Mauroy
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Le Fils de Dieu
PAÇIS
BIBLIOTHÈQUE ARTISTIQUE & LITTÉRAIRE
SOCIÉTÉ ANONYME LA PLUME
3Ix.rue Bonaparte, 31
1897
Le Fils de Dieu
1,'OEUVRK COMPREND :
2me Partie :
v. In extremis.
VI. Un étrange Jour de l'An.
vil\ La fin du Monde Sensible.
Trois volumes pour paraître prochainement
et successivement.
Le Fils de Dieu
PARIS
HUiLlOTIlkori: ARTJSTHjl'F. «"• LITTÉRAIRE
SOCIÉTÉ ANONYME LA PLUME
(i) Le présent livre fait suite ali livre : Dieu. De plu?, l'oeuvre
totale constitue un seul ouvrage en 3 parties. De là, un numé-
rotage unique pour les paragraphes s'impose et s'explique. Mais,
que le lecteur n'en prenne point souci, car chaque livre peut se
lire séparément.
pris connaissance du Nouveau Testament, des
oeuvres des Pères de l'Eglise, des Docteurs et des
Théologiens; d'avoir, en un mot, commis, et plus
gravement encore, les négligences que l'abbé Gratry
relevait, jadis, si vertement,au passif de M.Vacherot.
J'ai, Monsieur l'Abbé, repris et relu les Evangiles
et les écrits des Apôtres ; j'ai pu, en outre, me
procurer la brochure qui fit tant de bruit, en son
temps, de l'abbé Gratry, et je suis prêt à discuter-,
tout décidé, je vous en avertis, à m'escrimer de
mon mieux.
D'abord, je rapporterai, ici, un court et prompt
résumé du problème christologique, lequel a, pour
o"bjet, la personne et la mission de Jésus, ses relations
avec Dieu et l'Humanité,
La Dogmatique, proprement dite, se divisant en
deux principales parties : l'Ontologie et la Christolo-
gie, il est convenu que c'est de cette seconde que
nous nous occuperons exclusivement.
La christologie orthodoxe, celle de la première
communauté chrétienne, fut formée de l'application,
au Christ, de l'idée messianique juive; de la
croyance à la résurrection des morts, au futur et
dernier jugement de tous les hommes, à laconception
surnaturelle; enfin, à l'ascension, de Jésus.
Cette christologie populaire a été formulée dans
le symbole des Apôtres (Le Credo).
Avec Saint Paul, la christologie devint théologique.
Elle s'augmenta d'une ingénieuse et féconde théorie
de la Rédemption, qui eut pour conséquence
l'abrogation de la loi judaïque et la suppression de
toute barrière entre les Hébreux et les Païens. Selon
Saint Paul, Jésus est le Fils de Dieu et, par son sacri-
fice, sa passion, et sa mort, il a réconcilié le ciel et la
terre. Le rapport de servitude des hommes à Dieu,
tel qu'il existait sous l'ancienne loi, a cessé ; l'amour
a pris la place de la terreur. Dorénavant, l'Homme
n'est plus astreint à l'impossible, soit à accomplir
toutes les exigences de la loi, obligation à laquelle
l'expérience établit que nul de nous ne satisfait;
mais, celui qui a foi dans le Christ, qui se fie en la
vertu expiatrice de sa mort, celui-là est reçu en la
miséricorde de Dieu. Ce n'est pas par ses actes, ni
par ses propres efforts, autrement dit, par lesoeuvres%
c'est gratuitement et par la grâce bénévole et
spontanée de Dieu, que l'Homme devient juste devant
l'Eternel, ce qui exclut toute élévation imputable à
l'individu.
Mais avant d'aller plus loin il serait bon,je crois,
que nous prissions le soin de fixer ici la chronologie
théologique. Cela nous servirait pour l'entente du
surplus de mon travail.
On s'accorde à donner la priorité à l'Evangile de
SaintMatthieu, composé en Palestine avant la disper-
sion des Apôtres, (Eusèbe) qui eut lieu vers l'an 44.
A la vérité, cette date est contredite par un texte de
Saint Irénée qui recule la publication de cet Evangile
jusqu'en 61 et au-delà, et jusque môme en 67. Mais
l'opinion d'Eusèbe a prévalu.
Le Symbole des Apôtres, qui a dû précéder la
dispersion, appartient, dit-on, à la môme époque
(an 44.)
Ce Symbole fut refait à Nicée (concile de 325.) et
retouché à Constantinople en 381. Ce qui concerne le
—8—
Saint-Esprit (simplement nommé dans le symbole de
Nicée) est du concile de Constantinople et même, le
Filioque catholique n'a été introduit dans le sym-
bole que par un ôynode de Tolède (589.) et assez
subrepticement même.
•
Pour l'évangile de Saint Marc on n'est sûr ni du
temps ni du lieu. (Hist. Ecclés. ni. 24. M. Glaire, t.
5.) On pense qu'il serait postérieur à la mort de
Saint Pierre.
•
L'Evangile selon Saint Luc serait de l'an 63. Mais
on ne sait rien du lieu où il fufcomposé.
Enfin, d'un avisunanimeles Historiens et les Pères
rfeculent jusqu'en l'année 99, la composition de
l'Evangile selon Saint Jean.
Suivons, maintenant, notre récit.
Par sa théorie du Verbe incarné, l'auteur de ce
quatrième et dernier Evangile jeta les fondements
de la christologie métaphysique, qui se développa
ultérieurement.
Et, de là, découlent deux thèses : celle de l'Incar-
nation ou de la personne du Christ; et celle de la
Rédemption, ou de l'oeuvre du Christ.
Saint Anselme mit ces deux théories dans l'union
la plus étroite. II déduisit l'idée de la Substitution,
déjà incluse au Nouveau Testament, et il en fit la
célèbre doctrine dénommée : la satisfaction vicaire.
D'après ce système, l'homme doit à Dieu une
complète obéissance ; mais, le pécheur, — (et tous
les hommes le sont,) — dérobe à Dieu le devoir dont
il est tenu envers lui. Or, Dieu, en raison de sa
justice, ne peut supporter cette offense. Mais, voici
l'embarras: -1 un côté, Dieu ne peut se procurer
— 9 —
satisfaction en condamnant le pécheur à des peines
sans fin, à cause de son immuable bonté ; et d'autre
part, l'homme coupable est hors d'état d'apporter à
Dieu une compensation de son outrage, car celui-ci,
appréciable à la mesure de celui qui l'a subi, est
infini. C'est alors que le Fils de Dieu est intervenu ;
lui seul a pu se dévouer et apporter la rançon de la
faute humaine ; l'être sans péché pouvait, seul,
payer le salaire du péché. Ainsi, la satisfaction pour
le péché des hommes consiste dans la mort de
l'Homme-Dieu, dont l'efficacité profite à l'Humanité.
La christologie orthodoxe a passé dans les confes-
sions de l'Eglise luthérienne. Les théologiens du
Protestantisme maintinrent l'union des natures
divine et humaine en une seule personne. Ils
reçurent que cette communication des natures se
manifeste par la communication de leurs propriétés,
en vertu de quoi la nature humaine participe au
privilège de la divine, et celle-ci au rôle de la nature
.
humaine, dans la Rédemption. Le Christ, en par-
courant avec sa personne et ses deux natures, les
phases de l'oeuvre de rédemption, a passé par un
double état ; l'état d'abaissement, et l'état d'exalta-
tion. Sa nature humaine, dans son union avec la
divine, entra, lors de la conception, dans la co-
posscssion des propriétés divines, mais, durant sa
vie terrestre, elle n'en fit point un usage continu.
En conséquence, cette vie terrestre d3 Jésus est
l'état d'abaissement. C'est à partir de la résurrec-
tion, que commence l'état d'exaltation, et celui-ci
atteignit sa plénitude par le siège pris à la droite
du Père.
— 10 —
Quant à l'oeuvre du Christ, la dogmatique luthé-
rienne la considère sous un triple aspect : comme
prophète, il a révélé aux hommes, sous la sanction
des miracles, la Vérité suprême, soit le décret divin
de rédemption ; comme grand-Prêtre il a rempli la
loi à notre place ; en outre, il a satisfait par sa
passion et sa mort à la peine qui était notre rétribu-
tion, et il continue d'intercéder pour nous auprès du
Père; enfin, comme roi, il régit le Monde et,.en
particulier, l'Eglise, qu'il conduira, des luttes de la
terre, à la gloire des cieux.
Les Réformés n'allèrent pa's aussi loin que les Lu-
thériens, dans la doctrine de la personne du Christ ;
>.ils n'accordèrent pas la dernière conséquence, et la
plus hardie, que les«utres avaient tirée de la réunion
de la divinité et de l'humanité, à savoir: la commu-
nication des propriétés,
Les Sociniens rejetèrent, comme une impossibi-
lité logique, le mystère de l'union, en une seule
personne, de deux natures dont chacune est, déjà,
une personne par elle-même. Ils alléguèrent l'oppo-
sition de leurs propriétés respectives, car, l'une est
immorcelle, et l'autre, mortelle ; car l'une est
sans commencement, et l'autre a commencé dans
le temps.
Par là, les Sociniens avaient frayé la voie aux
Rationalistes, et les dogmes de l'incarnalion et de
la rédemption ne tardèrent pas à être atteints par
une critique qui n'épargna rien de l'ancienne
christologie, et que les représentants les plus
éclairés du Protestantismen'hésitèrent pas à adopter.
Schleiermacher montra que l'hypothèse d'une
-- 11 —
134. —
Jésus-Christ, ai-je écrit plus haut, fut un
grand moraliste. Or, cela môme, Monsieur l'Abbé,
n'est point si sûr, qu'on n'en puisse disputer.
Sur l'article de l'originalité, d'abord, cette morale
a-t-elle donc un caractère qui la soustraie à toute
comparaison ? et, sur celui de la qualité, ne fau-
drait-il point un peu.en rabattre, si nous exercions,
à son endroit, un contrôle indépendant et rigoureux ?
Il vous plaît, sans doute, que nous nous y livrions.
Eh bien, nous allons faire cette vérification, tou-
jours en ayant sous les yeux les Evangiles, eux seu-
lement, rien qu'eux.
— 72 —
Peut-être, de débuter par une définition de la
Morale, nous serait-il une nécessité? Mais cela
nous entraînerait loin; car, encore qu'il semble que
rien ne soit plus facile, il n'en va pas moins que,
comme toute chose, la Morale même n'est ni fixe, ni
stable, ni immuable, ni universelle (1) Elle est va-
riable comme la vie, et aussi fluctuante que le cours
des choses. Vous vous récriez ! je vous entends.
D'une proposition pareille et passablement scanda-
leuse, vous exigez, dites-vous, la démonstration, en
admettant qu'il ne soit pas impossible de la faire.
Or, non ; cela n'est pas impossible, et pour vous la
>procurer, je n'aurai pas besoin de recourir à de vi-
lains écrivains, à Helvétius par exemple: je ne
quitterai pas le coeur des Ecritures saintes : voyez
les 10 Commandements, soif dans l'Exode au chap.
xx, soit dans le Deutéronome, au chap. v.
« Verset 13. — Tu ne tueras point. »
VICTOR MAUROY.
le 5 Février 1807.
Annonay (Ardôche) — Imp. J. UOYER
La P 1 u îti e
REVUE
LITTÉRAÎRE, ARTISTIQUE ET SOCIALE, ILLUSTRÉE
Paraissant les iC 1' et 1$ de chaque mois.
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