Le Monologue de Rodrigue
Le Monologue de Rodrigue
Le Monologue de Rodrigue
1. La mise en espace
Il est à remarquer que l’écriture poétique dans cette scène diffère des précédentes : les vers
sont regroupés en strophes de composition identique mais où la longueur des vers est
différente (6, 12 ou 10 syllabes). Ce sont des stances et la scène est connue sous le nom de
stances de Rodrigue.
2. La situation d’énonciation
Rodrigue, seul sur scène, se parle à lui-même à voix haute mais les paroles qu’il prononce
sont en réalité destinées au public. Il s’agit là d’un monologue qui fait écho à celui de don
Diègue. Ce dernier nous permet de connaître le personnage et de juger de sa valeur, il fait
naître et connaître le personnage principal de la pièce, présent jusqu’ici à travers le discours
des autres personnages. Le choix du monologue ne fait pas progresser l’action mais permet
de révéler les sentiments intimes du personnage, sa valeur de héros et son côté humain.
Rodrigue vient d’apprendre la rude tâche qui lui incombe : venger l’honneur de son père par
un combat en duel contre le père de sa promise. Il se doit d’obéir à son père mais il doit
aussi mettre en balance deux valeurs : le devoir et l’honneur.
- Stance 1 : le désespoir
Dans la première strophe, le héros est submergé par un sentiment de désespoir comme
l’atteste le champ lexical du malheur « percé, atteinte, mortelle, misérable, malheureux,
injuste, âme abattue, peine ». Il présente ici la situation délicate dans laquelle il se trouve et
le dilemme auquel il se trouve confronté. Commence alors pour lui une délibération qui va
l’amener à analyser les différentes solutions qu’il pourrait envisager, et quelle valeur il devra
privilégier.
La stance 4 s’ouvre sur des exclamations qui marquent un sursaut : Rodrigue s’indigne
contre lui-même d’avoir pensé à se laisser tuer ; il chasse donc cette idée folle et décide
d’aller combattre le comte et de le tuer pour sauver l’honneur de son père et le sien. Il est
furieux contre lui-même d’avoir eu ce moment d’hésitation.
- Stance 6 : la décision
Cette strophe ne fait que confirmer la décision déjà prise dans la précédente : puisque
Chimène est désormais perdue, il convient de venger son père. L’honneur l’emporte donc
sur l’amour.
Malgré le dépassement du dilemme, la décision de Rodrigue est héroïque car il s’agit d’un
choix dicté par la raison et par ses propres sentiments et non seulement par l’obéissance
aveugle aux ordres de son père. Sa décision est d’abord une victoire sur lui-même qui
marque la naissance du héros.