LA SIMULATION NUMERIQUE POUR LA CONCEPTION DE

CELLULES SECURISEES EN CAS D’ARC INTERNE

Charles BESNARD, Schneider Electric (Direction de l’Innovation), France

charles.besnard@schneider-electric.com

RESUME LE MODÈLE DE
L’auteur présente ici les travaux réalisés en simulation SIMULATION
numérique sur le phénomène d’arc interne dans les cellules
moyenne tension. Un modèle de simulation portant sur un
code de dynamique des fluides couplé à une approche
STRATÉGIE ADOPTÉE
énergétique est présenté, puis une application pour l’aide à La modélisation s’appuie sur un code volume finis de
la conception est suggérée. dynamique des fluides 2D/3D, donnant ainsi une description
spatiale du phénomène, selon une certaine géométrie de
MOTS CLES cellule.

Arc Interne, Simulation numérique, Sécurité, Mécanique Sur ce support sont implémentées des données propres
des Fluides, Thermodynamique. telles que les caractéristiques thermodynamiques de l’air à
haute température, ainsi qu’un modèle macro-énergétique
de l’arc, par l’intermédiaire d’une injection d’énergie.
INTRODUCTION Les équations classiques de la mécanique des fluides sont
résolues en transitoire, y compris l’équation de l’énergie.
L’arc interne est un arc non contrôlé qui peut survenir
accidentellement dans un appareillage moyenne tension en LES PHÉNOMÈNES À PRENDRE EN COMPTE
situation de court-circuit (isolation défectueuse, mauvaise
Le phénomène est par excellence un phénomène
maintenance, …) Très rare, ce défaut n’en reste pas moins
très spectaculaire dans ses effets, car il met en jeu des énergétique. Il est donc décrit par un ensemble d’échanges
énergies énormes (Fig 1). énergétiques et thermodynamiques.

Les conséquences d’un arc interne sont de deux natures.

Une onde de choc et la surpression engendrée sollicitent L’injection d’énergie
mécaniquement l’enveloppe de la cellule, qui peut
litéralement éclater. Puis les effets thermiques provoquent L’arc se caractérise par une forte dissipation d’énergie à
l’expulsion violente de gaz chauds. l’endroit où il est créé. L’élévation brutale de température
dans ce plasma produit l’onde de choc que l’on cherche à
La grande majorité des cellules moyenne tension est
aujourd’hui soumise à la norme IEC62271-200, qui impose caractériser. Afin de reproduire ce mécanisme, on
la résistance mécanique de l’enveloppe, et l’évacuation représente l’arc par une source locale d’énergie transmise
maîtrisée des gaz chauds. Les effets doivent être limités au fluide.
aux abords de la cellule pour assurer à minima la sécurité
des personnes. L’équation de l’énergie [1] dans la zone d’arc hérite du
terme source Sh [2] suivant :
L’enjeu de la simulation est de donner des règles de
conception pour assurer un large succès lors des essais de
( ρ E ) + ∇. (v ( ρ E + p ) ) = −∇.  ∑ h J  + S
certification. ∂

[1]
∂t  
j j h
j

 −t
1 5 
Sh = Pavg 1 + e  + sin ( 2π f ( t − t m ) )  
τ
[2]
 4 4 
Pavg : terme de puissance moyenne déterminé à partir de Ieff
(performance recherchée) et Uarc, fonction des
caractéristiques de chaque cellule
f : fréquence du courant
τ : temps de relaxation
tm : temps de montée

Figure 1 : Cellule moyenne tension avant et pendant Ce modèle temporel décrit de manière très reproductible la
un essai d’arc interne forme transitoire de l’énergie mesurée lors d’essais (Fig 2).
 Gaz
exhaust
Injected Power

5,E+07

5,E+07 Measured Power Calculated Power

4,E+07

4,E+07
Power (W)

3,E+07

3,E+07

2,E+07

2,E+07

1,E+07
Front
5,E+06 Door
0,E+00
115 125 135 145 155 165 175 185 195

Time (ms)
Circuit
Breaker
Figure 2 : Energie injectée en essai et en simulation
Figure 3 : Géométrie de la cellule testée
Le rayonnement
RÉSULTATS
L’injection d’énergie à des niveaux élevés aboutit à une
montée en température très rapide. Dans la réalité, les On cherche à décrire l’onde de choc, et en particulier la
zones chaudes se mettent alors à rayonner, stabilisant leur surpression appliquée sur la porte avant de l’appareil. Ci-
température aux environs de 15 000 K. dessous la propagation de l’onde de choc à partir du lieu
d’injection d’énergie (Fig 4).
Pour la simulation, un modèle d’émission nette est utilisé,
traduisant le phénomène de rayonnement par un terme Gaz
exhaust
perte volumique équivalent dans l’équation de l’énergie [1].
Sensor
on Front
L’injection de masse Door

Dans la réalité, le phénomène se poursuit par une Arc

vaporisation de métal et de plastique, qui peut influer sur la
surpression observée. Dans cette version du modèle de
Circuit
description, nous négligerons cette partie, s’attachant sur Breaker
un cas précis à décrire davantage les phénomènes d’onde
de choc durant les premiers instants de l’arc interne.

LA MISE EN ŒUVRE SUR

Figure 4 : Déplacement de la surpression (Pa)
UN CAS RÉEL
La pression sur la porte avant est mesurée et comparée
GÉOMÉTRIE ET SCÉNARIO aux simulations (Fig 5).
On étudie l’essai d’arc interne dans le compartiment
Pressure Door Up
disjoncteur d’une cellule type AIS (Air Insulated
0,3
Switchgear). L’application du modèle précédemment
explicité se prête à ce type de cellule plutôt soumise à 0,25

Sensor
l’onde de choc qu’à une montée en pression par ablation. 0,2
Simulation
Overpressure (bar)

0,15
L’essai consiste à appliquer un courant de court-circuit de
0,1
25kA sur les 3 phases volontairement court-circuitées
derrière le disjoncteur. L’évacuation des gaz se fait par le 0,05

haut et par le bas sur toute la largeur de la cellule (Fig 3). 0

0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03 0,035 0,04 0,045 0,05
-0,05
Un modèle géométrique simple bi-dimensionnel est associé
pour la simulation (voir section Résultats). L’injection -0,1
Time (s)
d’énergie se fait dans une zone de dimension équivalente -0,15

à l’entrephase.
Figure 5 : Courbe de pression obtenue en essai et en
simulation
Le pic de pression obtenu en essai est plus durable que le Mise en évidence d’une géométrie favorable
pic simulé, à cause essentiellement des effets de
vaporisation non pris en compte, qui apparaissent après La propagation de l’onde de choc a montré une zone
quelques millisecondes. Néanmoins dans ce cas où les particulièrement sollicitée : l’angle inférieur de la cheminée
evacuations sont larges, les niveaux de pression obtenus (Fig 7).
sont relativement concordants, et la description de l’onde de
choc reste correcte. Une configuration originale de dégazage latéral à cet
endroit (Fig 7) permet de limiter de 30% la surpression
maximale (Fig 8).
L’UTILISATION DE LA
SIMULATION EN
CONCEPTION
Ce modèle CFD couplé à une injection d’énergie a été
appliqué à la conception d’un dispositif d’évacuation type
“cheminée” pour une cellule AIS similaire à la précédente.

Dans une cellule subissant un arc interne à l’intérieur du

compartiment câbles, le problème était de créer un
dispositif de déviation des gaz vers le haut, pour protéger
l’arrière de toute manifestation.

La simulation a servi à comparer de manière ralative Config A Config B

plusieurs configurations géométriques. Figure 7 : Configurations géométriques standard et
favorable
Etude paramétrique sur la profondeur de
cheminée Max Pressure on Chimney rear side
1,40E+05

1,35E+05
3 profondeurs de cheminée ont été testées. Les gains en
Config A
terme de pression à l’impact sur la face arrière ont donc pu 1,30E+05
Config B
être quantifiés selon les dimensions du dispositif.
Pressure (Pa)

1,25E+05

1,20E+05

1,15E+05

1,10E+05

1,05E+05

1,00E+05
0,000 0,001 0,001 0,002 0,002 0,003 0,003 0,004 0,004 0,005 0,005
Time (s)

Figure 8 : Courbe de pression dans 2 configurations

géométriques différentes

Figure 6 : Impact de l’onde de choc sur un dispositif

de ”cheminée” arrière (Pression en Pa)

Profondeur de
100 150 300
la cheminée (mm)
Surpression à GLOSSAIRE
0.24 0.22 0.20
l’impact (bar)
AIS : Air Insulated Switchgear
Table 1 : Surpression à l’impact en fonction de la CFD : Computational Fluid Dynamics
profondeur de la cheminée

L’expansion de l’onde avant impact sur la face arrière

occasionne une surpression de 20% plus faible dans le cas
d’une cheminée de 300mm.