Support de Cours de Droit Administratif Traore 2
Support de Cours de Droit Administratif Traore 2
Support de Cours de Droit Administratif Traore 2
I : IMPORTANCE DU COURS
II : APPROCHE DU COURS
Plan du cours :
Introduction
I : L’Administration
• La présentation organique
• La présentation fonctionnelle
II : Le droit administratif
• L’importance de la codification
Deuxième partie : Le contrôle de l’action de l’Administration
Bibliographie :
- Demba SY ;
Textes à consulter :
• Constitution
• COA
INTRODUCTION GENERALE
Avant d’aller plus loin, il convient d’une part de faire des précisions
sémantiques en essayant d’appréhender l’administration (I) et le droit
administratif (II). D’autre part, seront abordées les mutations du droit
administratif (III) et les spécificités relatives au droit administratif africain (IV)
I : L’ADMINISTRATION
L’administration est constituée d’un ensemble qui évoque les structures, les
services, les agents, les biens et les actes ayant pour finalité la satisfaction des
besoins d’intérêt général.
Cette prolifération des autorités administratives pose de véritable difficulté de
catégorisation juridique.
En France, l’actualité est marquée par la loi 2017-55 du 20 janvier 2017 qui
fixe le statut général des AAI.
Dans la pensée interventionniste, l’administration, en plus de ses fonctions
classiques, est motrice de l’économie.
L’activité administrative, basée sur l’intérêt générale, est différente de celle des
personnes privées sous-tendue par le profit.
L’autorité administrative doit se confiner en une stricte application de ce qui a
été définie par les dépositaires de la souveraineté. Le fondamental est du
domaine de la loi, l’accessoire de celui de l’autorité administrative. La loi met
en cause ; l’administration met en œuvre.
On sait bien cependant que les juridictions sont des administrations. Pendant
longtemps d’ailleurs en France, les fonctionnaires avaient pour rôle de trancher
les litiges administratifs. En réalité, la dichotomie entre les trois pouvoirs est
purement didactique. Il est admis aujourd’hui que les juges puissent édicter des
règles dans bien des contentieux du droit public (Principes généraux du droit
administratif, principes à valeur constitutionnelle, réserve d’interprétation etc.).
A l’inverse, il arrive que l’administration joue le rôle de juridiction (conseil de
discipline et AAI).
II : LE DROIT ADMINISTRATIF
Avec la doctrine de la puissance publique de Maurice HAURIOU,
les moyens utilisés par l’administration doivent être pris en
compte dans toute définition du droit administratif. Ainsi, la
discipline désigne des règles propres à l’administration avec des
procédés de puissance publique; l’administration « affirme
publiquement le droit tel qu’elle entend l’exécuter ».
droit administratif se manifeste par une utilisation des procédés de gestion
publique.
L’exorbitance du droit administratif peut revêtir deux sens. D’une part elle
évoque les privilèges, les prérogatives dont bénéficient les autorités
administratives marquant l’inégalité de situation qui existe entre la puissance
publique et les particuliers. Elle s’analyse ainsi en des faveurs accordées à la
puissance publique dans la satisfaction des besoins d’intérêt général :
• Privilège de juridiction ;
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Les juridictions administratives ont, devant la carence du législateur, déterminé
elles même les notions fondamentales (faute, contrat, agent) et les principes
déterminants (lois du service public, la technique du REP, la non rétroactivité
des actes administratifs). Le juge administratif a progressivement forgé des
règles spécifiques applicables à l’administration.
En fait, les constitutions modernes demeurent prolixes sur les questions de droit
administratif.
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obligations sont imposées aux citoyens (préserver l'environnement, payer les
impôts, respect des droits d'autrui, protéger le domaine public, lutter contre la
corruption); tandis que l'ordre public est étendu à l'écologie.
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La privatisation du droit administratif implique l'externalisation des services
publics.
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B- L’unité de juridiction
Il existe un seul ordre de juridiction avec des juges compétents en toute matière.
Un tel système présente des vertus telles que la simplicité des procédures
(absence de question préjudicielle) et l’économie des moyens financiers.
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PREMIERE PARTIE : L’ACTION DE L’ADMINISTRATION
L’idée de normes plus large que la légalité exprime mieux la diversification des
règles qui sou tendent l’action de l’administration.
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Il faut étudier alors le cadre normatif interne (section 1) et externe (section 2) de
l’action administrative. Enfin seront abordés les tempéraments apportés au
cadre normatif (section 3).
A- Le texte constitutionnel
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Les droits et libertés de la seconde génération apparaissent avec le préambule
de la Constitution de 1946. Ce sont les droit économiques et sociaux (droit
créance- droit à). A titre d’illustration, on peut citer : la participation des
travailleurs à la détermination des conditions de travail, le droit à l’emploi, droit
à l’éducation, droit de grève.
Au Sénégal, les droits économiques et sociaux ont été consacrés dès 1959 avant
d’être enrichis dans la Constitution révisée (loi 2016-10 du 5 avril 2016 portant
révision de la Constitution).
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B- La jurisprudence constitutionnelle
Le juge sénégalais est exigeant dans le respect ou le contrôle des compétences
établies. Dès 1960, il avait posé que le législateur ne peut déléguer les
prérogatives qu’il tient de la constitution. On considère que lorsque l’organe
parlementaire n’épuise pas sa compétence, il y’a transfert du pouvoir législatif
au profit de l’autorité administrative (voir Décision n°1/C 2005 du 12 févier
2005 loi d’amnistie : ici, le juge constitutionnel considère qu’en « laissant au
pouvoir règlementaire la compétence pour prendre les mesures
individuelles de réintégration » suite à une loi d’amnistie, le législateur a
exercé, contrairement à l’argument des requérants, pleinement sa compétence).
Voir dans le même sens Arrêt du 3 mai 1962 (choc entre les autorités
administratives et législatives concernant les taxes parafiscales); Arrêt du 25
juillet 1967.
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Dans la Décision du 18 juillet 2013, le CC sénégalais a déclaré non contraire à
la constitution l’article 8 de la loi 69-64 du 30 octobre 1969 relative au Statut du
personnel des Douanes.
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Il faut rappeler que la loi est un acte de commandement à caractère général et
impersonnel. Les lois organiques prolongent les dispositions de la constitution.
Leur vocation est de définir le statut des organes constitutionnels ou de
régir des matières considérées fondamentales. C’est pourquoi elles sont
adoptées à la majorité absolue des membres composant l’assemblée nationale et
subissent un contrôle obligatoire de conformité à la constitution (voir Décision
n°3/C 2017 du 9 janvier 2017, loi organique sur la Cour suprême). On peut citer
loi organique 2012-28 du 28 décembre 2012 portant organisation et
fonctionnement du CESE ; loi organique 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au
Conseil constitutionnel.
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On peut citer la loi 90-07 du 26 juin 1990 relative à l’organisation et au contrôle
des entreprises du secteur parapublic et au contrôle des personnes morales de
droit privé bénéficiant du contrôle financier de la puissance publique, la loi 94-
63 du 22 août 1994 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique.
Les sources non règlementaires peuvent avoir une portée générale (circulaires
et notes de service) ou individuelle (nomination, autorisation, affectation).
Il faut citer enfin dans cette liste des sources non règlementaires les
contrats.
Le juge administratif a élaboré le « noyau dur » des règles administratives. C’est
dans ce cadre qu’il faut inscrire les PG du droit administratif. Le PG du droit
administratif traduisent « une conception de l’homme et du monde » Jean
WALINE. Ce sont des normes créées par le juge, sou tendu par un fond
éthique à partir de la tradition républicaine et des textes en vigueur. Ainsi,
de façon naturelle, on considère qu’une sanction ne peut être infligée sans
respect des droits de la défense. Dans l’arrêt du 23/09/2015, Bouré et autres
c/ Etat du Sénégal, la CS censure la décision du Ministre de l’éducation
nationale portant annulation des admissions de 690 élèves maitres au concours
de recrutement pour non-respect entre autres des droits de la défense.
Dans la liste des PGD, il est interdit que les actes administratifs soient
rétroactifs (principe de non rétroactivité). Les administrés doivent avoir aussi la
possibilité de contester les décisions administratives (le REP est ouvert sans
texte).
Les principes généraux du droit sont des règles non écrites de portée générale,
dégagées par la jurisprudence, qui s'appliquent même en l'absence de texte et
dont la violation est considérée comme une violation de la règle de droit.
Les principes généraux du droit sont dégagés par les juges à partir de l'état du
droit existant.
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- La jurisprudence du juge judiciaire
Déjà, le COA indique que les contrats conclus par l’administration sont de droit
privé sauf s’ils ont un caractère administratif. Dans ce cadre, l’article 1er du
décret 74- 347 du 12 avril 1974 relative aux agents non fonctionnaires pose que
ces derniers sont régis par des contrats de travail.
En dehors des agents non fonctionnaires, les administrations, pour des raisons
de souplesse administrative, empruntent volontairement la formule contractuelle
de droit privé (TPI, 31 mars 1982, Atayic c/ Etat du Sénégal).
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En second, l’application du droit privé à l’administration peut résulter de
la jurisprudence.
Ainsi, précise le juge judiciaire sénégalais, lorsqu’un établissement public est
transformé en une société anonyme à participation publique majoritaire, celle-ci
est mal fondée à invoquer le bénéfice de l’immunité d’exécution (TRHCD,
ordonnance du 13 novembre 2013, Centre expérimental de recherche et d’étude
pour l’équipement).
En réalité, la pertinence de la distinction des compétences judiciaires et
administratives est discutable. L’essentiel se situe dans la défense des droits
atteints. C’est tout l’enjeu du droit administratif contemporain dominé par la
subjectivation (sujets). L’étude des sources externes de la légalité reflète
parfaitement cette dynamique.
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Section 2 : Le cadre normatif externe
Classiquement, le droit public était sous tendu par une conception centralisatrice
de la diffusion de la norme. Cela signifie que ce modèle a « horreur du pluriel »
entendu au sens de diversification des espaces de décisions.
L’opposabilité et l’applicabilité des traités varient selon que l’on se situe dans le
cadre du droit international général (A) ou communautaire (B).
Il s’agit des traités qui proviennent de la Convention de Vienne sur le droit des
traités du 23 juin 1969. La régulation normative des relations internationales
repose fondamentalement sur le traité. Défini comme un « accord
international conclu par écrit et régi par le droit international, qu’il soit
consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments
connexes et quelle que soit sa dénomination particulière ».
Lorsque ces trois conditions sont réunies, un acte de l’administration qui viole
le traité est annulé.
Il faut signaler par ailleurs que certains traités ont une valeur constitutionnelle
parce que visés dans le préambule.
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B- L’autorité des traités issus du droit communautaire
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législatives, juridictionnelles et même constitutionnelles ». De même la
cour affirme aussi que la primauté « bénéficie à toutes les normes
communautaires, primaires comme dérivées immédiatement
applicables ou non » parce que l’ordre juridique communautaire
l’emporte dans son intégralité sur les ordres juridiques nationaux.
La CCJA a abondé dans le même sens que la CJ de l’UEMOA (voir avis
du 13 octobre 1998 ; avis du 30 avril 2001 : demande de la Côte
d’ivoire sur la primauté du droit communautaire ; voir aussi article 10
du Traité OHADA et article 6 Traité UEMOA).
Quant aux Directives qui donnent une marge de manœuvre aux Etats
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Les directives nécessitent des mesures
d’incorporation pour produire des effets de droit à
l’égard des particuliers. Toutefois, une Directive
non encore transposée peut être invoquée si
le délai de transposition est expiré.
« Ou bien la communauté est pour les particuliers une séduisante mais lointaine
abstraction intéressant seulement les gouvernements qui leur appliquent
discrétionnairement les règles; ou bien elle est pour eux une réalité effective et
par conséquent créatrice de droit » Robert LECOURT, L’Europe des juges,
Bruxelles, 1976, page 248.
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économiques : libre circulation des marchandises, des personnes, libre
prestation de service, libre circulation des capitaux.
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Des recours sont institués par ailleurs pour sanctionner la violation du droit
communautaire. Il peut s’agir de recours directs (recours en manquement,
recours en annulation, en indemnité et en responsabilité) ou de recours
indirects (renvoi préjudiciel: 5 renvois actuellement).
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Au demeurant, on constate l’importance qualitative et quantitative des sources
internationales du droit administratif. Cependant, l’application mécanique de la
légalité peut conduire à une paralysie de l’action administrative ; d’où les
tempéraments à elle aménagés.
Cet enjeu de prévention des troubles à l’ordre public est atténué en période de
crise. Pour l’essentiel, le principe de légalité est tempéré dans sa rigueur du fait
des textes (A) ou de la jurisprudence (B).
- d’une part lorsqu’il existe une menace grave et immédiate pour les
Institutions, l’indépendance, l’intégrité du territoire ou l’exécution des
engagements internationaux ;
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- d’autre part, quand on assiste à une interruption du fonctionnement
régulier des pouvoirs publics.
En réalité, les effets de l’état d’urgence sont beaucoup plus rigoureux que
ceux de siège. Il n’existe pas de régime militaire mais les pouvoirs de l’autorité
administrative sont d’une extrême densité faisant douter de leur conformité à la
constitution.
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Dans les zones ou l’état d’urgence est déclaré, il devient possible
de restreindre la liberté de circulation, de contrôler la presse et
l’audiovisuel, de fermer les spectacles, de procéder à l’assignation
à résidence des suspects (voir article 11 de la loi du 20 novembre
2015 relative à l’état d’urgence en France).
Il s’agit ici de la théorie dite des circonstances exceptionnelles; elle est une
invention purement prétorienne (CE 28 juin 1918 Heyries).
Dans l’arrêt Dames Dol et Laurent (CE 28 février 1919), le juge admet la
régularité d’une mesure d’interdiction de la prostitution.
Les règles de répartition des compétences entre les autorités publiques peuvent
être écartées (CE, 5 mars 1948, Marion: théorie des fonctionnaires de fait).
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Il faut signaler cependant que la légalité ne disparait pas. Le juge
contrôle au moins la réalité des circonstances et la proportionnalité
des mesures prises. Si les circonstances disparaissent, la légalité
normale est restaurée.
Les circonstances de droit et les circonstances de temps autorisent donc des
dérogations à la règle de droit. Il faut inscrire dans les mêmes termes les
atténuations matérielles apportées au principe de la légalité.
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Le pouvoir discrétionnaire confère à l’administrateur deux formes de liberté
Pendant longtemps, le juge refusait tout contrôle du pouvoir discrétionnaire de
l’administration. A partir de 1993, le juge sénégalais va infléchir sa
jurisprudence avec l’erreur manifeste d’appréciation (agissement
déraisonnable et grossier de l’administration). La Cour suprême du Sénégal
annule dans ce cadre la décision du 13 mai 2008 du Ministre de la fonction
publique, du travail, de l’emploi et des organisations professionnelles ayant
autorisé le licenciement de Salif DIAGNE pour erreur manifeste d’appréciation
(rixe entre deux travailleurs ayant entrainé le licenciement automatique du
nommé DIAGNE). A l’inverse, le juge considère dans l’affaire Sidya BAYO
(CS, 13 janvier 2015) qu’il n’y avait pas erreur manifeste d’appréciation.
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nature. Ainsi, les soumettre au contentieux objectif ou subjectif serait une
ingérence dans les affaires gouvernementales.
Cette
immunité juridictionnelle en France est levée depuis l’arrêt Prince
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Les exigences de la légalité varient en effet en fonction du temps, des matières
et des valeurs républicaines.
Il faut étudier alors les procédés par lesquels l’administration assure les besoins
sociaux pour vérifier l’aphorisme.
et d’autre part, les finalités ou procédés qui constituent sa raison d’être. Il faut
étudier les moyens juridiques (section I) et les missions de l’administration
(section II).
L’administration peut s’appuyer sur deux leviers (alavanca). Elle peut intervenir
de façon unilatérale et autoritaire, c’est la décision administrative ou l’acte
administratif unilatéral (paragraphe 1). Il peut arriver que l’administration
demande le consentement des sujets de droit. Même dans cette hypothèse, les
prérogatives de puissance publique subsistent, on s’intéresse au contrat
administratif.
Si l’accord de volonté est la règle dans les rapports entre particuliers, ils
constituent une exception en droit administratif à travers les critères de
l’administratif (A) et son régime juridique (B).
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L’acte administratif est un acte public particulier ; il est celui d’une autorité
administrative ou manifeste une fonction administrative.
L’acte administratif doit être distingué des actes des assemblées délibérantes et
ceux des organes juridictionnels. Les premiers concernent fondamentalement la
vie intérieure de certaines institutions ; les seconds supposent l’existence d’un
litige à trancher. Ces actes sont exclus du champ de la définition parce qu’ils ne
révèlent pas une fonction administrative.
Cependant, tous les actes de l’administration ne sont pas administratifs d’où les
recours au critère matériel qui se fonde sur le contenu de la décision.
Enfin, l’acte administratif peut être défini de façon fonctionnelle. Dans cette
hypothèse, il reflète l’existence de prérogatives de puissance publique et est
soumis au contentieux du juge administratif. Le rôle d’imposition en constitue
une parfaite illustration. Le rôle bénéficie des privilèges du préalable et de
l’exécution d’office.
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