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BLPC 131 PP 7-22 Delfaut

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Digues

et barrages en terre
////////////////// ~7L de faible hauteur

Constatations sur la digue


de Maurepas-Courance
Abel DELFAUT
Assistant
Jean JARDIN
Ingénieur
Robert BALDIT
Technicien supérieur
Laboratoire régional de l'Ouest parisien

RÉSUME

Le bassin de retenue de Maurepas-Courance


s'inscrit dans un programme d'aménagement
de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines ;
il s'agit d'une retenue d'orages faisant office de
bassin tampon pour les eaux pluviales du
plateau dont l'urbanisation a accru les débits de L a retenue de Maurepas-Courance s'inscrit dans le plan
pointe du ru existant en fond de vallée. d'aménagement du réseau hydrographique du plateau de
La mission confiée au LROP a été orientée Trappes. L'urbanisation de la région, par la création de
plus spécialement vers le suivi du comporte- la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvélines, a entraîné
ment du corps de digue durant la phase de progressivement l'imperméabilisation d'importantes surfa-
construction et ensuite après la mise en service.
Pour cela, il a été nécessaire d'équiper deux ces conduisant ainsi à l'évacuation de quantités croissantes
profils en travers de la digue en cellules de d'eau de ruissellement vers les rus existants; or ceux-ci
pression interstitielle, de tassomètres et de n'ayant pas une capacité suffisante pour écrêter les pointes,
tubes piézométriques. Des mesures optiques sur
des repères bétonnés ont été effectuées afin il s'est avéré indispensable de créer des retenues d'eau le
d'apprécier les déplacements du corps de digue. long de leur tracé. Ces bassins tampons permettent l'accumu-
L'article rend compte des principaux résultats lation des eaux pendant les fortes pluies puis la restitution
obtenus lors de la construction de la digue, de lente dans le cours d'eau.
la mise en eau et de l'exploitation du bassin.
Pour essayer de comprendre le fonctionnement On dénombre une quinzaine de retenues construites sur le
hydraulique réel de l'ouvrage, il a paru intéres- plateau de Trappes. Elles sont toutes de moyenne et petite
sant de rapprocher les constatations des
premières analyses théoriques faites dans le importance, les hauteurs des digues varient entre 3 et 15 m ;
cadre d'une recherche sur l'anisotropie des celles de Maurepas et du centre ville (digue C) sont les plus
limons utilisés en corps de digue. On verra que importantes par leur capacité et par la hauteur de la retenue.
l'on n'est pas parvenu à des conclusions nettes,
et combien il est difficile de tenir compte de
la complexité des phénomènes réels dans les Le bassin de Maurepas est caractérisé par une hauteur de
études théoriques à fortiori au stade d'un retenue normale en pied de digue (vidange de fond) de 10 m
projet.
et celle des plus hautes eaux (niveau du déversoir) de 14 m ;
MOTS CLÉS : Barrage en terre • Pression la capacité de stockage aux deux niveaux est respectivement
interstitielle - Perméabilité - Alluvions • Conso- 3 3
de 213000 m et de 393000 m sur une superficie de plan
lidation - Tassement - Mesure - Déplacement -
Stabilité - Piézomètre - Auscultation - Sous sol - d'eau, à la retenue normale, de 4,9 ha.
Modèle analogique - Écoulement (fluide) •
Isotropie - Limon - Drainage - /Digue - Bassin L a hauteur maximale de la digue est de 15,5 m (revanche
d'orage. de 1 m) avec une largeur en tête de 4 m et une longueur de
245 m.

B u l l , l i a i s o n L a b o P. et C h . - 131 - m a i - j u i n 1 9 8 4 - R é f . 2 7 9 4
CADRE D'INTERVENTION L'article a pour objet de décrire l'ouvrage et son
D U LABORATOIRE comportement pendant et après l'exécution, en s'atta-
chant particulièrement à comparer ce dernier avec les
prévisions.
Les missions confiées au Laboratoire régional de
l'Ouest parisien visaient :
— à définir le site géologique de l'ouvrage et plus
particulièrement celui de la future digue : i l s'agissait
SITE D E L ' O U V R A G E
d'une étude préliminaire s'appuyant sur des investiga-
tions en nombre limité; cette étude géologique a été
toutefois complétée par quelques essais de laboratoire
L'ouvrage est implanté dans la vallée de la Courance,
(cisaillement et compressibilité);
thalweg orienté S E - N O qui entaille le plateau du
— à mettre en place et à suivre des appareils de Hurepoix au nord du village de Maurepas (fig. 1 et 2).
mesure : sondes de pression interstitielle, tassomètres, L a vallée dans l'axe de l'ouvrage accuse une asymétrie
piézomètres installés dans le corps de digue et dans assez marquée : sur le versant, du côté droit, exposé
le sol de fondation. au sud-ouest, la pente moyenne est de l'ordre de 20 %
alors que sur le versant du côté gauche, exposé au
Les études géotechniques complémentaires nécessaires nord-est, la pente n'est que de 12 %; celle du fond de
à la conception de la digue et des ouvrages en béton thalweg peut être estimée à 2,5 % en moyenne.
armé ont été assurées par le Bureau d'ingénieurs-
conseils Coyne et Bellier. Cet organisme a d'ailleurs, Le versant le plus raide est boisé (bois de Maurepas)
par la suite, servi de conseil à l'entreprise adjudicataire tandis que le versant à pente plus douce est à vocation
(Viafrance) et au maître d'œuvre ( D D A des Yvelines), agricole. A l'origine, i l existait un étang dont le niveau
le laboratoire ayant obtenu parallèlement une presta- se situait à une cote voisine de l'émergence de la
tion directe avec le maître d'ouvrage délégué ( E P A nappe phréatique (nappe des sables de Fontainebleau)
de Saint-Quentin-en-Yvélines) et par la suite avec le et qui avait, jadis, desservi un moulin dont on pouvait
Syndicat Intercommunal ( S C A A N ) . encore apercevoir les ruines.

Fig. 1 —
Plan de situation.

Fig. 2 — Site de l'ouvrage.

8
L a présence de cette retenue a amplifié considérable- Le fond du thalweg est comblé par les alluvions du
ment le caractère marécageux de cette zone en ru. Leur structure est complexe, comme en témoigne
favorisant des dépôts de nature variée : vases, débris le profil de la vallée sur la figure 3.
végétaux...
Les premiers alluvionnements ont été déposés sur les
argiles à cérithes sous forme de lentilles provenant de
matériaux érodés à l'amont : on distingue dans la
SITE GÉOLOGIQUE
vallée, mélangés pèle-mêle, des sables fins plus ou
moins propres et organiques et des argiles sableuses
L a reconnaissance du site, si l'on regroupe toutes les (anciennes vases), le tout contenant des niveaux plus
phases d'intervention, y compris celle de l'entreprise, grossiers de débris siliceux (meulière) formant parfois
a nécessité l'exécution des sondages et essais suivants : de véritables lits de graviers inclus dans ces alluvions
fines. Ces derniers alluvionnements ont amené des
— dix sondages carottés profonds de 20 à 30 m dont niveaux tourbeux et des vases molles dans lesquelles
sept équipés de piézomètres; se trouvaient emprisonnés des débris végétaux.
— sept sondages à la tarière tous équipés de piézo-
mètres; Hydrogéologie
— douze sondages destructifs dont trois ont été
accompagnés d'essais pressiométriques; Le ru de la Courance sert d'exutoire, dans la partie
du projet, à une ligne de sources qui apparaît à la
— vingt-six sondages de pénétration dynamique; cote 111 N G F sur le versant droit, et à la cote
113 N G F sur le versant gauche. Cet écart du niveau
— quinze sondages au pressio-perméamètre;
provient certainement de la pente différente des ver-
— un essai de pompage en rive droite. sants, mais aussi de la présence d'horizons argileux
au sein des sables de Fontainebleau qui servent locale-
ment de guide support à la nappe aquifère la faisant
Lithostratigraphie déboucher à des endroits légèrement différents selon
ses ondulations.
On trouve ici la série stratigraphique régionale com-
plète, à savoir : au sommet des flancs de la vallée, Les gradients hydrauliques caractérisant le rabatte-
les calcaires et meulière de Beauce qui déterminent ment de la nappe dans le fond du thalweg sont de
l'entablement du plateau à la cote voisine de l'ordre de 80/1000 sur les deux versants (en toute
170 N G F , puis les formations des sables de Fontaine- rigueur le gradient rive droite est légèrement plus fort
bleau (60 m d'épaisseur) dont l'affleurement est recou- que celui de la rive gauche, de 5/1000) et de 15/1000
vert d'un tapis d'éboulis argilo-sableux. Les sables en fond de vallée.
reposent sur un support marneux composé des argiles
à cérithes, des marnes à huîtres, d'une séquence cal- L a principale alimentation du ru provient du rabatte-
caire que l'on peut attribuer au calcaire de Brie, des ment de la nappe des sables de Fontainebleau, ce qui
marnes vertes et des marnes supragypseuses. maintient ainsi un débit permanent; le reste peut être

Echelle horizontale
Niveau piézométrique

Fig. 3 — Profil géologique en travers de la vallée suivant l'axe longitudinal de la digue.

9
attribué aux eaux de drainage du plateau, aux eaux Le tableau I récapitule par familles de sol les perméabi-
de ruissellement le long des pentes et à celles de lités horizontales mesurées au pressio-perméamètre
l'artésianisme de la nappe des calcaires de Brie. Ce dans les sols rencontrés en fond de vallée.
dernier point mérite une attention toute particulière,
NOTA. — Un essai en laboratoire sur éprouvette œdométri-
car i l conditionne pour une part le régime hydraulique
que (perméabilité verticale) d'un échantillon du complexe
du site de l'ouvrage : les piézomètres profonds (20 m
sablo-argileux (faciès d'argile sableuse) a donné une valeur
et plus) indiquent un niveau d'eau à la cote 7
de 0,7 x 10" m/s à la pression normale des terres (cote
109,20 N G F , tandis que les piézomètres courts (10 m) 108 NGF).
donnent un niveau proche du T N vers 108 N G F . Dans la couche alluvionnaire du complexe sablo-argileux,
on distingue des familles : les sables argileux de coefficient
Deux types d'essais pour la mesure de la perméabilité 6
de perméabilité moyen k =l,6 x 10" m/s pour trente et
h

en place ont été réalisés : une valeurs et les passages graveleux ou sableux de coeffi-
5
cient de perméabilité moyen k =l,l x 10" m/s pour cinq
h

— des essais ponctuels au pressio-perméamètre valeurs. Le rapport du nombre de valeurs de chaque milieu
Ménard effectués dans quinze sondages ont permis reflète leur importance respective dans la couche.
de différencier les couches du point de vue de leur
perméabilité horizontale (fig. 4) ; A l'examen du tableau I, on peut émettre les conclu-
sions suivantes :
— un essai de pompage en rive droite a permis de
déterminer globalement la perméabilité des sables — les coefficients de perméabilité moyens des sables
roux légèrement argileux qui affleurent à l'émergence de Fontainebleau éboulés et en place sont dans un
de la nappe et qui ont servi d'appui à la digue. Cet rapport inférieur à 10;
essai a été réalisé par le bureau d'étude Burgeap.
— les coefficients de perméabilité moyens d u com-
plexe sablo-argileux et des argiles à cérithes sont dans
un rapport voisin de 100. L'horizon des argiles à
IO" 9
10" 8
10" 7
IO" 6
10" k 5
h
cérithes constitue hydrauliquement le support
1 i
h

Tourbes et 23457 23457 23457 234571 ,


« imperméable »;
F>P7
m

vases
PP6 ?
_5 — la grande dispersion des coefficients de perméabi-
1 h>P8 lité du complexe sablo-argileux qui sert de fondation
Complexe "
argilo-sableux
r J à la digue est significative de l'hétérogénéité du milieu.
rj L a présence de passages graveleux peut déterminer
i
-¡ des circulations préférentielles d'écoulements;
r " 6
10
-,\ — les argiles à cérithes, base du sable de Fontaine-
Argiles

\(
à cérithes f bleau, sont deux cent cinquante fois plus imperméa-
0 bles que le sable de Fontainebleau argileux en place.
(>
15

Comportement mécanique des terrains


Fig. 4 — Profils de perméabilité du sol de fondation
du corps de digue.
Les essais de comportement sur le site ont été peu
nombreux; ils concernent la couche alluvionnaire. Ils
L a nappe a été testée sur une hauteur de 5,50 m au ont été effectués à l'occasion de l'étude préliminaire,
moyen d'un forage équipé en puits : sept piézomètres dont l'objectif n'était pas de justifier la conception de
d'observations ont été mis en place à distance variable l'ouvrage en terre, mais d'entrevoir les dispositions
du point de pompage. à prendre pour assurer globalement la stabilité de
l'ouvrage.
L'interprétation des essais par la méthode de Theis a
conduit à un coefficient de perméabilité horizontal Les résultats des essais de cisaillement sont regroupés
compris entre 6,5 et 8 x 1 0 ~ m/s; la valeur moyenne 6
dans le tableau II et les caractéristiques de compressi-
est donc voisine de 7 x 10" m/s. 6
bilité dans le tableau III.

TABLEAU I. - P e r m é a b i l i t é s h o r i z o n t a l e s ( p r e s s i o - p e r m é a m è t r e ) .

Nombre t i h
Nature du sol mini h moyen "•h maxi
d'essais (m/s)
(m/s) (m/s) t
Sable fin en place A 25 6x10-' 1,8 x 10~ 5
4,5 x 10~ 6 'Hmini
30
Argiles sableuses en place B 28 2,8 xlO" 7
IO" 5
2,1 x IO" 6
35
Sables fins éboulés C 12 9xl0" 7
2x IO -5
6,1 x IO" 6
22
Complexe sablo-argileux D 36 7xl0" 9
3,5 x IO" 5
1,8 x IO" 6
5000
Argiles à cérithes E 21 2xl0" 9
5xl0" 8
2,4 x IO" 8
25

10
TABLEAU II.
Cisaillement Cisaillement
Cisaillement
Paramètres Nature du sol Prélèvement à la boîte au scissomètre
à la boîte
(%) UU de chantier
CD
de cisaillement. (*) (kPa)

Tourbe CPS 1
limoneuse -1,00 m 105 10
CPS 2
-0,50 m 55 13
Tourbe CPS 1
-1,80 m 312 10

Sable CPS 1
vasard -2,00 m 30 <?uu = 34°
= 10kPa
-3,00 m 30 «p.. = 31°
= 10kPa
Argile CPS 1
sableuse -4,00 m 19 <p = 30°
uu
Complexe = 20kPa
sablo-argileux CPS 2
-1,50 m 20 <p„«= 32°
= 20kPa
-2,00 m 19 = 34°
= 20kPa
Argile CPS 2
sableuse
avec graviers -3,00 20 (p' = 36° c' = 0

Argiles Sable 29 ip' = 35° c' = 0


sableuses argileux

(*) Essais UU effectués selon le mode opératoire. La détermination d'un angle de frottement indique un drainage au moment de l'essai
en raison de la nature sableuse des sols.

TABLEAU III. — P a r a m è t r e s d e c o m p r e s s i b i l i t é .

Nature du sol Prélèvements 3 c, c


(kN/m ) (kPa) c

Argiles sableuses B Cj 6,40 à 7,20 m 14,8 45 0,106


Complexe sablo-argileux D CPS 1 3,50 à 4,50 m 16,8 28 0,041
CPS 2 2,50 à 3,50 m 17,9 21 0,21
C 2 5,00 à 5,50 m 16,5 40 0,018 0,09
C 3 6,00 à 6,50 m 15,6 80 0,020 0,146
Argiles à cérithes E C 13,10 à 14 m
t 16,1 200 0,03
Marnes vertes Ci 22 m 15,1 130 0,145
25 m 15,3 160 0,140

C : indice de compression dans l'intervalle de contraintes a' à a .


s VQ p

C : indice de compression au-delà de o- .


c p

C O N C E P T I O N D E L A DIGUE fondation et les matériaux filtrants, un limon (1) dont


l'indice de plasticité sera supérieur à 15{I > 15); p

Transversalement, la digue est de type homogène avec


tapis drainant aval et drain cheminée. Cependant, — au centre et à l'amont de la cheminée drainante,
l'insuffisance de limon argileux dans l'emprise du pro- un limon (2) de plasticité légèrement inférieure au
jet a nécessité un approfondissement de l'emprunt précédent (8 < I < 15); p

jusqu'au sable; cela explique la présentation sur les


coupes en travers de la digue de zones différenciées — à l'aval de la cheminée drainante, un sable
en fonction de la nature des sols (fig. 5). Cette évolu- limoneux (3) de faible plasticité (/ <8). p

tion de la nature du matériau étant connue avant le


début des travaux, la structure de la digue a été définie E n fait, les deux premières catégories de limons ont
de la manière suivante : été très difficiles à distinguer et l'on peut considérer
qu'il s'agit pratiquement du même sol, par rapproche-
— à l'amont, au contact du plan d'eau, et à la base ment des références proctor, qui appartiennent à une
du corps de digue de façon à recouvrir les sols de même famille de sol.

11
NGF

120

Niveau avant mise en eau Puits filtrant


de décharge

Marnes à huitres

Calcaire de Brie

Marnes v e r t e s

Fig. 5 — Structure du corps de digue.

CAILLOUX GRAVIERS GROS SABLE SABLE FIN 1 GROS SABLE S A B L E FIN LIMON AR C I L E
100

90 •o go
"J Yi i tt-
3
Iu 80 1U 8 0
I II
Remblai \
J2 70 Ph ¡2 0 B
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0
Diamètres équivalents (/im) n i n 2 Diamètres équivalents (/im)
Q '
Fig. 6 — Courbes granulométriques des différents types de sols.

D1 : faciès graveleux du complexe alluvionnaire. D2 : faciès sableux du complexe alluvionnaire.

Le corps de digue est caractérisé par une tranchée FIN


parafouille en pied de digue amont et par un drain
aval en matériaux filtrants choisis de manière à respec-
ter les conditions classiques des filtres vis-à-vis des
matériaux environnants (fig. 6). Ce filtre se retourne
à l'intérieur du corps de digue pour former une chemi-
née drainante inclinée à 1/1, dont la fonction est de
capter des infiltrations éventuelles pour les rabattre
vers le drain de pied. Le filtre horizontal est composé
en son centre d'un gravier propre F sur 0,40 m, 2

protégé sur ses deux faces par un gros sable F d'épais- 1

seur 0,20 m; les conditions de filtre de Terzaghi sont


respectées :
mm
200 100 50 20 10 5 2 1 0.4 0.2 0.1 50i/ 20

d85min ^ 1 5 min Fig. 7 — Fuseaux granulométriques des filtres.

D et d ouverture de la maille à 15 et 85 % de tamisât


du filtre et du matériau à filtrer.

Les matériaux F et F , reconstitués en centrale,


t 2 Le parement amont est protégé par une recharge en
jouent à la fois les rôles de drains et de filtre. petits enrochements de grès ( F ) disposés sur une 3

nappe de géotextile non tissé dont le rôle essentiel est


Les pentes générales de la digue ont été fixées à 3,23/1 d'éviter la pénétration du limon sous-jacent à travers
à l'amont et 2,32/1 à l'aval. les enrochements ou inversement.

12
Compte tenu de la complexité du site et de l'existence
possible de couches relativement perméables dans le
sol de fondation, i l a été jugé prudent d'assurer la
dissipation d'éventuelles sous pressions par un massif Limon 1 Poids volumiques secs (kN/m ) Nb = 58
d'enrochements de même calibre que le précédent VWVA Limon 2 Poids volumiques secs ( k N / m ) Nb = 27
3

_ _ _ Sable 3 Poids volumiques secs (kN/m ) Nb = 69


ainsi qu'une ligne de puits filtrants en pied aval.

Les puits ont été exécutés par lançage sous pression


d'eau en diamètre de 250 m m et crépines en diamètre
de 150 mm; l'espace annulaire entre crépine et forage
a été comblé en sable filtrant F . Les puits sont dis-
t

tants de 5 m et ils sont ancrés de 2 m dans les marnes


à huîtres.

Mise en œuvre du corps de digue

Le calendrier des différentes phases des travaux est


représenté sur la figure 8. Les matériaux utilisés pour
la construction de la digue proviennent d'un emprunt
situé en rive gauche de la retenue. L a distribution des
déblais s'est faite en fonction de la nature des sols
extraits :

— C A T 1 et 2, ce sont des limons de pente dont


l'indice de plasticité varie entre 15 et 25, mis en place
à l'amont de la cheminée drainante, ils se classent
en A p ( L P C ) ou A - A ( R T R ) ,
2 3

— C A T 3, ce sont des sables limoneux ou argileux


dont l'indice de plasticité est inférieur à 10, mis en
place à l'aval de la cheminée drainante; ils se classent
en S A - S L (LPC) ou B - B ( R T R ) .
5 2

15,0 15,4 15,8 16,2 16,6 17,0 17,4 17,8 18,2 18,6 19,0 7d sable k N / m sable
J

15,3 15,7 16,1 16,5 16,9 17,3 17,7 18,1 18,5 18,9 19,3 Td limon k N / m limon3

J Travaux préparatoires
Enlèvement de la tourbe
0>1 Vidange de fond

. Pose des cellules

2 Mise en œuvre du corps


de digue
LOI

f-L 3 Mise en place des filtres


et tapis de propreté

4 Mise en place de la cheminée


''//aw/. drainante

Fig 8. —
Calendrier
des travaux.
<oP

1
i--L
0)1
5 Ouvrage en maçonnerie
Évacuateur de crue
Í5! Tour de régulation

11
15 16 17 18 19 20 « ( % )

I
£ Exécution des puits filtrants

i"-L Références OPN


oïl Pose des tubes piézométriques

7 Mise en eau yd 18,9 18,3 18,1 -


1 Limon
w(%) 15 15,5 15,5 -
yd 17,5 18,7 18,5 18,5
3 Limon
L a mise en œuvre des remblais s'est faite par couches sableux iv(%) 15 12 14,5 14,5
de 0,30 m d'épaisseur compactées au moyen d'un
yd 16,4 16,6 16,3 16,5
rouleau à pieds dameurs.
3 Sable
w(%) 15,5 14,5 15,5 15,8
L a mise en œuvre de la cheminée drainante a été
conduite par épaulements successifs des matériaux Fig. 9 — Contrôle de la mise en œuvre du corps de digue. Histogrammes
filtrants sur le talus du remblai amont. de poids volumiques et des teneurs en eau.

13
Le contrôle d'exécution a été à la charge de l'en- part la couche d'alluvions fines dont l'épaisseur est
treprise (autocontrôle). L'ensemble des résultats est de l'ordre de 3 mètres.
présenté sur la figure 9 sous forme d'histogrammes
par classe de matériaux. Les cellules implantées dans l'axe du remblai, donc les
plus chargées, enregistrent les tassements maximaux :
92 % des valeurs correspondent aux prescriptions du 30 cm au profil A et 23 cm au profil B .
CCTP:
E n outre, on constate sur ces courbes une vitesse de
y >0,95 y
d d o p n . tassement très rapide au cours de la construction de
l'ouvrage. Cela provient du fait que le coefficient de
consolidation c„ des alluvions est relativement élevé
6 2

SUIVI DES M O U V E M E N T S D E L A D I G U E ( 3 . 1 0 " m /s) et que les tassements ont lieu surtout
ET DES PRESSIONS HYDRAULIQUES : dans cette couche; les tassements « secondaires » sont
L E DISPOSITIF D E SUIVI relativement faibles, de l'ordre de quelques centimè-
tres (le quart du tassement total pour les cellules
situées dans l'axe du remblai).
A u niveau des pièces du marché le Bureau d'études
avait prévu un système de surveillance par tubes piézo- L'étude du tassement primaire de la couche d'allu-
métriques en P V C crépines sur une hauteur de 1,50 m vions d'après les courbes oedométriques et la théorie
à la base et bouchonnés au-delà. de Terzaghi concluait à une amplitude de tassement
de 16 cm et un temps de tassement d'un mois après
L a disposition concentrée des tubes piézométriques la construction (fig. 13).
autour et à l'aval de la cheminée drainante avait
pour objectif essentiel la vérification du champ des O n s'attendait donc, d'après la théorie, au tassement
pressions interstitielles dans la zone du corps de digue suivant :
la plus critique du point de vue de la stabilité pour — alluvions fines 16+4 (tassement secondaire)
l'ouvrage en service. A la réalisation, ce système d'aus- = 20 cm,
cultation a été maintenu et complété par :
— couches argileuses sous-jacentes = 12 cm.
— des tassomètres classiques L P C de forme cylindri-
que, qui permettent la mesure des déplacements verti- Le tassement n'évolue plus du tout depuis la mise en
caux du sol sous l'effet de la surcharge engendrée par eau en juin 1977 pour deux raisons : la vitesse de
la construction de la digue; tassement s'était considérablement réduite (2 à 3 cm
par an de juin 1976 à juin 1977 pour les cellules centra-
— des capteurs des pressions interstitielles de type les) et le déjaugeage de la digue par remontée de la
P A C II à contrepression pneumatique, destinés à déce- nappe a pratiquement annulé le phénomène par la
ler les surpressions hydrostatiques ponctuelles dans suite.
une couche de terrain. Ces piézomètres ont l'avantage
d'avoir un temps de réponse très rapide (quasi immé- Dans ce cas particulier, malgré les hypothèses simplifi-
diat) et l'inconvénient de ne fonctionner qu'en milieu catrices du calcul de tassement, sol homogène et c„
parfaitement et constamment saturé. constant dans chaque couche, les résultats concordent
assez bien avec les observations.
Le dispositif d'auscultation a été groupé le long de
deux profils en travers, l'un à proximité du déversoir
et l'autre à proximité de l'ancien ru, dans l'axe de Capteurs de pressions interstitielles
l'ancienne vallée, à l'endroit où les hauteurs de rem-
blai sont maximales. Les coupes et plans des Les capteurs de pressions interstitielles ont obéi à
figures 10, 11 et 12 précisent l'implantation des cellu- trois types de sollicitations :
les et tubes piézométriques. 1. les fluctuations des nappes aquifères (Fontaine-
bleau et calcaire de Brie);
Pour des raisons pratiques, les cellules ont été implan-
2. la consolidation des couches;
tées après la mise en place des premières couches de
remblai, le fond de fouille n'étant pas accessible à 3. la variation du plan d'eau à l'amont.
pied donc a fortiori pour des machines de forage.
D'ailleurs, le curage de la tourbe et des vases molles
s'est opéré par terrassement à la pelle mécanique le Ainsi, quels que soient le niveau atteint et la nature
long de pistes préalablement construites. des matériaux entourant les sondes, le sens de varia-
tion des surpressions reste sensiblement le même, la
seule différence résidant dans l'importance prise par
Tassements l'une ou l'autre des trois sollicitations citées ci-dessus.
Les sondes situées dans les alluvions fines répondent
Les deux profils d'étude ont été munis de cinq tassomè- mieux à la variation du plan d'eau et au phénomène
tres chacun, de manière à suivre les déplacements de consolidation, les sondes profondes à celles de
verticaux. D'après l'analyse des courbes expérimen- l'artésianisme de la nappe du Brie.
tales de tassement en fonction du temps, on constate
que l'amplitude de tassement du sol est restée modeste Les mesures de référence faites en juin 1975 ont été
vis-à-vis de la surcharge (270 kPa); cela est dû à la influencées par les rabattements de la nappe en fond
faible compressibilité des couches sous-jacentes, dont de fouille dus au terrassement des tourbes et vases et
la plupart se trouve en état de surconsolidation, à de l'action des lignes de pointes filtrantes destinées à

14
© Tube piézométrique
• Cellule de pression interstitielle
• Tassomètre Echelle

Fig. 10 — Vue en plan du projet. Situation des cellules et tubes piézométriques de surveillance.
Filtre

NGF 11 19 12 10
120

0 2 4 6 8 10

Protection rocheuse

Niveau avant mise en eau Puits f i l t r a n t


de d é c h a r g e
<i

Marnes à buitres

Calcaire de Brie

Marnes vertes

© Cellules de pression interstitielle


Tassomètre Fig. 11
Niveau d'eau dans le tube piézométrique
Pression interstitielle au niveau de la cellule
7 avant mise en eau 15/5/1977
Fig. 11 et 12 — Profils en travers A et B du corps de digue. Implantation des
I 2 après mise en service à la côte 115 NGF (RN) cellules et tubes piézométriques de surveillance.
l Limon plastique /p>15
2 Limon peu plastique 8</p«=15
3 Sable limoneux 'p<8
NGF
120 . 4 Protection rocheuse

ïi»|^J$tisec Puits f i l t r a n t
de d é c h a r g e

Argiles à cérithes

Marnes à huîtres

Calcaire de Brie

Marnes vertes

Fig. 12

15
i Hauteur de
remblai PROFIL A
13 m
- PROFIL B

Cellule 5

o Cellule 4

* Cellule 3
(Cellule 2 détruite)

<i Cellule 5

Cellule 4
o Cellule 3
* Cellule 2

J|J|A|S|O|N|D1|J|F|M|A|M1J|J|A|S1O1N|D||J|F|M|A|M|J|J|A|S|O|N|D1|J|F|M|A|M|J|J[A|S1Q|N|D|

1975 1976 1977 1978

Fig. 13 — Évolution des tassements mesurés.

maintenir latéralement les talus, surtout en rive gau- culier sur les sondes 3, 4, 5 du profil A et 1, 3 du
che où l'affleurement était constitué par des sables profil B. Ces surpressions ont été insignifiantes dans
fins propres qu'il fallait consolider pour construire le la plupart des cellules, sauf à la cellule 3 du profil A
collecteur de vidange de fond de bassin. Dès que les où l'amplitude du pic est de 50 cm d'eau (fig. 14
premières couches de remblai eurent été montées et et 15).
que les systèmes de rabattement furent abandonnés, i l
s'installa progressivement devant la digue une retenue Après une stabilisation des pressions interstitielles,
d'eau entre les cotes 105 et 108, ces eaux venant d'une on constate un fléchissement des courbes en avril et
part des terrains tourbeux situés en amont dans le juin 1976, surtout pour celles qui correspondent aux
bassin et d'autre part des versants (émergence de la cellules profondes et qui traduisent certainement l'inci-
nappe). dence des fluctuations saisonnières de la nappe du

Cela explique la remontée bru-


tale des pressions interstitielles Fig. 14 et 15 — Fluctuation des pressions interstitielles pendant les travaux et à la mise en eau
enregistrées par certaines sondes (cellules) selon le profil A ou B.
aux profils A et B; les sondes les
plus en amont et les moins pro-
fondes étant les plus sensibles.
115
L a sonde n° 3 mise à la base
114 Fluctuation du plan d'eau
du remblai a suivi sans retard à l'amont de la digue
la montée du plan d'eau (fig. 14 113
et 15).
112

Les phénomènes de surpressions 111


dus à la consolidation des cou-
110
ches se sont confondus avec celui
de l'installation de la nappe. 109

Cependant, sur quelques sondes 108


fichées dans les alluvions ou à la
base du limon, on note un pic 107 Rabattement dû au terrassement
du fond de fouille
dans la courbe d'évolution des 106 /
J¡J1A|S|O|N|D|J|F|MÍA|M|JÍJ|O|3|OÍN|D|J|F|M|A|M|J|J|AJ3|O|N|D|J|F|M|A|MÍJ|J|A|8|OÍN!D|
pressions interstitielles, en parti- 1975 1976 1977 1978

16
Surpression 3 NGF 110,51 pression Int.
i n t e r s t i t i e l l e (cm) t, 104,81 cellule
(Limon)

2 NGF 110,31
102,06
(Sables tins)
300- NGF 110,06
102,31
(Sables et graviers)

P4 N G F 109,06
104,76
(Limon)
200.
P5 N G F 108,76
104,21
(Vases sableuses)

NGF 105,90
100. 7 104,00
o (Sables et graviers)
NGF 107,10
103,60
(Sables fins)

50J NGF 106,01


104,66
(Limon)

J | J | A | S | O | N | D 1 J | F | M | A | M | J | J | O | S | O | N | D | J | F | M | A | M | J | J | A | S 1 O | N | D | J | F 1 M | A | M | J [ J | A | S | O | N | D | Fig. 14
1975 1976 1977 1978

Surpression
300 i n t e r s t i t i e l l e (cm)
P1 N G F 110,40 pression int.
280 104,10 cellule
(Sables et graviers)

260

240

220

200- P2 NGF 1 10,30


"* 102,35
(Argiles à Cérithes)
180

160

140

120

100.

80
NGF 107,85
60 J± 99,86
(Argiles à Cérithes)
40 , V "A-A-A A-
•g
20-I

0 P4 N G F 109,35
93,80
20 (Marnes à huitres)

40

60

80
J | J | A | S | O | N | D | | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | | J | F | M | A | M | J | J ] A 1 S | O | N | D | | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | Fig. 15
1975 1976 1977 1978

17
NGF (m)
Fig. 16 — Fluctuation des
niveaux piézométriques dans les
115.
tubes au profil A.

1 14 _

Variation du plan d'eau


à la mise en service

-©Se

h l J I | 0 | N | D | | j | F | M | A | r V l | j | j f

Brie, mais également la proximité des puits aval de P V C 0 60 mm lanternes à la base sur 1,50 m avec
décharge construits à partir de janvier 1977 (sondes 3 bouchon de bentonite annulaire, ont permis de complé-
et 4 du profil B). ter les mesures de pressions interstitielles des sondes
en précisant dans les profils en travers la position de
On se souviendra, à ce sujet, qu'une sécheresse d'im- la surface piézométrique à l'intérieur du corps de
portance centenaire a sévi de novembre 1975 à digue. Les résultats enregistrés avant et après la mise
septembre 1976 et que ses effets ont pu se faire sentir en service ont été reportés sur les graphes (fig. 17
avec un certain retard dans le temps. et 18) à leur cote N G F et non plus en surpression
comme pour les capteurs de pression interstitielle.
L a mise en eau du bassin à sa cote de retenue normale
décidée à la mi-juin 1977, a fortement agi sur les Les mêmes remarques sont à formuler que pour les
cellules disposées dans les alluvions et à l'amont de piézomètres : les tubes placés en avant de la cheminée
la cheminée drainante; celles-ci ont enregistré, pour ont bien répondu à l'élévation du plan d'eau, les plus
une élévation de plan d'eau de 7 m depuis la proches du plan d'eau étant évidemment les plus
cote 108 N G F , des surpressions allant j u s q u ' à 1,60 m sensibles (9); par contre, à l'arrière du plan d'eau, à
(cellule 3 profil A et cellule 1 profil B). cause de l'influence des drains, les réactions sont fai-
bles voire nulles. A u piézomètre 9, le niveau d'eau a
Certaines cellules ont peu ou pas réagi à la variation évolué de la même manière que les capteurs placés à
du plan d'eau : ce sont celles qui sont situées en l'avant de la digue : 1,60 m pour une élévation du
profondeur dans les couches argileuses (3-4 du plan d'eau de la retenue à 7 mètres.
profil B) ou dans les alluvions mais placées sous l'in-
fluence des drains et filtres (6-7 du profil A ) . Toutes ces données ont permis (fig. 11 et 12) d'estimer
le tracé de la surface libre (en effet avec le dispositif
d'observation utilisé, i l n'est pas possible de détermi-
Piézomètres ouverts ner rigoureusement cette surface) en supposant le
milieu homogène et isotrope jusqu'au toit des argiles
M i s en place (fig. 16) juste avant la mise en eau, les à cérithes. L'influence du dispositif de drainage est
piézomètres ouverts, constitués par de simples tubes certaine.

18
NGF (m)
Fig. 17 — Fluctuation des
niveaux piézométriques dans les
tubes au profil B.

/\

/
Variation du plan d'eau
à la mise en service

M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D

Déplacements du corps de digue Analyse du comportement hydraulique de l'ouvrage.


pendant la mise en eau Comparaison des constatations avec les résultats
de modèles analogiques
Les repères disposés sur le remblai sont constitués de
plots en béton armé de section 0,50x0,50 m et de
1,50 m de profondeur (dont 1 m est ancré dans le Pour essayer de comprendre le fonctionnement
remblai). Dans ces bornes sont noyées des embases hydraulique réel de l'ouvrage, i l a paru intéressant de
métalliques servant de repères topographiques; ceux- rapprocher les mesures et les observations des premiè-
ci permettent de suivre les tassements et les déplace- res analyses théoriques faites en 1979 dans le cadre
ments horizontaux du corps de digue ainsi que ceux d'une recherche sur l'anisotropie des limons utilisés
de la conduite sous remblai (repères 37-12-1). en corps de digue.

Les résultats sont donnés sur la figure 18, on constate Cependant, à cette époque, pour que cette étude com-
que les mouvements provoqués par la poussée du parative soit totalement satisfaisante, i l manquait les
plan d'eau sont de l'ordre du centimètre et leur ampli- éléments suivants :
tude est maximale dans le tiers central du corps de
digue (sur la vue en plan). Les mouvements verticaux — des mesures de perméabilité dans le corps de digue,
sont exclusivement des tassements, aucun soulèvement - des piézomètres dans le corps de digue et notam-
n'est à signaler; les déplacements horizontaux sont ment dans sa partie hydraulique.
orientés généralement dans l'axe de l'ancienne vallée
et vers l'aval, traduisant ainsi un resserrement et un De ce fait, nous avons été amenés à faire l'hypothèse
tassement de l'ouvrage dans l'axe de l'ancienne vallée. vraisemblable que le corps de digue possédait le même
Le long des ouvrages,, on peut observer quelques coefficient de perméabilité que le sol de fondation
mouvements anarchiques dus à un entraînement des 6
(fc = 10~ m/s), moyennant quoi il était possible d'éta-
?

terres lié à un mauvais compactage auprès des maçon- blir une comparaison entre les pressions interstitielles
neries. théoriques et mesurées et d'estimer la surface libre.

19
L'étude théorique hydraulique a été effectuée par la TABLEAU IV.
méthode de l'analogie électrique en utilisant successive- Comparaison des valeurs des potentiels théoriques
et mesurées au d r o i t des cellules
ment trois modèles. Les hypothèses et conditions aux
des pressions interstitielles.
limites communes à ces trois modèles sont les
suivantes :
Cellules Modèle k„/k =lv Mesures in situ
— même perméabilité de la digue et de sa fondation, (potentiel en mètres) (potentiel en mètres)
celle-ci étant constituée par les alluvions (argile 1A 8,34 5,06
sableuse et argile sableuse plus graviers); 2A 9,10 5,31
3A 9,36 5,51
— le niveau imperméable est fixé au toit des argiles 4A 5,46 4,06
à cérithes (dans le modèle analogique une ligne de 5A 4,85 3,76
courant est imposée à cet endroit) ; 6A 2,40 1,01
7A 1,50 0,9
8A 0 2,10
— une différence de potentiel est imposée entre le
parement amont et l'exutoire du système drainant 1B 8,00 5,40
(tapis et puits aval). Elle correspond à la différence
de charge de 10 m entre le niveau de la retenue
normale (cote N G F 115) et l'exutoire (cote
105 N G F ) . moyenne de la couche, tendant à abaisser le réseau
de lignes de courant. Les différences s'atténuent lors-
que l'on se rapproche de l'exutoire, ce qui est normal.
Premier modèle (fig. 19)
E n utilisant la similitude des écoulements hydrauli-
Comme hypothèse particulière, nous avons supposé
ques et électriques, le débit de fuite par mètre linéaire
kjk,= l.
capté par le tapis filtrant, en prenant
6

On constate qu'il n'y a pas suintement le long de la k = k = 1 0 " m/s (perméabilité moyenne), est :
h v

cheminée drainante dans ce cas, mais la ligne de Q = 3,2x 1 0 - 3


1/s par ml.
saturation se trouve plus haut que la ligne que nous
avons supposée réelle. Comme le montre le soit sur la longueur du barrage : Q =0,8 1/s.
tableau IV, o ù sont comparés aux niveaux des cellules
de pressions interstitielles les potentiels réels et les Les mesures faites sur seuil donnent un débit de 2 à
potentiels calculés, ces derniers étant beaucoup plus 3 1/s pour les fuites venant du tapis drainant. L a
forts, une différence de perméabilité doit exister entre valeur théorique est très proche de la réalité et l'écart
la digue et sa fondation. Des passages graveleux plus situé dans le bon sens confirme l'hypothèse du
perméables doivent augmenter la perméabilité contraste de perméabilité digue-sol de fondation.

20
Fig. 19 — Premier modèle analogique.

Fig. 20 — Deuxième modèle analogiqi

Fig. 21 — Troisième modèle analogique.

Deuxième et troisième modèles (fig. 20 et 21) Le tableau V indique les valeurs de potentiels théori-
ques pour ces deux configurations et les valeurs des
Deux autres modèles ont été réalisés en milieu aniso- potentiels mesurés en place. Les valeurs théoriques et
trope dans un rapport de perméabilités horizontale et expérimentales sont en meilleure concordance qu'en
verticale de 25. Le premier modèle a été construit milieu isotrope, la meilleure adéquation étant obtenue
d'une façon homogène, le deuxième modèle a été dans le cas homogène avec kjk = 25 (k =\0~
v h
6
m/s
construit en considérant l'influence d'un drain 8
et k = 4 x 1 0 " m/s compte tenu de l'anisotropie).
v

« borgne » horizontal situé à la base de la digue, dans


le but de simuler la présence éventuelle d'une zone Le calcul du débit conduit à prévoir dans ce modèle
plus perméable dans la fondation. un débit de fuite sur la longueur de l'ouvrage de
0,22 1/s. O n constate dans ce cas un écart important
Dans les deux cas, i l apparaît un suintement le long avec la valeur mesurée, qui se situe entre 2 et 3 1/s.
de la cheminée drainante de 5 mètres de hauteur, avec
une ligne de saturation plus haute que dans le cas du E n conclusion de cette étude comparative, on constate
modèle homogène et isotrope. Le seul effet du drain que l'on ne peut faire coïncider totalement les observa-
« borgne » a été de modifier les équipotentielles de tions et les résultats théoriques quel que soit le modèle
part et d'autre du drain et de rabattre vers les limites analogique utilisé; toutefois avec la schématisation
du drain les lignes de courant venant de l'amont, le des modèles et l'imprécision des mesures le pourrait-
drain matérialisant une équipotentielle. on exactement?

21
T A B L E A U V. Dans le domaine du comportement hydraulique de la
C o m p a r a i s o n des valeurs des p o t e n t i e l s t h é o r i q u e s
digue i l existe, d'après les mesures faites sur les cellu-
et mesurées au d r o i t des cellules
des pressions interstitielles. les, une bonne corrélation des évolutions de pressions
interstitielles et du relèvement du plan d'eau : 1,60 m
Potentiel (m) entre la position initiale et finale pour les cellules les
plus proches de l'amont pour une élévation du plan
Cellules Modèle Modèle drain d'eau de 7 mètres à la mise en eau du bassin (cote 108
homogène borgne Mesures à 115 N G F ) , tandis q u ' à l'aval les pressions sous
kjk = 25 kjk = 25 ttl situ
v v
cheminée drainante ou sous le filtre ont très peu
1A 5,85 4,84 5,06 évolué (0,50 à 1,00 m environ), ce qui est normal. Les
2A 6,70 5,42 5,31 observations ne permettent cependant pas de mettre
3A 7,40 5,20 5,51 en évidence clairement le réseau d'écoulement réel et
4A 4,10 4,50 4,06
5A 3,45 4,12 3,76 le comportement hydraulique des différentes couches,
6A 1,52 3,35 1,01 même en s'appuyant sur des modèles analogiques
7A 1,32 2,08 0,9 qui prennent des hypothèses simplificatrices. Cette
8A 0,55 0,70 2,10 difficulté tient d'une part, au trop faible nombre des
1B 5,87 4,55 5,40 points de mesures et, d'autre part et surtout, à la
complexité du site du point de vue hydraulique en
particulier au niveau de la fondation. Il est donc
difficile dans ces conditions de porter un jugement
Stabilité des talus sur le rôle des différents éléments du système drainant.
C'est ainsi que celui de la cheminée drainante n'appa-
La recherche des coefficients de stabilité du système raît pas clairement au niveau de la retenue normale.
digue-sol de fondation a été menée en rupture circu- Par contre, on peut émettre certains doutes sur la
laire. Tous les calculs ont été effectués en contraintes nécessité de puits aussi profonds à l'aval de l'ouvrage,
effectives avec des paramètres de cisaillement les mesures montrant en effet que les couches profon-
suivants : des sont très peu concernées par la mise en eau.
Cependant, s'il est aussi difficile d'analyser le compor-
tement hydraulique a posteriori, on conçoit que cela
Nature des couches <P' 3
le soit encore plus au stade du projet et que prévoir
(kPa) (°) (kN/m )
a priori un tel système drainant n'avait rien d'aberrant
Limon 1-2 Oet 5 32 19 en soi, surtout en se plaçant au niveau des plus hautes
(*) eaux, les constatations ayant été faites à l a retenue
Limon 3 0 36 21 normale.
Alluvions 0 34 2
Argiles à cérithes 5 25 19
Marnes à huîtres 2 28 19 E n définitive le dispositif de surveillance prévu au
Calcaire de Brie 0 36 19 marché et complété par la suite a montré globalement
Marnes vertes 15 18 19
que le comportement de l'ouvrage était conforme à
ce que l'on pouvait attendre.
(*) 5 kPa pour la vidange rapide.
Malgré une certaine incertitude due à la schématisa-
tion des modèles analogiques sur la détermination des
Les valeurs des coefficients de stabilité minimaux réseaux d'écoulement à travers le corps de digue, i l
sont : est probable que l'anisotropie du corps de digue soit
— parement amont en retenue normale : F = 1,81
en vidange rapide au plus hautes eaux : F = 1,06 faible ^ ^ < 2 5 ^ et proche de l'isotropie compte tenu
— parement aval : F = 1,41.
de la méthode de mise en œuvre des matériaux et des
moyens de compactage (rouleau à pieds dameurs).

CONCLUSION

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Les observations faites à l'occasion du suivi de la
digue de Maurepas-Courance ont mis en évidence
JOSSEAUMEH., Digues en terre, Bull, liaison Labo. routiers
l'influence réciproque de l'ouvrage et du site. P. et Ch., hydraulique des sob, spécial N, avril 1970,
p. 199-214.
Les tassements dus aux poids des remblais (20 à JOSSEAUME H., Le barrage de la Sorme. Étude et observa-
30 cm en moyenne) se sont produits essentiellement tions en cours de construction, Bull, liaison Labo. P. et
pendant la construction et leurs valeurs concordent Ch., 89, mai-juin 1977, p. 67-92.
assez bien avec les prévisions. NALLET J., Traitement des bassins de retenue d'eaux pluvia-
les dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Y vélines,
Les déplacements du corps de digue sous l'action de e
Les travaux publics, 1018, 3 trimestre 1977, p. 31-46.
la montée de l'eau sont de faibles amplitudes (de POST G., LONDE P., Les barrages en terre compactée,
l'ordre du centimètre), montrant un léger affaissement Gauthier-Villars, Paris, 1953.
du remblai avec un mouvement général d'ensemble
vers le fond de l'ancienne vallée.

22

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