Cours de DAB Du PR Karim DOSSO
Cours de DAB Du PR Karim DOSSO
Cours de DAB Du PR Karim DOSSO
INTRODUCTION
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de l’occupant du domaine public), l’atteinte au droit de propriété des
administrés par le régime de l’expropriation pour cause d’utilité
publique. On peut citer également la procédure d’alignement qui
permet à l’administration de constater les limites existantes d’une
voie et d’y apporter, éventuellement, des modifications. On note
également la compétence de principe du juge administratif dans un
système de dualité de juridictions. Il faut, toutefois, indiquer que le
droit administratif des biens n’est pas soumis exclusivement au droit
public et à la compétence du juge administratif. Le droit privé et la
compétence du juge judiciaire ne sont pas à exclure. C’est le cas
notamment en ce qui concerne la phase judiciaire de l’expropriation
pour cause d’utilité publique. Il en va de même de la gestion du
domaine privé de la personne publique.
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-la période de l’Ancien Régime ;
2- La période révolutionnaire
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domaine national proprement dit s’entend de toutes les propriétés
foncières et de tous les droits réels ou mixtes qui appartiennent à la
nation, soit qu’elle en ait la possession et la jouissance actuelles, soit
qu’elle ait seulement le droit d’y rentrer par voie de rachat, droit de
réversion ou autrement. L’article 2 ajoute : « Les chemins publics, les
rues et places des villes, les fleuves et rivières navigables, les
rivages, lais et relais de la mer, les ports, les havres, les rades, etc.,
et en général toutes les portions du territoire national qui ne sont pas
susceptibles d’une propriété privée, sont considérés comme des
dépendances du domaine public ».
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nationaux susceptibles d’appropriation privée et productifs de
revenus, il distingue le domaine public « consacré par nature à l’usage
de tous et au service général ». Le domaine public lui paraît
inaliénable, imprescriptible et insusceptible de servitude.
La distinction fut reprise et systématisée par Victor Proudhon
(Traité du domaine public, 1833), doyen de la Faculté de Dijon. Pour
lui, le domaine public, matériellement considéré, s’entend des choses
qui appartiennent à l’être moral et collectif que nous appelons le
public comme le domaine privé s’entend des choses qui appartiennent
aux différents particuliers. Affinant l’analyse Prudhon, estime que le
domaine qui appartient aux particuliers est un domaine de propriété,
ou en d’autres termes, c’est le domaine des choses qui appartiennent
à leurs maitres privativement à tous autres, attendu que la propriété
consiste dans ce qui nous est propre, à l’exclusion de tous autres ; et
cela s’applique également aux choses appartenant aux communes ou à
l’État, qui comme êtres moraux et collectifs, possèdent aussi leurs
biens à l’exclusion de tous autres.
En réalité, à l’intérieur du domaine national, Proudhon met à part
le domaine public « ensemble des choses lui sont publiques comme
asservies par les dispositions de la loi civile aux usages de tous ». Ce
domaine improductif (« domaine de protection ») comprend des biens
affectés à « l’utilisation publique » Proudhon y fait même rentrer des
biens affectés à des services publics comme les prisons. .Du fait de
leur consécration à l’utilité publique, ces biens sont inaliénables et
imprescriptibles, au moins tant que dure cette destination d’intérêt
général.
À ce domaine s’opposent les biens « qui appartiennent
prioritairement à la communauté qui jouit comme les particuliers
jouissent de leurs biens ». Il s’agit du domaine privé, « domaine de
profit », composé de biens productifs.
La conception dégagée par Proudhon devait très rapidement être
adoptée par la doctrine. Les auteurs qui ne faisaient aucune allusion à
la distinction (Cormenin, Gerando, etc.) y font place dans les nouvelles
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éditions de leurs ouvrages et toute la doctrine ultérieure en fait un
élément essentiel de l’étude des biens publics.
Dès le milieu du XIXe siècle, des décisions de jurisprudence
commencent à utiliser la théorie du domaine public en y attachant les
conséquences proposées par la doctrine, inaliénabilité et
imprescriptibilité1. À la fin du siècle, la distinction est consacrée de
manière constance par la jurisprudence.
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particuliers. En fait, le domaine privé comporte dans une large mesure
une fonction d'intérêt général. Il n'existe donc pas entre les deux
univers une opposition fonctionnelle extrêmement tranchée.
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»). En dépit de la pertinence de ces critiques, la distinction domaine
public- domaine privé reste d’actualité.
2-Maintien de la distinction
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économique du domaine sans remettre en cause celle de l’affectation
à l’utilité publique. Cela se traduit concrètement par la multiplication
des occupations privatives non gratuite du domaine public. L’on
découvre en fait, la dimension patrimoniale du domaine public, source
de richesse, grâce à la contrepartie versée par les utilisations
privatives du domaine.
A- La controverse doctrinale
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Au soutien de leur thèse, cette partie de la doctrine met en
avant le caractère exclusif et patrimonial du droit de propriété. Ce
caractère exclusif suivant lequel nul autre que le maitre de la chose,
n’a le droit de participer à la jouissance de sa propriété, ne peut
convenir aux biens qui composent le domaine public, puisque chacun a
également et au même titre le droit d’en jouir suivant leur
destination. Le domaine public n’appartiendrait à personne, ni même
pour l’État. Il en va ainsi puisque nul n’est exclu de la jouissance du
bien. En réalité, L’État n’a, sur le domaine, qu’un simple droit de garde
et de surintendance.
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En réalité, l’administration a l’usus, car le bien du domaine public
peut être utilisé par l’intermédiaire d’un service public organisé par
l’administration. L’administration a également le fructus, par cela seul
que de plus en plus, elle perçoit des redevances en contrepartie de
l’utilisation du domaine public. L’administration a enfin l’abusus car,
lorsqu’un bien passe du domaine public au domaine privé, elle peut le
céder, le vendre. C’est cette position doctrinale qui a été consacrée
par le droit positif. Ainsi en Côte d’Ivoire, les textes consacrent la
propriété des personnes publiques. C’est le cas par exemple de la loi
n°2003-489 du 26 décembre 2003 portant régime financier, fiscal et
domanial des collectivités territoriales. Cette loi indique, clairement,
que la commune est propriétaire des biens du domaine public et du
domaine privé. La Constitution ivoirienne consacre quelques
dispositions à la propriété publique. Il en va ainsi de l’article 12 de la
Constitution du 8 novembre 2016 qui dispose que : « Seuls l’État, les
collectivités publiques… peuvent accéder à la propriété foncière
rurale. ». Quand l’article 44, elle dispose que « Les biens du domaine
public sont inviolables. Toute personne est tenue de les respecter et
de les protéger ». Il ressort de ces différents textes que le droit de
propriété des personnes publiques ne souffre d’aucun doute
aujourd’hui. Mais en réalité, l’administration est-elle un propriétaire
ordinaire ?
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droit de propriété, même si ce droit avait une coloration particulière
en raison de l’affectation grevant le domaine. Ainsi donnait-il
naissance à la notion de propriété publique ou administrative. Dans
cette perspective doctrinale, deux grands arrêts du Conseil d’État, en
19091 et 19232, seront retenus comme consacrant l’existence du droit
de propriété des personnes publiques sur leur domaine public
1
CE 16 juillet 1909, Ville de Paris, Rec. CE, p. 707, Concl. TEISSIER ; S. 1909. III. 98, note M. H (...)
2 CE 17 janvier 1923, Piccioli, Rec. CE, p. 44.
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PARTIE I : LE DOMAINE DES PERSONNES PUBLIQUES
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d’Ivoire, contrairement à la situation française, la définition du
domaine public résulte d’un texte.
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jurisprudence consacre formellement cette solution, qui s'applique
même si le bien privé est affecté à l'utilité publique.
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jurisprudence. L’évolution s’amorça avec l’arrêt MANSUY du 21 MARS
1984 où Conseil d’État reconnait de façon claire la possibilité pour les
établissements publics d’être propriétaires d’un domaine public. Il
s’agit d’un véritable droit de propriété qui bénéficie d’une protection
particulière. La personne publique dispose donc d’une certaine liberté
de gestion des biens de son domaine public. Elle peut, à ce titre,
concéder son utilisation à une personne privée dans le cadre d’un
contrat de délégation de services publics
1- La notion d’affectation
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Il existe deux modalités de l’affectation du bien :
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caractère domanial de terrains, loués à des industriels, et dépendant
d'un port fluvial concédé à l'Office de la navigation ; il a été décidé
que l'objet du service public concédé à l'Office étant notamment
l'organisation d'un port, les terrains loués à des industriels étaient
affectés à la réalisation de cet objet. Dans l'affaire Dauphin 129, il a
été décidé également que l'allée des Alyscans appartenant à la ville
d'Arles était affectée à un service public de caractère culturel et
touristique. Le Conseil d'État a admis encore qu'un garage destiné
aux usagers de la SNCF et placé sous un hôtel localisé dans une gare
contribuait à améliorer la qualité du transport des voyageurs et se
trouvait de ce fait affecté au service public du chemin de fer 130.
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Ce critère de l’aménagement spécial remplacé en France par
celle d’aménagement indispensable. Le législateur du CGPPP étaient à
l'évidence animés du désir de restreindre le champ de la domanialité
publique des immeubles affectés aux services publics. D'où,
notamment, l'établissement d'une condition qui se veut plus stricte :
pour appartenir au domaine public, le bien ne doit plus seulement être
aménagé spécialement, il doit l'être selon des modalités «
indispensables » à l'exécution des missions du service public dont il
est l'instrument. À la vérité, la jurisprudence ne confirme pas que
l'appartenance au domaine public serait appréciée de manière
clairement plus stricte sur le terrain de l'aménagement. Un arrêt
admet que les ouvrages nécessaires au fonctionnement du service
public doivent être présumés dotés de l'aménagement indispensable
qui les fait entrer dans le domaine public : en réalité, il semble que,
d'une manière générale, l'affectation à un service public crée une
présomption d'aménagement indispensable. Un autre admet que les
pistes de ski sont dotées par essence de l'aménagement indispensable
nécessaire au service public industriel et commercial dont elles sont
l'instrument
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et la loi de 2003 portant régime domanial, pour ce qui est des
collectivités territoriales.
A-La définition du domaine public de l’État
Il existe une définition par énumération complétée par une
définition synthétique.
1- La définition par énumération
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spécifique et simple. Il va définir la notion par un texte, évitant ainsi
les interminables controverses doctrinales. En effet, l’article 1 du
décret du 29 septembre 1928 dispose que :
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i. Les ouvrages de fortification des places de guerre ou des
postes militaires, ainsi qu'une zone large de 250 mètres autour de
ces ouvrages ;
j. Et généralement les biens de toute nature que le Code civil et
les lois françaises déclarent non susceptibles de propriété privée.
2- La définition synthétique
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Quant à L’article 7 de l’ordonnance n°2008-08 du 23 janvier 2008
portant code de l’aviation, il précise que le patrimoine aéronautique
national comprend :
• Les terrains des aérodromes et leurs clôtures ;
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– Les aménagements et ouvrages hydrauliques installés sur
le domaine public, notamment :
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ce bien au domaine public. La classification des différentes
dépendances du domaine public peut s’opérer autour de plusieurs
critères. Il convient dès lors de voir ces critères de classification du
domaine public, d’analyser l’incorporation et la sortie d’un bien du
domaine public avant d’examiner la question des mutations domaniales.
On doit entendre par DPN que les biens en cause ont pour
origine les phénomènes naturels et ne résultent pas de travaux
humains. Il en va aussi des rivages de la mer, de l’espace aérien, des
cours d’eaux.
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Le domaine public maritime et domaine fluvial ne posent pas de
problème. La LOI N 98 -755 du 23 décembre 1998 portant code de
l’eau qui institue en son article 11, un ``domaine public hydraulique``
comprenant les eaux les eaux de la mer territoriale, les sources et
cours d’eaux non navigables ni flottables, les lacs, Etangs et lagunes,
les nappes aquifères souterraines, les conduits dégouts, les puits et
rudes, les digues…
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fort original de ce domaine public (invisible, constitué de particules
en vibration d’ondes) alimente une savoureuse controverse. Voir- Les
ondes appartiennent elles au domaine public in R.F.D.A. 1989. P.251 et
suiv. Brouant : l’usage des fréquences de communication
audiovisuelle et la domanialité publique in G.A.J.A. P. 115 & suiv.
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en va de même pour les valeurs, actions et titres de société appartenant
aux personnes publiques.
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et l’échangeur, eu égard au fait qu’il a fait l’objet de déclassement et
d’attribution par le Ministre des Infrastructures Économiques à
monsieur TRAORE ISSA aux fins d’y construire des habitations ; que,
dès lors, la théorie de l’accessoire ne peut valablement être
invoquée ; qu’il s’ensuit que le Ministre des Infrastructures
Économiques, en incorporant la partie du terrain de TOTAL Côte
d’ivoire non expropriée dans le domaine public, a commis une voie de
fait ».
Il ressort de cet arrêt que la théorie de l’accessoire joue à
certaine condition.
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l’une ou l’autre catégorie domaniale ; que les biens domaniaux ne
sont pas figés dans une catégorie domaniale ; que l’Administration
peut, par incorporation, faire entrer tout bien domanial dans le
domaine public et, par déclassement, l’en faire sortir pour le faire
entrer dans le domaine privé ».
Dans le cas du classement on parlera d’incorporation. Quant au
déclassement, il renvoie à la sortie du bien du domaine public.
1- La notion d’incorporation
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Les biens énumérés par le décret du 29 septembre 1928 se
trouvent incorporés automatiquement dans le domaine public soit à
partir de phénomènes naturels pour les biens du DPN soit à partir de
leur réalisation ou acquisition pour les biens du DPA
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pas dotées de moyens matériels, mobiliers et immobiliers. Les
communes ivoiriennes ont été dotées par le législateur de domaines
propres différents de ceux de l’État.
-L’incorporation automatique
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urbain ou d’utilité communale (Articles 1 et 2 de la loi du 2
août 1983).
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collectivités territoriales reprend la même disposition ; qu’il en
découle que si le terrain en cause a appartenu au domaine public de
l’État, il a été transféré ou cédé implicitement à la commune de Guiglo
à la suite de la création de celle-ci ».
Elle concerne :
1- La désaffectation du bien
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déclassement appartient toujours au domaine public. À ce propos, la
CSCA dans l’arrêt Madame OUATTARA Aichatou épouse SYLLA
contre Ministère de l’Économie et des finances et autre du 23 avril
2014, considère que « fait partie du domaine public jusqu’à son
déclassement intervenu par suite de l’arrêté du Ministre de
l’Économie et des finances. »
2- Le déclassement
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principe s’oppose à ce que des biens qui en ressortissent soient
aliénés ou objet de droits réels sans qu’ils aient été au préalable
déclassé ; que les aliénations du domaine public et la constitution de
droits réels s’y rapportant sont nulles ».
En conséquence, faute d’avoir fait l’objet de déclassement
préalable régulier, en application de l’article 7 du décret du 29
septembre 1928 portant réglementation du domaine public et des
servitudes d’utilité publique en Côte d’Ivoire, cette parcelle ne
pouvait, légalement, faire l’objet d’appropriation privative ; que, dès
lors, il y a lieu, en raison de l’atteinte ainsi portée à l’inaliénabilité du
domaine public, de déclarer, sans condition de délais, nul et de nul
effet, le certificat de propriété foncière du 29 septembre 2009
attaqué »
En réalité, c’est le déclassement qui entraine la sortie du bien
du domaine public. Autrement dit, un bien d’une personne publique qui
n’est plus affecté à un service public ou à l’usage direct du public ne
fait plus partir du domaine public qu’à compter de l’intervention de
l’acte administratif constant son déclassement. Il appartient alors au
domaine privé.
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n°84-851 du 4 juillet 1984. Ce texte portant déclaration des
voiries et réseaux divers d’intérêt national et d’intérêt urbain dans
les limites de la ville d’Abidjan, doit être associé au décret n°84-
852 du 4 juillet 1984. Ce dernier porte déclaration des voiries et
réseaux divers d’intérêt général et d’intérêt départemental dans les
limites des communes autres que celles composant la ville d’Abidjan.
Les deux textes pris en application de la loi n°83-788 du 2 août
1983, permettent de savoir avec précision quel est le statut, à quel
domaine public ressort chaque portion de voirie en Côte d’Ivoire. Il
n’en va pas de même des autres dépendances du domaine public.
1-L’exposé de la théorie
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Il importe de noter que son application n’impose pas d’acte de
déclassement préalable et n’emporte pas le transfert de propriété au
profit de l’État. Le fondement de cette théorie a pu être dans le
principe l’indivisibilité de la République. On estime, en effet, les
intérêts défendus par l’État sont supérieurs à ceux défendus par les
autres personnes publiques.
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contrepartie du changement d’affectation de son bien. Cette théorie
des mutations domaniales à fait l’objet de vives critiques
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En France dans le Code général de la propriété des personnes
publiques. Les changements d’affectation, atteintes au droit de
propriété des personnes publiques, font aujourd’hui l’objet d’une
véritable contrepartie pour les collectivités publiques lésées. Ainsi,
l’article L. 2123-6 du nouveau Code prévoit que :
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qui ne sont pas l’objet d’une affectation à l’utilité publique. En
d’autres, les biens des personnes publiques qui n’appartiennent pas au
domaine public, font nécessairement partie de son domaine privé. On
le voit, le domaine privé constitue une catégorie résiduelle.
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rural Modifiée par la loi n°2004-412 du 14 août 2004], hors du
domaine public.
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nationalisation qui est le transfert de la propriété d’une entreprise
résultant d’une décision de la puissance publique. On peut citer
également la procédure d’alignement, la réquisition, le droit de
préemption (le fait que l’administration décide d’acheter le bien et
dans ce cas elle devient prioritaire dans l’achat de ce bien). Ces
différents mécanismes permettent à l’administration d’acquérir des
biens et de les intégrer, par la suite, à son domaine privé. Mais quel
est le régime juridique applicable au domaine privé ?
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Sous le bénéfice de cette présentation, la location, la
concession de droits réels immobiliers, la vente et toutes autres
transactions concernant les biens immeubles du domaine privé de
l’Etat et des collectivités territoriales sont régies principalement par
les règles de droit administratif et à défaut, par les règles de droit
commun.
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public. (T. Conflit 15 janv. 2007, madame HOURAHMAUNE). Ces
développements qui précèdent invitent à serrer de près les règles de
gestion du domaine privé.
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On désigne par domanialité publique, le statut de droit public
auquel est soumis les biens du domaine public. Comme indiqué
précédemment, la personne publique est propriétaire des biens
domaniaux. On le sait également, la personne publique est un
propriétaire. Particulier. La particularité des règles applicables au
domaine peut être appréciée à l’aune des régimes suivants :
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Le domaine public est affecté à l’usage direct du public ou par
l’intermédiaire d’un service public. Le maintien du domaine public
conformément à son affectation est garanti par plusieurs principes.
L’article 4 de l’ordonnance 2016-588 portant titre d’occupation du
domaine public dispose que, « les biens du domaine public sont
insaisissables, inaliénables et imprescriptibles ». Ces principes sont
repris loi n° 2020-624 du 14 août 2020 instituant code de l’urbanisme
et du domaine foncier urbain. Il ressort de la lecture de l’article 181
que « le domaine public urbain est inaliénable et imprescriptible »..
A- Le contenu du principe
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Suprême Chambre administrative réaffirme ce principe en ces
termes : « considérant que le domaine public est par définition
inaliénable… ». Le principe emporte des effets précis.
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Enfin la règle de l’inaliénabilité fait obstacle à ce que le domaine
public fasse l’objet d’une procédure d’expropriation. Le domaine
public est également protégé par le principe imprescriptibilité et de
l’insaisissabilité.
A- Le principe de l’imprescriptibilité
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B-Le principe de l’insaisissabilité
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cette saisie-arrêt ». La protection du domaine public vise également
sa conservation.
A- La police de la conservation
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des ressources en eau ; l’Etat assure le développement et la
protection des aménagements et ouvrages hydrauliques”. Sous ce
rapport, “l’Etat exerce, par ses services compétents, la police des
eaux. ». Ces différentes obligations sont rappelées dans l’arrêt
ETAT DE CÔTE D’IVOIRE - SOCIETE BATIM-CI C/ YAPO DEBEPHI
Martin et autres du 18 juillet 2018. En conséquence, lorsque les
textes ne la prévoient pas, la police de la conservation ne peut
s’exercer.
En fait la police de la conservation ne concerne que le domaine
public et non le domaine privé. Elle n’existe que dans les cas où elle
est prévue par des textes
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ailleurs, la question s’est posée de savoir si l’on peut utiliser un
pouvoir de police générale en vue d’assurer la conservation du domaine
public.
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Paragraphe II : Le cas spécifique de l’expulsion de l’occupant sans
titre du domaine public
En réalité, l'occupant sans titre est d'abord celui qui n'a jamais
bénéficié d'une autorisation ou d'un contrat d’occupation. Est
également occupant sans titre, celui dont l'occupation a donné lieu à
un titre mais qui pour une raison quelconque, est expiré. À ce propos
l’article 32 de l’ordonnance 2016-588 portant titres d’occupation du
domaine public, donne de lire que constitue une contravention de
voirie le fait qu’à l’expiration du titre d’occupation, les lieux ne sont
pas remis dans leur état primitif par l’occupant. Il en va ainsi même si
l'administration a toléré son maintien dans les lieux, ou lui a donné
des assurances d'établissement d'un nouveau titre.
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Parce qu’elle constitue une situation illicite, il doit être mis fin à
L'occupation sans titre sans que l'intéressé puisse prétendre à une
indemnité. Au contraire, l'occupation sans titre constituant toujours
une faute, son auteur doit réparer les dommages qu'il a pu causer au
gestionnaire du domaine. Il peut être notamment conduit à
indemniser le gestionnaire de la perte des revenus que celui-ci aurait
pu percevoir d'un occupant régulier pendant la période de
l'occupation irrégulière
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juge ordonne l’expulsion de l’occupant sans titre du domaine public en
ces termes : “cconsidérant, d’une part, que la libération des lieux,
sollicitée par le Port Autonome d’Abidjan à l’encontre de monsieur
GONDO Michel qui ne dispose d’aucun titre d’occupation et se trouve
être un occupant sans titre du domaine public, présente un caractère
d’urgence d’autant que son maintien dans les lieux, sans droit,
compromet la bonne exploitation du domaine public portuaire, objet
de multiples et pressantes sollicitations, surtout que le lot en cause a
fait l’objet, depuis le 18 novembre 2005, d’une autorisation
d’occupation de vingt ans (20) ans au profit des ayants droit de
monsieur Francisco KODJOED qui ne peuvent en prendre possession;
Considérant, d’autre part, que, si, selon les affirmations de
monsieur GONDO Michel, l’ancien attributaire lui a cédé le lot
litigieux, cette circonstance n’a pu lui conférer un quelconque titre
d’occupation du domaine public portuaire ; qu’ainsi, les prétentions du
Port Autonome d’Abidjan ne se heurtent à aucune contestation
sérieuse ;
Que, dans ces conditions, le Port Autonome d’Abidjan est
fondé à demander l’expulsion de monsieur GONDO Michel. En
conséquence, Ordonnons l’expulsion de GONDO Michel du lot n° 2-ZI-
127-132 du domaine public portuaire »
Mais en cas d’urgence, l’administration bénéficie du privilège du
préalable. Un tel privilège lui permet de faire cesser le trouble sans
passer par le juge. Mais le juge veille à mise en œuvre de cette
prérogative. Pour rendre de cette situation, il suffit de reproduire
entièrement un extrait de l’arrêt KOLIA Kouamé c/ Ministre de la
Construction et de l’Urbanisme: “Mais, considérant que la mise en
œuvre des dispositions du décret du 25 novembre 1930 sur
l’expropriation pour cause d’utilité publique et de l’occupation modifié
et complété par décrets du 24 août 1933 et 08 février 1949
invoquées par le Maire de la Commune de Koumassi, ainsi que, le
privilège du préalable invoqué par le Ministre en charge de la
Construction et de l’Urbanisme ne dispensent pas l’administration du
respect de la procédure de mise en demeure préalable avant la
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démolition des constructions érigées par monsieur KOLIA Kouamé ;
que la notification de la mise en demeure, le 15 décembre 2017, soit
postérieurement à la démolition, ne peut régulariser l’illégalité
commise ; qu’il s’ensuit que monsieur KOLIA Kouamé est fondé à
solliciter l’annulation de la décision de mise en demeure de démolition
du Ministre de la Construction et de l’Urbanisme”
Au surplus l’exécution forcée est strictement encadrée par la
jurisprudence. L’arrêt du TC, 2 décembre 1902, Ste immobilière
Saint-Just pose, en effet, trois conditions cumulatives :
-L’urgence de la situation,
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éventuels peuvent être commis. D’où la nécessité de délimiter le
domaine public. La délimitation du domaine public obéit à des
principes et procédures particuliers.
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En outre, si la délimitation donne lieu à un contentieux, celui-ci
est de la compétence de la juridiction administrative, qui ne peut être
saisie que sous la forme d'un recours contre un acte unilatéral...
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La délimitation est non seulement déclarative. Elle est aussi
contingente ; elle est modifiable en fonction du changement de la
configuration physique des lieux. La délimitation du domaine public a
un caractère déclaratif. En d’autres termes, l’administration ne fait
que constater les limites du domaine public résultant de phénomènes
naturels à un moment donné sous réserve des droits des tiers
riverains. Effectivement, en cas de délimitation irrégulière, les
intéressés peuvent exercer un recours pour excès de pouvoir contre
l’acte de délimitation.
- le plan d’alignement
-l’alignement individuel.
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publiques et la ligne séparatrice d’avec les propriétés riveraines (la
procédure du plan d’alignement est organisée par un arrêté du 3
novembre 1934). Le plan d’alignement est document technique
susceptible d’établir indubitablement l’étendue de la dépendance de
domaine public. En conséquence, le juge, dans l’arrêt La CSCA SCI
SICAM C/ Ministre des Infrastructures Économiques du 25 juillet
2018, estime que « le Ministre des Infrastructures Économiques, au
soutien de ses allégations sur la domanialité publique du terrain
querellé, n’apporte aucun élément technique, notamment le plan
d’alignement délimitant le domaine public routier et incorporant le
terrain querellé dans l’emprise du boulevard Mitterrand… qu’il résulte
que la domanialité publique du terrain querellé n’est pas établie ; que,
par suite, le Ministre des Infrastructures Économiques est
incompétent pour le gérer, de sorte que, en autorisant le
SYNATRESOR à occuper une parcelle de terrain, objet de droit de
propriété privée, il a commis une voie de fait ; qu’ainsi, l’arrêté n°
0126 MIE/DDPE du 28 décembre 2016 ne peut qu’être annulé »
À la suite du plan d’alignement, intervient l’alignement individuel.
L'alignement individuel détermine la limite entre la voie publique et
votre propriété (terrain, jardin...). Un arrêté d'alignement peut être
délivré avant même l'acquisition du bien. Dès lors qu'un projet de
travaux se situe en bordure d'une voie publique, les voisins potentiels
doivent obtenir cet acte auprès du gestionnaire de la voie.
L’administration est obligée de délivrer l’alignement individuel à
l’administré qui en fait la demande.
P a g e 61 | 142
servitude d’interdiction de construire. Quant aux terrains bâtis, ils
sont frappés de servitude de reculement. Il résulte de ce qui précède
que des charges pèsent sur les riverains du domaine public.
P a g e 62 | 142
l’urbanisme et aux servitudes d’hygiène, d’esthétique, d’alignement et
de sécurité publique.”
P a g e 63 | 142
des servitudes d’utilité publique que les terrains et bâtiments des
propriétés privées sont soumis à toutes les servitudes de passages,
d'implantation, d'appui et de circulation nécessitées par
l'aménagement des conduites d'égouts etc. ; que l’article 10 de
l’arrêté GG n° 2895 A.E du 24 novembre 1928, réglementant les
conditions d’application du décret du 29 septembre 1928 sur le
domaine et les servitudes d’utilité publique précise que l’exercice ou
l’établissement des servitudes comporte le droit de passer sur les
propriétés privées, d’y stationner et d’y faire tous travaux en vue de
l’installation des dispositifs ou toute autre opération nécessaire pour
l’aménagement, l’exploitation, l’usage ou l’entretien du domaine
public »
En Côte d’Ivoire, le décret du 29 septembre 1928 et son arrêté
d’application du 24 novembre 1928 ont prévu à cet effet deux types
de servitudes administratives :
P a g e 64 | 142
dépendances de télécommunication, de dispositifs de protection des
voies de communications, ou par l’établissement d’oléoducs ou pipeline.
P a g e 65 | 142
Les particuliers, voisins du domaine public, bénéficient de
quelques privilèges particuliers. Ces privilèges appelés aisance de
voirie sont divers. Examinons successivement la typologie des
aisances de voirie et leurs limites.
P a g e 66 | 142
Cette des rapports des biens de la personne publique est également
observable dans l’utilisation du domaine public.
P a g e 67 | 142
• L’utilisation collective : C’est le cas lorsque la dépendance
concernée ou le bien est utilisé anonymement par l’ensemble des
administrés ou par certains d’entre eux.
• L’utilisation privative : C’est lorsque la dépendance ou le bien
concerné est réservé à une ou des personnes déterminées.
A- Le contenu du principe
P a g e 68 | 142
Il ressort de ce qui précède immédiatement que la liberté
d’utilisation n’est pas sans limite.
P a g e 69 | 142
En matière de stationnement de véhicules, à la différence de
l’arrêt qui implique que le conducteur reste aux commandes du
véhicule ou à proximité immédiate, le stationnement implique
l’immobilisation et l’abandon du véhicule. Il est donc soumis à un
régime restrictif.
P a g e 70 | 142
exploités par elle-même en régie ou par l’intermédiaire d’un
concessionnaire (CE 29 janvier 1962, Société des Autobus Antibois).
Le principe de liberté d’utilisation du domaine public fait l’objet d’un
encadrement. Il en va de même pour le principe d’égalité.
P a g e 71 | 142
déterminée. En raison de cette occupation, cette partie du domaine
public se trouve soustraite à toutes possibilités d’utilisation par
d’autres personnes.
P a g e 72 | 142
-Le président du Conseil régional au nom de la région
P a g e 73 | 142
C- La précarité de l’utilisation ou des autorisations
P a g e 74 | 142
pas un droit acquis au maintien de cette autorisation. Celle-ci peut
être revue dans l’intérêt général.
« nul ne peut, sans disposer d’un titre l’y habilitant, occuper une
dépendance du domaine public … ou l’utiliser dans les limites
dépassant le droit d’usage qui appartient à tous A partir de ce
principe existent deux types d'autorisations : les A.O.T. ou
autorisations unilatérales d'occupation temporaire du domaine public
et les conventions d'occupation du domaine public qui peuvent
découler, notamment, d'une concession. En effet, aux termes de
l’article 22 de l’ordonnance 2016-588 portant titres d’occupation du
P a g e 75 | 142
domaine public l’Etat, les collectivités territoriales, les
établissements publics, peuvent délivrer des autorisations
temporaires soit sous la forme d’actes unilatéraux appelés permission
de voirie, soit sous forme contractuelle appelée concession de voirie.
P a g e 76 | 142
renouvelable.. Seul le régime des concessions funéraires échappe à
cette règle commune. Malgré leur classement certain dans le domaine
public depuis l'arrêt du Conseil d'État Mougamadousadagnetoullah,
dit Marecar, du 28 juin 1935, la jurisprudence reconnaît qu'elles
n'ont pas « le caractère précaire et révocable qui s'attache, en
général, aux occupations du domaine public » (CE Ass. 21 octobre
1955 Dlle Méline). Le titre d'occupation est révocable à tout moment
dans l'intérêt du domaine public.
P a g e 77 | 142
(permission de voirie-concession), l’ordonnance de 2016 évoque les
autorisations constitutives de droit réel et le bail emphytéotique
administratif.
P a g e 78 | 142
DROIT ADMINISTRATIF DES BIENS :
INTRODUCTION
P a g e 79 | 142
manifestations les plus tangibles du caractère spécifique du droit
administratif des biens. Il convient alors de les étudier
successivement.
3
Maurice HAURIOU, Précis de droit administratif et de droit public, paru en 1933, édition Sirey,
Réédité et présenté par Pierre Delvolvé et Franck Moderne, Dalloz, 2002, p. 868
P a g e 80 | 142
la condition d’une juste et préalable indemnisation ». (Art 11 de la
Constitution ivoirienne) Cette valeur constitutionnelle est rappelée
par la Chambre administrative de la Cour suprême dans un arrêt du
27 juin 2012 SCI « VISION 2000 ». On peut lire, en effet, dans un
des considérants que « le droit de propriété ainsi que les garanties
données aux titulaires de ce droit ont pleine valeur constitutionnelle
… qu’il ne peut y être porté atteinte que dans les conditions fixées
par la loi ».
l’établissement de servitudes ;
l’expropriation pour cause d’utilité publique.
P a g e 81 | 142
au nom de l’intérêt général, d’obliger une personne à lui céder son
bien, avec comme garantie, l’indemnisation de la personne expropriée.
En d’autres termes, c’est la technique juridique d’appropriation
caractérisée par la contrainte. Elle est exercée par la personne
publique sur les biens immobiliers des particuliers dans un but ou une
finalité d’intérêt général. C’est dire que l’expropriation est une
procédure permettant à l'Administration dans un but d'utilité
générale, après une indemnisation juste et préalable, de contraindre
un particulier à céder son bien à titre onéreux soit à elle-même, soit
à une personne morale de droit privé.
P a g e 82 | 142
particuliers. On le sait, ces personnes privées peuvent avoir des biens
mobiliers et immobiliers. Il importe au préalable de s’interroger
successivement sur les choses qui peuvent être expropriées et la
qualité d’expropriant.
P a g e 83 | 142
voir une expropriation pour cause d’utilité publique. L’expropriation
est limitée aux immeubles appartenant aux particuliers.
P a g e 84 | 142
A- Les acteurs de l’expropriation
-l’État ;
P a g e 85 | 142
compétence de ses compétences). D’un point de vue juridique et
procédural, tous les actes marquant la phase administrative de
l’expropriation émanent d’une autorité de l’Etat. Cette autorité de
l’Etat pourrait légalement empêcher l’aboutissement d’une procédure
d’expropriation. Il lui suffira de refuser de prendre les actes
juridiques nécessaires. Un tel refus pourrait se fonder sur des
considérations d’opportunité ou de légalité. Le pouvoir d’exproprier,
en tant que compétence, n’a fait l’objet d’aucun transfert au profit
des collectivités locales. L’Etat est resté seul compétent pour donner
les autorisations nécessaires à la mise en œuvre de l’expropriation.
B- Le but de l’expropriation
P a g e 86 | 142
Dans la doctrine allemande, des auteurs ont pu considérer que
l’expropriation doit être employée dans un intérêt social plutôt que
dans un intérêt public et, par conséquent, qu’elle peut être mise à la
disposition de certaines entreprises privées qui sont sans relation
directe avec l’administration. Cette position est repoussée par le
Doyen HARIOU qui estime que si certaines entreprises privées
méritent des privilèges, elles ne sauraient avoir les avantages de
l’expropriation. Il ne faut pas, selon le Doyen HAURIOU « mélanger
les genres et confondre les catégories »6 L’expropriation, on le sait,
porte atteinte au droit de propriété. La fondamentalité de ce droit a
amené le législateur à encadrer ou à déterminer de façon le but de
l’expropriation.
6
Maurice HAURIOU, Précis de administratif et de droit public, parue en 1933, édition Sirey,
Réédité et présenté par Pierre Delvolvé et Franck Moderne, Dalloz, 2002, p.. 873.
P a g e 87 | 142
général devient une condition suffisante pour justifier
l’expropriation. D’où une certaine forme d’assouplissement du but. La
jurisprudence permet notamment une appréhension aussi élargie
diluant ainsi la distinction entre utilité publique et utilité privé. En
effet, depuis l’arrêt Ville de Sochaux, la satisfaction d’intérêts
privés n’est pas exclusive de la qualification d’utilité publique, dès lors
que ce n’est pas l’objectif déterminant de l’opération administrative.
Ainsi, la réalisation d’une déviation routière dans l’intérêt principal
d’une entreprise privée pourrait satisfaire l’intérêt général, (CE, 20
juillet 1971, Ville de Sochaux, AJDA 1972, p. 227 ; cf. Contentieux de
la DUP)
P a g e 88 | 142
du juge du en raison de ces conséquences sur les droits des
particuliers. Il importe alors de préciser les différentes étapes de la
procédure avant d’analyser le contrôle du juge.
A-Les différentes étapes de la phase administrative
P a g e 89 | 142
journal d’annonces légales. D’ailleurs, dès la publication du décret d’utilité
publique, les ministres chargés de son exécution établissent, par arrêté
conjoint, la liste exhaustive des parcelles ou des droits réels immobiliers à
exproprier.
2-L’enquête publique
La déclaration d’utilité publique est toujours précédée d’une enquête
administrative. Aux termes de l’article 240 de la loi n° 2020-624 du 14 août
2020 instituant code de l’urbanisme et du domaine foncier urbain, «
L’utilité publique est déclarée après enquête publique par décret pris en
Conseil des ministres ». Curieusement cette loi reste muette sur le
déroulement de l’enquête publique. Il importe alors de convoquer le décret du
26 novembre 1930 à l’effet de comprendre comment se déroulait cette
procédure.
Une enquête de commodo et incomodo est exigée par l’article 6 du
décret du 26 novembre 1930. Elle vise à informer les administrés et
singulièrement les éventuels expropriés et recueillir leurs avis. C’est pourquoi
l’article 6 du décret précité invite l’Administration à déposer à la mairie ou à
la sous-préfecture le projet des travaux et le plan indiquant les propriétés
atteintes. Avis de ce dépôt est affiché aux mêmes lieux et aux endroits
7
Dans le cas de figure le plus fréquent où l’annulation de la déclaration d’utilité publique intervient après le
transfert de propriété ou après la fin des travaux, la collectivité publique bénéficiaire de l’expropriation sera
considérée comme ayant réalisé une emprise irrégulière sur une propriété privée. L’ex-propriétaire peut
demander la rétrocession de son bien. Mais il faut noter que l’annulation de la déclaration d’utilité publique
ne remet pas en cause le transfert de propriété lorsque l’ordonnance d’expropriation est déjà intervenue. C’est
pourquoi il est recommandé lorsqu’on constate l’irrégularité d’une déclaration d’utilité publique,
d’accompagner le recours pour excès de pouvoir d’une démarche de sursis à exécution pour prévenir la
création d’une situation irréversible. En effet faute de sursis à exécution, l’annulation d’une déclaration
d’utilité publique ne peut présenter qu’un effet théorique lorsque le transfert de propriété est devenu effectif
et que l’ouvrage prévu a été réalisé. Dans une telle situation, l’ancien propriétaire bénéficie d’une
indemnisation complémentaire (l'ouvrage public mal planté ne se détruit pas. Principe de l’intangibilité des
ouvrages publics.
P a g e 90 | 142
habituels d’affichage). À partir de cet avis dépôt, les particuliers ont un délai
d’un (1) mois pour présenter leurs observations. Cependant, la CSCA dans un
arrêt du 24 janvier 2108 Yapo Atsain Phlippe Chiepi Estelle c/ ministre de la
Construction, du logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme estime que
l’arrêté ordonnant l’enquête publique n’est pas un acte administratif faisant
grief. À la suite de l’enquête publique, intervient l’arrêté de cessibilité.
3-L’arrêté de cessibilité
Dans le délai de deux (2) mois à compter de la réception des notifications, les
propriétaires des immeubles faisant l’objet de la procédure d’expropriation
doivent transmettre à l’autorité administrative compétente les contrats de
bail conclus avec leurs locataires ou, le cas échéant, le nom de leurs locataires,
ainsi que les noms de tous les détenteurs de droits réels sur les immeubles en
cause et la preuve de l’existence de leurs droits. En conséquence, le défaut de
communication de ces informations engage la responsabilité du propriétaire,
quant au paiement des éventuelles indemnités d’expropriation dues à ces
derniers.
P a g e 91 | 142
B- Le contrôle juridictionnel de la phase administrative8
P a g e 92 | 142
théorie conduit le juge aux confins d’un contrôle d’opportunité. Pour
s’en convaincre, il suffit de lire le considérant essentiel de l’arrêt
précité : « Considérant qu’une opération ne peut être légalement
déclarée d’utilité publique que si les atteintes à la propriété privée, le
coût financier et éventuellement les inconvénients d’ordre social
qu’elle comporte ne sont excessifs eu égard à l’intérêt général qu’elle
présente ».
Dans cette affaire, le Conseil d’Etat français juge que la DUP sur le
territoire de la commune de Grasse consistant à créer un boulevard
urbain dans le prolongement de la RD 6185 existante afin d’améliorer
la circulation automobile entre l’extérieur et le centre de la ville de
Grasse pour faciliter les échanges entre les quartiers, renforcer la
desserte locale et améliorer la sécurité dans le secteur, d’une
part, a un coût très élevé évalué à 68 millions d’euros pour la création
d’une voie de 1 920 mètres, soit 34 millions d’euros par kilomètre et,
d’autre part, a un impact très visible dans le paysage
remarquable dans lequel le projet est appelé à s’inscrire qui est de
nature à gravement altérer le caractère du site, regardé comme
exceptionnel, en dépit des mesures visant à atténuer les effets du
projet sur le paysage décrites dans l’étude d’impact.
P a g e 93 | 142
être d’utilité publique, mais en raison des modalités d’exécution, de
son coût financier et de ses conséquences, ne peut l’être. Il s’agit là
d’un contrôle réel qui implique que l’Administration n’a plus toute la
liberté d’apprécier l’opportunité d’exproprier. Le juge, à travers son
contrôle, vérifiera s’il convient ou non d’exproprier compte tenu des
circonstances de chaque espèce10. Le juge vérifie également si le DUP
n’est pas constitutif d’un détournement de pouvoir.
P a g e 94 | 142
entreprise privée est-elle légale (Usines Peugeot) ? La réponse
résulte de l’arrêt du CE du 20 juillet 1971, Ville de Sochaux, rec., p.
561, AJDA 1972, p. 227. Le Conseil d’Etat a jugé que l’expropriation
envisagée n’avait pas, en l’espèce, pour but principal de satisfaire un
intérêt privé. Le fait qu’elle lui procure un avantage direct et certain
n’est pas constitutif d’un détournement de pouvoir. La déviation
répondait aux besoins de la circulation publique et à ceux d’un
ensemble industriel privé qui joue un rôle déterminant dans l’économie
régionale. L’imbrication de ces deux intérêts établit l’utilité publique
de l’opération. Lorsqu’une collectivité publique décide d’acquérir un
bien, au moyen de l’expropriation, pour empêcher l’acquisition du
même bien par un individu en particulier, le détournement de pouvoir
est établi. Nuire à un intérêt privé est un détournement de pouvoir
(voir René Hostiou, Détournement de pouvoir en matière
d’expropriation, Etudes foncières, juin 1990, p. 6 ; Bertrand Seiller,
Pour un contrôle de la légalité extrinsèque des DUP, AJDA, 1er
septembre 2003, p. 1472).
P a g e 95 | 142
de propriété dès lors que l’ordonnance d’expropriation était devenue
définitive, soit que celle-ci n’ait pas été contestée soit que ce recours
ait été rejeté. En effet, pour la jurisprudence antérieure, la prise de
possession d’un bien exproprié s’effectuant en vertu de l’ordonnance
d’expropriation, la régularité de celle-ci emporte celle de la prise de
possession du bien. L’autorité de la chose jugée résultant du
caractère définitif de l’ordonnance d’expropriation confère à
l’expropriant un titre juridique valable. La prise de possession du bien
considéré ne constitue ni voie de fait, ni emprise irrégulière.
L’annulation de la DUP ne produit aucun effet sur le transfert de la
propriété en raison de l’autonomie juridique des deux phases (TC, 26
juin 1989, Mme Plouin et autres, rec., p. 294 ; CJEG 1990, p. 213,
note Ch. Lavialle ; la Revue administrative 1963, p. 146.) On était
manifestement dans situation de déni de justice.
P a g e 96 | 142
obtient l’annulation de la DUP alors que le transfert de propriété a
été opéré et est devenu définitif.
P a g e 97 | 142
procès-verbaux d’accords amiables).
P a g e 98 | 142
marchandages. C’est donc à juste titre que la loi portant code
l’urbanisme encadre cette procédure. Il résulte des articles 259 et
suivants que l’expertise des immeubles en cause doit être ordonnée.
Mieux, elle doit être conduite par trois experts agréés, désignés par
le juge. Ces experts ont un délai d’une semaine à compter de la
signification de leur désignation pour rendre leur rapport au juge.
C’est en tenant compte de tous ces éléments que le juge rend une
ordonnance constatant l’expropriation et fixant l’indemnité.
L’indemnité judiciaire allouée doit couvrir l’intégralité du préjudice
direct, matériel et les frais causés par l’expropriation. Il importe de
noter que l’ordonnance d’expropriation ne peut être attaquée que par
la voie d’un recours devant le Conseil d’État et seulement pour
incompétence, excès de pouvoir ou vice de forme.
P a g e 99 | 142
personne publique.
P a g e 100 | 142
La rétrocession et la préemption sont deux mécanismes juridiques qui
prennent place lorsque la procédure d’expropriation ne se déroule
conformément à la loi. Examinons successivement ces deux
mécanismes juridiques.
1- La rétrocession
P a g e 101 | 142
Or, il est donc de principe que l’Administration ne peut détourner
des immeubles de l’usage prévu par la déclaration d’utilité publique.
De même, lorsque le projet est abandonné ou si l’utilité publique qui
fonde l’expropriation est annulée, l’ancien propriétaire ou ses ayants
droit peuvent demander la rétrocession des immeubles
P a g e 102 | 142
2- La préemption
P a g e 103 | 142
peut récupérer une partie de celle-ci. Le fait est que si les travaux
d’utilité publique causent généralement des troubles aux
propriétaires riverains, ils peuvent parfois entrainer une
augmentation substantielle de la valeur des propriétés privées
riveraines. L’État ou la personne publique, qui en réalisant des travaux
a généré l’augmentation de la valeur du bien, peut récupérer une
partie de celle-ci.
P a g e 104 | 142
(Articles 37, 38, 39 et 40 du décret du 25 novembre 1930
réglementant l’expropriation pour cause d’utilité publique et
l’occupation temporaire en Afrique occidentale française.
P a g e 105 | 142
janvier 1962, il déclarait en effet que « la terre appartient à celui qui
la met en valeur ».
P a g e 106 | 142
collectivité territoriale. Cette expropriation concerne d’une part les
terrains urbains acquis en pleine propriété à quelque titre que ce soit.
De l’abandon du terrain ;
P a g e 107 | 142
également les terrains ruraux. L’expropriation pour défaut de mise en
valeur des terrains ruraux est régie par la loi 71-338 du 12 juillet
1971 relative à l'exploitation rationnelle des terrains ruraux détenus
en pleine propriété. En effet, aux termes l’article 1 de ladite loi, tout
propriétaire de terrains ruraux est tenu de mettre en culture et de
maintenir en bon état de production l'intégralité des terres qu'il
exploite. Cette mise en valeur s'applique à l'exploitation des produits
agricoles, à l'élevage ou à un usage industriel. En conséquence, les
terrains ruraux acquis en pleine propriété à quelque titre que ce soit
et dont la mise en valeur n'a pas été assurée, peuvent faire retour en
totalité ou en partie au domaine de l'État en vue de leur utilisation à
des fins économiques et sociales.
P a g e 108 | 142
région pour des terres de même fertilité exploitées normalement.
P a g e 109 | 142
Cette commission se réunit à la diligence de son président et
examine si, à la date à laquelle la procédure d'expropriation est
ouverte et le ministre de l'Économie et des Finances saisi, les
conditions de la non mise en valeur définie aux articles 3 et 4 de la loi
susvisée sont remplies.
P a g e 110 | 142
C’est un procédé administratif de libération des terrains
détenus coutumièrement. Il n’y a pas lieu de la confondre avec le
« déguerpissement ». Ce dernier s’analyse comme une mesure de
police contre les occupants sans titre du domaine public, ou la mise en
œuvre d’une peine d’expulsion. La purge des droits coutumiers, par
contre, s’exerce à l’encontre des terrains détenus selon le droit
coutumier ou sur lesquels l’administration reconnaît des droits
fonciers coutumiers. On peut s’interroger sur la finalité et la mise en
œuvre d’un tel mécanisme.
P a g e 111 | 142
Devant ces risques, la sauvegarde de la paix sociale commande
aux pouvoirs publics de rechercher des compromis, des arrangements
avec des détenteurs coutumiers. Cela prend la forme de versement
d’indemnités à ces derniers pour purger ou éteindre leurs droits sur
le sol.
P a g e 112 | 142
Déterminer le montant des indemnités et compensations à
allouer aux détenteurs identifiés.
La purge des droits coutumiers sur le sol donne lieu, pour les
détenteurs de ces droits, à la perception d’une part d’une
indemnisation en numéraire ou en nature et, d’autres part, à une
compensation.
P a g e 113 | 142
établis par l’administration ne devraient être que des bases de
discussion, des éléments indicatifs à partir desquels ils entendent
faire des contre-propositions. En cas d’impasse, les détenteurs
coutumiers recourent à l’arbitrage du ministre ou du chef de l’État…
Paragraphe I- La confiscation
Paragraphe II : La Préemption
P a g e 114 | 142
À titre d'illustration, on peut citer la loi ivoirienne du 28 juillet
1987 portant protection du patrimoine culturel. Aux termes de
l’article 31 de cette loi, lorsque le propriétaire d'un bien ayant fait
l’objet de classement entend l’aliéner, l’État peut exercer son droit
de préemption, et se porter acquéreur de l’immeuble (Voir KOBO
Pierre-Claver, la protection juridique des sites, monuments et
paysages urbains en Côte d’Ivoire, in : Annales de l’université
d'Abidjan. Droit Tome VIII, 4988. P. 315. ).
P a g e 115 | 142
être que temporaires. Dès lors, toute réquisition destinée à durer
indéfiniment étant irrégulière.
P a g e 116 | 142
rationalisation ne peut sauf erreur manifeste d'appréciation, être
récusée. Au contraire de l’expropriation qui ne peut porter que sur
des immeubles ou des droits réels immobiliers, la nationalisation peut
porter aussi bien sur les biens meubles des entreprises (actions) que
sur les immeubles
P a g e 117 | 142
travail ainsi qu’à son résultat Si les deux notions sont effectivement
proches, l’assimilation serait excessive. Il importe alors d’examiner
séparément les notions de travaux publics et d’ouvrage public.
P a g e 118 | 142
les éléments d’identification du travail public. La doctrine va effet
construire la notion de travail en mettant en avant trois critères : le
Un critère matériel, le critère organique et le critère de la finalité.
1- Un travail
Le travail s’analyse ici en opération matérielle ; peu importe
l’importance de ce travail. Ainsi, le remplacement de quelques pavés
sur la voie publique est un travail public tout comme la construction
d’un barrage, d’un pont, d’un aéroport.
P a g e 119 | 142
par nature ou par destination bâti ou non. Sous ce rapport, une
opération se rapportant à un bien meuble ne peut être qualifiée
travail public. La construction d’un porte-avion ou d’une tribune
démontable posée sur le sol n’est pas un travail public. La tonte d’une
pelouse est un travail public en raison du caractère immobilier de
ladite pelouse. Autrement dit, peu importe l’importance du bien
considéré. Le « travail immobilier » lui-même, c’est-à-dire le
caractère matériel, se présente sous la forme d’une opération de
construction, de réparation, d’entretien, de démolition,
d’aménagement, d’équipement, portant donc sur un bien immobilier. La
notion de travail public repose ainsi sur une conception active de
l’opération matérielle. L’existence d’un travail immobilier ne suffit
pas. Aux termes de l’arrêt Commune de Monségur précité, le travail
immobilier doit être effectué par le compte d’une personne publique.
P a g e 120 | 142
Publics.
P a g e 121 | 142
— Intérêt général et service public : le juge administratif, dès lors
que le but du travail demeure la réalisation de l’intérêt général, est
amenée à lui conférer l’étiquette de travail public. Il n’est donc pas
nécessaire que l’on soit en face d’une mission de service public. Ainsi,
les travaux d’entretien d’une église postérieure à la loi de séparation
de l’église et de l’État ont été qualifiés de travaux publics (Cf. arrêt
commune de Monségur). De même ont été considérés comme des
travaux publics, les travaux de réhabilitation d’une unité de
production d’eau de source visant à promouvoir le développement
économique et l’emploi. Il peut donc avoir des travaux publics sans
qu’il y ait mission de service public.
— Intérêt général et domaine public : si la gestion du domaine public
des personnes publiques correspond à une activité d’intérêt général,
la gestion du domaine privé a toujours été considérée par la
jurisprudence comme une activité exercée dans l’intérêt patrimonial
de la personne publique propriétaire. En d’autres termes, les travaux
réalisés sur le domaine privé de la personne publique sont en principe
des travaux privés. Cependant, ces deux (2) règles ne sont pas
absolues. Il arrive qu’exceptionnellement les travaux effectués sur le
domaine public n’aient pas la qualité de travaux publics. C’est le cas,
par exemple des travaux réalisés sur la voie publique dans le cadre
d’une permission de voirie. Il peut arriver également que des travaux
réalisés sur le domaine privé de la personne publique aient la qualité
de travaux publics (Cf. Tribunal des Conflits, 24 octobre 1942,
Chaumard contre préfet Bouches-Du-Rhône).
La définition traditionnelle qui vient d’être évoquée va connaitre
une extension avec la jurisprudence Effimieff.
P a g e 122 | 142
travail public. En réalité, la définition traditionnelle ne permettait
plus de saisir pleinement la notion de travail public. Si la définition
traditionnelle est devenue obsolète, le juge va, sans le remettre, la
renouveler
P a g e 123 | 142
des opérations de travaux publics ».
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publics les travaux réalisés par la SNCF et RFF parallèlement à la
réalisation du TGV Méditerranée, mais pour le compte de personnes
privées et en dehors de toute mission de service public (TC, 4 mars
2002, conflit sur renvoi de la CAA de Lyon, SCI La Valdaine et SCI
du Béal c/ SNCF ET RFF).
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eaux et forêts sur des terrains privés en vertu de contrats passés
par elle avec les propriétaires de ces terrains : (l’arrêt Consort
Grimouard); travaux exécutés d'office par les communes sur les
immeubles privés menaçant ruine (l’arrêt l’arrêt Mimouni ); travaux
exécutés d'office sur les immeubles insalubres13
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Bedephi Martin et autres du 18 juillet 2018, la Chambre
administrative de la Cour suprême donne la définition de l’ouvrage
public en ces termes : « l’ouvrage public est un bien immobilier
résultant d’un aménagement réalisé par une personne publique,
affecté à l’usage direct d’un service public, y compris s’il appartient à
une personne privée chargée de l’exécution de ce service public ». Il
ressort de cette définition sommaire trois constantes :
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municipal (CE, 15 février 1989, Dechaume), ou celui d’une tribune
démontable dès lors que le terrain sur lequel elle est installée a été
aménagé pour la recevoir (CE, 11 décembre 1970, Ville de Saint-
Nazaire). Mais un banc non fixé au sol de la cour d’un collège n’est pas
un ouvrage public (CE, 26 septembre 2001, Département du Bas-
Rhin). Le juge administratif a semble-t-il considéré ici que le lien
naturel reliant le banc au collège est insuffisant pour pouvoir
considérer le premier comme un élément de l’ouvrage public que
constitue le second, contrairement aux espèces précédentes. Il est
vrai que le banc n’est pas un élément caractéristique de la cour du
collège, contrairement à une cage de football ou une tribune vis-à-vis
d’un terrain de jeu. Par ailleurs, le bac à péage est un exemple
révélateur de cette situation. La chambre administrative de la Cour
suprême, dans l’arrêt Société des Centaures Routiers, a considéré le
bac comme un ouvrage public.
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l’intérêt général peut revêtir deux formes
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2-Ouvrage public et domaine public
La encore, les deux notions ne se recouvrent pas forcement.
Dans la plupart des cas, l‘ouvrage public fait partie du domaine public
artificiel. Il est alors affecté soit à l’usage du public soit à un service
public avec aménagement spécial. Or, le domaine public comprend non
seulement des biens immobiliers, mais aussi des biens mobiliers et
des biens naturels. Comme on peut le constater, la notion d’ouvrage
public est plus étroite que celle de domaine public.
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Il est de tradition de faire remonter à un vieil arrêt de 1853, le
principe de l’intangibilité de l’ouvrage public. Ce principe est
classiquement formulé ou posé de la manière suivante : « l’ouvrage mal
planté ne se détruit pas ». Il convient de s’interroger sur la portée du
principe et son fondement ou justification.
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2-Les fondements du principe de l’intangibilité de l’ouvrage public
Les fondements du principe de l’intangibilité de l’ouvrage public
ont été laborieusement dégagées par des auteurs anciens. Selon
ceux-ci, le principe de l’intangibilité préserve à la fois l’intérêt
général et l’intérêt financier, deux finalités intimement liées. En
effet, Démolir un ouvrage public, dont la finalité d’intérêt général est
incontestable, entrainerait un coût financier important pour
l’Administration.
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La théorie de « l’expropriation indirecte » formulée par
Laferrière et Hauriou a conduit à une prise conscience. En effet,
sensibles à l’anomalie et l’anachronisme d’une situation trop favorable
a l’Administration, le TC, le Conseil d’État et la Cour de cassation vont
rendre des décisions annonçant une certaine remise en cause du
principe de l’intangibilité de l’ouvrage public mal planté.
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approuvée met fin à une situation anormale et choquante qui privait
les citoyens des garanties fondamentales par les procédures
d’expropriation. Il reste attendu que la destruction de l’immeuble mal
planté reste difficile à obtenir compte tenu des conditions mises en
œuvre dégagées par la jurisprudence.
2-Les conditions de la démolition, des conditions restrictives
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base de cette distinction. Elle est dans cette perspective considérée
comme la summa divisio. Il importe alors, pour analyser le régime de
responsabilité résultant des dommages des travaux publics ou des
ouvrages publics, de distinguer les dommages permanents des
dommages accidentels.
Ces victimes ont un lien avec les travaux publics soit à travers leur
utilisation (l’usager) soit par leur participation aux travaux
(participant)
1-Notion d’usager
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personne qui bénéficie du travail ou de l’ouvrage public, qui en tire
profit ; il désigne la personne qui l’utilise effectivement un ouvrage
public et subit un dommage à l’occasion de cette utilisation. Mais il
importe de souligner que l’usage de l’ouvrage doit être conforme à son
affectation. Voir CSCA, Société des Centaures Routiers 14 janvier
1970, René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général, Tome
3 ; Paterme MAMBO, La responsabilité pour dommages de
travaux publics dans la jurisprudence des Cours suprêmes
d’Afrique francophone, RISJPO, septembre 2014.
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publique, des obstacles non signalés sur la voie publique…Le juge
engage la responsabilité de l’administration si l’obstacle est demeuré
sur l’ouvrage au-delà d’une durée raisonnable contraire à son
obligation de surveillance( CE, 20 mai 1987, Société des
autoroutes Paris-Rhin-Rhône). En revanche, ne constitue pas un
défaut d’entretien normal, la rupture d’un bac provoqué par un camion
trop chargé et par une fausse manœuvre du chauffeur. (Chambre
administrative de la Cour suprême du Gabon, 4 avril 1980).
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C’est à l’égard du participant que le régime de la responsabilité
est le plus rigoureux. En fait, les travailleurs participant à l’exécution
de travaux sont soumis à un régime de responsabilité strict fondé sur
la faute prouvée du maître de l’ouvrage ou de l’entrepreneur. L’on
estime en effet qu’ils ont accepté les dangers liés à leur activité
professionnelle. Plus exactement, les participants à l’exécution des
travaux publics sont des professionnels pour lesquels la survenance
d’un dommage pendant l’accomplissement de leur service est un risque
du métier. En outre, leur participation à l’exécution des travaux
donne lieu à rémunération. Au final, on va considérer qu’il n’y a pas de
raison de leur faire un sort à part, en les soustrayant à l’application
du principe de la responsabilité pour faute prouvée. La situation est
différente lorsque le participant aux travaux est reconnu comme un
collaborateur bénévole d’un service public. Il bénéficie alors du
régime de responsabilité sans fautes fondé sur le risque. C’est
d’ailleurs, ce régime qui est applicable aux tiers.
A : La notion de tiers
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publique. Le tiers bénéficie d’un régime de responsabilité très
favorable.
B : Le régime de responsabilité
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1987, « EDF » c/Spire », la haute juridiction administrative estime
que les préjudices imputables aux bruits engendrés par la centrale
présentent un tel caractère et que la responsabilité d’Électricité de
France est engagée de ce dernier chef.
Les préjudices causés par les odeurs, les fumées, les poussières
peuvent ouvrir droit à réparation : odeur venant d’un dépôt d’ordures,
Conseil d’État français du 3 juillet 1971, « Commune de la Dourgue »,
d’une usine d’incinération, Conseil d’État, 25 novembre 1987. Il en va
de même des atteintes au droit d’accès et allongement de parcours.
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d’une indemnité dès lors l’accès aux riverains reste assuré ».Il
importe de noter que lorsque le juge admet que la réalisation des
travaux a causé un préjudice commercial, il recherche si ce préjudice
n’est pas compensé par la plus-value que les travaux et la réalisation
des ouvrages ont pu procurer au commerce. Quelle que soit la nature
du dommage, le régime de responsabilité est le même.
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difficulté majeure. Elle est en effet satisfaite par cela seul que la
notion de voisinage implique une limitation du nombre des victimes.
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