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L’amnésie dissociative : Limites méthodologiques, limites conceptuelles, et


explications alternatives

Article in L?Année psychologique · November 2020


DOI: 10.3917/anpsy1.213.0275

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1 author:

Olivier Dodier
Université de Nîmes
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L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse 1

L’amnésie Dissociative : Limites Méthodologiques, Limites


Conceptuelles, et Explications Alternatives

Olivier Dodier
Université de Nantes

Les années 1990 ont été le théâtre d’une vive opposition entre les partisans de l’idée de refoulement traumatique et les
sceptiques, expliquant qu’un tel concept n’était pas soutenu par des preuves scientifiques. Aujourd’hui plus volontiers nommé
amnésie dissociative et inclus dans la 5ème édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ce concept est
toujours largement utilisé par les psychologues, alors même que ses preuves d’existence sont toujours peu convaincantes. Dans
cet article, nous proposons un regard critique du concept, passons en revue les preuves avancées par ses défenseurs et
développons leurs limites méthodologiques et conceptuelles. Nous proposons aussi des mécanismes alternatifs pour expliquer
le phénomène des souvenirs retrouvés : faux souvenirs, réinterprétation d’événements traumatiques, stratégies d’évitement,
etc. Enfin, nous terminons par un appel à la prudence à destination de la communauté scientifique et clinique.
Mots clés : amnésie dissociative, refoulement, souvenirs retrouvés, thérapie, faux souvenirs

The 1990s witnessed a strong opposition between researchers and psychologists who supported the idea of repressed memories
and their sceptical counterparts, explaining that such a concept was not supported by scientific evidence. The former supported
the idea that traumatic memories could be pushed beyond the boundaries of consciousness. The latter argued that ordinary
mechanisms of memory functioning (e.g., false memories, ordinary forgetting) were more likely to explain why some people
could suddenly remember traumatic events for which they had no memory until then (i.e., recovered memories). Today more
commonly referred to as dissociative amnesia and included in the 5th edition of the Diagnostic and Statistical Manual of mental
disorders, the belief in repression is still widely used and disseminated by psychologists, even though evidence of its existence
is still unconvincing. In this article, we propose a critical analysis of the concept of dissociative amnesia. To do this, we review
the evidence adduced by its advocates and develop their methodological and conceptual limitations. We also propose alternative
mechanisms to explain the phenomenon of recovered memories: false memories, reappraisal of traumatic events, avoidance
strategies, non-disclosure of abuse, etc. Finally, with regard to therapeutic but also judicial issues (i.e., judicial expertise), we
conclude with a call for caution addressed to the scientific and clinical community.
Keywords: dissociative amnesia, repression, recovered memories, therapy, false memory

Parmi les controverses qui animent avec vigueur l’activité scientifique en psychologie, une des plus
connue est celle entourant l’amnésie dissociative (anciennement appelée refoulement inconscient ou
parfois nommée amnésie traumatique ; voir Otgaar et al., 2019, pour une démonstration du glissement
d’appellation de refoulement jusqu’à amnésie dissociative ; voir infra). Dans les années 1990, plusieurs
affaires de (faux) souvenirs retrouvés lors de psychothérapies ont mené à des condamnations à tort
d’individus accusés de violences sexuelles sur leurs enfants (voir Loftus, 1993, ainsi que Loftus, 2019).
Ces événements étaient entourés de confrontations entre deux camps : d’un côté, (i) les opposants à
l’idée d’une exactitude de souvenirs retrouvés en thérapie, s’appuyant sur les travaux sur les aspects
reconstructif et fragile de la mémoire, considérant généralement de tels souvenirs comme faux ; de
l’autre (ii) les partisans de l’idée d’une exactitude de tels souvenirs et défenseurs des pratiques
thérapeutiques dédiées à la récupération de souvenirs prétendument refoulés.
Les thérapies dites de « mémoires retrouvées » s’appuient sur le mécanisme de refoulement
traumatique inconscient. Lorsqu’un événement est trop choquant au point de générer chez un individu
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse 2

un traumatisme, le souvenir de cet événement serait alors poussé hors des frontières de la conscience,
le rendant alors inaccessible. Freud (1893–1895/1953) était l’un des premiers à décrire ce mécanisme.
Aujourd’hui encore, de nombreux cliniciens adoptent une telle vision et considèrent ce mécanisme
comme faisant partie des différents mécanismes pathologiques de la mémoire (e.g., Dalenberg et al.,
2012 ; Brand, Schielke, & Brams, 2017a, b ; Brand et al., 2018). En pratique, cette notion semble
largement partagée dans la société, puisqu’on observe une réelle adhésion de part des psychologues
cliniciens (Dodier, Melinder, Otgaar, Payoux, & Magnussen, 2019 ; Dodier & Payoux, 2017 ; Otgaar et
al., 2019 ; Patihis, Ho, Tingen, Lilienfeld, & Loftus, 2014), des enquêteurs de police (e.g., Dodier,
Tomas, Payoux, Elissalde, 2019), ou encore plus généralement, du grand public (e.g., Dodier & Payoux,
2017 ; Melinder & Magnussen, 2015 ; Otgaar et al., 2019 ; Otgaar, Wang, Howe et al., 2020 ; Otgaar,
Wang, Dodier et al., 2020 ; Patihis, Ho, et al., 2014 ; Yapko, 1994).
Malgré des critiques qui se sont multipliées quant à l’existence même de l’amnésie dissociative (voir,
récemment, Dodier, 2019 ; Dodier & Tomas, 2019 ; Engelhard, McNally, & van Schie, 2019 ;
Merckelbach & Patihis, 2018 ; Otgaar et al., 2019 ; Patihis, Otgaar, & Merckelbach, 2019), cette notion
figure dans la 5ème édition du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM ;
American Psychiatric Association, 2013). Elle y est définie comme une incapacité à se remémorer des
informations autobiographiques normalement stockées, qu’un oubli ordinaire, une prise de substance(s)
ou des trouble(s) neurologique(s) ne sauraient expliquer, ceci résultant généralement d’un stress intense
ou d’un traumatisme.
Cet article a pour objectif premier de présenter de façon critique ce mécanisme. Une revue des
preuves avancées par les partisans de l’amnésie dissociative sera effectuée, avant de développer leurs
limites méthodologiques et conceptuelles. Sera ensuite proposée une revue des pratiques liées à la
récupération de souvenirs ayant prétendument fait l’objet d’une amnésie dissociative. Pour cela, nous
décrirons brièvement les travaux sur les faux souvenirs et les distorsions mémorielles. Nous préciserons
toutefois qu’en alternative de l’amnésie dissociative, d’autres processus et phénomènes peuvent
expliquer l’absence de souvenirs traumatiques. Nous conclurons enfin par un appel à la prudence à
destination des communautés scientifique et clinique en ce qui concerne la considération de l’amnésie
dissociative comme un phénomène psychologique valide sur le plan scientifique. Le second objectif est
d’apporter une contribution francophone à la controverse liée au phénomène d’amnésie dissociative,
celle-ci faisant l’objet (quasi) exclusivement de publications en langue anglaise (e.g., Brand et al., 2018 ;
Dalenberg et al., 2012 ; Otgaar et al., 2019 ; Lynn et al., 2014 ; Merckelbach & Patihis, 2018). Le fait
que l’essentiel de la littérature scientifique sur la question de la mémoire, en général, soit publiée en
anglais a déjà été identifié comme un possible frein à la mise à jour des connaissances de la part des
professionnels français de la santé mentale (voir Dodier & Payoux, 2017).
Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de noter que cet article n’a pas pour fil conducteur d’affirmer
que l’amnésie dissociative n’existe pas. L’objectif est plutôt de mettre l’emphase sur à la fois une
absence de preuves d’un lien entre trauma et oubli mais aussi des preuves empiriques alternatives
davantage parcimonieuses, créant ainsi un obstacle à l’affirmation selon laquelle l’amnésie dissociative
existe.

Les Preuves Scientifiques de l’Amnésie Dissociative

Plusieurs études prospectives ont fait état au sein de populations (cliniques et non cliniques) de
périodes sans souvenirs entre l’événement traumatique et l’entretien avec l’équipe de recherche (e.g.,
Briere & Conte, 1993 ; Elliott, 1997 ; Elliott & Briere, 1995 ; Goodman et al., 2003 ; Herman &
Schatzow, 1987 ; Williams, 1994, 1995). Par exemple, Briere et Conte ont demandé à des victimes de
violences sexuelles si « durant la période de temps située entre la première expérience sexuelle forcée
et le jour de [leurs] dix-huit ans, avez-vous connu une période de temps où [ils ou elle] ne pouviez pas
[se] souvenir de cette expérience sexuelle forcée ? » (notre traduction). Grâce à cette question, ils ont
pu mettre en avant qu’environ 60% des victimes avaient connu une période sans pouvoir se remémorer
les faits subis. Il semble alors raisonnable de considérer qu’après un événement traumatique il est
possible de vivre une période sans souvenirs des faits, avant qu’ils ne soient récupérés, passé un—
parfois long—délai. D’après certains auteurs, ces pourcentages substantiels d’individus subissant cette
absence de souvenirs seraient dus à une amnésie résultante elle-même d’un état dissociatif généré par
l’événement traumatique (Dalenberg et al., 2012). Une telle interprétation s’inscrit alors dans le modèle
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse 3

« trauma-dissociation » qui suggère un lien causal entre le traumatisme et le développement de troubles


dissociatifs, telle que l’amnésie dissociative (voir Dalenberg et al., 2012 ; mais voir aussi, pour une
critique, Lynn et al., 2014). Comme de telles études prospectives ne pourraient suffire à prouver la réalité
d’une amnésie causée par le traumatisme, plusieurs méthodes expérimentales ont été élaborées, dont les
résultats ont permis d’argumenter en faveur de l’amnésie dissociative.
Afin de tenter de répondre à la controverse autour de l’amnésie dissociative (à l’époque encore
nommée refoulement) et des souvenirs retrouvés, Anderson et Green (2001) ont élaboré le paradigme
dit de « Think/No-think » (T/NT) : les participants se voient présenter lors d’une tâche d’apprentissage
une liste de paires de mots non liés entre eux (e.g., corvée–cafard). Passé un certain délai, ces mêmes
participants se voient présenter à nouveau cette liste, mais n’apparait devant eux que le premier des deux
mots de la paire (e.g., corvée). Pour certaines paires, il est demandé aux participant d’indiquer le mot
manquant ; pour d’autres, il leur est demandé de ne pas y penser. La phase de T/NT effectuée, une tâche
de rappel indicé est proposée aux participants, durant laquelle ils ont l’opportunité de rappeler les paires
de mots. Les résultats observés lors de l’étude princeps ont permis de conclure que les mots de la
condition NT étaient moins bien rappelés que les autres. D’après les auteurs, ces résultats ont confirmé
l’existence d’un mécanisme de contrôle inhibitoire permettant aux individus de supprimer des souvenirs
non désirés. Les résultats observés par Anderson et Green (2001), ainsi que d’autres résultats issus de
l’utilisation de ce paradigme (e.g., Anderson et al., 2004 ; Benoit & Anderson, 2012 ; Bergström, de
Fockert, & Richardson-Klavehn, 2009 ; Gagnepain, Henson, & Anderson, 2014) ont été utilisés par les
partisans de l’existence de l’amnésie dissociative pour argumenter en sa faveur (e.g., Brand, Collins, &
McEwen, 2018 ; Brewin, 2007 ; Dalenberg, 2006 ; Dalenberg et al., 2012).
Un autre paradigme expérimental ayant permis d’obtenir des résultats cohérent avec le mécanisme
d’amnésie dissociative est celui dit de l’oubli motivé. Freud (1916/1949) fut un des premiers à décrire
l’oubli motivé en faisant part d’une anecdote selon laquelle il se sentait incapable de se souvenir d’un
mot, qu’il attribuait ensuite à une association douloureuse qu’il avait avec celui-ci. Il concluait alors
qu’une motivation à oublier quelque chose de douloureux pouvait mener à son oubli. D’après certains
auteurs, l’amnésie dissociative serait une forme d’oubli motivé (Dalenberg et al., 2012). Ce paradigme,
élaboré par Woodward et Bjork (1971), consiste à demander à des participants soit de rappeler (« to-be-
remembered ») soit de volontairement oublier (« to-be-forgotten ») des mots présentés initialement lors
d’une phase d’étude. Typiquement, les résultats observés sont que les participants rappellent, lors d’une
troisième phase, davantage de mots suivis de l’instruction « to-be-remembered » que ceux suivis de
l’instruction « to-be-forgotten ». Au regard des liens entre ce paradigme, ses instructions, ses résultats
et les phénomènes d’amnésie dissociative, certains auteurs ont cherché à répliquer les résultats mais en
incluant des variables directement liées aux notions de trauma, de refoulement, ou de dissociation. C’est
ainsi que, par exemple, il a été observé que des participants ayant des styles de coping de refoulement
oubliaient davantage de mots suivis de l’instruction « to-be-forgotten » que d’autres participants
n’arborant pas ce style de coping (Myers, Brewin, & Power, 1998). Il a aussi été trouvé que cette
différence était d’autant plus large que les mots étaient auto-évalués comme pertinents pour les
participants (i.e., évaluation négative du mot), permettant aux auteurs de suggérer que l’oubli motivé
pourrait principalement concerner les souvenirs autobiographiques (Myers & Derakshan, 2004). De
même, certaines études ont mis en avant un plus grand oubli de mots liés par le sens au trauma et suivi
d’une consigne « to-be-forgotten » que ceux non suivis d’une telle consigne (DePrince & Freyd, 2001,
2004). À nouveau, de tels résultats ont été mis en parallèle avec l’amnésie dissociative (DePrince et al.,
2012).
Enfin, un argument avancé est celui d’un lien corrélationnel positif entre un passé traumatique et la
survenue de symptômes dissociatifs, mesurés au moyen de la Dissociative Experience Scale (DES ; voir
Dalenberg et al., 2012). En effet, cette mesure inclut des items relatifs à des perturbations mnésiques
consécutives à un trouble dissociatif.
Toutefois, comme nous allons le voir dans la section suivante, ces données, a priori encourageantes
pour la reconnaissance de l’amnésie dissociative par l’ensemble de la communauté scientifique, font
état de limites tant méthodologiques que conceptuelles.
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Les Limites Méthodologiques et Conceptuelles Liées à l’Amnésie Dissociative

Limites méthodologiques

Les études prospectives. Plusieurs limites s’opposent à la conclusion selon laquelle les études
prospectives permettent d’interpréter les proportions de déclarations d’absences de souvenirs
traumatiques durant de longues périodes (parfois des décennies) comme étant de l’amnésie dissociative.
Premièrement, comme cela a été relevé à plusieurs reprises, bon nombre d’études prospectives n’ont
pas proposé d’éléments corroborant les faits décrits par les participants (e.g., Lynn et al., 2014 ; Lynn,
Lilienfeld, Merckelbach, Giesbrecht, & van der Kloet, 2012). Bien évidemment, il ne s’agit pas de
soupçonner quelconque mensonge de la part des participants, mais plutôt de mettre en garde face à soit
certains faux souvenirs d’événements complets (i.e., voir plus bas), soit des distorsions importantes de
souvenirs.
Une seconde limite à ces études est que l’amnésie dissociative ici est, au mieux, une interprétation
des auteurs. La question posée aux participants prenait généralement la forme suivante : « Durant la
période de temps située entre la première expérience sexuelle forcée et le jour de vos dix-huit ans, avez-
vous connu une période de temps où vous ne pouviez pas vous souvenir de cette expérience sexuelle
forcée ? » (exemple tiré de Briere & Conte, 1993, p. 24). Une réponse positive à cette question ne
pourrait pas permettre de conclure autre chose qu’une certaine proportion de participants a déclaré avoir
connu durant une période de temps, entre le début des violences et un temps donné (e.g., le jour des 18
ans), une incapacité à se souvenir de ces violences. Il a aussi été avancé que de telles formulations de
questions ne permettaient pas d’identifier les multiples causes pouvant expliquer une absence de
souvenirs (e.g., des souvenirs continus mais réinterprétés avec le temps, oubli ordinaire ; voir la
discussion à ce sujet dans McNally, Clancy, & Barrett, 2004).
Plus problématique encore, la seule donnée française à notre connaissance à ce sujet, tirée de
l’enquête « Impact des Violences Sexuelles de l’Enfance à l’Âge Adulte » (Salmona, Roland, Fall,
Morand, &, Salmona, 2015), a été obtenue en demandant aux participants de cocher, parmi une liste de
symptômes, lesquels ils avaient eu depuis la commission des violences sexuelles déclarées. Parmi ces
symptômes se trouvait l’item « amnésie(s) ». Une telle méthode d’investigation revient à demander aux
participants d’effectuer un auto-diagnostic. L’amnésie étant un trouble de la mémoire, nous pouvons
nous questionner quant aux connaissances, à la capacité et les compétences professionnelles de
l’ensemble des participants à effectuer un tel auto-diagnostic. En soi, il peut exister des définitions de
l’amnésie à la fois profanes (i.e., non-spécialistes) et professionnelles (i.e., spécialistes). La question qui
se pose alors ici est celle des croyances des non-spécialistes sur ce qu’est une amnésie. Dans une étude
publiée en 2011, Simons et Chabris ont par exemple montré que si environ 80% du grand public
croyaient que l’amnésie renvoit à une incapacité de se souvenir de son propre nom ou de son identité,
0% des spécialistes adhérait à cette définition. Ensuite, plusieurs auteurs ont déjà mis en garde quant à
l’authenticité d’amnésies auto-déclarées (Giesbrecht, Lynn, Lilienfeld, & Merckelbach, 2010). Enfin,
aucune distinction n’était possible entre (i) une amnésie (ou un oubli) totale ou une amnésie (ou un
oubli) partielle, ou bien (ii) entre les différents types d’amnésies (i.e., amnésie antérograde, rétrograde,
amnésie causée par un dommage organique, amnésie dissociative, etc.). En clair, si les méthodologies
d’enquêtes et de questionnaires présentent de réels atouts pour cerner les expériences et attitudes des
individus, les données obtenues par Salmona et al. (2015) (i.e., 34% des participants ont rapporté une
ou des amnésie(e)s) semblent partielles, et ne permettent pas d’établir, comme l’ont fait les auteures, de
conclusions concernant une prévalence d’amnésies dissociatives consécutives à des violences sexuelles.
Enfin, la dernière limite concernant cette méthode d’investigation est la grande variabilité des
résultats. En effet, certaines études prospectives ont mis en avant que, majoritairement, les individus
avec un passé traumatique causé par des violences physiques ou sexuelles se souviennent
particulièrement bien des faits (e.g., 81% de violences rapportées, Goodman et al., 2003). D’autres ont
montré que 38% de participantes ne rappelaient pas les violences 17 ans après les avoir dénoncées à la
police (Williams, 1995), ou bien que presque 60% des participants rapportaient une absence de
souvenirs de violences sexuelles durant une période significative de temps (Briere et Conte, 1993). De
telles différences étant probablement dues aux méthodologies utilisées (i.e., les trois études citées en
exemple ont utilisé trois méthodologies différentes pour arriver à leurs résultats), il semble, toujours
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aujourd’hui, compliqué de tirer des conclusions claires issues des études prospectives, tant sur les
mécanismes sous-jacents que sur l’ampleur du phénomène.

Le paradigme Think/No-think. Pour plusieurs raisons, il est difficile de faire une analogie entre les
résultats obtenus au moyen du paradigme T/NT (i.e., suppression de souvenirs non désirés) et le
mécanisme d’amnésie dissociative. Pour commencer, l’amnésie dissociative ne découle pas d’une
instruction d’un tiers. Ce serait le choc traumatique qui causerait un état dissociatif, et ne permettrait
pas l’encodage du souvenir traumatique de la même manière que des souvenirs ordinaires (bien que
stockés de façon complète ; Brewin, 2007). Dans le paradigme T/NT, c’est uniquement parce qu’un
expérimentateur demande aux participants de ne pas penser au deuxième mot de certaines paires que
nous voyons apparaître un effet inhibiteur nuisant au rappel (Anderson & Green, 2001).
La deuxième limite est que les résultats obtenus, notamment par Anderson & Green (2001) semblent
quelques peu insuffisants pour argumenter en faveur de l’existence de phénomènes d’amnésies de
parcelles d’événements, voire d’événements entiers. Bien que présentant des effets significatifs, l’étude
princeps décrite plus haut montre que dans la condition NT, les taux de rappels corrects des mots étaient
tous égaux ou supérieurs à 72%, même après 16 répétitions de consigne NT. Ceci suggère, malgré la
suppression de souvenirs, la conservation de bonnes capacités de rappel.
La troisième limite est que les résultats obtenus en utilisant ce paradigme sont loin d’être consensuels.
Si plusieurs auteurs sont parvenus à obtenir des résultats similaires, à savoir un moindre rappel des mots
dans la condition NT, d’autres auteurs n’ont pas observés de tel effet, voire ont échoué à répliquer les
résultats originaux, comme par exemple Bulevich, Roediger, Balota, et Butler (2004), au moyen de trois
expériences. Plus récemment, Wessel, Albers, Zandstra, et Heininga (2020) ont conduit une analyse
« multiverse » (i.e., une analyse qui examine toutes les analyses possibles et plausibles qui existent pour
tester une hypothèse en particulier) sur plusieurs expériences de souvenirs supprimés, et ont échoué à
mettre en avant une cohérence dans les effets observés. Par exemple, si des effets ont parfois été trouvés
lorsque l’indice présenté lors de la tâche de rappel était un des mots de la paire étudiée, ce n’était pas le
cas lorsque l’indice de récupération était un mot nouveau (e.g., nom de la catégorie à laquelle appartient
le mot à rappeler, e.g., « jouet » lorsque le mot à rappeler est « poupée » ; valeurs p allant de .054 à >
.999 selon les échantillons).
Bien sûr, le propos n’est pas ici de rejeter la capacité des individus à inhiber des souvenirs via des
processus actifs d’oubli (voir, pour une récente revue de littérature, Anderson & Hulbert, 2020), mais
plutôt de souligner les preuves limitées que de tels travaux apportent à l’affirmation de l’existence de
l’amnésie dissociative.
Un des postulats liés à l’amnésie dissociative est que les souvenirs « refoulés » (ou dissociés)
continueraient d’exercer une influence sur les pensées subséquentes au déclenchement de l’amnésie, ce
qui aurait une incidence sur la santé mentale des individus (Freud, 1915 ; voir Wang, Luppi, Fawcett,
& Anderson, 2019). Or, des données récentes ont montré que des souvenirs supprimés au moyen du
paradigme T/NT n’exerçaient pas de telle influence, menant les auteurs à considérer avec prudence
l’idée selon laquelle des cognitions supprimées joueraient un rôle dans la santé mentale des individus
(Wang et al., 2019).
Enfin, il semblerait que ce paradigme permette davantage d’éclairer sur le fonctionnement de la
mémoire d’individus sains, puisque des preuves de souvenirs supprimés ont été observés de façon plutôt
systématique au sein de populations non-cliniques, ce qui n’était pas le cas au sein de populations
cliniques (i.e., troubles anxieux, troubles de l’humeur ; Stramaccia, Meyer, Rischer, Fawcett, Benoit,
sous presse).

L’oubli motivé. La première limite est similaire à celle soulevée concernant l’analogie entre les
résultats obtenus au moyen du paradigme T/NT et l’amnésie dissociative : d’un point de vue
expérimental, l’oubli motivé est systématiquement le résultat d’une instruction de la part de
l’expérimentateur. Non seulement l’oubli provient, de façon certes indirecte, d’une source externe, mais
en plus, la motivation à oublier tel ou tel mot est le choix soit de l’expérimentateur (i.e., décision a priori
de la part de l’expérimentateur des mots rentrant dans une ou l’autre condition), soit du hasard (i.e.,
décision a priori et aléatoire des mots rentrant dans une ou l’autre condition).
Plusieurs auteurs ont utilisé ce paradigme avec du matériel relatif au trauma (vs. neutre et/ou positif
et non relatif au trauma ; e.g., Elzinga, de Beurs, Sergeant, van Dyck, & Phaf, 2000 ; McNally, Metzger,
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Lasko, Clancy, & Pitman 1998 ; McNally, Clancy, & Schacter, 2001) et/ou avec des participants
traumatisés ou dissociés (e.g., Baumann et al., 2013 ; Elzinga et al., 2000 ; Patihis & Place, 2018 ;
Zoellner, Sacks, and Foa, 2003), avec un historique de violences sexuelles (e.g., Cloitre, Cancienne,
Brodsky, Dulit, & Perry, 1996 ; McNally et al., 1998), ou encore ayant retrouvé des souvenirs après une
période sans souvenirs ou déclarant avoir refoulé des souvenirs traumatiques (McNally et al., 2001).
L’hypothèse testée était que ces populations devaient montrer une plus grande tendance que des groupes
contrôles à oublier du matériel traumatique dans les conditions « to-be-forgotten ». Pourtant, McNally
et al. (1998) ont trouvé que des personnes diagnostiquées d’un trouble de stress post-traumatique n’ont
pas montré de diminution significative du rappel des mots associés au trauma et qui faisaient l’objet
d’une consigne « to-be-forgotten ». De façon similaire, McNally et al., (2001) n’ont trouvé aucune
différence dans l’oubli de mots relatifs au trauma entre les participants déclarant avoir retrouvé des
souvenirs d’abus, les participants déclarant avoir refoulé des souvenirs traumatiques, et ceux avec des
souvenirs continus. Cloitre et al. (1996) ont, eux, montré que le fait d’avoir subis des violences durant
l’enfance était associé à de meilleurs rappels dans la condition « to-be-remembered », mais pas à plus
d’oublis dans la condition « to-be-forgotten ». Enfin, dernier exemple et le plus récent en date, Patihis
et Place (2018) ont échoué à apporter des preuves solides d’un lien entre dissociation/traumatisme et
oubli motivé. Réunies, ces données semblent plutôt supporter une idée inverse à celle avancée par les
défenseurs du mécanisme de l’amnésie dissociative : les individus ayant vécu des expériences
traumatiques seraient tout aussi capables, voire mieux dans certains cas, de rappeler du matériel
traumatique. Avec des populations non cliniques, Barnier et al., (2007) n’ont, pour leur part, pas mis en
avant de différence d’oubli entre des mots à valence positive, neutre ou négative, sachant que, dans
l’ensemble, la fréquence d’oubli était plus élevée pour les mots non-émotionnels que pour les mots
émotionnels.
Au regard, en tout cas, des disparités de résultats obtenus au moyen de ce paradigme, il semble
important de proposer des analyses plus globales (e.g., méta-analyses, analyses de type « space-study »)
qui permettraient (i) d’y voir plus clair sur le sens des résultats, (ii) d’identifier et prendre en compte
d’éventuelles différences et/ou limites méthodologiques, et (iii) d’identifier d’éventuels biais de
publication (i.e., tendance à ne publier que les manuscrits présentant des résultats significatifs).

Les liens entre passé traumatique et la survenue de symptômes dissociatifs. Là encore, les
résultats obtenus ne permettent pas d’apporter de preuves de l’existence d’une amnésie dissociative
consécutive à l’expérience d’un événement traumatique. Comme formulé à plusieurs reprises (e.g.,
Otgaar et al., 2019 ; Lynn et al., 2014 ; Patihis & Lynn, 2017), la DES ne propose pas de mesure de
perturbations mnésiques correspondant aux définitions passées du refoulement (voir plus bas), ou à la
définition actuelle de l’amnésie dissociative par le DSM-5. En effet, l’échelle fait plutôt référence à des
perturbations mnésiques, mais en aucun cas à un oubli de l’événement traumatique. Parmi les items de
la deuxième version de la DES, où l’on demande aux participants et/ou patients pour chaque proportion
d’indiquer à quel pourcentage de leur temps cela leur arrive, il y a par exemple : « Certaines personnes
font l’expérience de conduire ou de monter dans une voiture, un bus ou un métro, et soudainement
réalise qu’ils ne se souviennent pas de ce qui s’est passé Durant le trajet » (notre traduction). Autre
exemple, « Certaines personnes font l’expérience de se retrouver habillées de vêtements sans se souvenir
les avoir enfilés » (notre traduction). Ainsi, au-delà du fait que des fortes corrélations entre les scores
obtenus avec la DES et le fait d’avoir un passé traumatique ne sont pas toujours retrouvées dans la
littérature (Patihis & Lynn, 2017), il a été montré que ces scores, à l’inverse, corrèlent positivement et
de façon significative avec des mesures de contrôle attentionnel diminué (voir Codon & Lynn, 2014 ;
Merckelbach, Muris, & Rassin, 1999). En d’autres mots, la DES ne permet pas d’obtenir de bons indices
d’amnésie dissociative, mais plutôt de capacités cognitives réduites.
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse 7

Tableau 1. Résumé des arguments empiriques en faveur de l'amnésie dissociative et limite méthodologiques identifiées dans la littérature
Table 1. Summary of empirical evidence of dissociative amnesia and methodological limitations identified in the literature
Preuves en faveur de l'amnésie dissociative Critiques
Études Observation chez des personnes de périodes sans souvenirs des faits Absence de corroboration des faits.
prospectives traumatiques vécus.
Prévalence allant d'environ 16% (Melchert & Parker, 1997) des L’amnésie dissociative est une interprétation mais n'est pas observée.
personnes déclarant avoir vécu un événement traumatique jusqu'à 59%
(Briere & Conte, 1993).
Interprétation de ces périodes comme le résultat de mécanismes Grande variabilité des résultats dans les études de prévalence.
dissociatif entrainant une incapacité de se souvenir.
Paradigme Démonstration expérimentale de capacités de suppression de souvenirs Mécanisme conscient et induit par un tiers.
T/NT non-désirés.
Résultats répliqués par certaines études. L'ampleur de la suppression des souvenirs semble minime au regard
de ce que serait l'amnésie dissociative (i.e., incapacité de souvenirs
de parties d'événements ou d'événements entiers).
Absence de réplication par d'autres études.
Observé principalement chez des individus sains, effets moins
importants dans des populations cliniques.
Paradigme de Démonstration expérimentale d'oubli volontaire de souvenirs non- Mécanisme conscient et induit par un tiers.
l'oubli motivé désirés.
Répliqué avec du matériel relatif au trauma et/ou souvenirs Absence de différence dans certaines études entre populations
autobiographiques. cliniques/trauma (e.g., trouble de stress post-traumatique) et
populations contrôles.
Absence de différence dans certaines études concernant l'oubli de
mots relatifs au trauma vs. mots non relatifs et/ou neutres, avec des
populations cliniques.
Dissociative Corrélation positive entre passé traumatique et survenue de symptômes Les perturbations mnésiques mesurées dans la DES ne renvoient pas
Experience dissociatifs (e.g., perturbations mnésiques). à l'amnésie dissociative.
Scale
Corrélations positives entre le score obtenu à la DES et des mesures
de contrôle attentionnel.
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

Limites conceptuelles

L’amnésie dissociative comme nouvelle appellation du refoulement. Comme précisé dès l’introduction,
il semble que, conceptuellement, l’amnésie dissociative soit une nouvelle appellation du refoulement
inconscient. En effet, dès 1994, Holmes insistait sur l’idée qu’en l’absence de preuves à la fois expérimentales
et cliniques de validité du refoulement, ses partisans ont commencé à mettre l’emphase sur des aspects
dissociatifs de la mémoire, et ainsi commencé à parler d’amnésie dissociative. Toutefois, une analyse « idée-
par-idée » conduite par Otgaar et collègues (2019) a démontré que la définition donnée par le DSM (5ème
édition ; American Psychiatric Association) à l’amnésie dissociative est très similaire à la définition donnée
au refoulement par de nombreux auteurs dans les années 1990 (e.g., Loftus, 1993). La question de pourquoi la
notion de « refoulement » n’était pas inscrite et décrite dans les précédentes versions du DSM, alors que la
5ème édition du manuel propose une description de l’amnésie dissociative se pose. Plusieurs raisons ont été
avancées dans la littérature (Otgaar et al., 2019) : (i) l’équipe chargée de la mise à jour du manuel était très
majoritairement composée de psychiatres, et n’a inclus aucun spécialiste du fonctionnement de la mémoire
(Yan, 2007) ; (ii) l’équipe ne comprenait aucun chercheur et/ou spécialiste ayant exprimé des doutes
concernant la validité de certains troubles dissociatifs (voir Otgaar et al., 2019) ; (iii) la littérature clinique
inclut une très grande quantité d’études de cas décrivant des individus déclarant une amnésie dissociative,
pouvant laisser envisager qu’il s’agit d’un phénomène dont la reconnaissance est consensuelle au sein de la
communauté scientifique (voir, par exemple, Brand et al., 2009 ; Sharma, Guirguis, Nelson, & McMahon,
2015 ; Stanioiu, Markowitsch, & Kordon, 2018).
Ce changement d’appellation du phénomène est d’ailleurs observable : il a été montré qu’entre 2010 et
2019, 71 articles publiés dans une revue scientifique focalisée sur les troubles dissociatifs portaient directement
sur la question de l’amnésie dissociative, alors qu’entre 1990 et 1999, aucun article ne portait dessus (Otgaar
et al., 2019). Un tel changement de nom a alors été interprété comme (i) une tentative de donner une caution
plus scientifique au refoulement, et (ii) une des raisons pour lesquelles les « memory wars » (i.e., le nom donné
à la controverse tant scientifique que clinique autour des souvenirs refoulés et retrouvés ; Crews, 1996) seraient
toujours en vigueur en cette fin de deuxième décennie du 21ème siècle (voir Dodier, 2019 ; Patihis, Ho et al.,
2014).

Le trouble de stress post-traumatique. Les recherches menées sur le trouble de stress post-traumatique,
plutôt que de mettre en avant quelconque incapacité à se remémorer les faits, révèle que les individus atteints
font plutôt l’expérience de flashbacks, de symptômes de reviviscences, et de souvenirs intrusifs (voir McNally,
2003). C’est ainsi que plusieurs auteurs ont expliqué que les pertes complètes de souvenirs d’un événement
traumatique seraient particulièrement rares parmi les victimes de traumatismes (e.g., victimes survivantes de
l’Holocauste, Wagenaar & Groeneweg, 1990 ; survivants de camps de concentration, Merckelbach, Dekkers,
Wessel, & Roefs, 2003 ; victimes de violences sexuelles, Goodman et al., 2003). En fait, il semblerait, dans le
cas de violences sexuelles, que la précision des souvenirs soit corrélée positivement avec la sévérité des
violences (Alexander et al., 2005). Une récente étude longitudinale examinant la qualité et l’exactitude de
souvenirs de contacts génitaux subis environ 20 ans plus tôt a montré que le niveau d’intensité de trouble de
stress post-traumatique n’était en rien associé à une plus faible exactitude des récits, qui étaient, de manière
générale, particulièrement exacts (Goldfarb, Goodman, Larson, Eisen, & Qin, 2019). En d’autres mots, à
l’inverse d’une amnésie dissociative qui établit un lien entre traumatisme et oubli, il semble que les personnes
ayant un vécu traumatique, ou atteintes du trouble de stress post-traumatique ne se souviennent généralement
que trop bien de ce qu’elles ont vécu (McNally, 2003).

Une limite épistémologique. Le DSM (5ème édition ; American Psychiatric Association) décrit l’amnésie
dissociative comme impliquant une période de temps durant laquelle un individu subit une incapacité à se
souvenir d’un événement autobiographique généralement traumatique. Cette notion est cohérente avec le
refoulement, dont la description incluait la notion de souvenirs inaccessibles (Loftus, 1993). Apparaît alors ici
une limite épistémologique majeure dans la mesure où, alors, un tel phénomène ne serait pas falsifiable.
Comme le soulignent très justement Otgaar et collègues (2019), la seule preuve observable qu’un souvenir a
été stocké est l’expression de celui-ci lors d’un rappel. Pourtant, l’idée même de rappel d’un souvenir est
incompatible avec l’idée d’incapacité de se rappeler. Ainsi, le concept même d’amnésie dissociative, telle que
définie par ses partisans, souffre d’erreurs logiques portant atteinte à sa validité épistémologique.
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

D’après certains auteurs exprimant une adhésion à la notion d’amnésie dissociative, les individus finissent
par retrouver de tels souvenirs dissociés lorsqu’un indice de récupération en permet la résurgence (e.g., Brand
et al., 2017a, b). Une telle conception semble alors incompatible avec une idée « d’incapacité » à se rappeler
(i.e., amnésie dissociative) ou « d’inaccessibilité » (i.e., refoulement). Au contraire, il s’agirait là d’un
fonctionnement plutôt ordinaire d’oubli et de récupération mnésique.
Cette revue des limites ne permet pas, comme nous l’avons précisé en introduction, d’affirmer que
l’amnésie dissociative n’existe pas. Cependant, rien dans les études citées en support de ce mécanisme ne
prouve, en fait, son existence. Pourtant, comme nous allons le voir dans une prochaine section, plusieurs
pratiques thérapeutiques semblent associées à la récupération de tels souvenirs.

Les Thérapies de « Mémoires Retrouvées » et les Faux Souvenirs

Malgré le fait que l’amnésie dissociative ne soit pas un phénomène faisant l’objet de suffisamment de
preuves de son existence et que les publications exprimant du scepticisme soient majoritaires au 21ème siècle
(Dodier, 2019), certaines techniques thérapeutiques sont, au moins partiellement, focalisées sur la récupération
et la gestion de souvenirs traumatiques. Comme cela a été précisé récemment dans la littérature, il semble rare
que des thérapeutes affichent clairement leur intention d’aider des patients en souffrance à retrouver des
souvenirs enfouis dans leur inconscient (Patihis & Pendergrast, 2019). Si certaines méthodes thérapeutiques
ont pour objectif explicite d’agir sur les souvenirs traumatiques (e.g., eye movement desensitization and
reprocessing, appelé couramment EMDR, Shapiro, 2018), d’autres dont l’objectif principal n’est pas de se
focaliser sur de tels souvenirs (e.g., les thérapies psychodynamiques d’inspiration psychanalytique modernes,
Shedler, 2010 ; les thérapies cognitives et comportementales ; Beck, 2016) peuvent parfois mettre l’accent sur
des traumatismes passés (e.g., Cohen, Mannarinon, Kliethermes, & Murray, 2012). De plus, ces dernières ont
déjà été décrites comme étant parfois associées à des méthodes infondées scientifiquement (Hipol & Deacon,
2013). La question qui se pose alors est celle du risque associé à de telles focalisations sur les souvenirs de
traumatismes passés.
Depuis plus de 40 ans, de nombreux travaux sur la facilité avec laquelle des souvenirs épisodiques ou
autobiographiques peuvent être biaisés ont permis de comprendre à quel point des techniques thérapeutiques
(e.g., hypnose, imagerie guidée) associées à des suggestions explicites peuvent avoir pour conséquence le
développement de faux souvenirs. Les premiers travaux de Loftus et Palmer (1974) ont d’ailleurs mis en avant
le fait que changer subtilement un mot dans une question (e.g., « à quelle vitesse roulaient les voitures quand
elles se sont rentrées dedans ? » vs. « à quelle vitesse roulaient les voitures lorsqu’elles sont entrées en
collision ? ») pouvait modifier les souvenirs d’un événement. Dans leur étude, après avoir montré aux
participants une vidéo d’accident de la route et leur avoir posé les questions suscitées, les chercheurs
demandaient aux participant s’ils se souvenaient, ou non, avoir vu des bris de glace suite à l’accident, alors
qu’il n’y en avait pas. Leurs résultats ont montré qu’au plus le verbe induisait un choc violent (i.e., « entrer en
collision » est perçu comme plus violent que « rentrer dedans »), au plus les participants se souvenaient à tort
avoir vu des bris de glace. Même si le paradigme expérimental a évolué depuis sa création, les 40 ans de
recherche ayant suivi l’étude de Loftus et Palmer ont permis d’arriver à la conclusion que l’effet de
désinformation (i.e., l’intégration en mémoire d’un événement d’un ou de plusieurs éléments encodés après
l’expérience dudit événement) est un des effets les plus robustes en psychologie (Loftus, 2005 ; Payoux &
Verrier, 2017).
Amener des individus à rappeler des bris de glace quand il n’y en avait pas dans l’événement original est
une chose. C’est une toute autre chose d’induire des faux souvenirs autobiographiques d’événements entiers
chez des individus. Pourtant, un grand nombre d’études ont mis en place des paradigmes expérimentaux visant
à créer chez des participants de tels faux souvenirs. La première étude du genre fut conduite par Loftus et
Pickrell (1995). La méthode était la suivante : les expérimentateurs ont soumis à des participants un livret
contenant quatre récits épisodiques décrivant un événement de leur enfance. Parmi eux, trois récits avaient été
récupérés auprès des proches du ou de la participant(e) et étaient authentiques, et un récit était totalement faux
et inventé (i.e., un récit décrivant la perte du ou de la participant(e) dans un centre commercial), mais basé sur
des éléments crédibles pour le ou la participant(e). Les participants étaient invités à indiquer dans le livret ce
dont ils se souvenaient de chacun des événements décrits, avec la possibilité d’indiquer qu’ils ne se souvenaient
de rien. Les participants étaient ensuite entendus deux fois (à une à deux semaines d’intervalle) par l’équipe
de recherche, et étaient invités à rappeler tout ce dont ils se souvenaient des événement, sur la base de leurs
souvenirs des événements, et non des descriptions du livret. Les résultats ont montré que 25% des participants
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

se souvenaient partiellement ou totalement avoir vécu l’événement inventé. De tels résultats ont été répliqués
à plusieurs reprises, y compris pour des souvenirs d’événements criminels et émotionnels (Shaw & Porter,
2015 ; mais voir aussi, pour une critique Wade, Garry, & Pezdeck, 2018 ; et pour une réponse, Shaw, 2018).
De manière plus générale, les revues systématiques et méta-analyses sur l’induction de faux souvenirs
d’événements entiers ont montré des proportions de faux souvenirs allant de 15% des participants (Brewin &
Andrews, 2017 ; mais voir aussi, pour des critiques, Otgaar, Merckelbach, Jelicic, & Smeets, 2017; Nash,
Wade, Garry, Loftus, & Ost, 2017) à 30% (Scoboria et al., 2017).
La question des faux souvenirs reste néanmoins compliquée à appréhender d’un point de vue appliqué. En
effet, plusieurs méthodes existent pour étudier le développement des faux souvenirs (e.g., la tâche
Deese/Roediger-McDermott, le paradigme de désinformation, le paradigme d’induction de faux souvenirs
riches, inflation de l’imagination). Or, il a été montré que le développement de faux souvenirs suite à une tâche
précise ne permet pas de prédire le développement de faux souvenirs dans d’autres tâches (Patihis, Frenda, &
Loftus, 2018). De même, il semble que les caractéristiques individuelles ne permettent pas de prédire
l’apparition de faux souvenirs, et ce indépendamment des tâches utilisées (Nichols & Loftus, 2019). En
d’autres termes et pour résumer : les faux souvenirs concerneraient tout le monde, et on ne peut prédire dans
quel contexte ceux-ci ont le plus de chance d’apparaître. La question qui se pose maintenant est la suivante :
quelles méthodes thérapeutiques sont plus associées à des faux souvenirs ?
Au-delà de l’induction d’information post-événement, plusieurs techniques parfois utilisées lors de
thérapies ont été identifiées comme potentiellement dangereuses pour les patients, en ce qu’elles peuvent
contribuer à la création de souvenirs erronés (voir Lilienfeld, 2007 ; Lynn, Lock, Loftus, Krackow, &
Lilienfeld, 2003). Plusieurs recherches expérimentales ont mis en avant des liens entre ces techniques et la
création de faux souvenirs, comme par exemple l’imagerie guidée (i.e., il est demandé aux individus
d’imaginer un événement suggéré par un tiers ; Garry, Manning, Loftus, & Sherman, 1996), l’hypnose
(Laurence & Perry, 1983 ; Patihis & Younès Burton, 2015), ou encore l’interprétation des rêves (i.e., après
que les participants ont raconté leurs rêves et que l’expérimentateur les a systématiquement interprétés comme
évocateurs de harcèlement subis avant l’âge de trois ans, il a été observé une hausse dans les croyances que
ces événements sont réellement survenus ; Mazzoni, Loftus, Seitz, & Lynn, 1999). Des travaux plus récents
ont montré que les mouvements oculaires latéraux—une technique centrale à l’EMDR—était associés à une
hausse des faux souvenirs dans un paradigme de désinformation (Houben, Otgaar, Roelofs, Smeeths, &
Merckelbach, 2019 ; Houben, Otgaar, Roelofs, & Merckelbach, 2018, mais voir aussi, pour une critique, van
Schie & Leer, 2019). De même, une méta-analyse a révélé un lien positif entre trouble de stress post-
traumatique, passé traumatique, dépression et le développement de faux souvenirs spontanés pour de matériel
émotionnel (Otgaar, Murris, Howe, & Merckelbach, 2017).
La psychothérapie est un contexte particulier qui semble propice à de tels phénomènes mnésiques (Otgaar
et al., 2019 ; Patihis & Pendegrast, 2019). Comme nous l’avons vu, il est relativement aisé d’amener des
individus à se souvenir (ou du moins, à croire en la survenue) d’éléments ou d’événements qu’ils n’ont pourtant
pas vécus. Patihis et Pendergrast (2019) ont mesuré la prévalence de souvenirs retrouvés durant des
psychothérapies aux Etats-Unis entre 1970 et 2017 et ont conclu que cela pourrait concerner de 4 à 5% des
américains de plus de 20 ans ; ce qui représentait 11% des répondants à leur enquête ayant aussi déclaré avoir
suivi une thérapie. Si ces données semblent marginales, il convient de les mettre en perspective avec le nombre
d’individus que cela pourrait concerner, à savoir entre 9 et 12 millions. En France, il a été estimé que cela
pourrait concerner aussi des centaines de milliers de personnes, dans la mesure où 6% d’individus ayant déclaré
avoir suivi une thérapie entre 1995 et 2018 ont aussi déclaré avoir retrouvés des souvenirs dans ce contexte
(2.5% des 1312 répondants âgés de plus de 18 ans au total ; Dodier, Patihis, & Payoux, 2019). Dodier, Patihis,
et Payoux (2019) ont par ailleurs mis en avant un lien très fort entre le fait, pour des patients de croire en
l’efficacité des méthodes thérapeutiques pour retrouver des souvenirs refoulés (ou dissociés) et le fait de
retrouver des souvenirs d’abus passés dans le cadre d’une thérapie. De manière intéressante, tant aux Etats-
Unis qu’en France, de tels souvenirs retrouvés étaient associés à des méthodes thérapeutiques dont l’objectif
n’est, a priori, pas de se focaliser sur des traumas passés (e.g., thérapies cognitives et comportementales).
Associé au fait que les psychologues cliniciens se montrent majoritairement favorables à l’idée que l’amnésie
dissociative est un phénomène valide (e.g., Dodier & Payoux, 2017 ; Melinder & Magnussen, 2015 ; Otgaar
et al., 2019), ceci suggère alors, comme cela a été montré par le passé, que le développement de faux souvenirs
induits en thérapies dépendrait davantage des croyances des thérapeutes et des patients, ainsi que des
suggestions explicites d’abus passés, que des pratiques thérapeutiques en elles-mêmes (e.g., voir la discussion
à ce sujet dans Robin, 2013, p. 118–119).
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

En clair, les faux souvenirs représentent une alternative crédible et largement éprouvée scientifiquement à
l’amnésie dissociative. Toutefois, puisqu’il semble que les interventions suggestives d’un tiers augmentent la
probabilité d’apparition de faux souvenirs, il convient de s’intéresser au contexte de récupération afin d’estimer
(théoriquement) si cette hypothèse est pertinente dans le cas de souvenirs retrouvés. Par exemple, un souvenir
retrouvé spontanément en présence d’un indice de récupération (e.g., retourner sur les lieux où se sont déroulés
les faits) devrait plus probablement refléter un événement personnellement vécu par un individu. Nous allons
voir, dans une section suivante, que d’autres mécanismes relatifs au fonctionnement ordinaire de la mémoire
ou à des stratégies d’évitement peuvent expliquer certains souvenirs retrouvés. Nous aborderons aussi la
question sensible des symptômes simulés ou feints.

Des Explications Alternatives à l’Amnésie Dissociative

Dans cette section, nous allons développer plusieurs mécanismes alternatifs à l’amnésie dissociative, afin
d’expliquer comment des individus peuvent vivre un oubli des faits—ou parfois avoir l’impression de les avoir
oubliés—durant de longues périodes de temps. Nous passerons aussi en revue la question des symptômes
feints, qui peuvent s’avérer être une hypothèse crédible et alternative à l’amnésie dissociative dans certains
cas. L’objectif ici n’est pas d’affirmer que ces mécanismes sont systématiquement à l’œuvre, mais plutôt de
proposer aux lecteurs des explications davantage parcimonieuses. En d’autres termes, nous allons montrer que
ce qui est considéré comme la manifestation d’une amnésie dissociative—un phénomène aux bases
scientifiques incertaines—peut s’expliquer plus économiquement par des théories scientifiques validées.

L’événement n’est pas vécu comme un traumatisme au moment de sa survenue

En 1994, Williams a conduit une étude prospective visant à mesurer la proportion de femmes qui
rappelleraient librement des faits de violences subies durant l’enfance rapportées 17 ans plus tôt à la police.
Le résultat principal était que 38% des femmes entendues ne rappelaient pas les violences. Plus intéressant,
l’auteure a montré une association entre l’âge et le rappel : les femmes qui étaient les plus jeunes lors des
violences étaient celles qui rappelaient le moins les faits. Ceci a alors mené à considérer que l’amnésie
dissociative était d’autant plus probable que les violences avaient été subies jeune. Toutefois, il semble que,
dans ce cas, une variable n’a pas été prise en compte dans l’interprétation d’un tel résultat. En effet, le très
jeune âge de certaines victimes pourrait avoir eu pour conséquence que l’événement n’a pas été vécu, au
moment de sa survenue, comme traumatique par l’enfant (Clancy & McNally, 2005/2006). Malgré le fait que
les violences sont de façon évidente condamnables sur les plans moral, sanitaire et légal, les enfants pourraient
être parfois trop jeunes pour percevoir la nature sexuelle des actes commis par un adulte à leur encontre (Loftus,
Joslyn, & Polage, 1998 ; McNally & Geraerts, 2009). En effet, les jeunes enfants ne connaissent généralement
que très peu de choses, voire rien, à propos de la sexualité (Brilleslijper-Kater & Baartman, 2000). Il a été
montré que dans de tels cas, l’événement a été vécu comme « bizarre, confus et très inconfortable » (McNally
& Geraerts, 2009 ; notre traduction), mais non de façon traumatique. Des mécanismes alors ordinaires de la
mémoire (i.e., difficulté d’accéder à la trace mnésique de l’événement) pourraient expliquer certains cas de
souvenirs retrouvés. Ce n’est que plus tard, parfois des décennies, qu’un indice de récupération pourrait
permettre l’accès aux souvenirs des violences. Ceux-ci seront alors réinterprétés comme des violences subies
(McNally, 2005 ; Schooler, 2001), et générant, à ce moment un traumatisme psychologique (McNally &
Geraerts, 2009).

L’effet du stress sur la mémoire

Si l’argument de l’âge et du passage du temps est une alternative crédible à l’amnésie dissociative lorsque
les violences ont été commises lorsque l’enfant était (très) jeune, elle l’est moins lorsqu’il s’agit d’adolescents
ou d’adultes. En effet, les adolescents ont des connaissances plus développées sur la sexualité que de plus
jeunes enfants (Drennan, Hyde, & Howlett, 2009), ainsi que de plus grandes capacités à décrire des violences
sexuelles (Milam & Nugent, 2017). Certains partisans de l’amnésie dissociative ont avancé l’idée que la
caractéristique des amnésies dissociatives débutant à des âges avancés était qu’elles étaient généralement
partielles (voir Dodier & Tomas, 2019). Toutefois, d’autres mécanismes liés à l’influence du stress sur la
mémoire et largement plus soutenus par des données empiriques peuvent expliquer de tels biais dans les
souvenirs de victimes de violences. Le modèle défendu par Deffenbacher (1994 ; voir aussi Deffenbacher,
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

Bornstein, Penrod, & McGorty, 2004) permet d’envisager le fonctionnement des souvenirs chargés en stress.
L’expérience d’un événement particulièrement stressant enclencherait un mode d’activation du contrôle
attentionnel. Une augmentation de ce mode d’activation à l’encodage serait plutôt bénéfique pour les
souvenirs—ce qui a été d’ailleurs soutenu par la méta-analyse la plus récente à ce sujet (Shields, Sazma,
McCullough, and Yonelinas, 2017)—parce qu’elle amènerait les individus à porter une plus grande attention
sur les détails permettant une bonne compréhension de l’événement. Toutefois, une hausse subséquente du
niveau de stress amènerait les individus à passer d’un mode d’activation du contrôle attentionnel à un mode
d’excitation, qui, lui, serait néfaste à la qualité des souvenirs. En effet, l’attention serait alors déportée vers les
éléments permettant une bonne compréhension de la source de la menace pour l’intégrité (physique ou
psychologique) des individus, et vers des éléments permettant d’élaborer des stratégies de gestion du stress
(e.g., fuite). C’est par exemple un des mécanismes qui expliqueraient l’effet d’arme : la présence d’une arme
(i.e., source de menace pour l’intégrité physique d’une victime ou d’un témoin) lors de la commission d’un
crime ou d’un délit aurait pour conséquences de moins bonnes habilités pour les individus à décrire
physiquement l’auteur des faits (voir Fawcett, Peace, & Greve, 2016 ; Fawcett, Russel, Peace, & Christie,
2013). Dans ce cas, il ne s’agirait pas d’amnésie, ou même d’oubli, mais d’un encodage partiel de l’événement.

Ne pas penser à l’événement traumatique ou ne pas en parler ne signifie pas l’avoir oublié

McNally (2007) a pointé une erreur logique dans l’interprétation des résultats des études prospectives.
Certaines études ont montré que les participants ayant déclaré avoir connu des périodes sans souvenirs ont
aussi déclaré avoir tenté, en vain, de se souvenir des abus. Or, le principe d’amnésie dissociative, ou de
refoulement inconscient, est justement que les individus sont incapables de se souvenir des souvenirs
traumatiques parce qu’ils n’ont tout simplement pas conscience de leur existence. Comment alors les
participants auraient-ils pu tenter de se souvenir sans avoir conscience de l’existence de ces souvenirs, donc
des violences ? Pour cette raison, McNally (2007) a émis l’hypothèse que dans de telles études, les participants
ont en fait interprété les questions comme « avez-vous connu une période où vous n’avez pas pensé aux
violences que vous avez subies ? » (p. 1085). Or, ne pas penser à un événement renverrait plutôt à des stratégies
d’évitement plutôt qu’à des phénomènes d’oubli ou d’amnésie (Otgaar et al., 2019).
De la même manière, ne pas parler de violences subies n’est pas révélateur d’états amnésiques dus au
traumatisme. Dans l’étude de Williams (1994), parmi les 38% de femmes n’ayant pas mentionné les violences
dans leur rappel libre, il est tout à fait envisageable que certaines aient choisi de ne pas en parler, malgré des
souvenirs potentiellement précis. Une étude a par exemple montré que si la probabilité pour des victimes de
révéler des violences sexuelles subies lors d’un entretien de police augmente jusqu’à l’âge de 11 ans, cette
probabilité chute sans discontinuer jusqu’à 16 ans (i.e., âge le plus élevé pris en compte dans l’étude ; Leach,
Powell, Sharman, & Anglim, 2017). Plusieurs explications ont été avancées à cette évolution : (i) en
grandissant, les adolescents ressentiraient plus de honte à aborder de tels faits (London, Bruck, Ceci, &
Shuman, 2007) ; (ii) les adolescents ressentiraient plus de peurs d’éventuelles représailles de la part de
l’agresseur (Goodman-Brown, Edelstein, Goodman, Jones, & Gordon, 2003) ; et (iii) ils ne percevraient pas
certaines violences comme des violences sexuelles (e.g., dans le cadre de relations amoureuses ; Bunting,
2008).

L’amnésie feinte

L’amnésie dissociative n’est pas un phénomène qui n’est invoqué que pour les victimes de faits
traumatiques. Les auteurs des faits peuvent aussi, parfois, déclarer subir une amnésie qui serait le résultat d’un
mécanisme inconscient, visant à les protéger de l’atrocité des actes qu’ils ont pu commettre (Porter, Birt,
Yuille, & Herve, 2001). La question de la simulation de troubles mnésiques dans les cas de crimes ou délits
violents fait l’objet d’un nombre important de recherches au plan international (voir la revue de littérature à ce
sujet par van Oorsouw & Merckelbach, 2010). Si l’on pourrait envisager ce genre de tromperies comme une
simple tentative de nier les faits, il s’avère que les raisons sont en fait plus compliquées. S’il paraît difficile
d’envisager cette hypothèse lorsqu’il s’agit de victimes, nous allons voir que la littérature conduite sur les
auteurs de faits criminels ou délictueux est informative quant à la complexité des motivations pouvant mener
à feindre une amnésie de faits de nature à causer un traumatisme.
Une des premières particularités des auteurs de faits délictueux ou criminels observées dans la littérature est
que la déclaration d’amnésie semble concerner principalement les auteurs de faits violents (Taylor &
L’année Psychologique/Topics in Cognitive Psychology, sous presse

Kopelman, 1984). Ensuite, un consensus s’est formé autour du fait que la simulation d’amnésie pour diminuer
l’ampleur d’une sentence était peu plausible : des études ont montré que ceux qui déclarent une amnésie se
dénoncent souvent eux-mêmes de leur crime (Kopelman, 1995), s’engagent dans des comportements pouvant
les incriminer ou bien l’avouent sans difficulté particulière (Porter et al., 2001). Ces conclusions ont amené les
chercheurs à considérer que feindre une amnésie était surtout une manière de gérer l’incapacité des auteurs de
certains crimes violents à expliquer leurs actes, et de manière générale, d’en discuter avec des enquêteurs (donc
aussi avec des enquêteurs de personnalités, psychologues et psychiatres ; Cima, Merckelbach, Hollnack, &
Knauer, 2003). De manière plus globale, déclarer une amnésie n’est pas une garantie qu’un individu souffre
réellement d’une amnésie dissociative, et la difficulté pour des professionnels de la santé mentale est de
pouvoir distinguer réelles difficultés de remémoration et amnésies simulées.

Autres explications

Pour terminer avec cette section, et pour des raisons de concision et de clarté du document, nous allons
proposer d’autres explications alternatives de façon plus succincte. Les auteurs sceptiques recommandent
d’envisager la possible survenue d’amnésies organiques, qui pourraient être confondues avec une amnésie
dissociative. Par exemple, McNally (2007) a présenté un cas analysé et interprété par Brown, Scheflin, &
Hammond (1998) où 2 enfants sur 38 témoins d’un éclair sur un terrain de football ayant fait un mort n’avaient
aucun souvenir des faits. McNally (2007) a alors précisé que Brown et al., (1998) avaient omis de préciser que
ces deux enfants avaient aussi été frappés par la foudre, et avaient failli en mourir. Or, les autres enfants non
frappés par la foudre se souvenaient tous de l’événement. Ceci a amené l’auteur à conclure que « l’amnésie
chez les deux enfants frappés par la foudre résultait d’un aspect physique, et non psychique, du traumatisme »
(McNally, 2007, p. 1084).
Une autre alternative est la question de l’amnésie infantile. Celle-ci renvoie à une inhabilité à récupérer des
souvenirs épisodiques d’événements s’étant déroulés dans la (très) petite enfance. Les raisons d’une telle
incapacité tiennent dans le fait que la capacité de conserver dans le temps des souvenirs autobiographiques et
épisodiques est corrélée aux capacités de langage et de perception de soi, celles-ci étant en développement et
extrêmement rudimentaires chez les très jeunes enfants (voir Josselyn & Frankland, 2012). Aujourd’hui, les
auteurs s’accordent à estimer l’âge limite de notre enfance auquel nous pouvons remonter au moyen de
souvenirs épisodiques à l’âge de trois ans en moyenne, avec des variabilités allant de deux à huit ans (Bauer
& Larkina, 2014). De plus, il semble que les souvenirs de la petite enfance sont souvent très imprécis, puisque
dans un corpus de « premiers souvenirs », ceux-ci décrivaient davantage des fragments de souvenirs sans
détails (e.g. absence de temporalité, de souvenirs d’apparences vestimentaires, de pensées précises, de
conversations ; Conway, 2013). Ainsi, une incapacité de se souvenirs d’événement s’étant produits durant la
petite enfance s’expliquerait plus probablement par une amnésie infantile que par une amnésie dissociative.
Une confusion entre l’amnésie dissociative et l’amnésie psychogène est parfois faite, y compris par les
chercheurs (Harrison et al., 2017 ; Brand et al., 2018). Pourtant l’amnésie psychogène renvoie à un autre
phénomène. Celle-ci renvoie à une perte rétrograde, soudaine et massive de souvenirs autobiographiques, qui
ne pourraient être attribués à un dommage cérébral (Kihlstrom & Schacter, 2000). De plus, elle ne concerne
pas un événement traumatique précis, mais plutôt des pans entiers de la vie des individus, pouvant parfois aller
jusqu’à une incapacité de se souvenir de sa propre identité. Trois sous-types d’amnésie psychogène ont été
identifiés dans la littérature (McKay, & Kopelman, 2009) : (i) la fugue psychogène, où des personnes perdent
le souvenir de leur identité et l’ensemble de leurs souvenirs autobiographiques, et entrainant généralement des
périodes d’errance pouvant durer des heures ou des jours ; (ii) amnésie rétrograde psychogène focale, où les
individus perdent, de façon persistante, l’ensemble de leurs souvenirs rétrogrades, mais conservent leurs
capacités de mémoire antérograde ; (iii) le trouble dissociatif de l’identité, où, d’après certains auteurs (e.g.,
Dalenberg et al., 2012), le passage d’une identité à une autre entraine une perte des souvenirs
autobiographiques des événements vécus sous la première identité (pour des critiques, voir Lynn et al., 2014 ;
Merckelbach & Patihis, 2018). Enfin, comme le souligne McNally (2007), le terme « psychogène » ne signifie
pas que sa cause est psychologique, mais plutôt que sa cause n’a pas pu être identifiée comme étant organique.

Des enjeux déontologiques et cliniques

Nous l’avons largement énoncé dans le présent article : il n’existe pas de consensus autour de la question
de l’existence même de l’amnésie dissociative. Plus important encore, les preuves en faveur de son existence
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semblent, au mieux, limitées, au pire, inexistantes. Dans tous les cas, le débat autour des souvenirs retrouvés,
bien qu’annoncé comme terminé à la fin des années 1990 par plusieurs chercheurs (e.g., McHugh, 2003 ; Paris,
2012), semble toujours en vigueur. Bien que nous ayons largement discuté des enjeux scientifiques, il reste
deux enjeux qu’il convient d’explorer : les enjeux déontologiques et cliniques.
Plusieurs articles du code français de déontologie des psychologues mettent l’emphase sur l’importance
pour les psychologues de s’appuyer dans leurs pratiques sur des données acquises de la science et mises à jour
(articles 24, 35, et 39). L’American Psychological Association met, elle aussi, l’accent sur l’importance d’un
tel recours dans la pratique quotidienne des psychologues. Ce code énonce notamment que les psychologues
doivent promouvoir la confiance en la science (i.e., Préambule, principe C), principe partagé par une grande
quantité de codes de déontologie à l’international (Leach & Harbin, 1997). Au regard de la controverse
scientifique qui existe autour de l’amnésie dissociative, et du fait que la position majoritaire semble être le
scepticisme (Dodier, 2019), effectuer un diagnostic d’amnésie dissociative semble contrevenir aux règles
déontologique encadrant la profession. L’argument de sa présence dans le DSM (5ème édition, American
Psychiatric Association) ne saurait alors être qu’un argument d’autorité, au regard de la faiblesse de la preuve
scientifique que représente son inclusion dans le manuel (voir supra).
D’un point de vue clinique, son diagnostic présente plusieurs limites, et ce quel que soit le contexte de
diagnostic. Nous l’avons discuté, dans le cas où un patient n’aurait pas retrouvé de souvenirs de violences
subies durant l’enfance, un clinicien faisant l’hypothèse d’une amnésie dissociative pour expliquer un état
psychologique chez un de ses patients peut présenter le risque d’induire des faux souvenirs. Quelles sont
maintenant les limites associées à un tel diagnostic lorsqu’un patient a, par exemple spontanément, retrouvé
de tels souvenirs et en fait part à son thérapeute ? La première est qu’un psychologue ne pourrait s’appuyer,
en fait, sur aucune base théorique solide pour conclure à un lien causal entre le traumatisme généré par les faits
et l’oubli. Toutefois, nous savons qu’une quantité substantielle de psychologues cliniciens croient en la théorie
des souvenirs refoulés (et donc, par extension, à l’amnésie dissociative). Une récente analyse a montré que sur
4745 psychologues ou psychiatres interrogés, 58% d’entre eux exprimaient un accord avec l’hypothèse selon
laquelle des souvenirs traumatiques pouvaient être inaccessibles à la récupération en raison, justement, de leur
caractère traumatique (Otgaar et al., 2019). En France, 43% de psychologues et psychiatres estimaient que les
souvenirs retrouvés dans le cadre de psychothérapies étaient pour la plupart ou tous vrais ; cette proportion
montant à 52% chez les psychologues et psychiatres intervenant aussi dans le cadre d’expertises judiciaires
(Dodier & Payoux, 2017). La popularité d’une croyance en l’existence d’un phénomène suffit-elle pour
effectuer un diagnostic ? La réponse est non. Est-il possible d’inférer un lien causal entre trauma et oubli
uniquement sur le fait que les souvenirs sont de nature traumatique, car relatant de violences subies dans le
passé ? La réponse est non. Sur quels éléments objectifs peuvent s’appuyer les psychologues pour déduire ce
lien causal, en l’absence de preuves scientifiques convaincantes ? Il n’existe, à notre connaissance, aucun outil
de mesure standardisé, fiable et valide permettant d’estimer la probabilité d’occurrence d’une amnésie
dissociative. Son élaboration serait, dans tous les cas, confrontée à de nombreux obstacles en l’absence de
consensus scientifique sur son existence, et donc, par extension, sur sa description clinique.
Dans le cas où des personnes viendraient consulter un ou une psychologue suite au recouvrement soudain
de souvenirs traumatiques, il semble important de ne pas proposer immédiatement l’hypothèse d’une amnésie
dissociative, au regard (i) de l’absence de preuves scientifiques suffisantes, et (ii) des risques d’un tel
diagnostic. En effet, un patient pourrait chercher à retrouver des souvenirs supplémentaires, augmentant la
probabilité de développement de faux souvenirs. Il conviendrait plutôt de s’intéresser en premier lieu au
contexte d’une telle récupération (e.g., suggestions par un tiers, dans le cadre d’une autre thérapie, suite à la
confrontation à un indice contextuel, après des lectures). En second lieu, la mise en place d’une thérapeutique
adaptée devrait se focaliser sur le traumatisme lié à la récupération d’un tel souvenir, indépendamment du fait
qu’il soit vrai ou faux, et non sur un éventuel état dissociatif dont le trauma en tant que cause est remis en
question par la communauté scientifique.

Conclusion

Nous avons proposé une lecture critique du concept d’amnésie dissociative. Nous avons vu notamment que
l’abandon de la terminologie « refoulement inconscient » a laissé la place à celle d’amnésie dissociative, et
que la controverse autour n’est terminée ni dans la littérature scientifique (Dodier, 2019 ; Otgaar et al., 2019),
ni sur le terrain clinique (e.g., Dodier, Patihis, & Payoux, 2019 ; Dodier & Payoux, 2017 ; Patihis, Ho, et al.,
2014 ; Patihis & Pendergrast, 2019). Pourtant, la description des preuves utilisées en support de l’amnésie
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dissociative sont faibles et questionnent directement l’existence même de ce phénomène. Il est évident que des
recherches supplémentaires sont nécessaires. Par exemple, en l’absence à la fois de preuves scientifiques
convaincantes, d’outils de mesure valides et fiables, et d’élément objectifs permettant d’inférer un lien causal
entre trauma et oubli, il serait pertinent d’explorer les éléments utilisés par les psychologues pour effectuer de
tels diagnostics. De même, il serait intéressant d’estimer la prévalence des contextes de recouvrement de
souvenirs de violences passées par des individus, qu’ils n’avaient pas jusqu’ici. En effet, à notre connaissance,
il n’existe pas de données permettant par exemple, d’estimer l’importance du contexte thérapeutique dans la
récupération de souvenirs traumatiques. Ces nouvelles données permettraient d’envisager la mise en place de
guides pratiques supplémentaires à ceux existants (e.g., Hammond et al., 1995) pour aider les professionnels
de la santé mentale à agir avec et sur des souvenirs traumatiques. Concernant les croyances largement partagées
par le grand public concernant l’existence de mécanismes d’amnésie dissociative, il serait pertinent de
s’interroger sur leurs sources. Comme souligné par Otgaar, Wang, Howe et collègues (2020), les médias et
fictions (e.g., Séries TV, films) pourraient jouer un rôle dans la dissémination de telles croyances tant les
références au refoulement inconscient des souvenirs traumatiques semblent y abonder (Dieguez & Annoni,
2013).
Nous appelons la communauté clinique à la prudence en ce qui concerne l’utilisation de l’amnésie
dissociative dans des cadres thérapeutiques, mais aussi des cadres judiciaires. Plusieurs recherches ont montré
que les professionnels de la justice avaient des connaissances plus que limitées sur la façon dont fonctionne la
mémoire (e.g., Dodier, Melinder, Otgaar et al., 2019 ; Wise, Safer, & Maro, 2011). Il revient alors aux
psychologues et psychiatres experts de les informer sur les fonctionnements de la mémoire dans des contextes
judiciaires. Toutefois, à la vue des connaissances, elles aussi, limitées des psychologues et psychiatres experts
judiciaires français (Dodier, 2018 ; Dodier, Melinder, Otgaar et al., 2019 ; Dodier & Payoux, 2017), nous
pouvons questionner la capacité des experts à fournir aux magistrats, enquêteurs et avocats des explications
fiables et basées sur les preuves. Il nous semble alors plus qu’important de proposer dès les études de
psychologie (et en médecine) des outils de lecture critique des phénomènes mnésiques, certes parfois
populaires, mais pourtant largement controversés. L’éducation aux potentiels risques associés à de telles
croyances sur la façon dont la mémoire fonctionne relève d’enjeux à la fois, donc, judiciaires, scientifiques et
cliniques.
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