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ARTICLE IN PRESS
Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique xxx (xxxx) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Mise au point

Les séquelles des fractures du coude de l’enfant夽


Sequelae of childhood elbow fracture
Sébastien Raux a,∗ , Anya Madelaine b
a
Département de chirurgie infantile, HFME Lyon, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France
b
Plateau d’Ouilly, hôpital Nord-Ouest-Villefranche sur Saône, 69400 Gleizé, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Introduction. – Les fractures du coude sont fréquentes chez l’enfant. Leurs séquelles potentielles sont nom-
Reçu le 27 octobre 2021 breuses, comprenant des atteintes vasculonerveuses ainsi que des atteintes ligamentaires et osseuses.
Accepté le 30 juin 2022 Nombre d’entre elles peuvent passer inaperçues, en raison du jeune âge de l’enfant et du caractère car-
tilagineux de l’articulation. Parmi les complications de ces fractures, quelles sont celles susceptibles de
Mots clés : défaut de diagnostic et quelles séquelles peut-on rencontrer à la suite de ce retard ? Quelle est leur épi-
Coude démiologie ? Peut-on attendre un remodelage osseux dans les fractures du coude de l’enfant ? Quand
Enfant
et comment corriger une déformation résiduelle ? Quelles sont les principales causes d’une raideur du
Raideur
Instabilité
coude dans ce contexte ? Existe-t-il un risque de pseudarthrose, d’instabilité résiduelle dans les fractures
Pseudarthrose du coude de l’enfant et quelle attitude adopter ?
Matériel et méthodes. – Nous avons revu de nombreux articles de la littérature internationale des 30
dernières années afin de tenter de répondre à ces questions, en soulignant les séries aux résultats les plus
significatifs.
Résultats. – Le remodelage osseux est faible sur le coude. Parmi les déformations, le cubitus varus et
le cubitus valgus sont des séquelles sources de multiples complications notamment neurologiques, et
doivent donc être pris en charge. La raideur du coude est rare après quelques semaines mais lorsqu’elle
persiste, il est important d’en déterminer la cause. La pseudarthrose du condyle latéral après fracture
est une complication classique, devant faire l’objet d’une prise en charge chirurgicale. L’équivalent au
niveau de l’épicondyle médial est bien toléré. L’instabilité rotatoire postérolatérale tardive reste une
complication méconnue. La luxation de la tête radiale contemporaine de la fracture de l’ulna n’est pas
identifiée à la phase aigue pour près de 30% des cas.
Discussion. – Vis-à-vis du faible remodelage, la correction des déplacements fracturaires, notamment des
fractures supra condyliennes ou du condyle latéral, doit être rigoureuse surtout lorsque l’enfant est avancé
en âge. Les bascules latérales des fractures du col de tête radiale se remodèlent bien. Les déformations
résiduelles doivent être prises en charge précocement, par une technique chirurgicale adaptée, réalisée
par des mains expertes. Vis-à-vis du risque de raideur, la kinésithérapie post-traumatique précoce et
intensive n’est pas adaptée à l’enfant. Elle peut aggraver la raideur par inflammation. Déterminer la
cause de la raideur (intra ou extra articulaire ?) permet de la traiter efficacement. En cas d’obstacle,
une fois levé, le traitement est graduel en allant crescendo : traitement orthopédique, puis mobilisation
sous anesthésie, et enfin libération chirurgicale. Le vissage percutané simple d’une pseudarthrose de
condyle latéral est une option thérapeutique intéressante. La pseudarthrose de l’épicondyle médial est
bien tolérée et une surveillance simple est désormais acceptable. Il faut penser à l’instabilité rotatoire
postérolatérale tardive devant un cubitus varus longtemps asymptomatique, devenant douloureux. Une
subluxation radio capitellaire est retrouvée à la radiographie. La luxation de la tête radiale persistante
après traitement initial (Monteggia) répond bien à la technique de Bouyala (ostéotomie de flexion ulnaire)
en association avec une réparation du ligament annulaire, mais sans nécessité de ligamentoplastie.
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais celle de la version anglaise correspondante publiée dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery &
Research 109/1S (February 2023).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : sebastien.raux@chu-lyon.fr (S. Raux).

https://doi.org/10.1016/j.rcot.2022.07.003
1877-0517/© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

RCOT-3430; No. of Pages 11


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S. Raux, A. Madelaine Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique xxx (xxxx) xxx–xxx

1. Introduction

Les fractures du coude de l’enfant sont parmi les plus fréquentes


en traumatologie pédiatrique ; elles représentent environ 8 % des
fractures de l’enfant [1], survenant surtout de 5 à 9 ans [2]. Elles
sont souvent synonymes de prise en charge chirurgicale.
La fréquence de survenue des fractures du coude [3] est répartie
comme suit : 44 % de fractures supracondyliennes ; 22 % de fractures
du condyle latéral ; 10 % de l’olécrâne ; 7 % de l’épicondyle médial ;
5 % de la tête radiale ; 5 % de lésions de Monteggia. Ces fractures ne
sont pas de diagnostic radiographique facile, surtout chez un enfant
jeune pour lequel la maquette cartilagineuse du coude est encore
importante (Fig. 1).
Des séquelles peuvent survenir à la suite de ces lésions, altérant
la fonction des patients, et menaçant leur vie future. Nous tenterons
de préciser l’épidémiologie de ces séquelles et l’influence du défaut
de diagnostic initial dans leur genèse.
La faible croissance osseuse de la région du coude compara-
tivement à d’autres régions limite les possibilités de correction
spontanée des défauts résiduels après traitement. Nous étudie-
rons ses effets sur l’évolution de ces séquelles ainsi que les moyens
d’identifier et de traiter celles qui ne répondront pas à une simple
surveillance.

2. Fractures du coude de l’enfant : potentiels défauts de


diagnostic ou de traitement et séquelles consécutives ?

Les séquelles classiques des fractures du coude de l’enfant sont :


Fig. 1. Radiographie de face du coude à l’âge de 8 ans. Le trait bleu symbolise la
• présence de cartilage en cours d’ossification.
les déformations et anomalies morphologiques ;
• la raideur ;
• les déficits neurologiques ;
• la douleur, souvent associée à une pseudarthrose ou une nécrose
épiphysaire ;
• les atteintes vasculaires ;
• l’instabilité résiduelle et la luxation de tête radiale.

2.1. Les déformations et anomalies morphologiques

Le cubitus varus et le cubitus valgus sont des séquelles bien


connues des fractures supracondyliennes imparfaitement réduites
[4]. Le cubitus valgus peut concerner également les suites d’une
fracture du condyle latéral [5]. Une déformation de moins de 10◦
peut passer inaperçue. Une anomalie morphologique peut éga-
lement compliquer une fracture du condyle latéral en rapport
avec l’apparition progressive d’un « mégacondyle » (par stimu-
lation de croissance liée à une réduction imparfaite), ou d’un
humérus « en fourche », par épiphysiodèse centrale post trau-
matique [5]. L’hypertrophie de la tête radiale (Fig. 2) complique Fig. 2. Radiographie du coude de profil. Hypertrophie de la tête radiale. Coll. F.
souvent les fractures du col radial [6], et peut engendrer une rai- Chotel.
deur.
2.3. Les atteintes neurologiques
2.2. Les raideurs
Elles sont souvent peu symptomatiques et transitoires ou
La raideur du coude de cause traumatique est rare après méconnues chez le petit enfant. C’est le cas principalement de
quelques semaines « d’automobilisation ». La kinésithérapie post- l’atteinte du nerf moteur interosseux (branche du nerf médian)
traumatique précoce et intensive n’est pas adaptée à l’enfant. Elle secondaire au déplacement antérieur du fragment huméral proxi-
peut aggraver la raideur par réaction inflammatoire. Cependant, mal d’une fracture supracondylienne. Son pronostic est bon. Ho
lorsqu’elle persiste, il est nécessaire de déterminer la cause de et al. [7] ont montré qu’une atteinte importante des parties molles à
cette raideur (intra- ou extra-articulaire ?) et de la traiter. En la phase initiale (œdème, hématome, induration, plissements cuta-
cas d’obstacle, celui-ci sera « levé ». Le traitement d’une raideur nés) représentait un risque significativement supérieur d’atteinte
ancienne sera graduel en allant crescendo : traitement orthopé- neurovasculaire associée. Les déformations en cubitus varus ou
dique par rééducation, puis mobilisation sous anesthésie et enfin valgus sont à risque de lésions neurologiques progressives. Les
libération chirurgicale. déficits neurologiques immédiats [8] nécessitent une surveillance

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Fig. 4. Radiographie du coude de face. Fracture de l’épicondyle médial avec rupture


de la ligne de Shenton.
Fig. 3. Radiographie du coude de face. Fracture du condyle latéral.

clinique régulière accompagnée habituellement de la réalisation


d’une surveillance électromyographique qui objective ou non la
récupération neurologique.

2.4. Douleurs et pseudarthroses ou nécrose épiphysaire

Elles surviennent après défaut de diagnostic initial d’une frac-


ture épiphysaire, en cas de déplacement secondaire progressif
ou après une chirurgie trop extensive. Les causes les plus fré-
quentes de pseudarthrose ou de nécrose sont les suivantes :
À la phase aiguë, une fracture du condyle latéral est parfois dif-
ficile à identifier sur des incidences radiographiques et ne peut,
souvent, n’être évoquée que par un minime liseré osseux très
proche du noyau d’ossification (Fig. 3) : l’hémarthrose, ainsi que
l’œdème des tissus péri-articulaires, doivent inciter à rechercher
cette lésion. Song et al. [9] ont montré l’intérêt de la radiographie
en incidence oblique médiale du coude, sur laquelle la rupture du
pont articulaire huméral central est plus facilement identifiable. Fig. 5. Radiographie du coude de profil. Fracture du col de la tête radiale de type
Jeffery 2.
Non identifiée ou traitée orthopédiquement sans surveillance, cette
fracture peut conduire à une pseudarthrose en raison de la trac-
tion exercée par les insertions musculaires épicondyliennes. A avec l’ulna proximal sur une radiographie de profil (Fig. 5). Son
l’issue de cette évolution occulte, un déplacement secondaire est risque principal est la nécrose de la tête radiale, dont l’apparition
constaté, ce qui devra conduire à un traitement chirurgical. peut également faire suite aux manœuvres de réduction.
La fracture de l’épicondyle médial doit être repérée par la
rupture de la ligne de la colonne humérale médiale (ligne de Shen- 2.5. Le syndrome de loges
ton – Fig. 4) associée à un hématome sous-cutané épicondylien.
Le déplacement, initial ou survenant au cours d’un traitement Cette complication non identifiée à la phase aiguë peut avoir
orthopédique, source potentielle de pseudarthrose, est difficile- une évolution grave avec séquelles : nécrose musculaire et alté-
ment identifiable sur des incidences classiques de face et de profil : ration grave de la fonction du membre. C’est surtout la douleur
Souder et al. [10] ont proposé l’utilisation d’une vue radiographique s’aggravant dans les heures suivant le traumatisme ou la chirur-
axiale distale de l’humérus afin de quantifier précisément le dépla- gie, malgré l’escalade thérapeutique antalgique, qui doit alerter.
cement. Elle s’associe à une perte de mobilité et à une hypoesthésie des
Une fracture de type Jeffery (fracture luxation de la tête radiale doigts qui doivent attirer l’attention. La fracture supracondylienne
avec déplacement postérieur de la tête et rotation de celle-ci à 180◦ ) à grand déplacement postérolatéral en est majoritairement respon-
doit être reconnue par la superposition anormale de la tête radiale sable [11]. Les lésions artérielles initiales favorisent sa survenue.

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Fig. 6. Arbre décisionnel de prise en charge d’un défaut vasculaire.

Celles-ci seraient présentes dans 17 % des cas des fractures supra- pour toute fracture isolée de l’ulna, par la construction de Storen :
condyliennes pour Usman, Jamil et Hashmi [12]. Une absence de la ligne médio-diaphysaire du radius doit couper le centre du capi-
pouls radial serait constatée chez 62 % de ces patients, alors que tellum huméral, quelle que soit l’incidence radiologique. Un signe
le membre serait chaud et normalement coloré d’où une difficulté indirect est « l’ulna bow sign » : normalement, de profil, l’ulna est
à identifier une lésion vasculaire. La conduite à tenir dans cette strictement rectiligne [16]. Il faut alors suspecter une luxation de la
situation reste controversée. Les facteurs de bonne tolérance chez tête dès qu’on identifie une courbure ulnaire. On peut aussi utiliser
l’enfant (Fig. 6) encouragent une surveillance « armée ». En cas la « ligne P » [17] droite qui joint deux points situés pour l’un au
d’évolution défavorable avec signes ischémiques (aigus ou subai- milieu du col de la tête et pour l’autre au milieu de la métaphyse
gus), un avis spécialisé de chirurgie vasculaire et une exploration radiale distale (Fig. 7). Pour un coude normal, cette droite coupe le
chirurgicale sont indiqués. tiers médian du capitellum de face et de profil avec une plus grande
Il faut souligner, cependant, que Roberts et al. [13] ont mon- fréquence qu’avec la ligne de Storen.
tré l’absence d’augmentation du risque de syndrome des loges
lors du traitement des fractures supracondyliennes classées II A 3. Quelle est l’épidémiologie connue des séquelles de
de Gartland (déplacement postérieur du fragment distal huméral fractures du coude de l’enfant ?
sans rotation, avec conservation d’une charnière périostée posté-
rieure) par une technique de Blount. Celle-ci reste donc valable, à La littérature distingue à propos de l’épidémiologie des
condition qu’il n’y ait initialement aucun doute quant à une atteinte séquelles des fractures du coude de l’enfant :
vasculaire.
3.1. Les déformations résiduelles dues à un cal vicieux

2.6. L’instabilité résiduelle et la luxation de la tête radiale L’incidence de la déformation en cubitus varus (Fig. 8a et b) après
fracture supracondylienne varie selon les études et la technique de
L’instabilité résiduelle de coude a été signalée par certains réduction de la fracture employée, de 4 % pour Yaokreh et al. [18]
auteurs [14,15], mais elle est probablement sous-évaluée. à 10 % pour Hyatt [4]. De la même manière, 6 % à 30 % des fractures
Les traumatiques qui sont à l’origine sont principalement les de condyle latéral peuvent en être à l’origine [19]. La déformation
fractures de l’épicondyle médial, les luxations de coude, le cubitus en cubitus valgus concerne 7 à 8 % des fractures supracondyliennes
varus et la lésion de Monteggia (voir plus loin). L’instabilité postéro- [20], et 4 à 8 % des fractures de condyle latéral [19]. Les déviations
latérale tardive, due au cubitus varus, se manifeste par l’apparition à la suite de fractures du col de la tête radiale sont fréquentes : 48 %
d’une sensation douloureuse de faiblesse du coude quelques années des cas dans la série de Vocke et Von Laer [21].
après le traumatisme et justifie, parfois, une réparation ligamen-
taire après avoir confirmé l’hyperlaxité en varus de l’articulation 3.2. Les anomalies morphologiques osseuses secondaires en
lors de l’examen clinique ± renforcée par une analyse radiogra- dehors des cals vicieux
phique de face du coude lors de la même manœuvre.
La luxation de la tête radiale survient lors d’une fracture de l’ulna Elles sont nombreuses ; 30 % des fractures de condyle laté-
réalisant une lésion de Monteggia, celle-ci peut passer inaperçu à ral peuvent donner un « mégacondyle » (Fig. 9) ou un humérus
la phase initiale dans près de 30 % des cas. Elle doit être recherchée en fourche [5]. La saillie de l’épicondyle médial survient dans les

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Fig. 9. Radiographie de face du coude. Mégacondyle.

mêmes proportions après fracture de l’épicondyle médial, tout


comme l’hypertrophie de tête radiale après fracture du col [6]. La
nécrose épiphysaire est rare pour ces 3 types de fracture.

3.3. La pseudarthrose

Elle concerne 13 % des fractures du condyle latéral en traite-


ment orthopédique [22] et plus de 60 % des fractures de l’épicondyle
médial déplacées traitées orthopédiquement à la phase aiguë [23].
Fig. 7. Schéma de face et profil de l’avant-bras représentant la ligne P. La raideur peut compliquer toutes les fractures du coude, elle est
retrouvée pour 3 à 6 % des fractures supracondyliennes et pour 33 à

Fig. 8. a : radiographie de face du coude. Cubitus varus avec augmentation du Bauman ; b : aspect clinique de cubitus varus. Coll. F. Chotel.

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Fig. 10. a : vue peropératoire. Névrome ulnaire avec l’issue d’une broche intra-osseuse (flèche) ; b : aspect après libération-transposition du nerf ulnaire. Coll. A Gazarian.

100 % des fracture du col du radius [24]. Elle ne peut être considérée L’instabilité en valgus du coude liée à une pseudarthrose est une
comme complication qu’après un an d’évolution naturelle après complication rare selon Lattanza et Keese [26].
fracture. La kinésithérapie est contre-indiquée après fracture du
coude, l’évolution étant la plupart du temps favorable. Cette raideur 4. Peut-on attendre un remodelage osseux dans les
consiste, le plus souvent, en un petit déficit d’extension (moins 10◦ ) fractures du coude de l’enfant ?
et/ou de flexion (moins 10 à 20◦ ).
Seulement 20 % de la longueur définitive totale du bras ou de
3.4. Les atteintes neurologiques l’avant-bras viennent des physes du coude, dont une grande partie
au cours des premières années de vie. Un enfant de 6 ans a achevé
Elles concernent 6 à 16 % des suites immédiates de fractures 65 % de la croissance totale de son humérus. Un faible remodelage
supracondyliennes déplacées (type II à IV de Gartland) [11]. La est donc à attendre au niveau du coude. De plus, quel que soit le type
plus fréquente est la paralysie du nerf moteur interosseux du nerf de fracture présenté par l’enfant, le remodelage se produit essen-
médian au coude. Celle-ci est régressive la plupart du temps sans tiellement dans le plan de plus grande mobilité de l’articulation : le
séquelles. Les paralysies du nerf radial, médian et ulnaire sur- plan sagittal pour le coude. Il est possible d’être plus tolérant avec
viennent avec une moindre fréquence, elles sont souvent traitées un cal vicieux présent dans ce plan.
par une simple surveillance, car sont d’amélioration spontanée [11]. Dans les fractures supracondyliennes, pour Gamble et Vohries,
Les atteintes neurologiques peuvent également apparaître à la suite 100 % des enfants de moins de 5 ans bénéficieront d’une correction
d’une déformation séquellaire de type cubitus varus ou valgus, complète d’une antéversion excessive de la palette humérale [27].
consécutive à une fracture supracondylienne, du condyle latéral Celle-ci sera moindre pour les enfants de plus de 8 ans. Que ce soit
ou de l’épicondyle médial. L’atteinte du nerf ulnaire (Fig. 10a et dans le plan coronal ou sagittal, la littérature s’accorde à dire que
b) est, la plupart du temps, une complication qui fait suite à la la réduction la plus complète possible lors de la prise en charge
mise en place de matériel au niveau du versant médial du coude initiale est souhaitable, surtout pour des patients de 8 ans et plus.
(par exemple : embrochage de fracture supracondylienne en croix). A contrario, les fractures du col de la tête radiale ont un remo-
Cependant, la littérature récente a rapporté un risque non aug- delage possible conséquent, Vocke et Von Laer [21] dans une série
menté d’atteinte du nerf ulnaire pour un brochage en croix réalisé de 22 patients d’âge médian de 8 ans [4–13,4 ans] proposaient
avec un mini-abord médial par rapport à un brochage latéral pour un traitement uniquement orthopédique sans réduction pour des
les fractures supracondyliennes [25]. fractures avec bascule du fragment de 0 à 50◦ . Ils observaient une
correction radiographique complète pour tous les patients, avec un
suivi moyen de plus de 9 ans, que la fracture soit ou non déplacée
3.5. Le syndrome de Loges dans le sens de plus grande mobilité de l’articulation du coude.
Pour les fractures du condyle latéral, il semble qu’il n’y ait aucun
Le syndrome de Volkman est l’évolution ultime d’un syndrome remodelage chez les patients présentant des remaniements ou
de loges non ou insuffisamment traité. Les fractures supracondy- déformations du condyle latéral.
liennes en sont très majoritairement à l’origine par rapport aux Le même constat peut être fait pour les fractures de l’épicondyle
autres fractures. Il ne survient désormais que pour 0,8 % d’entre médial, opérées ou non.
elles [20]. Les atteintes vasculaires initiales doivent être dépistées le
plus tôt possible à la phase aiguë par examen répété du pouls radial
5. Quand et comment corriger une déformation résiduelle
(mais son absence peut être due à un spasme artériel, transitoire),
jugée inacceptable ?
une évaluation de la maîtrise de la douleur par les traitements
habituels, et la motricité des doigts (Fig. 11a et b).
Le cubitus varus est en réalité un cal vicieux consécutif à la
persistance d’une déformation dans les 3 plans de l’espace com-
3.6. L’instabilité résiduelle du coude prenant varus, rotation interne et recurvatum du fragment distal
[4]. Sa survenue serait bien moins fréquente après traitement par
Elle est rare pour l’instabilité rotatoire postérolatérale, si on en traction des fractures supracondyliennes [28] : en effet, cette trac-
juge par la petite taille des séries présentées dans la littérature. tion, d’une durée moyenne de 22 jours, permet un alignement
L’incidence de l’instabilité en valgus du coude dans les suites d’une du déplacement initial de la fracture. Cependant, ce type de trai-
fracture de l’épicondyle médial dépend certainement de l’option tement apparaît désormais désuet en raison de son coût, de la
thérapeutique choisie à la phase initiale (traitement orthopédique durée d’hospitalisation nécessaire à l’obtention d’une consolida-
ou ostéosynthèse) et de la présence ou non d’une pseudarthrose. tion et, surtout, en raison de la fréquence de cette fracture et des

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Fig. 11. a : artériographie de profil. Interruption du flux vasculaire brachial ; b : vue peropératoire. Incarcération intra-osseuse du paquet vasculonerveux. Coll. F Chotel.

autres solutions thérapeutiques disponibles. Ces autres techniques de décider d’une correction chirurgicale de type ostéotomie, geste
(Blount, brochage) sont plus pourvoyeuses de cubitus varus, qui dont la difficulté technique est prévisible.
correspond à une imperfection de réduction. Le cubitus varus aug- Le cubitus valgus est parfois observé dans les suites d’une frac-
mente le risque de seconde fracture dans les 2 ans, principalement ture négligée du condyle huméral latéral. Pour Langlais [19], il
du condyle latéral, par augmentation des contraintes en cisaille- s’agit d’une déformation rare qui, lorsqu’elle est isolée, ne néces-
ment lors d’une chute [4]. Selon O’Driscoll et al. [15], il peut créer site pas de geste particulier. Par contre, lorsqu’elle s’accompagne
également une instabilité rotatoire postérolatérale du coude par d’autres complications, telles que la pseudarthrose du condyle laté-
faillite progressive du ligament collatéral radial. Enfin, il peut être ral, le risque de paralysie ulnaire augmente, car la déformation en
à l’origine d’une paralysie progressive du nerf ulnaire [4], avec plu- valgus s’aggrave progressivement par déplacement dans la pseu-
sieurs origines suspectées : conflit du nerf pris dans un tunnel darthrose. Certains auteurs, comme Abed et al. [31], signalaient une
épitrochléen, luxation de la partie médiale du triceps qui entraîne atteinte nerveuse pour 6 cas parmi 10 cubitus valgus de l’enfant (de
avec elle le nerf, malrotation interne du fragment huméral distal, plus de 20◦ , tous avec pseudarthrose associée). Cette proportion
le tout à l’origine d’une élongation progressive du nerf. importante d’atteinte neurologique justifiait pour eux une indica-
Ces complications potentielles encouragent la correction chirur- tion chirurgicale. Celle-ci peut être considérée comme préventive
gicale, dès lors qu’il existe une plainte clinique. Solfelt et al. [29], de complications neurologiques non encore apparues. Ces auteurs
dans une méta-analyse des différentes ostéotomies possibles (fer- [31] recommandaient une chirurgie complète en un temps chirur-
meture simple, ostéotomie en dôme, ostéotomies complexes), ne gical : curetage de la pseudarthrose et fixation par vis canulées,
montraient pas de supériorité de l’une ou l’autre vis-à-vis de la libération du nerf ulnaire et transposition antérieure, ostéotomie
correction, avec un taux de complication global de 14,5 % (lésion humérale en dôme en varisation maintenue par broches. Pour ces
nerveuse = 2,5 %). Un risque augmenté d’instabilité du montage auteurs, l’intérêt de réaliser une ostéotomie en dôme serait de
était mis en évidence pour les corrections complexes, multipla- s’affranchir des problèmes présentés par les ostéotomies de fer-
naires, par probable diminution des surfaces osseuses en contact meture ou d’ouverture simple : mauvais alignement des deux os
par rapport à une ostéotomie simple de type fermeture externe. de l’avant-bras avec le bras et perte de correction.
De plus, l’épaule compense le manque de correction de la malro-
tation interne dans les ostéotomies simples, et le recurvatum est
6. Quelles sont les principales causes d’une raideur
remodelé pour un patient de moins de 10 ans. North et al. [30]
post-traumatique du coude et sa prise en charge ?
rapportaient également de bons résultats des ostéotomies de fer-
meture latérale simples, avec un long recul et un faible taux de
La raideur post-traumatique du coude de l’enfant est un pro-
complications de 3,3 % (sans lésion nerveuse). Pour eux, l’abord
blème relativement fréquent ; elle trouve son origine dans des
latéral permet de s’affranchir du risque de lésion nerveuse. Dans
causes intra- et/ou extra-articulaires. Elle peut survenir après tout
l’avenir, le développement de l’analyse informatique de la défor-
types de traumatismes ou chirurgies, mais ce sont souvent les frac-
mation à partir d’un scanner, permettant une planification précise
tures articulaires qui sont en cause : fractures du condyle latéral, de
de la correction voulue et la fabrication de guides de coupe sur
la tête radiale, de l’olécrâne et du condyle médial [32]. La raideur
mesure, devrait simplifier et fiabiliser ces ostéotomies.
consécutive à une fracture supracondylienne de l’humérus est dans
Le délai idéal de correction semble se situer au moins un an
la presque totalité des cas régressive. Rarement, on peut incriminer
après la fracture initiale, mais il ne doit pas être trop retardé, pour
une mobilisation intempestive ou une kinésithérapie (non indi-
bénéficier du remodelage osseux et éviter la dégradation articulaire
quée dans cette fracture). Le refroidissement de cette articulation,
attendue en cas de cubitus varus persistant.
la plupart du temps inflammatoire, suffit à améliorer la mobilité.
La raideur ne doit pas être confondue avec la persistance d’un petit
5.1. La bascule latérale du col radial est également fréquente déficit d’extension et/ou de flexion très habituel dans ce type de
fracture. Dans ce cas, aucun traitement n’est nécessaire.
Nous avons vu précédemment que cette bascule peut être res- La synostose radio-ulnaire doit être recherchée en présence d’un
pectée dans nombre de cas et que son remodelage est important blocage de la pronosupination. Elle survient essentiellement après
[21]. Il existe donc certainement un intérêt à attendre la fin de une fracture de l’olécrâne associée à une fracture du col de la tête
croissance du coude pour les jeunes enfants pour faire un bilan radiale, alors liée à l’ossification d’un lambeau périosté créé par le
précis de la gêne fonctionnelle et des anomalies cliniques, avant traumatisme [6]. Il s’agit d’une complication rare, pour laquelle la

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Fig. 12. a : coupe TDM de profil du coude. Cal vicieux d’une fracture proximale de radius ; b : vue peropératoire. Exérèse de la tête radiale. Coll. A Gazarian.

Pour les rares autres causes, essentiellement liées à la rétraction


des parties molles, le traitement est conservateur initialement. Il est
possible de proposer de la kinésithérapie, à condition que le coude
ne soit pas douloureux à l’examen, ainsi que des plâtres succes-
sifs de correction [32]. Une mobilisation sous anesthésie générale
est réalisée en cas d’échec de la kinésithérapie. Elle doit être enca-
drée de façon stricte en termes d’antalgie, de rééducation durant les
6 premières semaines et de posture dans des attelles. L’analyse de
la littérature ne retrouve pas de résultats de cette technique chez
l’enfant ou l’adolescent, connue pour donner de bons résultats chez
l’adulte.
En cas d’échec, un traitement chirurgical peut être proposé, soit
par arthroscopie pour un opérateur expérimenté [34], soit par chi-
rurgie ouverte. Le choix de la technique se fait aussi selon la cause
de la raideur : chirurgie ouverte pour un cal vicieux ou une pseudar-
throse, arthroscopie pour une rétraction capsulaire ou ligamentaire
[32].
Les résultats de la littérature, concernant l’arthrolyse à ciel
ouvert par voie médiale ± latérale chez l’enfant et l’adolescent,
Fig. 13. Radiographie de profil du coude. Ossifications intra-articulaires.
sont bons [32]. Certains auteurs ont proposé la mise en place d’un
fixateur externe à charnière de coude, réalisant une distraction per-
nécessité d’un traitement chirurgical est à discuter avec le patient et opératoire de l’articulation, plus ou moins une arthrolyse [24].
sa famille, selon la perte de fonction. D’après Osterman et Arief [33], Des séries d’arthrolyse arthroscopique chez l’enfant sont désor-
la résection de la synostose avec interposition de matériel, geste mais disponibles, elles rapportent des résultats équivalents aux
logique, mais de résultat aléatoire [6], donnerait de meilleurs résul- chirurgies classiques : parmi elles, Andelman et al. [34] présentent
tats lorsqu’elle est réalisée précocement, c’est-à-dire 6 à 12 mois une série de 29 enfants et adolescents (raideur de cause trauma-
après le traumatisme (donnée essentiellement basée sur une popu- tique pour 18 patients). Ils notaient une augmentation moyenne du
lation adulte). secteur de mobilité en flexion extension de 35◦ .
Les principales causes intra-articulaires d’une raideur en La raideur chez l’enfant est donc fréquemment retrouvée et il
flexion-extension sont : une luxation ou subluxation persistante est possible d’y apporter une réponse thérapeutique proportion-
de la tête radiale, une pseudarthrose, un fragment ostéochondral née. Elle doit surtout être prévenue à la phase initiale, par un temps
intra-articulaire, un cal vicieux (Fig. 12a et b), un cal hypertro- d’immobilisation raisonnable et par l’identification précise d’un
phique, plus rarement des phénomènes dégénératifs arthrosiques. défaut de réduction imposant une chirurgie première ou de reprise.
Les principales causes extra-articulaires sont la rétraction cap-
sulaire, ligamentaire ou musculaire (à la suite d’une immobilisation
plâtrée prolongée ou une chirurgie) et les ossifications (Fig. 13) 7. Quelle attitude adopter devant un risque de
hétérotopiques survenant habituellement après une kinésithéra- pseudarthrose et/ou de nécrose épiphysaire dans les
pie agressive, une réduction forcée de la fracture ou une chirurgie fractures du coude de l’enfant ?
ouverte avec pose de matériel.
Une radiographie, un scanner, ainsi qu’une IRM du coude, per- La pseudarthrose du condyle latéral est une complication bien
mettent habituellement de comprendre l’origine de la raideur. connue des traumatologues pédiatres, elle est définie comme un
L’examen clinique du coude est important pour orienter la prise défaut de formation de cal osseux radiologique à 8 semaines du
en charge ultérieure : recherche de craquement à la mobilisation traumatisme (Fig. 14).
avec un possible corps libre intra-articulaire, d’un épanchement Le risque de pseudarthrose augmente avec le délai diagnostique
faisant suspecter une arthrite infectieuse torpide, d’une sensation initial, le défaut de surveillance et d’identification du déplacement
de blocage avec arrêt dur à l’examen (butée osseuse). Dans ces secondaire, un traitement inapproprié ou insuffisant [4]. Ces causes
quelques cas, le traitement de la raideur est celui de la cause de la sont multiples : fracture épiphysaire articulaire, faible vasculari-
raideur : fixation d’un fragment ostéochondral, reprise chirurgicale sation physiologique du condyle, traction continue des muscles
de réduction articulaire de fracture, exérèse d’un corps libre, etc. épicondyliens latéraux, interposition périostée.

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l’objet d’une chirurgie de celles traitées initialement orthopédique-


ment. La pseudarthrose survient beaucoup plus fréquemment dans
les suites d’un traitement orthopédique (> 60 % des cas) mais, pour
nombre d’auteurs, elle n’est pas particulièrement symptomatique
[39].
La principale cause est la traction des masses musculaires sur
le fragment. Pour Louahem et al. [23], la chirurgie de réduc-
tion/fixation à la phase initiale est nécessaire, pour empêcher
l’apparition de la pseudarthrose, potentiellement à l’origine d’une
instabilité en valgus du coude. Une large étude prospective serait
nécessaire pour trancher cette question. Récemment, Grahn et al.
[39], dans une étude prospective s’intéressant au traitement de
la fracture de l’épicondyle médial, ont comparé l’évolution d’un
groupe de 40 patients opérés à celle d’un groupe de 41 patients
traités orthopédiquement par 3 à 4 semaines de plâtre. Il faut
pondérer les résultats de ce travail, notamment par l’absence de
randomisation des cas et par le fait que l’âge des patients plâ-
trés était légèrement plus jeune (11 ans en moyenne, contre 12
ans en moyenne dans le groupe des patients opérés). Les auteurs
concluaient que le groupe de patients non opérés présentait moins
de douleurs que le groupe de patients opérés, suggérant que le trai-
tement chirurgical à la phase initiale (de fracture) n’apporte pas
de bénéfice particulier. Les auteurs ne rapportaient aucune diffé-
rence significative entre les deux groupes, selon de multiples scores
fonctionnels et de qualité de vie. De plus, cet argument, pour un trai-
tement orthopédique de première intention, est renforcé par les
bons résultats du traitement chirurgical de la pseudarthrose une
fois qu’elle est établie et douloureuse.
Fig. 14. Radiographie de face du coude. Pseudarthrose du condyle latéral. Coll. B
Henry.
8. Existe-t-il un risque d’instabilité résiduelle dans les
fractures du coude de l’enfant ?
Son traitement classique consiste en un abord intra-articulaire
latéral du coude, un curetage économe de la zone de pseudarthrose Les fractures et luxations du coude sont les causes les plus fré-
limitant le risque de nécrose, la mise en place d’un greffon iliaque, quentes d’instabilité résiduelle [26]. Parmi elles, on retrouve des
puis un embrochage latéral sous contrôle d’un amplificateur de fractures de l’épicondyle médial associées ou non à une luxation,
brillance [19]. Toh et al. [35] rapportaient une consolidation osseuse l’atteinte du ligament collatéral radial au cours de la constitution
pour 16 patients sur 20 à la suite de cette prise en charge. d’un cubitus varus (ou instabilité rotatoire postérolatérale tardive),
Le vissage percutané du condyle semble être une alterna- et la lésion de Monteggia négligée.
tive intéressante. Knight et al. [36] rapportaient un bon résultat Dans les fractures de l’épicondyle médial, le risque d’instabilité
avec consolidation osseuse dans 75 % des cas, remarquant que résiduelle en valgus pose la question de la nécessité d’une réduc-
cette consolidation est moins facile à obtenir pour les pseudar- tion avec fixation du fragment, notamment en raison du risque
throses existantes à plus de 31 semaines du traumatisme initial. d’instabilité frontale ultérieure. L’identification de l’instabilité
L’intérêt de ne pas réaliser une chirurgie ouverte est multiple : clinique vraie du coude est difficile. Gilchrist et McKee [40] rappor-
diminution significative du risque de nécrose du condyle par un taient une série de 5 patients adultes ayant présenté une fracture
abord trop extensif, pas de difficultés peropératoires pour obte- de l’épicondyle médial à un âge pédiatrique (tous en pseudar-
nir une réduction anatomique satisfaisante (l’aspect du condyle est throse radiologique), nécessitant une prise en charge chirurgicale
habituellement très remanié), durée de temps opératoire réduite, de l’instabilité. Pour ces auteurs, l’existence ou non d’une symp-
rançon cicatricielle latérale diminuée sur le coude. Dans une tomatologie en faveur d’une instabilité du coude dépendait pour
méta-analyse, Zhang et al. [37] démontraient que cette fixation per- beaucoup de l’activité du patient (travail de force au quotidien, ath-
cutanée donne de moins bons résultats en termes de consolidation lètes). La symptomatologie présentée à long terme est une douleur
osseuse, alors que la réduction anatomique par chirurgie ouverte médiale du coude, une faiblesse lors du port de charges lourdes, et
était à l’origine d’une plus grande raideur du coude. Cette raideur une inaptitude au lancer. Ces symptômes doivent être reproduits
est également plus fréquente lorsque l’âge de l’enfant est important lors du testing en valgus du coude. Les auteurs notaient que seule-
lors de la chirurgie. ment 2 patients sur 5 montraient une augmentation de hauteur
La nécrose avasculaire du condyle latéral est une complication de l’interligne interne en valgus du coude sur une radiographie de
rare des fractures du condyle latéral : elle concernerait 1,4 % d’entre face. Pour Louahem et al. [23], le moyen d’éviter l’apparition d’une
elles d’après Shabtai et al. [38]. Elle survient essentiellement pour telle symptomatologie est la réalisation d’un testing en valgus du
les fractures présentant une atteinte articulaire centrale, néces- coude à la phase aiguë, puis une réparation par chirurgie ouverte
sitant un abord chirurgical pour réduction. Une dissection trop et ostéosynthèse si nécessaire (arrachement de l’épicondyle
étendue en postérieur menace la vascularisation du condyle latéral. médial) en cas de valgus notable lors de la manœuvre. On pourrait
Le pronostic de cette nécrose est malgré tout favorable d’après cet argumenter contre cette mesure par le fait que le valgus obtenu,
auteur : pas de limitation de la fonction du coude, peu de douleurs. lors de cette manœuvre, est dû au déplacement distal du fragment
Dans la pseudarthrose des fractures de l’épicondyle médial avec épicondylien lors de la manœuvre plutôt qu’à une quelconque
ou sans luxation du coude contemporaine (mais sans incarcération distension ligamentaire. Cependant, Grahn et al. [39], comparant
du fragment), il faut d’emblée distinguer les fractures ayant fait un groupe de patients opérés versus non opérés, n’avaient observé

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aucune différence en termes de stabilité du coude au testing en


valgus à un recul d’au moins un an. Concernant la luxation parfois
associée à cette fracture, Knapik et al. [41] comparaient, dans une
série de patients non opérés, un groupe de fractures de l’épicondyle
isolées versus un groupe de fractures associées à une luxation :
l’instabilité du coude était majorée lorsqu’une luxation était
présente, en raison d’un probable atteinte du faisceau antérieur du
ligament collatéral ulnaire, mais peu de patients s’en plaignaient.
Malgré tout, l’auteur concluait qu’il fallait opérer les patients ayant
présenté une luxation contemporaine et désireux de reprendre
rapidement une activité sportive sollicitant le coude.
L’instabilité rotatoire postérolatérale tardive a été décrite essen-
tiellement par O’Driscoll et al. [15] dans une série de 24 patients
présentant un cubitus varus. Ce dernier provoque une modifi-
cation de l’inclinaison de l’interligne du coude. Dans un plan
axial, lors de la contraction du triceps, un vecteur force dirigé en
interne fait rouler en externe l’ulna. Ceci aboutit progressivement
à l’élongation du ligament collatéral radial, puis à une instabilité
rotatoire. Il faut donc être attentif chez l’adolescent présentant,
depuis quelques années, un cubitus varus et qui consulte avec une
nouvelle plainte : douleurs du coude, sensations de faiblesse ou
d’instabilité. Des radiographies du coude, recherchant une subluxa-
tion capitello radiale, ainsi qu’un examen du coude sous anesthésie,
sont nécessaires. Les auteurs recommandaient de corriger l’origine
du problème (ostéotomie humérale), ainsi que sa conséquence liga-
mentaire (ligamentoplastie du ligament collatéral radial).
Une lésion de Monteggia non identifiée initialement peut être
à l’origine de nombreux symptômes : raideur du coude, douleurs
chroniques, déformation progressive en valgus, paralysie du nerf
ulnaire, dislocation radio-ulnaire distale [26] (luxation associée à
une fracture des deux os de l’avant-bras). Le traitement ortho-
pédique n’a aucune place ici et l’examinateur a le choix entre
ne rien faire et tenter de réduire chirurgicalement [16]. Le trai-
tement chirurgical de cette lésion, lorsqu’elle a été négligée ou
lorsqu’elle a récidivé, malgré une prise en charge initiale (20 % des
cas), reste débattu. La résection simple de la tête radiale est à pros-
crire chez l’enfant et ne doit être réalisée qu’en fin de croissance
[42]. L’ostéotomie ulnaire de flexion, ayant pour but de retendre
la membrane interosseuse, est proposée par de nombreux auteurs
[26], qu’elle soit réalisée à l’aide d’une plaque en un temps [43]
ou d’un fixateur externe permettant une réduction progressive
[42] : le plus important concernant la stabilité de la réduction est
l’hypercorrection ulnaire (Fig. 15a et b).
La nécessité ou non d’une ligamentoplastie du ligament annu-
laire associée est documentée : Zheng et al. [44] réalisaient une
grande voie d’abord postérolatérale pour protéger le nerf radial,
explorer l’articulation, réparer le ligament annulaire lorsque c’était Fig. 15. a : radiographie de profil du coude. Lésion de Monteggia ; b : radiographie
possible ou réaliser une ligamentoplastie annulaire lorsqu’il n’était de profil du coude. Ostéotomie de flexion proximale de l’ulna (de type « Bouyala »).
pas retrouvé, puis réduire et fixer par broche capitello radiale tem- Coll. F Chotel.
poraire le temps de régler l’ostéotomie ulnaire. Ils obtenaient de
bons résultats dans le groupe de patients ayant fait l’objet d’une
de Monteggia non diagnostiquée initialement reste un challenge
réparation du ligament annulaire, et une tendance à la récidive pour
thérapeutique.
les patients ayant fait l’objet d’une ligamentoplastie ou d’aucun
geste ligamentaire. Delpont et al. [43] constataient également
l’inutilité de la ligamentoplastie et le caractère systématiquement 9. Conclusion
nocif d’une broche capitello radiale laissée en place. Dans leur
série, ces auteurs signalaient de mauvais résultats de l’ostéotomie L’attitude thérapeutique, concernant les séquelles tardives des
simple d’ouverture postérieure pour les lésions de Monteggia Bado fractures du coude de l’enfant, doit rester adaptée au risque évolutif.
3 (luxation latérale de la tête) : il est probablement intéressant, Pour certaines, l’abstention peut être la meilleure solution, comme,
dans ce cas, de donner une orientation postéromédiale à l’ouverture par exemple, pour la lésion du nerf interosseux médian ou les cals
osseuse, soit en un temps comme le rapportait Hirayama [45], soit vicieux des fractures du col de la tête radiale. Pour d’autres, la solu-
via l’utilisation d’un fixateur externe qui permet, de plus, de dis- tion doit être adaptée à l’enfant et l’on retiendra : l’ostéotomie
tracter le foyer de l’ulna, facilitant la réduction de la tête radiale. de fermeture latérale simple pour la correction du cubitus varus,
En effet, Wang et al. [42] rapportaient une bonne réduction de la le curetage, ± autogreffe et brochage pour les cures de pseudar-
tête radiale pour les 3 lésions de Monteggia classées Bado 3 de throse, l’ostéotomie ulnaire de flexion avec réparation du ligament
leur série. Quoi qu’il en soit, le traitement chirurgical de la lésion annulaire pour la correction de la lésion de Monteggia, ainsi que

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la ligamentoplastie du ligament collatéral radial en traitement de [18] Yaokreh JB, Gicquel P, Schneider L, Stanchina C, Karger C, Saliba E, et al.
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