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Cours de Petro Exo 2013

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DES SCIENCES


DEPARTEMENT DE GEOLOGIE

PETROLOGIE EXOGENE ET MILIEUX


SEDIMENTAIRES
Notes de Cours à l’usage des Etudiants de
Première Licence GEOLOGIE

Pr. Pierre MASHALA TUMONE


Docteur en Sciences géologiques

Edition 2013/2014
Cours de Pétrologie Exogène et Milieux Sédimentaire /L1 Géologie

I.1. INTRODUCTION

La pétrologie sédimentaire s'attache à l'étude et la reconstitution des environnements de


dépôt anciens, après que les sédiments ont été transformés en roches. Ceci comprend :

 l'identification des processus sédimentaires et des milieux de dépôt,


 l'étude de leur évolution au cours du temps,
 la reconstitution de l'architecture des différents environnements au sein d'un bassin de
sédimentation, ainsi que l'étude de l'évolution des sédiments au cours du temps (par
compaction, diagenèse, etc.).

Par contre, de façon tout à fait schématique, la sédimentologie au sens strict a pour but l'étude
des sédiments.

On appelle sédiments l’ensemble d'éléments déposés par l'eau, le vent ou la glace et qui
proviennent de l'usure des continents, c'est à dire de la destruction de roches ou d'êtres
vivants. La destruction se fait par des mécanismes physiques produisant la fragmentation des
matériaux et par des réactions chimiques donnant des solutions d’altération chimique.

Les sédiments solides sont déplacés sous l’effet des variations de vents, sous l’effet de la
gravité souvent par l’intermédiaire de l’eau ou de la glace. Les éléments en solution sont
transportés par l’eau. Une partie des produits de destruction peut s’accumuler
momentanément sur place, sans être transportée, elle constitue alors une couche
d’altérations.

Les débris sont, dans la majeure partie, déplacés puis déposés généralement dans l’eau, pour
former un sédiment détritique (alluvion s.l.). Les éléments en solution précipitent, sans ou
avec intervention des êtres vivants, pour former un sédiment d’origine chimique ou
biochimique.

Des sédiments, généralement meubles, sont transformés en roches consolidées (lithification).


Ces transformations physiques et chimiques sont produites soit par la charge des sédiments
sus-jacents et soit par la circulation des solutions entre les éléments (eaux interstitielles): c'est
la diagénèse. Les aspects de la diagénèse varient selon le type de sédiments :

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 Pour les sédiments carbonatés, il y a précipitation de carbonates dans les pores. Ce


phénomène relativement rapide peut se produire en plusieurs phases successives.

Diagénèse des roches carbonatées.

 Pour les sédiments siliceux: c'est d'abord la compaction qui intervient. Elle diminue les
espaces vides entre les éléments et augmente corrélativement les zones de contact. Les
solutions interstitielles dissolvent certains constituants (silice, carbonates...) et se
concentrent. Elles déposent alors de nouveaux minéraux entre les grains (ciments
argileux, siliceux, carbonaté...) ou bien sur les grains qui augmentent de taille: c’est le
nourrissage qui est souvent de même nature chimique que le grain et de même
orientation cristalline.

Sous l'effet de l'accroissement de la température et de la pression en profondeur, certains


minéraux se transforment, ils recristallisent d'abord suivant un réseau plus régulier ; c'est
le cas de l'aggradation des minéraux argileux. A plus grande profondeur, les espèces
cristallines sont modifiées: c'est le niveau de l'anchizone (début du métamorphisme).
L'enfouissement se traduit généralement par une diminution de la porosité, et par le
rapprochement des grains et le colmatage des pores par le ciment: ces modifications de
porosité prennent une grande importance dans la recherche des réservoirs potentiels des
hydrocarbures.

 Enfin, pour les sédiments argileux: les minéraux argileux recristallisent, le sédiment perd
sa plasticité et devient compact; s'il reste lité, c'est un shale.

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Diagénèse des roches détritiques siliceuses.

Les roches sédimentaires font partie inhérente du cycle géologique, puisque leurs
constituants (grains ou ions solubles) résultent de l'altération de roches ou de sédiments
préexistants ; ces constituants ont subi un certain transport et se sont déposés, ou ont été
précipités dans un bassin de sédimentation. L'évolution post-dépôt de ces sédiments
(diagenèse) les transforme en roches sédimentaires. Celles-ci peuvent subir un
métamorphisme, et être à leur tour soumises à l'altération lors de leur passage à la surface
des continents.

Souvent il n’existe pas de distinction entre sédiment et roche sédimentaire, c’est pourquoi il
est courant d’entendre parler de sédimentologie pour les deux objets d’étude.

I.2. OBJECTIF ET PLAN DU COURS

Objectif :

L’optique ou l’objectif principal de ce cours est d’identifier les différents types des roches
sédimentaires et de comprendre leur genèse et le contexte paléogéographique de cette
genèse.

Plan du cours :

I. Données générales ;
II. Milieux sédimentaires ;
III. Sédiments détritique ;
IV. Roches carbonatées et leurs paléoenvironnements ;
V. Les Evaporites ;
VI. Les Sédiments siliceux ;
VII. Les Phosphorites ;

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VIII. Les Sédiments ferrifères ;


IX. Les Sédiments organiques ;
X. Les Dépôts volcanosédimentaires.

I. 3. CLASSIFICATION DES ROCHES SEDIMENTAIRES

Du point de vue génétique, les roches sédimentaires peuvent être classées en quatre grandes
classes:

 les roches détritiques: elles sont formées de particules minérales issues de


l'altération de roches préexistantes. Comme il s'agit de matériel issu des continents, on
les appelle aussi "terrigènes". Ces particules sont transportées par l'eau, la glace, le
vent ou les courants de gravité et se déposent lorsque la vitesse de l'agent de
transport diminue (ou lors de la fonte de la glace). Lorsque les roches détritiques sont
essentiellement constituées de fragments de quartz, on les appelle aussi
"siliciclastiques".

Les roches détritiques sont généralement classées en fonction de la granulométrie de


leurs constituants en conglomérats, grès, siltites, argilite. Elles forment près de 85% de
l'ensemble des roches sédimentaires;

 les roches biogéniques, biochimiques ou organiques: elles sont le produit, comme


leur nom l'indique, d'une activité organique ou biochimique. L'altération fournit des
particules solides qui entrent dans la constitution des roches terrigènes, et des
substances dissoutes qui aboutissent dans les mers, les lacs et les rivières où elles
sont extraites et précipitées par des organismes. Dans certains cas, l'action des
organismes modifie l'environnement chimique et le sédiment est précipité directement
à partir d'eaux marines ou lacustres sursaturées. Dans d'autres cas, les organismes
utilisent les carbonates, les phosphates ou les silicates pour constituer leurs tests ou
leurs os ; et ce sont les restes de ces organismes qui constituent les roches
sédimentaires. Les plantes accumulent des matériaux carbonés par photosynthèse et
sont directement à l'origine du charbon. D'autres types de sédiments carbonés comme
les schistes bitumineux, le pétrole sont générés par des bactéries.

Les roches biogéniques forment près de 15% des roches sédimentaires;

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 les roches d'origine chimique résultent de la précipitation (purement physico-


chimique) de minéraux dans un milieu sursaturé. C’est le cas des évaporites
(anhydrite, halite, gypse, sylvite,...): elles se forment par évaporation de
saumures. L'importance relative de ces roches est faible, de l'ordre du %;
 une dernière classe est consacrée aux "autres roches sédimentaires" dont l'origine
n'est pas liée à l'altération: les pyroclastites, les cataclastites (liées à des
phénomènes de bréchification par collapse, tectonique, glissement de terrains, etc.).

D’après la composition chimique, on distingue :

- les roches siliceuses (silice) ;


- les roches argileuses (phyllosilicates d'aluminium) ;
- les roches carbonatées (carbonates de calcium et magnésium) ;
- les roches phosphatées (phosphates de calcium) ;
- les roches carbonées (carbone et hydrocarbures) ;
- les roches salines (chlorures, sulfates de Ca, Na, K) ;
- les roches ferrifères (oxydes, hydroxydes de fer).

Dans cette classification, les roches faites d'un mélange de constituants chimiques pourront
être rangées dans plusieurs catégories: par exemple, les marnes (argile + calcaire), les
brèches polygéniques (éléments de divers types pétrographiques), le lœss (dépôt éolien
formé de quartz, d'argile et de calcaire)...

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II. MILIEUX DE SEDIMENTATION

II.1.Définition

Un milieu de sédimentation est une unité géomorphologique de taille et de forme déterminées


où règne un ensemble de facteurs physiques, chimiques et biologiques suffisamment
constants pour former un dépôt caractéristique. Exemple un milieu lacustre, milieu
deltaïque.

Cette définition reste vague quant à la taille d'un milieu de sédimentation. Par exemple, on
parle souvent de milieu continental, mais celui-ci comprend les milieux torrentiels, fluviatiles,
lacustres, etc. A l’ opposé, différents milieux peuvent être regroupés en unités spatialement
plus grandes tels que les bassins sédimentaires qui regroupent les différents milieux d'une
même entité géographique dont les sédiments ont des caractères communs (origine, âge...).

Le point fondamental à retenir, c'est la notion de dépôt caractéristique d'un milieu. Ainsi, le
géologue pourra reconstituer les conditions ayant régné dans un milieu ancien à l'aide des
caractéristiques de ses dépôts.

II.2. Les paramètres d’un milieu de dépôt.

Il s’agit de :

- les agents de transport ;


- la profondeur d’un milieu de dépôt (aquatique) ;
- la température ;
- les paramètres chimiques ;
- les paramètres biologiques ;

II.2.1. Les principaux agents de transport sont :

1) A l’état fluide :

- vents (air) ;
- Courant de traction (eau+charge) => la charge en suspension diluée ;
- Courant de turbidité (eau+charge) => suspension concentrée ;

2) A l’état semi-solide (eau+charge) => coulée de débris ;

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3) A l’état solide (glace+charge) => glacier

La forme de l’accumulation sédimentaire ou le corps sédimentaire et la texture du sédiment


(taille de particules, surface, agencement spatial des grains, figures de courant,…) sont
déterminés par la densité, la viscosité et la vitesse de l’agent de transport. C’est ainsi que:

 si la vitesse est forte : il n’y a pas de dépôt ;


 si la vitesse est faible : le dépôt se fait par décantation qui produit une texture
laminaire ;
 si la viscosité est faible : on a le courant de traction, et les éléments déposés sont
classés ;
 si la viscosité est forte : on a des coulées de débris, et les éléments sont déposés en
vrac.

Le géologue cherche à reconnaître l’agent qui a transporté les éléments dans un milieu de
sédimentation ancien à partir des caractères (faciès) du dépôt. Par exemple, comment faire la
distinction entre les dunes éoliennes, produites par le vent en milieu aérien, et les dunes
hydrauliques, formées par un courant d’eau en milieu aquatique ?

On étudiera pour cela les caractères du sable formant l’accumulation dunaire ancienne, à
savoir :

- l’état de surface des grains de quartz ; les sables éoliens montrent des traces de choc
de hautes énergie ; leur surface prend un aspect dépoli ;
- l’orientation des plans de litage : la variance (la pente) est plus grande pour un dépôt
éolien ;
- l’inclinaison des litages est plus forte dans un dépôt en milieu aérien (force de
frottement plus grande entre les grains) ;
- le rapport hauteur/longueur d’onde des rides de courant sur la dune qui sont plus
serrées dans le cas du vent ;
- le type de fossile et de traces biologiques observées.

Toutefois, les transformations diagénétiques peuvent modifier les caractères originels. Ainsi,
la corrosion chimique altère la surface des grains, la compaction change la forme des
structures sédimentaires, etc.

II.2.2. La profondeur de dépôt dans l’eau :

Elle est accompagnée de :


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- la variation de l’énergie du milieu,


- la variation de son Eh (oxygénation),
- la variation de la composition minéralogique du dépôt (néoformation de certains
minéraux, teneur en carbonates,…sont fonction de la profondeur de dépôt),
- la variation de son contenu biologique qui est fonction de la lumière, de l’oxygénation
et de la salinité.

La profondeur du dépôt dans un milieu ancien est indirectement estimée à partir des
caractères physiques, chimiques et biologiques des sédiments. La texture et les figures
sédimentaires sont généralement les indicateurs d’énergie et non de profondeur. Par
exemple, lorsque :

- l’énergie est très forte : pas de dépôt, il y a plutôt figures d’érosion sur le fond ;

- l’énergie est moyenne : il y a accumulation des sédiments sous forme de corps


sédimentaires irréguliers (dunes, rubans sableux), rides de courant. Les sédiments sont
grossiers (galets, gravier, sables,…) ;

- l’énergie est faible : il y a accumulation sous forme de corps sédimentaires réguliers. Les
sédiments sont fins et laminés.

Il existe toutefois des exceptions, par exemple :

- Les courants rapides peuvent déposer les sables en lamines régulières sur un fond
plat, c’est le cas de haut régime d’écoulement ;
- les courants de turbidité qui sont les courants de haute énergie déposent des corps
sédimentaires étendus et réguliers.

L’état de conservation des fossiles donne aussi une indication sur l’hydrodynamisme du
milieu de dépôt. Par exemple : des fossiles fragiles délicatement conservés (fins tests de
foraminifères, articles de crinoïdes en connexion) témoignent d’une énergie très faible. En
revanche, des coquilles cassées et classées sont caractéristiques d’un milieu agité. Leur
orientation indique l’intervention d’un courant tracteur. Les traces de locomotion laissées sur le
fond par un organisme correspondent à un milieu calme ; l’absence de traces d’activités
biologique indique souvent un milieu agité.

Liaison profondeur-anoxie : la teneur en O2 de l’eau diminue avec la profondeur si le corps


d’eau n’est pas intensément brassé (mélangé). Les zones profondes et calmes sont pauvres
en O2 (anoxie). Certains corps ne peuvent se former ou s’accumuler qu’en milieu anoxique.

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C’est le cas de la matière organique qui est fermentée par les microorganismes et produit des
sulfures et du méthane.

Dans la Mer Noire par exemple, la teneur en O2 décroit avec la profondeur ; elle est nulle au-
delà de 200 m. A la surface, la sédimentation est due au métabolisme du plancton. H2S et
CH4 sont produits par la décomposition bactérienne des matières organiques des sédiments
du fonds.

La profondeur de compensation des carbonates : CaCO3 est dissous en profondeur : il n’y


a plus de carbonate dans les mers actuelles au-delà de 4000m de profondeur. C’est la
profondeur de compensation des carbonates ou Carbonate Compensation Depth (CCD) qui
varie selon les mers actuelles et bien sûr les mers anciennes. Conséquence : on peut donc
affirmer qu’un sédiment carbonaté ne s’est pas formé à grande profondeur.

Les structures de glissement : le sédiment qui glisse sur une pente avant sa consolidation
se déforme et acquiert des structures particulières dont les « slumps ». Ces structures sont
alors préservées dans la roche. Leur présence dans une couche permet d’estimer
grossièrement la pente ancienne et indirectement la profondeur minimale d’un bassin
d’accumulation.

De même, les fentes de dessiccation, les traces de gouttes de pluie, les traces de
locomotion de vertébrés terrestres (comme les dinosaures au Secondaire et
d’australopithèques au Quaternaire) témoignent d’une mise à l’air du sédiment meuble. Les
traces d’activités algaires (stromatolithes), sont caractéristiques des zones intertidales. De
nombreuses formes d’érosion telles que la fragmentation des roches par variation de la T°,
les galets éolisés ne se produisent qu’en milieu aérien. Les altérations qui donnent naissance
aux sols et aux croûtes calcaires (calcrètes) ne peuvent se produire qu’en milieu continental.

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Rapports brome/chlorures dans les évaporites : la quantité de Br dans l’eau de mer


augmente en fonction de la profondeur si la masse d’eau est immobile. Les évaporites
contiennent une quantité de Br qui dépend donc de la profondeur de leur formation.

II.2.3. L’action de la température :

La T° agit sur la solubilité de nombreux corps. En général, les minéraux sont solubles à
chaud, sauf pour le CO2 et les carbonates : les carbonates précipitent quand la T° s’élève. La
T° conditionne l’état physique de l’eau : glace, liquide transporteur, vapeur accompagnée de la
précipitation des corps en solution, c.à.d. d’évaporites.

En général, la T° agit sur la vitesse de réactions chimiques : son rôle est particulièrement
important dans les phénomènes d’altération.

Méthodes d’évaluation de la T° dans les milieux anciens (paléotempératures) :

- Composition de la faune et de la flore donne des indications pour les périodes récentes ;
par exemple, les restes d’hippopotames dans un dépôt quaternaire indiquent un climat
chaud.
- La couleur du sédiment peut apporter des renseignements sur les dépôts continentaux.
Par exemple, des dépôts sont rouges (fer ferrique) en climat tropical, c.à.d. chaud, ils
sont gris en climat froid.
- Certains minéraux ne se forment que dans des conditions de T° particulières. Par ex. le
CaSO4 précipite à l’état de gypse pour une T°< 25°C, à l’état d’anhydrite pour une
T°>25°C.
- Certains faciès sédimentologiques peuvent avoir une utilité. C’est le cas des moraines
(roches striées indiquant le passage de glacier) qui indiquent un climat froid ; les
évaporites demandent une forte évaporation pour se former, et donc un climat chaud.
- Méthodes des isotopes de l’oxygène : au cours de l’évaporation d’un corps d’eau, il y a
16 18 18
départ de O (léger) et maintien de O (lourd). Le rapport O/16O sert de
paléothermomètre. On dose ainsi les carbonates marins, en particulier ceux de coquilles,
ainsi que ceux des dépôts continentaux (lacs) ; ceci a permis la mise en évidence de
grandes fluctuations climatiques au cours des temps géologiques.

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II.2.4. Les paramètres chimiques

 Le potentiel d’oxydoréduction (Eh) :

En milieux sédimentaires : si Eh>0, le milieu est oxydant c.à.d. il est en contact avec l’air, il
s’agit des milieux aériens, aquatiques superficiels ou agités. Si Eh< 0, le milieu réducteur,
c.à.d. à l’abri de l’air, c’est le cas des milieux aquatiques calmes, des eaux stratifiées et des
sols hydromorphes.

- Les minéraux à base de fer sont : des oxydes de Fe3+ en milieux oxydants, et des
oxydes, carbonates et sulfures de Fe2+ en milieux réducteurs.
- La couleur du sédiment varie de rouge ou jaune en milieu oxydant au vert-gris en milieu
réducteur.
- Les restes d’organismes disparaissent par oxydation pour Eh>0; ils sont par contre
conservés, s’accumulent et sont réduits en hydrocarbures et carbone en Eh< 0 ; dans ce
cas, le sédiment est noir.

 Acidité ou basicité du milieu (pH) :

Un milieu de sédimentation est généralement proche de la neutralité. Son pH est compris


entre 6 et 8. Des milieux particulièrement acides comme des tourbières (pH~5) ou basiques
comme les lacs sodiques du rift africain (pH>9) existent.

Les minéraux tels que la calcite et la silice sont sensibles au pH qui agit sur leur solubilité.

- La calcite précipite en totalité pour pH>8. Elle est dissoute aux pH inférieurs.
- La silice précipite en grande partie pour pH<7.

Ces deux minéraux ne sont généralement pas simultanément en équilibre avec leur
environnement chimique dans un même sédiment ; s’ils coexistent, l’un a toujours tendance à
se substituer à l’autre. Il en de même de la nature du sulfure de fer qui dépend de pH : la
marcasite se forme préférentiellement en pH acides (cas des houillères), alors que la pyrite se
forme en milieu basique comme dans l’eau de mer (pH~8). Les minéraux argileux, comme la
kaolinite, se forment en milieu acide, les smectites se forment, elles, en milieux basiques.

 La salinité :

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C’est la quantité de sels dissous, surtout le NaCl ; elle est évaluée en g/l ou en % d’ion
chlorure (on parle alors de chlorinité). La salinité d’eau de mer est en moyenne de 35g/l, sa
chlorinité de 19‰. La salinité des milieux aquatiques varie de 0g/l à plus de 100g/l. on
distingue donc des eaux douces, saumâtres, de mer et sursalées ou hypersalines.

- Certains caractères faciologiques tels que la faune ou la présence d’évaporites


(halite, gypse…) permettent de connaître la salinité d’un milieu ancien (la
paléosalinité). C’est ainsi que pour la faune, les populations animales de milieux
sursalés sont pauvres en espèces, mais riches en individus souvent de petite taille.
- La présence d’évaporites indique une sursalure ; la précipitation de sels de K est la
preuve d’une évaporation complète de la masse d’eau. Les évaporites se présentent
en bancs continus ou sont dispersées en cristaux dans les sédiments. Ces cristaux
peuvent être dissous par la suite et laisser une cavité remplie par un sédiment fin :
c’est la pseudomorphose de cristal de sel.
- La teneur en bore des argiles constitue un bon indicateur de paléosalinité. Elle est
fonction de la salinité de l’eau. B est fixé dans les feuillets des illites qui enregistrent la
salinité de leur milieu de dépôt. Des illites contenant moins de 50 ppm de B ont été
déposées en eaux douces ; celles à teneurs ~ 300 ppm indiquent un milieu salé de
type marin, et bien sûr des teneurs supérieures sont celles des sédiments de milieux
sursalés.

II.2.5. Paramètres biologiques

Les êtres vivants agissent sur les paramètres physico-chimiques de façon directe ou indirecte.
Ils agissent en effet sur :

- l’énergie du milieu : p.ex., les organismes marins fixés diminuent, par leur présence,
l’hydrodynamisme (agitation des eaux) ambiant (cas de récifs…) et favorisent ainsi le
dépôt des sédiments ; ils créent un micromilieu protégé tel que le lagon d’un atoll.
- Eh et pH : la surproduction de la matière organique dans un milieu aquatique entraîne la
diminution de la teneur en O2 de l’eau (anoxie), la matière organique s’accumule au fond
et subit l’action des bactéries réductrices : il y a production du méthane CH4 et de sulfure
H2S.
- Le taux d’accumulation de sédiments en produisant des débris organiques
(déjections,…) et minéraux (squelettes, coquilles, tests,…) qui constituent les bioclastes
des roches calcaires (= principale source de carbonates marins).

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II.3. Les principaux milieux sédimentaires

II.3.1. Les milieux continentaux

A. Milieux aériens :

- Sols,
- Pentes : éboulis, coulées de solifluxion,
- Vallées torrentielles : alluvions,
- Piedmonts,
- Milieux glaciaires,
- Dépôts éoliens.

B. Milieux aquatiques :

- Plaines alluviales (grandes rivières permanentes),


- Lacs,
- Marécages.

II.3.2. Les milieux marins

- Milieux littoraux : plages et plate-formes : ici domine une sédimentation à


dominance silicoclastique quand l’apport détritique est fort, et carbonatée là où
l’apport détritique est faible et le climat favorable au développement des
organismes constructeurs.
- Milieux de talus sous-marins : sédiments détritiques rythmés mis en place en bas
du talus par les courants de turbidité.
- Bassins et fosse océanique : sédiments fins provenant du talus auxquels
s’ajoutent les particules fines tombant de la surface : débris planctoniques, ou
hémipélagiques. Le long de marges actives, un prisme sédimentaire souligne la
position de la subduction.

II.3.3. Les milieux intermédiaires

Ils sont situés aux limites du domaine marin et du domaine continental et présentent des
caractères mixtes :

- Estuaires : influence de la mer est prépondérante ;


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- Deltas : le fleuve a une action dominante ; la sédimentation est abondante.


- Lagunes : très étendues si la bordure du continent est très plane.

Principaux milieux de dépôt.

III. LES SEDIMENTS DETRITIQUES

III.1. Introduction

Les sédiments et roches détritiques sont les plus abondants des dépôts sédimentaires. Parmi
eux, ce sont les sédiments les plus fins qui dominent: argiles/silts: 63%; sables, graviers: 22%.

Une première distinction parmi les roches détritiques est fondée sur l'état d'agrégation des
particules sédimentaires ; on oppose les roches meubles et les roches plastiques aux
roches dures ou cohérentes.

- Dans les roches meubles, les grains détritiques sont entièrement indépendants les
uns des autres: ils forment un assemblage en équilibre mécanique dont les espaces
intergranulaires (pores) représentent une fraction importante du volume de la roche.
- Dans les roches plastiques, la présence de minéraux argileux en quantité importante
permet une déformation sous la contrainte.
- Dans les roches cohérentes, les constituants sont intimement soudés les uns aux
autres et la roche garde sa forme aussi longtemps que des contraintes ne viennent la
briser.

La transformation du sédiment meuble en roche indurée résulte :

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- soit de l'introduction d'un ciment entre les grains,


- soit de la compaction du sédiment,
- soit encore de la déshydratation des constituants argileux.

On appelle diagenèse l'ensemble des processus physico-chimiques responsables de la


transformation d'un sédiment meuble en une roche indurée.

La dimension des particules détritiques constitue le seul critère de classification. On admet


généralement trois grandes classes granulométriques:

Ø des particules Brongniart, 1813 Grabau (1904) sédiments meubles sédiments indurés

> 2 mm pséphite rudite gravier conglomérat, brèche

de 2 mm à 62 µm psammite arénite sable grès

de 62 µm de 62 µm
silt siltite
<62 µm pélite lutite à 4 µm à 4 µm

< 4 µm argile < 4 µm argilite

NB : au sein des roches pélitiques meubles, la limite de 4 µm correspond à l'apparition de la plasticité.

L'étude des sédiments détritiques est relativement différente selon que l'on s'intéresse à des
roches meubles ou consolidées.

 Dans le cas des sédiments meubles, l’étude débute sur le terrain par une description
minutieuse des affleurements, elle se poursuit par un échantillonnage qui exige
souvent des précautions spéciales (enrobage, carottage,...) ; elle se termine au
laboratoire par des analyses très variées dont les principales sont les suivantes:

- analyses granulométriques;
- analyses morphoscopiques (forme des grains, état de leur surface);
- analyses minéralogiques (ex: minéraux lourds);
- analyses pétrographiques sur sédiment enrobé.

 Dans le cas des roches cohérentes par contre, c'est l'analyse pétrographique en
lame mince qui est l'outil privilégié et qui va permettre de déterminer non seulement la
composition minéralogique du sédiment, mais aussi les relations structurelles de ses

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différents constituants. Cette technique est surtout d'application pour les grès et les
siltites.

III.2. SABLES, GRES ET CONGLOMERATS

III.2.1. LES GRES

III.2.1.1. Généralités

Les grès sont l'équivalent consolidé des sables, c.-à-d. des roches dont les constituants
détritiques ont une granulométrie comprise entre 2mm et 62µm.

Leur examen montre d'une part une phase granulométrique principale, la plus grossière,
qui comporte les grains du grès, et d'autre part, soit une matière interstitielle qui réunit les
grains et qu'on appelle le liant, soit des fluides comme de l'eau, du pétrole, de l'air.

Le liant peut être de nature chimique et représenter une précipitation in situ de matière
minérale (silice sous forme d'opale, de calcédoine ou de quartz, carbonate de calcium ou plus
rarement hématite, goethite, gypse, anhydrite, etc.): on parlera dans ce cas du ciment de la
roche. Si l'on observe au contraire qu'une phase détritique plus fine occupe les interstices
entre les grains de la phase grossière, on parlera d'une matrice intergranulaire, représentant
une infiltration mécanique de particules fines entre des grains jointifs.

Si les grains les plus gros ne sont pas jointifs, on a affaire à un sédiment mal classé où les
particules grossières et fines ont été déposées en même temps: on distinguera alors :

 un simple empâtement des gros grains dans la matrice silteuse ou argileuse


(structure empâtée qui est caractéristique des "wackes", ou
 une franche dispersion des gros grains au sein de la matrice (structure dispersée).
 Dans les structures jointives, on peut avoir un simple ciment de contact, conservant
à la roche une porosité importante, mais le plus souvent, le ciment comble la totalité
des interstices entre les grains. Dans les "quartzites", les grains de quartz s'entourent
d'une auréole d'accroissement formée de quartz, de même orientation optique que le
grain détritique. Le phénomène de croissance syntaxique peut être mis en évidence
lorsque les grains du sable primitif possédaient un mince revêtement ("coating")
d'oxydes de fer.

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III.2.1.2. Composition minéralogique

On peut envisager la composition minéralogique des grès sous des aspects très différents:

 selon la nature minéralogique du liant, on parle de: grès à ciment siliceux, calcaire,
ferrugineux, etc.; et
 d'après la présence de constituants minéraux exceptionnels : grès glauconifères,
micacés,...
 on peut aussi opposer les constituants stables (quartz, débris de chert et de
quartzite) aux constituants instables, c.-à-d.; aisément altérables comme les
feldspaths, les micas, les débris de roches en général. Cette distinction conduit à la
notion de maturité des sédiments qui se traduit non seulement par la disparition
progressive des constituants instables mais également par l'élimination de la matrice
argileuse, par l'amélioration du classement granulométrique et par l'augmentation du
degré d'arrondi des grains.

Les constituants majeurs des grès sont:

 le quartz: c'est le constituant de loin le plus fréquent des grès en raison de sa


résistance à l'altération. On pense que les quartz monocristallins à extinction
ondulante proviendraient de précurseurs plutoniques ou métamorphiques, alors que
les quartz à extinction uniforme proviendraient de roches volcaniques ou de grès
recyclés. Les quartz provenant de grès recyclés possèdent souvent une relique d'un
ciment syntaxique précipité durant un ancien épisode de lithification.
 les feldspaths: suite à leur fragilité (clivage) et leur grande altérabilité, les feldspaths
forment rarement plus de 10 à 15% des grès. Une proportion importante de feldspaths
dans un grès doit donc être considérée comme "anormale". Elle peut indiquer :

- soit un climat où l'altération chimique est faible (aridité, gel permanent),


- soit la présence de reliefs, responsables d'un transit rapide des sédiments vers
le bassin.

 les fragments lithiques: comme les roches plutoniques ont tendance à se désagréger
avant leur incorporation dans le sédiment, les fragments lithiques les plus fréquents
sont des morceaux de roches volcaniques, de schistes, de cherts;
 les micas et les minéraux des argiles: les micas sont fréquents dans les grès. Leur
granulométrie les range dans les fractions silteuse et sableuse. Les argiles forment la
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matrice. Il est difficile de déterminer si leur minéralogie est détritique ou le résultat de


la diagenèse.

III.2.1.3. Granulométrie

Plusieurs méthodes existent suivant les classes granulométriques et le fait que l'on étudie un
sédiment meuble ou un sédiment consolidé.

Dans le cas d’un sédiment consolidé, il faut renoncer à faire des analyses granulométriques
par tamisage; on ne peut que procéder à des comptages linéaires sous le microscope, de la
façon suivante:

 le long d'une ligne, on mesure les longueurs interceptées par tous les grains dont la
longueur apparente La est égale ou supérieure à une valeur donnée;
 la somme des longueurs interceptées, pour une même gamme de longueurs
apparentes (par exemple: de 0,1 à 0,2 mm; de 0,2 à 0,3 mm, etc.) représente la
fréquence de cette catégorie.

Les résultats obtenus par cette méthode sont cependant entachés d'erreurs dues au caractère
aléatoire des sections de grains et à l'accroissement des grains par précipitation syntaxique.

III.2.1.4. Classification

La classification la plus utilisée semble être celle proposée par Dott en 1964. Dott a choisi de
diviser les grès en trois grands groupes: les arénites, les wackes et les mudrocks.

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On distingue donc suivant les origines pour les quartzites : les arénites quartziques, les
arkoses, les arénites lithiques ; pour les wackes : les quartzwackes, les wackes
feldspathiques et les wackes lithiques.

(1) Les arénites quartziques sont constituées essentiellement de grains de quartz, chert,
quartzite associés à quelques minéraux lourds résistants. Leur couleur est claire. Ce sont
des sédiments matures, c.-à-d. débarrassés des constituants instables, généralement
bien triés et dont les grains possèdent un bon arrondi.

Ce type de sédiment s'observe depuis la base de la zone d'action des vagues de tempête
jusqu'au milieu continental: plages, dunes, barrières, rides, etc.

(2) Les arkoses ou arénites feldspathiques sont composées principalement de quartz et de


feldspath. Ce sont des roches claires, souvent roses ou rougeâtres. Lorsque la croûte
continentale représente la source principale du sédiment l'orthose et le microcline sont
plus abondants que les plagioclases; dans le cas contraire, une source volcanique doit
être suspectée. On y observe aussi des micas et des fragments de roches.

Les arkoses ne sont pas des sédiments aussi matures que les arénites quartziques: elles
sont généralement plus grossières et moins bien triées que ces dernières. Beaucoup
d'arkoses sont des sédiments continentaux, de type cône alluvial, "point bar" de rivière,
voire plage. La présence du feldspath implique, comme dit plus haut, un climat aride
(désertique ou arctique) et/ou un relief accusé (soulèvements récents, failles actives).

(3) Les arénites lithiques sont constituées de fragments de quartz et de roches diverses. Les
feldspaths sont généralement peu abondants, les micas sont communs. Ces sédiments
s'observent aussi bien dans des cônes alluviaux que des turbidites. Il s'agit de dépôts
immatures, à proximité de reliefs vigoureux.

(4) Les wackes (graywackes): ce sont des roches généralement sombres, constituées d'une
matrice et de grains de quartz, de chert, de calcaire, de roches volcaniques, de schiste, de
feldspath (souvent anguleux). Il s'agit de sédiments immatures, mis en place par des
courants de turbidité. On y retrouve en effet les granoclassements et les autres
structures sédimentaires produites par ce type d'agent de transport et de dépôt.

III.2.2. LES SABLES

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Ce qui a été dit au sujet de la composition minéralogique, de la classification et de


l'interprétation environnementale des grès est évidemment valable pour les sables.

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III.2.3. CONGLOMERATS ET BRECHES

Les conglomérats (appelés aussi poudingues) sont des roches cohérentes constituées de
galets arrondis à subanguleux d'un diamètre supérieur à 2mm et d'un liant. Le terme brèche
s'applique non seulement aux brèches sédimentaires (constituées d'accumulations d'éléments
anguleux), mais aussi aux roches broyées le long des accidents tectoniques (brèche de faille
ou brèche cataclastique) et aux projections volcaniques grossières recimentées (brèches
pyroclastiques).

III.2.3.1. Composition

Suite à la grande taille des constituants (plus grande que la taille moyenne des cristaux de la
plupart des roches), ce sont les fragments lithiques qui dominent. On peut classer ces
fragments en fonction de leur résistance décroissante à l'altération: quartzite, quartz filonien,
rhyolite, roches plutoniques et métamorphiques, calcaire, schiste. La présence de constituants
instables indique un faible transport/altération.

III.2.3.2. Texture

Les études texturales sont effectuées directement sur le terrain.

Pour la granulométrie, par exemple: même méthode que pour les grès, avec une ligne
matérialisée par une ficelle.

Le classement est généralement moins bon que dans le cas des grès. De plus, beaucoup de
conglomérats présentent une distribution granulométrique bi- ou polymodale. C'est le cas
par exemple des conglomérats d'origine fluviatile qui ont un mode pour la matrice sableuse et
un mode pour la fraction grossière. Ces deux modes correspondent à deux types de transport
différents: traction pour les galets et suspension pour les sables. Les conglomérats très riches
en matrice sont encore plus mal classés: ceci reflète leur mise en place par des agents de
transport à faible pouvoir de classement tels que glace, courants de turbidité, écoulements en
masse.

La forme: la forme des débris reflète plus la nature des roches que le type d'agent de
transport (granites, grès,... donnent des galets grossièrement équidimensionnels; schiste,
gneiss, des galets allongés). Deux exceptions: les galets striés transportés par les glaciers et
les "dreikanters" façonnés par le vent du désert.

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L'arrondi: le degré d'arrondi dépend évidemment de la nature du matériau de départ, du type


d'agent de transport et de la durée du transport.

La morphologie de surface: contrairement aux sédiments plus fins, où l'étude de la surface


des grains exige le MEB, le microrelief des galets est aisément observable. Il inclut les
striations (glaciers), les marques d'impact (croissants), les impressions (au cours de la
compaction, diagenèse), le poli (éolien).

La fabrique ou organisation tridimensionnelle des éléments: les éléments de certains


conglomérats possèdent une orientation d'ensemble spécifique qu’on appelle "imbrication".
Les conglomérats d'origine fluviatile, glaciaire, marine, montrent généralement une imbrication
souvent parallèle, rarement perpendiculaire à la direction de transport, contrairement aux
conglomérats et brèches issus d'écoulements gravitaires.

III.2.3.3. Classification

Les conglomérats (et brèches) peuvent être qualifiés d'après :

- la dimension de leurs constituants : on parle de conglomérat pisaire, ovaire,


céphalaire, etc. ;
- la diversité lithologique plus ou moins grande des galets (conglomérats
polymictiques ou polygènes d'une part; conglomérats oligomictiques ou
monogènes d'autre part),
- la provenance locale ou lointaine des cailloux (conglomérats intraformationnels ou
extraformationnels) ;
- la nature du liant ou sa proportion (orthoconglomérats: moins de 15% de matrice,
structure jointive; paraconglomérats, plus de 15%, structure empâtée à dispersée).

Sur le terrain, on distingue :

- les conglomérats et brèches intra- et extraformationnels, sur base de la provenance


des constituants. Dans le cas d'un conglomérat intraformationnels, c.-à-d. formé
pratiquement sur place, la matrice et les cailloux ont pratiquement la même lithologie.
Exemples de brèches ou conglomérats intraformationnels: conglomérats littoraux à
éléments calcaires.
- sur base de la teneur en matrice (valeur-pivot: 15%), les ortho- des
paraconglomérats. Les premiers sont mis en place par des écoulements d'eau qui

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opèrent un classement des débris. Les galets sont déposés en période d'écoulement
rapide, tandis que la matrice fine est déposée lors de phases de ralentissement de
l'agent de transport et elle s'infiltre entre les cailloux (exemples: rivières, plages). Les
paraconglomérats par contre, sont généralement déposés par la glace ou les
glissements en masse.
- au sein des conglomérats (extraformationnels), on distingue les conglomérats
polymictiques des conglomérats oligomictiques. Ces derniers sont formés
presqu'exclusivement de roches très résistantes: quartz filonien, quartzite, chert. Dans
les conglomérats polymictiques, on observe des éléments de roches moins stables à
l'altération comme des basaltes, des schistes et des calcaires.
- Les paraconglomérats sont subdivisés sur la base de la nature et de la fabrique de
leur matrice :

1. en paraconglomérats à matrice argileuse ou argilo-silteuse laminaire


dans lesquels les galets et les blocs déforment les laminations proches. Ces
blocs sont des "dropstones", c.-à-d. soit des éléments amenés par des
icebergs ou des débris flottants qui tombent ensuite (fonte, pourrissement du
support) sur les sédiments fins du fond marin ou lacustre, soit encore des
bombes volcaniques.
2. Les paraconglomérats à matrice non laminaire sont soit des tillites (si
l’origine glaciaire est établie par la présence des galets striés, dépôts
varvaires, etc.), soit des tilloïdites (formées par des glissements en masse).

A: orthoconglomérat oligomictique; B: paraconglomérat à matrice non laminaire: tillite.

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III.2.4. LES SEDIMENTS ARGILEUX ET SILTEUX

L’étude pétrographique de ces sédiments et leur classification sont moins avancées que celles
des grès et des calcaires, en raison de leur granulométrie très fine, en partie sous le pouvoir
de résolution du microscope.

III.2.4.1. COMPOSITION

La composition des roches silto-argileuses est relativement constante: le shale moyen


comprend 30% de quartz, 10% de feldspath et 50% de minéraux argileux (ou de micas), avec
les 10% restants constitués de carbonates ou d'oxydes de fer.

Les minéraux argileux sont le produit de l'altération de roches sédimentaires,


métamorphiques et ignées. Ces dernières ne contiennent pas de minéraux argileux
préexistants, mais un de leurs constituants, les feldspaths, sont aisément dégradables en
argiles.

III.2.4.2. CLASSIFICATION

Ces roches appartiennent au grand groupe des "mudrocks" (littéralement "roches de boue")
des géologues anglais. Ce groupe comprend tous les sédiments siliciclastiques constitués
majoritairement d'éléments de la taille des silts (0,062 à 0,004 mm) et des argiles (<0,004
mm).

Les shales sont donc des argiles compactées, plus ou moins riches en silts, présentant une
fissilité parallèlement à la stratification. Les termes ardoise ou phyllade par contre, impliquent
un métamorphisme: la plus grande partie des minéraux ont recristallisé, des espèces
nouvelles sont apparues. Les minéraux ainsi développés sont allongés dans des plans
perpendiculaires à la pression tectonique ou lithostatique. Parallèlement à ces plans, la roche
se débite en fines plaquettes luisantes, d'aspect finement cristallin.

A la classification granulométrique de ces sédiments s'ajoutent d'autres caractéristiques


résultant soit d'analyses microscopiques, soit d'observations macroscopiques, il s’agit de :

- la coloration, en cassure fraîche pour les roches indurées. Il s'agit d'une caractéristique
importante qui renseigne sur l'état d'oxydation du fer (Fe3+ rouge; Fe2+ vert) et sur la
présence de matière organique (schistes noirs);
- la présence de bioturbations, de laminations;
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- la minéralogie de la fraction silteuse (quartzitique, feldspathique, micacée, chloritique).

III.3. LES ENVIRONNEMENTS DE DEPOT DES ROCHES DETRITIQUES

La détermination des environnements de dépôt passe par des informations issues de


l'interprétation des figures sédimentaires, de la granulométrie et de la géométrie des
corps sédimentaires. Il convient de rester tout de même prudent car il n’est pas rare de
rencontrer des sédiments (presque) analogues, mais issus d'environnements différents.

III.3.1. ARGILES ET SILTS

La grande majorité des siltites et argilites provient de l'érosion continentale. Ces matériaux
fins sont transportés en suspension par les rivières et déposés dans des environnements
calmes (plaines d'inondation, lacs, deltas, océan). Le vent est aussi un agent de transport
important, qui remanie des matériaux issus d'environnements désertiques (déserts chauds ou
froids) et les dépose en milieu continental sous la forme de lœss ou dans les océans. Le
transport par la glace est à la base de la formation des tillites.

 En milieu continental, on distingue assez facilement les boues de plaine


d'inondation fluviale et les boues lacustres:

- les boues des plaines alluviales sont associées à des corps sableux (= chenaux) et
montrent souvent des indices de pédogenèse (nodules, racines, etc.);
- les boues lacustres sont caractérisées par la présence d'une lamination
millimétrique. Ces sédiments laminaires sont appelés varves. La rythmicité peut être
due à des proliférations planctoniques ou à des apports saisonniers de sédiments.
Les black shales peuvent aussi se former dans des lacs dont les eaux profondes
sont déficitaires en oxygène.

 En environnement marin, les sédiments fins se déposent dans des zones allant de la
côte jusqu'à l'océan profond. Ainsi on distingue :

- Les boues côtières sont caractérisées par :

1. la présence de chenaux de marée remaniant éventuellement des sédiments plus grossiers;


2. des lentilles sableuses avec stratification entrecroisée bidirectionnelle ("herringbone"),
formées par les courants de marée;

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3. des sédiments mixtes sablo-argileux avec structures en "flaser bedding";


4. des structures liées à l'émersion: polygones de dessiccation, galets mous, etc.
5. flore et faune caractéristiques (voire adaptées à des milieux saumâtres ou hypersalins);
6. des horizons pédogénétiques, des traces de racines.

- Les boues détritiques de plateforme s’observent au-delà des sables côtiers, en


direction de pleine mer, et à partir d'une certaine profondeur, généralement sous la zone
d'action des vagues.

- Les boues hémipélagiques sont des sédiments déposés en eaux plus profondes, en
milieu océanique. Ce type de dépôt couvre une part importante de la plate-forme
externe, des talus et des bassins océaniques. Elles sont caractérisées par : les seuls
organismes pélagiques tels que les diatomées, les foraminifères planctoniques, les
coccolithes, les radiolaires, les céphalopodes et les graptolites ; des turbidites, des
écoulements de débris ("débris flows"), parfois par des encroûtements de fer et de
manganèses et par des graviers ("lag-deposits") dus à l’érosion des courants de fond.

- Les black shales sont des sédiments au sein desquels la matière organique
s'accumule ; on les rencontre dans certains bassins isolés où la circulation des eaux est
trop faible pour renouveler l'oxygène du fond. Ils sont souvent riches en Cu, Pb, Zn, Mo,
V, U et As adsorbés sur les argiles et la matière organique. Certains de ces dépôts
peuvent être riches en hydrocarbures.

III.3.2. SABLES ET GRAVIERS

Les sédiments détritiques grossiers se déposent dans une grande variété


d'environnements, depuis les dunes éoliennes jusqu'aux fonds océaniques (dépôts
gravitaires). Ils sont cependant particulièrement caractéristiques des environnements
côtiers où l'hydrodynamisme permet leur transport et leur dépôt. On distingue :

Dépôts de cônes d'éboulis

Les fragments de roche détachés de leur substrat par l'érosion, subissent un transport
sous la forme d'avalanche de débris et se déposent sous forme des cônes d’éboulis au
pied de reliefs jeunes ; ils sont caractérisés par un classement et une maturité très faibles.

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A: avalanche de débris au pied d'un relief; B: détail montrant la faible maturité des dépôts:
grande variété lithologique, mauvais classement, faible émoussé.

Dépôts éoliens

Les dunes sableuses sont de bons indicateurs de climat aride. Elles sont façonnées par
le vent. Celui-ci possède un bon pouvoir de classement ; le transport s'effectue
essentiellement par saltation et collisions intergranulaires des grains sableux ; le
matériau fin est exporté plus loin. Ceci explique l'homogénéité granulométrique des
dépôts éoliens.

Les dunes éoliennes apparaissent sous forme des champs dunaires pouvant couvrir des
centaines de km2 et former d'épaisses unités sableuses de grande continuité latérale ; la
pente des stratifications entrecroisées de ces unités peut atteindre 35° (en moyenne 25°-
30°) ; les unités individuelles peuvent avoir une épaisseur de l'ordre de 30m. Dans
l’ensemble, les dépôts sont caractérisés par l’absence de séquence-type comme c'est le
cas en milieu marin (progradation, par exemple), la présence de sables quartzeux très
bien classés, avec un bon arrondi.
Dépôts fluviatiles

En contexte fluviatile, les premiers corps sédimentaires à se former sont les cônes
alluviaux ; ils se développent au débouché d'un canyon dans une vallée ou une plaine,
quand le courant fluviatile ralentit brutalement.

Les sédiments des cônes alluviaux sont transportés non seulement par les eaux fluviales,
mais aussi par des écoulements en masse. Dans les régions désertiques, ces
écoulements ont souvent un caractère catastrophique et peuvent transporter des blocs de
plusieurs tonnes: les sédiments qui en résultent sont extrêmement mal classés et non
stratifiés.

Dépôts côtiers
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La transition entre environnement fluviatile et environnement côtier se fait par


l’intermédiaire de milieux mixtes, reflétant des influences à la fois marines et
continentales tels que les deltas, les lagunes, les estuaires et les "tidal flats"...

Les deltas se développent lorsque les rivières amènent au milieu marin plus de sédiment
que ce que l'érosion marine peut mobiliser. On peut subdiviser un delta en plusieurs
sous-environnements: la plaine deltaïque avec son système fluviatile et son complexe
littoral; le front deltaïque fortement incliné; et le prodelta qui fait la transition avec la
plate-forme marine.

Progradation des faciès deltaïques sur une plate-forme.

Les éléments diagnostiques des deltas sont :

Les deltas sont situés en contexte de marge passive; ils sont associés à des dépôts
fluviatiles et à des sédiments littoraux. Ils sont triangulaires en plan et en forme de coin en
coupe, leur superficie atteint parfois des milliers de km2 et leur puissance plusieurs km;
Les séquences deltaïques sont de type coarsening-upward, avec le passage de boues
prodeltaïques à des sables de barres ou de chenaux et ensuite éventuellement de type
fining upward en passant à des boues ou des sédiments riches en matière organique
(charbon) de la plaine deltaïque. Les sables montrent des stratifications entrecroisées.
Les levées et la plaine deltaïque sont constituées de boues laminaires à bioturbées. Les
boues prodeltaïques contiennent des niveaux sableux occasionnels correspondant à des
crues fluviales. Slumps et déformations syn-sédimentaires sont fréquents suite à
l'inclinaison du front deltaïque.
La matière organique végétale est très abondante dans la plaine deltaïque (marais,
mangrove).

Les "Schorre" ou "herbus" sont des marais maritimes qui colonisent la partie supérieure

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du littorale dans les côtes où dominent l’influence des marées en climat humide
(tempéré ou chaud). Ces marais maritimes sont couverts d'une végétation herbacée.

Les « Tidal flats » ("slikke") se développent en zone de balancement des marées (ou
zone intertidale ou estran), ce sont de zones à très faible relief. La partie supérieure de
cette zone voit le dépôt de boues en environnement relativement calme ("mud flat"); la
partie inférieure, soumise à l'action de vagues plus fortes, est caractérisée par des
dépôts sableux ("sand flat").

Les structures liées à ces dépôts sont :

- le "tidal bedding", c.-à-d. une succession de lamine sableuse pour la marée haute et
de lamine de boue pour la marée basse, avec les lamines sableuses montrant des
stratifications inclinées en sens opposé, matérialisant les deux directions de courant
("herringbone").
- le "flaser bedding" et le "lenticular bedding": qui se forment par dépôt de boue
dans les espaces entre les rides de courant.

Tidal bedding, plaine côtière

Les barrières et plages sont des complexes sableux allongés parallèlement au rivage, ils
se forment le long de côtes où l'apport sédimentaire est important. Les barrières
peuvent isoler des lagunes où domine la sédimentation boueuse. La plage est
caractérisée par des laminations planes parallèles, témoins de la rapidité des courants.
Les plages et barrières sont caractérisées par l’association des faciès côtiers avec des
faciès de mer ouverte; il s’agit des sédiments sableux matures (quartz),
occasionnellement minéraux lourds à stratification plane, herringbone ou entrecroisée.
Les fossiles sont généralement brisés. La séquence sédimentaire qui les caractérise est
de type coarsening upward et comprend les termes suivants: sables fins bioturbés, sables
bien classés avec stratifications planes et entrecroisées.

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Dépôts de plate-forme

Les sédiments de plate-forme subissent l'action des courants tidaux et des vagues de
tempêtes. On distingue en général deux grands types de plate-formes:

- les plate-formes où les processus sédimentaires sont dominés par l'action des
vagues ("weather dominated"=WD) et
- les plate-formes où ces processus sont dominés par l'action des marées ("tide-
dominated"=TD).

Les sédiments sont transportés par des courants tidaux modérés qui induisent la
formation de rides sur les fonds sableux ou par des courants forts (>60 cm/s) produisant
ainsi de mégarides ou dunes sous-marines ("megaripples"). Ces dunes sont
caractérisées par la stratification inclinée ou entrecroisée. Le sédiment sableux est bien
classé.

Les dépôts sableux de plate-forme sont des corps sableux lenticulaires au sein de
sédiments plus fins (argiles, shales). Ce sont des sédiments matures, souvent bien
classés: quartz, fragments de coquilles, glauconite. La séquence typique est progradante
et comprend des boues bioturbées, des boues à niveaux sableux, des mégarides à
stratifications inclinée. Les fossiles y ont un caractère marin ouvert, non restreint.

Dépôts de bassin

Les sédiments de bassin sont surtout des sédiments boueux. Les principaux sédiments
grossiers qu'ils contiennent sont les turbidites et les debris flows. Les "turbidites" sont
des dépôts dont le transport est dû à un courant de turbidité, c.-à-d. un fluide où les
particules sont maintenues en suspension par la turbulence seule. Par contre, les debris
flows sont des écoulements plastiques où les particules sont supportées par une matrice.

Les turbidites vraies sont granoclassées et constituées de sédiments fins, à la différence


des debris flows qui incluent des débris de toute taille.

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IV. ROCHES CARBONATEES ET LEURS PALEOENVIRONNEMENTS

IV.1. INTRODUCTION

Les constituants des roches carbonatées sont pour la plupart d’origine marine, et issus de
processus biologiques et biochimiques. Quelques carbonates sont aussi d’eau douce,
d’origine chimique ou biologique.

Dans les milieux marins actuels, la genèse des carbonates résulte principalement de
l’activité planctonique ; l’activité benthique n’est importante que sur les plates-formes de
mers intertropicales et tempérées.

On utilise pour leur classification des critères essentiellement descriptifs. La plupart des
carbonatées présentent une distribution granulométrique bimodale. On observe :

- des grains appelés éléments figurés ou allochems de taille relativement grande ;


- un liant qui est soit une matrice d’origine primaire si il s’agit d’une boue calcaire, soit
un ciment s’il est d’origine secondaire.

Les éléments calcaires figurés comprennent : des squelettes biologiques (tests), des débris
de squelettes (bioclastes), des grains sans squelette, ce sont des oolithes, pélotes fécales,
encroûtements, agrégats.

Les éléments figurés issus des calcaires préexistants (lithoclastes) sont soit des intraclastes
s’ils sont issus d’un sédiment proche et d’âge voisin ; soit d’extraclastes s’ils sont issus de
l’érosion de roches plus anciennes.

Le liant peut renfermer soit des grains reconnaissables au microscope, d’origine biologique
tels que les coccolithes de la craie, ou chimique tel que le ciment sparitique (à cristaux jointifs
de calcite dont le diamètre est supérieur à 4µm) ; soit des cristaux calcaires très petits (<4µm)
formant des plages homogènes : c’est la micrite.

La nomenclature de R.L.Folk utilise la combinaison des termes qui rend compte de la

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présence de deux sortes d’éléments figurés ; par exemple biopelsparite, biooomicrite ; ou de


matrices de tailles différentes ; par exemple biosparrudite ; intramicrudite.

IV.2. PRINCIPAUX MINERAUX ET CONDITIONS DE GENESE

Les eaux salées (eaux de mer) contiennent 300 fois plus de substances dissoutes que les
eaux douces. Toutefois le Ca est moins abondant dans les eaux marines comparativement
aux autres principaux cations (Na, K, Mg), ceci à cause de sa forte extraction par les
organismes.

Calcite (CaCO3 rhomboédrique) et aragonite (CaCO3 orthorhombique) sont les deux


principaux carbonate de Ca qui peuvent de former par voie biochimique ou chimique
suivant l’équilibre : CaCO3 + H2O + CO2 ↔ Ca2+ + 2HC

L’aragonite ne précipite pratiquement pas en eau douce, elle caractérise les milieux marins.
C’est un minéral instable qui est en équilibre durable seulement dans des conditions de HP
(ex. : faciès de schistes bleus). Dans les sédiments, il se transforme en calcite, ce qui
contribue à rendre la diagenèse carbonatée intense et rapide ; elle est donc de ce fait rare
en sédiments anciens. L’aragonite est généralement pauvre en Mg, mais peut contenir par
contre jusqu’à 1% de Sr substitué au Ca.

La calcite marine comprend des formes faiblement magnésiennes (<4% de MgCO 3) et


fortement magnésiennes (11 à 19% de MgCO3) qui tendent à perdre leur Mg avec le
temps.

La minéralogie des sédiments calcaires récents dépend à la fois de la nature des


organismes et de la T° de l’eau de mer. En effet les carbonates sont plus riches en
aragonite et calcite fortement magnésienne dans les régions intertropicales, plus riches en
calcite peu magnésienne dans les régions tempérées.

La dolomite [(Ca, Mg) (CO3)2] apparait essentiellement au cours de la diagenèse.

Il convient de noter que les carbonates anciens ou actuels sont presque toujours associés
dans les sédiments à d’autres minéraux plus ou moins abondants tels que les argiles,
l’opale, le quartz, la pyrite, l’hématite ou le phosphate.

Du point de vue génétique, on distingue :

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- une précipitation chimique primaire des carbonates ;


- une accumulation des squelettes organiques non construits (bioclastes) ;
- une sédimentation biochimique.

La précipitation chimique primaire des carbonates se fait à partir des ions contenus
dans l’eau de mer ; c’est un mécanisme peu répandu observé seulement dans certains
secteurs subtropicaux et tropicaux de faible profondeur tels que le Bahamas, le Golfe
Persique, la Mer Morte.

Bien que l’eau de mer superficielle soit sursaturée vis-à-vis de l’ensemble des carbonates,
seule l’aragonite parait susceptible de précipiter directement, car ce phénomène ne se
réalise que dans des eaux de salinité élevée, T° et temps de résidence élevés.

La précipitation directe de calcite est contrariée par les teneurs élevées en Mg dissous ;
celle de la dolomite est inhibée par la lenteur de croissance de ce minéral, minéral
déterminé par un ordre cristallin très élevé. Toutefois, la précipitation actuelle de la
dolomite est décrite dans peu de milieux littoraux et lacustres (lacs évaporitiques,
Bahamas, Golfe persique) où elle est liée à la présence de surfaces exondées
temporairement. Il s’agit d’une dolomite mal ordonnée appelée protodolomite (plus riche
en Ca qu’en Mg) qui correspond surtout à un remplacement secondaire des bioclastes.

L’accumulation des squelettes organiques non construits c.à.d. des bioclastes aboutit
à la formation des roches appelées lumachelles. Mais les bioconstructions carbonatées
sont à l’origine des récifs dont la taille des constituants va des éléments figurés grossiers
entiers tels que les coquilles de mollusques, ou brisés jusqu’aux coccolithes de matrices
sédimentaires (quelques µm).

Les principaux organismes constructeurs des carbonates biogènes sont :

- les pélécypodes : ce sont des lamellibranches participant à la constitution des


sédiments marins peu profonds depuis le Mésozoïque supérieur après le déclin
des brachiopodes.
- les gastéropodes : mollusques à coquilles formée d’aragonite, ils sont benthiques.
- les céphalopodes : ce sont des mollusques communs jusqu’au Crétacé ; les tests
d’ammonites et des nautiles correspondent à de l’aragonite sparitisée en calcite,
tandis que le rostre de bélemnites est constitué de calcite.

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- les brachiopodes dont la coquille présente une fine couche externe de calcite
fibreuse perpendiculaire à la coquille, et une couche interne plus épaisse des fibres
orientées obliquement.
- les coraux (cnidaires) : on a des formes hermatypiques en symbiose avec les
algues (zooxanthelles). Leurs colonies sont responsables, en association avec les
algues rouges, de la construction des récifs modernes (boundstones).
- Les échinodermes dont les échinidés et les crinoïdes alimentent la sédimentation
calcaire marine. Les tests des échinodermes se reconnaissent à leurs grands
monocristaux de calcite percés de pores.
- les bryozoaires ; ce sont des organismes dont la coquille est formée initialement de
calcite et d’aragonite ; ils ont joué au Paléozoïque un rôle important dans la
sédimentation récifale et de plate-forme.
- Les foraminifères : ce sont des protozoaires (taille :0,05 à 10 mm) soit
planctoniques (dans ce cas ils constituent une part importante des boues calcaires
à argilo-calcaires des bassins crétacés à cénozoïques), soit benthiques dans les
mers peu profondes des régions tempérées et chaudes. Ils sont composés de
calcite peu magnésienne.
- les autres animaux tels que les spongiaires à spicules calcaires, les archéocyatidés
sont importants dans les récifs du Cambrien jusqu’au Trias ; les Stromatopores,
organismes proches des porifères sont associés à des coraux dans les calcaires
du Silurien-Dévonien. Les arthropodes dont les trilobites du Paléozoïque et les
ostracodes (crustacées millimétriques) sont indicateurs de sédimentation sur les
marges continentales.
- les algues : elles jouent un rôle important dans la sédimentation carbonatée depuis
le Précambrien ; elles interviennent à la fois comme débris, comme pièges à
sédiments et comme organismes perforants. On distingue :

1. les algues rouges (rhodophycées) : elles sont hautement magnésiennes et


incrustent leurs substrats, elles jouent le rôle de ciment dans les récifs
modernes ;
2. les algues vertes (chlorophycées) : elles sont du Paléozoïque et sont
modérément calcifiées. Les fines aiguilles aragonitiques de chlorophycées
dissociées par des courants participent, avec la précipitation chimique
directe, à la formation des boues micritiques de certaines plates-formes
comme celle de Bahamas.

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3. les coccolithophoridés ou prymnésiophycées sont des algues planctoniques


flagellés dont le squelette est constitué des plaques discoïdes
(=coccolithes) formées de calcite peu magnésienne. Les coccolithes
constituent la matrice des boues à foraminifères ou forment l’essentiel des
sédiments carbonatés océaniques (p.ex. craie du Crétacé).

Les accumulations carbonatées biochimiques sont des mécanismes qui accompagnent


ou relaient la production directe des particules carbonatées. Ces mécanismes conduisent
à des ensembles des grains sans squelette organique organisé ou à une modification des
grains préexistants.

Rôle des algues bleues ou cyanophycées :

- les cyanophycées sont responsables de la formation d’une couche micritique


sombre à la périphérie de nombreux fragments calcaires qui est un
phénomène d’altération diagénétique précoce suivi de la calcitisation pouvant
se poursuivre jusqu’à la constitution d’un péloïdes sans structure
reconnaissable.
- elles participent à la formation de tapis algaires et de stromatolithes. Celles-ci
se développent en couches laminaires successives fréquemment régies par
l’alternance nuit et jour. Elles existent depuis le Précambrien et leur
développement a engendré de nombreuses formes columnaires à domées
(Collenia, Cryptozoon, etc.).
- les tapis algaires sont fréquemment fragmentés en polygones par suite de
phénomènes de dessiccation.
- les stromatolithes prennent parfois une forme de nodules irréguliers à contours
convexes et concaves, formés de couches algaires plus ou moins
concentriques autour d’un nucléus. On les appelle alors des oncolithes, et
sont rattachées au groupe des oncoïdes c.à.d. des nodules à surface
irrégulière et à noyau.

Formation des oolithes :

Les oolithes sont des grains sphériques ou subsphériques constitués d’un nucléus (quartz,
bioclaste, etc.) et d’un cortex. On distingue :

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- des oolithes s.s dont le cortex est formé des couches concentriques en nombre
variable, et dont le diamètre est conventionnellement inférieur à 2mm ; au-dessus de
2mm on parle de pisolithes.
- des sphérulites sont à cortex de structure radiaire ;
- des bahamites ou pseudo-oolithes sont à cortex micritique dépourvu de structure.

Les sphérulites et les bahamites ont une origine essentiellement diagénétique.

Il est évident que les oolithes récentes sont pour la plupart aragonitique et se développent
dans de petits fonds marins (1 à 10m), voire lacustres des régions chaudes soumises à une
forte agitation hydrodynamique et riches en carbonates dissous. Les oolithes anciennes
sont formées de calcite et ont pour la plupart des microstructures radiaires.

Déjections et mises en agrégats

- des grains homogènes sans nucléus ni squelette (ou péloïdes) comprennent


principalement des pellotes fécales ou pellets. Ce sont des grains calcaires
produits principalement par des gastéropodes, pélécypodes, crustacées, etc. dans
de petits fonds marins des régions tempérées et chaudes. Il s’agit de petites
particules de 0,1 à 0,5mm riches en MO et de couleur sombre.
- des agrégats irréguliers de pélotes, bioclastes et/ou ooïdes cimentés par de
l’aragonite résultent d’une cimentation en milieu peu agité favorisée par des
organismes fixateurs du sédiment tels que les algues ;on les appelle aussi
grapestones ou lumps.

IV.2. LES GRANDS ENVIRONNEMENTS DE DEPOT DES CARBONATES

Deux grands domaines s'individualisent de part et d'autre du rivage: le domaine


continental et le domaine marin.

IV.2.1. LE DOMAINE CONTINENTAL

Le domaine continental se caractérise par des dépôts souvent très localisés, quelques
dépôts lacustres, fluviatiles, glaciaires (moraines), désertiques, karstiques, de grottes. Il
est soumis à l'action des phénomènes météoriques, ce qui est à l'origine d'importantes
transformations diagénétiques.

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CARBONATES LACUSTRES

Les carbonates lacustres (eaux douces et salées) sont le résultat de (1) précipitations
inorganiques ou (2) accumulations algaires ou (3) accumulations coquillières.

- Les précipitations inorganiques peuvent être liées à une soustraction de CO2


(photosynthèse,...), à un mécanisme d'évaporation ou encore au mélange d'eaux à pH
différents (lac/rivière, par exemple). L'équation suivante est une notation simplifiée de
l'équilibre des carbonates: CaCO3 + H2O + CO2 = Ca++ + 2 HCO3-

Le rapport Mg/Ca détermine le minéral précipité: Mg/Ca<2 : précipitation de calcite;


Mg/Ca de 2 à 7 : calcite Mg; Mg/Ca de 7 à 12 : calcite Mg et dolomite par
transformation de calcite Mg; Mg/Ca>12 aragonite.

- Les carbonates algaires sont le résultat de facteurs tels que:

 des phénomènes de piégeage de sédiments et de précipitation par des mousses et


des stromatolithes;
 la formation d'oncoïdes (cyanophycées et algues vertes non squelettiques) avec
incorporation de coquilles et débris carbonatés, etc.

- Les accumulations de coquilles (gastéropodes, lamellibranches) sont du même type


qu'en milieu marin. Elles ne forment qu'une faible proportion des carbonates lacustres.

TUFS ET TRAVERTINS

Au débouché de certaines sources, ou plus rarement en rivière, se forment des


précipitations de calcite. Ces accumulations sont : soit le travertin, constitué de lamines
denses et régulières, soit le tuf c.à.d. de matériau très poreux et irrégulier. Les processus
de précipitation inorganiques dominent dans le cas des travertins (perte de CO2), tandis
que les tufs se forment par précipitation de calcite sur des mousses ou des algues.

GROTTES

Les concrétions aragonitiques de grottes ou spéléothèmes sont identifiées, même après


leur transformation en calcite, par leur morphologie (planchers, stalactites, stalagmites,
pisoïdes) et par l'alternance de lamines de fibres peu allongées et de fibres très

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allongées, atteignant plusieurs centimètres.

IV.2.2. LE DOMAINE MARIN

On y distingue un milieu de plate-forme et un milieu de bassin séparés par un talus.


La différenciation de ces termes est morphologique, mais d'un point de vue
bathymétrique, la profondeur varie de 0 à environ 200 m sur la plate-forme; le bassin
étant caractérisé par des profondeurs plus importantes.

La morphologie des plate-formes, la nature et la géométrie des corps sédimentaires qui


s'y déposent sont sujettes à variation. Une nette distinction sédimentologique peut être
effectuée entre plate-formes carbonatées tropicales et plate-formes carbonatées
tempérées.

IV.2.2. 1. Les plate-formes carbonatées tempérées

Elles sont moins connues que leurs homologues tropicales. Certaines de ces plate-
formes couvrent pourtant des milliers de km2 de fonds marins.

Les principaux groupes d'organismes représentés dans les sédiments de ces plate-
formes sont: les mollusques, les foraminifères benthiques, les échinodermes, les
bryozoaires, les ostracodes, les spicules (calcaires) d'éponges, les tubes de vers et les
coraux pour les animaux ; les algues rouges (Lithothamnium) pour les plantes. Les
foraminifères et les mollusques étant généralement dominants, cette association est
appelée "foramol". Les grains non squelettiques (péloïdes, ooïdes, agrégats,...) semblent
être largement liés à l'association chlorozoan (chlorophytes et zoanthaires), sauf peut-
être pour les péloïdes qui peuvent déborder sur l'association foramol.

La micrite est constituée d'aragonite et de calcite magnésienne dans le domaine tropical,


tandis qu'en domaine tempéré, l'aragonite devient beaucoup plus rare. La cimentation est
faible en milieu tempéré.

Signalons que dans l'océan actuel, le carbonate de précipitation chimique est l'aragonite
(suite à son rapport Mg/Ca élevé). Ceci ne veut évidemment pas dire que toute boue
calcaire d'origine marine est aragonitique puisque la dégradation des tests des
organismes fournit une part importante des sédiments fins et que ces tests peuvent être
calcitiques.

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IV.2.2. 2. Les plate-formes carbonatées tropicales

1° Les facteurs du milieu

On distingue les différents sous-environnements carbonatés en fonction des facteurs tels


que la morphologie, l'hydrodynamisme, le chimisme (salinité, oxygénation) et la
pénétration de la lumière.

 La morphologie de la plate-forme: elle est contrôlée essentiellement par


l'existence, l'absence ou la localisation variable d'une barrière ou d'un haut-fond
plus ou moins continu. L'existence d'un relief a une influence directe sur le niveau
d'énergie, le chimisme des eaux (salinité, oxygénation) et l'activité biologique: il
entraîne la distinction entre un milieu de plate-forme interne et un milieu de plate-
forme externe ou de bassin. En l'absence de rupture de pente nette, la profondeur
augmente de façon progressive depuis le littoral jusqu'au bassin: on parle alors de
rampe.

Morphologie des rampes et plate-formes carbonatées.

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PLATE-FORME AVEC BARRIERE RAMPE


- Pas de rupture de pente
- Rupture de pente

- Pas de barrière continue


- Présence d'une barrière continue

- Energie forte près du rivage,


- Energie forte près de la barrière, formation de bancs ("shoals")
diminue vers le rivage

- Bioconstructions=surtout
- Barrière=surtout framestones bafflestones, bindstones

- Peu de turbidites, pas d'olistholithes,


- Turbidites, blocs exotiques provenant tempestites
de la barrière

- Sédiments restreints peu étendus,


- Sédiments lagunaires cycliques de non cycliques.
grande extension géographique

Exemples de différences sédimentologiques entre rampe et plate-forme s.s.

 Les facteurs dynamiques: ils comprennent vents, courants de vagues et de


marées. Leur résultat est surtout un tri granulométrique. La granulométrie des
sédiments et certains types de figures sédimentaires donnent des informations
importantes quant au niveau d'énergie du milieu.
 Le chimisme des eaux: la sursalure, le manque d'oxygénation des eaux entraînent
de profondes modifications dans le contenu faunistique, ce qui peut conduire à
distinguer:

- un milieu ouvert où la circulation des eaux marines n'est pas entravée;


- un milieu restreint où la circulation des eaux marines est entravée, et en
conséquence leur qualité subit des modifications plus ou moins importantes.

 Le contenu en nutriments des eaux est aussi un paramètre très important. Il


permet de distinguer des environnements oligotrophique, mésotrophique,
eutrophique et hypertrophique.
- En milieu oligotrophique (pauvre en nutriments), les processus de recyclage de la
nourriture sont essentiels et les organismes capables d'utiliser plusieurs sources
d'énergie sont favorisés ; c’est le cas des coraux hermatypiques qui, outre leur
caractère hétérotrophe, profitent de la photosynthèse de leurs algues symbiotiques.
- En milieu mésotrophique, l'apport de nutriments est plus important et d'autres

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organismes interviennent: algues, faune benthique plus riche; le seul facteur limitant
est la compétition pour l'espace disponible.
- En milieu eutrophique, l'apport en nutriment est suffisant pour que se développe
largement le phytoplancton; le facteur limitant est la lumière et la profondeur de la
zone photique ;
- et enfin, en milieu hypertrophique, le développement de phytoplancton et
l'accumulation de la matière organique sont tels que la dégradation de cette matière
consomme une bonne part de l'oxygène du sédiment, ce qui limite la vie benthique;
dans ce cas, le facteur important reste donc la teneur en oxygène.

 L'influence de la lumière: la pénétration de la lumière permet de distinguer deux


domaines: un domaine photique et un domaine aphotique.

2° Les grands environnements de dépôt

Pour les mers où la marée est sensible, on distingue sur la plate-forme interne:

 un milieu supratidal: très épisodiquement envahi par les vives eaux de hautes
marées. On y distingue de milieux particuliers tels que: sebkha, étangs côtiers,... Les
dépôts que l'on y trouve sont fortement influencés par le climat (par exemple: climat
aride=possibilité de sebkha, climat humide=platier algaire). La présence à la fois d'eaux
douces et salées en fait un milieu particulièrement favorable à la diagenèse précoce.
 un milieu intertidal: c’est la zone de balancement des marées. Les périodes
d'exhondaison et d'ennoyage se marquent par des dépôts et des faciès typiques parfois
rythmiques. L'influence du climat est toujours importante, c’est ainsi que les tapis
algaires qui se développent en climat plus humide dans le supratidal, se développent
dans l'intertidal en climat aride. C'est dans le milieu intertidal que l'on rencontre les
estrans, plages, chenaux de marée, levées, mangroves, etc. C'est aussi un
environnement privilégié de la diagenèse précoce. L'énergie des dépôts y est
généralement élevée;
 un milieu subtidal: dans ce milieu, l'énergie est variable en fonction de la profondeur.
Au point de vue chimique, aux faciès carbonatés et évaporitiques s'ajoutent des faciès
enrichis en silice, phosphates, oxydes de fer,... La faune et la flore y sont variées. Des
organismes comme les éponges et les échinodermes deviennent plus abondants. On
observe également l'apparition de quelques formes pélagiques.

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A: sebkha en milieu supratidal; B: mangrove et palétuviers en milieu intertidal; observer les échasses
servant à assurer la stabilité des arbres dans la boue carbonatée.

La barrière isole la plate-forme interne de la plate-forme externe. Dans cette dernière


l'environnement est beaucoup plus stable et homogène, en liaison avec le milieu
océanique. Les organismes pélagiques deviennent prépondérants et les sédiments sont
généralement fins, car situés sous la zone d'action des vagues.

Répartition des environnements sur une plate-forme avec barrière

3° Critères de caractérisation des milieux de dépôt

Critères liés aux facteurs biologiques:

Le type de communauté organique renseigne sur :

- la bathymétrie par la présence ou l'absence d'organismes photosynthétiques,


- l'agitation du milieu (formes robustes ou délicates),
- la température (foramol-chlorozoan)
- et la teneur des eaux en nutriments.

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La présence d'une barrière joue le rôle d'écran (organismes coloniaux constructeurs)


qui permet généralement de différencier le milieu subtidal interne du milieu marin
ouvert qui est le domaine de vie des organismes pélagiques. Si le profil est sans
barrière, la distinction entre plate-forme interne et externe est parfois difficile ; elle est
alors basée sur la fréquence et l'oligospécificité d'organismes benthiques, plus forte en
plate-forme interne ; et sur la fréquence des algues, également plus grande en plate-
forme interne.

Critères liés aux facteurs physiques (dynamisme des eaux):

Le niveau d'énergie est estimé en général en fonction de la taille, de la densité, de


l'angularité des grains, et de la présence ou non de boue primaire. Un niveau d'énergie
faible peut être significatif d'un dépôt en eau profonde, sous la zone d'action des vagues
ou, au contraire, caractériser un dépôt en eau très peu profonde dans un domaine
protégé par la présence d'une barrière.

IV.2.2. 3. Le talus

Le talus possède une pente moyenne de 0,7 à 1,3 m par km ; il s'étage d'environ 130 m à
environ 2000 m, c'est-à-dire sous la zone photique et sous la zone d'action des vagues.
Comme sédimentation caractéristique sur les talus, on a la mise en place de turbidites
par glissements (liés à la gravité, à des cisaillements mécaniques ou à des contraintes
tectoniques, à de séismes, etc.). Ces épandages sont accompagnés de coulées de
sédiments, slumps, blocs, olistholithes, etc. Le talus est de ce fait essentiellement une
zone de transit des sédiments.

A la base des talus, les dépôts du glacis continental sont étalés sous la forme d'éventails
deltaïques profonds. Ce sont des prismes détritiques bathyaux, coincés contre la base
du talus et s'épandant vers les fonds océaniques moyens. Leur superficie est parfois
considérable, avec chenaux d'épandages, interfluves, ravinements
intraformationnels et slumps.

IV.2.2. 4. Le bassin

La température des eaux y est pratiquement constante et comprise entre -1° et 4°C, on y
observe une dominance des organismes pélagiques. Le benthos est réduit. On note
l'absence totale d'algues.

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Les eaux plus profondes peuvent présenter des phénomènes de sous-oxygénation. On


note la présence de la zone d'oxygène minimale (ZOM) qui résulte de la consommation
d'oxygène par la respiration des organismes et surtout par la décomposition de la matière
organique. Cette zone se développe dans l'océan actuel entre -500 et -1200 m environ.
Les fonds baignés par des eaux sous-oxygénées se caractérisent par des sédiments
anoxiques sombres et non bioturbés.

En ce qui concerne l'équilibre des carbonates, le degré de saturation de la calcite est


inversement proportionnel à la profondeur, quel que soit le type d'océan concerné.
L'augmentation de la pression et l'abaissement de la température augmentent le taux de
solubilité du CaCO3, d'où une tendance à la décalcification générale des sédiments à
partir d'une profondeur critique appelée "lysocline" (on note une très brusque diminution
du CaCO3 vers -4000 à -5000 m).

Dans les sédiments anciens, la lysocline peut être définie par le passage d'un faciès à
organismes carbonatés bien préservés à un faciès à organismes partiellement dissous.
Inversement, le contenu en SiO2 et phosphates augmente progressivement avec la
profondeur. Des concentrations en Fe et Mn, sous l'influence de mécanismes bactériens,
sont également possibles.

Les sédiments océaniques profonds ne peuvent être constitués de boues carbonatées


qu'au-dessus de la lysocline. Il s'agit alors essentiellement de débris d'organismes
planctoniques: coccolithes, foraminifères (globigérines), ptéropodes. Au-dessous ou à
des latitudes non favorables, s'observent des boues à radiolaires et diatomées
(eupélagiques) et des boues terrigènes (hémipélagiques) auxquelles s'ajoutent des
turbidites.

IV.3. DIAGENESE CARBONATEE

INTRODUCTION

La "diagenèse" se rapporte à l'ensemble des modifications physico-chimiques que subit


un sédiment, après dépôt, dans les conditions de pression et température "faibles" qui
règnent en environnement de subsurface. La diagenèse n'englobe pas les modifications
du sédiment liées uniquement aux facteurs biologiques (bioturbation, bioérosion), elle
s'arrête là où commence le métamorphisme.

Pr Pierre MASHALA 44
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En pratique, dans l'étude de faciès carbonatés, la diagenèse traite de problèmes de


cimentation, dissolution, recristallisation et remplacement qui affectent les phases
carbonatées, siliceuses ou sulfatées.

Des travaux récents s'attachent principalement à préciser la nature et l'origine des divers
types de ciments qui se succèdent dans les cavités. Ces séquences peuvent ensuite être
interprétées en termes d'évolution du milieu de diagenèse: Chaque milieu principal (sous-
marin, littoral et continental) se caractérise par une diagenèse distincte conditionnée à la
fois par la qualité des eaux parentales et par le degré de saturation. L'étude diagénétique
s'inscrit donc aussi dans un cadre de reconstitution des paléoenvironnements
d'enfouissement.

PROCESSUS DIAGENETIQUES

Les principaux processus diagénétiques sont la cimentation, la dissolution, la


recristallisation et le remplacement.

- La cimentation correspond à la précipitation de matière et à l'accroissement progressif


des cristaux ainsi formés. La cimentation a pour conséquence la disparition
progressive de la porosité.

- La dissolution d'un substrat ou d'une phase diagénétique préexistante a comme


conséquence une augmentation de la porosité. Ce phénomène joue à diverses échelles,
depuis celle du système karstique jusqu'à la porosité intraparticulaire. Un processus de
dissolution implique toujours le passage par une étape où existe un vide: ce vide peut
être ensuite rempli par des sédiments internes, cimenté...

- La recristallisation implique un changement de cristallinité (taille) de la phase


préexistante, sans modification chimique. Par ex. : augmentation de la taille moyenne
des cristaux par coalescence dans une masse déjà cristallisée; "inversion" de l'aragonite
en calcite: l'aragonite (d=2,94) étant 8% plus dense que la calcite (d=2,71), sa
transformation en calcite implique un excès de CaCO3 qui est alors disponible pour des
processus de cimentation.

- Le remplacement ou métasomatose implique quant à lui, non seulement un


changement de cristallinité, mais également un changement chimique d'un substrat
préexistant. La dolomitisation dite secondaire en est un exemple fréquent, comme la

Pr Pierre MASHALA 45
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silicification. Notons que les minéraux constituant les éléments figurés peuvent être
remplacés sans que leur morphologie soit affectée.

DIAGENESE PRECOCE ET ENVIRONNEMENTS DIAGENETIQUES

En termes de diagenèse, on peut définir trois environnements fondamentaux: les milieux


infratidal, inter- et supratidal, continental. Les facteurs les plus importants dans la
diagenèse syn-sédimentaire (précoce) de ces trois milieux sont :

- la composition de l'eau: eau de mer dans les zones tidales; eau météorique en
milieu continental ;
- le contact ou non du sédiment directement avec l'air.

Ce dernier facteur permet de subdiviser les milieux diagénétiques en deux zones: zone
phréatique toujours noyée et zone vadose au-dessus du plan d'eau.

Profil schématique localisant les types de ciments précoces et leur environnement de formation. A:
subtidal (=zone phréatique marine): ciment aragonitique fibreux à disposition régulière; B: intertidal
(=zone vadose marine): ciment aragonitique fibreux à tendance microstalactitique; C: supratidal
(=zone vadose marine): aragonite micritique à disposition microstalactitique, associée à des
particules à la partie supérieure des cavités; D: continental (=zone vadose météorique): calcite
sparitique non magnésienne et silt vadose.

Milieu infratidal (sous-marin)

Ce milieu est toujours sous l'eau et le sédiment est en contact soit avec l'eau de mer, soit
avec des solutions interstitielles marines de composition variable pouvant entraîner des
dissolutions ou des précipitations.

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- Le phénomène de dissolution des particules carbonatées est surtout associé à la


profondeur en fonction de la baisse de température et de l'augmentation de la
pression partielle de CO2. La dissolution de la calcite est plus ou moins rapide au-
dessous de 3500 m environ de profondeur.
- Le phénomène de précipitation sous forme de ciment cristallin est bien établi pour le
milieu infratidal ; mais son importance comme mécanisme de lithification est encore
discutée. Parmi les nombreux exemples de lithification en milieu sous-marin, celui
du Golfe Persique semble le plus important en étendue. Dans ce bassin plus ou
moins confiné, le phénomène est très répandu dans les sédiments de texture
sableuse situés en environnement modérément agité, tels certaines lagunes et, plus
au large, à 20-30m de fond, près du niveau inférieur d'action de la houle. Le
phénomène semble absent dans les boues de la plaine centrale et également dans
les milieux littoraux très agités.

Les produits de cette lithification syn-sédimentaire en milieu infratidal sont, à petite


échelle, les graviers de type agrégat ou "lump" puis, à l'échelle régionale, les
croûtes. Le degré de durcissement atteint son maximum à la surface et diminue
progressivement vers les sédiments meubles du dessous. Les aspects essentiels de
cette lithification précoce en milieu sous-marin sont donc les suivants:

1. surfaces durcies et perforées, parfois superposées;


2. ciment surtout aciculaire ou micritique;
3. répartition de ces ciments: plus développés près de la surface durcie et
surtout répartis d'une façon régulière autour des vides inter- ou
intragranulaires;
4. composition: aragonite ou calcite magnésienne (recristallisée en calcite non
magnésienne dans les calcaires anciens, voir ci-dessous).

Milieux inter- et supratidal

Dans la zone de battement des marées, les facteurs diagénétiques sont voisins de ceux
du milieu sous-marin, au moins en ce qui concerne l'eau. Néanmoins, l'émersion du
littoral qui implique le contact du sédiment avec l'air entraîne l'augmentation de la
température des eaux interstitielles et peut provoquer leur évaporation. Ces facteurs
physiques donnent un caractère particulier à la diagenèse.

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- Les phénomènes de dissolution semblent surtout liés à la présence de végétaux


dont les processus métaboliques modifient le substrat à l'échelle millimétrique.
- L’émersion est surtout favorable à la lithification, cela est démontré par la formation
de "beach-rock" (grès de plage), surtout en climats relativement chauds.

Le caractère essentiel de ce ciment inter- et supratidal concerne sa répartition à


l'échelle du pore. Si le ciment formé en milieu infratidal est réparti d'une façon régulière,
celui de la zone intertidale (et plus particulièrement de sa partie supérieure) ne l'est
généralement pas. Cette disposition irrégulière du ciment dans la zone de battement des
marées est liée à la présence de l'air dans ce milieu vadose et, par conséquent, à la
répartition irrégulière de l'eau à partir de laquelle précipite le ciment.

En somme, la distinction souvent difficile entre les "beach-rocks" et les calcaires


cimentés en milieu sous-marin se résume ainsi:

- répartition irrégulière du ciment en forme de microstalactites;


- présence de brèche sédimentaire fréquente le long du littoral mais plus rare en
milieu infratidal;
- surfaces durcies irrégulières à l'échelle millimétrique (irrégularités dues à l'attaque
algaire) mais avec des macro-perforations souvent moins nombreuses que sur les
surfaces durcies en milieu sous-marin.

Milieu continental

En milieu continental, les processus diagénétiques affectent particulièrement les


sédiments récents (holocènes) dans les régions où la plaine côtière est bien développée
grâce à un accroissement latéral actuel rapide. C’est le cas le long de la côte ouest de
l'île d'Andros, de la côte d'Abu Dhabi (Golfe Persique) et en bien d'autres lieux.

Dans ces régions, les sédiments déposés au départ en milieu littoral sont ensuite
cimentés hors de l'influence marine, générant une croûte appelée caliche sous laquelle
s'observe un sédiment meuble.

La diagenèse continentale affecte par ailleurs surtout des calcaires pléistocènes un peu
partout dans le monde. On peut donc considérer que la diagenèse continentale fait partie
de la diagenèse précoce, même si elle n'est pas tout-à-fait syn-sédimentaire.

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Le phénomène de dissolution s'associe étroitement à la reprécipitation à proximité du


carbonate à cause de la saturation très rapide des eaux météoriques. Cette
reprécipitation de calcite non magnésienne donne naissance aux cristaux sparitiques, de
morphologies variées parmi lesquelles la forme trapue à axe c orienté normalement au
substrat est appelée "drusy mosaïque", et est la plus fréquente. Les cristaux aciculaires
typiques des milieux marins sont rares. En plus des phénomènes de dissolution et de
reprécipitation en calcite sparitique, le milieu continental vadose est caractérisé par une
cimentation irrégulière dont "le ciment en ménisque" est presque toujours présent.

V. LES EVAPORITES

V.1. INTRODUCTION

Les évaporites sont des sédiments résultant de l'évaporation de l'eau et de la précipitation


des sels qui y sont dissous. Les minéraux principaux en sont le gypse, l'anhydrite et la
halite. D'autres minéraux, quoique moins fréquents, peuvent être des constituants
importants de certains dépôts salins. Le tableau en donne une liste.

Minéraux des
Minéraux des
évaporites marines
évaporites non
marines

halite NaCl halite, gypse, anhydrite

sylvite KCl epsomite MgSO4.7H2O


Na2CO3.NaHCO3.2H2
carnallite KMgCl3.6H2O trona
O
kainite KMgClSO4.3H2O mirabilite Na2SO4.10H2O
anhydrite CaSO4 thenardite Na2SO4
gypse CaSO4.2H2O bloedite Na2SO4.MgSO4.4H2O
K2MgCa2(SO4)4.2H2 Na2CO3.
polyhalite gaylussite
O CaCO3.5H2O
kieserite MgSO4.H2O glauberite CaSO4.Na2SO4

Les évaporites ont une grande importance économique. En particulier, elles forment le
toit imperméable de certains des plus grands gisements pétroliers du monde. Au point
de vue sédimentologique, leur reconnaissance est essentielle puisqu'elles sont de bons
marqueurs climatiques (climat aride, où l'évaporation excède de loin les précipitations).

Pour comprendre la genèse et la constitution des dépôts évaporitiques, il est nécessaire


de revenir à la composition chimique des eaux de mer et de rivière, exprimée au tableau

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ci-dessous. On voit rapidement que si les rivières contiennent principalement HCO3- et


CO3=, avec une proportion moindre de Ca++, H4SiO4, SO4=, Cl-, Na+, Mg++ et K+, les
océans contiennent en grande quantité de SO4=, Cl-, Na+ et K+. Ces différences reflètent
en fait la manière dont les sels dissous sont extraits de l'eau de mer et incorporés dans
les sédiments.

Eau de rivière moyenne Eau de mer moyenne

(% du résidu solide) (% du résidu solide)


- =
HCO3 et CO3 48,6 0,4
++
Ca 12,4 1,2
H4SiO4 10,8 <0,01
=
SO4 9,3 7,7
-
Cl 6,5 55
+
Na 5,2 30,6
++
Mg 3,4 3,7
+
K 1,9 1,1
++ +++
Fe et Fe 0,6 <0,01
Le Al(OH)4
-
0,2 <0,01
-
NO3 0,8 <0,01
total 99,7 99,7
salinité 121 ppm 35.000 ppm

tableau ci-après donne les temps de résidence des principaux ions de l'eau de mer
(temps de résidence en années ζ = masse totale d'un ion dans les océans / apport annuel
des rivières).

Temps de résidence
principaux types de sédiments
(années)
-
Cl évaporites
+
Na 260.000.000 évaporites
++
Mg 12.000.000 évaporites, dolomite
+
K 11.000.000 argiles, évaporites
=
SO4 11.000.000 évaporites
++
Ca 1.000.000 carbonates
- =
HCO3 et CO3 110.000 carbonates
H4SiO4 8000 cherts, dépôts siliceux
++
Mn 7000 nodules
++ +++
Fe et Fe 140 sédiments riches en Fe
-
Al(OH)4 100 argiles

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Le sodium et le chlore sont très abondants dans l'eau de mer car d'une part, ils ne sont
pas utilisés par les organismes ni incorporés au sédiment sous la forme de tests comme
le calcium, la silice ou les carbonates ; et d'autre part, ils n'entrent pas dans le réseau des
argiles au cours de la diagenèse comme l'aluminium et le fer. Seule l'évaporation de l'eau
de mer, dans des circonstances forcément exceptionnelles, permet leur extraction des
océans.

Si l'on observe l'apparition progressive des précipités lorsque l'on fait évaporer de l'eau
de mer (salinité 3,5%), on a la séquence suivante:

- la calcite ou l'aragonite précipitent, dans certaines circonstances, lorsque le volume


de l'eau est réduit de 50%;
- le gypse et l'anhydrite commencent à précipiter lorsque le volume de l'eau de mer
n'est plus que 35% du volume initial;
- lorsque le volume de l'eau n'atteint plus que 10% du volume de départ, des
minéraux plus solubles comme la halite et la sylvite cristallisent;
- enfin, lorsque l'évaporation est presque totale, des borates et nitrates précipitent.

Toutefois dans les dépôts évaporitiques naturels, cette séquence idéale est rarement
réalisée. Il y a fréquemment des répétitions, des cycles tronqués: c'est le signe d'une
évolution plus mouvementée du bassin évaporitique où on a alternance : remplissage,
périodes d'évaporation, nouveau remplissage avec dissolution d'une partie des espèces
précédemment précipitées, etc.

Les évaporites s'observent depuis le Précambrien jusqu'à l'époque actuelle, mais leur
répartition spatiale et temporelle est inégale: elles sont le plus représentées au
Cambrien, au Permien et au Trias. On classe généralement les évaporites en trois
grands types:

1. les évaporites continentales,


2. les évaporites marines de milieu peu profond et
3. les évaporites marines profondes.

EVAPORITES CONTINENTALES

Ces dépôts s'accumulent dans des lacs endoréiques en région aride ou semi-aride. La
minéralogie de ces évaporites est relativement variable puisqu'elle dépend de la

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composition des eaux fluviales, elle-même dépendante de la géologie régionale.

On observe en général une répartition horizontale concentrique des différents dépôts


(gypse-halite-nitrates) en fonction de leur degré de solubilité, les plus solubles étant
localisés au centre, lorsque l'extension du lac en cours d'assèchement était la plus
restreinte.

Cette structure particulière, la présence d'autres types de sédiments continentaux,


certaines espèces minérales rares en environnement marin comme le borax, l'epsomite,
le trona, la gaylussite et la glauberite permettent de reconnaître des évaporites
continentales.

EVAPORITES MARINES PEU PROFONDES

Ces évaporites comprennent les dépôts inter- et supratidaux comparables à ceux qui se
forment actuellement le long du Golfe Persique, de certaines zones de la côte d'Afrique
du Nord, etc. et les dépôts subtidaux de plate-forme, on ne connait pas encore
d'équivalent actuel.

- Les premiers sont aussi appelés évaporites de sabkhas. Ces sabkhas sont des
plaines côtières développées le long de zones continentales arides. Outre les
évaporites, les sédiments de sabkhas comportent des éléments détritiques provenant
du continent (amenés par les vents, les cours d'eau) et des sables et boues provenant
de la plate-forme, transportés lors de tempêtes.

Les minéraux typiques des évaporites de sabkhas sont l'anhydrite, le gypse et la


dolomite. La dolomitisation de particules calcaires est courante ; elle est une
conséquence du haut rapport Mg/Ca des solutions interstitielles (suite à la précipitation
des sulfates de calcium). La dolomitisation elle-même libère des ions Ca++ qui
favorisent une poursuite de la formation de gypse et d'anhydrite. Le gypse est le plus
commun des précipités, surtout en climat semi-aride. Si l'évaporation est très intense,
le gypse est progressivement remplacé par de l'anhydrite.

- Dépôts de plate-formes isolées par un seuil permettant une recharge continuelle par
les eaux océaniques. Dans ce cas, du gypse précipite sur le fond marin.

EVAPORITES PROFONDES

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Certains types d'évaporites, souvent laminaires, sont associées à des critères


indiscutables d'environnement profond qui sont: grande continuité latérale des lamines
individuelles, turbidites, slumps, absence d'algues,... Dans ces évaporites, les lamines de
gypse, d'anhydrite, de halite, alternent avec des lamines de micrite ou de matière
organique. Ce caractère pratiquement varvoïde est attribué à des variations saisonnières
(température, humidité, "bloom" de certaines espèces).

DIAGENESE

Si la diagenèse est souvent responsable de la déshydratation du gypse et de sa


transformation en anhydrite (à partir d'une profondeur de 700 m suivant certains
auteurs), le processus inverse peut se produire lors du passage de couches d'anhydrite
dans la zone phréatique météorique, au cours par exemple d'un soulèvement régional. Le
gypse secondaire se présente alors sous la forme de porphyrotopes et d'albâtre. Les
porphyrotopes sont de grands cristaux de gypse, dispersés au sein de l'anhydrite.
L'albâtre consiste en masses de gypse à bordure cristalline irrégulière, à extinction
ondulante. On peut observer aussi des veines de gypse fibreux dont les fibres sont
perpendiculaires aux épontes. Ces veines sont probablement créées par fracturation
hydraulique.

A: dolomie et gypse en rosettes. B: célestite. C: baryte. D: de gauche à droite: dolomite (d); gypse (g);
anhydrite (a). Nicols croisés.

VI. LES SEDIMENTS SILICEUX

VI.1. INTRODUCTION

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Le terme "chert" est souvent utilisé comme terme générique pour qualifier l'ensemble des
roches siliceuses massives à cassure conchoïdale, constituées de calcédoine fibreuse,
d'opale amorphe ou de quartz microcristallin. Il est synonyme des concrétions, nodules
et lits siliceux intercalés dans les calcaires ante-Crétacé ou des accidents siliceux des
roches paléozoïques. Le mot "silex" est réservé aux accidents siliceux de la craie
mésozoïque. "Porcelanite" se rapporte à des roches siliceuses à grain fin, de texture
comparable à celle de la porcelaine non vernie. On pourrait utiliser comme terme général
englobant toutes les roches siliceuses le mot "silicite".

Les silicites (ou cherts au sens large) sont généralement subdivisées en deux grandes
catégories: les silicites nodulaires et les silicites litées. Ces dernières sont
généralement considérées comme primaires et seraient les équivalents des boues
océaniques actuelles à diatomées et radiolaires. Les silicites nodulaires, fréquentes dans
les calcaires et, dans une moindre mesure, les shales et les évaporites, seraient elles
d'origine diagénétique.

Les sédiments siliceux s'observent en milieu aussi bien marin que lacustre.

VI.2. PETROGRAPHIE

Les cherts (s.l.) comprennent quatre sortes de silice: le microquartz, le mégaquartz, les
formes fibreuses et l'opale:

- le microquartz consiste en cristaux équigranulaires de quartz, de quelques microns de


diamètre. Ils se forment à partir de solutions impures, sursaturées en silice dissoute;

- le mégaquartz, comme son nom l'indique, est constitué de cristaux beaucoup plus
grands, dépassant 20 µm et montrant des formes cristallines bien développées. Ces
cristaux réguliers apparaissent lorsque les solutions siliceuses sont diluées et pauvres
en cations;

- les formes fibreuses ou calcédoine où les cristaux ne sont plus individualisables au


microscope optique et s'empilent pour former des fibres. Elles comprennent plusieurs
espèces suivant les caractères optiques:

 la quartzine, à allongement positif, dont les fibres forment des sphérolites ou des
éventails (divergence des fibres à partir d'un point); la quartzine remplace des

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évaporites, elle remplit les cavités ; et s’observe aussi dans de nombreux autres
types de silicification;
 la lutécite, dont les fibres groupées en faisceaux ont un allongement positif et se
rejoignent, non pas en un point central mais suivant des droites, en dessinant des
chevrons; l'extinction est oblique; on la rencontre essentiellement comme produit de
remplacement des sulfates;
 la calcédonite est fibreuse comme les précédentes, mais possède un allongement
négatif. Elle semble se former en l'absence d'ions SO42-;
 la lussatite: il ne s'agit plus ici exactement d'une forme fibreuse du quartz, mais
plutôt d'une opale dotée d'une certaine cristallinité (opale-CT). Au microscope, elle
montre un indice faible, voisin de 1,45, un aspect fibreux, une biréfringence très
faible, une extinction droite et un allongement positif.

- l'opale est une forme amorphe et hydratée de la silice (contenant jusqu'à 10% d'eau),
elle constitue le squelette des diatomées, des radiolaires et les spicules
d'hyalosponges. Elle est métastable de sorte que son abondance décroît au cours du
temps: elle est absente des roches paléozoïques. L'opale biogénique amorphe
(appelée opale-A) se transforme au cours du temps en opale-CT, déjà cristalline (il
s'agit d'un interstratifié cristobalite/tridymite), puis en quartz et calcédoine. L'opale
précieuse est constituée d'un empilement régulier de sphères dont le diamètre varie
entre 150 et 350 µm, constituant ainsi une sorte de réseau cristallin à grande échelle
dont l'ordre de grandeur est proche de celui de la lumière visible; la diffraction de la
lumière blanche produit des irisations qui varient en fonction de l'angle d'incidence.

- la lechatelliérite, forme amorphe assez rare, se rencontre dans les roches quartzeuses
vitrifiées par l'impact de la foudre (fulgurites) ou par les impacts de météorites. On en
observe aussi dans les geyserites.

D’une manière générale, les formes fibreuses de la silice à allongement positif,


remplacent des sulfates. Les formes à allongement négatif par contre, apparaissent dans
les roches où l'ion S042- est absent au moment de la silicification. Elles remplissent des
cavités et sont les plus courantes dans la nature.

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A: radiolarite; les radiolaires sont cimentés par de la calcédonite et du mégaquartz, la matrice par
du microquartz; noter la présence d'épines de radiolaires dans la matrice. B: spiculite totalement
silicifiée; C: lutécite dans un calcaire partiellement silicifié. D: fracture remplies par du quartz et de
la calcédonite; la matrice est remplacée par du microquartz. Nicols croisés.

VI.3. GEOCHIMIE

La solubilité des différentes formes de silice est variable. La silice biogénique est très
peu stable et possède une solubilité de 50 à 80 ppm à 0°C, atteignant 100 à 140 ppm à
25°C. La forme la plus stable, le quartz, est aussi la moins soluble des formes de silice: 6
à 14 ppm. Les calcédoines sont intermédiaires entre la silice biogénique et le quartz,
mais plus proches du quartz. L'opale a une solubilité variable, supérieure à celle des
calcédoines et inférieure à celle de la silice biogénique dès qu'une organisation cristalline
apparaît.

L'eau de mer est très nettement sous-saturée par rapport à la silice (environ 1 ppm). La
silice amenée par les eaux fluviales (altération continentale des silicates), fournie par
l'altération sous-marine des basaltes et injectée directement par l'hydrothermalisme est
immédiatement utilisée par les organismes. Ceci se marque notamment dans la variation
de la concentration de la silice dans l'océan en fonction de la profondeur : moins de 1
ppm dans la zone photique, jusqu'à 11 ppm au-delà de 2 km de profondeur.

La solubilité de la silice dans l'eau n'est que très peu influencée par le pH entre 2 et 9,
bien qu'elle soit un peu plus soluble en milieu acide qu'en milieu faiblement alcalin. En
solution fortement basique par contre, sa solubilité croît considérablement: elle atteint
4000 ppm à pH 11, par exemple (cas de certains lacs évaporitiques). Mais tout ceci n'est
vrai qu'à nature d'ion constante. En effet, la solubilité de la silice n'est pas fonction du seul
pH, mais aussi des ions en présence. C'est ainsi que Fe3+ en solutions acides (pH 1,5 à
3) produit une dissociation de la silice bien plus importante que Ca++ ou NH4+ dont les

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solutions ont des pH faiblement acides, neutres, voire alcalins. Parmi les autres ions,
seuls Al+++ et Mg++ affectent la solubilité de la silice en l'abaissant. Il se formerait une
mince couche protectrice de silicate d'aluminium ou de magnésium. C’est ainsi que les
organismes siliceux marins ne semblent échapper à la dissolution durant leur vie qu'en
adsorbant des ions Al ou Mg ou en formant des complexes organo-siliciques.

Enfin, il faut noter qu'en terme de stabilité, la silice se dissout si le carbonate précipite et
vice-versa: ceci explique la disparition très rapide des spicules d'éponges dans les récifs
carbonatés et le remplacement des carbonates dans les roches carbonatées (les
dolomies silicifiées du Roan).

VI.4. CHERTS ET SILEX LITES

Les boues à radiolaires et à diatomées s'accumulent actuellement sur les fonds


océaniques, sous les zones de haute productivité des eaux de surface (grâce aux
upwellings). Les boues à diatomées sont typiques des hautes latitudes, tandis que les
boues à radiolaires s'observent en zone équatoriale.

L'accumulation des tests siliceux est la plus manifeste dans les zones où les sédiments
siliceux ne sont pas dilués par un apport en carbonates et/ou en terrigènes, c'est-à-dire
loin des embouchures fluviales et sous la zone de compensation des carbonates
(CCD).

Des équivalents anciens de ces boues siliceuses, sous la forme de cherts lités, sont
fréquemment observés. Dans ces cherts, les radiolaires sont mal conservés et on ne
remarque généralement plus que quelques moules de tests, remplis de mégaquartz,
isolés dans une matrice de microquartz. Certains de ces cherts lités montrent un
granoclassement et des laminations entrecroisées ou planes parallèles. Il s'agit dans ce
cas de turbidites remaniant des boues siliceuses provenant de zones en surélévation.

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A: radiolarites, Sumeini Group (Ladinien, Trias), Wadi Shu'yab, UAE-Oman. B: radiolarites, Al Jil
Formation (Capitanien, Permien), Wadi Hawasina, UAE. Photos A-C. da Silva.

Les cherts lités sont souvent associés avec des pillow lavas, des black shales, des
ophiolites, ou encore des turbidites siliciclastiques ou carbonatées, suivant le
contexte paléogéographique général.

VI.5. CHERTS ET SILEX NODULAIRES

Ces accidents siliceux sont fréquents dans les carbonates. Il s'agit de nodules ou de
rognons siliceux, généralement concentrés le long de certains plans de stratification.
Ces nodules peuvent être coalescents et former des bancs, ressemblant dès lors aux
cherts lités. On observe ces nodules aussi bien dans des calcaires de plate-forme que
dans des calcaires pélagiques.

Diverses hypothèses ont été émises quant à leur origine. On considère généralement que
la silice disséminée dans le sédiment (spicules en environnement peu profond, radiolaires
en environnement pélagique,...) se dissout et précipite sous la forme d'opale-CT à
proximité de germes de croissance (fossiles, grains détritiques) dans des zones
favorables (terriers, souvent).

La transformation diagénétique de l'opale en microquartz et calcédoine se fait ensuite


progressivement de manière centripète. On remarque aussi que le microquartz remplace
les carbonates, tandis que la calcédoine et le mégaquartz sont plutôt des remplissages
de cavités.

VI.6. SILICITES NON MARINES

Des sédiments siliceux peuvent se former en milieu lacustre, par exemple, par
accumulation de diatomées (diatomites), ou encore par évaporation d'eaux riches en
silice dissoute (eaux à pH >9). Dans ce dernier cas, celui de certains lacs temporaires
très riches en phytoplancton, quartz et minéraux des argiles sont dissous lors des
proliférations planctoniques ("blooms") et la silice précipite ensuite sous la forme d'un gel
lors de l'évaporation.

On trouve aussi des enrichissements en silice dans les "silcrètes", qui résultent d'une
pédogenèse en milieu très riche en silice instable (sols sur rhyolithes, volcanoclastites).

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VII. LES PHOSPHORITES

VII.1. INTRODUCTION

Beaucoup de roches sédimentaires contiennent des quantités mineures de phosphates.


Les phosphorites (dépôts sédimentaires de phosphates, caractérisés par une teneur en
P2O5 de l'ordre de 20% ou plus) sont par contre relativement rares. Le phosphate des
roches sédimentaires se présente essentiellement sous la forme de fluorapatite
(Ca5(PO4)3F), dont une part du phosphate peut être remplacée par du carbonate ou du
sulfate, dont le fluor peut être remplacé partiellement par OH- ou Cl- et dont le calcium
peut être substitué par Na, Mg, Sr, U et des terres rares. Les variétés cryptocristallines et
isotropes d'apatite sont appelées "collophanes".

Dans la plupart des sédiments, le phosphate est disséminé sous la forme de quelques
fragments d'apatite (minéral dense), de coprolithes ou d'ossements.

Débris phosphatés (orangés) dans un packstone bioclastique; à gauche, LN, à droite, nicols
croisés.

VII.2. CLASSIFICATION

On classe en général les phosphorites en trois grandes catégories:

- les phosphorites nodulaires ou litées forment généralement des dépôts de grandes


dimensions. Ces phosphorites semblent être les équivalents actuels des
accumulations de phosphate qui se forment le long de la bordure océanique de
certaines plate-formes. Le mécanisme responsable de telles accumulations est la
présence de courants d'upwelling, riches en nutriments, favorisant des proliférations
de phytoplancton. On peut supposer que périodiquement, ces proliférations

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provoquent une mortalité massive des poissons, avec apport d'os et de matière
organique riche en phosphore dans le sédiment. D'un point de vue plus général, il
semble que ce type de dépôt phosphaté soit lié à des périodes de haut niveau marin,
voire de transgressions. Durant les périodes transgressives, un certain déséquilibre
de la sédimentation peut se produire, déséquilibre qui se manifeste par des baisses de
l'apport en terrigènes et la formation de fonds durcis. Dans ce cas, il est facile
d'expliquer la concentration des débris phosphatés par un arrêt de la dilution par la
sédimentation détritique.

- les "bone beds": ce sont des niveaux plus ou moins enrichis en os et écailles de
poissons qui constituent de graviers. Ces graviers se forment lorsque les courants de
vague ou de marée concentrent les éléments les plus lourds sous la forme de "lag
deposits". En lame mince, le phosphate des éléments squelettiques se distingue par
sa coloration jaune à brunâtre, la présence de structures d'origine biologique (lignes de
croissance, canaux) et son caractère isotrope ou faiblement anisotrope. Associés à
ces bone beds, on observe souvent des coprolithes riches en collophane. Au cours
de la diagenèse, une phosphatisation plus poussée des sédiments (croissance de
nodules autour des fragments osseux, cimentation par de la collophane,...) peut avoir
lieu.

- le guano: les déjections d'oiseaux et, dans une mesure moindre, de chauves-souris,
peuvent dans certaines circonstances, former des gisements de phosphate d'intérêt
économique. La percolation dans le soubassement carbonaté des solutions dérivées
du guano peut être responsable d'une phosphatisation secondaire.

VIII. LES SEDIMENTS FERRIFERES

VIII.1. INTRODUCTION

Comme dans le cas des phosphates, la plupart des roches sédimentaires contiennent
une proportion mineure de fer. Ne sont actuellement considérés comme minerais que les
roches où la teneur en fer dépasse 15%. Comme le fer existe sous deux degrés
d'oxydation, Fe++ (l'ion ferreux) et Fe+++ (l'ion ferrique), son comportement est contrôlé par
la géochimie des environnements sédimentaire et diagénétique.

La majorité des gisements ferrifères semblent s'être formés en milieu marin et beaucoup

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sont fossilifères (anciens). Un grand problème est cependant le manque d'équivalents


actuels: les seuls grands dépôts ferrifères actuels sont les nodules métallifères des
grands fonds océaniques et le fer des marais ("bog-iron") qui semblent être de peu
d'importance géologique.

On distingue généralement deux grands types de dépôts ferrifères: les "banded iron
formations"(BIF's) du Précambrien et les sédiments ferrifères phanérozoïques. Les
premiers sont d'épaisses séquences constituées de sédiments ferrifères alternant avec
des cherts noirs, déposés dans de grands bassins intracratoniques; les seconds sont
d'extension plutôt réduite et forment des unités plus minces, généralement de nature
oolithique.

D'une manière très générale, la formation de sédiments ferrifères est favorisée par de
faibles taux de sédimentation, souvent liés à des épisodes transgressifs, et par une
forte altération chimique continentale (climat tropical). Il semble également qu'une
corrélation existe entre une faible concentration d'oxygène dans l'atmosphère et les
époques de formation des gisements ferrifères. Cette relation est vérifiée pour le
Précambrien, l'Ordovicien, le Dévonien, le Jurassique. Ce phénomène est la
conséquence d'un apport accru de Fe++ à l'océan par des eaux moins oxygénées.

VIII.2. GEOCHIMIE ET PETROGRAPHIE

On considère actuellement que la principale source de fer pour le bassin océanique est
l'altération continentale des roches basiques et des sols latéritiques, mais aussi les
apports volcaniques sous-marins et hydrothermaux.

Dans les conditions Eh et pH de la majorité des eaux de surface, le fer est à l'état Fe+++,
largement insoluble. Sa concentration en solution est dès lors très faible, de l'ordre de 1
ppm pour l'eau de rivière et de l'ordre de 0,003 ppm pour l'eau de mer.

Trois mécanismes de transport du fer sont alors envisageables:

1. sous la forme de films d'oxyde sur des particules détritiques;


2. en liaison avec la matière organique;
3. sous la forme de suspensions colloïdales d'hydroxydes qui précipitent par
floculations lors du mélange des eaux fluviales et marines.

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Une fois déposé, le fer peut être remis en solution dans le sédiment si les conditions Eh-
pH sont appropriées et être ensuite reprécipité sous la forme de minéraux ferrifères.
Rappelons qu'un des principaux facteurs affectant l'Eh des eaux est la teneur en matière
organique: sa décomposition bactérienne consomme de l'oxygène et génère des
conditions réductrices.

D'après les diagrammes Eh-pH, l'hématite est la forme stable dans des conditions
modérément à fortement oxydantes, c.-à-d. dans un sédiment pauvre en matière
organique. Pour les minéraux comprenant du fer ferreux, les champs de stabilité sont
fortement dépendants de la pCO2 et de la pS2- de la solution. Dans les sédiments marins,
le soufre est généralement disponible par la réduction bactérienne des sulfates et c'est la
pyrite ou la marcassite qui se forment; les carbonates de fer sont rares.

4 FeOOH + 4 SO4= + 9 CH2O = 9 HCO3- + H+ + 6 H2O + 4 FeS (marcassite)

FeS + H2S = H2 + FeS2 (pyrite)

Par contre, en environnement météorique (eaux douces), les carbonates de fer sont plus
fréquents. En milieu marin, si tout le soufre est consommé, de la sidérite peut aussi se
former. Un bon exemple est la cristallisation de sidérite dans certains marais intertidaux
actuels. Le développement des silicates de fer (glauconite,...) est encore sujet à
hypothèses. Ajoutons enfin que beaucoup de ces réactions d'oxydation et de réduction
sont catalysées par la présence de populations microbiennes.

D'un point de vue pétrographique, les sédiments ferrifères sont constitués de :

- l'hématite (rouge vif en réflexion) se présente surtout en ooïdes et imprégnations


secondaires de fossiles, sauf dans les BIF's où elle peut former des lamines ou des
niveaux massifs.
- La goethite (couleur jaune brunâtre) forme en général des ooïdes.
- La limonite, un mélange de goethite, d'argiles et d'eau, est un produit de l'altération
subaérienne des oxydes de fer.
- La sidérite remplace généralement des ooïdes et des bioclastes et peut former des
ciments. On observe soit des cristaux de grande taille à clivage rhomboédrique
(comme la calcite), soit des micro-rhomboèdres de taille micronique, soit encore des
fibres regroupées en sphérulites.
- La pyrite est facilement reconnaissable par ses cristaux cubiques et sa couleur

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jaune vif en réflexion; elle peut former des agrégats de microcristaux appelés
"framboïdes".
- La marcassite n'est fréquente qu'en nodules dans les craies et les charbons.
- Les silicates de fer les plus importants sont la berthierine-chamosite, la greenalite
et la glauconite.

La berthierine est un phyllosilicate du groupe des serpentines (espacement réticulaire


de 7 Å), riche en fer, tandis que la chamosite est une chlorite (espacement réticulaire de
14 Å), avec Fe++ comme cation principal dans les sites octaédriques.

La berthierine est un minéral primaire qui se transforme en chamosite à partir de 120-


160°C. Donc, si les sédiments ferrifères les moins anciens contiennent souvent de la
berthierine, à partir du Paléozoïque, on ne trouve plus que la chamosite.

Berthierine et chamosite (toutes deux vertes et à faible biréfringence) forment souvent


des ooïdes dans les sédiments ferrifères phanérozoïques. Contrairement aux ooïdes
aragonitiques, ces corpuscules paraissent être demeurés mous au cours de la diagenèse
précoce. On observe en fait fréquemment des ooïdes fortement déformés, voire des
fragments d'ooïdes déformés formant le nucleus d'autres ooïdes.

Les conditions de formation de ces ooïdes sont mal connues, mais on pense que la
berthierine précipite directement dans le sédiment en milieu anoxique pauvre en soufre.

La greenalite est un minéral probablement très proche de la berthierine-chamosite, verte


et isotrope. On la trouve généralement en péloïdes, mais on ne sait pas s'il s'agit d'un
minéral primaire.

La glauconite est un aluminosilicate de fer et potassium avec un rapport Fe+++/Fe++


élevé. Certaines glauconites (dites ordonnées) sont des phyllosilicates de type illites,
mais la plupart forment des interstratifiés avec la smectite. La glauconite est
généralement observée sous la forme de péloïdes, de couleur verte, souvent
pléochroïque et d'aspect microcristallin. La glauconite est fréquente dans les sables et
grès et elle se forme actuellement sur beaucoup de plate-formes continentales, à des
profondeurs de quelques dizaines à quelques centaines de mètres, dans des zones à
sédimentation ralentie (au point de vue séquentiel, elle souligne souvent les " surfaces
d'inondation maximales "). Comme pour les autres silicates de fer, il s'agirait d'un milieu

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anoxique pauvre en soufre.

"Calcarénite" à grains de glauconie (Cénomanien, Bettrechies). A: lumière naturelle; B: nicols croisés:


remarquer l'aspect polycristallin des grains.

VIII.3. FORMATIONS FERRIFERES PRECAMBRIENNES

Ces formations, de grande importance économique, se retrouvent sur les boucliers


anciens de la plupart des continents. D'après des études effectuées au Canada, deux
types de gisements peuvent être distingués:

1. un type lenticulaire, d'extension géographique relativement faible et associé à des


roches volcaniques et à des graywackes, d'âge 2500 à 3000 Ma (Archéen);
2. un type de grande extension régionale, déposé en contexte de plate-forme stable,
d'âge 1900 à 2500 Ma (Précambrien).

Sur la base des minéraux ferrifères présents, il est possible de distinguer quatre faciès:
(1) oxydé (hématite-magnétite), (2) silicaté (greenalite), (3) carbonaté (sidérite) et (4)
sulfuré (pyrite).

Les minéraux primaires seraient respectivement un composé amorphe de type Fe(OH)3,


la berthierine, la sidérite et la pyrite en fonction des conditions géochimiques. On peut
d'ailleurs observer, suivant l'augmentation de la paléobathymétrie, une zonation oxyde et
silicate-carbonate-sulfure.

Un des faciès les plus spectaculaires consiste en laminations millimétriques à


centimétriques d'hématite alternant avec du chert. Certaines de ces laminations ont une
extension de 30.000 km2.

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Hématite et chert dans un BIF. Belo Horizonte, Brésil.

Le gros problème de ces BIF's concerne le transport et l'origine du fer. On suppose que
l'atmosphère précambrienne était pauvre en oxygène et plus riche en dioxyde de
carbone. La plus grande richesse en CO2 aurait diminué le pH des eaux de surface, avec
comme conséquence une altération continentale plus efficace.

Le dépôt des lamines ferrifères pourrait être la conséquence d'upwellings, amenant


des eaux anoxiques riches en fer sur la plate-forme plus oxygénée, de précipitation
microbienne ou encore, de phénomènes saisonniers de mélange d'eaux (turnover) dans
un océan ordinairement stratifié. Les lamines de chert pourraient quant à elles résulter de
proliférations périodiques d'organismes siliceux (blooms).

VIII.4. FORMATIONS FERRIFERES PHANEROZOÏQUES

Les plus importantes de ces formations sont les oolithes ferrifères, constituées
d'hématite-chamosite dans le Paléozoïque et de goethite-berthierine dans le Mésozoïque.

On en recense deux épisodes majeurs, durant l'Ordovicien et le Jurassique. Il s'agit de


périodes caractérisées toutes deux par un haut niveau marin, de larges zones
pénéplanées et un climat chaud et humide, responsable d'une importante altération
chimique continentale.

Accessoirement, dans les formations ferrifères phanérozoïques, il faut encore citer les
argilites et les shales riches en sidérite, correspondant vraisemblablement à des
environnements lagunaires, estuariens, voire deltaïques. La sidérite peut s'y manifester
en cristaux dispersés, en nodules ou en bancs plus ou moins continus.

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Ooides hématitiques, Formation de Presles, Frasnien, Tailfer.

VIII.5. FORMATIONS FERRIFERES ACTUELLES

FER DES MARAIS

Les seuls dépôts ferrifères de quelqu'importance (avec les nodules océaniques) à se


développer de nos jours sont donc les "bog iron ores". Ces sédiments s'observent dans
les lacs et marais des latitudes moyennes à élevées, comme l'Amérique du Nord,
l'Europe et l'Asie.

La nature du minerai est assez variable, variant depuis des ooïdes et des pisoïdes
jusqu'à une forme terreuse. Le minéral prédominant semble être la goethite, suivie par la
sidérite. Contrairement à la plupart des autres formations ferrifères, le contenu en
manganèse est assez élevé, atteignant fréquemment 40%.

Le fer des marais se forme lorsque des aquifères acides se déversent dans des lacs et
marais relativement mieux oxygénés. L'augmentation de Eh et pH qui en résulte est
responsable de la précipitation du fer ferreux en solution, sous la forme d'hydroxydes de
fer.

A: précipitation d'hydroxydes de fer à l'intervention de bactéries (filaments) dans un marécage


(Islande); B: nodule polymétallique.

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NODULES POLYMETALLIQUES

Les nodules polymétalliques, appelés aussi "nodules de manganèse" s'observent dans


différents types d'environnements océaniques profonds, situés souvent à quelques
centaines de m sous la CCD et caractérisés par une vitesse de sédimentation très
faible. Il s'agit de concrétions de 1 à 10 cm de diamètre, constituées d'oxydes de Fe et
Mn, accompagnés de Ni, Cu et Co (ces nodules constituent d'importantes réserves de
ces métaux). On constate aussi la présence d'argile et de tests d'organismes
planctoniques. Le nucleus des concrétions est habituellement un fragment d'origine
organique (dent de poisson, etc.).

Beaucoup de nodules ont leur partie supérieure (au contact des eaux océaniques)
enrichie en Fe et Co et leur partie inférieure (au contact du sédiment), riche en Fe et Mn ;
ceci suggère des échanges chimiques entre les nodules et leur environnement. De plus,
la composition des nodules est variable selon leur localisation (les nodules Pacifiques
sont plus riches en Mn, Co et Cu, au contraire des nodules Atlantiques (riches en Fe).

La vitesse de croissance des nodules polymétalliques est extraordinairement lente, de


l'ordre de quelques mm par million d'années! C'est beaucoup plus lent que la vitesse de
sédimentation des sédiments océaniques sur lesquels on les observe et cela pose
évidemment le problème de leur présence en surface.

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer ce paradoxe:

- dissolution-reprécipitation à l'interface eau-sédiment;


- érosion des sédiments par des courants de fond;
- migration des nodules vers la surface par l'effet de la bioturbation.

Le mécanisme de formation des nodules lui-même est encore peu connu:

- précipitation sous l'effet de conditions oxydantes (arrivée d'eaux oxygénées);


- activité bactérienne (ce seraient dans ce cas des "oncoïdes Fe-Mn");
- recyclage et remontée en surface de solutions formées dans des zones plus
réductrices du sédiment.

Signalons enfin que beaucoup de nodules montrent des signes de déplacement


(orientation préférentielle, cassures, granoclassement,...).

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densité environ 2

porosité 30-50%

concentration (zones d'intérêt


7 kg/m2
économique)

Mn 29,5% Al 1,12%

Fe 6,34% K 0,8%

Si 4% Ti 0,3%

Na 2,92% Co 0,25%

Mg 2,88% S 0,23%

Ca 1,44% P 0,14%

Ni 1,40% Zn 0,14%

Cu 1,16% Mo 0,06%

Données générales concernant les nodules polymétalliques (d'après Chamley, 1990).

IX. LES SEDIMENTS ORGANIQUES

INTRODUCTION

Même dans les milieux où la production primaire de matière organique est élevée, sa
conservation dans les sédiments et son insertion dans le cycle géologique est
problématique.

L'exemple de l'océan montre que la matière organique produite par le phytoplancton dans
la zone photique est en grande partie recyclée dans la chaîne alimentaire.

- Une partie réduite de cette matière organique tombe à travers la colonne d'eau vers
le fond marin en subissant encore des processus de décomposition et enfin,
- dans le sédiment, une part importante de la matière organique sera détruite par
oxydation dans la tranche bioturbée.

On considère qu'il y a en général un rapport de 1 à 100 entre production primaire et


matière organique arrivant sur le fond marin. La dégradation aérobie de la matière
organique correspond schématiquement à la réaction suivante: C6H12O6 + 6 O2 = 6 CO2 +
6 H2O

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Flux de la matière organique depuis sa production dans la zone photique jusqu'à son
enfouissement dans le sédiment.

C'est en fait la réaction inverse du processus mis en œuvre dans la production primaire
de sucre par la photosynthèse. Dans les sédiments bioturbés, la matière organique est
donc oxydée. Dans les milieux déficitaires en O2, la décomposition de la matière
organique est incomplète et certains composés relativement stables peuvent être
préservés.

Les conditions menant à une diagenèse précoce anaérobie sont:

- une production de matière organique tellement importante que sa dégradation


consomme tout l'oxygène disponible; c'est le cas de certaines zones océaniques à
haute productivité (upwellings,...);
- la présence d'eaux anoxiques au contact du sédiment: c'est le cas de bassins
stratifiés comme la Mer Noire;
- un taux de sédimentation élevé, inhibant la présence d'endofaune;
- une granulométrie fine, limitant les échanges entre le sédiment et les eaux
oxygénées. A titre d'exemple, les grès contiennent en moyenne 0,05% de matière
organique, les calcaires 0,3% et les roches pélitiques 2%.

Les principaux sédiments organiques sont les schistes bitumineux, le pétrole, le gaz, le
charbon, le lignite et son équivalent actuel, la tourbe.

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LES SEDIMENTS ORGANIQUES ACTUELS

Les types principaux en sont l'humus, la tourbe et le sapropel.

L'humus consiste en matière organique fraîche, en voie de dégradation, localisée dans la


partie superficielle des sols. Au cours du temps, la plus grande partie de l'humus est
oxydée et n'est pas conservée dans les formations géologiques. Sa présence est
cependant importante au travers de l'action exercée par les acides humiques sur les
minéraux des sols.

La tourbe est une accumulation de débris végétaux dans des zones marécageuses où
les conditions anaérobies inhibent la dégradation de la matière organique.

Enfin, le terme sapropel se réfère à des sédiments organiques, dérivés du phytoplancton


et déposés dans des bassins lacustres ou marins.

LES SEDIMENTS ORGANIQUES ANCIENS

On les classe en deux groupes principaux: les sédiments organiques formés in-situ
comme la tourbe et l'humus (groupe humique) et les sédiments constitués de matière
organique transportée en suspension et déposée comme les sapropels (groupe
sapropélique).

La plupart des lignites et charbons appartiennent au groupe humique, avec des


contenus en matière inorganique inférieurs à 33% (argile, silt, sable) alors que les
schistes bitumineux et certains charbons ("cannel coals", "boghead", formés
principalement de débris allochtone de plantes et d'algues) font partie du groupe
sapropélique; leur contenu en matière inorganique peut dépasser 33%.

Les sédiments organiques anciens peuvent aussi être secondaires et résulter de la


migration de composés organiques à partir d'une roche-mère vers un sédiment poreux
(pétrole, gaz).

LES CHARBONS

Les charbons sont issus de l'évolution diagénétique de débris végétaux. Ainsi, les
charbons humiques forment une série continue depuis la tourbe jusqu'à l'anthracite,

Pr Pierre MASHALA 70
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en passant par le lignite et le charbon bitumineux.

On appelle "houillification" les processus physico-chimiques et organiques intervenant


au cours de la transformation de la tourbe en charbon, et "rang" un stade déterminé de
cette évolution. Un rang croissant indique une teneur croissante en carbone et
décroissante en H2O, CO2, CH4, N2.

De manière simplifiée, on peut dire que la diagenèse conduit des tourbes aux lignites
(dans lesquelles les débris de plantes sont toujours visibles) jusqu'à environ 1000m
d'enfouissement. Jusqu'à 5000 m de profondeur (soit 100-200°C) se forment ensuite des
charbons de plus en plus bitumineux, dans lesquels un processus de gélification fait
disparaître les cellules végétales au profit de la vitrinite. Enfin, les anthracites
apparaissent dans l'anchizone du métamorphisme.

valeur calorifique
C (%) volatiles (%)
Rang (KJ/g)

<50 >50
tourbe

60 50 15-25
lignite

75 45 25-30
charbon sub-bitumineux

85 35 30-35
charbon bitumineux

87 25 30-35
semi-anthracite

90 10 30-35
anthracite

>90 <5
graphite

Rang et caractéristiques des charbons de la série humique.

On reconnaît l'anthracite à son aspect brillant et à sa cassure conchoïdale. Il faut noter


que lors de la transformation du charbon bitumineux en anthracite, du méthane est libéré;
c'est le "grisou", si dangereux dans les mines de charbon.

Depuis la fin du Dévonien (prolifération de la végétation sur les continents), du charbon


se forme dans les zones climatiques humides. On distingue deux types d'environnements
de formation de charbon: les milieux paraliques et les milieux limniques.

Pr Pierre MASHALA 71
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A: mine de charbon à ciel ouvert de Graissessac (Montagne Noire, France); les veines de charbon
alternent avec des grès fluviatiles; l'échelle est donnée par le personnage (flèche). B: détail
montrant un tronc préservé dans une des veines. Stéphanien.

Dans les charbons de type paralique, la séquence-type est constituée d'une succession
de sédiments pélitiques à fossiles marins, suivie de pélites, siltites et éventuellement grès
fluviatiles, puis de la veine de charbon qui surmonte un sol caractérisé par des traces de
racines.

Dans le cas des sols développés sur sable, le grès évolue souvent en quartzite très dur
("gangster"); dans celui de sols sur sédiments plus fins, ce sédiment contient des
nodules de sidérite.

Dans beaucoup de séries houillères, on observe des niveaux de cendres volcaniques:


tonsteins riches en kaolinite et bentonites riches en smectites. Ces niveaux, de même
que les niveaux marins à fossiles servent à dater ces séries.

LES SCHISTES BITUMINEUX

Il s'agit de sédiments fins contenant de 4 à 50% de bitume ou de kérogène. On y observe


une fine lamination, faisant alterner lamines organiques et lamines détritiques. L'origine
de la matière organique semble être algaire.

Ces deux observations permettent de supposer que les schistes bitumineux se forment
dans des corps d'eau stratifiés, où des blooms algaires en surface donnent lieu à des
apports massifs et périodiques de matière organique sur le fond anoxique. Ceci peut se
produire aussi bien en environnement lacustre qu'en milieu marin.

LE PETROLE

Le pétrole est un mélange de solides (bitumes), de liquides (huiles) et de gaz. Sa

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formation résulte de l'évolution, au cours de l'enfouissement, de la matière organique


piégée dans des sédiments (roches-mères). Cette matière organique à l'origine du pétrole
est appelée "kérogène". A partir de ce kérogène, des réactions thermocatalytiques
produisent des alkanes et des naphtènes, les principaux constituants du pétrole. Au fur
et à mesure de l'enfouissement et de l'augmentation de température, la production de
pétrole augmente, passe par un maximum ("fenêtre à huile", entre 70 et 100°C) et
diminue ensuite (Fig.). A plus grande profondeur, la production de pétrole décroît au profit
de la production de gaz (craquage naturel du pétrole en hydrocarbures plus légers); il
s'agit d'abord de "gaz humides" puis, au-dessus de 150°C, de "gaz secs". Le résidu de
ce craquage est appelé kérabitume.

La formation d'un gisement de pétrole nécessite aussi un mécanisme de migration. La


plupart des roches-mères sont en effet des sédiments fins dont il n'est pas possible
d'extraire le pétrole.

Formation du pétrole. Les profondeurs sont indicatives et dépendent du gradient géothermique .

Une première migration a lieu sous l'effet de la compaction des sédiments (migration
primaire); ensuite, le pétrole est amené au réservoir par des drains (migration secondaire)
sous l'effet de la gravité (le pétrole est moins dense que l'eau).

La roche jouant le rôle de réservoir peut posséder une microporosité (sable, grès, craie,
dolomie) ou une porosité en grand (calcaire). La géométrie des réservoirs peut résulter de
la tectonique (anticlinaux, failles, diapirs) ou de la sédimentation (discontinuité, onlap,...).

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Enfin, pour que le pétrole demeure dans le réservoir, il faut que celui-ci soit surmonté
d'une barrière imperméable. Les roches-barrières les plus fréquentes sont les argiles et
les évaporites.

X. DEPOTS VOLCANO-SEDIMENTAIRES

X.1. INTRODUCTION

Le terme "volcano-sédimentaire" peut s'appliquer à n'importe quel sédiment renfermant


du matériel volcanique en proportion importante. On réserve plutôt ce terme aux dépôts
élaborés par des processus où le volcanisme est dominant. Cela implique la
contemporanéité de la sédimentation et du phénomène volcanique. Le terme
"pyroclastique" s'applique aux roches résultant de l'accumulation de débris volcaniques
provenant de l'expulsion de matériaux volcaniques.

Ces sédiments sont essentiels pour comprendre la dynamique des orogènes; de plus,
beaucoup de dépôts volcano-sédimentaires sont associés à des minéralisations
d'importance économique et enfin, il n'est pas nécessaire d'insister sur l'importance des
manifestations volcaniques sur l'activité humaine. Malgré cela, ces sédiments ont été
peu étudiés, probablement par suite de leur identification malaisée et de leur sensibilité à
l'altération, mais aussi du fait de leur caractère mixte, impliquant à la fois des processus
sédimentaires et magmatiques (les spécialistes des deux disciplines se renvoyant la
balle et hésitant à s'aventurer dans des matières qu'ils maîtrisent plus difficilement).

La particularité des dépôts volcanosédimentaires c’est qu'ils échappent à la distribution


zonale ou bathymétrique de beaucoup de sédiments : ils peuvent donc être associés à
n'importe quel type de faciès: glaciaire, éolien, bathyal, littoral, etc. En outre, leur vitesse
d'accumulation est très rapide : entre 103 et 106 fois plus que la sédimentation normale,
d'où une oblitération des caractères du milieu ambiant.

Les différents matériaux impliqués dans une manifestation volcanique comprennent les
fractions solides (cendres, lapilli, bombes), les solutions hydrothermales (enrichies
en Si02, Mn, Fe, Al, Cu, As, P, Pb, Zn,...) et les émanations gazeuses (H2O, CO, CO2,
NH3, H2S, HCl, SO3,...). Il faut aussi insister sur le fait que les matériaux éjectés durant
les processus volcaniques ont un caractère réducteur. Par conséquent, tous les
éléments susceptibles d'être réduits vont l'être (Fe++, Mn++,...). De plus, si H2S est

Pr Pierre MASHALA 74
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présent, les éléments lourds vont migrer sous forme de sulfures (ce qui est tout à fait
différent des processus de l'altération superficielle).

Notons qu'au cours d'une éruption volcanique subaérienne, seuls les produits solides
sont incorporés dans la sédimentation environnante, tandis que les solutions
hydrothermales sont diluées par les eaux météoriques et que les émanations gazeuses
sont dispersées dans l'atmosphère, alors que dans le cas des éruptions sous-marines ou
sous-lacustres, c'est la totalité de l'apport magmatique qui sera impliqué dans la
sédimentation.

Passons rapidement en revue les différents types de dépôts volcano-sédimentaires en


insistant sur leur genèse.

A: dépôts volcanosédimentaires déformés par la chute d'une bombe volcanique (Laacherzee); B:


dépôts volcanosédimentaires décalés par un jeu de failles et recoupés par un dyke (Causse du
Larzac).

X.2. ROCHES PYROCLASTIQUES

Ces roches sont le résultat de la lithification des tephra. Le terme "tephra" est synonyme
de dépôt volcanoclastique, c'est-à-dire d'accumulation de matériaux éjectés par une
éruption. Comme pour les roches détritiques, une classification granulométrique est
utilisée. Elle ne tient pas compte de la composition des tephra.

Taille des Equivalent Roche


Tephra
constituants détritique pyroclastique
>62 mm galets, blocs blocs (anguleux) brèche volcanique
bombes
1 agglomérat
(arrondies )
2-62 mm graviers, granules lapilli tuf à lapilli
62 µm-2 mm sable cendre grossière tuf grossier
62 µm-4 µm lutite Cendre fine Tuf fin ou cinérite
1
Classification granulométrique des roches pyroclastiques. Les blocs anguleux sont des fragments

Pr Pierre MASHALA 75
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de lave refroidie avant leur éjection; les bombes sont des paquets de lave qui se figent durant leur
projection.

D'autres classifications sont basées sur des critères pétrographiques, c'est le cas par
exemple de la classification de Friedman et al. (1992) qui utilise un diagramme
triangulaire Ce diagramme permet de subdiviser les tufs en fonction de la proportion
relative de trois constituants : les débris lithiques, les cristaux (surtout des feldspaths
et du quartz, euhédraux et zonés) et les fragments de verre volcanique.

Les tufs à fragments de verre volcanique sont issus de la désagrégation de laves, les
tufs cristallins se forment quand une partie du magma a commencé à cristalliser avant
l'éruption et les tufs lithiques sont constitués de fragments de roche volcanique ou de
l'encaissant remaniés au cours de l'éruption.

Les deux classifications citées ci-dessus sont souvent combinées pour donner des noms
du type "tuf lithique à lapilli", "tuf cristallin grossier", etc.

Classification des roches pyroclastiques.

En ce qui concerne la genèse des différents types de roches pyroclastiques, on a :

Les retombées pyroclastiques (" pyroclastic air-fall deposits ") qui se forment à
proximité des volcans et présentent un granoclassement latéral (les éléments les plus
grossiers se situant le plus près des centres d'émission) et une épaisseur variable,
fonction de la distance au volcan. L'extension des dépôts pyroclastiques est largement
dépendante du volume des ejecta et des caractéristiques des vents dominants. Chaque
retombée peut être grossièrement granoclassée, avec les dépôts les plus fins au
sommet. Les tephra peuvent être plus ou moins soudés entre eux, en fonction de leur

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température au moment de leur dépôt.

Les ignimbrites sont produites par des nuées ardentes. Celles-ci sont des nuages d'un
mélange de tephra chauds (fragments de verre, cristaux et débris lithiques) et de gaz, se
propageant sous l'effet de la gravité à des vitesses atteignant 200 km/h. D'un point de
vue textural, les ignimbrites montrent une grande variété de granulométrie, les éléments
les plus grossiers étant généralement concentrés vers le haut (granuloclassement
inverse). Une des caractéristiques importantes des ignimbrites est la présence de grains
soudés par la chaleur dans leur partie la plus interne et le caractère plan de la surface
supérieure des dépôts: contrairement aux retombées pyroclastiques, les ignimbrites ne
nappent pas le relief préexistant mais s'écoulent dans les dépressions, à la manière des
fluides.

Les dépôts de "pyroclastic surge" sont également des écoulements de matériaux


pyroclastiques, mais à la différence des ignimbrites, ils sont plus fins et montrent des
laminations planes, en auge, des antidunes, etc. Ils possèdent un granoclassement
modéré à faible, avec une décroissance granulométrique rapide lorsqu'on s'éloigne de la
source. Ils se forment lors du collapse d'un panache volcanique saturé en vapeur d'eau
(en fait, ce phénomène a été mis en évidence lors des premières explosions nucléaires)
ou lorsqu'un magma entre en contact avec de l'eau. Les pyroclastic surges ont tendance
à napper les reliefs, mais montrent quand même une épaisseur plus importante dans les
dépressions.

Les lahars sont des mudflows constitués d'une majorité de matériel volcanique. Ils se
forment lorsque des dépôts pyroclastiques non consolidés sont mis en mouvement sur
le flanc d'un volcan suite à de fortes pluies ou lors d'une éruption sous-glaciaire. Les
lahars peuvent être distingués facilement des pyroclastic surges par l'absence de
stratifications et par la présence de matériaux divers comme des troncs d'arbre,
branches, etc.

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Géométrie de différents types de dépôts volcano-sédimentaires par rapport au relief préexistant.

X.3. AUTRES DEPOTS VOLCANO-SEDIMENTAIRES

D'autres types de roches sédimentaires sont liés à une activité magmatique autre qu'une
éruption volcanique. Citons les brèches autoclastiques qui sont dues au
refroidissement et à la bréchification de la partie supérieure d'une coulée de lave en
mouvement et les hyaloclastites qui résultent de la fragmentation d'un verre volcanique
par contact avec l'eau. Beaucoup de pillow-lava sont associées à des hyaloclastites.

Au sujet des émanations gazeuses et des solutions hydrothermales qui se propagent


dans la mer ou dans les lacs lors des éruptions sous-aquatiques, il faut noter que la
silice, les différents composés de Fe, Mn, Al ou les éléments mineurs comme As, Ba,...
précipitent de façon purement chimique et non biochimique comme dans la
sédimentogenèse "normale" pour former une partie du sédiment.

Des changements dans le milieu physico-chimique de secteurs où se manifestent des


éruptions sous-aquatiques peuvent provoquer une précipitation chimique temporaire et
des phénomènes locaux particuliers tels que:

 l’injection de beaucoup de CO2 et parfois du HCl, HF et SO3 dans le milieu de


sédimentation dont ils abaissent le pH et retarde la précipitation carbonatée;
 l’acquisition d’un caractère réducteur de grandes masses d'eau quand des solutions
hydrothermales dépourvues d'oxygène sont injectées dans l'océan, provoquant ainsi
la précipitation de carbonates et de silicates de Fe et Mn ;
 la réalisation des conditions favorables à la précipitation des sulfures de Fe, Pb, Zn

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à partir des eaux marines lorsque de grandes quantités de H2S sont émises.

Ainsi, les émanations volcaniques provoquent l'apparition locale de minéraux qui, dans
les conditions normales de la sédimentogenèse, ne se formeraient que durant la
diagenèse ou dans des environnements très riches en matière organique.

X.4. DIAGENESE DES MATERIAUX VOLCANO-SEDIMENTAIRES

Les verres volcaniques sont métastables: dans la plupart des cas, ils ne sont pas
observés dans des roches plus anciennes que le Tertiaire. De ce fait, les dépôts
volcano-sédimentaires anciens sont souvent difficiles à mettre en évidence.

Les produits de l'altération des verres volcaniques sont les argiles, les zéolites et la
palagonite (altération sous-marine des basaltes).

Les argiles issues de la diagenèse des verres volcaniques sont la montmorillonite, la


saponite et la kaolinite. Les bentonites sont des lits riches en smectites issus de
l'altération de cendres volcaniques. L'équivalent riche en kaolinite est appelé tonstein.
Outre la nature minéralogique des argiles, la présence de (pseudomorphes de)
fragments de verre et de cristaux euhédraux zonaires de quartz, feldspath ou de
pyroxène peut aider à identifier l'origine volcano-sédimentaire d'un niveau argileux.

La palagonite est un matériau amorphe, translucide, orangé, souvent observé en


bordure des grains d'hyaloclastite. Il s'agit d'une altération du verre volcanique par
hydratation, oxydation du fer, augmentation du K et Fe et perte de Na et Mg. La
palagonite n'est pas un minéral, mais un mélange de montmorillonite et de phillipsite
(zéolite). Enfin, beaucoup d'hyaloclastites sont cimentées par de la calcite.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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 I. Cojan & M. Renard, 1999. Sédimentologie. Dunod, 418 pp.
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sedimentary rocks and stratigraphy). Freeman & Co, 422 pp.
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Blackwell, 688 pp.
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 J. Beauchamp, 2004. Cours de sédimentologie


 F. Boulvain, 2007. Cours d’Eléments de Sédimentologie et de Pétrologie
sédimentaire ; www.ulg.ac.be

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