VF Tome 2 - Affections Mycosiques
VF Tome 2 - Affections Mycosiques
VF Tome 2 - Affections Mycosiques
Nos pères fondateurs l’avaient déjà rêvé dans les années 90.
A leur suite, le bureau actuel de la SoAP a tout mis en œuvre pour satisfaire ce désir
exprimé par tous les enseignants-chercheurs de Parasitologie-Mycologie africains,
celui de rendre disponible pour les étudiants en médecine et en pharmacie ainsi que
les autres professionnels de la santé, un ouvrage de spécialité qui intègre les réalités
épidémiologiques de l’Afrique, ainsi que les nouvelles stratégies développées par les
programmes nationaux de lutte contre les maladies parasitaires et fongiques.
La structuration de ce formidable ouvrage est faite de trois (3) tomes qui mettent en
exergue la transition épidémiologie avec l’émergence et la réémergence de plusieurs
pathologies parasitaires.
Ce livre présente entre autres, des données sur l’Afrique, permettant ainsi
d’apprécier et de mesurer l’importance des endémies qui mettent à mal la santé de
nos populations. Ses approches de diagnostic clinique et biologique induisent une
meilleure prise en charge et des stratégies de prévention adéquates.
Présidente de la SoAP
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
AVANT-PROPOS
Vice-Président de la SoAP
Responsable de l’équipe de coordination
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier très sincèrement tous les rédacteurs et les relecteurs des
différentes leçons. Les uns et les autres ont su donner de leur temps pour que cette
première édition soit une réalité.
Nous avons souhaité, dans cet ouvrage, utiliser une iconographie provenant de nos
laboratoires africains. Ce sera le défi de la 2ème édition. Mais déjà pour cette édition,
des efforts ont été faits pour certains cycles biologiques et schémas des parasites et
champignons qui ont été réalisés par les Maîtres de Conférences Agrégés (MCA)
Vanga, Konaté, Seck ainsi que le MCA Kassi Fulgence qui a assuré la coordination de
l’édition des 3 tomes de cet ouvrage avec le MCA Kiki-Barro Pulchérie. Nous leur
adressons nos sincères remerciements pour tous les sacrifices consentis.
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LISTE DES REDACTEURS ET REVIEWERS
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HOMMAGES
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Généralités sur la mycologie
Sommaire
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Généralités sur la mycologie
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Généralités sur la mycologie
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Généralités sur la mycologie
Figure 10. 1 : Petits éléments ovoïdes d’Histoplasma capsulatum var. capsulatum au MGG,
grossissement × 1 000 ........................................................................................................212
Figure 10. 2 : Histoplasma capsulatum var. duboisii à l’examen direct au G × 400 ..............212
Figure 10. 3 : Schéma d’un filament mycélien d’Histoplasma capsulatum ..........................213
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Généralités sur la mycologie
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Généralités sur la mycologie
Figure 13. 8 : Section d'une lésion cutanée fixe indiquant les formes levures du complexe
Sporothrix schenckii après coloration au Gomori-Grocott ...................................................264
Figure 13. 9 : Corps astéroïde une forme ronde, étoilée ou massuée mesurant jusqu’à 10µm
de diamètre, “corps asteroïdes” (phénomène de Splendore-Hoeppli) .................................265
Figure 16. 1 : Mode de production des spores chez les Mucorales et les Entomophthorales293
Figure 16. 2 : Hinoentomophthoromycose .......................................................................... 298
Figure 16. 3 : Patient photo avant la maladie ....................................................................... 298
Figure 16. 4 : Rhinoentomopthoromycose Plus de 24 mois d’évolution .............................. 298
Figure 16. 5: Patient photo 16. 2 avant la maladie ............................................................... 298
Figure 16. 6 : Examen direct du prélèvement cutané du patient photo 16. 1: Présence de
filament large non septé, et ramifications à angle droit ........................................................ 299
Figure 16. 7 : Aspect macroscopique d’une mucorale ........................................................ 300
Figure 16. 8 : Colonies glabres, plissées de Basidiobolus ranarum ..................................... 301
Figure 16. 9 : Colonies de Coniobolus coronatus ................................................................ 301
Figure 16. 10 : Réaction scléro inflammatoire autour d’éléments fongiques Coloration H.E.S
........................................................................................................................................... 302
Figure 16. 11 : Hyphe fongique, Coloration Gomorit- Grocott ............................................ 302
Figure 16. 12 : Après 18 mois de traitement chez patient photo 16. 13 ............................... 303
Figure 16. 13 : Patient avant traitement ............................................................................... 303
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Généralités sur la mycologie
Liste de tableaux
Tableau 8. 1 : Revue des principaux agents étiologiques des mycétomes ............................ 158
Tableau 8. 2 : Caractères morphologiques des quelques agents de mycétomes .................... 160
Tableau 8. 3 : Principaux caractéristiques des agents de mycétomes fongiques ................... 169
Tableau 8. 4 : Caractéristiques des principaux agents de mycétomes actinomycosiques. ..... 170
Tableau 9. 1: Critères d’identification des espèces les plus fréquentes ................................ 196
Tableau 12. 1 : Les différents types de fructifications asexuées (anamorphes) des agents de
chromomycose ................................................................................................................... 244
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Généralités sur la mycologie
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Généralités sur la mycologie
Introduction
Le champignon encore appelé mycète est un organisme eucaryote, hétérotrophe, uni-
ou pluricellulaire, dépourvu de chlorophylle et qui se nourrit par absorption.
Les champignons comptent parmi les êtres les plus abondants sur le globe terrestre. Il
y aurait plus de 1.200.000 espèces dans le monde. Les méthodes d’études modernes
permettent d’identifier de nouvelles espèces dans les biotopes de la terre. Quelques
400 espèces sont impliquées en pathologie humaine et plus d’une cinquantaine sont
isolées couramment en pratique médicale.
Les champignons sont des organismes cosmopolites que l’on retrouve sur tous les
continents, dans divers endroits comme la terre, l’air, les roches, le milieu marin, etc.
En plus des champignons classiquement pathogènes, de nombreuses espèces sont des
opportunistes dont le caractère pathogène ne se manifeste que chez les
immunodéprimés (VIH/SIDA, immunosuppression iatrogène, etc.).
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Généralités sur la mycologie
A. Thalle végétatif
Le thalle végétatif nait d’une spore qui se fixe sur un substrat nutritif. La spore grossit
et émet un filament qui est le tube germinatif. Le thalle devient le plus souvent
filamenteux mais il peut être unicellulaire chez les levures. Les filaments ou hyphes se
ramifient pour constituer le thalle (Figure 1. 3).
Les hyphes peuvent être tubulaires, à diamètre régulier et présenter des cloisons
internes régulières appelées septa chez les septomycètes (Ascomycètes,
Basidiomycètes et Deutéromycètes). Ils peuvent aussi être irréguliers, dilates, de
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Généralités sur la mycologie
diamètre plus large et peu septés. Ce type de hyphe est qualifié de coenocytique ou
siphonné et se retrouve chez les Siphomycètes (Zygomycètes).
Le thalle peut être unicellulaire avec des cellules isolées (ex. Saccharomyces cerevisiae)
ou sous forme de pseudomycelium avec des levures qui s’allongent puis bourgeonnent
en restant collés (ex. genre Candida) (Figure 1. 3).
2
2 2
2
1 1 1
1
a b c d
Les thallospores
Thalle filamenteux des champignons
filament) ; a (2. arthrospore) ; b (2.
a. thalle coenocytique ou siphonné ;
blastospores) ; c. chlamydospores (1:
b. thalle cloisonné
terminale , 2: intercalaire);
1. noyaux ; 2. cytoplasme ; 3. cloison ;
d=aleuriospores (2 : aleuries en acladium)
4. Pore
2
1 2 1
1
a b c
1
a b
Thalle non filamenteux
thalle levuriforme (1 : noyau ; 2 :
Les conidiospores
cytoplasme) ; b. thalle fumagoide (cellule
a (1. filament ; 2. microconidies) ; b.
cloisonnée dans les 3 axes) ; c. thalle en
macroconidie (1=logettes)
grain (filaments mycéliens enchevêtrés)
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Généralités sur la mycologie
B. Thalle reproducteur
Les champignons peuvent se reproduire par bouturage ou par formation de spores.
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Généralités sur la mycologie
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Généralités sur la mycologie
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Généralités sur la mycologie
1. Levures
Ce sont des champignons unicellulaires avec une contamination interhumaine
prépondérante. Le thalle se réduit à un état unicellulaire de forme ronde et ovalaire,
de petite taille (généralement moins de 10μm). Certaines levures peuvent donner
naissance par bourgeonnements successifs à un pseudo mycélium (ex: Candida)
2. Champignons filamenteux
Champignons pluricellulaires avec une aerocontamination prépondérante. Ils se
développent sur leur substrat nutritif par un système filamenteux plus ou moins
ramifié dénommé thalle ou mycélium constitué de filaments cloisonnés ou non. On
distingue :
- Les dermatophytes : kératinophiles, adaptés à la peau et aux phanères de
l’homme ;
- Les moisissures du sol au comportement opportuniste (Aspergillus).
3. Les Dimorphiques
Ils se présentent dans l’environnement sous une forme filamenteuse, produisant des
spores mais sous forme de levures dans les tissus parasités de l’homme ou de l’animal.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Généralités sur la mycologie
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
2 CANDIDOSES
Rédigé par Pr Hounto-Ogouyemi Aurore (Bénin), Relu par Pr Menan Hervé (Côte d’Ivoire),
Pr Dolo Amagana (Mali), Pr Nzenze Solange (Gabon) et Pr Sissinto Savi de Tové Yolande
(Bénin)
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Candidoses
Introduction
Définition
Les candidoses sont des manifestations pathologiques liées à la présence pathogène
des levures du genre Candida. Ces micromycètes levuriformes provoquent des
affections aux aspects symptomatiques polymorphes. Deux grandes localisations
s’opposent du point de vue de leur fréquence et de leur pronostic vital. Il s’agit :
- des candidoses superficielles : cutanéo-unguéales et muqueuses qui sont
fréquentes et qui, en général, n’engagent pas le pronostic vital ;
- des candidoses profondes, septicémiques notamment, plus rares mais graves car
se développant sur des terrains particuliers, et dont l’issue peut être fatale en cas
de retard du diagnostic.
Intérêt
- Les levures du genre Candida sont responsables de plus de 80% des infections à
levures chez l’Homme et C. albicans est incriminé dans 90% des cas. Cette
fréquence s’est accrue avec l’avènement du VIH /Sida. En effet, ces levures
commensales du tube digestif (présentes dans le tube digestif chez 10 à 50% des
individus en dehors de toute manifestation pathologique), profitent de toute
défaillance passagère ou durable (immunodépression) de l’hôte pour se
multiplier.
- La candidose des muqueuses digestives est une affection classant le SIDA selon le
type d’atteinte c’est-à-dire la localisation.
- Les candidoses génitales sont des infections de la femme en période d’activité
génitale. C’est un motif fréquent de consultation en gynécologie, qui peut
affecter 8,8 à 63% des femmes (Jindal et al. 2007 ; Malazy et al. 2007). Les
récidives des candidoses génitales peuvent faire le lit à d’autres infections
sexuellement transmissibles graves comme le VIH.
- Des études effectuées au Gabon avaient trouvé que les candidoses
oropharyngées occupaient la première place parmi les infections opportunistes
avec 37%, et que la candidose orale était retrouvée chez 88% des personnes
infectées par le VIH (Okome Nkoumou et al. 2000 ; Okome Nkoumou et al, 2006).
Toujours dans le même pays, des fréquences respectives de 79,8% et 72% ont
été retrouvées sur la même cible en 2002, et en 2007 (Nzenze-Afène et al. 2010).
Une étude effectuée à Abidjan en Côte d’Ivoire a montré que les candidoses
étaient retrouvées dans 84,6% des onychomycoses avec l’espèce albicans dans
30,8% des isolats (Konaté et al. 2017).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
Taxonomie
Morphologie
Ce sont des éléments fongiques unicellulaires appelés blastospores (car leur
bourgeonnement est de type blastique) (Figure 2. 1) qui mesurent 3 à 6 µm de
diamètre, ronds à ovalaires, bourgeonnant ou pas et produisant ou pas un pseudo
filament (faux filament) ou un filament vrai. Ils présentent une paroi mince, une
membrane cytoplasmique avec à l’intérieur une grande vacuole, un noyau, des
mitochondries et un appareil de Golgi.
Source: Photothèque laboratoire de mycologie, Université des sciences de la santé, Libreville Gabon.
Figure 2. 1 : Aspect microscopique des levures (forme blastospores)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Un pseudo filament ou pseudo mycélium est une structure filamenteuse produite par
une cellule-mère donnant naissance à une cellule fille très allongée, cylindrique qui
bourgeonne à son tour en restant attaché à la cellule qui lui a donné naissance. Cela
aboutit à une structure filamenteuse plus ou moins longue et ramifiée présentant des
étranglements au niveau des contacts intercellulaires. Des bouquets de blastospores
se développent ensuite au niveau de ces zones d’étranglement, ce qui donne au
pseudo mycélium un aspect buissonnant (Figures 2. 2 et 2. 3).
Le mycélium vrai peut s’observer avec C. albicans ainsi qu’avec quelques autres
espèces (C. dubliniensis, C. tropicalis) où l’on rencontre l’association blastospores et
vrai mycélium.
Source: Photothèque laboratoire de mycologie, Université des Sciences de la Santé, Libreville Gabon.
Figure 2. 2 : Aspect microscopique des levures (blastospores et
pseudofilaments)
Source : http://univ.encyeducation.com/uploads/1/3/1/0/13102001/parasito3an-
candidoses2.ppt
Figure 2. 3 : Levures assemblées bout à bout simulant un filament
mycélien : pseudo mycelium = fausse filamentation Biologie
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Candidoses
d’autres facteurs favorisants pour s’exprimer. Elles puisent pour leur croissance des
nutriments en particulier le fer fixé sur les protéines de l’hôte. Ce sont des
champignons microscopiques (micromycètes) hétérotrophes dont la reproduction
asexuée se fait par bourgeonnement.
Pathogénie
Elle fait appel aux mécanismes qui font que la levure commensale passe de la
commensalité (phénomène physiologique où la levure est présente dans le site en
équilibre avec la flore locale) à la pathogénicité. Deux stades sont à différencier :
-multiplication-colonisation : où la levure se multiplie en quantité plus importante
qu’habituellement grâce à des conditions locales favorables ;
-l’infection proprement dite ou candidose : la levure se multiplie en prenant sa forme
filamenteuse (pseudomycélium) devenant pathogène, capable d’adhérence aux
cellules, puis d’envahissement tissulaire.
B. Habitat
Les levures du genre Candida sont ubiquitaires fréquemment isolées de
l’environnement (air, sol, fruits, produits alimentaires, produits laitiers, céréales). Chez
l’Homme, elles colonisent de nombreux sites et vivent à l’état commensal au niveau
des muqueuses digestives, aériennes supérieures et génito-urinaires, également sur le
revêtement cutané.
C. Mode de contamination
Candidose génitale
Source exogène : le tractus gastro intestinal est une source de contamination exogène
de Candida incriminée par certains auteurs, surtout lors de Candidoses vulvo vaginales
Récurentes (CVVR). En effet, l’ensemencement vaginal peut se faire par la zone
périnéale adjacente. La contamination exogène peut également se faire à partir des
objets et mains souillés, le nouveau-né et le nourrisson peuvent ainsi être contaminés
par la mère ou le personnel soignant. L’origine sexuelle est une voie probable de
contamination mais qui reste accessoire.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
D. Facteurs favorisants
Il est exceptionnel de retrouver une mycose en dehors des facteurs déclenchants.
Ceux-ci sont importants à connaitre car ils expliquent la fréquence élevée de ces
mycoses chez certains groupes de sujets, mais aussi parce qu’il est impératif d’en tenir
compte pour le traitement et la prévention. Ces facteurs se répartissent en deux
groupes : exogènes (iatrogènes) et endogènes tenant à l’hôte lui-même.
Facteurs endogènes
- Physiologiques :
- Age : prévalence élevée du muguet buccal chez le nouveau-né et
particulièrement le prématuré, à cause de l’immaturité du système
immunitaire associée au développement encore incomplet de la microflore
orale ;
- Vieillesse, principalement chez le sujet âgé porteur de prothèse dentaire ou
présentant un dysfonctionnement de la motricité œsophagienne ;
- Grossesse : le déséquilibre hormonal observé au cours de la grossesse
entraîne une modification de l’épithélium vaginal et une baisse du pH vaginal,
permettant l’implantation des levures du genre Candida ;
- Période prémenstruelle (rôle des hormones).
- Pathologiques
- Immunodépression acquise : au cours des leucémies, des lymphomes, du VIH ;
- Désordres endocriniens : diabète qui, par le biais d’une concentration salivaire
élevée en glucose, favorise la candidose oropharyngée. Par ailleurs, quand le
diabète est fortement déséquilibré, il entraine une diminution de la capacité
d’élimination des levures du genre Candida par les polynucléaires
neutrophiles ;
- Hyperparathyroïdies, hypothyroïdismes ;
- Malnutrition.
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Candidoses
Facteurs exogènes
Facteurs médicamenteux
- Corticothérapie locale ou généralisée, immunosuppresseurs, radiothérapie ;
- Antibiothérapie : les antibiotiques en inhibant la flore entérique à gram négatif
et la flore lactique, favoriseraient la colonisation intestinale par C. albicans. Ils
favorisent également la colonisation vaginale par destruction de la flore normale
protectrice à lactobacillus ;
- La contraception orale : pilules fortement dosées en œstrogène.
Facteurs professionnels
- Contacts répétés avec l’eau (ménagères, plongeurs de restaurants, poissonniers)
et avec le sucre (pâtissiers) ;
- Manipulation de produits caustiques ;
- Manucure intempestive ;
- Port de chaussures de sécurité, bottes.
Facteurs locaux
- Effet occlusif des vêtements serrés ;
- Microtraumatisme ;
- Conditions d’hygiène précaire ;
- Modification du pH par des produits d’hygiène intime ;
- Tampons vaginaux internes pouvant entraîner une irritation locale ;
- Partenaire contaminé ;
- Humidité, macération (intertrigo des grands plis).
E. Répartition géographique
Les levures du genre Candida sont cosmopolites, rencontrées dans le monde sous tous
les climats aussi bien en zone tempérée qu’en zone tropicale. La plupart des données
épidémiologiques récentes, concernant les candidémies et la répartition des espèces,
varie selon les zones géographiques étudiées. Aux Etats-Unis, au Canada et en Europe,
C. albicans demeure l’espèce majoritairement isolée avec 41 à 60% des isolats
cliniques tandis que les espèces non albicans prédominent sur le continent latino-
américain (Pfaller et al. 1999). De manière générale, on assiste à une diminution de la
prévalence de C. albicans au profit des espèces non albicans.
Candidoses génitales : Au Bénin, avec une prévalence de 39,5% elle constitue la
première cause d’infection génitale basse avant les bactérioses à Cotonou (Ogouyèmi-
Hounto et al. 2014). Au Maroc, une prévalence de 26% a été trouvée (Benchellal et al.
2011) tandis qu’au Gabon, Nzenze-Afène a rapporté une prévalence de 46,4% (Nzenze-
Afène et al. 2012).
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Candidoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Une candidose systémique sera évoquée chez un patient à risque, devant une fièvre
irrégulière résistante aux antibiotiques accompagnée d’une altération de l’état
général.
C. Diagnostic mycologique
La clé du diagnostic repose sur un examen mycologique bien conduit dont
l’interprétation des résultats doit tenir compte des données de l’examen direct, de la
culture (nombreuses colonies de Candida en culture), de la symptomatologie et/ou de
l’état immunitaire du patient. La démarche du diagnostic mycologique comporte 4
étapes importantes :
- le prélèvement ;
- l’examen direct ;
- I’isolement : ensemencement et culture sur milieux appropriés ;
- l’identification des champignons isolés et éventuellement la réalisation d’un
antifongigramme.
Les prélèvements
Ils doivent être réalisés avant tout traitement spécifique. Le matériel utilisé aussi bien
pour le prélèvement que pour le recueil de ce dernier doit être stérile. Le succès de
l’examen mycologique et la qualité des résultats obtenus dépendent en grande partie
des conditions dans lesquelles les prélèvements ont été effectués. Ils doivent être
effectués à distance de toute thérapeutique antifongique et acheminés rapidement au
laboratoire pour ensemencement immédiat afin d’éviter les risques de résultats
faussement négatifs, consécutifs à une dessiccation (surtout lorsqu’il s’agit des
prélèvements humides comme les écouvillons) souvent préjudiciable à la viabilité des
levures. Il existe également un risque d’envahissement par la flore bactérienne
saprophyte susceptible de gêner la mise en évidence de l’agent fongique. Si l’examen
mycologique n’est pas fait dans l’immédiat, le prélèvement sera conservé 24 h à 48 h à
+ 4°C.
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Candidoses
Techniques
Examen direct : c’est la première étape au laboratoire. On peut distinguer
l’examen direct des prélèvements superficiels et celui des prélèvements
profonds.
- Examen direct des prélèvements superficiels
Il s’effectue soit directement à l’état frais dans un liquide non coloré (sérum
physiologique stérile), soit en utilisant un colorant (permettant de visualiser les
éléments fongiques (blastospores, filaments ou pseudo-filaments) à l’aide d’une
solution au lugol à 2%, du bleu de toluidine, du bleu de lactophénol ou du noir
chlorazole. L’examen direct des ongles nécessite un éclaircissement préalable, dans la
potasse (KOH à 30%) ou autre éclaircissant.
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Candidoses
La culture
- Milieux standards
Le milieu gélosé de Sabouraud additionné de chloramphénicol et/ou de gentamycine
est le plus utilisé. On y associe parfois la cycloheximide (actidione®) qui empêche la
croissance de nombreuses moisissures susceptibles de contaminer les cultures. Mais
ce produit peut inhiber ou freiner aussi la pousse de certaines espèces de levures du
genre Candida telles que C. glabrata, C. parapsilosis, C. tropicalis et C. famata. La
culture consiste à ensemencer les différents prélèvements sur ce milieu dans des
boîtes de Pétri qui offrent une surface d’ensemencement plus importante
comparativement aux tubes.
- Milieux chromogéniques
Ces milieux confèrent aux colonies qui s’y développent une coloration variable en
fonction de l’espèce et sont particulièrement indiqués pour le diagnostic des levures
du genre Candida. En effet, la détection sélective de C. albicans est possible à l’aide de
milieux d’isolement contenant, outre des antibiotiques, un substrat chromogénique
(ou fluorogénique pour les milieux fluorogéniques) d’une enzyme spécifique de
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l’espèce que l’on souhaite isoler. L’hydrolyse de cette enzyme entraîne l’apparition
d’une coloration (ou d’une fluorescence) au niveau de la colonie elle-même. Plusieurs
milieux chromogéniques ont été développés ; ils permettent d’identifier directement
C. albicans dont la couleur des colonies varie en fonction des milieux utilisés. CHROM
ID Candida® (Biomérieux), CHROM-Agar® (Becton-Dickinson), Candi-Select® 4 (Bio Rad).
- Milieux fluorogéniques
Le milieu fluoroplate Candida® (Merck) permet, en 24 à 48 heures d’incubation, la
pousse de colonies de C. albicans lorsque les boîtes sont observées sous lumière
ultraviolette à 366 nm.
Identification
Il convient d’identifier les levures à partir de colonies bien individualisées. Par ailleurs,
même si un diagnostic de présomption existe déjà, l’identification de la levure (genre
et espèce) est recommandée. En pratique de laboratoire, l’identification fait appel à
des caractères morphologiques, physiologiques, et parfois immunologiques grâce à des
tests fondés sur l’agglutination de particules de latex sensibilisées par des anticorps
monoclonaux.
Identification de C. albicans
C. albicans étant la levure la plus isolée et la plus impliquée dans les processus
pathologiques, il convient de chercher à l’identifier en priorité.
- Tests de germination ou de filamentation en sérum encore appelé test de
blastèse. Il est basé sur le fait que C. albicans/C. dubliniensis/ C. africana) sont
capables de développer dans du sérum, à 37°C en 2 à 4 heures, des tubes
germinatifs à partir d’une blastospore. Il est réalisé à partir des colonies isolées
sur milieu Sabouraud chloramphénicol.
- Test de chlamydosporulation : sur les milieux RAT (Riz Agar Tween) ou PCB
(Pomme de terre, Carotte, Bile), C. albicans est capable de produire en 24 à 48 h
à 25-28°C des chlamydospores (grosses spores arrondies à paroi épaisse) à
l’extrémité des pseudo-mycéliums.
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Candidoses
l’isolat de la levure à tester, une bandelette pour chacun des antifongiques (Figure 2.
7). Les CMI sont directement lues sur l’échelle de la bandelette à leur intersection avec
l’ellipse de la zone d’inhibition (Figure 2. 8). Cette méthode, plus simple d’utilisation
que les méthodes de dilution en milieu liquide, est bien corrélée avec celle du NCCLS
(National Committee for Clinical Laboratory Standards, Etats-Unis).
Résultats
Examen direct : Lors de la suspicion d’une candidose, l’examen microscopique direct a
pour but de mettre en évidence dans les prélèvements, la présence parasitaire du
micromycète sous forme de blastospores associés ou non à des pseudofilaments
encore appelés pseudohyphes. Lorsqu’il s’agit de prélèvements de muqueuses
(digestive et génitale essentiellement), la seule présence de quelques blastospores ne
peut orienter vers une infection, car les levures sont commensales de ces muqueuses.
37
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Source : http://www.eanofel.fr/fr/mycologie-medicale
- Sur milieu chromogénique : C. albicans se colore en bleu sur Candida ID®2, en vert
sur CHROM-agar® ou encore en Rose violet sur Candi-select® et Candi 4® (Figure 2.
10).
Source :http://univ.encyeducation.com/uploads/1/3/1/0/13102001/parasito3an-
candidoses2.ppt
Figure 2. 10 : Aspect des colonies de Candida albicans sur milieux chromogène
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Candidoses
Source :http://univ.encyeducation.com/uploads/1/3/1/0/13102001/parasito3an-
candidoses2.ppt
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Candidoses
Source :http://univ.encyeducation.com/uploads/1/3/1/0/13102001/parasito3an-candidoses2.ppt
Figure 2. 12 : Chlamydospores de C.albicans au microscope optique X40
Interprétation
Le caractère pathogène de la levure doit être discuté dans un contexte clinique et
épidémiologique, en particulier lorsqu’elle est isolée de sites superficiels normalement
colonisées (peau, bouche, trachée, selle, vagin) ou qu’elle provient de prélèvement
pouvant être contaminés (lavages bronchiolo-alvéolaires, urines…)
L’interprétation doit, en effet, tenir compte de nombreux facteurs tels que l’espèce
isolée, l’abondance des levures en culture pure, l’isolement à plusieurs reprises de la
même espèce (souche), ainsi que des données de l’examen direct qui est très
contributif lorsqu’il est positif.
- Dans les sites cutanés ou les sites cavitaires, la présence de levures peut
correspondre à une simple colonisation. L’interprétation ne se fera qu’après
identification de l’espèce et la confrontation avec les données cliniques. Dans les
situations où cela est possible, la numération des levures est très contributive au
diagnostic. Par exemple, la présence de plus de 10 colonies par cm 2 de surface
oro-pharyngée écouvillonnée, ou par ml de solution de rinçage buccal, ou encore
par gramme de selles, est en faveur du caractère pathogène de la levure isolée.
- L’isolement de levure du genre Candida dans les selles témoigne le plus souvent
d’une simple colonisation. Celle-ci doit cependant être prise en compte dans la
surveillance des patients à risque, en réanimation, et en onco-hématologie.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
- La présence de levures du genre Candida dans une urine peut être fortuite, et sa
responsabilité ne sera démontrée que devant une culture pure, abondante et en
l’absence de sonde. Toutefois, il convient de noter que la présence de levures
dans les urines doit être interprétée avec prudence. Une souillure issue des voies
urinaires basses (urètres) n’est pas rare. Dans ce cas, on s’attachera à dénombrer
le nombre de colonies. Ainsi, une candidurie supérieure à 104UFC, (Unité
Formant Colonies) par ml, chez un patient non sondé, est en faveur d’une
infection urinaire.
- La présence des levures dans un prélèvement des voies aériennes
(expectoration, aspiration bronchique, lavage broncho alvéolaire) est parfois
d’interprétation difficile en raison d’une colonisation fréquente de la voie
aérienne supérieure oro-pharyngée. Seule la biopsie (rarement pratiquée) est
contributive au diagnostic d’une levurose pulmonaire.
- Pour les prélèvements profonds (normalement stériles) comme pour les
hémocultures, l’identification d’un seul isolat suffit à porter le diagnostic et à
instaurer un traitement antifongique adapté à l’espèce et, éventuellement, à
l’antifongigramme. Leur sensibilité demeure décevante (en général inférieur à
50%, selon les souches), malgré l’amélioration des milieux spécifiques. Il est donc
important de répéter les prélèvements chez tout patient à risque et, de
préférence au moment des pics fébriles. Dans l’attente des résultats de
l’identification de la levure isolée d’une hémoculture ou d’un prélèvement
profond (normalement stériles), il convient de communiquer rapidement au
clinicien les données de l’examen direct pour une prise en charge thérapeutique
adaptée du patient.
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Candidoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
A. But
• Détruire l’agent pathogène
• Guérir le malade
• Éviter les complications
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Les Echinocandines
Cette nouvelle classe d’antifongiques fait partie des polypeptides
- Capsofungine : Cancidas®. Elle a une action fongistatique et fongicide. Des
réactions allergiques sont décrites ainsi que les phlébites au point
d’injection.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
C. Indications
Il convient, dans tous les cas, de rechercher les facteurs favorisants et de les maîtriser
à défaut de pouvoir les éradiquer. Les résultats de l’antifongigramme permettent de
mettre en place le traitement approprié.
Candidose digestive
Candidoses oropharyngées sans atteinte œsophagienne
- En cas de lésions débutantes ou peu avancées, il convient de prescrire en
première intention un traitement local comme la nystatine ou
l’amphotéricine B par voie orale, ou un azolé comme le miconazole gel
buccal. L’application doit être faite en dehors des repas 3 à 4 fois par jour et
les produits doivent rester en contact de la muqueuse buccale au moins 2 à
3 mn. Une durée de 7 à 15 jours est préconisée.
- En cas de rechute ou lésions avancées, prescrire du fluconazole 50 à 100mg
par jour pendant 7 à 14 jours.
- En cas d’association de perlèche, faire une application locale d’antifongique
tel qu’amphotéricine B.
Œsophagite candidosique : kétoconazole, itraconazole, fluconazole sont efficaces
à bonne dose (100 à 200mg/j pendant 15 jours).
Mycose gastrique : mycostatine (4 à 6 comprimés par jour en dehors des repas
pendant 7 à 10 jours) ou amphotéricine B (4 à 6 gélules par jour en dehors des
repas pendant 7 à 20 jours).
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Candidoses
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Candidoses
Candidose systémique
Mesures générales
Le consensus actuel, devant la gravité des candidoses et le risque de dissémination
avec localisations secondaires, est de traiter préventivement et la stratégie est celle
retenue par la conférence de consensus de Paris en 2004 (Reignier et al. 2004). Le
choix du traitement dépend d’un certain nombre de facteurs liés au patient lui-même:
existence ou non d’une neutropénie, présence d’une voie veineuse centrale, état
stable ou non du sujet, espèce de Candida en cause et existence ou non d’une
prophylaxie anti-Candida antérieure. Avant de traiter, il faut s’assurer aussi qu’il s’agit
d’une véritable infection à Candida et non d’une colonisation. Mais devant la gravité
des infections systémiques à Candida dont la mortalité peut atteindre 60% des cas
dans certaines séries, la décision est de traiter précocement. Toute hémoculture
positive à Candida suffit à décider de la mise en route immédiate du traitement.
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Candidoses
V. Prévention
B. Les moyens
- Traitement antifongique
- Le traitement de certaines affections comme le diabète, le VIH
- La recherche et le traitement des facteurs de risque (foyer digestif par exemple)
- L’observance des mesures d’asepsie rigoureuse dans les centres hospitaliers (du
matériel de ponction veineuse, des sondes, des cathéters, des mains par le
lavage minutieux et le port de gants stériles)
C. Indications
Candidose systémique
D’une façon générale, Les mesures d’hygiène dans les services de réanimation (unités
de soins intensifs) doivent être rigoureuses. Le lavage des mains avant tout contact
avec un patient est à rappeler afin d’éviter les transmissions croisées à l’intérieur d’un
service. L’efficacité du lavage des mains à la chlorhexidine est démontrée. La pose et la
manipulation des cathéters doivent être très rigoureuses.
Sujet neutropénique
- Parmi les antifongiques actifs et bien tolérés, le fluconazole est recommandé
par certaines équipes.
- Le posaconazole est également indiqué dans la des infections fongiques
invasives.
- Le traitement empirique à base d’amphotéricine B avec sa formulation
liposomale (compte tenu du risque aspergillaire) est habituellement utilisé
chez les patients neutropéniques en hématologie.
Sujet non-neutropénique
Chez les sujets non-neutropéniques, en particulier en réanimation, aucune prophylaxie
systématique n’est recommandée.
Candidoses superficielles
- Chez les sujets infectés par le VIH, les candidoses digestives étant des maladies
opportunistes, surveiller le taux de CD4 et mettre en place un traitement
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Conclusion
- Les candidoses sont des infections opportunistes dues à des champignons
levuriformes, du genre Candida dont l’espèce albicans est responsable de la
plupart des manifestations pathologiques chez l’Homme.
- Candida albicans existe à l’état commensal sur les muqueuses digestives et
génitales. Un certain nombre de conditions favorisent le passage de la levure du
stade commensal à un stade pathogène.
- Les infections candidosiques les plus fréquentes sont muqueuses, et
apparaissent le plus souvent sous l’effet de facteurs favorisants. Par ailleurs, C.
albicans est toujours pathogène lorsqu’il est isolé d’une lésion cutanée.
- Le diagnostic de candidose repose sur l’examen clinique avec confirmation par
l’examen mycologique.
- La prévention et le traitement des candidoses ne se réduisent pas à leur seul
traitement par voie locale ou générale mais doivent faire rechercher et traiter les
facteurs favorisants, particulièrement en cas de formes récidivantes.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Candidoses
Bibliographie
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Christian Ripert : mycologie médicale, édition Lavoisier, mai 2013.
Marc Gentilini : Médecine Tropicale, édition Lavoisier, 6ème édition, 2012.
D Chabase, Cl Guiguen, N. Contet- Audonneau : Mycologie Médicale : Edition Masson,
1ère édition, Paris 1999.
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50
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
3 CRYPTOCOCCOSE
Rédigé par Pr Adoubryn Koffi Daho (Côte d’Ivoire), Relu par Pr Bamba Sanata (Burkina
Faso), Pr Diallo Mouctar (Mali), Pr Ndiaye Daouda (Sénégal) et Pr Kassi Fulgence (Côte
d’Ivoire)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Introduction
Définition
Intérêts
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
une tendance à la baisse de cette prévalence de 3,1% en 2002 à 0,2% en 2010 corrélée
à l’augmentation du nombre de patients sous antirétroviraux.
Chez les patients non infectés par le VIH, le nombre de cas répertoriés reste stable au
cours du temps. L’incidence annuelle est estimée aux États-Unis à 0,8 cas pour 100
000, soit à un niveau comparable à celui de la méningite à méningocoques dans cette
population.
Au plan clinique, la cryptococcose est une affection cosmopolite qui connait une
recrudescence avec l’avènement du VIH-sida dont elle est une affection classant le
sida, amenant à rechercher une coïnfection par le VIH chez tout sujet atteint de
cryptococcose.
La cryptococcose se présente le plus souvent sous la forme d’une méningo encéphalite
disséminée dont la mortalité aiguë est de 100% en l’absence de prise en charge
thérapeutique adaptée, et de l’ordre de 20% malgré les traitements antifongiques, y
compris chez les patients sans facteur de risque sous-jacent.
La cryptococcose extrapulmonaire est une infection définissant le stade syndrome de
l’immunodéficience humaine (sida), souvent révélateur de l’infection par le VIH. Elle
survient à un stade avancé de l’immunodépression (médiane des lymphocytes
CD4+ < 50/mm3).
Par ailleurs, dans certains pays d’Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud-Est, la
cryptococcose complique encore l’évolution de la maladie chez près d’un tiers des
patients infectés par le VIH. C’est actuellement la première cause de méningite aiguë
de l’adulte dans de nombreux pays africains. Cependant, les raisons de ces différences
d’incidence, indépendantes du traitement de l’infection par le VIH elle-même, ne sont
pas connues mais on peut évoquer par exemple des différences d’exposition ou une
susceptibilité génétique particulière.
En Thaïlande, la cryptococcose extrapulmonaire a été identifiée chez 36% des patients
séropositifs suivis dans un centre hospitalier près de Bangkok, avec, comme facteurs
de risque, le sexe masculin, un âge inférieur à 33 ans, la sévérité de
l’immunodépression et un sous-type particulier du VIH (forme CRF01-AE ou sous-type
E).
Le diagnostic du genre Cryptococcus est facile mais il faut différencier Cryptococcus
neoformans avec le sérotype A (génotype VNI et VNII), qui est l’espèce la plus
impliquée dans la maladie, des autres espèces de cryptocoques. La mise en évidence
de la levure dans un prélèvement biologique implique la recherche d’autres
localisations et la mise en route rapide du traitement.
Au plan thérapeutique, le traitement est une urgence, mais malgré les médicaments,
des difficultés thérapeutiques existent occasionnant une létalité de 20 à 30% dans les
pays développés et de l’ordre de 50 à 80% dans les pays sous-développés.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Historique
En 1833, le genre Cryptococcus a été créé par Kützing avec Cryptococcus mollis une
espèce aujourd’hui rejetée du fait d’une description d’origine insuffisante.
Anciennement dénommée blastomycose européenne, torulose ou maladie de « Busse-
Bushke », la cryptococcose a été décrite pour la première fois en 1894. Otto Busse et
Abraham Buschke en effet, deux médecins allemands, isolent un microorganisme à
partir d’une lésion tibiale chez une jeune femme de 31 ans. La même année, en
Sardaigne, Franscesco Sanfelice isole la levure qu’il découvre capsulée dans une
culture de jus fermenté de pêche. Il nommera cette souche Saccharomyces
neoformans.
En 1895, il démontre sa pathogénicité en inoculant la souche à des animaux de
laboratoire.
En 1896, le français Ferdinand Curtis décrit un nouveau cas de cryptococcose. Il
renommera cette souche isolée d’une lésion de la hanche Saccharomyces
subcutaneous tumefaciens.
Après sa découverte, environ 50 synonymes ont été utilisés pour désigner le
champignon. Vuillemin en 1901 lui donne son nom définitif, Cryptococcus neoformans
sans donner une nouvelle description du genre.
En 1914, l’atteinte neuroméningée a été rapportée en 1914 par Verse.
En 1935, les variétés C. neoformans neoformans et C. neoformans gattii ont été
identifiées par Bernham.
Dans les années 1950, Neil et Evans prouvent que la capsule de C. neoformans est
sérologiquement réactive et décrivent 3 sérotypes (A, B et C).
En 1951, Emmons isole la levure du sol en Virginie.
En 1968, Wilson décrit le sérotype D.
En 1975, l’obtention de la forme sexuée (téléomorphe) par Kwong-Chung le fait
classer parmi les Basidiomycètes (la reproduction des spores se fait par
bourgeonnement externe), et il prend alors le nom de Filobasidiella neoformans. Mais
du fait de l’importance médicale et historique de Cryptococcus neoformans, le genre
est maintenu avec cette espèce comme néophyte.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
I. Épidémiologie
A. Agent pathogène
1. Taxonomie
Le genre Cryptococcus, comme le genre Candida, est encore très hétérogène.
Cryptococcus neoformans appartient au règne des Fungi, au groupe des Eucaryotes,
au sous-groupe des Mycophytes, au phylum des Basidiomycota, au sous-phylum des
Agaricomycota, à la classe des Tremellomycètes, à l’ordre des Tremellales, à la famille
des Tremellaceae et au genre Filobasidiella/Cryptococcus.
Les travaux de phylogénie sur la base d’analyse de séquences des acides nucléiques
ont permis de retenir plus de 34 espèces de Cryptococcus puis plus de 80 espèces dont
la grande majorité n’est pas pathogène. Outre Cryptococcus neoformans qui est la
seule espèce pathogène, 4 autres espèces peuvent être isolées de prélèvements
d’origine humaine : Cryptococcus albidus, Cryptococcus laurentii, Cryptococcus terreus
et Cryptococcus uniguttulatus.
Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses études phylogénétiques ont
rapporté des différences phénotypiques et génotypiques au niveau de Cryptococcus.
Les résultats de ces études remettent fortement en cause le concept de deux espèces
précédemment admis. Depuis 2015, deux complexes d’espèces sont admis : le
complexe d’espèces C. neoformans et le complexe d’espèces C. gattii comprenant 7
espèces et 13 génotypes. La relation entre espèces et génotypes est présentée dans le
tableau 3. I.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
En plus des 7 espèces et de l’hybride AD (VNIII), trois hybrides interspécifiques ont été
décrits : C. neoformans var. neoformans x C. gattii (sérotype BD, génotype AFLP8, C.
neoformans var. grubii x C. gattii (sérotype AB, génotype AFLP9 ; et C. neoformans var.
grubii x C. gattii (sérotype AB, génotype AFLP11).
2. Morphologie
Les cryptocoques apparaissent comme des micro-organismes unicellulaires,
réfringents. Ce sont des levures rondes sphériques ou ovoïdes de 3 à 7µm de diamètre
en moyenne avec une paroi épaisse, mais qui peuvent atteindre 15 à 20 µm suivant les
milieux avec un cytoplasme granuleux et des vacuoles lipidiques. Elles sont entourées
d’une capsule mucilagineuse, caractéristique (Bourée et al., 1985). Cette capsule est
plus ou moins épaisse selon les souches, leur environnement in vivo, la nature du
milieu de culture. Dans les conditions habituelles, on n’observe ni mycélium, ni
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
3. Biologie
Cryptococcus neoformans a été considéré pendant longtemps comme exclusivement
exosaprophyte mais les études ont prouvé une existence endosaprophytique dans le
jabot du pigeon. Son développement s’arrête à + 39°C, et il ne peut pas se multiplier
dans le tractus du pigeon où la température se situe entre + 41°C et 43°C. Le pH du
jabot, entre 6,3 et 6,8, est un pH favorable à la levure. De plus, la température du jabot
est plus basse que la température corporelle. Ainsi, les jabots offrent des conditions
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Le kit “Crypto Check Iatron”, longtemps utilisé pour identifier les sérotypes des isolats
cliniques de C. neoformans et dont la production a été interrompue en 2004, ne
contenait que les facteurs sériques sélectionnés contre les 5 facteurs antigéniques
nécessaires au sérotypage. Les sérums contre les facteurs 2, 3 et 4 n’étant pas
indispensables à la détermination des sérotypes.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
4. Pathogénie
La pathogénicité de ce champignon repose sur plusieurs facteurs correspondant pour
les uns aux caractéristiques basiques nécessaires à la contamination de l’hôte, à la
survie et à la multiplication de la levure ; pour d’autres, à des facteurs de virulence
regroupant les différentes productions du cryptocoque. La capsule est la clé de la
pathogénicité à travers le glucuronoxylomannane qui possède des effets délétères sur
les mécanismes de défense de l’hôte. Les différents effets sont : l’invasion des tissus de
l’hôte, le tropisme du champignon pour le cerveau, sa protection de la destruction des
radicaux libres, l’induction d’un œdème cérébral et d’un granulome inflammatoire
fonction de l’état immunitaire du sujet.
B. Habitat
C. neoformans var. neoformans et C. neoformans var. grubii ont été retrouvés à l’état
libre dans la nature en saprophyte. Ils abondent dans le sol enrichi en matières
organiques, dans les fientes de pigeons, de moineaux, de canaris, de perroquets, de
perdrix, de poulets, les débris de bois (Eucalyptus) et dans la poussière domestique des
patients ayant une comorbidité cryptococcose-sida. La présence de la levure a été
également démontrée dans l’eau de boisson et l’air environnant des pigeons. Les fruits
(jus) et les produits laitiers peuvent aussi le véhiculer.
Cependant, C. laurentii, C. albidus et C. uniguttulatus sont des exosaprophytes dont on
ne connaît pas l’habitat de façon précise.
Autrefois, on retrouvait le complexe d’espèce C. gattii uniquement dans les creux
d’arbres d’Eucalyptus. Cependant, des auteurs de récentes études l’ont isolé à partir
d’une cinquantaine d’autres arbres et même à partir du sol et une variété d'animaux
comme les chats, les chiens et les chèvres dans des niches écologiques très diverses.
C. Mode de contamination
La porte d’entrée de Cryptococcus neoformans dans l’organisme est essentiellement
pulmonaire par inhalation de poussières infectieuses. Elle est inévitable mais la primo-
infection pulmonaire est le plus souvent asymptomatique et de découverte fortuite.
Elle peut ensuite être disséminée par la voie sanguine ou lymphatique et être
responsable d’une forme neuroméningée, et/ou septicémique.
La porte d’entrée cutanée par inoculation directe après un traumatisme cutané est
rare. Chez les sujets immunocompétents, les lésions sont circonscrites à la zone du
traumatisme. Chez l’immunodéprimé, l’atteinte cutanée survient dans 10% des cas et
témoigne de la dissémination de l’infection.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
D. Facteurs favorisants
Le cryptocoque étant ubiquitaire, l’inhalation du champignon est fréquente et
probablement inévitable. Il existe une résistance naturelle importante à cette infection
et la majorité des sujets fait une infection latente, comme en témoigne la présence
d’anticorps spécifiques chez 90% des sujets normaux.
La maladie se greffe sur des terrains préférentiels. Le principal facteur prédisposant est
le sida. La cryptococcose survient lorsque le taux de CD4 est inférieur à 150/mm 3 et
révèle l’infection pour près du tiers des patients, ce qui implique de rechercher
systématiquement une coïnfection par le VIH en cas de diagnostic de cryptococcose. La
cryptococcose atteint également les patients porteurs d’une lymphopénie CD4
idiopathique et ceux porteurs d’un déficit de l’immunité à médiation cellulaire.
En l’absence de sida, l’un des facteurs suivants est habituellement retrouvé : le
traitement immunosuppresseur, la corticothérapie au long cours, les hémopathies
lymphoïdes, la transplantation d’organes et plus rarement, le diabète
insulinodépendant, l’insuffisance rénale chronique, la cirrhose et la tuberculose. Mais
pour un quart des patients atteints de cryptococcose sans infection par le VIH associée,
aucun facteur de risque n’est retrouvé.
E. Répartition géographique
La présence de Cryptococcus neoformans dans le sol est ubiquitaire mais la distribution
n’est pas uniforme, correspondant à de petits foyers en particulier dans l’entourage de
cas cliniques. Le sérotypage des souches a permis de constater qu’il y a une
distribution géographique et humaine des différents sérotypes. Le sérotypage
représente un marqueur épidémiologique pour la distribution géographique :
- Les sérotypes A et D sont prévalents et sont isolés des cas humains, du sol, des
fientes d’oiseaux, aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada, en Amérique du Sud,
en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Asie du Sud Est, en Afrique et en
Europe. Le sérotype A est le plus commun.
- C. neoformans var. neoformans a été isolé de cavités d’arbres en décomposition.
Cette variété n’apparaît pas associée à un arbre particulier mais plutôt à une
niche spécialisée résultant de la biodégradation naturelle du bois qui fournit un
substrat favorable à sa croissance.
- Les sérotypes B et C ne sont isolés qu’à partir de cas humains, essentiellement
en zones tropicale et subtropicale d’Afrique, d’Asie du Sud-Est (sérotype B) mais
aussi en Californie du Sud (sérotype C). En revanche, ils ne sont jamais isolés à
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
partir du sol ou de pigeons. Leur niche écologique est constituée par les forêts
d’Eucalyptus camaldulensis et d’Eucalyptus tereticornis. L’isolement de la variété
gattii à partir de ces arbres a été réalisé en Australie. Les études conduites en
Afrique sur ces mêmes arbres importés d’Australie depuis le 19 ème siècle n’ont
pas permis d’isoler cette variété. Ce résultat fait supposer que les nouvelles
conditions écologiques s’exerçant sur les arbres importés se soient révélées
défavorables à l’association avec les levures. L’on remarque néanmoins que la
distribution globale des deux espèces d’arbres correspond à la distribution
épidémiologique des cas de cryptococcose dus à la variété C. gattii : Hawaï,
Californie, Mexique, Brésil, Afrique centrale, Afrique du Sud, Sud-Est Asiatique où
ces Eucalyptus ont été exportés. L’une des hypothèses est que les agents
auraient évolué pour occuper d’autres niches écologiques non encore
découvertes qui serviraient de réservoirs naturels du pathogène. La composition
du bois d’Eucalyptus camaldulensis présente une concentration au moins dix fois
supérieure à celle des autres eucalyptus en lignine et polyphénols, produits dont
la dégradation exige l’activité de phénoloxydase. Ainsi C. neoformans pourrait
constituer un agent important de dégradation des substances ligneuses.
- Le sérotype D infecte plus volontiers les sujets caucasiens que les sujets
originaires d’Afrique (5%) ou des Antilles.
- Le sérotype D est prévalent dans les cryptococcoses cutanées primitives.
Depuis son apparition, on a remarqué que la grande majorité des patients, atteints de
SIDA et infectés par le cryptocoque, le sont par la variété C. grubii. Cette observation
est valable dans les régions où la fréquence des infections dues aux sérotypes B et C
reste identique chez les patients non séropositifs pour le VIH.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Le sérotype “AD” qui est un hybride est également retrouvé dans les mêmes régions que les
séroypes A et D.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
C. Diagnostic mycologique
Prélèvements
Cultures
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
La couleur des colonies est brune à marron sur le milieu de Pal modifié (Figure 3. 5).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Pour Cryptococcus gattii, les levures sont plus ovoïdes et souvent plus petites.
La capsule était très petite et difficile à mettre en évidence. Il n’y avait ni mycélium, ni
pseudomycélium (Figure 3. 7).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Le diagnostic de genre repose sur la non fermentation des sucres et sur la recherche
de l’uréase. Pour ce dernier caractère, on utilise un milieu liquide tamponné contenant
de l’urée et du rouge phénol (milieu urée-indol). Après une incubation pendant 3
heures à 37°C, le milieu vire au rose, témoin de la production d’une uréase par la
levure. Cependant, toutes les souches ne produisent pas cette enzyme.
Le diagnostic d’espèce est basé sur l’assimilation des sucres, l’absence de réduction
des nitrites, la réduction du tétrazolium, la sensibilité à l’actidione et la production de
phénoloxydase.
Il existe des causes connues de faux positifs. Certaines sont sans rapport avec une
infection fongique : le facteur rhumatoïde, la contamination de la pipette avec l’eau
de condensation de l’agar, une perfusion de macromolécules de type hydroxyéthyl
amidon. D’autres sont dues à des infections par des champignons ayant des
antigènes de réactivité croisée : Trichosporon et potentiellement d’autres espèces de
Cryptococcus.
Les faux négatifs sont liés à l’absence d’utilisation du pronase ou aux rares
phénomènes de prozone qui nécessitent une dilution de l’échantillon pour objectiver
une positivité (le pronase est inefficace).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
Ces dernières années, des tests immunochromatographiques ont été développés pour
la détection de l'antigène cryptococcique dans le sérum, le plasma ou le LCR. C’est le
cas de la technique LFA ou Lateral Flow Assay (Figure 3. 8).
Détermination du sérotype
Actuellement, la PCR multiplex basée sur l’amplification des gènes CAP64 et LAC1 qui
codent respectivement pour la protéine de la capsule et la mélanine permettent de
différencier 5 sérotypes (A, B, C, D et AD). En Côte d’Ivoire, les travaux de Kassi et coll.
en 2016 ont révélé que les isolats cliniques sont majoritairement de sérotype A (88%),
suivis de 11% de sérotype AD et 1% de sérotype B. Plusieurs rapports de la littérature
au niveau africain confirment la prédominance du sérotype A décrit comme le plus
prévalent (Wyk et coll. en 2014).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
E. Diagnostic anatomopathologique
Les colorants histologiques habituels ne colorent pas la capsule qui se présente alors
comme un halo clair autour de la levure.
Le cryptocoque est colorable par l’hématéine éosine (HE) en rose pâle, et la capsule
apparaît comme un halo légèrement réfringent.
La capsule peut être colorée de façon spécifique soit par le bleu alcian (elle apparaît en
bleu), soit par le mucicarmin (elle apparaît en rouge). C. neoformans est la seule levure
mucicarmin positive et bleu alcian positive. La capsule est colorée également en rouge
par le P.A.S.
F. Diagnostic moléculaire
Le diagnostic moléculaire a un intérêt taxonomique car il permet la différenciation des
sérotypes. Il fait appel à des laboratoires spécialisés.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
des études. Une PCR multiplex utilisant 6 amorces est également utilisable. Avec ces
techniques moléculaires, les 2 variétés de C. neoformans apparaissent identiques.
Le génotypage par PCR RFLP du gène URA5 permet de préciser le génotype tandis que
la Multilocus sequence typing (MLST), du fait du séquençage d’ADN, précise les
sous-types moléculaires.
A. But
Les objectifs du traitement sont de stériliser le foyer infectieux, de guérir le malade et
de prévenir les rechutes.
B. Moyens
Il s’agit essentiellement de moyens médicaux.
Les triazolés: Fluconazole (gél 50, 100, 150 et 200mg) ; (Poudre pour susp buv.
50mg/ml) ; (Susp pour perf. IV à 2mg/ml), Itraconazole (gél 100mg) ; (Sol buv.
10mg/ml) ; (Sol pour perf. IV à 10mg/ml).
La 5-fluorocytosine : (cp 500 mg) ; (Sol pour perf. IV à 2,5 g). Elle possède un spectre
d’activité limité à cause d’une forte résistance innée. Cependant, son association à
l’Amphotéricine B est synergique, justifiant les stratégies thérapeutiques combinant
leur usage simultané pour le traitement de la CNM.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
C. Indications/posologies
Traitement des cryptococcoses méningées
Les résultats de l’essai ACTA (Advancing Cryptococcal Meningitis Treatment for Africa),
ont conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à modifier son protocole
thérapeutique publié en 2010 pour la CNM.
Le protocole thérapeutique consiste (OMS, 2018) en un traitement initial d’induction
(2 semaines), suivi d’un traitement de consolidation (8 semaines), puis de maintien.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
forme symptomatique peu grave, le traitement sera fait par les mêmes azolés et aux
mêmes posologies pendant 6 à 12 mois.
Dans la cryptococcose cutanée primitive consécutive à un traumatisme local, le
pronostic est favorable sous traitement antifongique associé ou non à un traitement
chirurgical.
NB: L'initiation immédiate du traitement antirétroviral n'est pas recommandée chez les
adultes, les adolescents et les enfants vivant avec le VIH et présentant une méningite à
cryptocoque en raison du risque de mortalité accrue. Elle devrait être différée de 4 à 6
semaines après le début du traitement antifongique. Les ponctions lombaires
déplétives sont très contributives pour la survie du patient.
Evolution
Au cours du traitement, l’amélioration clinique est en général lente en une à deux
semaines. La guérison n’est obtenue qu’après au moins 6 semaines de traitement et
seulement dans 50 à 70% des cas selon le déficit immunitaire sous-jacent et le
traitement. L’efficacité du traitement est variable en fonction de la gravité des
symptômes et du déficit immunitaire sous-jacent.
La mortalité est encore élevée, malgré le traitement, de l’ordre de 50% avec des
extrêmes de 25 à 100% en fonction du terrain et des affections associées. La mort
survient par dissémination poly-viscérale ou par hypertension intracrânienne ; elle-
même d’origine infectieuse ou mécanique, par trouble de circulation du LCR.
IV. Prévention/prophylaxie
A. But/objectifs
La cryptococcose est une maladie presque obligatoire qui se manifeste sur les sujets
immunodéprimés. Il faut donc éviter, d’une part, la contamination de ces sujets et,
d’autre part, les éventuelles rechutes.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Cryptococcose
B. Moyens/stratégies
La prévention primaire concerne les personnes vivant avec le VIH avec un taux de
lymphocytes CD4 inférieur à 200 cellules/µl chez lesquelles un traitement antirétroviral
devrait être institué systématiquement.
La prévention secondaire est le traitement prophylactique des rechutes. Il s’agit d’un
traitement systématique chez le sidéen (Fluconazole : 200-400mg/j) et chez
l’immunodéprimé jusqu’à la restauration durable de l’immunité.
Conclusion
La cryptococcose est une maladie opportuniste grave et fréquente au cours de
l’infection à VIH/sida. Son incidence a diminué avec l’instauration du traitement
antirétroviral dans les pays développés et commence à l’être en Afrique. Le diagnostic
est facile mais le traitement est difficile avec un pronostic fonction du terrain.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
4 DERMATOPHYTOSES
Rédigé par Pr Thera Mahamadou Ali (Mali), Relu par Pr Hounto-Ogouyemi Aurore (Bénin),
Pr Ndiaye Daouda (Sénégal), Pr Yavo William (Côte d’Ivoire) et Pr Sissinto Savi de Tové Yolande
(Bénin)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
I. Généralités
A. Définition
Les dermatophytoses sont des affections dues à des champignons microscopiques
filamenteux ayant une affinité pour la kératine et appartenant à trois principaux
genres : Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton. Ils sont caractérisés par la
production de spores diverses : microconidies, macroconidies, arthrospores et
chlamydospores.
Ce sont des affections dues à la colonisation des tissus contenant de la kératine
(couche cornée peau, ongles et cheveux) par ces micromycètes filamenteux. Le
parasitisme du revêtement cutané provoque les dermatophytoses cutanées (DC),
l’atteinte des ongles détermine l’onyxis dermatophytique et le parasitisme pilaire
provoque les teignes du cuir chevelu (TCC) caractérisées par une perte des cheveux
ainsi que le sycosis qui est une atteinte de la barbe.
B. Intérêt
L’étude des dermatophytoses revêt un double intérêt épidémiologique et médical.
Sur le plan épidémiologique : leur fréquence est élevée en consultation
dermatologique ; certaines formes entrainent un préjudice esthétique important. Ce
sont des affections cosmopolites, dont les agents pathogènes ont une distribution
géographique préférentielle.
Dans le cas des DC, on rencontre plus fréquemment Trichophyton soudanense en
Afrique. Toutefois, selon les études, d’autres espèces prédominent : c’est le cas au
Gabon avec T. rubrum dans 43,4% des cas, T. interdigitale dans 28,7% des cas et T.
soudanense dans seulement 14,5% des cas (Nzenze-Afène et al., 2013). En Europe, les
DC des plis sont causées par 3 dermatophytes à transmission interhumaine ;
Trichophyton rubrum qui est impliqué dans 70-80% des cas, Trichophyton interdigitale
dans 15-20% des cas et Epidermophyton floccosum dans 5% des cas. Au niveau de la
peau glabre et des pieds, on rencontre des dermatophytes anthropophiles mais aussi,
des dermatophytes zoophiles tel Microsporum canis.
Les TCC constitue l’affection fongique du cuir chevelu la plus répandue au monde. Plus
fréquentes chez l’enfant, mais rapportées aussi chez l’adulte (Nzenze-Afène et al.,
2001, Auchus et al., 2016), elles sont observées le plus souvent en zone intertropicale.
En Afrique, les fréquences rapportées par différentes études chez les enfants d’âge
scolaire varient de 17,0% en zone sahélienne du Mali à 59,5% en zone soudanienne du
Mali (Coulibaly et al., 2016), en passant au Gabon dans des régions différentes par
15,3% (Nzenze-Afène et al., 2009) et 23,1% (Hogewoning AA et al., 2011). L’atteinte
unguéale a été observée dans 22,3% au Sénégal (Seck MC et al. 2014). Au Gabon,
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
II. Épidémiologie
A. Agents pathogènes
Les agents pathogènes sont des dermatophytes, champignons microscopiques,
filamenteux qui ont une affinité pour la kératine de la couche cornée de la peau, et des
cheveux ; ils sont kératinophiles et kératinolytiques. Les dermatophytes sont toujours
pathogènes et respectent toujours les muqueuses.
Les dermatophytes appartiennent au règne des Fungi, à la division des Ascomycotina,
à la classe des Ascomycètes, à l’ordre des Onygénales, à la famille des
Arthrodermataceae et à trois genres : Epidermophyton, Microsporum et Trichophyton.
Microsporum et Trichophyton représentent la forme asexuée pour laquelle une forme
sexuée dite Arthroderma a été décrite.
Les espèces sont classées en dermatophytes anthropophiles, zoophiles et telluriques.
Les espèces anthropophiles sont adaptées à l’homme et sont transmises par
contamination interhumaine. On cite les espèces suivantes dans le genre
Epidermophyton, une seule espèce, E. floccosum ; dans le genre Microsporum : M.
audouinii, M. ferrugineum, M. langeronii qui est la variété africaine de M. audouinii ; et
dans le genre Trichophyton : T. rubrum, T. soudanense, T. tonsurans, T. violaceum, T.
concentricum, T. mentagrophytes var. interdigitale, T. schoenleinii.
Les espèces zoophiles sont adaptées à différents animaux et sont transmises à
l’homme par le contact avec un animal contaminé. Ici on cite, Microsporum canis
(chats, chiens, etc.), Microsporum equinum (chevaux), Microsporum nanum (porc),
Microsporum persicolor (rongeurs), Trichophyton equinum (chevaux), Trichophyton
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
a b
c d e
C. Mode de contamination
Elle se fait par contact avec des poils ou des squames contaminés, suivi d’une
adhérence des éléments fongiques à la couche cornée. L’origine peut être
interhumaine pour les espèces anthropophiles (Trichophyton rubrum, T. interdigitale,
etc.), avec une prédominance de la contamination en milieu sportif (salle de
gymnastique), sur le sol humide des piscines, dans les douches collectives, les
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
vestiaires des écoles, les lieux d’ablution des mosquées. Elle est favorisée par la
macération (plis chez les obèses, espaces sous-mammaires, séchage insuffisant,
chaussures fermées ou de sécurité…).
Dans le cas des TCC, la transmission est directe suite à un contact interhumain ou
indirecte par le biais d’objets contaminés (peignes, foulards, chapeau, brosse des
coiffeurs (Coulibaly et al., 2016).
Pour les espèces zoophiles les spores sont transmises de l’animal à l’homme par le
contact direct, soit professionnel, soit en cajolant les animaux de compagnies.
La transmission des spores telluriques résulte d’un contact de l’homme avec un sol
contaminé, dans un contexte professionnel le plus souvent.
D. Facteurs favorisants
Plusieurs facteurs favorisent la transmission des dermatophytes. Il s’agit de :
Facteurs favorisant la contagiosité :
La vie en collectivité, la promiscuité, le faible niveau socio-économique, le manque
d’hygiène, l’utilisation commune de peignes, brosses, foulards (pour les TCC).
Facteurs hormonaux :
A la puberté, la présence de substances fongicides dans le sébum explique la
disparition spontanée des lésions de TCC et leur plus grande fréquence chez l’enfant.
Facteurs climatiques :
La chaleur et l’humidité sont favorables au développement des champignons.
Facteurs locaux et physiologiques :
Les microtraumatismes, la macération, mais aussi la grossesse favorisent le
développement des champignons.
Facteurs pathologiques :
Le diabète, le VIH-SIDA, les hémopathies malignes.
Les facteurs professionnels : Les professions qui exposent au contact avec les
animaux, ou avec les sols contaminés
Facteurs médicamenteux :
L’utilisation sans discernement des antibiotiques, les antituberculeux, les
contraceptifs oraux, les anticancéreux, les corticoïdes, les immunosuppresseurs
favorisent le développement des champignons.
E. Répartition géographique
Les dermatophytoses sont des affections cosmopolites, avec une prédominance dans
les pays chauds et humides. Leur répartition est liée à l’écologie des champignons
pathogènes.
L’atteinte par les champignons anthropophiles et zoophiles comme M. canis est liée
aux habitudes socioculturelles (présence d’animaux domestiques à domicile pour M.
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Dermatophytoses
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Dermatophytoses
Les lésions plantaires et palmaires : l’atteinte palmaire est rare. Elle consiste en une
lésion érythémato-squameuse, prurigineuse et intense surtout au niveau des plis
palmaires. L’espèce responsable est T. rubrum.
L’atteinte dermatophytique est plus observée aux plantes des pieds qu’aux mains. Elle
est caractérisée par des papules prurigineuses avec ou pas des vésicules sur une peau
plus ou moins érythémateuse avec à la longue apparition d’hyperkératose et
desquamation.
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Dermatophytoses
Les folliculites : elles touchent tous les follicules pileux sauf pubiens et axillaires. La
lésion est centrée sur un poil, parfois inflammatoire et douloureuse. Les folliculites
sont liées à des microtraumatismes, à l’usage local des corticoïdes, ou à des troubles
circulatoires. Elles sont généralement dues à T. rubrum, mais aussi, plus rarement, à
des espèces zoophiles (M. canis, T. mentagrophytes) ou telluriques (M. gypseum). La
péri-folliculite granulomateuse de Wilson est une folliculite chronique de la jambe.
Dans le cas d’une atteinte des plis, on peut observer :
- La dermatophytie interdigito-palmaire : caractérisée par une atteinte érythémato-
papulo-squameuse et prurigineuse des espaces interdigitopalmaires (EIDPAL), elle est
moins fréquente aux mains qu’aux pieds
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Les intertrigos dermatophytique des grands plis : Aux plis inguinaux (anciennement
appelé « eczéma marginé de Hébra »), l’atteinte réalise un placard érythémato-
squameux prurigineux, extensif, souvent bilatéral, asymétrique, à contours circinés,
qui s’étend sur la face interne de la cuisse. Les espèces responsables sont : T. rubrum
et E. floccosum.
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Dermatophytoses
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Dermatophytoses
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Dermatophytoses
Dans le cas d’une atteinte des cheveux ou teignes du cuir chevelu (TCC), on peut
observer les différents tableaux cliniques suivants :
Les Teignes tondantes de type microsporique : Elles touchent l’enfant avant la
puberté. Elles entrainent des grandes plages alopéciques de 2 à 7cm de diamètre,
unique ou multiple (en petit nombre 1-4), la surface est sale couverte de squames
grisâtres, plus rarement d’aspect inflammatoire, les cheveux sont coupés courts à
quelques millimètres de leur émergence. Les cheveux atteints sont fluorescents à la
lumière de Wood. Les espèces incriminées sont M. langeronii (espèce la plus fréquente
au Gabon), M. audouinii, M. ferrugineum et M. canis.
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Dermatophytoses
Le Kérion de Celse (teigne inflammatoire) est une atteinte le plus souvent d’origine
animale ou tellurique qui entraîne une réaction inflammatoire majeure de l’hôte
humain. L’aspect des lésions est nodulaire et pustuleux, douloureux, avec une plaque
érythémateuse, du pus qui s’écoule des orifices pilaires, une absence de fluorescence
sous lumière Wood. Une surinfection bactérienne est commune. Le kérion est parfois
secondaire à l’application d’une corticothérapie locale de façon inappropriée. Il y a
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Dermatophytoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Les dermatophytes peuvent provoquer des formes cliniques rares parmi lesquelles
on distingue :
1. Les maladies trichophytiques : la maladie de Hadida et Schousboë est rare ; elle se
développe sur un terrain prédisposé. Elle est caractérisée par l’envahissement des
tissus profonds à partir d’un point de départ cutané. Les espèces en cause sont : T.
rubrum, T. schoenleinii, T. violaceum.
2. Les mycétomes : ce sont des tumeurs inflammatoires chroniques, poly fistulisées. Le
diagnostic nécessite une biopsie. Les espèces incriminées sont T. rubrum, M. canis, M.
langeronii (Nzenze-Afène et al., 2006).
3. La forme de l’immunodéprimé (VIH-SIDA, corticothérapie générale au long cours,
greffe d’organes…) : la symptomatologie est atypique : la bordure évolutive et le prurit
sont absents, il y a une profusion des lésions, avec une extension rapide. Parfois, on
observe une atteinte des organes profonds posant un véritable défi diagnostique.
4. Les dermatophytides : ce sont des réactions allergiques à expression cutanée se
produisant à proximité ou à distance d’un foyer dermatophytique. Elles se manifestent
souvent sous forme d’une éruption cutanée prurigineuse et vésiculeuse (eczéma
dyshidrosique) sur les faces latérales des doigts, des paumes. L’examen mycologique
au niveau des lésions sera négatif.
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Dermatophytoses
B. Diagnostic différentiel
L’intertrigo interdigital à dermatophytes doit être distingué d’un intertrigo
candidosique à Candida albicans, d’un eczéma dyshidrosique et d’un intertrigo à
bacille gram négatif (avec lésions érosives, parfois verdâtres, résistantes au traitement
antifongique).
L’atteinte dermatophytique des grands plis doit être distinguée d’un intertrigo
candidosique (avec érythème, d’aspect vernissé et suintant, fissuré au fond du pli qui
est recouvert d’un enduit blanchâtre ; présence de papulo-pustules au-delà de la
périphérie de la lésion) ; d’un érythrasma à Corynebaterium minutissimum (avec un
placard brun chamois finement squameux avec fluorescence rose-corail sous lumière
Wood) ; d’un psoriasis (psoriasis inversé) ; d’une dermite d’irritation ; d’un eczéma de
contact d’aspect vésiculo-suintant.
Les lésions annulaires sont souvent considérées comme synonymes de
dermatophytoses, surtout chez l’enfant. Il faut faire attention à les distinguer d’une
dermatite atopique ; d’un eczéma nummulaire ; d’un psoriasis annulaire ; d’un
pityriasis rosé de Gibert (maladie éruptive à lésions multiples).
Les formes atypiques chez l’immunodéprimé doivent être différenciées d’une
dermatite atopique ; d’un eczéma nummulaire ; d’un psoriasis annulaire ; d’un
pityriasis rosé de Gibert (maladie éruptive à lésions multiples) ; ou d’un lupus
érythémateux.
C. Diagnostic mycologique
Le diagnostic mycologique reste le diagnostic de certitude des dermatophytoses. Il
exige une démarche rigoureuse en trois étapes : le prélèvement, l’examen direct et la
mise en culture qui permet l’identification définitive des espèces.
Prélèvements
Le prélèvement est effectué à distance d’un traitement antifongique, au moins 14
jours pour la peau et un à deux mois pour un ongle : les lésions à prélever sont
fonction de la localisation de l’infection. Le prélèvement doit être en quantité
suffisante, recueilli dans une boîte de Pétri stérile et acheminé rapidement au
laboratoire.
Dans les lésions cutanées, on prélève les squames (par grattage) sur les lésions sèches,
et on effectue un écouvillonnage humidifié à l’eau stérile pour les lésions
inflammatoires.
Dans le cas d’une folliculite, on prélève les poils à l’aide d’une pince à épiler, ou par
écouvillonnage humidifié à l’eau stérile.
Dans le cas d’une TCC, l’examen à la lampe de Wood (lumière UV) permet de visualiser
les cheveux microsporiques qui présentent une fluorescence verte caractéristique. Les
squames et les cheveux sont recueillis à l’aide d’un grattoir, les cheveux fluorescents
93
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
prélevés à l’aide d’une pince. Le cas échéant, le pus est prélevé à l’aide d’un écouvillon
stérile.
Dans le cas d’un onyxis, si l’atteinte est distale ou disto-latérale, on prélève la tablette
unguéale jusqu’au niveau de la jonction entre la zone contaminée et la zone saine de
l’ongle. S’il s’agit d’une leuconychie, on racle la partie supérieure affectée (blanchâtre)
de l’ongle.
Examen direct
L’examen direct met en évidence l’aspect parasitaire des dermatophytes qui permet
d’instituer rapidement le traitement.
Les prélèvements sont déposés dans une goutte d’hydroxyde de potasse à 30% qui a
un rôle éclaircissant, détruit la kératine et permet de visualiser, dans le cas des TCC, les
2 types d’atteinte pilaire les plus fréquents : il s’agit de l’atteinte endo-ectothrix de
type microsporique et de l’atteinte endothrix de type trichophytique.
L’éclaircissement du prélèvement peut se faire aussi avec le chloralactophénol qui
permet de conserver plus longtemps les éléments fongiques. On peut aussi utiliser des
colorants tels que le noir chlorazole (qui éclaircit et colore), le bleu coton pour
permettre une meilleure visualisation. Dans les DC, l’examen direct met en évidence
les filaments mycéliens cloisonnés arthrosporés.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Mise en culture
Les prélèvements sont ensemencés sur deux milieux : (i) Sabouraud additionné de
chloramphénicol et de cycloheximide (actidione : inhibe la croissance des moisissures);
(ii) Sabouraud+chloramphénicol (inhibe la croissance des bactéries). L’incubation dure
3-4 semaines, à 26-27oC. La lecture se fait tous les jours ou tous les 2 jours. Il faut
attendre au moins 3 semaines avant de déclarer une culture négative.
L’identification morphologique : Elle est basée sur l’étude des aspects macroscopique
et microscopique des colonies fongiques qui permet d’identifier les espèces de
dermatophytes responsables des lésions observées. Sur le plan macroscopique, on
note l’aspect du recto, du verso, et la rapidité de croissance.
Pour la réalisation de l’examen microscopique, nous avons 2 possibilités :
1er cas: Prélever à l’öse quelques fragments de colonies. Déposer entre lame et lamelle
dans du bleu coton
2ème cas: technique du drapeau (Roth)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Filaments En "raquette"
mycéliens
cloisonnés En "bambou"
Chlamydospores
Microconidies (unicellulaires) :
rondes ou piriformes
Macroconidies lisses
(genre Trichophyton et
Epidermophyton)
Macroconidies (pluricellulaires et
cloisonnées transversalement)
● Paroi lisse chez
Trichophyton et
Epidermophyton
Macroconidies échinulées
● Paroi rugueuse chez
(genre Microsporum)
Microsporum
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
parasitisme
Genres Espèces Délai culture Surface revers Macroconidies Microconidies Ornementation
pilaire
Nombreuses,
Epidermophyton Poudreuse, lisses (parfois
Rapide Jaunâtre,
Attaque la peau, les E. floccosum jaune- échinulées), en Chlamydospores
(5 à 6 jours) chamois
ongles verdâtre "régime de
bananes"
En "quenouille",
Duveteuse,
Rapide Pigment échinulées (parois Inconstantes, Mycélium en
M. canis Microspori-que blanche,
(5 à 6 jours) jaune-orangé et cloisons piriformes raquette
aspect étoilé
épaisses)
Plâtreuse, En "cocon",
Favique ou endo- Rapide Chamois
M. gypseum beige puis nombreuses, Rares, piriformes
ectothrix (5 à 6 jours) foncé
chamois échinulées
Chlamydospores,
Duveteuse, Rares, déformées,
Microsporum M. Lent Beige mycélium en
Microspori-que blanche à paroi épaisse et piriformes
Attaque la peau, les langeronii (8 à 10 jours) saumoné raquette, organes
grise échinulée
ongles, les cheveux, pectinés
les poils Aspect de Assez rares,
Nombreuses,
feutre, lancéolées, Vrilles, filaments
M. Rapide arrondies, en
blanche à Rose-lilas finement articulés à angle
persicolor (5 à 6 jours) "bout
beige puis échinulées (paroi droit
d’allumette"
rosée mince)
microïde Rapide Poudreuse, Incolore ou Assez rares, en Nombreuses, Vrilles, filaments
T. mentagro- (5 à 6 jours) duveteuse, brun- massue, lisses, arrondies, articulés à angle
phytes blanc-crème rougeâtre parois minces disposées en droit
buisson
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Dermatophytoses
Genres Espèces parasitisme pilaire Délai culture Surface Revers Macroconidies Microconidies Ornementation
Très rare, endothrix Rapide Duveteuse, Incolore ou En général très Inconstantes, Organes
ou ecto-endothrix (6 à 7 jours) blanc-crème brun rares, lisses piriformes, en triangulaires
T. rubrum
ou violacée allongées, parois acladium
minces
favique Très lent Cireuse, jaunâtre Chlamydospores,
T. schoenleinii (15 jours) jaunâtre clous et chandeliers
faviques
endothrix Lent Glabre et rouille Très rares, lisses Très rares, "fil de fer barbelé"
(10 à 15 jours) plissée, aspect piriformes
T. soudanense
étoilé, couleur
"abricot sec"
endothrix Lent Poudreuse ou Beige ou rouge Rares, lisses, Nombreuses, chlamydospores
(10 à 15 jours) veloutée, allongées, parois piriformes
T. tonsurans
blanche à minces
jaune soufre
mégaspore Très lent (3 Verruqueuse, brun Chlamydospores,
semaines) blanc-crème filaments toruloïdes
T. verrucosum
(avec renflements
et étranglements)
endothrix Lent Bombée, violet Filaments
(10 à 15 jours) glabre, toruloïdes (avec
T. violaceum violette renflements et
(parfois étranglements)
blanche)
(Source : http://www.microbiologie-medicale.fr/mycologie/identificationchampignons.htm)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
L’identification par les tests physiologiques : ces tests sont basés sur les besoins
physiologiques des ermatophytes :
- Les besoins en acides aminés et vitamines ;
- L’hydrolyse de l’urée (milieu de Christensen ; urée indole) ;
- La croissance sur milieu BCP (bromocrésol pourpre) ;
- La croissance sur grains de riz
- La tolérance thermique.
A. But
Le but est d’éliminer le ou les dermatophytes responsables des lésions.
B. Moyens
Dans le traitement des TCC, il faut associer un antifongique par voie systémique à un
antifongique par voie locale. La voie systémique permet à l’antifongique d’atteindre le
bulbe pileux non accessible par voie cutanée. L’application locale d’antifongique
permet de diminuer la contagiosité. Dans les DC, l’application locale peut suffire, sauf
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
si les lésions sont trop importantes. Dans les onyxis, le traitement est local uniquement
en l’absence de l’atteinte de la matrice. En cas d’atteinte matricielle, il faut associer au
traitement local un traitement par voie générale
C. Indications
Dans les TCC, chez l’enfant jusqu’à 15 ans, privilégier en première intention la
Griséofulvine per os, à la dose de 15-20mg/kg/j pendant 6 à 8 semaines. On y associera
un traitement local par des dérivés azolés.
Chez l’adulte, on donne la terbinafine per os (250mg/j)
La dose préconisée chez l’enfant est de 4 à 5mg/kg/jour
Durée du traitement : 4 semaines, efficace surtout sur les Trichophyton.
La terbinafine peut être associée par voie locale (topique) pendant les deux premières
semaines du traitement à l’administration de shampoing quotidien, puis bi
hebdomadaire.
Si un onyxis des mains est associé, le traitement doit durer au moins 3 mois.
Dans les DC, le traitement local à la terbinafine ou avec un autre antifongique azolé
(Amycir®, Ketoderm®, Fonx®, Dakatarin® est privilégié. Il est à appliquer sur les lésions
cutanées (peau glabre, plis) après la toilette et séchage, 1 à 2 fois/jour, pendant au
moins 3 à 4 semaines.
Dans les onyxis, on applique un vernis type Mycoster® 1 fois/j ou Locéryl® 1 à 2
applications par semaine, pendant 3 à 6 mois voire plus. On peut aussi pratiquer une
avulsion chimique par de l’urée associé à un meulage. En cas d’atteinte matricielle, on
institue un traitement par la terbinafine per os, 1 comprimé/j pendant 6 semaines à 3
mois pour les mains et 3 à 6 mois voire plus pour les pieds. En indication hors AMM, le
Sporanox® est conseillé dans les onychmycoses en pulse-thérapie à la dose de 200mg
matin et soir pendant 1 semaine par mois, 2 à 3 mois consécutifs de même le
Fluconazole (beaucoup moins cher) est indiqué en pulse-thérapie à la dose de 150mg à
400mg 1 fois par semaine pendant 3 à 6 mois.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
E. Résultats/Evolution/Surveillance
Le traitement est efficace. La surveillance est clinique. La terbinafine est efficace
contre le genre Trychophyton et est peu efficace sur Microsporum canis.
V. Prévention
A. Mesures individuelles
Il s’agit de mettre en œuvre le traitement curatif des cas de TCC et de DC. Et de
recommander d’éviter de marcher pied nus (piscines, sauna, etc.) ; de restreindre à
l’usage individuel, certains objets personnels (serviettes, linge, outils de coiffure) ; de
bien se sécher après la toilette, car les zones humides sont favorables au
développement des champignons ; de préférer les chaussures aérées aux baskets ;
d’éviter les contacts directs entre la peau et le pelage des animaux parasités.
B. Mesures collectives
Pour stopper une épidémie à TCC, réaliser une enquête familiale ou en milieu scolaire
pour l’identification et le traitement des contacts
Une composante importante de la prévention collective est la Communication pour le
Changement de Comportement ciblée sur des groupes particuliers, par exemple les
coiffeuses traditionnelles.
Résumé
Les dermatophytoses sont des affections fongiques dues à des dermatophytes,
champignons filamenteux kératinophiles responsables d’infections cutanées
superficielles (peau, cheveux, ongles). L’interrogatoire occupe une place importante
dans le diagnostic. L’humidité, les traumatismes locaux, les occlusions des plis sont des
facteurs favorisants. Les lésions sont squameuses hyperkératosiques, papuleuses, plus
ou moins vésiculeuses aux pieds et aux mains ; des placards circinées avec bordure
érythémato-papulo-vésiculeuse et centre plus ou moins squameux au niveau de la
peau glabre ; et des plages alopéciques sur la tête. Le diagnostic passe par un examen
mycologique indispensable pour isoler le dermatophyte. Le traitement est
essentiellement basé sur les antifongiques locaux et par voie générale. La prévention
est basée sur le respect des mesures d’hygiène, le traitement des cas diagnostiqués et
la communication pour le changement de comportement visant des groupes cibles.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Conclusion
Les dermatophytoses sont des affections fréquentes sous les tropiques. Leur prise en
charge correcte passe par un diagnostic étiologique qui nécessite d’adopter une
démarche diagnostique rigoureuse. Le diagnostic différentiel se pose avec plusieurs
autres dermatoses. La grande contagiosité des TCC implique de traiter les cas et les
contacts, notamment en milieu scolaire.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Annexes
A.grande plaque d’alopécie ; B. aspect des colonies au recto ; C. aspect des colonies au
verso ; D. chlamydospores intercalaires et terminales ; E. mycélium en raquette (flèche)
Source : MC. Seck, Laboratoire parasitologie-mycologie, Hôpital militaire de Ouakam-Dakar
A. Aspect des ongles atteints ; B. Aspect des colonies au verso ; C. aspect cérébriforme
des colonies au verso ; D. Aspect toluroïde des filaments mycéliens
Source : MC. Seck, Laboratoire parasitologie-mycologie, Hôpital militaire de Ouakam-Dakar
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Dermatophytoses
C.Aspect de ongles atteints ; A. Aspect macroscopique des cultures sur gélose Sabouraud
(noter la diversité) ; B. aspect microscopique des cultures montrant des filaments mycéliens
septés avec une excroissance triangulaire (flèche)
Source : MC. Seck, Laboratoire parasitologie-mycologie, Hôpital militaire de Ouakam-Dakar
Trichophyton soudanense
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Dermatophytoses
Aspect de l’ongle du pouce atteint ; B. Examen microscopique des débris d’ongle montrant
des filaments mycéliens septés ; C. aspect macroscopique de la culture au verso ; D. examen
microscopique de la culture montrant des filaments mycéliens septés avec une excroissance
triangulaire (flèche)
Source : MC. Seck, Laboratoire parasitologie-mycologie, Hôpital militaire de Ouakam-Dakar
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Dermatophytoses
Genre Epidermophyton
• Pas de microconidies
• Seulement des macroconidies en « régime de banane »
(Source : The Geraldine Kaminski Medical Mycology Library, Doctorfungus Corporation, 2003)
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Dermatophytoses
Microsporum audouinii
• Microconidies
• Macroconidies à parois rugueuses, spiculées
Microsporum canis
Trichophyton soudanense
(Source : The Geraldine Kaminski Medical Mycology Library, Doctorfungus Corporation, 2003)
Aspects macroscopiques
A l’endroit : colonies cérébriformes, poudreuses de couleur abricot et
A l’envers, colonies jaunes-orangées avec des mèches de filaments qui irradient
autour de la colonie
Aspects microscopiques:
Très peu de microconidies
Pas de macroconidie
Présence de filaments d’aspect buissonneux avec des ramifications rétrogrades
(caractéristiques).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Dermatophytoses
Bibliographie
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109
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
5 MALASSEZIOSES
Rédigé par Pr Diallo Mouctar (Mali), Relu par Pr Nzenze Solange (Gabon), Pr Guimguemdé
Robert (Burkina Faso) et Pr Kiki Barro Pulchérie C (Côte d’Ivoire)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
Introduction
Définition:
Intérêt :
Ces levures sont en particulier responsables chez l’Homme de pityriasis versicolor, de
pityriasis capitis, de pseudo acné, de folliculite, de dermite séborrhéique et très rarement
d’infections systémiques, dans certaines circonstances. À ce jour, 14 espèces au minimum
ont été décrites.
Historique :
Le champignon, responsable de ces pathologies, essentiellement cutanées, (capillaire est
relatif au cheveu : le micromycète ne parasite pas le cheveu) et systémique, décrit pour la
première fois en 1846, a été longtemps présenté sous deux aspects différents :
Une forme essentiellement levure, est décrite comme responsable d’affection du cuir
chevelu dénommée pityriasis capitis
Une forme levuriforme avec présence de filaments, est reconnue responsable d’affection
cutanée appelée pityriasis versicolor
On doit à Baillon, en 1889, la création du genre Malassezia et la dénomination de Malassezia
furfur pour désigner les formes mycéliennes observées. Les levures du genre Malassezia ont
fait l’objet de nombreuses controverses. En 1961, le genre Malassezia comporte deux
espèces : M. furfur, incluant tant les formes rondes de Pityriasis versicolor (anciennement
dénommé Pityrosporum orbiculare) que les formes ovales de Pityriasis capitis ou dermite
séborrhéique (Pityrosporum ovale) et Malassezia pachydermatis (anciennement
Pityrosporum canis), seule espèce non lipodépendante, surtout isolée dans les oreilles saines
ou infectées du chien. En 1995, le genre s’est élargi en 7 espèces dont M. furfur, M.
pachydermatis, M. sympodialis, M. globosa et M. restricta. Ces levures de petites tailles (3 à
8 microns), sont caractérisées par un bourgeonnement unipolaire sur une base large
donnant à la cellule-mère porteuse, un aspect en « étui » ou en « petit flacon »
111
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
Taxinomie
Morphologie
Ce sont des levures de taille et de forme variable ; elles sont polymorphes (rondes, à
ovalaires, cylindrique). La reproduction se fait par bourgeonnement unipolaire, la base
du bourgeon est large. Une association avec du mycélium fait de filaments courts
enchevêtrés ± trapus est possible.
Biologie
Toutes les espèces du genre Malassezia sont des levures lipophiles et lipodépendantes
excepté M. pachydermatis. Au cours de ces dernières décennies, un intérêt accru a été
porté sur leur aspects métaboliques, physiopathologiques, mais aussi sur le
112
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
Pathogénie:
Les Malassezia sont des levures commensales de la peau ; elles prolifèrent dans
l’épiderme en produisant du mycélium sous l’influence de facteurs climatiques et de
facteurs intrinsèques à l’Homme :
- Chaleur, humidité, d’où la fréquence du Pityriasis versicolor dans les régions
tropicales ;
- Peau grasse (teneur importante en triglycérides et acides gras libres) ou
application de corps gras sur la peau ;
- facteurs hormonaux (grossesse, hypercorticisme), diminution de l'immunité
cellulaire (SIDA).
B. Habitat
C'est une levure commensale du revêtement cutané humain. Elle est particulièrement
abondante dans les zones riches en glandes sébacées (thorax, visage, cuir chevelu). Elle est
absente des paumes et des plantes. Sur la peau normale, elle est retrouvée en faible
quantité, sous sa forme levure).
C. Facteurs favorisants
Les malassezioses ne sont pas des infections transmissibles.
Les levures du genre Malassezia sont commensales de la peau, et le passage de la levure
d’un état commensal à un état pathogène est à l’origine des mycoses observées. Les
Malassezia prolifèrent dans l’épiderme en produisant du mycélium sous l'influence de
différents facteurs favorisants.
Par ailleurs, des facteurs physiologiques peuvent être évoqués: peaux grasses
ou séborrhéiques, hyperhydrose, transpiration, malnutrition ; des facteurs climatiques :
chaleur, humidité, port de vêtements occlusifs de nature synthétique ; des facteurs
iatrogènes : corticothérapie, contraceptifs oraux, immuno-dépresseurs, cosmétiques gras,
huiles corporelles, crèmes hydratantes ; des facteurs individuels : hypercorticisme,
grossesse, déficit de l’immunité cellulaire. La pseudo acné à Malassezia est une forme
clinique rare.
113
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
D. Répartition géographique
Cosmopolites et bénignes les affections à Malassezia sp sont très fréquentes dans les
régions tropicales et en saison estivale dans les pays tempérés. Elles atteignent l’adolescent
et l’adulte jeune. Différents auteurs montrent que l’adulte jeune est le plus affecté par
les malassezioses. Cependant, l’intervalle des tranches d’âge chez l’adulte jeune varie en
fonction des formes cliniques et des zones géographiques. C’est ainsi qu’en Inde en 2002 :
21-30 ans ; Tunisie 2004: 15-30 ans ; Iran 2004 : 20-30 ans ; Bosnie 2006 : 16-30 ans ;
Indonésie 2008 : 25-44 ans ; Turquie 2009 : 20-30 ans ; Argentine 2012 : 25-45 ans ; Afrique
(Gabon) 2017 : 18-45 ans. Concernant le sexe, le sexe féminin ou masculin prédomine et ce
en fonction des formes cliniques et des zones géographiques. La folliculite à Malassezia et la
pseudo acné à Malassezia sont rares. Quant à la dermite séborrhéique, l’altération de la
perméabilité de la barrière cutanée aggravée par la production locale irritante de
l’acide oléique par les lipases des espèces du genre Malassezia sont considérées comme
responsables du développement de cette pathologie.
114
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
-Dermite séborrhéique
Cette affection siège généralement sur le visage. Favorisée par le stress et
l'immunodépression. Les lésions érythémato-squameuses qui se voient sur les sourcils, les
plis nasogéniens, la lisière du cuir chevelu. Le prurit est habituel. Chez le nourrisson l’atteinte
du cuir chevelu et des plis sont constatés.
115
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
116
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
-Des atteintes plus rares à type de blépharite ou affection rétro-auriculaire (Figure 5.6).
Des associations des formes peuvent être rencontrées telles que ; Pityriasis
capitis/Pityriasis versicolor, Pityriasis versicolor/Folliculite à Malassezia, Pityriasis
capitis/Pityriasis versicolor/Folliculite à Malassezia, Pityriasis capitis/Dermite
séborrhéique/Pityriasis versicolor (Nzenze et al., 2017)
117
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
2- Fongémies à Malassezia
Ces Malassesioses sont rares. Elles sont constatées chez des prématurés ou des
immunodéprimés et qui sont en général nourris par des intralipides par voie intraveineuse.
B. Diagnostic mycologique
Le diagnostic est en général facile; dans les cas douteux, on peut mettre en évidence une
fluorescence jaune vert pâle caractéristique des lésions (sous l’effet de la lumière de Wood).
Prélèvements
Les prélèvements sont réalisés directement sur les lésions par grattage des lésions : les
squames sont recueillies dans une boîte de Pétri stérile par technique du scotch-test
Dans le Pityriasis versicolor, le scotch-test cutané est un moyen facile de prélèvement et qui
permet de porter le diagnostic de pityriasis versicolor: on colle fortement, sur la macule
suspecte, un morceau de ruban adhésif transparent; puis on le détache, et on l’applique sur
une lame porte-objet que l’on observe ensuite directement au microscope. Il est possible
d’ajouter une goutte de bleu lactophénol sur la lame avant d’y appliquer le scotch. Les
éléments fongiques, colorés, sont plus faciles à voir.
Dans ce cas, le grattage des lésions au vaccinostyle ou à la curette ramène des squames
(signe du copeau) qui sont ensuite examinées au microscope optique entre lame et lamelle
dans un produit éclaircissant: solution de potasse à 30%, ou solution de noir chlorazole
(incluant éclaircissant et colorant).
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Malassezioses
Culture
La culture est rarement réalisée en pratique courante car elle n’est pas indispensable
au diagnostic. Elle permet d’identifier l’espèce en cause. La température optimale de
croissance est variable selon les espèces de 30-32°C (pour toutes les espèces) ou 37°C
(pour certaines espèces).
Malassezia sp, (sauf M. pachydermatis lipo-indépendante) ne pousse pas sur les
milieux de Sabouraud habituels. La croissance se fait sur des milieux à base d’huiles
naturelles (espèces lipodépendantes). Pour l’isoler, il faut donc au préalable avoir
suspecté le diagnostic devant une lésion cutanée évocatrice. Le médecin doit alors
préciser sur l’ordonnance : recherche de Malassezia sp.
La culture peut se faire sur des milieux spécifiques pour Malassezia : milieu de
Sabouraud additionné d'huile d'olive, milieu de Dixon ou milieu de Leeming et Notman
modifié qui permettent d’isoler et de maintenir facilement les espèces du genre
Malassezia
Dans les infections systémiques: les hémocultures sur milieu spécifique enrichis en
lipides est nécessaire, elles sont cependant rarement positive. En outre, le retrait du
cathéter souillé et sa mise en culture (un segment du cathéter) sur gélose Sabouraud
additionnée d’huile d’olive ou autres miliaux spécifiques, permettra le diagnostic.
Résultats et interprétation
L’examen est réalisé à l’objectif 20 ou 25, et le diagnostic est porté sur la mise en
évidence : Dans le pityriasis versicolor, d’amas de blastospores rondes ou ovales à
paroi épaisse de 2 à 5 µm de diamètre, disposées en « grappes » associées parfois à
des filaments fins à trapuset courts.
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Malassezioses
Figure 5. 9 : Scotch test cutané positif : Spores en « grappe de raisin » (dans le cercle)
Source : K ; Diongue, Laboratoire Parasitologie-Mycologie, CHU Aristide Le Dantec - Dakar
Figure 5. 10 : Examen direct d’un Scotch test sur lésion de pityriasis versicolor :
présence de blastospores en grappes, et de courts filaments mycéliens (tête des
flèches)
Source : K. Diongue, Laboratoire Parasitologie-Mycologie, CHU Aristide Le Dantec - Dakar
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Malassezioses
Dans la folliculite du dos, on observe des manchons de levures rondes, à paroi épaisse
autour des poils (absence de filaments)
L’examen microscopique révèle des blastospores de petite taille (1,5 à 4µm) ovoïdes,
globuleuses à allongées à bourgeonnement unipolaire sur une base large.
La culture sur milieu de Dixon modifié, à différentes températures, permet par ailleurs
de séparer les espèces Malassezia fufur, M. sympodialis, M. pachydermatis et M.
slooffiae, capables de se développer à des températures élevées (40°C), de M. globosa,
M. obtusa et M. restricta dont l’optimum de température de culture est de 32-35°C.
L’identification en culture est fondée sur la lipodépendance ou non, la morphologie
microscopique des blastospores, l’activité catalasique et le profil d’assimilation du
tween 20, 40, 60, 80 (2008).
Toutes les espèces de Malassezia ne fermentent pas les sucres et sont toutes uréase
positive.
C. Diagnostic histologique
Histologie : les levures du genre Malassezia ont la capacité de coloniser la kératose
actinique et sont donc identifiables sur coupe histologique.
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Malassezioses
A. But
Arrêter la multiplication des levures et faire disparaître les lésions
B. Moyens
Kétoconazole (KETODERM®) 2% gel unidose ; crème ; sachets gel moussant
Bifonazole (AMYCOR®) 1% solution
Ciclopirox olamine (MYCOSTER®) crème ; solution alcoolisée ; shampoing
Sulfure de sélénium (Selsun®)
Amphotéricine B injectable 50mg.
C. Indications - posologie
Le Pityriasis versicolor (P.v)
- Dans les lésions± isolées et peu étendues, le traitement est local par l’application
d’un topique antifongique matin et soir pendant 2 à 4 semaines.
- Dans les lésions squameuses étendues, un décapage local mécanique ? est préconisé
par une solution détergente de type Mercryl® ou Septivon®.
- Le traitement antifongique consiste ensuite en une application sur tout le corps y
compris le cuir chevelu, d’un topique azolé en gel moussant Par exemple :
kétoconazole en topique (Kétoderm®, récipient unidose, gel moussant à 2 %). Une
deuxième application est recommandée une semaine après.
- Un autre des traitements du pityriasis versicolor est le sulfure de sélénium (selsun®):
Après décapage de la peau au mercryl laurylé, on applique le Selsun® sur tout le
corps à l’aide d’un gant de toilette humide. Après avoir laissé en contact 15 à 20 mn,
on rince abondamment. Les applications sont bihebdomadaires pendant 2 à 4
semaines.
- Dans les lésions étendues ou rebelles au traitement local, des azolés actifs par voie
orale tels que l’itraconazole (sporanox®), peuvent être prescrits pendant 15 jours à
raison de 200mg d’Itraconazole par jour, le Fluconazole voire la griséofulvine sont
utilisés par certains auteurs.
- Les autres formes cliniques (la dermite séborrhéique, la folliculite du dos ou du
« décolleté » chez la femme bénéficient d’un traitement par topique antifongique
- Dans le cas de Pityriasis capitis, un shampoing à base de ciclopirox olamine (type
Sebiprox® 1,5% ou ketoderm® sachet gel moussant 2%) sera prescrit x 2 fois par la
semaine (bihebdomadaire) pendant 1 mois (traitement curatif) puis 1 fois par
semaine pendant 2 mois en traitement préventif.
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Malassezioses
A. But
Il s’agit d’éviter les facteurs susceptibles de favoriser le développement de Malassezia
sp et d’induire les différentes formes cliniques connues.
B. Moyens/Stratégies
- Le pityriasis versicolor tend à récidiver, surtout l'été. Si l'on a présenté une fois du
pityriasis versicolor, il faut éviter les récidives et appliquer quelques règles d'hygiène
communes à toutes les atteintes mycosiques: porter des sous-vêtements en coton,
les changer fréquemment après transpiration excessive
- Un traitement préventif peut être envisagé chez des patients pour lesquels la récidive
est très fréquente ou l’extension de la maladie importante. Dans ces cas, un
traitement hebdomadaire (sulfure de sélénium) ou mensuel (kétoconazole gel
moussant monodose®) est proposé par certains praticiens qui conseillent sa mise en
œuvre pendant les périodes très chaudes et humides et ce, pendant plusieurs mois
par an.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
Bibliographie:
14-Ingham E, Cunningham AC. Malassezia furfur. J Med Veter Mycol 1993; 31: 265-8.
17-Midgley G., Clayton Y.M., Hay R.J., Mycoses superficielles. In: Atlas de poche de
mycologie. Paris: Flammarion médecine science, 1998:17-86
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Malassezioses
19-Hay R.J., Roberts S.O.B., Mackensie D.W.R. Pityriasis versicolor. In: Champion R.H.,
Burton I.L., Ebling F.J.G., eds. Textbook of dermatology. Vol. 2. Oxford: Blackwell
scientific publications, 1992; 1176-79.
21-Lange D.S., Richards H.M., Guarnieri J., et al. Ketoconazole 2 % shampoo in the
treatment of tinea versicolor: a multicenter randomized, double blind,
placebocontrolled trial. J Am Acad Dermatol 1998; 39:944-50.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
6 PNEUMOCYSTOSE
Rédigé par Pr Dieng Thérèse (Sénégal), Relu par Pr Bamba Sanata (Burkina Faso),
Pr Badiane Aïda Sadikh (Sénégal), Pr Yavo William (Côte d’Ivoire) et Pr Sissinto Savi de
Tové Yolande (Bénin)
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
Introduction
Définition:
La pneumocystose est une mycose profonde se manifestant par une pneumopathie
interstitielle diffuse due à Pneumocystis jirovecii, champignon opportuniste atypique
car non cultivable et insensible aux antifongiques, se développant chez les sujets
immunodéprimés en particulier ceux infectés par le VIH/Sida
Intérêt
Depuis l’avènement de l’infection à VIH/Sida dont elle est une des affections
révélatrices, cette maladie qui n’affectait que les nourrissons prématurés et les
enfants malnutris a connu un regain d’intérêt. C’est une infection classante du stade
Sida. Ainsi en France, en 2013, la pneumocystose représentait la pathologie inaugurale
du Sida la plus fréquente chez les adultes avec 31% des cas (Cazein et al.,2015).
Les trithérapies antirétrovirales et la chimioprophylaxie au cotrimoxazole ont entraîné
une baisse de l’incidence de la pneumocystose chez les sujets VIH positif.
Par ailleurs, elle constitue un risque de complication chez les personnes transplantées,
les sujets atteints de cancers ou d’hémopathie maligne et chez ceux qui sont sous
traitement à effet immunosuppresseur. Du point de vue médical, c’est une affection
redoutable d’évolution mortelle en absence de traitement en particulier chez les sujets
immunodéprimés infectés ou non par le VIH.
Historique
En 1909 : Carlos Chagas observa pour la première fois le micro-organisme dans des
prélèvements pulmonaires de porc l’identifiant à tort comme un trypanosome.
En 1910 : Antonio Carinii fit la même observation dans des poumons de rats.
En 1912 : le couple Delanoë mit en évidence l’agent pathogène dans des rats capturés
à Paris et démontrèrent qu’il s’agissait d’un micro-organisme différent des
trypanosomes. Il le nomma Pneumocystis carinii.
Entre 1945 et 1955 : des pneumopathies interstitielles à plasmocytes ont été décrits
chez des prématurés, des enfants malnutris (orphelinats) et Vanek et Jirovec en
attribuent la responabilité à Pneumocystis carinii
En 1976 : Frenkel émet l’hypothèse de l’existence d’espèces de Pneumocystis
différentes selon l’hôte infecté et propose d’appeler Pneumocystis jirovecii l’espèce
responsable de l’infection humaine.
En 1981 : Augmentation du nombre de cas de pneumocystose corrélé à celui du SIDA
(60 à 80% des patients VIH+).
En 1996 : Diminution des cas de pneumocystose grâce à des prophylaxies efficaces et
les, trithérapies rétrovirales.
En 2001: Reconnaissance à la conférence internationale sur Pneumocystis de
différentes espèces: Pneumocystis sp dont Pneumocystis jirovecii
En 2003: Pneumocystis carinii var hominis devient Pneumocystis jirovecii
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
Taxonomie
Pneumocystis jirovecci fut classé au départ comme protozoaire du fait de son
impossibilité de cultiver sur les milieux habituels des champignons, son cycle
biologique et sa morphologie comparables à ceux des protozoaires (trophozoïte, pré
kyste et kyste), l’absence d’ergostérol et sa sensibilité aux antiprotozoaires.
L’étude ultra structurale et biochimique de sa paroi (aspect trilamellaire, présence de
chitine et de β-1,3 glucanes) et de ses affinités tinctoriales (imprégnation argentique
selon Gomori Grocott), le séquençage de son ARN 16S ont permis de classer
actuellement P. jiroveccii dans le règne des champignons. Mieux, les données de la
biologie moléculaire suggèrent un lien étroit avec deux levures ascosporée,
Saccharomyces cerevisiae et Schyzosaccharomyces pombe.
Ainsi, le parasite responsable de la pneumocystose appartient :
Règne : FungiI
Phylum : Ascomycotina
Sous-phylum : Taphrinomycotina
Classe : Archiascomycètes
Ordre : Pneumocystidales
Famille : Pneumocystidaceae
Genre : Pneumocystis
Espèce : Pneumocystsis jirovecii (anciennement appelée Pneumocystis carinii, puis
Pneumocystis carinii var hominis).
Pneumocystsis jirovecii est spécifique de l’homme. Il existe d’autres espèces de
Pneumocystis chacune étant inféodée à son hôte définitif.
Ainsi P. carinii est l’agent infectieux spécifique du rat, P. muris de la souris, P. equi du
cheval, P. suis du porc et P. oryctolagi du lapin.
Morphologie
Pneumocystis jirovecii se présente sous 2 formes morphologiques selon son stade de
développement :
- La forme végétative ou trophozoïte ou forme trophique
C’est un élément amiboïde, muni de filopodes qui sont des expansions tubulaires
visibles au microscope électronique servant d’éléments de fixation aux cellules
épithéliales pulmonaires.
Deux aspects évolutifs sont distingués :
- Le petit trophozoïte
Il est arrondi ou ovalaire, mesure 1,5 à 2µm et présente un noyau, une membrane
cytoplasmique mince.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
- Le grand trophozoïte
De forme variable, il mesure 3 à 5µm, et présente une paroi épaisse.
- La forme kystique
Elle se présente sous trois formes morphologiques selon le stade évolutif.
Le prékyste ou sporocyste
Il résulte de la transformation du grand trophozoïte. Il est ovoïde, mesure 3 à 8µm et
présente une paroi épaisse. D’abord mononucléés, les prékystes deviennent multi-
nucléés. Il existe ainsi 3 types de prékystes selon leur nombre de noyaux (1 à 8) et la
structure de leur paroi : les prékystes précoces (1 noyau), les prékystes intermédiaires
(à 2 à 8 noyaux) et les prékystes tardifs (8 noyaux).
Source : http://andryrasamindrakotroka.e-
monsite.com/album/images-selectionnees-parasitologie-
medicale/images-selectionnees-pneumocystis-et-
pneumocystose/
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
Le kyste vide
C’est un élément à paroi épaisse, en forme de soucoupe, cupule ou croissant. Il résulte
de la déhiscence du kyste mûr qui a évacué ses corps intra-kystiques.
Pathogénie
Au cours de son cycle de développement dans l’organisme humain, Pneumocystis
jirovecii exprime une glycoprotéine majeure de surface (major surface glycoprotein ou
MSG). Cette glycoprotéine est immunogène entrainant l’apparition d’anticorps
spécifiques et participe à l’attachement des trophozoïtes dans les cellules épithéliales
alvéolaires. Elle interagit avec le système immunitaire du sujet infecté (macrophages
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Pneumocystose
B. Habitat
Pneumocystis jirovecii infecte spécifiquement l’homme. Il est localisé dans les alvéoles
pulmonaires d’abord en position extracellulaire puis en position intracellulaire lorsqu’il
est phagocyté par les macrophages ou les polynucléaires neutrophiles.
Son ADN a été retrouvé dans l’environnement : air, eau, sol, étang.
Il existerait un portage nasal, pharyngé du personnel soignant, le champignon existant
dans l’air hospitalier.
D. Mode de contamination
La contamination s’effectue probablement par voie aérienne par inhalation des spores
libérées par les kystes infectieux contenus dans l’air, les poussières ou dans les
expectorations de sujet infesté. La transmission interhumaine s’effectuerait par
l’intermédiaire des gouttelettes de Pflügger.
Le champignon peut être disséminé dans l’organisme par voie sanguine provoquant
des formes cliniques extra pulmonaires rares.
E. Voie de sortie
Le champignon est éliminé à l’extérieur de l’organisme par les expectorations.
F. Cycle biologique
Il n’est pas encore totalement connu. Il se déroule dans les alvéoles pulmonaires à
l’extérieur des cellules. Les kystes mûrs (forme infectieuses probables) par rupture de
leur paroi libèrent au niveau des bronchioles terminales 8 corps intrakystiques. Ceux-ci
se transforment en trophozoïtes tandis que les kystes vides prennent leur aspect
caractéristique de cupule soucoupe ou croissant. Les petits trophozoïtes se fixent sur
les pneumocytes de type I, augmentent de taille et se multiplient ; la multiplication des
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
formes végétatives se produirait selon un mode asexué par division binaire ou selon
un mode sexué par fusion de formes végétatives sexuées complémentaires. Les
grands trophozoïtes se transforment en prékystes en passant par trois stades :
précoce, intermédiaire et tardif présentant progressivement 1 à 8 noyaux. Le prékyste
tardif à 8 noyaux se transforme en kyste mur contenant 8 corps intrakystiques par
condensation cytoplasmique autour de chaque noyau.
Ce cycle dure 4 à 6 heures et toutes les formes évolutives peuvent être retrouvées
dans les prélèvements bronchoalvéolaires. Il ne se déroule complètement que chez le
sujet immunodéprimé. Le sujet immunocompétent qui s’infecte parviendrait à éliminer
le champignon. Chez le sujet sain, en effet, les macrophages, les polynucléaires
neutrophiles ou les médiateurs de l’immunité humorale (tumor necrosis factor a (TNF
a), interférons et cytokines) jouent un rôle important dans la destruction du
champignon et dans la défense de l’hôte. Chez les patients à risque, le développement
fongique entraîne des lésions de l’épithélium alvéolaire dont les cloisons s’épaississent,
conduisant à une insuffisance respiratoire et l’hypoxémie.
G. Facteurs favorisants
D’ordre général
C’est la capacité de Pneumocystis jiroveccii à échapper au mécanisme de défense
immunitaire de l’hôte notamment la phagocytose par les macrophages.
D’ordre individuel
C’est le déficit immunitaire concernant notamment l’immunité à médiation cellulaire.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
d’origine pathologique
- Infection à VIH avec un taux de lymphocytes T CD4 <200/mm³.
- Hémopathies malignes.
- Maladies systémiques (granulomatose de Wegener, périartérite noueuse,
polymyosite, lupus, sclérodermie.
- Malnutrition (nourrisson).
- Prématurés.
- Sujets d’âge avancé.
- Transplantation d’organes.
- Greffe de moelle osseuse
D’origine iatrogène
- Immunosuppresseurs.
- Cytolytiques.
- Corticoïdes au long cours.
H. Répartition géographique
La pneumocystose est cosmopolite. Avant l’introduction de la trithérapie
antirétrovirale, la pneumocystose était l’infection opportuniste la plus fréquente chez
les sujets immunodéprimés par le VIH dans les pays occidentaux. Depuis les années
2000, son incidence a baissé de 85% depuis l’introduction de la trithérapie
antirétrovirale et de la chimioprophylaxie contre la pneumocystose.
Sa prévalence est sous-estimée en Afrique car cette mycose est rarement
diagnostiquée par défaut de mise en œuvre des moyens d’investigation biologique :
prélèvements invasifs, techniques de colorations spéciales et techniques moléculaires.
Des taux de prévalence de 27,7%, 42,7% ont été rapportés respectivement en Tunisie
et en Ethiopie chez des patients immunodéprimés par le VIH et d’autres causes.
Au Sénégal, le diagnostic biologique a permis d’enregistrer une fréquence hospitalière
de 9% parmi les sujets séropositifs au VIH présentant une pneumopathie. (Dieng Y. et
al., 2016).
En Côte d’Ivoire une étude réalisée par Kouakoussi a signalé une incidence 0,36/100
personnes-mois chez des patients VIH + (Kouakoussi et al., 2004).
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
B. Diagnostic mycologique
Prélèvements
- Liquide de lavage broncho-alvéolaire
C’est le prélèvement de choix pour le diagnostic de la pneumocystose car il permet
d’obtenir la plus grande quantité d’éléments fongiques. Il est centrifugé à 2000
tours /mn pendant 10 à 15 minutes selon sa consistance, et le culot de centrifugation
est examiné. La cytocentrifugation améliore la visibilité des éléments fongiques.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
Les biopsies sont divisées en 2 parties : une destinée à l’examen mycologique est
conservée dans du sérum physiologique. Des frottis par apposition sont réalisés avant
d’être colorés. L’autre partie destinée à l’examen histologique est fixée dans du liquide
de Bouin.
Techniques
Examen au microscopique optique
- A l’état frais
Réalisable à partir du LBA ou de l’expectoration induite, il consiste à examiner une
goutte du prélèvement entre lame et lamelle.
- Après coloration
Des frottis sont réalisés à partir des prélèvements et colorés. Il existe plusieurs
techniques de coloration qui mettent en évidence des structures et des formes
évolutives différentes de Pneumocystis jirovecii.
*Colorations mettant en évidence les trophozoïtes et les corps intra-kystiques :
*Coloration de Giemsa ou de May Grunwald Giemsa
*Colorations mettant en évidence la paroi des kystes :
.Coloration de Gomori-Grocott modifiée (ou coloration de Mutso) technique
d’imprégnation argentique rapide ;
.Coloration au bleu de toluidine O (BTO).
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Pneumocystose
Résultats
Examen au microscope optique
- Examen à l’état frais
Au faible grossissement (objectif 10), les trophozoïtes apparaissent collés les uns aux
autres formant des amas spumeux très réfringents caractéristiques. A l’objectif à
l’immersion, les kystes sont repérables par leurs corps-intrakystiques très réfringents.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
Source : commons.wikimedia.org
S
o
u
r
c
e
fr.wikipedia.org
Figure 6. 9 : Coloration de Mutso de Pneumocystis
jirovecii
137
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
La paroi des kystes est colorée en bleu ou violet pourpre sur le fond bleu de la
préparation. C’est une technique peu coûteuse mais qui a l’inconvénient de colorer
également la paroi des levures.
Source : fr.wikipedia.org
*Coloration de Gram-Weigert
La paroi des kystes et les corps intra-kystiques sont colorés en noir sur le fond rouge de
la préparation.
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Pneumocystose
C. Diagnostic immunologique
Recherche des anticorps sériques
Elle a un intérêt épidémiologique chez les sujets immunocompétents. La présence des
anticorps spécifiques est le témoin d’un contage avec le champignon et est sans valeur
diagnostique. Les techniques utilisées sont l’immunodosage enzymatique,
l’immunofluorescence indirecte et l’immunoempreinte (Western blot)
Recherche de l’antigène circulant ß (1,3) -D-glucane
La présence dans le plasma de ce constituant de la paroi cellulaire de la plupart des
champignons pathogènes dont P. jiroovecii signe une infection fongique invasive. Il
existe des kits commercialisés pour le dosage plasmatique par colorimétrie de cet
antigène. Cette recherche n’est pas spécifique au diagnostic de la pneumocystose.
L’interprétation du résultat doit tenir compte de la clinique de la radiographie
pulmonaire et de la présence de facteurs de risque du patient.
D. Diagnostic histologique
Les prélèvements sont des biopsies pulmonaires ou d’autres organes dans les formes
extra-pulmonaires. Les techniques de colorations histologiques, coloration à l’acide
périodique de Schiff (PAS), Gomori-Grocott et Hématoxyline Eosine Safran (HES)
mettent en évidence des lésions histologiques caractéristiques au sein desquelles la
paroi des kystes ou les corps intra-kystiques peuvent être visualisés.
- Au début de l’infection, on observe des lésions d’exsudat alvéolaire en nid
d’abeille dans la lumière alvéolaire.
- A la phase d’état, on note un infiltrat lympho-plasmocytaire dans les cloisons
intra –alvéolaires.
- Au stade ultime de la pneumocystose, une alvéolite macrophagique est
présente.
Source : https://library.med.utah.edu/WebPath/INFEHTML/INFEC003.html
Figure 6. 12 : Biopsie pulmonaire montrant des infiltrats alvéolaires au
cours d’une pneumocystose
139
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
E. Diagnostic moléculaire
Il est basé sur la détection de l’ADN de Pneumocystis jirovecii dans différents produits
pathologiques : LBA, expectoration induite, lavage oropharyngé, par les techniques
d’amplification génique : PCR conventionnelle et PCR en temps réel plus spécifique.
Initialement, l’amorce utilisée était une séquence d’ARNr du gène 5S mitochondrial de
Pneumocystis jirovecii. (Wakefield AE et al., 1991). Au fur et à mesure de la
connaissance du génome du champignon, différentes séquences de gènes ont été
amplifiées : l’ITS de l’ADN ribosomique, la glycoprotéine majeure de surface (MSG), la
sous-unité mitochondriale mtrRNA (Yang Lu et al., 2011).
Ces techniques moléculaires sont plus sensibles que les techniques microscopiques
mais posent un problème d’interprétation car il existe des porteurs sains.
En cas de test positif, il faut différencier la colonisation de l’infection, en quantifiant la
charge infectieuse par une PCR quantitative en temps réel. De plus, le test reste positif
quelques jours à quelques semaines après traitement. La détection de l’ARN
spécifique par une RT-PCR serait une alternative pour diagnostiquer l’infection.
Par contre, la PCR a une très forte valeur prédictive négative.
A. Buts
Le traitement est instauré pour :
- Eliminer le champignon de l’organisme du sujet parasité ;
- Obtenir la disparition des manifestations cliniques de la pneumocystose.
B. Moyens
Le traitement est à base d’antibiotiques ou de molécules antiparasitaires.
• Cotrimoxazole : association Triméthoprime (TMP)-Sulfaméthoxazole(SMZ)
Présenté en comprimés sous 2 dosages : TMP 80mg-SMZ 400mg et TMP 160mg-SMZ
800mg, et en ampoules pour administration par voie intraveineuse.
Effets secondaires: éruption cutanée, fièvre, leucopénie, anémie, thrombopénie,
élévation des transaminases.
• Iséthionate de pentamidine : poudre à 300mg à dissoudre dans 10ml d’eau
distillée, pour administration par voie intraveineuse, ou aérosol
Effets secondaires: insuffisance rénale, hypotension orthostatique, hyperglycémie,
troubles du rythme cardiaque, pancréatite, hypercalcémie, hyperkaliémie, goût
métallique.
- Atovaquone suspension orale.
140
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
C. Indications/posologie
Traitement d’attaque
Il dure 3 semaines.
a) En première intention
Cotrimoxazole : TMP 15mg/kg/j –SMZ 75mg/kg/j sans dépasser 6 comprimés dosés à
160/800mg par jour ou 12 ampoules par jour.
b) En deuxième intention, il existe plusieurs alternatives :
- Iséthionate de pentamidine : 3 à 4mg/kg/j en IV ou 300mg/j en aérosol
- Atovaquone : 750mg x 2/j
- Clindamycine 1800mg/j en 3 prises associé à la Primaquine 30mg/j en une prise
- Dapsone 100mg /j associé à la Triméthoprime 20mg/Kg/j
- Trimétrexate IV 45mg/m² associé à de l’acide folinique 20mg/m² toutes les 6
heures, dans les formes sévères.
Traitement d’entretien
Indispensable tant que le taux des T CD4 est inférieur à 200/mm³.
Il doit être arrêté quand le taux des T CD4 devient supérieur à 200/mm³ et la charge
virale VIH inférieure à 1000 copies/ml.
a) En première intention
Cotrimoxazole : 1 comp dosé à 80/400mg par jour ou 1 comp dosé à 160/800mg 3 fois
par semaine.
b) En deuxième intention
Plusieurs alternatives :
- Pentamidine aérosol : 4mg/kg/semaine ;
- Atovaquone : 750mgx2/j ;
- Dapsone : 100 mg/j.
Traitements adjuvants
a) Corticothérapie par voie orale
Elle est recommandée chez les patients VIH+ présentant une pneumocystose
pulmonaire hypoxémiante avec une PaO2 inférieure à 70mmHg en air ambiant. Elle
consiste à la prise de prednisolone à raison de 240mg/j pendant les 3 premiers jours
puis à dose décroissante.
b) Traitement antirétroviral chez les sujets VIH+ pour restaurer l’immunité
Il doit être instauré 2 à 3 semaines après le début du traitement spécifique de la
pneumocystose, pour éviter le risque de survenue du syndrome de restauration
immunitaire.
141
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
IV. Prophylaxie
A. Buts
La prophylaxie de la pneumocystose est instaurée pour :
- Prévenir le développement de la pneumocystose chez des sujets à risque :
infection à VIH avec un taux de CD4 inférieur à 200/mm³, chimiothérapie
anticancéreuse en cours, corticothérapie prolongée, transplantation d’organe et
en cas de greffe de moelle osseuse. C’est l’objectif de la prophylaxie primaire ;
- Eviter une rechute de pneumocystose : c’est la prophylaxie secondaire.
B. Moyens
Que ce soit en prophylaxie primaire ou en prophylaxie secondaire, le protocole
thérapeutique est analogue au traitement d’entretien. La molécule de première
intention est le cotrimoxazole, et l’alternative la plus efficace est l’atovaquone. Cette
chimioprohylaxie doit être interrompue lorsque le taux des lymphocytes CD 4 devient
supérieur à 200/mm³ pendant 6 mois.
Conclusion
La pneumocystose est une mycose opportuniste au cours de l’infection à VIH/SIDA et
survenant aussi chez des sujets immunodéprimés par d’autres causes. Le diagnostic
biologique de certitude nécessite d’avoir des plateaux techniques conséquemment
équipés permettant d’effectuer des prélèvements adéquats et d’utiliser des
techniques de biologie moléculaire qui améliorent la sensibilité du diagnostic. Le
traitement actuel à base d’antibiotiques ou d’antiparasitaires devrait bénéficier de
l’apport des échinoocandines dont des études cliniques ont montré l’action curative
chez des sujets immunodéprimés.
Bibliographie
ADERAYE G ; WOLDEAMANUEL Y., ASRAT D., LEBBAD M., BESER J., WORKER A. et al.
Evaluation of Toluidine Blue O staining for the diagnosis of Pneumocystis jirovecii in
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Pneumocystose
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DELUOL A.M. Atlas de Parasitologie, vol4. Format Utile-Varia, Saint-Maur, 2004,98 p
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79
143
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
7 MICROSPORIDIOSES
Rédigé par Pr Thera Mahamadou Ali (Mali), Relu par Pr Dieng Thérèse (Sénégal), Pr Ndiaye
Jean Louis Abdourahim (Sénégal), Pr Traoré Boubacar (Mali) et Pr Kassi Fulgence
(Côte d’Ivoire)
144
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
Introduction
Les microsporidioses sont des affections dues à des parasites intracellulaires des
cellules muqueuses, ayant un comportement opportuniste chez le sujet
immunodéprimé provoquant le plus souvent une diarrhée sévère avec amaigrissement
important. Elles font parties des infections parasitaires opportunistes du SIDA.
Sur le plan historique, les agents pathogènes des microsporidioses sont de découverte
récente. Cela explique qu’il existe encore des zones d’ombre dans leur biologie et leur
épidémiologie. Au XIXème, l’industrie de la soie des pays méditerranéens fut frappée
par une maladie du ver à soie, entrainant la ruine de cette industrie. Les efforts pour
en comprendre la cause ont identifié une affection parasitaire, la pébrine et les
microsporidies, comme agents pathogènes de la pébrine. Le premier cas humain a été
décrit par Torrès au Brésil seulement en 1927. La relation microsporidiose et SIDA est
établie par Desportes-Livage avec la description d’Enterocytozon bieneusi en 1985. En
1991, c'est au tour d’Encephalitozoon (Septata) hellem et, en 1993, une troisième
espèce pathogène pour l’homme est isolée, Encephalitozoon intestinalis.
145
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
I. Épidémiologie
A. Agent pathogène
1. Taxonomie
Autrefois classées parmi les protozoaires, suite à la compréhension de leur biologie et
grâce à la biologie moléculaire, les microsporidies ont été reclassées parmi les
champignons (Mucoromycotina).
Ce sont des eucaryotes parasites intracellulaires obligatoires appartenant au règne des
Mycètes, au phylum Microspora, à la classe Microsporea, à l'ordre Microsporida, à la
famille Microsporidae. Plus de 144 genres et plus de 1200 espèces ont été décrits. Huit
genres ont été décrits chez l’homme : Brachiola, Microsporidium, Nosema,
Pleistophora, Trachipleistophora, Vittaforma, Enterocytozoon et Encephalitozoon. Les
deux derniers genres sont les principaux responsables de la pathologie humaine. Les
espèces en cause sont: Enterocytozoon bieneusi, Encephalitozoon (Septata)
intestinalis, Encephalitozoon hellem et Encephalitozoon cuniculi. Parmi ces espèces, E.
bieneusi et E. intestinalis provoquent la plus grande morbidité liée aux
microsporidioses. Enterocytozoon bieneusi parasite les cellules de la muqueuse de
l’intestin grêle (entérocytes) et des voies biliaires. Elle est fréquemment rencontrée.
Encephalitozoon intestinalis parasite les cellules de la muqueuse de l’intestin grêle
mais aussi des voies urinaires et aériennes supérieures.
2. Morphologie
Les stades parasitaires décrits sont : la spore, le méronte, le sporonte, le sporoblaste.
La spore est la forme infectante, de résistance et de dissémination du parasite. La
spore permet le diagnostic. Son contenu est compact, et sa paroi épaisse est riche en
chitine.
- E. bieneusi : spore oviforme, mesure 1,3µ sur 0,7 µ.
- E. intestinalis : spore piriforme, mesure 1,7µ sur 1-1,1µ,
La spore contient un tube polaire enroulé en spirale dans sa partie postérieure autour
d’un noyau et une vacuole postérieure.
Les microsporidies sont des parasites de très petite taille, et leur découverte
relativement récente fait que leur biologie et leur épidémiologie ne sont pas encore
complètement élucidées. Leur mise en évidence dépend de la sensibilité des moyens
mis en œuvre pour les détecter.
146
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
3. Biologie
Les microsporidies sont des eucaryotes dépourvus de mitochondries. Elles puisent
donc leur énergie dans les cellules parasitées, d’où la localisation intracellulaire
obligatoire afin d’utiliser les mitochondries des cellules-hôtes.
Leur développement se fait en deux étapes : la schizogonie et la sporogonie.
La spore est la forme de résistance et de dissémination du champignon.
4. Pathogénie
La pathogénie des microsporidies reste mal connue. L’envahissement des entérocytes
par les microsporidies à tropisme digestif (E. bieneusi et E. intestinalis) conduit à des
troubles hydroélectrolytiques, une stéatorrhée (diarrhée graisseuse), un syndrome de
malabsorption et des lésions importantes de l’épithélium digestif. Avec E. intestinalis,
une dissémination hématogène avec atteinte rénale et pulmonaire peut être obsevée.
147
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
C. Habitat
Enterocytozoon bieneusi infecte principalement les cellules épithéliales entérocytaires
de l'intestin grêle et les cellules de la muqueuse du tractus biliaire des patients atteints
de Sida.
Encephalitozoon intestinalis infecte d’abord les entérocytes de l'intestin grêle puis
dissémine par voie hématogène ou lymphatique et infecte les cellules des muqueuses
nasale, sinusale et l’arbre urinaire, même s'il peut, comme tout Encephalitozoon, se
disséminer dans tout l'organisme. Il est retrouvé aussi dans les neutrophiles et les
macrophages.
D. Mode de contamination
La forme infectante du parasite est la spore. La voie de contamination de l’hôte est la
voie orale par ingestion des spores directement par les mains sales ou indirectement
par les aliments souillés ou l’eau contaminée du fait du péril fécal. Une possibilité de
contamination directe interhumaine existe. L’élimination des spores par les selles fait
de la microsporidiose une maladie liée au péril fécal. Une élimination urinaire est
décrite
E. Cycle biologique
Le cycle est monoxène. Il se déroule chez un seul hôte. Au niveau du tube digestif, les
spores ingérées envahissent les entérocytes et se multiplient à l’intérieur. Cette phase
se déroule en 3 étapes :
Une étape infectieuse qui consiste en une opération missile avec propulsion du
contenu de la spore dans la cellule-hôte, par détente de la vacuole postérieure et
extrusion du tube polaire dans la cellule-hôte : le contenu sporal est injecté à la
manière d’une seringue dans la cellule cible.
Une étape de multiplication schizogonique ou mérogonie, qui débute après
l'inoculation du stade infectant, le sporoplasme issu de la spore. La multiplication
binaire intracellulaire aboutit à la formation d'un schizonte mérogonique ou méronte.
Une étape de sporulation ou sporogonie, qui est en fait l'évolution des schizontes en
sporontes. Ces sporontes subissent des remaniements cytologiques pour constituer
des sporoblastes, puis des spores qui sont libérées dans la lumière intestinale après la
lyse de la cellule-hôte. Les spores sont éliminées dans le milieu extérieur avec les fèces.
Dans la même cellule-hôte, les différentes phases de multiplication et de sporulation
coexistent en même temps.
Dans le cas d’Enterocytozoon bieneusi : la mérogonie et la sporogonie se produisent
directement dans le cytoplasme de la cellule-hôte.
148
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
F. Facteurs favorisants
Le cycle est favorisé par l’immunodépression due au SIDA si le nombre de lymphocytes
T CD4+ est inférieur à 50/mm3. D’autres circonstances entrainant une
immunodépression sont aussi des facteurs favorisants, par exemple
l’immunodépression iatrogène pour une greffe de moelle, ou une transplantation
d’organe, celle due au traitement d’un cancer. La malnutrition et l’hygiène déficiente
favorisant le péril fécal sont des facteurs favorisants. Il a été rapporté aussi une
susceptibilité plus grande des enfants et des voyageurs, même s’ils sont
immunocompétents, à l’occasion des épisodes de diarrhées des voyageurs « tourista ».
G. Répartition géographique
Elle très mal connue et dépend des moyens mis en œuvre pour mettre les spores en
évidence. Les microsporidies sont cosmopolites. Il existe un réseau international
d’étude des microsporidies qui applique l’outil moléculaire pour caractériser
l’épidémiologie des microsporidies.
Le consortium du Génome des Microsporidies, basé au niveau de l’Institut Broad, a
entrepris un effort de séquençage du génome des microsporidies.
(http://www.broadinstitute.org/annotation/genome/microsporidia_comparative/Mult
iHome.html)
149
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
B. Diagnostic mycologique
Le diagnostic de certitude de la microsporidiose est mycologique. Il consiste à mettre
en évidence les spores dans les prélèvements de produits pathologiques.
Le plus souvent, on fera un prélèvement de selles diarrhéiques. On peut également
examiner les urines, le jetage nasal, le liquide de ponction sinusale ou du lavage
broncho-alvéolaire, les biopsies d’organes (intestin, foie, pancréas, poumon, rein et
cerveau).
Les différentes techniques mises en œuvre, se basent sur la coloration des spores par
des colorants spécifiques qui se fixent sur la chitine de la paroi. Les prélèvements sont
enrichis selon la méthode de concentration de Ritchie. Un frottis réalisé à partir du
culot du Ritchie est coloré soit par la technique de l’Uvitex 2B, soit par la coloration
trichromique de Weber. Le fluorochrome Uvitex 2B utilise un dérivé du stilbène qui
colore la chitine en bleu brillant très prononcé à la périphérie.
La coloration trichromique de Weber utilise le chromotrope 2R qui colore la chitine en
rose brillant. L’intérêt de l’Uvitex 2B est sa sensibilité plus grande, mais il est peu
spécifique. Cette technique est utilisée seulement pour le dépistage. L’intérêt de la
technique de Weber réside dans le fait qu’elle constitue la technique parasitologique
de référence. Elle est plus spécifique. La lecture est cependant longue et difficile,
exigeant un laboratoire spécialisé et des lecteurs chevronnés. Sur le plan des résultats,
l’Uvitex 2B montre les spores colorées en bleu sur fond noir, et le Weber les montrent
150
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
D. Diagnostic moléculaire
Les amorces spécifiques d’espèces sont utilisées par PCR pour l’amplification génique
de l’ARN ribosomal à l’aide d’amorce spécifique d’espèce. Très sensible et très
spécifique, cette technique permet l’indentification de l’espèce et est aussi appliquée
dans le cadre du réseau international Microsopridioses pour mieux comprendre la
biologie des microsporidies.
E. Diagnostic histologique
Elle occupe une place importante surtout si l’examen parasitologique des selles revient
négatif. L’examen histologique étudie les aspects physiopathologiques et les
modifications architecturales de la muqueuse intestinale. Elle est effectuée sur les
biopsies duodénales, jéjunales et iléales obtenues par fibroscopie. La coloration est
faite au Giemsa, au bleu de toluidine O, au Gram modifié ou au trichrome.
Les parasites sont facilement reconnaissables par leur localisation caractéristique à
l’intérieur des entérocytes, en position supra-nucléaire.
F. Microscopie électronique
C’est la méthode de référence. L’examen en microscopie électronique des tissus
permet le diagnostic et l’identification de l’espèce en cause.
151
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
A. But
Le but visé est d’interrompre l’élimination des spores et améliorer l’état clinique du
patient.
B. Moyens
Les moyens sont médicaux spécifiques et généraux. Les moyens médicaux spécifiques
sont les médicaments tels que l’albendazole, la fumagilline, la nitazoxanide et les
dérivés TNP-470. Les moyens généraux consistent à assurer la prise en charge de
l’infection à VIH par les antirétroviraux (ARV).
C. Indications/posologies
Les moyens médicaux sont indiqués comme suit :
- Pour la prise en charge d’une infection à E. bieneusi, la fumagilline à 60mg par
jour est recommandée pendant 14 jours. Très efficace, cette molécule entraine
une thrombopénie et coûte cher. Ensuite, la nitazoxanide (Cryptaz®) est aussi
efficace à la dose de 1g, 2 fois par jour, pendant 60 jours consécutifs. Enfin le
dérivé TNP-470, est un analogue à la fumagilline, tout aussi efficace et moins
toxique qui représente une bonne alternative ;
- Pour la prise en charge d’une infection à E. intestinalis, l’albendazole à la dose de
400mg, 2 fois par jour pendant 21 jours constitue l’approche la plus efficace, et
qui est aussi bien tolérée.
Ces traitements améliorent le pronostic de l’infection microsporidienne. Toutefois,
aucun traitement à ce jour ne permet une guérison parasitologique complète. Les
rechutes sont fréquentes. Seule la restauration immunitaire par les ARV permet de les
diminuer.
D. Suivi biologique/post-thérapeutique
En cas de traitement par la fumagilline, une surveillance hématologique
(hémogramme) et biochimique (créatininémie, transaminénie, lipasémie,
bilirubinémie) sont necessaires.
152
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
IV. Prévention
A. But
Le but de la prévention est de rompre la chaîne épidémiologique de transmission.
B. Moyens/stratégies
Pour cela, il faut appliquer les règles strictes individuelles et collectives de lutte contre
le péril fécal. En particulier, il faut adopter les règles hygiéno-diététiques qui visent à
limiter le risque de contamination interhumaine ou celui de la contamination par des
aliments pouvant faire l’objet d’une contamination fécale. Quelques exemples sont la
mise à disposition d’eau potable, la protection du réseau hydrique, les mesures
individuelles tel le lavage systématique des mains.
Résumé
Les microsporidioses sont des affections mycologiques opportunistes du SIDA. Deux
espèces sont les plus fréquentes en pathologie humaine : E. bieneusi et E. intestinalis.
Elles provoquent chez l’immunodéprimé une diarrhée chronique avec cachexie. Le
diagnostic est mycologique et immunologique et requiert des laboratoires spécialisés.
Il existe des traitements dont l’efficacité reste limitée. La thérapie antirétrovirale reste
indispensable.
Conclusion
Les microsporidioses sont des affections fréquentes chez le sujet VIH+ fortement
immunodéprimé. Leur localisation la plus fréquente est intestinale. Du fait de
l’environnement particulièrement propice en Afrique (péril fécal) à leur transmission,
leur diagnostic doit être évoqué dans tous les cas de diarrhée prolongée avec
amaigrissement. La prévention passe par l’adoption des règles hygiéno-diététiques.
153
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Microsporidioses
Bibliographie
1- http://www.mnhn.fr/mnhn/bpph/zdoc/Evolution2001/Desportes/Desportes.htm
2- http://www.md.ucl.ac.be/loumed/CD/DATA/118/446-456.PDF
3- Parasitologie Mycologie médicale, Anofel, 7 ème éd. Angers
4- Epidémiologie des maladies parasitaires, 3, Opportunistes, Coord. Christian Ripert,
Ed. Médicale Internationale (EM Inter)
5- http://www.infectiologie.org.tn/pdf/cmi/05032010/microspidines_digestives.pd
6- I. Maiga, O. Doumbo, M. Dembele, H. Et al Microsporidiose intestinale humaine à
Bamako (Mali) : présence d’Enterocytozoon bieneusi chez les patients séropositifs pour
le VIH. Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé. 1997 ; 7 (4) :257-0.
154
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
8 MYCETOMES
Rédigé par Pr Ndiaye Daouda (Sénégal), Relu par Pr Menan Hervé (Côte d’Ivoire),
Pr Thera Mahamadou (Mali) et Pr Doumbo Niaré Safiatou (Mali)
155
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
Introduction
Les mycétomes se définissent comme « tout processus pathologique au cours duquel
des agents fongiques ou actinomycosiques d’origine exogène produisent des grains
parasitaires » [1].
156
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
I. Épidémiologie
A. Agent pathogène
TAXONOMIE
Les agents étiologiques des mycétomes sont nombreux. Welsh en 2007 répertoriait 13
espèces d’actinomycètes impliquées contre 29 fongiques [3]. Certaines espèces citées
avaient été récemment décrites comme Nocardia mexicana identifiée en 2004[4].
L’identification des espèces repose sur l’aspect histologique des grains et les données
des cultures. Elle a été récemment renforcée par l’apport de la biologie moléculaire.
Grâce à la biologie moléculaire, la taxonomie des champignons à l’origine de
mycétomes est en train d’être notablement modifiée [5,6]. A partir des séquences des
gènes codant pour les ARN ribosomaux, Madurella mycetomatis a été repositionnée
dans l’ordre des ascomycètes. Madurella grisea, espèce supposée jusqu’ici proche de
la précédente a été montrée comme appartenant en fait à l’ordre des pleosporales. À
partir de cultures identifiées initialement comme M. grisea par des méthodes
classiques, quatre groupes génétiques distincts ont été mis en évidence. Leptospheria
senegalensis et Leptospheria tompkinsii sont nommés respectivement Falciformispora
senegalensis, Falciformispora tompkinsi [7].
157
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
MORPHOLOGIE
158
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
159
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
Actinomycosiques
A. pelletieri 0,3-0,5 mm Rouge Molle à dure
A. madurae 0,5-10 mm Blanc Molle
S. somaliensis 0,5-2 mm Jaune Très dure
N. brasiliensis 50-150 µm Blanc jaunâtre Molle
N. asteroides 50-150 µm Blanc jaunâtre Molle
PATHOGENIE [12,13]
160
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
Les grains ont trois destinées: une partie est éliminée par les fistules, une autre
détruite par la réaction tissulaire, et une autre, enfin, migre et ensemence soit des
tissus voisins, soit des tissus distants, par voie lymphatique. Les collections s’étendent
de proche en proche jusqu’à l’aponévrose. Un certain nombre de mycétomes ont leur
développement limité, sans franchir cette barrière. Le processus reprend le plus
souvent après un temps d’arrêt. Il peut y avoir envahissement du muscle, érosion des
tendons et sclérose des nerfs. Les os sont attaqués de l’extérieur, à l’inverse de ce qui
est observé dans les ostéomyélites bactériennes. Une activité ostéoclastique est
observée lorsque la réaction purulente est au contact du tissu osseux. Elle est à
l’origine de géodes dont la taille est proportionnelle à celle du grain. La construction
osseuse se faisant simultanément est ostéoblastique.
161
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
Sénégal, ces deux auteurs ont isolé N. asteroïdes et N. brasiliensis du sol. Sur le
continent américain, certains agents ont été également signalés dans le sol de
différentes régions. C’est le cas de P. boydii isolé par Emmons et Ajello, de M. grisea
isolé par Borelli au Venezuela. En Inde, c’est M. mycetomatis qui a été isolé du sol.
Dans les populations rurales, les plus exposées aux traumatismes infectants, la
majorité des patients atteints de mycétomes sont des cultivateurs ou des éleveurs. Sur
une série de 1 374 patients au Mexique, 60,2% étaient cultivateurs. Le deuxième
groupe en importance, 21,3%, était représenté par les femmes au foyer dont la
plupart, d’origine rurale, participaient également aux travaux champêtres. Les maçons,
charpentiers, menuisiers sont également particulièrement exposés à la contamination.
162
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
164
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
maladie est marquée. Le pied est atteint dans 70 à 80% des cas réalisant dans les
formes avancées le classique « pied de Madura ». Autrement, l’infection peut siéger en
n’importe quel endroit du corps. Une tuméfaction polyfistulisée est très évocatrice de
la maladie ; elle devient pathognomonique si l’on constate l’émission de pus contenant
des grains visibles à l’œil nu (Figure 8. 4). Parfois, les grains ne peuvent être mis en
évidence que par la microscopie en raison de leur petite taille (Nocardia sp.) ou les
fistules ne pas être productives au moment de l’examen. Les formes non fistulisées à
type de nodule, dont la fréquence est probablement sous-estimée, ne sont
diagnostiquées que par l’examen anatomopathologique. L’évolution est lente se
faisant sur des années, aboutissant à plus ou moins long terme à des complications.
Une forme clinique tout à fait particulière est représentée par les mycétomes à
dermatophytes du cuir chevelu. Tous les auteurs ne sont pas d’accord pour les
considérer comme des mycétomes, et certains préfèrent le terme de «
pseudomycétomes ». L’un des arguments pour réfuter le terme de mycétome est que
leur pathogénie est différente ; le champignon est, dans ce cas, un dermatophyte
endogène. Le tableau clinique est celui d’une tumeur végétante du cuir chevelu
rarement fistulisée. Une teigne associée est parfois notée. La majorité des cas décrits
concerne l’adulte. L’évolution est très lente, il n’y a pas d’envahissement osseux.
165
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
B. Diagnostic mycologique
Le diagnostic biologique comporte les étapes suivantes : recueil et examen direct des
grains dans les cas où il y a émission de ceux-ci, culture des grains, biopsie et examen
anatomopathologique. Certaines méthodes ne sont pas de pratique courante pour
l’instant comme les méthodes sérologiques ou la biologie moléculaire.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
PRÉLÈVEMENTS
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Mycétomes
[Develoux M., Dieng M. T., Ndiaye B. Mycétomes. Encycl Méd Chir, Maladies
infectieuses. 2002 ; 8-606-A :10-11] [9].
Figure 8. 7 : Grains d’Actinomadura pelletieri (x180). [9]
168
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Mycétomes
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Mycétomes
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Mycétomes
CULTURES [23,24]
Pour effectuer les cultures il faut recueillir un maximum de grains. Ils sont en effet
constitués de filaments enchevêtrés, morts en majorité. Un certain nombre de grains,
non viables, ne pousseront pas. Les grains sont déposés dans des milieux en tube, un
par un à 2cm de distance sur milieu de Sabouraud-antibiotiques sans actidione s’ils
sont fongiques, sur Sabouraud sans antibiotiques ou milieu de Loewenstein s’ils sont
actinomycosiques ou s’il s’agit de pus contenant des grains microscopiques type
Nocardia. Lorsque l’on hésite entre une étiologie fongique ou bactérienne (grains
blancs ou jaunes), les deux types de milieu doivent être ensemencés. Les tubes sont
mis à 27-30°C et à 37°C, certains agents se développant mieux à l’une ou l’autre de ces
températures. Selon les espèces, les cultures sont plus ou moins longues, plus ou
moins faciles à obtenir. Les principaux caractères des cultures des agents
prédominants des mycétomes sont réunis dans les tableaux 8. 3 & 8. 4. Les grains
noirs des espèces fongiques les plus communes ont une pousse lente, les cultures ne
débutant qu’au bout de deux semaines en moyenne. Les cultures sont généralement
plus rapides pour les espèces fongiques donnant des grains blancs. Bien souvent, on
n’obtient que peu ou pas de fructifications et des repiquages sur milieux pauvres
(Malt, pomme de terre-carotte) s’avèrent nécessaires pour les obtenir. Le diagnostic
d’espèce s’appuie sur l’aspect macroscopique (Figure 8. 8) des cultures (recto-verso,
pigment diffusible) et l’aspect microscopique. L’aspect macroscopique peut varier de
façon notable selon les souches. Les fructifications caractéristiques de certaines
espèces (Figure 8. 7. et 8. 8B) ne s’obtiennent pas toujours et lorsqu’elles sont
présentes, n’apparaissent qu’après un intervalle de plusieurs semaines à plusieurs
mois. Le diagnostic d’espèce d’un mycétome fongique est donc long et difficile et
nécessite l’avis d’un laboratoire spécialisé.
En zone d’endémie où les possibilités diagnostiques sont limitées, il est rarement fait,
et l’on se base alors sur la couleur des grains et leur aspect à l’examen direct pour
distinguer actinomycètes et champignons en l’absence de laboratoire
d’anatomopathologie.
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Mycétomes
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Mycétomes
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Mycétomes
A. Grain vésiculeux de M. mycetomatis (H&E x 100) – B. Périphérie d’un grain type Falciformispora
senegalensis montrant l’hyperpigmentation et la prédominance des vésicules en bordure (x 400)
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Mycétomes
La PCR amplifiant la région ITS 1, avec les amorces ITS 4 et ITS 5, combinée avec la RFLP
(restriction fragment length polymorphism) et/ou le séquençage des produits de PCR
obtenus avec les amorces 26.1 A et 28.3 A, spécifiques d’espèce, ont été mises au
point pour l’identification de M. mycetomatis et ont permis également de le
différencier de M. grisea. Plus récemment, il a été montré que l’amplification de la
région ITS 1-2, utilisant les amorces V9D et LS266 suivie du séquençage, était une
technique fiable pour l’identification d’espèce des agents responsables de mycétomes
à grains noirs.
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Mycétomes
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Mycétomes
A. But
- Eliminer les agents infectieux responsables de la maladie ;
- Réparer les dégâts tissulaires ;
- Prévenir la reprise du processus infectieux ;
- Garder le potentiel fonctionnel du patient tout en pratiquant une exérèse large
pour éviter une reprise secondaire du processus ;
- Prise en charge éventuelle de la douleur.
B. Moyens
Moyens médicamenteux
Les Sulfonamides, les Aminoglycosides, les Tétracyclines, les Pénicillines, etc., sont
autant de classes d’antibiotiques utilisés, seuls ou en association, à des doses variables,
pour le traitement des actinomycétomes.
Moyens chirurgicaux
Il est réservé aux mycétomes fongiques résistant au traitement médicamenteux, dans
les mycétomes bactériens avec destruction osseuse sévère. La chirurgie propose de
réaliser une exérèse la plus complète possible.
C. Indications
Traitement des eumycetomes [33-39]
Les résultats des traitements médicaux sont inégaux dans les mycétomes fongiques.
Pour l’instant, les meilleurs résultats ont été obtenus avec le kétoconazole dans le
traitement des mycétomes à M. mycetomatis. Sur 50 patients traités par kétoconazole
à la dose de 400 mg/j, 72% furent guéris ou présentèrent une amélioration clinique
notable (fermeture des fistules, diminution importante de la tuméfaction),
l’amélioration fut moins marquée dans 20% des cas. Dans 8% des cas, il n’y avait pas
d’amélioration ou parfois même aggravation. Des guérisons ou rémissions ont
également été obtenues avec l’itraconazole, qui pour certains serait plus efficace que
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Mycétomes
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Mycétomes
IV. Prévention/prophylaxie
Le mycétome n’est pas une maladie à déclaration obligatoire (dont la notification est
exigée par la loi), et il n’existe pas de système de surveillance. Il n’y a pas encore de
programmes de prévention ou de lutte. La prévention est difficile, mais il faut
conseiller aux personnes qui vivent ou voyagent dans les zones d’endémie de ne pas
marcher pieds nus. Il est important en revanche de traiter rapidement les blessures,
même minimes, qui seraient susceptibles d’être infectantes. Après traitement, il faut
suivre le patient pendant plusieurs années pour dépister au plus tôt une reprise
éventuelle du processus, qui peut survenir plusieurs années après même s’il y a
guérison clinique apparente. Le 28 mai 2016, la Soixante-Neuvième Assemblée
mondiale de la Santé a approuvé une résolution (WHA69.21) reconnaissant le
mycétome comme étant une maladie tropicale négligée. L’élaboration d’une stratégie
de santé publique de lutte et de prévention nécessite de collecter des données
épidémiologiques sur la charge de morbidité, d’investir dans la recherche et le
développement de produits de façon à pouvoir instaurer à faible coût la prévention, le
diagnostic, le traitement précoce et la prise en charge des cas dans les milieux ayant
peu de ressources. Actuellement, le dépistage actif des cas avec un diagnostic et un
traitement précoce à l’aide des outils disponibles est l’approche la plus adaptée pour
faire baisser la charge du mycétome.
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Mycétomes
Le 24 mars 2017, l’OMS a organisé une réunion informelle à Genève (Suisse), pour
déterminer les priorités dans la mise en œuvre de la résolution WHA69.21. Les
domaines retenus sont l’épidémiologie, la prise en charge des cas, la prévention, le
renforcement des systèmes de santé et des capacités, le suivi et l’évaluation, la
recherche, le plaidoyer et la mobilisation des ressources.
Conclusion
Les mycétomes sont toujours d’actualité dans les pays d’endémie qui se trouvent dans
les régions tropicales sèches de l’hémisphère Nord. Il faut différencier les mycétomes
fongiques des mycétomes actinomycosiques, dont les traitements sont différents. Cela
peut être fait la plupart du temps par des examens simples. Le principal problème posé
par les mycétomes en zone d’endémie est le retard au diagnostic qui aggrave le
pronostic. Faire diminuer ce délai impose une formation et une sensibilisation des
populations exposées et des personnels médicaux et paramédicaux exerçant en milieu
rural. Le traitement médical des actinomycétomes permet d’obtenir des résultats
satisfaisants si le diagnostic est porté assez tôt, mais le traitement des mycétomes
fongiques, médicochirurgical ou chirurgical, est décevant. Soit il laisse un patient
mutilé, soit il est suivi de récidives nécessitant de nouvelles interventions. Bien que
restant un problème préoccupant, les mycétomes sont occultés par les nombreuses
autres priorités médicales de ces régions du monde.
180
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Mycétomes
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Mycétomes
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Mycétomes
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Aspergilloses
9 ASPERGILLOSES
Rédigé par Pr Badiane Aïda Sadikh (Sénégal), Relu par Pr Menan Hervé (Côte d’Ivoire),
Pr Dieng Thérèse (Sénégal) et Pr Kassi Fulgence (Côte d’Ivoire)
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Aspergilloses
Introduction
Définition
Les aspergilloses sont des mycoses principalement respiratoires dues à des
champignons filamenteux, cosmopolites, ubiquitaires, opportunistes appelés
Aspergillus.
Les formes les plus fréquentes sont les formes pulmonaires. Elles sont de plus en plus
diagnostiquées chez les immunodéprimés notamment chez les malades hospitalisés
dans les services hématologiques. Ce sont principalement des mycoses opportunistes.
Le diagnostic d’une aspergillose est difficile à poser parce que les Aspergillus sont des
moisissures contaminants des cultures au laboratoire, ce qui rend l’interprétation des
résultats difficile. Le complexe A. fumigatus est responsable de la majorité des formes
cliniques observées. La mortalité est très élevée chez les malades immunodéprimés
justifiant une prise en charge précoce et la mise en place de moyens préventifs dans
les services à risque.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
1. Taxonomie
La taxonomie des microorganismes est actuellement très dynamique ; il y a eu
beaucoup de changements ces dernières années. Depuis 2012, le code international de
la nomenclature pour les algues, les champignons et les plantes (International Code of
Nomenclature for algae, fungi and plants (ICN, McNeill & al., 2012) a institué le
concept « un champignon un nom ; ou en anglais one fungi one name ». Comment
choisir un nom, parmi ceux qui existent déjà en gardant le plus d’information possible
avec ce nom reste cependant un défi. Le sujet est toujours à discussion. La taxonomie
présentée ici est basée sur les données biologiques disponibles (Samson et al., 2014).
Ainsi, dans le monde du vivant, les Aspergillus appartiennent au :
Règne: Fungi ;
Phylum: Ascomycota ;
Classe: Ascomycètes ;
Ordre: Eurotiales ;
Famille: Trichocomaceae ;
Genre: Aspergillus.
Complexe d’espèces : Il en existe près de 300 dont une trentaine responsable de
pathologie humaine et animale ; les plus impliqués en pathologie humaine sont :
A. fumigatus, A. flavus, A. niger, A. nidulans, A. versicolor
Exemple du complexe A. fumigatus : regroupe plusieurs espèces responsables de
mycoses :
A. fumigatiaffinis, A. fumigatus (Neosartorya. fumigata), A. fumisynnematus, A.
lentulus, A. viridinutans, N. fischeri, N. glabra, N. hirasukae, N. pseudofischeri and N.
udagawae (A. udagawae)
A. niger fréquemment responsable d’otomycose: qui regroupe plusieurs espèces
aussi dont: A. tubingensis, A. foetidus, A. carbonarius et A. awamori.
186
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Aspergilloses
2. Morphologie
Les Aspergillus sont des champignons filamenteux. Le thalle est formé de filaments
mycéliens hyalins, de diamètre fin, régulier, septès et ramifiés.
Sur les filaments végétatifs prennent naissance à partir d’une cellule particulière
(cellule du pied) des filaments dressés, non cloisonnés appelés conidiophores (stipe)
terminés par une vésicule de forme variable qui porte les Phialides (cellules
conidiogènes) soit directement insérées sur la vésicule (tête unisériée) soit portées par
des métules (tête bisériée).
Les conidies ou spores bourgeonnent à l’apex des phialides et restent accolées les
unes aux autres en chaines non ramifiées.
Source : http://www.microbiologie-
medicale.fr/mycologie/identificationchampignons.htm
Tête unisériée (phialides insérées Tête bisériée (phialides insérées
directement sur la vésicule) sur la vésicule par des métules)
Figure 9. 1 : Tête aspergillaire uni et bisériée
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Aspergilloses
3. Biologie
La croissance des Aspergillus se fait entre 25 et 40˚C. Leur croissance est favorisée par
l’humidité, mais de nombreuses espèces peuvent se développer en milieu pauvre en
eau.
Les Aspergillus se reproduisent par mode asexué et parfois sexué pour certaines
espèces par formation de spores exogènes. Ils évoluent en milieu humide en
aérobiose. Les Aspergillus produisent des toxines telles que l’aflatoxine (A. fumigatus),
l’ochratoxine (A. Ochraceus), la citrinine (A. oryzae).
Les spores sont disséminées dans l’environnement, surtout pendant les travaux.
4. Pathogénie
Les Aspergillus sont des moisissures peu virulentes, très opportunistes dans certaines
circonstances. Les éléments participant à leur pathogénicité sont :
La petite taille des spores (2-3µm) leur donnant la possibilité d’atteindre les
alvéoles pulmonaires ;
La thermotolérance permettant leur développement chez leur hôte à 37°C
(jusqu’à 55°C pour A. fumigatus) ;
La capacité d’adhérence à la membrane basale et la capacité d’induire des
microlésions et des ulcérations vasculaires par le biais de toxines nécrosantes ;
Le tropisme vasculaire permettant le développement dans les vaisseaux et une
dissémination rapide par voie hématogène ;
La production de mycotoxines impliquées dans des processus de sensibilisation
responsables de manifestations allergiques.
B. Habitat
Les Aspergillus sont des saprophytes des matières organiques en décomposition. Ils
sont ubiquitaires retrouvées dans l’air, le sol, les surfaces, les aliments, l’eau.
Les spores sont véhiculées dans l’espace aérien avec les poussières. Le sol et les
milieux ruraux sont riches en Aspergillus.
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
Dans les habitations, ils sont retrouvés dans les logements insalubres, dans les endroits
poussiéreux, mais aussi dans les plantes. Certains aliments comme le thé, les épices
(poivre) contiennent également des Aspergillus.
Leur présence dans l’environnement augmente lors des travaux. L’humidité favorise
leur survie et leur développement.
C. Mode de contamination
La contamination se fait à partir des spores qui sont introduites dans l’organisme
habituellement par voie respiratoire par inhalation avec les poussières [1 ; 2].
Elle est également possible par voie cutanée lorsqu’il y a « une porte d’entrée » en cas
de traumatismes (accidentel ou chirurgical) [3] ; tels que les plaies, les brûlures etc.
Exceptionnellement, la contamination peut se faire par voie digestive.
D. Facteurs favorisants
Ces facteurs sont liés à l’hôte et à l’environnement.
E. Répartition géographique
Les aspergilloses sont des infections cosmopolites. Aussi bien les zones tempérées que
tropicales sont touchées. Cependant, il n’existe que très peu de données dans le
monde. Celles existantes sont issues d’estimations pour la plupart et concerne
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
Elles sont de loin les plus fréquentes, les poumons étant l’organe le plus atteint,
généralement retrouvées chez des patients immunocompétents. Dans ce groupe sont
notées :
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Aspergilloses
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Aspergilloses
C. Diagnostic mycologique
Il pose le diagnostic de certitude de l’aspergillose et repose sur la recherche du
champignon dans divers prélèvements.
1. Prélèvements :
Les prélèvements sont divers et dépendent de la forme clinique observée. Dans tous
les cas, il faudra respecter les règles d’asepsie. Si les prélèvements ne sont pas
effectués au laboratoire ou ne peuvent être acheminés immédiatement, ils sont
conservés à + 4˚C pour un délai aussi court que possible.
Origine pulmonaire :
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Aspergilloses
2. Examen microscopique
Il comprend un examen direct et un examen après coloration :
Examen direct :
Lorsqu’il est positif, cet examen montre des filaments mycéliens de taille moyenne, (2
à 4µm de diamètre), régulière, hyalins, septés, souvent dichotomiques, avec des
ramifications à angle aigu (Figure 9. 3).
En cas de lésions aérées (sinusite, aspergillome, otite), il est possible d’observer des
têtes aspergillaires : ceci a une forte présomption d’une aspergillose. La présence de
spores sans filaments n’a pas de signification.
Examen après coloration : différents colorants peuvent être utilisés ; noir chlorazole
réalisée de la même manière que le lugol ou les colorations effectuées sur des frottis
séchés telles que Giemsa, Musto ou Grocott modifié qui sont des colorations
argentiques et augmentent la sensibilité l’examen microscopique.
Des flurochromes comme le calcofluor [4] peuvent aussi être utilisés dans
l’examen direct et facilitent l’observation.
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Aspergilloses
A. Tête aspergillaire après culture sur Sabouraud ; B. Examen direct à l’état frais
montrant un filament septé à ramification dichotomique
Figure 9. 3 : Filament d’Aspergillus fumigatus
Source : MC. Seck, Laboratoire parasitologie-mycologie, Hôpital militaire de Ouakam-Dakar
3. Culture
Elle se fait sur milieu de Sabouraud additionné de Chloramphénicol sans cycloheximide
(actidione). Il est à noter que le cycloheximide inhibe Aspergillus, sauf en cas de forte
pathogénicité ; donc il est possible en parallèle d’ensemencer un milieu de Sabouraud
additionné de cycloheximide.
Les prélèvements peuvent être ensemencés dans des tubes ou dans des boîtes de
pétri. Sachant que l’isolement est meilleur en boîte mais les milieux sont vite
desséchés, et il y a des risques de contamination. L’ensemencement en tube assure
moins de contamination, mais est de manipulation plus délicate et la surface
ensemencée étant moins grande l’isolement peut être meilleur en boîte.
L’incubation se fait à 27°C et 37°C (A. fumigatus pousse à 37°C en 24-48h alors que les
autres espèces poussent lieux à 27°C). Les colonies sont typiques, si elles sont âgées de
8 à 10 jours.
Si les têtes aspergillaires sont mal formées ou difficiles à voir, il faut repiquer sur
d’autres milieux comme celui de Czapek (milieu de référence), le milieu à l’extrait de
malt, ou le milieu à base de corn (maïs) meal (mil) et agar.
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Aspergilloses
- Couleur : blanche au début la couleur varie avec l’apparition des spores des
formes sexuées et des sclérotes : ocre, brune, noire, verte, jaune ;
- Aspect : il peut être poudreux, broussailleux, granuleux ;
- Pigment : Il existe parfois un pigment au verso qui diffuse dans la gélose.
Microscopie :
- Conidiophore: qui peut être lisse ou échinulé, de taille variable, droit ou sinueux,
brun ou incolore, parfois septé ;
- Vésicule qui est de forme variable : allongée, globuleuse, hémisphérique ;
- Phialides formées directement sur vésicule ou portées par des métules. Elles
recouvrent toute la vésicule ou seulement la partie supérieure ;
- Conidies lisses ou verruqueuses, rondes ou allongées ;
- Tête aspergillaire soit en colonne longue ou courte, soit radiaire ou irrégulière ;
- Pour certaines souches homothalliques, à côté des têtes aspergillaires, il est
possible devoir des cléistothèces (masses jaunes ou brunes formées d’un tissu
filamenteux compact contenant des asques transparents dans lesquelles se
trouvent 8 ascospores rouges à maturité) ;
- Autour des cléistothèces, sont souvent retrouvées des cellules en noisette ou
« Hülle cells » qui sont des cellules rondes, incolores avec une paroi très épaisse ;
- Des sclérotes qui sont des amas de filaments denses, colorés, très dur peuvent
apparaître tardivement.
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Aspergilloses
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Aspergilloses
Conidiophore : Long (1 à
2,5mm),
hyalin, verruqueuxavec des
aspérités
A. niger 2 à 3 jours 25-30°C Recto : Colonies Tête aspergillaire : Bisériée
(culture à d’abord blanches, radiée, noire à maturité
42°C) puis jaunes et enfin Vésicule : globuleuse (45 à
granuleuses noires 75µm)
Verso : Incolore à Phialides : Insérées sur la
jaune pâle vésicule par des métules
(bisériée) disposées sur tout
le pourtour de la vésicule
Conidies : Globuleuses,
brunes, échinulées, souvent
disposées en chaîne (3,5 à
5µm de diamètre)
Conidiophore : Lisse, hyalin
ou brunâtre dans sa moitié
supérieure, très long (1,5 à
3mm)
A. nidulans 3 à 5 jours 25-30°C Recto : Colonies Tête aspergillaire : Bisériée,
(culture à duveteuses à en colonne, courte et
37°C) poudreuses, en compacte
général vert Vésicule : sphérique
foncé ou vert Phialides : Portées par des
cresson, jaunâtres métules insérées sur la
pour les souches partie supérieure de la
productrices de vésicule
cléistothèces Conidies : Rondes, vertes
Verso : Rougeâtre, échinulées, souvent
pourpre disposées en chaînes
(3 à 3,5µm)
Conidiophore : Brun, lisse,
sinueux, très petit (75 à
100µm)
197
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
exemple A. fumigatus et A. lentulus, ce qui est important à faire puisque ces deux
espèces ont des sensibilités aux azolés différentes. C’est une technique qui cependant
nécessite d’avoir du matériel vivant et une culture pure. Elle n’améliore pas la
sensibilité diagnostique, mais est très utile lorsque l’identification de l’espèce pose
problème.
- Positivité de l’examen direct réalisé dans un délai aussi bref que possible ;
- La pousse abondante et rapide dans des tubes placés à 37°C ;
- Le prélèvement a été le plus « protégé » possible. LBA, liquide de fibroaspiration.
- Lorsque l’isolement a été fait à partir de sites colonisés comme les crachats ou
les expectorations, l’interprétation est plus difficile, il faut demander plusieurs
prélèvements ;
- L’interprétation de ces résultats doit tenir compte des autres examens
biologiques réalisés. Il faut exiger un examen direct positif et prendre en compte
les autres tests biologiques et l’ensemble des arguments diagnostiques (clinique,
biologique, radiologique) ;
- Dans le cas de l’aspergillose invasive, si l’examen mycologique est positif, une
sérologie aspergillaire doit être effectuée et peut authentifier l’aspergillose
évolutive.
7. Antifongigramme
Il doit être réalisé dans certains cas par exemple chez les malades transplantés pour
parer à toute éventualité de résistance et chez les patients qui font une aspergillose
récidivante. En général, ce sont les azolés et les échinocandines qui sont testés par E-
test.
D. Diagnostic immunologique
Il repose sur la recherche des antigènes ou des anticorps en fonction de la forme
clinique. Le prélèvement est constitué de sang veineux le plus souvent mais le test
peut être réalisé aussi dans les autres liquides biologiques ; LBA, LCR etc.
198
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
Les anticorps recherchés sont de type IgG, IgA, IgE. Les IgG sont les plus recherchées
sauf dans les formes allergiques, pour lesquelles les IgE sont étudiées.
199
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
E. Biologie moléculaire
Il repose sur la mise en évidence de l’ADN d’Aspergillus. L’ADN nucléique ribosomal de
la région des Interne Transcribed Espace (littéralement espaceur interne transcrit ITS)
(ITS1- 5.8S-ITS2) est le code-barres d'ADN officiel pour les champignons [8] (Schoch et
al., 2012), car il est le marqueur le plus fréquent pour les champignons et possède des
amorces qui fonctionnent universellement. Cependant, cette région ne marche pas
bien pour les Aspergillus, d’où l’intérêt d’associer d’autres régions telles que la
calmoduline (CaM) et la β-tubuline. La PCR en temps réel est plus utilisée,
l’identification de l’espèce peut être faite par séquençage.
De plus, la difficulté majeure du diagnostic moléculaire qui est très sensible est de faire
la distinction entre la colonisation (portage asymptomatique) et l’infection réelle. Les
résultats de la biologie moléculaire sont à interpréter en tenant en compte des
résultats de l’examen immunologique et mycologique.
F. Examen anatomopathologique
Il repose sur la mise en évidence des filaments d’Aspergillus et l’aspect du processus
d’invasion tissulaire. Les prélèvements sont des biopsies d’organes. Des colorants
spécifiques des champignons tels que le Gomori Grocott, le Musto mettent bien en
évidence les filaments d’Aspergillus (voir Morphologie).
Les colorants histologiques comme l’acide périodique Schiff (PAS), l’hémalun éosine
safran (HES) montrent une invasion tissulaire de type vasculaire.
200
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
A. Buts
Le traitement a pour but de guérir l’infection, d’empêcher la survenue de
complications et réduire la mortalité.
B. Moyens
Les médicaments utilisés sont :
In vivo, elle est fongicide et les risques de résistance au traitement prolongé sont
négligeables.
Dérivés azolés
Mode d’action des dérivés azolés : ils inhibent la voie de biosynthèse de l’ergostérol
qui est le principal stérol membranaire fongique, en bloquant la Lanostérol 14 alpha
déméthylase qui est une enzyme (CYP51A1) permettant la conversion du lanostérol en
ergostérol. Le cycle triazolé se lie au site d’activation de la lanostérol 14ademethylase,
ce qui bloque son action dans le réticulum endoplasmique, entrainant une mort
cellulaire.
La chirurgie est aussi utilisée dans le traitement des aspergilloses, elle vise à enlever la
masse fongique par exérèse, curetage ou drainage.
Echinocandines :
Mode d’action : Les échinocandines sont des inhibiteurs de la synthèse du glucane qui
freinent spécifiquement la synthèse du bêta (1-3) -D glucane, ce qui va compromettre
l’intégrité de la paroi des cellules fongiques. Ce sont des antifongiques à large spectre.
201
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
C. Indications / posologies :
Amphotéricine B :
- AmB (Fungizone®) : 0,7 à 1mg/kg/j en IV. Cette forme est de moins en moins
utilisée.
- Formulations lipidiques : présentent l’avantage d’être moins toxiques que la
forme classique.
- AmBisome® : 3mg/kg/j en IV -Abelcet® : 5mg/kg/j en IV [9]
Dérivés azolés :
Itraconazole (Sporanox®) : Il est indiqué dans l’aspergillome simple qui ne répond pas
à la chirurgie ou en complément de la chirurgie. L’itraconazole est administré avec une
dose charge de 600mg/jour pendant 48 heures puis à la posologie de 400mg/j.
La chirurgie est indiquée dans les formes localisées, et elle peut être associée à
l’itraconazole ou au voriconazole peros, mais aussi dans l’aspergillose invasive surtout
en cas d’hémoptysie. Dans l’aspergillose invasive, un traitement antifongique efficace
doit être instauré rapidement. Le traitement médicamenteux doit être poursuivi
jusqu’à l’obtention d’une guérison clinique, biologique et radiologique. La durée de la
guérison clinique est obtenue autour de 2 à 6 semaines et celle complète vers 10 à 12
semaines de traitement.
Les Echinocandines sont utilisées dans l’aspergillose invasive des adultes réfractaires
ou intolérants à l’amphotéricine B classique ou en solutions lipidiques et/ou à
l’itraconazole.
202
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
La PCR quantitative peut être utilisée dans le suivi thérapeutique, mais le coût est
élevé.
IV. Prévention
A. But
Le but de la prévention est d’empêcher la survenue de l’aspergillose chez les patients à
risque.
B. Moyens
Il faut éviter la présence de spores d’Aspergillus dans l’environnement et
l’alimentation des patients à risque hospitalisés dans les services :
Conclusion
Les aspergilloses sont des mycoses très peu investiguées en Afrique. Le diagnostic est
délicat, parce que les Aspergillus sont des moisissures contaminants des cultures au
laboratoire. La forme invasive est la plus grave et présente une mortalité élevée même
sous traitement.
Il faut toujours penser à rechercher une infection fongique chez les malades
immunodéprimés présentant une fièvre résistante aux antibiotiques.
203
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Aspergilloses
Bibliographie
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204
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
10 HISTOPLASMOSES
Rédigé par Pr Gaye Oumar (Sénégal), Relu par Pr Kiki Barro Pulchérie C (Côte d’Ivoire)
205
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
Introduction
Définition
Les Histoplasmoses sont des mycoses cosmopolites, viscérales et cutanées dues à des
champignons dimorphiques appartenant au genre Histoplasma et à l’espè ce
Histoplasma capsulatum dont il existe 2 variétés responsables de deux formes
d’histoplasmose :
- Histoplasma capsulatum variété capsulatum, agent de l’histoplasmose classique ou
histoplasmose à petites formes ou histoplasmose Américaine ou maladie de Darling ;
- Histoplasma capsulatum variété duboisii agent de l’histoplasmose Africaine ou
histoplasmose à grandes formes.
Intérêt
- Epidémiologique : ces deux formes se distinguent par leur épidémiologie et leur
répartition géographique. La forme américaine est endémique en Amérique du Nord
(on parle de mycose de la vallée du Mississipi), en Amérique du Sud et en Asie avec des
cas sporadiques en Europe et en Afrique notamment au Sénégal avec un cas récent
rapporté chez un patient autochtone. La forme africaine se limite au continent africain.
- Médical : la symptomatologie entre ces 2 formes est différente. La forme américaine
est considérée comme une affection opportuniste et classante du SIDA. En effet, elle a
connu un regain d’intérê t avec la pandémie du SIDA avec une augmentation des cas
dans les années 80 aux Etats-Unis chez les populations infectées par le virus. En 1987,
le CDC d’Atlanta inclut l’histoplasmose chez le sujet séropositif comme nouveau critè re
dans la classification du sida. En région africaine, la variété capsulatum revêt un interêt
touchant la population active et survenant sur des terrains immunodéprimés,
diabétiques, cancéreux et les infectés par le VIH ; l‘Histoplasmose Africaine semble
moins influencée par le VIH.
I. Épidémiologie
A. Agents pathogènes
1. Taxonomie
- Phylum : Ascomycotina
- Classe : Ascomycètes
- Ordre : Onygenales
- Famille : Onygenacae
206
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
- Genre : Histoplasma
- Espè ces : Histoplasma capsulatum
- Variétés : H. capsulatum capsulatum
H. capsulatum duboisii
2. Morphologie
Histoplasma capsulatum est un champignon dimorphique qui se présente sous forme
de levure chez l’homme et sous forme de filament mycélien lorsqu’il est à l’état
saprophyte ou en culture. Les levures sont souvent intra cellulaires (cellules du
systè me des phagocytes mononuclés) ou extra cellulaires aprè s éclatement de la
cellule-hô te.
3. Biologie
Les terres humides aux températures comprises entre -18 et 37ºC permettent la
croissance du champignon. Le champignon survit plus de 10 ans dans la terre. Les
spores et les formes levures sont inactivés lors d'une longue exposition à une
température supérieure à 40ºC. La croissance est inhibée à un pH inférieur à 5 et
supérieur à 10. Les conditions sèches facilitent également l'inactivation des spores.
4. Pathogénie
Les spores d’H. capsulatum inhalées sont phagocytées par les macrophages à
l’intérieur desquels elles se transforment en levures et se multiplient. L’éclatement du
macrophage libè re les levures qui vont ensuite se disséminer par voie sanguine ou
lymphatique et coloniser différents organes : poumon, foie, rate, peau etc.
B. Habitat
Histoplasma capsulatum variété capsulatum est présent dans les sols enrichis en
matiè res azotés, notamment les sols riches en fientes d’oiseaux ou de volailles ou en
guano de chauves-souris (pigeonniers, poulaillers, grottes, galeries, tunnels). Pour la
variété H. capsulatum duboisii, le biotope originel est mal connu.
Les levures de H. capsulatum sont retrouvées chez l’homme et aussi chez certains
animaux, notamment les carnivores domestiques (chien, chat), les bovins et le cheval
207
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
pour la variété capsulatum, chez l’homme et certains primates comme le babouin pour
la variété duboisii.
C. Modes de contamination
Pour la variété capsulatum, la contamination humaine se fait par voie respiratoire par
inhalation des spores aéroportées.
Pour la variété duboisii, la contamination est présumée d’origine aérienne, mais on
incrimine aussi une origine transcutanée au décours d’une blessure avec
contamination tellurique. La voie digestive est aussi suspectée.
Il n’y a pas de contamination interhumaine car l’homme n’héberge que la forme levure
du champignon.
D. Facteurs favorisants
1. D’ordre individuel
- La profession : éleveurs de pigeons, de volailles, ouvriers (tunnels puits
bâtiments), personnels de laboratoire, explorateurs de grotte (spéléologie).
- L’état immunitaire: infection à VIH avec taux de lymphocytes T CD4 abaissé.
- Terrain prédisposant : cancer, éthylisme, diabè te…
- L’âge : la maladie touche surtout les adultes jeunes entre 20 et 30 ans.
- La race : l’histoplasmose Africaine pré domine chez le sujet de race noire tandis
que Histoplama capsulatum prédomine chez le sujet de race blanche.
2. D’ordre général
Le séjour en zone d’endémie.
Les caractéristiques du sol (enrichi de matières organiques).
3. Liés au champignon
- Taille des spores,
- Légèreté des spores,
208
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
E. Répartition géographique
Pour l’Histoplasmose américaine, la maladie se rencontre surtout aux Etats-Unis. Dans
certaines régions du Mississipi, le portage d’H. capsulatum peut atteindre 80%, et 60 à
80% réagissent positivement à l’IDR à l’histoplasmine. Dans les années 90, plus de 20%
des patients sidéens ont présenté une histoplasmose. Cette maladie existe aussi en
Amérique du Sud et Centrale. Ce parasite est également retrouvé en Afrique du Sud,
en Indonésie, en Indes et aux Philippines.
L’histoplasmose Africaine est retrouvée exclusivement en Afrique noire : Sénégal,
Niger, Nigéria, Afrique centrale. Cependant, c’est une maladie rare. La plupart des cas
en Afrique sont rapportés sous forme de cas cliniques en particulier de formes
disséminées chez le sujet VIH.
1 Epidémiologiques
Il est important de considérer l’origine géographique, la profession, les antécédents
médicaux.
2 Cliniques
Histoplasmose américaine à Histoplasma capsulatum var capsulatum
L’histoplasmose américaine est asymptomatique dans 95% des cas. Lorsque la maladie
se manifeste, trois formes peuvent être individualisées :
La forme pulmonaire aiguë : l’affection débute habituellement après une incubation
d’une à trois semaines sur un mode pseudogrippal : malaise, fièvre modérée, vagues
douleurs. Elle peut rester latente ou, exceptionnellement, engendrer une dyspnée, des
hémoptysies, des douleurs thoraciques surtout en cas d’infestation massive. La
radiographie pulmonaire révèle le complexe ganglio-pulmonaire : adénopathies
hilaires uni- ou bilatérales et infiltrats parenchymateux ou opacités miliaires ou
nodulaires plus ou moins disséminées.
La forme chronique : Elle se traduit par le développement de cavités uniques ou
multiples ou d’infiltrats pseudotumoraux (histoplasmome) plus ou moins calcifiés au
sein du parenchyme. Des transformations granulomateuses ou fibreuses du médiastin
209
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
Formes localisées :
Les lésions cutanéo-dermiques se présentent comme des papules lenticulaires, des
nodules dermo-épidermiques ou hypodermiques, des abcès froids parfois fistulisés,
des ulcérations. Elles siègent surtout au niveau du tronc et de la tête. Elles sont
uniques ou multiples et trainent des semaines, des mois, ou même des années. Chez le
sujet séropositif pour le VIH, des lésions ombiliquées proches d’un molluscum
contagiosum peuvent aussi être observées.
Les localisations ostéo-articulaires simulent la tuberculose. L’histoplasmose vertébrale
ressemble au mal de Pott et peut provoquer des compressions médullaires. Les
atteintes des poignets, des coudes, des genoux, du sternum ou des côtes, relativement
fréquentes, dessinent radiologiquement des géodes mal limitées.
Les localisations ganglionnaires, isolées ou satellites d’une autre lésion, ressemblent à
des adénites tuberculeuses.
Formes disséminées : Elles sont rares, mais d’une extrême gravité ; l’atteinte
hépatosplénique est constamment mortelle. Les lésions gastro-intestinales,
péritonéales, urogénitales sont rares ; il est décrit de véritables formes septicémiques.
A la différence de l’histoplasmose classique, l’atteinte pulmonaire est exceptionnelle.
210
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
B. Diagnostic mycologique
1. Prélèvement
Dans l’histoplasmose américaine, on prélè ve les crachats, les expectorations, le liquide
de lavage broncho-alvéolaires (LBA), le pus des abcè s, ou le sang. On peut également
faire la biopsie d’organes profonds : poumons, foie, etc.
Dans l’histoplasmose africaine, il faut pré lever des croû tes, du pus d’abcè s cutanés et
plus rarement, on procè de à une biopsie d’organe (en cas d’histoplasmose disséminée)
ou ponction de moelle.
2. Techniques
211
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
Figure 10. 1 : Petits éléments ovoïdes d’Histoplasma capsulatum var. capsulatum au MGG,
grossissement × 1 000 (Dieng et al., CHU de Fann, Dakar, Sénégal)
b. La culture
Elle doit ê tre effectuée sous un poste de sécurité microbiologique (hotte). Deux
milieux sont utilisés: la gélose de Sabouraud + Chloramphénicol et la gélose de
Sabouraud enrichie (sang, Cœur, cerveau et cysteine).
Dans le premier milieu, l’incubation se fait entre 25 et 30°C pendant 8 à 15 jours. On
observe sur le plan macroscopique, des colonies blanchâtres, cotonneuses ou
duveteuses qui brunissent avec l’âge. A l’examen microscopique avec du bleu coton,
212
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
L’identification se fera sur les critè res morphologiques à l’examen direct et la culture
et également sur l’activité uréase.
c. L’inoculation à l’animal
L’animal de choix est le hamster doré. La souris et le cobaye peuvent ê tre utilisés, mais
ils sont moins sensibles. L’inoculation se fait par voie intra pé ritonéale. Les animaux
meurent au bout de 8 à 45 jours. A l’autopsie, on observe la présence de levures dans
le foie et la rate.
C. Diagnostic histologique
On observe
213
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
D. Diagnostic immunologique
1. L’IDR à l’histoplasmine
La réaction est positive quelques semaines aprè s l’infection sous forme d’une papule.
Elle persiste pendant plusieurs années aprè s la guérison de la maladie bénigne. Elle se
négative dans la maladie généralisée, et elle réapparai ̂t aprè s un traitement efficace.
Une IDR négative n’exclut pas une éventualité d’histoplasmose.
La détection d’antigè nes circulants par ELISA ou Western Blot : elles sont positives
mê me chez le sujet immunodéprimé et réalisables à partir de tous les liquides
biologiques.
214
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
E. Diagnostic moléculaire
Les techniques PCR sont utilisées et permettent de detecter le matériel génomique,
notamment la PCR nichée qui est sensible et spécifique.
A. But
Le but du traitement est de stériliser le foyer infectieux et d’éviter la survenue de
rechutes.
B. Moyens
- Itraconazole (Sporanox®)
- Kétoconazole (Nizoral®)
- Fluconazole (Triflucan®)
- Amphotéricine B (Fungizone®)
C. Indications / posologies
215
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
D. Suivi post-thérapeutique
La surveillance réguliè re par des examens mycologiques doit être maintenue jusqu’à la
négativation. Les rechutes sont fréquentes imposant une prophylaxie à vie chez les
sujets à risque.
IV. Prévention
Les différentes stratégies sont :
- Désinfecter les sols contaminés par les histoplasmes avec le formaldéhyde;
- Eviter les endroits où les champignons peuvent se développer et notamment la
où existent les excréments d’oiseaux et de chauves-souris (caves, grottes) ;
- Eviter de remuer les excréments d’oiseaux et de chauves-souris;
- Arroser le sol avec de l’eau pour éviter de soulever la poussière ;
- Si le sujet travaille dans une zone à risque, il faut porter des habits de protection
et un masque recouvrant le nez et la bouche.
Conclusion
Les Histoplasmoses sont des mycoses dues à des champignons dimorphiques avec
deux variétés responsables de formes cliniques différentes. Elles ont connu un regain
d’inté rê t, notamment la forme américaine avec l’avè nement du SIDA. Cependant,
l’existence de moyens thérapeutiques efficaces a permis de réduire son incidence dans
les zones à risque.
216
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
Bibliographie
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217
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Histoplasmoses
218
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Blastomycose
11 BLASTOMYCOSE
Rédigé par Pr Bouyou Akotet Marielle (Gabon), Relu par Pr Bamba Sanata (Burkina Faso) et
Pr Sissinto Savi de Tové Yolande (Bénin)
219
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Blastomycose
Introduction
Définition
La blastomycose ou maladie de Gilchrist est une mycose chronique granulomateuse
due à un champignon dimorphique, Blastomyces dermatitidis, souvent subclinique et
affectant initialement les poumons avec possibilité de dissémination et de localisation
extra-pulmonaires, préférentiellement la peau, les os et les voies génito-urinaires.
Anciennement appelée blastomycose nord-américaine, la description de cas en
Amérique du Sud et en Afrique, a amené à abandonner cette terminologie. Elle était
aussi appelée maladie de Chicago (Chicago Disease).
Intérêt
Sur le plan épidémiologique, la blastomycose touche les humains et les animaux,
notamment les chiens. Les connaissances sont éparses et incomplètes, générées par
les explorations faites au cours des épidémies en Amérique du Nord (Etats-Unis et au
Canada) où elle sévit préférentiellement. Elle est endémique en Amérique du Nord
dans les États de l’Est et du Sud. Son incidence semble augmenter dans certaines de
ces régions où elle est une maladie à déclaration obligatoire.
Des cas authentiques et autochtones sont également décrits dans des régions
largement dispersées d'Afrique du Nord : Tunisie et surtout Maroc ; en Afrique
subsahélienne dans au moins 18 pays et plus particulièrement en Afrique du Sud et au
Zimbabwe. Plus récemment, des cas ont été signalés dans quelques pays du Moyen-
Orient.
Sur le plan clinique, la blastomycose est souvent évoquée dans le diagnostic
différentiel de la tuberculose, des cancers de la peau ou du poumon et des mycoses
profondes à tropisme pulmonaire telle que l’histoplasmose. Elle est asymptomatique
dans 60% des cas.
L’atteinte pulmonaire est quasi constante, souvent isolée, très polymorphe,
asymptomatique, aiguë ou chronique. Parmi les personnes infectées, 25% à 40%
développent une infection extra-pulmonaire. Les disséminations osseuses et génito-
urinaires surviennent dans 20% des cas, et le système nerveux est atteint dans 5 à 10%
des formes disséminées. Ces dernières sont plus fréquentes chez les immunodéprimés
qui ne sont pas plus à risque que les immunocompétents; elles sont mortelles dans
90% des cas.
Le diagnostic est mycologique. Toutefois, toutes les cultures de ce champignon sont
dangereuses. En effet, l’inhalation de conidies infectieuses de la moisissure sous forme
d’aérosols présente également un danger d’infection. Les cultures de B. dermatitidis
en effet sous forme mycélienne et le sol contenant des conidies infectieuses peuvent
constituer un danger d’exposition aux aérosols.
220
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Blastomycose
Historique
1894 : Première description du champignon par Gilchrist aux États-Unis sur l’histologie
de lésions cutanées évocatrices de tuberculose cutanée, qui le considéra comme une
pathologie dermatologique et attribua le champignon à un protozoaire (Gilchrist,
1894).
1896 : Description du premier cas clinique, et identification du champignon, alors
dénommé Blastomyces dermatitidis, dans une biopsie après culture.
1898 : Description de la forme filamenteuse du micromycète en cause (Gilchrist et
Strokes)
1902 : Description du premier cas de blastomycose systémique (Walker et
Montgomery, 1902)
1907 : Reconnaissance du dimorphisme température-dépendant. La maladie fut
appelée « la maladie de Chicago » car la majorité des premiers cas vivaient dans cette
région.
1913 : Description de la blastomycose sud-américaine ou paracoccidioïdomycose
(maladie de Lutz-Splendore-Almeida) (Splendore, 1913)
1941 : Découverte de Paraciccidioïdes (Blastomyces) brasiliensis (Conant et Howell,
1941).
1951 : Description du premier cas en Afrique (Tunisie).
1961 : 1er cas en Afrique noire (Sénégal).
1961, puis en 1964 : Isolement du champignon à partir du sol. Adoption du nom de
blastomycose nord-américaine (Denton et al.)
1967 : Description de la forme téléomorphe du champignon : Ajellomyces dermatitidis
(McDonough et Lewis)
1984 : Découverte de B. dermatitidis dans le sol au cours d'une épidémie chez des
enfants et des adultes dans le Wisconsin (Klein, 1984).
2000 : Description de la diversité des souches de B. dermatitidis isolées du sol
(McCullough, 2000).
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
Taxinomie
B. dermatitidis est la forme parasitaire d’un mycète pathogène primaire saprophyte du
sol.
Règne : Fungi
Phylum : Ascomycotina
Classe : Ascomycètes
Ordre : Onygénales
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Blastomycose
Famille : Onygenaceae
Genre : Blastomyces (téléomorphe : Ajellomyces)
Espèce : B. dermatidis
B. dermatitidis est la forme asexuée, imparfaite, c’est-à-dire asexuée, de Ajellomyces
dermatitidis la forme sexuée hétérothallique.
Morphologie
Blastomyces dermatitidis est un champignon dimorphique. Dans les lésions humaines
ou animales, il se présente sous forme de de levures ; dans la nature, le champignon
est sous forme filamenteuse qui est la forme infectante par la production de conidies.
La forme parasitaire levure est une cellule arrondie ou allongée, de grande taille
(diamètre allant de 8 à 15µm) et présente une paroi épaisse avec un bourgeonnement
le plus souvent unique, à base d’implantation large, formant un « 8 » caractéristique.
Elle contient de nombreux noyaux.
La forme saprophyte, filamenteuse est faite de filaments mycéliens septés
(cloisonnés), fins, de microconidies, produites par les hyphes et portées par un fin
pédoncule ou un conidiophore. Les microconidies sont ovoïdes ou piriformes (en
forme de poire), d’un diamètre allant de 2 à 10µm. Ces microconidies sont infectieuses
et constituent la forme infectante pour l’Homme. Aucune macroconidie n’est produite.
La forme filamenteuse peut être transformée en levure au laboratoire sous certains
milieux, à condition que la culture soit maintenue à 37°C.
Biologie
B. dermatitidis semble survivre de façon optimale dans les sols humides et acides,
ayant une teneur élevée en azote et en substances organiques. Sa croissance est
stimulée par des chutes de pluie récentes et une température du sol élevée.
Les formes levures se multiplient par bourgeonnement.
La croissance de B. dermatitidis est lente entre 20 à 25°C, et la température optimale
de pousse est de 37°C.
Le champignon peut être inactivé par un traitement à la chaleur humide (121°C
pendant 15 à 30 min) ou à la chaleur sèche (160 à 170°C pendant 1 à 2 heures).
Des souches résistantes à l’hygromycine B et au chlorimuron-éthyle ont été identifiées.
B. dermatitidis est sensible à l’hypochlorite de sodium, à l’acide per acétique, aux
composés phénoliques, aux composés d’ammonium quaternaire, à la vapeur de
peroxyde d’hydrogène (pendant au moins 30 min), au formaldéhyde, à la formaline et
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Blastomycose
Pathogénie
Dans l'environnement, B, dermatitidis existe comme une moisissure avec des hyphes
aériens septées. Ces hyphes produisent des spores (conidies) qui sont soit inhalées,
soit inoculées dans la peau d'un hôte susceptible. La température plus chaude à
l'intérieur de l'hôte entraine la transformation du filament mycélien en une levure
grâce à une phosphorylation oxydative thermo-dépendante. La levure peut continuer à
coloniser les poumons ou à se disséminer dans la circulation sanguine et dans d'autres
organes.
Dans le poumon, il existe une résistance naturelle à l’infection grâce à l’action
phagocytaire des macrophages alvéolaires, des neutrophiles et des monocytes. Par
ailleurs, les macrophages alvéolaires sont capables d’inhiber la transformation des
conidies en levures pathogènes. Cependant, la double paroi épaisse de la forme de
levure, rend parfois difficile sa phagocytose et son élimination ; de plus, les
polynucléaires sont inefficaces contre les formes levures. Celles-ci vont proliférer dans
les alvéoles, coloniser tout le poumon, pouvant ensuite disséminer par voie
lymphatico-sanguine et créer des foyers capables de se propager dans n'importe quel
système. En ordre décroissant de fréquence, les systèmes génito-urinaires, la peau, les
os, les articulations, les autres organes et le système nerveux central sont les sites
extra-pulmonaires les plus fréquents.
Avec le développement de l'immunité, une réaction inflammatoire pyo-
granulomateuse se produit sur tous les sites infectés. Cette formation de granulomes
non métalliques est précédée d’une réponse suppurative initiale expliquant la
fréquence des abcès. Même si l'atteinte pulmonaire guérit initialement, une
réactivation endogène ultérieure à la maladie, sur tout site pulmonaire ou extra-
pulmonaire, peut se produire chez un patient traité ou non.
L'immunité à médiation cellulaire joue un rôle important dans la prévention de la
dissémination, à la fois pulmonaire, qu’extra-pulmonaire. La blastomycose en effet,
n’est pas plus fréquente chez les sujets immunodéprimés, sur ces terrains, par contre,
elle peut être disséminée et plus grave. Au cours du SIDA, il n’y a pas d’augmentation
de l’incidence de la maladie. Une bonne immunité cellulaire est un facteur important
limitant la progression de la maladie. Les macrophages alvéolaires peuvent inhiber la
transformation des conidies en levures et détruire les conidies. Les polynucléaires
neutrophiles sont actifs contre B. dermatitidis.
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Blastomycose
B. Habitat
La niche écologique est le sol humide à pH acide enrichi de déjections animales, zones
boisées, et autres débris végétaux (végétaux en décomposition), le long des cours
d’eau et dans les lieux laissés à l’abandon, comme sous des auvents ou dans des
cabanes.
C. Hôtes
Les humains et les canidés dont les chiens sont les hôtes les plus fréquents, mais la
maladie peut également survenir chez d’autres animaux comme le chat, le cheval, le
tigre, le léopard des neiges, le lion et le lion de mer.
D. Mode de contamination
La forme infectante est la forme mycélienne saprophyte, la spore. La voie d’entrée est
aérienne. Le mode principal de pénétration est l’inhalation. Les circonstances de
contamination sont représentées par l’exposition au sol humide, la présence de zones
boisées humides ou l’existence de micro-foyers. Les expositions environnementales
partagées expliquent l'apparition d'une maladie chez les humains et leurs animaux
domestiques.
Accessoirement, la contamination par l’inoculation transcutanée à l’Homme de B.
dermatitidis survient accidentellement après blessure chez des sujets à profession
exposée, après morsure de chien contaminée ou après application de produits utilisés
en médecine traditionnelle à base de plantes et de peau d’animaux sur une blessure.
La voie intra-utérine et l’inoculation par accident de laboratoire (morsure, piqûre et
égratignure) sont d’autres modes de contamination qui ont été signalés, mais sont
relativement rares.
Il n’y a pas de contamination directe interhumaine, même si une contamination intra-
utérine a été évoquée.
E. Facteurs favorisants
Parmi les facteurs favorisant la blastomycose, on distingue :
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Blastomycose
F. Répartition géographique
Rare, la blastomycose sévit préférentiellement mais non essentiellement en Amérique
du Nord dans les États du sud et sud-est des USA, particulièrement ceux situés le long
des bassins du Mississippi et de l’Ohio, les États du Midwest et les provinces
canadiennes frontalières des grands lacs, ainsi qu’une petite zone de New York et au
Canada le long de la rivière Saint Laurent.
Hors d’Amérique du Nord, des cas autochtones bien documentés ont été notifiés en
Afrique du Nord (Tunisie, Maroc, Algérie, Egypte), Centrale et de l’Ouest (RCA, Nigeria,
Ghana, Zambie), Australe (Ouganda, Mozambique, Zimbabwe), du Sud et à
Madagascar. Des cas ont été signalés en Amérique Centrale, Amérique du Sud et en
Inde.
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Blastomycose
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Blastomycose
Figure 11.2 : Opacité du lobe Figure 11.3 : Lésion cutanée Figure 11.4 : Lésion osseuse
inférieur du poumon gauche verruqueuse
B. Diagnostic mycologique
Le diagnostic de la blastomycose est avant tout mycologique.
1. Prélèvements
Les types de prélèvements varient selon les localisations.
En cas d’atteinte pulmonaire : les expectorations, les sécrétions bronchiques, le
liquide d’aspiration trachéale ou du lavage bronchioalvéolaire constituent les supports
biologiques.
Sur les lésions cutanées et sous-cutanées, les biopsies, les exsudats, les squames sont
prélevés.
Dans les lésions articulaires, les prélèvements sont constitués de liquide
d'épanchement, de pus d’ostéite, de biopsie synoviale ou de biopsie de la moelle
osseuse.
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Blastomycose
2. Examen direct
Il peut être réalisé sur les prélèvements à l’état frais ou après éclaircissement à la
potasse (KOH) à 10 %.
L’examen direct des squames et des expectorations est parfois difficile à lire à cause
des débris cellulaires et tissulaires. Le KOH peut être associé au blanc de calcofluor qui
est un fluorochrome non spécifique qui s’insèrera dans la chitine de la paroi cellulaire
des champignons afin de faciliter le repérage des levures.
À l'examen au microscope à fluorescence, les mycètes produiront une fluorescence
vert pomme. Le bleu de lactophénol peut aussi être utilisé.
Un examen direct négatif n’exclut pas le diagnostic. Il doit toujours être complété par
la culture.
Cet examen met en évidence la forme parasitaire c’est à dire une levure multinucléée,
sphérique ou allongée, de 8 à 15µm, à bourgeonnement souvent unique à base large
d’insertion et souvent de même taille que la cellule-mère avant son détachement
donnant l’image du chiffre 8 (Figure 11. 5) avec une paroi épaisse biréfringente,
caractéristique qui suffit pour établir le diagnostic. Certaines levures peuvent avoir une
taille inférieure jusqu’à 5μm, ou supérieure atteignant 30μm. Les levures sont souvent
peu nombreuses.
Un examen direct négatif n’exclut pas le diagnostic. Il doit toujours être complété par
la culture.
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Blastomycose
3. Culture
a. Isolement
La culture seule permet d’observer le champignon, et le diagnostic formel. B.
dermatitidis est un champignon pathogène du groupe de risque 3. Les cultures
sporulées ne doivent être manipulées que dans un laboratoire de sécurité biologique,
en laboratoire de confinement. En effet, l'inhalation de conidies est à l'origine de la
plupart des mycoses graves acquises en laboratoire biomédical.
Sur milieu de Sabouraud glucosé à 2% avec un pH à 6,9 et additionné d’antibiotique,
avec ou sans cycloheximide, les colonies se développent en une dizaine de jours à 25
°C.
Les milieux utilisés pour la conversion de la phase saprophyte filamenteuse à la phase
levure sont la gélose au sang enrichie en CO2, la gélose BHI (Brain Heart Infusion,
gélose cœur-cervelle) ou la gélose BHI et sang (repiquage des cultures) additionnées
de Chloramphénicol et/ou Actidione. L’incubation se fait à 37°C. Cette méthode est de
plus en plus délaissée et remplacée par des techniques d'identification moléculaire.
Ces dernières étant plus rapides et plus sécuritaires.
L’incubation dure au minimum 4 semaines.
b. Identification
La pousse débute en 5 à 10 jours. En cas de faible nombre de formes parasitaires, la
pousse peut débuter après le 30ème jour.
Macroscopie
Les colonies sont initialement blanches ou blanc cassé et glabres ou cireuses,
deviennent ensuite beige à brun, duveteuses ou cotonneuses car les hyphes aériennes
se développent avec l'âge (Figures 11. 6a et 11. 6b). Le verso est jaunâtre à marron
(Figure 11. 6b). Sur milieu enrichi au sang, les colonies sont crémeuses et plissées.
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Blastomycose
Microscopie
78a 78b
Figure 11. 7 : a et b : Aspect des microconidies de B. dermatidis
Sur milieux spécifiques à 37°C sans cycloheximide, il est possible d’obtenir la forme
levure caractéristique ovale ou ronde, à paroi épaisse réfringente pouvant donner une
image de double contour, à bourgeonnement unique avec une large base
d’implantation du bourgeon avec des colonies crémeuses plissées (Figure 11. 8).
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Blastomycose
D. Diagnostic histologique
Les biopsies sont colorées à l’hématoxyline ferrique, à l’acide périodique de Schiff
(PAS) ou Gomori Grocott (Figures 11. 9 et 11. 10). Dans les formes aiguës, il existe
une réaction granulomateuse riche en polynucléaires mais sans caseum et au centre
de laquelle existent les levures caractéristiques avec une paroi cellulaire épaisse et un
cytoplasme centralement rétracté. Ces dernières peuvent être libres dans le
prélèvement.
Dans les formes chroniques, les levures sont contenues dans des cellules géantes de
Langhans au sein d’une réaction inflammatoire.
Dans la peau, il existe une hyperplasie pseudo-epiheliomateuse de l’épiderme ; les
levures sont retrouvées dans les micro-abcès riches en polynucléaires.
Figure 11. 9 : Levure dans un micro-abcès Figure 11. 10 : Levure bourgeonnante et non
(HES) bourgeonnante de B. dermatitidis (PAS)
Inoculation à l’animal
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Blastomycose
E. Diagnostic différentiel
Il se pose parfois avec avec Cryptococcus neoformans qui se présente sous forme de
levures rondes entourées d’une capsule souvent large, à bourgeonnement parfois
multiple avec une base étroite de bourgeonnement. Dans les tissus parasités, il faut
également éliminer Histoplasma capsulatum var duboisii qui se présente sous forme
de grandes levures ovales, à base de bourgeonnement étroite.
A. But
Le but du traitement est de guérir le paient et d’éviter la dissémination hématogène.
B. Moyens
Moyens médicamenteux
Les antifongiques systémiques du groupe des azolés suivants sont recommandés :
l’itraconazole et le fluconazole.
Moyen chirurgical
Il s’agit le plus souvent de fermeture, drainage, curage ou évacuation de pus ou autres
sérosités.
C. Indications/posologie
Les moyens médicamenteux
Sans traitement, la blastomycose évolue habituellement lentement et aboutit rarement
au décès. Le traitement dépend de la gravité de l'infection.
Les formes pulmonaires et disséminées légères ou modérées sont traitées par
itraconazole 200mg per os trois fois par jour pendant 3 j, puis 200mg per os 1 fois/j
pendant 6 à 12 mois. Le fluconazole est une alternative à l’itraconazole à la posologie de
400 à 800mg per os 1 fois/j chez les patients intolérants à l'itraconazole et dont la
maladie est bénigne.
En cas d'infection sévère mettant en jeu le pronostic vital, l'amphotéricine B est
préférée.
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Blastomycose
Dans les formes sévères mettant en jeu le pronostic vital, l'amphotéricine B IV est
habituellement efficace, à la posologie de 0,7 à 1mg/kg/j ou 3 à 5mg/kg/j pour la forme
liposomiale pendant 1 à 2 semaines, puis le relais est assuré par l'itraconazole 200 à
600mg/j pendant 12 mois au minimum.
En cas d'atteinte neuroméningée : AmB liposomiale est administrée à la posologie de
5mg/kg/j pendant 4 à 6 semaines et relais est assuré par l'itraconazole 200 à 600mg/j
pendant 6 à 12 mois.
Chez les enfants, la posologie de l’amphotéricine B est identique à celle des adultes.
Celle de l’itraconazole est cependant de 10mg / kg par jour (jusqu'à 400mg par jour) en
dose dégressive. La durée du traitement est de 12 mois.
Toutes les personnes infectées asymptomatiques doivent être traitées par itraconazole
afin de prévenir la diffusion extra pulmonaire.
La chirurgie
Elle a un rôle limité : elle permet la fermeture de fistule bronchopleurale, l’évacuation
des abcès, le curetage des lésions osseuses nécrosées et le drainage des pleurésies. La
résection de cavités pulmonaires rebelles est exceptionnelle.
La chirurgie a parfois un rôle diagnostique dans des nodules ou des images d’allure
tumorale, un traitement médical antifongique doit encadrer l’intervention.
A. But
Le but de la prévention est de rompre la chaîne de transmission.
B. Moyens/ stratégies
Prophylaxie collective
Il est recommandé de :
Prophylaxie individuelle
Elle consiste à éviter :
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Blastomycose
Résumé/ Conclusion
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Chromomycose
12 CHROMOMYCOSE
Rédigé par Pr Nzenze Solange (Gabon), Relu par Pr Gaye Oumar (Sénégal) et
Pr Sissinto Savi de Tové Yolande (Bénin)
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Chromomycose
Définition
La chromomycose ou chromoblastomycose est une mycose cutanée et sous-cutanée
chronique, causée par le développement lent, de micromycètes filamenteux noirs
(dématiés) dont les formes parasitaires caractéristiques sont des cellules fumagoïdes.
Ces pathogènes sont inoculés dans les tissus par voie transcutanée lors de la piqûre
d’un végétal (épine, écharde), ou parfois par souillure tellurique d’une plaie.
Intérêt
Bien que cosmopolite la chromomycose demeure une pathologie essentiellement
rencontrée dans les zones tropicales et subtropicales du globe. Madagascar
représente le premier foyer mondial avec une prévalence de 1 cas pour 8500 habitants
[1, 2]. Au Gabon la prévalence a été estimée à 1 pour 12500 habitants [3]. La majorité
des personnes affectées ont une activité en zone rurale et forestière [2,4, 5]. L’aspect
clinique est polymorphe, toutefois l’aspect de chou-fleur et les formes nodulaires lisses
et verruqueuses sont parmi les plus observées [2,3,6]. La mise en évidence, à
l’examen mycologique, d’éléments fongiques parasitaires pathognomoniques appelés
cellules fumagoïdes concourt sans équivoque au diagnostic de la chromomycose. Le
coût élevé des molécules antifongiques utilisées et la durée souvent longue de la
thérapie sont à l’origine de l’arrêt du traitement avant guérison complète des lésions.
Historique
La première observation clinique de cette mycose a été faite par Pedroso en 1911 à
Säo Paulo au Brésil. Rudolf, en 1914, décrit à son tour l’affection [7], mais la postérité
retient les noms de Medlar et de Lane qui approfondissent la description clinique à
partir d’un cas observé à Boston en 1915 et duquel Thaxter isole un Phialophora
verrucosa [8,9]. Dès 1914, Fontoynont et Roton présentent à la Société des sciences
médicales de Madagascar, le premier cas malgache, qui est rapporté par Brygoo en
1965 [10]. Brumpt isole, en 1922, à partir du cas de Pedroso, un champignon qu’il
nomme Hormodendron pedrosoi [11].
Pedroso et Gomez, en 1920, rapportent plusieurs nouveaux cas brésiliens qu’ils
attribuent au Phialophora verrucosa des auteurs américains. En 1922, Terra et al. [12]
proposent le nom de chromoblastomycose pour désigner cette blastomycose
provoquée par un champignon pigmenté, nom qui sera validé en 1992. A partir de
1927, de nouveaux cas ont été recensés sur le continent américain puis sur le
continent africain dont le premier fut décrit en Algérie en 1927 [13], puis en Asie en
1937 [14].
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Chromomycose
I. Epidémiologie
A. Agents pathogènes
Taxinomie
Les agents de la chromomycose appartiennent au règne des Fungi, à la division des
Deuteromycotina (forme de reproduction asexuée ou forme anamorphe), à la classe
des hyphomycètes et à l’ordre des Dematiaceae (hyphomycètes de couleur foncée). La
forme de reproduction sexuée (téléomorphe) de ces champignons est inconnue. Au
moins cinq espèces, réparties en 4 genres différents sont généralement reconnues
comme agents de chromomycose humaine. Il s’agit de Fonsecaea pedrosoi, de
Fonsecaea compacta, de Phialophora verrucosa, de Cladophialophora carrionii et de
Rhinocladiella aquaspersa.
Fonsecae pedrosoi est majoritairement retrouvé dans les pays à climat tropical chaud
et humide.
Morphologie
La morphologie parasitaire dans les tissus est la même pour toutes les espèces en
cause dans la chromomycose. Il s’agit d’éléments arrondis de 4 à 12µm de diamètre,
de couleur brune, pluriseptés, qui sont isolés ou groupés en amas. Ces éléments
appelés cellules fumagoïdes ou sclérotiques [15] ou encore cellules muriformes [16]
sont caractéristiques de la chromomycose et permettent de la distinguer des
phaeohyphomycoses chez lesquelles les formes parasitaires sont uniquement
filamenteuses. En culture, les agents de la chromomycose donnent des colonies
duveteuses, à croissance lente, de couleur noire ou foncée, à cause de la pigmentation
de leur paroi. Cette dernière est causée par le dépôt de mélanine de type
dihydroxynaphtalène, différente de celle de type dihydroxyphénylanine [17]. L’étude
du mycélium au microscope permet de différencier les espèces sur la base des
caractéristiques de l’appareil conidien et des formes de fructifications asexuées
caractéristiques de chaque espèce (Tableau X).
237
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
C. Mode de contamination
L’Homme se contamine par voie cutanée ; le champignon est inoculé directement par
voie transcutanée, lors d’un traumatisme souvent dû à un matériel végétal souillé
(écharde, épine).
La contamination peut également être secondaire à l’infection d’une plaie par des
débris végétaux et de la terre souillés par les champignons [21].
D. Facteurs favorisants
Lors des multiples enquêtes sur la chromomycose à Madagascar, des facteurs
favorisant cette affection ont été relevés [1,2,22]. Ces facteurs sont les suivants :
- le climat, en effet, l’hygrométrie avec des précipitations de plus de 1500mm par
an et une température moyenne de 25°C favorisent le développement de F.
pedrosoi, par contre les conditions semi-arides, avec moins de 600mm de
précipitations par an, et une température moyenne supérieure à 25°C,
favorisent l’espèce C. carrionii ;
- la végétation locale, qui est hôte et vecteur des agents de la chromomycose est
un facteur favorisant majeur; dans les zones forestières, un arbuste appelé
Angivibe semble être en relation avec l’infection à F. pedrosoi ; par contre les
plantes épineuses de la famille des Didiéracées et Euphorbiacées semblent jouer
un rôle dans la transmission de C. carrionii ;
- l’activité professionnelle : il s’agit de personnes travaillant en milieu rural
(travaux agricoles) ou forestier ;
- le sexe : la prédominance masculine est rapportée par plusieurs auteurs, avec
des pourcentages variables allant de 89% à Madagascar, 82% au Mexique, 75%
au Brésil et seulement 53,1% au Gabon, où les femmes participent autant que les
hommes aux travaux agricoles [3]. A ces circonstances favorables, il faut ajouter
un facteur génétique : l’haplotype HLA-A29 pour son rôle prédisposant à
l’infection [23].
E. Répartition géographique
Madagascar représente le premier foyer mondial de la chromomycose. Des cas ont été
signalés sur d’autres îles : la Réunion, Comores, Mayotte, Djibouti et l’île Tanzanienne
de Pemba. En Afrique, les régions d’Afrique équatoriale avec principalement le Gabon,
le Cameroun, et le Congo-Kinshasa sont les plus concernées. La chromomycose est
rare en Afrique du nord. En Amérique latine, elle a été rapportée au Brésil où elle sévit
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Chromomycose
Signes cliniques
Les lésions sont situées essentiellement au niveau des parties découvertes. Le membre
inférieur est atteint dans 88,5% des cas au Gabon [3] et 87,64% des cas à Madagascar
[2].
La lésion résultant du traumatisme initial, qui souvent passe inaperçu, est une papule
discrète, évoluant vers un nodule localisé au site d’inoculation du matériel végétal
infecté. Le grattage favorise, par contiguité, l’extension locale des lésions dont
l’évolution lente et chronique au niveau dermo-épidermique aboutit à des aspects
cliniques cutanés polymorphes. Toutefois les formes cliniques les plus fréquemment
rapportées sont :
- Les lésions à type de placards extensifs hyperplasiques « en chou fleur »
framboisiformes à aspect pseudo-tumoral prévalentes à Madagascar [1] et au
Gabon [3] (photo 12.1) ;
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Chromomycose
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Chromomycose
- Dans la majorité des cas, les nodules sont nombreux ; leur surface est
généralement hypochromique, recouverte de squames ou de croûtes (photo 4) ;
- Moins typiques sont les placards dyschromiques à centre cicatriciel et bords
surelevés papillomateux (photos 12.5), et les placards érythémateux, squameux,
d’aspect psoriasiforme dite psoriasis-like [6].
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Chromomycose
B. Diagnostic mycologique
Prélèvements
Il s’agit de prélèvements de squames, croûtes ou de biopsies.
Les lésions, au préalable désinfectées à l’alcool, sont grattées à l’aide d’un bistouri
stérile. Les squames et croûtes obtenues sont recueillies dans une boîte de Pétri
stérile.
Examen direct
Le prélèvement est déposé sur une lame porte objet dans une goutte de solution de
potasse diluée à 30% (KOH 30%). La potasse permet de ramollir le prélèvement et de
l’éclaircir, c’est-à-dire de rendre visibles les éléments parasitaires fongiques qui s’y
trouvent. Le prélèvement est examiné au microscope entre lame et lamelle, au
grossissement x10 puis x40. Il met en évidence des formations sphériques, de couleur
brune, septées, de 4 à 12µm de diamètre, appelées cellules fumagoïdes (photos 12.7
et 8). Elles sont isolées ou groupées en amas, et peuvent dans de rares cas être
bourgeonnantes, germinatives voire filamenteuses (photo 9).
242
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Chromomycose
Le diagnostic différentiel peut se faire avec d’autres mycoses cutanées telles que les
mycétomes, la blastomycose, la sporotrichose mais également avec la lèpre
lépromateuse, la tuberculose cutanée, la leishmaniose cutanée, les lésions
dermatologiques de tréponématose endémique et de Kaposi.
Figure 12. 10 : Colonies noires, veloutées de Fonsecaea pedrosoi sur milieu de Sabouraud
chloramphénicol
photo : Prof Nzenze-Afène S. (patient photo 3)
243
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Chromomycose
Tableau 12. 1 : Les différents types de fructifications asexuées (anamorphes) des agents de
chromomycose
C. Diagnostic histologique
Il concourt, tout comme l’examen direct des squames, à la confirmation de la
suspicion clinique. Le prélèvement consiste en une biopsie cutanée superficielle ou
sous cutanée profonde. L’examen histologique met en évidence les transformations
tissulaires caractéristiques: il s’agit d’une hyperplasie épidermique avec
hyperacanthose et papillomatose, associée à un infiltrat inflammatoire granulomateux,
fait d’abcès, de micro-abcès dermiques, de cellules épithélioïdes giganto-cellulaires, et
d’une fibrose périphérique extensive, dont l’importance est fonction de la durée
d’évolution de la maladie. Cette réaction inflammatoire est organisée autour des
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Chromomycose
cellules fumagoïdes qui, par ailleurs, sont aussi observées dans le cytoplasme des
cellules géantes. Les colorations à l’hématéine-éosine-safran (HES), au PAS (Acide
périodique de Schiff) et au Gomorit-Grocott permettent une excellente mise en
évidence des cellules fumagoïdes au sein des coupes histologiques [27].
E. Diagnostic moléculaire
Le diagnostic moléculaire a l’avantage d’être rapide et spécifique et très utile dans le
cas d’une identification morphologique difficile. En effet, les infections à Fonsecaea
peuvent être décelées par PCR [30,31].
A. But
Le but de la prise en charge thérapeutique de la chromomycose est d’éliminer l’agent
pathogène et de guérir le patient.
B. Moyens thérapeutiques
Ils font appel à :
- la chirurgie, aux moyens physiques tels que le laser au CO2, à la thermothérapie
et à la cryothérapie [6] ;
245
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
C. Indications/posologies
Le traitement de la chromomycose ou chromoblastomycose n’est pas standardisé.
Plusieurs schémas thérapeutiques ont été utilisés avec des molécules différentes.
246
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
D. Suivi thérapeutique
Le traitement est à poursuivre jusqu’à la cicatrisation des lésions et la négativation des
examens mycologiques, dont la traduction est la disparition des cellules fumagoïdes au
sein des tissus. Le suivi thérapeutique met en exergue deux difficultés majeures : la
première est liée à l’impossibilité pour la majorité des patients de prendre en charge le
traitement compte tenu de son coût et de sa durée, la seconde est inhérente à
l’efficacité limitée des antifongiques sur le long terme. Compte tenu de cette réalité,
l’observance du traitement est souvent mauvaise, ce dernier est émaillé de récidives.
La majorité des patients sont perdus de vue après affaissement ou effacement des
lésions, sans guérison définitive [3, 42] (photo 11).
IV. Prévention
A. Buts
Les micromycètes responsables de la chromomycose étant des saprophytes du sol et
des végétaux, la prévention de la chromomycose doit porter sur l’éducation de la
population cible. Par ailleurs, le diagnostic précoce doit aider à prévenir l’installation
de lésions évoluées, pour lesquelles le succès thérapeutique demeure incertain.
B. Stratégies
- Sensibiliser la population-cible sur le mode de transmission de la maladie et sur la
nécessité pour elle d’utiliser des moyens de protection tels que le port de
chaussures et de vêtements protégeant les membres et de consulter en cas de
piqûre par un végétal épineux.
247
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
Résumé
Conclusion
La chromomycose est une mycose tropicale, négligée des populations qui en sont
victimes et encore méconnue de nombreux praticiens. Un effort de sensibilisation,
d’éducation de la population cible, de même que la formation continue des médecins,
pourraient aider à réduire les risques de contamination et amener à un diagnostic et
une prise en charge thérapeutique précoces.
248
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
Bibliographie
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249
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Chromomycose
250
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
13 SPOROTRICHOSE
Rédigé par Pr Bamba Sanata (Burkina Faso),
Relu par Pr Adoubryn Koffi Daho (Côte d’Ivoire) et Pr Ndiaye Mouhamadou (Sénégal)
251
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Introduction
Définition
- Définition
La sporotrichose encore appelée « syndrome du jardinier » ou « maladie des éleveurs
de roses » ou « Christmas tree disease » est une mycose chronique ou subaiguë,
cosmopolite qui sévit sur un mode endémo-épidémique ou sporadique. Cette mycose
est due à Sporothrix schenckii, actuellement connu sous le nom de complexe d’espèces
S. schenckii constituant un groupe de champignons caractérisés par des différences
majeures pour les modes de transmission, les prédilections de l'hôte, la virulence des
espèces et leurs susceptibilités aux antifongiques [1- 4]. Les espèces du complexe
Sporothrix schenkii émergent sous forme d'épidémies en Afrique du Sud, en Amérique
latine et en Chine [5- 7].
Principalement transmise par effraction cutanée, la sporotrichose se traduit par des
lésions dermo-épidermiques polymorphes subaiguës ou chroniques et, en cas
d’immunodépression (Sida), par une atteinte disséminée [8-10].
- Intérêt
L’intérêt actuel de l’étude de la sporotrichose est quadruple :
- En santé publique, la sporotrichose est une pathologie méconnue en Afrique
Subsaharienne. Aucune donnée n’existe pour la région ouest – africaine en particulier
au Burkina Faso. Cependant, des cas de sporotrichose ont été notés en Afrique du Sud,
au Zimbabwe et ailleurs en Asie, au Brésil, en Amérique centrale et au Mexique [5, 6 ;
8, 11 ; 12].
La sporotrichose est une atteinte relativement rare. Cependant, au début des années
1940, une épidémie a touché 3 000 mineurs d’or en Afrique du Sud. Une deuxième
épidémie de sporotrichose lympho-cutanée dans une mine d'or sud-africaine en 2011
touchait 87 miniers, présentant des lésions cutanées. La confirmation au laboratoire
était effective chez 10 patients, et sept avaient des lésions cliniques compatibles [5;6].
A Madagascar, onze cas ont été rapportés de 2001 à 2003, où la maladie avait été
décrite de 1909 à 1923 puis oubliée [7].
Ailleurs en Amérique du Sud, une forte incidence de sporotrichose chez les enfants est
rapportée au centre sud du Pérou avec une prédominance de la forme lymphocutanée
sur la face [11].
- Au plan clinique, la sporotrichose, causée par les espèces du complexe de Sporothrix
schenckii, est la mycose sous-cutanée la plus répandue dans de nombreuses régions
d'Amérique latine [12]. La forme pulmonaire est rare et répond mal au traitement. Un
cas de sporotrichose pulmonaire invasive chez un garçon de onze ans infecté par le VIH
252
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Historique
En 1898, Schenck de « Johns Hopkins Hospital » à Baltimore décrit le premier cas de
sporotrichose.
En 1990, le second cas a été observé toujours aux USA, par Hektoen et Perkins qui
donnèrent le nom de Sporothrix schenckii à l’agent isolé par aspiration de lésions
cutanées.
En 1903, une nouvelle espèce variété Sporothrix lureii aurait été isolée en Italie.
Entre 1941 et 1944, une épidémie à S. schenckii a touché 3000 mineurs d’or en Afrique
du Sud sous la forme lymphocutanée.
En 1984, Fukushiro signale que les systèmes de santé ont recensé plus de 2500 cas
depuis 1945 au Japon.
C’est en 1986 que l’on signale le premier cas de sporotrichose associée au SIDA.
En 1988, une épidémie du même champignon atteint 15 Etats des USA chez 84
forestiers et jardiniers.
253
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
1. Taxonomie / Classification
- Régne: Fungi
- Phylum: Ascomycota
- Classe: Sordariomycetes
- Ordre: Ophiostomatales
- Famille: Ophiostomataceae
- Genre: Sporothrix
- Espèce: Sporothrix schenckii.
2. Morphologie [9 ; 10 ; 17 ; 18]
Les espèces du complexe sont des champignons dimorphiques se présentant sous
deux phases:
254
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Une phase parasitaire (37°C) in vivo (dans les tissus): ces espèces se présentent sous
forme de cellules levuriformes bourgeonnantes ovales ou fusiformes, mesurant 2,5
à 3μm de diamètre sur 3,5 à 6,5μm de longueur appelées « corps en cigare » ou
« cigar-bodies ».
3. Biologie [9]
Les espèces du complexe S. schenckii se reproduisent par deux voies: la voie asexuée
(par bourgeonnement) et la voie sexuée (par production d’ascospores).
Ces espèces sont inactivées par la chaleur humide (121°C pendant 15mn). Elles sont
sensibles à l’éthanol à 70%, à l’hypochlorite de sodium (500-1000ppm), au peroxyde
d’hydrogène accéléré (6 000ppm), à un mélange sulfate de zinc anhydre et au
formaldéhyde.
4. Pathogénie [8 ; 10 ; 19]
Après la contamination résultant généralement d’un traumatisme par du bois ou des
végétaux infestés, plus rarement d’une griffure, vient une période d’incubation
variable de quelques jours à 3 semaines pouvant atteindre 3 mois. Elle se traduit par
un nodule ulcéro bourgeonnant, appelé chancre sporotrichosique, d’évolution
ulcérée et/ou végétante, simulant une pyodermite ou un granulome pyogénique.
255
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Elles sont retrouvées chez les animaux (chat, chameau, cheval) aussi chez les rongeurs,
les poissons, les perroquets, les animaux sauvages et chez l’Homme (sous forme
levures ou corps en cigare).
La sporotrichose est couramment observée chez l’Homme et l’animal. La sporotrichose
féline est d’ailleurs la zoonose la plus fréquente dans le monde [20-24]. En outre, des
cas humains par contact avec des chiens malades et par suite d’une morsure de
rongeur ont été rapportés [21 ; 22].
C. Mode de contamination
Les espèces du complexe sont des champignons ubiquitaires de l’environnement
retrouvées dans les plantes en décomposition, le bois pourri, les eaux de surface, et, à
l’occasion, les piscines. Chez l’Homme et l’animal, l’infection est presque toujours
consécutive à une effraction cutanée. La contamination survient par contact direct
avec les lésions ulcéreuses ou par les griffures ou les morsures de chat ou piqûre de
rongeurs, parfois, de chien ou d’écureuil [19 ; 21 ; 22].
L’inoculation transcutanée du champignon peut résulter d’une piqûre par une écharde,
une épine ou une ronce, un insecte ou un outil de jardinage ainsi que de la
manipulation de copeaux de bois ou de balles de foin. Les personnes devant manipuler
des chats ou chiens malades sont aussi à risque de contracter l’infection [21 ; 22].
La possibilité d’une contamination par voie aérienne du champignon doit être
envisagée. Toutefois, la contamination inter humaine est rare.
256
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
En Europe, on a observé une augmentation des cas en Italie, tandis que seuls des cas
sporadiques ont été signalés dans les autres pays.
257
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
- Forme lympho-cutanée : elle est la plus fréquente de la maladie, observée dans plus
de 75% des cas. Elle est caractérisée par l’apparition d’une papule indurée d’environ 2
à 4 cm de diamètre entre 7 et 30 jours après l’inoculation du champignon dans la peau.
Une induration progressive mène à la formation d’un nodule, qui est suivie d’une
ulcération encore appelée gomme ou chancre sporotrichosique.
- Forme cutanée fixée ou localisée : elle est observée chez certains patients. Aucune
dissémination lymphatique ne se produit au cours de l’évolution de l’atteinte, les
lésions observées demeurant localisées au site de l’inoculation initiale. Cette atteinte
est nommée sporotrichose cutanée localisée. Des lésions papulaires, des plaques et
des lésions nodulaires, verruqueuses ou ulcérées peuvent apparaître sur la face, le
cou, le tronc ou les jambes. La chronicité est fréquente en raison de l’absence de
résolution spontanée. Un érythème noueux est possible.
258
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Plus rarement, la maladie peut se disséminer dans l’organisme au niveau des viscères
(atteinte multi viscérale en cas de sida par dissémination hématogène).
1. Prélèvements
Après asepsie antibactérienne soigneuse, le pus des lésions, les squames ou les croûtes,
sont prélevés par grattage à l’aide d’un bistouri ou d’une curette.
En cas d’atteinte profonde, on réalise le recueil des exsudats, des biopsies d’organes (la
biopsie de la synoviale est bien supérieure à la ponction articulaire), des aspirations
bronchiques ou une ponction de liquide céphalo-rachidien et, rarement, le sang
259
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
peuvent également être mis en culture, dans les cas de localisations extra cutanées,
selon la symptomatologie.
2. Techniques
a) Examen mycologique direct
L’examen direct se réalise entre lame et lamelle en dilacérant finement le
prélèvement. Les frottis sont colorés au Gram après fixation.
La forme parasitaire est souvent difficile à observer, car peu abondante. Il s’agit
d’éléments levuriformes appelés « corps en cigare ».
Toutefois, un examen direct négatif n’est pas suffisant. C’est la culture qui fera le
diagnostic.
b) La culture
Elle est réalisée sur le milieu de Sabouraud (gélose type agar-glucose-peptone) placé à
25-27°C (obtention de filaments mycéliens ou hyphes) et, d’autre part, sur la gélose au
sang placée à 37°C en atmosphère humide (obtention de levures).
C’est cette transformation réversible dépendant à la fois de la température et de la
composition du milieu qui est caractéristique du complexe Sporothrix schenckii,
champignon thermodimorphique.
Le tube est préférable à la boîte de Pétri. Il doit être muni d’un bouchon à vis
hermétique, qui permet un meilleur confinement de la culture en évitant sa
déshydratation et les risques de contamination.
Sur Sabouraud à 25 - 27°C, les colonies ont un aspect crémeux et sont plates à surface
ondulée. La teinte va du blanc crème au brun chocolat en passant par toutes les
nuances, et devient progressivement noire. Elles se recouvrent de replis en rayons
avec le temps.
260
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Sur la gélose au sang à 37°C, l’aspect est celui de petites colonies crémeuses, humides
et blanchâtres.
Figure 13. 4 : Aspect microscopique des colonies de la culture sur gelose au sang
à 37°C (Aspect blanchâtre devenant brunâtre)
(Photo TP de Cours Pasteur, Paris 2009)
b) Examen microscopique
Sur Sabouraud à 27°C : on retrouve des hyphes septés caractérisés par leur finesse et
leur aspect gracile et hyalin. Des filaments branchés perpendiculairement portent de
petites conidies, ovoïdes ou allongées, claires (mesurant 1,5 à 2,5 sur 2,5 à 5,5μm).
Puis apparaissent des macroconidies (mesurant de 2,5 à 4μm) en goutte ou
triangulaires en toupie et de coloration brune, placées en manchon autour des
filaments.
261
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
262
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
263
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Figure 13. 8 : Section d'une lésion cutanée fixe indiquant les formes levures du complexe
Sporothrix schenckii après coloration au Gomori-Grocott
(Photo TP de Cours Pasteur, Paris 2009)
264
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Figure 13. 9 : Corps astéroïde une forme ronde, étoilée ou massuée mesurant jusqu’à 10µm
de diamètre, “corps asteroïdes” (phénomène de Splendore-Hoeppli)
(Photo de Cours Pasteur, Paris 2009)
A. But
Le but du traitement est de stériliser le foyer infectieux et d’éviter des complications
(dissémination en cas d’immunodépression sévère).
B. Moyens
Il existe des moyens médicamenteux et autres thérapies.
265
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
C. Indications/posologie
1- Moyens médicamenteux
-Formes cutanéo-lymphatiques et fixées : les médicaments utilisés sont :
266
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
A. But/objectifs
Le but de la prévention est de rompre la chaîne de transmission et d’éviter des
réinfestations.
B. Moyens/stratégies
Prophylaxie primaire
Il n'existe aucun vaccin pour prévenir la sporotrichose. On peut cependant réduire le
risque de la maladie par le port de vêtements de protection tels que des gants, des
bottes et des manches longues lors de la manipulation des fils, des rosiers, des balles
de foin, des plants de pin, ou d'autres matériaux qui peuvent provoquer des coupures
mineures ou des perforations dans la peau. Il est également conseillé d'éviter tout
contact de la peau avec la mousse de sphaigne.
Prophylaxie secondaire
Les patients souffrant du SIDA ont impérativement besoin de traitement d'entretien à
vie par l'itraconazole contre les formes méningées et disséminées. Le posaconazole
peut être utile.
Résumé-Conclusion
Sporothrix schenckii, un organisme thermodimorphe qui, depuis plus d'un siècle, a été
reconnu comme le seul agent causal de la sporotrichose, une mycose le plus souvent
cutanée ou rarement disséminée avec une distribution mondiale. Actuellement, il a été
267
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Somme toute, l’aspect clinique fruste fait que la prévalence de cette pathologie est
certainement sous-estimée en Afrique. La collaboration clinicien-biologiste est
nécessaire pour la mise en évidence de ce champignon qui nécessite une mise en
culture dans des milieux spéciaux.
268
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
Bibliographie
269
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Sporotrichose
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271
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
14 COCCIDIOIDOMYCOSE
Rédigé par Pr Dieng Yemou (Sénégal), Relu par Pr Ndiaye Daouda (Sénégal) et
Pr Ndiaye Mouhamadou (Sénégal)
272
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
Introduction
La coccidioïdomycose, appelée aussi maladie de Posadas et Wernicke, fièvre de la
vallée de Joaquin, rhumatisme du désert, granulome coccidioïdien, est une mycose
profonde causée par un champignon dimorphique, Coccidioïdes immitis actuellement
reconnu comme deux espèces distinctes, C. immitis et C. posadasii.
C’est une infection respiratoire généralement bénigne qui peut devenir fatale dans de
rares cas après une évolution aiguë ou chronique. Elle est une infection opportuniste
du Sida.
Elle sévit dans les régions désertiques de l’Ouest des Etats-Unis d’Amérique, de
l’Amérique Centrale et du Sud.
Elle représente un réel problème de santé publique dans ces pays d’endémie où
150 000 à 300 000 nouveaux cas de primo-infection sont dénombrés par an aux Etats-
Unis.
Elle ne doit pas être ignorée des cliniciens du fait des cas importés à la suite d’un
séjour en zone d’endémie.
I. Epidémiologie
A. Agents pathogènes
1. Taxonomie
Phylum : Ascomycotina
Classe : Euascomycetes
Ordre : Onygenales
Famille : Onygenaceae
Genre : Coccidioïdes
Espèces : C. immitis. C. posadasii
2. Morphologie
C’est un champignon dimorphique qui se présente sous forme :
Sphérule ou sporange, forme parasitaire, dans les tissus et en culture à 37°C,
sous atmosphère enrichie en CO2, elle mesure 10 à 80µm de diamètre avec une
forme sphérique. Elle possède une double paroi réfringente d’environ 2µm
d’épaisseur et contient des endospores mesurant 2 à 5µm de diamètre (Figure
14. 1).
273
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
3. Biologie
Coccidioïdes sp vit en saprophyte sur et dans les sols. Il sporule dès que la sécheresse
se manifeste et peut être dispersé par le vent. Sa résistance dans le milieu extérieur
est relativement importante ; ainsi il survit à 38°C et à 3°C. Il a aussi une grande
résistance à divers sels à de fortes concentrations (sulfate de calcium, borate de
sodium).
274
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
4. Pathogénie
L’arthrospore inhalée se transforme en sphérule dans le poumon. Celle-ci à maturité
libère les endospores qui assurent la dissémination du processus infectieux par
formation de nouvelles sphérules dans les tissus environnants. Ce processus est dû à
l’action d’une chitinase contenue dans la paroi de ces éléments.
B. Habitat
La forme saprophytique est retrouvée sur et dans les sols des zones désertiques
ainsi que dans les milieux de culture notamment Sabouraud glucosé.
La forme parasitaire est retrouvée chez l’homme, les animaux domestiques
(chiens, bovins, porcs), les rongeurs, les renards, les coyotes, les hiboux et les
milieux de culture enrichis notamment la gélose au sang.
C. Mode de contamination
La contamination se fait essentiellement par voie aérienne en inhalant des poussières
et aérosols naturels porteurs d’arthrospores.
Accidentellement, la contamination est possible par voie cutanéo-muqueuse soit par
des sphérules mûres lors des manipulations de cadavres, soit par des arthrospores en
cas d’inoculation par des végétaux épineux souillés.
D. Facteurs favorisants
1. D’ordre général
Climat : sec et chaud avec végétation xérophile, vent
Faune : rongeurs, coyotes, renards
Exposition environnementale aux poussières et au sol : tremblements de terre,
travaux de terrassement, démolitions.
2. D’ordre individuel
Race : les sujets noirs et latino-américains seraient plus exposés
Sexe : l’homme adulte a un risque de dissémination de l’infection plus grand que
la femme adulte.
Troubles nutritionnels : diabète
Immunodéficience
275
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Coccidioidomycose
Grossesse.
Transplantation d’organe
E. Répartition géographique
C. immitis est retrouvé au sud-ouest des USA en Californie alors que C. posadasii est
retrouvé aussi au Nord du Mexique et en Amérique du Sud.
A. Circonstances
Eléments épidémiologiques et cliniques : Un agriculteur afro-américain de 35 ans
résidant dans l’Arizona ou un adulte qui y a séjourné et qui présenterait :
Soit un syndrome pseudo grippal avec érythème multiforme ;
Soit une atteinte pulmonaire chronique caractérisée par des nodules isolés à la
radio pulmonaire ;
Soit une méningite avec atteinte de la peau à type de lésions granulomateuses
d’aspect verruqueux.
C. Diagnostic mycologique
1. Prélèvements
Crachats, LBA, lavages gastriques, exsudats des lésions cutanées, pus d’ostéite,
moelle, LCR, liquide pleural, sang, urines, biopsies pulmonaires et ganglionnaires
2. Techniques
Examen direct des spécimens dans la potasse à 10%.
Frottis et appositions sont colorés au MGG.
Culture réalisée sur milieu de Sabouraud glucosé additionné d’antibiotique avec
ou sans cycloheximide à 25°C ou sur gélose au sang à 37°C sous CO2, elle est
276
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
3. Résultats
L’examen direct permet de voir la sphérule, forme parasitaire du champignon
La culture à 25°C en milieu de Sabouraud glucosé permet d’obtenir en 3 à 5
jours, une colonie duveteuse, blanc-grisâtre, devenant brune. L’examen
microscopique permet de voir la forme saprophytique du champignon.
L’identification de cette phase filamenteuse peut se faire soit par la technique
des exo-antigènes, soit la conversion de la phase filamenteuse en sphérule.
La culture à 37°C en milieu gélosé au sang permet d’obtenir la forme parasitaire
à partir de la forme saprophytique. Les sphérules peuvent être obtenues « in
vitro » à 40 °C sur BHI.
1. Détection d’antigène
Mise en évidence des exo-antigènes dans les cultures par immunodiffusion.
Recherche de l’antigène urinaire par ELISA avec possibilité de réactions croisées
surtout avec l’histoplasmose.
277
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
E. Diagnostic moléculaire
Il permet le diagnostic de l’espèce. Il s’agit d’une amplification génomique utilisant
des amorces spécifiques de chacune des 2 espèces. Il utilise une sonde à ADN
spécifique sur une culture de moins d’1 cm de diamètre avant sporulation.
F. Diagnostic histologique
Le champignon est visible dans les coupes de tissus colorés à l’hématoxyline éosine. Il
se présente :
Soit sous forme d’arthrospore ou endospore dans une réaction de nécrose à
polynucléaires qui survient lors de l’envahissement du poumon par les
arthrospores infestantes et lors de la rupture des sphérules qui s’accompagne de
libération d’endospores ;
Soit sous forme de sphérule dans une réaction granulomateuse avec cellules
géantes de Langhans, lors du développement et la maturation des sphérules
dans les tissus. Les sphérules jeunes ont un centre clair avec un cytoplasme
périphérique.
Le champignon est bien coloré par le PAS et le Gomori-Grocott.
A. But
Guérir la personne malade et éliminer l’agent pathogène de l’organisme.
B. Moyens
Dérivés Azolés : fluconazole, itraconazole, voriconazole, posaconazole.
Amphotéricine B.
C. Indications/Posologie
Dans la majorité des cas (60%), l’infection est asymptomatique et dans sa
localisation primaire pulmonaire aiguë la guérison peut se faire sans traitement.
Les formes légères ou modérées sont traitées par fluconazole ou itraconazole.
En cas de maladie sévère : amphotéricine B.
En cas d’atteinte extra-pulmonaire non méningée de gravité faible ou modérée :
fluconazole 400mg /j PO ou itraconazole 200mg x2/j PO. Le voriconazole 200mg
x 2 / j PO ou IV ou le posaconazole 400mg x 2/j PO sont des alternatives.
278
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
D. Suivi biologique
Il est assuré par la sérologie. Sous traitement, l’absence de décroissance du titre des
anticorps est de mauvais pronostic.
IV. Prophylaxie
A. But
Empêcher la survenue de la maladie.
B. Moyens
Prophylaxie primaire : en zone d’endémie, éviter l’exposition aux poussières et
au sol.
Prophylaxie secondaire : en zone d’endémie, un sujet VIH positif ayant une
coccidioïdomycose doit être maintenu sous fluconazole jusqu’à la reconstitution
immunitaire avec un taux de CD4> 250 /mm3 pendant 6 mois.
Conclusion
La coccidioïdomycose est une affection qui doit être évoquée chez un individu
présentant une infection pulmonaire sévère et vivant ou ayant séjourné en zone
d’endémie.
Le diagnostic biologique est assuré par la mycologie et la sérologie.
Le traitement à base d’amphotéricine B et de dérivés azolés devant être maintenu à
vie dans sa localisation méningée, explique l’importance de la prophylaxie primaire
chez les sujets à risque vivant dans les zones d’endémie. Celle-ci consiste à éviter
l’exposition aux poussières et sol qui véhiculent les formes infectantes du champignon.
279
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
Bibliographie
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Coccidioidomycose
281
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
15 PARACOCCIDIOIDOMYCOSE
Rédigé par Pr Dieng Yemou (Sénégal), Relu par Pr Ndiaye Daouda (Sénégal) et
Pr Ndiaye Mouhamadou (Sénégal)
282
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
Introduction
La paracoccidioidomycose, appelée aussi maladie de Lutz-Splendore-Almeida, ou la
blastomycose sud-américaine, est une mycose profonde caractérisée par des lésions
granulomateuses cutanéo-muqueuses, viscérales et ganglionnaires. Elle est causée par
un champignon dimorphique, Paracoccidioïdes brasiliensis récemment reconnu
comme deux espèces, P. brasiliensis et P lutzii. Elle est une infection opportuniste au
cours du Sida.
Elle est la mycose la plus répandue d’Amérique latine et peut représenter une
pathologie d’importation avec les voyages intercontinentaux des personnes.
I. Epidémiologie
A. Agent pathogène
1. Taxonomie
Phylum : Ascomycotina
Classe : Eurotiomycetes
Ordre : Onygenales
Famille : Ajellomycetaceae
Genre : Paracoccidioïdes
Espèce : complexe P. brasiliensis, P. lutzii
2. Morphologie
C’est un champignon dimorphique qui se présente sous forme :
Levure dans les tissus infectés et dans les cultures en milieux enrichis à 37°C.
C’est une levure arrondie, à paroi mince, dont le diamètre varie de 5 à 15µm et
qui présente des bourgeons (blastospores) multiples en plusieurs points de sa
surface. Ces bourgeons sont rattachés à la cellule-mère par d’étroits ponts
cytoplasmiques, conférant à la levure un aspect semblable à une « roue de
gouvernail » (Figure 15. 1) ;
283
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
Filamenteuse retrouvée dans le sol mais aussi dans les cultures en milieux de
Sabouraud glucosé à 25°C. Ce sont des filaments septés de 2 à 4µm avec des
spores piriformes, terminales, mesurant 2 à 5µm et des arthrospores. Parfois, il
existe de très grosses chlamydospores intercalaires de 20µm de diamètre (Figure
15. 2).
3. Pathogénie
La spore inhalée se transforme en levure à l’intérieur des macrophages alvéolaires.
Cette transformation est à l’origine d’une réaction inflammatoire non spécifique. La
dissémination peut se faire par voie sanguine ou lymphatique causant des lésions
granulomateuses dans de nombreux tissus.
B. Habitat
Ce champignon vit à l’état filamenteux dans le sol où il produit des spores. C’est sous
cette forme saprophytique qu’il est aussi retrouvé dans les milieux de culture à 25°C.
Par contre, dans les tissus infectés et dans les milieux de culture à 37°C, il se présente
sous la forme levure.
En dehors de l’homme, certains animaux (chien, tatou) peuvent être infectés.
284
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
C. Mode de contamination
La contamination se fait essentiellement par voie aérienne par inhalation de spores et
rarement à travers la peau ou les muqueuses à la suite d’un traumatisme.
Il y a des possibilités d’atteintes buccales secondaires au nettoyage des dents avec des
végétaux infestés.
D. Facteurs favorisants
1. D’ordre général
Climat : nature du sol (acidité), température (12 à 30°C), altitude (150 à 2000 m),
pluviométrie (1000 à 4000 mm /an).
2. D’ordre individuel
- Profession : agriculteurs
- Sexe : masculin
- Immunodéficience
E. Répartition géographique
La paracoccidioïdomycose est une affection qui sévit à l’état endémique en Amérique
Centrale et du Sud (Mexique à l’Argentine).
A. Circonstances
285
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
C. Diagnostic mycologique
1. Prélèvements
- Crachats et secrétions provenant de l’arbre respiratoire.
- Pus, matériel aspiré ou issu de biopsies de lésions cutanées ou muqueuses.
2. Techniques
- Examen direct des spécimens dans la potasse à 10%.
- Frottis et appositions sont colorés au MGG ou Gomori Grocott.
- Culture réalisée sur milieu de Sabouraud glucosé additionné d’antibiotiques à
25°C ou sur gélose au sang à 37°C.
- Inoculation à l’animal de laboratoire. C’est l’examen de choix par voie
intrapéritonéal ou intra testiculaire chez le cobaye, la souris.
3. Résultats
- L’examen direct permet de voir la levure avec les bourgeonnements multiples,
forme parasitaire du champignon.
- La culture à 25°C en milieu de Sabouraud glucosé permet d’obtenir en 15 à 25
jours, une colonie qui peut être glabre, cireuse ou, au contraire, blanche et
floconneuse. L’examen microscopique permet de voir la forme saprophytique du
champignon. L’identification de Paracoccidioïdes sp nécessite la conversion de la
phase filamenteuse en phase levure.
- La culture à 37°C en milieu gélosé au sang permet d’obtenir la forme parasitaire.
286
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
1. Détection d’antigène
- Mise en évidence des exo-antigènes dans les cultures par immunodiffusion.
- Mise en évidence de la glycoprotéine gp 43 par anticorps monoclonal.
3. IDR à la paracoccidioïdine
Elle est lue 24 à 48 h, mais est habituellement négative chez les sujets gravement
atteints qui sont anergiques. Par ailleurs, il peut y avoir des réactions croisées avec la
coccidioidomycose, l’histoplasmose et la blastomycose. Ce test est plutôt utilisé pour
les études épidémiologiques que dans un but diagnostique.
E. Diagnostic moléculaire
La PCR est utilisée pour faire le diagnostic d’espèce avec des amorces spécifiques.
Cependant, elle a des limites dans le sérum ou le plasma.
F. Diagnostic histologique
L’histologie met en évidence une hyperplasie pseudo-épithéliomateuse, associée à une
inflammation génératrice de granulomes et à une infiltration plasmocytaire et
lymphocytaire, avec parfois une suppuration. Dans ces lésions, et,
essentiellement, au sein des granulomes, le champignon apparait sous sa forme de
levure. Celle-ci peut être colorée par l’hématoxyline – éosine, le PAS ou les techniques
d’imprégnation argentique Gomori-Grocott.
287
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
Diagnostic différentiel histologique, dans les zones d’endémie qui se chevauchent avec
• Sphérule de C. immitis
• Levure de Blastomyces dermatidis
• Base d’implantation unique et large possibilité d’utilisation d’Ac fluorescents in
situ
A. But
Guérir la personne malade et éliminer le champignon de l’organisme.
E. Moyens
- Les sulfamides : Sulfaméthoxazole-Triméthoprime (Cotrimoxazole)
- Amphotéricine B
- Dérivés azolés : Kétoconazole, fluconazole, itraconazole
C. Indications / Posologie
- Sulfaméthoxazole-Triméthoprime : 1600mg/j X 1à 2 ans
- Amphotéricine B dans les cas graves : 0,2 à 1 mg/kg/j
- Kétoconazole : 200 à 400mg /j X 1 à 2 mois puis 200mg/j X 12 mois
- Itraconazole : 100mg/j X 8 mois ; dans les cas graves : 200mg/j X 2mois puis
100mg/j X 6 à 8 mois
- Fluconazole : 400mg/j X 6 mois
288
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
IV. Prophylaxie
A. But
Empêcher la survenue de la maladie.
B. Moyens
Prophylaxie primaire : en zone d’endémie, chez les sujets à risque de développer des
formes sévères de la maladie en cas d’immunodéficience, l’association
sulfaméthoxazole-triméthoprime peut être prescrite en prophylaxie des infections
opportunistes. Des études sur le vaccin sont en cours, notamment avec le gène de la
glycoprotéine gp 43 qu’on ne retrouve que chez P. brasiliensis.
Conclusion
La paracoccidioïdomycose est une affection qui doit être évoquée chez un individu
présentant une pneumopathie associée à des lésions cutanéo-muqueuses et vivant ou
ayant séjourné en Amérique latine.
Le diagnostic biologique est assuré par la mycologie et la sérologie.
La molécule de choix pour le traitement est l’itraconazole, mais l’amphotéricine B est
aussi utilisée dans les cas sévères.
Devant la difficulté d’éradiquer le champignon, une prophylaxie primaire à base de
cotrimoxazole devrait être instaurée chez les sujets immunodéficients des zones
d’endémie dans l’attente d’un vaccin efficace.
289
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Paracoccidioidomycose
Bibliographie
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290
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
16 ZYGOMYCOSES
Rédigé par Pr Nzenze Solange (Gabon), Relu par Pr Gaye Oumar (Sénégal) et
Pr Dorkenoo Ameyo Monique (Togo)
291
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
Introduction
Définition
Les zygomycoses sont des affections fongiques causées par des micromycètes de la
classe des zygomycètes caractérisés par un mycélium coenocytique fait de filaments
irréguliers, non cloisonnés et par des spores asexuées qui se forment à l’intérieur de
sacs appelés sporocystes. Trois ordres appartiennent aux zygomycètes : il s’agit des
Mucorales, des Entomophthorales et des Mortierellales. Dans ce chapitre, nous
n’étudierons pas les Mortierellales qui sont très rarement impliqués en parthologie
humaine.
Intérêt
Les mucormycoses
Ce sont des affections aiguës et secondaires, graves, de pronostic souvent péjoratif,
cliniquement hétérogènes, allant de l’infection sinusienne à l’infection disséminée
avec une sévérité croissante, directement liée au statut immunitaire du patient [1].
L’angiotropisme des agents incriminés expliquent leur potentiel de dissémination.
L’incidence de ces affections augmente dans les pays développés notamment en
France [2]
Les Entomophthoromycoses
Ce sont des affections chroniques, primaires et superficielles (sinusiennes ou sous-
cutanées). Elles intéressent les patients immunocompétents vivant en zone tropicale
et subtropicales
En zone d’endémie, les déformations qu’elles engendrent surtout au niveau de la face
posent des problèmes sociaux [3]
Historique
292
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
I. Épidémiologie
A. Agents Pathogènes
1. Taxinomie
Les agents responsables des zygomycoses sont des micromycètes de la division des
Zygomycotina, de la classe des zygomycètes. Leur reproduction sexuée donne lieu à
des spores appelées zygospores. Trois ordres existent, deux ont un intérêt en
pathologie humaine : ordre des Mucorales et celui des Entomophthorales. Chez les
mucorales, les spores asexuées sont produites à l’intérieur d’un sac appelé sporocyste
(sporange), tandis que chez les entomophthorales, les spores asexuées sont produites
à l’extrémité des filaments et sont habituellement projetées à distance, elles portent le
nom de ballistospores (Figure 16. 1). L’ordre des mucorales comprend les genres
Mucor, Rhizopus, Lichtheimia (Absidia), Rhizomucor, et plus rarement
Syncephalastrum, Cunninghamella, Cokeromyces et Saksenaea. Parmi les
Entomophthorales, les principaux genres sont Conidiobolus et Basidiobolus [7].
293
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
2. Morphologie
- Caractères macroscopiques
Les Zygomycètes ont en général une croissance rapide, toutefois les mucorales sont
caractérisées par des colonies à développement aérien le plus souvent (genre Mucor),
floconneuses, extensives envahissant le tube ou la boîte (genres Lichtheimia, Rhizopus,
Cunninghamella…). Dans le cas des Entomophthorales, les colonies sont plutôt planes
et glabres
- Caractères microscopiques
Le thalle est coenocytique, constitué de filaments peu ou pas cloisonnés, de diamètre
large (5 à 20µm de diamètre) et irrégulier. Dans les cultures âgées, des
chlamydospores peuvent se former. Les filaments adhèrent au substrat par des
rhizoïdes, plus ou moins développés, qui évoquent des racines.
B. Habitat
Les mucorales sont des mycètes microscopiques saprophytes du sol, ils se développent
sur les matières organiques en décomposition tels que le pain, les fruits, les graines de
céréales (orge, blé, riz, etc.), les excréments d’animaux et sont rarement retrouvés
dans l’eau [8, 9].
Tout comme les Mucorales, les Entomophthorales sont retrouvés sur le sol, les
matières végétales et les fruits en décomposition ; ils peuvent également être
pathogènes pour les animaux (chevaux, brebis, chiens, chimpanzés, lama) ; ils sont
classiquement retrouvés chez les amphibiens et dans les fèces des animaux des forêts
de la zone intertropicale.
Plus récemment, ces agents ont été décrits comme colonisateurs des débris végétaux,
mais également comme saprophytes des arthropodes [9-14]. Les insectes, termites et
araignées sont également intéressés dans le cas de Conidiobolus coronatus. Par
ailleurs, Basidiobolus ranarum est décrit comme commensal du tractus digestif des
batraciens et lézards [15].
C. Mode de contamination
Les espèces responsables de zygomycoses produisent des spores en abondance dans
l’environnement. Elles sont véhiculées par le vent et inhalées par l’Homme. Le
fonctionnement physiologique de l’appareil muco-ciliaire permet de débarrasser
l’arbre pulmonaire de ces spores. Toutefois, en cas d’altération du dispositif muco-
ciliaire ou lorsque les défenses immunitaires des patients sont amoindries, l’inhalation
de spores peut conduire à une infection de la sphère pulmonaire, voire à une atteinte
disséminée.
Pour les Mucorales :
294
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
D. Facteurs favorisants
C’est dans le cadre des mucormycoses que le rôle des facteurs favorisants est
déterminant. Il s’agit par ordre d’importance décroissante [15] :
- du diabète acidocétosique ;
- de l’insuffisance rénale avancée avec acidose ;
- des hémopathies malignes (leucémies aiguës, lymphomes, etc.) avec aplasie ;
- des greffes de moelle ou d’organes ;
- de la corticothérapie prolongée ;
- du traitement avec la déféroxamine, agent chélateur du fer ;
- de la malnutrition protidocalorique (kwashiorkor) ;
- des brûlures étendues et de divers traumatismes avec délabrement cutané.
E. Répartition géographique
Les mucorales sont des mycètes cosmopolites, présents dans l’environnement ; par
contre, la distribution géographique des entomophthorales est tropicale : il s’agit des
régions tropicales humides d’Asie, d’Afrique et d’Amérique où on retrouve l’espèce
Conidiobolus coronatus. C’est surtout en Afrique centrale (République Démocratique
du Congo, Nigeria et Cameroun), à Madagascar, mais aussi en Inde et au Brésil que
l’affection est la plus décrite. Les entomophthoromycoses sous-cutanées
(Basidiobolomycose) sont décrites dans les zones tropicales et subtropicales d’Afrique
noire (Nigeria, Kenya, Ouganda, Burkina-Faso, Mali, etc.), d’Asie (Inde, Indonésie et
Myanmar). La maladie serait absente de Madagascar, et les cas américains sont
exceptionnels [16].
295
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
1. Eléments épidémiologiques
- Les mucormycoses surviennent essentiellement chez des patients aux défenses
immunitaires amoindries ; en effet, chez le diabétique mal équilibré,
l’hyperglycémie associée à l’acidocétose favorisent la germination des mucorales et
leur progression dans les tissus [17] ;
- Les entomophthoromycoses vont intéresser les sujets originaires des zones
tropicales concernées, et particulièrement les adultes de sexe masculin pour la
Conidiobolomycose (ou Rhinoentomophthoromycose), de préférence les enfants de
2 à 15 ans de sexe masculin pour la basidiobolomycose ou Entomophthoromycose
sous-cutanée [16].
2. Signes cliniques
a. Mucormycoses
On distingue les formes cliniques fréquentes, moins fréquentes et les formes rares
Forme rhino-orbito-cérébrale
Elle survient préférentiellement sur terrain de diabète déséquilibré. Cette forme
clinique commence par le palais [18] ou le sinus paranasal, atteint progressivement le
niveau orbital et, si le diagnostic est tardif, elle s’étend au cerveau, déterminant ainsi la
forme rhino-orbito-cérébrale.
Le patient présente un certain nombre de symptômes : fièvre, obstruction nasale,
sinusite, léthargie parfois céphalées, douleur orbitale, perte soudaine de la vision,
proptosis voire une cellulite périorbitale.
Des thromboses du sinus caverneux ou de l’artère carotide interne sont des
complications possibles de la forme sinusienne ou rhinocérébrale.
L’espèce Lichtheimia (Absidia) corymbifera est fréquemment mise en cause lors
d’atteinte rhinofaciale [19] ou cutanée.
Forme pulmonaire
Forme plus fréquente chez les patients neutropéniques.
- Dans la mucormycose pulmonaire : le patient présente une toux, une fièvre, des
hémoptysies et/ou des douleurs thoraciques. Le diagnostic clinique différentiel
296
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
b. Entomophthoromycoses
Elles se présentent sous 2 formes essentielles :
Rhinoentomophthoromycose,
Basidiobolomycose
297
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
La tumeur est mobile sur les plans profonds ; elle adhère à la peau qui est
hyperpigmentée mais rarement ulcérée.
D’autres localisations sont aussi fréquentes chez le jeune enfant : les fesses, les
cuisses, le périnée. Dans tous les cas, l’atteinte ganglionnaire loco-régionale est
possible mais inconstante.
- Evolution : elle est lente et se fait par poussées. La guérison spontanée est
possible, mais il peut aussi exister des formes viscérales profondes après
dissémination hématogène ou lymphatique.
298
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
B. Diagnostic mycologique
1. Prélèvements
Pour le diagnostic des Mucormycoses, en fonction de la localisation, les
prélèvements sont :
- prélèvements sinusiens, pulmonaires (liquide de lavage broncho-alvéolaire,
aspiration bronchique, crachats) ;
- prélèvements cutanés (écouvillons, biopsie) ;
- prélèvements de selles plus rarement.
Pour le diagnostic des Entomophthoromycoses, il s’agit des prélèvements
sinusiens ou cutanés.
2. Examen direct
L’examen direct est fondamental, car permet la mise en évidence dans les produits
pathologiques de la forme parasitaire des zygomycètes.
Il peut être fait, selon le type de prélèvement, avec ou sans éclaircissant, entre lame et
lamelle, ou être réalisé après utilisation de réactifs fluorescents (Mycetfluo®,
Mykoval®) ou encore après imprégnation argentique (Gomöri-Grocott).
A l’observation microscopique, au grossissement 10x ou 20X puis 40X, on met en
évidence la présence de filaments larges, irréguliers, non ou peu cloisonnés et ramifiés
à angles droits. Ces filaments sont caractéristiques des zygomycètes (photo 3)
299
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
3. Cultures et interprétations
La mise en culture permet le diagnostic du micromycète en cause, et confirme son rôle
pathogène dès lors que l’examen direct est positif.
Les zygomycètes sont des champignons peu exigeants en culture ; ils se développent
sur des milieux de Sabouraud chloramphénicol sans cycloheximide pour les mucorales,
sans chloramphénicol et sans cycloheximide pour les Entomophthorales, à des
températures d’incubation de 37°C (voire plus) pour les mucorales et de 30°C pour les
Entomophthorales excepté Conidiobolus incongruus dont la température optimale est
de 37°C.
Etant donné le caractère envahissant des cultures, l’utilisation des tubes est préférée
pour éviter la contamination des autres prélèvements de l’étuve.
300
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
C. Diagnostic histologique
L’étude histo-pathologique met en évidence des éléments fongiques isolés ronds à
ovalaires (coupe transversale), entourés d’un dépôt éosinophile « phénomène de
301
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Zygomycoses
Figure 16. 10 : Réaction scléro inflammatoire Figure 16. 61 : Hyphe fongique, Coloration
autour d’éléments fongiques Coloration H.E.S Gomorit- Grocott
D. Diagnostic moléculaire
Dans le cadre du diagnostic des Zygomycètes, la biologie moléculaire peut être une
aide au diagnostic microscopique [22]. Les séquences les plus souvent utilisées sont
des cibles ribosomales, 18S, 28S et l’Internal Transcribed Spacer (ITS). Des cibles au
niveau de l’ADN, la perméase FTR1 ou le cytochrome B, ont été également décrits pour
ce diagnostic de genre. Toutefois les ITS seraient les cibles les plus fiables pour les
identifications de genre des zygomycètes.
A. Buts
Les buts de la prise en charge thérapeutique des zygomycoses est d’éliminer l’agent
pathogène et de guérir le patient.
B. Moyens thérapeutiques
Ils font appel à la chimiothérapie et au traite ment chirurgical :
- Amphotéricine B, forme injectable IV,
- Posaconazole comprimés,
- Itraconazole,
- Iodure de potassium.
302
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Zygomycoses
C. Indications
Pour les mucormycoses :
Le traitement médicamenteux est fondé sur l’utilisation de l’amphotéricine B par voie
intraveineuse [23]. Ce traitement doit être le plus précoce possible afin de réduire la
mortalité, dont le taux serait deux fois plus important en cas de délai de traitement de
6 jours [24].
Le posaconazole peut être proposé par voie orale en relais du traitement par
Amphotéricine B [25]. Son activité serait fonction des espèces en cause [26].
Le voriconazole et les échinocandines sont inefficaces pour le traitement des
mucormycoses et participeraient à la sélection de ces agents fongiques [27].
Les associations d’antifongiques dans le cadre du traitement des zygomycoses ne sont
pas recommandées, compte tenu de l’absence de données permettant de démontrer
leur meilleure efficacité comparativement à la monothérapie.
Au cours de la prise en charge thérapeutique des patients atteints de mucormycoses,
les traitements visant à renforcer le système immunitaire des patients, seront
entrepris.
L’efficacité du traitement sera objectivée par la disparition des signes cliniques et
paracliniques et par la négativation des examens mycologiques.
Pour les Entomophthoromycoses
Le traitement repose sur l’iodure de potassium, à la dose de 40mg/kg/jour [20].
L’itraconazole peut également être utilisée [28].
Tout comme pour le traitement des mucormycoses les associations médicamenteuses
peuvent être préconisées, elles montrent une efficacité relative comme le témoigne le
cas rapporté par Blumentrah C.G et al. [3] et qui, par ailleurs, relève la difficulté
majeure pour les patients vivant en zone d’endémie de pouvoir entreprendre un
traitement sans l’interrompre à cause du coût élevé des antifongiques.
L’abandon du traitement et les récidives sont donc souvent observés (photo 7).
Figure 16. 72 : Après 18 mois de traitement Figure 16. 13 : Patient avant traitement
(fluconazole et terbinafine) chez patient photo
16. 13
303
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
Résumé
Les zygomycoses sont des mycoses causées par des micromycètes de la classe des
zygomycètes caractérisés par un mycélium coenocytique fait de filaments irréguliers,
non cloisonnés et par des spores asexuées qui se forment à l’intérieur de sacs appelés
sporocystes. Deux ordres parmi les trois décrits, sont impliqués en pathologie
humaine : il s’agit des Mucorales et des Entomophthorales.
Les mucormycoses sont des affections cosmopolites, aiguës, graves, de pronostic
souvent péjoratif, cliniquement hétérogènes, allant de l’infection sinusienne à
l’infection disséminée avec une sévérité croissante, directement liée au statut
immunitaire du patient, d’où le rôle central des facteurs favorisants. Les
Entomophthoromycoses sont, quant à elles, des affections des régions tropicales et
subtropicales, chroniques et superficielles (sinusiennes ou sous cutanées). Elles
affectent les patients immunocompétents et occasionnent des déformations
handicapantes surtout au niveau de la face.
Le diagnostic mycologique ou histologique met en évidence dans les prélèvements, des
filaments caractéristiques : larges (10µm en moyenne), irréguliers, non ou peu septés
avec des ramifications à angle droit. Les mucorales développent en culture un
mycélium aérien envahissant le milieu de culture. Par contre, les entomophthorales
donnent des colonies glabres et planes.
Le traitement fait appel à la chimiothérapie et à la chirurgie. Le médicament de
référence dans le cas des mucormycoses est l’Amphotéricine B par voie intraveineuse,
et l’itraconazole dans le cas des Entomophthoromycoses.
L’évolution sous traitement antifongique dans les mucormycoses est améliorée par la
restauration ou le contrôle de l’état immunitaire du patient.
Par ailleurs, les traitements longs et onéreux des lésions d’entomophthoromycoses,
vont rendre compte de la mauvaise observance de la prescription médicamenteuse et
souvent de son abandon.
La prévention de ces affections est en soi illusoire. Néanmoins, un diagnostic rapide et
une sensibilisation des populations et du personnel soignant, sur les facteurs de risque
des mucormycoses, de même que sur les circonstances de la contamination par les
entomophthorales pourrait aider à réduire d’une part, la mortalité liée aux
mucormycoses et d’autre part, la morbidité associée aux entomopththoromycoses.
304
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Zygomycoses
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
I. Généralités
A. Définition
Il n’existe pas de définition univoque des maladies infectieuses émergentes. Ce terme
est en effet utilisé de manière très large pour qualifier une maladie « dont on parle »
ou bien souvent « dont on souhaiterait que l’on parle ». Selon le dictionnaire
Larousse®, « l’émergence » est l’état de ce qui émerge à savoir « dépasse le niveau
moyen, retient l’attention ou sort du lot ». En termes épidémiologiques, il s’agit d’une
maladie qui apparaît ou dont l’incidence augmente en un lieu donné. Dans une
perspective d’anticipation, on se doit aussi d’inclure dans cette définition les maladies
infectieuses dont l’incidence pourrait augmenter du fait de conditions propices à leur
transmission. Quand il s’agit d’une maladie connue, ayant disparu ou diminué en
importance, la réapparition ou la recrudescence de cette dernière amène alors à parler
de « résurgence »
Trois phases évolutives ont été décrites dans les émergences d’agents infectieux
nouveaux ou préexistants, nouvellement introduits dans une population :
l’introduction de l’agent dans la population humaine, sa diffusion ou dissémination et
sa pérennisation [1].
B. Intérêt
La fréquence d’isolement des champignons est en augmentation au laboratoire. On
observe en effet l’émergence d’espèces auparavant inconnues du milieu médical, ainsi
que la réémergence d’espèces au pouvoir pathogène établi, mais qui sont
responsables de nouvelles formes cliniques, survenant sur des terrains particuliers. Ces
infections sont associées à des taux de mortalité élevés, souvent liés à un retard au
diagnostic. La liste des « nouveaux champignons » isolés en pathologie humaine
s’allonge ainsi chaque jour 2, et les raisons en sont multiples. Le nombre de patients
à risque (prématurés, patients greffés) est de plus en plus important ; l’utilisation de
procédures thérapeutiques générant de nouveaux risques infectieux (anti-TNF, anti-
CD52) est de plus en plus fréquente (notamment au cours des allogreffes de cellules
souches hématopoïétiques dans les services d’onco-hématologie ; ces procédures ont
certes permis de prolonger la survie des patients atteints de maladies autrefois
incurables, mais cela au prix d’une immunodépression profonde et prolongée) ; les
308
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
309
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
A. Fusarium
Actuellement, le genre Fusarium comprend au moins 300 espèces
phylogénétiquement distinctes, 20 complexes d’espèces et neuf lignées
monotypiques. La plupart des Fusarium identifiés comme pathogènes opportunistes
appartiennent au complexe F. solani, au complexe F. oxysporum et au complexe F.
fujikuroi. Moins fréquemment rencontrés sont les membres des complexes F.
incarnatum-equiseti, F. dimerum et F. chlamydosporum, ou des espèces comme F.
sporotrichoides [8].
310
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
311
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Les caractères importants utilisés dans l'identification des espèces de Fusarium sont les
suivants :
Taille de la colonie après croissance sur pomme de terre dextrose agar (PDA)
et/ou sur pomme de terre saccharose agar après incubation dans l'obscurité
pendant quatre jours à 25°C ;
Mode de contamination
Facteurs de risque
La rupture des tissus par traumatisme direct ou par la présence d'un corps étranger
chez un patient sont les facteurs de risque habituels pour les infections localisées, à
l’exemple : des kératites (après traumatisme ou chez les porteurs de lentilles de
contact); de l'onychomycose (chez les personnes qui marchent pieds nus) ; et plus
rarement de la péritonite (chez des patients subissant une dialyse péritonéale
ambulatoire continue), mais également d’une cellulite (après une blessure et autres).
Parmi les facteurs de risque de la fusariose disséminée, on distingue : une
312
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Moisissures et levures émergentes
Clinique
Fusarioses localisées
Atteintes cutanées. - Les atteintes cutanées sont le plus souvent des surinfections de
plaies, d’ulcères ou de brûlures. Elles se présentent sous la forme de granulomes,
d’ulcères, de nodules, de mycétomes, de nécroses, de panniculites ou d’intertrigo.
Toutefois, les lésions cutanées peuvent faire suite à une infection disséminée et
donner lieu à des lésions de type nodules sous-cutanés, ou ecthymas. Les nodules sont
érythémateux, douloureux à centre nécrosique [13].
Autres. - Avec une vingtaine de cas rapportés, les péritonites à Fusarium sont rares et
font toujours suite à une dialyse péritonéale [14] la porte d’entrée étant le cathéter.
Plus rarement, les Fusarium peuvent être les agents d’ostéomyélites, d’arthrites,
d’otites, de sinusites et d’abcès cérébraux [10, 12].
313
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Fusarioses disséminées
Intoxications à Fusarium
Les Fusarium spp. produisent également des mycotoxines, qui, une fois ingérées, sont
à l’origine d’intoxications alimentaires et de manifestations allergiques et peuvent
devenir carcinogènes après une longue exposition. Les fumonisines sont les toxines
produites par F. moniliforme dans les maïs et peuvent provoquer un cancer de
l’œsophage [10, 12].
Traitement
Objectif
Moyens
Ils font appel à des antifongiques systémiques. Les Fusarium sont parmi les
champignons les plus résistants. La terbinafine a été utilisée avec succès dans des cas
d’infections superficielles à Dakar notamment sur l’intertrigo inter-orteils et
l’onychomycose [15]. Bien que le traitement optimal ne soit pas codifié, le
voriconazole, l’itraconazole et l’amphotéricine B, surtout dans ses formulations
lipidiques, ont été associés à des succès thérapeutiques. Le voriconazole est
notamment reconnu à la fois par l’US Food and Drug Administration aux États-Unis et
par la European Medicines Agency en Europe pour le traitement des infections sévères
à Fusarium [10].
314
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Indications
La terbinafine est utilisée à la dose de 250mg deux fois par jour avec ou sans
adjonction d’un traitement local pendant 1 à 3 mois ; parfois la guérison clinique est
obtenue avant la stérilisation complète du foyer fongique [16].
L’amphotéricine B, sous forme lipidique, est utilisé à fortes doses mais il n’y a pas de
codification du traitement des fusarioses disséminées. Il sera fonction des résultats de
l’antifongigramme et de la gestion de la maladie sous-jacente [11].
B. Scedosporium
Scedosporium prolificans, récemment proposé pour adopter le nom générique de
Lomentospora prolificans, et les membres du complexe d'espèces de S. apiospermum
(forme sexuée de Pseudallescheria boydii) sont les agents pathogènes les plus courants
dans ce genre. Dans le complexe d'espèces S. apiospermum, les espèces les plus
fréquentes sont : S. apiospermum et S. boydii, S. aurantiacum et S. dehoogii qui ont été
récemment décrites comme des pathogènes humains. Parce qu'il existe des
différences propres à l'espèce dans la virulence et la susceptibilité antifongique, ainsi
l'identification du genre et de l’espèce de l'agent causal est essentielle [7].
Par exemple, pour S. apiospermum, les colonies sont en croissance rapide, blanc-
grisâtre, duveteuses à l'avers avec un revers noir-grisâtre. La température optimale
pour la croissance est de 30 à 37°C. De nombreuses conidies, unicellulaires, marron-
pâles, largement claviformes à ovoïdes, de 4-9 x 6-10μm, avec des bases tronquées
sont observées. Les conidies sont isolées ou en petits groupes, portées par un
conidiophore allongé, simple ou ramifié, ou latéralement par les hyphes. Le
développement des conidies est de type annelidique, bien que les annulations
(cicatrices semblables à des anneaux laissés au sommet d'un annelide après sécession
conidienne) soient extrêmement difficiles à voir. Des corémies (stade Graphium)
donnant naissance à des conidies hyalines, plus fines, allongées, de 5 à 7μm x 2 à 3 de
large, peuvent être présentes dans certains isolats (Figure 17. 2) [8, 9].
315
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Biotope de Scedosporium
Ce sont des champignons telluriques, présents dans les sols enrichis de débris
organiques (litières animales, fumiers) et dans les eaux boueuses et polluées [9].
Mode de contamination
Facteurs de risque
Dans une étude australienne sur l'épidémiologie des infections par les moisissures
non-Aspergillus, Scedosporium était au deuxième rang des moisissures incriminées,
après les mucormycètes [19]. Chez l’immunocompétent, un certain nombre de
scedosporioses ont été observées, survenant la plupart du temps dans un contexte
particulier. S. apiospermum a ainsi été associé à d’authentiques infections disséminées
survenant après accident de noyade en eau stagnante (pneumopathies associées à des
abcès cérébraux) [19]. Par ailleurs, le traumatisme favorise l’inoculation du
champignon, c’est le cas dans les kératites, ostéo-arthrites et les mycétomes à grains
316
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Clinique
Traitement
Objectifs
Le but du traitement des scedosporioses est d’éliminer l’agent pathogène totalement
de l’organisme, notamment des poumons qui sont fréquemment colonisés chez les
patients atteints de mucoviscidose.
Moyens
S. apiospermum est résistant in vitro au fluconazole, à l’amphotéricine B et à la
flucytosine. De sensibilité variable à l’itraconazole, cette espèce est sensible au
voriconazole et à la caspofungine.
Au vu des excellents résultats obtenus par le voriconazole sur différentes pathologies
causées par S. apiospermum, cet antifongique pourrait être considéré comme le
traitement de première intention [10].
Indications
317
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Aucun traitement n’est codifié, mais de manière générale, il faut pratiquer, chaque fois
que cela est possible, une exérèse des tissus lésés [10].
C. Trichosporon
Les espèces émergentes sont également décrites dans le groupe de champignons
levuriformes. En effet, parmi les levures où les genres Candida et Cryptococcus sont les
principaux pathogènes, on note une incidence croissante du genre Trichosporon,
variable en fonction des sites infectés [11].
Avant la révision taxinomique du genre en 1992 par Guého, les différentes espèces de
Trichosporon étaient difficilement identifiées du fait de l’imprécision des critères
d’identification. Presque toutes les souches isolées étaient décrites comme T. beigelii
ou T. cutaneum [20], les caractéristiques physiologiques étant souvent décrites comme
« variables ». Ainsi, cette révision taxinomique du genre Trichosporon a été réalisée en
1992 par Guého [20] utilisant la morphologie, l’ultrastructure, la physiologie, le
système ubiquinone, le pourcentage en guanine et cytosine (GC), les réassociations
acide désoxyribonucléique (ADN) et le séquençage de l’acide ribonucléique ribosomal
(ARNr). Aujourd’hui, le genre Trichosporon est constitué de nombreuses espèces dont
certaines appartiennent à des biotopes très particuliers. Six espèces ont été décrites
en pathologie humaine : T. ovoides, T. inkin, T. ashaii, T. asteroides, T. cutaneum et T.
mucoides [21, 24, 25].
Les espèces de Trichosporon sont des levures qui se présentent sous forme de colonies
habituellement en relief et ont une apparence cireuse en fonction des espèces des
fissures radiales, des plis irréguliers, voire un aspect cérébriforme caractérisant la
surface des colonies. Ce sont des basidiomycètes, non encapsulées et uréase positive,
caractérisées par le développement d'hyphes hyalines et septées qui se fragmentent
en arthroconidies rectangulaires ou ovales. Certaines blastoconidies sont également
observées (Figure 17. 3) [8].
318
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Figure 17. 3 : Trichosporon sp. (a) culture sur gélose de Sabouraud et (b)
examen microscopique montrant des blastoconidies, des arthroconidies et
éléments en « club de golf » (bout de la flèche) [4]
Biotope de Trichosporon
Trichosporon spp. sont des levures de distribution cosmopolite. Elles sont isolées du
sol, des plantes et de l’eau et font également partie de la flore cutanée normale de
l’Homme, et parfois des muqueuses. Ces levures sont essentiellement présentes au
niveau des plis inguino-cruraux et périanaux [24].
Mode de contamination
Ce sont des levures commensales qui, en présence de facteurs favorisants, conduisent
à des trichosporonoses. La porte d’entrée de l’infection disséminée serait
probablement le tractus digestif ou la voie broncho-pulmonaire ou encore la présence
de matériel étranger intravasculaire [24].
Facteurs favorisants
Les formes cliniques les plus sévères, sont observées dans les populations-cibles :
immunodépressions sévères, neutropénies prolongées, hémopathie ou cancer, greffés
de moelle et transplantés d’organes solides, prématurés, brûlés. Une incidence accrue
de trichosporonose a été associée à l’hémochromatose ; l’excès de fer pourrait faciliter
la croissance de ce champignon [25]. Des trichosporonoses profondes, mais localisées,
sont possibles dans des populations moins débilitées (diabétiques, corticothérapie
prolongée, dialyse péritonéale ou polypathologies de réanimation) sans les facteurs
favorisants classiques. Leur pronostic est différent.
Clinique
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
Cette infection est le plus souvent rencontrée dans les pays tempérés ou tropicaux
(Amérique du Sud, Afrique, Europe), mais quelques cas ont été décrits en Scandinavie.
La piedra blanche des cheveux habituellement due à T. ovoïdes est devenue rare dans
les pays dont les conditions d’hygiène sont correctes. Cependant, la piedra blanche des
poils pubiens, qui est essentiellement due à T. inkin, a été décrite au Gabon [26].
320
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Moisissures et levures émergentes
Traitement
Objectifs
Le but du traitement des trichosporonoses est d’éliminer les levures des sites
infectieux primaires afin d’éviter leur passage dans le sang (fongémie) et leur
dissémination à tout l’organisme, proche de 60 à 80% contre 10 à 20% dans les
candidémies [11].
Moyens
L’amphotéricine B n’est pas active sur toutes les espèces de Trichosporon, et si seules
des posologies élevées sont parfois utilisées, il faut noter que 47% des souches de T.
asahii décrites par Ruan et al., ont une CMI à l’amphotéricine supérieure à 2µg/ml
[29]. Parmi ces souches, 85% ont des CMI élevées à la 5-flucytosine. La caspofungine et
les autres échinocandines sont inactives sur l’ensemble de Trichosporon spp. [30, 31].
La variabilité des CMI fait recommander l’identification précise des souches, pour la
réalisation rapide de l’antifongigramme. Le voriconazole peut être recommandé en
première intention compte tenu de son activité régulière in vitro, de sa disponibilité en
forme injectable et sous réserve du contrôle des taux sériques. Le posaconazole est
moins pratique d’utilisation en cas de sepsis grave. Par ailleurs, un cas d’infection
émergente à T. asahii sous posaconazole a été rapporté et soulève des questions, à ce
jour sans réponse, sur l’antifongigramme et le dosage sérique du posaconazole [32].
Indications
Le traitement de la piedra blanche fait appel à un rasage des poils qui pourra être
accompagné de l’application d’un antifongique local tel qu’un antifongique de la
famille des imidazolés [28].
III. Diagnostic
Dans le laboratoire de mycologie, la question la plus fréquemment posée au biologiste
est la suivante : l’espèce isolée est-elle impliquée dans un processus pathologique ?
Tout champignon isolé en culture pure d’un prélèvement profond (LBA, LCR,
biopsies...) ou superficiel (expectorations, urines, sérosités, peau, …) doit être
considéré comme un pathogène, surtout lorsqu’il est isolé à plusieurs reprises.
321
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
322
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Moisissures et levures émergentes
Pour les Trichosporon, qui poussent sur milieu de Sabouraud sans et avec Actidione®
(toutefois, certaines espèces y sont sensibles), le test à l’uréase est positif (hydrolyse
rapide de l’urée). L’identification d’espèce est possible par spectrométrie de masse
MALDI-TOF, mais la référence est la biologie moléculaire (séquençage de la région IGS1
de l’ADN ribosomal) [34]. En revanche, pour les champignons filamenteux,
l’identification repose presque uniquement sur l’étude des caractères morphologiques
(macroscopiques et microscopiques). Les techniques de biologie moléculaire sont plus
performantes que les cultures mycologiques, en termes de sensibilité et de rapidité de
rendu du résultat. Ainsi, la PCR en temps réel permet un diagnostic dans la journée,
tandis que le séquençage des produits de PCR assure une identification précise des
espèces isolées.
B. Antifongigramme
La détermination de la sensibilité aux antifongiques ne doit pas être systématique,
mais réservée aux souches isolées d’un site profond ou pour lesquelles on redoute une
résistance (patients sous azolés). Pour la détermination des CMI (qui sont également
intéressantes pour la surveillance épidémiologique), les techniques de référence
suivent les recommandations du CLSI (Clinical and Laboratory Standards Institute) aux
États-Unis, ou de l’EUCAST (European Committee on Antimicrobial Susceptibillity
Testing) en Europe. En pratique, la technique E-Test® (AB Biodisk) est la plus utilisée au
laboratoire. Pour plus de détails, des références d’ouvrages de mycologie sont
proposées au lecteur [2].
323
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
IV. Prophylaxie
Selon Dignani et Anaissie [12], en raison de la morbidité et de la mortalité élevées des
infections fongiques disséminées, tous les efforts devraient être consentis afin de
prévenir ces infections et d'améliorer l'état immunitaire du patient, peut-être en
atténuant ou en supprimant si possible les agents immunosuppresseurs. Il est aussi
recommandé chez les patients susceptibles de recevoir une thérapie sévèrement
immunosuppressive de procéder à un examen clinique minutieux de la peau afin
d’identifier les zones présentant des lésions évocatrices de mycose, qui devront
bénéficier d’un traitement antifongique si des champignons sont isolés et identifiés. En
outre, les patients sévèrement immunodéprimés présentant des lésions cutanées
devraient éviter l'exposition aux sources de champignons de l'environnement telles
que l’eau de robinet. En effet, il a été démontré que l'eau de l'hôpital pouvait être
contaminé par les champignons et conduire à une aérosolisation (surtout après la
douche) exposant les patients aux mycoses [36]. L'exposition à l'eau de robinet peut
ainsi être évitée par l'utilisation d’éponge de bain stérile au lieu de douche (pour
minimiser l'aérosol) et par la consommation d'eau stérile pendant les périodes
d’immunosuppression sévère. Le nettoyage des surfaces environnementales (sols de
salle de bains) à l’eau et antiseptiques a entraîné une diminution significative de la
concentration de l'air en moisissures pathogènes dans les salles de bains d’une unité
de transplantation de moelle osseuse [37]. Ainsi, un nettoyage adéquat de la salle de
bain par des désinfectants est recommandé avant la douche (pour les patients qui
insistent sur la douche pendant la période d'immunosuppression sévère).
324
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
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325
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
326
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Moisissures et levures émergentes
327
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Epidémiologie ...............................................................................................................24
A. Agent pathogène .............................................................................................................................. 24
B. Habitat .............................................................................................................................................. 26
C. Mode de contamination .................................................................................................................... 26
D. Facteurs favorisants .......................................................................................................................... 27
E. Répartition géographique ................................................................................................................. 28
II. Diagnostic biologique ...................................................................................................29
A. Circonstances du diagnostic .............................................................................................................. 29
B. Les modifications biologiques non spécifiques .................................................................................. 31
C. Diagnostic mycologique .................................................................................................................... 31
III. Diagnostic Immunologique .........................................................................................42
IV. Principes thérapeutiques ............................................................................................43
A. But ............................................................................................................................................... 43
B. Moyens : ce sont des moyens essentiellement médicamenteux ........................................................ 43
C. Indications......................................................................................................................................... 45
V. Prévention ...................................................................................................................48
A. But : réduire la colonisation et empêcher l’infection ......................................................................... 48
B. Les moyens........................................................................................................................................ 48
328
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
C. Indications......................................................................................................................................... 48
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 49
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 50
3 CRYPTOCOCCOSE......................................................................................................................................... 51
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 52
I. Épidémiologie ................................................................................................................55
A. Agent pathogène ............................................................................................................................... 55
1. Taxonomie .................................................................................................................................................... 55
2. Morphologie.................................................................................................................................................. 56
3. Biologie ......................................................................................................................................................... 57
4. Pathogénie .................................................................................................................................................... 59
B. Habitat .............................................................................................................................................. 59
C. Mode de contamination ..................................................................................................................... 59
D. Facteurs favorisants........................................................................................................................... 60
E. Répartition géographique................................................................................................................... 60
II. Diagnostic biologique ....................................................................................................63
A. Circonstances du diagnostic biologique/éléments d’orientation .......................................................... 63
B. Modifications biologiques non spécifiques .......................................................................................... 63
C. Diagnostic mycologique ..................................................................................................................... 64
D. Diagnostic immunologique spécifique ................................................................................................ 67
E. Diagnostic anatomopathologique....................................................................................................... 69
F. Diagnostic moléculaire ....................................................................................................................... 69
III. Principes thérapeutiques .............................................................................................70
A. But .................................................................................................................................................... 70
B. Moyens.............................................................................................................................................. 70
C. Indications/posologies ....................................................................................................................... 71
E. Suivi biologique/ post-thérapeutique .................................................................................................. 72
IV. Prévention/prophylaxie ...............................................................................................72
A. But/objectifs ...................................................................................................................................... 72
B. Moyens/stratégies ............................................................................................................................. 73
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 73
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 73
4 DERMATOPHYTOSES ................................................................................................................................... 77
I. Généralités ....................................................................................................................78
A. Définition........................................................................................................................................... 78
B. Intérêt ............................................................................................................................................... 78
II. Épidémiologie ...............................................................................................................79
A. Agents pathogènes ............................................................................................................................ 79
B. Réservoir de micromycètes parasites .................................................................................................. 81
C. Mode de contamination ..................................................................................................................... 81
D. Facteurs favorisants........................................................................................................................... 82
E. Répartition géographique................................................................................................................... 82
III. Diagnostic biologique ...................................................................................................83
329
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Epidémiologie ..............................................................................................................112
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 112
B. Habitat ............................................................................................................................................ 113
C. Facteurs favorisants ......................................................................................................................... 113
D. Répartition géographique ................................................................................................................ 114
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................114
A. Circonstances du diagnostic biologique/éléments d’orientation ........................................................ 114
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 118
C. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 121
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................122
A. But .................................................................................................................................................. 122
B. Moyens............................................................................................................................................ 122
C. Indications - posologie ..................................................................................................................... 122
D. Suivi biologique/ post-thérapeutique................................................................................................ 123
IV. Prévention /Prophylaxie ............................................................................................123
A. But .................................................................................................................................................. 123
B. Moyens/Stratégies ........................................................................................................................... 123
6 PNEUMOCYSTOSE ..................................................................................................................................... 126
INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 127
I. Epidémiologie ..............................................................................................................128
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 128
B. Habitat ............................................................................................................................................ 131
C. Hôte définitif / Réservoir de parasites ............................................................................................... 131
D. Mode de contamination................................................................................................................... 131
E. Voie de sortie ................................................................................................................................... 131
F. Cycle biologique ............................................................................................................................... 131
G. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 132
H. Répartition géographique ................................................................................................................ 133
330
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Épidémiologie ..............................................................................................................146
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 146
1. Taxonomie .................................................................................................................................................. 146
2. Morphologie................................................................................................................................................ 146
3. Biologie ....................................................................................................................................................... 147
4. Pathogénie .................................................................................................................................................. 147
B. Hôtes et Réservoir de parasites ........................................................................................................ 147
C. Habitat ............................................................................................................................................ 148
D. Mode de contamination................................................................................................................... 148
E. Cycle biologique ............................................................................................................................... 148
F. Facteurs favorisants ......................................................................................................................... 149
G. Répartition géographique ................................................................................................................ 149
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................150
A. Circonstances du diagnostic biologique ............................................................................................ 150
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 150
C. Diagnostic immunologique spécifique............................................................................................... 151
D. Diagnostic moléculaire..................................................................................................................... 151
E. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 151
F. Microscopie électronique.................................................................................................................. 151
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................152
A. But .................................................................................................................................................. 152
B. Moyens............................................................................................................................................ 152
C. Indications/posologies ..................................................................................................................... 152
D. Suivi biologique/post-thérapeutique ................................................................................................ 152
IV. Prévention .................................................................................................................153
A. But .................................................................................................................................................. 153
B. Moyens/stratégies ........................................................................................................................... 153
331
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Épidémiologie ..............................................................................................................157
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 157
B. Habitat ............................................................................................................................................ 161
C. Mode de contamination ................................................................................................................... 162
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 162
E. Répartition géographique................................................................................................................. 163
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................164
A. Circonstances du diagnostic biologique/éléments d’orientation ........................................................ 164
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 166
C. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 172
D. Diagnostic moléculaire..................................................................................................................... 175
E. Diagnostic immunologique ............................................................................................................... 175
F. Diagnostic radiologique .................................................................................................................... 176
III. PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES .....................................................................................177
A. But .................................................................................................................................................. 177
B. Moyens............................................................................................................................................ 177
C. Indications ....................................................................................................................................... 177
IV. Prévention/prophylaxie .............................................................................................179
CONCLUSION ................................................................................................................................................ 180
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 181
9 ASPERGILLOSES ......................................................................................................................................... 184
INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 185
I. Epidémiologie ..............................................................................................................186
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 186
1. Taxonomie .................................................................................................................................................. 186
2. Morphologie................................................................................................................................................ 187
3. Biologie ....................................................................................................................................................... 188
4. Pathogénie .................................................................................................................................................. 188
B. Habitat ............................................................................................................................................ 188
C. Mode de contamination ................................................................................................................... 189
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 189
E. Répartition géographique................................................................................................................. 189
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................190
A. Circonstances du diagnostic biologique ............................................................................................ 190
B. Modifications biologiques non spécifiques ........................................................................................ 192
C. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 192
1. Prélèvements :............................................................................................................................................. 192
2. Examen microscopique ................................................................................................................................ 193
3. Culture ........................................................................................................................................................ 194
332
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
4. Identification des cultures: Elle est basée sur les caractères morphologiques de la culture: ........................... 195
5. Identification par la spectrométrie de masse: ............................................................................................... 197
6. Interprétation des résultats:......................................................................................................................... 198
7. Antifongigramme......................................................................................................................................... 198
D. Diagnostic immunologique .............................................................................................................. 198
E. Biologie moléculaire ......................................................................................................................... 200
F. Examen anatomopathologique......................................................................................................... 200
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................201
A. Buts ................................................................................................................................................. 201
B. Moyens............................................................................................................................................ 201
C. Indications / posologies : .................................................................................................................. 202
D. Suivi biologique / post thérapeutique ............................................................................................... 202
IV. Prévention .................................................................................................................203
A. But .................................................................................................................................................. 203
B. Moyens............................................................................................................................................ 203
CONCLUSION ................................................................................................................................................ 203
I. Épidémiologie .............................................................................................................206
A. Agents pathogènes .......................................................................................................................... 206
1. Taxonomie .................................................................................................................................................. 206
2. Morphologie................................................................................................................................................ 207
3. Biologie ....................................................................................................................................................... 207
4. Pathogénie .................................................................................................................................................. 207
B. Habitat ............................................................................................................................................ 207
C. Modes de contamination ................................................................................................................. 208
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 208
1. D’ordre individuel ........................................................................................................................................ 208
2. D’ordre général ........................................................................................................................................... 208
3. Liés au champignon ..................................................................................................................................... 208
E. Répartition géographique................................................................................................................. 209
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................209
A. Circonstances du diagnostic biologique ....................................................................................... 209
1 Epidémiologiques ......................................................................................................................................... 209
2 Cliniques ...................................................................................................................................................... 209
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 211
1. Prélèvement ................................................................................................................................................ 211
2. Techniques .................................................................................................................................................. 211
a. Examen direct et frottis........................................................................................................................... 211
b. La culture ............................................................................................................................................... 212
c. L’inoculation à l’animal............................................................................................................................ 213
C. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 213
D. Diagnostic immunologique .............................................................................................................. 214
1. L’IDR à l’histoplasmine ................................................................................................................................. 214
2. Les réactions sérologiques ........................................................................................................................... 214
E. Diagnostic moléculaire ..................................................................................................................... 215
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................215
333
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Epidémiologie ..............................................................................................................221
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 221
B. Habitat ............................................................................................................................................ 224
C. Hôtes ............................................................................................................................................... 224
D. Mode de contamination................................................................................................................... 224
E. Facteurs favorisants ......................................................................................................................... 224
F. Répartition géographique................................................................................................................. 225
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................226
A. Circonstances du diagnostic biologique ............................................................................................ 226
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 227
1. Prélèvements .............................................................................................................................................. 227
2. Examen direct.............................................................................................................................................. 228
3. Culture ........................................................................................................................................................ 229
a. Isolement ............................................................................................................................................... 229
b. Identification .......................................................................................................................................... 229
C. Diagnostic immunologique spécifique............................................................................................... 230
D. Diagnostic histologique.................................................................................................................... 231
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................232
A. But .................................................................................................................................................. 232
B. Moyens............................................................................................................................................ 232
C. Indications/posologie ....................................................................................................................... 232
IV. Prévention/ Prophylaxie ............................................................................................233
A. But .................................................................................................................................................. 233
B. Moyens/ stratégies .......................................................................................................................... 233
12 CHROMOMYCOSE.................................................................................................................................... 235
I. Epidémiologie .............................................................................................................237
A. Agents pathogènes ......................................................................................................................... 237
B. Habitat des champignons................................................................................................................ 237
C. Mode de contamination .................................................................................................................. 238
D. Facteurs favorisants ........................................................................................................................ 238
E. Répartition géographique ............................................................................................................... 238
II. Diagnostic biologique .................................................................................................239
A. Circonstances du diagnostic biologique........................................................................................... 239
B. Diagnostic mycologique .................................................................................................................. 242
C. Diagnostic histologique ................................................................................................................... 244
334
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Epidémiologie ..............................................................................................................254
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 254
1. Taxonomie / Classification ........................................................................................................................... 254
2. Morphologie ............................................................................................................................................... 254
3. Biologie ...................................................................................................................................................... 255
4. Pathogénie ................................................................................................................................................. 255
B. Habitat /Ecologie ............................................................................................................................. 255
C. Mode de contamination ................................................................................................................... 256
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 256
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................258
A. Circonstances du diagnostic biologique/Eléments d’orientation ................................................... 258
B. Modifications biologiques non spécifiques ........................................................................................ 259
C. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 259
1. Prélèvements .............................................................................................................................................. 259
2. Techniques .................................................................................................................................................. 260
3. Résultats et interprétation : Identification de la culture ................................................................................ 260
D. Diagnostic immunologique spécifique .............................................................................................. 263
E. Diagnostic moléculaire (PCR) ............................................................................................................ 263
F. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 264
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................265
A. But .................................................................................................................................................. 265
B. Moyens............................................................................................................................................ 265
1- Moyens médicamenteux.............................................................................................................................. 265
2- Autres thérapies ......................................................................................................................................... 265
C. Indications/posologie ....................................................................................................................... 266
1- Moyens médicamenteux.............................................................................................................................. 266
2- Autres thérapies ......................................................................................................................................... 267
D. Suivi biologique/ post-thérapeutique................................................................................................ 267
IV. Prévention/Prophylaxie .............................................................................................267
A. But/objectifs .................................................................................................................................... 267
B. Moyens/stratégies ........................................................................................................................... 267
335
Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Epidémiologie ..............................................................................................................273
A. Agents pathogènes .......................................................................................................................... 273
1. Taxonomie .................................................................................................................................................. 273
2. Morphologie................................................................................................................................................ 273
3. Biologie ....................................................................................................................................................... 274
4. Pathogénie .................................................................................................................................................. 275
B. Habitat ............................................................................................................................................ 275
C. Mode de contamination ................................................................................................................... 275
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 275
1. D’ordre général ........................................................................................................................................... 275
2. D’ordre individuel ........................................................................................................................................ 275
E. Répartition géographique................................................................................................................. 276
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................276
A. Circonstances................................................................................................................................... 276
B. Modifications biologiques non spécifiques ........................................................................................ 276
C. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 276
1. Prélèvements .............................................................................................................................................. 276
2. Techniques .................................................................................................................................................. 276
3. Résultats ..................................................................................................................................................... 277
D. Diagnostic immunologique spécifique .............................................................................................. 277
1. Détection d’antigène ................................................................................................................................... 277
2. Détection d’anticorps par............................................................................................................................. 277
3. IDR à la coccidioïdine ou à la sphéruline ....................................................................................................... 277
E. Diagnostic moléculaire ..................................................................................................................... 278
F. Diagnostic histologique .................................................................................................................... 278
III. Principes thérapeutiques ...........................................................................................278
A. But .................................................................................................................................................. 278
B. Moyens............................................................................................................................................ 278
C. Indications/Posologie ....................................................................................................................... 278
D. Suivi biologique ............................................................................................................................... 279
IV. Prophylaxie ................................................................................................................279
A. But .................................................................................................................................................. 279
B. Moyens............................................................................................................................................ 279
I. Epidémiologie ..............................................................................................................283
A. Agent pathogène ............................................................................................................................. 283
1. Taxonomie .................................................................................................................................................. 283
2. Morphologie................................................................................................................................................ 283
3. Pathogénie .................................................................................................................................................. 284
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Épidémiologie ..............................................................................................................293
A. Agents Pathogènes .......................................................................................................................... 293
1. Taxinomie.................................................................................................................................................... 293
2. Morphologie................................................................................................................................................ 294
B. Habitat ............................................................................................................................................ 294
C. Mode de contamination ................................................................................................................... 294
D. Facteurs favorisants......................................................................................................................... 295
E. Répartition géographique................................................................................................................. 295
II. Diagnostic biologique ..................................................................................................296
A. Circonstances du diagnostic biologique ............................................................................................ 296
1. Eléments épidémiologiques ......................................................................................................................... 296
2. Signes cliniques ........................................................................................................................................... 296
a. Mucormycoses ....................................................................................................................................... 296
b. Entomophthoromycoses ......................................................................................................................... 297
B. Diagnostic mycologique ................................................................................................................... 299
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Manuel de la Société Africaine de Parasitologie (SoAP) – Tome 2 – Affections mycosiques
Table des matières
I. Généralités ..................................................................................................................308
A. Définition......................................................................................................................................... 308
B. Intérêt ............................................................................................................................................. 308
II. Fusarium et Scedosporium ..........................................................................................309
A. Fusarium ......................................................................................................................................... 310
B. Scedosporium .................................................................................................................................. 315
C. Trichosporon .................................................................................................................................... 318
III. Diagnostic ..................................................................................................................321
A. Démarche diagnostique au laboratoire ............................................................................................ 322
B. Antifongigramme............................................................................................................................. 323
IV. Prophylaxie ................................................................................................................324
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................................................. 325
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