ′ (r)(xj − r) + (xj − r)2
2
f ′′ (r)
= (xj − r)2 (1 + Sj ),
2
où
f ′′ (cj )
Sj = − 1.
f ′′ (r)
Puisque cj est compris entre r et xj et que (xj ) converge vers r, la
suite (cj ) converge vers r. Par continuité de f ′′ en r, la suite (Sj ) converge
vers 0.
38 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
La suite (Sj ) tend vers 0, il en est de même de (ln(1 + Sj )). Soit ε > 0.
Pour tout j supérieur à un rang N convenable, on a : ∣ln ∣1 + Sj ∣∣ ⩽ ε, d’où,
si n ⩾ N :
+∞ 1
1 2n
∣2 ln πn ∣ ⩽ 2 ∑ j+1 ε = 2 ×
n n n
ε = 2ε.
j=n−1 2 1 − 12
Ceci montre que (2n ln πn )n∈N converge vers 0. De plus, on a :
2n
2 µ(x0 ) 2 2n
×e−2 ln πn (1+Sn−1 ),
n
xn −r = ′′ ( ) (1+Sn−1 ) = (µ(x 0 ))
f (r) πn f ′′ (r)
5.1. SUITES RÉELLES 39
2 2n
ce qui donne l’équivalent cherché : (xn − r) ∼ (µ(x 0 )) .
f ′′ (r)
On remarque enfin que µ(x0 ) ∈ ]0, 1[ puisque l’on sait que (xn ) converge
vers r.
il existe ε ∈ ]0, ε0 ] tel que ga (x) ⩽ f (x) ⩽ gb (x) pour tout x ∈ ]0, ε[. En
déduire que pour tout entier k,
(ak + x−p
N )
−1/p
⩽ xN+k ⩽ (bk + x−p
N )
−1/p
.
Remarque. La recherche d’un équivalent d’une suite définie par x0 ∈ ]0, 1] et xn+1 =
sin xn en commençant par chercher un réel λ tel que (xλn+1 − xλn ) admet une limite
non nulle est bien connue. Voici une nouvelle méthode.
Soluce
1. (a) Une première approche graphique ne saurait nuire.
Comme f ′ est continue et f ′ (r) = 1, il existe un voisinage de r sur lequel f ′
est strictement positive, c’est-à-dire que f est strictement croissante. Par
ailleurs, on a au voisinage de r :
f (p+1) (0)
f (x) = x − β(x − r)p+1 + o((x − r)p+1 ) où β = − .
(p + 1)!
40 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
(b) Soit (xn ) une suite non stationnaire qui converge vers r à valeurs dans
]r − ε0 , r + ε0 [. Quitte à remplacer (xn ) par (un ) = (xn − r) et f par
g ∶ u ↦ f (u + r) − r, on peut supposer que r = 0 (en effet, un+1 = xn+1 − r =
f (xn ) − r = f (un + r) − r = g(un ) pour tout n et limn→+∞ un = 0). Quitte
à remplacer (xn ) par (vn ) = (−xn ) et f par h ∶ v ↦ −f (−v), on peut
supposer que x0 > 0 (en effet, vn+1 = −xn+1 = −f (xn ) = −f (−vn ) = h(vn )
pour tout n et v0 = −x0 ). On vient de voir qu’alors, on a nécessairement
β < 0.
5.1. SUITES RÉELLES 41
(c) Rappelons que N est fixé. Factoriser ce qui est grand, an, donne l’équi-
valent :
−1/p
−1/p −aN + x−p
(a(n − N) + x−p
N ) = (na) −1/p
(1 + N
) ∼ (na)−1/p .
an
D’où :
−1/p −1/p
−aN + x−p −bN + x−p
a−1/p (1 + N
) ⩽ n1/p xn ⩽ b−1/p (1 + N
) .
an bn
Jusque là, a et b étaient arbitraires. On va les choisir proches de −pf (p+1) (0)/(p+
1)!, de sorte que a−1/p et b−1/p sont proches de :
−1/p
p
` = (− f (p+1) (0)) = (pβ)−1/p .
(p + 1)!
42 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
Les suites entre parenthèses tendent vers 1 donc il existe N′ ⩾ N tel que
pour n ⩾ N′ , on ait :
` − 2η ⩽ n1/p xn ⩽ ` + 2η.
Autrement dit, n1/p xn converge vers `. Ainsi, si f (x) = x−βxp+1 +o(xp+1 ),
−1/p
np
xn ∼ (− f (p+1) (0)) ∼ (npβ)−1/p .
(p + 1)!
x3 1
(d) Avec f (x) = sin x = x − + o(x3 ), on a p = 2 et β = , d’où
6 6
√
n −1/2 3
xn ∼ ( ) ∼ .
3 n
Soluce
1. La question se ramène à montrer que si A′ = ( ac′ db ′ ), A′ ⋅ (A ⋅ z) = (A′ A) ⋅ z,
′ ′
lorsque la formule a un sens. Même si ce n’est pas très éclairant 6 , nous allons
appliquer la méthode brutale :
a′ az+b
cz+d + b
′
A′ ⋅ (A ⋅ z) =
c′ az+b
cz+d + d
′
On utilise au passage le fait que si cn est nul, alors dn ne l’est pas, puisque An
est inversible. On a donc bien que l’équation cn z + dn = 0 possède forcément
au plus une solution. Donc, l’ensemble S est au plus dénombrable, puisqu’il
s’injecte dans N.
5. On a donc, par hypothèses, a et d non nuls, et un = ad un−1 ; une suite géomé-
trique qui ne sera un secret pour personne.
6. On a donc, encore par hypothèses, a = d non nul, et un = un−1 + b
d ; une suite
arithmétique, dont il serait méchant de se moquer.
7. On a vu dans la question 1) l’égalité 7 A′ ⋅ (A ⋅ z) = (A′ A) ⋅ z, et donc
λ 0
A = P−1 ( )P
0 µ
λn
Dans ce cas, vn = µn v0 , et donc
λn
un = P−1 ⋅ ( P ⋅ u0 )
µn
On ne détaillera pas plus ce calcul.
Si λ = µ, alors la suite est constante. Si ∣λ∣ = ∣µ∣, avec λ ≠ µ, alors, la suite (vn )
est une suite géométrique non constante de raison eiθ , donc, on voit facile-
ment par l’absurde que la suite (un ) ne converge pas non plus. Sinon, on peut
supposer sans perte de généralité que ∣λ∣ < ∣µ∣. La limite est donc égale à
lim un = P−1 ⋅ 0,
n→+∞
7. Finalement, cette égalité est celle qui définit la notion d’action de groupe. Mais ici, GLn (C)
n’agit pas vraiment sur C, puisque l’action n’est pas toujours définie.
5.3. SUITES ET ARITHMÉTIQUE 45
lorsque ce complexe est défini (le module de un tend vers l’infini sinon). On
peut voir (avec un peu de travail) que le cas où la limite est infinie correspond
au cas où e2 est vecteur propre de A pour la valeur propre λ.
Deuxième cas. Si A n’est pas diagonalisable, avec P tel que
λ a
A = P−1 ( ) P.
0 λ
Dans ce cas, a et λ sont non nuls car A est non diagonalisable et inversible. On
a vn = v0 + λa , par la question 6), et donc
a
un = P−1 ⋅ (P ⋅ u0 + n )
λ
Ce calcul peut être détaillé à l’envi par le lecteur.
La limite de (vn ) est infinie, et la limite de (un ) est donnée par
On peut voir (avec un peu de travail) que la limite de un est finie sauf dans le
cas où A est triangulaire (non diagonale).
Fn−1 Fn
Montrer par récurrence que An = ( ).
Fn Fn+1
46 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
Soluce
1. Le discriminant de P vaut ∆ = 1 + 4 = 5. Comme ∆ > 0, c’est un carré sur R,
mais ∆ = 0 sur F5 . Il possède donc deux racines distinctes sur R et une seule
racine sur F5 . On vérifie facilement que P(3) = 5 = 0 sur F5 .
2. Méthode par l’espace des suites. On vérifie en effet que l’ensemble F des
suites (un ) qui vérifient un+2 = un+1 + un forme un sous-espace vectoriel sur K
de l’espace des suites à valeurs dans K. De plus, il est clair que, vu qu’une suite
(un ) de UP est entièrement déterminée par la donnée arbitraire de ses deux
premiers termes, on a un isomorphisme entre les espaces UP et K2 qui envoie
la suite (un ) de UP sur le couple (u0 , u1 ) de K2 . Conclusion dim UP = 2.
(a) Cas K = R. Si λ est une racine de P, alors λ2 = λ + 1 et donc λn+2 = λn+1 +
λn , ce qui prouve que la suite (λn ) est bien une suite F . Pour montrer
que (φn ) et (φ′n ) forme une base, il suffit de montrer que son image par
l’isomorphisme ci-dessus est une base. On calcule donc le déterminant
1 1 ′
√
∣ ′ ∣ = φ − φ = − 5 ≠ 0, ce qui assure l’assertion.
φ φ
Il en résulte que l’on peut décomposer la suite (Fn ) dans cette base ; il
existe deux scalaires a et b tels que Fn = aφn + bφ′n . En posant n = 0, il
n −φ′n
vient a+b = 0, et n = 1 nous donne aφ+bφ′ = 1. On trouve bien Fn = φφ−φ ′
pour tout n.
(b) Cas K = F5 . Comme P(3) = 0, (3n ) est bien une suite de F . On doit
montrer que (n3n−1 ) en est une également. Comme 3 est racine double,
on a P′ (3) = 0, et donc, à l’aide d’un développé-regroupé :
(1 − X − X2 )R = ∑ Fn Xn − ∑ Fn Xn+1 − ∑ Fn Xn+2
n⩾0 n⩾0 n⩾0
=X+ ∑ Fn+2 Xn+2 − ∑ Fn+1 Xn+2 − ∑ Fn Xn+2
n⩾0 n⩾0 n⩾0
= X + ∑ (Fn+2 − Fn+1 − Fn )X n+2
= X.
n⩾0
5.3. SUITES ET ARITHMÉTIQUE 47
1 1
(X − φ′ ) − (X − φ) = 1.
φ − φ′ φ − φ′
Le projecteur spectral Πφ , resp. Πφ′ , sur le sous-espace propre Eφ , resp.
Eφ′ , associé à la valeur propre φ, resp. φ′ , et parallèlement au sous-espace
propre Eφ′ , resp. Eφ , est donné par
1 1
Πφ = ′
(A − φ′ I2 ), Πφ′ = ′ (A − φI2 ).
φ−φ φ −φ
Donc,
An = An I2 = An (Πφ + Πφ′ )
1
= φn Πφ + φ′n Πφ′ = ((φn − φ′n )A − (φn φ′ − φ′n φ)I2 )
φ − φ′
1
= ((φn − φ′n )A + (φn−1 − φ′n−1 )I2 ) .
φ − φ′
10. C’est aussi le polynôme P(−X), mais on préfère partir sur le polynôme réciproque pour com-
prendre le phénomène dans sa généralité, c’est-à-dire pour une suite linéaire récurrente quelconque.
11. Quitte à se répéter, ceux qui ne sont pas à l’aise avec les séries formelles peuvent travailler
sur des séries entières en remplaçant l’indéterminée X par le nombre complexe z , en vérifiant que
le rayon de convergence R > 0. En revanche, sur F5 , on n’a pas le choix !
48 CHAPITRE 5. SUITES RÉELLES ET COMPLEXES
φn −φ′n
On trouve une fois de plus Fn = φ−φ′ .
(b) Cas K = F5 . Dans ce cas, 3 est valeur propre double de A et donc N =
−3 1
A − 3I2 = ( ) est nilpotente (non nulle !). En dimension 2, cela
1 −2
signifie, par Cayley-Hamilton, que N2 = 0. Donc, par le binôme de Newton,
que l’on peut appliquer car 3I2 et N commutent :
a n3n−1
An = (3I2 + N)n = 3n I2 + n3n−1 N = ( n−1 ),
n3 b
12. Pour le fun, a = 3n − n3n = 3n−2 (9 − 9n) = 3n−2 (n − 1), et b = (n + 1)3n , comme on pouvait s’y
attendre.
13. On est toujours en Analystan là, y a pas un problème avec le GPS ?
Chapitre 6
Séries numériques
x ⌊x⌋−1
∫ A(t)f ′ (t)dt = ∑ A(m)(f (m + 1) − f (m)) + A(⌊x⌋) (f (x) − f (⌊x⌋)) .
1 m=1
Soluce
1. On écrit, malgré nos réticences naturelles à suivre l’indication donnée par
l’énoncé :
x ⌊x⌋−1 m+1 x
∫ A(t)f ′ (t)dt = ∑ ∫ A(t)f ′ (t)dt + ∫ A(t)f ′ t)dt.
1 m=1 m ⌊x⌋
49
50 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
Or, dans la première intégrale, t varie entre deux entiers consécutifs, donc,
A(t) est constant et vaut A(m). De même, dans la seconde intégrale, on a
A(t) = A(⌊x⌋). On obtient
x ⌊x⌋−1 m+1 x
∫ A(t)f ′ (t)dt = ∑ ∫ A(m)f ′ (t)dt + ∫ A(⌊x⌋)f ′ (t)dt
1 m=1 m ⌊x⌋
⌊x⌋−1 m+1 x
= ∑ A(m) ∫ f ′ (t)dt + A(⌊x⌋) ∫ f ′ (t)dt
m=1 m ⌊x⌋
⌊x⌋−1
= ∑ A(m)(f (m + 1) − f (m)) + A(⌊x⌋)(f (x) − f (⌊x⌋))
m=1
Soluce
1. Si l’on prend an = 1 pour tout n, on obtient, pour x ∈ [1, +∞[,
⌊x⌋
A(x) = ∑ 1 = ∑ 1 = ⌊x⌋.
1⩽n⩽x n=1
6.1. FORMULE D’ABEL 51
1
f ′ (x) = − .
x2
1 ⌊x⌋ x ⌊t⌋
∑ = +∫ dt.
1⩽k⩽x k x 1 t2
n dt
2. En écrivant ln n = ∫1 t , et en appliquant la formule établie ci-dessus avec
x = n, il vient :
n
1 ⌊n⌋ n ⌊t⌋ n t n t − ⌊t⌋
∑ − ln n = +∫ dt − ∫ dt = 1 − ∫ dt.
k=1 k n 1 t2 1 t2 1 t2
Soluce
1. On prend, comme indiqué, an = 1, pour tout n, de sorte à avoir, de même que
dans l’exercice 24 précédent, A(x) = ⌊x⌋, pour tout x ⩾ 1, et f (x) = ln x, pour
x ⩾ 1.
La formule d’Abel s’écrit alors, pour N ∈ N∗ :
N N ⌊t⌋
∑ ln n = N ln N − ∫ dt.
n=1 1 t
52 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
1. Montrer que ζ est une fonction de classe C 1 sur ]1, +∞[, et exprimer sa
dérivée.
2. En effectuant une comparaison série-intégrale, montrer que
+∞ dt 1
∀s > 1, ζ(s) − 1 ⩽ ∫ = ⩽ ζ(s).
1 ts s − 1
Soluce
1. Pour montrer que ζ est une fonction de classe C 1 sur ]1, +∞[, il suffit de
démontrer qu’elle est de classe C 1 sur tout intervalle de la forme [a, +∞[, où
a > 1.
Fixons donc a > 1. Tout d’abord, la fonction ζ est limite simple, sur ]1, +∞[,
de la série
1
∑ s.
n⩾1 n
Montrons à présent que la série des dérivées converge uniformément sur l’in-
tervalle [a, +∞[. On a, pour tout s > a,
d 1 ln n
( s) = − s .
ds n n
6.2. FONCTION ZÊTA DE RIEMANN 53
ln n ln n 1 1
a
= h × 1+h = o ( 1+h ) ,
n n n n
puisque, lorsque h est fixé,
ln n
Ð→ 0.
nh n→+∞
Comme h > 0, le critère de Riemann assure que la série de terme général 1/n1+h
converge ; on en déduit donc la convergence de la série
ln n
∑ a
.
n⩾1 n
ln n ln n
0⩽ ⩽ a ,
ns n
on en déduit que la série
− ln n d 1
∑ s
=∑ ( s)
n⩾1 n n⩾1 ds n
converge normalement, donc uniformément, sur l’intervalle [a, +∞[. Cela montre
que la fonction ζ est de classe C 1 sur cet intervalle, et que sa dérivée est donnée
par
− ln n
∀s ⩾ a, ζ ′ (s) = ∑ s
.
n⩾1 n
Ceci étant vrai pour tout a > 1, la conclusion est également valable sur ]1, +∞[
et l’on obtient le résultat voulu.
2. Notons tout d’abord que, en utilisant de manière classique le critère de Riemann
sur les intégrales, la fonction t ↦ 1/ts est intégrable sur ]1, +∞[.
À présent, effectuons une comparaison série-intégrale. Pour tout s > 1, pour
tout n ∈ N∗ , on obtient :
1 n+1 dt 1
⩽ ∫ ⩽ .
(n + 1)s n ts ns
D’après la question 1, les séries convergent sur ]1, +∞[ ; on peut donc effectuer
une sommation, pour obtenir :
+∞ +∞ n+1 dt +∞
1 1
∑ ⩽ ∑ ∫ ⩽ ∑ s,
n=1 (n + 1)
s ts
n=1 n n=1 n
1 ⩽ ζ(s).
ζ(s) Ð→ 1.
s→+∞
Exercice 27
On rappelle que ζ(s) = ∑k⩾1 k −s pour s > 1. Le but de cet exercice est de démontrer
que
ζ(2n)
∑ 2n−1 = 1.
n⩾1 2
1 +∞ x2n−1
∫ dx = ζ(2n).
(2n − 1)! 0 ex − 1
1 − πt cot(πt)
∑ ζ(2n)t
2n
= ,
k⩾1 2
Remarque. Cet exercice est tiré de Math Stack Exchange. Il permet d’utiliser un
certain nombre de théorèmes d’inversion de sommes et d’intégrales.
Soluce
1. (a) On a :
ζ(2n) 1
∑ 2n−1
= ∑ ∑ 2n−1 2n
n⩾1 2 n⩾1 k⩾1 2 k
1 2
= ∑ ∑ 2n−1 2n = ∑ ∑ par l’exercice 32
k⩾1 n⩾1 (4k )
2 2n
k⩾1 n⩾1 2 k
1 1 1
=2∑ 2 × =2∑ 2
1 − 4k2 k⩾1 4k − 1
1
k⩾1 4k
1 1
= ∑( − ) = 1,
k⩾1 2k − 1 2k + 1
la dernière somme étant télescopique.
2. (a) Soit n ⩾ 1. La fonction x ↦ x2n−1 /(ex − 1) est continue et positive sur R+ ;
elle est équivalente à x2n−2 au voisinage de 0 et négligeable devant e−x/2 au
voisinage de l’infini. L’intégrale suivante existe donc, et un développement
en série entière donne :
+∞ x2n−1 +∞ +∞
2n−1 −x −x −1
∫ dx = ∫ x e (1 − e ) dx = ∫ x2n−1 ∑ e−(p+1)x dx.
0 e −1
x 0 0 p⩾0
−(p+1)x
Le théorème de convergence monotone appliqué à la suite fP ∶ x ↦ x2n−1 ∑P
p=0 e
(P ∈ N) permet de permuter la somme et l’intégrale :
+∞ +∞ +∞
∫ x2n−1 ∑ e−(p+1)x dx = ∑ ∫ x2n−1 e−(p+1)x dx = ∑ ∫ x2n−1 e−kx dx.
0 p⩾0 p⩾0 0 k⩾1 0
+∞ 1
=∫ e−x/2 dx = 1.
0 2
6.3. TESTS DE CONVERGENCE 57
1 1 1
1 − πt cot(πt) = 2π 2 t2 ∑ 2 k 2 − π 2 t2
= 2π 2 t2 ∑ 2 2 × 2
k⩾1 π k⩾1 π k 1 − kt 2
t2 t2p t2p+2 t2n
=2∑ 2 ∑ 2p
= 2 ∑ ∑ 2p+2
= 2 ∑ ∑ 2n
k⩾1 k p⩾0 k k⩾1 p⩾0 k k⩾1 n⩾1 k
t2n
=2∑ ∑ 2n
= 2 ∑ ζ(2n)t2n .
n⩾1 k⩾1 k k⩾1
(NB : La permutation des sommations est justifiée par l’exercice 32, plus pré-
cisément par la question 1 si t est positif donc par la question 2 pour t quel-
conque.)
La formule tant désirée et tant démontrée résulte du choix t = 1/2.
Remarque. Les deux premières méthodes sont astucieuses mais la troisième apporte
plus information. Elle permet par exemple de calculer :
n−1 ζ(2n) π π π π
∑ (−1) = coth − 1 = π + − 1.
n⩾1 22n−1 2 2 e −1 2
Soluce
1. Soit n ∈ N. En utilisant l’hypothèse sur la suite (un ), ainsi qu’un développement
limité de la fonction logarithme, on écrit :
1 α un+1
vn+1 − vn = ln((n + 1)α un+1 ) − ln(nα un ) = ln ((1 + ) )
n un
1 un+1
= α ln (1 + ) + ln ( )
n un
1 1 α 1
= α ( + O ( 2 )) + ln (1 − + O ( 2 ))
n n n n
α 1 α 1
= + O ( 2 ) + (− + O ( 2 ))
n n n n
1
= O( 2)
n
Ainsi, ∣vn+1 − vn ∣ est dominé par le terme général d’une série convergente, par
le critère de Riemann, donc, la série ∑(vn+1 − vn ) converge absolument, donc,
converge.
2. On a vu dans la question précédente que la série de terme général vn+1 − vn
converge ; Or, pour tout N ∈ N, par téléscopage, on a :
N
∑ (vn+1 − vn ) = vN+1 − v0 .
n=0
6.3. TESTS DE CONVERGENCE 59
On en déduit l’existence de λ ∶= e ∈ µ
R∗+ tel que
nα un Ð→ λ.
n→+∞
1 −2
3
1
= (1 + ) (1 + )
2n n
1 3 1
= (1 + ) (1 − + O ( 2 ))
2n 2n n
1 1
= 1 − + O( 2)
n n
D’après le critère de Raabe-Duhamel démontré précédemment, on en
déduit l’existence d’un λ ∈ R∗+ tel que :
λ
un ∼ ,
n
qui est le terme général d’une série divergente. Ainsi, ∑ un diverge.
Remarque (autre méthode). La définition de la suite (un ) n’est pas
sans rappeler les intégrales de Wallis 2 , définies par
π
In = ∫ sinn (x)dx.
2
On en déduit que
2
un = I2n √ .
π n
On a alors
1
un ∼ √ ,
πn
λ
un ∼ .
n1−a
un+1 n + a 1 + b −1
a
a a b 1
= = n
= (1 + ) (1 + ) = (1 + ) (1 − ) + O ( 2 )
un n+b 1+ b
n
n n n n n
a−b 1
=1+ + O( 2)
n n
On se ramène alors au cas de la question 1, et on en déduit qu’il existe
λ ∈ R∗+ tel que
λ
un ∼ b−a .
n
Ainsi, la série ∑ un est convergente si et seulement si
b > 1 + a.
vn ∶= ln(nβ un ),
62 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
On voit ici que l’on n’est ni dans le cadre du critère de Raabe-Duhamel, ni dans
le cadre où l’on avait pu conclure sur la nature de ∑ un dans la question 5, puisque
l’on se retrouve dans le cas limite où α = 1.
En revanche, il est possible de conclure directement sur la nature de la série
∑ 1/(n ln n), puisque c’est une série de Bertrand ; et par ce critère, cette série diverge.
Soluce
1. Supposons que la série ∑ un converge. Posons Sn ∶= u0 + u1 + ⋯ + un . Par
définition, on a
v0 = u0 + u1 + ⋯ + uϕ(1)−1
v1 = uϕ(1) + ⋯ + uϕ(2)−1
⋮
vn = uϕ(n) + ⋯ + uϕ(n+1)−1
v0 + ⋯ + vn = u0 + u1 + ⋯ + uϕ(n+1)−1 = Sϕ(n+1)−1 .
64 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
Or, par hypothèse, la série ∑ un est convergente, ce qui ce traduit par l’existence
de S, finie, telle que
Sn Ð→ S.
n→+∞
On en déduit que
Sϕ(n+1)−1 Ð→ S,
n→+∞
en tant que suite extraite de la suite (Sn )n . Ainsi, la convergence de la série
∑ un implique celle de ∑ vn , et les deux séries ont bien même somme, S.
2. Supposons maintenant que la série ∑ vn converge. Fixons n ∈ N, et considé-
rons Sn = u0 + ⋯ + un . Par hypothèse sur la suite (vn ), la suite (Sϕ(p)−1 ) est
convergente, et tend vers une limite finie, S.
De plus, comme la fonction ϕ est strictement croissante, à valeurs dans N,
elle tend vers l’infini, ce qui implique que, pour ce n fixé, il existe un p ∈ N,
forcément unique, tel que :
n ∈ [ϕ(p); ϕ(p + 1)[ .
où
M ∶= max(ϕ(p + 1) − ϕ(p)),
p∈N
3. Attention, dans cette question, M n’est plus supposé fini. Reprenons l’inégalité
précédente, avec n fixé dans N, et p défini comme dans la question précédente ;
on avait
∣rp ∣ ⩽ ∣uϕ(p) ∣ + ⋯ + ∣uϕ(p+1)−1 ∣ .
Or, par hypothèse, chaque paquet ne contient que des termes de même signe ;
on a donc
et le terme ∣vp ∣ tend vers 0 quand p tend vers l’infini, puisque la série ∑ vn est
supposée convergente. Or, comme p tend vers l’infini avec n, on a donc
rp Ð→ 0,
n→+∞
n2 +2n
1
An ∶= ∑ .
p=n2 pα
2n + 1 2n + 1
⩽ An ⩽ 2α .
(n + 2n)
2 α n
Or,
2n + 1 2
∼ .
(n2 + 2n)α n→+∞ n2α−1
On voit alors ici deux sous-cas se profiler : si 0 < α ⩽ 1/2, et dans ce cas,
(2n + 1)/(n2 + 2n)α est équivalent à un terme qui ne tend pas vers 0, dont
la série diverge, donc. Cela implique la divergence de la série ∑ vn . Ainsi, par
la contraposée dans la question 1, on en déduit que, pour 0 < α ⩽ 1/2, ∑ un
diverge.
66 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
n+1
(c) Montrer que la série de terme général un = f (n) − ∫n f est absolument
convergente et que par conséquent les séries de termes généraux f (n) et
n+1
∫n f (t) dt sont de même nature.
∞
(d) Montrer enfin que la série de terme général f (n) et l’intégrale ∫0 f sont
de même nature.
√
sin n
2. Déterminer la nature de la série de terme général un = .
n
Soluce
1. (a) Pour tout x > 0, on a f (x) = f (0) + ∫0 f ′ (t) dt ; puisque f ′ est intégrable
x
Les deux termes du membre de droite tendent vers 0 lorsque x tend vers
l’infini (rappel : n est la partie entière de x). En effet, comme la série
∑ f (k) est convergente, la suite (∣f (k)∣)k∈N tend vers 0 et comme f ′ est
intégrable, la suite (∫k ∣f ′ (t)∣dt)
k+1
tend vers 0 aussi. Il en est alors de
k∈N
x ∞
même de ∫n f (t) dt ; on en conclut que l’intégrale ∫0 f est convergente.
∞
Ainsi, la série de terme général f (n) et l’intégrale ∫0 f sont de même
nature.
2. Notons d’abord que les résultats des questions précédentes restent encore vrais
si on remplace R+ par l’intervalle [n0 , +∞[√ où n0 est un quelconque entier na-
turel et considérons la fonction f ∶ t ↦ sint t ; elle est de classe C 1 sur [1, +∞[
√ √
et f ′ (t) = − sint2 t + cos
2t3/2
t
. Ainsi ∣f ′ (t)∣ ⩽ t12 + 2t13/2 et alors f ′ est intégrable sur
[1, +∞[ par comparaison avec une intégrale de Riemann ; d’après les résultats
précédents la série de terme général un est √ de même nature que l’intégrale
∞
∫1 f (t) dt. Le changement de variable u = t montre que cette dernière inté-
∞ sin u
grale est de même nature que l’intégrale 2 ∫1 u du dont la convergence est
√
sin n
notoire. Conclusion : la série de terme général un = n est convergente.
68 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
√
ei n
Remarque. Cette technique permet de montrer que la série ∑ α est convergente
n
1
pour α > .
2
lim ∑ tf (nt).
t→0+ n⩾0
Soluce
1. Soient t > 0 et n ∈ N. Pour k ∈ {0, . . . , n} et x ∈ [kt, (k + 1)t], on a : f ((k + 1)t) ⩽
f (x) ⩽ f (kt) d’où, en intégrant sur cet intervalle de longueur t :
(k+1)t
tf ((k + 1)t) ⩽ ∫ f (x)dx ⩽ tf (kt).
kt
Les hypothèses sur f font que limn→+∞ tf ((n + 1)t) = 0. En faisant tendre n
vers l’infini, il vient :
+∞ +∞ +∞
∫ f (x)dx = ∑ tf (kt) ⩽ ∫ f (x)dx+tf (0), d’où lim+ ∑ tf (kt) = ∫ f (x)dx.
0 k⩾0 0 t→0 k⩾0 0
√
l’intégrale vaut π/2 d’après l’exercice 45. On en déduit que
√ √ √
n2 1 −(n ∣ ln u∣)2 1 π
∑u ∼ √ ∑ ∣ ln u∣ e ∼√ ⋅ .
n⩾0 ∣ ln u∣ n⩾0 1−u 2
6.4. GROUPEMENT DE TERMES, COMPARAISON ET INTERVERSION 69
S1 = ∑ ( ∑ un,p )
n⩾0 p⩾0
(que S et S1 soient finies ou non). Soit A ⊂ N × N une partie finie : elle est
incluse dans le produit {0, . . . , N} × {0, . . . , P} pour N et P entiers convenables.
Puisque tous les termes sont positifs, on a :
N P N
∑ un,p ⩽ ∑ ∑ un,p ⩽ ∑ ∑ un,p ⩽ S1 .
(n,p)∈A n=0 p=0 n=0 p⩾0
p p p p
K
P P
A P
n
n n n
N N K N N+P
Pour tout K, on a :
K k
∑ ∑ ui,k−i ⩽ S = S1 ,
k=0 i=0
S1 = ∑ ∑ un,p et S2 = ∑ ∑ un,p .
n⩾0 p⩾0 p⩾0 n⩾0
Pour N et P entiers, on a :
N N P N P N P P
∑ Un = ∑ ∑ un,p + ∑ ∑ un,p et ∑ Vp = ∑ ∑ un,p + ∑ ∑ un,p ,
n=0 n=0 p=0 n=0 p⩾P+1 p=0 n=0 p=0 p=0 n⩾N+1
´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¸ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¶ ´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹¸ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¶ ´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¸ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¶ ´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¸¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹¶
zone A zone B zone A zone C
de sorte que
RRR N P RRR N P
RRR U − R
RRR ∑ n ∑ Vp RRRRR ⩽ ∑ ∑ ∣un,p ∣ + ∑ ∑ ∣un,p ∣ .
RRn=0 p=0 RR n=0 p⩾P+1 p=0 n⩾N+1
6.4. GROUPEMENT DE TERMES, COMPARAISON ET INTERVERSION 71
p p
B B
P N
A C C
n n
N N
quantité qui tend vers 0 lorsque N tend vers l’infini en vertu de la question 1.
Ceci entraîne l’égalité des deux sommes, quel que soit l’ordre de sommation.
3. Prenons un,p = (−1)/ (n + p + 1). Notons vp = u0,p = (−1)p /(p + 1). Par le critère
spécial des séries alternées, la série ∑ vp est convergente. Pour p ⩾ 0, soit Rp =
∑q⩾p+1 vq son reste. Toujours par le critère spécial, la suite (Rp ) est alternée et
la suite (∣Rp ∣)p⩾0 est décroissante donc la série ∑Rp est convergente.
Pour n fixé, la série ∑p un,p est convergente et sa somme est Rn . Par la remarque
du paragraphe précédent, la somme ∑n⩾0 ∑p⩾0 un,p est bien définie.
Inversement, fixons p. Comme la série harmonique diverge, la série ∑n un,p
diverge. Aucune des sommes ∑n⩾0 un,p n’est définie, a fortiori la somme double
∑p⩾0 ∑n⩾0 un,p non plus.
1. On suppose que les séries ∑ ∣an ∣ et ∑ ∣bn ∣ sont convergentes. Montrer que la
série ∑ ∣cn ∣ converge et que
∑ cn = ∑ an ∑ bn .
n⩾0 n⩾0 n⩾0
√
2. Pour n entier, on prend an = bn = (−1)n / n + 1. Démontrer que la série de
terme général cn est divergente.
3. Pour n entier, on prend an = bn = (−1)n /(n + 1). Démontrer que la série de
terme général cn est convergente.
Soluce
1. Il suffit de poser un,p = an bp pour (n, p) ∈ N2 et et d’appliquer l’exercice 32.
72 CHAPITRE 6. SÉRIES NUMÉRIQUES
2. Pour n ∈ N, on a :
n
(−1)k (−1)n−k n
1
cn = ∑ √ √ = (−1)n ∑ √ .
k=0 k+1 n−k+1 k=0 (k + 1)(n − k + 1)
1 2
Étant donnés x et y positifs, on a : 4xy ⩽ (x + y)2 , d’où √ ⩾ et :
xy x + y
n
2 2n + 2
∣cn ∣ ⩾ ∑ = .
k=0 n + 2 n+2
Comme le terme général (cn ) ne tend pas vers zéro, la série ∑ cn est divergente.
3. Pour n entier, on a :
n
(−1)k (−1)n−k (−1)n n 1 1 2 ⋅ (−1)n n 1
cn = ∑ × = ∑( + )= ∑ .
k=0 k + 1 n − k + 1 n + 2 k=0 k + 1 n − k + 1 n + 2 k=0 k + 1
2 ln(n)
Par suite, la suite (cn ) est alternée et tend vers 0 (car ∣cn ∣ ∼ ). Si n ⩾ 1,
n
on a aussi :
2 n−1 1 2 n 1
∣cn−1 ∣ − ∣cn ∣ = ∑ − ∑
n + 1 k=0 k + 1 n + 2 k=0 k + 1
n−1
2 1 2
= ∑ − ,
(n + 1)(n + 2) k=0 k + 1 (n + 2)(n + 1)
suite qui est positive pour n assez grand (le premier terme est équivalent à
2 ln(n)/n2 , beaucoup plus grand que le second qui est équivalent à 2/n2 ). On
peut donc appliquer le critère spécial des séries alternées pour conclure que la
série ∑ cn est convergente.
Chapitre 7
Séries de fonctions
7.1 Généralités
xe−nx
fn (x) = ,
ln n
avec par convention fn (0) = 0.
1. Montrer que la série ∑ fn est simplement convergente sur R+ . On note f la
somme de cette série.
2. Montrer que la convergence de la série ∑ fn est normale sur tout intervalle
[a, +∞[, où a > 0. Y a-t-il convergence normale de la série sur tout R+ ?
3. Montrer que la convergence de la série ∑ fn est uniforme sur R+ . En déduire
que f est continue sur R+ .
4. Montrer que f est de classe C 1 sur ]0, +∞[.
5. Montrer que f n’est pas dérivable en 0.
Soluce
1. Tout d’abord, pour x = 0, on a fn (0) = 0, pour tout n ⩾ 2, donc la série ∑ fn (0)
converge.
Pour x > 0, on a fn (x) = o ( n12 ), puisque n2 fn (x) → 0. Comme n12 est le
+∞ n→+∞
terme général d’une série convergente, par le critère de Riemann, la convergence
de la série ∑ fn (x) est assurée, pour tout x > 0.
2. Soit a > 0. On pose ϕn ∶ x ↦ xe−nx . Lançons-nous dans une petite étude de
cette fonction, afin d’en déterminer une borne supérieure. La fonction ϕn est
de classe C ∞ , et l’on a, pour tout x ⩾ 0,
73
74 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
x 0 1
n
a +∞
ϕ′n (x) + 0 − −
ϕn ϕn (a)
On a donc, pour un entier n suffisamment grand (plus grand que 1/a pour être
précis), max(ϕn ) = ϕn (a) = ae−na sur l’intervalle [a, +∞[ ; et donc, toujours
sur [a, +∞[ :
ae−na 1
max(fn ) = fn (a) = = o ( 2).
ln n n→+∞ n
1 e−1
max(fn ) = fn ( ) = .
n n ln n
1 1
Or, n ln n est le terme général d’une série de Bertrand, de la forme nα lnβ n , où
α = β = 1. Ce type de série ne convergeant que pour α > 1, ou bien pour α = 1
et β > 1, la série ∑ n ln
1
n est divergente. Ainsi, la série ∑ fn ne converge pas
normalement sur R+ .
3. On considère dans la suite (Rn )n , la suite des restes de la série des ∑ fn , c’est-
à-dire, pour n ∈ N et x ⩾ 0, Rn (x) = ∑+∞ k=n+1 fn (x). Il s’agit de montrer que
(Rn ) converge uniformément vers 0.
Fixons x > 0, et soit n ∈ N. On a
+∞
e−kx x +∞
−kx xe−(n+1)x 1
0 ⩽ Rn (x) = x ∑ ⩽ ∑ e = .
k=n+1 ln k ln(n + 1) k=n+1 ln(n + 1) 1 − e−x
et pour x = 0, Rn (0) = 0.
x x
Or, on a x Ð→ 1 ; et x Ð→ 0. On en déduit que la fonction
e − 1 x→0 e − 1 x→+∞
⎧
⎪
x
si x > 0
⎪ x
f ∶ x ↦ ⎨e − 1
⎪
⎪ si x = 0
⎩1
est majorée ; soit M > 0 tel que, pour tout x ⩾ 0,
x
∣ ∣ ⩽ M.
ex −1
1. Ceci pour assurer que n1 soit suffisamment proche de 0, de sorte que, quel que soit a > 0
choisi, a soit toujours plus grand que n1 .
7.1. GÉNÉRALITÉS 75
Ceci étant valable pour tous c et d dans R∗+ , on en déduit que la fonction f est
de classe C 1 sur R∗+ .
5. On étudie le taux d’accroissement
f (x) − f (0) +∞ e−nx
=∑ =∶ Θ(x).
x−0 n=2 ln n
Ceci est absurde, puisque la série ∑ ln1n diverge. Conclusion : f n’est pas déri-
vable en 0.
76 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
Soluce
1. (a) Soit n ∈ N. Par définition de la suite (un )n , et de la norme infinie sur R,
on a
un+1 = ∣∣f − fn+1 ∣∣∞ = sup ∣f (x) − fn+1 (x)∣.
x∈[0,1]
Comme, pour x ∈ [0, 1] fixé, la suite (fn (x))n est croissante, on obtient
Ainsi, la suite (un )n est décroissante. Elle est de plus minorée par 0 (c’est
une norme !) ; par le théorème de la limite monotone, la suite (un )n est
donc convergente.
(b) Soit n ∈ N. La fonction x ↦ (f − fn )(x) est continue (car f et fn le sont)
sur [0, 1], qui est un intervalle compact de R. Elle est donc bornée, et elle
atteint ses bornes ; autrement dit, ∃xn ∈ [0, 1] ; un = (f − fn )(xn ).
Comme on a fixé n ∈ N arbitrairement, ceci est valable pour tout n ∈ N.
(c) On a montré dans la question 1 (a) que la suite (un ) est convergente.
Notons l sa limite. On veut montrer que l = 0.
Faisons dans un premier temps une hypothèse supplémentaire : supposons
que la suite (xn ) est convergente, et tend vers un certain x ∈ [0, 1].
2. Ce résultat permet d’établir le théorème de Weierstrass, puisque toute fonction continue peut
être approchée uniformément par des fonctions continues affines par morceaux, qui, elles-mêmes,
s’écrivent comme combinaisons linéaires de fonctions de la forme x ↦ ∣x − c∣.
7.1. GÉNÉRALITÉS 77
√ √
√ √ ( x − Pn (x))( x + Pn (x))
Pn+1 − x = Pn (x) − x+
√ 2
√ x + Pn (x)
= ( x − Pn (x))( − 1 + )
2
√ √
( x − Pn (x))( − 2 + x + Pn (x))
=
2
√ √
( x − Pn (x))(2 x − 2)
⩽ ⩽ 0,
2
ce qui termine la récurrence.
(b) On va utiliser ici le théorème de Dini démontré précédemment.
Commençons par noter que (Pn ) est une suite de fonctions polynômes,
donc en particulier, continues.
Soit maintenant x ∈ [0, 1] fixé. La suite (Pn (x)) est croissante, d’après
√
la question 2 (a), majorée par x ; elle est donc convergente. Notons
√
`(x) sa limite 3 ; elle vérifie 0 ⩽ `(x) ⩽ x. De plus, comme (Pn+1 (x))
et (Pn (x)) ont même limite `(x), en passant à la limite dans l’égalité
x−Pn (x)2
Pn+1 (x) = Pn (x) + 2 , on obtient l’équation
x − `(x)2
`(x) = `(x) + ,
2
3. A priori, elle dépend de x.
78 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
√ √
dont les solutions sont `(x) = x ou `(x) = − x ; mais comme 0 ⩽ Pn (x)
∀n ∈ N, alors la limite `(x) est également positive. Autrement dit, on a
√
`(x) = x.
On a donc obtenu une suite (Pn ) de fonctions continues de [0, 1] à valeurs
√
dans R qui converge simplement vers la fonction x ↦ x, continue. Comme
de plus, pour x ∈ [0, 1] fixé, la suite (Pn (x))n est croissante, toutes les
conditions sont réunies pour appliquer le théorème de Dini, qui assure que
cette convergence est uniforme sur [0, 1].
(c) D’après ce qui précède, (Pn )n converge uniformément vers la fonction x ↦
√
x. Donc, la suite (Qn )n définie par Qn (x) = Pn (x2√
), x ∈ [0, 1], converge
uniformément , par continuité, vers la fonction x ↦ x2 = ∣x∣.
4
Soluce
1. Détaillons d’abord les cas n = 1, 2, 3.
Pour n = 1, il n’y a rien à dire.
Pour n = 2, les partitions 5 de l’ensemble [1, 2] sont
ce qui donne D2 = 2.
Enfin, pour n = 3, on partitionne l’ensemble [1, 3] en
{{1}, {2}, {3}}, {{1, 2, 3}}, {{1}, {2, 3}}, {{2}, {1, 3}}, {{3}, {1, 2}},
4. On a utilisé ici le résultat suivant : si (fn ) est une suite de fonctions continues, qui converge
uniformément vers une fonction f , continue également, alors, pour g fonction continue, (fn ○ g) tend
uniformément vers f ○ g.
5. On rappelle qu’une partition d’un ensemble X est une famille de sous-ensembles Xi non vides
et disjoints dont la réunion est l’ensemble entier, i.e. tels que ⋃i Xi = X et Xi ∩ Xj = ∅ si i ≠ j.
7.2. SÉRIES ENTIÈRES SUR R 79
donc D3 = 5.
Soit maintenant n ⩾ 3. Pour k ∈ [0, n], on considère à présent Ek , l’ensemble
des partitions de [1, n + 1] pour lesquelles la partie qui contient n + 1 est de
cardinal k + 1, fixé. On regarde cette phrase droit dans les yeux, et on trouve
#Ek = (nk)Dn−k . Effectivement, pour constituer la partie contenant n+1, il faut
choisir k éléments dans [1, n], puis réaliser une partition des n − k éléments
restants.
De plus, comme les (Ek )k∈[0,n] forment une partition de l’ensemble des parti-
tions de [1, n + 1], on obtient la formule :
n n
n n
Dn+1 = ∑ ( )Dn−k = ∑ ( )Dj ,
k=0 k j=0 j
La fonction f est dérivable sur ]−R, R[ (cette propriété sur les séries entières sur
leur disque de convergence étant une conséquence du théorème de dérivation
des séries), et l’on a
+∞
Dn+1 n
f ′ (z) = ∑ z .
n=0 n!
Par la formule trouvée à la question 1, on en déduit que, pour z ∈ ]−R, R[ :
+∞ +∞
1 n n n
Dk 1
f ′ (z) = ∑ ( ∑ ( )Dk ) z n = ∑ ( ∑ ) zn.
n=0 n! k=0 k n=0 k=0 k! (n − k)!
e
3. La série entière définissant l’exponentielle ayant un rayon de convergence infini,
on a, pour tout z ∈ C :
+∞
z enz +∞ 1 +∞ (nz)k
ee = ∑ =∑ ∑ .
n=0 n! n=0 n! k=0 k!
puis
∣z∣ n
+∞
e∣nz∣ +∞ (e )
=∑ = ee .
∣z∣
∑
n=0 n! n=0 n!
La série double est donc sommable, sur C. Par le théorème de Fubini, on peut
alors intervertir les sommes, et en déduire que, pour tout z ∈ ]−R, R[,
1 +∞ +∞ +∞
1 +∞ nk z k
f (z) = ∑ ( ∑ un,k ) = ∑ ( ∑ ) .
e k=0 n=0 k=0 e n=0 n! k!
1 +∞ nk
Dk = ∑
e n=0 n!
Bn (t) n xext
∑ x = x .
n⩾0 n! e −1
7.2. SÉRIES ENTIÈRES SUR R 81
3. Montrer que le rayon de convergence de la série (en x) vaut au plus 2π, (en
fait, c’est exactement 2π).
x x
4. Montrer que l’on a, sur un voisinage de 0 dans C convenable : x + =
e −1 2
x x
coth .
2 2
B2k (0) 2k
5. En utilisant cot x = i coth(ix), en déduire que x cot x = ∑ (−1)k 22k x .
k⩾0 (2k)!
(−1)k+1 x2k
6. En écrivant (x2 − n2 π 2 )−1 = ∑ , retrouver la formule de l’exer-
k⩾0 (nπ)
2k+2
cice 42.
Soluce
1. Montrons par récurrence sur n que ∣Bn (t)∣ ⩽ n! pour t ∈ [0, 1]. Pour n = 0, rien
à faire. Soit n ⩾ 1, supposons que, pour tout t, on ait : ∣Bn−1 (t)∣ ⩽ (n − 1)!, de
sorte que ∣B′n (t)∣ ⩽ n!. Comme ∫0 Bn = 0, le polynôme Bn admet au moins un
1
B (t)
Il en résulte, par comparaison avec la série géométrique, que la série ∑n nn! xn
a, pour tout t ∈ [0, 1], un rayon de convergence R supérieur ou égal à 1. Dans
la suite, notons, pour ∣x∣ < R et t ∈ [0, 1],
Bn (t) n
f (t, x) = ∑ x .
n⩾0 n!
B (t)
2. Fixons x ∈ D(0, 1) (i.e. ∣x∣ < 1) et posons fn (t) ∶= nn! . Le terme général
un (t) ∶= fn (t)xn de la série qui définit f est dérivable par rapport à t, et l’on
a : u′n (t) = fn−1 (t)xn . Comme ∣fn−1 (t)xn ∣ ⩽ ∣x∣n−1 , la convergence de ∑ u′n est
normale sur [0, 1] (la variable est t...). On peut donc dériver terme à terme :
En comparant ces deux égalités, on trouve que g(x) = x/(ex − 1). Un prolonge-
ment par continuité donne également un sens à la formule pour x = 0, de sorte
que :
Bn (t) n xext
∀t ∈ [0, 1], ∀x ∈ D(0, 1), ∑ x = x .
n⩾0 n! e −1
(En fait, la formule est vraie pour tout x complexe de module < 2π.)
3. La fonction g ∶ x ↦ x/(ex − 1) admet un pôle en x = 2iπ, donc le plus grand
disque sur lequel elle admet un développement en série entière est inclus dans
le disque ouvert D(0, 2π) ; par suite, quel que soit t, le rayon de convergence
de ∑ Bn (t)xn est au plus 2π.
4. Pour x ∈ C ∖ 2iπZ, on a :
x ch 2 ex/2 + e−x/2 ex + 1 ex − 1 + 2
x
2
coth = x = x/2 = x = =1+ x .
2 sh 2 e − e −x/2 e −1 e −1
x e −1
x x x Bn (0) n
coth = + ∑ x .
2 2 2 n⩾0 n!
6. Pour x ∈ D(0, π) et n ⩾ 1, on a :
1 1 1 x2k
= − = − ∑ .
x2 − n2 π 2 (nπ)2 1 − x2 2 2 k⩾0 (nπ)
2k+2
n π
La permutation est justifiée par le fait que tous les termes de la somme double
sont positifs et que dans un ordre de sommation, la somme double converge –
c’est le théorème de Fubini pour les séries.
7.3. SÉRIES ENTIÈRES SUR C 83
d’où Bn (1−t) = (−1)n Bn (t) pour tout n et tout t (ce que l’on peut prouver facilement
par récurrence). En remplaçant (t, x) par (−t, −x) :
Bn (t) n Bn (−t) xext −xext 1 ex
∑ x −∑ (−1)n xn = x − −x =( x − x ) xext = −xext ,
n⩾0 n! n⩾0 n! e −1 e −1 e −1 e −1
cn ∶= ∑ ap bq ,
p+q=n
Soluce
1. Pour tout x réel appartenant à [0, 1], on a
∣an xn ∣ ⩽ ∣an ∣ = an .
Or, la suite (bp xp ) est une suite positive, décroissante, de limite nulle. D’après
le théorème spécial des séries alternées, pour tout n ∈ N, pour tout x ∈ [0, 1[ :
On a alors, pour tout entier k non nul, ak = rk−1 − rk , et pour tous entiers n et
p vérifiant p ⩾ n + 2, pour tout x ∈ [0, 1],
p p
∑ ak x = ∑ (rk−1 − rk )x .
k k
k=n+1 k=n+1
p p p p−1 p
∑ ak x = ∑ rk−1 x − ∑ rk x = ∑ rk x − ∑ rk xk .
k k k k+1
k=n+1 k=n+1 k=n+1 k=n k=n+1
p p−1
∣ ∑ ak xk ∣ ⩽ ∣rn ∣ ∣xn+1 ∣ + ∣rp ∣ ∣xp ∣ + ∑ ∣rk ∣ (xk − xk+1 ), (⋆)
k=n+1 k=n+1
p p−1
∣ ∑ ak xk ∣ ⩽ ε ∣xn+1 ∣ + ε ∣xp ∣ + ε ∑ (xk − xk+1 ),
k=n+1 k=n+1
Ainsi, le critère de Cauchy est vérifié, et la série est bien uniformément conver-
gente sur [0, 1].
4. La fonction x ↦ an xn est continue sur [0, 1], pour tout n. La somme f est donc
continue sur [0, 1], comme limite uniforme d’une série de fonctions continues.
86 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
Soluce
1. Par linéarité de l’intégrale, φ est bien une application C-linéaire. Intéressons-
nous à son noyau ; si f ∈ ker φ, alors, f est continue, 2π-périodique, telle que,
pour tout n ∈ Z, cn (f ) = 0. Par le théorème de Parseval, on a alors
2π n=+∞
1
∫ ∣f (t)∣2 dt = ∑ ∣cn (f )∣2 = 0.
2π 0 n=−∞
La fonction ∣f ∣2 étant continue, positive, et d’intégrale nulle sur [0, 2π], elle est
alors nulle sur cet intervalle ; par périodicité, on en déduit qu’elle est nulle sur
R.
Ainsi, ker φ = {0} ; φ est injective.
2. Si f ∈ E, alors f est continue, 2π-périodique de R dans C. Le théorème de
Parseval énoncé précédemment nous donne
2π n=+∞
1
∫ ∣f (t)∣2 dt = ∑ ∣cn (f )∣2 ,
2π 0 n=−∞
ce qui montre que la suite cn (f ))n∈Z est de carré sommable ; autrement dit,
cn (f ))n∈Z ⊂ `2 , et donc, im φ ⊂ `2 .
3. Intéressons-nous aux coefficients de Fourier de la fonction g ; g étant impaire,
on a an (g) = 0 pour tout n ∈ N. De plus, par une intégration par parties, on
obtient, pour tout n > 0, bn (g) = 1/n. Enfin, en utilisant les relations entre
coefficients de Fourier complexes et trigonométriques, on obtient c0 (g) = 0, et
pour tout n > 0, cn (g) = −i/(2n) ; ainsi, (cn (g))n∈Z est bien dans `2 .
Dans la suite, pour simplifier, notons, pour tout n ∈ Z∗ , cn ∶= −i/(2n). On va
montrer qu’il n’existe pas de fonction f dans E telle que, pour tout n ∈ Z,
cn (f ) = cn .
Pour ce faire, supposons par l’absurde qu’il existe une telle fonction. Alors, la
fonction f − g étant continue par morceaux, périodique de période 2π et égale
à sa régularisée, on peut de nouveau appliquer le théorème de Parseval :
2π n=+∞
1
∫ ∣f (t) − g(t)∣ 2
dt = ∑ ∣cn (f ) − cn ∣ = 0.
2
2π 0 n=−∞
Par continuité de la fonction f − g sur tout segment [a, b] inclus dans ]0, 2π[,
on en déduit f − g = 0 ; on a donc, pour tout t ∈ ]0, 2π[, f (t) = g(t).
Or,
π
= lim g(t) = lim f (t),
2 t→0,t>0 t→0,t>0
et
π
− = lim g(t) = lim f (t),
2 t→0,t<0 t→0,t<0
M ⊂ im(φ) ⊂ l2 ,
Cela montre que la suite (u(p) )p∈N converge bien vers (vn )n∈Z . Ainsi, comme
voulu, M est dense dans `2 , ce qui implique également la densité de im(φ) dans
l’espace `2 .
1.15
1.1
1.05
1
0.95
1 1 0.9 1
0.85
0 0.1 0.2 0.3 0.4
0.5 0.5 0.5
-3 -2 -1 1 2 3 -3 -2 -1 1 2 3 -3 -2 -1 1 2 3
-1 -1 -1
Figure 7.1 – Troncatures des séries de Fourier de l’échelon : (Sn )0⩽n⩽5 , S14 , S49
3. Soit Mn = Sn ( 2(n+1)
π
).
(a) Montrer que
2 π sin u
lim Mn = ∫ du.
n→+∞ π 0 u
Riemann, on t’a vu, sors de là !
(b) Montrer que cette limite est strictement supérieure à 1 et conclure.
+∞ sin u π
On pourra admettre que ∫ du = .
0 u 2
Soluce
1. Comme f est impaire, les coefficients an sont nuls. On calcule alors les coeffi-
cients bn , pour n ∈ N∗ ; par imparité de f , on obtient
π
1 π 2 π 2 − cos(nt) 2 1 − (−1)n
bn = ∫ f (t) sin(nt)dt = ∫ sin(nt)dt = [ ] = .
π −π π 0 π n 0 π n
Ainsi,
⎧
⎪
⎪
⎪0 si n est pair,
bn = ⎨ 4
⎪
⎪
⎪ si n est impair.
⎩ πn
2. Pour n ∈ N, on a :
n
4
Sn (t) = ∑ sin((2k + 1)t),
k=0 π(2k + 1)
Les variations de Sn sur ]0, π[ s’en déduisent : comme le sinus est strictement
positif sur cet intervalle, seul compte le numérateur. La dérivée S′n s’annule
en changeant de signe aux 2n + 1 points tk = 2n+2 kπ
(1 ⩽ k ⩽ 2n + 1) ; elle est
strictement positive au voisinage de 0. Ainsi, Sn est strictement croissante sur
]0, t1 ], décroissante sur [t1 , t2 ], etc., et décroissante sur [t2n+1 , π[.
NB : On pourrait vérifier sans trop de peine que Sn (t1 ) = Sn (t2n+1 ) > Sn (t3 ) =
Sn (t2n−1 ) > ⋯. Autrement dit, Mn est le maximum de Sn . Tout ce que l’on
vient de démontrer est attesté par les dessins.
3. (a) On a :
n 2k+1 2k+1
π 4 sin( 2n+2 π) 2 π n sin( 2n+2 π)
Mn = Sn ( )= ∑ × = × ∑ .
2n + 2 k=0 π 2k + 1 π n + 1 k=0 2n+2
2k+1
π
π 2 π sin x
lim Mn = lim Sn ( )= ∫ dx.
n→+∞ n→+∞ 2(n + 1) π 0 x
(b) Pour montrer que la limite de (Mn ) est strictement plus grande que 1, on
pourrait se contenter d’un calcul approché, soit 1,179 à 10−4 près.
+∞
On va le montrer en admettant que ∫0 sinu u du = π2 .
(k+1)π
Soit k un entier et soit uk = ∫kπ u du. Sur [kπ, (k + 1)π], le sinus
sin u
u − (k + 1)π),
π ∣sin u∣ π ∣sin u∣
∣uk ∣ = ∫ du > ∫ du = ∣uk+1 ∣ .
0 kπ + u 0 (k + 1)π + u
Autrement dit, la série ∑ uk , dont la somme vaut π/2, est alternée. D’après
le critère spécial, on a donc u0 > π2 , d’où il ressort que limn→+∞ Mn = π2 u0 >
1.
Ainsi, limn→+∞ ∥Sn − f ∥ ⩾ π2 u0 > 1, si bien que la convergence n’est pas
uniforme.
2 t sin(2n + 2)u
Sn (t) = Sn (t0 ) + ∫ du
π t0 sin u
t
2 − cos(2n + 2)u 2 t cos u cos(2n + 2)u
= Sn (t0 ) + [ ] − ∫ du ;
π (2n + 2) sin u t0 (2n + 2)π t0 sin2 u
2 2 2 π−ε du
∣Sn (t) − 1∣ ⩽ ∣Sn (t0 ) − 1∣ + ⋅ + ∫
π (2n + 2) sin ε (2n + 2)π π/2 sin2 u
et les trois termes tendent vers 0 uniformément par rapport à t ∈ [ε, π − ε].
Remarque. Ainsi, la différence limn→+∞ Mn − f (0+ ) vaut environ 0,18, ce qui repré-
sente 9 % du saut f (0+ ) − f (0− ).
D’autre part, il est classique que l’on ait ∣f −Sn (f )∣ = O(1/nr ) pour une fonction f
de classe C r . Par suite, la convergence de la série de Fourier d’une fonction C ∞ est
plus rapide que tout polynôme (en n).
Il en résulte que le phénomène de Gibbs est très général pour les fonctions
classe C ∞ par morceaux qui n’ont qu’un nombre fini de discontinuités. Une telle
fonction peut s’écrire comme somme d’une fonction de classe C ∞ et d’une somme de
fonctions créneaux semblables à f . La convergence de la série de Fourier est uniforme
hors des discontinuités et, en chaque discontinuité, il y a un écart d’environ 9 % du
saut entre la limite de la série de Fourier et la limite de la fonction.
et B3 .
2. Montrer que si n ⩾ 2, alors Bn (0) = Bn (1).
3. Pour n ⩾ 2, soit fn la fonction périodique de période 1 telle que fn (t) =
Bn (t)/n! pour t ∈ ]0, 1] et de période 1. Montrer que fn est continue sur R,
et que ses coefficients de Fourier sont : c0 (fn ) = 0 ; cp (fn ) = −1/(2ipπ)n pour
p ≠ 0.
4. En déduire que pour tout entier naturel non nul k, on a l’égalité
(−1)k+1 2k−1 2k
ζ(2k) = 2 π B2k (0),
(2k)!
Soluce
1. L’existence et l’unicité des Bn (n ∈ N) se fait par récurrence. On suppose le
polynôme Bn−1 défini de façon unique. Alors, la condition P′ = nBn−1 définit
92 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
b2 = 6 ;
1
e−2ipπt e−2ipπt
1 1 1
cp (fn ) = ∫ fn (t)e−2ipπt dt = [fn (t) ] + ∫ fn−1 (t) dt
0 −2ipπ 0 0 2ipπ
fn (1) − fn (0) cp (fn−1 )
= + .
−2ipπ 2ipπ
Pour n = 1, le terme intégré vaut
e−2ipπt 1 e−2ipπt
1 1 1
1
cp (f1 ) = ∫ (t− )e−2ipπt dt = ∫ te−2ipπt dt = [t ] +∫ dt = −1/(2ipπ),
0 2 0 −2ipπ 0 0 2ipπ
ce qui amorce une récurrence. Remarquons, pour l’hérédité, que pour n ⩾ 2, le
c (fn−1 )
terme intégré est nul car Bn (0) = Bn (1), ce qui donne cp (fn ) = p 2ipπ .
4. La relation résulte directement du théorème de Dirichlet appliqué à f2k en
t = 0. On déduit du caractère C 1 par morceaux de fn l’égalité :
e−2ipπt + e2ipπt
f2k (t) = ∑ cp (f2k )e−2ipπt = − ∑ .
p∈Z p>0 (2ipπ)2k
En évaluant en 0, cela donne
2
f2k (0) = − ∑ .
p>0 22k (−1)k p2k π 2k
D’où
B2k (0)
= (−1)k+1 2−2k+1 π −2k ∑ p−2k = (−1)k+1 2−2k+1 π −2k ζ(2k).
(2k)! p⩾1
Remarque. Si l’on fait la même chose pour la fonction f2k+1 , avec k > 0, on
obtient f2k+1 (0) = 0, c’est-à-dire, B2k+1 (0) = 0. On peut obtenir cette égalité par
des moyens plus élémentaires. Par exemple, si l’on pose Un (t) = Bn (t+ 21 ), alors
on voit, par la dérivation des fonctions composées, que U′n = nUn−1 , puis, par
récurrence, que Un est de la parité de n. On en déduit Bn (1 − x) = (−1)n Bn (x),
ce qui force Bn (0) à être nul si n est impair.
Remarque. En lien avec cet exercice, il est intéressant de noter le résultat suivant. Si
f est une fonction polynomiale par morceaux, alors
1. les coefficients de Fourier cn (f ) sont des O( n1 ), même si f n’est pas continue,
2. si f est de classe C k , alors, les coefficients de Fourier cn (f ) sont des O( nk+2
1
),
Le premier point se prouve par récurrence sur le degré de f (le max des degrés de
polynômes qui constituent f par morceaux), en effectuant une intégration par partie
pour l’hérédité (what else ?). Le second point se fait ensuite par récurrence sur k en
utilisant la formule cn (f ′ ) = 2πin
T cn (f ), où T désigne la période.
x2
2. En déduire que pour x ∈ ]−π, π[, on a : sin x = x ∏ (1 − ).
n⩾1 n2 π 2
Penser la cotangente comme une dérivée logarithmique : cot = (ln ○ sin)′ .
Soluce
1. La fonction fα est paire sur l’intervalle ]−π, π]. Comme fα (−π) = fα (−π +2π) =
cos(απ) = cos(−απ), la fonction fα est continue en −π donc sur R. Elle est de
plus C 1 par morceaux.
On en déduit aussi qu’elle est paire sur [−π, π], et donc paire sur R, puisque,
pour tout x réel, il existe k entier tel que x − 2kπ ∈ ]−π, π], et donc
1 1
cot x = + 2x ∑ 2 .
n⩾1 x − n π
x 2 2
Le produit est bien défini car tous ses facteurs sont strictement positifs et
la série ∑ ln(1 − x2 /n2 π 2 ) converge absolument (et même normalement) sur
]−π, π[ car, par convexité du logarithme, ∣ln(1 − x2 /n2 π 2 )∣ ⩽ x2 /n2 π 2 ⩽ 1/n2 .
2
On a : ln g(x) = ln x + ∑n⩾1 ln(1 − nx2 π2 ) pour tout x ∈ ]0, π[ par continuité du
logarithme.
2
Chaque fonction un ∶ x ↦ ln(1 − nx2 π2 ), n ⩾ 1, est dérivable sur ]0, π[ et on a :
− n2x 2x
u′n (x) =
2 π2
= .
1− x2 x2 − n2 π 2
n2 π 2
Les fonctions continues ln ○g et ln ○ sin sont donc égales, à une constante près,
sur ]0, π[, et g et sin sont égales à une constante multiplicative près. Or,
lorsque x tend vers 0, on a : g(x) ∼ x car, par convergence normale de la série
de terme général ln(1 − x2 /n2 π 2 ) (par application du théorème de la double li-
mite), le produit dans g(x) tend vers 1 lorsque x tend vers 0. Bien sûr, sin x ∼ x
aussi donc la constante multiplicative vaut 1.
On a donc : g(x) = sin x pour tout x ∈ ]0, π[. Cette relation est évidente pour
x = 0 et se prolonge à ]−π, π[ par imparité des deux fonctions. Ainsi, pour
x ∈ ]−π, π[,
x2
sin x = x ∏ (1 − 2 2 ).
n⩾1 n π
7.4. SÉRIES DE FOURIER 95
π2
(c) Retrouver la formule ζ(2) = .
6
Soluce
1. (a) Remarquons tout d’abord que ∣f (t)e−inωt ∣ = ∣f (t)∣ ; comme f est supposée
intégrable sur R, f ∗ est bien définie.
Pour montrer que la somme existe, on va montrer que la série ∑ f (t + nT)
converge simplement sur R. Prenons K > 0. Par hypothèse, t ↦ (1+∣t∣α )f (t)
est bornée, donc il existe M > 0 tel que, pour tout t ∈ R : ∣(1 + ∣t∣α )f (t)∣ ⩽
M. On obtient alors, pour tout t ∈ [−K, K] et tout n ∈ Z, en supposant
∣n∣T > K :
M M
∣f (t + nT)∣ ⩽ α ⩽ α,
1 + ∣t + nT∣ ∣∣n∣ T − K∣
où la seconde inégalité vient de l’inégalité triangulaire et de ∣t∣ ⩽ K :
De plus, on a l’équivalent
M M 1
α ∼ α α,
∣∣n∣T − K∣ T n
96 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
1.5
1
0.5
-15 -10 -5 5 10 15
-0.5
-1
-1.5
N N+1
∑ f ((t + T) + nT) = ∑ f (t + nT).
n=−N n=−N+1
(d) Nous avons montré que F est une fonction périodique et de classe C 1 sur R
(donc, en particulier, continue sur R). Par le théorème de Dirichlet, la suite
des sommes partielles (Sn (F)) converge uniformément, donc simplement,
vers F. Autrement dit, pour tout t ∈ R :
∑ cn (F)e = F(t).
iωnt
n∈Z
1
0.8
0.6
0.4
0.2
-10 -5 5 10
1 2a 1
F(0) = ∑ 2 = ∑ e−2a∣n∣π = 2 ∑ e−2anπ −1 = 2 ∑ (e−2aπ )n −1 = 2 −1.
2π n∈Z a + n 2
n∈Z n∈N n∈N 1 − e−2aπ
Ainsi,
1 2a 1 + e−2aπ e2aπ + 1
∑ 2 = = = coth(πa).
2π n∈Z a + n2 1 − e−2aπ e2aπ − 1
Finalement, on obtient
1 π
∑ 2 + n2
= coth(πa).
n∈Z a a
et posons
1 1
g∶a↦ ∑ et h ∶ a ↦ ∑ .
n∈Z a2 + n2 n∈N∗ a2 + n2
1 sin2 ( 2 )
2π nx
1
∫ Kn (x)dx = 1, Kn (x) = , x ∉ Z.
2π 0 n sin2 ( x2 )
∣k∣ ikx
(b) En déduire l’égalité Kn (x) = ∑nk=−n (1 − n )e .
3. (a) On fixe ε > 0. Montrer qu’il existe η > 0 tel que pour tout x, y ∈ [0, 2π],
∣x − y∣ < η implique ∣f (x) − f (y)∣ < 2ε .
(b) On fixe M > 1. Montrer que ∣Kn ∗ f (x) − f (x)∣ < Mε pour n assez grand.
En déduire que la suite (Kn ∗ f ) est une suite de fonctions de E tendant
vers f pour la norme uniforme.
4. Pour tout n ⩾ 0, soit
n 2π
1
Sn (x) ∶= ∑ ck eikx , ck ∶= ∫ f (y)e−iky dy,
k=−n 2π 0
Soluce
2π 2π
1. On sait que pour tout entier k, ∫0 eikx dx = 2πδ0k . On en déduit ∫0 σk (x)dx =
2π et la première formule découle de la linéairité de l’intégrale.
Pour la seconde formule, on note que x ∉ 2πZ implique eix ≠ 1. On peut utiliser
100 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
1 enix − 1 −(n−1)ix e
nix
−1
= (eix − e )
n(eix − 1) e −1
ix e −1
ix
2
(e 2 − e− 2 )
nix nix
eix (enix − 1) −nix sin2 ( nx
2 )
= (1 − e ) = = x .
n(e − 1)
ix 2
n(e 2 − e 2 )2 n sin ( 2 )
ix
− ix 2
n−1
0
Il ne reste plus qu’à ajouter deux termes nuls aux deux extrémités de la
∣k∣
somme pour obtenir Kn (x) = ∑nk=−n (1 − n )eikx .
3. (a) Comme f est continue sur le compact [0, 2π], elle y est uniformément
continue par le théorème de Heine. L’existence η en découle.
2π
(b) Par la question 1, on a f (x) = 2π
1
∫0 f (x)Kn (y)dy. Ceci implique
1 2π
Kn ∗ f (x) − f (x) = ∫ (f (x − y) − f (x)) Kn (y)dy.
2π 0
Par la question 1, Kn (x) est un réel positif. Il vient alors
1 2π
∣Kn ∗ f (x) − f (x)∣ ⩽ ∫ ∣f (x − y) − f (x)∣ Kn (y)dy = I1 + I2 + I3 ,
2π 0
7.4. SÉRIES DE FOURIER 101
avec
1 η 1 2π−η
I1 ∶= ∫ ∣f (x − y) − f (x)∣ Kn (y)dy, I2 ∶= ∫ ∣f (x − y) − f (x)∣ Kn (y)dy,
2π 0 2π η
1 2π
I3 ∶= ∫ ∣f (x − y) − f (x)∣ Kn (y)dy.
2π 2π−η
2π
Par 1) et 3a), I1 ⩽ 4π
ε
∫0 Kn (y)dy = 2 , et de même I3 ⩽ 2 . De plus, comme
ε ε
On peut écrire
Remarque. Voici quelques commentaires sur l’exercice. Tout d’abord, on peut voir
la fonction Kn tendre vers un "Dirac", ce qui explique le résultat Kn ∗ f → f ob-
tenu. Ensuite, sur le résultat lui-même, on peut dire qu’il s’agit d’un théorème de
k=0 Sn (x) est une suite de fonc-
Weierstrass trigonométrique. En effet, la suite n1 ∑n−1
tions trigonométriques (sous forme exponentielle), et cette suite tend uniformément
vers la fonction continue f , ce qui l’apparente au théorème de Weierstrass, voir exer-
cices 5 et 109. Pour finir, on note que ce résultat s’inscrit par rapport au théorème
102 CHAPITRE 7. SÉRIES DE FONCTIONS
de Dirichlet qui, dans le cas d’une fonction continue et C 1 par morceaux, assure que
la suite de fonctions Sn converge simplement vers f . Par le théorème de Cesàro, la
suite des moyennes converge également vers f , mais comme on vient de le voir, la
convergence est cette fois-ci uniforme.
Il apparaît clairement que cet opérateur n’est pas positif. L’idée (géniale, avouons-
sin2 ( nx )
le !) est de moyenner cet opérateur pour le rendre positif : Kn (x) = 2
n sin2 ( x2 )
.
Ceci explique que l’opérateur f ↦ Kn ∗ f est positif et que l’on peut appliquer
la variante du théorème de Korovkin pour montrer que Kn ∗ f tend uniformément
vers f . Il suffit de le faire pour les trois fonctions 1, cos(x), sin(x), dont les sommes
partielles de Fourier sont évidentes à calculer.
Intégrales : généralisées, à
paramètre, multiples
La méthode la plus expéditive reste tout de même l’intégrale double de l’exercice 61.
1. Montrer que
+∞
lim ∫ gn (t)dt = I.
n→+∞ 0
103
104CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Soluce
1. Nous allons utiliser le théorème de convergence dominée.
Tout d’abord, pour tout n ∈ N∗ , la fonction gn est intégrable sur R+ , puisqu’elle
√
est continue sur l’intervalle [0, n], et nulle partout ailleurs.
√
Fixons maintenant x ∈ R+ . Pour x ∈ [0, n], les fonctions étant nulles dès que
√
x > n, on a :
n 2 2
x2 n ln(1− xn ) n(− xn +o( n
1
))
= e−x +o(1) .
2
gn (x) = (1 − ) = e = e
n n→+∞
x2
0⩽1− ⩽ 1.
n
Comme, pour tout u ∈ [0, 1[, on a ln(1−u) < −u, par inégalité des accroissements
finis, on peut écrire, pour n ∈ N∗ et x ∈ R+ :
2 2
n ln(1− xn ) n(− xn )
= e−x = g(x),
2
gn (x) = e ⩽e
qui est une fonction continue, et intégrable sur R+ puisque, en 0, elle est négli-
√
geable devant x ↦ 1/ x, qui est intégrable, par le critère de Riemann, et qu’en
l’infini, elle est négligeable devant x ↦ 1/x2 , intégrable, par le même critère.
Ainsi, le théorème de convergence dominée s’applique, et l’on obtient :
+∞ +∞ +∞
lim ∫ gn (t)dt = ∫ lim gn (t)dt = ∫ g(t)dt = I.
n→+∞ 0 0 n→+∞ 0
2
0
On reconnaît ici une intégrale de Wallis, d’indice 2n+1. Or, par une intégration
par parties, et en étudiant le quotient des intégrales de Wallis d’indice pair sur
celles d’indice impair, quand n tend vers l’infini, on trouve l’équivalent
π √
π
(t)dt ∼
2 n
∫ sin .
0 n→+∞ 2n
Donc, ici, on a √ √
√ π π
Jn ∼ n ∼ .
n→+∞ 2(2n + 1) n→+∞ 2
Finalement, en rapprochant ce résultat de la première question, on obtient la
valeur de l’intégrale de Gauss :
√
π
I = lim Jn = .
n→+∞ 2
e−tx
2
+∞
h(t) = ∫ dx.
0 1 + x2
1. Montrer que la fonction h est bien définie, et qu’elle est continue.
2. Montrer que h est dérivable sur R+∗ et calculer sa dérivée. En déduire que h
est solution d’une équation différentielle à déterminer.
3. Résoudre cette équation différentielle.
4. En comparant la limite de la fonction h en +∞ et sa valeur en 0, déterminer
la valeur de la constante. En déduire la valeur de l’intégrale I.
Soluce
1. Dans toute la suite, notons
e−tx
2
f ∶ (x, t) ↦ ,
1 + x2
définie sur R+ ×R+ . Fixons t > 0. Tout d’abord, la fonction x ↦ e−tx /(1+x2 ) est
2
en l’infini, qui est intégrable par le critère de Riemann ; cela montre que la
fonction f est intégrable sur R+ donc que la fonction h est bien définie sur R+∗ .
Pour montrer qu’elle est continue, on utilise le théorème de continuité sous le
signe intégrale. Pour tout t ⩾ 0, la fonction f (t, ⋅) est continue (par morceaux)
sur R+ ; pour tout x ⩾ 0, la fonction f (⋅, x) est continue sur R+∗ . De plus, pour
tous t et x positifs ou nuls, on a
1
∣f (t, x)∣ ⩽ ∶
1 + x2
106CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
∂f x2 −tx2
(t, x) = − e ,
∂t 1 + x2
qui est une fonction continue en les deux variables. De plus, si l’on fixe a > 0,
alors, pour tout (t, x) ∈ [a, +∞[ × [0, +∞[, on a
x2 −tx2
∣ ⩽ e−tx ⩽ e−ax ,
2 2
∣− e
1+x 2
e−tx
2
+∞ +∞ +∞
h′ (t) = − ∫ e−tx dx + ∫ e−tx dx + h(t).
2 2
dx = − ∫
0 0 1 + x2 0
√
En effectuant le changement de variables u = tx, qui est un difféomorphisme
de R+ dans lui-même, on obtient l’équation différentielle satisfaite par h :
1
h′ (t) = − √ I + h(t). (⋆)
t
h′ − h = 0
se résout de manière classique. Ses solutions sont déterminées par une constante
réelle C : pour tout t > 0,
h(t) = Cet .
Quant à la solution particulière, utilisons la méthode de variation de la constante.
Si C est une fonction dérivable telle que h = C exp est solution de l’équation (⋆),
alors on a pour tout t > 0
1
C′ (t)et + C(t)et = h′ (t) = − √ I + C(t)et ,
t
8.1. INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES 107
et donc
e−t
C′ (t) = √ I,
t
qui permet d’écrire une solution particulière 2
t e−u
C(t) = −I ∫ √ du.
0 u
√
On récrit cette intégrale en effectuant le√changement de variables v = u, qui
est un difféomorphisme de ]0, t[ sur ]0, t[ :
√
t
e−v dv.
2
C(t) = −2I ∫
0
lim h(t) = C.
t→0+
On a donc également
lim h(t)e−t = 0,
t→+∞
2. Ici, on cherche une solution particulière, pas la peine d’écrire la constante d’intégration.
3. Noter l’abus consistant à changer le statut de C toutes les deux lignes.
108CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
ou encore +∞
π π
e−v dv = − 2I2 .
2
0= − 2I ∫
2 0 2
Comme I est l’intégrale d’une fonction continue et strictement positive sur R+ ,
l’intégrale de Gauss est positive et l’on obtient enfin :
√
π
I= .
2
+∞ 2
J=∫ eix dx.
0
3. Démontrer enfin que J existe et la calculer à l’aide de I = limr→∞ ∫Sr e−z dz.
2
Ur
Tr
Sr r
(b) La courbe Γ est compacte donc contenue dans un disque de centre l’origine
et, disons, de rayon R. On a :
n
−z (−z 2 )n b (−γ(t)2 )
dz = ∫ ∑ γ ′ (t)
2
∫ e dz = ∫ ∑ dt.
Γ Γ n⩾0 n! a n⩾0 n!
n
Posons, pour t ∈ [a, b], fn (t) = γ ′ (t)(−γ(t)2 ) /n!. Pour tout t, on a la
majoration :
R2n b R2n
∣fn (t)∣ ⩽ C et ∫ ∣fn (t)∣dt ⩽ C(b − a) ,
n! a n!
où C = supt∈[a,b] ∣γ ′ (t)∣. La convergence de la série ∑ ∫a ∣fn ∣ permet d’échan-
b
−z 2 (−z 2 )n (−1)n
∫ e dz = ∑ ∫ dz = ∑ ∫ z dz = 0.
2n
Γ n⩾0 Γ n! n⩾0 n! Γ
2. (a) Cela vient de la concavité du cosinus sur [0, π/2] car sa dérivée seconde y
est négative.
(b) Un point Tr est de la forme z = reit où t ∈ [0, π/4]. On a :
2 (1− 4t )
∣e−z ∣ = ∣e−r ∣ = e−r ⩽ e−r
2 2 e2it 2 cos 2t
π .
On a donc :
π/4
e−z dz∣ = ∣∫ e−r
2 2 e2it
∣∫ ireit dt∣
Tr 0
π/4 4r 2
⩽ re−r ∫
2 t
e π dt
0
πe−r r2
2
π
⩽ (e − 1) ⩽ .
4r 4r
4. Abus : ce qui est écrit n’est vrai qu’en-dehors des points de discontinuité, il faudrait recoller.
110CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Remarque. L’estimation est assez bonne puisque d’après des calculs nu-
mériques, le module de l’intégrale semble être équivalent à 1/(2r) (exer-
cice...).
r r
0 = ∫ e−z dz = ∫ e−x dx + ∫ e−z dz − ∫ e−it eiπ/4 dt.
2 2 2 2
Γ 0 Tr 0
Or on sait que quand r tend vers l’infini, la première intégrale tend vers l’in-
tégrale de Gauss, la deuxième tend vers 0. Par conséquent, la troisième a une
limite, ce qui prouve l’existence de l’intégrale de Fresnel et donne :
+∞ r +∞
√
−it2 −it2 −iπ/4 −x2 −iπ/4 π
∫ e dt = lim ∫ e dt = e ∫ e dx = e ,
0 r→+∞ 0 0 2
ce que l’on peut écrire :
+∞ +∞
√
1 π
∫ cos(t 2
)dt = ∫ sin(t 2
)dt = .
0 0 2 2
Exercice 48
Soit A ∈ M2 (R) une matrice symétrique définie positive. Calculer l’intégrale :
x
I ∶= ∬ exp(−t XAX)dxdy où l’on a noté X = ( ) .
R2 y
Soluce
Comme A est symétrique définie et positive, on sait, par le théorème de Sylvester,
qu’il existe une matrice réelle inversible P telle que A = t PP, ce qui implique en
particulier det(A) = det(P)2 .
Comme l’application X ↦ PX est un difféomorphisme de l’espace R2 , le change-
ment de variables U = PX est licite (son jacobien est le déterminant de P) ; il donne,
u
en notant U = ( ) :
v
Par le théorème de Fubini (on est dans un cas de séparation de variables, avec
deux fonctions continues, respectivement, en u et v), on a :
+∞ 2π
I = det(P)−1 ∫ exp(−r2 )r dr ∫ dθ.
0 0
Soluce
1. Pour n = 1, on trouve B1 (R) = 2R, qui correspond bien à la longueur du segment
[−R, R], et pour n = 2, on a B2 (R) = πR2 , la surface du disque, formule qui n’est
plus à présenter, et qui en a séduit plus d’un, d’Archimède à Grothendieck.
2. (a) On peut commencer par décomposer,
π π π
(2m)(2m−2)⋯(2)
(b) On a par récurrence I2m+1 = (2m+1)(2m−1)⋯3 I1 . Comme I1 = 1, il vient :
Puis, la relation (2m + 1)I2m+1 I2m = π2 , prouvée plus haut, montre que
(2m)! π
I2m =
22m (m!)2 2
3. La boule Bn (R) est l’ensemble des n-uplets (x1 , . . . , xn ) tels que ∑ni=1 x2i ⩽ R2 ,
inéquation que l’on peut aussi écrire
Ceci implique
√
Bn (R) = {(u, xn ) ∈ Rn−1 × R, u ∈ Bn−1 ( R2 − x2n ) , −R ⩽ xn ⩽ R}.
décroît. On peut noter, par un petit calcul utilisant les formules de 2)b) que
2I5 > 1 > 2I6 . On obtient alors, puisque µn = 2In µn−1 , que la suite µn croît
jusqu’à µ5 , puis, décroît pour tendre vers 0.
On peut, par pur voyeurisme, regarder cela de plus près, en calculant µ1 = 2,
π2 8π 2 π3
µ2 = π ≃ 3, 14, µ3 = 4π
3 ≃ 4, 19, µ4 = 2 ≃ 4, 93, µ5 = 15 ≃ 5, 26, µ6 = 6 ≃ 5, 16,
3
µ7 = 16π
105 ≃ 4, 72.
Remarque. On peut voir facilement à l’aide de la formule de duplication de Legendre
n/2
(exercice 52) que Vn (R) = µn Rn , avec µn = Vn (1) = πn .
Γ( 2 +1)
Soluce
1. On ne présente plus la formule suivante, qui donne l’exponentielle comme une
limite polynomiale :
x n
∀x ∈ R, ex = lim (1 + ) ,
n→+∞ n
ainsi que la formule reliant exponentielle et sinus :
eix − e−ix
∀x ∈ R, sin(x) =
2i
Cela donne l’idée de poser, pour z ∈ R, et pour tout n entier naturel 5 ,
2n+1 2n+1
1 iz iz
Pn (z) = ((1 + ) − (1 − ) )
2i 2n + 1 2n + 1
1+ izk
2ikπ
2n+1
= exp ( ).
1− izk
2n+1
2n + 1
2i sin ( 2n+1
πk
) πk
zk = −i(2n + 1) = (2n + 1) tan ( ) (−n ⩽ k ⩽ n). (⋆)
2 cos ( 2n+1
πk
) 2n + 1
+∞
∣z∣2
⩽ ln ∣z∣ + ∑ < +∞
j=1 (πj)
2
∑ (vk − vk−1 )
k⩾1
Or, par la question 1, ceci est égal à sin(πz)/π. On a donc démontré la formule
des compléments : pour tout z ∈ ]0, 1[,
1 sin(πz)
= .
Γ(z)Γ(1 − z) π
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 117
Montrer l’égalité
Γ(α)Γ(α′ )
B(α, α′ ) = .
Γ(α + α′ )
2. Soit ϕ(α) = B(α, 1−α), pour α ∈ ]0, 1[. En utilisant le changement de variables
u = 1+t
t
, montrer
1 uα−1 + u−α
ϕ(α) = ∫ du.
0 1+u
En déduire
(−1)n
ϕ(α) = ∑ .
n∈Z α + n
π (−1)n
=∑ ,
sin πα n∈Z α + n
et conclure.
Soluce
1. On a, par définition de Γ,
+∞ +∞ +∞ +∞
Γ(α)Γ(α′ ) = ∫ sα−1 e−s ds ∫ tα −1 e−t dt = ∫ sα−1 tα −1 e−s−t ds dt.
′ ′
∫
0 0 s=0 t=0
v u
∣ ∣ = −u.
1 − v −u
118CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
R∗+ ×]0,1[ u v
Justifications :
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 119
∗
— de l’antépénultième égalité (notée =) : pour n pair, n = 2k, on trouve
2 2 1 1 1 1
( + )−( + )= + ;
α − 2k α + 2k α−n α+n α−n α+n
pour n impair, on trouve juste
1 1
−( + ).
α±n α±n
— de la dernière égalité : elle est justifiée par la convergence des séries alternées
(−1)n
∑n⩾1 α±n .
On peut alors conclure.
Partie 2
Pour α > 0, on pose
−(xy 2 + x
) 1
J(α) ∶= ∫ e y2 xα− 2 dxdy.
(R∗+ )2
Soluce
Partie 1
1. Il s’agit ici d’utiliser le théorème de continuité sous le signe intégrale. Tout
d’abord, pour tout t > 0, la fonction x ↦ e−(at + t2 ) est continue sur [0, +∞[ ;
2 x
de même pour la fonction t ↦ −(at2 + tx2 ) sur ]0, +∞[, pour tout x ⩾ 0. De plus,
pour tout (x, t) ∈ R+ × R∗+ , on a
e−(at
2+ x )
⩽ e−at ,
2
t2
qui est une fonction continue, indépendante de x, intégrable sur [0, +∞[, puisque
1
e−at =
2
o ( ).
t→+∞ t2
3. On utilise ici le théorème de dérivation sous le signe intégral. Tout d’abord, pour
tout x ⩾ 0, la fonction f ∶ t ↦ e−(at + t2 ) est intégrable sur ]0, +∞[. En effet, elle
2 x
est continue, donc intégrable sur tout segment inclus dans ]0, +∞[ ; en l’infini, f
est équivalente à la fonction t ↦ e−at , qui est, comme on l’a vu précédemment,
2
t→0
De plus, pour tout t > 0, la fonction f admet une dérivée partielle en x,
∂f −1
(x, t) = 2 e−(at + t2 ) ,
2 x
∀t > 0, ∀x ⩾ 0,
∂x t
et cette dérivée partielle est continue en t et en x, respectivement sur ]0, +∞[
et sur [0, +∞[, et, pour tout t > 0, x ⩾ 0, on a
∂f 1
(x, t)∣ ⩽ 2 e−at ,
2
∣
∂x t
qui est une fonction continue, indépendante de x, et intégrable sur ]0, +∞[.
Ainsi, par le théorème de dérivation sous le signe intégral, la fonction Ha est
dérivable sur ]0, +∞[.
4. Dans la question précédente, on vient de démontrer que la fonction Ha est
dérivable sur ]0, +∞[ ; la dérivée est également donnée par le théorème de
dérivation sous le signe intégrale : pour tout x > 0,
+∞ 1 −(at2 + x2 )
H′a (x) = − ∫ e t dt.
0 t2
On effectue alors, comme indiqué dans l’énoncé, le changement de variable
t = α/s, avec α > 0 que l’on déterminera plus tard ; c’est un difféomorphisme,
de ]0, +∞[ dans lui-même ; on obtient alors, pour tout x > 0,
1 0 2 2
1 +∞ α2 s2
−(a α +x s )
H′a (x) = ∫ e s2 α2 ds = − ∫ e−(a s2 +x α2 ) ds.
α +∞ α 0
√
Pour retomber sur l’intégrale Ha (x), on pose alors α = xa , bien défini puisque
x est strictement positif, et l’on obtient alors, pour tout x > 0, :
√ +∞
√
a −(as2 + x2 ) a
H′a (x) = − ∫ e s ds = − Ha (x).
x 0 x
√ √
5. Une primitive de la fonction x ↦ − xa est x ↦ −2 ax ; l’équation différentielle
précédente donne alors : √
Ha (x) = Ce−2 ax ,
où C est une constante réelle, et où x > 0. De plus, par continuité de la fonction
Ha en 0 par la question 1, on a
√
1 π
= Ha (0) = C.
2 a
On en déduit que pour a > 0 et x ⩾ 0,
√
1 π −2√ax
Ha (x) = e .
2 a
122CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Partie 2
1. En utilisant le théorème de Fubini (la fonction intégrée sur (R∗+ )2 est positive),
et en se servant du résultat de la partie 1, on écrit, pour α > 0 :
+∞ +∞ −(xy 2 + x
) 1
J(α) = ∫ [∫ e y2 dy] xα− 2 dx
0 0
+∞ 1
=∫ Hx (x)xα− 2 dx
0
+∞ 1 √
πe−2x xα− 2 dx
1
=∫ √
0 2 x
√ +∞
π
= ∫ e−2x xα−1 dx
2 0
Ne reste plus qu’à faire le changement de variables difféomorphe u = 2x, de
[0, +∞[ dans lui-même, et l’on tombe sur le résultat désiré :
√
π
J(α) = Γ(α).
2α+1
x 2xy 4x
−2y 2 3
− 2 =− ,
y y y
1 +∞ −u α−1 +∞ 1 α+1 α
e−v v 2 −1 dv = Γ (
α
J(α) = ∫ e u 2 du ∫ )Γ( ),
4 0 0 4 2 2
ce qui est exactement le résultat désiré.
3. Il suffit maintenant de regrouper les deux questions précédentes :
√
1 α α+1 π
Γ( )Γ( ) = α+1 Γ(α),
4 2 2 2
et par simplification, on obtient la formule de duplication de Legendre,
√
α α+1 π
Γ( )Γ( ) = α−1 Γ(α).
2 2 2
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 123
Soluce
1. (a) La première égalité s’obtient en effectuant le changement de variables
u = 1 − t, qui est un difféomorphisme de [0, 1] dans lui-même ; on obtient
bien, pour tout x, y > 0,
0
B(x, y) = ∫ uy−1 (1 − u)x−1 (−du) = B(y, x).
1
par étudier l’intégrale sur un intervalle de type [0, 1 − n1 ], où tout est défini,
puis on fait tendre n vers l’infini ; le problème d’existence de l’intégration
par parties en 1 est réglé. On écrit alors
1 t x
B(x, y) = ∫ ( ) (1 − t)x+y−1 dt
0 1−t
1
t x (1 − t)x+y x 1 t x−1 1
= [− ( ) ] + ∫ ( ) (1 − t)x+y dt
1−t x+y 0 x+y 0 1−t (1 − t)2
x
= B(x, y).
x+y
On obtient l’égalité désirée.
(b) Fixons x > 0. On définit la suite de fonctions (gn )n∈N∗ sur R∗+ par :
t n x−1
gn (t) = 1[0,n] (t) (1 − ) t
n
où 1[0,n] (t) désigne la fonction caractéristique de l’intervalle réel [0, n].
Utilisons le théorème de convergence dominée. D’abord, en écrivant pour
tout t > 0,
gn (t) = 1[0,n] (t)en log(1− n ) tx−1 ,
t
ce qui montre que la suite de fonctions (gn )n∈N∗ converge simplement vers
la fonction
t ↦ e−t tx−1 1[0,+∞] (t).
De plus, de l’inégalité
log(1 − u) ⩽ −u,
valable pour u ∈ ]0, 1[ et qui s’obtient par l’inégalité des accroissements
finis, on tire en posant u = t/n,
t n
∀t ∈ [0, n], (1 − ) ⩽ e−t .
n
Ainsi, pour tout t ∈ [0, +∞[, on obtient la majoration
qui est une fonction intégrable sur R+ , puisque, en l’infini, elle est négli-
geable devant t ↦ 1/t2 , fonction intégrable, par le critère de Riemann ; et
qu’en 0, elle est équivalente à la fonction t ↦ tx−1 , qui est intégrable, tou-
jours par le critère de Riemann (on rappelle que x est supposé strictement
positif).
Ainsi, par le théorème de convergence dominée, on obtient, pour tout
x > 0,
+∞ +∞ +∞
lim In (x) = lim ∫ gn (t)dt = ∫ lim gn (t)dt = ∫ e−t tx−1 dt = Γ(x).
n→+∞ n→+∞ 0 0 n→+∞ 0
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 125
comme voulu.
2. On rappelle tout d’abord la série harmonique, qui donne un développement
limité du logarithme :
n
1
log n = ∑ − γ + o (1) .
k=1 k
On en déduit que
√
1
1 Γ(2x)22n+1−2x (πn) 2
Γ(x)Γ (x + ) ∼ 1 2n
= Γ(2x)21−2x π.
2 n2 2
Γ(x + 1) = x Γ(x).
(c) En déduire que Γ(n) = (n − 1)! lorsque n est un entier naturel non nul.
(d) En admettant provisoirement la continuité de Γ sur R+∗ , montrer au
voisinage de 0+ l’estimation Γ(x) ∼ x1 .
2. (a) Montrer que Γ est de classe C ∞ sur ]0, +∞[ et que l’on a, pour tout
entier k et tout réel x strictement positif,
+∞
Γ(k) (x) = ∫ (ln t)k tx−1 e−t dt.
0
10. La formule n’est pas exactement celle de l’énoncé de l’exercice ; pas de panique, x a juste été
remplacé par 2x...
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 127
Soluce
1. (a) Soit x > 0. La fonction gx ∶ ]0, +∞[, t ↦ tx−1 e−t est continue. Au voisinage
de 0, on a : gx (t) ∼ tx−1 et la fonction t ↦ tx−1 est positive et intégrable
sur ]0, 1]. Au voisinage de +∞, gx (t) est négligeable devant e−t/2 , fonction
intégrable sur [1, +∞[. Ainsi, la fonction gx est intégrable sur ]0, +∞[.
(b) Soit x > 0. Soient a et A deux réels tels que 0 < a < A.
Pour calculer ∫a tx e−t dt ; on pose, pour t ∈ [a, A], u(t) = tx et v(t) = −e−t
A
– c’est une primitive de t ↦ e−t ; on intègre par parties (c’est légitime car
les fonctions u et v sont C 1 sur R∗+ ) :
A A A
tx e−t dt = [−tx e−t ]a +x ∫ tx−1 e−t dt = −Ax e−A +ax e−a +x ∫ tx−1 e−t dt.
A
∫
a a a
1
Γ(x) ∼+ .
0 x
2. (a) Prouvons par récurrence sur k que Γ est k fois dérivable sur ]0, +∞[ et
que l’on a :
+∞
P(k) ∶ ∀x > 0, Γ(k) (x) = ∫ (ln t)k tx−1 e−t dt.
0
Remarquons que pour tout x de ]a, b[, la fonction t ↦ ψp (x, t) est conti-
nue et intégrable sur ]0, +∞[. (Au voisinage de 0, on peut prolonger par
continuité si x > 1 et si x ⩽ 1, on a : ψp (x, t) = o (ta/2−1 ) ; au voisinage
de +∞, on a encore ψp (t) = o(1/t2 )).
Vérifions les hypothèses du théorème de dérivation des intégrales à para-
mètre :
— pour tout x ∈ ]a, b[, la fonction t ↦ ψk (x, t) est intégrable sur ]0, +∞[ ;
128CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
∂ψk
(x, t) = (ln t)k+1 tx−1 e−t ;
∂x
— pour (x, t) ∈ ]a, b[ × ]0, +∞[, on a : tx−1 ⩽ ta−1 si t ⩽ 1 et tx−1 ⩽ tb−1 si
t ⩾ 1 donc :
∂ψk
∣ (x, t)∣ ⩽ ∣ln t∣k+1 (ta−1 e−t + tb−1 e−t ),
∂x
qui est une fonction intégrable sur ]0, +∞[ et indépendante de x.
Par hypothèse de récurrence et par le théorème de dérivation sous une
intégrale, Γ(k) est de classe C 1 sur ]a, b[ et, pour tout x ∈ ]a, b[,
+∞
Γ(k+1) (x) = ∫ (ln t)k+1 tx−1 e−t dt.
0
1 x
En posant v(t) = (1 − t)n et w(t) = t , on peut intégrer par parties (v et
x
′
w sont C sur ]0, 1], v w est intégrable et vw se prolonge par continuité
1
en 0) :
1
1 (1 − t)n tx 1 tx n
Jn (x) = ∫ tx−1 (1−t)n dt = [ ] −∫ −n(1−t)n−1 dt = Jn−1 (x+1).
0 x 0 0 x x
∀z ∈ Π, Γ(z + 1) = z Γ(z).
Remarque. La version complexe de Γ n’est pas obligatoire mais le jury pose la ques-
tion, de même que le prolongement par l’équation fonctionnelle.
Soluce
1. Fixons z dans Π et notons x sa partie réelle. La fonction t ↦ tz−1 e−t est continue.
Elle est même intégrable car ∣tz−1 e−t ∣ = tx−1 e−t pour tout t. On en déduit en
particulier : ∣Γ(z)∣ ⩽ Γ(Re z) pour tout z de Π.
2. (a) Soit z ∈ Π. Pour montrer la continuité de Γ en z, il suffit de montrer que
pour toute suite (zn ) d’éléments de Π qui converge vers z, la suite (Γ(zn ))
converge vers Γ(z). Fixons une telle suite et choisissons a et b réels tels
que 0 < a < Re(z) < b. Quitte à supprimer les premiers termes, on peut
supposer que a < Re(zn ) < b pour tout n.
On note, pour t réel strictement positif,
h ∶ R+∗ × R × R+∗ Ð→ C
(x, y, t) z→ tx+iy−1 e−t .
Notons que ∣h(x, y, t)∣ = tx−1 e−t pour tout (x, y, t) et, bien sûr, que pour
tout (x, y),
+∞
Γ̃(x, y) = Γ(x + iy) = ∫ h(x, y, t)dt.
0
∂h
(x, y, t) = ln(t)tx−1 tiy e−t .
∂x
Ayant fixé 0 < a < b, on a une inégalité de domination sur la bande définie
par a < x < b :
∂h
∣ (x, y, t)∣ ⩽ ∣ln t∣ (ta−1 + tb−1 )e−t .
∂x
Par le théorème de dérivation des intégrales à paramètres, il vient, si
a<x<b :
∂ Γ̃ +∞
(x, y) = ∫ ln(t)tx+iy−1 e−t dt.
∂x 0
z z+1
Π̇p+1
Π0 Π̇1
0 −1 0 −p − 1 −p ⋯ −1 0
Π̇p
Soit p ∈ N, supposons que Γ soit définie sur Π̇p et que l’équation fonction-
nelle soit vérifiée (c’est le cas pour p = 0). Pour z dans la bande Π̇p+1 ∖ Π̇p ,
on définit Γ(z) par :
Γ(z + 1)
Γ(z) = .
z
Cela a un sens pour tout p ⩾ 1. En effet, z ∈ Π̇p si et seulement si z + 1 ∈
Π̇p−1 : par conséquent, Γ(z + 1) est bien défini et z ≠ 0. De plus, l’équation
fonctionnelle est satisfaite sur Π̇p+1 puisqu’elle l’est sur Π̇p par hypothèse
de récurrence et sur Π̇p+1 ∖ Πp par construction.
132CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
-4 -2 2 4
-5
-10
Φ′ (n) Γ′ (n + 1) H′ (x + n) Φ′ (n + 1) Γ′ (n)
− ⩽ ⩽ − ,
Φ(n) Γ(n + 1) H(x + n) Φ(n + 1) Γ(n)
puis que
H′ (n) 1 H′ (x) H′ (n + 1) 1
− ⩽ ⩽ + .
H(n) n H(x) H(n + 1) n
(c) En déduire que, pour tout réel strictement positif x,
Soluce
1. Tout d’abord, Γ est bien à valeurs strictement positives car la fonction t ↦
tx−1 e−t est continue et strictement positive sur ]0, +∞[. Cela a un sens de
calculer ln ○Γ.
Montrons que ln ○Γ est convexe grâce à sa dérivée seconde (puisque ln et Γ
sont C ∞ ) :
Γ′′ Γ − Γ′
2
(ln ○Γ)′′ ⩾ 0 ⇐⇒ ⩾ 0 ⇐⇒ Γ′ ⩽ Γ′′ Γ (car Γ2 > 0).
2
Γ2
+∞ 2
Γ′ (x) = (∫ ln(t)tx−1 e−t dt)
2
0
+∞ 2
e− 2 ) (t e− 2 ) dt)
x−1 t x−1 t
= (∫ (ln(t)t 2 2
0
+∞ +∞
⩽ (∫ (ln t)2 tx−1 e−t dt) (∫ tx−1 e−t dt)
0 0
⩽ Γ′′ (x)Γ(x).
Φ(x + 1) xΦ(x)
H(x + 1) = = = H(x)
Γ(x + 1) xΓ(x)
Φ′ Γ − ΦΓ′ H′ Φ′ Γ − ΦΓ′ Γ Φ′ Γ′
H′ = donc = × = − .
Γ2 H Γ2 Φ Φ Γ
(b) Soit x un élément de ]0, 1], soit n un naturel non nul. Comme ln ○Γ est
convexe, (ln ○Γ)′ est croissante ; de même (ln ○Φ)′ est croissante. Mais
(ln ○Γ)′ = Γ′ /Γ et (ln ○Φ)′ = Φ′ /Φ.
Comme 0 < x ⩽ 1, on a n < n + x ⩽ n + 1 et donc, par croissance :
Φ′ (n) Γ′ (n + 1) H′ (x + n) Φ′ (n + 1) Γ′ (n)
− ⩽ ⩽ −
Φ(n) Γ(n + 1) H(x + n) Φ(n + 1) Γ(n)
134CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Φ′ H′ Γ′
De plus : = + ,donc :
Φ H Γ
H′ (n) Γ′ (n) Γ′ (n + 1) H′ (x + n) H′ (n + 1) Γ′ (n + 1) Γ′ (n)
+ − ⩽ ⩽ + − .
H(n) Γ(n) Γ(n + 1) H(x + n) H(n + 1) Γ(n + 1) Γ(n)
H′ (n) 1 H′ (x + n) H′ (n + 1) 1
− ⩽ ⩽ + .
H(n) n H(x + n) H(n + 1) n
1 H′ (x) 1
K− ⩽ ⩽K+ .
n H(x) n
H′ (x)
= K.
H(x)
Du fait que (H′ /H)(x+1) = (H′ /H)(x) pour tout x > 0, l’égalité précédente
est vraie sur ]0, +∞[. Elle équivaut à dire que la dérivée de x ↦ e−Kx H(x)
est nulle sur ]0, +∞[. Il existe donc une constante λ telle que H(x) = λeKx
pour tout x ∈ ]0, +∞[. L’égalité H(1) = H(2) donne alors λeK = λe2K .
Comme H est le quotient de deux fonctions strictement positives, on a
λ > 0, d’où K = 0. Ainsi, pour tout x de ]0, +∞[,
x x+1
φ(x) = 2x−1 Γ( )Γ( ).
2 2
On va montrer que φ satisfait aux hypothèses du théorème de Bohr-
Mollerup et donc φ est proportionnelle à Γ avec comme coefficient de
proportionnalité :
1 √
φ(1) = 20 Γ( ) Γ(1) = π.
2
En effet :
— la fonction φ est définie sur ]0, +∞[ et à valeurs dans ]0, +∞[ ;
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 135
— pour x > 0,
x x+1
ln φ(x) = (x − 1) ln 2 + ln Γ( ) + ln Γ( ),
2 2
ce qui exprime ln ○φ comme la somme de trois fonctions convexes (si f
est convexe et C 2 et si a est affine (a′′ = 0), alors f ○ a est convexe car
(f ○ a)′ = a′ ⋅ (f ′ ○ a) et (f ○ a)′′ = a′ (f ′′ ○ a)).
2
x x+1 √
(x − 1) ln 2 + ln Γ( ) + ln Γ( ) = ln π + ln Γ(x),
2 2
puis on intègre entre 0 et 1 :
1 1 x 1 x+1 √ 1
− ln 2 + ∫ ln Γ( ) dx + ∫ ln Γ( ) dx = ln π + ∫ ln Γ(s) .
2 0 2 0 2 0
1
1
1 √ 1
− ln 2 + 2∫ ln Γ(u) du + 2∫ 1 ln Γ(s) = ln π + ∫ ln Γ(s) ,
2
2 0 2
0
ce qui donne :
1 1 √ √
∫ ln Γ(s) ds = ln(2 2 ) + ln π = ln( 2π).
0
∀ x ∈ R⋆+ , f (x + 1) = xf (x).
On veut prouver qu’il existe λ ∈ R⋆+ tel que f = λΓ où Γ est la fonction d’Euler.
1. Préliminaire : le théorème des trois pentes. Soit g une fonction convexe sur
un intervalle I de R et x < y < z dans I. Montrer que, pour tout a de I, la
g(t)−g(a)
fonction ga (t) ∶= t−a est croissante sur I∩]a, +∞[ et sur I∩] − ∞, a[. En
déduire l’inégalité
f (n + 1 + x)
nx ⩽ ⩽ (n + 1)x .
f (n + 1)
3. En déduire l’inégalité
f (x) 1 x
1⩽ ⩽ (1 + ) ,
f (1)Γn (x) n
où
n!nx
Γn (x) = .
x (x + 1) ⋯ (x + n)
4. En utilisant l’exercice 54, prouver l’assertion annoncée.
Soluce
t1 −a
1. Soit a < t1 < t2 dans I. On applique l’inégalité de convexité à g avec λ ∶= t2 −a ∈
]0, 1[. On obtient avec élégance
et donc,
g(t1 ) ⩽ λg(t2 ) + (1 − λ)g(a).
En divisant des deux côtés par (t1 − a) > 0, il vient
et ainsi
g(t1 ) − g(a) g(t2 ) − g(a)
⩽ .
t1 − a t2 − a
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 137
2. Soit donc g = ln f . Cette fonction est convexe sur R⋆+ , par hypothèse sur f . On
applique le théorème des trois pentes à n, n + 1, n + 1 + x, puis, à n + 1, n + 1 + x,
n + 2 pour n ∈ N⋆ et x ∈ ]0, 1]. Ceci donne
g (n + 1 + x) − g (n + 1)
g (n + 1) − g(n) ⩽ ⩽ g (n + 2) − g (n + 1) ,
x
ou encore
f (n + 1) 1 f (n + 1 + x) f (n + 2)
ln ( ) ⩽ ln ( ) ⩽ ln ( ).
f (n) x f (n + 1) f (n + 1)
En utilisant l’égalité satisfaite par f , ceci donne
1 f (n + 1 + x)
ln n ⩽ ln ( ) ⩽ ln(n + 1)
x f (n + 1)
En multipliant par x et en passant à l’exponentielle, qui est croissante, on
obtient
f (n + 1 + x)
nx ⩽ ⩽ (n + 1)x .
f (n + 1)
3. Par récurrence, on écrit que
f (n + 1 + x) = x (x + 1) ⋯ (x + n) f (x)
et que
f (n + 1) = n!f (1).
L’inégalité ci-dessus devient alors
x (x + 1) ⋯ (x + n) f (x)
nx ⩽ ⩽ (n + 1)x .
n!f (1)
En divisant par nx , ceci donne bien
f (x) 1 x
1⩽ ⩽ (1 + ) .
f (1)Γn (x) n
4. Par l’exercice 54, on sait que Γn (x) → Γ(x) quand n → +∞. On sait aussi que
1 x
(1 + ) → 1 quand n → +∞.
n
Ainsi, par le théorème des gendarmes, on obtient
f (x) = f (1)Γ(x).
138CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Attention, ceci n’est pour l’instant valable que pour x ∈ ]0, 1]. Le cas général
se fait facilement avec l’égalité
1. (a) Soit g ∶ [a, b] → R une fonction continue, et (Pn )n∈N une suite de fonctions
polynomiales qui converge uniformément vers g. Montrer la convergence
suivante :
b b
∫ Pn (t)g(t)dt Ð→ ∫ g 2 (t)dt.
a n→+∞ a
(a) Montrer que, pour tout s > s0 , la fonction t ↦ e−st f (t) est intégrable sur
[0, +∞[.
On définit alors la fonction L (f ) sur ]s0 , +∞[ par :
+∞
L (f )(s) = ∫ e−st f (t)dt.
0
g(u) = us0 f (− ln u) .
Montrer que g se prolonge en une fonction continue sur [0, 1], et que
pour tout entier naturel n :
1
∫ un g(u)du = 0.
0
Soluce
1. (a) Notons que, par hypothèse sur la suite (Pn ) :
on en déduit que
b
∫ f 2 (t)dt = 0.
a
Enfin, comme la fonction f 2 est positive, et continue, sur le segment [a, b],
on en déduit que f 2 , donc f , est la fonction nulle 11 .
2. (a) Fixons s > s0 . Commençons par noter que la fonction t ↦ e−st f (t) est
continue sur [0, +∞[.
De plus, on a
∣e−st f (t)∣ = e−(s−s0 )t .e−s0 t ∣f (t)∣.
Or, par hypothèse,
lim e−s0 t f (t) = 0,
t→+∞
e−s0 t ∣f (t)∣ ⩽ M.
Ainsi, on obtient
∣e−st f (t)∣ =⩽ e−(s−s0 )t M.
Or, pour s > s0 , la fonction t ↦ e−(s−s0 )t est intégrable sur R+ , puisque
s − s0 > 0. Par comparaison, cela implique que la fonction t ↦ e−st f (t) est
intégrable sur R+ .
(b) Montrons que L (f ) est de classe C 1 sur ]s0 , +∞[ à l’aide du théorème
de dérivation sous le signe intégral. Pour cela, on considère a et b tels que
[a, b] ⊂ ]s0 , +∞[. Notons ϕ la fonction définie sur R+ × [a, b] par
Tout d’abord, pour tout s > s0 , la fonction ϕ(t, ⋅) est continue (donc, par
morceaux), et intégrable sur R+ .
De plus, ϕ admet une dérivée partielle par rapport à s qui est continue
en les deux variables sur R+ × [a, b] :
∂ϕ
(t, s) = −te−st f (t).
∂s
Enfin, pour tout (t, s) ∈ R+ × [a, b],
∂ϕ
∣ (t, s)∣ ⩽ te−at ∣f (t)∣ = te−(a−s0 )t e−s0 t ∣f (t)∣.
∂s
Or,
1
e−(a−s0 )t t = o ( ) et e−s0 t ∣f (t)∣ = o (1),
t→+∞ t2 t→+∞
∂ϕ
d’après l’hypothèse de l’énoncé. Cela montre que la fonction t ↦ (t, s)
∂s
est intégrable sur R+ .
Ainsi, d’après le théorème de dérivation sous le signe intégral, L (f ) est
de classe C 1 sur [a, b]. Cela étant vrai pour tout a et b tels que s0 < a <
b < +∞, L (f ) est donc C 1 sur ]s0 , +∞[.
En appliquant ce théorème à toutes les dérivées, on montre que L (f ) est
de classe C ∞ sur ]s0 , +∞[.
(c) i. Comme, par hypothèse, L (f ) est la fonction nulle, on en déduit le
résultat suivant :
∀n ∈ N, L (f )(n + 1 + s0 ) = 0,
on en déduit
lim g(u) = 0.
u→0
Grâce à la question 1 (b), on en déduit que g est nulle sur ]0, 1]. Cela
implique alors que la fonction f est nulle sur [0, +∞[.
Ainsi, la transformation de Laplace est injective.
142CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
x x√ +∞
Γ(x + 1) = ( ) x ∫ √ eϕ(x,s) ds
e − x
√
où, pour x > 0 et s > − x,
s √
ϕ(x, s) = x ln(1 + √ ) − s x.
x
√
2. Montrer que pour x > 0 et s ∈ ]− x, 0], ϕ(x, s) ⩽ −s2 /2.
3. Montrer que pour s ⩾ 0 et x ⩾ 1, ϕ(x, s) ⩽ ϕ(1, s).
4. En déduire que
+∞
= ∫ e−s
ϕ(x,s) 2 /2
lim ∫ √ e ds ds.
x→+∞ − x R
x x√
5. Conclure : Γ(x + 1) ∼ ( ) 2πx.
e
« très petit ») ne compte pas car c’est « écrasé » par l’exponentielle de quelque chose
qui tend vers −∞. Le changement de variable composé est bien celui qui est proposé
dans la question 1.
Soluce
1. Ce changement de variable affine est astucieux mais ne pose pas de problème.
√ √ √
D’une part, s = (t − x)/ x équivaut à t = x + s x, ce qui donne dt = x ds.
D’autre part, on a :
√ √ s √
tx e−t = ex ln t−t = exp (x ln(x + s x) − s x − x) = exp (x ln x − x + ln(1 + √ ) − s x) ,
x
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 143
d’où
x ln x−x ϕ(x,s) √ x x√
+∞ +∞ +∞
Γ(x + 1) = ∫ tx e−t dt = ∫ √ e e x ds = ( ) x ∫ √ eϕ(x,s) ds.
0 − x e − x
√
Fixons également s ∈ ]− x, 0] et écrivons la formule de Taylor-Lagrange à
l’ordre 2 pour u ↦ ϕ(x, u) sur [0, s] : il existe θ ∈ ]0, 1[ tel que
∂ϕ s2 ∂ 2 ϕ
ϕ(x, s) = ϕ(x, 0) + s (x, 0) + (x, θs).
∂s 2 ∂s2
∂ϕ ∂2ϕ
Comme ϕ(x, 0) = 0, (x, 0) = 0 et (x, θs) ⩽ −1 (car θs < 0), on obtient la
∂s ∂s2
majoration voulue.
3. Pour s ⩾ 0 et x ⩾ 1, on a :
∂ϕ s − 2s 1 s
(x, s) = ln(1 + √ ) + x √ s − √ .
∂x x x x 1+ x 2 x
√
√
On s’intéresse, avec u = s/ x, à :
u+1−1 u u+1 1
∆(u) = ln(1 + u) − − = ln(1 + u) − + .
2(1 + u) 2 2 2(u + 1)
On peut dériver cette fonction de u, provisoirement libéré :
1 1 1 2(u + 1) − (u + 1)2 − 1 u2
∆′ (u) = − − = = − .
u + 1 2 2(u + 1)2 2(u + 1)2 2(u + 1)2
Pour x > 1 fixé, la fonction s ↦ ψ(x, s) est continue par morceaux sur R. Pour s
√
réel fixé et x supérieur à s2 , on a : s > − x, et alors un développement limité
lorsque x tend vers l’infini donne :
s √ √ s2 1 √
d’où lim ψ(x, s) = e−s
2 /2
ϕ(x, s) = x ln(1+ √ )−s x = s x− +O( √ )−s x, .
x 2 x x→+∞
√
si s > − x, évident sinon) ; si s ⩾ 0, eϕ(x,s) ⩽ eϕ(1,s) = (1 + s)e−s , qui est une
144CHAPITRE 8. INTÉGRALES : GÉNÉRALISÉES, À PARAMÈTRE, MULTIPLES
Soluce
1. La variable x se trouve à la fois dans une borne de l’intégrale et dans la fonction
intégrée. On fait donc le changement de variables u = xv qui donne :
1
(f ⋆ g)(x) = x ∫ f (xv)g(x(1 − v))dv.
0
Définissons alors
h ∶ R+ × [0, 1] Ð→ R
(x, v) z→ f (xv)g(x(1 − v)).
8.2. INTÉGRALES À PARAMÈTRES 145
Pour tout x ∈ R+ , la fonction t ↦ h(x, t) est continue sur [0, 1] (« continue par
morceaux » suffirait). Pour tout t ∈ [0, 1], la fonction x ↦ h(x, t) est continue
sur R+ .
Soit A un réel positif. Si (x, v) ∈ [0, A] × ∣0, 1], alors xv et x(1 − v) sont
dans [0, A]. Mais f et g, continues donc bornées sur tout compact ; on a donc
(u, x) ∈ K ⇐⇒ 0 ⩽ u ⩽ x ⩽ A.
+∞
La suite (φn ) converge simplement vers la fonction u ↦ f (u) ∫0 g(y) dy et
on peut majorer, pour tout n ∈ N et u ∈ [0, +∞[,
+∞
∣φn (u)∣ ⩽ ∣f (u)∣ ∫ ∣g(y)∣ dy.
0
+∞
Or la fonction u ↦ ∣f (u)∣ ∫0 ∣g(y)∣ dy, indépendante de n, est intégrable sur
[0, +∞[ car f l’est. On peut donc appliquer le théorème de convergence domi-
née, et on conclut :
+∞ +∞ +∞
∫ f ⋆ g(x)dx = (∫ f (x)dx) (∫ g(y) dy) .
0 0 0
(a) Montrer que B est bien définie pour x > 0 et y > 0 et que
π/2
B(x, y) = 2 ∫ cos2x−1 θ sin2y−1 θ dθ.
0
Γ(x) Γ(y)
B(x, y) = .
Γ(x + y)
Soluce
1. Soit x > 0. On devrait prendre a et A deux réels tels que 0 < a < A afin de
travailler sur l’intégrale de a à A et ensuite faire tendre a vers 0+ et A vers +∞,
ce travail a déjà été fait à l’exercice précédent, donc je m’abstiens ici de prendre
ces précautions...
√
On pose u(t) = t, la fonction u est un C 1 difféomorphisme de ]0, +∞[ vers
]0, +∞[. On a t = u2 soit dt = 2udu, donc, pour tout x > 0,
+∞
e−u u2x−1 du.
2
Γ(x) = 2 ∫
0
Comme les fonctions à intégrer sont continues et positives sur ]0, +∞[,
d’après le théorème de Fubini, on a :
(b) Pour (r, θ) ∈ ]0, +∞[ × ]0, π2 [, on pose (u, v) = ϕ(r, θ) = (r cos θ, r sin θ), ce
qui définit un C 1 -difféomorphisme ϕ sur R+∗ × R+∗ dont le déterminant
jacobien vaut classiquement r. Le changement de variable donne :
e−r r drdθ,
2
I2 = 4 ∬
]0,+∞[×]0, π2 [
re−r dr
2
I2 = 4 ∫ dθ ∫
]0, π2 [ ]0,+∞[
−r2 ⎤+∞
π ⎡⎢ e ⎥
× ⎢− =4× ⎥
2 ⎢⎣ 2 ⎥
⎦0
π 1
= 4 × × = π.
2 2
√
Comme I est positive, I = π.
3. (a) Soient x > 0 et y > 0, la fonction φ ∶ t z→ tx−1 (1 − t)y−1 est continue sur
]0, 1[, donc les seuls problèmes pour étudier l’intégrabilité sont en 0 et
en 1.
En 0, on a φ(t) ∼+ tx−1 qui est intégrable au voisinage de 0 pour x > 0
0
(intégrale de Riemann). En 1, on a φ(t) ∼− (1 − t)y−1 qui est intégrable au
1
voisinage de 1 pour y > 0. Donc la fonction bêta d’Euler est définie pour
x > 0 et y > 0.
Ensuite, on effectue le changement de variable t = cos2 θ (en effet, la
fonction θ ↦ cos2 θ est un C 1 -difféomorphisme de ]0, π/2[ sur ]0, 1[), ce
qui donne dt = −2 cos θ sin θ dθ :
1 0
B(x, y) = ∫ tx−1 (1 − t)y−1 dt = ∫ cos2x−2 θ sin2y−2 θ(−2 cos θ sin θ) dθ
0 π/2
π/2
= 2∫ cos2x−1 θ sin2y−1 θ dθ = J(x, y).
0
Comme Γ est partout non nulle, on peut diviser. Pour tout x et tout y
strictement positifs,
Γ(x) Γ(y)
B(x, y) = .
Γ(x + y)
Chapitre 9
149
150 CHAPITRE 9. ESPACES VECTORIELS NORMÉS
Soluce
1. (a) Notons F l’adhérence de V dans E.
— Il est clair que 0 ∈ F.
— Soient x, y dans F et λ un réel. Il existe deux suites (xn ) et (yn )
de V convergeant respectivement vers x et y ; la suite (λxn + yn ) est
une suite d’éléments de V ayant pour limite λx + y, ce qui prouve que
λx + y est dans F.
— Conclusion : l’adhérence de V est un sous-espace de E.
(b) Soit H un hyperplan de E. Supposons que H n’est pas fermé, i.e. H ≠ H,
et choisissons a dans H∖H. On a alors E = H⊕Ra ⊂ H+H = H , la dernière
égalité venant du fait que H est un sous-espace. Donc H est bien dense
dans E.
2. (a) On munit E de la norme ∥ ⋅ ∥∞ . Soit (fn ) une suite d’éléments de H
convergeant vers f . La convergence uniforme entrainant la convergence
simple, on a en particulier, quand n → +∞, 0 = fn (0) → f (0), ainsi f est
dans H, par suite H est fermé.
(b) On munit E de la norme ∥ ⋅ ∥1 . Soit f dans E. Considérons la suite (fn )
(que l’on appréhende mieux avec un dessin) définie par :
Soluce
1. On suppose que A est un compact infini. Dans ce cas, ∣∣−∣∣A est bien définie
puisque A est compact. Montrons que c’est bien une norme.
9.1. ESPACES VECTORIELS NORMÉS EN DIMENSION QUELCONQUE 151
(a) Séparation. Si ∣∣P∣∣A = 0, alors P s’annule sur tout A. Or, A est infini, donc
P s’annule sur un ensemble infini ; c’est donc le polynôme nul.
(b) Homogénéïté. Soit λ ∈ R. On a ∣λP(x)∣ = ∣λ∣ ∣P(x)∣, ce qui donne, par
positivité de ∣λ∣, que Supx∈A ∣λP(x)∣ = ∣λ∣ Supx∈A ∣P(x)∣, et donc ∣∣λP∣∣A =
∣λ∣ ∣∣P∣∣A .
(c) Inégalité triangulaire. Soient P, Q deux polynômes et x ∈ A. On sait que
∣P(x) + Q(x)∣ ⩽ ∣P(x)∣ + ∣Q(x)∣.
On a donc ∣P(x) + Q(x)∣ ⩽ Supy∈A ∣P(y)∣ + Supy∈A ∣Q(y)∣. En passant au
sup le membre de gauche, il vient ∣∣P + Q∣∣A ⩽ ∣∣P∣∣A + ∣∣Q∣∣A .
Conclusion, ∣∣−∣∣A est bien une norme sur R[X].
Réciproquement, et par la contraposée, on veut montrer que si A n’est pas
compact ou n’est pas infinie, alors ∣∣−∣∣A n’est pas une norme.
Si A n’est pas compact, alors A n’est pas borné, puisque A est fermé. Donc,
en posant P = X, on voit que ∣∣P∣∣A n’est pas défini.
Si A est fini, alors, on pose P ∶= ∏x∈A (X − a), pour voir que P est non nul, alors
que ∣∣P∣∣A = 0. L’axiome de séparabilité n’est donc pas vérifié.
2. On voit rapidement que δa est une forme linéaire sur R[X].
Supposons dans un premier temps a ∈ A. On a donc, par construction, ∣δa (P)∣ =
∣P(a)∣ ⩽ ∣∣P∣∣A . La forme linéaire δa est alors 1-lipschitzienne, donc continue.
On suppose maintenant a ∉ A. Nous allons construire une suite de polynômes
(Pn ) qui tend vers le polynôme nul pour la norme ∣∣−∣∣A , mais telle que ∣δa (Pn )∣
ne tend pas vers 0. Comme δ(0) = 0, cela prouvera la non-continuité de δa .
Comme A est fermé et α ∉ A, il existe α > 0 tel que ]a−α, a+α[ n’intersecte pas
A. Soit m, M deux réels tels que ]a − α, a + α[∪A ⊂ [m, M], ce qui est possible
car A est borné.
Soit f une fonction continue s’annulant sur A et telle que f (a) = 1. On peut
prendre par exemple la fonction (continue) affine par morceaux
⎧
⎪ 0 si m < x < a − α
⎪
⎪
⎪
⎪ x−a+α
si a − α ⩽ x < a
f (x) = ⎨ α
−x+a+α (9.1)
⎪
⎪ si a ⩽ x < a + α
⎪
⎪
⎪
α
⎩ 0 si a + α ⩽ x ⩽ M
Le théorème d’approximation de Weierstrass (sur le compact [m, M]), voir exer-
cice 5, permet de voir qu’il existe une suite (Pn ) de polynômes qui approchent
f sur le compact [m, M], plus précisément, telle que
1
Supx∈[m,M] ∣f (x) − Pn (x)∣ ⩽ .
n
En particulier, si x ∈ A, le fait que f s’annule sur A implique
1
∣Pn (x)∣ ⩽ ∣Pn (x) − f (x)∣ + ∣f (x)∣ ⩽ .
n
Il vient que Supx∈A ∣Pn (x)∣ ⩽ n1 , et donc, la suite Pn tend vers 0 pour la norme
∣∣−∣∣A . Pourtant,
1
∣δa (Pn )∣ = ∣Pn (a)∣ ⩾ ∣f (a)∣ − ∣Pn (a) − f (a)∣ ⩾ 1 − ,
n
et donc ∣δa (Pn )∣ ne tend pas vers 0.
152 CHAPITRE 9. ESPACES VECTORIELS NORMÉS
Remarque. On peut même dire ici que la suite (Pn (a)) tend vers 1, puisque par les
deux inégalités triangulaires Pn (a) = f (a) + (Pn (a) − f (a)) implique
1 1
1− ⩽ ∣f (a)∣ − ∣Pn (a) − f (a)∣ ⩽ ∣δa (Pn )∣ = ∣Pn (a)∣ ⩽ ∣f (a)∣ + ∣Pn (a) − f (a)∣ ⩽ 1 + .
n n
On voit alors que si A est une partie compacte de R et si a ∉ A, alors l’hyperplan
Ha des polynômes qui s’annulent en a, c’est-à-dire l’hyperplan des polynômes divi-
sibles par (X−a), est dense dans R[X] pour la norme ∣∣−∣∣A . En effet, par l’alternative
fermé-dense, voir exercice 62, il suffit pour le montrer de voir que Ha n’est pas fermé
pour cette norme. Or, la suite (Pn − Pn (a)) est dans Ha , alors que sa limite, pour la
norme ∣∣−∣∣A , est 0 − 1 = −1 ∉ Ha , ce qui prouve que Ha n’est pas fermé.
Soluce
1. La norme est bien définie car la somme est finie. Elle est séparable (seule
difficulté) car si ∣∣P∣∣ = 0 et (par l’absurde) P est non nul, notons n son degré
et an son coefficient dominant. Alors n!an = P(n) (n) = 0, absurde.
2. On vérifie facilement que les formes linéaires ϕk (P) = P(k) (k), 0 ⩽ k ⩽ n, sur
R[X]n sont indépendantes : on applique pour cela une combinaison linéaire
nulle de ces formes à la base canonique de R[X]n . Elles forment donc une base
du dual, et Pn est le polynôme dont les composantes sont 2−k dans cette base.
On veut montrer le théorème de Riesz qui dit que si E est un espace vectoriel
normé sur un corps K égal à R ou C, alors E est de dimension finie si et seulement
si la boule unité est compacte. On notera ∣∣x∣∣ la norme de x ∈ E.
1. En utilisant la caractérisation d’un compact en dimension finie (fermé-borné),
montrer l’implication.
2. On veut montrer la réciproque. On suppose, par la contraposée, que E est un
espace de dimension infinie et on veut montrer que la boule unité n’est pas
compacte.
(a) Soit F un sous-espace de dimension finie de E et a dans E . Montrer
qu’il existe x dans F qui minimise ∣∣a − x∣∣. On notera dans la suite
d(a, F) ∶= ∣∣a − x∣∣.
(b) Soit a ∈ E, u ∈ F, λ ∈ K∗ . Montrer les égalités
(c) Montrer alors qu’il existe un vecteur a de norme 1 dans E tel que
d(a, F) = 1.
(d) Construire par récurrence une suite (an )n telle que pour tout n, ∣∣an ∣∣ = 1
et d(an , Fn−1 ) = 1, avec Fn−1 ∶= ⟨a0 , a1 , . . . , an−1 ⟩, puis conclure.
Soluce
1. Si l’espace E est un espace de dimension finie, la boule de rayon 1 est forcément
bornée pour la même norme (on n’a même pas besoin de dégainer le fait que
toutes les normes sont équivalentes...)
Il reste à démontrer que la boule est fermée. Appelons N la norme (pour des
raisons d’esthétique), alors la boule n’est rien d’autre que N−1 ([0, 1]). Il suffit
donc de montrer que N est continue. Mais ceci est clair car N est 1-lipschitzienne
par l’inégalité triangulaire qui dit que ∣N(x) − N(y)∣ ⩽ N(x − y).
2. (a) Soit donc d(a, F) ∶= inf y∈F ∣∣a − y∣∣, qui est bien définie puisque {∣∣a − y∣∣, y ∈
F} est une partie de R minorée par 0. Par définition de la borne inférieure,
pour tout entier n > 0, il existe xn ∈ F tel que
1
d(a, F) ⩽ ∣∣a − xn ∣∣ < d(a, F) + .
n
On a donc trouvé une suite (xn )n∈N∗ dans F telle que limn→+∞ ∣∣a − xn ∣∣ =
d(a, F).
La suite (xn )n∈N∗ est bornée puisque
Comme F est de dimension finie et que la suite est bornée dans F, elle
possède une valeur d’adhérence (une boule en dimension finie est com-
pacte) x dans F. Soit (xγ(n) ) une suite extraite qui converge vers x. On
a, par continuité de la norme,
d(a, F) = inf ∣∣a − y∣∣ = inf ∣∣a − (y ′ + u)∣∣ = inf ∣∣(a − u) − y ′ ∣∣ = d(a − u, F).
y∈F ′y ∈F y ∈F
′
d(λa, F) = inf ∣∣λa − y∣∣ = inf ∣∣λa − λy ′ ∣∣ = ∣λ∣ inf ∣∣a − y ′ ∣∣ = ∣λ∣ d(a, F).
y∈F ′ y ∈F ′y ∈F
154 CHAPITRE 9. ESPACES VECTORIELS NORMÉS
(c) C’est une conséquence directe des deux égalités précédentes : soit b dans
E, avec b ∈/ F, ce qui est possible puisque E ≠ F, par considération de
dimension.
On a donc d(b, F) ≠ 0. En effet, d(b, F) = ∣∣b − x∣∣ pour un x ∈ F, donc, en
particulier, x ≠ b.
On pose a = ∣∣b−x∣∣
b−x
. On a alors ∣∣a∣∣ = 1 et de plus,
b−x 1 1
d(a, F) = d ( , F) = d(b − x, F) = d(b, F) = 1.
∣∣b − x∣∣ ∣∣b − x∣∣ ∣∣b − x∣∣
(d) On part d’un vecteur non nul arbitraire b0 que l’on normalise en a0 ∶=
∣∣b0 ∣∣ . Par récurrence, une fois les vecteurs a0 , a1 , ⋯, an déterminés, on dé-
b0
Donc, aucune sous-suite de la suite (an )n ne peut être une suite de Cauchy.
On en déduit que la boule unité n’est pas compacte.
Soluce
1. Première méthode : par décomposition polaire
(a) Soit N ∶= t MM. En posant N ∶= (nij ), il vient, pour tout j, njj = ∑i nij nij =
∑j n2ij . On en déduit
et donc ∑i λ2i ⩾ n.
On en déduit le résultat annoncé, puisque
(a) On sait, voir [4, V-7.2.1], que la différentielle d’une forme quadratique en
un vecteur u vaut 2b(u, ?) où b désigne sa forme polaire. On sait également,
voir [5, Proposition IX-1.6.7], ou l’exercice 114, que si A est une matrice
̃
inversible, alors la différentielle du déterminant est H ↦ tr(AH), où Ã
−1
désigne la transposée de la comatrice de A, c’est-à-dire det(A)A . Il
vient donc
(b) Le théorème des extrema liés dit que si le minimum de N2 (M)2 est atteint
avec la contrainte det(M) = 1, alors dM L = 0.
D’après la question précédente, soit M ∈ SLn (R) tel que ce minimum
est atteint, alors H ↦ tr ((2 t M − λM−1 ) H) est nulle. Comme la forme
bilinéaire (A, B) ↦ tr(AB) est non dégénérée, voir [CVA ? ?], cela signifie
que 2 t M − λM−1 = 0 et donc 2 t MM = λIn . En prenant le déterminant,
il vient 2n = λn , donc λ = 2 puisque λ est réel, et qu’il est positif, car
t
MM est une matrice symétrique positive. On en déduit t MM = In et donc
M ∈ SOn (R), puisque det(M) = 1. La réciproque est claire.
N2 (A − M) ⩾ N2 (A)2 + n − 2 tr(S),
Soluce
1. On a vu dans l’exercice 66 que N2 (B)2 = tr(t BB) pour toute matrice B. Il en
résulte que pour tout M de On (R),
N2 (A − M)2 = tr (t (A − M)(A − M)) = tr(t AA) + tr(t MM) − tr(t AM) − tr(t MA)
= tr(t AA) + tr(In ) − 2 tr(t AM) = tr(t AA) + n − 2 tr(t AM).
2. Attention, si A n’est pas inversible cette décomposition n’est pas unique.
9.2. DISTANCE À UN FERMÉ DANS UN ESPACE DE MATRICES 157
tr(t AM) = tr(S t OM) = tr(PDP−1 t OM) = tr (D(P−1 O−1 MP)) = tr(DN),
10.1 Généralités
Soluce
1. Supposons, par l’absurde, que la fonction f possède un zéro commun avec sa
dérivée ; il existe alors t0 ∈ I tel que f (t0 ) = 0 = f ′ (t0 ). Le problème de Cauchy
suivant :
⎧
⎪ y ′′ + p(t)y ′ + q(t)y = 0
⎪
⎪
⎪
⎨y(t0 ) = 0
⎪
⎪
⎪
⎪ ′
⎩y (t0 ) = 0
admet alors deux solutions : la fonction f et la fonction nulle. Comme p et q
sont des fonctions continues sur l’intervalle I, le théorème de Cauchy-Lipschitz
s’applique : la fonction f est alors la fonction nulle. Contradiction avec l’hypo-
159
160 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
De même,
wf,g (t1 ) = −f ′ (t1 )g(t1 ) ≠ 0. (2)
Cela signifie que que g(t0 ) et g(t1 ) sont de signe contraire ; la fonction g
étant continue, le théorème des valeurs intermédiaires assure alors l’exis-
tence de α ∈ ]t0 , t1 [ tel que g(α) = 0. L’existence est démontrée.
Quant à l’unicité, supposons qu’il existe au moins deux zéros de g dans
]t0 , t1 [, que l’on nomme x0 et x1 . En inversant les rôles de f et de g, on
montre alors qu’il existe un zéro de f , disons ρ, compris entre x0 et x1 :
contradiction avec le fait que t0 et t1 sont deux zéros consécutifs de f .
L’unicité est ainsi démontrée.
et telles que
n−1
y (n) + ∑ ai y (i) = 0. (E)
i=0
Soluce
1. (a) Si y ′ = 0, alors y est constante sur tout intervalle I. En effet, par le théo-
rème des accroissements finis, pour a et b dans I avec a < b, il existe
c ∈ ]a, b[ tel que y(b) − y(a) = y ′ (c)(b − a) = 0.
(b) On montre par récurrence que si y (m) = 0, alors y est sur chaque intervalle I
une fonction polynomiale de degré au plus m − 1. On vient de traiter
162 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
y ′ = z ′ eα + α zeα = z ′ eα + αy,
(D − α Id)y = (Dz)eα .
1. Par exemple parce qu’un polynôme non nul a un nombre fini de racines ou grâce au détermi-
nant de Vandermonde.
10.1. GÉNÉRALITÉS 163
Comme les polynômes (X − αi )mj sont deux à deux premiers entre eux, on a
par le lemme des noyaux :
r
S = ker P(D) = ⊕ ker(D − αj Id)mj .
j=1
y ′′ + q(t)y = 0, (E)
a c
Dans la base (y1 , y2 ), l’application A sera notée ( ), et on nomme T la
b d
trace de A.
1. (a) Justifier l’existence de la base (y1 , y2 ) telle que décrite dans l’énoncé.
(b) Montrer que A est bien définie, et que sa matrice dans la base (y1 , y2 )
s’écrit
y (π) y2 (π)
( 1′ ).
y1 (π) y2′ (π)
2. Montrer les assertions suivantes :
(i) y1 est paire ;
(ii) y2 est impaire ;
(iii) det(A) = 1 ;
164 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
Soluce
1. (a) L’existence d’une telle base repose essentiellement sur le thèorème de Cauchy-
Lipschitz. On considère le problème de Cauchy suivant 2 :
⎧
⎪ y ′′ = −q(t)y
⎪
⎪
⎨ y(0) = 0
⎪
⎪
⎪ ′
⎩ y (0) = 1
W Ð→ R2
x z→ (x(0), x′ (0))
Il n’y a plus qu’à évaluer ces deux égalités en 0, puis en 1, pour trouver
a = y1 (π)
b = y1′ (π)
w′ (x) = y1 (x)y2′′ (x)−y2 (x)y1′′ (x) = −q(x)y1 (x)y2 (x)+q(x)y1 (x)y2 (x) = 0.
(iv) On étudie la réciproque de A, qui à y associe y(⋅ − π). Une rapide étude
nous donne l’expression de sa matrice dans la base (y1 , y2 ) :
y1 (−π) y2 (−π) a −c
A−1 = ( )=( ).
y1′ (−π) y2′ (−π) −b d
a + d = ±2 ⇒ a = d = ±1 ⇒ 1 = det(A) = ad − bc = 1 − bc ⇒ bc = 0.
Réciproquement, si bc = 0, alors,
1 = det(A) = ad = a2 ⇒ a = d = ±1 ⇒ T = ±2.
dit équation de Bessel possède une solution développable en série entière au voisi-
nage de 0.
1. Étudions d’abord les conditions nécessaires à l’existence d’une telle fonction.
On fixe dans la suite µ ∈ C.
(a) En supposant y développable en série entière et solution de (Eµ ), déter-
miner une relation entre les coefficients de la série.
10.2. FONCTIONS DE BESSEL 167
(b) Supposons dans cette question que µ n’est pas le carré d’un entier. En
déduire que l’équation (Eµ ) n’admet pas de solution développable en
série entière non nulle.
(c) A contrario, si µ est le carré d’un entier, montrer que l’éventuelle solu-
tion y a les propriétés suivantes :
(i) la parité de y est celle de k ;
(ii) tous les coefficients de la série d’indice strictement inférieur à k
sont nuls ;
(iii) les coefficients restants satisfont à la relation de récurrence
(−1)`
∀` ∈ N, ak+2` = ak . (♣)
∏`m=1 ((k + 2m)2 − µ)
2. Inversement, montrer qu’une fonction définie par les relations des questions
précédentes possède un rayon de convergence infini et est solution de l’équa-
tion (Ek2 ).
3. Donner une expression de l’unique solution Jk de (Ek2 ) développable en série
entière telle que Jk (x) ∼ xk /(2k k!) au voisinage de 0.
Soluce
1. (a) Soit donc y ∶ x ↦ ∑n⩾0 an xn une fonction développable en série entière sur
un intervalle non vide de type I ∶= ]−R, R[, où R ∈ R+∗ . Pour x ∈ I, on
obtient classiquement :
y ′ (x) = ∑ nan xn−1 , xy ′ (x) = ∑ nan xn = ∑ nan xn ,
n⩾1 n⩾1 n⩾0
′′ 2 ′′
y (x) = ∑ n(n − 1)an x n−2
, x y (x) = ∑ n(n − 1)an xn = ∑ n(n − 1)an xn .
n⩾2 n⩾2 n⩾0
Pour que toutes les sommes partent du même indice, on pose de plus
a−2 = a−1 = 0.
On obtient alors
x2 y(x) = ∑ an xn+2 = ∑ an−2 xn .
n⩾2 n⩾0
c’est-à-dire :
∀x ∈ I, ∑ ((n − µ)an + an−2 )x = 0.
2 n
n⩾0
(b) Dire que µ n’est pas le carré d’un entier c’est dire que n2 − µ ≠ 0 pour
tout entier n. Pour n = 0, on a fixé a−2 = a−1 = 0 ; par une récurrence
immédiate fondée sur la relation obtenue à la question 1a, cela implique
que, pour tout k ∈ N,
a2k = 0 et a2k+1 = 0.
Autrement dit, si µ n’est pas le carré d’un entier, la fonction nulle est la
seule solution développable en série entière au voisinage de 0 de l’équation
(Eµ ).
(c) Soit k un entier naturel et soit µ = k 2 . Soit y une solution de (Ek2 )
développable en série entière au voisinage de 0.
(i) Étudions la parité de la fonction y. Remarquons que pour tout n ≠ k,
on a n2 −µ ≠ 0. C’est le cas de tous les entiers de la forme n = q+2`, où
q ∈ {−1, −2} est l’entier qui n’a pas la même parité que k et ` est un
entier quelconque. Par récurrence sur `, on déduit de la relation (♠)
que pour tout ` ∈ N, aq+2` = 0. Ainsi, si k est pair, alors q = −1, et tous
les coefficients d’indice impair de la série y s’annulent ; la fonction y
est donc paire. De même, si k est impair, alors la fonction y est
impaire.
(ii) On applique la relation (♠) à n = k ; on obtient alors ak−2 = 0. De
même, en prenant cette fois n = k − 2, on obtient ak−4 = 0, et ainsi de
suite par récurrence. Suivant la parité de k, on en déduit bien que
tous les coefficients d’indice n < k sont nuls.
(iii) Calculons les coefficients ak+2` (` ∈ N). Pour ` = 0, rien à démontrer,
et pour ` = 1, c’est exactement la relation (♠) de la question 1a. Soit
` un entier, supposons connaître ak+2` . Par hypothèse de récurrence,
on a (en prenant n = k + 2` + 2) :
1
ak+2(`+1) = ak+2`+2 = − ak+2`
(k + 2` + 2)2 − µ
1 (−1)`
=− × ak ,
(k + 2` + 2)2 − µ ∏`m=1 ((k + 2m)2 − µ)
⎧
⎪ak ∈ R
⎪
⎪
⎪
(fixé) ;
⎪
⎪
⎪an = 0 si n < k ou si n ≡/ k [2] ;
⎨
⎪
⎪
⎪ (−1)`
⎪
⎪
⎪ak+2` = ak pour ` ∈ N.
⎪
⎩ ∏`m=1 ((k + 2m)2 − µ)
10.2. FONCTIONS DE BESSEL 169
Enfin, par construction, une telle série entière vérifie bien l’équation (Ek2 ).
3. On a, les lettres étant quelconques :
L’unique valeur de ak pour laquelle y(x) ∼ xk /(2k k!) en 0 est ak = 1/(2k k!),
ce qui donne :
(−1)` x k+2`
∀x ∈ R, Jk (x) = ∑ ( ) .
`⩾0 `!(k + `)! 2
(−1)` x k+2`
∀x ∈ C, Jk (x) = ∑ ( ) .
`⩾0 `!Γ(k + ` + 1) 2
0.8
0.6
0.4
0.2
-40 -20 20 40
-0.2
-0.4
1 π
Jk (x) = ∫ cos(kt − x sin t)dt.
π 0
1. (a) Justifier la dérivation sous le signe intégrale et donner une expression
de J′k et J′′k .
170 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
Soluce
1. (a) Soit f ∶ R×[0, π], (x, t) ↦ cos(kt−x sin t). Cette fonction est de classe C ∞
donc toutes ses dérivées sont bornées sur les compacts de la forme [−X, X]×
[0, 2π] pour tout X réel positif. Une application routinière du théorème de
dérivation sous le signe intégrale donne (en commençant sur [−X, X] pour
majorer les dérivées partielles uniformément puis en étendant le résultat
à R), pour x réel quelconque :
1 π
Jk (x) = ∫ cos(kt − x sin t)dt ;
π 0
1 π
J′k (x) = ∫ sin(t) sin(kt − x sin t)dt ;
π 0
1 π
′′
Jk (x) = ∫ − sin2 (t) cos(kt − x sin t)dt.
π 0
1 π
x2 (Jk (x) + J′′k (x)) = ∫ x cos (t) cos(kt − x sin t)dt,
2 2
π 0
1 π
k 2 Jk (x)−x2 (Jk (x)+J′′k (x)) = ∫ (k+x cos t)(k−x cos t) cos(kt−x sin t)dt,
π 0
Si k est pair, disons k = 2k ′ , tous les γk,2p+1 sont nuls et γk,2p est nul
si 2p < k. Il ne reste plus que les termes de la somme paire de la forme
2p = k + 2q (q ∈ N) :
Si k est impair, disons k = 2k ′ + 1, tous les γk,2p sont nuls et γk,2p+1 est
nul si 2p + 1 < k. Il ne reste plus que les termes de la somme impaire de la
forme 2p + 1 = k + 2q (q ∈ N). Les signes sont pénibles à suivre : p = k ′ + q,
1/ik = (−1)k /i = −(−1)k i, d’où :
′ ′
1 π
Hk (x) = ∫ e
ikt−ix sin t
dt.
π 0
2 −ix+ikπ/2 π/2
Hk (x) = e ∫ cos(ku)eix(1−cos u) du.
π 0
0.5
0.4 0.3
0.3 0.2
0.2
0.1
0.1
5 10 15 20 25 30 10 20 30 40 50
-0.1 -0.1
-0.2
-0.2
-0.3
Soluce
1. Soit x réel.
(a) L’intégrale de la partie réelle (de eikt−ix sin t ) est la partie réelle de l’inté-
grale. D’où :
1 π
Jk (x) = Re Hk (x) où Hk (x) = ∫ e
ikt−ix sin t
dt.
π 0
(c) Pour justifier que le changement de variable est licite, on pose pour u ∈
[0, π/2] √
ϕ(u) = 2(1 − cos u).
174 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
v2 2
g(v) = cos (k arccos(1 − )) ⋅ √ .
2 4 − v2
La fonction g est de classe C 2 car le facteur qui contient l’arccosinus n’est
autre que la composée de ϕ−1 (qui est bien de classe C 2 car ϕ l’est et ϕ′
ne s’annule
√ pas) avec u ↦ cos(ku) et l’autre facteur est sans problème sur
[0, 2].
2. On peut par exemple écrire, en faisant dans l’égalité g(v) − g(0) = ∫0 g ′ (u)du
v
Cadre
L’équation (E0 ) admet un point singulier en 0 : on ne peut pas la mettre sous
forme normale y ′′ = f (x, y, y ′ ) au voisinage de x = 0 à cause du coefficient x2 . Elle
admet toutefois une solution définie sur R, c’est la fonction de Bessel J0 définie
dans l’exercice 71.
On a montré que J0 est la seule solution de (E0 ) développable en série entière
sur un voisinage de 0. On va montrer que c’est la seule solution définie et deux fois
dérivable sur un voisinage de 0. Plus précisément, on va montrer que toute solution
définie sur un intervalle de la forme ]0, a[ avec a > 0 et non proportionnelle à J0
explose en 0.
x2 y ′′ + xy ′ + x2 y = 0. (E0 )
1. Calculer le wronskien de J0 et y.
2. Résoudre l’équation J0 y ′ − J′0 y = W sur un intervalle où J0 ne s’annule pas.
3. Montrer que si y n’est pas proportionnelle à J0 , alors lim+ ∣y(x)∣ = +∞ (« y
x→0
explose »).
Soluce
1. Sur l’intervalle ]0, a[, l’équation (E0 ) se met sous forme normale
1
y ′′ + y ′ + y = 0.
x
D’après le rappel, le wronskien W = J0 y ′ − J′0 y des deux solutions J0 et y est
solution de l’équation W′ (x) = −W(x)/x, si bien qu’il est de la forme
C
W(x) = Ce− ln x =
x
(où x décrit ]0, a[) pour une constante C fixée.
2. Comme on s’intéresse au comportement en 0, on se restreint à un intervalle
I′ = ]0, a′ [ inclus dans ]0, a[ sur lequel J0 ne s’annule pas, ce qui existe, car
J0 (0) = 1 (voir l’exercice 71). On va donner une expression de y à partir de
l’équation du premier ordre J0 y ′ − J′0 y = W. L’équation homogène associée ad-
met pour solutions évidentes les fonctions de la forme zJ0 , avec z ∈ R constante ;
par la méthode de la variation de la constante, on cherche donc une solution
particulière de l’équation avec second membre de la forme x ↦ z(x)J0 (x).
Plus formellement, posons z = y/J0 . Comme y est solution de J0 y ′ − J′0 y = W,
on a : J0 (zJ0 )′ − J′0 (zJ0 ) = W, c’est-à-dire : z ′ J20 + zJ′0 J0 − zJ′0 J0 = W ; par la
question précédente, il existe une constante C telle que
C
∀x ∈ I′ , z ′ (x)J20 (x) = .
x
Cela montre que z(x) ∼ C ln x, et donc, que z(x) diverge vers l’infini lorsque x
tend vers 0.
Ainsi, les seules solutions de l’équation (E0 ) qui ne divergent pas sont les
multiples de J0 .
6. Rappelons le théorème. Soit a > 0 et soient f et g deux fonctions continues et positives sur
]0, a] telles que f (x) ∼ g(x) au voisinage de 0. Si ∫0 f est divergente, alors ∫x f ∼ ∫x g ; si ∫0 f est
a a a a
convergente, alors ∫0 f ∼ ∫0 g.
x x
Soluce
1. La définition de f a un sens car u ne s’annule pas. Pour tout t ∈ [a, b], on a
u′ (t)
f ′ (t) = ,
u(t)
donc la fonction f ainsi définie est bien de classe C 1 .
Posons alors, pour t ∈ [a, b] :
ϕ(t) = u(t)e−f (t) ;
on a ϕ′ (t) = u′ (t)e−f (t) − f ′ (t)u(t)e−f (t) = 0, donc, la fonction ϕ est constante
égale à, disons K (non nul !). De plus, la condition ec = u(a) implique
ϕ(a) = u(a)e−f (a) = ec e−c = 1,
et ainsi, u(t) = exp ○f (t), pour tout t ∈ [a, b], comme voulu.
2. On sait déjà que J0 ne s’annule pas en 0 car J0 (0) = 1. De plus, sur R∗+ et
R∗− , c’est une solution non uniformément nulle de l’équation (E0 ) sous forme
normale :
y ′′ = −y ′ /x − y.
Soit alors x0 un réel non nul, disons positif pour fixer les idées. Définissons le
problème de Cauchy sur R∗+ :
⎧
⎪ y′
⎪
⎪y ′′ = − − y
⎨ x
⎪
⎪
⎪y(x ) = y ′ (x0 ) = 0.
⎩ 0
La fonction nulle est une solution évidente et, par unicité de la solution à un
problème de Cauchy, c’est la seule. Par suite, J0 et J1 ne s’annulent pas en x0 .
3. (a) Considérons la fonction u = J0 + iJ1 ∶ R → C ; elle est de classe C 1 et
à valeurs dans C∗ puisque, d’après la question précédente, J0 et J1 ne
s’annulent pas simultanément. On peut donc lui appliquer le théorème
du relèvement de la question 1. Pour éviter un argument abstrait pour
passer d’un segment à R, on remarque que u(0) = 1 (c = 0) et on définit
t ′
f ∶ R → C par f (t) = ∫0 uu : c’est une fonction de classe C 1 telle que
u = exp ○f . Le module de u est r = ∣u∣ = exp Re f . Posons θ = Im(f ). On a
donc J0 + iJ1 = eRe f eiθ = reiθ , c’est-à-dire :
⎧
⎪
⎪J0 = r cos θ,
⎨
⎪ ′
⎩J1 = −J0 = r sin θ.
⎪
(b) Remarquons déjà que, d’après la question 2, la fonction r ne s’annule
jamais. En tant que composée d’une somme de fonctions C 1 sur R et de
la racine carrée, dérivable partout sauf en 0, on en déduit que la fonction r
est une dérivable sur R.
De plus, comme r2 = J20 + J21 = J20 + (J′0 )2 , et que J0 est solution de (E0 ),
on a
(r2 )′ (x) = 2J0 (x)J′0 (x) + 2J1 (x)J′1 (x) = 2J0 (x)J′0 (x) + 2J′0 (x)J′′0 (x)
J′0 (x) J′ (x)2
= 2J′0 (x)(J0 (x) − − J0 (x)) = −2 0 ,
x x
10.2. FONCTIONS DE BESSEL 179
g ′ (x) = 2xr2 (x)+2x2 r(x)r′ (x) = 2x(J0 (x)2 +J1 (x)2 )−2x2 J1 (x)2 = 2xJ0 (x)2 ,
0.4
0.2
-0.2
4. Comme J0 = r cos θ, on a
Trouver les zéros de J0 , c’est trouver les valeurs de θ telles que cos θ = 0. Si
l’on essaie d’isoler, dans l’égalité précédente, la dérivée θ′ , on se rend compte
que l’expression dépendra de r′ , et qu’il y aura du r sin θ au dénominateur. À
éviter, donc. À la place, on dérive J′0 = −J1 = −r sin θ. On trouve :
⎧
⎪
⎪J′0 = r′ cos θ − rθ′ sin θ ×(− sin θ)
⎨ ′′
⎪ ′ ′
⎩J0 = −r sin θ − rθ cos θ
⎪ ×(− cos θ)
On voit cela comme un système linéaire d’inconnues (r′ , θ′ ) dont on veut élimi-
ner r′ . Pour ce faire, on multiplie la première équation par (− sin θ), la seconde
par (− cos θ), et l’on obtient, pour x > 0, en soustrayant les deux lignes :
r(x)θ′ (x) = − sin θ(x) J′0 (x) − cos θ(x) J′′0 (x)
r(x) sin θ(x)
= − sin θ(x)(−r(x) sin θ(x)) − cos θ(x)( − r(x) cos θ(x)),
x
ce qui donne après simplification (division par r et cos2 θ + sin2 θ = 1) :
cos θ(x) sin θ(x)
θ′ (x) = 1 − .
x
On voit que, pour x > 1, θ′ (x) > 0. En fait, θ′ (x) ⩾ 1/2 pour x assez grand, de
sorte que θ(x) tend vers l’infini avec x.
Par le théorème des valeurs intermédiaires, on en déduit que θ prend une infinité
de valeurs de la forme xk = π2 + kπ, ce qui donne autant de zéros de J0 , puisque
J0 (xk ) = r(xk ) cos(xk ) = 0 pour tout k.
180 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
0.5
-40 -20 20 40
-0.5
Remarque. Les fonctions de Bessel sont les héroïnes d’un traité de plus de 800 pages
de G. N. Watson, qui en a en particulier donné des développements asymptotiques
et qu’il ne faudrait pas confondre avec H. W. Watson, qui est à l’origine du processus
de Galton-Watson de l’exercice 12.2.
Soluce
1. Soit y une fonction développable en série entière au voisinage de 0 avec un rayon
de convergence R strictement positif. Soit (an )n∈N la suite des coefficients. Par
8. Ainsi, on peut dire que tous les zéros non nuls sont différents. Quel charabia !
10.2. FONCTIONS DE BESSEL 181
Alors, y est solution de Eµ sur ]−R, R[ si et seulement si pour tout x ∈ ]−R, R[,
+∞ +∞ +∞ +∞
∑ n(n − 1)an x + ∑ nan x + ∑ an−2 x + ∑ −µan x = 0,
n n n n
n=2 n=1 n=2 n=0
(−1)k (−1)k
a2k = a0 = a0 .
(2k)2 (2k − 2)2 ⋯ × 22 22k × k!2
Cela montre que toute solution éventuelle est un multiple de la fonction définie
par
+∞
(−1)k 2k
J0 (x) = ∑ 2k x .
k=0 2 × k!
2
Or cette série entière a un rayon de convergence infini (a2k ⩽ 1/k! pour tout k et
∑ ∣x∣2k /k! converge pour tout x) et on vérifie que sa somme J0 est bien solution
en reprenant les calculs précédents à l’envers.
Supposons à présent que µ = p2 pour un entier naturel p ⩾ 1. Alors µ ≠ 0, d’où
a0 = 0 = a1 .
On a donc :
1
w′ (x) = − w(x).
∀x ∈ I,
x
On intègre cette équation différentielle d’ordre 1. Fixons x0 ∈ I. Il existe une
constante C telle que
− ∫xxCdt
∀x ∈ I, w(x) = Ce 0 t. =
x
Remarque. On retrouve l’équation satisfaite par le wronskien défini par W =
det(Y1 , . . . , Yn ) d’une famille (Y1 , . . . , Yn ) de solutions d’un système homogène
Y′ = AY défini par une matrice (de fonctions) A ∶ I → Mn (C) et d’inconnue le
vecteur Y ∶ I → Cn :
W′ (x) = − tr(A(x)) W(x).
2. Sur R+∗ , l’équation E0 est équivalente à l’équation écrite sous forme normale :
1
∀x ∈ R+∗ ,
y ′′ + y ′ + y = 0,
x
à laquelle on peut appliquer le théorème de Cauchy-Lipschitz pour les équations
linéaires. Celui-ci exprime que l’espace des solutions est de dimension 2.
3. Prenons y1 = J0 (cf. exercice p. 180) et soit y2 = y une solution de E0 non pro-
portionnelle à J0 . Alors, w(0) ≠ 0. (Cette propriété bien connue du wronskien
résulte de l’unicité dans le théorème de Cauchy-Lipschitz.) Ainsi, y est solution
de l’équation différentielle
J0 y ′ − J′0 y = w.
L’équation homogène associée, J0 y ′ −J′0 y = 0 possède une solution évidente : J0 .
Par variation de la constante, on cherche donc une autre solution sous la forme
y = J0 z.
Plus précisément, la continuité de J0 et le fait que J0 (0) = 1 donne l’existence
d’un voisinage V de 0 sur lequel J0 ne s’annule pas. Sur V ∩ R+∗ , on pose
z = y/J0 , de sorte que y = J0 z. Alors z est dérivable et y ′ = J0 z ′ + J′0 z. Il vient :
w = J0 y ′ − J′0 y = J20 z ′ + J0 J′0 z − J′0 J0 z = J20 z ′ .
Ainsi, pour x ∈ V ∩ R+∗ , on a (en fixant x0 ∈ V ∩ R+∗ ) :
x w(t) x C
z(x) = ∫ dt + z(x0 ) = ∫ dt + z(x0 ).
x0 J0 (t)
2
0 (t)
x0 t J2
Au voisinage de 0, on a :
1 1
∼ ,
t J20 (t) t
0 dt
et comme ∫x0 t = −∞, on peut comparer les parties principales des intégrales :
x C x C
∫ dt ∼ ∫ dt ∼ C ln x.
x0 t J0 (t)
2 x0 t
10.3 Inclassables
Soluce
1. L’endomorphisme dérivation δ0 de Rn [X] qui envoie P sur P′ est bien en-
tendu nilpotent, et commute avec −a Id. Donc, la décomposition cherchée est
−a Id +δ0 .
2. L’endomorphisme δa est inversible puisque la partie diagonalisable de δa , nom-
mément −a Id, est inversible. On a
1 1 1 1 1 2 1 n
δa−1 = (−a Id +δ0 )−1 = − (Id − δ0 )−1 = − (Id + δ0 + ( ) δ02 + ⋯ + ( ) δ0n ) .
a a a a a a
1 1 1 2 1 n
Pa ∶= − Q + 2 Q′ + ( ) Q′′ + ⋯ ( ) Q(n) .
a a a a
Soit P̃a une autre solution polynomiale. Alors, P̃a − Pa est une solution de
l’équation homogène associée. D’où P̃a (t) = Pa (t) + Keat , pour un réel K. En
dérivant un nombre de fois N suffisant pour annuler les parties polynomiales,
on obtient KaN eat = 0, donc K = 0. D’où l’unicité.
Remarque. Bien entendu, il faut savoir que cette équation différentielle n’a nullement
besoin de Dunford pour s’en sortir comme une grande. Cet exercice est juste là pour
le plaisir (et l’opportunisme) de la transversalité.
Remarque. Si a est nul, alors, on doit intégrer pour obtenir une solution particulière.
Si a est non nul, on doit dériver. Va savoir 9 ...
Exercice 79
Soit I un intervalle et soit y une fonction indéfiniment dérivable de I dans C. Montrer
que les conditions suivantes sont équivalentes :
9. C’est à mettre dans le même sac que le fait qu’une matrice inversible A a pour inverse un
polynôme en A. Ce sont des phénomènes typiques de la dimension finie.
10.3. INCLASSABLES 185
Soluce
(i)⇒(ii) Supposons (i) satisfaite. Soit E l’espace engendré par (y, y ′ , . . . , y (n−1) )
Montrons par récurrence sur k que toutes les dérivées y, y ′ , . . . , y n+k sont
dans E. Pour k = 0, c’est une conséquence de (i). Soit k un entier pour le-
quel l’assertion est satisfaite. Par linéarité de la dérivation et par (i), on a :
y (n+k+1) = − ∑n−1 i=0 ai y
(i+k+1)
, qui est une combinaison linéaire d’éléments de E
d’après l’hypothèse de récurrence. D’où l’hérédité, puis la conclusion.
(ii)⇒(i) Soit d la dimension de l’espace engendré par les y (i) (i ∈ N). La fa-
mille (y, y ′ , . . . , y (d) ) est liée donc il existe une combinaison linéaire ∑di=0 bi y (i)
uniformément nulle dont au moins un coefficient n’est pas nul. Soit n le
plus grand indice des coefficients non nuls (n = max{i ⩽ d, bi ≠ 0}). Alors
y (n) = ∑n−1
i=0 ai y
(i)
avec ai = −bi /bn pour tout i.
(i)⇐⇒(iii) On a vu cette équivalence dans l’exercice 69.
186 CHAPITRE 10. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
Chapitre 11
Calcul numérique
f ′′ (θ)
0 = f (x) = f (t) + f ′ (t)(x − t) + (x − t)2
2
avec θ situé entre x et t. Comme f ′ (t) ≠ 0 sur l’intervalle, il vient
f ′′ (θ)
F(t) − x = (x − t)2 .
2f ′ (t)
Si ε < 1
K ⩽ α, alors ∣t − x∣ < ε implique ∣F(t) − x∣ ⩽ Kε2 < 1
K = min{α, K1 }.
Si ε < α < 1
K, alors ∣F(t) − x∣ ⩽ Kε2 < α1 α2 = α = min{α, K1 }.
Donc, par récurrence, la suite reste dans l’intervalle ]x − ε, x + ε[.
187
188 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
x
xn+1 xn
Soluce
1. (a) Par récurrence, xn > 0, ce qui prouve, en particulier, que xn ≠ 0 pour
tout n, et donc, que la suite est bien définie.
(b) On trouve
√ 1 a 1 √ a 1 √ a √
xn+1 − a = (xn + ) − ( a + √ ) = (xn − a) − √ (xn − a)
2 xn 2 a 2 2xn a
√
1 √ a 1 √ 2
= (xn − a)(1 − )= (xn − a) .
2 xn 2xn
√
On voit donc que xn ⩾ a pour n ⩾ 1.
1. Cela signifie, en gros, que le nombre de décimales correctes double (au minimum) à chaque
itération.
11.1. MÉTHODE DE NEWTON 189
(c) Primo, on voit que si la suite (xn ) converge, alors sa limite l vérifie, par
√
continuité de 21 (x + xa ) sur R+∗ , la relation l = 12 (l + al ), et donc l = a car
l ⩾ 0. Deuzio, on a
1 a 1 a 1 √ √
xn+1 − xn = (xn + ) − xn = (−xn + )= ( a − xn )( a + xn )
2 xn 2 xn 2xn
La suite (xn )n⩾1 est donc décroissante et minorée.
√
La suite xn converge vers a.
2. La fonction f s’annule uniquement en π dans l’intervalle [a, b] = [0, 2π]. On a
f ′ (x) = − 12 sin( x2 ) et f ′′ (x) = − 14 cos( x2 ). Avec les notations ci-dessus, on choisit
α ∈ ]0, π[, afin que f ′ ne s’annule pas, puis m = 12 sin( π−α 2 ) = 2 cos( 2 ), et enfin
1 α
M = 4 cos( 2 − 2 ) = 4 sin( 2 ). On a
1 π α 1 α
2m α π
= 4 cot( ) > 4 cot( ) = 4 > π > α.
M 2 4
Conclusion, on peut choisir 0 < ε < α, pour tout α ∈ ]0, π[, ce qui permet de
conclure.
Remarque. L’inconvénient du choix de la fonction cos( x2 ) pour trouver π est qu’elle
est non polynomiale. Mais la suite se programme facilement et converge très rapide-
ment.
Soluce
1. On considère la suite (Sm ), avec S0 = t MM et Sm+1 = 12 (Sm + S0 S−1m ). Montrer
que la suite (Sm ) converge vers S. En déduire O.
On sait de la preuve du théorème de décomposition polaire que
— S0 est symétrique définie positive, et donc diagonalisable sur R en base
orthonormée : S0 = P diag(λ1 , . . . , λn )P−1 , avec t P = P−1 et λi > 0 pour
tout i.
— S est l’unique matrice symétrique définie positive telle que S2 = S0 et elle
est donnée par √ √
S = P diag( λ1 , . . . , λn )P−1 .
Soit f la fonction qui envoie A dans GLn sur f (A) = 21 (A+S0 A−1 ). La fonction f
vérifie
1 1
f (PAP−1 ) = (PAP−1 + S0 (PAP−1 )−1 ) = (PAP−1 + P diag(λ1 , . . . , λn )A−1 P−1 )
2 2
1
= P( (A + diag(λ1 , . . . , λn )A−1 )P−1 .
2
190 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
que Sm commute avec S0 pour tout m (ce sont tous des polynômes en S0 ), la
récurrence précédente donne
1 1
t
Om+1 M = (Sm + S0 S−1 −1
m ) = (Sm + Sm S0 )
2 2
1 1
= (t Om M + (t MOm )−1 S0 ) = (t Om M + O−1
m M).
2 2
En simplifiant par M, il vient Om+1 = 21 (t Om + O−1 −1
m ), avec O0 = (S0 M ) = M.
t
−1
Par continuité de la multiplication par M et de la transposition, la suite (Om )
converge vers t (SM−1 ) = t (O−1 ) = O.
On va montrer qu’il existe ε > 0 tel que, si x0 et x1 sont choisis dans l’intervalle
[x − ε, x + ε], la suite (xn ) est bien définie et converge vers x. Plus précisément, nous
allons voir qu’il existe des constantes K > 0 et a ∈ ]0, 1[ telles que
n
∣xn − x∣ ⩽ Kaφ ,
√
où φ = 1+ 5
2 est le nombre d’or.
11.1. MÉTHODE DE NEWTON 191
1. Soit s0 , s1 dans [0, 1[, et (sn )n∈N la suite définie par sn+1 = sn sn−1 . Montrer
n
qu’il existe un réel K > 0, et a dans ]0, 1[ tels que sn ⩽ Kaφ .
2. Montrer l’identité (lorsque les valeurs sont toutes bien définies)
f [xn , xn−1 ](xn+1 − x) = (xn − x)(xn−1 − x)f [xn , xn−1 , x], avec f [u, v, w]
f [u, v] − f [u, w]
∶= .
v−w
3. Montrer l’égalité
1 t1
∫ ∫ f ′′ (u + t1 (w − u) + t2 (v − w)) dt2 dt1 = f [u, v, w].
0 0
4. Soit α > 0 un réel tel que f ′ ne s’annule pas sur [x − α, x + α] et soit m > 0 un
minorant de ∣f ′ ∣ sur cet intervalle. Soit M un majorant de ∣f ′′ ∣ sur ce même
intervalle. Montrer que si xn−1 , xn ∈ [x − α, x + α], alors xn+1 est bien définie
et
M
∣xn+1 − x∣ ⩽ ∣xn − x∣ ∣xn−1 − x∣ .
m
m
5. Conclure en choisissant 0 < ε < min(α, ).
M
Soluce
1. Si s0 ou s1 est nul, alors sn est nul pour n ⩾ 2, et l’inégalité proposée est
claire. On suppose donc s0 et s1 dans ]0, 1[. On voit par récurrence que la
suite sn est à valeurs dans ]0, 1[, de sorte que l’on peut définir la suite tn ∶=
− log(sn ) > 0, qui vérifie la récurrence linéaire de type Fibonacci : tn+1 = tn +
tn−1 . L’équation caractéristique X2 − X − 1 = 0 de cette récurrence√ linéaire (à
coefficients constants) a pour solutions le nombre d’or φ et φ′ ∶= 1−2 5 ∈ ]−1, 0[.
On sait alors qu’il existe deux constantes k et k ′ tels que tn = kφn + k ′ φ′n
pour tout n. Or on a φ > 1 et −1 < φ′ < 0, ce qui implique tn ≃ kφn . Comme
(tn ) est une suite positive croissante et qu’elle est équivalente à kφn , on a
automatiquement k > 0, et tn ⩾ kφn − ∣k ′ ∣, par l’inégalité triangulaire. Cela
implique
sn = e−tn ⩽ e∣k ∣ e−kφ = e∣k ∣ (e−k )φ ,
′ n ′ n
2. Il s’agit d’un calcul direct que l’on peut attaquer en toute insouciance car les
dénominateurs sont supposés non nuls.
4. On note que α et m existent car, par hypothèses, f ′ est continue et non nulle
en x. De même, M existe par continuité de f ′′ .
D’après la question 3, on a ∣f [xn , xn−1 ]∣ ⩾ m > 0 et, en particulier, xn+1 est
bien défini. On a aussi ∣f [xn , xn−1 , x]∣ ⩽ M. Par la question 2, il vient :
M
∣xn+1 − x∣ ⩽ ∣xn − x∣ ∣xn−1 − x∣ .
m
5. Soit donc 0 < ε < min{α, M m
}. Alors, par une récurrence directe qui utilise la
question précédente, on voit que si ∣x0 − x∣ ⩽ ε, et ∣x1 − x∣ ⩽ ε, alors xn est bien
définie et vérifie ∣xn − x∣ ⩽ ε.
Posons rn ∶= M m ∣xn − x∣, de sorte que l’on a rn+1 ⩽ rn rn−1 et r0 , r1 ∈ [0, 1[. Si
on pose s0 ∶= r0 et s1 ∶= r1 , alors, on voit par récurrence que la suite (sn ) de
la question 1 majore celle qui nous intéresse : sn ⩾ rn pour tout n. Le résultat
attendu en découle.
x
xn+1 xn xn−1
Remarque. L’idée derrière cette méthode, c’est de partir de deux points M0 ∶= (x0 , f (x0 ))
et M1 ∶= (x1 , f (x1 )) sur la courbe d’équation y = f (x) et de regarder l’abscisse
x2 de l’intersection de la droite (M0 M1 ) avec l’axe (Ox). On trouve donc bien
f (x1 )
x2 = x1 − f [x1 ,x 0]
. On continue avec les deux points M1 et M2 ∶= (x2 , f (x2 )), et
ainsi de suite.
11.1. MÉTHODE DE NEWTON 193
1. Soit (ei (x)∗ )1⩽i⩽n+1 la base duale de (ei (x))1⩽i⩽n+1 . Montrer que e1 (x)∗ est
l’évaluation en x1 .
2. Pour tout k entre 1 et n, soit x(k) la suite x = (x1 , . . . , xk+1 , xk , . . . , xn+1 ),
où l’on a interverti xk et xk+1 . Donner la matrice de passage de la base
(ei (x))1⩽i⩽n+1 vers la base (ei (x(k) )1⩽i⩽n+1 , et en déduire la formule de ré-
currence
ek (x(k) )∗ − ek (x)∗
ek+1 (x)∗ = .
xk+1 − xk
3. Soit P un polynôme de E. Calculer ek (x)∗ (P) pour k = 1, 2, 3, et montrer
que ek (x)∗ (P) ne dépend que de x1 , x2 , . . . , xk . On les appelle différences
divisées 3 , et on pose
P[x1 , . . . , xk ] = ek (x)∗ (P).
4. Montrer que P = ∑nk=1 P[x1 , . . . , xk ]ek (x), où P[x1 , . . . , xk+1 ] est donné par
1 t1 tk
∫ ∫ ⋯∫ P(k) (x1 + t1 (x2 − x1 ) + t2 (x3 − x2 ) + ⋯ + tk (xk+1 − xk )) dtk dtk−1 ⋯ dt1 ).
0 0 0
194 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
Remarque. Pour ceux qui aimeraient une formule plus globale pour les différences
divisées, on signale que l’on peut montrer par récurrence, en inversant le système
donné par P(xj ) = ∑nk=1 P[x1 , . . . , xk ]ek (xj ), la formule suivante :
k P(xj )
P[x1 , . . . , xk ] = ∑ ,
j=1 ∏1⩽i⩽k,i≠j (xj − xi )
Soluce
∗
1. En évaluant la formule P = ∑n+1 i=1 ei (x) (P)ei (x) en x1 , on obtient l’égalité
P(x1 ) = e1 (x)∗ (P) qui prouve le résultat.
2. On a par définition, ei (x(k) ) = ei (x), pour tout i ≠ k + 1, et
ek+1 (x(k) ) = (X − x1 )⋯(X − xk−1 )(X − xk+1 ) = (X − x1 )⋯(X − xk−1 )(X − xk + (xk − xk+1 ))
= ek+1 (x) + (xk − xk+1 )ek (x).
On vérifie (au passage) que la formule est encore valable pour k = 1. La matrice
de passage entre les deux bases est donc P ∶= In+1 +(xk −xk+1 )Ek,k+1 , où les Ei,j ,
1 ⩽ i, j ⩽ n+1 désignent les matrices élémentaires. Il en découle, par un résultat
classique, que la matrice de passage de la base (ei (x)∗ )1⩽i⩽n+1 vers la base
(ei (x(k) )∗ )1⩽i⩽n+1 est t P−1 = In+1 − (xk − xk+1 )Ek+1,k . On en déduit
On veut montrer que (Xm ) tend vers A−1 pour certaines valeurs de a à déterminer.
1. On considère la suite Um ∶= In − AXm . Calculer U0 et montrer la relation de
récurrence
Um+1 = U2m .
Soluce
1. On trouve U0 = In − AX0 = In − aS, avec S ∶= A t A. De plus, en remarquant que
Xm+1 = Xm (In + Um ), on obtient :
λ1 ⩾ λ2 ⩾ ⋯ ⩾ λn > 0.
La matrice U0 = In − aS est encore symétrique réelle et, si l’on prend a > 0, ses
valeurs propres ordonnées sont
Conclusion, si l’on choisit a de sorte que −1 < 1 − aλ1 ⩽ 1 − aλn < 1, le rayon
spectral de U0 vérifiera bien l’inégalité voulue. On voit qu’il suffit de prendre a
dans ]0, λ21 [.
Or, tr(A t A) = λ1 + ⋯ + λn > λ1 . Donc, prendre a dans ]0, tr(A2t A) ] donne la
convergence voulue.
196 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
Remarque (Du cas réel au cas complexe). On peut remplacer A ∈ GLn (R) par A ∈
GLn (C), en remplaçant t A par A∗ et donc la matrice symétrique S = t AA par la
matrice hermitienne H = A∗ A. Toutefois, on doit garder a réel.
Remarque (Calculabilité). On peut prendre a = tr(A t A), qui, au passage, est aussi
la norme quadratique, au carré, de la matrice A. On aurait pu prendre un nombre
proche (mais en dessous) de λn , mais celui-ci est beaucoup plus difficile à calculer.
À ce propos, expliquons le terme « méthode de quasi-Newton ».
Si a est non nul et que l’on veut avoir une suite qui tend vers a−1 , on pense alors
à chercher le zéro de la fonction f (x) = ax − 1. Cela nous amène à une méthode de
Newton, et on se retrouve avec une suite définie par récurrence par xn+1 = xn − axna−1 .
Ceci est évidemment ridicule puisque la récurrence elle-même nous exige de trouver
l’inverse de a. L’idée est donc de remplacer a1 par xn , qui lui est proche. La nouvelle
récurrence donne alors xn+1 = xn − (axn − 1)xn , c’est-à-dire : xn+1 = 2xn − ax2n .
Dans le même ordre d’idée, on peut calculer (si elle existe) la racine n-ième d’une
1 −1 n+1
matrice inversible A avec une récurrence de type Xm+1 = m+1 m Xm − n A Xm . On
trouve ce genre d’algorithme en modifiant une méthode de Newton afin d’éviter de
calculer trop de divisions à chaque itération.
Remarque (Complexité). Et Gauss dans tout ça ? Un produit de matrices de taille n
fait faire tout de même de l’ordre de 2n3 calculs. Donc, pour atteindre une approxi-
mation raisonnable, il faudra aller au moins jusqu’à X4 , soit environ 16n3 calculs,
ce qui est moins bon que la méthode de pivot (de l’ordre de 34 n3 ). Mais, ce qui est
rassurant ici, c’est que l’on ne fait pratiquement aucune division dans cet algorithme,
à part pour le calcul de X0 .
Soit (ei )1⩽i⩽n une base orthonormée, où ei est vecteur propre de S dans Rn , pour
la valeur propre λi . On veut construire un algorithme permettant de trouver e1 (au
signe près) et λ1 .
Soit x0 = ∑ni=1 ηi ei ∈ Rn . On suppose la coordonnée η1 non nulle. On construit
par récurrence
xk
xk+1 = Syk , yk = ,
∣∣xk ∣∣2
où ∣∣ ∣∣2 désigne la norme quadratique canonique de Rn .
1. Montrer que, pour tout k, les suites sont bien définies, et que (y2k ) converge
soit vers e1 , soit vers −e1 .
2. Soit ϕ une forme linéaire sur Rn qui ne s’annule pas sur e1 . Montrer que
ϕ(Sy2k )
ϕ(y2k ) est définie à partir d’un certain rang, et tend vers λ1 .
11.2. MÉTHODE DES PUISSANCES 197
Soluce
1. Soit sgn(λ1 ) = ±1 le signe de λ1 . Comme λ1 ≠ 0, on a pour commencer :
k+1 k+1
∑ni=1 ηi ( λ1i ) ∑ni=1 ηi ( λ1i )
λ λ
ei ei
yk+1 = sgn(λ1 ) λ1
k
k+1
= sgn(λ1 ) k+1
k+1
.
∣λ1 ∣ ⋅ ∣∣ ∑ni=1 ηi ( λλ1i ) ei ∣∣2 ∣∣ ∑ni=1 ηi ( λλ1i ) ei ∣∣2
On voit alors que les suites sont bien définies, puisque les dénominateurs sont
des normes de vecteurs non nuls (ils ont une coordonnée non nulle en e1 ). De
plus, comme, par hypothèse, ∣ λλ1i ∣ < 1, la limite de y2k est sgn(η1 )e1 .
ϕ(Sy )
2. Soit ϕ une forme linéaire sur Rn qui ne s’annule pas sur e1 . Montrer que ϕ(y2k2k)
est définie à partir d’un certain rang, et tend vers λ1 .
L’ensemble des vecteurs u de Rn tels que ϕ(u) ≠ 0 est le complémentaire de
l’hyperplan ϕ⊥ ; il s’agit d’un ouvert pour la topologie usuelle des espaces de
dimension finie, qui, de plus, contient ±e1 par hypothèses. Comme y2k tend
vers e1 ou −e1 , ceci implique qu’à partir d’un certain rang ϕ(y2k ) ≠ 0. La suite
proposée est donc bien définie à partir d’un certain rang, et on voit, en utilisant
ϕ(Se )
la continuité de ϕ et S, qu’elle tend vers ϕ(e11) = λ1 .
Remarque. On note que l’on a une convergence géométrique (ce qui n’est pas si mal),
c’est-à-dire que la vitesse de convergence est géométrique, en (λ2 /λ1 )k . Si on note
(e∗i ) la base duale de (ei ), alors, l’initialisation de l’algorithme dépend de la donnée
— de x0 dans le complémentaire de l’hyperplan (e∗1 )○ , qui est un ouvert dense
de Rn .
— de ϕ dans le complémentaire de l’hyperplan (e1 )⊥ , qui est un ouvert dense du
dual de Rn .
Cela signifie en gros que l’on peut choisir x0 et ϕ un peu n’importe où et le hasard
fera bien les choses.
198 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
1. Exprimer la condition ∣λ1 ∣ > ∣λ2 ∣ > 0 sur les coefficients de la matrice S = ( ab cb )
pour n = 2.
2. Pour tout k de 1 à n − 1, on pose T(k) = S − λ1 (e1 t e1 ) − ⋯ − λk (ek t ek ). Mon-
trer que T(k) est une matrice symétrique, que (ei ) est une base de vecteurs
propres, et que les valeurs propres ordonnées sont λk+1 > ⋯ > λn et la valeur
propre 0, avec multiplicité m0 = k.
3. On suppose que (Sm ) est une suite de matrices symétriques qui converge
vers S.
(a) Soit λ1,m la plus grande valeur propre de Sm , en valeur absolue. Montrer
que la suite (λ1,m )m converge vers λ1 .
(b) On choisit, pour tout m, un vecteur propre normé e1,k pour la valeur
propre λ1,k de Sm . Montrer que la suite de matrices (e1,m t e1,m )m tend
vers e1 t e1 .
4. En déduire un algorithme de calcul pour la k-ième valeur propre λk de S, et
un vecteur propre normé associé.
Soluce
1. À partir du moment où l’on a ordonné les valeurs absolues des valeurs propres
de S, la condition ∣λ1 ∣ > ∣λ2 ∣ > 0 est équivalente à la condition λ21 ≠ λ22 avec
λi ≠ 0. Le polynôme caractéristique PS de S est X2 − tX + d, avec t = a + c et
d = ac − b2 . La seconde condition demande d ≠ 0. Pour la première, soit QS
le polynôme unitaire de degré 2 ayant pour racines λ21 et λ22 . Pour trouver les
coefficients de QS , c’est le moment d’utiliser les relations coefficients racines :
Remarque. Ce qui rend cette méthode nécessaire, c’est que l’on sait en théorie que S
possède n valeurs propres, mais leur calcul est ardu car la recherche des racines d’un
polynôme de degré n n’est pas chose facile. De plus, même si l’on sait trouver (par
exemple avec la méthode QR) les racines λi , on n’aura qu’une approximation des
racines. Et, du coup, lorsque l’on fera un système pour calculer les vecteurs propres,
le déterminant de ce système sera une approximation de 0, mais pas 0. On ne pourra
pas trouver de vecteurs propres (i.e. non nuls).
200 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
pour tout P dans Rn [X], puis, pour tout P dans R2n−1 [X].
3. Montrer que la formule est fausse en degré 2n.
Soluce
1. On décompose Pn en Pn = an ∏i (X−αi )ni Q, où an est un réel non nul, où les αi
parcourent l’ensemble des racines de Pn appartenant à ]0, 1[, de multiplicité ni ,
et où Q est un polynôme ne s’annulant pas sur ]0, 1[. Par construction, le
polynôme Pn Rn est un polynôme évidemment non nul, qui, par le théorème
des valeurs intermédiaires, garde un signe constant sur ]0, 1[. Par continuité,
1
⟨Pn , Rn ⟩ = ∫ Pn Rn dt
0
est un scalaire non nul, ce qui implique que Rn ∈/ Rn−1 [X]. Effectivement, par
l’absurde, si Rn ∈ Rn−1 [X], Rn serait orthogonal à Pn , puisque P⊥n est le sous-
espace engendré par les Pk (0 ⩽ k ⩽ n − 1), c’est-à-dire Rn−1 [X], puisque la
construction de Gram-Schmidt implique que la famille (Pk ) est échelonnée.
Or, Φ est de cardinal au plus n, puisque Pn est de degré n (ceci est assuré par
la méthode récursive de Gram-Schmidt). Conclusion, Rn est de degré n. Ceci
prouve que Φ est de cardinal n. Le polynôme Pn possède donc n racines de
multiplicité impaire dans ]0, 1[. Comme il est de degré n, la multiplicité est
forcément égale à 1. D’où l’assertion.
2. On sait, voir [Algébrie, exercice I-1.2, 2)], que les formes linéaires evαi consti-
tuées des évaluations en les αi , constituent une base 4 de l’espace dual de l’es-
pace Rn−1 [X].
4. On rappelle que la base (anté-)duale est la base des polynômes interpolateurs de Lagrange.
11.3. POLYNÔMES ORTHOGONAUX 201
1
Soit ϕ la forme linéaire définie sur Rn−1 [X] par ϕ(P) ∶= ∫0 P dt. On dé-
compose ϕ dans la base (evαj )1⩽j⩽n : il existe (βj )1⩽j⩽n ∈ Rn tel que ϕ =
∑nj=1 βj evαj . Il vient donc d’une part
n
λi = ϕ(Li ) = ∑ βj evαj (Li ) = βi ,
j=1
et d’autre part
1 n n
∫ P(t)dt = ϕ(P) = ∑ λi evαi (P) = ∑ λi P(αi ).
0 i=1 i=1
3. La formule est fausse en degré 2n. En effet, soit P = P2n . Alors, le membre de
gauche vaut ⟨Pn , Pn ⟩ = 1, et le membre de droite vaut 0.
Soluce
1. Par une récurrence que l’on passe sous silence, Tn est bien un polynôme de
degré n, de coefficient dominant 2n−1 pour n ⩾ 1. Montrons par récurrence que
Tn (cos(t)) = cos(nt).
La propriété est vraie pour n = 0 et n = 1. Supposons la vraie jusqu’à l’ordre n.
Alors,
P(t)Q(t)
2. Dans l’intégrale qui calcule ⟨P, Q⟩, la fonction f (t) ∶= √ 2 que l’on intègre
1−t
n’est pas définie en ses bornes. Regardons ce qui se passe en 1, l’étude en −1
étant analogue.
Si P(1) ou Q(1) est nul, on peut la prolonger par continuité en 1 par f (0) =
0. Sinon, elle est équivalente en 1− à √
P(1)Q(1)
1 . On en déduit que l’intégrale
2(1−x) 2
converge.
De plus, si P = Q est non nul, f étant continue, positive, et non nulle sur
]−1, 1[, on déduit ⟨P, P⟩ > 0. La forme étant clairement bilinéaire, c’est un
produit scalaire.
⎧
⎪ 1√ si k = 0
⎪
⎪
⎪
⎪
T̃k = ⎨ √ π T1 si k = 1
1
⎪
⎪
⎪
⎪
⎪ 2
si 2 ⩽ k ⩽ n
⎩ π Tk
Cadre
On fixe un segment [a, b] de R non réduit à un point et une fonction continue
f ∶ [a, b] → R. On cherche à calculer une valeur approchée de l’intégrale
b
I=∫ f (x)dt.
a
(n) b−a
∀k ∈ {0, . . . , n}, xk =a+ k.
n
On remarque au passage que l’on a :
b − a n−1 b−a n
R(g)
n =
(d)
∑ f (xk ) et Rn = ∑ f (xk ).
n k=0 n k=1
204 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
1. Interpréter.
2. On suppose que f est de classe C 1 . Démontrer que pour tout entier n,
µ1 (b − a)2 µ1 (b − a)2
∣I − R(g)
n ∣⩽ et ∣I − R(d)
n ∣⩽ .
2n 2n
Soluce
1. Pour la méthode des rectangles « à gauche » (resp. « à droite ») qui donne
(g) (d)
lieu à la suite (Rn )n∈N (resp. (Rn )n∈N ), on fait comme si la fonction f était
constante, égale à f (xk ) (resp. f (xk+1 )) sur chaque [xk , xk+1 ]. La méthode est
(g) (d)
exacte pour les fonctions constantes (Rn = I = Rn pour tout n).
Les deux méthodes donnent lieu à des sommes de Riemann : d’après la construc-
tion de l’intégrale, on sait que les deux suites convergent vers I. On va voir que
la convergence est « en 1/n ».
2. Soit k ∈ {0, . . . , n − 1}. Par l’inégalité des accroissements finis, on a :
puis on intègre :
xk+1 xk+1
∣∫ f (x)dx − (xk+1 − xk )f (xk )∣ = ∣∫ (f (x) − f (xk )) dx∣
xk xk
xk+1
⩽∫ µ1 (x − xk )dx
xk
µ1 (xk+1 − xk )2 µ1 (b − a)2
= = .
2 2 n2
(x − xk )2 ′′
f (x) − f (xk ) − (x − xk )f ′ (xk ) = f (ck ),
2
d’où :
(x − xk )2
∣f (x) − f (xk ) − (x − xk )f ′ (xk )∣ ⩽ µ2 .
2
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 205
En intégrant sur [xk , xk+1 ], qui est de largeur (b − a)/n, cela donne :
b − a b − a n−1 ′ (b − a)3
∣I − R(g)
n − × ∑ f (xk )∣ ⩽ µ2 .
2n n k=0 6 n2
b − a n−1 ′ b
′ 1 1
∑ f (xk ) = ∫ f (x)dx + O( ) = (f (b) − f (a)) + O( ),
n k=0 a n n
d’où enfin :
b−a 1
I = R(g)
n + (f (b) − f (a)) + O( 2 ).
2n n
On montrerait de même que
b−a 1
I = R(d)
n − (f (b) − f (a)) + O( 2 ).
2n n
L’exemple est classique pour illustrer les sommes de Riemann : cette suite
converge vers ln(2). On a µ1 = 1, donc la majoration de la question 2 donne
(g)
mieux : ∣Rn − ln 2∣ ⩽ 1/(2n).
Par la question 3, on a plus précisément :
1 1
(R(g)
n − ln 2) ∼ et (R(d)
n − ln 2) ∼ .
4n 4n
(g) (d)
Rn + Rn b − a f (a) n−1 f (b)
Tn = = ( + ∑ f (xk ) + ).
2 n 2 k=1 2
1. Interpréter.
2. On suppose que f est de classe C 2 . Calculer, à l’aide de deux intégrations par
parties,
xk+1
∫ (x − xk )(xk+1 − x)f ′′ (x)dx.
xk
206 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
(b − a)2 ′ 1
Tn = I + 2
(f (b) − f ′ (a)) + o( 2 ).
12 n n
Soluce
(g) (d)
1. Par construction, Tn est la moyenne (Rn + Rn )/2 pour tout indice n. On
voit donc que Tn est la somme des aires des trapèzes indiqués sur la figure 11.3.
xk xk+1
Cette remarque montre d’autre part que la suite (Tn ) tend vers l’intégrale I.
Plus précisément, d’après la question 3 de l’exercice 89, on a, pour f de
classe C 2 , la majoration que les questions suivantes permettent d’améliorer :
(b − a)3
∣I − Tn ∣ ⩽ .
3 n2
Heuristiquement, pour la méthode des trapèzes, qui donne lieu à la suite (Tn )n∈N ,
on fait comme si la fonction f était affine sur chaque [xk , xk+1 ]. La méthode
est donc exacte pour les fonctions affines : si f est affine, Tn = I pour tout n.
(n)
2. Soit k ∈ {0, . . . , n − 1}. On a, en notant ck = (xk + xk+1 )/2 et Jk l’expression à
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 207
évaluer :
xk+1
(n)
Jk =∫ (x − xk )(xk+1 − x)f ′′ (x)dx
xk
xk+1
= [(x − xk )(xk+1 − x)f ′ (x)]xk+1 − ∫ (−2x + xk + xk+1 )f ′ (x)dx
x
k xk
xk+1
= 2∫ (x − ck )f ′ (x)dx
xk
x xk+1
= 2[(x − ck )f (x)]xk+1 − 2 ∫ f (x)dx
k xk
xk+1 − xk xk+1
= 2( (f (xk+1 ) + f (xk )) − ∫ f (x)dx) .
2 xk
1 n−1 xk+1
∣I − Tn ∣ ⩽ ∑∫ (x − xk )(xk+1 − x)µ2 dx
2 k=0 xk
x
µ2 n−1 ⎛ (x − xk )2 k+1 xk+1 (x − x )2
k ⎞
⩽ ∑ [ (xk+1 − x)] +∫ dx
2 k=0 ⎝ 2 xk xk 2 ⎠
µ2 n−1 (xk+1 − xk )3 µ2 (b − a)3
⩽ ∑ = .
2 k=0 6 12 n2
4. On repart de l’égalité :
1 n−1 xk+1 ′′
Tn − I = ∑∫ f (x) ⋅ (x − xk )(xk+1 − x)dx.
2 k=0 xk
expression où l’on reconnaît une somme de Riemann pour f ′′ qui converge vers
l’intégrale de f ′′ , c’est-à-dire vers f ′ (b) − f ′ (a). Finalement :
(b − a)3 ′ 1
I − Tn + (f (b) − f ′ (a)) = o( 2 ).
12 n2 n
208 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
5. Pour x ∈ [0, 1], soit f (x) = 1/(1 + x), d’où f ′ (x) = −1/(1 + x)2 et f ′′ (x) =
2/(1 + x)3 , ce qui permet de prendre µ2 = 2. On a pour tout n :
1 1 n−1 1 1 3 n−1 1
Tn = ( +∑ + ) = +∑ .
n 2 i=1 1 + ni 4 4n i=1 n + i
1
On peut donc annoncer fièrement : ∣Tn − ln 2∣ ⩽ et mieux :
6 n2
1
(Tn − ln 2) ∼ .
16 n2
b − a n−1 xk + xk+1
Mn = ∑ f( ).
n k=0 2
1. Interpréter.
2. On suppose que f est de classe C 1 . Démontrer que pour tout entier n,
µ1 (b − a)2
∣I − Mn ∣ ⩽ .
4n
µ2 (b − a)3
∣I − Mn ∣ ⩽ .
24 n2
(b − a)2 ′ 1
Mn = I − 2
(f (b) − f ′ (a)) + O( 3 ).
24 n n
Soluce
1. Au lieu de faire la moyenne des valeurs aux bords xk et xk+1 de l’intervalle,
comme dans la méthode des trapèzes, on prend la valeur à la moyenne des
bords, ck = (xk + xk+1 )/2. La méthode qui en résulte est exacte pour les
constantes : si f est constante, I = Tn . Le petit miracle, c’est qu’elle est exacte
pour les fonctions affines : si f est affine, Mn = I pour tout n. La raison en
est simple : comme l’intervalle est symétrique par rapport à son milieu (eh !),
toutes les fonctions affines qui ont la même valeur en ck ont la même intégrale
sur [xk , xk+1 ]. Graphiquement, l’égalité des aires des triangles gris foncé de
la figure 11.4 (au centre) montre que le rectangle et le trapèze (à gauche et
à droite) ont la même aire ; algébriquement, toute fonction affine est somme
d’une constante et de la fonction x ↦ x − ck , dont l’intégrale sur [xk , xk+1 ] est
nulle : ((xk − ck )2 − (xk+1 − ck )2 )/2 = 0.
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 209
f (ck ) f (ck )
(b − a)2
∣I − Mn ∣ ⩽ µ1 .
4n
3. Fixons k ∈ {0, . . . , n − 1}. On commence par majorer l’erreur commise sur l’in-
tervalle [xk , xk+1 ]. D’après l’inégalité de Taylor-Lagrange à l’ordre 2, on a pour
x ∈ [xk , xk+1 ] :
µ2
∣f (x) − f (ck ) − (x − ck )f ′ (ck )∣ ⩽ (x − ck )2 .
2
En intégrant sur [xk , xk+1 ], vu que ∫xkk+1 (x − ck )f ′ (ck )dx = 0, cela donne :
x
(b − a)3
∣I − Mn ∣ ⩽ .
24 n2
210 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
f ′′ (ck ) µ3
∣f (x) − f (ck ) − f ′ (ck )(x − ck ) − (x − ck )2 ∣ ⩽ ∣x − ck ∣3 .
2 6
où l’on reconnaît sans plus guère de surprise la suite (Mn ) pour la fonction f ′′ ,
qui converge en O(1/n) d’après la question 2 :
(b − a) n−1 ′′ b
′′ 1 ′ ′ 1
∑ f (ck ) = ∫ f (x)dx + O( ) = f (b) − f (a) + O( ),
n k=0 a n n
d’où, en injectant :
(b − a)2 ′ 1
Mn = I − 2
(f (b) − f ′ (a)) + O( 3 ).
24 n n
1 n−1 1 n−1
2 2n−1
2
Mn = ∑ = ∑ = ∑ .
n k=0 1 + 2n k=0 2(n + k) + 1 k=n 2k + 1
2k+1
1 1
On peut donc annoncer : ∣Mn −ln 2∣ ⩽ . Mieux, on a : (Mn −ln 2) ∼ − .
24 n2 32 n2
Soluce
1. (a) Pour x ∈ R, l’évaluation evx ∶ P ↦ P(x) est une forme linéaire sur E. Il en
résulte que l’application
est linéaire. Or, elle est injective car un polynôme de degré au plus 2
ayant 3 racines distinctes est nécessairement nul. Par égalité des dimen-
sions à la source et au but, il en résulte qu’elle est bijective.
On peut être plus explicite en introduisant les polynômes d’interpolation
de Lagrange :
(X − b)(X − c) (X − a)(X − b) (X − a)(X − c)
La (X) = , Lc (X) = , Lb (X) = ,
(a − b)(a − c) (c − a)(c − b) (b − a)(b − c)
qui ont été choisis pour que Lx (x′ ) = δx,x′ pour x, x′ ∈ {a, c, b}. Le poly-
nôme cherché est alors :
(b) Première solution. La formule est évidente pour les fonctions constantes
(car 1/6 + 2/3 + 1/6 = 1), facile pour la fonction x ↦ x et pas très difficile
pour x ↦ x2 (voir ci-dessous) donc, par linéarité, elle est vraie sur E.
Facile à vérifier... mais pas à retrouver ! Voyons une méthode plus concep-
tuelle.
Deuxième solution (« conceptuelle »). On comprend la formule des trois
niveaux comme une expression de la forme linéaire « valeur moyenne »
1 b
VM ∶ E Ð→ R, P z→ ∫ P(x)dx
b−a a
comme combinaison linéaire de (eva , evc , evb ).
On reprend les notations précédentes. On vient de montrer que la fa-
mille (eva , evc , evb ) est libre, donc c’est une base du dual de E – c’est la
base duale de (La , Lc , Lb ). Cela prouve l’existence et l’unicité de (α, γ, β),
coefficients de la forme linéaire VM dans cette base. On a de plus une
expression pour les coefficients :
VM(La ) = α eva (La )+γ evc (La )+β evb (La ) = α, VM(Lc ) = γ, VM(Lb ) = β,
212 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
1 b
P=1∶ 1= ∫ 1dx = α + γ + β ;
b−a a
a+b b2 − a2 1 b a+b
P=X∶ = = ∫ xdx = α a + γ +β b;
2 2(b − a) b − a a 2
b3 − a3 1 b a+b 2
P = X2 ∶ = ∫ x 2
dx = α a2
+ γ ( ) + β b2 .
3(b − a) b − a a 2
a2 + ab + b2 γ γ γ
= (α + ) a2 + ab + ( + β) b2 .
3 4 2 4
En identifiant les cofficients (ce qui n’a aucune raison de marcher a priori),
on trouve une solution, dont on vérifie qu’elle fonctionne ; c’est la seule
d’après le début de la preuve :
2 1
γ= , α=β= .
3 6
(c) Pour prouver la formule sur l’espace F des polynômes de degré au plus 3,
il suffit de la prouver pour la fonction Q ∶ x ↦ (x − c)3 , puisque F =
E ⊕ Vect(Q). Or elle est évidente (figure 11.5) :
1 b 1 2 1
∫ (x − c) dx = 0 = (a − c) + (c − c) + (b − c) .
3 3 3 3
b−a a 6 3 6
a c b
2. Partant du fait que « la méthode des trapèzes est en 1/n2 » (exercice 90 3), on
suppose que la différence Tn − I admet un développement asymptotique de la
forme
C 1
Tn − I = 2 + o( 2 )
n n
(on l’a d’ailleurs démontré lorsque f est de classe C 3 dans l’exercice 90 4).
La méthode de Romberg consiste à faire intervenir T2n . Plus précisément, on
cherche une combinaison linéaire de Tn et T2n de la forme Sn = α Tn + β T2n
telle que :
— d’une part, lim Sn = I (c’est bien le moins !) ;
n→+∞
1
— d’autre part, Sn − I = o( 2 ) (pour pouvoir dire qu’on a accéléré la conver-
n
gence).
La première condition impose : α + β = 1. Pour la deuxième, constatons que :
C 1
T2n − I = 2
+ o( 2 ),
4n n
et donc :
C C 1 α + β4 1
α Tn +β T2n −I = α(Tn −I)+β(Tn −I) = α 2 +β 2
+o ( 2 ) = C 2
+o ( 2 ) .
n 4n n n n
α + β = 1, α = − 13
{ ou {
α + β4 = 0, β = 34 ,
ce qui donne :
4T2n − Tn
Sn = .
3
Il se trouve que « c’est » la méthode de Simpson.
214 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
L’exercice suivant propose une méthode uniforme pour majorer l’erreur et même
en donner un équivalent 6 dans les méthodes des trapèzes, du point-milieu et de
Simpson.
On reprend la notation, pour n entier naturel non nul :
µ4 (b − a)5
∣I − Sn ∣ ⩽ .
2880 n4
6. En général... Il peut arriver que la constante s’annule, on obtient alors un développement
asymptotique.
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 215
(b − a)5 (3) 1
Sn = I + 4
(f (b) − f (3) (a)) + O( 5 ).
2880 n n
Idée-clé. L’idée est simple : pour les trois méthodes, on étudie l’erreur commise sur
un intervalle symétrique par rapport au milieu (a + b)/2 comme une fonction de la
demi-largeur de l’intervalle. Pour cela, on dérive un certain nombre de fois et on
intègre. L’étape consistant à écrire une formule exacte (une égalité) avec une dérivée
de f évaluée en un point inconnu (plutôt qu’une inégalité) peut sembler artificielle
mais elle servira pour donner un équivalent de l’erreur.
Soluce
1. (a) Posons, pour x ∈ [0, (b − a)/2] :
c+x f (c + x) + f (c − x)
∆t (x) = ∫ f (t)dt − 2x .
c−x 2
Il sera utile de remarquer que ∆t (0) = 0. De plus, ∆t est dérivable et,
pour tout x :
m2 x2 ⩽ ∆′m (x) ⩽ M2 x2
puis
m2 3 M2 3
x ⩽ ∆m (x) ⩽ .
3 x
En prenant x = (b − a)/2, on trouve :
m2 M2
(b − a)3 ⩽ I − (b − a)f ′ (c) ⩽ (b − a)3 ,
24 24
d’où l’existence du ξ ∈ [a, b] cherché par le théorème des valeurs intermé-
diaires.
(c) Posons, pour x ∈ [0, (b − a)/2] :
c+x 2x
∆S (x) = ∫ f (t)dt − (f (c − x) + 4f (c) + f (c + x)).
c−x 6
Il sera utile de remarquer que ∆S (0) = 0. De plus, ∆S est dérivable et,
pour tout x :
1 x
∆′S (x) = f (c + x) + f (c − x) − (f (c + x) + f (c − x)) − (f (c + x) − f (c − x))
3 3
2 2 4 x ′
= f (c + x) + f (c − x) − f (c) − (f (c + x) − f ′ (c − x)).
3 3 3 3
Il sera utile de remarquer que ∆′S (0) = 0. De plus, ∆′S est dérivable et,
pour tout x :
2 2 1 x
∆′′S (x) = f ′ (c + x) + f ′ (c − x) − (f ′ (c + x) − f ′ (c − x)) − (f ′′ (c + x) + f ′′ (c − x))
3 3 3 3
1 ′ ′ x ′′ ′′
= (f (c + x) − f (c − x)) − (f (c + x) + f (c − x)).
3 3
Il sera utile de remarquer que ∆′′S (0) = 0. De plus, ∆′′S est dérivable et,
pour tout x :
(3) 1 1
∆S (x) = (f ′′ (c + x) + f ′′ (c − x)) − (f ′′ (c + x) + f ′′ (c − x))
3 3
x (3) (3)
− (f (c + x) − f (c − x))
3
x
= − (f (3) (c + x) − f (3) (c − x)).
3
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 217
2x3 x
(3) 2x3
m4 ⩽ −∆′′S (x) = − ∫ ∆S ⩽ − M4 ,
9 0 9
puis (∆′S (0) = 0) :
x4 x x4
m4 ⩽ −∆′S (x) = − ∫ ∆′′S ⩽ − M4 ,
18 0 18
puis (∆S (0) = 0) :
x5 x x5
⩽ −∆S (x) = ∫ ∆′S ⩽ − M4 .
90 0 90
Pour x = (b − a)/2, il vient :
1 2 1 (b − a)5 (4)
−I + (b − a)( f (a) + f (c) + f (b)) = f (ξ).
6 3 6 2880
(b − a)3
∣I − Tn ∣ ⩽ µ2 .
12 n2
Pour la méthode du point médian, on obtient de même :
(b − a)3
∣I − Mn ∣ ⩽ µ2 .
24 n2
Enfin, pour la méthode de Simpson, on trouve :
(b − a)5
∣I − Sn ∣ ⩽ µ4 .
2880 n4
218 CHAPITRE 11. CALCUL NUMÉRIQUE
x2 c+x x t2 −x t2
=− ∫ f ′′ + ∫ f ′′ (c + t)dt − ∫ f ′′ (c + t)dt,
2 c−x 0 2 0 2
de sorte qu’avec x = (b − a)/2, on trouve par changement de variable u = c + t :
b−a 1 b b − a 2 ′′ 1 b
∆t ( )=− ∫ ( ) f (u)du + ∫ (u − c)2 f ′′ (u)du
2 2 a 2 2 a
1 b
= − ∫ (b − x)(x − a)f ′′ (u)du.
2 a
11.4. APPROXIMATION D’INTÉGRALES, ERREURS 219
Cela explique la formule magique dans la question 2 de l’exercice 90. Des calculs
semblables (moins agréables) donnent des formules (moins agréables) pour l’erreur
des méthodes du point milieu et de Simpson. On peut les généraliser pour chaque
méthode d’intégration reposant sur une subdivision en termes du noyau de Peano.
Voir par exemple [3, chapitre III] ou [9, chap. 8].
Soluce
1
On interprète la méthode X, ou plus précisément la suite de terme général b−a Xn ,
(n) (2n)
comme un barycentre des f (xi ) ou des f (xj ),
b n 2n
1 1 (n) (n) 1 (2n) (2n)
∫ f (x)dx ↝ Xn = ∑ pk f (xk ) ou Xn = ∑ p` f (x` ),
b−a a b−a k=0 b−a `=0
(n) (n)
où les poids (pk )0⩽k⩽n ou (p` )0⩽`⩽2n sont donnés par le tableau de la figure 11.7.
⋯
(2n) (2n) (2n) (2n) (2n) (2n) (2n) (2n)
sub- x0 x1 x2 x3 x2n−3 x2n−2 x2n−1 x2n
⋯
(n) (n) (n) (n)
divisions x0 x1 xn−1 xn
1 1 1 1
R(g) ⋯ 0
b−a n n n n
1 1 1 1
R(d) 0 ⋯
b−a n n n n
1 1 1 1 1
Tn ⋯
b−a 2n n n 2n
1 1 1 1 1 1 1
T2n ⋯
b−a 4n 2n 2n 2n 2n 4n
1 1 1 1 1
Mn ⋯
b−a n n n n
1 1 2 1 2 2 1 2 1
Sn ⋯
b−a 6n 3n 3n 3n 3n 3n 3n 6n
Probabilités
12.1 Généralités
221
222 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Soluce
Fixons donc (k, n) ∈ (N∗ )2 .
1. Notons tout d’abord que X0 = 0, et Xn = ∑ni=1 Yi . Étudions d’abord la loi de la
variable Yk = Xk − Xk−1 . Comme la particule p parcourt Z en faisant des sauts
de 1, Yk ne peut prendre que 1 ou −1 comme valeurs 1 . Au vu de la loi de la
variable aléatoire Xk , on en déduit que
1 1
P(Yk = 1) = , et P(Yk = −1) = .
2 2
On en déduit alors que la variable Yk2+1 peut prendre les valeurs 0 et 1, toutes
deux avec une probabilité de 12 . Autrement dit,
Yk + 1 1
∼ B( ).
2 2
on en déduit que
Xn + n n Yi + 1
=∑
2 i=1 2
est somme de n termes de variables de Bernoulli ; en conclusion, la variable
aléatoire Xn2+n suit une loi binomiale, de paramètres (n, 21 ) :
Xn + n 1
∼ B (n, ) .
2 2
on obtient l’équivalence
2k+1
Z2k+1 = 1 ⇐⇒ X2k+1 = 0 ⇐⇒ ∑ Yi = 0. (⋆)
i=1
Yk ≡ 1 (mod 2).
Ainsi, on a
2k+1
X2k+1 = ∑ Yi ≡ 2k + 1 ≡ 1 (mod 2).
i=1
Exercice 96
Partie I – Somme aléatoire de variables aléatoires, formule de Wald
Soit (Ω, T , P) un espace probabilisé, X une variable aléatoire à valeurs dans
N, (Xn )n⩾1 une suite de variables aléatoires suivant la loi de X et N une variable
aléatoire indépendante des Xi et à valeurs dans N. Pour ω ∈ Ω, on pose
N(ω)
S(ω) = ∑ Xk (ω),
k=1
GS = GN ○ GX
Soluce
1. La fonction génératrice de GS est définie au moins sur l’intervalle [−1, 1] et,
pour t ∈ [−1, 1],
+∞
GS (t) = ∑ P(S = n)tn
n=0
mais, par indépendance des Xi , GX1 +...+Xk = GX1 × ⋯ × GXk = (GX )k , et notre
formule devient :
+∞
GS (t) = ∑ P(N = k)(GX (t))k = GN (GX (t))
k=0
Exercice 97
Partie II – Élémentaire, mon cher Galton !
Le but de cette partie est décrire le processus dit de Galton-Watson, ou processus
de branchement. Il s’agit d’étudier la dynamique d’une population issue d’un seul
individu. Le temps est ici discrétisé. Au temps initial, on a donc un individu ; à
l’instant suivant, celui-ci donne naissance à un certain nombre de descendants, puis
meurt. Et le processus se répète pour chaque individu de la nouvelle génération. On
suppose que la loi du nombre de descendants est la même pour chaque individu, et
que ce nombre est indépendant de la descendance des autres individus.
Formalisons le problème : on modélise le temps par une variable n ∈ N. Soit X
une variable aléatoire discrète sur N, telle que P(X = k) = pk , pour k ∈ N. Soit
(Xni )n⩾0,i⩾1 une famille de variables aléatoires indépendantes, identiquement distri-
buées et suivant la même loi que X. On fait l’hypothèse supplémentaire que, pour
tout i ⩾ 1, et tout n ⩾ 0, Xni admet un moment d’ordre 2. Notons enfin, pour n ∈ N,
Zn la variable aléatoire égale au nombre d’individus à la génération n.
À l’instant initial n = 0, le nombre d’individus est Z0 = 1 ; au temps n, nous
avons Zn individus, qui engendrent chacun (Xni )i descendants, donc au temps n + 1,
le nombre d’individus est
Zn
Zn+1 = ∑ Xni ,
i=1
Soluce
1. Convergence de la suite (xn ) vers la probabilité d’extinction.
L’évènement M s’écrit comme l’union des évènements Zn = 0 :
+∞
M = ⋃ {Zn = 0}.
n=0
2π
Dans cet exercice, on introduit, pour tout α > 0, la fonction ψα , définie sur l’en-
semble des densités de probabilité, par la formule suivante : pour toute fonction f
à densité, on a
ψα (f ) = α(f ⋆ f )(α),
où ⋆ désigne le produit de convolution : pour g et h deux fonctions, pour tout x
réel,
(g ⋆ h)(x) = ∫ g(x − t)h(t)dt.
R
On veut montrer que les points fixes de la fonction ψ√2 sont les lois normales.
Soluce
1. (a) Le premier point découle du fait que, si X et Y sont deux variables aléa-
toires indépendantes, toute fonction de X est indépendante de toute fonc-
tion de Y ; pour tout θ fixé, les variables aléatoires exp(iθX) et exp(iθY)
sont donc indépendantes et intégrables, d’où
(b) En ce qui concerne les densités : pour toute fonction continue et bornée
φ, la variable aléatoires φ(X + Y) est bornée, donc intégrable, et on a :
= ∫ φ(s)(f ⋆ g)(s).
R
Soluce √
1. (a) Soit f ∶ x ↦ exp(−x2 /2)/ 2π.
On a, pour tout réel x,
+∞
(f ⋆ f )(x) = ∫ f (x − t) f (t)dt
−∞
1 +∞
e− 2 ((x−t) +t ) dt
1 2 2
= ∫
2π −∞
1 +∞
e−(t −xt+x /2) dt
2 2
= ∫
2π −∞
1 +∞
e−(t−x/2) −x /4 dt
2 2
= ∫
2π −∞
1
√ e−x /4
2
=
4π
1 x
= √ f (√ )
2 2
où l’avant-dernière égalité provient du fait que la fonction qui, à la variable
2 √
t, associe e−(t−x/2) / π est la densité de la loi normale d’espérance x/2 et
de variance 1/2.
Il en résulte que la variable aléatoire X + Y admet pour densité la fonction
x ↦ √1 f ( √x ), puis en utilisant le deuxième lemme, la variable aléatoire
2√ 2
(X+Y) 2 suit la loi de densité f , donc est de loi normale centrée réduite.
Si on préfère utiliser les fonctions caractéristiques : c’est plus rapide, à
condition d’avoir calculé la fonction caractéristique de la loi N (0, 1). Pour
la loi normale, on peut également utiliser la transformation de Laplace
dont le calcul est plus facile.
Pour tout θ ∈ R, on a E(eiθX ) = e−θ /2 donc
2
θ2
2
iθ X+Y i √θ X i √θ Y
) = (e− 4 ) = e−θ
2 /2
E (e ) = E (e ) E (e
√
2 2 2 .
(b) Il est clair que les lois gaussiennes centrées sont points fixes de Ψ√2 : on
vient de voir que c’est le cas pour la loi normale centrée réduite, et on peut
utiliser le lemme 2 pour montrer le même résultat pour une loi normale
centrée et de variance σ 2 > 0.
2. Réciproquement, considérons une variable aléatoire X de carré intégrable dont
la loi est un point fixe de Ψ√2 , et une variable aléatoire Y de même loi que X
et indépendante de X.
√
La variable aléatoire (X + Y)/ 2 a la même loi que X. En particulier, on a
X+Y 2
E(X) = E ( √ ) = √ E(X)
2 2
donc X est une variable aléatoire centrée.
Considérons maintenant une suite (Xk ) de variables aléatoires indépendantes
et de même loi que X.
√ par récurrence que, pour tout n ⩾ 1, la variable
On peut montrer (facilement)
aléatoire (X1 + ⋯ + X2n )/ 2n a la même loi que X. Or, le théorème central
12.4. ENTROPIE 231
limite permet d’affirmer que cette variable aléatoire converge en loi, lorsque n
tend vers l’infini, vers la loi normale centrée et de variance var(X). On conclut
alors que X suit la loi normale centrée et de variance var(X).
12.4 Entropie
Cadre
Soit (Ω, F ) un espace probabilisé et soit X une variable aléatoire réelle. On définit
l’entropie de Shannon H (X) de X de la façon suivante :
— si X est discrète, si {xi , i ∈ I} est l’ensemble des valeurs qu’elles prend et si
pi = P(X = xi ) pour tout i de I,
H (X) = − ∑ pi log pi
i∈I
H (X) ⩽ log n,
Soluce
1. Comme pi ∈ [0, 1] pour tout i, on a : −pi log pi ⩾ 0. Par suite, H (X) ⩾ 0. De
plus, si l’une des probabilités pi ne vaut pas 1, alors −pi log pi > 0 et H (X) > 0.
e−1
e−1 1
De plus, pour qu’il y ait égalité, il faut que pi /qi = 1 pour tout i (tel que pi ≠ 0).
3. Si l’on prend qi = 1/n pour tout i, ce qui est la loi d’une distribution uniforme,
on trouve
n
1
H (X) ⩽ − ∑ pi log = log n.
i=1 n
Il y a égalité si et seulement si pi = 1/n pour tout i tel que pi ≠ 0. Comme la
somme des pi vaut 1, cela impose que pi = 1/n pour tout i.
1. Soit K un ensemble fini ou dénombrable et soient (rk )k∈K et (λk )k∈K deux
familles de réels strictement positifs. Si K est infini, on suppose que la fa-
mille (rk )k∈K est bornée. On suppose de plus que ∑k∈K λk = 1. Démontrer
que
log ∑ λk rk ⩾ ∑ λk log rk ,
k∈K k∈K
avec égalité si et seulement si tous les rk sont égaux. Quid si certains λk sont
nuls ?
2. Vérifier que
pij
H (X) + H (Y) − H (X, Y) = ∑ pij log .
(i,j)∈I×J p i qj
Remarque. Vu, et pas à la télé ! La question 1 est une version de l’inégalité de Jensen
qui exprime la stricte concavité du logarithme.
Soluce
1. Soit r = ∑k∈K λk rk . Cela a un sens car (rk )k∈K est bornée et on suppose
∑k∈K λk = 1. Pour tout k dans K, on a par concavité 4 du logarithme :
1
log rk − log r ⩽ (rk − r) ;
r
de plus, il y a égalité si et seulement si rk = r.
log rk
log r
r rk
1
∑ λk log rk − ∑ λk log r ⩽ ( ∑ λk rk − ∑ λk r) .
k∈K k∈K r k∈K k∈K
Dans cette inégalité, seule la somme ∑k∈K λk log rk est susceptible de poser
problème. Comme la suite (rk )k∈K est majorée par R > 0, on peut écrire
rs = Rsk avec sk ∈ ]0, 1[ pour tout k ; alors ∑k∈K λk log rk est la somme de
∑k∈K λk log R = log R et de ∑k∈K λk log sk qui vaut éventuellement −∞, ce qui
rend l’inégalité trivialement vraie.
Après simplifications (∑ λk = 1, ∑ λk rk = r, le membre de droite s’annule), cela
donne :
∑ λk log rk − log ∑ λk rk ⩽ 0.
k∈K k∈K
De plus, cette inégalité est une égalité si et seulement si rk = r pour tout k (il
faut qu’il y ait égalité dans chacune des inégalités initiales).
Si certains coefficients λk sont nuls, on applique le résultat précédent à l’en-
semble K′ = {k ∈ K, λk ≠ 0}, ce qui ne change pas les sommes. L’inégalité
s’en déduit et il y a égalité si et seulement si tous les réels rk affectés d’un
coefficient λk non nul sont égaux.
2. Soit I (X, Y) la différence entre la somme des entropies et l’entropie du couple.
On l’exprime en remarquant 5 que pi = ∑j∈J pij pour tout i et qj = ∑i∈J pij pour
tout j :
1 = ∑ ∑ pi qj ⩾ ∑ p i qj = ∑ pij = ∑ pij = 1.
i∈I j∈J (i,j) ∶ pij ≠0 (i,j) ∶ pij ≠0 (i,j)∈K
L’inégalité est donc une égalité, c’est-à-dire que pij = pi qj pour tout (i, j) ∈ I×J.
Cela caractérise l’indépendance de X et Y.
1 (x − m)2
∀x ∈ R, g(x) = √ exp − .
σ 2π 2σ 2
Soluce
1. La v.a.r. Y = X − m admet pour densité la fonction f˜ ∶ t ↦ f (t + m). En effet,
pour tout couple (a, b) de réels avec a ⩽ b, on a : a ⩽ Y ⩽ b SSI a + m ⩽ X ⩽ b + m
donc (poser x = t + m)
b+m b
P(a ⩽ Y ⩽ b) = P(a + m ⩽ X ⩽ b + m) = ∫ f (x)dx = ∫ f (t + m)dt.
a+m a
− ∫ f ln g = − ∫ g ln g.
R R
12.4. ENTROPIE 237
3. Par acquit de conscience, vérifions que ϕ est strictement convexe : elle est
continue sur R+ et de classe C ∞ sur R+∗ et pour u > 0 : ϕ′ (u) = ln u + 1,
ϕ′′ (u) = 1/u > 0 (figure 12.3).
Idée-clé. L’inégalité de la question 3 est une version continue de l’inégalité de
Jensen. On la démontre comme dans l’exercice 101 1 : la somme pondérée par
les λk devient l’intégrale pondérée par g ; les rk deviennent la fonction f /g ; la
moyenne r devient donc l’intégrale de f /g pondérée par g :
f
∫ ⋅ g = ∫ f = 1.
R g R
f (x)
ϕ( g(x) )
1 f (x)
g(x)
De plus, en cas d’égalité, on peut affirmer qu’il y avait égalité dans (⋆) (sauf
éventuellement aux points où f est discontinue). En effet, l’intégrale d’une
fonction positive continue par morceaux est nulle si et seulement si la fonction
est partout nulle, sauf éventuellement aux points de discontinuité.
4. À présent, on écrit la différence :
H (X) − H (G) = − ∫ f ln f + ∫ g ln g = − ∫ f ln f + ∫ f ln g
R R R R
f f f
= −∫ ln ⋅ g = − ∫ ϕ( )g.
R g g R g
238 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Remarque. Ainsi, non seulement une variable gaussienne maximise l’entropie parmi
les v.a.r. d’espérance et de variance données, mais en plus ce sont les seules. Comparer
à l’exercice 100.
Soluce
On reprend la fonction strictement convexe ϕ ∶ R+ → R, 0 ↦ 0, u ↦ u ln u si u > 0.
1. Fixons π ∈ ]0, 1]. Soit X une v.a.r. à valeurs dans N ; on note pk = P(X = k)
pour k ∈ N. On suppose que X admet une espérance égale à m = 1/π − 1. Soit G
une v.a.r.d. suivant une loi géométrique de paramètre π ; on pose
qk = P(G = k) = π (1 − π)k , k ∈ N.
On a :
∑ pk ln qk = ∑ qk ln qk .
k∈N k∈N
En effet,
H (X) − H (G) = ∑ pk ln pk − ∑ qk ln qk = ∑ pk ln pk − ∑ pk ln qk
k∈N k∈N k∈N k∈N
pk pk pk
=∑ ln qk = ∑ ϕ( )qk .
q
k∈N k q k k∈N qk
avec égalité si et seulement si tous les termes pk /qk sont égaux, c’est-à-dire si X
suit une loi géométrique.
12.5. GROUPES ET PROBABILITÉS 239
2. Fixons λ ∈ ]0, +∞[. Soit X une v.a.r. à valeurs dans R+ , admettant une den-
sité f , qui admet une espérance égale à 1/λ. Soit G une v.a. suivant une loi expo-
nentielle de paramètre λ ; soit g sa densité : g(x) = λ exp(−λx) pour x ∈ [0, +∞[.
On a :
∫ f ln g = ∫ g ln g.
R+ R+
En effet,
quantité qui ne dépend que de l’espérance, laquelle a été fixée. On trouve donc
le même résultat avec E à la place de X, c’est-à-dire g à la place de f .
On écrit alors :
H (X) − H (E) = ∫ f ln f − ∫ g ln g = ∫ f ln f − ∫ f ln g
R+ R+ R+ R+
f f f
=∫ ln( ) ⋅ g = ∫ ϕ( ) ⋅ g.
R+ g g R+ g
f
H (X) − H (E) ⩽ ϕ (∫ ⋅ g) = ϕ(1) = 0,
R+ g
1
∣X/G∣ = ∑ ∣X ∣ , où X ∶= {x ∈ X, g ⋅ x = x}.
g g
∣G∣ g∈G
Soluce
1. L’espérance est, par définition,
1
µ ∶= ∑ ∣X ∣,
σ
n! σ∈Sn n
où Xσ désigne le nombre d’éléments de Xn ∶= {1, . . . , n} fixés par σ. La formule
de Burnside dit justement que le membre de droite est égal au nombre d’orbites
de Sn sur l’ensemble Xn . Comme l’action de Sn est transitive, on a µ = 1.
2. Facile. La variance est donnée par
1 1 2
V= ∑ ∣Xn ∣ − (
σ 2
∑ ∣Xn ∣) .
σ
n! σ∈Sn n! σ∈Sn
1. Montrer que p ⩽ z
2n + 21 .
2. Montrer que si G est un groupe tel que G/Z(G) est cyclique, alors G est
abélien (en particulier Z(G) = G).
3. Déduire que, si G n’est pas abélien, alors p ⩽ 85 .
4. (Autre approche) Montrer, à l’aide de la formule de Burnside, voir [6, Exercice
3.6.1], que si k est le nombre de classes de conjugaison, alors p = nk .
5. Quelle est la probabilité pour que deux matrices de GL2 (F5 ) choisies indé-
pendamment, et de façon équiprobable, commutent ?
Soluce
1. Soit m le cardinal de l’ensemble K des couples d’éléments de G qui commutent.
On doit calculer p = nm2 . Or, si on note Zg , pour tout g de G, l’ensemble
Zg ∶= {h ∈ G, hg = gh},
on voit que K est la réunion disjointe des Zg , pour g parcourant G. Deux cas
sont possibles : soit g ∈ Z(G) et dans ce cas, Zg = G, soit g ∈/ Z(G). On a donc
pour l’instant :
m = zn + ∑ ∣Zg ∣ .
g/∈Z(G)
On a donc
0 b
mat(e1 ,e2 ) (φ) = ( ),
1 a
et cette matrice ne dépend que du polynôme P. Conclusion, il y a autant de
classes de conjugaison de matrices inversibles 8 non trigonalisables que de poly-
nômes P unitaires de degré 2 sans racine. Il y a donc 10 classes de conjugaison.
Au total on trouve dans G
k 24 1
k = 10 + 4 + 10 = 24, p = = = .
n 480 20
Remarque (Le cas de GL2 (Fq )). Dans la dernière question, on pourrait facilement
remplacer le nombre 5 par n’importe quel nombre premier q. On généralise à vue la
situation pour prouver que le nombre de classes de conjugaison de GL2 (Fq ) est égal
(q−1)(q−2) q(q−1)
à q 2 − 1. En effet, le cas (i) fournit (q − 1) + 2 = 2 classes de conjugaison.
q(q−1) q(q−1)
Le cas (ii) en fournit q − 1, et le cas (iii) en donne q 2 − q − 2 = 2 . Soit, en
tout q 2 − 1. La probabilité pour que deux matrices prises au hasard dans GL2 (Fq )
commutent vaut
q2 − 1 1
p= 2 = .
(q − 1)(q 2 − q) q 2 − q
Remarque (Cas d’égalité). Notre coeur de mathématicien n’a qu’une envie : tester ce
nouvel invariant 9 p(G) associé au groupe G. Bien sûr tous les groupes cycliques et
autres groupes abéliens vérifient p(G) = 1. On montre que la borne 58 est atteinte pour
les groupes D4 (le groupe du carré) et H8 (le groupe quaternionique). Par exemple,
pour D4 , on a bien 5 classes de conjugaison : l’identité, la symétrie centrale, les deux
rotations d’ordre 4, les deux symétries diagonales, les deux symétries médiane. Le
groupe du triangle D3 (ou S3 ) donne p = 12 . En général, pour les groupes diédraux,
la probabilité que deux éléments commutent vaut 14 + 4n 3
pour D2n et 41 + 4(2n+1)
3
pour
D2n+1 .
Remarque (Cas du groupe symétrique). Si G est le groupe Sn des permutations d’un
ensemble à n éléments, alors la probabilité que deux éléments commutent est pn = πn!n ,
où πn est le nombre de partitions de n, voir [4, Corollaire III-2.6.1], donné par la
série génératrice :
1
∑ πn z = ∏
n
,
n⩾0 k⩾1 1 − zk
et dont le comportement asymptotique, étudié par le duo mythique Hardy-Ramanujan
est donné par √
⎛ 2 1 ⎞
πn = exp π n (1 + o ( )) .
⎝ 3 n ⎠
À l’aide de la formule de Stirling, on obtient un comportement asymptotique de la
probabilité pn pour que deux éléments commutent dans le groupe xSn :
√
1 ⎛ 1 2 ⎞
pn ∼ √ exp −n log(n) + n − log(n) + π n .
2π ⎝ 2 3 ⎠
8. A partir du moment où P n’a pas de racine, la matrice est forcément inversible puisque
P(0) ≠ 0.
9. Il s’agit bien d’un invariant dans le sens que si les groupes G et G′ sont isomorphes, leurs
constantes p associées sont égales.
244 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Exercice 106 (Probabilité que deux nombres soient premiers entre eux 10 )
Soit n ∈ N∗ et soit rn la probabilité pour que deux entiers de [1, n] pris au hasard,
de façon équiprobable, soient premiers entre eux. Le but de l’exercice est de montrer
que limn→+∞ = π62 (ce qui nous fait environ 0, 6).
1. On fixe m ∈ N∗ . Quelle est la probabilité πm (n) pour qu’un entier pris au
hasard, de façon équiprobable dans [1, n] soit divisible par m ? Même question
pour deux entiers pris au hasard, et indépendamment, dans [1, n].
2. En utilisant la formule du crible, voir [6, Exercice 4.1.2], montrer la formule
1 n n 2
rn = 2 ∑ µ(d)⌊ ⌋ ,
n d=1 d
où µ est la fonction de Moebius donnée sur N∗ par µ(1) = 1, µ(p1 ⋯pk ) = (−1)k ,
si les pi , 1 ⩽ i ⩽ k sont premiers deux à deux distincts, et enfin µ(d) = 0 sinon
(c’est-à-dire si d par un carré non trivial).
3. Montrer l’inégalité
1 n 2 n2 2 1
0⩽ 2
(⌊ ⌋ − 2)⩽ + 2.
n d d nd n
En déduire que la suite (rn ) possède une limite que l’on notera `, qui est aussi
µ(d)
la limite de la série de terme général ( d2 ).
4. On se propose de calculer le produit
+∞
µ(d) +∞ 1
P ∶= ∑ 2 ∑ n2
.
d=1 d n=1
(a) Pourquoi la somme ∑(d,n)∈N∗ ×N∗ µ(d) n21d2 a-t-elle un sens ? Pourquoi est-
elle égale à P ?
(b) Soit R = {(d, N) ∈ N∗ × N∗ , d divise N}. Montrer que (d, n) ↦ (d, dn)
définit une bijection de N∗ × N∗ dans R. En déduire
+∞
1 ⎛ ⎞
P= ∑ ∑ µ(d) .
N=1 N ⎝d∣N ⎠
2
∑ µ(d) = δ1N ,
d∣N
Soluce
1. On doit tout d’abord trouver le cardinal de l’ensemble Am (n) des entiers mul-
tiples de m dans [1, n]. L’ensemble Am (n) est en bijection avec l’ensemble
des k tels que 1 ⩽ km ⩽ n ; son cardinal est ⌊ m n
⌋. La probabilité cherchée
est donc πm (n) = n ⌊ m ⌋. Pour deux éléments indépendants, on s’intéresse à
1 n
1 n n 2
rn = 2 ∑ µ(d)⌊ ⌋ .
n d=1 d
10. Attention, ce titre est un raccourci racoleur. Il n’y a pas de loi uniforme sur N tout entier, on
prend une loi uniforme sur [1, n] et on fait tendre n vers l’infini.
11. Bien remarquer que µ(1) =/ 0, on ne doit donc pas inclure dans la somme le terme pour d = 1.
246 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Le membre de droite fournit deux termes : n2 ∑nd=1 d1 qui est, d’après la formule
de la série harmonique, voir exercice 24, un n1 O(log(n)), et le terme nn2 = n1 .
Comme ∣µ(d)∣ ⩽ 1, la série (rn′ ) converge absolument vers, disons, `′ , par
un critère de comparaison avec une série de Riemann. L’inégalité ∣rn − rn′ ∣ ⩽
′
n O(log(n)) + n donne, en passant à la limite, que limn→+∞ rn = ` comme
1 1
voulu.
4. (a) Il s’agit d’une série double absolument convergente par le critère de Cau-
chy car c’est le produit de deux séries absolument convergentes de terme
général (µ(d)/d2 ) et ( n12 ), qui, au passage, vaut P. Par absolue conver-
gence, cette somme ne dépend pas de l’ordre dans laquelle on la calcule,
et donc cette somme a bien un sens, voir l’exercice 32, et la remarque 17
qui le suit.
(b) On définit bien une application bijective dont la réciproque est donnée
par (d, N) ↦ (d, N/d). La formule proposée est juste un changement de
variable N = nd, l’utilisation de cette bijection, et le fait que l’on peut
permuter et associer comme bon nous semble à l’intérieur d’une série
absolument convergente (voir encore une fois la remarque 17).
(c) Soient p1 , . . . , pm tous les nombres premiers qui divisent N. Si N > 1, alors
m > 0 et
m m
m
∑ µ(d) = ∑ ∑ (−1)k = ∑ (−1)k ( ) = (1 − 1)m = 0.
d∣N k=0 pi1 <⋯<pik k=0 k
1
ζ(s) = ∏ ,
p∈P 1 − p−s
que l’on démontre en développant chaque facteur 1−p1 −s en une série géométrique, et
en utilisant le fait que Z est factoriel pour retrouver par développement ∑n⩾1 n1s .
Voici une preuve, fausse par imprécision, mais peut-être plus éclairante et plus
convaincante 12 de l’apparition mystérieuse de ζ(2) : un nombre sur p est divisible
par p. Donc, la probabilité qu’un nombre soit divisible par p est 1/p, et pour deux
nombres pris indépendamment, cela donne 1/p2 , et qu’ils ne soient pas simultanément
divisibles par p, la probabilité est 1 − 1/p2 . Or, ces probabilités sont indépendantes
pour ses nombres premiers p distincts, et donc, la probabilité pour que deux nombres
soient premiers entre eux est
1 1
∏ (1 − 2
)= .
p∈P p ζ(2)
Remarque. Si cet exercice vous a plu autant qu’à nous, testez-vous sur celui-ci :
montrer que la probabilité tn pour qu’un nombre pris au hasard dans [1, n] soit sans
facteur carré est égal à
1 n n
tn = ∑ µ(d)⌊ 2 ⌋.
n d=1 d
Et remarquez qu’encore une fois, sa limite est π62 . Evidemment, l’histoire ne s’arrête
pas là. On peut décliner cette problématique à d’autres anneaux ; déjà pour com-
mencer, sur l’anneau des entiers de Gauss, où intervient la constante de Catalan. On
vous laisse découvrir ce jardin des délices sur la grande toile.
Soluce
1. La proportion x′i de personnes de type i la semaine qui suit est x′i = a1i x1 +
a2i x2 + a3i x3 . Autrement dit, le vecteur ligne V′ = (x′1 , x′2 , x′3 ) est donné 14 par
V′ = VA. Au bout de 2 semaines, la proportion de chaque type sera donnée par
le vecteur V′′ = (VA)A = VA2 . Et, par récurrence, on obtient le vecteur VAn
au bout de n semaines.
2. On trouve
⎛0, 81 0, 14 0, 05⎞
A = ⎜ 0, 4 0, 25 0, 35⎟
2
⎝0, 88 0, 08 0, 04⎠
⎛0, 75 0, 15 0, 09⎞
A7 = ⎜0, 75 0, 15 0, 09⎟
⎝0, 75 0, 15 0, 09⎠
On note avec surprise que les lignes de An tendent à devenir toutes égales
lorsque n est assez grand. Cela signifie que, quel que soit notre état initial,
on a tous la même probabilité de se retrouver dans un état fixé au bout d’un
nombre assez grand de semaines. Ce résultat est très général et il est résumé
par le théorème de Perron-Frobenius, voir exercice suivant.
14. C’est là qu’on voit que l’on aurait dû écrire les données en colonne, c’est-à-dire tout transposer.
Mais on respecte les us et coutumes du monde des probas !
12.7. THÉORÈME DE PERRON-FROBENIUS 249
Soluce
1. On peut remplacer M par un endomorphisme g de Cn dont la matrice est M
dans la base canonique. Par le lemme des noyaux, Cn se décompose en une
somme directe de ker(g − λ Id)mλ , ∣λ∣ < 1, sur lequel l’endomorphisme induit gλ
vérifie gλ = λ Id +νλ , avec νλ nilpotent. On utilise alors le binôme de Newton
pour montrer que
k n
k k
gλk = (λ Id +νλ )k = ∑ ( )λk−i niλ = ∑ ( )λk−i niλ .
i=0 i i=0 i
On voit donc par comparaison des limites que gλk tend bien vers zéro. Donc,
pour tout vecteur x de Cn , g k (x) = ∑λ gλk (x), qui tend vers 0.
2. On pose A ∶= (aij ). On suppose un vecteur u = (ui ) de Cn tel que maxi {∣ui ∣} = 1.
Il vient alors ∣∣∣A∣∣∣∞ ⩽ 1. On pose e = (1, . . . , 1) ; on a Ae = e par hypothèses
sur A, ce qui prouve l’égalité ∣∣∣A∣∣∣∞ = 1.
Comme e est un vecteur propre de A pour la valeur propre 1, on déduit ρ(A) ⩾
1. De plus, si u est un vecteur propre de A pour la valeur propre λ, et tel que
∣∣u∣∣∞ = 1, alors
∣λ∣ = ∣∣λu∣∣∞ = ∣∣Au∣∣∞ ⩽ ∣∣∣A∣∣∣∞ = 1.
250 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Il en résulte ρ(A) = 1.
3. On a donc un vecteur non nul u, que l’on peut choisir de norme ∣∣u∣∣∞ = 1, tel
que Au = λu. On a donc ∣∣Au∣∣∞ = ∣∣λu∣∣∞ = ∣λ∣ = 1. Il existe donc i tel que
RRR n RRR
1 = ∣(Au)i ∣ = RRR ∑ aij uj RRRRR .
R
R
RRRj=1 RRR
On peut poser z ∶= ∑nj=1 aij uj de module 1, et, quitte à remplacer u par z −1 u,
on peut supposer que ∑nj=1 aij uj = 1, et donc, en posant xj = R(uj ),
n n
∑ aij xj = 1 = ∑ aij .
j=1 j=1
Par Pythagore, xj ⩽ ∣uj ∣ ⩽ 1. Il vient ∑nj=1 aij (xj − 1) = 0, avec aij (xj − 1) ⩽ 0
pour tout j. Cela implique aij (xj − 1) = 0, et finalement xj − 1 = 0 pour tout
j. Cela implique xj = ∣uj ∣ = 1, ce qui force uj = xj = 1 pour tout j. On trouve
alors 15 u = e.
Conclusion, λe = Ae = e, et donc λ = 1, avec, de surcroît, ker(A − Id) = Ce, ce
qui implique mg (1) = 1.
4. (a) Comme Spec(f ) = {1}, Id est la partie diagonalisable de f dans sa dé-
composition de Dunford. Donc, f − Id est nilpotente 16 .
Montrons que si ∣∣∣f k ∣∣∣ est bornée, alors f − Id = ν est nul. Par l’absurde,
si ν, qui est nilpotent, est non nul, son polynôme minimal est de la forme
P ∶= Xr , avec r ⩾ 2. La famille (Id, ν, . . . , ν r−1 ) est alors libre. En effet,
sinon, il existerait une relation non triviale ∑r−1 k=0 ak ν = 0, et donc un
k
polynôme non nul Q = ∑k=0 ak X tel que Q(ν) = 0, c’est-à-dire tel que Xr
r−1 k
divise Q, impossible.
On peut prolonger cette famille libre en une base B de End(Cn ), et
prendre pour nouvelle norme N∞ sur End(Cn ) le sup des modules des
coordonnées dans la base B. Par hypothèse, la suite (f k ) est bornée pour
∣∣∣−∣∣∣, et donc pour N∞ puisque toutes les normes sont équivalentes. Or, la
composante en ν (puisque r ⩾ 2, ν est bien dans la base) de f k = (Id +ν)k
est k, par le binôme de Newton, puisque
k
(Id +ν)k = Id +kν + ⋯ + ( )ν r−1 .
r−1
Or, cette composante n’est pas bornée. Absurde.
(b) Soit g l’endomorphisme de Cn correspondant à A pour la base canonique
de Cn . Soit m la multiplicité de 1 dans le polynôme caractéristique χg = χA
de f , de sorte que χg = (X − 1)m Q, avec Q(1) ≠ 0. Le lemme des noyaux
donne une décomposition
1 0
Ak = U ( ) U−1 , U ∈ GLn (C).
0 Bk
4. On note :
n k
S1 (x) = ∑ ( ) (f ( ) − f (x)) xk (1 − x)n−k ,
k;∣ k −x∣<δ
k n
n
n k
S2 (x) = ∑ ( ) (f ( ) − f (x)) xk (1 − x)n−k
k;∣ k −x∣⩾δ
k n
n
Sn 1
∣S2 (x)∣ ⩽ 2 ∣∣f ∣∣∞ P (∣ − x∣ > δ) ⩽ 2 ∣∣f ∣∣∞ 2 .
n nδ
Soluce
1. Comme, pour tout i, la variable Xi suit une loi de Bernoulli de paramètre x,
la variable Sn suit une loi binomiale B(n, x). La variable Snn est bien à valeurs
12.8. THÉORÈME DE WEIERSTRASS – PREUVE PROBABILISTE 253
n
dans [0, 1], et pour tout k ∈ {0, . . . , n}, P ( Snn = nk ) = ( )xk (1−x)n−k ; par suite,
k
n
Sn k n
E( ) = ∑ ( )xk (1 − x)n−k .
n k=0 n k
Or, comme f est continue 17 sur [0, 1], on peut appliquer le théorème de trans-
fert :
n
Sn k n
pn (x) ∶= E (f ( )) = ∑ f ( ) ( )xk (1 − x)n−k .
n k=0 n k
Sn Sn
pn (x) − f (x) = E (f ( )) − f (x) = E (f ( ) − f (x))
n n
n
Sn n k k
= E (g ( )) = ∑ ( )g ( ) x (1 − x)n−k
n k=0 k n
(b) Comme f est continue sur [0, 1], elle est bornée. Par l’inégalité triangu-
k
laire, on obtient ∣f ( ) − f (x)∣ ⩽ 2 ∣∣f ∣∣∞ , et donc :
n
n k
∣S2 (x)∣ ⩽ ∑ ( ) ∣f ( ) − f (x)∣ xk (1 − x)n−k
k;∣ k −x∣⩾δ
k n
n
n Sn
⩽ 2 ∣∣f ∣∣∞ ∑ ( )xk (1 − x)n−k = 2 ∣∣f ∣∣∞ P (∣ − x∣ ⩾ δ) .
k;∣ k −x∣⩾δ
k n
n
17. Cet argument, pour la validité du théorème de transfert, est ici inutile vu que les valeurs de
la variable sont en nombre fini.
254 CHAPITRE 12. PROBABILITÉS
Sn Sn Sn
P (∣ − x∣ ⩾ δ) = P (∣ − E ( )∣ ⩾ δ)
n n n
V ( Snn ) 1
⩽ = 2 2 nx(1 − x)
δ2 δ n
1 x(1 − x) 1
= 2 ⩽ 2 .
δ n δ n
On obtient alors :
1
∣S2 (x)∣ ⩽ 2 ∣∣f ∣∣∞ .
nδ 2
5. D’après ce qui précède, on obtient :
1
∣pn (x) − f (x)∣ ⩽ ∣S1 (x)∣ + ∣S2 (x)∣ ⩽ ε + 2 ∣∣f ∣∣∞ .
nδ 2
1 1
Comme 2
ÐÐÐ→ 0, il existe n0 ∈ N tel que, pour tout n ⩾ n0 , ⩽ ε.
nδ n→+∞ nδ 2
Ceci implique que ∣pn (x) − f (x)∣ ⩽ 2ε.
Comme x était quelconque dans [0, 1], et que le polynôme pn est indépendant
de x, on a montré que ∣∣pn − f ∣∣∞ ⩽ 2ε ; la fonction f peut donc être approchée
uniformément par une suite polynomiale.
M1 H1 2 + M2 H2 2 + ⋯ + Mn Hn 2
Montrer qu’il existe un seul couple de réels (a0 , b0 ) rendant minimale la quantité
n
f (a, b) = ∑(yi − axi − b)2 .
i=1
12.9. DROITE DES MOINDRES CARRÉS 255
Soluce
— La fonction définie sur R2 par f (a, b) = ∑ni=1 (yi − axi − b)2 est de classe C 1 et :
n n n n
∂f
(a, b) = 2 ∑ xi (yi − axi − b) = 2 (a ∑ x2i + b ∑ xi − ∑ xi yi ) (12.1)
∂a i=1 i=1 i=1 i=1
n n n
∂f
(a, b) = 2 ∑(yi − axi − b) = 2 (a ∑ xi + bn − ∑ yi ) (12.2)
∂b i=1 i=1 i=1
Géométrie
Q C
N
B M
Soluce
Soit M ∈ (BC). Notons N le projeté orthogonal de M sur (AC), P le projeté ortho-
gonal de N sur (AB), et enfin Q le projeté orthogonal de P sur (BC). Considérons
la fonction f ∶ (BC) → (BC) qui à un point M de (BC) associe le point Q que l’on
vient de définir. Ainsi le problème se ramène-t-il à l’existence et l’unicité d’un point
fixe pour la fonction f .
Évacuons d’abord le cas particulier où ABC est un triangle rectangle. Il y a
plusieurs possibilités.
S’il est rectangle en B, alors, pour tout M ∈ (BC), f (M) = B. On peut alors
choisir B comme étant notre point M.
S’il est rectangle en C, on appelle H le pied de la hauteur issue de C. Alors, les
points N et C sont confondus, de même que P et H. On choisit alors le point M tel
que (MH) et (AC) sont parallèles.
257
258 CHAPITRE 13. GÉOMÉTRIE
Enfin, s’il est rectangle en A, alors P et A sont cette fois-ci confondus. On choisit
alors comme point M le pied de la hauteur issue de A.
En bref, dans tous les cas, si le triangle ABC est rectangle, on peut trouver un
tel triplet de points, et il est unique.
P1
P2
N1
N2
C
M2
M1
B Q2Q1
Deuxième cas : un des angles du triangle, disons Ĉ, est obtus (figure 13.2).
P1
P2
Q2 C
M1 Q1
N1
B N2
M2
Ainsi, dans les deux cas, la fonction f est contractante dans un espace complet,
donc admet un point fixe unique, comme voulu.
f ∶ R2 → R+ , M ↦ MA + MB + MC
On veut montrer qu’il existe un unique point P qui minimise cette fonction.
1. Existence. Soit K le disque fermé de centre A et de rayon 23 f (A). Montrer
que, pour tout M, f (M) ⩾ 3AM − f (A), et en déduire que le minimum de f
(sur R2 ) est atteint un point de K. On fixera dans la suite un point P où f
atteint son minimum.
2. Condition nécessaire et calcul différentiel.
(a) On veut montrer que P n’est pas un sommet du triangle ABC ; montrons
donc qu’il est distinct de A. Soit ∆ la bissectrice de A au triangle et
̂ ̂
ÐÐ→ Ð→
posons α = A2 . On suppose M sur ∆, tel que MA = x et (AM, AB) = ±α.
Montrer l’égalité
√ √
f (M) = x + x2 − 2ABx cos α + AB2 + x2 − 2ACx cos α + AC2 .
Soluce
1. L’inégalité triangulaire donne
Si l’on suppose M ∉ K, c’est-à-dire MA > 23 f (A), alors, f (M) > f (A), et donc f
n’atteint pas son minimum en M. Or f est continue, comme somme de racines
carrées de polynômes, et K est compact. Donc f atteint un minimum sur K,
qui est, du coup, également un minimum sur R2 .
260 CHAPITRE 13. GÉOMÉTRIE
⃗ = (Ð
ã(M + h)
Ð→ ⃗
AM + h)
ÐÐ→ ⃗
⋅ (AM + h)
ÐÐ→ ⃗ ⃗ 2
= ã(M) + 2AM ⋅ h +h .
Cela donne
⃗ = 2Ð
dãM (h)
Ð→ ⃗
AM ⋅ h.
Comme M est distinct de A et ρ est différentiable sur R+∗ , il vient :
⃗ ÐÐ→
⃗ = dã
⃗ = d(ρ ○ ã)M (h) M (h) AM ⃗
daM (h) √ = ⋅ h.
2 ã(M) AM
cos(⃗u, v⃗) = − 12 . De même, tous les angles entre les vecteurs u ⃗, v⃗, w⃗ ont pour
cosinus −1/2.
Ð→ Ð→
Ceci implique, en particulier, que l’angle (PA, PB) est égal à ± 2π 3 . Cela signifie
que P appartient, soit à l’arc capable pour le couple (A, B) et l’angle 2π 3 , soit
à l’arc capable pour le couple (A, B) et l’angle − 2π 3 . Or, comme π
3 , resp. − π3 ,
est congru à − 2π 3 , resp. 3 , modulo π, il vient que CAB est un des deux cercles
2π
A
π
3
2π
3 P
B C
Montrons cette assertion. Si P n’était pas dans le même demi-plan, alors son
symétrique P′ par rapport à AB serait dans le même demi-plan que C et
vérifierait P′ A = PA, P′ B = PB et l’inégalité 3 P′ C < PC, et donc f (P′ ) < f (P),
ce qui est contraire à la minimalité de P.
Le point P se situe sur CAB , sur CAC , et sur CBC . On sait de plus qu’il est
distinct, par exemple, de A. Pour montrer son unicité, il reste à montrer que
les deux cercles CAB et CAC sont distincts. En effet, deux cercles données sont,
a) soit égaux, b) soit d’intersection vide, c) soit d’intersection un point double,
d) soit deux points distincts, or, on sait déjà par ce qui précède que les cas b)
et c) sont à exclure.
Si CAB = CAC , alors, par exemple, l’angle en C au triangle ABC vaut 2π 3 ,
contrairement à l’hypothèse.
3. Cette inégalité se voit immédiatement, mais si on veut la prouver algébriquement, on peut par
exemple écrire P′ C et PC à l’aide de coordonnées dans un repère orthonormé d’axe des abscisses
AB.
262 CHAPITRE 13. GÉOMÉTRIE
B C
Calcul différentiel
L’exercice qui suit pourra s’avérer utile lorsque l’on résout des équations ma-
tricielles, au moment où on a besoin d’inverser une fonction. On est souvent tenté
de remplacer la variable réelle x par une matrice nilpotente N dans les formules de
Taylor. Le problème est que cela n’est possible que si l’on sait remplacer la décom-
position de Taylor, qui est une identité entre fonctions réelles par une égalité entre
polynômes. C’est exactement ce que nous allons faire, avant d’en tirer les diverses
bénéfices.
vérifie V(N)q = I + N.
(c) Montrer que le polynôme W = X − 12 X2 + ⋯ + (−1)n n−1
1
Xn−1 vérifie
exp (W(N)) = I + N.
Soluce
1. On suppose P(x) = O(xn ), pour x dans un voisinage de 0. Effectuons la division
euclidienne du polynôme P par Xn , on obtient P = Xn Q + R, avec deg(R) < n.
Si, par l’absurde, R est non nul, alors il existe k minimal, 0 ⩽ k ⩽ n − 1, tel
P(x)
que R = rn−1 Xn−1 + ⋯ + rk Xk , avec rk ≠ 0. On a alors xn ∼0 xn−k
rk
, ce qui est
impossible car le membre de gauche est borné en 0, contrairement au membre
de droite. Donc, R = 0.
263
264 CHAPITRE 14. CALCUL DIFFÉRENTIEL
det ∶ Mn (R) Ð→ R
A z→ det(A).
F ∶ R Ð→ R
x z→ det(f1 (x), f2 (x), . . . , fn (x))
Soluce
1. L’application det peut être vue comme une fonction polynomiale à n2 variables
réelles. Elle est donc bien différentiable.
2. Par unicité dans le développement de Taylor polynomial, cela revient à trouver
la partie linéaire en H (i.e. homogène de degré 1 en les coordonnées de H) dans
le développement de Taylor, en H = 0n , de det(In + H), avec H ∈ Mn (R).
Quand on développe le déterminant det(In + H), avec H = (hij ), on voit que les
seuls termes de degré 1 en les hij apparaissent dans les termes qui contiennent
exactement n − 1 fois la constante 1. Comme les n − 1 coefficients de In + H qui
266 CHAPITRE 14. CALCUL DIFFÉRENTIEL
pour A dans GLn (R). Comme GLn (R) est dense dans Mn (R), la continuité
que nous venons de relever entraînera la formule sur tout Mn (R). On a
L’assertion en résulte 2 .
5. Soit f l’application qui envoie x de R dans (f1 (x), f2 (x), . . . , fn (x)) ∈ Rn .
Alors, f est différentiable et sa différentielle en x est donnée par
dFx = det(f1′ (x), f2 (x), . . . , fn (x)) + det(f1 (x), f2′ (x), . . . , fn (x)) (♡)
+ ⋯ + det(f1 (x), f2 (x), . . . , fn−1 (x), fn′ (x)).
2. Cette question peut se traiter directement, sans passer par la formule de la comatrice. Elle
ne fait que traduire le fait que le déterminant est n-linéaire, ce qui permet de développer det(A1 +
H1 , . . . , An + Hn ) en une somme de 2n déterminants, dont n sont linéaires en les Hj . On peut voir
cette formule comme un analogue de la formule de la dérivation d’un produit.
267
En développant par rapport à la dernière colonne, on trouve : D′n (x) = Dn−1 (x).
Or, D1 (x) = x et Dk (0) = 0 pour tout k (on reconnaît une matrice triangulaire
avec des zéros sur la diagonale, donc de déterminant nul). Il en résulte que
Dn (x) = xn /n!.
Exercice 115 (La matrice non inversible la plus proche de chez vous !)
On considère l’espace Mn (R) muni de la norme quadratique N2 comme dans
l’exercice 67. On note Singn ∶= Mn (R)/ GLn (R) l’ensemble des matrices singulières
de Mn (R).
Soit A une matrice inversible de Mn (R). Le but de l’exercice est de montrer
que pour tout M ∈ Singn , √
N2 (A − M) ⩾ λn ,
où λn est la plus petite valeur propre de A t A, puis de fournir un cas d’égalité.
1. Soit p un projecteur orthogonal de rang 1 de l’espace euclidien Rn et s un
endomorphisme autoadjoint.
(a) Montrer que dans toute base orthonormée (ei ) de Rn , les coefficients
diagonaux de la matrice de p dans la base (ei ) sont positifs.
(b) En déduire que tr(p ○ s) ⩾ λn , où λn = min Spec(s).
(c) Soit fn un vecteur propre de s pour la valeur propre minimale λn . Mon-
trer que l’égalité est atteinte si p est la projection orthogonale sur Rfn .
2. Soit N une matrice telle que N = t NN. Montrer que N est une matrice de
projection orthogonale.
3. Montrer qu’il existe une matrice M de Singn telle que N2 (A−M) est minimale.
4. Montrer par le théorème des extrema liés que N ∶= MA−1 est un projecteur
orthogonal de rang n − 1.
5. Montrer que N2 (A − M)2 = tr ((In − N)A t A) et conclure.
268 CHAPITRE 14. CALCUL DIFFÉRENTIEL
Soluce
1. (a) Dans l’espace euclidien Rn muni de son produit scalaire canonique ⟨ , ⟩,
on note (gi ), 1 ⩽ i ⩽ n, une base orthonormée dans laquelle p a pour
matrice diag(0, . . . , 0, 1). Comme p est un endomorphisme orthogonal,
p(x) = ⟨x, gn ⟩gn . Soit (ei ) une base orthonormée quelconque de Rn . On
peut écrire
n
p(ei ) = ⟨ei , gn ⟩gn = ⟨ei , gn ⟩ ∑ ⟨gn , ej ⟩ej .
j=1
(c) Dans la formule précédente, l’égalité peut être atteinte pour αi = δin , où δ
est le symbole de Kronecker. Si p est l’endomorphisme dont la matrice
dans la base (fi ) est diag(0, . . . , 0, 1), l’égalité est bien obtenue, et p est
la projection orthogonale sur Rfn .
2. Tout d’abord, N est symétrique puisque t NN l’est. Elle vérifie de plus N2 = NN =
t
NN = N, donc c’est une matrice de projection. Comme N est symétrique réelle,
ses sous-espaces propres sont orthogonaux, et c’est donc bien une projection
orthogonale.
3. Montrons qu’il existe un M dans Singn qui minimalise N2 (A − M). En effet, si
on fixe M0 quelconque dans Singn , trouver ce M dans Singn revient à trouver
M dans Singn intersecté avec la boule fermée B (pour N2 ) de centre A et de
rayon N2 (A − M0 ). Comme C ∶= Singn ∩B est un fermé borné, c’est un compact
et donc le minimum de la fonction continue sur C : X ↦ N2 (A − X) est atteint.
4. Notons que minimaliser N2 (A − X) revient à minimaliser N2 (A − X)2 c’est-à-
dire tr (t (A − X)(A − X)), plus agréable à manier, sur l’ensemble fermé Singn =
{X ∈ Mn (R), det(X) = 0}. Par le théorème des extrema liés, on sait qu’il existe
un réel λ (appelé multiplicateur de Lagrange), tel que la différentielle en M de
L(X) ∶= tr (t (A − X)(A − X))−λ det(X) = tr(t AA)−2 tr(t AX)+tr(t XX)−λ det(X)
est nulle. Le calcul donne, comme dans l’exercice 66, que pour tout H :
̃ 1 ̃
0 = dM L(H) = −2 tr(t AH)+2 tr(t MH)−λ tr(MH) = −2 tr ((t (A − M) + λM)H) ,
2
où M̃ est la transposée de la comatrice de M. Comme cette égalité est valable
̃ = 0 car la forme bilinéaire
pour toute matrice H , il vient que t (A − M) + 12 λM
tr(XY) est non dégénérée.
On sait par hypothèse que M est de rang r < n. Si par l’absurde, r < n − 1, alors
̃ = 0 car, dans ce cas, chaque mineur de taille (n − 1) est nul, et donc A = M,
M
ce qui est absurde car A est inversible et M ne l’est pas. Donc r = n − 1.
269
̃ = det(M)In = 0,
En multipliant l’égalité obtenue par M et en notant que MM
−1
il vient (A − M)M = 0. On a alors en posant N ∶= MA :
t
t
NN = t A−1 t MMA−1 = t A−1 t AMA−1 = MA−1 = N.
Donc, par 2), N est bien un projecteur orthogonal, de même rang que M, c’est-
à-dire n − 1.
5. On a montré précédemment que t MM = t AM. Il en résulte que
Remarque. On sait que GLn (R) est un ouvert de l’espace vectoriel normé Mn (R).
On sait donc que pour A fixé dans GLn (R), il existe une boule ouverte, pour la norme
N2 incluse dans GLn (R). On connaît maintenant le rayon maximal de la boule ; il
s’agit de la racine carrée de la plus petite valeur propre de A t A, qui est aussi la
racine carrée de la plus petite valeur propre de t AA, puisque AB et BA ont même
spectre. Ce rayon est donc la plus petite valeur propre de la matrice symétrique
définie positive de la décomposition polaire de A.
Si la norme choisie sur l’espace des matrices réelles est la norme ∣∣∣ . ∣∣∣2 subor-
donnée à la norme quadratique, les choses sont un peu plus simples, grâce au ca-
ractère sous-multiplicatif de la norme. On voit que la distance de A à Singn est
−1 √
égale à ∣∣∣A−1 ∣∣∣2 , qui est aussi λn dans l’exercice, voir l’épreuve 2 de l’agrégation
interne/CAER 2018, question 16.
270 CHAPITRE 14. CALCUL DIFFÉRENTIEL
Chapitre 15
La cave à Boivin
Intégrales à paramètres
On considère la fonction f , définie sur X × T, où X et T sont des intervalles de R.
On pose F(x) = ∫T f (x, t)dt, et t ↦ l(t) = lim f (x, t).
x→a
On note enfin D, la fonction de domination : ∀x ∈ X, ∣f (x, t)∣ ⩽ D(t).
Définition. Une fonction f est continue, resp. C k , par morceaux sur le segment
[a, b] s ?il existe une subdivision finie a = a0 < ⋯ < an = b, telle que les restrictions
de f à chaque intervalle ouvert ]ai , ai+1 [ admettent un prolongement continu, resp.
C k , à l’intervalle fermé [ai , ai+1 ].
Une fonction f est continue, resp. C k , par morceaux sur l’intervalle I si f est
continue, resp. C k , par morceaux sur tout segment [a, b] inclus dans I.
271
272CHAPITRE 15. ANNEXE. MÉMENTO SUR L’INTERVERSION DES LIMITES
Suites de fonctions
Caractère Objet Continuité Li- CV vers f Résultat
Domaine mite
lim sur Fonction fn lim fn existe
x→a a
vois. de a lim lim fn = lim lim fn
a n→+∞ n→+∞ a
CVU
a∈R Suite (fn )n fn ÐÐÐ→ f
n→+∞
Continuité Fonction fn (x) fn continue
sur ouvert f est continue sur ouvert
CVU
Suite (fn )n fn ÐÐÐ→ f
n→+∞
Intégration Fonction fn fn continue
b
sur [a; b] p.m lim ∫ fn (x)dx =
n→+∞ a
b
lim fn (x)dx
∫a n→+∞
CVU
Suite (fn )n fn ÐÐÐ→ f
n→+∞
Dérivation Fonction fn (x) fn est C1 (CVS en un pt x0
suffit)
′
CVS
sur ouvert Suite (fn )n fn ÐÐÐ→ f ( lim fn ) = lim fn′
n→+∞ n→+∞ n→+∞
CVU
Suite (fn′ )n fn′ ÐÐÐ→ g (CVU si I borné)
n→+∞
Fonction fn fn de classe Cp (CVS sur un pt
x0 ∀i)
CVS
Dérivation Suite (fn )n fn ÐÐÐ→ f
n→+∞
p fois ∀i ∈ [1; p],
(i)
CVS
Suite (fn′ )n fn′ ÐÐÐ→ g1 ( lim fn ) = lim fn
(i)
sur ouvert
n→+∞ n→+∞ n→+∞
... ...
CVS
(fn )n ÐÐÐ→
(p−1) (p−1)
Suite fn (CVU sur un borné)
n→+∞
gp−1
CVU
Suite (fn )n ÐÐÐ→ gp
(p) (p)
fn
n→+∞
273
Séries de fonctions
Caractère Objet Continuité Li- CV vers f Résultat
Domaine mite
lim sur Fonction fn lim existe lim ∑+∞
k=0 fk
x→a a a
vois. de a
CVU
a∈R n
∑k=0 fk ∑k=0 fk ÐÐÐ→ f
n
= ∑+∞
k=0 lim fk
n→+∞ a
Continuité Fonction fn fn continue ∑n fn continue
sur ouvert
CVU
∑n f n ∑n fn ÐÐÐ→ f
n→+∞
∑k=0 fk (x)dx
n
Intégration Fonction fn fn continue lim ∫
n→+∞ [a;b]
sur [a; b]
CVU
∑n f n ∑n fn ÐÐÐ→ f k=0 fk (x)dx
= ∫[a;b] ∑+∞
n→+∞
(∑+∞
k=0 fk (x))
′
Fonction fn fn est C1 (CVS en un pt x0 suffit)
Dérivation
CVS
sur ouvert ∑ fn ∑n fn (x) ÐÐÐ→ f (x) = ∑+∞
k=0 fk (x)
′
n→+∞
′ CVU
∑ fn′ ∑n fn ÐÐÐ→ g (CVU sur un borné)
n→+∞
Fonction fn (x) fn continue et (CVS sur un pt x0 ∀i)
Cp
CVS
Dérivation ∑ fn ∑n fn (x) ÐÐÐ→ f (x) ∀i ∈ [1; p],
n→+∞
p fois
CVS
∑n fn′ (x) ÐÐÐ→ g1 (x) (∑+∞
k=0 fk ) (x)
(i)
sur ouvert ∑ fn′
n→+∞
... = ∑k=0 fk (x)
+∞ (i)
CVS
∑ fn ∑n fn (x) ÐÐÐ→ gp−1 (x)
(p−1)
n→+∞
(p) CVU
∑ fn ∑n f n ÐÐÐ→ gp
(p)
(CVU sur un borné)
n→+∞
274CHAPITRE 15. ANNEXE. MÉMENTO SUR L’INTERVERSION DES LIMITES
Intégrales à paramètres
Caractère Objet Continuité Intégrabilité Résultat
Domaine
x ↦ f (x, t) continue sur X ∀t F(x) = ∫T f (x, t)dt
Continuité t ↦ f (x, t) c. p. m. sur T ∀x est bien définie et
sur X t ↦ D(t) c. p. m. sur T intégrable sur T est continue
lim sur un t ↦ f (x, t) c. p. m. ∀x
x→a
vois. de a lim f (x, t) = l(t) c. p. m. ∫T f (x, t)dt ÐÐ→
x→a x→a
∫T l(t)dt
a∈R t ↦ D(t) c. p. m. intégrable sur T
t ↦ f (x, t) c. p. m. intble sur T ∀x
δ
Dérivation t↦ f (x, t) c. p. m. ∀x F est C1 ,
δx
sur X x ↦ δx f (x, t)
δ
continue ∀t et F′ (x) =
∫T
δ
δx
f (x, t)dt
t ↦ D(t) D c.p.m. domine δ
δx
f intégrable sur T
∀k ∈ [0; n − 1], t ↦ c. p. m. ∀x intble sur T ∀x
δk
δxk
f (x, t)
δn
Dérivation t ↦ δx n f (x, t) c. p. m. ∀x F est Cn ,
δn
d’ordre n sur x ↦ δx n f (x, t) continue ∀t et n F(n) (x) =
∫T δxn f (x, t)dt
δ
X
δn
t ↦ D(t) D c.p.m. domine δxn
f intégrable sur T
Théorèmes de Fubini
Contre-exemples importants :
Suites de fonctions, limites et continuité.
Soit fn (x) = xn sur [0, 1]. On a limn→+∞ fn (x) = δx,1 , où δ est le symbole de
Kroenecker. On voit que (fn ) est une suite de fonctions continues sur [0, 1] qui
converge vers une fonction non continue. Ceci est lié à la convergence non uniforme
de fn (x) sur [0, 1]. De même, on a
+∞ +∞
Alors, pour tout x, limn→+∞ fn (x) = 0 et ∫0 limn→+∞ fn (x)dx = 0. Or, ∫0 fn (x)dx =
+∞
1, et donc limn→+∞ ∫0 fn (x)dx = 1. Ceci est lié à la convergence non uniforme de
fn (x) vers 0 sur R+ .
Intégrales à paramètres, continuité.
Soit f (x, t) la fonction définie sur [0, +∞[2 par f (x, t) = xe−xt . La fonction f est
+∞
bien continue sur [0, +∞[2 . Soit F(x) ∶= ∫0 f (x, t)dt. On a
+∞
F(0) = 0, et si x ≠ 0, F(x) = [−e−xt ]0 = 1,
276CHAPITRE 15. ANNEXE. MÉMENTO SUR L’INTERVERSION DES LIMITES
donc F n’est pas continue en 0. Cela est lié au fait que f (x, t) ne possède pas de
fonction dominante D(t) intégrable sur [0, +∞[.
Intégration sur un intervalle, échange de limites.
Soit I = R+ , fn (t) = n2 te−nt . On a pour tout t ∈ I, limn→+∞ fn (t) = 0, et donc
+∞ −nt
∫0 limn→+∞ fn (t)dt = 0. Or, −(nt + 1)e est une primitive 1 de fn (t), et donc :
+∞ +∞ +∞
lim ∫ fn (t)dt = lim [−(nt + 1)e−nt ]0 = lim 1 = 1 ≠ 0 = ∫ lim fn (t)dt.
n→+∞ 0 n→+∞ n→+∞ 0 n→+∞
Cela est lié au fait que fn (t) ne possède pas de fonction dominante g(t) intégrable
sur I.
Fubini pour les séries.
Soit um,n la suite définie par
⎧
⎪ 1 si m = n
⎪
⎪
um,n = ⎨ − 2n−m
1
si m < n
⎪
⎪ 0
⎪
⎩ si m > n
On a d’une part,
+∞ +∞ +∞
1 1 − 2n
1
1 1 1
∑ um,n = − − ⋯ − + 1 = − ⋅ + 1 = , donc, ∑ ∑ um,n = 2,
m=0 2n 2 2 1 − 12 2n n=0 m=0
et d’autre part,
+∞ +∞ +∞ +∞
1 1
∑ um,n = ∑ um,n = 1 − − ⋯ − k − ⋯ = 0, donc, ∑ ∑ um,n = 0.
n=0 n=m 2 2 m=0 n=0
1 y 1 1 1 1 π
∫ f (x, y)dy = [ ] = 2 , puis, ∫ (∫ f (x, y)dy) dx = [arctan(x)]10 = .
0 x +y 0 x +1
2 2 0 0 4
On ne peut donc pas échanger les intégrales, puisque f (y, x) = −f (x, y) et donc
1 1 π
∫ (∫ f (x, y)dx) dy = − .
0 0 4
1 1
Cela provient du fait que ∫0 ∫0 ∣f (x, y)∣ dydx = +∞. En effet,
1 1 1 x x2 − y 2 1 y x 1 1
∫ ∫ ∣f (x, y)∣ dydx ⩾ ∫ (∫ dy) dx = ∫ [ ] dx = ∫ dx = +∞.
0 0 0 0 (x + y )
2 2 2 0 x +y 0
2 2 0 2x
Théorie de Fourier
278
INDEX 279
d’Abel, 86
des accroissements finis, 23, 24, 37,
161, 204, 209, 215
de Bohr-Mollerup, 132, 135
de Cauchy-Lipschitz, 159, 164, 183
de Cayley-Hamilton, 165
de Cesaro, 31
de convergence dominée, 104, 107, 124,
128, 144, 146
de Bohr-Mollerup, 136
de Lagrange, 241
de Riesz, 152
de dérivation des séries de fonctions,
75, 79, 96, 181
des extrema liés, 154, 267, 268
de Dini, 77
de Dirichlet, 5, 92, 94, 96
de Fubini, 80, 110, 117, 122, 144, 145,
147, 229
d’interversion somme-intégrale, 55
de Korovkin, 11
de Parseval, 6, 87
de Perron-Frobenius, 248, 249
de Rolle, 24, 25
séries alternées, 66, 84, 119
spectral, 156
de Sylvester, 110
de Taylor-Lagrange, 37, 143, 204, 209
des trois pentes, 136
des valeurs intermédiaires, 161, 179
de Weierstrass, 13, 14, 76, 138, 139
de Weierstrass trigonométrique, 101
de Weierstrass trigonométrique, 99
trace, 154, 157
transformée
de Fourier, 95, 231
de Laplace, 138, 144, 230
triangle, 257, 259
tribu, 240
univers, 240
variable
de Bernoulli, 222
variable aléatoire, 240
vitesse de convergence, 36, 39, 197
281
282 BIBLIOGRAPHIE