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Amar LAKEL - 2010 - GIP GPV, La Rive Droite Numerique

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Laboratoire MICA - Audit numérique 2010

Rive Droite Numérique


Audit de l'e-réputation du territoire du GIP-GPV : Bassens, Cenon, Floirac et
Lormont.

Février 2010

1
Table des matières
INTRODUCTION...............................................................................................................................................8

PINS : CO­CONSTRUIRE LE TERRITOIRE NUMERIQUE.................................................................... 14

I.1 ‐ LE PROJET DE PLATEFORME D’INNOVATION SOCIALE NUMERIQUE .............................................................. 15

I.1.a - Les grandes orientations du « Grand Projet des Villes » (GPV) appliquées aux
réalités de la Rive Droite........................................................................................................................................ 15

I.1.b - Le projet de Plateforme d’Innovation Sociale Numérique.................................................... 19

I.2 ‐ LE CONTEXTE DU WEB 2.0 .................................................................................................................................... 23

I.2.a - Le Web 2.0 n’est autre que l’avènement du web 1.0… ........................................................ 23

I.2.b - Le web 2.0 et les entreprises................................................................................................................ 27

I.3 ‐ SYNTHESE DES ETUDES REALISEES SUR LE GPV, AYANT SERVI A NOTRE ENQUETE.................................... 35

I.3.a - Approches sociologiques du programme de rénovation urbaine .................................... 35

1.3.b - Etudes préalables sur la rive droite numérique........................................................................ 40

ETUDIER LES TERRITOIRES NUMERIQUES 2.0 : UNE “PLONGEE” AU CŒUR DES


RESEAUX. ..................................................................................................................................................... 43

II.1 ‐ SOCIOLOGIE NUMERIQUE DE LA RIVE DROITE .................................................................................................. 45

II.1.a ­ La population de l’étude : ........................................................................................................................... 45

II.1.b ­ L’individu de l’étude : l’action de communication ........................................................................... 51

II.1.c - De l’échantillonnage à la population parente : quelle représentativité ?.................... 54

II.2 ‐ LE QUESTIONNAIRE ............................................................................................................................................... 57

II.2.A ‐ L’EMETTEUR ........................................................................................................................................................ 57

II.2.b ­ Le média ............................................................................................................................................................. 60

II.2.c ­ Le message......................................................................................................................................................... 61

II.2.d ­ Le destinataire................................................................................................................................................. 63

II.2.e ­ Les variables techniques.............................................................................................................................. 64

2
II.3 ‐ METHODE D’EXTRACTION .................................................................................................................................... 66

II.3.a ­ L’équipe .............................................................................................................................................................. 66

II.3.b – la méthodologie ............................................................................................................................................. 67

LES VISAGES DE LA RIVE DROITE NUMERIQUE ....................................................................... 75

III.1 – ANATOMIE D’UNE PAROLE ORDINAIRE ............................................................................................................ 75

III.1.a – Qui parle ? Un espace investi par la parole ordinaire. ....................................................... 76

III.1.b - Par quels canaux ? L’explosion des plateformes de réseaux sociaux...................... 77

III.1.c Comment prendre la parole ? Une conversation ordinaire et urbaine.......................... 78

III.1.d - De quoi parle-t-on ? De sa vie, de son territoire..................................................................... 79

III.2 ­ DES ESPACES DENSEMENT PEUPLES PAR LEURS HABITANTS .......................................................................... 81

III.2.a – L’habitant ordinaire de la rive droite numérique :.................................................................. 82

III.2.b - Le jeune de la rive droite numérique ............................................................................................. 83

III.2.c - Les associations culturelles et sportives ..................................................................................... 84

III.3 – LES ACTEURS INSTITUTIONNELS QUI PARLENT DE LA RIVE DROITE SUR LE WEB 2.0 ................................. 85

III.3.a - Les acteurs économiques .................................................................................................................... 85

III.3.b - Les « reporters » externes de la rive droite ............................................................................... 86

III.3.c - Les institutions publiques et politiques. ........................................................................................ 86

CONCLUSIONS .......................................................................................................................................... 88

3
REMERCIEMENTS :

Nous voudrions remercier toute l’équipe du GIP-GPV qui n’a pas été un simple
commanditaire mais plutôt un partenaire tout au long de cette enquête. Elle a su
nous communiquer sa passion pour ce territoire et l’énergie qu’elle déployait au
quotidien pour le mettre en valeur. Nos remerciements vont tout d’abord à Etienne
PARIN, directeur du GIP-GPV, qui nous a donné toute sa confiance dans l’entreprise
et a ouvert grandement la structure dont il est le directeur à la recherche
universitaire. A Claire THIRIET, directrice de communication, qui n’a pas hésité à
nous confier l’ensemble des documents et études qui président à la stratégie de
communication du GIP-GPV. Elle a été d’un précieux conseil pour la
recontextualisation de cette étude.

Bien sûr nos remerciements vont également directement à Sophie TROUILLET,


Chargée de mission Innovation Sociale et Numérique, dans le cadre du projet de
Plateforme Innovation Numérique et Sociale (PINS). C’est de sa volonté qu’est né le
projet « Rive Droite Numérique ». C’est avec son énergie et sa pugnacité sans
relâche qu’il a pu sortir de terre. Commanditaire exigeante, elle a été d’un appui
pédagogique indispensable tant au chercheur qu’aux étudiants pour mieux saisir les
enjeux pragmatiques de l’innovation territoriale. Chef d’orchestre de ce projet, elle a
été le liant qui a permis l’harmonie d’acteurs hétérogènes qui ont su, au quotidien, se
coordonner pour réussir un projet commun.

Nos remerciements vont ensuite à Marcel DESVERGNE, Président de l’AEC, et à


Laurent-Pierre GILLIARD, Directeur de l’information de l’AEC, qui bien avant la
création de leur auberge numérique, menaient bonne table à l’AEC pour les porteurs
de projets aquitains. Ils ont su faire la place nécessaire aux stagiaires et aux
étudiants, mettre à disposition les ressources tant matérielles qu’immatérielles pour
inscrire ce projet au cœur de la politique numérique de la région. La présence,
l’attention permanente, les remarques incisives, ont été un tableau de bord
encourageant pour la poursuite de ce projet.

Enfin, nous devons à la FING, la volonté d’associer dès le début la recherche


universitaire au cœur du projet. Nous voulions remercier Daniel KAPLAN, Délégué
Général, Thierry MARCOU, Directeur de programme Ville 2.0 et Fabien
EYCHENNES, chef de ce projet, pour la confiance qu’ils ont accordée à notre
laboratoire. En confiant à des chercheurs universitaires les études de la première
phase, ils ont témoigné d’une volonté partenariale forte et innovante avec le monde
académique. Fidèle à leur tradition de leaders en innovation numérique, ils nous ont
offert l’opportunité (risquée ?) de prouver le rôle social de la recherche en sciences
de l’information et de la communication.

4
Les enquêteurs

Direction :
L’enquête a été menée sous la direction de Monsieur Amar Lakel, Chercheur
au MICA- GRECO, Maître de conférences en sciences de l’information et de la
communication à l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication
(ISIC) et Responsable du Master Communication Publique Publique pour l’université
de Bordeaux III.

Liste des étudiants :


C’est dans le cadre du Grand Audit des M2 communication des organisation de
l’ISIC, spécialité Etudes et Conseil, qu’à pu se réaliser l’essentiel de l’étude. Un
Grand remerciement à :

Houda Benabdeljalil pour l’audit 1.0 et son implication dans le 2.0


et à
Maud BOUSQUET
Xavier DAVIAS
Mélanie NA CAO
Raluca PRICOP
Elena COMANESCU
Richard VALENTINI
Sébastien KADJATI
Nadine ECK

Pour le travail gigantesque qu’ils ont mené en un délai record.

5
Organisations parties prenantes de cette étude:

L’ISIC
L’institut des Sciences de l’Information et de la Communication (ISIC) a été créé en
1991. Il a acquis une rapide notoriété dans les métiers de la communication. L’institut
forme des spécialistes de la stratégie organisationnelle, de l’audit et du diagnostic
communicationnel. D’anciens étudiants de la formation sont aujourd’hui
responsables d’entreprises de conseil ou d’agences et viennent apporter leur
expertise en tant que professionnels. La formation de Master s’ouvre encore plus au
domaine du « conseil », domaine où les agences ont des besoins et des difficultés à
recruter. La pédagogie active mise en oeuvre consiste à faire travailler les étudiants
en réponse à des commandes d’entreprises et sur des recherches appliquées. Elle
est le gage d’une insertion professionnelle rapide.
Site web : http://www.isic.u-bordeaux3.fr/

MICA-GRECO
Le MICA est le laboratoire de recherche en Information, Communication et Arts de
l’Université de Bordeaux. Il est labellisé comme équipe d'accueil (EA 4426) de la
formation doctorale en Sciences de l'information et de la communication et en art de
l'École doctorale MONTAIGNE-HUMANITES. Le MICA est né en juin 2009 de la
fusion de deux équipes d’accueil de l’Université de Bordeaux, le CEMIC et
IMAGINES. Le MICA est dirigé par Valérie CARAYOL, professeur des Universités en
Sciences de l’Information et de la Communication à l’ISIC. Le laboratoire développe
une réflexion collective sur les « Mutations des médiations à l’ère du numérique et de
la mondialisation ».
Site web : http://mica.u-bordeaux3.fr/

La FING
La Fing explore le potentiel transformateur des technologies, quand il est placé entre
des millions de mains. Son objectif est d'augmenter la capacité innovatrice du tissu
économique et de toute la société. Depuis 2000, la Fing (Fondation internet nouvelle
génération) aide les grandes entreprises et les start-ups, les territoires et les
décideurs politiques, les chercheurs, les créateurs, les innovateurs sociaux… à
anticiper les opportunités et les risques associés aux technologies, à leurs usages et
au système d’innovation qui les accompagne. La Fing détecte les signaux faibles et

6
décrypte les tendances lourdes. Elle repère, met en valeur et en relation les projets
les plus innovants. Elle identifie de nouvelles opportunités, de nouvelles pistes
d’innovation. Elle agit en expérimentant des projets transformateurs. Elle sensibilise
les entreprises et les acteurs publics aux enjeux de l'innovation ouverte et des
transformations à venir.

Site web : http://www.fing.org

AEC (Aquitaine Europe Communication)


AEC (Aquitaine Europe Communication) est l’agence Aquitaine des initiatives
numériques. Elle agit depuis 15 ans dans le champ du numérique et des TIC. AEC
accompagne les pouvoirs publics dans la définition et la mise en œuvre de leurs
stratégies numériques, notamment par : l’appui à la concertation et la production
d’outils d’aide à la décision, la contribution à l’émergence et l’accompagnement de
projets d’intérêt public partenariaux, d’entreprises et de dispositifs innovants dans le
numérique, la diffusion des cultures du numérique. AEC se positionne comme tiers
de confiance, médiateur d’informations qualifiées, fournisseur d’analyses
stratégiques, coproducteur de dispositifs innovants et développe une attitude de
proximité dans l’élaboration et l’accompagnement de projets.
Site web : www.aecom.org <http://www.aecom.org>

7
Introduction

L’Internet, à l’instar de l’ensemble des révolutions médiatiques du XXème


siècle, a été le vecteur d’un projet politique de rénovation de la démocratie locale.
Vingt ans après la libéralisation de la radio, les pionniers de l’Internet en France ont
vu, dans cette formidable invention technique, l’outil d’une démocratisation de la
prise de parole publique et d’un partage de connaissances permettant la socialisation
des citoyens par le savoir et l’expression. Internet comme « Mass Media Personnel »
devait faire sauter les contraintes techniques, économiques et politiques qui
empêchaient chacun de se faire entendre dans un espace public, démocratique et
républicain. Les historiens d’Internet ont su montrer que cette utopie, qui plonge ses
racines dans la Californie des années 70, était au cœur même de l’innovation
sociotechnique. Bien loin d’être une chimère, son potentiel révolutionnaire fut un
moteur dans le développement de l’invention.
Pour autant, force est de constater que le bilan global est très mitigé. Tout
d’abord parce que les contraintes qui raréfient la parole profane dans l’espace public
ont été certes fortement abaissées mais n’ont pas totalement disparu. Le web
traditionnel demande une forte compétence technique et cognitive (du
développement web à l’art rédactionnel), des moyens économiques dans un retour
social sur investissement pas très clair et enfin il ne résout rien à propos de la

8
question symbolique du droit à la parole ordinaire, aux régimes discursifs non-
institutionnels. Dans le même temps, l’investissement des puissances économiques,
politiques et administratives, dans ce qui apparaît comme un nouveau support au
service de stratégies de com, accélère l’institutionnalisation du web, qui devient
progressivement un « nouveau média ».
Pourtant, la résurgence des concepts « d’intelligence collective », « de
sagesse de la foule », « d’outsourcing de masse » montre bien que le projet social et
politique, à l’origine de ce média, continue à être le cœur de ce que l’on appelle la
révolution du « Web 2.0 ». Ce web de 2nde génération est avant tout la réalisation
d’un concept phare : laisser la foule s’exprimer, éditer, évaluer et partager…en un
mot co-construisons en réseaux nos connaissances et nous serons capables de
surmonter les défis d’une société hyper-complexe. Ainsi, le web 2.O est la continuité
de l’utopie de l’Internet à une différence près : cette fois-ci, les outils pour
expérimenter et innover dans les collectifs sociaux sont accessibles au plus grand
nombre. Un processus d’innovation ouverte est possible. Et au regard de l’explosion
des plateformes 2.0, qui ont fait exploser toutes les statistiques d’audience et de
diffusion de l’information, quelque chose est en train de se passer à l’échelle
internationale.

Le projet « Rive Droite Numérique » s’inscrit dans un mouvement de


fonds de recherche et développement initié depuis 1993 à l’échelle européenne et
française autour des notions de société de l’information et désormais de société de la
connaissance. Des projets multi-acteurs réunissant des chercheurs de disciplines
multiples, des acteurs publics ou associatifs et parfois des entreprises tentant d’initier
et d’insuffler, dans une logique durable, de nouveaux usages sociotechniques autour
des TIC, pour permettre d’améliorer les problématiques d’actions publiques. Face à
une société complexe qui se mondialise et s’accélère, une nouvelle ingénierie
sociale rend nécessaire l’intégration du numérique comme outil d’audit, d’assistance
à la décision en temps réel, d’implication multi-acteurs, voire même d’intelligence
augmentée de l’action. Le numérique n’est plus un monde virtuel et second, il est
devenu l’outil intégré des nouvelles modalités d’action publique.
Le projet « Rive Droite Numérique » apporte cependant une approche
radicalement nouvelle dans la démarche d’innovation. Son ressort repose sur un
changement d’échelle, prôné par Thierry Marcou dès 2007 : « L’Hyper Local ». En
9
effet, à partir des années 2000, les premières enquêtes sur les usages dégagent très
vite une courbe de Pareto, dont l’abscisse est l’échelle des recherches
d’informations. En d’autres termes, 80 % des recherches traitent des informations
concernant un rayon de 20 kilomètres. Mon cinéma, ma mairie, ma circulation, ce qui
m’affecte dans mon action immédiate, voilà ce que je veux savoir, voilà les tableaux
de bord qui amélioreraient mon efficacité au quotidien. Parallèlement, 80 % de mes
émissions concernent mon réseau social réel, c’est à dire au maximum 150
personnes, dont la très grande majorité vit dans mon agglomération.
Ainsi, un changement de point de vue était nécessaire dans les projets
d’innovation sociale et numérique. Ne plus penser le numérique comme fabrication
d’une société alternative, différente, mais partir de la réalité quotidienne des usagers
pour voir ce qu’ils en font vraiment. Il s’agit de prendre au sérieux le modèle
largement prouvé de l’innovation ascendante et de pouvoir en tirer parti pour une
intégration en spirale dans l’espace public local. Ainsi, un projet ne pourrait faire
l’économie, dans un premier temps, d’une évaluation de l’hyper-local, puis d’une co-
construction avec les habitants du territoire de l’innovation pour enfin, en dernier lieu,
penser son usage au regard des institutions et des logiques d’actions publiques.
Ainsi, le projet « Rive Droite Numérique » a voulu inverser l’approche en matière
d’innovation pour coller au plus près de la réalité sociale d’un Internet qui n’est plus
l’outil des technophiles, mais est devenu un usage social de masse.

C’est dans ce contexte que le laboratoire MICA-GRECO, laboratoire en


sciences de l’information et de communication, a accepté de devenir l’un des
partenaires du projet piloté par le GIP Grand Projet des Villes (GPV) et la Fondation
Internet Nouvelle Génération (FING). Sous l’intermédiation de l’Aquitaine Europe
Communication, 2 partenaires universitaires, MICA-GRECO et ADES, 1 partenaire
institutionnel, GIP-GPV, et un partenaire associatif, la FING, décident de se
construire en collectif-projet pour penser, co-construire et piloter un projet, qui vise à
intégrer et à socialiser le formidable mouvement d’investissement des habitants de la
rive droite dans les pratiques de communication 2.0. Si les indicateurs d’audience
montrent un engouement certain pour ces plateformes, on sait aujourd’hui peu de
choses sur les pratiques réelles de ces espaces de communication mais aussi sur
les possibilités d’en faire des usages sociaux au service de la collectivité et de
l’intérêt général.
10
Amar LAKEL, directeur de la présente étude, est le représentant du
laboratoire MICA-GRECO sur ce projet. Chercheur en communication publique
numérique, il consacre depuis plus de 10 ans ses recherches à l’analyse de l’impact
des NTIC sur la fabrication de l’espace public, dans la spécificité du contexte
français. De l’émergence des nouveaux usages sociotechniques, aux
problématiques de régulation et de gouvernance, en passant par le management
stratégique de ces données publiques, il tente de modéliser les changements dans
les pratiques de gouvernement des territoires. S’il s’est intéressé, dans un premier
temps, à la fabrication des politiques publiques de l’Internet à l’échelon européen et
national (Laboratoire CRIS, Paris X Nanterre), il a ensuite participé à la naissance du
projet Vox Internet, qui pose explicitement les questions des mutations de la
gouvernance et de la régulation de l’Internet. C’est en arrivant à l’université de
Bordeaux et au laboratoire MICA-GRECO, qu’il a pu multiplier les études de cas au
niveau territorial, afin d’affiner son modèle d’analyse et d’intervention dans le
gouvernement des usages numériques territorialisés.
C’est en tant que co-responsable du Master Communication des
Organisations de l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication
(ISIC), qu’il a souhaité très tôt impliquer les étudiants dans l’étude des pratiques
émergentes en communication publique numérique. S’il dirige le parcours de
Communication Publique et Politique (en partenariat avec Sciences Po Bordeaux), il
conduit seul le Grand Audit du parcours Audit et Conseil qui a mené à la présente
étude. Dans une approche véritable de Recherche & Développement, la « recherche
pour l’action » rencontre les usages professionnels émergeant autour des nouveaux
métiers d’auditeur en e-réputation 2.0, de « community managers » et de veilleur
stratégique 2.0. Ainsi, au-delà de la recherche scientifique et académique, un
référentiel de compétences, innovant et professionnel, se fabrique avec la
participation des masters professionnels 2ème année. Une rencontre entre
professionnels, chercheurs et futurs salariés est à la base d’une connaissance
innovante et opérationnelle.

L'objectif général du projet consiste à imaginer un dispositif mutualisé,


qui mette la technologie numérique au service du Grand Projet des Villes. Nous
avons donc tenté d’explorer les dynamiques territoriales qui émergent de
l'intervention active des acteurs, sur les réseaux numériques, afin de faire apparaître
11
des logiques d’actions nouvelles. Ce travail exploratoire visait à produire une
méthode formalisée et réplicable d’intelligence territoriale du numérique, qui puisse
appréhender le rôle du numérique dans la construction de l’espace public local. Cette
étude aura comme vocation de s'intégrer au sein de futurs diagnostics territoriaux, en
Aquitaine et ailleurs. Pour autant, nous n’avons pas souhaité construire une étude
sur les usages technologiques, très largement couverts par le diagnostic aquitain
annuel de l’AEC. Il s’agissait plutôt d’étudier les interactions personnelles entre
« auteurs » (individus moraux ou humains) qui fabriquent la réputation et la
socialisation numérique d’un territoire situé.
Il s’agissait bien de partir de la fabrication de l’image d’un territoire en
ligne, à partir d’actions de communication, qui laissent des traces dans l’espace
public numérique. C’est cette archive quasi-permanente, éparse, multiple et
hétérogène que nous avons tenté de structurer en un ensemble cohérent autour de
profils communicationnels, qui sont autant de positions types de locutions produisant
la e-réputation de la « Rive Droite Numérique ». Comme dans toute recherche, nous
partions d’hypothèses à la base de notre questionnement. Nous voulions tout
d’abord savoir si la sociologie numérique était à ce point indépendante de la
sociologie hors-ligne, brossée par de nombreuses études précédentes. Les
comportements recoupaient-ils une réalité tangible ou avions-nous la possibilité de
voir une société différente, en devenir ? Le Web a vu émerger une parole profane et
amatrice, émanant de personnes communiquant en leur nom propre. La question
était de pouvoir mesurer l’impact sémantique mais aussi sémiotique de la place de
cette parole amatrice dans la fabrication de l’identité d’un territoire. Enfin, il apparaît
pour beaucoup d’observateurs que le Web 2.0, en abaissant les barrières techniques
et financières de l’accès à la production d’informations, joue un rôle prépondérant et
complexe dans la structuration et la gouvernance de cette parole profane.
A partir d’une approche interactionniste fondée sur l’École de Chicago
en sociologie et d’une approche pragmatique des sciences de l’information et de la
communication, nous avons développé un modèle d’enquête dont le principal objet
est l’action de communication comme relation fondamentale (au sens premier) des
relations humaines. Depuis la sociologie pragmatique de l’École de Chicago, on sait
que la société s’invente et se construit essentiellement sur la fabrication du sens
commun. C’est donc l’action de communication qui est au fondement des relations
interpersonnelles, des identités individuelles ou collectives. Elle est l’objet essentiel
12
de notre étude. Cette dernière repose sur une approche pragmatique de la
communication, pour mieux comprendre « qui parle », « de quoi parle-t-il », «
comment en parle-t-il », « d’où parle-t-il » et « à qui parle-t-il ». Ainsi nous sommes
en mesure de faire une cartographie sociologique du territoire numérique de la
réputation des villes du GIP-GPV en découpant les acteurs locaux en profils de
communication.
Par un échantillonnage représentatif en strates, nous avons isolé et analysé
plus de 1 300 messages émanant d’observateurs directs humains. Nous avons ainsi
pu mesurer ce que nous avons voulu appeler « l’empreinte numérique d’un
territoire ». Empreinte, parce qu’il s’agit d’un échantillon représentatif ; mais
empreinte aussi et surtout parce que le web public n’est que la partie émergée des
échanges numériques sur un territoire : une infirme partie de ce qui s’échange et
structure les communautés et les réseaux. Pour autant, c’est bien de l’espace public
qu’il s’agissait, excluant par là-même toute immixtion dans l’intimité ou la
communauté des habitants. Notre étude a donc tenté de montrer le visible/invisible,
de révéler un espace public numérique bien réel que trop de gens, par faute d’outils,
par faute d’appétence, ne voyait pas, ne prenait pas en compte.

13
PINS : Co‐construire le territoire numérique

14
I.1 - Le projet de Plateforme d’Innovation Sociale Numérique

I.1.a - Les grandes orientations du « Grand Projet des Villes » (GPV) appliquées
aux réalités de la Rive Droite

Qu’est-ce qu’un GPV ?

Le portail « vie-publique.fr1" définit les GPV ainsi : « Les "grands projets de


ville" (GPV) succèdent aux GPU2 mais suivent une approche différente. Le GPV est
un projet global. Si des opérations lourdes de requalification urbaine restent au cœur
du projet, le GPV se donne aussi comme ambition d’améliorer les conditions de
vie des habitants, de transformer l’image du quartier et la perception qu’on
peut en avoir et de redonner une valeur économique à ces territoires. 50 sites
sont concernés. Le programme national de renouvellement urbain, lancé en 1999, se
fonde sur les GPV. » Ainsi, le GPV est un outil essentiel de gouvernance des
territoires en profonde transformation, tant sociale qu’identitaire. Cette approche
globale, qui met le citoyen au cœur de l’action publique, le grand projet des villes en
a fait sa lettre de mission. C’est cette logique qui explique la volonté politique des 4
maires à l’origine de sa fondation. Dès le début, le GIP-GPV est doté de prérogatives
qui ne le limitent pas au simple pilotage des projets d’aménagement urbain. Il est en
charge des études, de l’innovation sociale et numérique, de projets culturels et de la
communication institutionnelle du territoire.

Les objectifs du GPV « Rive Droite »


Le Grand Projet des Villes concerne quatre communes : Bassens, Cenon,
Floirac et Lormont (66 000 habitants, soit 10 % de la population de l'agglomération
bordelaise) ; il est, parmi les 50 sites GPV de l’Hexagone, le seul qui ait la
spécificité d’être intercommunal. Sa structure juridique porteuse est
un Groupement d’Intérêt Public (GIP), qui implique un partenariat entre des

1
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-ville/renovation-urbaine/

2
Les « grands projets urbains » (GPU) sont lancés en 1991 ; leurs opérations se concentrent essentiellement sur l’aspect urbain « et
consistent à engager une restructuration urbaine profonde, sur dix à quinze ans, pour tenter de réintégrer des quartiers isolés à
l’agglomération. »

15
acteurs publics et des organismes privés et qui requiert, de fait, la mobilisation de
tous en vue d’une action globale, cohérente, adaptée et efficace, afin d’améliorer les
conditions de vie des habitants, de valoriser l’image du territoire et de lui apporter
une valeur économique.
Les études menées ont révélé que le territoire de la rive droite de
l’agglomération bordelaise « cumulait, structurellement, de graves difficultés
sociales, économiques et de fonctionnement urbain » ; ces travaux ont conduit à
la mise en place de nombreuses opérations de requalification massive. L’opération la
plus récente est un projet global de requalification, conventionné avec l’Agence
Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU)3 et concerne la décennie
2002/2011. Le projet global de territoire a été actualisé pour la décennie 2007/2016,
avec pour objectifs la consolidation des efforts déjà entrepris, ainsi que
l’élargissement de l’action aux domaines de l’emploi et du développement
économique.
Enfin, dans une perspective de cohérence territoriale et en réponse à l’appel
à projet du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER)4, un
nouveau projet de territoire a été mis en chantier dès l’été 2006, afin de resituer
la « Rive Droite » dans un ensemble plus large, qui prend en compte le concept de «
plaine de Garonne » ; ce concept fait référence à une dynamique qui doit s’étendre
d’abord à la première couronne, puis à la seconde. Plus généralement, le fil rouge de
la démarche actuelle est de répondre à l’appel à projet du FEDER pour le « soutien
du développement durable des quartiers sensibles ».

Le diagnostic
Les communes concernées par notre champ d’investigation se caractérisent
d’abord par la proximité géographique et la convergence des situations sociales et
ainsi, par une relative homogénéité. De légères nuances ont néanmoins été
constatées à des échelles plus fines, c’est-à-dire entre communes et quartiers par
exemple. Les grandes caractéristiques du territoire observées et constatées au
regard de celles de la communauté urbaine de Bordeaux sont :

3
http://www.anru.fr/

4
http://europa.eu/legislation_summaries/employment_and_social_policy/job_creation_measures/l60015_fr.htm

16
Les caractéristiques démographiques : une population vieillissante régénérée par
une immigration récente
• Une population jeune, voire très jeune, avec une proportion
particulièrement importante d’enfants et d’adolescents, alors qu’il y a
relativement peu de jeunes adultes. Les jeunes âgés de 15 à 25 ans sont, en
effet, relativement moins nombreux que dans le reste de l’agglomération,
peut-être en raison de l’absence d’universités sur la Rive Droite.
• Un territoire de résidence de migrants : la proportion d’étrangers est
2 fois supérieure à ce qui est constaté sur le reste de l’agglomération ; il
s’agit de familles relativement jeunes, souvent étrangères ou d’origines
étrangères, ayant acquis la nationalité française, avec de jeunes enfants, peu
de grands enfants et de jeunes adultes. Ces familles comptent une
proportion de familles monoparentales plus importante que la moyenne de
l’agglomération.
• Une tendance au vieillissement depuis le début des années 90.
Les caractéristiques socio-économiques : une population très défavorisée
économiquement
• La situation de l’emploi est plus dégradée que dans l’ensemble de
l’agglomération ; celle-ci peut être expliquée par le faible niveau de
qualification de la population. On note, en outre, que la proportion d’ouvriers
est de 70 % supérieure à celle de la CUB et que les cadres et les diplômés
de l’enseignement supérieur ne représentent que le tiers de la proportion
relevée dans l’agglomération bordelaise.
• En découle, un taux de bénéficiaires du RMI élevé.
• La faiblesse du niveau de qualification de la population (y compris
chez les jeunes).
• Plusieurs types de freins à l’emploi concernant des populations
davantage exposées aux difficultés d’insertion professionnelle (ex.: inégalités
hommes/femmes ; handicaps ; « l’adresse ») dont une proportion de
population étrangère et d’origine étrangère exposée à la discrimination
« ethnico-raciale », notamment en matière d’emploi.

17
La stratégie
De ces grandes tendances a pu être dégagée une stratégie s’articulant autour de
quatre axes :

1) Adapter la formation aux besoins des entreprises, aux besoins de


formation des habitants et aux emplois induits par le projet de territoire
(avec deux priorités : l’acquisition des savoirs de base et l’augmentation de la
proportion d’habitants du territoire, notamment des jeunes, accédant aux
formations qualifiantes et à l’apprentissage).
2) Lutter contre les discriminations à l’emploi, favoriser la formation et la
création d’activités.
3) Lutter contre les freins à l’emploi notamment à travers l’amélioration de la
mobilité et les questions de santé.
4) Développement de l’activité et soutien à la création d’entreprises.

Le Grand Projet des Villes est donc un projet de vaste envergure puisqu’il
implique tous les acteurs du territoire : les acteurs du secteur économique, les
acteurs du secteur public mais aussi les habitants, qui en sont une ressource
essentielle en tant qu’usagers mais aussi comme citoyens. L’interactivité, l’échange
et la communication sont donc des conditions fondamentales de la réussite du
projet.
On ne s’étonnera donc pas de la place qui est donnée aux technologies de
l’information et de la communication (TIC). En effet, les villes sont aujourd’hui
dotées d’outils collectifs (cyber-points, cyber-bases, etc.) qui permettent d’envisager
le développement de processus interactifs entre les habitants et les acteurs
institutionnels, économiques, culturels, associatifs de la vie locale. Bien au-delà de la
simple information, ces outils ont vocation à constituer des têtes de réseaux
d’échange, d’éducation, de formation, et d’une manière générale de
développement local. Cela nécessite une meilleure appropriation des outils par les
diverses catégories de population, passant par la promotion d’usages ciblés et
diversifiés dans la vie quotidienne, visant à « agir à distance » tout en créant une
empathie utilisateur-machine. De manière non limitative, il peut y être traité des
questions liées à l’accès à l’emploi, aux démarches administratives, à la
recherche d’emploi, à la formation (auto-formation, voire formation à distance), à
18
certains actes de la vie économique (TPE), à la capitalisation d’actions conduites
dans le champ culturel, à l’éducation.
L’outil TIC est le vecteur essentiel d’une implication optimale et
opérationnelle des partenaires et collaborateurs institutionnels. L’année 2007 a
été consacrée à la définition, la création et la mise en ligne d’un site Internet, dont la
vocation immédiate est d’être un outil informatif au service du grand public. L’étape
suivante envisagée est de faire que cet outil de base serve de socle à la mise en
place d’intranets participatifs utilisant la technologie du web 2.0. Par exemple, dans
le cadre de la charte d’insertion, un accès à une base de données (chantiers en
cours, postes à pourvoir, profils de candidats disponibles, etc.) pourrait être
accessible à tous les partenaires (clubs d’entreprises, services publics de l’emploi,
PLIE, mission locale, maîtres d’œuvres, maîtres d’ouvrages, etc.). Dans le cadre de
la mise en réseaux des médiathèques, une base de données commune pourrait être
définie dans le cadre de la mutualisation des ouvrages et de la circulation des
publics.
S’agissant du public « intra-muros », les objectifs en termes de
communication consistent à développer et à renforcer le sentiment
d’appartenance à un territoire en mutation. La diffusion d’informations se fait
essentiellement par le biais des Services Communication des communes grâce aux
supports qu’ils développent (bulletins périodiques d’informations municipales, sites
Internet, documents spécifiques au renouvellement urbain, réunions d’informations,
conseils de participation des habitants, etc.) et également à travers la presse écrite
locale avec laquelle une stratégie offensive de relation presse est engagée.
S’agissant du public « extra-muros », les objectifs en termes de communication
consistent à transformer l’image perçue de la rive droite.

I.1.b - Le projet de Plateforme d’Innovation Sociale Numérique

« Le Grand Projet des Villes de la Rive Droite de l'agglomération bordelaise


s’appuie également sur une démarche de réappropriation du territoire par ses
acteurs et ses habitants et le numérique doit être l’un des outils de cette
réappropriation. Dans ce but, le GPV a initié en 2009 un projet ambitieux intitulé
« Co-Construire la Rive Droite numérique ». Ce projet expérimental, d'une durée d'un

19
an, piloté par le GPV avec la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), les
laboratoires MICA de l' Université de Bordeaux 3 et ADES et avec le soutien
d'Aquitaine Europe Communication (AEC) vise à faire émerger une plateforme
numérique représentant les activités publiques, entrepreneuriales, associatives et
citoyennes de la Rive Droite, territoire composé des quatre villes de Bassens, Cenon,
Floirac et Lormont. »5

Les étapes du projet


Le projet se décompose en trois grandes étapes :

• Etape 1- Partager les objectifs, mobiliser les acteurs

• Etape 2- Mesurer les dynamiques numériques du territoire

• Etape 3- Co-concevoir la plateforme avec ses utilisateurs

La première partie est en réalité une phase continue du projet. Il s’agit, pour
l’ensemble des parties prenantes de définir l'espace du GPV, de manière pertinente
au regard des objectifs. Bassens, Cenon, Floirac, Lormont : chacune des communes
se découpe en zones structurant le territoire (zones franches, grands ensembles,
Zone d’Aménagement Concerté6 -ZAC-, transports, bâtiments municipaux,
équipements sportifs, etc.). Il est nécessaire que l’équipe projet ait une vision claire
et délimitée du territoire étudié. Il s’agit de déterminer les découpages du territoire ou
encore les pôles d'activité, réellement opératoires au regard de l'objet du projet. Pour
cela, la FING et Sophie Trouillet du GIP-GPV se chargent de réunir les acteurs du
projet, les institutions, les utilisateurs envisagés pour reformuler en commun les
objectifs du projet, partager la méthode et partager une adhésion. C’est dans le
cadre d’une programmation de séminaires, de workshops, de journées
d’études organisés par la FING qu’ils seront à même de s’engager chaque jour un
peu plus dans la co-construction du territoire.

5
http://www.surlarivedroite.fr/pageseditos,153,left_A5D8E511.html

6
http://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_d'aménagement_concerté

20
La seconde partie implique très largement les universités partenaires et l’AEC,
qui devront aider à dresser un portrait précis et complet de l'équipement, de l'offre
d'accès et de services, des pratiques quotidiennes et des dynamiques territoriales
issues de l'activité en ligne des habitants. Le travail s’appuiera sur des enquêtes
prenant en compte quatre composantes :
• Analyse des ménages (équipements et usages), des entreprises
(équipements et usages), des infrastructures (taux de couverture, « zones
blanches »), des « points d’accès publics à Internet » (PAPI) par l’AEC.
• Repérer, analyser et cartographier les dynamiques numériques du
territoire (Université de Bordeaux : Laboratoires MICA-GRECO et ADES) :
l'objectif de ce travail novateur, qui n'a encore jamais été réalisé, consiste à
explorer les dynamiques territoriales qui émergent de l'intervention active des
acteurs, citoyens compris, sur les réseaux numériques : sites web, blogs,
publications de photos et vidéos, présence et activité sur les « sites sociaux »,
contributions à des forums, cartographies et « city guides » collaboratifs,
achats et ventes entre particuliers. Cette phase fera apparaître des
dynamiques nouvelles que l’on sent poindre sans avoir à l’heure d’aujourd’hui,
bien saisi toutes leurs formes. Quelles sont les nouvelles pratiques
numériques qui accompagnent la mise en ligne de son CV, le partage de ses
photographies et de ses vidéos, ses contributions à un site collaboratif autour
d’une ville, d’un quartier, etc. ? Comment interroge-t-on le local à l’ère du web
2.0, de la téléphonie mobile, des blogs, de Google, de Facebook, etc ?
Comment le local est-il redéfini par de nouvelles relations, de nouveaux
services, de nouveaux usages, de nouveaux échanges, de nouvelles
interactions entre les personnes qui peuplent un territoire ? Outre une
analyse spécifique au GPV, le travail visera à produire une méthode
formalisée et réplicable, qui aura vocation à s'intégrer dans de futurs
diagnostics territoriaux, en Aquitaine et ailleurs.
A partir des résultats qui précèdent, l’ambition est de définir les fonctions et
prestations attendues de la plateforme avec celles qui seront amenées à
l'utilisateur : acteurs publics, entreprises, associations, médias locaux, innovateurs,
blogueurs, têtes de réseaux, représentants des utilisateurs…En effet, trop de projets
de « plateformes » demeurent inutilisés, faute d'avoir pris en compte les attentes
21
réelles de leurs utilisateurs. Dès lors, il s'agit de considérer la plateforme, non
comme une infrastructure brute, mais comme un service proposé aux institutions,
aux entreprises, aux associations et aux habitants. Ce service doit proposer les
fonctions les plus utiles, assemblées selon des « offres » aisément perceptibles et
intelligibles par ses utilisateurs potentiels, mis à disposition à des conditions
(éventuellement économiques, mais aussi techniques, juridiques, etc.) claires et non
discriminatoires.
Finalement, l’ensemble du projet « plateforme numérique » s’est donné
comme objectif d’augmenter les usages numériques, de réduire la fracture
numérique(1), de mettre en réseaux des acteurs du territoire dans tous les
domaines(2), d’innover socialement dans les usages et dans la modernisation
de l’action publique(3), de favoriser la créativité territoriale en capitalisant,
valorisant et développant les meilleures initiatives(4). Les résultats finaux du
travail, ainsi que les méthodes employées, seront rendus accessibles à d'autres et
feront l'objet de publications en français et en anglais. Ils intègreront les
enseignements d'autres initiatives en Europe et feront l'objet de communications au
niveau européen.

22
I.2 - Le contexte du Web 2.0

I.2.a - Le Web 2.0 n’est autre que l’avènement du web 1.0…

Internet a toujours été 2.0


Qu’est-ce que le Web 2.0 ? L’article de Tim O’Reilly, le patron de la maison
d’édition éponyme, spécialisée en informatique, « What is Web 2.0- Design Patterns
and Business Models for the Next Generations of Software », paru en septembre
2005, est sans aucun doute la définition de référence du concept de Web 2.0. Tim
O’Reilly rappelle que ce terme est apparu en 2004, pendant un brainstorming entre
O’Reilly Media et MediaLive International, dans le cadre de l’organisation d’une
conférence sur le Web. Il avait décrit ce terme dans le cadre de la conférence
comme étant « une attitude, et non pas une technologie », et plus récemment
« un réseau [d’actions] bien plus qu’une plateforme ». L’Internet n’est plus un
simple support médiatique pour l’édition, fusse-t-elle électronique, mais est devenu
un « moyen de transport » pour une conversation toujours moins asynchrone,
toujours plus proche du temps réel, le blogging, le podcasting, la publication
des informations, la programmation, tout cela est devenu omniprésent et on
peut tous participer à ces processus dans un flux continu de micro-innovation
continue. C’est avant tout ça l’attitude 2.0.

Sir Tim Berners-Lee, le père du web, avait déjà en tête le Web 2.0 quand il a
émis les bases des concepts de « server » et « browser ». Son intention était que les
sites web puissent être édités par leurs utilisateurs, qu’ils aient la possibilité de
marquer un site comme intéressant ou pas, pour que d’autres utilisateurs bénéficient
de leurs avis et qu’ils arrivent ainsi plus rapidement à l’information recherchée.
Quand le web est devenu commercial, au début des années 90, les idées de Sir Tim
Berners-Lee ont été ignorées, cela n’était pas approprié avec ce qui était à la base
pour la grande majorité de la population : le World Wide Web. Les créateurs des
sites ne voulaient pas que tous les visiteurs puissent ajouter ou modifier le contenu
de leur site ; même s’il y a eu des tentatives pour implanter une telle fonctionnalité,
elles ont été ignorées par le public et ont été stoppées à cause des capacités
techniques limitées à cette époque.

23
Sir Tim Berners-Lee a continué de travailler pour mettre en application ses
idées et a inventé le « web sémantique » : « là où il y a une connexion des concepts
entre les différentes applications, il devient intéressant de connecter ces dernières :
c’est le rôle du web sémantique ». Pour autant, le web sémantique connut des
difficultés dans le développement de solutions purement automatiques. C’est
sans doute ce contexte qui permit l’explosion de solutions « d’outsourcing
sémantique » : c’est à dire en appeler à l’usager lambda pour qualifier, relier les
données et les besoins réels, faire des données brutes des informations utiles dans
des contextes précis. Ainsi, le web 2.0 nous permet de passer d’une logique de
système d’information à une logique de système de communication.

A la base du 2.0, l’interconnexion des processus communicationnels


L’interconnexion des données publiques et des traitements
informatiques est au cœur du développement des programmes 2.0. Chaque
fonction de la chaîne de traitement des données doit être rendue accessible par une
mise en série, grâce à l’ouverture d’API (Application Programming Interface). La
redondance disparaît et la sélection des meilleures performances et des meilleures
solutions permet une simplification et une productivité radicale. Aujourd’hui, le niveau
d’interconnexion peut permettre d’atteindre un système dynamique, et ouvert a priori,
d’échange d’informations pertinentes. Ce détail est loin d’être négligeable dans le
développement de l’économie numérique. En effet, la généralisation d’Internet a
apporté une possibilité infinie de combinaisons fonctionnelles et
organisationnelles. Ce décloisonnement informatique fait pression aujourd’hui sur
les frontières sociales de la communication au profit de circuits informationnels
imprévisibles.

Le tableau ci-dessous, discuté dans le cadre du brainstorming O’Reilly- MediaLive


International et présent dans l’article d’O’Reilly de 2005, montre les différences entre
des applications similaires dans leur implémentation dans le web 1.0 et le 2.0 :

Web 1.0 Web 2.0


DoubleClick Google AdSense
Ofoto (Kodak Gallery) Flickr
Akamai BitTorrent

24
Mp.3 com Napster
Britannica Online Wikipedia
Pages personnalisées Blogs
Spéculation nom domaines SEO (Search Engine Optimisation)
Pages visitées Coût par click
CMS (Content Management System) Wiki
Directoires (Taxonomy) Tagging (bookmark collaboratif)
Publication Participation
Stickines (l’habilité de fidéliser des sites) RSS (syndicalisation de l’information)
(source : Timsoft, http://www.timsoft.ro/ke/modul1.html)

Ce tableau nous donne la mesure de l’avancée de la mise en réseau des


acteurs, par leurs données et leurs traitements. L’ensemble des solutions 2.0 a
moins de 5 ans et elles ont littéralement balayé les « anciennes » applications dans
la masse des usages en ligne.

La mise en relation des données va bien plus loin, à travers la mise en


place d’un système de savoirs. Si l’« hypertextualité » reste la base de
l’interconnexion des données pour former des réserves de ressources
informationnelles sans limite, le bookmarking social permet aujourd’hui à chaque
acteur de se constituer sa « bibliothèque » de références, mais aussi de s’intégrer
dans un réseau d’intérêts, qui décuple sa sérendipité à un niveau jusque-là inégalé.
En analysant mes centres d’intérêt, DIIGO par exemple me permet d’accéder à des
listes constituées par des millions d’utilisateurs ayant les mêmes centres d’intérêt
que moi, parfois unis au sein de groupes pour filtrer et qualifier l’océan du web. La
syndication de contenu (fils RSS) s’inscrit a priori entièrement dans cette logique
et enrichit la fonction d’hypertextualité. Le principe est clair : grâce à une séparation
des données et de la présentation, chaque membre du réseau peut produire ses
propres informations et les faire instantanément partager à tous les sites. Il lui suffit
pour cela d’autoriser la lecture de son répertoire et de fournir la structure de ses
données. Cela constitue véritablement une bibliothèque infinie (à la fois une et
plusieurs.) Chaque unité de traitement met a priori une somme de données à la
disposition des autres unités de traitement. Ces dernières sont libres de composer
les offres, aux combinatoires infinies, pour leurs propres prestations. C’est sur la

25
même rationalité que peuvent se développer des API plus avancées. Les
informations générées par les activités de chaque membre du réseau, les
connaissances, les expériences structurées sont simultanément acquises par tous et
sont déposées par chacun. La copie des données numérisées permet l’appropriation
et l’enrichissement individuel des ressources informationnelles sans appauvrir la
communauté. Les applications elles-mêmes, structurant les unités informationnelles
et les réseaux, peuvent se diffuser très rapidement, générant des effets de mutations
autopoïétiques. Aujourd’hui, très concrètement, les API permettent à chaque
site de mettre a priori des chaînes de contenu dans un format XML standardisé
(par exemple RSS). Ainsi, l’ensemble des sites intéressés par une source
d’information peut intégrer des données brutes (on dit qu’il s’abonne) à son propre
contenu dans le cadre de son offre de services.

Le concept de « Workflow » prime dans la réorganisation du web 2.0.


Une unité de traitement peut offrir une entrée paramétrable générique à son propre
processus de traitement. Ainsi, le développement d’un processus donné pourra
s’appuyer sur des traitements parallèles en réseau. Vérification de coordonnées,
calculs complexes, visualisation cartographique, les processus se pensent
désormais, après avoir structuré leurs archives et automatisé leurs processus,
en systèmes de flux interconnectés. Chaque opérateur devra réfléchir sa mission
comme un nœud, à la recherche d’une mise en série de traitements interconnectés.
Par une entrée dans un système d’informations, l’usager envoie des données qui
sont agrégées, formatées et transmises à d’autres systèmes d’informations pour
traitement. Ce ne sont plus les données qui sont interconnectées, mais les
traitements en une chaîne infiniment recomposable. C’est la logique du Mashup
(« prélèvement » ou rassemblement des différents services web) de plus en
plus ouvert.

Vers la socialisation du web : l’interconnexion des acteurs.


« La socialisation de l’information » fait apparaître les instruments
collaboratifs comme les wikis, les plateformes de réseaux sociaux (Facebook,
MySpace, LinkedIn), les blogs, les bookmarks (del.icio.us, digg), les clips
vidéos (YouTube) ou les images (Flickr). Le contenu est dorénavant géré par des
sources très largement démocratisées, en ce qui concerne la création et la

26
distribution. Cette socialisation apporte un changement de paradigme dans le
concept de la communication numérique dans l’espace public.

C’est par cette possibilité de commutation que la mise en place


d’annuaires et de méta-annuaires (qui restent la base de nombreux réseaux
sociaux) permet d’instaurer l’infrastructure informationnelle d’une
interconnexion des citoyens, mais surtout de leurs centres d’intérêt. A travers
une série d’applications de partage et de publication d’informations, des groupes
informels peuvent se constituer rapidement autour d’intérêts et de problèmes
communs. Les réseaux de communication offrent la possibilité à chaque acteur
de rechercher ceux qui peuvent lui faire partager une connaissance, une
expérience ou une compétence autour de problèmes communs. Le courrier
électronique, par sa simplicité d'utilisation et sa très grande flexibilité, est le dispositif
qui a rencontré le plus grand succès dans la mise en relation des acteurs mais très
vite les plateformes développent des outils collaboratifs plus avancés : forums de
discussion, gestion d’événements et agendas partagés, annuaires, bases de
connaissances…La pièce maîtresse est constituée par un annuaire qui
représente le point d’entrée pour tous les internautes. Cet annuaire a non
seulement une fonction de présentation mais il ouvre des droits différenciés d’accès
à l’information en fonction du désir de l’usager. Ce « référencement » enrichi des
utilisateurs offre à l'ensemble des citoyens d’un territoire les moyens de rechercher et
d'atteindre rapidement un réseau qualifié d’acteurs. La gestion de l'information est
assurée par le groupe autour d'une actualité continue de publications, de
revues de liens, d’articles thématiques...

I.2.b - Le web 2.0 et les entreprises

Etude « Moovement »- « Les internautes, les réseaux sociaux, leurs usages »


L’étude a été réalisée entre le 2 et le 14 octobre 2007, sur un échantillon de
292 internautes, dans le but de dégager l’importance des plateformes de réseaux
sociaux pour les entreprises privés et les usages que ceux-ci leur attribuent. Voici les
principaux thèmes de l’enquête et les résultats :

Pourquoi utilisez-vous les réseaux sociaux ?

27
78 % utilisent les réseaux sociaux pour développer leur visibilité en ligne ;

39 % pour identifier de nouveaux partenaires ;

22 % pour prospecter de nouveaux clients ;

53 % pour rechercher une opportunité d’emploi ou de stage.

Quels réseaux sociaux sont les plus pertinents pour développer votre visibilité ?
46 % utilisent LinkedIn ;

39,5 % utilisent Viadeo ;

38 % utilisent Facebook.

Quels réseaux sociaux sont les plus pertinents pour identifier de nouveaux
partenaires ?
49,5 % utilisent LinkedIn ;

41 % utilisent Viadeo ;

17,5 % ne savent pas.

Quels sont les réseaux sociaux les plus pertinents pour rechercher un emploi ou un
stage ?
48,5 % utilisent Viadeo ;

44,5 % utilisent LinkedIn ;

21 % ne savent pas.

Quels sont les réseaux sociaux les plus pertinents pour prospecter de nouveaux
clients ?
42 % utilisent LinkedIn ;

41 % utilisent Viadeo ;

28
28,5 % ne savent pas.

Les principales conclusions de l’étude « Moovement » montrent que


l’utilisation des réseaux sociaux est devenue aujourd’hui un réflexe et que
deux de ses plus importantes utilités portent sur le recrutement (tant du côté
du candidat, que du côté de l’employeur) ; les sites de référence dans le domaine
de recrutement sur le marché français sont LinkedIn et Viadeo, tandis que Facebook,
même s’il présente une croissance impressionnante du nombre d’utilisateurs, reste
néanmoins un outil de communication privée entre amis ; les professionnels
commencent juste à l’utiliser pour l’organisation des événements ou pour le
recrutement.

(source :http://www.slideshare.net/rmen/etude-moovement-rseaux-sociaux-quels-
usages )

L’étude du Département Stratégies d’Opinion : « Web 2.0 : de nouvelles


frontières pour la communication corporate ? »
L’étude a été réalisée du 15 au 19 janvier 2008, sur un échantillon de 1 010
internautes français de 15 ans et plus, qui utilisent le web 2.0. Elle a été menée à la
base d’une interrogation en ligne sur les supports du web 2.0 : blogs, chats, forums,
sites de réseaux communautaires (Facebook, Copains d’avant), sites de partage de
photos et vidéos en ligne, podcasts ou vidcast, univers virtuels (Second Life), Wikis.
Le profil de l’utilisateur était l’internaute qui visite ou connaît un ou plusieurs
supports web 2.0. Voici les thèmes principaux de recherche et leurs résultats :

Pratique du web 2.0


Il y a 62 % d’internautes en France, dont 93 % utilisent le web 2.0, donc 58 % des
français utilisent le web 2.0.

Les sites les plus souvent fréquentés :

29
Sites marchands- 85 % (au cours du dernier mois), 93 % (au cours des 12 derniers
mois) ;

Comparateurs de prix/guides d’achat- 66 % (au cours du dernier mois), 82 % (au


cours des 12 derniers mois) ;

Site d’entreprise/de marque- 62 % (au cours du dernier mois), 78 % (au cours des
12 derniers mois) ;

Forums- 56 % (au cours du dernier mois), 73 % (au cours des 12 derniers mois) ;

Blogs- 45 % (au cours du dernier mois), 66 % (au cours des 12 derniers mois) ;

Partage des photos, vidéos en ligne- 40 % (au cours du dernier mois), 58 % (au
cours des 12 derniers mois).

Utilisateurs et/ou contributeurs aux supports web 2.0

Forums- 84 % utilisateurs (des utilisateurs du web 2.0), dont 38 % contributeurs ;

Blogs- 79 % utilisateurs (des utilisateurs du web 2.0), dont 24 % contributeurs ;

Partage des photos, vidéos en ligne- 67 % utilisateurs (des utilisateurs du web


2.0), dont 30 % contributeurs ;

Chats- 64 % utilisateurs (des utilisateurs du web 2.0), dont 26 % contributeurs ;

Podcast/vidcast- 28 % utilisateurs (des utilisateurs du web 2.0), dont 6 %


contributeurs.

Nouvelle façon de s’informer/conseils recherchés sur l’Internet

L'avis d'autres clients avant de choisir un produit- 75 % ;


L'avis de salariés d'une entreprise dans laquelle vous envisagiez de travailler-
11 %, soit 13 % des salariés ;
L'avis d'autres actionnaires avant d'investir dans des actions- 7 %.

30
(source :http://www.slideshare.net/guest1c8287/web-20-de-nouvelles-frontires-pour-
la-communication-corporate)

L’étude de l’organisme Novamétrie : « L’usage des réseaux sociaux dans le


recrutement »
L’organisme de sondage et d’étude marketing Novamétrie a réalisé une étude
(en septembre 2009) sur le rôle que les réseaux sociaux jouent dans le
recrutement 2.0. L’enquête a été appliquée à 27 DRH et 261 collaborateurs,
travaillant dans des grandes et moyennes entreprises. A la suite de celle-ci, il est
ressorti que 82 % des personnes interrogées jugent que les réseaux sociaux
sont efficaces pour trouver un emploi, plus de 5 % ont été embauchés via les
réseaux sociaux ; la grande majorité des participants à cette enquête est
présente sur ces réseaux, dont 25 % les utilisent en moyenne une fois par jour.

L’une des conclusions globales engendrées par l’enquête Novamétrie est la


démocratisation du recrutement 2.0 sur les réseaux sociaux ; mais on est quand
même dans une phase d’adaptation et d’appropriation, car seules 14 % des
entreprises interrogées ont établi une charte régissant cette problématique.
Les deux grandes utilités des réseaux sociaux pour les professionnels
interrogés consistent essentiellement dans la communication et l’image identitaire :
Ainsi, 80 % des DRH et 92 % des collaborateurs l’utilisent dans ce but.

« Actuellement, les directeurs de ressources humaines estiment à 2 % la part


des réseaux sociaux dans le recrutement global. Ces mêmes DRH prévoient un
taux de 10 % d’ici 2011, preuve de l’ampleur que sont en train de prendre les
réseaux sociaux dans le recrutement » (rapport étude Novamétrie).
(source : http://www.marketingonthebeach.com/novametrie-etude-sur-lusage-des-
reseaux-sociaux-dans-le-recrutement/)

Etude du cabinet McKinsey sur les outils web 2.0 dans les entreprises
L’étude du cabinet de consulting Mc Kinsey, sur l’usage des outils web 2.0
dans les entreprises, porte sur 1 988 cadres d’entreprises dans le monde entier. Son
but principal est de montrer les entreprises qui ont investi dans le Web 2.0, de mettre
en évidence leur positionnement face à ce phénomène, et surtout les conséquences

31
de cette implémentation. Quelques grandes lignes d’analyse se dégagent de ce
rapport.
Tout d’abord, on remarque que la satisfaction des entreprises concernant leur
utilisation du web 2.0 est proportionnelle à leur expérience de ces plateformes ; « les
entreprises sont d’autant plus satisfaites du web 2.0 qu’elles en ont adopté les
outils plus tôt ».
C’est ce qu’on appelle le phénomène des « early adopters ». Il faut un certain
temps pour inscrire l’outil dans un contexte social et humain. Les « early adopters »
ont eu le temps de s’adapter aux usages par rapport au potentiel et aux besoins de
l’entreprise. « Il est donc logique que plus le temps passe, plus le gain est important
car le passage au web 2.0 n’est pas que technique, il comporte également un double
facteur organisationnel et humain ».
Pour ceux qui ont adopté ces outils plus tard, il s’agit surtout de suivre, pour
ne pas être devancés par les entreprises qui, les ayant intégrés avant, commencent
à acquérir de nouvelles compétences et usages dans ce domaine. L’une des
questions de base du rapport est celle-ci : L’entreprise 2.0 va-t-elle ou non
transformer l’organisation ? Ce rapport se propose aussi d’identifier un état des
lieux des outils du web 2.0 et de voir dans quelle mesure ces derniers peuvent
induire un changement, désiré ou imposé.
Une partie des résultats de ce rapport est surprenante : 48 % des cadres
interrogés veulent investir dans l’intelligence collective, mais seulement 33 % et
respectivement 32 % ont l’intention de le faire dans les wikis et les blogs. Or, ce
sont les blogs et les wikis qui constituent « la nouvelle ossature de l’intelligence
collective » du web 2.0 et en particulier de l’Entreprise 2.0. L’explication de ce
phénomène assez étonnant peut être constituée en fonction de deux hypothèses :
soit ces cadres ignorent le fonctionnement des outils du web 2.0 et le rôle que les
blogs et les wikis jouent sur le marché numérique, soit ils n’ont pas été formés à
intégrer et à adapter les nouvelles technologies aux besoins de leur poste.
Ces hypothèses relèvent un nouveau défi concernant la numérisation de la
communication des entreprises : les informer sur le potentiel des outils du web 2.0 à
faire face aux nouvelles problématiques des entreprises du XXIème siècle.
(source :http://www.culture-buzz.fr/blog/Une-etude-sur-l-usage-des-outils-Web-2-
dans-les-entreprises-2241.html)

32
Web 2.0 dans les administrations locales- Brighton and Hove City Council
Brighton and Hove City Council (http://www.brighton-hove.gov.uk/,
établissement anglais travaillant dans le secteur de l’administration publique) a
décidé d’admettre l’importance des médias sociaux dans la communication interne et
dans l’amélioration du travail des collaborateurs de l’organisation ; à ce titre, il a
commencé à utiliser des applications Web 2.0 et des plateformes comme Twitter,
YouTube, SharePoint et les wikis dans le cadre de son réseau intranet, dans le but
d’accroître la productivité de l’activité de son personnel.

L’une des plus importantes démarches a été l'utilisation de Yammer


(https://www.yammer.com/), version interne de Twitter qui vient en aide aux
entreprises et qui remplace le concept de Twitter, de "What are you doing?" par
'What are you working on?'

Il y a néanmoins des voix qui ne sont pas d’accord avec l’utilisation de ces
outils dans les administrations locales, tel le Plymouth City Council qui a interdit à
son personnel d’utiliser Twitter. Consciente de l’énorme importance de ce
changement et de sa difficulté en même temps, la mairie travaille actuellement sur un
ensemble de directives concernant l’utilisation des médias sociaux par le Conseil.
Concernant la prospection et les actions à venir, de nouvelles mesures sont prises
afin d'améliorer l’activité du personnel et des collaborateurs du Brighton and Hove
City Council ; le Conseil se prépare déjà à intégrer de nouvelles plateformes 2.0
comme les wikis municipaux où questions et réponses internes devraient se
résoudre en réseaux.

(source :
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.headstar.com/e
gblive/%3Fp%3D235)

Les entreprises sont de plus en plus intéressées par les outils et les
technologies 2.0. Ce segment va connaître une croissance importante des
investissements dans les prochaines années ; des analystes réunis dans le cadre de
la Conférence Internationale de San Francisco sur Le Networking et Les

33
Technologies (septembre 2008) sont tombés d’accord sur le fait que l’implémentation
des NTIC et médias sociaux dans les entreprises serait une priorité dans les années
à venir, et ce jusqu’à 2013.

Une étude réalisée par la compagnie américaine de recherche Forrester


Research montre qu’il existe 7 technologies web 2.0 sur lesquelles les grandes
entreprises vont investir : les blogs, les applications « cloud computing »
(mashup), les journaux type podcast, les nouvelles via RSS, les réseaux
sociaux, les solutions web (widgets) et les sites collaboratifs (wikis).Mais à long
terme, les prévisions disent que les principaux fournisseurs d’applications business
introduiront rapidement les nouvelles technologies dans leurs produits.

L’effet de seuil systémique fait que l’intégration des éléments apporte un


résultat qualitatif bien supérieur à la simple solution d’une addition. C’est en
effet la communication par commutation qui rend instantané l’accès à toute
ressource partagée. Ainsi, ce que chaque élément possède comme ressources
informationnelles m’appartient instantanément, à condition qu’il en fasse don à la
collectivité. L’enrichissement de chacun est l’enrichissement instantané de tous les
éléments du système. L’autonomisation des acteurs est donc compensée par une
plus grande richesse informationnelle qui l’aide à prendre des décisions mieux
informées de son environnement. Ainsi, interconnexion et mutualisation sont les
deux faces indissociables de l’organisation en réseau. La possibilité de
l’autonomisation de l’agent par rapport aux circuits d’informations
institutionnalisés offre une possibilité infinie de sources. Ce dernier peut
constituer par lui-même des structures virtuelles qui viennent l’aider et enrichir sa
fonction.

Les enjeux numériques sont au cœur des stratégies d'entreprises


comme des collectivités territoriales, voire au cœur du dispositif de relance de
la croissance dans un objectif de performance. Les organisations s’intéressent
plus que jamais à leur réputation en ligne et à la communication stratégique
numérique, tant interne qu’externe, en développant un dialogue permanent avec
leurs publics et leurs employés ; ce sont de véritables actions de marketing
relationnel continu. (source : www.sigmobile.org/mobicom/2008/)

34
I.3 - Synthèse des études réalisées sur le GPV, ayant servi à notre enquête

I.3.a - Approches sociologiques du programme de rénovation urbaine

La rive droite (LORMONT, CENON, FLOIRAC, BASSENS) s'est engagée


dans une politique de restructuration urbaine de grande ampleur. Des études ont
été financées afin d'appréhender la perception de ces changements
structuraux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire. Une première série a
permis, au travers d’entretiens qualitatifs de terrain, de mieux comprendre les
représentations des habitants face aux changements profonds de leur
environnement.

Etude ARCUS : d'une logique de quartier à une logique d'adresse


L'agence ARCUS a mené près de 400 entretiens qualitatifs auprès des
habitants de la zone urbaine, afin de reconstituer le « territoire vécu » dans cette
phase de changement et de reconstruction identitaire (2007-2008). Il s'agissait
d'identifier les filtres de perception de l'action publique locale pour mieux
appréhender les effets subjectifs de la politique conduite. Leur enquête a permis de
tirer les conclusions suivantes :

• Les travaux sont perçus comme un rattrapage, une mise aux normes
d'une zone jugée abandonnée. La valeur du territoire est revendiquée par
ses habitants qui soulignent la nécessité de l'entretenir et de le « mettre en
valeur ». Le changement social est peu perçu. Une « rhétorique de
l'embellissement » des espaces publics est soulignée au regard des
« poches » d'images négatives de la zone urbaine. En effet, l'image
négative est attribuée à des zones spécifiques et à des populations
particulières. La politique urbaine est perçue comme une valorisation de ce
qu'il y a de mieux dans la ville. La problématique majeure se focalise sur
les conditions de logement et l'environnement immédiat. Le voisinage, les
commerces, l'accessibilité, la sécurité sont autant de paramètres qui
soulignent le besoin de bien y dormir et de se reposer. Il existe une faible
perception d'une vie urbaine propre. Il n'y a pas à proprement parler de

35
sentiments d'appartenance locale, de quartier, de territoire outre le rôle
prépondérant de la Mairie. Le tramway a profondément et positivement
bouleversé la vie des habitants du GPV. Il est le symbole de l'ancrage de la
rive droite dans l'agglomération urbaine bordelaise. Il marque la fin d'un
sentiment de relégation radicale de « l'autre côté de Bordeaux ».
• Pour autant, la politique de changement urbain est très peu perçue
comme une politique de changement social. La population s'avère dans sa
majorité très sceptique sur les effets positifs de cette politique au niveau de la
vie personnelle. Les habitants ont une claire perception des difficultés
socio-économiques concentrées dans certains quartiers. Ils leur attribuent
la source de la plupart des « dégradations » d'image du quartier. Selon les
auteurs, ces difficultés ont parfois développé une « culture de la pauvreté. »
Le sentiment d'appartenir à un territoire défavorisé, où se sont concentrés les
profils sociaux les plus pauvres de la CUB. Enfin, la redistribution des jeux
sociaux et des coprésences génère de l'angoisse et de l'incertitude sur
les futurs voisins, qu'ils soient plus pauvres ou plus riches. La crainte de ne
plus être à sa place et de voir les sociabilités passées disparaître, sans savoir
à quoi ressemblera le futur quartier, est la base d'une inquiétude du
changement social. Quand les changements sociaux de cette politique
sont perçus, c'est dans l'ensemble assez négativement. Logements pour
les riches, gentrification urbaine, élévation des coûts de la vie, la population
qui se perçoit comme défavorisée a peur de ne pas être prise en compte par
cette politique urbaine.
• En fin de compte, les changements morphologiques sont bien perçus par
la population mais comme des sources angoissantes de changement,
c'est à dire de « destruction créatrice » selon le concept de Schumpeter. Si la
perspective d'une amélioration sociale est clairement niée, les mutations
sociales sont perçues comme une zone de turbulence incontrôlée. Pour
autant, l'étude montre qu'au fur et à mesure de l'avancée des travaux, ces
inquiétudes disparaissent au profit d'une satisfaction d'avoir enfin été pris en
compte. L'instance municipale est perçue comme protectrice et proche
des préoccupations des habitants. C'est l'instance institutionnelle de
référence. Autorité publique protectrice pour les plus fragiles, la commune est
la valeur de référence du territoire vécu.
36
Ainsi, nous pouvons dire que le GPV est vécu avant tout comme des zones
d'habitation très restreintes à la quotidienneté, dont on souhaite qu'elles soient
plus sécurisantes et plus calmes possibles. Sans être une « ville dortoir », c'est
bien le foyer et son environnement immédiat qui apparaît comme espace vécu. Pour
autant, la commune est perçue comme une autorité protectrice, dont la mission est la
valorisation des espaces publics comme infrastructures des flux quotidiens. C'est
l'hypothèse d'un effacement relatif des quartiers au profit de l'adresse soutenue
par l'étude.

Etude de TMO REGIONS : Confirmation de la stigmatisation sociale mais avec


des notes d'espoir

Les politiques de restructuration du GPV ont comme intérêt second de conduire un


changement de l’image de ces zones urbaines. C’est pour évaluer cette image
que TMO REGIONS a estimé la perception des actions du GPV et les évolutions
d’images qui leurs sont associées. L’enquête TMO REGIONS arrive à différentes
conclusions qui viennent confirmer et préciser l’enquête précédente :

• Le GPV reste associé aux problématiques sociales d’insertion et


d’intégration. Malgré les différentes rénovations urbaines et les
transformations des paysages urbains, cette perception demeure car elle est
liée aux caractéristiques sociales dominantes de leurs habitants (précarité,
forte population d’origine étrangère). En effet, près de la moitié des personnes
interrogées estiment qu’il y a plus de difficultés sociales dans les communes
de la rive droite que dans celles de la rive gauche. Ainsi, les interventions sur
l’espace public et leurs impacts sur le développement de la mixité sociale ne
sont pas perçus et ne modifient pas encore les représentations. En somme, la
perception des habitants prolonge l’histoire de la coupure du fleuve et de la
relégation des classes populaires sur la rive droite. Aussi, ce sont les CSP
pauvres qui ont les images les plus négatives du GPV et à l’inverse, les
CSP les plus favorisées en ont une perception plutôt positive. En effet, on
peut penser que les CSP supérieures, étant moins concernées par les effets
de proximité sociale, peuvent avoir des perceptions positives de ces

37
communes. A l’inverse les CSP inférieures s’identifient sans doute davantage
aux problématiques du territoire que les autres CSP et en ont de ce fait une
image négative. Mais il faut souligner que la fréquentation du territoire à
titre personnel ou professionnel apparaît comme un facteur d’image
positive. Ce constat vaut autant pour l’image globale des quatre communes
que pour l’image des politiques qui y sont menées. De ce fait, fréquenter les
territoires permet d’aller au-delà des idées reçues et d’être confronté aux
réalités des communes du GPV.
• Les communes du GPV sont parmi les moins attractives au niveau
résidentiel. On distingue tout de même, une partie « haute » du GPV et une
partie « basse » qui bénéficie d’une prime d’attractivité. Cette partie « basse »
est perçue plus positivement du fait de sa proximité avec La Bastide et de ses
similitudes notamment au niveau architectural. Aussi, les familles à la
recherche d’un cadre de « ville à la campagne » ne trouvent pas que le GPV
réponde à leurs attentes. Ces communes, grâce à leur proximité
géographique, auraient pu être un cadre séduisant pour les familles travaillant
sur Bordeaux et qui voudraient habiter à proximité, mais il semblerait que ces
territoires ne fassent pas l’objet de l’engouement escompté. Remarquons
néanmoins que Cenon et Lormont ont tendance à attirer davantage les jeunes
alors que Bassens attire les ouvriers qui y travaillent, plus que les autres
catégories de répondants. Ces constats doivent cependant être mis en regard
avec les bonnes images des communes du GPV par rapport à la Bastide (qui
est une zone proche de la rive gauche) et le quartier de Bacalan. Toutefois,
soulignons que le tramway permet d’intégrer certains espaces à la
dynamique bordelaise, comme cela peut être constaté pour La Bastide par
exemple. On assiste à une réappropriation physique et mentale de certains
secteurs par les Bordelais, ce qui crée une rupture entre cette commune et les
territoires du GPV.
• Aussi, le travail de rénovation urbaine est jugé utile par une majorité des
personnes interrogées dans le cadre de l’étude, mais les entretiens qualitatifs
soulignent les interrogations des habitants sur la qualité des nouveaux
immeubles. Les ¾ estiment que les territoires du GPV sont sur la voie du
changement et son confiants quant à l’avenir de ces communes. Cette
confiance en l’avenir passe par une rénovation urbaine, jugée utile par ses
38
habitants. En effet, ce changement se traduit avant tout au travers du cadre
de vie plutôt qu’au travers d’une dynamique de l’emploi ou d’une résorption
des difficultés. L’offre de culture et d’animation (en particulier auprès des
professions intermédiaires), l’environnement naturel (pour les retraités
notamment) et l’offre de logements sont les points essentiels du changement
d’image pour les habitants du GPV. Le constat de l’étude suggère une
rémanence d’une image sociale difficile mais un tournant en termes de qualité
de vie. Pourtant, en ce qui concerne la perception du GPV par ses habitants,
l’étude démontre que le GPV est un concept abstrait. La notion de « projet »
ne définit ni un contenu, ni un locuteur, ni un territoire. L’action du GPV est
plutôt perçue comme une collaboration active entre les élus des communes et
non comme une action qui se traduit par des réalisations concrètes et visibles,
qui viseraient à changer le quotidien de ses habitants. Enfin, la
communication externe du GPV s’avère efficace auprès des
professionnels et institutions rencontrés dans le cadre de cette étude, mais
reste faible auprès du grand public. La notoriété du GPV s’avère faible et liée
à la fréquentation du territoire. Aussi, selon cette étude, la communication ne
semble pas atteindre facilement les habitants des communes enquêtées.
L’étude TMO REGIONS met en avant que les communes du GPV sont parmi les
moins attractives au niveau résidentiel, notamment car ces territoires restent
associés aux problématiques sociales. Toutefois, une forte majorité des enquêtés
estime que les territoires du GPV sont sur la voie du changement grâce
particulièrement au tramway et aux travaux de rénovation urbaine. Si le projet
d’ensemble n’est pas clairement perçu, le public en contact avec le territoire
reconnaît une volonté politique active et un certain dynamisme socioculturel.

Ainsi, la rive droite, tant aux yeux de sa population qu’aux yeux des
habitants externes, reste peu attractive du fait des clichés associés aux
quartiers « en difficulté ». Pour autant, la politique de rénovation urbaine est
clairement perçue comme une démarche positive et qui va dans le bon sens.
Ceux qui fréquentent ces communes ont une image plutôt positive de leur
dynamisme, même s’ils ont encore du mal à s’imaginer y résider. C’est le plan
d’ensemble d’une rénovation de grande ampleur qui manque dans les

39
représentations collectives pour croire en une possible « réintégration » de la
rive droite dans l’agglomération bordelaise.

1.3.b - Etudes préalables sur la rive droite numérique.

Dans le cadre du projet de Plateformes d’Innovations Numériques et Sociales,


notre étude est le troisième opus qui vient compléter deux études précédentes,
menées successivement par l’AEC et la FING, en partenariat avec l’Université de
Bordeaux. L’étude de l’AEC visait à faire un focus « rive droite » sur les usages
des technologies de l’information et de la communication par foyer et ce sur
les 4 communes du GIP-GPV. Puis la FING, en partenariat avec l’université de
Bordeaux, avait lancé la première phase de notre étude sur le web 1.0, afin de
tester la méthodologie de notre enquête avant de la déployer à grande échelle dans
le cadre de notre enquête.

Etude AEC : Focus GPV des pratiques numériques, un constat contrasté

Le diagnostic numérique de l'Aquitaine sur le GPV produit par l'AEC nous


donne une image intéressante des pratiques de communication électronique sur le
territoire du GPV. Sans surprise au regard de la structuration sociale des habitants
du GPV (qui connaît une sur-représentation des retraités, des ouvriers et des
employés), les pratiques numériques sont globalement inférieures à la
moyenne aquitaine et girondine. Moins d'ordinateurs, moins de téléphonie mobile,
moins d'usage de l'internet.

Pour autant, l'étude montre la grande diversité des territoires qui se


comportent selon des profils très distincts rendant impossible un tableau global du
GPV. Les zones de Bassens, du Bas Cenon et du Haut Lormont connaissent
des moyennes d'usages numériques largement inférieures à la moyenne
départementale. Mais à l'inverse, des zones comme le haut Floirac et le bas
Floirac montrent un usage des TIC très important avec des moyennes au
minimum égales, voire supérieures à celles de la région ou du département. Entre
les deux, le Haut Cenon ou encore le Bas Lormont ont des profils nuancés et

40
contrastés qui montrent un usage riche et varié des pratiques numériques, avec des
profils suffisamment complexes pour se déprendre des a priori sociaux.

Ainsi, on peut voir que les profils d'usage de la communication numérique


connaissent une forte diversité dans les moyennes de pratiques. Cette diversité
soulignerait peut être une très forte inégalité entre les différents profils d'utilisateurs.
Un cœur de relégués du numérique, de l'autre côté de la fracture numérique,
entraînerait la moyenne globale vers le bas. En dehors des critères
socioéconomiques, la présence de retraités de niveaux sociaux modestes peut aussi
être un facteur explicatif.

Etude quantitative du 1.0 et étude qualitative du 2.0

Pour notre étude préalable, nous sommes partis de l’hypothèse selon laquelle
l’image du GPV diffusée sur Internet (le territoire numérique) serait différente de celle
révélée par les études de terrain. Notre travail voulait donc s’appuyer sur une
comparaison entre l’image virtuelle du GPV, de ce que nous avons appris des
enquêtes sociologiques, et de l’image médias. Cette étude qualifie d’« espace
public numérique » un espace de vie collective où les thèmes d’intérêts généraux
sont communiqués et/ou discutés publiquement sur Internet. Cette étude avait, dans
le même temps, pour intérêt d’élaborer une méthode d'audit de l'inscription
numérique des territoires en repérant, analysant et cartographiant les dynamiques en
ligne. Il est question d’explorer les images numériques qui émergent de
l'intervention active des habitants, sur les réseaux numériques afin de faire
apparaître des dynamiques nouvelles. Au-delà d’une analyse spécifique au GPV,
le travail visait à produire une méthode formalisée et réplicable, qui avait vocation à
s'intégrer dans de futurs diagnostics territoriaux, en Aquitaine et ailleurs.
L’étude du web 1.0 concluait que la parole était dominée par les locuteurs
institutionnels mais qu’il ne fallait pas négliger les autres acteurs de la
communication, loin d’être anodins. Ainsi, la communication publique locale
représente 34 % des actions de communication (Instit. publiques/Asso sport et
culture). La presse joue un rôle très important (25 % : 15 % en local et 10 % en
national) principalement en raison d’une situation de crise. Le « reste » : les
annuaires et portails de ressources sont une figure à ne pas négliger (14,5 %). Les

41
acteurs politiques représentent une faible proportion (13 %). Les citoyens ordinaires
sont les grands absents de l’univers Google (14 %). Nous avons donc une
communication très fortement locale (2/3 : 45 % de GPV et 23 % de Bordeaux) avec
1/3 de regards extérieurs (25 % parisiens et 7 % autres).

Par ailleurs, le GPV dans le Web 1.0, rendu accessible par Google, fait de
l’Internet un support média de plus dans la stratégie de com’ des responsables
institutionnels. Nous sommes en présence d’un territoire numérique des plus
pacifiés. Aussi, le site web traditionnel est le média le plus utilisé (81,5 %) avec une
faible présence de Blogs très professionnels (12 %). Ce sont donc des textes
conséquents avec des illustrations dans 85 % des cas, les animations (30 %) ayant
le plus souvent une fonction promotionnelle. Dans 96 % des cas, le niveau de langue
est professionnel. Le langage est soutenu, voire très soutenu (84 %) ou correct (13
%). Il s’agit très largement d’une communication professionnelle bien
maîtrisée. Une communication institutionnelle est une communication qui vise à
valoriser, en informant sur les richesses et les services du territoire : l’empreinte
numérique du GPV n’y déroge pas. L’étude révèle que les actions de communication
visent à informer (60 %) ou à valoriser (30 %), le reste étant principalement nourri par
la polémique scolaire. Dans 80 % des cas, le ton est positif (46 %) ou neutre (33 %).
Les sujets sont dominés par les événements culturels et sportifs (46 %), la ville et
son devenir (46 %) et le reste traitant du fait divers… On constate donc que, la crise
exceptée, très proche de notre enquête, la communication locale est très largement
contrôlée par l’action publique instituée.

Malgré la très grande difficulté à fixer un destinataire précis de la


communication, l’étude révèle que globalement, les cibles sont très largement
locales. Les actions de communication sont dominées par une information d’usage à
destination des habitants (34 %) ou des acteurs de la vie publique locale, citoyens
dans la très grande majorité des cas (26 %). De plus, les amateurs de sports, locaux
ou départementaux, sont eux-aussi des cibles très bien localisées. Avec les
amateurs d’événements culturels, ils représentent 25 % des cibles. Le monsieur
« tout le monde » formant les 15 % qui restent. Ainsi, l’étude montre qu’on se
retrouve face à une communication professionnelle locale, avec une visée d’usage
très majoritairement locale.

42
Etudier les territoires numériques 2.0 :
une “plongée” au cœur des réseaux.

Qu’est-ce donc qu’un territoire numérique ? cette notion a-t-elle un sens dans
le cadre d’échanges d’information et de communication. Pour définir notre objet
d’étude, il nous a fallu à la fois faire preuve d’imagination en faisant appel à une
réflexion analogique tout en restant le plus pragmatique et le plus terre à terre
possible. Le passage par la théorie des sciences de l’information et de la
communication a été à ce titre salvateur. Il fallait bien se demander se que nous
pouvions bien « voir » quand nous nous penchions sur notre « terrain ». Tout
d’abord, l’entrée s’est faîte par plateforme qui forme autant de dispositifs de
communication, à la fois infrastructure de communication et institution accueillant
les usages numériques. Au sein de ces plateformes, une série d’outils de
communication permettent d’échanger des informations entre des actants. Ce
réseau d’action de communication forme le tissu de relations interpersonnelles
qui donne vie à une multitude de communautés entremêler les unes aux autres
celons une grande complexité. Est-ce pour autant un territoire numérique ? Oui, au
sens d’un lieu, d’un topos pouvant héberger une communauté voire une identté. Car

43
il s’agit de monde persistant, où l’on vient et l’on revient. Où l’on s’installe, s’y
développe, rencontre d’autres, développe une vie sociale avec son identité et sa
réputation propre. Il s’agit d’un système social à part entière qui se développe au
cœur d’infrastructures pérennes vibrant au rythme des échanges.

44
II.1 - Sociologie numérique de la Rive Droite

II.1.a ‐ La population de l’étude :

Rappelons que la population d’une étude est constituée de l'ensemble des


sujets, unités ou objets qu’on désire étudier et qui sont potentiellement concernés
par l'enquête. En fonction de celle-ci, la population peut être caractérisée par un
ensemble de personnes, d'organisations ou d'objets matériels. Dans le cas de
l’audit sur la rive droite numérique, il s’agit de mettre en exergue ce que les
gens disent de la rive droite sur les plateformes web 2.0. et sous quelle forme
(texte, vidéo, photo…). De ce fait, notre population concerne non des personnes
mais des espaces de communication utilisés pour diffuser un message sur la rive
droite. Par espaces de communication, nous entendons les différents outils/zones
présents sur les plateformes de réseaux sociaux permettant de communiquer sur le
sujet. Pour les recenser, nous avons procédé de la manière suivante :

1. Dans un 1er temps, nous avons référencé l’ensemble des plateformes web
2.0 susceptibles de proposer du contenu interactif sur la rive droite.
2. A la Suite de ce 1er recensement, nous avons rechercher par mots clés,
dans chacune des plateformes, afin d’en extraire les espaces de
communication (accessibles au grand public) qui révéler des échanges de
communication construisant l’image de la rive droite.
3. Cette exploration préalable nous a permis de faire une cartographie des
dispositifs habités par les habitants de la rive droite numérique. Nous
avons classé ces plateformes par famille d’usages.

45
Les plateformes web 2.0. retenues pour notre étude

Le 1er travail de l’équipe, et pas des moindres, a été de recenser tous les réseaux
sociaux (professionnels et communautaires) présents sur la toile. Nous avons
ainsi pu les catégoriser selon leurs usages principaux.

1. Les plateformes « communautaires» sont aujourd’hui dominé par


Facebook. Actuellement considérée comme la plateforme communautaire la
plus connue et utilisée (surtout par les étudiants et les jeunes salariés),
Facebook permet à l’utilisateur d'entrer des informations personnelles sur sa
situation, son lieu de vie, ses gouts, et d'interagir avec des membres du
monde entier. Les utilisateurs peuvent notamment former des groupes
d’interet et y inviter d'autres personnes. Nous y avons ajouté My Space,
plateforme notamment reconnue pour héberger de nombreuses pages de
groupes de musique et de DJs qui y entreposent et présentent leurs
compositions musicales avec une cible plutôt jeune, et Skyrock, plateforme qui
cible un public encore plus jeune. Il faut noter que Netlog a receler de

46
nombreuses pratiques communicationnelles sur la rive droite alors que cette
plateforme ne jouit pas de la même notoriété que les précédentes
2. Les plateformes « BtoB » concernent principalement les échanges
économiques à but commerciaux ou de travail. Viadeo est un réseau
social professionnel s’adressant aux personnes souhaitant développer leur
réseau de contacts et augmenter ainsi leurs opportunités professionnelles.
Une partie de la consultation du site est payante ce qui apparaît comme un
barrage à une navigation optimale sur la plateforme. LinkedIn en est son
pendant international. C’est aussi un outil de gestion de réputation en ligne
très influent à l’échelle mondial. XING est un nouvel entrant dans le
secteur. Basée sur un système de profils professionnels personnalisables et
de groupements d’intérêts, XING permet aux utilisateurs d’échanger sur divers
sujets ayant attrait au monde professionnel. Les interactions entre membres
incluent entre autre le partage d’articles, de flux RSS, de discussions et de
liens.
3. Les plateformes « nostalgiques » tel que Trombi.com et Copaindavant
sont des sites assimilables à une plateforme sociale, qui permet de retrouver
d’anciens camarades d’école, ainsi que des photos de classe à partir du nom
des anciens établissements. D’autres fonctionnalités secondaires sont
disponibles comme pouvoir organiser des retrouvailles de classes en
contactant ses anciens camarades. Le réseau dispose aussi d’un espace de
mise en ligne de photos, et la possibilité d’éditer son profil et de créer un blog.
4. Les espaces de diffusion de vidéos sont aussi des plateformes de
réseaux sociaux. Dailymotion, Youtube et Vimeo sont des plateformes de
podcast permettant essentiellement de mettre en ligne du contenu vidéo.
L’interface propose une succession de vidéos auxquelles on peut accéder en
tapant des mots clés. Pour autant par la personnalisation de son profil, de ses
favoris, de ses playlists et par son interconnexion avec l’ensemble des autres
types de plateformes, la platforme de podcast vidéo est au cœur de l’activité
d’édition multimédia à la base des échanges entre internautes.
5. Les espaces de diffusion de photos sont dominé par Flickr, Picasaweb,
Joomeo et Webshots. Ce sont des plateformes qui permettent de gérer les
photos en ligne ainsi que d’autres applications. En plus de pouvoir importer
ses photos et d'interagir avec d'autres utilisateurs, les informations mises en
47
lignes permettent notamment de retrouver des amateurs partageant les
mêmes centres d'intérêt. Ces plateformes de partage de photos permettent de
visualiser, organiser et publier très facilement sur Internet les photos stockées
sur le disque dur de l'utilisateur. Picasa contient notamment des applications
de partage, suivi, localisation et recherche de photos.
6. Les journaux citoyens, les blogs et les microblogs sont des plateformes
éditoriales plus classiques dans leurs stratégies éditoriales. Le Post par
exemple est un site web français d'actualité, alimenté par une rédaction et par
les informations postées par les internautes fonctionnant sur un mode
contributif non rémunéré. Il suit une démarche collaborative : chacun peut
proposer un texte rédigé par ses soins, qui pourra alors être publié en une,
selon le choix de la rédaction. Technorati, Blogsearch Google et Wikio sont
des moteurs de recherche sur Internet spécialisés dans l’indexation des blogs.
Il permet à ses utilisateurs de chercher des articles/blogs qui sont organisés
en plusieurs catégories : technologie, business, style de vie, politique, vidéos.
Overblog, Wordpress et Blogger, en plus d’indexer leur blogs, facilite à la
fois la création d’espace d’expression et la navigation inter-blogs. Ce sont outil
de publication et de création de blogs proposé gratuitement facilitant la
publication d’articles et d’actualités précis.
7. Avec Twitter on voit exploser le microblogging plus proche d’un usage
ordinaire de la communication. Cette plateforme communautaire permet
aux membres d’émettre des messages courts à l’intention d’une communauté
de personnes souhaitant volontairement suivre le flux textuel et s’étant de ce
fait préalablement ajoutés aux contacts du membre. Ce dispositif permet
d’informer en permanence sur l’actualité personnelle ou professionnelle et
connaît de ce fait un succès très fort dans le milieu journalistique.

Les espaces de communication extraits des plateformes

Suite à l’étude approfondie de chacune des plateformes, nous avons pu


mettre en exergue des zones/espaces de communication privilégiées pour
communiquer. La redondance structurelle des plateformes nous permet de les
regrouper afin de vous les présenter sous forme de catégories d’utilisation :

48
• La zones de texte libre. Cette catégorie concerne tous les outils présents sur
les plateformes, permettant aux membres de s’exprimer librement à partir d’un
espace dédié à cet effet. On peut notamment citer les articles, posts, tweets…
Ce sont des espaces de communication propices à notre étude puisque
facilitant la diffusion d’informations sur la rive droite.
• La fiche individuelle. Par présentation individuelle, on entend tous les
espaces de communication permettant aux membres d’une plateforme de
renseigner des informations personnelles et professionnelles, visible
(complètement ou partiellement) par la suite par les autres membres. C’est ce
que l’on appelle généralement des « profils ».
• Le Regroupement par intérêts. Il s’agit des différentes applications
permettant de créer et/ou intégrer des groupes, afin de fédérer les membres
autour d’intérêts communs, sujets ou marques (politique, cuturel, sportif,
anciens établissements…). Plusieurs espaces de ce type traitent de la rive
droite.
• Les Espace de diffusion de vidéos, d’images et de musique. Comme son
nom l’indique, ces espaces de communication sont dédiés à la diffusion et au
partage multimedia. On retrouve ce type d’application sur de nombreuses
plateformes. Plusieurs d’entre elles abordent notamment le sujet de la rive
droite sous diverses formes. Ces espaces permettent aux « artistes » et fans
de poster et partager des chansons, des photos ou de courts extraits vidéo
afin de les faire découvrir aux autres membres.
• Les moteurs de recherches/indexation interne. Au sens large, cet outil est
présent sur l’ensemble des plateformes sociales. Dans le cas de notre étude,
nous avons définit les moteurs de recherche plus étroitement comme étant le
but en soit de la plateforme. Il s’agit donc de sites dont l’objectif 1er est
d’indexer des articles, blogs et actualités.
• Les évènements et agendas. Certaines plateformes offre la possibilité de
poster, suivre et être tenu au courant des évènements de leur ville ou pays.
Durant notre audit, plusieurs d’entre eux concernaient la rive droite.
• Les applications ludiques. Ces espaces de communication concernent des
outils variés permettant d’informer l’internaute tout en le distrayant. Cela peut
prendre la forme de quizz, animations, jeux…

49
2. Présentation

recherches/ind

8. Applications
Regroupement

9. Évènements
Moteurs de
de

vidéos de

Espace de
diffusion de

diffusion de
1. Zones de

individuelle

intérêts
texte libre

diffusion
6.d’images

7. musique

ludiques
exation
Espace

5. Espace
3.

par
4.
Facebook ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
My Space ✔ ✔ ✔ ✔
Skyrock ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
Netlog ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
Viadeo ✔ ✔ ✔ ✔
LinkedIn ✔ ✔
XING ✔ ✔
Trombi.com ✔ ✔ ✔ ✔
Friendster ✔ ✔ ✔ ✔
Twitter ✔ ✔
Dailymotion ✔ ✔ ✔
Youtube ✔ ✔ ✔
Vimeo ✔ ✔
Flickr ✔ ✔
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II.1.b ‐ L’individu de l’étude : l’action de communication

Notre étude repose sur l’analyse des actions de communications présentent


sur des plates formes 2.0, à partir d’un questionnaire. La méthodologie de création
de notre formulaire repose sur une perception pragmatique globale des actions
de communications en rapport avec le schéma de la communication verbale
mis en place par le linguiste russe Roman Jacobson :

A chacun des six facteurs inaliénables à la communication correspondent six


fonctions du langage (mises entre parenthèses).

Il y a deux siècles de cela, un groupe de chercheurs de l’université de


Chicago, répondant aux préoccupations des élus, s’est penché sur la problématique
de la ville comme creuset de flux migratoires mondiaux, migrant au service d’une
nouvelle économie où tout restait à inventer. L'école de Chicago fut alors à la source
du paradigme interactionniste qui allait fonder la sociologie urbaine moderne. Le
concept de réseau sera au cœur de la réponse qu’ils apporteront à la commande
publique. Par une approche micro-sociologique des modes de communication dans

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l'organisation de la communauté, ils porteront leur analyse sur les infrastructures
urbaines, qui rendent possibles les interactions collectives dans un territoire donné.
« La ville comme spectroscope de la société » est la problématique majeure de ce
courant de recherche. Le vivre ensemble dans les nouvelles conditions socio-
économiques de l’urbanisation, fortement marquée par un contexte de
multiculturalité, s’appuie donc par la compréhension de la communication
interactionniste. Les sujets se socialisent par la performance des structures
culturelles, c’est à dire concrètement par des échanges d’informations engageant le
vivre ensemble. La communication peut être définie comme le système de
comportements intégrés, qui calibre, régularise, entretient et par-là rend possible les
relations entre les citoyens. Le fondement même de la communication n’est pas
tant son échange objectif d’informations que la mise à l’épreuve de son réseau
social.

Parmi les membres de l'école de Chicago, une figure se détache, celle de


Robert Ezra Park (1864 -- 1944). Park et son collègue E.W. Burgess vont définir en
1921 leur problématique sous l'appellation « écologie humaine ». La fabrication
d’une culture commune est le fruit de la communication et de la fabrication du
consensus dont la fonction est de réguler la compétition et les affrontements
inévitables. La communication est à la base du partage d’expérience, du lien social
et de l’intégration. Ils mettront en place une méthodologie ethnographique
pragmatique, commandée par la conception du processus d'individualisation, de la
construction du soi en collectivité. En 1894, Georges H. Mead et John Dewey
s’installent à l’université de Chicago où ils développeront la théorie du Mind et du
Self ou plutôt de ses conditions d’émergence par les processus sociaux de
communication. Ils sont à l’origine de l’interactionnisme symbolique. Les individus
sont les produits de la société. Le soi est le fruit d’une expérience sociale, qui
combine des gestes symboliques et des interactions situées socialement.
L’homme est engagé dans un nexus d’actions, manipulant les objets de tous les
jours par la médiation d’une culture technique socialement située.

Mead développera alors la notion de rôle social, qui deviendra l'un des
plus précieux concepts de la psychologie sociale. Lorsqu'un geste a le même
sens pour deux ou plusieurs individus, il devient un symbole qui permet à chacun,

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grâce au langage, de comprendre l'ensemble des échanges, de prévoir le
comportement des autres et de se situer par rapport à eux. Le système du « moi » et
du « je » est un mode d’existence sociale, issu des multiples interactions avec les
autres. On devient soi dans le jeu social des rôles et on se découvre dans le regard
des autres. En d'autres termes, la société est définie par des actes de
communication, par ce qui se passe entre deux ou plusieurs personnes ;
l’identité naît de cette interaction et s’appuie sur des rôles ou des profils de
communication.

Les sciences de l’information et de la communication vont donc se focaliser


sur la compréhension de cette relation de communication, non seulement
comme méthode d’échange d’informations, mais aussi comme modalité de
constitution des identités individuelles et collective. Elles s’appuieront sur la
définition de Ferdinand de Saussure, qui fait du signe la base de toute analyse
sémiologique. Le signe est constitué d’un signifiant à la fois forme et matérialité du
message, d’un signifié qui est le contenu et l’intention du message, et d’un référent
qui est la réalité représentée, le monde construit par le message.

• En 1948, l'américain Claude Elwood Shannon propose un schéma du «


système général de communication, » augmenté par les commentaires
de Warren Weaver. Les notions d'informations, de transmission
d'informations, d'encodage, de décodage, de recodage, de redondance, de
bruit disrupteur et de liberté de choix seront les bases des premières
recherches en cybernétique. On constate donc que dans la chaîne qui mène
de la donnée à l'action : - données - informations - connaissances -
motivations - actions, seules les deux premières transformations sont prises
en compte par la théorie de l'information classique.
• A la même époque, Harold Lasswell (1902 -- 1978) invente l'étude
systématique du contenu des médias et l'élaboration d'un indicateur en vue de
dégager les tendances de la World Attention, c'est-à-dire des éléments qui
façonnent « l'environnement symbolique » d’une communauté et la production
des référentiels politiques (policy-making). En 1948, Lasswell donne à la
sociologie fonctionnaliste des médias, un cadre conceptuel pour la
53
communication, (« Qui dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet
? ») qui définit les grands axes de recherche en analyse des médias.
• En France, Roman Jakobson est l'un des premiers linguistes à utiliser le terme
de structure. Il montre que le langage est une structure constituée de six
éléments et de six fonctions [Jakobson, 1930] : « les facteurs constitutifs de
tout procès linguistique, de tout acte de communication verbale. » L’approche
en actes de communication linguistique distingue l'analyse structurale de
l'analyse fonctionnelle, ouvrant ainsi un nouveau champ d’exploration sociale
pour la linguistique.
• Dans son œuvre la plus connue en France, How to do Things with Words
(1962), John Austin, chercheur anglais, veut dépasser l'analyse des
énoncés constatifs en montrant que tous les énoncés sont des actes.
Une énonciation est performative en ce qu'elle « fait » elle-même quelque
chose. Il y a donc dans l'énonciation d'une expression plus que la simple
description d'un fait. Austin analyse, selon le schéma tripartite suivant, l'acte
locutoire (produire du sens) ; l'acte illocutoire (l’énoncé comme acte) ; l'acte
perlocutoire (les effets attendus). A sa suite, John Searle tente de faire la
somme des théories sur les actes de langage. Searle fonde alors une
typologie : les assertifs (dire une vérité pour informer) ; les directifs (demander
ou ordonner) ; les promissifs (engager l‘avenir, menacer) ; les expressifs (état
du locuteur) ; les déclaratifs (modifier un état).
Ainsi, pour qui veut étudier les interactions de communication interpersonnelle, il faut
être capable d’analyser les 3 dimensions majeures de l’interaction : La mise en
forme du discours qui fonde les marqueurs d’une communauté partageant un
code commun ; la construction du sens et de son référentiel, qui les fait habiter
dans une réalité partagée ; et la dimension performative, qui explique les
intentions pratiques des interactions.

II.1.c - De l’échantillonnage à la population parente : quelle représentativité ?

C’est l’opération par laquelle on sélectionne ou on choisi les individus qui


constituent l’échantillon. La sélection des participants se réalise selon des
critères précis de telle sorte que les résultats obtenus soient applicables
(généralisables) dans des conditions déterminées à un cadre plus large que

54
celui de l’échantillon (la population parente). En matière de plateforme 2.0, les
difficultés étaient doubles. La population parente est non seulement inaccessible
dans son entier mais aucune étude nous donne aujourd’hui sa nature ou sa
structure. De plus, l’individu de notre étude n’étant pas le locuteur mais l’action de
communication, il nous était impossible d’obtenir une base de référence pour
utiliser des méthodes d’échantillonnage par quotas ou par tirage aléatoire. Pour
autant, lorsqu'on ne dispose pas de base de sondages, il est néanmoins encore
possible d'élaborer des échantillons représentatifs empirique. Le choix des
sujets interrogés est alors entièrement effectué sur le terrain, avec des règles
très précises. Il s'agit d'envoyer ses enquêteurs sur des zones où les individus sont
présents avec des critères définis à l'avance. En l’espèce, il a fallu alors recourir à
une double technique dite d’échantillonnage par grappe et par effet boule de neige.

Les tirages aléatoires après stratification peut amener la population être


divisés en plusieurs zones, appelées les strates, dans lequel on tire au hasard. Les
stratifications sont souvent d'origine géographique, temporelles, social, sociaux
démographiques. Il s'agit de prendre de précautions sur la dispersion géographique
de la population. Les échantillons stratifiés peuvent être dits proportionnels ou non
proportionnels. Dans le premier cas le nombre d'individus enquêtait dans chaque
strate dépend de la proportion est de la taille de sa strate par rapport à l'ensemble de
la population. Dans le second cas, il s’agit de définir un nombre fixe d’individus
extrais selon des méthode de sélection fixe. Dans notre étude, les espaces de
communication sont autant de « strates » qui découpent les plateformes de
communication. Les moteurs de recherche étant gouverné par des algorithmes fixe,
nous avons décidé d’enquêter sur les actions de communication extraies par notre
requête7 jusque saturation des réponses avec un minimum de 10 actions de
communication par strates.

Dans notre étude, on a pu utilisé l’échantillonnage de type « boule de neige »


réservé aux populations spéciales. Cette méthode d’échantillonnage a été
utilisée pour étudier la communauté 2.0 et découvrir des acteurs « cachées ».

7
Equation de recherche : « Bassens OR Cenon OR Floirac OR Lormont OR rive droite »

55
Les caractéristiques désignées sont les suivantes. L’échantillonnage « boule de
neige » est construction graduelle d’un échantillon en utilisant des références
obtenues des premiers répondants. Dans la recherche en sciences sociales,
l'échantillonnage boule de neige est une technique d'élaboration d'un échantillon de
recherche où les sujets de l'étude existante aident à recruter de futurs sujets parmi
leurs connaissances. Ainsi, le groupe échantillon semble croître comme une boule
de neige. Cette technique d'échantillonnage est souvent utilisée dans les populations
cachées, qui sont difficiles d'accès pour les chercheurs. Dans ce type d’échantillon,
appelé aussi échantillon par réseau, les individus sont sélectionnés en fonction de
leurs liens avec un « noyau » d’individus. On se base par exemple sur les réseaux
sociaux, les amitiés, les relations d’affaires, etc. pour recruter de nouveaux sujets.

Dans notre étude, la technique de tirage aléatoire par strate couplée à


l’échantillonnage «boule de neige » ont été tout particulièrement utile car elle nous
permettait de lutter contre le problème de biais de sélection en choisissant
autant que possible les actions de communication par méthode automatique
(algorithme de recherche et exploration systématique des liens sur la liste
séquentielle des actions de communication) Cette méthode a été enfin utilisée pour
minimiser les biais de sélection humain dans une étude dans laquelle la population
de base n'a pas été précisément définie et pour laquelle n'a existé aucun moyen
précis d’échantillonnage. Dans ce contexte spécifique (population inconnue, cachée
etc.), les chiffres brutes sont à relativiser car il ne peuvent révéler que des rapports et
non pas de quantité absolue. Ainsi nous pourrons approcher la structure de l’espace
public de communication sans en connaître la quantité.

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II.2 - Le questionnaire

Notre questionnaire est formé de quinze questions de deux types : ouvertes et


fermées, ayant pour but de qualifier, de la manière la plus précise possible, le
contenu des actions de communications que nous avons rencontrées. A noter,
que les questions ouvertes ont été refermées au fur et à mesure par des thèmes
généraux en fin d’analyse; les questions fermées nous ont demandées des réponses
précises toujours dans le but de qualifier méticuleusement l’action de communication.

Ainsi, avons nous dégagé cinq thèmes permettant de stratifier les questions
de formulaire, toujours dans le but d’évaluer précisément les différents aspects des
ressources numériques existantes dans les communes du GPV :

‐ Thème 1 : L’émetteur
‐ Thème 2 : Le média
‐ Thème 3 : Le message
‐ Thème 4 : Le destinataire
‐ Thème 5 : Les variables techniques
Dans cette partie de notre rapport, nous allons vous présenter en détail notre
questionnaire, variable par variable, en s’attachant à mettre en exergue les
attendues et les limites des différentes questions, dans le but de rendre notre étude
réplicable et automatisable tout en accueillant une discussion ouverte sur les
évolutions souhaitées.

II.2.a - L’émetteur

Catégorie basée sur l’émetteur, le but ici est de qualifier le type de locuteur
présent sur le territoire numérique du GPV dans le web 2.0. C’est la mise en
contexte de l’action de communication.

57
1 – Nom de l’émetteur ? (Question ouverte)

Attendue de la question : Il s’agit de définir la typologie de l’émetteur de l’action de


communication, en inscrivant par exemple : jeune fille de Cenon ou association de
Bassens. Ici, nous n’avons pas fait la différence entre la personne morale
(l’entreprise, l’association ou le club sportif, etc.) et la personne physique (une jeune
fille, un jeune homme, etc.), ce qui nous a donné une marge de manœuvre certaine
dans l’analyse communicationnelle.

Limite de la question : Par définition, le web de 2.0 est multiple, l’architecture des
différentes plates formes que nous avons étudiées sont à cette image. Il nous a donc
été parfois difficile de trouver la dénomination des émetteurs au premier « clic ».

Automatisation : L’extraction automatique d’un identifiant unique, anonyme et non


ambiguë est possible au niveau des API. Cela permettrait l’attribution certaine, au
même locuteur, de plusieurs action de communication tout en préservant son
anonymat.

2 – Catégorie NAF ? (Question ouverte)

Définition : La Nomenclature des Activités Françaises a été élaborée par l’Insee


principalement en vue de faciliter l'organisation de l'information économique et
sociale. Sa finalité est donc essentiellement statistique. Une version révisée de la
NAF (révision 2) est en vigueur depuis le 1er janvier 2008.

Limite de la question : Cette définition met en avant une dimension institutionnelle


que nous n’avons pas eu la possibilité d’acquérir à cause de la contrainte de temps.
A posteriori, la très large prépondérance des paroles informelles rend inutile ce type
de discours sauf à prévoir une étude spécifique dans une sous population de
locuteur institutionnel. Dans un souci d’honnêteté intellectuelle, nous confierons à
l’équipe de Marina DUFEAL, du laboratoire en géographie ADES, spécialiste de ces
nomenclatures, le soucis de recoder les réponses en fonction de cette codification.

Automatisation : Aucune possibilité entrevue à ce jour.

3 – Quel est le lieu d’émission du message ? (Question fermée à choix unique)

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Attendue de la question : Il s’agit de définir la zone géographique de l’émetteur de
l’action de communication. Les quatre réponses possibles sont :

- Les « Internes » : Il s’agit des personnes habitant dans les communes du GPV et
qui communiquent sur leur propre région.

- Les « externes » : Ce sont les personnes n’habitant pas dans les communes du
GPV et qui communiquent sur celles ci.

- Les « ex-internes » : Ils concernent les anciens habitants du GPV qui, aujourd’hui,
évoquent ces régions.

- Les « internes internes » : Il s’agit des habitants d’une commune du GPV qui
parlent d’une autre commune du GPV (par exemple : un habitant de Floirac qui
communiquerait sur Cenon).

Limite de la question : La limite réside principalement dans la formulation implicite


des différentes réponses possibles. Une explication préalable est nécessaire afin de
pouvoir répondre correctement à cette interrogation. De plus, la différence entre
« interne », « externe » et « internes internes », n’est pas très claire. Une
dénomination plus compréhensible et directe aurait peut être du être préférée.

Automatisation : Cette variable peut être remplacée par une localisation à l’échelon
municipale. Par extraction de l’adresse IP et de l’heure, on peut, à la volée, convertir
cette information à l’échelon d’un quartier, d’une ville et assurer tous les recodages
par la suite (dept., région, pays…). Les plateformes ayant déjà fait ce travail, il suffit
de trouver dans la structure de leur base de données la variable adéquat

4 – Quel est la dénomination de l’émetteur ? (Question ouverte)

Attendue de la question : Il s’agit de renseigner la domination que les émetteurs


s’attribuent eux même. Nous cherchons à classer les émetteurs sous la forme d’une
nomenclature spécifique à notre étude.

Limite de la question : La limite de cette question réside dans sa proximité


sémantique avec la première interrogation : « Nom de l’émetteur ? ». Un
recoupement entre les deux ou le choix d’un autre intitulé, pourrait rendre l’ensemble

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plus compréhensible. En effet, cette différence pertinente entre nom de l’émetteur et
dénomination attribuée ne sera utile que lorsque la première variable sera remplit
d’une façon sûr à partir d’un identifiant numérique sans ambiguité.

Automatisation : Pour autant, la recherche des auto qualifications sémantiques (se


définir soi-même dans ses propos) n’est possible que par une analyse discursive
automatique de type ALCESTE, qui dépasse nos possibilités actuelles mais qui reste
théoriquement possible.

II.2.b ‐ Le média

5 – Quelle est le type de plate forme de l’action de communication ? (Question


fermée à choix unique)

Attendue de la question : Il s’agit de définir le type de plate forme sur laquelle se


trouve l’action de communication : « Réseau B to B », « Plate forme sociale »,
« Wiki », « Journalisme Citoyen », etc. Cette question permet de connaître le
rayonnement des territoires du GPV sur la toile mais également de quantifier la part
du web 2.0.

Limite de la question : Cette question nécessite la connaissance d’un « jargon web


2.0 » (par exemple « réseau B to B » => « réseau Business to Business » désigne
l'ensemble des architectures techniques et logicielles informatiques en ligne
permettant de mettre en relation des entreprises. Cf. LinkedIn).

Automatisation : Elle ne semble pas poser de problème. En effet en lançant des


requêtes sur les bases de données de ces plateformes par nos mots clés, elles sont
en mesure de nous renvoyer la population d’action de communication, d’une façon
très précise et mesurer ainsi l’usage de ces espaces réels.

6 – Quels sont les supports utilisés dans l’action de communication ?


(Question fermée à choix multiples)

Attendue de la question : Il s’agit du support sémiotique de l’action de


communication. Cette initiative a pour intérêt d’estimer la diversité et la richesse des
plates-formes des territoires du GPV. Ainsi, nous avons distingué cinq réponses
différentes :

60
1. Textes
2. Images
3. Films
4. Vidéos
5. Animations
La communication multimédiatique, en ne réduisant pas la prise de parole à la
rédaction de texte formalisé, a ouvert la communication sociale à une très large
population. Pour autant peut faire des corrélations entre support médiatique,
intention de communication ou identité du locuteur.

Limite de la question : Aucune, la question fermée étant très explicite.

Automatisation : la reconnaissance automatique sémiotique est aujourd’hui


suffisamment avancé pour détecter à la volée cette variable. D’autant plus que les
plateformes elles-mêmes enregistre ce type d’information pour chaque dépôt.

II.2.c ‐ Le message

7 – Quel est le titre de l’action de communication ? (Question ouverte)

Attendue de la question : Il s’agit ici de référencer le titre de l’action de


communication, situé en général en haut de l’unité discursive. Ce titre est utile temps
pour cerner le cadrage du contenu du message que pour cerner les intentions
pragmatiques du locuteur.

Limite de la question : Sur certaines plates formes du web 2.0, comme FaceBook par
exemple, le titre de l’action de communication et le nom de l’émetteur (question
précédente), se recoupent souvent.

Automatisation : L’extraction de ce titre ne semble pas poser de problème. L’Analyse


automatique du discours pourrait permettre une certaine forme d’automatisation et
de recodage en variables en « objets du discours » et intention pragmatique. Pour
autant, le titre est une sorte de mise en exergue du discours qui le suit et permet une
pondération de mots clés et de notion. De nombreuses solution d’analyse
automatique, notamment au service des moteurs de recherche (web sémantique),
éxiste déjà.

61
8 – Que cherche à faire l’émetteur ? (Question ouverte)

Attendue de la question : La réponse ici se fait par l’intermédiaire de verbe d’actions


(par exemple : informer/communiquer). Nous cherchons à faire ressortir ici ce que
l’action de communication veut provoquer. En d’autres termes, nous nous
intéresserons à l’aspect pragmatique du message et à ses applications concrètes
dans le cadre des nomenclatures d’actions de communication publique.

Limite de la question : Les réponses à cette question peuvent revêtir des


redondances, en ce sens que lorsque que l’on étudie la même plate forme, les
verbes se recoupent souvent. De plus, le champ destiné à la réponse n’impose pas,
dans sa forme, un nombre limite de verbes, ce qui peut être vecteur d’imprécision
dans la rédaction de la réponse et les résultats obtenus lorsque l’on passe à
l’analyse. Même si par la suite le travail de recodage réduit largement cette
dispersion. Une approche plus lier à une nomenclature pragmatique reconnue et
exhaustive faciliterai l’usage de la variable.

Automatisation : impossible à ce jours.

9 – Quelle est la tonalité du message ? (Question fermée à choix unique)

Attendue de la question : Il s’agit ici de déterminer l’émotion souhaite provoquer


l’action de communication chez le destinataire. Nous avons déterminé le ton général
du discours selon trois critères :

1. Positif
2. Négatif
3. Neutre
Limite de la variable : La variable volontairement dichotomique est aujourd’hui assez
limitée pour l’interprétation. Un spectre d’émotion plus large recodable en catégorie
englobante dont la dichotomie serait le dernier échelons est possible.

Automatisation : Des progrès fulgurant en analyse automatique des émotions montre


aujourd’hui la possibilité d’une semi automatisation assistée.

62
10 – Quel est le niveau de langue du message ? (Question fermée à choix
unique)

Attendue de la question : Il s’agit de déterminer le registre de langue de l’action de


communication. Le choix des termes d’une action de communication varie en
fonction de la situation d’énonciation ou des personnes à qui l’auteur s’adresse via la
plate-forme informatique. Nous avons déterminé cinq critères :

1. Grossier
2. Familier
3. Simple
4. Soutenue
5. Expert
Limite de la variable : Aucune.

Automatisation : l’analyse sémantique automatique aujourd’hui est assez avancée


aujourd’hui pour espérer le développement

11 – De quoi parle le message ? (Question ouverte)

Attendue de la question : Il s’agit ici de déterminer les objets du message, par


l’intermédiaire de mots clés (par exemple : voyage/ami/Inde). Ce très court
récapitulatif permet d’avoir une vision globale des contenus diffusés sur l’ensemble
des plates-formes. Nous pourrons ainsi les classifier par thèmes et en dégager des
messages récurrents ressortant des plates-formes étudiées.

Limite de la variable : L’absence d’une nomenclature structurante rend difficile


l’interprétation et le temps de recodage reste aujourd’hui très lourd.

Automatisation : l’analyse automatique de discours montre de nombreuses solutions


pour l’extraction d’arbres d’objet ou de concept.

II.2.d ‐ Le destinataire

63
12 – A qui est destiné le message ? (Question ouverte)

Attendue de la question : Il s’agit ici de révéler à qui est destiné l’action de


communication (par exemple : les membres d’un site donné, ou encore les visiteurs
d’un site donné, etc.)

Limite de la question : Il est compliqué de toujours déterminer avec précision le


destinataire des messages. Ce qui peut produire des réponses trop vagues, enlevant
ainsi de la consistance à l’analyse. La place du « grand public » restant une réponse
fourre tout très gênant à moins de considérer ces messages comme des
interpellation publique.

Automatisation : Possible dans de nombreuses plateformes

II.2.e ‐ Les variables techniques

Les questions suivantes nous aident à recenser l’ensemble des interfaces


numériques existantes dans les territoires du GPV. Cette identification permet de
réaliser une cartographie des plates formes.

13 – Quelle est la date de mise à jour de la page de l’action de communication?


(Question ouverte)

Il s’agit ici de copier/coller la date de dernière mise à jour de la page web hébergeant
l’action de communication.

Limite de la question : Pour autant, les serveurs dynamiques triche avec cette date
pour des raisons de positionnement dans les moteurs de recherche, ce qui
difficilement utilisable cette variable.

Automatisation : Seul, une extraction au niveau des serveurs par API permettrait
d’avoir la date réel du post de chaque action de communication.

14 – Quelle est l’adresse URL de l’action ? (Question ouverte)

Comme la question précédente, il s’agit de copier/coller l’adresse URL de l’action de


communication.
64
15 – Quels sont les liens hypertextes présents dans l’action de
communication ? (Question ouverte)

Il s’agit ici de copier/coller les liens hypertextes insérer par l’émetteur de l’action de
communication pour constituer un réseaux de citation.

Véritable jungle à défricher, le web 2.0 a été filtrer tout au long de notre
questionnaire observer, qualifier et déterminer les actions de communication qui font
la réputation et l’identité des territoires numériques du GPV. Cependant, ce
questionnaire doit connaître des évolutions certaines au regard de
l’administration et des résultats de notre étude afin de le rendre plus efficient notre
outil :

‐ Re-densifier le questionnaire en regroupant certains items, ou rendre mixte


certaines questions (à la fois fermées pour déterminer l’action de
communication, et ouvertes pour préciser ou annoter la réponse), sont des
pistes pour rendre les réponses plus complètes en amont, et pour obtenir une
analyse plus précise en aval.
‐ La semi-automatisation des extractions de données devrait permettre de
résoudre une grande part des ambigüités de données (lieux d’émission par
adresse IP, identifiant unique mais anonyme…)
A noter enfin que notre questionnaire fut créé dans le but d’être analysé par le
logiciel de traitement de données Modalisa. De fait, toutes les remarques venant
d’être évoquées sont à pondérer, puisque le formulaire peut être par la suite recoder
et modifier dans la phase de traitement des données.

65
II.3 - Méthode d’extraction

II.3.a ‐ L’équipe

La méthode d’extraction des données est une partie de l’audit qui doit être
pensé et éprouvé avant de commencer une enquête systématique. Il aura fallu
d’abord un travail d’exploration et de cartographie du 2.0, de repérages des
plateformes de communication pertinentes, peuplées par les habitants de la Rive
Droite. En effet les plateformes sont socialement ciblées et sont donc plus ou
moins attractives selon les catégories socioprofessionnelles. L’intérêt de
l’exercice est que cette méthodologie a été pré testé lors de la phase préalable
d’identification des plateformes à étudier à la suite de l’enquête sur le web 1.0.

La méthodologie employée se situe dans une phase de recherche et de


développement qui nécessité une démarche exploratoire qui rendait
impossible toute automatisation de l’extraction. Il a donc fallu mobiliser un
ensemble important de ressources humaines spécialisées en recherche et audit en
communication publique numérique. Chacune des personnes possédaient ses
compétences propres, un bagage théorique particulier, et souvent des cultures
venant de tous les horizon, mais toute possédait les compétences pour conduire une
enquête qualitative en ligne dans un environnement aussi complexes que le web 2 .0
en constant bouillonnement8. Cette grande diversité a permis à l’ensemble du groupe
de conserver la fraicheur de son analyse et l’objectivité qui nous est chère dans le
cadre de ce genre de travail.

Sous la direction d’Amar Lakel, chercheur en Sciences de l’Information et de


la Communication et en Sciences Politiques, spécialisé en communication publique

8
Pour un compte rendu détaillé : vous retrouverez le cahier de recherche en ligne sous la
forme d’un blog à l’adresse suivante : http://rivedroitenumerique.wordpress.com

66
numérique et dont les travaux de recherche ont abouti à la création de cette
méthodologie, l’équipe au complet a pu mettre en pratique et tester dans une
approche critique la faisabilité du processus9.

II.3.b – la méthodologie

Une fois la répartition des plateformes faites selon des catégories


fonctionnelles (Réseaux Sociaux, Blogs, Vidéo…), nous avons du convenir d’une
méthodologie d’action pour passer à l’extraction pure des données. Cette
méthodologie devait tenir compte des échéances de temps, du nombre de
ressources humaines disponibles pour la phase d’extraction, des moyens et des
infrastructures à disposition pour parvenir à réaliser cet audit de l’empreinte
numérique des territoires. Rappelons que le but de l’exercice reste l’expérimentation
de cette méthodologie toute nouvelle qui doit permettre une automatisation de la
procédure de l’audit numérique en vue de son industrialisation. Ainsi, une personne
se voit attribuer plusieurs plateformes d’une même thématique à traiter et à explorer.
Il se peut également que devant la « profondeur » de la plateforme étudiée, le
groupe décide de former des binômes ou trinômes pour traiter certaines plateformes
très lourdes et riches de contenu (Skyblog, Youtubes…).

Le choix des plateformes se fait de façon aléatoire dans la globalité, mais


quelques unes mieux connues de certaines personnes ont pu être attribuées en
fonction de ce facteur de connaissance d’un environnement numérique particulier.
En effet, si le hasard est la règle en vigueur, permettant de fait de s’adonner à
l’exploration et à la connaissance d’interfaces numériques innovantes,
l’optimisation de l’administration du questionnaire est également un critère
déterminant dans le choix d’attribution des plateformes. Ainsi, nous prenons le
parti de confier à des « spécialistes » ou « experts » de certaines plateformes le soin
de faire valoir leur connaissance de cet environnement dans un souci d’efficacité.

9
Vous retrouverez les bibliographies complètes de l’équipe ici :
http://rivedroitenumerique.wordpress.com/2009/12/15/l%E2%80%99equipe‐de‐
l%E2%80%99audit/

67
Une fois les plateformes attribuées, il faut parcourir et explorer le site,
l’interface afin d’en faire une cartographie. C’est la première étape. Il s’agit de
repérer pour chaque site les espaces de communication ainsi que la forme que
peuvent prendre les actions de communication. Il faut renseigner une base
d’information extrêmement descriptive de l’interface et des différents modules et
espaces de communication. Le type de contenu, texte ou image doit être décrit de la
façon la plus précise possible. Ces informations et renseignements doivent permettre
par la suite de rendre la procédure d’enquête automatisée. L’identification des
espaces de communication et des actions de communication fait donc intégralement
partie du processus d’extraction des données puisqu’elle va permettre
l’automatisation de la procédure d’enquête. Comme il s’agira de trouver de manière
automatisée toutes les informations nécessaires à la mesure de l’empreinte
numérique sur les réseaux sociaux et le Web 2.0 plus généralement. Nous livrons
donc autant de documents descriptifs qu’il y a de plateformes. Chaque document est
une boite à outil qui doit rendre la procédure la plus simple possible et la plus
efficace. Ce corpus ainsi formé est très précieux car il est une radiographie de sites
porteurs en termes d’audience, d’opinion, de notoriété. En termes de communication
de façon plus globale, ce corpus permettra de maitriser l’image d’une organisation
publique ou privée en ligne. Il est à noter que notre approche est sociologique et
pragmatique, nous n’avons pas voulu réduire la connaissance de ces
plateformes à la structure de leurs bases de données telles qu’elles sont
décrites pour les informaticiens dans le cadre de leur développement d’API.

Une fois que ce corpus est constitué, il faut le mettre en œuvre en puisant
dans les espaces de communication la matière et le contenu qui nous permettra de
réaliser cette enquête pour le GPV. C’est donc à ce moment de l’enquête que nous
passons à une phase de définition des objectifs et de cadrage pratique de
l’administration du questionnaire. En effet, le nombre important de personnes
participantes au projet est un avantage en termes de gain de temps et de respect
des échéances, mais présente aussi l’inconvénient de multiplier les risques d’erreurs
ou de biais. Une réunion est donc mise en place pour passer à la phase de
démarrage. Il s’agit de procéder au remplissage d’une dizaine de questionnaire avec
l’équipe au complet. Cette étape permet une réflexion à deux niveaux.

68
Une réflexion verticale avec un axe descendant. Il s’agit des questions qui peuvent
être posées quant à l’interprétation des critères du questionnaire au moment de
l’administrer. En effet, chaque plateforme est unique, et chaque action de
communication présente des aspects différents quant à sa considération. Tous les
critères du questionnaire (émetteur, récepteur, localisation, tonalité,…) peuvent être
pris au début de façon individuelle, et il apparaît nécessaire de lancer une
dynamique de production afin de cerner les enjeux d’un tel projet, et ainsi percevoir
au mieux et au plus vite les informations pertinentes qui permettront de mener à bien
notre mission.

Dans un deuxième temps, il y a une réflexion qui se fait sur un axe horizontal. En
effet, débuter l’enquête dans un endroit où toutes les ressources humaines sont très
présentes est nécessaire afin de permettre une « émulation », la fameuse
mutualisation des compétences dont nous parlions précédemment. En effet,
commencer une telle enquête demande un cadrage théorique et pratique de départ
qui enjoint à questionner et très vite remettre en cause la méthode utilisée.

Ces questionnements, chacune des neufs ressources humaines du projet se les ai


posé et a pu y apporter une réponse. Le fait de travailler en équipe de façon non
cloisonnée permet à chacun d’apporter son lot de réponses à ceux qui sont encore
dans le doute et l’expectative. La pratique du terrain permet de se former à cet
exercice particulier. C’est donc cette pratique de l’enquête qui permet sur une dizaine
de questionnaires de trouver les clés pour cadrer la globalité de l’enquête.
Rappelons que ce « galop d’essai » se réalise maximum sur une échelle de 90
questionnaires, sachant que seuls les cinquante premiers vont servir à répondre aux
doutes et aux incertitudes.

Une fois la phase de démarrage finie, l’équipe d’audit poursuit sur sa lancée et
continue son exploration de la sphère du Web 2.0. L’équipe à choisi de commencer à
mener l’enquête en administrant les questionnaires sur les plateformes de réseaux
sociaux et professionnels du type : facebook, viadeo, plaxo, twitter,… Le nombre de
questionnaires total n’est pas défini à l’avance puisque l’on ne peut connaitre le
nombre d’actions de communication que nous allons totaliser. Pour autant, notre
équipe part sur une base d’environ 150 questionnaires en moyennes par plateforme.
Ce chiffre n’est que purement estimatif. Il nous permet d’envisager d’avoir à traiter
69
par la suite entre mille et deux mille résultats. L’équipe est consciente que ce chiffre
ne pourra être appliqué de façon empirique sur l’ensemble de l’enquête. En raison
des différentes formes d’expression disponibles sur les plateformes et la capacité de
celle-ci à supporter du contenu, nous trouverons des résultats qui dépasseront les
chiffres annoncés alors que d’autres ne seront peut être même pas retenu au regard
du peu de contenu qu’ils apportent.

La période durant laquelle l’enquête se déroule comprend deux


semaines d’extraction des données, et une semaine d’analyse des données
soit un équivalent de 150 jours/humain. Cette période de deux semaines
consacrée exclusivement à l’extraction des données paraît longue mais se révèle
finalement nécessaire pour avoir la distanciation vis-à-vis de notre objet d’étude, et
ainsi gagner en profondeur de recherche et en pertinence dans les résultats.
Rappelons que nous sommes en phase de recherche pratique et seul l’engagement
d’une réflexion humaine critique permet de tester le sens de ce que l’on extrait. De
plus, cette période de deux semaines permet d’opérer un ajustement dans le
déroulement de l’enquête. En effet, nous n’avons pas procédé à la répartition de la
totalité des plateformes dès le début. Nous avons séparé en deux le nombre total de
plateformes à auditer afin de pouvoir effectuer un bilan intermédiaire de nos
recherches.

Après trois jours d’audit des premières plateformes, nous avons fait une réunion de
présentation individuelle de celles-ci. Il s’agissait pour nous de confronter les
premières impressions qui pouvaient ressortir de l’enquête. Sans parler encore
d’analyse véritablement, les quelques cinquantaines de questionnaires administrés
par personnes permettent d’ores et déjà de se faire une idée de l’efficacité de la
méthodologie, et de voir si nos hypothèse de travail trouve un écho dans ce premier
regard. Il est important de noter que notre méthodologie de travail est basée sur une
réalisation des actions d’enquêtes dans un cadre décloisonné entre chaque
ressource. Il est important de conserver une communication constante entre chaque
ressources afin d’enrichir la procédure d’enquête. De plus, le travail d’administration
des questionnaires demande et exige une immersion totale dans la plateforme étudié
et demande une concentration absolue sur le type de contenu (texte, image,
70
vidéo,…). Ainsi, il est important pour chaque personne de se faire une idée de ce
que peut représenter les autre plateformes, se détacher de sa propre plateforme afin
d’y revenir avec un œil neuf, et un regard plus distancié.

Le 1er bilan ainsi réalisé a donc eu pour effet, non pas d’orienter nos résultats mais
bien de prendre de la distance vis-à-vis de l’objet d’étude pour garder une certaine
objectivité et ne pas perdre de vue l’objectif final. Il s’agit de conserver une vue
d’ensemble du projet et de ne pas se perdre dans les particularismes et les
individualités. Ce bilan est la charnière qui permet de procéder à la seconde partie
de l’enquête. En effet, nous pouvons passer à la répartition du reste des plateformes
à étudier.

Ainsi, nous avons commencé à nous attaquer à un autre chantier de taille :


Les plateformes de podcast vidéo et les blogs. Ces deux types de plateformes
représentent une majeure partie du travail d’enquête réalisé car ce sont les supports
qui accueillent le plus de contenu. Cette deuxième partie de l’enquête arrive dans le
temps à la fin de la première semaine et l’équipe bénéficie donc d’un effet
d’expérience avantageux pour accélérer la démarche d’administration des
questionnaires, ainsi que la qualité et la pertinence des réponses que l’on peut
trouver. C’est de cette façon que cette deuxième partie de l’audit s’est déroulé sur
trois jours, avant de passer à la phase d’analyse des résultats générés par Modalisa.

Il est un point que nous n’avons pas encore abordé et qui a un rôle
d’importance à jouer dans le déroulement de cette enquête : c’est le lieu d’extraction.
En effet, la localisation du lieu d’enquête a une influence véritable sur la manière
dont s’est déroulée la recherche et peut être mise en lien avec la méthodologie
employé. Afin de ne pas travailler en silos, ou de manière cloisonnée, il faut pouvoir
réunir toutes les ressources humaines nécessaires et disponibles dans un seul et
même endroit. Condition sine qua none à la bonne réalisation de l’enquête, il faut
impérativement un lieu, une base de travail, un QG d’où l’on puisse avoir facilement
une bonne connexion internet.

71
La première semaine d’enquête s’est déroulée sur les locaux de l’Université
Bordeaux 3. Ne possédant pas une salle de travail attitrée, notre équipe a du se
déplacer plusieurs fois, avec les problèmes de connexions que cela entraine. Ces
contre-temps furent un obstacle pour l’observation scrupuleuse de la méthodologie
définie dans la cadre de cette étude. En effet, la phase d’administration du
questionnaire demande un cadrage théorique initial (comme expliqué
précédemment) et une « mise en route » commune pour être sur de la direction que
prend l’équipe d’audit.

Pour faire face à ces difficultés, le responsable de cette recherche, M. Lakel,


décide de mettre à disposition de l’équipe les ressources matérielles et
l’infrastructure nécessaire pour pouvoir optimiser l’enquête et ne pas faire fi de la
méthodologie, ou encore prendre le risque d’empiéter sur la qualité de la phase
d’extraction des données. Il faut alors pour les deux dernières semaines de l’enquête
louer une salle de réunion professionnelle située dans un grand hôtel bordelais
possédant la capacité d’accueil propre à servir notre enquête, ainsi qu’un réseau et
une connexion internet à la mesure de notre demande. Le confort, l’accueil serviable
et aimable, le bien-être ont su motivé les troupes et leur donner le sentiment de
partager un projet de valeur qui méritait tous les égards.

Gageons que si la phase d’extraction des données est « bâclée », et la


quantité de résultats ne pouvant sauver leur qualité, si les conditions de travail ne
manifeste pas tout l’intérêt que l’on peut porter à ce travail. Ici la question des
conditions de travail n’a pas une résonnance sur l’engagement et la motivation des
équipes. En phase d’innovation, les conditions favorables sont indispensables pour
la qualité même des résultats d’une prestation intellectuelle. Développer un système
innovant dans un garage ou dans une chambre de campus, est un mythe inventé par
le marketing américain qui n’a aucun fondement. L’idée n’a pu devenir une invention
qu’après de grosses levée de fonds. Et l’invention, une innovation qu’après un lourd
investissement des parties prenantes. Ce qui fut fait en l’espèce. Toute l’équipe
voulait le souligner car ce fut un moment important de notre expérience.

72
Nous avons voulu partager notre cahier de bord de recherche dans un but de
réplicabilité de notre audit et dans une logique de libre circulation du savoir, condition
fondamentale au bon développement du projet Plateforme d’Innovation Numérique et
Sociale du GIP-GPV afin que ce dernier sert de base à une amélioration collective du
processus. Le déroulement de la partie extraction des données selon les ressources
disponibles et dans une certaine échelle de temps. Nous avons également souligné
l’importance de la segmentation de l’enquête en différentes phases afin de conserver
une ligne conductrice objective et propre à révéler les faits et les résultats les plus
objectifs possibles. La présence de toutes les ressources humaines au sein du
même endroit joue donc un rôle essentiel dans la bonne application de la
méthodologie. Nous avons parlé précédemment de la nécessaire communication
entre toutes les parties prenantes au processus d’enquête. En effet, la présence des
neufs étudiants au sein du même endroit a permit, en plus de la phase de bilan
intermédiaire de répondre aux interrogations que chacun se pose. La proximité des
administrateurs des questionnaires est nécessaire dans la recherche de qualité des
données extraites puisque l’échange et l’interaction permettent d’enrichir les
réponses ainsi trouvées. De plus, nous pouvons aller jusqu’à dire cette notion
d’échange et de réciprocité, cette interaction dont il est question ici est à l’image de
l’objet d’étude. En effet, le champ de l’internet dans sa version Web 2.0 est fondé sur
le feedback, le retour. C’est exactement cet aspect d’internet que notre équipe
d’audit a souhaité sonder et auditer. Il fallait donc que la méthodologie employé dans
le processus d’extraction soit à l’image de notre objet d’étude. La présence de toutes
les personnes participantes à l’enquête a eu donc un effet très impliquant concernant
la validité de la méthodologie employée. Notre équipe d’audit réunie ici pour
l’extraction des données s’est constituée en une véritable communauté, à l’image de
celles étudiée sur le Web 2.0.

Notre enquête peut donc être assimilée dans sa méthode à une sorte de
« recherche action » ou encore, comme on le décrit dans le champ de
l’anthropologie, à une « observation participante ». Il est à noter quant au terme
« d’observation participante » que tous les auditeurs se servent, chacun à leur
niveau, et maitrisent les plateformes dont il est question. Ils utilisent tous plus ou
moins les plateformes auditées et font donc partie des communautés étudiées. Du
moins ils peuvent s’y assimiler sans toutefois s’y confondre. Ce fait est important car

73
l’automatisation de l’extraction des données va évacuer de nombreux freins et
difficultés à la bonne marche des autres enquêtes à mener par la suite.
L’automatisation se fait par une intégration de cette méthode d’extraction qui aura
été validée d’ici là. Cette partie d’intégration au système informatique de la procédure
d’automatisation est une charnière où la moindre erreur d’interprétation peut fausser
toutes les enquêtes issues du paramétrage du questionnaire. Toutefois, il est
important de relever qu’une fois que la procédure d’extraction a été définie, validée
puis traduite en système informatique, l’automatisation permet de passer au delà de
nombreuses difficultés que peut rencontrer l’esprit humain. La réalisation de cette
enquête et le temps nécessaire à la formation des ressources humaines est un
processus impliquant qui demande une précision et une méticulosité extrême. Une
fois que les ressources sont formées à l’exercice et qu’elles possèdent une certaine
sensibilité vis-à-vis de l’objet d’étude, la réalisation de l’enquête manuelle va être la
trame qui va servir pour l’automatisation du processus. En transcrivant cette
opération d’extraction des données sur un modèle informatique, nous pouvons
affirmer qu’il s’agit d’une « sauvegarde » littérale de la mémoire collective de l’équipe
d’auditeurs. Ainsi donc l’automatisation de la méthode d’audit permet d’éviter les
biais personnels des enquêteurs et des mauvaises interprétations futures. La validité
de la méthodologie, puis son automatisation permet d’acquérir une certaine efficacité
d’action pour mesurer l’empreinte numérique et l’opinion en ligne des organisations
publiques et privées.

74
Les visages de la rive droite
numérique

III.1 – Anatomie d’une parole ordinaire

Dans une première approche, il faut rappeler que notre enquête a eu comme
population les actions de communication parlant de ou à partir du GIP-GPV. Il s’est
agi de capter chaque prise de parole dans l’espace public 2.0 et d’en tirer un
échantillonnage représentatif. L’identité d’un territoire et sa réputation sont le
fruit d’une prise de parole diffuse et continue dans une conversation en ligne
où l’émetteur et le destinataire sont difficilement cernables. Pour autant, ce sont
ces échanges, ces messages, leurs reprises, leurs commentaires qui vont construire

75
le sens dans l’espace public. En termes de rumeur et buzz, l’identité des territoires et
des marques est portée par ces nouveaux modes de communication.

Notre questionnaire s’appuie donc sur 4 objets de connaissance, qui visent


à cerner les comportements de communication et leurs identités :

‐ La nature de l’émetteur :
‐ Les médias utilisés :
‐ Les formes de prise de parole :
‐ De quoi parle-t-on ?
Il peut donc se dégager un paysage global de la prise de parole sur le web 2.0. Cette
analyse devra conduire à une approche plus fine des profils et de leurs
comportements.

III.1.a – Qui parle ? Un espace investi par la parole ordinaire.

Tout d’abord, les habitants de la rive


droite sont très fortement majoritaires
dans cet espace public (69 % sont
internes à la rive droite). La rive droite est
avant tout la préoccupation de ses
habitants. On note une sur-
représentation de la jeunesse de la rive
droite, dont le nombre est supérieur aux
habitants dits « moins jeunes ». Les
acteurs économiques sont aussi des
porte-parole de premier choix tant ils ont
su investir les plateformes de réseaux sociaux mises à leur disposition.

Le reste des messages vient de ce


que l’on appelle en statistique une
longue traîne, qui représente plus
d’un tiers (39 %) des messages, sans
faire pour autant bloc par leur extrême
76
hétérogénéité dominée par les
acteurs sportifs, culturels et
artistiques (12 %), les médias (6,73
%) et les institutions publiques
faiblement représentées (3,14 %).

Il semble donc que les terres de la rive droite numérique 2.0 soient fortement
dominées par la parole ordinaire, sorte de conversation quotidienne qui, par le
biais des nouveaux médias, devient une communication qui laisse des traces
pérennes sur la toile. Ce paradoxe n’est pas sans importance. En entrant dans
l’espace public numérique, cette parole ordinaire, par sa quantité et sa
continuité, devient structurante pour la réputation et l’identité du territoire.
Internet et les réseaux sociaux connaissant une croissance continue comme source
d’information, il faudra mesurer les conséquences de l’entrée de ce que Michel
Foucault appelait « la parole infâme » au sens du famous anglais.

III.1.b - Par quels canaux ? L’explosion des plateformes de réseaux sociaux.

Au niveau des dispositifs


de communication investis par
cette parole, l’écrasante
prépondérance des
plateformes de réseaux saute
aux yeux. Ces dernières
renferment à elles seules 54 %
des messages étudiés. C’est principalement pour développer des profils et une
communication de réseaux que les locuteurs étudiés prennent la parole. Les
plateformes orientées jeunesse (Skyblog, NetLog, MySpace) sont les plus
représentées, même si Facebook connaît aujourd’hui une ascension fulgurante. A
elles 4, ces plateformes totalisent 42 des 54 % attribués aux réseaux sociaux. Les
plateformes orientées business sont encore très minoritaires (12 %).

Les plateformes de partage vidéo sont à notre grande surprise le dispositif


médiatique spécialisé le plus utilisé, bien plus que les plateformes d’images, qui
semblent spécialisées dans une approche artistique de la photo. Les plateformes

77
vidéo (25 %) sont une caisse de résonnance de la culture télévisuelle et
cinématographique. Culture du clip et du cinéma grand spectacle, mais aussi
culture de la webcam et du téléphone mobile. Entre détournement des mass-
médias et production ultra artisanale, la vidéo, bien plus que la photo, est un outil de
production de sens visuel.

La culture du texte et de la stratégie éditoriale est la grande perdante de ce


monde. Les blogs (5,65 %), le journalisme citoyen (3,41 %) et même le micro-
blogging (3,23 %) ne semblent pas attirer les locuteurs qui évitent de les utiliser
comme des supports de communication à part entière. Pour autant, il faut se méfier
des hypothèses hâtives. Est-ce une question de temps consacré à sa
communication ou de compétences éditoriales qui feraient défaut. Le micro-blogging,
qui serait un indicateur pertinent pour avancer dans notre interprétation, est un
phénomène trop nouveau pour nous fournir le recul nécessaire. Il faut rappeler aussi
que nous étudions les messages visibles publiquement et non les échanges
communautaires. Notre cadrage visant à comprendre la co-construction de l’identité
d’un territoire.

En effet, si l’on observe les


composants sémiotiques d’un
message (de quoi il est fait), on voit
que très peu de messages ne reposent
pas sur un texte (dans 68 % des
messages) comme architecture principale,
bien souvent accompagné d’une image
(dans 45 % des cas). La vidéo étant
encore fortement présente dans la
communication (33,4 %).

III.1.c Comment prendre la parole ? Une


conversation ordinaire et urbaine.

La forme est essentielle pour


comprendre les types de communication et
les profils de comportements dans l’espace

78
public. Nous avons voulu utiliser les variables comme l’intention pragmatique, la
tonalité du message et le niveau de langue utilisé pour dégager l’esprit de la
communication publique numérique 2.0. Force est de constater que nous
sommes, et ce de façon très écrasante, en présence d’une communication de bon
aloi en tous points, correspondant aux échanges polis que l’on peut rencontrer
dans les rues de la rive droite.

Le niveau de langue est normal dans la quasi-totalité des cas (74 %). Si le langage
soutenu ou expert est très rare, le langage familier atteint à peine 20 % (alors que les
jeunes sont sur-représentés) et le langage grossier n’est présent que dans 1 % des
messages étudiés. On est donc très loin d’une rive droite numérique 2.0 peuplée
de sauvageons. Ceux qui prennent régulièrement le tramway sur la ligne A ne
seront pas surpris de ce degré de civilité.

On communique principalement pour informer ses concitoyens (dans 65 % des cas)


ou pour mettre en valeur quelque chose (46 %). Le débat public est présent dans 34
% des messages. Loin des clichés de la rive droite, la très grande majorité des
messages est de tonalité neutre (58 %) (car majoritairement informatifs) ou
positive (35 %). Ainsi, les discours sont très rarement négatifs ou violents (7 %).

III.1.d - De quoi parle-t-on ? De sa vie, de son territoire.

Mais alors que partage-t-on dans ces


espaces numériques ? Très clairement, cette
communication est une communication du
« souci de soi ». Il s’agit de témoigner de sa
vie et de son univers. Pour cela, le premier
objet de discours très majoritaire, avec 45,2 %
des messages…c’est son territoire. La rive
droite est le premier objet d’information, de
valorisation et de discussion par les locuteurs.
Parler du lieu où l’on vit, du lieu où l’on habite est
une préoccupation majeure. Cet objet est suivi

79
de très près de la présentation de soi (2nde position avec 20 %). Il s’agit de se
présenter, d’être présent sur la toile et de se mettre en scène. Si l’on ajoute la vie
quotidienne (4ème position avec 14 %) et les relations interpersonnelles (9ème
position avec 8,5 %), on remarque qu’une partie assez importante des conversations
tourne autour des objets de la proximité et du quotidien10. C’est la vie de tous
les jours qui est à la source de la communication 2.0, et ce même quand il s’agit de
parler des autres territoires (5ème position avec 12,38 %). Il s’agit d’un effet de miroir
identitaire entre le « eux » et le « nous ».

La deuxième zone sémantique tourne autour de l’activité sportive et socioculturelle.


Le sport arrive en 3ème position, avec 16,5 % des messages. La musique et les
activités culturelles sont présentes dans plus de 10 % des messages. Si l’on ajoute
les sports auto/moto, qui jouissent d’un véritable engouement chez les jeunes, on
remarque que cette activité sportive et culturelle, qui reste néanmoins une extension
des pratiques quotidiennes, constitue un objet très important de préoccupation en
tant que monstration de ce l’on aime et de ce que l’on fait.

Il existe ensuite une série de discours plus institutionnels, qui parlent d’une multitude
de sujets plus sérieux. S’il est difficile de classer l’activité économique dans cet
ensemble (8ème position, avec plus de 10 % des messages), il faut bien constater que
la politique, l’éducation, la police et la gastronomie émergent ça et là, sans jamais
s’avérer déterminantes. Ces objets majeurs de la communication publique
institutionnelle semblent portés par les nouveaux venus du 2.0.

10
Attention de ne pas additionner ces pourcentages pour en tirer un chiffre global, car une
question à choix multiples peut posséder plusieurs réponses. Ainsi, additionner ces
pourcentages risque de comptabiliser plusieurs fois les mêmes réponses.

80
III.2 - Des espaces densément peuplés par leurs habitants

L’analyse multivariée, à la base des typologies en sociologie, est toujours


délicate à manipuler. Après une description de population, qui se fait par analyse
séquentielle des variables, il faut maintenant examiner les variables qui se
corrèlent entre elles afin de mettre en évidence des cohérences de
comportements. Si le type d’émetteurs apparaît fortement corrélé au style de
communication (supports utilisés, tonalités ou encore niveau de langue), il faut
pouvoir tester s’il y a discrimination selon les intentions pragmatiques, les supports
sémiotiques utilisés ou encore les objets du message (de quoi parle-t-on ?). De plus,
les plateformes sont-elles sociotypées ? Induisent-elles des comportements
spécifiques ? Seule une exploration minutieuse nous a permis de découper cet
univers 2.0 en topologie de communication et en profils de comportements que nous
distinguerons en trois ensembles distincts : les habitants de la rive droite
numérique, les institutionnels de la rive droite numérique et les
comportements communautaires. A la première catégorie, qui occupe en nombre
une place très majoritaire, nous consacrerons cette partie laissant apparaître, par
notre écriture, une distinction de comportement selon le niveau
d’institutionnalisation de la parole.

81
III.2.a – L’habitant ordinaire de la rive droite numérique :

L'habitant de la rive droite privilégie très nettement les plateformes de


réseaux sociaux (plutôt attiré par Copains d'Avant, Netlog, Dailymotion & Youtube
ou encore Plaxo). Mais ce profil n'a pas d’intention pragmatique particulière dans les
différents supports utilisés. La tonalité neutre est majoritairement présente dans
l'ensemble de ses actions de communication destinées au grand public, sans
communication spécifique mise en évidence ici.

Ses objets de communication favoris sont la vie quotidienne, la rive droite elle-
même, les aménagements urbains près de chez lui et tout ce qui touche aux
sports mécaniques (auto-moto !). Ce dernier élément l’amène à une utilisation plus

82
fréquente de la vidéo par rapport au texte, sans pour cela faire un rejet de l’écriture
accentuée. A l'inverse, le sport ne s'avère pas une préoccupation fondamentale.

On dénote donc une communication simple quasi-ordinaire, qui place l'habitant


de la rive droite et plus particulièrement son usage du web 2.0 comme
l’élément de référence dans notre étude. Il développe une communication à
majorité audiovisuelle, simple, tournée vers soi et sa communauté (forte utilisation
des réseaux sociaux) et surtout non stéréotypée.

III.2.b - Le jeune de la rive droite numérique

Proche de lui, le profil du jeune de la rive droite connaît une communication


plus typée. S’il est, lui aussi, fortement attiré par l'utilisation des réseaux
sociaux sur le web (et non, comme on pouvait s’y attendre, par les sites vidéos),
ses intentions pragmatiques prédominantes sont celles d’amuser la galerie et
d’interpeller son environnement. Pour autant, ses actions pragmatiques ont une
forte corrélation avec la tonalité positive des messages et le langage familier
sera préféré au langage normal et soutenu. A contrario, il est moins attiré par une
mission d'information.

Il traitera principalement de musique, d’éducation, d’auto-moto et de relations


interpersonnelles. A l'inverse, les thématiques du sport et de la culture ne seront
pas accentuées dans le profil du jeune de la rive droite.

Ce profil est particulièrement présent sur les plateformes telles que Netlog et
Skyblog, alors qu'un site de partage vidéo comme Youtube n'attire pas l'utilisation
du jeune de la rive droite. NetLog et SkyBlog sont des plateformes de réseaux
sociaux spécialisées dans la niche de la jeunesse ; ce qui explique cette
attirance par les milieux jeunes.

Le profil du jeune de la rive droite met en lumière une dualité entre le sport et la
musique. Cette dernière étant une thématique importante dans la communication de
ce profil. Alors qu'on pensait que le sport pouvait servir de vecteur de cohésion
dans un processus de communautarisation, il s'avère que celui-ci n'est pas

83
mis en avant. On peut dire que le sport connaît une communication spécifique
sur le 2.0 en ce qui concerne les amateurs engagés. La musique, quant à elle,
est utilisée dans un processus de valorisation individuelle et est présente dans
l'usage du web 2.0 par les jeunes de la rive droite.

III.2.c - Les associations culturelles et sportives

Au même titre que le jeune semble être une spécialisation ludique et


fanfaronne de l’habitant de la rive droite, les acteurs sportifs et socioculturels
apparaissent comme des habitants ordinaires se spécialisant dans la
communication de leur passion. Ils sont donc très présents sur les plateformes de
réseaux sociaux. Ils ont aussi une nette préférence pour la vidéo et réduisent le texte
aux commentaires d’images.

Le discours est souvent là pour commenter et valoriser (tonalité positive) la


performance. L'utilisation du langage normal est privilégiée et le message s’adresse
en priorité aux amateurs de sport ou de culture.

C’est une communication que l’on peut qualifier de communautaire au sens où


l’on s’adresse aux cercles d’initiés. On se retrouve au niveau des plateformes
Facebook, Picasaweb pour l’image et de Youtube pour la vidéo. On peut voir dans la
communication numérique des acteurs sportifs et socioculturels une stratégie de
supporter, au sens où elle sert la communautarisation de chacun d'eux. Il en
ressort une utilisation d'un web 2.0 comme une vitrine (lien avec le web 1.0).

84
III.3 – Les acteurs institutionnels qui parlent de la rive droite sur le web 2.0

III.3.a - Les acteurs économiques

La parole institutionnelle se distingue très nettement de la parole ordinaire par


son approche plus neutre et plus formalisée. Pour la sphère institutionnelle, les
acteurs économiques jouent en l’occurrence un rôle d’avant-garde dans la
communication 2.0. Les acteurs économiques qui parlent de la rive droite se
situent bien souvent à l'extérieur du territoire, n'utilisent presque pas les supports
vidéos ni les réseaux sociaux, mais essentiellement les réseaux professionnels.
On trouve ce genre de profils en majorité sur les plateformes professionnelles
comme LinkedIn, Viadeo, Xing et aussi Twitter.

Dans leur communication sur le web 2.0, les acteurs économiques préfèrent
largement l'utilisation du texte et délaissent l'usage des vidéos et des images.
Alors que l'action pragmatique de ce profil met plus l'accent sur la valorisation, les
messages restent très majoritairement neutres et ne tendent pas vers des
excès positif. L’utilisation du langage normal et clair domine les autres registres de
langue. Leurs discours sont destinés à un public spécialisé, professionnel mais donc
pas grand public.

Les sujets prépondérants dans les actions de communication des acteurs


économiques sont la présentation de l'activité ou de l'entreprise et des discours
sur des secteurs d’activité. Les acteurs économiques ne parlent pas de la rive
droite, ils sont là pour faire du business.

Il apparaît que la communication numérique dans le web 2.0 des acteurs


économiques étudiés ne valorise pas l'appartenance au territoire de la rive
droite. Ils se placent dans le pôle économique de Bordeaux, voire de la Gironde.
Cependant, on note une cohérence dans la stratégie de communication des acteurs
économiques, ils se placent dans les plateformes du web 2.0 qui leur sont dédiées et
ainsi assurent de véhiculer une image professionnelle pertinente du territoire.

85
III.3.b - Les « reporters » externes de la rive droite

Nous rassemblerons sous se profil de « reporters externes de la rive droite »


deux acteurs qui jouent un rôle de témoins externes du territoire, dont les
comportements sont assez proches. Le journaliste professionnel investissant le
web 2.0 et l’habitant externe investissant le journalisme, certes amateur. Ils
occupent tous deux une position externe au territoire.

Le journaliste le rapportera plutôt dans son blog, alors que l’habitant ordinaire, s’il
occupe une place majoritaire dans des réseaux sociaux comme skyblog, occupe
aussi notablement des plateformes de médias sociaux comme Agoravox. La
différence se faisant sans doute selon l’âge car en effet, si chez les journalistes, le
ton est normal, voire soutenu, chez les habitants externes, la proportion de propos
familiers est sur-représentée, sans pour autant être majoritaire.

Prime nettement le texte illustré d’images, et dans une moindre mesure, de


vidéos. Le but est clairement d’informer et de débattre des informations. Le ton
négatif des propos, qui visent à souligner les dysfonctionnements du territoire,
apparaît comme une spécification de ces profils. En effet, sans être majoritaires, car
ces propos sont souvent informatifs et neutres, c’est dans cette population que
l’on retrouvera la plus forte propension à être critique et négatif. Les journalistes
s’attacheront davantage à commenter la politique, les activités culturelles ou encore
la gastronomie, qui jouent un rôle important dans l’image externe du territoire.

III.3.c - Les institutions publiques et politiques.

Les institutions publiques et politiques sont les grandes absentes du


web 2.0 alors même qu’elles jouent un rôle prépondérant sur l’Internet 1.0. La place
des institutions sur le web 2.0 reste une position informative, quasiment
86
exclusivement par le biais du texte. Leurs messages sont neutres et essentiellement
politiques. Il est difficile de tirer des conclusions sur leurs stratégies de
comportements, tant le peu de traces laissées ne nous permet pas de prendre le
recul nécessaire.

87
Conclusions

Les résultats de cette étude sont avant tout le fruit d’une rencontre. Une
logique d’innovation multipartenaires a permis la confrontation de points de vue et de
savoirs hétérogènes. La commande publique innovante du GIP-GPV, l’assistance à
maîtrise d’ouvrage de pointe de la FING, la recherche et le développement du
laboratoire MICA, la mise en intermédiation continue par l’AEC et l’innovation ont été
les fruits d’une hybridation de compétences. Rencontres encore avec un territoire et
sa population. Les nombreuses études l’ont montré. La population de la Rive Droite
exprime un véritable attachement à son territoire derrière une identité très forte. De
plus, c’est une population très jeune et très diverse qui en fait une population très
favorable à l’usage des dispositifs numériques. D’emblée, le numérique a été pensé
comme partie intégrante de la politique de rénovation urbaine.

88
L’enjeu de ce projet était alors de comprendre le rôle dans l’espace public de
l’avènement d’une communication numérique 2.0, qui modifie profondément les
pratiques d’Internet, ou plutôt qui en réalise l’utopie : mettre à disposition de tous un
mass média personnel pour exprimer le moindre de ses désidérata. Avec l’arrivée de
la communication numérique mobile et de la réalité augmentée, force est de
constater que l’année 2010 voit un tournant majeur dans cette communication 2.0,
qui devient en temps réel, inscrite dans le territoire et dans les pratiques
quotidiennes. Aujourd’hui, les territoires « numériques inside » sont des territoires qui
s’engagent dans l’exploitation de données au service de l’intérêt général. Derrière
l’apparente complexité des plateformes de communication numérique 2.0, il existe
des hommes et des femmes, qui par leurs échanges continus d’informations,
constituent des réseaux sociaux dans un espace public de communication. Il faut
dépasser la séduction (ou la répulsion) de la technique pour tendre l’oreille vers la
prise de parole publique. Ces plateformes sont toutes orientées vers la mise en
réseau d’identités numériques qui sont construites sur une logique d’auteur. C’est en
publiant ses opinions, ses images, ses ressources informationnelles, ses goûts, que
l’on se définit par rapport à autrui, qu’on tisse des liens et des « amitiés » pour former
des groupes d’intérêts…des sociétés. Ces auteurs se sont très nettement
différenciés selon les médias utilisés.

Le Web 1.0, fait de sites Web et de blogs propriétaires, hébergés et


développés pour des acteurs, reste un Internet très professionnel et très maîtrisé. La
communication du Web 1.0 est avant tout une communication s’appuyant sur des
sites Web institutionnels (81,5 %), avec une politique éditoriale de textes chargés
ayant le plus souvent une fonction promotionnelle, avec un niveau de langue très
soutenu (84 % des cas). Elle est dominée par des institutions publiques locales ou
par une presse professionnelle (2/3 des messages), les non-institués sont les grands
absents des messages filtrés par Google. On note une très nette valorisation des
sites Web institutionnels ou ayant une stratégie de référencement bien organisée. La
très grande majorité des messages est destinée à un public local d’usagers ou de
citoyens consommateurs du service public ou des infrastructures culturelles ou
sportives. Ce sont des messages conformes aux modèles de communication

89
publique, qui visent à informer et à mettre en valeur les ressources du territoire pour
un public d’usagers directs.

Le Web 2.0 a, quant à lui, tenu la promesse d’un espace public ouvert et libre
où se situe la très grande majorité des discours ordinaires. Ainsi, on peut dire que le
Web 2.0 est bien la réalisation de l’utopie de l’Internet des fondateurs. 69 % des
messages relevés sont émis par les habitants de la Rive Droite, avec une sur-
représentation de la jeunesse, une forte présence de l’habitant lambda et une
implication non négligeable des acteurs économiques. Ils sont suivis de près par les
acteurs sportifs et culturels. Une partie des messages concerne néanmoins des
émetteurs externes à la Rive Droite. Parmi tous les supports média étudiés, on note
une prépondérance des plateformes de réseaux sociaux, principalement orientées «
jeunesse » (Skyblog, Netlog) et communautés d’intérêts (Facebook, Myspace). Les
plateformes professionnelles sont quant à elles très peu actives dans l’image de la
Rive Droite. L’unité sémantique dominante des messages est un « bloc visuel
commenté ». Les messages textuels sont très courts et largement associés à des
vidéos et images, reflétant une communication visuelle d'interaction. Les émetteurs
ont une forte tendance à parler d’eux, de leur environnement (la Rive Droite) et de
leur vie quotidienne. Leurs hobbies sont fréquemment abordés, qu’il s’agisse de
sport, musique ou autres activités culturelles. Vient ensuite ce que l’on a catégorisé
comme des sujets secondaires, comme par exemple la politique, l’économie, l’école
ou encore l’aménagement urbain.

Sans revenir sur l’analyse multivariée, nous avons pu démontrer une très
nette dichotomie entre le Web 1.0 et le Web 2.0. Il ne s’agit tout simplement pas de
la même sociologie et donc pas du tout du même monde sociolinguistique.
Parallèlement, sur le fond, nous avons pu constater que le monde du numérique
recoupait entièrement le monde hors ligne, tant dans les préoccupations que dans
les intentions. Ainsi, s’il y a une différence de style, les habitants et leurs institutions
habitent bien le même lieu commun, qui est le fondement d’un espace public
démocratique et républicain. Même si la personne parle avant tout en son nom
propre et de ses préoccupation, et que l’institution parle du collectif et de l’intérêt

90
général, il existe bien un lieu commun et un dispositif pour en faire le fondement de
la délibération et de la participation : en un mot, la co-construction.

Pour autant, cet espace est aujourd’hui très nettement traversé par une
fracture numérique entre le Web 1.0 et le Web 2.0. Les deux populations,
institutionnelle et non-institutionnelle, s’ignorent et partagent en fin de compte très
peu de choses. Entre le site Web de mairie, qui est peu propice à l’interaction et à la
parole ordinaire, et les réseaux sociaux dont les institutions publiques sont
grandement absentes, il n’existe pas aujourd’hui de plateformes de rencontres pour
permettre un échange de sens. L’analyse factorielle a donc montré deux axes de
différentiation : celui de l’institutionnalisation, qui sépare l’internaute de son
institution, mais aussi celui des intentions positives ou négatives. Force a été de
constater que les stéréotypes de banlieues avaient la vie dure quand les
commentaires venaient de l’extérieur. Journalistes nationaux, blogs d’auteurs qui
commentent la presse, de nombreux post réduisent la rive droite à ses stéréotypes
pour mieux asseoir des argumentations stigmatisantes.

Cette étude a permis de mettre en perspective le chantier de rénovation


urbaine de la Rive droite. L’étude de l’empreinte numérique est un complément
essentiel au pilotage de l’action publique. Ainsi, se révèle toute la valeur du Projet
d’Innovation Numérique et Social piloté par Sophie Trouillet, chargée de mission au
GIP-GPV. Elle aura désormais en charge de fabriquer ce lieu commun manquant
entre parole institutionnelle et parole profane. Bien plus qu’un gadget technique, c’est
la co-construction d’un lieu de visibilité et d’échange qui doit se bâtir dans une
démarche participative qui vient régénérer non seulement le bâti, mais aussi le vivre
ensemble. C’est aussi tout le sens de la campagne de communication « J’aime la
Rive Droite », pilotée par Claire Thiriet, qui vise à mobiliser les habitants dans la
défense de l’identité territoriale, pour changer les regards externes sur le territoire.
C’est donc sur le second axe que cette campagne fait sens pour essayer de diminuer
la dichotomie flagrante entre fierté territoriale et stigmatisation stéréotypée.

Sur le plan de la recherche scientifique, l’étude présente n’est qu’un premier


pas vers le développement d’une méthode réplicable pour dessiner l’empreinte

91
numérique d’un territoire. Pilotés par la FING, les chercheurs du laboratoire en
Sciences de l’information et de la Communication MICA-GRECO et du Laboratoire
de Géographie ADES, auront à même de développer l’automatisation des processus
d’extraction et d’analyse en cours. Il s’agit non seulement d’élaborer un outil semi-
automatique, qui permette de diminuer les coûts (et donc de rendre économiquement
supportable) la phase d’extraction, mais aussi de tester les différents modèles de
visualisation et d’interprétation des données. Ainsi, après l’analyse de population et
l’analyse factorielle, couvertes par la présente étude, l’analyse cartographique, tant
géographique qu’au niveau de l’analyse des réseaux sociaux, pourrait apporter des
interprétations complémentaires et approfondies pour mieux comprendre les
dynamiques du territoire numérique. Enfin, la perspective d’une analyse
sémiologique ou d’une analyse automatique du discours n’est pas à exclure si l’on
veut appréhender des masses importantes de données. Ainsi, cette phase de
recherche est encore à poursuivre, mais l’enjeu est de taille : se doter d’outils à la
hauteur des enjeux complexes qu’a révélé la communication publique numérique.

92
ANNEXES

93
Tris à Plat 1.0

94
Tris à Plat 2.0

95
AFC 1.0

96
AFC 2.0

97
98
Présentation synthétique de l’analyse multivariée

99
Bibliographie :

Projet PINS : http://www.surlarivedroite.fr/pageseditos,153,left_A5D8E511.html

Dossier de presse :

Présentation dynamique : http://prezi.com/gaiydoorhpnw/

Synthèse du rapport :

Rapport complet :

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