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Illustré par Quentin Blake

Traduit de l’anglais
Traduit de l’anglais
par Marie Saint-Dizier et Raymond Farré
par Marie-Raymond Farré

Gallimard
Gallimard Jeunesse
Jeunesse
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Pour Liccy

Titre original : The Witches

© The Roald Dahl Story Company Ltd, 1983, pour le texte


Roald Dahl est une marque déposée de The Roald Dahl Story Company Ltd.
© Quentin Blake, 1983, pour les illustrations
© Éditions Gallimard, 1984, pour la traduction française
© Éditions Gallimard Jeunesse, 2007, pour la présente édition
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Les vraies sorcières

Dans les contes de fées, les sorcières portent tou-


jours de ridicules chapeaux et des manteaux noirs,
et volent à califourchon sur des balais.
Mais ce livre n’est pas un conte de fées.
Nous allons parler des vraies sorcières, qui vivent
encore de nos jours. Ouvrez grand vos oreilles, et
n’oubliez jamais ce qui va suivre. C’est d’une
importance capitale. Voici ce que vous devez savoir
sur les vraies sorcières :

Les vraies sorcières s’habillent normalement, et res-


semblent à la plupart des femmes. Elles vivent dans des
maisons, qui n’ont rien d’extraordinaire, et elles exer-
cent des métiers tout à fait courants.

Voilà pourquoi elles sont si difficiles à repérer !

Une vraie sorcière déteste les enfants d’une haine


cuisante, brûlante, bouillonnante, qu’il est impos-
sible d’imaginer. Elle passe son temps à comploter
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contre les enfants qui se trouvent sur son chemin.


Elle les fait disparaître un par un, en jubilant. Elle
ne pense qu’à ça, du matin jusqu’au soir. Qu’elle
soit caissière dans un supermarché, secrétaire dans
un bureau ou conductrice d’autobus.
Son esprit est toujours occupé à comploter et
conspirer, mijoter et mitonner, finasser et fignoler
des projets sanglants.
« Quel enfant, oui, quel enfant vais-je passer à la
moulinette ? » pense-t-elle, à longueur de journée.
Une vraie sorcière éprouve le même plaisir à pas-
ser un enfant à la moulinette qu’on a du plaisir à
manger des fraises à la crème. Elle estime qu’il faut
faire disparaître un enfant par semaine ! Si elle ne
tient pas ce rythme, elle est de méchante humeur.
Un enfant par semaine, cela représente cinquante-deux
enfants par an !
Un tour, deux tours de moulinette, et hop !… plus
d’enfant !
Telle est la devise des sorcières.
Mais la victime est souvent choisie avec soin.
Voilà pourquoi une sorcière traque un enfant
comme un chasseur traque un petit oiseau dans la
forêt. La sorcière marche à pas feutrés… elle bouge
lentement, au ralenti… de plus en plus près… puis
enfin, elle est prête et pfroutt !… elle fonce sur sa
victime comme un faucon. Des étincelles crépitent,
des flammes jaillissent, des rats rugissent, des lions
fulminent… Et l’enfant disparaît !
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Une sorcière, vous comprenez, n’assomme pas un


enfant ; elle ne le poignarde pas dans le dos ; elle ne
le tue pas d’un coup de pistolet. Les gens qui se
conduisent ainsi finissent par être capturés par la
police.
Mais une sorcière n’est jamais jetée en prison.
N’oubliez pas qu’elle a de la magie au bout des
doigts, et le diable dans la tête. Grâce à ses pouvoirs
magiques, les pierres peuvent bondir comme des
grenouilles, et des langues de feu papilloter à la sur-
face des eaux.
Terrifiants pouvoirs !
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Heureusement, il n’y a plus beaucoup de sor-


cières, de nos jours. Mais il en reste suffisamment
pour vous donner le frisson. En Angleterre, il y en
a probablement une centaine. Certains pays en ont
plus, d’autres beaucoup moins. Mais aucun pays au
monde n’est à l’abri des sorcières.

Une sorcière, c’est toujours une femme.


Je ne veux pas dire du mal des femmes. La plu-
part sont adorables. Mais le fait est que les sorcières
sont toujours des femmes et jamais des hommes.
Il n’y a pas de sorcier, mais il y a des vampires ou
des loups-garous, qui, eux, sont toujours des
hommes. Les vampires et les loups-garous sont dan-
gereux, mais une sorcière est deux fois plus dange-
reuse !
En tout cas, pour les enfants, une véritable sor-
cière est la plus dangereuse des créatures. Ce qui la
rend doublement dangereuse, c’est qu’elle a l’air
inoffensive ! Même si vous êtes bien au courant (et
bientôt, vous allez connaître tous les secrets des
sorcières), vous n’êtes jamais absolument sûr d’être
en présence d’une sorcière ou d’une charmante
femme.
Si un tigre pouvait se transformer en un gros
chien qui remue la queue, vous iriez certainement
lui caresser le museau, et… vous seriez le festin du
tigre ! C’est pareil avec les sorcières, car elles res-
semblent toutes à des femmes gentilles.
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Veuillez regarder le dessin :


Laquelle des deux femmes est une sorcière ?
Question difficile !
Et pourtant, tous les enfants devraient pouvoir
répondre sans hésitation.

Maintenant, vous savez que votre voisine de


palier peut être une sorcière.
Ou bien la dame aux yeux brillants, assise en face
de vous dans le bus, ce matin.
Ou même cette femme au sourire éblouissant qui
vous a offert un bonbon, au retour de l’école.
Ou encore (et ceci va vous faire sursauter !) votre
charmante institutrice qui vous lit ce passage en ce
moment même. Regardez-la attentivement. Elle
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sourit sûrement, comme si c’était absurde. Mais ne


vous laissez pas embobiner. Elle est très habile.
Je ne suis pas, bien sûr, mais pas du tout, en train
d’affirmer que votre maîtresse est une sorcière. Tout
ce que je dis, c’est qu’elle peut en être une.
Incroyable ?… mais pas impossible !

Oh ! si seulement il y avait un moyen de recon-


naître à coup sûr une sorcière, alors, c’est elle qui
passerait à la moulinette ! Malheureusement, il
n’existe pas de moyen sûr. Mais il y a un certain
nombre de petits signes et de petites habitudes
bizarres que partagent toutes les sorcières. Et si vous
les connaissez, alors, vous pourrez échapper à la
moulinette pendant qu’il est encore temps !
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Grand-mère

À huit ans, j’avais déjà rencontré deux fois des


sorcières. La première fois, je m’en étais tiré sain et
sauf. J’eus moins de chance la deuxième fois.
Lorsque vous lirez ce qui m’arriva, vous pousserez,
sans doute, des cris d’effroi. Mais il faut dire toute la
vérité, même si elle est horrible. Enfin, je vis tou-
jours, et je peux vous parler (même si je ne suis
plus… ce que j’étais !), et cela, je le dois à ma mer-
veilleuse grand-mère.

Grand-mère était norvégienne, et les Norvégiens


connaissent bien les sorcières. Avec ses sombres
forêts et ses montagnes enneigées, la Norvège est le
pays natal des premières sorcières. Mes parents
étaient également norvégiens, mais comme mon
père travaillait en Angleterre, c’est là que je suis né
et que je suis allé à l’école pour la première fois.
À Noël et en été, nous revenions voir Grand-
mère en Norvège. La vieille dame, si je me souviens
bien, était la seule parente qui nous restait. C’était
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la mère de ma mère, je l’adorais et je dois avouer


que je me sentais plus proche d’elle que de ma
mère. Ensemble, nous parlions tantôt anglais tan-
tôt norvégien, peu nous importait. Nous parlions
couramment les deux langues.
Je venais d’avoir sept ans. Comme d’habitude,
mes parents m’emmenèrent en Norvège pour pas-
ser Noël chez Grand-mère. Alors que nous roulions
au nord d’Oslo par un froid glacial, notre voiture
dérapa et dégringola dans un ravin. Mes parents
moururent sur le coup. Ma ceinture de sécurité me
retint au siège arrière, et je m’en sortis avec une
simple blessure au front.

Je ne raconterai pas les événements horribles de


ce terrible après-midi. Lorsque j’y pense, j’en ai
encore des frissons. Bien sûr, j’échouai dans la mai-
son de Grand-mère. Elle me serra très fort dans ses
bras, et nous passâmes toute la nuit à sangloter.
– Qu’allons-nous faire, à présent ? demandai-je.
– Tu vas rester avec moi, répondit-elle. Je m’oc-
cuperai de toi.
– Je ne reviendrai pas en Angleterre ?
– Non, dit-elle. Je ne pourrai pas y vivre. Dieu
me pardonne, mais j’aime trop la Norvège.
Le lendemain, espérant me faire oublier mon
chagrin, Grand-mère se mit à me raconter des his-
toires. C’était une merveilleuse conteuse, et tout ce
qu’elle disait me captivait.
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Mais je fus véritablement envoûté lorsqu’elle


commença à me parler des sorcières.

– Attention, mon petit, dit Grand-mère. Je vais


te parler des vraies sorcières. Il ne s’agit pas des sor-
cières des contes de fées, mais de créatures bien
vivantes ! Je ne mentirai jamais. Je te dirai l’hor-
rible et l’épouvantable vérité. Tout ce que je vais te
raconter est réellement arrivé. Et le pire, c’est que
les sorcières vivent toujours parmi nous, et qu’elles
ressemblent à n’importe quelle femme. Il faut que
tu me croies sur parole.
– Pourquoi ? Est-ce incroyable, Grand-mère ?
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– Mon petit, dit-elle, tu ne feras pas long feu dans


ce bas monde si tu ne sais pas reconnaître une sor-
cière.
– Mais tu m’as dit que les sorcières ressemblaient
à n’importe quelle femme ! Alors, comment les
reconnaître ?
– Écoute-moi attentivement, dit Grand-mère. Et
retiens bien tout ce que je vais t’apprendre. Après
tu feras le signe de croix, tu prieras, et tu souhaite-
ras que Dieu te protège.
Nous nous trouvions dans la grande salle à man-
ger de sa maison d’Oslo, et je m’apprêtais à aller
au lit. Les rideaux n’étaient jamais tirés et, par la
fenêtre, je voyais de gros flocons de neige tomber
sur un monde triste et sombre. Grand-mère était
une femme forte et massive, très vieille et très ridée,
vêtue d’une robe de dentelle grise. Majestueuse, elle
trônait dans son fauteuil, où il n’y avait pas place pour
la moindre souris ! Quant à moi, j’étais accroupi à ses
pieds, en pyjama, robe de chambre et pantoufles.
– Tu jures que tu ne vas pas te moquer de moi,
Grand-mère ?
– Écoute, dit-elle. J’ai connu cinq enfants, oui,
cinq enfants, qui ont disparu de cette terre, et qu’on
n’a plus jamais revus. Un coup des sorcières.
– Tu essaies de me faire peur ! m’écriai-je.
– Tout ce que je veux, dit-elle, c’est que tu ne
disparaisses pas, toi aussi. Je t’aime, et je veux que tu
restes avec moi.
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– Parle-moi des enfants qui ont disparu, deman-


dai-je.
C’était la seule grand-mère, que j’ai connue, qui
fumait le cigare. Elle en alluma un, un long cigare
noir qui sentait le caoutchouc brûlé.
– La première enfant, commença-t-elle, s’appelait
Ranghild Hansen. Ranghild était une petite fille de
huit ans. Un jour, elle jouait sur la pelouse avec sa
petite sœur. Leur mère, qui préparait du pain dans la
cuisine, sortit pour respirer un peu.
« Où est Ranghild ? » demanda-t-elle.
« Elle est partie avec la grande dame », répondit
la petite sœur.
« Quelle grande dame ? » demanda la mère.
« La grande dame aux gants blancs, répondit la
petite sœur. Elle a pris Ranghild par la main, et l’a
emmenée avec elle. »
Personne ne revit jamais Ranghild.
– Est-ce qu’on l’a cherchée ? demandai-je.
– On l’a cherchée à des kilomètres à la ronde,
répondit Grand-mère. Tous les gens du village s’y
sont mis, mais ils ne l’ont jamais retrouvée.
– Qu’est-il arrivé aux quatre autres enfants ?
demandai-je.
– Ils ont disparu, tout comme Ranghild. Avant
chaque disparition, une étrange dame rôdait devant la
maison.
– Mais comment ont-ils disparu, Grand-mère ?

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– La seconde disparition fut fort curieuse. Les


Christiansen vivaient à Holmenkollen, et, dans
leur salle à manger, il y avait une vieille peinture à
l’huile dont ils étaient très fiers. Le tableau repré-
sentait des canards dans une cour, devant une
ferme. À part cette flopée de canards, il n’y avait
aucun personnage. C’était un grand et beau
tableau. Eh bien, un jour, leur fille Solveg revint de
l’école en croquant une pomme. Elle dit qu’une
gentille dame la lui avait donnée dans la rue. Le
lendemain matin, la petite Solveg n’était plus dans
son lit. Ses parents la cherchèrent partout, en vain.
Puis, soudain, le père s’écria : « Je l’ai trouvée ! Sol-
veg donne à manger aux canards ! » Il désignait le
tableau et, en effet, Solveg s’y trouvait. Dans la cour
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de la ferme, elle faisait le geste de jeter du pain aux


canards. Le père courut vers le tableau, et le tou-
cha. Mais cela ne servit à rien : la petite fille faisait
partie du tableau. Elle était peinte sur la toile !
– L’as-tu vu ce tableau, Grand-mère ?
– Plusieurs fois, et le plus curieux, c’est que la
petite Solveg changeait chaque jour de place. Une
fois, elle regardait par la fenêtre de la ferme. Une
autre fois, elle se tenait sur le côté gauche du
tableau, un canard dans les bras…
– L’as-tu vue changer de place, Grand-mère ?
– Non, ça, personne ne l’a vu. Quand elle don-
nait à manger aux canards ou qu’elle regardait par
la fenêtre, elle ne bougeait pas. Ce n’était qu’un
petit personnage peint à l’huile. Et de plus, elle
grandissait avec les années ! Dix ans plus tard, la
petite fille était devenue une jeune fille. Trente ans
plus tard, c’était une femme mûre. Cinquante-
quatre ans plus tard, elle disparut brusquement du
tableau.
– Elle était morte, Grand-mère ?
– Sait-on jamais ? Il se passe de si mystérieux évé-
nements dans le monde des sorcières…
– Qu’est-il arrivé au troisième enfant, Grand-
mère ?
– La troisième s’appelait Birgit Svenson. Elle
vivait en face de ma maison. Un jour, des plumes se
sont mis à lui pousser sur le corps. En un mois, elle
était devenue une grosse poule blanche. Et bientôt,
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elle se mit à pondre des œufs ! Pendant des années,


ses parents la gardèrent dans un enclos, au milieu
du jardin.
– Ils étaient comment ces œufs, Grand-mère ?
– C’étaient les plus gros œufs bruns que j’aie
jamais vus. Sa mère en faisait de délicieuses ome-
lettes.
Je regardai Grand-mère, qui ressemblait à une
vieille reine assise sur son trône. Ses yeux gris
paraissaient fixer un point, au loin. Seul son cigare
semblait réel, et des nuages de fumée bleue tour-
noyaient autour de sa tête.
– Mais la petite fille qui s’est changée en poule,
a-t-elle disparu ? demandai-je.
– Non, répondit Grand-mère. Pas Birgit. Elle a
vécu ce que vivent les poules, quelques années, en
pondant toujours des œufs bruns.
– Tu m’avais dit que tous les enfants avaient dis-
paru.
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– Je me suis trompée, répliqua Grand-mère. Je


suis vieille et je perds la mémoire.
– Qu’est-il arrivé au quatrième enfant, Grand-
mère ?

– Le quatrième était un garçon nommé Harald.


Un matin, il se réveilla avec la peau toute jaune,
dure et craquelée, comme une vieille noix. Et, le
soir, il s’était changé en pierre.
– En pierre ? répétai-je, étonné.
– En granit ! dit Grand-mère.
Je t’emmènerai le voir, si tu
veux. Ses parents le gardent
toujours à la maison. Harald
est une petite statue qu’on a
placée dans le vestibule. Les
visiteurs accrochent leur para-
pluie à son bras !
Bien que très jeune, je n’étais
pas prêt à gober n’importe
quoi ! Mais Grand-mère par-
lait avec conviction, sérieu-
sement, sans jamais sou-
rire, sans un éclair de malice
dans ses yeux. Aussi commençai-je à être ébranlé.
– Continue, Grand-mère. Tu m’as dit qu’ils
étaient cinq. Qu’est-il arrivé au dernier ?
– Veux-tu tirer une bouffée de mon cigare ?
– Je n’ai que sept ans, Grand-mère.
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– Aucune importance, dit-elle. Si tu fumes le


cigare, tu ne prendras jamais froid.
– Et le cinquième enfant ? répétai-je.
– Le cinquième… marmonna-t-elle, en mâchon-
nant le bout de son cigare, comme si elle grignotait
une délicieuse asperge. Ce fut un cas très intéres-
sant. Un enfant de neuf ans, nommé Leif, passait
ses grandes vacances avec toute sa famille, dans un
fjord. Après avoir pique-niqué, ses parents se mirent
à nager entre les rochers, et le jeune Lief plongea.
Son père, qui l’observait, remarqua qu’il restait sous
l’eau plus longtemps que d’habitude. Quand, enfin,
il revint à la surface, Lief était devenu un marsouin.
– Non, ce n’est pas vrai ! m’écriai-je.
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– C’était un ravissant petit marsouin, extrême-


ment amical.
– Il a été transformé en marsouin ? dis-je.
– Absolument, répondit Grand-mère. Je connais-
sais bien sa mère. Elle me raconta que Lief, le mar-
souin, resta tout l’après-midi avec sa famille, et
qu’il promena ses sœurs et ses frères à cheval sur
son dos. Ce fut un merveilleux moment. Puis Lief
fit au revoir en agitant la nageoire, et s’éloigna. On
ne l’a plus jamais revu.
– Mais comment sa famille savait-elle que le mar-
souin était Lief ?
– Parce qu’il parlait, répondit Grand-mère. Il riait
et plaisantait avec eux tout le temps.
– Ça a dû faire un drame dans la famille…
– Pas vraiment, dit Grand-mère. Rappelle-toi
que nous avons l’habitude de ce genre d’événe-
ment, en Norvège. Les sorcières sont parmi nous. Il
y en a probablement une dans la rue, en ce moment.
C’est l’heure d’aller au lit.
– Une sorcière pourrait-elle entrer dans ma
chambre par la fenêtre ? demandai-je, frissonnant
un peu.
– Non, répondit Grand-mère. Une sorcière ne
fera jamais des choses aussi stupides que de grimper
le long des gouttières et pénétrer chez les gens par
effraction. Tu seras en sécurité dans ton lit. Allons,
viens, je vais te border.
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Un enfant par semaine ,


cela représente
CINQUANTE-DEUX
enfants PAR AN.

Un tour ,
deux tours
DE MOULINETTE
et hop ! … plus d’enfant !

CHAM
D U M OPNI O N
D
DES HISTOIRE E
S

-raymond
Traduit de l’anglais
par Marie Saint-Dizier à partir
et Raymond Farré de 9 ans
Sacrées Sorcières
Roald Dahl

Cette édition électronique du livre


Sacrées Sorcières
de Roald Dahl a été réalisée le 21 octobre 2020
par Nord Compo
pour le compte des Éditions Gallimard Jeunesse.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage,
achevé d’imprimer en octobre 2020 par Novoprint (Barcelone)
(ISBN : 9782070601592 - Numéro d’édition : 376692).

Code Sodis : N61910 – ISBN : 9782075039383


Numéro d’édition : 264802.

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949


sur les publications
destinées à la jeunesse.

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