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Banques Participatives

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Les Banques participatives

Bhour hamza

19/12/2015
Sommaire

Introduction ........................................................................................................... 3

Partie I : Spécificité au niveau du fonctionnement des banques Participatives .... 6

Section 1 : Sources et principes de la finance participative .............................. 6

Section 2 : Activités des banques participatives ............................................... 8

Partie II : Spécificité au niveau du contrôle des Banques participatives ............ 11

Section 1 : Contrôle de mise en conformité .................................................... 11

Section 2 : Contrôle de régulation .................................................................. 13

Section 3 : Défis de réussite de la finance islamique au Maroc ...................... 14

Conclusion ........................................................................................................... 16

2
Introduction

De nos jours, la crise économique et financière mondiale a imposé aux pays de trouver
des solutions profondes et urgentes pour répondre à la dégradation de leurs grands équilibres
macro-économiques. Plusieurs secteurs sont touchés par cette crise en particulier le secteur
financier dans plusieurs pays occidentaux. Ce qui a généré l’effondrement et la défaillance de
plusieurs groupes bancaires internationaux. Ces derniers perçoivent dans le niveau de
résilience dont ont fait preuve certaines banques islamiques suite à la crise des subprimes
l’assurance d’un système plus résistant aux turbulences et plus performant que le système
bancaire classique.

La finance islamique a vu ses premiers jours dans les années 1970 dans les pays des
pétrodollars. Mais ses fondements sont apparus bien avant, au début du XXe siècle, temps où
les chercheurs et les praticiens musulmans cherchaient une alternative aux paradigmes
économiques dominants, à savoir le capitalisme libéral et le communisme.

En 1972, lors de la conférence islamique tenue à Djeddah, un plan global de réforme des
systèmes monétaires et financiers classiques en fonction des règles de l’islam a été lancé.

En 1974, lors du sommet de l’OCI à Lahore, la Banque Islamique pour le développement


(BID) a été créée. Cette institution intergouvernementale est devenue la pierre d’édifice du
système islamique.

Ainsi, ce concept (la finance islamique) se veut comme remède aux exigences de la
finance internationale basée sur la rémunération des crédits par des intérêts en proposant des
produits légitimés par la référence à l’Islam. Elle a pu s’intégrer facilement dans les circuits
de la finance internationale à travers sa propagation dans une grande partie des pays arabes et
islamiques.

Actuellement, la BID abrite 56 pays membres, mais les parts sont détenues en majorité
par une minorité des pays : Arabie Saoudite : 26,5%; Lybie : 10,6%; Emirats Arabes :
7,5%;…

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Par la suite des banques islamiques ont vu le jour dans la majorité des pays du Golfe : la
Dubaï Islamic Bank au Qatar (1975), la Kuwait Finance House et la Banque Fayçal en Egypte
(1977), la Banque Islamique de Jordanie (1978),…

Pour accompagner ce mouvement, structurer davantage les Institutions Financières


Islamiques (IFI) et raffiner et harmoniser leurs règles de fonctionnement, l’Organisation de
Comptabilité et d’Audit des Institutions Financières Islamiques (AAOIFI) a vu le jour en
1991.

Mais, ce n’est qu’au 21ème siècle que l’essor de la finance islamique a commencé à
attirer les intérêts et à marquer l’histoire de la finance mondiale. En effet, le nombre des
institutions financières a explosé pour atteindre plus de 300 institutions opérant
essentiellement dans 75 pays à travers le monde.

En 2008, les actifs conformes à la Charia sont estimés à 951 milliards de dollars contre
758 milliards de dollars un auparavant, soit une hausse de 25%. Ce chiffre est estimé à près de
1000 milliards de dollars d’actifs en 2011, pour confirmer la tendance haussière des
transactions conformes à la Charia.

Les produits bancaires représentent l’essentiel des actifs, le reste étant composé des
produits d’investissements, d’émission des Sukuks, des Fonds d’Investissements (FI) et des
produits Takaful.

L’industrie de la finance islamique a connu une croissance annuelle moyenne en deux


chiffres ces dix dernières années, et est annoncée comme deux fois plus rapide que celle la
finance conventionnelle, autour de 15% par an.

Au Maroc, la commercialisation des produits et services financiers islamiques ou


officiellement appelés « alternatifs » est très récente. L’introduction de ces produits date de
septembre 2007 et vient en réponse à un engouement croissant et une grande attente exprimée
par les consommateurs marocains, et en même temps pour améliorer la bancarisation de
l’économie nationale et stimuler le développement économique. Pourtant, l’évaluation des
réalisations fait ressentir une réticence de la demande et des difficultés énormes pour
commercialiser ces produits.
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En 2014, Le Maroc a choisi, à l'instar de pays comme la Jordanie, le Koweït ou la
Turquie, d'avoir une seule loi bancaire incluant un chapitre sur les banques participatives,
plutôt que deux lois séparées dans un souci de cohérence et d'harmonisation de l'offre du
secteur bancaire.

Le législateur marocain a réglementé les activités des banques participatives dans le titre
3 de la loi la nouvelle loi bancaire n°103-12 publiée au Bulletin Officiel daté du 22 janvier
2015, le législateur marocain a préféré donné ce nom afin d’éviter d’autre appellations d’ordre
religieux pouvant influencer la prise de décisions des différents clients comme la
dénomination « banque islamique ».

Selon l’agence Standard and Poors, la finance halal pourrait atteindre 10 à 20 % du


marché d’ici à 2020. Cependant, l’incertitude demeure quant à son succès. 98 % des
Marocains affirment qu’ils seraient intéressés. Mais 85 % ne savent pas si les produits de
leurs banques sont déjà « charia compatibles ». D`ou les opportunités de développement que
représentent la finance islamique.

Le but de ce travail est de mettre l`accent sur les principes régissant des banques
participatives afin de pouvoir déterminer les points de divergences régissant leur
fonctionnement par rapport aux banques classiques à la lumière de la nouvelle bancaire
loi 103-12. En quoi la finance participative est différente de la finance classique ?? S`agit-il
de banques reposant sur des techniques autonomes dans leur de fonctionnement par rapport
aux banques classiques ? Dans un contexte économique caractérisé par la complexité de ses
relations économiques et la pluralité des prises de participation et de fusions entre sociétés
peut –on parler d`une finance Islamique Halal ? En quoi les banques participatives sont
spécifiques par rapport aux banques classiques ?

Pour répondre à cette problématique nous allons diviser notre travail en deux parties. La
première partie sera dédiée à l`étude de la spécificité des principes régissant le
fonctionnement de la banque participative. Puis la deuxième sera consacrée à l`étude de la
tutelle et le contrôle des banques participatives.

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Partie I : Spécificité au niveau du fonctionnement des banques
Participatives
La finance participative diffère de la finance classique de point de vue de ses principes et
de ses modes de financement.

Section 1 : Sources et principes de la finance participative


La « Charia » constitue la principale source de la finance Islamique. Elle est régit par
des principes qui lui sont propres.
Paragraphe 1 : Source de la Finance participative

La finance participative tire ses sources de la « Charia ». Le terme « Charia », signifie en


arabe « Le chemin à suivre ». Il désigne un système légal basé sur l'éthique musulmane. Ce
système joue le rôle de référence juridique et indique la ligne de conduite dans tous les
domaines de la vie des musulmans, y compris le domaine économique/financier. Les deux
principales sources de la Charia sont :
 Le Coran : Le livre saint de l'Islam rend compte du message de Dieu tel que
révélé au Prophète Mohammed (SAWS), il constitue la première source en
termes de loi. Tout élément tiré d'autres sources juridiques doit impérativement
être en totale conformité avec la parole de Dieu dans le Coran.
 La Sounna : Ce terme englobe l'ensemble des enseignements transmis par le
Prophète Mohammed (SAWS) via ses paroles, ses expressions, ses actes, et son
approbation tacite.
Ces deux sources constituent les bases essentielles permettant de déterminer la
conformité de toute action avec les règles et la finalité de la Charia.
Toutefois, la Charia reste ouverte à des interprétions et développements possibles. En
effet, nous pouvons rajouter deux autres sources de la Charia :
 L'Ijmaa : Dans sa dimension technique, Ijmaa signifie le consensus des juristes
musulmans sur un point de droit. En pratique, l'Ijmaa fait office de preuve si
aucun élément du Coran ou de la Sounna ne permet de trancher sur un cas.
 Le Qiyass (raisonnement par analogie) : cette technique consiste à affecter, sur la
base d'une caractéristique sous-jacente commune, la règle juridique d'un cas
existant trouvée dans les textes du Coran, de la Sounna et/ou de l'Ijmaa à un
nouveau cas dont la règle juridique n'a pas pu être clairement identifiée. Ceci tout
en restant fidèle à l'esprit des sources traditionnelles du droit musulman.

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Paragraphe 2 : Principes et fondements de la finance islamique
Toute transaction dans le cadre du modèle financier islamique ne doit pas aller en
l’encontre de cinq principes fondamentaux :

a- L’interdiction du prêt à Intérêt/Le Riba


Le terme « Riba » désigne, dans le droit musulman, tout avantage ou surplus perçu par
l'un des contractants sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue de la
Charia. Le Riba a deux formes principales:

 Riba-Al-fadl : Il s'agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct entre
deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
 Riba-Annassia : Le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le paiement
a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le contrat, en
raison du délai accordé pour le règlement différé. Riba-Annassia est le type le
plus répandu dans la société, notamment à travers les crédits, des prêts et des
placements proposés par les établissements bancaires et les organismes de
financement traditionnels.

Selon les règles de la Charia, l’argent n’a aucune valeur intrinsèque car il constitue
simplement un moyen d’échange et ne pourrait dont pas être un moyen de réaliser un profit.

b- Principe de Partage des Pertes et Profits


Elément clé dans le concept de la finance islamique. Ce système de « 3P » permet
d’associer le capital financier au capital humain. Concrètement, en vertu de ce principe, un
investisseur (banque islamique) doit confier ses fonds à un entrepreneur avec qui il partagera
les bénéfices en fonction de la performance de l'actif sous-jacent, il devra également partager
toute perte éventuelle avec cet entrepreneur si celle-ci n'est pas due à une négligence ou une
faute grave de ce dernier. Le partage est déterminé contractuellement et peut ne pas être
égalitaire mais dans doit être tout le temps équitable.

c- Interdiction de l’incertitude (Gharar) et de la spéculation (Maysir)


La Charia interdit, dans les affaires et le commerce, les activités contenant des éléments
d’incertitude excessive ou qui reposent sur la spéculation.

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Le Gharar peut être défini comme étant tout flou non négligeable au niveau d'un des
biens échangés et/ou qui présente en soi un caractère hasardeux et incertain.

La correspondance en finance conventionnelle renvoie aux produits ou transactions à


terme, caractérisés par une incertitude évidente quant à leur réalisation, tels que les Futures,
les Swaps ou les autres produits financiers plus complexes comme les Subprimes.

Quant au Maysir, elle est liée à la notion de jeu de hasard qui peut générer un
enrichissement injustifié au détriment des autres, et désigne toute forme de contrat dans lequel
le droit des parties contractantes dépend d'un événement aléatoire. Ainsi, chaque contrat doit
avoir tous les termes fondamentaux (tels que l'objet, le prix, les délais d'exécution et l'identité
des parties contractantes) clairement définis au jour de sa conclusion.

d- La tangibilité de l’actif ou L’« Asset Backing »


Toute transaction financière islamique doit être obligatoirement adossée à un actif
tangible réel et matériel et surtout détenu. Ce principe de l'« Asset Backing » permet de
renforcer la stabilité économique et la maîtrise des risques. Le principe de la tangibilité des
actifs est également une manière d’inciter les investisseurs à s’engager dans l’économie réelle,
et d’empêcher la déconnexion observée entre les marchés financiers et l’économie réelle. Ceci
permet de promouvoir la justice sociale et l’équité ainsi que la liberté d’entreprendre.

e- Interdiction des activités illicites


La Charia exige que tout musulman ne puisse traiter des biens jugés illicites ou Haram.
Aucun investissement ne peut ainsi être réalisé par un financier islamique dès lors qu’il porte
sur des produits interdits par la Charia ou des activités illicites telles que l’alcool, la viande
porcine, armement, jeux du hasard (loterie,.. ),….

Section 2 : Activités des banques participatives


Le législateur marocain a réglementé les activités des banques participatives dans le titre
3 de la loi la nouvelle loi bancaire n°103-12 publiée au Bulletin Officiel daté du 22 janvier
2015.

L`Article 54 de la loi 103-12 de la loi bancaire dispose que << Sont considérées comme
banques participatives les personnes morales régies par les dispositions du présent titre,

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habilitées à exercer à titre de profession habituelle les activités visées aux articles l er, 55 et
58 de la présente loi, ainsi que les opérations commerciales, financières et d'investissements,
après avis conforme du Conseil supérieur des Ouléma visé à l'article 62 ci-dessous. Les
activités et opérations sus mentionnées ne doivent pas impliquer la perception et/ou le
versement d'intérêt>>.

Paragraphe 1 : Les activités de réception des fonds du public


Les banques participatives sont habilitées à recevoir du public des dépôts
d'investissement dont la rémunération est liée aux résultats des investissements convenus avec
la clientèle.

On entend par dépôts d'investissement les fonds recueillis par les banques participatives
auprès de sa clientèle en vue de leur placement dans des projets et selon des modalités
convenus entre les parties. Les conditions et modalités de collecte et de placement de ces
dépôts sont fixées par circulaire du wali de Bank A1-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit et avis conforme du Conseil supérieur des Ouléma.

Les banques participatives peuvent exercer, sous réserve du respect des dispositions
législatives et réglementaires applicables en la matière et dans les mêmes conditions prévues à
l'article 54 ci-dessus, les opérations prévues aux articles 7, 8, 9 et 16 de la loi 103-12.

Paragraphe 2 : Les activités de financement (Article 58)


Les banques participatives peuvent procéder au financement de la clientèle à travers
notamment les produits ci-après :
a- Mourabaha :
Tout contrat par lequel une banque participative acquiert un bien meuble ou immeuble en
vue de le revendre à son client à son coût d'acquisition plus une marge bénéficiaire convenue
d'avance. Le règlement de cette opération par le client est effectué selon les modalités
convenues entre les parties.
b- Ijara :
Tout contrat selon lequel une banque participative met, à titre locatif, un bien meuble ou
immeuble déterminé et propriété de cette banque, à la disposition d'un client pour un usage
autorisé par la loi.

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L'Ijara peut revêtir l'une des deux formes suivantes :
- Ijara tachghilia qui consiste en une location simple ;
- Ijara wa iqtinaa qui consiste en une location assortie de l'engagement ferme du
locataire d'acquérir le bien loué à l'issue d'une période convenue d'avance.

c- Moucharaka :
Tout contrat ayant pour objet la participation, par une banque participative, à un projet, en
vue de réaliser un profit. Les parties participent aux pertes à hauteur de leur participation et
aux profits selon un prorata prédéterminé.

La Moucharaka peut revêtir l'une des deux formes suivantes :


- la Moucharaka Tabita : les parties demeurent partenaires jusqu'à l'expiration du
contrat les liant ;
- la Moucharaka Moutanakissa : la banque se retire progressivement du projet
conformément aux stipulations du contrat.

d- Moudaraba :
Tout contrat mettant en relation une ou plusieurs banques participatives (Rab el Mal) qui
fournissent le capital en numéraire et/ou en nature et un ou plusieurs entrepreneurs
(Moudarib) qui fournissent leur travail en vue de réaliser un projet. La responsabilité de la
gestion du projet incombe entièrement aux entrepreneur(s). Les bénéfices réalisés sont
partagés selon une répartition convenue entre les parties et les pertes sont assumées
exclusivement par Rab el Mal, sauf en cas de fraude commise par le(s) Moudarib.
e- Salam :
Il s’agit d’un contrat de vente avec livraison différée de la marchandise. Le Salam est
une exception à la règle générale qui s’applique en cas de vente car le vendeur est autorisé à
vendre à terme, ce qui signifie que l’objet de la vente n’existe pas au moment où elle est
conclue. Le Prophète autorisait les fermiers à vendre à terme un produit agricole non encore
récolté, l’acheteur acquittant le prix intégral le jour un et les parties convenant de la quantité à
livrer et du moment de la livraison. Les fermiers pouvaient ainsi utiliser l’argent payé comme
capital pour commencer à cultiver. À l’échéance, le fermier livrait la quantité convenue de
produits à l’acheteur.

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f- Istisna :
L’Istisna est une extension du concept du Salam. Le Salam porte uniquement sur des
marchandises dont le paiement intégral doit être effectué d’avance. À l’inverse, l’Istisna est
un contrat utilisé pour la construction ou la fabrication de biens uniques (conformément à un
cahier des charges précis). Il se rapproche du Salam en ce sens qu’il est utilisé pour financer
des marchandises qui n’existent pas encore; mais il n’exige pas le paiement intégral d’avance
(les modalités de paiements sont plus souples).

Partie II : Spécificité au niveau du contrôle des Banques participatives


En plus du rôle joué par Bank Al- Maghrib dans le contrôle des banques participatives, le
Conseil supérieur des Oulémas joue un rôle important dans le contrôle de la conformité de
leurs activités par rapport aux règles de la <<Chariaa>>.

Les caractéristiques techniques des produits des banques participatives ainsi que les
modalités de leur présentation à la clientèle sont fixées par circulaire du wali de Bank Al-
Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit et avis conforme du Conseil
supérieur des Ouléma.

Les banques participatives peuvent financer leur clientèle à travers tout autre produit dont
les caractéristiques techniques ainsi que les modalités de leur présentation à la clientèle sont
fixées par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib après avis du comité des établissements de
crédit et avis conforme du Conseil supérieur des Ouléma.
Il existe deux sortes de contrôle : un contrôle de conformité et un contrôle de régularité.

Section 1 : Contrôle de mise en conformité


Le contrôle de conformité est exerce par le conseil supérieur des Ouléma. De plus les
banques participatives ont l`obligation de mettre en place un comite d`audit.

Paragraphe 1 : Rôle du conseil supérieur des Ouléma


La loi 103-12 précise clairement que le Conseil Supérieur des Oulémas est la seule
autorité compétente pour donner un avis de conformité s’agissant de l’activité des banques
participatives et des produits et services de type participatif.

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Cette démarche traduit la spécificité du Maroc et le distingue des autres pays où la
responsabilité des avis de conformité est confiée à des comités dont les membres sont
nommés par les institutions bancaires elles-mêmes. Elle présente par ailleurs un avantage
certain dans le sens où elle permet d’appliquer le principe d’unicité du référentiel religieux au
domaine de la finance participative et devrait favoriser une évolution cohérente du secteur.

Les prérogatives du Conseil Supérieur des Oulémas consistent à émettre des avis de
conformité sur les produits et services offerts par les banques participatives, et ce en
application des principales dispositions ci-après :
 L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Oulémas, comme
condition de création des banques participatives ;
 L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Oulémas, comme
condition pour commercialiser des produits ou des services participatifs que ce soit par
des banques participatives ou d’autres établissements de crédits et organismes
assimilés ;

Les banques participatives adressent, à la fin de chaque exercice social, au Conseil


supérieur des Ouléma, un rapport d'évaluation sur la conformité de leurs opérations et
activités aux avis conformes du Conseil supérieur des Ouléma précité.

Paragraphe 2 : Obligation d`institution un comite d`audit


Les banques participatives sont tenues de mettre en place un comité d'audit, chargé :
 d'identifier et de prévenir les risques de non-conformité de leurs opérations et
activités aux avis conformes du Conseil supérieur des Ouléma;
 d'assurer le suivi de l'application des avis conformes du Conseil supérieur des
Ouléma précité et d'en contrôler le respect ;
 de veiller à l'établissement des manuels et des procédures à respecter ;
 d'adopter les mesures requises en cas de non respect avéré des conditions
imposées pour la présentation au public d'un produit au sujet duquel un avis
conforme du Conseil supérieur des Ouléma a été émis.
Les conditions et modalités de fonctionnement dudit comité d'audit sont arrêtées par
circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit.

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Les banques participatives sont tenues de communiquer à Bank AlMaghrib, dans les
conditions fixées par circulaire du Wali de Bank AlMaghrib, après avis du comité des
établissements de crédit, un rapport sur la conformité de leur activité aux dispositions du
présent titre.

Section 2 : Contrôle de régulation


Bank Al Maghrib exerce un contrôle sur les établissements de crédit, il s`agit d`un
pouvoir de reglementation et de suivi.

Paragraphe 1 : Pouvoir de réglementation


D’un point de vue de réglementaire, la loi 103-12 fait référence à l’élaboration et à
l’adoption par Bank Al Maghrib d’une série de circulaires spécifiques régissant le
fonctionnement des banques participatives et détaillant les exigences opérationnelles,
fonctionnelles et organisationnelles propres à ce type d’activité, en plus des règles générales
applicables à tous les établissements de crédits tous types confondus.

Paragraphe 2 : le contrôle de respect des règles prudentielles


De même BAM s`assure du respect par les banques participatives de toutes les
exigences en termes de règles prudentielles, de standards comptables et d’audit financier, de
communication et de reporting, et d’indicateurs de suivi de la conformité.

Paragraphe 3 : l`institution d`un fonds de garantie


La loi Bancaire 103-12 prévoit la création d’un fonds de garantie spécifique aux
banques participatives à l’instar de celui déjà en place et qui restera réservé aux banques
conventionnelles et autres établissements de crédit concernés. Ce dispositif devrait permettre
de mettre en place les mécanismes nécessaires pour préserver les droits des déposants utilisant
ce type de banques et de protéger leurs intérêts, tout en se dotant des moyens pour faire face
aux risques de défaillance d’un ou de plusieurs opérateurs bancaires participatifs. Ce dernier
ne sera constitué que des contributions des banques participatives ; sachant que les opérations
financières participatives réalisées par les banques conventionnelles continueraient, elles, à
être couvertes par le fonds actuel.

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Les conditions et les modalités de fonctionnement de ce Fonds sont arrêtées par
circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit et
avis conforme du Conseil supérieur des Ouléma.

Section 3 : Défis de réussite de la finance islamique au Maroc


En dépit de la prise en conscience du rôle important que peut jouer la finance islamique dans
le dynamisme économique et la stabilité sociale de notre pays, la commercialisation de ces
produits bancaires ; depuis leur mise en place en 2007 ; a rencontré énormément d’obstacles
et de difficultés.

Selon l’agence Ecofin « l’encours global de ces produits alternatifs n’a atteint que 800
millions de dirhams en 2011 en comparaison avec 9,4% du total de l’actif bancaire en Egypte
et 9,6% en Turquie. Au Maroc, « ils ne pèsent que 1,8% dans l’actif bancaire à fin 2010 »,
selon le journal marocain L’Economiste.

Paragraphe 1 : Difficultés de commercialisation


Depuis la mise en place des produits alternatifs en 2007, La commercialisation de ces
produits, depuis leur introduction, n`a pas réussie pour diverses raisons:
 Cherté des produits offerts justifié par la double transaction sur le contrat d’achat par
la banque et la revente au client, et le manque de la concurrence (une seule banque a
osé commercialiser ces produits, les autres attendaient le comportement du marché);
 La pression du lobby des banques qui redoute la commercialisation de ces nouveaux
produits et nouvelles banques islamiques concurrentes;
 Manque de compétence et carence des moyens et formations dans le domaine;
 Marketing modeste qui n’accompagne pas les ambitions de développement de ces
activités;
Paragraphe 2 : Réussir la promotion de la finance islamique au Maroc : quelles
Conditions ?

A l’heure actuelle, tout le monde s’intéresse à la finance islamique : Gouvernement,


investisseurs, chercheurs, épargnants,... tous ces intervenants ont de grandes attentes par
rapport à la finance islamique. En effet, faut-il entreprendre des mesures et assurer de bonnes
conditions pour garantir la réussite de cette jeune industrie. Nous pouvons en citer
principalement sans prétendre être exhaustifs :
 Définition d’une stratégie globale pour la promotion de l’industrie financière
islamique à travers les différentes composantes du système: banques, compagnie
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Takaful, fonds d’investissement… avec une implication des pouvoirs publics dans
cette stratégie, notamment la banque centrale;
 La préparation des différents acteurs (politiques, économistes, cadres bancaires,
Oulémas, …) par une formation adéquate dans les divers domaines de la finance
islamique, tant sur le plan technique que charaïque afin de renforcer leurs
compétences;
 L’encouragement des banques réticentes par la mobilisation des subventions, de
récompenses et de protection contre la concurrence déloyale;
 La nécessité de se conformer aux règles, normes et standards définis par les organes de
contrôle et de régulation tels que l’AAOIFI, le CIBAFI, IICRA…
 La nécessité d’éviter de transposer des expériences toutes prêtes d’autres pays sans
tenir compte des spécificités et du contexte local.
 Adoption d’un marketing incitatif et lancement de compagne de sensibilisation de
l’importance de ces produits dans le dynamisme économique et social du pays, en
utilisant tous les médias disponibles;

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Conclusion
La finance islamique représente une bonne alternative à la finance conventionnelle.
L’industrie des services financiers islamiques est en plein essor dans le monde, elle attire les
institutions financières de tous azimuts. La taille de cette industrie a largement dépassé les
1000 milliards USD en 2011, et cette croissance exponentielle est loin de s'estomper.

Il ne s’agit pas là d’une mode, ou du fruit d’un contexte politique particulier, mais plutôt d’un
système alternatif venant compléter, et non se substituer au système conventionnel, offrant
des opportunités pour le financement de l’économie, la relance de l’emploi, la lutte contre la
pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Devant l’expansion et le rôle primordial de cette jeune industrie dans le dynamisme


économique et social, le Maroc n’est pas resté les mains croisées, il a introduit en 2014 une
nouvelle loi bancaire qui a institué un cadre législatif pour les banques participatives. Ainsi,
avec la création de Casablanca Finances City, notre pays a l’ambition de devenir un acteur
régional de référence de la zone, et à revoir son positionnement. Pour accompagner cette
ambition, et accélérer le rythme de développement de la finance islamique au pays, les
autorités monétaires ont décidé, tout récemment, d’autoriser la création de banques islamiques
dites, toutefois, participatives. Ces futures banques proposeront à leurs clients des produits en
adéquation avec la Charia.

Cependant la commercialisation de ces produits alternatifs au Maroc va rencontrer plusieurs


difficultés, les consommateurs, pour des questions de pouvoir d’achat, n’ont pas pu se donner
à cette nouvelle industrie.

Toutefois, la majorité écrasante d’entre eux (46%), espère avoir des produits conformes aux
préceptes de l’Islam, sans pour autant être chers.

Par conséquent, Il sera intéressant de suivre avec attention l'évolution de la finance islamique
au Maroc. Va-t-elle connaitre un succès? Va-t-elle attirer des investisseurs des pays du Golfe
? Les clients marocains vont investir dans les produits offerts par les banques participatives ?
Quels effets vont créer ces nouveaux produits dans l’économie nationale ?

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Bibliographie :
Bank Al-Maghrib, (septembre 2007). « Directive n° RN 33/G/2007 ».

Banque Africaine de développement, (2010). « Services Bancaires et finance


islamiques en Afrique du Nord : évolution et perspectives d’avenir ». Rapport.

Avis n°08/2014 du Conseil Economique, Social et Environnemental sur Projet


de loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés

BENLAHMAR, I. (2010), « La Finance Islamique est elle un rempart à la


finance conventionnelle face à la crise? ». Mémoire de Fin d’Etudes ENCG
SETTAT.

Cabinet Islamic Finance Advisory & Assurance Services. (Juin 2012).

Etude Cellule de Fiqh du Centre Islamique de la Réunion, (Avril 2008)


«Comprendre lafinance islamique » Publication - Édition spéciale.

Conseil Déontologique des Valeurs Mobilière de la Bourse de Casablanca,


(octobre 2010). « Finance Islamique » Rapport.

L’économiste, édition n° 6891 du 0188/81/84, « Finance islamique: Le Maroc a


une place à prendre »

LAHLOU. A, (1996) «Le Système bancaire du point de vue islamique» Acte de


colloque.

Webographie :

www.bkam.ma: site officiel de Bank Al-Maghrib


www.asmeci.tripod.com/asmeci.htm: Site official de l’association marocaine
d'études et recherches en économie islamique
www.afrik.com
www.afdb.org/fr: Site officiel de la Banque Africaine de Développement

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