Ecoulement en Milieux Poreux
Ecoulement en Milieux Poreux
Ecoulement en Milieux Poreux
Ecoulementùenùmilieuxùporeux
I Il est rappelé que le jury n’exige pas une compréhension exhaustive du texte. Vous êtes
laissé(e) libre d’organiser votre discussion comme vous l’entendez. Des suggestions de
développement, largement indépendantes les unes des autres, vous sont proposées en fin
de texte. Vous n’êtes pas tenu(e) de les suivre. Il vous est conseillé de mettre en lumière
vos connaissances à partir du fil conducteur constitué par le texte. Le jury appréciera
que la discussion soit accompagnée d’exemples traités sur ordinateur.
Dans tout le texte on dira qu’une fonction F de RN dans RN est coercive si elle tend vers
l’infini à l’infini, c’est-à-dire limkxk→+∞ kF (x)k = +∞.
1. Introduction
On s’intéresse dans ce texte à un modèle d’écoulement en milieu poreux. Un cadre typique
d’application de tels modèles est celui de l’industrie pétrolière. La situation géométrique bi-
dimensionnelle (très simplifiée bien sûr) est celle décrite par la figure 1. Le pétrole est sup-
posé piégé dans la zone poreuse et les zones hachurées sont totalement imperméables. Le
but est de faire sortir le pétrole par les deux extrémités de la zone poreuse (à gauche et à
droite sur le dessin) en injectant de l’eau avec un certain débit à travers des puits représen-
tés sur la figure.
La zone poreuse est supposée rectiligne et de longueur 1 pour fixer les idées, de sorte que
la position horizontale dans celle-ci est repérée par une abscisse x ∈ [0, 1]. On se place dans
une situation stationnaire et on note Q(x) le débit de fluide (i.e. du mélange eau+pétrole) à
travers la section d’abscisse x orientée de gauche à droite. Autrement dit, pour tout intervalle
injection injection
00000
11111
00000 00000
11111 00
11
11111
00000
11111
00000
11111
00000
11111
00
11
00
11
00000
11111
00000 00000
11111 00
11
11111 00000
11111 00
11
Zone poreuse
11111111111111111111
00000000000000000000
00000000000000000000
11111111111111111111
00000000000000000000
11111111111111111111
00000000000000000000
11111111111111111111
00000000000000000000
11111111111111111111
Page 1/6
de temps δt , la quantité de fluide qui traverse la section d’abscisse x est donnée par Q(x)δt .
On note f (x) le débit (entrant) de l’injection au point x. La fonction f est donc non nulle (et
par exemple constante) uniquement pour les abscisses correspondant aux zones d’injection.
Si on écrit le bilan des débits entre deux abscisses a < b quelconques, on obtient
Z b
(1) Q(b) −Q(a) = f (x)d x,
a
où ϕ est une fonction de R dans R, de classe C 1 , strictement croissante, sans point critique,
coercive et avec ϕ(0) = 0.
Donnons deux exemples de telles lois :
— Si on se place dans l’hypothèse de faibles débits, on peut envisager une loi linéaire
(4) ϕ(ξ) = K ξ,
(6) dx dx
p(0) = p(1) = 0.
D’un point de vue pratique, pour les industriels du pétrole, une question pertinente est :
étant donnés la position et le débit des puits d’injection (i.e. la fonction f dans le modèle),
quel est le débit de pétrole en sortie que l’on va obtenir ?
Page 2/6
2. Analyse théorique du modèle
Théorème 1. Soit ϕ une fonction de classe C 1 de R dans R, strictement croissante, sans point
critique et coercive. Pour toute fonction f continue sur [0, 1], il existe une unique solution p
au problème (6).
Pour justifier cela, on note, pour tout α ∈ R, p α l’unique solution sur [0, 1] du problème de
Cauchy
d d pα
µ µ ¶¶
− ϕ = f (x), pour 0 < x < 1,
dx dx
(7) p α (0) = 0,
d pα
(0) = α.
dx
On vérifie que cette solution s’exprime de la façon suivante
Z x µ Z t ¶
−1
(8) p α (x) = ϕ ϕ(α) − f (u) d u d t ,
0 0
Page 3/6
On cherche ensuite l’unique α tel que p N +1 = 0, par exemple par une méthode de dicho-
tomie.
Cette approche fonctionne assez bien mais présente des inconvénients relativement rédhi-
bitoires. Tout d’abord, elle nécessite de pouvoir calculer explicitement l’inverse de la fonc-
tion ϕ, ce qui n’est pas nécessairement accessible dans des situations complexes. Dans ce
cas, il faut envisager un calcul approché de ϕ−1 à chaque étape du calcul. Par ailleurs, la
méthode n’est pas généralisable aux dimensions supérieures à 1.
(11) 1 ³ ³ p i +1 − p i ´ ³ p − p ´´
i i −1
− ϕ −ϕ = f (x i ), ∀i ∈ {1, . . . , N }.
h h h
On vérifie que toute solution du schéma par dichotomie (10) (pour la bonne valeur de α
bien entendu) est aussi solution du schéma (11). Les deux méthodes proposées sont donc
équivalentes dans le cas présent mais la formulation (11) est adaptable à des cas beaucoup
plus généraux (notamment en dimension supérieure), c’est pourquoi nous en proposons ici
une étude directe.
Théorème 2. Pour toute fonction continue f , le schéma (11) admet une unique solution (p i )0≤i ≤N +1 .
Pour prouver cela, on définit une fonction non-linéaire Φ : RN 7→ RN par
1 ³ ³ p i +1 − p i ´ ³ p − p ´´
i i −1
(12) Φi (p) = − ϕ −ϕ , ∀i ∈ {1, . . . , N },
h h h
avec, par convention, p 0 = p N +1 = 0, et on va montrer que Φ est bijective.
Commençons par remarquer que pour tous p, q ∈ RN , on a
N ³ ³p
i +1 − p i
´ ³q −q ´ p −p q i +1 − q i ´
i +1 i i +1 i
(Φ(p) − Φ(q), p − q) = ϕ −ϕ
X
(13) , − .
i =0 h h h h
Ceci montre que Φ est monotone, c’est-à-dire que (Φ(p) − Φ(q), p − q) > 0 pour tous p 6= q.
Le résultat général que l’on peut alors appliquer est le suivant :
Théorème 3. Toute fonction Φ de classe C 1 , monotone et coercive de RN dans RN est bijective.
Soit b ∈ RN , on veut trouver p ∈ RN tel que Φ(p) = b. L’unicité d’un tel p découle immédia-
tement de l’hypothèse de monotonie. Pour démontrer l’existence d’une solution p, on peut
procéder de la façon suivante :
(1) Pour tout ε > 0, on introduit la fonction Φε (p) = Φ(p) + εp. Celle-ci vérifie
(14) (Φε (p) − Φε (q), p − q) ≥ εkp − qk2 , ∀p, q ∈ RN .
En particulier, pour tout p ∈ RN , la matrice jacobienne DΦε (p) est inversible et donc
l’image de Φε est un ouvert.
Page 4/6
(2) De (14), on déduit également que
(15) (Φε (p), p) ≥ εkpk2 + (Φ(0), p), ∀p ∈ RN ,
et donc, par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on obtient
(16) kΦε (p)k ≥ εkpk − kΦ(0)k, ∀p ∈ RN .
En particulier, on a obtenu que Φε est coercive.
(3) Montrons qu’il existe p ε ∈ RN tel que Φε (p ε ) = b. Pour cela, on définit p ε ∈ RN par le
problème de minimisation suivant :
(17) kb − Φε (p ε )k = infn kb − Φε (q)k.
q∈R
Page 5/6
F IGURE 2. Calcul de p α pour différentes valeurs de α.
Page 6/6