Etude Toxicogénomique de Nanovecteurs de Silice Mésoporeuse: Relation Entre Décoration Et Toxicité
Etude Toxicogénomique de Nanovecteurs de Silice Mésoporeuse: Relation Entre Décoration Et Toxicité
Etude Toxicogénomique de Nanovecteurs de Silice Mésoporeuse: Relation Entre Décoration Et Toxicité
Et de l’unité de recherche
Institut Charles Gerhardt de Montpellier
UMR5253 Matériaux Avancés pour la Catalyse
et la Santé
Et de
Institut de Biotechnologies d’Aix-Marseille
Direction de la Recherche Fondamentale
Commissariat à l’Energie Atomique
et aux Energies Alternatives
Charles Darwin
3
Remerciements
Je tiens à remercier l’ensemble des membres du jury qui ont accepté de juger mon travail. Je
remercie les professeurs Armelle Baeza et Olivier Fardel pour avoir accepté d’être rapporteurs, ainsi
que les professeurs Elias Fattal et Christine Enjalbal d’avoir accepté d’être examinateurs. A tous,
merci d’avoir pris de votre temps pour évaluer mon travail.
Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de thèse, Jean-Marie Devoisselle, et mon
encadrante, Odette Prat, pour tout ce qu’ils m’ont apporté au cours de ces trois années passées à
travailler ensemble. Odette, je te remercie pour tout ce que tu m’as apporté, ta confiance, tes
conseils, et tous ces échanges qui ont toujours été agréables et constructifs. Tu m’as transmis de
précieuses connaissances. Tu as toujours cru en moi, même lorsque je doutais; ton engagement et ta
bienveillance m’ont permis de mener à bien cette thèse.
Merci à Pierre Chagvardieff, Laurent Bellanger et Jean Armengaud de m’avoir donné la chance de
profiter des ressources et des connaissances du laboratoire du LI2D au CEA de Marcoule.
Je voudrais aussi remercier les personnes travaillant aux laboratoires MACS et IMNO de l’institut
Charles Gerhard de Montpellier ainsi que toutes celles travaillant au sein de la société NanoMedSyn
pour l’ensemble des échanges que nous avons pu avoir au cours du projet BioSiPharm.
Je remercie toutes les personnes que j’ai côtoyées au sein du LI2D et plus particulièrement Jean
Armengaud et Jean-Charles Gaillard pour m’avoir prêté main forte et conseillé en spectrométrie de
masse, et sans qui ce travail n’aurait pas pu être réalisé. Merci également à Charles Marchetti,
Laëtitia Pinto, Céline Guigue, Yves Brignon, Christine Almunia, Béatrice Alpha-Bazin, Claude Vidaud,
Fabrice Gallais, Nicole Desmoulière, Pascale Richard, Yasmina Tayeb, Sylvie Ruat, Guylaine Miotello,
et les anciens, Isabelle George, Sandra Laloi, Emeline Landas, Julie Fredonnet, Carole Béraud, Mickael
Mege, Wei Liu, que je n’ai pas côtoyés seulement pendant trois ans, mais en réalité pendant presque
six ans tout au long de mon parcours professionnel au CEA. Grâce à vous tous, j’ai toujours pris
beaucoup de plaisir à venir travailler dans un laboratoire aussi vivant que le nôtre. Mention spéciale
à Gérard Steinmetz pour sa bonne humeur légendaire et les discussions agréables que nous avons
partagées.
Un grand merci à Marie Anne Roncato pour son oreille attentive, sa bienveillance, sa bonne humeur,
sa profonde gentillesse, mais aussi pour ces 1400 cafés partagés pendant ces trois années (environ
140 litres de café qui nous ont maintenu éveillés parfois jusqu’à tard !). Bien plus qu’une collègue, tu
es devenue une véritable amie. Je n’oublie évidemment pas Océane Ducos Anglade, Sabrina
4
Masmejean et Thi-ngoc Suong Huynh aussi devenues des amies et qui ont laissé une trace indélébile
au laboratoire, comme les inoubliables mardis à thème ou vendredis gâteaux. Mille mercis aux
anciens Emie Duriguello, François Allain, Charline LeGoff, Marion Gris-Deville, auparavant collègues
et aujourd’hui amis.
Merci à Karen Culotta, Charlotte Mappa et Virginie Jouffret, avec qui j’ai pu partager de bons
moments de rigolade. Bon courage aux futurs docteurs du LI2D, Charlotte Mappa et Esther Le
Toquin, pour le bout de chemin qui leur reste à faire.
Et enfin, je n’aurai jamais assez de mots pour remercier mes parents et toute ma famille pour leur
soutien de chaque instant. Un dernier mot tout particulier pour ma tendre Laëtitia, qui ne cesse
d’apporter à ma vie tout le bonheur et l’amour que l’on puisse donner.
5
Table des matières
Préambule ............................................................................................................................................. 15
Etat de l’art............................................................................................................................... 17
1. Un peu d'histoire........................................................................................................................... 18
2. La nanomédecine .......................................................................................................................... 21
3. Evolution des nanoparticules à visée médicale ....................................................................... 24
3.1. Première génération : Un rôle de cheval de Troie ................................................................... 26
3.2. Deuxième génération : Furtivité et ciblage passif .................................................................... 27
3.2.a. La PEGylation .......................................................................................................... 29
3.2.b. L'effet "EPR"............................................................................................................ 31
3.3. Troisième génération : vers le ciblage moléculaire actif .......................................................... 33
3.4. Quatrième génération : nanoparticules multifonctionnelles stimuli-responsives................... 35
3.4.a. La photothermie ..................................................................................................... 35
3.4.b. Le magnétisme........................................................................................................ 37
3.5. Cas des nanoparticules magnétiques de silice mésoporeuse (M-MSNs) ................................. 39
3.5.a. Un cœur unique au centre d'une coquille mésoporeuse......................................... 39
3.5.b. Les applications théranostiques ............................................................................. 41
4. Evaluation de la biocompatibilité et de la toxicité des nanovecteurs ................................. 46
4.1. Caractérisation physico-chimique ............................................................................................ 47
4.2. Evaluation de la toxicité - La nanotoxicologie .......................................................................... 48
4.2.a. Les particularités de la nanotoxicologie ................................................................. 50
4.2.b. La pharmacocinétique : Absorption - Distribution - Métabolisation - Elimination . 58
4.2.c. Les alternatives à l'expérimentation animale......................................................... 68
5. Les domaines émergents en toxicologie cellulaire ................................................................. 72
5.1. Les modèles .............................................................................................................................. 72
Modèle cellulaire hépatique innovant .................................................................... 73
5.2. Technologies émergentes......................................................................................................... 76
5.2.a. L'impédance cellulaire en temps réel...................................................................... 76
5.2.b. La toxicogénomique................................................................................................ 78
5.2.c. La toxicologie prédictive et le concept des Adverse Outcome Pathways (AOP) ..... 90
6
Objectif de la thèse............................................................................................................ 95
Annexes...................................................................................................................................... 218
7
Table des illustrations
8
Figure 22. Principales enzymes de métabolisation responsables A) de modifications de groupements
chimiques fonctionnels (Phase I) et B) de conjugaisons avec des groupements de substitution (Phase
II). ........................................................................................................................................................... 65
Figure 23. Nouvelle vision des évaluations toxicologiques. .................................................................. 71
Figure 24. Photos de microscopie à contraste de phase (x200) (A) d'une culture différenciée
d'HepaRG et (B) d'une culture d'HepG2................................................................................................ 74
Figure 25. Analyse en composante principale (ACP) des données d'expression génique d'HepaRG,
HepG2 et de trois cultures d'hépatocytes primaires (HH) .................................................................... 75
Figure 26. Principe de déplacement du courant électrique entre deux électrodes en fond de puits
d’une plaque de culture E-plate d’xCELLigence.. .................................................................................. 76
Figure 27. Principe de l’impédance cellulaire en temps réel. ............................................................... 77
Figure 28. Couvertures des numéros spéciaux des journaux Science et Nature sur le séquençage du
génome humain publiés tous deux en février 2001.............................................................................. 79
Figure 29. Mise en œuvre d’une analyse par puce d’expression.......................................................... 81
Figure 30. Principe d’une analyse sur Bioanalyzer (Agilent Technologies).. ......................................... 82
Figure 31. Image d'une puce d'expression génique 8x60k d'Agilent Technologies en fluorescence. .. 83
Figure 32. Ingenuity knowledge database. ........................................................................................... 84
Figure 33. Représentation schématique du spectromètre de masse ESI Q Exactive HF. ..................... 86
Figure 34. Mise en œuvre d’une analyse par nano-LC MS/MS en stratégie Shotgun .......................... 88
Figure 35. Représentation schématique du développement d’un AOP défini à partir de trois blocs
d’informations indispensables. ............................................................................................................. 91
Figure 36. Représentation de l’AOP n°27 « Cholestatic Liver Injury induced by inhibition of the bile
salt export pump ». ............................................................................................................................... 93
Figure 37. Paradigme de la réponse hiérarchique au stress oxydant selon Meng et al., 2009. ......... 105
Figure 38. Représentation de la profondeur de champ analytique des données transcriptomiques et
protéomiques. ..................................................................................................................................... 106
Figure 39. Microscopie électronique à transmission (TEM) de M-MSNs............................................ 123
Figure 40. Viabilité des cellules HepG2 après exposition à des lots de M-MSNs natives pendant 24h,
avant et après optimisation du protocole de synthèse. ..................................................................... 124
Figure 41. Comparaison des effets de la corona autour de M-MSNs sur HepG2 et HepaRG mesurés
par impédance cellulaire en temps réel. ............................................................................................. 166
Figure 42. Comparaison des protéines humaines adsorbées aux M-MSNs avec deux listes aléatoires
de protéines.. ...................................................................................................................................... 188
9
Liste des tableaux
Table 1. Exemples de barrières limitant la délivrance d'agents anticancéreux par voie intraveineuse 26
Table 2. Quelques exemples de ciblages actifs avec un système de délivrance de principe actif. ...... 34
Table 3. Différentes propriétés physico-chimiques importantes à caractériser................................... 48
Table 4. Différences observées selon la taille des particules lors d'une exposition par voie
respiratoire. Adapté de (Oberdörster, 2010) ........................................................................................ 52
Table 5. Quelques exemples de méthodes alternatives à l'expérimentation animale validées (source :
FDA) ....................................................................................................................................................... 72
10
Liste des abréviations
11
GOLD: Genomes online database
GSH: Glutathion
GST: Glutathione S-transferase
HC: Hépatocytes
HMT: Histamine methyl-transferase
HR: Acide hyaluronique
HSA: Albumine sérique humaine
HSR: Hypersensitivity Reaction
ICP-MS: Spectrométrie de masse à couplage inductif
IgG: Immunoglobuline G
IgM: Immunoglobuline M
IPA: Ingenuity pathway analysis™
IRM: Imagerie par résonance magnétique
ISO: Organisation internationale de normalisation
kHz: Kilo hertz
LDS: Lithium dodecyl sulfate
ESI: Electrospray ionization
LOTEL: Low observed transcriptional effect level
MALDI: Matrix assisted laser desorption/ionization
mBAFF: Mutant du B-cell activating factor
MIE: Molecular initial event
MION: Magnetic iron oxide nanoparticle
M-MSN: Magnetic mesoporous silica nanoparticle
MTT: Sel de tétrazolium MTT (bromure de 3-(4,5-dimethylthiazol-2-yl)-2,5-diphenyl
tetrazolium)
Nano-HPLC: Nano-chromatographie en phase liquide à haute performance
Nano-LC MS/MS: Spectrométrie de masse en tandem couplée à une nano-chromatographie
en phase liquide à haute performance
NAT: N-acetyltransferase
NOTEL: No observed transcriptional effect level
NP: Nanoparticule
NSAF: Normalized spectral abundance factor
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
Oe : Oersted
PA : Polyacrylique
PACA: Poly(cyanoacrylate d'alkyle)
PB: Phenobarbital
PBC: Cellules biliaires primitives
PBPK: Physiologically based pharmacokinetic
PEG: Poly(éthylène glycol)
Peptide RGD: Arginine-glycine-acide aspartique
12
PGA: Poly(γ-glutamic acid)
PIHCA: Poly-isohexyl-cyanoacrylate
PLA: Polylactide
PLGA: Poly[lactide-co-glycolide]
PMMA: Poly-méthacrylate de méthyle
PoT: Pathway of toxicity
PSM: Peptide spectrum match
PTT: Photothermie
PZ: Potentiel zeta
QSAR: Quantitative structure-activity relationship
REACH: Registration, evaluation, authorisation and restriction of chemicals
RIF: Rifampicin
SEM: Scanning electron microscopy
SH: Sérum humain
SPION: Superparamagnetic iron oxide nanoparticles
SRE: Système réticulo-endothélial
STEM: Microscopie électronique à balayage par transmission
SUT: Sulfotransferase
SUV: Small unilamellar vesicles
SVF: Sérum de veau fœtal
TEM: microscopie électronique à transmission
TEOS: Tetraethyl-orthosilicate
TGA: Analyse thermogravimétrique
TMB: 1,3,5-trimethylbenzene
TPMT: Thiopurine methyltransferase
TSCA: United States Toxic Substances Control Act
UE: Union Européenne
UGT: UDP-glucoronosyltransferase
USA: United States of America
VeGF: Vascular endothelial growth factor
13
14
Préambule
Les travaux présentés dans ce manuscrit de thèse font partie du projet BioSiPharm financé
par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre du programme Nanotechnologies et
Nanosystèmes (P2N). Ce projet multidisciplinaire avait pour objectif principal d’évaluer la
sécurité biologique de nanoparticules (NPs) de silice mésoporeuse avec différents
recouvrements de surface, incluant comme axe majeur la mise en place de techniques
standard d’évaluation.
Les études présentées ont été menées sous la direction du Pr Jean-Marie DEVOISSELLE du
laboratoire MACS (UMR5253 Matériaux Avancés pour la Catalyse et la Santé) de l’institut
Charles Gerhardt de Montpellier, et encadrées par le Dr Odette PRAT de l’institut de
Biotechnologies d’Aix-Marseille (BIAM) à Marcoule / Direction de la recherche fondamentale
du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA).
15
16
Etat de l’art
17
1. Un peu d'histoire
Figure 1. La coupe de Lycurgue. La coupe en (A) lumière réfléchie ou (B) transmise. (C) Microscopie
Electronique à Transmission (TEM) d'une nanoparticule d'alliage or-argent contenue dans le verre
(Freestone et al., 2007). Department of Prehistory and Europe, © The British Museum.
18
impressionnante des caractéristiques d'élasticité et de résistance de ces lames (Reibold et
al., 2009). Ainsi, des propriétés physico-chimiques dues aux objets nanométriques étaient
déjà utilisées depuis des siècles sans que les artistes et artisans n'aient pu interpréter la
cause de ces effets surprenants sur les matériaux. Aujourd'hui les NPs, dont au moins une
des dimensions est inférieure à 100 nm (Ehmann et al., 2013), sont connues pour être
responsables de ces propriétés nouvelles.
La nanomédecine, quant à elle, est considérée comme une science jeune car elle découle
directement du potentiel que procurerait l'utilisation de ces nouveaux matériaux bien
identifiés depuis peu. Les caractéristiques particulières de ces systèmes nanométriques
suscitent d'immenses espoirs pour le traitement de maladies graves, dont en particulier les
pathologies cancéreuses. Toutefois, des solutions de colloïdes ont été utilisées dans le passé
comme traitements. Les premières données retrouvées concernent l'or et l'argent colloïdal.
Si l'expression "colloïde" date de la fin du XIXème siècle (Graham, 1861), en Europe au Moyen
Age, l'or et l'argent colloïdal étaient étudiés dans les laboratoires d'alchimistes. Paracelse, un
des plus grands alchimistes suisses du XVIème siècle, précurseur de la toxicologie, a décrit les
propriétés thérapeutiques de ce qu'il appelait la quintessence de l'or ('quinta essentia auri'),
substance créée par réduction du chlorure d'or dans des mixtures d'extraits végétaux,
d'alcools ou d'huiles (Dykman & Khlebtsov, 2011).
Figure 2. "Traicte de la vraye, vniqve, grande, et vniverselle medecine des Anciens, dite des recens
Or Potable." David de Planis Campy, médecin du roi Louis XIII. Numérisation Google.
19
Cet "or potable" était alors utilisé pour traiter diverses maladies comme la syphilis, la lèpre,
ou la dysenterie. En France, c'est le médecin chirurgien du roi Louis XIII alias David de Planis
Campy qui y fait référence (Figure 2), traitant des vertus de "l'or potable" en tant qu'élixir
qu'il qualifiait de médecine universelle, démontrant à sa manière "quel pouvoir à cet Or
Potable [...], à restituer la santé au corps humain"*1.
Si l'utilisation de l'or était plutôt due à la considération que l'on y portait à cette époque en
tant que métal noble, les propriétés bactéricides de l'argent, elles, étaient au contraire
connues depuis l'antiquité. Grecs et Romains par exemple utilisaient des récipients en argent
pour servir les boissons, aseptisant ainsi les liquides contenus. Les ustensiles de cuisine
étaient également en argent, une tradition qui a perduré jusqu’au XIXème siècle. Au Vème
siècle av. J.C., Hippocrate quant à lui utilisait des préparations à base de poudre d'argent très
fine pour traiter les ulcères et favoriser la cicatrisation des plaies. Par ailleurs, l'utilisation du
nitrate d'argent en médecine a été mentionnée dans une pharmacopée romaine datant de
69 av. J.C. (Alexander, 2009). Enfin, les pionniers traversant l'ouest américain avaient
constaté qu'en mettant des pièces d'argent dans leurs récipients d'eau potable, celle-ci se
conservait plus longtemps.
20
2. La nanomédecine
21
pas une simple miniaturisation, mais bien de nouvelles possibilités accessibles uniquement à
cette échelle de taille.
Une illustration concrète de cet avantage a été démontrée par l'équipe du Pr Couvreur par
l'utilisation de nanovecteurs polymériques (PACA: Poly(cyanoacrylate d'alkyle)) pour
transporter la doxorubicine, un anticancéreux intercalant de l'ADN (Chiannilkulchai et al.,
1989). A dose équivalente, la formulation à base de NPs augmente l'efficacité de la
doxorubicine par accumulation dans le foie, tout en évitant les tissus touchés de manière
collatérale, car la forme galénique classique engendre une toxicité cardiaque.
Cependant, malgré leur potentiel évident, les NPs ont rencontré beaucoup d'obstacles
auxquels il faut faire face: biodégradabilité, chargement et délivrance de la molécule active,
biocompatibilité, etc. (Figure 3) (Abed & Couvreur, 2014). Pour répondre à ces
*2Le Collège de France - Nanomédicaments pour le traitement du cancer. Professeur Patrick Couvreur. 2010
22
problématiques, les avancées en science de la matière et en biologie ont permis d'élaborer
des nano-objets de plus en plus sophistiqués.
23
3. Evolution des nanoparticules à visée médicale
Les travaux sur des NPs destinées à transporter un principe actif ont émergé à la fin des
années 1960 avec l'étude du Pr Speiser et son équipe sur des billes en résine époxy pour une
utilisation pharmaceutique (Khanna et al., 1970, Khanna & Speiser, 1969, Kreuter, 2007).
Depuis, des recherches intensives ont été effectuées sur la synthèse, la fonctionnalisation de
surface et l'utilisation possible de systèmes nanovectorisés (Krukemeyer et al., 2015). Plus
de 7150 publications et 173 410 citations de travaux ont été recensées ces 17 dernières
années sur le thème "Nanomedicine" (Figure 4).
Figure 4. Web Of Science. 17 ans de publications et citations avec le mot clé "Nanomedicine".
Différents types de nanovecteurs ont ainsi été développés en parallèle des découvertes liées
aux propriétés physiques, chimiques et biologiques des NPs. Des compositions et des
morphologies très variées ont été étudiées et développées afin de répondre à des
applications en thérapie ou en diagnostic par imagerie, à savoir : des liposomes (vésicules
constituées d'une ou plusieurs bicouches de phospholipides, (Figure 5A), des NPs à base de
polymères (formant une matrice de type nanosphère ou réservoir de type nanocapsule,
(Figure 5B) (Danhier et al., 2012), des micelles (formées de polymères amphiphiles, (Figure
5C), des dendrimères (Figure 5D), des NPs inorganiques de silice mésoporeuse (Figure 5E)
24
(Caltagirone et al., 2015, Fu et al., 2013, Mamaeva et al., 2013, Wang et al., 2015), des NPs
superparamagnétiques ou photothermiques d'oxydes métalliques (Fer, Or) (Figure 5F), des
quantum dots (nanocristaux semi-conducteurs sphériques) (Figure 5G), et des particules à
base de carbone (nanotubes, nanosphères) (Figure 5H).
25
3.1. Première génération : Un rôle de cheval de Troie
L'encapsulation de molécules thérapeutiques avait pour but premier d’améliorer les profils
pharmacocinétiques, afin de protéger les principes actifs jusqu'à leur cible (tissu ou organe)
en contournant les barrières anatomiques, physiologiques et chimiques (Table 1).
Table 1. Exemples de barrières limitant la délivrance d'agents anticancéreux par voie intraveineuse
Pour contourner ces barrières, l'usage de NPs est une méthode galénique intéressante pour
augmenter l'efficacité d'une molécule en la délivrant, à la manière d’un cheval de Troie, à
l'endroit même de la zone ciblée. Les études de biodistribution ont montré qu’une grande
partie de ces NPs dites de première génération se localisaient préférentiellement dans le
foie et la rate. Cette distribution majoritairement hépatosplénique est le premier verrou
biologique observé pour les nanovecteurs, et cela pour plusieurs types de matériaux. C'est le
cas notamment de NPs de type polymérique (Owens Iii & Peppas, 2006). Des nanosphères
composées de PLGA (poly[lactide-co-glycolide]), un copolymère biodégradable, se localisent
préférentiellement au niveau hépatique à plus de 65% seulement cinq minutes après
injection (Gref et al., 1994, Le Ray et al., 1994). Seules 5% des NPs étaient retrouvées dans le
sang (Gref et al., 1994). Ce polymère a depuis été autorisé par la FDA pour une utilisation
médicale (Jain, 2000). La clairance des NPs circulantes est donc très clairement un
phénomène de l'ordre de la minute (Gref et al., 1995, Owens Iii & Peppas, 2006). Ce résultat
primordial a été confirmé récemment par d'autres auteurs (Semete et al., 2010). Ces
observations ont également été faites pour d'autres polymères à savoir pour des particules
de PMMA (poly méthacrylate de méthyle) (Kreuter et al., 1979), de PA (polyacrylique)
(Laakso et al., 1986), de PLA (polylactide) (Allémann et al., 1994, Bazile et al., 1992), ou de
26
PACA (poly(cyanoacrylate d'alkyle)) (Peracchia et al., 1999). Plus récemment, une
accumulation hépatosplénique de 60% a été observée pour des NPs à base d'albumine
sérique humaine (ASH) une heure après injection (Elzoghby et al., 2012, Yang et al., 2007), et
de 85% pour des NPs de silice mésoporeuse 24h après injection (Liu et al., 2011a).
C'est donc logiquement que cette particularité a été mise à profit en prenant pour première
cible thérapeutique les pathologies hépatiques, comme les hépatocarcinomes. Des NPs ont
donc été chargées de différents principes actifs anticancéreux afin d'effectuer des tests
d'efficacité pour un ciblage direct du foie. Barraud et al. (2005) ont étudié l'application de
l'encapsulation de la doxorubicine dans des NPs de PIHCA (poly-isohexyl-cyanoacrylate) à la
fois in vitro et in vivo (Barraud et al., 2005). Cette plateforme a été testée sur différentes
lignées cellulaires humaines hépatiques telles que Huh7, HepG2 ou HepaRG, et sur des
souris modèles hépatocarcinogéniques double transgéniques X/myc. L’efficacité cytotoxique
anti-tumorale de ces NPs chargées s’est avérée supérieure à celle de la doxorubicine seule.
Cette étude a donné naissance à une formulation en administration intraveineuse nommée
Livatag® d’Onxeo, pour le traitement du cancer primitif du foie, actuellement en phase
clinique III. Par ailleurs, l'équipe du Pr Couvreur en 1989 avait initialement élaboré des
nanovecteurs polymériques à base de PACA (Poly(cyanoacrylate d'alkyle)) pour transporter
la doxorubicine (Chiannilkulchai et al., 1989). Une localisation préférentielle a ainsi été
démontrée au niveau du foie. D'autres études avec diverses NPs associées à des principes
actifs ont été effectuées, comme avec le Paclitaxel dans des NPs de PGA (poly(γ-glutamic
acid) par exemple (Liang et al., 2006), ou plus récemment par association de plusieurs
molécules dans des liposomes (Doxorubicine et Curcumine) (Zhao et al., 2015).
27
fibronectine ou le fibrinogène (Owens Iii & Peppas, 2006, Walkey & Chan, 2012). Elles font
ainsi partie d'une couronne de protéines qui signe très clairement de façon moléculaire la
particule comme étant exogène (non soi). Par exemple, il a été montré que l'adsorption
d'IgG à la surface de liposomes augmentait d'environ 6 fois leur phagocytose par des
macrophages (Derksen et al., 1987). Même remarque pour des NPs d'oxyde de fer
phagocytées 10 fois plus à la fois in vitro et in vivo (Beduneau et al., 2009).
Lors du passage des NPs dans le foie, celles-ci sont reconnues par des macrophages
résidents appelés cellules de Kupffer. Cette reconnaissance, qui engendre alors la
phagocytose des NPs et leur accumulation, vient d'une part de la particularité de ces
macrophages à détenir des récepteurs spécifiques aux opsonines (Ex: Récepteurs Fc CD64
(Lunov et al., 2011, Serda et al., 2009)), et d'autre part de la disposition de l'endothélium
vasculaire hépatique à ne pas être totalement jointif (Figure 6).
Figure 6. Espace sinusoïde d'un lobule hépatique. Les cellules de Kupffer sont des macrophages qui
phagocytent les nanoparticules opsonisées.
En effet, entre les cellules endothéliales se trouvent les cellules de Kupffer qui sont alors en
contact direct avec la circulation sanguine. De plus, au niveau de la rate, le sang est libéré
dans la pulpe rouge qui est occupée par des macrophages qui officient alors comme filtre
28
pour le sang. Il y a ainsi une forte corrélation entre la capacité des nanomatériaux à capter
des protéines circulantes et leurs interactions fortes avec les macrophages résidents
appartenant au système réticulo-endothélial (SRE) (Walkey & Chan, 2012).
3.2.a. La PEGylation
Dès lors que l'on veut élargir les possibilités de cibles pathologiques au sein du corps
humain, il faut alors une technologie capable de contourner cette opsonisation très rapide.
Dans cette perspective, des modifications de surface des NPs ont été envisagées et réalisées
avec des polymères hautement hydrophiles (Moghimi et al., 2001). Les polymères à haut
poids moléculaires sont particulièrement intéressants car ils ont une liberté
conformationnelle dans un environnement aqueux, octroyée par leurs longues chaînes
polyethers, qui les rendent très flexibles. Cette flexibilité crée une barrière entropique
(désorganisation thermodynamique) qui va contraindre l'adsorption de protéines. Celles-ci
doivent alors comprimer les chaînes polymériques afin d'atteindre la surface des NPs
(Szleifer, 1997). Ce phénomène crée un encombrement stérique autour des NPs, c'est à dire
un bouclier moléculaire.
Le polymère le plus utilisé dans les applications biologiques pour créer ce phénomène
d'encombrement stérique est le poly(éthylène glycol) (PEG) (Figure 7A). Les avantages du
PEG sont nombreux : il est hautement hydrophile, facile à synthétiser, relativement inerte,
capable d'être éliminé par clairance rénale, et ne semble pas être toxique à faible dose
(Walkey & Chan, 2012). Le PEG a été utilisé dans différentes spécialités pharmaceutiques et
approuvé par la FDA (Knop et al., 2010).
Ce type de polymère peut être introduit durant la synthèse des NPs, qu'elles soient
organiques (polymériques, liposomes ...) ou inorganiques (silice, oxyde de fer ...). C'est le cas
par exemple de l'incorporation du PEG dans des émulsions de NPs polymériques PLGA,
créant ainsi un bloc co-polymérique nanoparticulaire amphiphile (PLGA-b-PEG) (Cheng et al.,
2007). Ainsi, cette formulation permet d'obtenir un cœur hydrophobe biodégradable de
PLGA et une couronne de PEG hydrophile. Il est possible également de fusionner le PEG à
des phospholipides pour l'inclure dans la membrane de liposomes (Klibanov et al., 1991). Il
existe d'autres méthodes de modification de surface avec du PEG mais cette fois-ci post-
synthèse. En effet, l'ajout de PEG en surface des NPs peut se faire soit par adsorption
physique, soit par réticulation chimique qui forme des liaisons covalentes avec des
29
groupements fonctionnels réactifs en surface (Owens Iii & Peppas, 2006). La méthode de
réticulation étant préférée car elle ne conduit pas, contrairement à une adsorption physique,
à une désorption du PEG dans l'environnement biologique au cours du temps.
De nombreuses propriétés du PEG influencent l'adsorption des protéines, comme la
longueur des chaînes, leur densité, l'hydratation, leur conformation, etc. (Unsworth et al.,
2008). En particulier, la densité des chaînes de PEG en surface des NPs est un paramètre
primordial déterminant l'efficacité de son utilisation dans le contournement de l'adsorption
de protéines (Uz et al., 2016). A faible densité, les chaînes de PEG adoptent une
conformation de type "mushroom" grâce à leur grande flexibilité, ce qui ne crée pas une
barrière suffisante pour contrer l'adsorption protéique (Figure 7B). A haute densité, les
chaînes de PEG se gênent les unes les autres et prennent alors une conformation de type
"Brush" (Figure 7B), ce qui crée ainsi un encombrement stérique suffisant (Owens Iii &
Peppas, 2006). Selon Gref et al., une réduction significative de l'adsorption des protéines
autour de nanosphères de PEG-PLA est observée pour une densité entre 2 et 5% (w/w) (Gref
et al., 2000). Cette adsorption protéique est ainsi réduite de 10% pour 2% de PEG, et de 70%
pour 5% de PEG. D'après Perry et al., la présence de PEG sous conformation "Brush" diminue
de 14 fois la prise en charge des NPs par des macrophages MH-S par rapport à des NPs non
PEGylées (Perry et al., 2012).
Le PEG permet donc de ralentir l'opsonisation en donnant cet effet de "furtivité" vis-à-vis des
macrophages et augmente ainsi le temps de circulation des particules PEGylées dans le sang.
Par exemple, la PEGylation de nanorods d'or en forte densité a prolongé leur circulation
jusqu'à une demi-vie de 24 heures dans le sang chez la souris (Akiyama et al., 2009). Cette
30
circulation prolongée permet de ce fait d'augmenter la possibilité d'atteindre une cible
pathologique autre que le foie. Et en effet, l'accumulation de NPs dans une zone tumorale
autre que le foie a ainsi été observée chez la souris et corrélée avec une circulation
prolongée octroyée par la PEGylation (Perrault et al., 2009).
Une longue circulation permet effectivement à une plus grande fraction de NPs de pouvoir
diffuser dans le microenvironnement tumoral via un effet de perméabilité et de rétention
améliorée, nommé EPR (« Enhanced Permeability and Retention »). L'effet EPR a été
démontré pour la première fois en 1986 par Matsumara et Maeda (Matsumura & Maeda,
1986) et plus largement étudié par la suite, en particulier dans le cadre du ciblage
thérapeutique des tumeurs (Fang et al., 2003, Iyer et al., 2006, Maeda, 2001, Maeda et al.,
2009, Seki et al., 2009). Ces études ont montré que la plupart des tumeurs solides avaient
des vaisseaux sanguins déstructurés et produisaient en grande quantité des facteurs de
perméabilité (Figure 8). Ainsi, ces tumeurs présentent une perméabilité vasculaire accrue qui
assure dans ce cas une quantité de nutriments et d'oxygène suffisante pour la croissance
rapide des cellules tumorales. Un déséquilibre des régulateurs angiogéniques (facteurs de
croissances, matrix metalloprotéinases) a également été observé, provocant la formation de
nombreux pores incluant des jonctions gap élargies situées entre les cellules endothéliales
(Cho et al., 2008).
L'effet EPR est ainsi considéré comme une spécificité anatomique et physiopathologique
unique des vaisseaux sanguins en zone tumorale et inflammatoire. S'il est avéré que les
macromolécules sont capables de passer dans les zones tumorales de manière passive via
ces endothéliums désorganisés et perméables, les NPs sont supposées être capables
également de s'accumuler dans ces zones par extravasation, qui est un ciblage tumoral
passif. Le Doxil® , une formulation de la doxorubicine encapsulée dans des liposomes
PEGylés et qui diffuse grâce à l'effet EPR, a été approuvé pour le traitement de plusieurs
cancers en 1995 aux USA et en 1996 en UE (Barenholz, 2012, Schütz et al., 2013). D'après
Fang et al., l'effet EPR est devenu l'étalon-or du design de NPs pour la délivrance de
principes actifs anticancéreux (Fang et al., 2011).
31
Figure 8. Microscopie électronique à balayage (SEM) de vaisseaux sanguins dans A) des tissus
sinusoïdes normaux du foie et B) des tumeurs métastasiques du foie. T : Zone tumorale. N : Zone
tissulaire saine. Adapté de Fang et al. (Fang et al., 2011).
Cependant, l'effet EPR constitue également l'un des principaux pièges dans le domaine de la
délivrance de principes actifs car cette spécificité tissulaire est souvent surévaluée. Ce
phénomène est très hétérogène de par l'existence de variations importantes (inter et intra)
d'un modèle de tumeur à un autre, sans oublier les variations interindividuelles. D'après
Lammers et al., il existe des disparités tissulaires importantes au sein d'une même tumeur,
avec des parties endothéliales intactes et d'autres parties comprenant des doublures denses
péri-vasculaires constituées de péricytes, de cellules musculaires lisses et/ou de fibroblastes,
ne permettant pas au ciblage d'être totalement efficace (Lammers et al., 2012).
Concernant le PEG, l’utilisation croissante de produits pharmaceutiques PEGylés a démontré
ses effets bénéfiques, mais a également fait émerger ses effets secondaires (Ivens et al.,
2015, Knop et al., 2010).
32
3.3. Troisième génération : vers le ciblage moléculaire actif
Un système de délivrance qui dépend exclusivement d'un mécanisme de ciblage passif fait
inévitablement face aux limitations de l'effet EPR et de l'utilisation du PEG seul (Cho et al.,
2008).
En ayant connaissance de ces limites, mais également de la possibilité de fonctionnalisation
de la surface des NPs, les concepteurs des nanovecteurs de 3ème génération ont ajouté à ces
NPs des fonctionnalités de ciblage. Ce sont les connaissances biologiques des associations
ligands/récepteurs, notamment les récepteurs cellulaires surexprimés spécifiquement par
les cellules cancéreuses, qui ont permis d'imaginer et d'élaborer des constructions de ciblage
précis, dit actif, en utilisant des anticorps, des peptides, des vitamines, et autres molécules.
Ainsi, un nanovecteur de 3ème génération est composé d'un vecteur (organique ou
inorganique), d'un principe actif et de fonctionnalisations de surface biologiquement actives
qui peuvent interagir avec le milieu biologique environnant. Le ciblage doit cependant
répondre à plusieurs critères (Allen, 2002). Premièrement, le récepteur ou ligand cellulaire
ciblé doit être majoritairement exprimé dans les cellules tumorales, et pas dans les cellules
saines. Deuxièmement, ces cibles doivent être exprimées de manière homogène sur
l'ensemble des cellules tumorales ciblées. Enfin, elles ne doivent pas être sécrétées dans la
circulation sanguine.
Cette approche a donné matière à de nombreuses études. Un exemple concret concerne le
récepteur de l'acide folique (vitamine B9). D'après Leamon et Reddy en 2004, en utilisant du
folate ou un analogue, une grande quantité de principe actif peut être administrée à des
cellules cancéreuses positives au récepteur spécifique du folate (Folate receptor, FR) par
déclenchement d'un mécanisme d'endocytose (Leamon & Reddy, 2004). Au niveau
mécanistique, les auteurs ont ainsi décrit le schéma classique: la membrane plasmatique
s'invagine pour former un endosome. Les endosomes nouveaux migrent vers des organites
et s'acidifient, déclenchant l'activation de lysozymes. Le principe actif est alors libéré et
pénètre dans le cytoplasme à condition qu'il ait les propriétés physico-chimiques pour
traverser la membrane de l'endosome. Les récepteurs FR sont alors recyclés par la cellule et
peuvent démarrer un nouveau cycle de reconnaissance (Cho et al., 2008).
Il a été montré que l'acide folique avait une très forte affinité pour des récepteurs aux
folates et particulièrement ceux qui sont liés au glycosylphosphatidylinositol, présentant une
33
expression limitée dans les cellules normales mais une surexpression de 100 à 300 fois chez
des cellules cancéreuses (de type ovaires, seins, cerveau et poumons) (Goren et al., 2000,
Ross et al., 1994). D'après Saba et al., 53% des tumeurs squameuses primaires et
métastasiques de la tête et du cou chez des patients présentent ce type de récepteurs FR,
tandis qu'aucun de ces récepteurs n'a été retrouvé sur des cellules normales de la moelle
osseuse (saba et al., 2007). Dans la continuité, cette même équipe a étudié une formulation
à base de NPs d'héparine chargées d'une molécule active (Paclitaxel), et fonctionnalisées
avec du folate pour le ciblage des cellules cancéreuses. Cette formulation a été testée chez
des souris modèles et les résultats obtenus ont montré une réduction significative de la
croissance de xénogreffes tumorales humaines, de même sur des tumeurs Paclitaxel
résistantes, comparé aux NPs non fonctionnalisées et au Paclitaxel seul (Cho et al., 2007).
D'autres études ont été menées avec différents ligands en surface de NPs comme des
aptamères (acides oligonucléiques de type ADN ou ARN qui présentent une conformation
tridimensionnelle capable de se lier à des antigènes cellulaires spécifiques) (Alibolandi et al.,
2017, Farokhzad et al., 2006, Farokhzad et al., 2004, Hicke et al., 2006, Liu et al., 2016, Xie et
al., 2016), ou des protéines comme avec la transferrine (Chen et al., 2017, Nag et al., 2016,
R. Nogueira-Librelotto et al., 2017, Singh et al., 2016).
Table 2. Quelques exemples de ciblages actifs avec un système de délivrance de principe actif.
34
Cependant si cette stratégie est très prometteuse, ce type de ciblage a tout de même
quelques limites. Outre le ciblage des tissus pathologiques qui est délicat en raison de
l'hétérogénéité tissulaire et de la nature stochastique des interactions ligands-récepteurs
(Mura et al., 2013), la construction physique du système doit inclure le ligand en surface des
NPs. Celui-ci doit rester accessible, en quantité optimale, tout en conservant son intégrité
chimique et sa stabilité ainsi que ses capacités de reconnaissance. Enfin, tout cela ne doit
pas annihiler la furtivité du vecteur ni être compromis par l'environnement biologique.
Une alternative basée sur de nouveaux types de nanovecteurs a émergé ces dernières
années. Des constructions nanoparticulaires innovantes sont capables de fournir une
réponse à divers stimuli grâce à des interventions exogènes (extracorporelles) ou
endogènes.
3.4.a. La photothermie
L'une des voies les plus prometteuses est l'utilisation de nanovecteurs sensibles aux stimuli
externes. C'est le cas de la photothermie (PTT) à travers l'utilisation de NPs de métaux
nobles tel que l'or (Huang et al., 2007). La PTT s'est développée rapidement comme une
thérapie prometteuse pour le cancer car elle permet une augmentation sélective de la
température des tissus tumoraux tout en évitant les dommages possibles sur les tissus sains
(Figure 9A). Les NPs d'or (Figure 9B), ou partiellement composées d'or (cœur/coquille de
type or/silice), se sont imposées comme la plateforme thérapeutique principale offrant des
avantages majeurs tels qu'une résonance plasmonique modifiable, une haute conversion
photothermique et une chimie de fonctionnalisation de surface ou d'encapsulation simple
(Riley & Day, 2017).
35
Figure 9. (A) Thérapie photothermique (PTT) qui consiste à augmenter la température de manière
sélective dans des tissus tumoraux à l'aide d'un laser proche infrarouge. (B) Quatre des NPs d'or les
plus couramment employées sont représentées. Adapté de Riley and Day. (Riley & Day, 2017)
En effet, les NPs d'or permettent une chimie de bioconjugaison simple de type or-thiol pour
la fonctionnalisation de surface avec des molécules thérapeutiques, des ligands ou des
agents de passivation qui améliore la biocompatibilité. Les propriétés optiques des NPs d'or
peuvent être réglées en contrôlant leurs dimensions structurelles afin qu'elles absorbent au
maximum la lumière proche infrarouge (λ ≈ 650-1350 nm), ce qui est idéal pour la PTT car la
lumière peut pénétrer en toute sécurité profondément à travers les tissus sains pour
atteindre les NPs d'or au sein d'une tumeur (Huang et al., 2006). L'énergie lumineuse d'une
onde électromagnétique est capable d'exciter les électrons de surface des NPs d'or, formant
des plasmons localisés qui émettent une onde évanescente. Les NPs absorbent l'énergie du
faisceau lumineux à une longueur d'onde donnée en fonction de leur taille et de leur forme
(Jain et al., 2008).
36
Deux spécialités pharmaceutiques sont en essais cliniques à savoir Auroshell® en phase I et
Aurimmune® en phase II. D'autres produits sont à l'étude, comme Auritol® en pré-clinique.
Verigene® est une plateforme approuvée en diagnostic in vitro (Schütz et al., 2013).
3.4.b. Le magnétisme
Un autre exemple de stimulus externe est le champ magnétique, par ailleurs très étudié.
L'avantage d'utiliser un champ magnétique est la possibilité de combiner plusieurs
propriétés. En effet, il est possible d'utiliser un champ magnétique permanent pour guider
les NPs, mais aussi d'utiliser un champ magnétique alternatif pour augmenter la
température (l'hyperthermie). Ces possibilités diverses permettent d'envisager leur
utilisation à la fois pour la thérapie avec la délivrance de principe actif (guidage et
délivrance), mais aussi d'y associer le diagnostic par imagerie en résonance magnétique
(IRM) en tant qu'agent de contraste (Barrow et al., 2015). Cette combinaison récente est
dite "théranostique" pour l'alliance entre la thérapie et le diagnostic.
Dans ce contexte, les NPs les plus étudiées sont les SPIONs pour « SuperParamagnetic Iron
Oxide Nanoparticles ». Les SPIONs sont de petites NPs synthétiques de maghémite (γ-Fe2O3),
d'hématite (α-Fe2O3) ou de magnétite (Fe3O4). D'autres NPs composées d'un alliage d'oxyde
de fer et d'ions métalliques tel que le cuivre, le cobalt, le nickel ou le manganèse présentent
également des propriétés superparamagnétiques et entre dans la catégorie des SPIONs.
Mais dans les applications médicales, les SPIONs les plus utilisés restent pour l'instant les
NPs de magnétite et de maghémite en raison d'une meilleure biocompatibilité (Wahajuddin
& Arora, 2012).
L'origine du magnétisme de certains éléments est liée au courant formé par le déplacement
de charges, dépendant de la structure atomique et de la température (Estelrich et al., 2015).
En diminuant la taille de particules magnétiques jusqu'à une valeur critique (exemple :
128nm pour les NPs sphériques de magnétite (Kandasamy & Maity, 2015)), celles-ci
deviennent alors superparamagnétiques (Krishnan et al., 2006). Le superparamagnétisme se
caractérise par une aimantation forte dès l'application d'un champ magnétique, et un arrêt
spontané dès l'arrêt de ce champ. Cette particularité est liée au nombre de domaines de
Weiss (ou domaines magnétiques) formés dans la particule. Un domaine magnétique se
réfère à un volume dans lequel tous les moments magnétiques sont alignés dans la même
37
direction. Les NPs superparamagnétiques ne contiennent ainsi qu'un seul domaine, alors
qu'à l'inverse, les matériaux macrométriques se divisent spontanément en plusieurs
domaines (Figure 10) (Dave & Gao, 2009, Estelrich et al., 2015). Lors de l'application d'un
champ magnétique externe, l'ensemble des domaines vont s'aligner avec ce champ
magnétique jusqu'à ne former qu'un seul domaine. Les SPIONs n'étant formées que d'un
domaine unique, celles-ci fournissent alors une réponse magnétique bien plus forte et plus
rapide à l'application d'un champ magnétique que les matériaux multidomaines (Figure 10)
(Dave & Gao, 2009, Kodama, 1999).
En général, les SPIONs de Fe3O4 sont plus largement étudiées car plus simple à synthétiser.
Même si la maghémite (γ-Fe2O3) est chimiquement plus stable, les deux types de nano
oxydes n'ont pas été comparés en détail. En revanche, les SPIONs de Fe3O4 ont une
aimantation de saturation plus élevée (Barrow et al., 2015).
Les propriétés de surface des SPIONs sont essentielles pour leurs différentes applications. Un
recouvrement organique ou inorganique est formé autour des SPIONs pour créer une
coquille dans laquelle un principe actif est chargé. Plusieurs types de coquilles peuvent être
utilisés pour recouvrir les SPIONs (Shubayev et al., 2009):
38
Ø Organiques (dextran, chitosan, PEG, polysorbate, liposomes, peptides, etc.)
Ø Inorganiques (métaux, silice, etc.)
Ces NPs peuvent donc être suivies à distance en imagerie par résonance magnétique (IRM).
Différents types de cœur/coquille utilisant le magnétisme pour l'imagerie (IRM) ou
l'hyperthermie ont été étudiés, comme des liposomes magnétiques (Marie et al., 2015,
Martina et al., 2007, Pradhan et al., 2017, Shah et al., 2016) ou des NPs de PLGA (Liu et al.,
2017a, Mosafer et al., 2017, Sivakumar et al., 2017) par exemple. Plusieurs systèmes à base
de dextran ont par ailleurs été mis sur le marché comme Endorem® (1996) ou Resovist®
(2001) pour l'imagerie médicale (Schütz et al., 2013).
Ces dernières années, plusieurs stratégies de synthèse ont été testées pour encapsuler un
cœur magnétique à l'intérieur d'une coquille de silice mésoporeuse, élargissant les
applications de la nanomédecine (Wang & Gu, 2015). Cependant, le processus de nucléation
hétérogène réalisé en surface d'un cœur de fer pour former une structure finale
cœur/coquille était un verrou technique critique. En 2006, Kim et al. ont rapporté pour la
première fois la réussite de l'encapsulation de plusieurs nanocristaux magnétiques
39
hydrophobes de 12 nm dans des sphères de silice mésoporeuse en utilisant une méthode de
croissance en phase liquide, dénommée méthode sol-gel (Figure 11) (Kim et al., 2006, Wang
& Gu, 2015).
Dans cette méthode, les NPs de magnétite (Fe3O4) sont stabilisées dans une phase organique
avec de l'acide oléique, puis transférées dans une phase aqueuse par mélange avec un
tensioactif de type ammonium quaternaire, le cetyltrimethylammonium bromide (CTAB). Au
cours de la réaction sol-gel, les NPs magnétiques chargées positivement jouent le rôle de
"graines", c'est à dire que par hydrolyse et condensation, la formation d'une coquille de
silice mésoporeuse va s'effectuer autour par interactions électrostatiques à partir d'un
précurseur organosilane (le TEOS par exemple, tetraethyl-orthosilicate) dans la solution
aqueuse contenant du CTAB (Li et al., 2012). Le CTAB ne joue pas uniquement le rôle d'agent
de transfert mais aussi de support à la formation de la mésostructure, le silicate se
condensant autour du gabarit micellaire formant ainsi des structures ordonnées de silice.
Cette même équipe a par la suite amélioré cette synthèse, créant des NPs monodisperses
supposées contenir un cœur unique de Fe3O4 au centre d'une coquille de silice mésoporeuse
(Figure 12) (Kim et al., 2008).
Le contrôle de la taille des pores est une des caractéristiques élémentaires de ce système car
il régit directement le type de molécule encapsulable au sein de la mésostructure. La taille
des pores peut être finement choisie en utilisant des tensioactifs différents tel que la série
des CTAB (C14TAB, C16TAB, C18TAB) pour des pores de 2.4 à 3.4 nm, ou en employant des
agents d'élargissement des pores comme le TMB/décane (1,3,5-trimethylbenzene) pouvant
aller jusqu'à 6,1 nm de diamètre (Zhang et al., 2011).
40
Figure 12. Schéma de la procédure améliorée de la synthèse de nanoparticules magnétiques de
silice mésoporeuse selon Kim et al. (Kim et al., 2008).
Les M-MSNs sont des NPs à très fort potentiel car elles combinent tous les avantages offerts
par les différents systèmes nanovectorisés : un cœur de fer permettant d'interagir avec un
stimulus externe et une coquille de silice entièrement fonctionnalisable qui, par sa structure,
permet l'encapsulation de molécules diverses. Cette diversité permet d'imaginer
l'association de la thérapie et du diagnostic avec une même plateforme nanoparticulaire. Un
tel système maîtrisé permettrait d'effectuer un pas supplémentaire vers la médecine
personnalisée, permettant d'adapter les modes de dosage et de distribution à la réponse
biologique d'un patient.
De nombreuses études sont réalisées avec les M-MSNs, que ce soit dans l'imagerie médicale,
la réponse à un stimulus ou la délivrance de principe actif. Les prochains paragraphes
illustreront ces trois possibilités souvent combinées.
L'IRM est une technique médicale puissante et non invasive permettant un diagnostic
anatomique de grande précision. Cette technique est basée sur le phénomène de résonance
magnétique nucléaire du proton de l'hydrogène, composant majeur de l'eau contenue dans
l'organisme. Cette particularité offre une pénétration tissulaire illimitée et une excellente
résolution spatiale (Wang & Gu, 2015). Ce sont les propriétés du spin du proton de
l'hydrogène qui sont mises à profit dans cette technique. A l'activation d'un champ
magnétique puissant, les protons passent d'un état fondamental à un état excité puis
41
reviennent à leur état fondamental. Une image est ainsi reconstituée en fonction de
l'intensité du signal, dépendant des paramètres magnétiques de chaque tissu. Ces
paramètres sont appelés temps de relaxation, et correspondent au temps de retour à
l'équilibre des atomes d'hydrogène après excitation par l'onde électromagnétique. Il existe
deux types de temps de relaxation, symbolisés par T1 et T2, correspondant respectivement à
la relaxation longitudinale et transversale. Ainsi, la conjonction de séquences d'excitation
différentes permet d'identifier les différents tissus solides, liquides, graisseux, tissus
tumoraux ou inflammatoires. Les os cependant n'émettent pas de signaux car ils sont
dépourvus d'eau (Wang & Gu, 2015).
Certains cas pathologiques requièrent l'utilisation d'agents de contraste afin d'en améliorer
le diagnostic. Par exemple, le Gadolinium (Gd) est utilisé en complexe avec des ligands. Le
Gd est un des métaux capables de jouer sur le temps de relaxation T1 des molécules d'eau,
situées à proximité, par interaction avec ses électrons non appariés. En IRM, cela se
matérialise par une gamme d'intensité de signal plus grande permettant de mieux détecter
des tissus pathologiques inflammatoires ou tumoraux (McDonald et al., 2015). Cependant,
certains agents de contrastes à base de Gd présentent des complications de types fibrose
systémique néphrogène chez des patients ayant des dysfonctionnements rénaux (Kim et al.,
2011, McDonald et al., 2015).
Une étude a été réalisée en 2011 par Yang et al. traitant de l'amélioration des signaux T1 et
T2 en IRM avec des NPs magnétiques de silice marquées au Gd (Yang et al., 2011). Après
réalisation de la coquille de silice, les auteurs ont créé des groupements amine en surface, ce
42
qui a permis la conjugaison covalente de complexes à base de Gd (Gd-DTPA,
diethylenetriamine pentaacetic acid) et de peptides RGD (Arginine-Glycine-Acide Aspartique)
en tant que molécules de ciblage. Ces constructions qui ne présentent qu'une très faible
toxicité in vitro (200µg/mL, 20% de perte de viabilité maximale) sur des cellules U-87 MG
(glioblastome cérébral), ont été testées in vivo en IRM sur des souris modèles à un dosage de
16mg/kg par injection. A partir de 24h après injection, les images issues d'IRM des
xénogreffes tumorales sont significativement améliorées, avec une intensité deux fois plus
importante pour le signal positif T1 et une baisse de 70% de l'intensité du signal T2. Les
auteurs n'ont observé qu'une petite portion des particules localisées dans le foie.
Ces résultats démontrent que ce type de construction nanoparticulaire permet d'obtenir des
diagnostics plus précis par exposition combinée de deux agents de contraste (cœur de fer,
Gd), augmentant considérablement la sensibilité et la spécificité en imagerie médicale (Yang
et al., 2011).
La combinaison de NPs magnétiques avec une coquille de silice mésoporeuse est très
prometteuse car elle permettrait la synergie possible entre la production localisée de
chaleur et la libération contrôlée d'un principe actif. D'après Martin-Saavedra et al., les M-
MSNs s'internalisent dans plusieurs lignées cellulaires cancéreuses humaines et n'induisent
pas de changements morphologiques ou métaboliques. A l'application d'un champ
magnétique alternatif de 100 kHz à 200 Oe (œrsted), la réponse des M-MSNs a donné lieu à
une élévation significative de la température, avec une perte de viabilité efficace des cellules
tumorales (Martín-Saavedra et al., 2010). Outre l'effet délétère que peut procurer la
température directement sur les cellules, l'hyperthermie a été testée pour libérer des
molécules ou des protéines transportées par les M-MSNs via des constructions
thermosensibles (Baeza et al., 2012). Baeza et al. ont créé une structure polymérique
43
thermosensible greffée en surface des M-MSNs qui agit comme un portail sur les pores,
retenant le principe actif à l'intérieur de la silice mésoporeuse à température ambiante, la
libération ne se produisant qu'à partir de 40°C (Figure 13).
Figure 13. Représentation schématique de la libération d’un principe actif par augmentation de la
température. Illustration de Baeza et al. (Baeza et al., 2012).
D'autres constructions ont été testées, comme des designs à base d'ADN par exemple. Ruiz-
Hernandez et al. ont immobilisé à la surface de M-MSNs de l'ADN monocaténaire et par
hybridation avec le brin complémentaire, l'ADN a permis le blocage des pores de la silice
(Ruiz-Hernández et al., 2011). Cette construction est ainsi réactive à la température, libérant
la molécule contenue dans la mésostructure de silice par dénaturation des brins d'ADN.
Ainsi, l'ensemble de ces travaux démontre la possibilité de créer des systèmes contrôlables à
des fins thérapeutiques.
En 2001, Huang et Brazel ont écrit que bien que le phénomène de "burst release" n'ait pas
été totalement ignoré, aucune description précise n'a été faite jusqu'alors (Huang & Brazel,
2001). Le "burst release" est défini aujourd'hui comme une délivrance non contrôlée d'une
large partie du principe actif encapsulé, immédiatement après contact avec le milieu
biologique (comme le sang après injection par exemple). C'est parce que ce phénomène est
extrêmement rapide comparé au processus total de délivrance qu'il n'a pas été étudié et
même parfois ignoré de nombreux modèles mathématiques (Huang & Brazel, 2001).
Dans des situations précises, cette délivrance rapide peut être considérée comme un
avantage. Par exemple lorsque la demi-vie in vivo d'une molécule encapsulée est très faible
44
ou que son activité chimique ou biologique est très courte. Néanmoins, le contournement de
cette libération explosive du principe actif est nécessaire car ce phénomène est dangereux
et inefficace d’un point de vue pharmacologique. Les M-MSNs permettent ainsi d'envisager
un grand nombre de stratégies pour encapsuler et délivrer une molécule active. Mais
surtout, il est possible de déclencher cette délivrance de manière contrôlée grâce aux
nombreuses fonctionnalisations possibles (Knezevic et al., 2013), comme vu précédemment
avec l'hyperthermie par magnétisme. Les systèmes de délivrance répondant à des
stimulations semblent être une voie d’avenir pour localiser les efforts thérapeutiques sur
une zone précise. D'autres exemples concrets de libération contrôlée sont reportés dans la
littérature. Par exemple, le pH extracellulaire des tumeurs solides étant considéré comme
inférieur à celui des tissus sains (Stubbs et al., 2000) (par acidification du
microenvironnement dû à la sécrétion d'acides lactiques issus d'une glycolyse exacerbée
dans de nombreuses tumeurs), il peut être exploité à des fins de délivrance programmée.
Chang et al. en 2011 ont créé une structure M-MSNs fonctionnalisée avec un polymère pH-
sensible (Chang et al., 2011). La doxorubicine maintenue dans les pores de la mésostructure
de silice est ainsi délivrée de manière optimale à pH 5.0 et non à pH 7.4.
De nombreux tests ont été ainsi effectués afin d'allier les bénéfices du cœur de fer et de la
coquille de silice mésoporeuse, et l'ensemble des résultats est très prometteur (Biswas,
2017, Knezevic et al., 2013, Singh et al., 2011, Yang et al., 2017, Zhang et al., 2012).
Néanmoins d'après Schütz et al., aucune spécialité pharmaceutique à base de M-MSNs n'est
actuellement en phase clinique ou autorisé par les instances règlementaires (Schütz et al.,
2013). En effet, les M-MSNs souffrent des mêmes problématiques que les autres types de
NPs et de nombreux verrous demeurent. Les études d'interactions à l'interface nano-bio, si
elles sont effectuées systématiquement, fourniront des directives rationnelles pour créer de
futurs nanosystèmes utiles en médecine. Il est peu probable qu'une conception unique ou
un matériau seul soit capable de guider une NP dans l'organisme entier, mais l’avancée des
connaissances dans ce domaine est un axe majeur pour l'avenir de la nanomédecine (Chan,
2017).
45
4. Evaluation de la biocompatibilité et de la toxicité des
nanovecteurs
Alors comment concevoir des nanomédicaments sécurisés ? Une option intéressante est
d'inclure directement dans le processus de conception l'idée de sécurité biologique, dans
une stratégie dite de « safety by design » (Nyström & Fadeel, 2012). Cette stratégie allie
l'évaluation de la sécurité à la conception même des nanovecteurs, permettant ainsi
d'anticiper certains effets indésirables. Cette approche consiste à définir à l'avance
l'ensemble des critères à prendre en compte dans la conception d'un nanovecteur, à savoir :
la biocompatibilité avec les tissus sains, la capacité de délivrance (incluant le ciblage,
46
l'encapsulation et la libération du principe actif), la biodégradabilité ou le potentiel
d'excrétion, la traçabilité (ex : théranostic), et la possibilité d'être synthétisé de façon
robuste et reproductible.
Néanmoins, bien que certaines propriétés puissent facilement être anticipées et intégrées
dans la conception (ex: besoin d'un recouvrement pH-sensible), ce n'est pas le cas des
interactions avec le vivant qui sont difficilement prévisibles. De ce fait, avant que les
nanovecteurs puissent devenir une réalité clinique, il est nécessaire d'évaluer plus en détail
les questions de toxicité et de biocompatibilité des NPs. La biocompatibilité peut se résumer
globalement par l'innocuité des relations entre les NPs et leur environnement biologique
(Kohane & Langer, 2010), alors que la toxicité concerne les réponses biologiques indésirables
liées aux propriétés physico-chimiques des NPs, et l'évaluation du risque qu'elles
représentent (Kunzmann et al., 2011).
Il existe un grand nombre de publications concernant la toxicité des NPs. Cependant, il est
difficile de comparer ces études entre elles et d'en dégager des conclusions consensus. L'une
des raisons expliquant ces différences provient d'un manque de caractérisation des NPs
avant d'effectuer des tests de toxicité. En effet, après avoir été synthétisées, les NPs doivent
être caractérisées afin d'en connaître les propriétés physico-chimiques (Orts-Gil et al., 2011,
Thomassen et al., 2010). Il est important de distinguer les différences de propriétés
intrinsèques des NPs car elles vont gouverner la majeure partie des interactions qui vont se
47
produire dans un milieu biologique. Ceci est d'autant plus vrai dans un contexte médical où
les lots de réactifs et de médicaments doivent être les plus proches possible les uns des
autres. Ainsi, certaines propriétés physico-chimiques des NPs apparaissent comme
particulièrement importantes à caractériser (Stone et al., 2010). Quelques-unes sont
présentées dans le tableau ci-après (Table 3).
La diversité des paramètres physico-chimiques des NPs soulève toutefois quelques questions
particulières, notamment celle de la transposition des effets toxiques d'un type de NPs à un
autre. Bien que les méthodes de caractérisation présentées dans la table 3 soient
"classiques", il subsiste tout de même des variations de résultats entre les laboratoires qui
les mettent en œuvre ; ce constat conduit de fait à la nécessité de mettre en place des
méthodes standardisées. Pour certains matériaux (les nanotubes de carbone par exemple), il
est possible de trouver quelques standards édités par l'OCDE (Organisation de Coopération
et de Développement Economiques) ou l'ISO (Organisation Internationale de Normalisation),
mais cela reste encore aujourd'hui très limité et insuffisant au regard de la grande diversité
des NPs utilisées.
48
et des particules fines issues de la pollution de l'air (PM10 = particules de dimension
inférieure à 10 µm). D’autre part la virologie, à la fois pour des raisons de taille de particules
et d'interaction avec les cellules humaines, a contribué à alimenter ce champ disciplinaire
(Oberdörster et al., 2007) (Figure 14). Aujourd'hui, la nanotoxicologie est un des domaines
les plus préoccupants de la toxicologie, en raison du développement fulgurant des
nanomatériaux (Hobson, 2016).
Les NPs ont longtemps été considérées équivalentes aux produits chimiques par les
instances de toxicologie règlementaire (Hartung, 2010). Cet amalgame vient du fait que la
toxicologie interprète l'impact d'un produit sur le vivant et doit en évaluer le risque ; ce qui
est valable pour n'importe quel produit potentiellement toxique. Cependant, les méthodes
utilisées et les interprétations qui en découlent doivent être adaptées afin de prendre en
compte les différences qui subsistent entre les substances chimiques et les NPs. Pour ce
faire, c'est vers les propriétés très particulières des NPs qu'il faut se tourner. Le terme même
de "nanotoxicologie" est d'ailleurs né de la prise de conscience que les particules ultrafines
inhalées pouvaient avoir des effets toxiques différents en comparaison de ceux induits par
de faibles quantités de la même substance chimique à l’état non nanoparticulaire (Hobson,
49
2016). Schématiquement, la différence entre une substance chimique et une NP peut être
représentée, d'une part, par une molécule aux caractéristiques connues, et d'autre part, par
un objet polymorphe souvent mal caractérisé. Ainsi aujourd'hui, on admet que la taille, la
forme, les propriétés de surface, la charge et autres caractéristiques des NPs peuvent
profondément modifier leurs effets toxiques et leurs modes d'actions (Hobson, 2016). Par
exemple, là où des produits chimiques toxiques inhalés provoquent une inflammation aigüe
sur l'ensemble des tissus atteints (nasaux, broncho-alvéolaires), les NPs se déposent et
agissent au niveau pulmonaire uniquement selon une distribution spatiale étroitement liée à
leurs formes et leurs tailles. Par conséquent, les problématiques posées par ces deux types
de substances ne sont pas les mêmes et des mécanismes différents sont à prendre en
compte lorsqu'il s'agit de NPs. Dans le cas de la toxicité pulmonaire des NPs, la clairance
pulmonaire, la prise en charge par des macrophages ou encore, l'influence des fluides
(mucus, surfactant alvéolaire) sont des mécanismes à prendre en compte (Kagan et al.,
2005). La nanotoxicologie fait appel à de multiples champs disciplinaires tels que la chimie, la
physique, la biologie et la toxicologie (Kunzmann et al., 2011).
Lors des tests d'évaluation de la toxicité, les doses des NPs doivent être choisies de manière
appropriée. D'après Oberdörster et al., de nombreuses études utilisent des doses
extrêmement élevées, et les résultats toxicologiques qui en découlent doivent être
interprétés avec précaution (Oberdörster, 2010). Une évaluation approfondie des effets
adverses et des effets désirables en relation avec des doses appropriées est donc nécessaire
pour les applications nanomédicales des NPs. L'évaluation du risque posé par les NPs doit
également prendre en considération la pharmacocinétique et la biopersistance, en tenant
compte des spécificités de ces nanomatériaux.
50
· L'agrégation -l'agglomération
Les NPs ont une propension à s’unir pour donner naissance à des agrégats ou à des
agglomérats. Ces phénomènes sont très communs mais difficilement prédictibles. Ils se
différencient par l'intensité des forces qui maintiennent les NPs entre elles : on parle
d’agrégats en présence de liaisons chimiques fortes et d’agglomérats en présence de liaisons
physiques faibles. Les NPs peuvent plus ou moins s'agréger ou s'agglomérer dans des
liquides ou dans l'air (Figure 15) et former des complexes pouvant atteindre des dimensions
de plusieurs microns, provoquant ainsi des réponses différentes vis-à-vis du vivant
(Oberdörster et al., 2007).
51
états inflammatoires ; alors qu'il en est tout autre lors de l'administration de NPs
(Oberdörster, 2010).
Table 4. Différences observées selon la taille des particules lors d'une exposition par voie
respiratoire. Adapté de (Oberdörster, 2010)
L'homme ou l'environnement peuvent être exposés aux NPs sous forme libre mais aussi sous
forme agglomérée ou agrégée. La voie d’exposition est extrêmement importante. Il est
important de noter qu'en nanomédecine, en particulier pour l’injection dans le flux sanguin,
l'agrégation est proscrite car le risque d'embolie est trop important. Des approches visant à
disperser les NPs existent (par exemple les ultrasons), mais leur utilisation peut modifier
l’état des charges de surface des NPs. Ainsi, les différences de comportement qui peuvent
exister entre des NPs d’une substance et leurs homologues de plus grandes tailles exigent
une caractérisation physico-chimique poussée des matériaux utilisés pour l'évaluation du
risque toxicologique.
52
· La dosimétrie
53
Figure 16. Ensemble de paramètres pouvant modifier la dose effective de NPs sur cellules in vitro.
Adapté de Teeguarden et al. (Teeguarden et al., 2007).
54
greffées en surface, telles que des anticorps ou encore des peptides. Un travail récent de
Mirshafiee et al. a démontré que des NPs fonctionnalisées avec des Immunoglobulines (IgG)
perdent leur capacité de ciblage parce qu'elles sont spontanément recouvertes par d'autres
protéines sériques (Figure 17) (Mirshafiee et al., 2013).
Figure 17. Schéma simplifié de la corona recouvrant les ligands de ciblage en surface de NPs.
Illustration de Mirshafiee et al. (Mirshafiee et al., 2013).
De plus, il faut garder à l’esprit le fait que la formation de la corona est intrinsèquement liée
à l'opsonisation puisque les opsonines font partie intégrante des protéines sériques jouant
un rôle important dans la reconnaissance de corps étrangers (non soi) présents dans la
circulation sanguine (Tenzer et al., 2011). Certains auteurs ont décrit la corona comme étant
divisée en deux compartiments : la « hard » et la « soft » corona (Monopoli et al., 2012). Ces
deux compartiments sont différenciés par les temps d'échanges qui peuvent se produire
entre les NPs et les protéines, intimement liés à leurs affinités mutuelles. D'après Monopoli
et al., seule une fraction des protéines du sang se lie aux NPs, soit quelques dizaines de
protéines sur les quelques 3700 identifiées (Monopoli et al., 2012). Toujours d'après cette
équipe, ces protéines correspondent rarement aux plus abondantes dans le plasma, et ne
sont pas forcément celles qui ont les affinités individuelles les plus fortes avec la surface des
NPs.
Bien que la présence d'une soft corona n'ait jamais vraiment été démontrée car ces
protéines ont de trop faibles interactions et se dissocient pendant les processus
expérimentaux (Tenzer et al., 2011), la hard corona conserve une certaine stabilité qui
55
permet de l’identifier (Casals et al., 2010, Lundqvist et al., 2008, Tenzer et al., 2011, Walczyk
et al., 2010). Le contact entre des NPs et les différents environnements biologiques qu'elles
rencontrent va donner lieu à divers échanges protéiques au fil du temps (Lundqvist et al.,
2011). La corona, dont la composition peut ainsi être influencée par l'ensemble des
environnements rencontrés et non uniquement par leur premier contact, pourrait ainsi être
la "mémoire" du trajet des NPs dans l'organisme, comme illustré dans la figure 18 selon
Monopoli et al. (Monopoli et al., 2012).
Figure 18. Evolution de la corona autour d’une nanoparticule à travers l’organisme. a) Un exemple
de NPs inhalées jusqu’aux alvéoles pulmonaires. b) Une corona se forme par contact avec les fluides
pulmonaires. c) Les NPs traversent les cellules alvéolaires pour atteindre la circulation sanguine. Dans
ces cellules et le sang, les NPs adsorbent de nouvelles protéines spécifiques à ces environnements.
Illustration de Monopoli et al. (Monopoli et al., 2012).
Au vu de cette propriété particulière des NPs, une question se pose alors: faut-il limiter ou
contrôler la formation de la corona ?
De nombreuses études montrent les effets du PEG en surface des NPs sur la formation de la
corona (voir partie « PEGylation »). Néanmoins, bien que ces modifications réduisent les
interactions avec des biomolécules, cette adsorption se produit tôt ou tard (Hamad et al.,
2010, Kim et al., 2007, Pozzi et al., 2014). Par exemple, la production d'IgM anti-PEG par
l'organisme conduit à une opsonisation possible des NPs dès la seconde administration
(Ishida & Kiwada, 2008). Ce type de modification pourrait conduire à des conséquences
biologiques imprévues (Monopoli et al., 2012). Prévenir la formation d’une corona autour
56
des NPs ne semble donc pas être la solution la plus appropriée à l'utilisation des NPs dans le
domaine médical.
Une alternative serait d'en contrôler la formation. De nombreux auteurs ont montré que la
corona protéique affecte les interactions des NPs avec les cellules (Fleischer & Payne, 2014,
Lesniak et al., 2012, Lesniak et al., 2013, Zhu et al., 2009, Zhu et al., 2012), leur localisation
intracellulaire (Qiu et al., 2010), leur biodistribution ou leur physiopathologie (Monopoli et
al., 2012, Tenzer et al., 2013, Tenzer et al., 2011). En 2016, Mirshafiee et al. ont réalisé une
étude sur l’orientation de la formation de la corona et ont utilisé sa composition en tant
qu'outil de ciblage de macrophages. En pré-recouvrant les NPs d'immunoglobulines ou
d'albumine sérique humaine, les auteurs ont observé que la composition de la corona
résultante après introduction dans du plasma humain avait été modulée par les protéines
initialement présentes (Figure 19) (Mirshafiee et al., 2016).
Figure 19. L’abondance normalisée des protéines identifiées dans la corona en LC-MS/MS en
fonction de leur classification protéique. Corona-UC : NPs fonctionnalisées par de l’acide
carboxylique ; Corona-HSA : NPs recouvertes d’albumine sérique humaine ; Corona-GG : NPs
recouvertes de gammaglobulines. Figure issue de Mirshafiee et al. (Mirshafiee et al., 2016).
57
Perry, 2012, Sakulkhu et al., 2014). Cette problématique demeure un enjeu majeur à la fois
pour la nanomédecine, mais également dans les domaines de la toxicologie in vitro et in
vivo.
Figure 20. Propriétés cinétiques des NPs dans l’organisme. Dans ce schéma, les processus d’ADME
sont indiqués. L’exposition interne est la part de la dose externe qui atteint la circulation systémique.
Les flèches représentent les routes confirmées des NPs. Les lignes en pointillés représentent les
routes hypothétiques. Illustration de Hagens et al. (Hagens et al., 2007).
58
· Absorption et résorption
Voie par injection. Il existe différentes manières d'injecter des NPs afin d'atteindre des
organes ou des tissus cibles. Les NPs administrées par injection non-intraveineuse, c'est à
dire les voies sous-cutanée, intradermique, intramusculaire ou intrapéritonéale, doivent être
absorbées afin d'atteindre une cible tissulaire ou organique éloignée du site
d'administration. Néanmoins, ces différentes routes d'administration ont été étudiées pour
une délivrance de nanovecteurs à un niveau local ou destinée à pénétrer le système
lymphatique (Lee et al., 2009, Maincent et al., 1992, Moghimi, 2003), plutôt que la
circulation systémique. En effet, par injection intradermique, les NPs sont phagocytées par
les macrophages et les cellules dendritiques du derme puis accumulées au niveau des nœuds
lymphatiques (Nishioka & Yoshino, 2001, Oberdörster Günter, 2005), alors que les NPs
injectées directement dans la circulation sanguine rencontrent, quant à elles, le système
immunitaire via l'opsonisation et requièrent des stratégies complexes de furtivité (voir partie
« Interactions avec les biomolécules »).
Voie topique. L'exposition de NPs sur la peau a bénéficié d’une attention particulière ces
dernières années en raison des potentielles opportunités que cette application pourrait
engendrer aux niveaux industriel, médical et cosmétique. Récemment, une formulation à
59
base de NPs polymériques a été utilisée en application cutanée pour le traitement de l'acné
(Ramezanli et al., 2017), apportant de nouvelles solutions thérapeutiques. L'industrie des
textiles utilise aujourd'hui des NPs d'argent pour leurs propriétés antibactériennes (Lee et
al., 2003). Des NPs (TiO2, ZnO) sont également présentes dans des produits cosmétiques et
des crèmes solaires. Si la pénétration de la barrière cutanée par les NPs est encore un sujet
controversé, certaines revues récentes relient cette pénétration à des tailles de NPs
inférieures à 45nm pour une peau endommagée, et à 4 nm pour une peau saine et
possiblement par la voie des follicules pileux (Labouta & Schneider, 2013, Larese Filon et al.,
2015).
Voie de l'ingestion. Cette voie se caractérise par la présence de deux barrières majeures : le
mucus et l'épithélium gastro-intestinal (GI). Le mucus est un liquide viscoélastique et adhésif
qui protège les cellules de plusieurs tissus. La plupart des particules ingérées sont piégées
dans cette couche de mucus qui crée ainsi une barrière protective significative au-dessus de
l'épithélium (Lai et al., 2009). Son renouvellement continu par excrétion dirige les NPs ainsi
piégées vers les fèces, ce mécanisme pouvant prendre plusieurs heures en fonction de leur
localisation anatomique. D'après une revue de Des Rieux et al., des études ont montré que
des microparticules polymériques de 4µm ne sont pas endocytées par les cellules
intestinales (des Rieux et al., 2006, Lamprecht et al., 2001). Néanmoins, ces NPs
polymériques (les plus stables en condition GI) sont une alternative prometteuse car elles
protègent efficacement le principe actif de l'environnement biologique avec une distribution
uniforme dans le tractus GI (des Rieux et al., 2006). Les barrières rencontrées lors d'une
exposition par voie orale sont nombreuses et les NPs doivent ainsi être capables de résister
dans la lumière intestinale, de traverser le mucus, de s'associer à la surface apicale des
cellules intestinales et de traverser l'épithélium pour atteindre le système lymphatique ou la
circulation systémique.
Voie de l'inhalation. De la même manière que dans le cas de l’ingestion, les NPs inhalées
sont confrontées à un mucus présent dans la partie trachéobronchique. Les NPs qui se
déposent dans cette zone sont éliminées par les mouvements mucociliaires, mais peuvent
aussi diffuser à travers le mucus pour atteindre l'épithélium. La partie alvéolaire des
poumons est dépourvue de mucus mais contient une fine couche de surfactant qui permet
de conserver l'intégrité structurelle des alvéoles. Les alvéoles ont une surface très large, et
60
leur contact avec les vaisseaux sanguins font de cette région un site avantageux pour le
passage des NPs dans la circulation sanguine (Yang et al., 2008).
Voie nasale. D'après Elder et al., les NPs déposées dans la région olfactive sont adsorbées
vers le système nerveux central (Elder et al., 2006). Ainsi, cela suggère que la voie nasale
pourrait servir de porte d'entrée pour les NPs dans le cerveau, celui-ci étant protégé par la
solide barrière hémato-encéphalique (Borm & Kreyling, 2004). Ces études sont d'un intérêt
considérable à la fois pour la délivrance de molécules thérapeutiques au cerveau, mais aussi
pour l'impact neurotoxicologique de l'exposition aux NPs environnementales par inhalation.
· Distribution
Quelle que soit la voie d'administration d'un médicament, il est, dans tous les cas, distribué
dans l'ensemble de l'organisme à travers les différents liquides et tissus. La distribution est
généralement composée de deux phases, une phase liquide (lymphatique, plasmatique) et
une phase tissulaire. La notion de transport du principe actif est en général primordiale.
Dans le cas des NPs à visée médicale, plusieurs études ont montré que tous les tissus et
organes sont atteignables en utilisant les voies classiques d'administration (Hagens et al.,
2007). Néanmoins, la biodistribution diffère fortement en fonction de la nature et des
propriétés physico-chimiques des NPs. On peut lister un certain nombre de facteurs qui
influencent la biodistribution :
· L'interaction quasi instantanée avec les biomolécules du sang qui provoque des
changements en surface, modifiant les propriétés physico-chimiques des NPs (voir partie
« interactions avec les biomolécules »).
· L'interaction avec les cellules sanguines. Certains types de NPs (or et oxyde de titane),
ont été localisés à l'intérieur de globules rouges (Rothen-Rutishauser et al., 2006).
· La structure de l'endothélium vasculaire. L'endothélium peut être structuré de
différentes manières à savoir continue, discontinue ou fenêtrée. L'endothélium fenêtré
se distingue des autres structures par la présence de perforations d'environ 60nm,
caractéristiques des zones ayant des besoins d'échanges moléculaires importants
(intestin, reins, glandes endocrines, muqueuse digestive). L'endothélium discontinu,
61
quant à lui, est propre au foie et à la rate, et présente des pores allant de 50 à 100 nm
(Gentile et al., 2008).
· Le système lymphatique. Présent dans l'ensemble des tissus de l'organisme (excepté les
cartilages, la cornée et le système nerveux central), le fluide lymphatique se déplace
dans des capillaires à travers les ganglions en direction de la circulation sanguine. La
nature perméable de l'endothélium lymphatique permet aux macromolécules,
pathogènes, ou NPs d'y pénétrer. Néanmoins, la protection lymphatique est réalisée par
les macrophages des ganglions qui agissent en tant que filtre. Certaines voies
d'administration telles que l'injection sous cutanée ou intramusculaire (Yim et al., 2009),
mais aussi orale ou pulmonaire (Yang et al., 2008), donnent accès aux voies
lymphatiques. Des études in vivo de NPs lipidiques radiomarquées ont mis en évidence
leur localisation de manière significative dans le système lymphatique chez le rat après
inhalation (Videira et al., 2002).
Cette liste de facteurs n'est pas exhaustive et il est important de noter qu'il existe bien
d'autres facteurs influençant la biodistribution des NPs dans l'organisme, comme la vitesse
du flux sanguin ou l'apport sanguin dans les différents tissus, provoquant alors des taux
variables de transports de NPs en fonction des tissus considérés.
· Métabolisation
Après absorption et distribution, le principe actif peut subir des modifications enzymatiques
consistant à transformer chimiquement la molécule. La biotransformation aboutit à la
formation de différents types de métabolites : inactifs, actifs et/ou toxiques. Cette
métabolisation a majoritairement lieu dans le foie, organe essentiel effectuant de
nombreuses fonctions biologiques comme le stockage, la détoxification ou encore la
production d'acides biliaires.
Le système hépatique. Le foie est un organe volumineux et très vascularisé, séparé en deux
lobes. La vascularisation du foie est complexe et apporte une alimentation en sang
conséquente. Ainsi, l'apport sanguin dans cet organe est réalisé à la fois par l'artère
hépatique et par la veine porte (Figure 21) (Chan, 2017).
62
Figure 21. Le système hépatique. Des NPs (en bleu) injectées dans la circulation sanguine
rencontrent divers organes du système phagocytaire mononucléaire (MPS) comme le foie. En entrant
dans les lobules hépatiques, la vitesse de circulation des NPs se réduit d’un facteur 1000. Différentes
cellules immunitaires ont la capacité d’endocyter/phagocyter ces NPs comme les cellules de Kupffer
et sont responsables de la clairance hépatique des NPs. Adapté de Tsoi et al. (Tsoi et al., 2016) et de
Servier Medical Art.
Ces deux flux sanguins vont se distribuer de manières différentes dans les unités
fonctionnelles du foie, nommées lobules hépatiques. Un lobule est composé d'une veine
centrolobulaire autour de laquelle vont s'organiser des plaques d'hépatocytes alimentées
par le sang (Figure 21). Le circuit de la veine porte provient du système gastro-intestinal, ce
circuit apporte les nutriments essentiels issus de la digestion. L'artère hépatique, quant à
elle, provient du cœur et des poumons et apporte l'oxygène. Le sang va ainsi circuler dans le
lobule et être en contact avec les cellules hépatiques, avant de finir son circuit dans la veine
centrolobulaire. Les cellules de Kupffer (voir partie « Deuxième génération - furtivité et
ciblage passif ») se trouvent à l'intérieur des sinusoïdes, en contact direct avec le sang. Ces
macrophages agissent en tant que sentinelles permettant de supprimer les antigènes
provenant du tractus gastro-intestinal ou de la circulation systémique. Dans l'espace de
Disse, zone entre les cellules endothéliales et les hépatocytes, se trouvent d'autres cellules
immunitaires comme des cellules stellaires ou dendritiques. Enfin, les canalicules biliaires
(CB) présents dans les lobules vont apporter la bile produite par les hépatocytes mais aussi
celle recyclée provenant de la veine porte. En effet, la bile produite dans les canalicules est
63
orientée vers la vésicule biliaire avant d'être utilisée dans le duodénum. La majeure partie de
cette bile est réabsorbée par l'iléon (partie de l'intestin grêle) et renvoyée dans les lobules
hépatiques via la veine porte.
Les hépatocytes ont plusieurs fonctions notamment le stockage du glucose, le stockage des
lipides, et la synthèse de protéines plasmatiques indispensables comme l'albumine, des
protéines de transports ou des facteurs de coagulation. Le rôle majeur de ce type cellulaire
reste néanmoins la métabolisation de substances exogènes et endogènes grâce à des
enzymes spécifiques.
Les réactions enzymatiques de phases I et II. Les enzymes de phases I et II jouent un rôle
central dans la métabolisation, la biotransformation et la détoxification des xénobiotiques
ou composés étrangers qui sont introduits dans l'organisme. Généralement, ces enzymes
métaboliques protègent l'organisme des substances exogènes potentiellement toxiques
provenant de l'environnement. Pour minimiser l’impact néfaste de xénobiotiques, qui
pourraient induire des réponses cellulaires spécifiques et altérer la différenciation, la
prolifération ou l'homéostasie allant jusqu'à la mort cellulaire, divers types cellulaires
produisent ces enzymes en abondance à un niveau basal, en particulier les hépatocytes
(Rushmore & Tony Kong, 2002). Ainsi, les réactions enzymatiques ont pour but de modifier la
structure chimique des composés xénobiotiques afin d'en faciliter l'excrétion. Néanmoins,
dans certains cas, il est possible aussi qu'elles favorisent la toxicité des composés par des
mécanismes de bioactivation. Ces réactions enzymatiques spécifiques ont été catégorisées
en deux phases :
Les enzymes de phases I assurent les étapes d'oxydation, d'hydrolyse et d'hydroxylation des
xénobiotiques qui conduisent à leur excrétion via l'urine ou la bile, ou à la prise en charge
par les enzymes de phases II. Elles sont principalement constituées de la superfamille des
cytochromes P450 (CYP), des enzymes microsomales retrouvées majoritairement dans le
foie, mais aussi dans une moindre mesure dans d'autres tissus tels que tractus GI ou les reins
(Zanger & Schwab, 2013). Chez l'Homme, codées par 57 gènes fonctionnels et 58
pseudogènes (Nelson et al., 2004), quatre familles de CYP (CYP1, CYP2, CYP3, CYP4) sont
connues pour jouer un rôle important dans la métabolisation et la biotransformation des
xénobiotiques dans les zones hépatiques et extra-hépatiques (Rushmore & Tony Kong,
64
2002); les familles 1 à 3 étant jugées d'une importance majeure (Zanger & Schwab, 2013).
Ainsi, une douzaine d'enzymes CYP de ces 3 familles sont responsables de la
biotransformation de près de 80% des substances thérapeutiques utilisées en clinique
(Figure 22A). Les formes les plus exprimées dans le foie sont les CYPs 3A4, 2C9, 2C8, 2E1 et
1A2, tandis que 2A6, 2D6, 2B6, 2C19 et 3A5 restent faiblement exprimés chez l’homme.
L’expression génique de chaque CYP est différente et est influencée par une combinaison de
facteurs impliquant entre autres le polymorphisme génétique, la régulation des cytokines,
ou l'induction par des xénobiotiques.
Les enzymes de phase II (Figure 22B) ont pour fonction de conjuguer sur les substances
xénobiotiques, issues ou non des biotransformations de phase I, des groupements chimiques
qui permettent d'augmenter leur hydrosolubilité. Ces modifications chimiques permettent
ainsi d'éliminer plus facilement ces molécules par l'urine ou la bile. Elles sont constituées de
plusieurs superfamilles, comme par exemple :
65
Ø Les sulfotransférases (SUT) (Gamage et al., 2006)
Ø Les UDP-glucoronosyltransférases (UGT) (Tukey & Strassburg, 2000)
Ø Les époxyde hydrolases (EPH) (Fretland & Omiecinski, 2000)
Ø Les glutathione S-transférases (GST) (Singhal et al., 2015)
Ø Les N-acetyltransferases (NAT) (Jancova et al., 2010)
Ø Les thiopurine S-methyl transferase (TPMT) (Jancova et al., 2010)
Comme dans le cas des CYP, chaque superfamille se décompose en familles et sous-familles
de gènes codant différents isoformes aux spécificités précises de substrat et de localisation
tissulaire. L'excrétion et l'élimination de nombreuses substances xénobiotiques sont ainsi
réalisées par conjugaison. Par exemple, les UGT et les SUT favorisent l'élimination de
molécules contenant un groupe fonctionnel hydroxyle (OH). Cependant dans certains cas,
ces biotransformations entrainent la formation de métabolites actifs et toxiques. Par
exemple, la catalyse par des GST de composés électrophiles avec du glutathion (GSH)
engendre la bioactivation d'intermédiaires réactifs, entraînant possiblement des effets
toxiques au niveau cellulaire (van Bladeren, 2000).
66
A l'inverse, certaines NPs sont dites biodégradables, c'est notamment le cas des NPs de
polymères naturels (BSA, chitosan) ou synthétiques (PLGA, PLA). Ainsi, la plupart des NPs
sont transportées dans le foie via la veine porte ou l'artère hépatique où leur dégradation
est rendue possible. Une étude récente a montré que des NPs magnétiques pouvaient être
dégradées partiellement in vivo et in vitro et que leurs produits de dégradation étaient pris
en charge par les voies métaboliques classiques du fer (Rojas et al., 2017). La dégradation
partielle des NPs d'oxyde de fer est assurée par les cellules de Kupffer, et leurs produits de
dégradation transportés vers les hépatocytes sous une forme associée à la ferritine (Briley-
Saebo et al., 2004).
· Excrétion
Une NP présente dans le système circulatoire peut être excrétée par clairance rénale car elle
pourra être extraite de l'organisme via l'urine par filtration glomérulaire ou sécrétion
tubulaire. Cependant, ce mécanisme dépend de la taille des NPs. D'après Choi et al., la
clairance est fonctionnelle et complète lorsque la taille des NPs est inférieure à 5.5 nm (Soo
Choi et al., 2007). L'excrétion rénale est également possible pour des NPs plus grandes, mais
le mécanisme est plus lent. D'après Lu et al., après injection de NPs de silice mésoporeuse
d'environ 100 nm, plus de 26% de la silice a été détectée dans l'urine après 24h, et près de
95% de la quantité initiale a été excrétée par l'urine et les fèces au 4ème jour (Lu et al.,
2010), dans un rapport de 3 pour 1 dans l’urine par rapport aux fèces. Cependant, du fait
que ces analyses sont généralement réalisées par ICP-MS, il n'est pas possible de déterminer
si pour cette taille de NPs, la silice détectée dans l'urine était sous forme nanoparticulaire ou
solubilisée, et donc dégradée avant passage dans le système rénal. Néanmoins d'après He et
al., des NPs de silice mésoporeuse d'une taille proche de 45 nm ont été détectées dans la
vessie quelques heures après injection intraveineuse (He et al., 2008). De même pour Burns
et al., des NPs de silice de 3.3 et 6.0 nm ont été majoritairement excrétées par filtration
67
rénale (Burns et al., 2009). La clairance rénale semble être la voie dominante d'excrétion des
NPs.
Outre ses fonctions métaboliques, le foie est également capable d'excréter des NPs (Cho et
al., 2009), d'autant plus qu'il est le lieu d'accumulation de nombreuses NPs via
l'opsonisation. Sans pour autant être aussi efficaces que les cellules de Kupffer, les
hépatocytes peuvent également internaliser les NPs. D'après Furumoto et al., des NPs de
polystyrène ont été retrouvées à la fois dans les cellules de Kupffer et dans les hépatocytes
après injection intraveineuse (Furumoto et al., 2001). D'après ces auteurs, une partie des
NPs a ainsi été éliminée à travers le système biliaire.
Il existe d'autres processus d'élimination des NPs sans que celles-ci soient forcément en
contact avec des cellules. C'est le cas par exemple de la clairance pulmonaire à travers les
mouvements mucociliaires, qui permettent de rejeter les NPs à travers le mucus pour
qu'elles soient ensuite éliminées par expulsion pulmonaire ou par les fèces via le système
gastro-intestinal.
« Ce n'est pas le plus fort de l'espèce qui survit, ni le plus intelligent. C'est celui qui sait le
mieux s'adapter au changement. » Charles Darwin.
L'évolution est faite de changements perpétuels qui nous dirigent toujours à un moment de
rupture où l'adaptation devient une évidence. D'après Thomas Hartung dans son chapitre
« Evolution of toxicological science : the need for change » (Hartung, 2017a), la toxicologie
n'a pas toujours été en phase avec le changement. Néanmoins, la tendance actuelle d’une
toxicologie du 21ème siècle, en phase avec la règle bioéthique des 3R (Réduire, Raffiner,
Remplacer) (Russell & Burch, 1959), est à la diminution, voire au remplacement des tests
effectués sur des animaux, bien que donnant régulièrement lieu à des controverses. Les
raisons de cette évolution sont multiples.
68
and Restriction of CHemicals), le TSCA (United States Toxic Substances Control Act) de
1976*3, ou en développant de nouveaux programmes spécifiques à la nanotoxicologie
(Busquet et al., 2014). Selon une extrapolation de données européennes collectées dans
« Regulatory Toxicology: Progress in Law » (Busquet et al., 2014), 5 à 10 millions d'animaux
sont « utilisés » tous les ans uniquement pour la protection de la santé publique et de
l'environnement; et il est raisonnable de penser, au vu des obligations imposées par la
réglementation en matière d'évaluation toxicologique, que ce nombre d'animaux continuera
inévitablement de croître avec l'innovation industrielle.
La deuxième raison est d'ordre économique. Les études toxicologiques sont coûteuses car
elles requièrent des infrastructures particulières régies par des normes (comme les bonnes
pratiques de laboratoire, BPL), où les expériences sont conduites sur de longues durées et
sur des populations animales importantes pour identifier tous les phénomènes toxiques
éventuels et pour obtenir une force statistique suffisante. De plus, les applications, les coûts
et les bénéfices sont très hétérogènes entre l'industrie et le domaine académique (Hartung,
2017b). L'industrie étant particulièrement soumise à la règlementation internationale, c'est
donc en premier lieu le domaine industriel qui souhaite s’adapter. Pour des raisons
économiques, les tests in vivo ne peuvent pas être appliqués à tous les stades de la
production industrielle, que ce soit pour les produits chimiques ou thérapeutiques. En
particulier, en recherche et développement, leur utilisation est remise en question et des
criblages de type in vitro sont souvent mis en œuvre.
La troisième raison est d'ordre éthique. Les aspects éthiques sont délicats car ils sont
dominés par l'opinion publique selon laquelle le recours à l'expérimentation animale ne
devrait intervenir que lorsqu'il n'existe aucune autre alternative. Les règles de bioéthiques
régissant le bien-être des animaux en laboratoire, et l'acceptation règlementaire de
nouveaux modèles alternatifs s'inscrivent dans cette direction (directive 2010/63/UE).
*3 https://www.epa.gov/laws-regulations/summary-toxic-substances-control-act
69
testées de manière répétée (Gottmann et al., 2001, Hartung, 2017b). Ce constat de résultats
incertains se retrouve également dans les essais d'irritation oculaire chez le lapin (OCDE
n°405, reproductibilité: 70%) (Luechtefeld et al., 2016a), dans les essais de sensibilisation
cutanée par stimulation locale des ganglions lymphatiques (ELGL) chez la souris (OCDE
n°429, reproductibilité : 89%) (Luechtefeld et al., 2016b), et 26% des tests utérotrophiques
chez le rongeur (OCDE n°440) pour l'étude de la perturbation endocrinienne sont
contradictoires (Browne et al., 2015).
Pour corriger ces dérives, il existe aujourd'hui des alternatives in vitro et in silico. Une
réflexion sur une nouvelle vision de la toxicologie est plus que nécessaire (Figure 23) (Leist et
al., 2014). Contrairement à ce qui est parfois avancé, le remplacement des animaux par des
essais in vitro n'est pas obligatoirement réductionniste, car il faut également considérer que
l'utilisation d'un animal pour prédire les effets sur l'Homme pose la question de la
pertinence de la transposition des résultats entre espèces. En effet, les exemples de dé-
corrélation entre les effets chez l’animal et l’homme sont nombreux. Par ailleurs, il est
intéressant de noter que ce sujet représente une véritable contrainte car des facteurs
d’incertitude sont aujourd'hui appliqués aux résultats in vivo, en particulier aux valeurs
toxiques de référence, pour pallier à ces variations inter-espèces. L'in vitro et l'in silico, selon
une conception de la toxicologie proposée par les auteurs du « Consensus report on the
future of Animal-Free systemic toxicity testing » (Leist et al., 2014), pourraient ainsi
permettre de tester de nombreuses molécules/nano-objets et de bénéficier de tous les
avantages de ces techniques (apport de nombreuses informations biologiques, vitesse
d'analyse, reproductibilité et force statistique) à coût plus réduit. Cette approche
permettrait d’effectuer une priorisation des produits potentiellement toxiques, ce qui
représente actuellement un enjeu majeur, pour ensuite ne réaliser les tests sur animaux que
lorsque cela s'avère être strictement nécessaire.
Dans la continuité de la Règle des 3R, l'Union Européenne a pris des mesures concernant les
directives du domaine des cosmétiques. L’actuelle directive 1223/2009 a banni les tests sur
les animaux pour les nouveaux produits cosmétiques et requiert l'utilisation d'alternatives à
l'utilisation animale pour l'évaluation du risque sanitaire. Un pas de l'UE qui stimule la
création de nouveaux modèles in vitro et in silico (Luechtefeld et al., 2016a).
70
Figure 23. Nouvelle vision des évaluations toxicologiques. D’après le “Consensus report on the
future of Animal-Free systemic toxicity testing” de Leist et al. (Leist et al., 2014), une nouvelle
approche de l’évaluation toxicologique est suggérée. Cette approche est basée sur les méthodes in
silico et in vitro qui permettent l’identification de PoT (Pathway of Toxicity). Les données massives
obtenues sont suffisantes pour déterminer l’aspect toxique d’une substance et permettre ainsi de
prioriser celles nécessitant des études de confirmation in vivo.
71
5. Les domaines émergents en toxicologie cellulaire
Une stratégie qui fait ses preuves pour remplacer les tests sur animaux part de l'analyse de
l'état des technologies disponibles pour trouver de nouvelles approches toxicologiques. De
plus, l'étude sur animaux est également entachée du problème du dosage (Leist et al., 2014).
Les experts le disent : « La moitié de l'ensemble des produits chimiques testés, qu'ils soient
naturels ou synthétiques, sont positifs à fortes doses chez les rongeurs dans les essais sur le
cancer. Ces résultats ne sont pas en accord avec de faibles doses en exposition humaine »
(Ames & Gold, 2000). En effet, comme le dit schématiquement Thomas Hartung, « les
humains ne sont pas des rats de 70kg, et les rats ne sont pas des humains de 300g »
(Hartung, 2009). Le prédictif est également mis à mal concernant les animaux modèles, en
particulier dans le domaine du développement de principes actifs. Seulement 8% des
molécules thérapeutiques testées en phase clinique I obtiennent des autorisations et la
moitié d'entre elles échouent en phase III (Leist et al., 2014). Il y a donc un besoin urgent
d'obtenir des méthodes prédictives pour l'évaluation du risque pour l’homme.
72
Des techniques de pointes rapides, sensibles et fiables permettent aujourd'hui d'approfondir
les connaissances biologiques, notamment concernant les modes d'actions responsables des
effets toxiques des substances pour l'homme. Différents modèles cellulaires humains 2D et
3D (MucilAir™, Bio-AlteR®, EpiSkin, HepaRG™) sont aujourd’hui commercialisées. Par
ailleurs, la recherche sur les cellules souches pluripotentes qui a valu le prix Nobel de
médecine en 2012 au Pr Yamanaka, suscite également de grands espoirs pour faire émerger
de nouveaux modèles cellulaires humains expérimentaux pour la pharmacotoxicologie
(Takahashi et al., 2007). Enfin des techniques à haut débit dites « omics » (transcriptomique,
protéomique, métabolomique), et d’autres méthodes émergentes (modèles PBPK, QSAR,
AOP) ont un intérêt considérable en toxicologie. Celles utilisées pendant cette thèse sont
décrites ci-dessous.
Durant les années écoulées entre 1975 et 2008, 30% des médicaments ont été retirés du
marché pour leur toxicité hépatique avérée (Guillouzo et al., 2007, MacDonald & Robertson,
2009). Ceci traduit un échec de l’analyse prédictive des effets, en partie lié à la faible
corrélation entre l'animal et l'homme concernant l'hépatotoxicité. En particulier, les voies de
métabolisation des xénobiotiques sont différentes entre espèces et de plus les variations
génétiques chez l'homme sont des facteurs non négligeables de disparité entre les espèces
(Guillouzo et al., 2007). Les alternatives in vitro passent par l'utilisation d'hépatocytes
primaires ou de lignées cellulaires immortalisées. Cependant, ces deux types de modèles ont
leurs limites.
L'utilisation de cellules primaires est conditionnée par les rares disponibilités d'échantillons
de foie humain, issus de résections, des procédures d'isolation délicate, la variabilité inter-
donneurs, une durée de vie limitée, et le coût élevé qui constituent de sérieuses limitations à
l'utilisation de ce type de cellules dans des systèmes in vitro à haut débit (Gerets et al.,
2012). En dépit de ces limitations, les hépatocytes primaires restent une référence pour les
études de pharmacotoxicologie. Néanmoins, cette affirmation est aujourd'hui beaucoup plus
contrastée.
L'autre alternative se trouve dans les lignées cellulaires immortalisées, notamment la lignée
HepG2. Les cellules HepG2 présentent des caractéristiques génotypiques proches des
73
cellules normales du foie et sont hautement différenciées (Sassa et al., 1987). HepG2 a été
utilisée comme plateforme cellulaire pour tester le potentiel cytotoxique de nombreux
produits chimiques (Gerets et al., 2009). Toutefois, la principale limitation de ce modèle
reste sa capacité métabolique faible comparée aux hépatocytes primaires (Xu et al., 2004).
D'après Gerets et al., ces cellules peuvent servir de modèle pour tester la cytotoxicité de
principes actifs mais restent peu efficaces dans le cas d'une étude métabolique, comprenant
les effets des potentiels métabolites formés (Gerets et al., 2012). En effet, ces cellules ont un
niveau d'expression des CYPs faible mais un niveau normal des enzymes de phase II, à
l'exception des UDP-glucoronosyl transférases (Westerink & Schoonen, 2007).
Un récent modèle cellulaire hépatique décrit pour la première fois en 2002 (Gripon et al.,
2002), nommé HepaRG (Figure 24), a été développé dans le but de pallier à un profil
métabolique défaillant observé dans les lignées immortalisées.
Figure 24. Photos de microscopie à contraste de phase (x200) (A) d'une culture différenciée
d'HepaRG et (B) d'une culture d'HepG2. HC: Hépatocytes. PBC: Cellules biliaires primitives.
En effet, la lignée HepaRG, issue d'un carcinome hépatique, est composée d'un mélange
d'hépatocytes et de cellules biliaires, permettant une capacité métabolique comparable aux
cellules primaires de foie, sans présenter les inconvénients de variabilité inter-donneurs ni
d'instabilité fonctionnelle pendant la durée de la culture (Lambert et al., 2009). D'après
Antherieu et al., HepaRG présente des fonctions hépatiques et expressions de gènes
spécifiques à des niveaux comparables aux hépatocytes primaires (Antherieu et al., 2009).
74
Gerets et son équipe en 2012 ont entrepris la comparaison des profils d'expression géniques
d'HepaRG avec HepG2 et des hépatocytes primaires issus de trois donneurs différents
(Figure 25) (Gerets et al., 2012). Leur analyse en composante principale (ACP) démontre la
proximité des profils d'expressions géniques entre HepaRG et les cultures primaires,
comparés à HepG2, en réponse à différents hépatotoxiques.
Figure 25. Analyse en composante principale (ACP) des données d'expression génique d'HepaRG,
HepG2 et de trois cultures d'hépatocytes primaires (HH). Les ACP représentent (A) le niveau basal
des profils des cultures contrôle et (B) après exposition à différents hépatotoxiques (BNF: beta-
naphthoflavone; PB: phenobarbital; RIF: rifampicin). Résultats de Gerets et al. (Gerets et al., 2012)
De ce fait, HepaRG est une culture cellulaire hépatique innovante. C'est une alternative
possible aux cultures primaires humaines, contournant les nombreux inconvénients et se
rapprochant des caractéristiques hépatiques in vivo, contrairement aux lignées de cellules
hépatiques immortalisées. Ces avantages ont par ailleurs été confirmés très récemment par
Nelson et al. Les cellules hépatiques HepaRG maintiennent un phénotype organotypique
avec un métabolisme à haute activité intrinsèque des CYP et sont significativement plus
performantes que les cellules HepG2 pour les applications pharmaceutiques et
thérapeutiques (Nelson et al., 2017).
75
5.2. Technologies émergentes
Les techniques dites "label-free" permettent l'analyse non invasive de processus cellulaires
tels que la migration, l'adhésion ou la prolifération. L'intérêt principal est de pouvoir suivre
l'évolution d'une culture cellulaire in vitro, qu'elle soit issue d'une lignée ou qu'elle soit
primaire, dans des conditions spécifiques et sans pour autant utiliser de marquage
particulier (fluorescent, radioactif, etc.). L'impédance cellulaire (système xCELLigence
d'ACEA) fait partie de ces technologies émergentes in vitro et permet de contrôler la culture
en temps réel. Le principe repose sur la présence en fond de puits (d’une plaque de culture
spécifique) d’un réseau d'électrodes d'or recouvrant 70 à 80% de la surface d’un puits. Le
milieu de culture présent dans les puits faisant office d'électrolyte, substance conductrice
contenant des ions mobiles, il est possible de faire circuler un faible courant alternatif entre
les électrodes (figure 26A). Ainsi, le courant alternatif sinusoïdal fourni par l'appareil peut
être perturbé par la présence de cellules qui se déposent en fond de puits et adhèrent
progressivement (Figure 26B). Les électrodes permettent ainsi de mesurer la résistance au
passage du courant alternatif, l'impédance électrique.
Figure 26. Principe de déplacement du courant électrique entre deux électrodes en fond de puits
d’une plaque de culture E-plate d’xCELLigence. Circulation du courant alternatif A) sans cellule et B)
en présence de cellules. Adapté d’ACEA biosciences.
L'impédance est issue de la loi d'Ohm et concerne les circuits électriques en courant
alternatif. Elle est notée Z et est définie comme le rapport de la tension électrique (U) sur
l'intensité (I). En absence de cellule, l'impédance est régie par deux composantes que sont
l'impédance à l'interface électrodes/milieu et la résistance du milieu lors du passage d'une
76
électrode à une autre (Figure 26A). En présence de cellules (Figure 26B), l'impédance des
cellules s'ajoute, influencée entre autre par la résistance membranaire (Mu et al., 2010). La
présence de cellules affecte localement l'environnement ionique à l'interface
électrode/milieu, ce qui a pour conséquence d'augmenter l'impédance proportionnellement
au nombre de cellules.
Ainsi, l'impédance est un paramètre qui fait intervenir à la fois les caractéristiques physiques
du milieu, des cellules, mais aussi la fréquence du courant auquel est soumis le système. La
fréquence est un paramètre important car il impacte directement la monocouche cellulaire
(Stolwijk et al., 2015). A des fréquences entre 100 et 100 000 Hz, l'impédance tient compte
des particularités de résistance des membranes plasmiques. Ainsi, le courant se déplace
majoritairement autour et entre les cellules, la membrane plasmique faisant office d'isolant.
On y mesure alors majoritairement des informations de multiplication cellulaire, d'adhésion
et de mortalité, mais aussi de modifications intercellulaires comme la stabilité des jonctions.
A haute fréquences (10kHz et plus), le courant est suffisant pour traverser les cellules
(Stolwijk et al., 2015). La valeur d'impédance traduit alors la morphologie des cellules en plus
d'autres paramètres. L'appareil xCELLigence RTCA DP délivre un courant alternatif d'une
fréquence de 10kHz. Pour quantifier le statut cellulaire à un instant t, le système xCELLigence
fournit une valeur nommée Cell Index (CI) qui représente les mesures d'impédance en
présence de cellules (par rapport à celles du milieu de culture) (Figure 27A) (Atienza et al.,
2005, Mu et al., 2010).
Figure 27. Principe de l’impédance cellulaire en temps réel. A) Le réseau d’électrodes d’or en fond
de puits permet B) l’enregistrement des variations du Cell Index (CI) dépendant du développement
de la culture cellulaire.
77
Puisque le signal CI est dépendant de l'adhésion, du nombre de cellules, de la morphologie
cellulaire et de la mortalité, une culture cellulaire peut se traduire graphiquement en
différentes phases selon le schéma de la figure 27B.
Ce système sensible permet de tester l'impact toxique de différents produits dans des
conditions "label-free" sur des cultures cellulaires adhérentes. L'utilisation de ce système est
en pleine expansion, aujourd'hui présent dans de nombreux domaines de recherche in vitro,
tels qu'en cardiotoxicologie (Xi et al., 2011), en immunologie et microbiologie (Slanina et al.,
2011, Van Pham et al., 2014), ou dans l'étude des modes d'actions de substances chimiques
(Xi et al., 2014).
5.2.b. La toxicogénomique
La toxicogénomique recouvre les méthodes dites « omics », comprenant l’étude des profils
d’expression des gènes (transcriptome), de protéines (protéome) ou de métabolites
(métabolome) issus d’un organisme, d’un tissu ou de cellules (Waters & Fostel, 2004).
L’accumulation rapide des bases de données génomiques et protéiques a permis l’analyse et
la compréhension des modes d’actions de composés chimiques ou d’autres agents
stressants sur des systèmes biologiques. Ainsi, la toxicogénomique a pour but premier de
discerner les liens de cause à effet entre l’exposition d’un organisme à une substance
exogène et l’altération de l’expression de ces différentes biomolécules. Elle vise à déchiffrer
les mécanismes moléculaires déclenchés par l’exposition à un ou plusieurs stress et de
déterminer l’origine des perturbations physiologiques observées par des méthodes
classiques. Ces décryptages de mécanismes moléculaires peuvent permettre l’identification
de biomarqueurs directement liés à l’exposition des substances exogènes.
78
Figure 28. Couvertures des numéros spéciaux des journaux Science et Nature sur le séquençage du
génome humain publiés tous deux en février 2001.
Ces avancées ont permis d'élaborer des outils "omics" puissants à partir du décryptage de
l'ADN. C'est le cas des puces d’expression génique, qui permettent d’analyser les niveaux
d’expression de l’ensemble des ARN messagers (ARNm) exprimés simultanément dans un
organisme ou un tissu donné, liés à un état de développement ou à un environnement
particulier à un instant donné. Pour définir simplement les puces d’expression, c'est une
collection de biomolécules (ADN) représentant l’ensemble des gènes d’un organisme (dont
le génome a été auparavant séquencé) et fixée sur un support. C’est le cas aujourd’hui de
milliers d’organismes étudiés par les chercheurs, à ce jour 276 412 organismes sur la base de
données en ligne GOLD (Genomes Online Database*4), couvrant procaryotes et eucaryotes.
Principe. Le principe général des puces d’expression génique est basé essentiellement sur le
processus d'hybridation moléculaire de l'ADN. Les sondes nucléotidiques fixées sur la puce
permettent la détection par fluorescence des séquences complémentaires (les cibles)
présentes au sein d'un échantillon. Cette technologie est très avantageuse pour les
organismes séquencés (Homme, souris, rat et autres) et permet d'améliorer fortement la
compréhension des mécanismes d'actions moléculaires dans différentes conditions testées
en analysant les variations d'expression des ARNm. Les puces ADN sont ainsi utilisées dans
de nombreux domaines en toxicologie (Anthérieu et al., 2017, Djouina et al., 2016),
79
écotoxicologie (Kim et al., 2017, McQuillan & Shaw, 2014) et en nanotoxicologie (Bajak et al.,
2015, Grzincic et al., 2015, Shim et al., 2012).
Procédé de fabrication. Les premières puces qui ont fait leur apparition étaient basées sur le
procédé de dépôt de sondes oligonucléotidiques sur lame de verre. Le verre était un choix
évident : économique, stable à haute température, lavable, peu poreux et ayant un bruit de
fond de fluorescence minime (Cheung et al., 1999). Actuellement, le procédé de fabrication
des puces est majoritairement basé sur la synthèse in situ des brins ADN, soit par
photolithographie, soit par impression. La synthèse in situ permet la fabrication de puces à
très haute densité de sondes oligonucléotidiques. A la différence du procédé de dépôt
d'oligonucléotides, les brins sont directement synthétisés à la surface des puces (lame de
verre).
Dans notre projet, les puces utilisées pour étudier les profils d'expression génique après
exposition à diverses NPs proviennent d’Agilent Technologies (Palo Alto, CA). Le procédé de
fabrication actuel de ces puces est une synthèse in situ symbolisée par l'appellation
commerciale "SurePrint". C’est une technologie dite d'impression "à jet d'encre" pour
synthétiser des oligonucléotides. Ce procédé industriel dans lequel chaque brin est
synthétisé par dépôt en jet des différentes bases sans contact avec la puce s'approche des
imprimantes informatiques. Ce type de synthèse réalise ainsi des sondes oligonucléotidiques
de 60-mer, base par base, suivant des séquences connues. Ces sondes de 60-mer fournissent
ainsi une très grande spécificité de reconnaissance dans un échantillon donné.
Les avantages des puces fournies par les fabricants sont la reproductibilité du processus de
synthèse, la standardisation des réactifs, la maintenance des infrastructures et la mise à jour
des séquences en fonction de l'avancée des bases de données. L’introduction de
l’hybridation en phase liquide a également permis à cette technologie de gagner en
précision et en robustesse. Ce sont des éléments essentiels afin d'obtenir des résultats
robustes, favorisant la transition de cette technologie vers les applications cliniques.
D'autres avantages rendent cette approche très robuste. Les puces sont dotées aujourd'hui
de nombreux points de contrôles, de points de normalisation de l'intensité de fluorescence
et d'un réseau de spots en nid d’abeilles de très grande précision (Miller & Tang, 2009).
80
Mise en œuvre. Les ARNm sont tout d’abord extraits des cellules et purifiés en système par
colonnes à l’aide de kits désormais commerciaux (RNeasy mini, Qiagen) (Figure 29A). Ces kits
remplacent les méthodes d’extraction plus anciennes par séparation de phases en
thiocyanate de guanidinium/phenol/chloroforme (connu sous divers noms commerciaux
comme TRIzol de chez Invitrogen par exemple). Ces ARNm purifiés sont amplifiés en ADN
complémentaires (ADNc) puis marqués de façon covalente avec divers fluorochromes
incluant la Cyanine-3 (Cy3) (pic λ excitation= 550 nm, λ émission = 570 nm) et/ou la Cyanine-
5 (Cy5) (pic λ excitation= 650 nm, λ émission = 670 nm) (QuickAmp Labeling, Agilent). Dans
notre projet, nous avons utilisé uniquement la Cy3 comme marqueur fluorescent car celui-ci
présente une meilleure stabilité dans le temps par rapport à la Cy5.
Figure 29. Mise en œuvre d’une analyse par puce d’expression. A) Les ARN des lysats tissulaires ou
cellulaires sont extraits puis marqués à la Cyanine3 et purifiés. B) Les échantillons marqués sont
déposés sur lame pour C) être hybridés sur la puce. D) Après 17heures à 60°C sous agitation, les
puces sont rincées et leur fluorescence est analysée à l’aide d’un Scanner.
81
contrôles qualitatifs comme les ratios 260/280 (pour détecter les contaminations par des
composés aromatiques comme des protéines ou des phénols) et 260/230 (contamination
par des sels chaotropiques ou solvants organiques). Le Bioanalyzer est basé sur une
technologie microfluidique (dépôt 1 µL) qui remplace l’électrophorèse sur gel classique par
une électrophorèse en micro-capillaire couplée à une détection par fluorescence (Figure
30). Elle permet de déterminer la qualité et la quantité des acides nucléiques avec précision.
Figure 30. Principe d’une analyse sur Bioanalyzer (Agilent Technologies). 1) les échantillons sont
déposés dans des micropuits et se déplacent dans les microcanaux par différence de potentiel. 2)
Chaque échantillon est injecté dans le canal de séparation qui permet 3) la séparation en
électrophorèse capillaire. Les acides nucléiques sont ainsi séparés par taille et 4) détectés avec
précision grâce à la fluorescence d’un agent intercalant. Adapté d’Agilent Technologies.
Après détermination finale du taux de marquage (quantité de Cy3 par µg d’ADNc), les
échantillons sont déposés sur une lame de verre contenant des chambres d’hybridation
(Figure 29B). La puce d’expression génique (contenant l’ensemble des sondes) est déposée
sur cette lame, fermant ainsi les chambres et permettant au processus d’hybridation en
phase liquide d’être réalisé à 60°C sous rotation pendant 17heures (Figure 29C).
Après divers lavages, les puces d’expression sont lues par un scanner (Figure 29D). Ce
scanner permet d’utiliser deux lasers, un SHG-TAG laser (532nm) et un laser hélium-néon
(633nm), qui permettent de cibler directement les fluorochromes contenus dans les ADNc
hybridés aux sondes. Dans le cas présent, seul le marquage avec Cy3 et le laser à 532 nm ont
82
été utilisés. Une image monochrome de la puce d’expression résultante est ainsi obtenue
(Figure 31).
Figure 31. Image d'une puce d'expression génique 8x60k d'Agilent Technologies en fluorescence
(Cy3). Les huit blocs contiennent 60 000 spots représentant l’ensemble des transcrits, incluant des
réplicats et contrôles. Chaque spot est ainsi représentatif d'une séquence unique d'ARN messagers
humains.
83
traités et échantillons de contrôle sont ainsi obtenus (« fold change ») et associés à des p-
values. Seuls les fold change supérieurs à 2 et des p-values inférieures à 0.05 sont conservés.
Figure 32. Ingenuity knowledge database regroupant des données issues de la littérature ainsi que
des données transcriptomiques, protéomiques et métabolomiques formant une base unique de
données.
84
· La protéomique par spectrométrie de masse en tandem (MS/MS)
Historique. La protéomique est la discipline qui permet d’analyser l’ensemble des protéines,
d’un organisme ou tissu donné, exprimées simultanément, et liées à un état de
développement ou à un environnement particulier à un instant donné. Des programmes
similaires au séquençage du génome (human genome project) ont vu le jour pour le
protéome, basé sur l’identification et la caractérisation des protéines par traduction du
génome, à savoir le « Chromosome-Centric Human Proteome Project » et le
« Biology/Disease-driven Human Proteome Project » (Aebersold et al., 2013, Paik et al.,
2012). Historiquement, la protéomique est issue de la technique des gels bidimensionnels
(Gel 2D). Cette technique permettait de détecter des centaines de protéines, mais
souffraient d’un certain nombre de limitations (répétabilité, lenteur des analyses, intervalle
limité de poids moléculaires). La spectrométrie de masse, quant à elle, a connu un essor
fulgurant dans le domaine de la protéomique dès les années 80 grâce à l'émergence de deux
nouvelles techniques d'ionisation permettant la mesure de masses de macromolécules : le
MALDI (Matrix Assisted Laser Desorption/Ionization) et l'ESI (ElectroSpray Ionization). Ces
recherches ont été récompensées d’un prix Nobel de chimie en 2002 décerné aux
chercheurs John B. Fenn et Koichi Tanaka. L'ESI a par ailleurs donné la possibilité de coupler
la chromatographie en phase liquide aux spectromètres de masse, permettant notamment
l'analyse de fluides biologiques complexes.
Ø Une source d'ionisation afin de produire des ions en phase gazeuse (ESI, MALDI)
Ø Un ou plusieurs analyseurs de masse pour séparer les ions sous vide selon leur rapport
de masse sur charge (m/z) (Quadripôle, Temps de vol, Trappes ioniques)
Ø Un détecteur qui enregistre les ions séparés par l'analyseur de manière à produire un
courant électrique dont l'intensité est corrélée au nombre d'ions détectés
Ø Un traitement de signal pour obtenir un spectre de masse d'intensité en fonction du
rapport m/z
85
Dans cette thèse, l’appareil utilisé est le " ESI Q Exactive HF mass spectrometer"
(ThermoFisher Scientific) (Figure 33) incorporant un Analyseur Orbitrap couplé à un système
de nano chromatographie en phase liquide.
Les biomolécules ionisées par l’électronébuliseur (ESI) sont vaporisées sous l'action d'un
puissant champ électrique, puis les ions sont dirigés et manipulés par des champs
électriques sous vide dans différents guides d'ions avant d'arriver au quadripôle. Pour
déterminer les rapports masse/charge (m/z), l'analyseur Orbitrap (trappe ionique) stocke les
ions permettant de mesurer leur masse. Les ions peuvent également être détectés après
fragmentation dans une cellule de collision.
L'Orbitrap est composé d'une électrode creuse à l'intérieur de laquelle est placée une
électrode centrale en forme de fuseau. L'application d'une tension entre ces deux électrodes
produit un champ électrostatique quadripolaire au sein duquel les ions acquièrent un
mouvement d'oscillation, à l'image de satellites, dont l'amplitude et la fréquence sont
dépendantes du rapport m/z des ions. En augmentant la tension appliquée, les ions sont
éjectés selon leur rapport m/z pour être ainsi détectés.
La détection des ions par les analyseurs permet la génération de spectres révélant l'intensité
des molécules en fonction de leur rapport m/z. En spectrométrie de masse en tandem
86
(MS/MS), les ions précurseurs sont fragmentés dans une cellule externe par collision avec un
gaz inerte de type argon ou hélium, donnant naissance à des ions "fils" qui seront également
séparés suivant leur m/z dans un autre analyseur (Steen & Mann, 2004). Après détection,
l'ensemble des spectres obtenus forme une grande quantité de données permettant
l'identification des protéines par différentes analyses bioinformatiques successives
(Interprétation des spectres, attribution des séquences).
Mise en œuvre. Il existe ainsi deux stratégies d’analyse, l’approche descendante dite « Top-
down » et l’approche ascendante dite « Bottom-up ». La stratégie top-down est une analyse
de protéines intactes, c'est-à-dire qu’aucune protéolyse n’est effectuée. Les protéines sont
donc introduites par la source d’ionisation et fragmentées dans le spectromètre en phase
gazeuse. Cette stratégie requiert cependant des spécificités de fragmentation car les
protéines ont des masses moléculaires importantes. Puisqu’aucun traitement n’est effectué
sur les protéines, les spectres ainsi formés sont complexes mais permettent de différencier,
notamment chez les eucaryotes, les isoformes de protéines (exemple : apolipoprotéines A et
B) et les multiples modifications post-traductionnelles.
87
Les échantillons protéolysés sont ensuite injectés en nano chromatographie en phase liquide
à haute performance (nanoHPLC) par phase inverse (polarité inversée) suivi d’une
acquisition de spectres dans un spectromètre de masse en tandem (MS/MS), technique
nommée nano-LC MS/MS (Figure 34D). La nano-LC s’effectue par différentes étapes incluant
une étape de passage des échantillons dans une micro pré-colonne pour un dessalage en
ligne, suivi d’une séparation sur une nano-colonne à débit et durée contrôlés. Les peptides
passent ainsi par la source d'ionisation démarrant le processus d’acquisition des spectres
MS/MS.
Figure 34. Mise en œuvre d’une analyse par nano-LC MS/MS en stratégie Shotgun. A) Les protéines
sont dénaturées par ajout de LDS1X et de β-mercaptoéthanol et chauffage pendant 5min à 99°C. B)
Les échantillons sont déposés sur gel NuPAGE pour une migration courte, puis les bandes sont
découpées C) et protéolysées à la trypsine. D) Les spectres MS/MS sont obtenus par analyse en nano-
LC MS/MS et E) l’identification peptidique est réalisée par le logiciel Mascot par comparaison avec
une base de données protéiques. F) Des séquences peptidiques sont ainsi attribuées aux spectres
obtenues (PSM).
Interprétation des données. Le spectromètre génère une grande quantité de données qu’il
est impossible de traiter sans l’aide de logiciels adaptés. L’interprétation des spectres
MS/MS est réalisée selon divers algorithmes permettant l’identification de protéines.
Différentes approches d’attribution des spectres existent, à savoir le séquençage de novo, la
88
recherche d’étiquettes ou l’identification par bases de données protéiques. L’identification
par recherche sur base de données est la méthode utilisée dans ce projet. Cette méthode est
basée sur une identification indirecte des protéines à l’aide des peptides qui les composent.
Chaque spectre MS/MS est en effet généré à partir d’un peptide. L’attribution des spectres
est effectuée à l’aide du logiciel Mascot (Matrix Science) (Figure 34E). Le principe repose sur
la comparaison des spectres expérimentaux avec une base de données (Cottrell & London,
1999). Le logiciel identifie la séquence du peptide ayant généré le spectre parmi les
séquences peptidiques issues de la digestion théorique des protéines de la base de données
choisie. Le logiciel attribue ainsi une à plusieurs séquences peptidiques à un spectre MS/MS
(Figure 34F). L’attribution est appelée Peptide Spectrum Match (PSM). Le choix de la base de
données est de ce fait déterminant afin d’identifier le maximum de spectres MS/MS
expérimentaux. D’autres logiciels sont utilisés comme SEQUEST (ThermoFisher Scientific) ou
X!Tandem (The Global Proteome Machine), chacun ayant son propre procédé algorithmique.
Mascot calcule un score pour chaque PSM basé sur la probabilité p que l’attribution d’un
peptide de la base de données à un spectre soit due au hasard. Le score est calculé par -log10
(p). Plus la probabilité est faible, plus ce score est élevé et l’attribution est significative.
Enfin, le False Discovery Rate (FDR) est calculé afin d’évaluer le taux de peptides identifiés de
manière incorrecte. Ce calcul est réalisé par simulation via la stratégie « target-decoy »,
confrontant les PSMs à une base de données protéiques leurre de la même taille que la base
de données cible. Cette base « leurre » est composée d’un mélange aléatoire de données
protéiques (protéines fictives, séquences inversées, etc.). L’attribution finale sera faite selon
le principe de parcimonie, fournissant le plus petit ensemble final de protéines qui explique
les séquences peptidiques identifiées.
89
5.2.c. La toxicologie prédictive et le concept des Adverse Outcome Pathways (AOP)
La toxicologie prédictive est basée sur les informations mécanistiques. Elle est devenue
aujourd’hui un des aspects clés de l’évaluation du risque pour l’homme (Vinken, 2013). Dans
cette optique, l’introduction du concept des AOP est une évolution majeure en toxicologie.
Ce concept décrit des séries d’évènements clés qui appartiennent à des voies biologiques en
partant de l’interaction initiale entre une substance et un organisme, jusqu’à l’effet final
indésirable, selon le guide proposé par l’OCDE en 2012*5. L’EPA (US Environmental
Protection Agency) a été l’initiateur en 2005 du concept des AOP dans le domaine du
cancer*6. Dans la continuité, l’US National Academy of Sciences a publié un rapport en 2007
sur les stratégies et visions de la toxicologie du 21ème siècle, incluant les AOP.
L’AOP est un concept relativement nouveau qui fournit un cadre pour collecter, organiser et
évaluer des informations pertinentes sur les effets chimiques, biologiques et toxicologiques
des substances toxiques. Cette construction permet de décrire les connaissances existantes
liant un évènement moléculaire initial à un résultat indésirable à travers différentes échelles
de l’organisation biologique comprenant les cellules, les tissus, les organismes ou les
populations. Ainsi à la différence des modes d’action, l’AOP peut offrir un cadre bien plus
large. Ce concept permet de structurer les informations expérimentales acquises afin de
mieux comprendre la progression des évènements toxiques clés liés à l’exposition à une
substance. L’intérêt pour l’outil AOP est grandissant depuis quelques années. En réponse à
son utilisation de plus en plus importante, l’OCDE a publié un guide pour développer et
utiliser pleinement les AOP (OCDE, 2012).
90
Un AOP est structuré en trois blocs d’informations selon le guide édité par l’OCDE (2012),
incluant l’évènement moléculaire initial (Molecular Initiating Event, MIE), une série d’étapes
intermédiaires, et le résultat considéré indésirable (Adverse Outcome, AO) (Figure 35).
Figure 35. Représentation schématique du développement d’un AOP défini à partir de trois blocs
d’informations indispensables : évènement moléculaire initial (Anchor 1), étapes intermédiaires
supportées par la littérature, et le résultat indésirable (Anchor 2).
- Le MIE est le premier maillon d’un AOP et fait référence à l’interaction moléculaire
directe entre une substance et une entité biologique, comme dans le cas des interactions
ligand-récepteur, de liaisons aux biomolécules de types protéines ou acides nucléiques
par exemple. Cette étape est critique car elle dicte directement la finalité de l’AOP.
- La finalité de l’AOP est la description d’un résultat indésirable (Adverse outcome, AO),
décrivant les paramètres toxicologiques critiques qui découlent du MIE. Ils peuvent être
définis selon différents niveaux biologiques, allant d’un type cellulaire à une population
entière et peuvent faire référence à la fois à des effets toxicologiques aigus ou
chroniques, localisés ou systémiques.
- Enfin, ces deux blocs de l’AOP sont séparés par des étapes intermédiaires qui expliquent
les voies de régulation impliquées. Ces étapes incluent de ce fait des évènements clés qui
sont expérimentalement justifiés et indispensables au résultat final. Ces étapes sont
décrites par les voies de toxicité (Pathways of Toxicity ou PoT) qui sont issues d’analyses
omics. Les PoT apportent des données moléculaires quantitatives (courbes dose-réponse
et cinétiques) représentatives de la dynamique des réseaux perturbés (Hartung, 2017c).
91
Ils sont indispensables pour structurer les AOP en fournissant des blocs d’informations
sur les mécanismes cellulaires impliqués. Par exemple, la plateforme Effectopedia prend
en compte le caractère quantitatif des PoT dans l’élaboration des AOP.
92
Figure 36. Représentation de l’AOP n°27 « Cholestatic Liver Injury induced by inhibition of the bile
salt export pump », proposé par Mathieu Vinken (Vinken et al., 2013).
Pour conclure, le concept des AOP constitue un saut qualitatif majeur en toxicologie.
Néanmoins, il n’en est encore qu’à ses balbutiements et souffre parfois d’une simplicité qui
reflète difficilement les aspects complexes des processus toxicologiques. Cette approche
collaborative et structurée est encourageante car elle permet de rationaliser les mécanismes
toxiques, d’identifier les étapes critiques pour proposer des tests ciblés et pertinents.
93
94
Objectifs de la thèse
95
Cette thèse a pour objectif de déterminer la toxicité de nanoparticules magnétiques de silice
mésoporeuse (M-MSNs), possédant divers revêtements de surface, de façon à contribuer, en
évaluant les mécanismes toxicologiques, à une conception plus sûre de ces nanovecteurs.
Cet objectif s’inscrit dans une perspective plus large de mise au point d’outils d’évaluation
pour la sécurité biologique de nanovecteurs. La toxicité des NPs est un frein potentiel à leur
utilisation médicale en thérapie et en diagnostic (théranostic). Cette thèse se situe à
l’interface entre la chimie et la biologie. Elle traite particulièrement de deux aspects
fondamentaux de l’évaluation du risque biologique de ces NPs, à savoir l’aspect
toxicologique à travers l’impact sur un modèle cellulaire hépatique humain et l’aspect chimie
analytique par l’étude des interactions entre NPs et protéines sériques.
Pour cela, nous nous sommes intéressés à la caractérisation des M-MSNs natives et
modifiées par deux types de recouvrements (PEG ou DMPC). Différentes techniques physico-
chimiques ont été utilisées comme : la diffusion dynamique de la lumière (Dynamic Light
Scattering, DLS), la microscopie électronique à transmission (TEM) et la microscopie à force
atomique (AFM). Il est important de connaître l’ensemble des paramètres physico-chimiques
des NPs avant d’aborder l’aspect des interactions avec le vivant.
Le second objectif consiste à qualifier et quantifier les protéines adsorbées sur les NPs par
approche protéomique sans marquage. L'analyse par spectrométrie de masse permet de
96
connaître avec précision quelles macromolécules recouvrent les particules et ce qui
conditionne leur devenir physiologique.
Les techniques utilisées, l’impédance cellulaire en temps réel, les puces d’expression
génique et la spectrométrie de masse, pourraient incarner de futurs standards d’évaluation
de la sécurité biologique des nanovecteurs dans une optique de toxicologie prédictive.
97
98
Partie expérimentale
99
CHAPITRE I
Mise en place des technologies et de
méthodes pour l'évaluation toxicologique de
nanoparticules de silice
100
Article n°1
101
Article n°1 : Evaluation quantitative des effets de nanoparticules de silice à
faible dose sur cellules pulmonaires : appréhender une toxicité complexe avec
une grande profondeur de champ
Ce premier article pose les bases de la méthodologie d’étude toxicologique in vitro qui sera
employée dans le cadre de ce projet. Le principe en était de combiner les quantités massives
de données obtenues avec les puces d’expression génique ainsi qu’avec la spectrométrie de
masse en une méthodologie unique d’étude intégrative, dite « pathway driven », c'est-à-dire
focalisée directement sur les mécanismes de réponse cellulaire (PoT) suite à l’exposition à un
produit toxique. Les NPs utilisées ici ne sont pas à visée médicale, bien qu’ayant auparavant
été testées en tant qu’adjuvant vaccinal (Powell et al., 1995), mais ont été prises comme
modèle afin de tester les différentes techniques et méthodes d’analyse à mettre en œuvre
ultérieurement, une fois les objets d’étude de la thèse disponibles. Ce travail préliminaire a
également permis la prise en main par le laboratoire d’un nouvel appareil d’impédance
cellulaire (RTCA xCELLigence d’ACEA Biosciences) acheté dans le cadre de ce projet de thèse.
Les nano-objets étudiés sont des NPs commerciales de silice amorphe pyrogénée hydrophile
non poreuse (SiO2), préparée par oxydation du tétrachlorure de silicium (SiCl4-) à très haute
température (Napierska et al., 2010). Les NPs d’AEROSIL© 200 (A200) (n° CAS : 112945-52-5,
7631-86-9, Evonik Industries) ont un diamètre de 10 ± 4 nm et une surface spécifique de
200m²/g. Ces NPs sont utilisées dans de nombreux procédés de fabrication en tant qu’agent
anti-mottant et pour améliorer les propriétés de viscosité et de stabilité d’une grande
variété de produits industriels. Elles entrent dans la composition de produits cosmétiques,
d’emballages alimentaires, de produits agrochimiques, de peintures et recouvrements de
surface ou d’encres d’impression et sont utilisées dans l’industrie à l’état de poudre. La voie
privilégiée pour l’étude de toxicité est l’inhalation, et nous avons donc pris pour modèle la
lignée de cellules pulmonaires A549. Au niveau toxicologique, de toutes les silices amorphes
testées par Reuzer et al., l’A200 est le produit qui induit les effets les plus néfastes au niveau
pulmonaire chez le rat (Reuzel et al., 1991), et son caractère toxique sur des cellules
pulmonaires A549 a récemment été établi (Irfan et al., 2014).
102
La première étape de notre stratégie a été d’utiliser des tests de viabilité pour identifier des
doses cohérentes, c'est-à-dire avec un impact minime sur les cellules, afin de mettre en
évidence les modes d’actions impliqués dans la réponse cellulaire sans être dans un excès
dosimétrique qui induirait une toxicité extrême.
Cette technique enregistre tout un panel de paramètres (viabilité, morphologie, etc.) dont
les effets sur l’impédance peuvent s’additionner ou se compenser. Quelques heures après
exposition des cellules aux différentes concentrations, une légère augmentation du Cell
103
Index (CI) est enregistrée pour les trois faibles concentrations 1.5, 3.0 et 6.0 µg/cm². Cette
augmentation s’explique par des modifications morphologiques des cellules (jonctions
cellulaires resserrées, internalisation des NPs). A 24h d’exposition, le CI de ces trois doses est
très proche de celui des cellules contrôles. Néanmoins à 48h, les doses 3.0 et 6.0 µg/cm²
induisent une diminution du CI. Cet effet est amplifié à 72h, temps auquel la dose 1.5 µg/cm²
induit à son tour une diminution du CI. Cette baisse du signal est potentiellement due à une
perte de viabilité. L’impédance cellulaire confirme donc les résultats des tests de viabilité
obtenus à 24h et indique que ces doses sont potentiellement intéressantes à tester avec les
techniques omics sur plusieurs durées d’exposition.
Les puces d’expression génique ont été réalisées avec 5 doses : 0.1, 1.0, 1.5, 3.0 et 6.0
µg/cm² de A200. Nous avons pu déterminer la dose où aucun effet sur le transcriptome n’est
observé, c’est à dire le NOTEL (No Observed Transcriptional Effect Level), soit 1.0 µg/cm². A
cette dose, la transcription des gènes ne présente aucune différence significative avec les
cellules contrôle. Nous avons également déterminé le LOTEL (Low Observed Transcriptional
Effect Level) à 1.5µg/cm², induisant 255 gènes modulés à 24h d’exposition mais aucune
perte de viabilité observée par le test ATP. Outre le fait que les puces d’expression sont bien
plus sensibles que les tests conventionnels de viabilité, le NOTEL pourrait être un indicateur
intéressant dans l’évaluation toxicologique d’une substance. Sa mise en évidence faisait
partie des objectifs.
Les mécanismes de réponse cellulaire aux NPs ont été identifiés grâce aux données
d’expression génique, mais également par analyse des milieux de culture en spectrométrie
de masse (nano-LC MS/MS) indiquant les protéines sécrétées par les cellules après
exposition aux NPs. La combinaison de ces deux ensembles de données a permis, par
comparaison avec une base de données de connaissance toxicologique (Ingenuity
Knowledge Database), de mettre en évidence les modes d’action de ces NPs par
identification des voies canoniques impliquées. Chaque voie canonique est constituée d'un
nombre fini de gènes. Notre méthodologie intégrative a consisté à calculer, pour chaque
ensemble de données (dataset) issu d’un point expérimental, un pourcentage de gènes, ou
de protéines, altérés dans ce dataset divisé par le nombre total de gènes définissant cette
104
voie. Ceci nous a permis de quantifier l’implication des voies de signalisation canoniques
pour chaque dose et durée d’exposition. Seules les voies les plus impactées par les NPs ont
été analysées.
Pour donner un exemple, 51 % des gènes définissant la voie « coagulation system » sont
différentiellement exprimés par rapport à ceux des cellules contrôle, après exposition à 6.0
µg/cm² de NPs A200 pendant 72h (Figure 6 de l’article).
Enfin nous avons établi une échelle dose-dépendante de réponses cellulaires croissantes.
Cette échelle est basée sur le paradigme décrit pour la première fois par André Nel et ses
collaborateurs selon lequel le stress dû aux NPs déclenche une hiérarchie d’évènements
cellulaires (Figure 37) (Meng et al., 2009).
Figure 37. Paradigme de la réponse hiérarchique au stress oxydant selon Meng et al. (Meng et al.,
2009).
Dans l’article qui suit, la combinaison des données obtenues par nos techniques omics et
notre méthode d’analyse intégrative dite « pathway driven », nous a conduit à établir trois
niveaux d’effets en fonction des doses, regroupant des ensembles de voies de signalisation
canoniques et des mécanismes de toxicité spécifiques à ces NPs A200. Ces niveaux
correspondent ainsi au déclenchement de la réponse cellulaire adaptée, qui est fortement
dépendante de la dose appliquée et amplifiée dans le temps.
En conclusion, l’impédance cellulaire en temps réel est une technique prometteuse dans
l’évaluation des effets cellulaires induits par les NPs. Les approches de transcriptomique et
de protéomique combinées ont permis d’étudier les effets de ces NPs sur ces cellules
pulmonaires. Les modes d’action des NPs impliquent différentes voies de signalisation
105
canoniques que nous avons pu quantifier et classifier en fonction des doses appliquées. De
plus, contrairement au schéma putatif de Meng et al., nos données mettent en évidence des
mécanismes de réponse cellulaire (remaniement du cytosquelette, induction de médiateurs
proinflammatoires) qui se produisent à des doses inférieures à celles qui activent le stress
oxydant.
L’analyse de données massives permet de naviguer des voies canoniques aux fonctions
cellulaires jusqu’aux gènes ou protéines spécifiques, lui octroyant une réelle puissance de
profondeur de champ (Figure 38).
Cette stratégie in vitro est en réalité un outil prédictif avantageux qui pourrait permettre
d’analyser de façon quantifiable les réponses biologiques à la toxicité de NPs, mais aussi de
substances chimiques avant de planifier et d’exécuter des expériences in vivo.
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CHAPITRE II
Synthèse des M-MSNs, décorations PEG et
DMPC, et évaluation toxicologique sur
modèles hépatiques
121
Article n°2
122
Article n°2 : Synthèse, décoration, et effets cellulaires de nanoparticules de
silice mésoporeuse
Ce deuxième article marque le démarrage de l’étude des NPs à visée médicale synthétisées
spécifiquement pour le projet ANR BioSiPharm. Ce sont des NPs magnétiques de silice
mésoporeuse (M-MSNs) de type cœur-coquille destinées en particulier à des applications
théranostiques. Dans ce travail, les M-MSNs ont été synthétisées selon une procédure
optimisée pour obtenir des NPs monodisperses, d’une taille de 100nm, mésoporeuses, et
avec un cœur unique au centre de la coquille de silice. Ces NPs synthétisées étant
potentiellement des vecteurs de principes actifs, elles doivent donc répondre à des critères
de qualité élevés qui ont été définis en début de projet.
L’optimisation du protocole était donc un axe majeur. En effet, au sein des premiers lots de
NPs synthétisées, nous avions observé des NPs de silice mésoporeuse sans cœur de fer, à
hauteur de 30%. Ces NPs résiduelles dépourvues de cœur, comme celles visualisées dans la
figure 39A, pourraient fausser les études de toxicité des M-MSNs.
A B
123
Ainsi brièvement, les étapes de synthèse qui ont été optimisées sont : La dispersion des
nanocristaux Fe3O4 magnétiques (Magnetic Iron Oxide NPs, MIONs) dans du chloroforme
puis l’injection des nanocristaux dispersés en plusieurs étapes dans du CTAB, afin que
chaque micelle de CTAB ne contienne qu’un cœur, ce qui réduit la formation de M-MSNs
sans cœur (et multi-cœurs) de Fe3O4. La purification et les lavages des M-MSNs sont
également importants afin d’éliminer totalement le CTAB. Cette optimisation a permis de
produire des lots de M-MSNs avec moins de 5% de NPs sans cœur ou multi-cœurs. Ces
optimisations de synthèse ont grandement joué sur la viabilité des cellules HepG2 (Figure
40). Ces effets négatifs sur la viabilité étant potentiellement multi-facteurs (population de
NPs de tailles hétérogènes, présence résiduelle d’éléments de synthèse comme le CTAB,
etc.).
Figure 40. Viabilité des cellules HepG2 après exposition à des lots de M-MSNs natives pendant 24h,
avant et après optimisation du protocole de synthèse.
Ces M-MSNs ont ensuite été recouvertes soit d’une bicouche lipidique de DMPC (1,2-
dimyristoyl-sn-glycero-3-phosphocholine), soit de chaînes de PEG. Ainsi, la bicouche de
DMPC est formée par contact entre des petites vésicules de DMPC (Small unilamellar
vesicles, SUVs) et les M-MSNs. Les chaînes de PEG, quant à elles, sont fixées à la surface
124
pendant la synthèse des M-MSNs par ajout de PEG 2000 qui se lie de manière covalente aux
groupements silanols.
Nous nous sommes alors intéressés à l’évaluation de la cytotoxicité de ces M-MSNs natives,
recouvertes de PEG ou d’une bicouche lipidique de DMPC, d’abord par tests de viabilité
(MTT) suivi d’une analyse par impédance cellulaire en temps réel (xCELLigence). Les résultats
montrent que ces NPs sont peu toxiques sur les cellules hépatiques HepG2. Les M-MSNs
natives sont celles qui induisent le plus d’effets sur les cellules en impédance en temps réel,
suivies des DMPC M-MSNs puis des PEG M-MSNs. La viabilité mesurée par le test MTT est de
90% pour 100 µg/mL de M-MSNs PEG, contre 70% pour celles recouvertes de DMPC et 60%
pour les natives à dose équivalente. Enfin, les M-MSNs natives ont été internalisées en plus
grande quantité dès 6h d’exposition à 50 µg/mL par rapport à celles recouvertes de PEG ou
d’une bicouche DMPC.
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Article n°3
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Article n°3 : Evaluation de la biocompatibilité de nanoparticules magnétiques
de silice mésoporeuse fonctionnalisées sur des cellules humaines HepaRG
Ce troisième article traite de l’analyse approfondie des effets de ces M-MSNs natives,
recouvertes de PEG ou de DMPC sur un modèle cellulaire hépatique humain, HepaRG (voir
« modèle cellulaire hépatique innovant »), plus pertinent que HepG2. Pour cela, les études
de viabilité ont été réalisées avec des tests de viabilité (MTT) et d’impédance cellulaire en
temps réel (xCELLigence). L’internalisation cellulaire a été analysée par TEM et les réponses
cellulaires ont été étudiées par puces d’expression génique avec la méthodologie « pathway
driven ».
Ces nanovecteurs font partie des nanomatériaux les plus prometteurs en tant que
nanovecteurs, regroupant tous les avantages procurés par une structure composée d’un
cœur magnétique et d’une coquille fonctionnalisable. La coquille de silice est entièrement
paramétrable (taille de la particule et des pores), ce qui ouvre de nombreuses perspectives
pour le contrôle de la biodistribution de ces nanovecteurs de 4 ème génération vers des tissus
cibles ainsi que pour leur effet cargo. Les deux fonctionnalisations étudiées sont un
recouvrement de PEG et un recouvrement lipidique DMPC. Brièvement, les chaînes de PEG
sont connues pour réduire fortement l’adsorption des protéines en surface, permettant
d’échapper au système immunitaire (opsonisation) sur une plus longue période. Le
deuxième type de recouvrement, DMPC, permet la combinaison des propriétés des M-MSNs
avec les propriétés des liposomes, ce qui peut offrir des avantages accrus en termes de
capacité d’encapsulation d’un principe actif et de stabilité en milieu biologique.
Après caractérisation physico-chimique de ces trois types de NPs, nous avons observé
globalement les mêmes caractéristiques que sur l’article précédent. Notons qu’il nous a été
possible de mesurer par TEM l’épaisseur de la couche de PEG après incubation dans du
tétroxyde d’osmium (OsO4). Celle-ci mesure 6 ± 1 nm, ce qui est plutôt en accord avec la
taille étirée des chaînes de PEG 2000 aux alentours de 15 nm. Concernant la bicouche
lipidique, son épaisseur (7 nm) est proche de celle reportée dans la littérature (environ 5
nm) (Durfee et al., 2016).
136
La viabilité cellulaire des HepaRG est très peu impactée par ces trois types de NPs, et ce
jusqu’à de fortes concentrations (maximum 120 µg/cm², correspondant à 400 µg/mL). Le
taux maximum de perte observé est de 35% pour les M-MSNs natives, 25% pour les PEG et
20% pour les DMPC. Nous avons choisi de cibler trois doses : 1.6, 16 et 80µg/cm²,
correspondant à des viabilités autour des 100%, 81-94% et 75-80% respectivement.
L’analyse de l’impédance cellulaire en temps réel montre que les doses de 1.6 et 16 µg/cm²
n’induisent aucun effet sur les cellules. A 80µg/cm², un léger effet est mesuré,
potentiellement dû à des modifications morphologiques et de viabilité. Le contrôle positif,
100 µM de Chlorpromazine, un hépatotoxique, induit en comparaison un effet drastique sur
les cellules. Cet effet est symbolisé par une diminution rapide du CI, suivi d’une
augmentation progressive jusqu’à 24h après exposition, possiblement due à la
métabolisation de ce composé par les cellules HepaRG, dont la capacité de métabolisation
est connue.
Après les tests de viabilité, nous avons réalisé un suivi d’internalisation (6 et 24h) des
différentes NPs par HepaRG en imagerie TEM à la concentration de 16 µg/cm². Nous avons
ainsi observé que les M-MSNs natives et recouvertes de DMPC étaient internalisées en
grande quantité dès 6h, ce qui n’était pas le cas de celles recouvertes de PEG. A 24h, le
nombre de NPs DMPC internalisées était bien plus élevé comparé aux NPs natives, alors que
les NPs PEGylées ne pénétraient quasiment pas dans les cellules. Le rôle des chaînes de PEG
en surface est de ralentir la formation de la couronne de protéines. En milieu de culture, les
protéines sériques bovines contraintes par l’encombrement stérique du PEG s’adsorbent
vraisemblablement plus lentement à la surface des NPs. Ainsi, l’influence de la corona
formée autour des NPs pourrait être fortement responsable de la vitesse d’internalisation
des différentes NPs. Nous avons ensuite réalisé des puces d’expression génique (8 x 60k
whole human gene expression, Agilent) afin d’étudier de manière fine les changements
moléculaires subtils provoqués par ces différentes NPs aux trois doses testées à 24 et 48h.
Nous avons ainsi pu distinguer :
A 24h d’exposition, à des doses de 1.6 et 16 µg/cm², les M-MSNs natives et PEG n’altèrent
quasiment pas l’expression des gènes des cellules HepaRG, contrairement aux DMPC. A 48h,
137
l’expression des gènes est proche de celle des cellules contrôle (non traitées), témoignant
d’un effet transitoire. Cet effet modéré et transitoire cesse à la dose de 80 µg/cm². Celle-ci
est suffisamment importante pour induire de fortes modulations de gènes à 24h, amplifiées
à 48h d’exposition. Néanmoins, les M-MSNs recouvertes de PEG font exception, car à 24h
elles n’induisent qu’un faible effet à 80 µg/cm² contrairement aux deux autres types de NPs.
Cependant, après 48h d’exposition, les trois types de NPS déclenchent les mêmes effets.
Comme dans notre étude transcriptomique précédente (article 1), nous avons donc défini la
dose 1.6 µg/cm² comme étant le NOTEL, et celle de 16 µg/cm² en tant que LOTEL.
Il est intéressant de noter que nous n’avons pas mis en évidence les voies de signalisation
classiques d’endocytose clathrine- ou calvéoline-dépendantes. Cependant, cette absence est
contrebalancée par la présence de nombreux récepteurs transmembranaires dont
l’expression est modulée. Cela est le cas par exemple de récepteurs couplés aux protéines G,
d’intégrines ou de récepteurs de type Toll. L’activation de ce type de récepteurs n’est pas
anodine, puisque ces trois types de NPs sont recouverts de protéines sériques et que ce sont
elles qui gouvernent la reconnaissance des NPs par les cellules. Notre point de vue est que
les cellules pourraient être leurrées par la corona, déclenchant ainsi des réponses cellulaires
de défense du type de celles adaptées à la reconnaissance de pathogènes.
Nous avons ici utilisé notre méthode quantitative de traitement des données massives
« pathway driven », sans a priori. Nous avons pu mettre en évidence un ensemble de voies
de signalisation significativement altérées par la présence des différents types de NPs et
ainsi pu déterminer la séquence possible d’évènements qui conduit à la perturbation du
système hépatobiliaire en présence de 80 µg/cm² de M-MSNs. Cette perturbation se
décompose en différentes étapes :
138
Ø Les récepteurs nucléaires, en particulier la voie PXR/RXR. Les récepteurs X des
rétinoïdes (RXR) sont des récepteurs nucléaires qui déclenchent l’induction de
nombreuses molécules, dont les CYP. La voie RXR est ici réprimée.
Ø Les enzymes de phases I et II. Ces enzymes jouent un rôle important dans la réponse
métabolique aux xénobiotiques, comprenant la famille des CYP (cytochrome P450), et les
enzymes de conjugaisons de phase II. De nombreuses enzymes sont induites par la voie
PXR. Chez les hépatocytes, les CYP sont également impliqués dans la synthèse des acides
biliaires. Or, ces enzymes sont réprimées après exposition aux différentes NPs.
Ø Les pompes d’efflux. L’exportation des sels biliaires, des anions organiques, ou des
phospholipides, est effectuée par des protéines de transport transmembranaires.
Certaines sont également impliquées dans le recyclage de l’acide biliaire. Dans nos
données, l’expression de l’ensemble de ses pompes est réprimée.
Ø La cholestase hépatique. L’expression réduite de l’ensemble de ces molécules
correspond à une perturbation appelée cholestase hépatique. La cholestase est le
résultat d’une accumulation des acides biliaires au niveau intrahépatique. Lors de
dommages cholestatiques élevés les hépatocytes réagissent en déclenchant tout une
série de mécanismes protecteurs. Ces mécanismes de défense incluent notamment la
répression de la synthèse et de l’import d’acides biliaires pour bloquer leur accumulation
cytotoxique.
Ce résultat démontre que cette méthodologie est adaptée à la toxicologie prédictive par
analyse des réponses biologiques cellulaires après exposition à des substances exogènes.
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CHAPITRE III
161
Article n°4
162
Article n°4 : L’origine des protéines sériques contenues dans le milieu de
culture cellulaire influence la toxicité in vitro de nanoparticules de silice
mésoporeuse sur les cellules humaines hépatiques HepG2
Dans ce nouveau chapitre, nous abordons le sujet des interactions NPs/protéines sériques et
en particulier l’influence de la corona sur la cytotoxicité. Dans cet article, nous avons utilisé
l’impédance cellulaire en temps réel pour analyser les différences entre une corona humaine
et une corona bovine autour des M-MSNs sur des cellules HepG2.
Nous avons vu précédemment (voir partie « Interactions avec les biomolécules ») qu’à la
différence des substances chimiques, les NPs sont des objets qui interagissent de façon très
importante avec le milieu environnant. En effet lorsque des NPs entrent en contact avec un
fluide biologique tel qu’un milieu de culture cellulaire, elles ont tendance à adsorber des
biomolécules, et en particulier des protéines formant une couche protéique, la « corona »,
dont la présence influence le comportement des NPs au contact des cellules. Dans les tests
in vitro sur culture cellulaire, le milieu de culture est classiquement supplémenté par du
sérum de veau fœtal (SVF), qui fournit les protéines essentielles à l’adhésion et à la
croissance cellulaire. La présence de ces protéines bovines octroie une nouvelle identité
biologique aux NPs, qui va impacter l’évaluation toxicologique qui en est faite.
Dans ce contexte, nous avons évalué l’impact de la corona protéique autour de M-MSNs sur
une lignée cellulaire hépatique humaine (HepG2) en préformant deux types distincts de
corona pendant 24h, à savoir une corona composée de protéines issues du SVF telle qu’elle
pourrait se former en condition de culture cellulaire, et une corona composée de protéines
humaines issues du sérum humain (SH) dans un scénario d’administration de nanovecteurs
par injection. D’une part, ces deux nouveaux nano-objets ont été analysés par spectrométrie
de masse (ESI Q-Exactive, ThermoFisher) afin d’identifier l’ensemble des protéines
adsorbées sur les NPs. D’autre part, nous avons comparé l’impact cellulaire de ces deux
nano-objets via la technologie d’impédance cellulaire en temps réel (xCELLigence System,
ACEA Biosciences), qui permet de visualiser les modifications de morphologie et de viabilité
cellulaire.
163
· En condition acellulaire, l’identification des protéines de chaque corona (SVF et SH) a
révélé 127 protéines bovines et 150 protéines humaines. Ces deux pools de protéines
présentent 62 protéines homologues entre les deux espèces, soit 49% et 41% des protéines
contenues dans les coronas SVF et SH, respectivement. Outre ces similarités, on observe
également de nombreuses différences. La première est révélée par calcul du « Normalized
Spectral Abundance Factor » (NSAF), qui permet de déterminer l’abondance relative d’une
protéine au sein d’un échantillon. Certaines protéines homologues occupent ainsi une part
significativement différente dans chacune des coronas humaine ou bovine. C’est le cas par
exemple de l’Alpha-2-HS-glycoprotéine, cette protéine constitue 16% de la corona bovine
contre 2,7% de la corona humaine. La deuxième différence est révélée par la classification
fonctionnelle des deux ensembles de protéines. En effet, on observe que les
apolipoprotéines sont plus représentées dans la corona SH (14.1%) que dans la corona SVF
(8.9%). L’absence totale d’immunoglobulines (Ig) dans la corona bovine est par ailleurs
observée, alors que ces Ig constituent plus de 17% de la corona humaine. Cette différence
s’explique par la nature des deux sérums, fœtal pour le SVF et adulte pour le SH.
Premièrement, l’impact sur HepG2 de nanoparticules avec une corona SVF préformée est
très proche voir identique à celui de NPs sans corona (natives). Ce résultat confirme donc la
formation très rapide de la corona autour des nanoparticules natives, dès que celles-ci
entrent en contact avec un milieu biologique. En effet, la corona préformée par 24h
d’incubation en SVF est équivalente, en termes d'impact cellulaire, à celle formée autour des
nanoparticules natives en quelques minutes après introduction dans le milieu cellulaire juste
avant leur contact avec les cellules. Malgré les échanges intervenant vraisemblablement
entre la corona et les protéines du milieu, la formation de la corona est certainement un
phénomène de l'ordre de la minute et les modifications ultérieures de celle-ci n'ont qu'un
impact modéré sur les cellules, sur la base de ce que nous pouvons visualiser avec cette
technologie.
164
ce cas, deux hypothèses sont plausibles, soit les protéines humaines agissent comme un
revêtement protecteur autour des NPs, atténuant l'effet cytotoxique observé, soit c'est au
contraire la présence d'un taux anormal de protéines exogènes (non soi) apportées par la
corona bovine qui, lors de l'internalisation des NPs, crée une toxicité plus importante. Ces
deux hypothèses ne sont ni exclusives ni exhaustives. Hors du cadre de cette publication, ce
résultat a également été observé ultérieurement sur la lignée HepaRG (Figure 41).
165
Figure 41. Comparaison des effets de la corona autour de M-MSNs sur HepG2 et HepaRG mesurés
par impédance cellulaire en temps réel. A) Les cellules HepG2 ont été exposées à 50 µg/mL de M-
MSNs natives ou recouvertes d’une corona préformée de protéines sériques humaines ou bovines
fœtales. B) Les cellules HepaRG ont été exposées à 50 µg/mL de M-MSNs natives ou recouvertes
d'une corona préformée de protéines sériques humaines.
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Article n°5
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Cet article et cette illustration personnelle ont fait l’objet de
la couverture du journal Nanoscale en février 2017.
185
Article n°5 : La chronologie de la formation de la corona autour de
nanovecteurs de silice met en évidence le rôle de l'intéractome de protéines
Les caractéristiques physico-chimiques des M-MSNs sont les mêmes que dans les études
précédentes. Il faut cependant noter que la présence de protéines autour des M-MSNs
augmente sensiblement le diamètre hydrodynamique (DH) des particules. Ce diamètre est
bien plus élevé avec une corona composée de protéines humaines (DH : 235 ± 7 nm) qu’avec
une corona composée de protéines bovines (DH : 190 ± 8 nm). En particulier, nous avons pu
186
visualiser la corona humaine et l’analyser par microscopie à force atomique (AFM), ce qui, à
notre connaissance, n’avait encore jamais été réalisé.
Dans un premier temps, le suivi quantitatif de la formation de la corona a été réalisé par
dosage BCA (Acide Bicinchoninique), entre 30 secondes et 7 jours d’incubation. Les deux
types de corona se forment de manière croissante autour des NPs, démarrant dès 30
secondes d’incubation. A noter, 1 mg de M-MSNs peut adsorber plus d’1 mg de protéines
humaines et environ 0.5 mg de protéines bovines, au bout de 7 jours d’incubation. Dans cet
intervalle, 10 prélèvements ont été analysés par spectrométrie de masse (0.5 min ; 5 min, 15
min, 30 min, 1 h, 2 h, 8 h, 1 jour, 2 jours, 7 jours). Cette étude consiste en trois points:
l’étude de la composition des coronas, l’analyse dynamique des protéines dans le temps, et
l’identification des interactions protéines-protéines.
· La composition de la corona
Comme dans la précédente étude, nous avons constaté la présence d’immunoglobulines (Ig)
dans la corona humaine et non dans la corona bovine. Cette différence est due à la présence
d’un côté, d’un sérum adulte, et de l’autre, d’un sérum fœtal. Cette inégalité explique sans
doute la différence de concentration protéique entre les deux coronas par dosage BCA.
Parallèlement, d’autres familles de protéines détectées dans la corona humaine contiennent
plus d’isoformes que dans la corona bovine (apolipoprotéines, facteurs du complément,
etc.). La corona humaine semble donc être plus diversifiée. On enregistre une forte
adsorption de protéines dès 30 secondes de contact entre M-MSNs et sérum, formant une
corona humaine composée de 134 protéines et une corona bovine composée de 90
protéines. Au final, sur l’ensemble de la plage de temps, 157 protéines différentes ont été
identifiées dans la corona humaine, et 137 protéines dans la corona bovine. En comparaison,
les contrôles de sérums respectifs contiennent 90 protéines identifiées pour le sérum
humain et 75 protéines pour le sérum de veau fœtal. La question s’est posée de savoir
pourquoi nous détections beaucoup plus de protéines sur les NPs que dans le sérum
d’origine. Cette disparité est due à l’enrichissement qualitatif en protéines spécifiques grâce
à leur adsorption en surface des NPs. Ces protéines sont présentes initialement en trop
faible quantité dans les sérums contrôle, ce qui les placent en dessous de la limite de
détection de la spectrométrie de masse.
187
Grâce à des outils développés sur R (https://www.r-project.org), nous avons pu comparer la
composition en acides aminés (AA) des protéines de la corona humaine (157 protéines) à des
listes aléatoires de 157 protéines issues de la base de données humaine Uniprot. Ainsi, bien
qu’un plus grand nombre de listes aléatoires soit recommandé pour avoir une force
statistique suffisante, il en ressort néanmoins que les taux des différents AA composant les
protéines adsorbées ne sont pas différents de ceux composant une liste de protéines prises
au hasard. Le corollaire de ce constat est que les propriétés physico-chimiques des acides
aminés n’interviennent pas de manière évidente dans l’adsorption en surface des M-MSNs
(Figure 42). Ce résultat montre que la formation de la corona ne peut se limiter à l’analyse
primaire des séquences protéiques, mais est due à de nombreux paramètres plus
complexes.
Figure 42. Comparaison des protéines humaines adsorbées aux M-MSNs avec deux listes aléatoires
de protéines. Classification des acides aminés par (A) la nature des chaines latérales, (B) la charge et
(C) la polarité.
188
· La dynamique d’adsorption met en évidence les tendances de comportements
protéiques
Afin de dégager de nouvelles hypothèses, nous avons ensuite opéré plusieurs traitements
statistiques (« normalized spectral abundance factor, NSAF » et clusterisation comme décrit
dans la partie expérimentale du présent article) afin de visualiser les principales tendances
d’évolution d’adsorption des protéines dans le temps. Ainsi, trois tendances dynamiques
différentes se dégagent, et ce pour les deux types de coronas avec des corrélations
humain/bovin très importantes. Les 3 tendances identifiées sont :
189
l’internalisation cellulaire. Les facteurs du complément, par exemple, ont été identifiés
comme directement impliqués dans l’opsonisation des NPs.
Les connaissances acquises dans l’étude des réseaux de gènes et protéines nous ont permis
de cartographier un réseau d’interactions protéines-protéines, ou intéractome, au sein de la
corona humaine grâce à l’outil NetworkAnalyst. Ces interactions sont basées sur des
interactions physiques décrites dans la littérature. Cette analyse nous a conduit à établir une
représentation graphique du réseau potentiel des protéines issues de nos données (figure 6
de l’article). Cette représentation inclut toutes les possibilités d’interactions directes au sein
de la corona, ainsi que leur appartenance aux différents clusters, le tout sur une échelle
dynamique selon leur ordre d’apparition dans la corona.
Grâce à cela, nous avons pu déterminer une chaîne d’évènements possibles de la formation
de la corona. Nous avons pu démontrer que l’intéractome d’un milieu biologique est
également fortement impliqué dans la formation de la corona, au même titre que les
interactions physico-chimiques. Dès le premier contact entre NPs et milieu biologique, les
protéines sont adsorbées rapidement au sein de la corona à la fois sous forme libre et sous
forme complexée. Des protéines peuvent ainsi être « tractées » vers la corona par des
protéines très affines aux NPs, alors qu’elles-mêmes n’ont pas forcement d’affinités fortes
avec les NPs, d’où leur désorption au fil du temps. La corona étant en constante interaction
avec le milieu biologique environnant, d’autres protéines s’adsorbent ainsi via leurs
interactions directes avec les protéines déjà présentes au sein de la corona.
190
Comme présenté dans la partie « interactions avec les biomolécules », Mirshafiee et al. ont
réalisé, en 2016, une étude sur la possibilité d'orienter la formation de la corona par pré-
recouvrement avec des immunoglobulines et d'utiliser sa composition en tant qu'outil de
ciblage de macrophages (Mirshafiee et al., 2016). Selon cet auteur, les stratégies de ciblage
des NPs médiées par la corona doivent optimiser à la fois le choix des protéines de
recouvrement, le recrutement des protéines plasmatiques souhaitées ainsi que leur
accessibilité dans la corona. Selon Kenneth Dawson et son équipe qui se sont largement
penchés sur l’étude de la corona, les nanomatériaux mettent au défi les paradigmes de tests
in vitro parce que, contrairement aux espèces moléculaires, les biomolécules dans le milieu
de dispersion modulent leurs interactions avec les cellules (Kim et al., 2014). Même si
l'homologie des protéines bovines et humaines est assez élevée, l'effet de la corona est
souligné en passant au sérum humain sur les cellules humaines, où les affinités des protéines
humaines pour les récepteurs humains seront nécessairement plus élevées que celles des
protéines bovines.
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Article n°6
204
Article n°6 : Les étapes expérimentales de séparation influence la composition
en protéines de la corona autour de nanoparticules de silice
Nous nous sommes penchés sur une étape du protocole expérimental qui nous semble
importante, la séparation avant analyse entre les NPs et le fluide biologique responsable de
cette corona. Pour cela, nous avons réalisé une incubation des NPs dans du sérum humain et
utilisé deux méthodes de séparation différentes : la centrifugation, qui est la plus
communément utilisée dans la littérature, et l'aimantation, qui est permise uniquement par
la présence du cœur de fer dans nos NPs.
205
Après analyse en nano-LC MS/MS, les données ont été traitées avec différents outils
informatiques développés sur R. Nous avons ainsi identifié 121 et 151 protéines au sein de la
corona avec aimantation ou centrifugation. Il existe des similarités, qui ici sont représentées
par un pool de protéines communes de 108 protéines, nommé core protéome. Le calcul du
NSAF (%) a permis, comme dans les études précédentes, de visualiser l'abondance relative
des protéines dans ces deux ensembles. Nous avons ainsi observé des différences nettes
entre les deux coronas. L'exemple le plus marquant concerne l'albumine, qui représente 33 ±
2% de la corona après aimantation, alors qu'elle occupe seulement 6 ± 2% après
centrifugation.
Ainsi, les étapes de centrifugation qui sont réalisées dans les études de corona pour
beaucoup de NPs, parce qu'il n'existe pas d'alternatives, induisent probablement des forces
qui réduisent la part des protéines qui ont des affinités faibles pour les NPs. Les forces
appliquées par centrifugation sont forcément plus importantes que celles induites par
l'aimantation. La centrifugation introduit donc un artefact qui modifie la composition initiale
de la corona et ne retient probablement que les protéines qui ont des interactions fortes
avec les NPs (interactions physico-chimiques), et avec la corona elle-même (interactions
protéines-protéines, voir article n°5 sur l’intéractome). Cette perte protéique redistribue
totalement le pourcentage des autres protéines en surface en remodelant la corona de
manière forcée.
En conclusion, chaque protocole de séparation est en soi plus ou moins intrusif, la clé étant
que la méthode réponde au besoin de l'expérience. C’est potentiellement une des raisons de
la difficulté à comprendre la formation de la corona. Les méthodes de détection in situ
pourront être une perspective permettant de caractériser la corona directement au sein
d'un fluide biologique ou de cellules sans en compromettre sa composition.
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211
Conclusions et
perspectives
212
Cette thèse a été réalisée dans le cadre d’un projet de recherche financé (BioSiPharm) par
l’ANR, P2N et par la collaboration entre des laboratoires de l’institut Charles Gerhardt de
Montpellier (MACS et IMNO), de la direction de la recherche fondamentale du CEA et de la
société NanoMedSyn.
C’est tout l’objet de cette thèse qui a pris pour exemple des nanovecteurs magnétiques de
dernière génération de type cœur-coquille. Ces NPs de silice mésoporeuse (M-MSN)
comportant un cœur unique de magnétite ont été étudiées à l’état natif, mais aussi
recouvertes de PEG2000 ou d’une bicouche lipidique de DMPC. Après une caractérisation
physico-chimique poussée, leur toxicité potentielle sur des cellules hépatiques HepaRG a fait
l’objet d’investigations approfondies à l’aide de méthodes innovantes.
Lors d’une étude préliminaire, nous avons utilisé des NPs de silice en tant que modèle afin
d’élaborer une méthodologie d’analyse comparative de données massives basée sur des
comparaisons de voies de signalisation canoniques (canonical pathway) (article n°1). Cette
méthodologie consiste à focaliser directement sur les mécanismes de réponse cellulaire liés
à l’exposition à une substance. Un mode de calcul spécifique consistant à quantifier le taux
213
d’implication d’une voie en réponse à une exposition a permis d’effectuer des études
comparatives de données massives. Cette méthode (dite « pathway driven »), se distingue
des méthodes consistant à comparer des listes gène à gène ou protéine à protéine (dite
« molecule driven ») qui ne donne généralement pas de résultats satisfaisants. Cette
approche nous a conduit à établir trois niveaux d’effets en fonction des doses, regroupant
des ensembles de voies de signalisation canoniques et des mécanismes de toxicité
spécifiques à ces NPs A200. Ces niveaux correspondent ainsi au déclenchement de la
réponse cellulaire adaptée, qui est fortement dépendante de la dose appliquée et amplifiée
dans le temps. La profondeur de champ de l’analyse permet également de naviguer des
gènes aux grandes fonctions cellulaires et peut être un outil prédictif robuste et
indispensable dans l’étude des effets de substances toxiques et des NPs. La même
méthodologie a été appliquée aux M-MSNs sur un modèle hépatique innovant (HepaRG)
mais avec des puces humaines de nouvelle génération (8x60k, Agilent) c.-à-d. comportant 8
génomes de 60 000 sondes chacun sur le support.
Dans cette même étude préliminaire, l’utilisation de la spectrométrie de masse s’est avérée
délicate lors de l’analyse des sécrétomes de cellules, simplement parce que les protéines du
SVF (sérum de veau fœtal) contenu dans les milieux de cultures pouvaient masquer certaines
protéines humaines sécrétées en faibles quantités. Néanmoins lors de la première étude, les
protéines détectées comme sécrétées ont pu être associées avec les résultats
transcriptomiques dans une étude intégrative permettant d’appuyer les voies de
signalisation identifiées dans la réponse cellulaire aux NPs.
214
La toxicité des M-MSNs diversement décorées a donc été analysée de manière approfondie
(article n°3). Les études de viabilité ont été réalisées avec un test MTT et par mesure de
l’impédance cellulaire en temps réel. L’internalisation cellulaire des NPs a été observée par
TEM et les réponses cellulaires ont été étudiées par puces d’expression génique avec la
méthodologie « pathway driven ». Les NPs natives et fonctionnalisées ne déclenchent pas de
toxicité à la dose de 1.6 µg/cm² (6 µg/mL) et induisent une légère toxicité parfaitement
réversible à la dose de 16 µg/cm² (60 µg/mL). Ce qui nous permet de définir cette dernière
valeur comme un seuil de biocompatibilité avec les cellules HepaRG. La différence majeure
entre les trois types de M-MSNs est le ralentissement de l’internalisation et un décalage
temporel des effets transcriptomiques lorsque les M-MSNs sont recouvertes de PEG.
Néanmoins, nous avons montré qu’une dose de 80 µg/cm² (300 µg/mL) déclenche
l’enchaînement des évènements de l’AOP (Adverse Outcome Pathway) de la cholestase
hépatique, et ce pour les trois types de M-MSNs.
215
expérimental affecte les résultats de la composition de la corona et que la centrifugation
redistribue quantitativement les protéines. C’est une des raisons possibles de la difficulté de
compréhension de sa formation (article n°6).
Par ailleurs, nous avons pu observer que le modèle HepaRG est plus résistant que les cellules
HepG2 vis-à-vis des NPs, probablement parce que l’ensemble de ses fonctions hépatiques
sont activées mais aussi en raison d’une structure organotypique plus évoluée, en particulier
la formation de canalicules biliaires. Cela laisse présager que d’autres modèles, comme les
modèles cellulaires 3D, plus proches de l’in vivo, pourraient être plus résistants vis-à-vis des
NPs. Ces modèles 3D ont un potentiel important pour la toxicologie de demain. Même si une
dose élevée de M-MSNs, natives ou fonctionnalisées, provoque in vitro une perturbation des
fonctions hépatiques (AOP de la cholestase hépatique), et que l’accumulation hépatique soit
avérée pour les M-MSNs, il est certain que les fonctions de l’organisme dans sa totalité font
défaut in vitro (flux sanguin, système immunitaire, clairance hépatique et rénale par
exemple).
Une perspective à court terme est l’analyse par spectrométrie de masse des corona
humaines et bovines autour de M-MSNs recouvertes de PEG ou de DMPC. Nous avons
récemment effectué avec succès des essais dont les données protéomiques viennent d’être
acquises.
Une autre perspective, plus large, pourrait être la mise en relation entre la toxicité des M-
MSNs et la composition de la corona. Il existe vraisemblablement un lien entre les protéines
contenues autour des NPs et les récepteurs membranaires des cellules, influençant
fortement leur devenir cellulaire. Etablir un lien entre des données analytiques
protéomiques décrivant la corona et des données transcriptomiques rendant compte de la
réponse cellulaire, pourrait être un axe novateur dans la compréhension de la corona.
Enfin, l’analyse protéomique des sécrétomes cellulaires est un autre axe possible pour
compléter l’étude transcriptomique et réaliser une étude intégrative globale des effets.
Néanmoins comme observé dans l’étude préliminaire, le SVF présent dans les cultures
cellulaires, indispensable au bon fonctionnement des cellules durant la phase de culture, est
un obstacle important à l’analyse protéomique. Auparavant, la mise au point de milieux de
culture plus adaptés à l’étude des NPs est également indispensable.
216
Par ailleurs, les données protéomiques ont pu être étudiées rapidement à travers les
différents outils d’analyses que j’ai développés en langage R (R-project) durant la thèse.
Cette boîte à outils permet notamment l’analyse des séquences protéiques, le calcul des
NSAF (%) et bien d’autres traitements, à travers une interface graphique.
217
Annexes
218
Liste des publications scientifiques parues et soumises dans des revues
internationales à comité de lecture
- The timeline of corona formation around silica nanocarriers highlights the role of the protein
interactome.
C Pisani, JC Gaillard, M Odorico, JL Nyalosaso, C Charnay, Y Guari, J Chopineau, JM Devoisselle, J
Armengaud, O Prat. Nanoscale. 2017, 9, 1840-1851. DOI: 10.1039/C6NR04765C.
- Experimental separation steps influence the protein content of corona around mesoporous silica
nanoparticles.
C Pisani, JC Gaillard, C Dorandeau, C Charnay, Y Guari, J Chopineau, JM Devoisselle, J Armengaud,
O Prat. Nanoscale. 2017. DOI : 10.1039/C7NR01654A.
- The species origin of the serum in the culture medium influences the in vitro toxicity of silica
nanoparticles to HepG2 cells.
C Pisani, E Rascol, C Dorandeu, JC Gaillard, C Charnay, Y Guari, J Chopineau, J Armengaud, JM
Devoisselle, O Prat. PlosOne. 2017, 12(8):e0182906.
219
Communication orale en congrès international
- Fifth NANOSAFE International Conference 2016 – Health and safety issues related to
nanomaterials. 7-10 November, 2016. Grenoble. France. Titre: Corona Interactome: A key for
deciphering protein adsorption on silica nanocarriers.
- Corona interactome: A key for deciphering protein adsorption kinetics on silica nanocarriers
surface. C Pisani, JC Gaillard, M Odorico, JL Nyalosaso, C Charnay, Y Guari, J Chopineau, JM
Devoisselle, J Armengaud, O Prat. Toxicology letters 258(1) 16Sept2016 pS281. DOI:
10.1016/j.toxlet.2016.06.1980
220
Publication scientifique parue hors thématique de thèse
Dans cette publication issue de mon travail précédent en tant qu’ingénieur de recherche,
nous avions étudié la toxicité de substances chimiques phytopharmaceutiques sur un
modèle ex-vivo de la spermatogénèse. Bien qu’elle soit hors du champ de cette thèse, la
finalisation de ce travail qui a eu lieu pendant ma thèse m’a permis d’affiner la méthode
d’étude des données massiques provenant des techniques omics, dit « pathway driven ».
221
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241
Abstract
Nanoparticles (NPs) capable of transporting and releasing therapeutic agents to target tissues
constitute one of the most exciting areas in nanomedicine, especially magnetic mesoporous silica
nanoparticles (M-MSN). M-MSNs may be addressed to tumors thanks to their magnetism and can act
as drug carriers thanks to their high specific surface area. Nevertheless, the safety of these NPs with
decorations, conferring them specific properties, must be assessed in order to avoid harmful effects on
healthy tissues, in particular on the liver, the organ of xenobiotics metabolism.
The goal of this thesis was therefore to evaluate the potential toxicity of M-MSN either pristine, or
coated with polyethylene glycol (PEG), or surrounded by a lipid bilayer of 1,2-dimyristoyl-sn-glycero-
3- Phosphocholine (DMPC). To this end, the human hepatic cell model HepaRG was chosen to realize
in vitro toxicity testing and to elucidate the intracellular mode of action of these various NPs.
The physico-chemical properties of pristine and covered M-MSNs were measured using different
techniques such as dynamic light scattering (DLS), transmission electron microscopy (TEM) and
atomic force microscopy (AFM). NPs toxicity was first evaluated by viability testing and real-time
cell impedance analysis (xCELLigence).
Gene expression profiles were then performed through very high density oligo microarrays (8x60k,
Agilent) to evaluate, in a dose- and time-dependent manner, the toxicity of these NPs. In addition, the
use of an original methodology for comparative analysis of large biological data allowed us to
demonstrate the molecular mechanisms triggered by the NPs in the hepatocytes. We were able to
determine the dose not triggering any toxicity as well as the dose inducing a slight transient toxicity
after 24h. We thus defined this latter value as a threshold of biocompatibility with HepaRG cells. We
also showed by TEM a slower uptake of PEGylated NPs by cells as well as their delayed effects on the
transcriptome compared to the pristine and DMPC NPs. Nevertheless, a dose of 80 μg/cm² of pristine
or covered M-MSNs triggers the chain of events of the hepatic cholestasis AOP (Adverse Outcome
Pathway). This result demonstrates that this methodology is suitable for predictive toxicology by
analysis of cellular biological responses after exposure to exogenous substances.
Furthermore, NPs tend to be covered with proteins in the presence of serum (corona). Cell impedance
analysis shows that M-MSNs surrounded by human or bovine serum proteins coronas do not trigger
the same toxicity on human cells. This result raises the problem of a potential overestimation of NPs
toxicity to human cells in in vitro testing by using fetal bovine serum in culture media.
We undertook a dynamic analysis (between 30 s and 7 days) of the corona formation by tandem mass
spectrometry has highlighted three groups of protein with distinct behaviors. The first cluster contains
some abundant proteins that desorb over time, the second cluster comprises some protein families such
as apolipoproteins, and the third cluster contains late enrichment proteins attracted by other proteins
already present in the corona. A dynamic network of protein-protein interactions inside the corona,
namely the interactome, was built from the data. This work opens the way to a possible control of the
corona in order to provide the nanocarriers with stealth properties allowing them to reach target organs
without being opsonized.
These techniques used during this thesis and based on analyses of biological big data might be part of
the future standards on nanosafety evaluation.
242
Résumé
243