Espace Vectoriel
Espace Vectoriel
Espace Vectoriel
19 Espaces vectoriels
La notion d’espace vectoriel est une structure fondamentale des mathématiques modernes. Il
s’agit de dégager les propriétés communes que partagent des ensembles pourtant très différents.
Par exemple, on peut additionner deux vecteurs du plan, et aussi multiplier un vecteur par un
réel (pour l’agrandir ou le rétrécir). Mais on peut aussi additionner deux fonctions, ou multiplier
une fonction par un réel. Même chose avec les polynômes, les matrices,... Le but est d’obtenir des
théorèmes généraux qui s’appliqueront aussi bien aux vecteurs du plan, de l’espace, aux espaces de
fonctions, aux polynômes, aux matrices,... La contrepartie de cette grande généralité de situations
est que la notion d’espace vectoriel est difficile à appréhender et vous demandera une quantité
conséquente de travail ! Il est bon d’avoir d’abord étudié le chapitre « L’espace vectoriel Rn ».
Définition 104
E×E → E
(u, v) 7→ u+v
K×E → E
(λ, u) 7→ λ · u
Nous reviendrons en détail sur chacune de ces propriétés juste après des exemples.
(x, y) + (x0 , y0 ) = (x + x0 , y + y0 ).
λ · (x, y) = (λ x, λ y).
L’élément neutre de la loi interne est le vecteur nul (0, 0). Le symétrique de (x, y) est (− x, − y),
que l’on note aussi −(x, y).
Espaces vectoriels 363
λ·u
u+v
0 v
−u
L’exemple suivant généralise le précédent. C’est aussi le bon moment pour lire ou relire le chapitre
« L’espace vectoriel Rn ».
λ · (x1 , . . . , xn ) = (λ x1 , . . . , λ xn ).
L’élément neutre de la loi interne est le vecteur nul (0, 0, . . . , 0). Le symétrique de (x1 , . . . , xn )
est (− x1 , . . . , − xn ), que l’on note −(x1 , . . . , xn ).
De manière analogue, on peut définir le C-espace vectoriel Cn , et plus généralement le K-
espace vectoriel Kn .
Exemple 210
Tout plan passant par l’origine dans R3 est un espace vectoriel (par rapport aux opérations
habituelles sur les vecteurs). Soient K = R et E = P un plan passant par l’origine. Le plan
admet une équation de la forme :
ax + b y + cz = 0
³x´
Un élément u ∈ E est donc un triplet (noté ici comme un vecteur colonne) y tel que ax + b y +
z
364 Espaces vectoriels
cz = 0. ³ ´ µ 0 ¶
x x
Soient y et y0 deux éléments de P . Autrement dit,
z z0
ax + b y + cz = 0,
et ax0 + b y0 + cz0 = 0.
x+ x0
µ ¶
Alors y+ y0 est aussi dans P car on a bien :
z+ z0
1.4. Mini-exercices
1. Vérifier les 8 axiomes qui font de R3 un R-espace vectoriel.
(
ax + b y + cz = 0
2. Idem pour une droite D de R3 passant par l’origine définie par .
a x + b0 y + c0 z = 0
0
3. Justifier que les ensembles suivants ne sont pas des espaces vectoriels : (x, y) ∈ R2 | x y = 0 ;
© ª
4. Montrer par récurrence que si les v i sont des éléments d’un K-espace vectoriel E, alors pour
tous λ i ∈ K : λ1 v1 + λ2 v2 + · · · + λn vn ∈ E.
E×E → E
(u, v) 7→ u+v
C’est-à-dire qu’à partir de deux vecteurs u et v de E, on nous en fournit un troisième, qui sera noté
u + v.
La loi de composition interne dans E et la somme dans K seront toutes les deux notées +, mais le
contexte permettra de déterminer aisément de quelle loi il s’agit.
Loi externe.
La loi de composition externe, c’est une application de K × E dans E :
K×E → E
(λ, u) 7→ λ · u
C’est-à-dire qu’à partir d’un scalaire λ ∈ K et d’un vecteur u ∈ E, on nous fournit un autre vecteur,
qui sera noté λ · u.
Proposition 109
– S’il existe un élément neutre 0E vérifiant l’axiome (3) ci-dessus, alors il est unique.
– Soit u un élément de E. S’il existe un élément symétrique u0 de E vérifiant l’axiome (4),
alors il est unique.
366 Espaces vectoriels
Démonstration
– Soient 0E et 00E deux éléments vérifiant la définition de l’élément neutre. On a alors, pour tout
élément u de E :
u + 0E = 0E + u = u et u + 00E = 00E + u = u
– Alors, la première propriété utilisée avec u = 00E donne 00E + 0E = 0E + 00E = 00E .
– La deuxième propriété utilisée avec u = 0E donne 0E + 00E = 00E + 0E = 0E .
– En comparant ces deux résultats, il vient 0E = 00E .
– Supposons qu’il existe deux symétriques de u notés u0 et u00 . On a :
u + u0 = u0 + u = 0E et u + u00 = u00 + u = 0E .
Remarque
Les étudiants connaissant la théorie des groupes reconnaîtront, dans les quatre premiers
axiomes ci-dessus, les axiomes caractérisant un groupe commutatif.
1 · u = u.
λ · (µ · u) = (λ × µ) · u.
7. Distributivité par rapport à l’addition des vecteurs. Pour tout élément λ de K et pour tous
éléments u et v de E, on a
λ · (u + v) = λ · u + λ · v.
8. Distributivité par rapport à l’addition des scalaires. Pour tous λ et µ de K et pour tout
élément u de E, on a :
(λ + µ) · u = λ · u + µ · u.
La loi interne et la loi externe doivent donc satisfaire ces huit axiomes pour que (E, +, ·) soit un
espace vectoriel sur K.
2.2. Exemples
Dans tous les exemples qui suivent, la vérification des axiomes se fait simplement et est laissée
au soin des étudiants. Seules seront indiquées, dans chaque cas, les valeurs de l’élément neutre
de la loi interne et du symétrique d’un élément.
Espaces vectoriels 367
L’ensemble des fonctions f : R −→ R est noté F (R, R). Nous le munissons d’une structure de
R-espace vectoriel de la manière suivante.
– Loi interne. Soient f et g deux éléments de F (R, R). La fonction f + g est définie par :
(où le signe + désigne la loi interne de F (R, R) dans le membre de gauche et l’addition
dans R dans le membre de droite).
– Loi externe. Si λ est un nombre réel et f une fonction de F (R, R), la fonction λ · f est
définie par l’image de tout réel x comme suit :
∀x ∈ R (λ · f )(x) = λ × f (x).
(Nous désignons par · la loi externe de F (R, R) et par × la multiplication dans R. Avec
l’habitude on oubliera les signes de multiplication : (λ f )(x) = λ f (x).)
– Élément neutre. L’élément neutre pour l’addition est la fonction nulle, définie par :
∀x ∈ R f (x) = 0.
On note S l’ensemble des suites réelles (u n )n∈N . Cet ensemble peut être vu comme l’ensemble
des applications de N dans R ; autrement dit S = F (N, R).
– Loi interne. Soient u = (u n )n∈N et v = (vn )n∈N deux suites appartenant à S . La suite u + v
est la suite w = (wn )n∈N dont le terme général est défini par
∀n ∈ N wn = u n + vn
∀n ∈ N u0n = − u n .
L’ensemble M n,p (R) des matrices à n lignes et p colonnes à coefficients dans R est muni d’une
structure de R-espace vectoriel. La loi interne est l’addition de deux matrices. La loi externe
est la multiplication d’une matrice par un scalaire. L’élément neutre pour la loi interne est
la matrice nulle (tous les coefficients sont nuls). Le symétrique de la matrice A = (a i, j ) est
la matrice (−a i, j ). De même, l’ensemble M n,p (K) des matrices à coefficients dans K est un
K-espace vectoriel.
Autres exemples :
1. L’espace vectoriel R[X ] des polynômes P(X ) = a n X n + · · · + a 2 X 2 + a 1 X + a 0 . L’addition est
l’addition de deux polynômes P(X ) + Q(X ), la multiplication par un scalaire λ ∈ R est λ · P(X ).
L’élément neutre est le polynôme nul. L’opposé de P(X ) est −P(X ).
2. L’ensemble des fonctions continues de R dans R ; l’ensemble des fonctions dérivables de R
dans R,...
3. C est un R-espace vectoriel : addition z + z0 de deux nombres complexes, multiplication λ z
par un scalaire λ ∈ R. L’élément neutre est le nombre complexe 0 et le symétrique du nombre
complexe z est − z.
Proposition 110
L’opération qui à (u, v) associe u + (−v) s’appelle la soustraction. Le vecteur u + (−v) est noté u − v.
Les propriétés suivantes sont satisfaites : λ(u − v) = λ u − λv et (λ − µ)u = λ u − µ u.
Démonstration
Les démonstrations des propriétés sont des manipulations sur les axiomes définissant les espaces
vectoriels.
1. – Le point de départ de la démonstration est l’égalité dans K : 0 + 0 = 0.
– D’où, pour tout vecteur de E , l’égalité (0 + 0) · u = 0 · u.
– Donc, en utilisant la distributivité de la loi externe par rapport à la loi interne et la définition
de l’élément neutre, on obtient 0 · u + 0 · u = 0 · u. On peut rajouter l’élément neutre dans le
terme de droite, pour obtenir : 0 · u + 0 · u = 0 · u + 0E .
– En ajoutant −(0 · u) de chaque côté de l’égalité, on obtient : 0 · u = 0E .
2. La preuve est semblable en partant de l’égalité 0E + 0E = 0E .
3. Montrer (−1) · u = − u signifie exactement que (−1) · u est le symétrique de u, c’est-à-dire vérifie
u + (−1) · u = 0E . En effet :
2.4. Mini-exercices
1. Justifier si les objets suivants sont des espaces vectoriels.
(a) L’ensemble des fonctions réelles sur [0, 1], continues, positives ou nulles, pour l’addition et
le produit par un réel.
(b) L’ensemble des fonctions réelles sur R vérifiant lim x→+∞ f (x) = 0 pour les mêmes opéra-
tions.
(c) L’ensemble des fonctions sur R telles que f (3) = 7.
(d) L’ensemble R∗+ pour les opérations x ⊕ y = x y et λ · x = xλ (λ ∈ R).
(e) L’ensemble des points (x, y) de R2 vérifiant sin(x + y) = 0.
(f) L’ensemble des vecteurs (x, y, z) de R3 orthogonaux au vecteur (−1, 3, −2).
(g) L’ensemble des fonctions de classe C 2 vérifiant f 00 + f = 0.
R1
(h) L’ensemble des fonctions continues sur [0, 1] vérifiant 0 f (x) sin x dx = 0.
(i) L’ensemble des matrices ac db ∈ M2 (R) vérifiant a + d = 0.
¡ ¢
Définition 105
Remarque
– La troisième condition, c’est dire que F est stable pour la multiplication par un scalaire.
(a) (0, 0) ∈ F,
(b) si u = (x1 , y1 ) et v = (x2 , y2 ) appartiennent à F, alors x1 + y1 = 0 et x2 + y2 = 0 donc
(x1 + x2 ) + (y1 + y2 ) = 0 et ainsi u + v = (x1 + x2 , y1 + y2 ) appartient à F,
(c) si u = (x, y) ∈ F et λ ∈ R, alors x + y = 0 donc λ x + λ y = 0, d’où λ u ∈ F.
y
0 x
2. L’ensemble des fonctions continues sur R est un sous-espace vectoriel de l’espace vec-
toriel des fonctions de R dans R. Preuve : la fonction nulle est continue ; la somme de
deux fonctions continues est continue ; une constante fois une fonction continue est une
fonction continue.
3. L’ensemble des suites réelles convergentes est un sous-espace vectoriel de l’espace vec-
toriel des suites réelles.
Exemple 215
effet le vecteur u = (1, 1) appartient à F3 mais, pour λ = −1, le vecteur − u = (−1, −1)
n’appartient pas à F3 .
F2 F3
0
0 0
F1
Espaces vectoriels 371
Théorème 61
Méthodologie. Pour répondre à une question du type « L’ensemble F est-il un espace vectoriel ? »,
une façon efficace de procéder est de trouver un espace vectoriel E qui contient F, puis prouver
que F est un sous-espace vectoriel de E. Il y a seulement trois propriétés à vérifier au lieu de huit !
Exemple 216
1. Est-ce que l’ensemble des fonctions paires (puis des fonctions impaires) forme un espace
vectoriel (sur R avec les lois usuelles sur les fonctions) ?
Notons P l’ensemble des fonctions paires et I l’ensemble des fonctions impaires. Ce
sont deux sous-ensembles de l’espace vectoriel F (R, R) des fonctions.
P = f ∈ F (R, R) | ∀ x ∈ R, f (− x) = f (x)
© ª
I = f ∈ F (R, R) | ∀ x ∈ R, f (− x) = − f (x)
© ª
P et I sont des sous-espaces vectoriels de F (R, R). C’est très simple à vérifier, par
exemple pour P :
(a) la fonction nulle est une fonction paire,
(b) si f , g ∈ P alors f + g ∈ P ,
(c) si f ∈ P et si λ ∈ R alors λ f ∈ P .
Par le théorème 61, P est un espace vectoriel (de même pour I ).
2. Est-ce que l’ensemble S n des matrices symétriques de taille n est un espace vectoriel
(sur R avec les lois usuelles sur les matrices) ?
S n est un sous-ensemble de l’espace vectoriel M n (R). Et c’est même un sous-espace
vectoriel. Il suffit en effet de vérifier que la matrice nulle est symétrique, que la somme
de deux matrices symétriques est encore symétrique et finalement que le produit d’une
matrice symétrique par un scalaire est une matrice symétrique. Par le théorème 61, S n
est un espace vectoriel.
Soit F un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel (E, +, ·). La stabilité de F pour les deux lois
permet de munir cet ensemble d’une loi de composition interne et d’une loi de composition externe, en
restreignant à F les opérations définies dans E . Les propriétés de commutativité et d’associativité de
l’addition, ainsi que les quatre axiomes relatifs à la loi externe sont vérifiés, car ils sont satisfaits dans
E donc en particulier dans F , qui est inclus dans E .
L’existence d’un élément neutre découle de la définition de sous-espace vectoriel. Il reste seulement à
justifier que si u ∈ F , alors son symétrique − u appartient à F .
Fixons u ∈ F . Comme on a aussi u ∈ E et que E est un espace vectoriel alors il existe un élément de E ,
noté − u, tel que u + (− u) = 0E . Comme u est élément de F , alors pour λ = −1, (−1) u ∈ F . Et ainsi − u
372 Espaces vectoriels
appartient à F .
Un autre exemple d’espace vectoriel est donné par l’ensemble des solutions d’un système linéaire
homogène. Soit A X = 0 un système de n équations à p inconnues :
a 11 . . . a 1 p x1 0
. .. . .
. . = .
. . . .
a n1 . . . a np xp 0
On a alors
Théorème 62
Démonstration
Soit F l’ensemble des vecteurs X ∈ R p solutions de l’équation A X = 0. Vérifions que F est un sous-
espace vectoriel de R p .
– Le vecteur 0 est un élément de F .
– F est stable par addition : si X et X 0 sont des vecteurs solutions, alors A X = 0 et A X 0 = 0, donc
A ( X + X 0 ) = A X + A X 0 = 0, et ainsi X + X 0 ∈ F .
– F est stable par multiplication par un scalaire : si X est un vecteur solution, on a aussi A (λ X ) =
λ( A X ) = λ0 = 0, ceci pour tout λ ∈ R. Donc λ X ∈ F .
Exemple 217
Considérons le système
1 −2 3 x 0
2 −4 6 y = 0 .
3 −6 9 z 0
F = (x = 2s − 3t, y = s, z = t) | s, t ∈ R .
© ª
Par le théorème 62, F est un sous-espace vectoriel de R3 . Donc par le théorème 61, F est un
espace vectoriel.
Une autre façon de voir les choses est d’écrire que les éléments de F sont ceux qui vérifient
l’équation (x = 2y − 3z). Autrement dit, F est d’équation (x − 2y + 3z = 0). L’ensemble des
solutions F est donc un plan passant par l’origine. Nous avons déjà vu que ceci est un espace
vectoriel.
3.3. Mini-exercices
Parmi les ensembles suivants, reconnaître ceux qui sont des sous-espaces vectoriels :
1. (x, y, z) ∈ R3 | x + y = 0
© ª
2. (x, y, z, t) ∈ R4 | x = t et y = z
© ª
3. (x, y, z) ∈ R3 | z = 1
© ª
4. (x, y) ∈ R2 | x2 + x y Ê 0
© ª
Espaces vectoriels 373
5. (x, y) ∈ R2 | x2 + y2 Ê 1
© ª
6. f ∈ F (R, R) | f (0) = 1
© ª
7. f ∈ F (R, R) | f (1) = 0
© ª
Définition 106
(où λ1 , λ2 , . . . , λn sont des éléments de K) est appelé combinaison linéaire des vecteurs
v1 , v2 , . . . , vn . Les scalaires λ1 , λ2 , . . . , λn sont appelés coefficients de la combinaison linéaire.
Exemple 218
1. Dans le R-espace vectoriel R3 , (3, 3, 1) est combinaison linéaire des vecteurs (1, 1, 0) et
(1, 1, 1) car on a l’égalité
(3, 3, 1) = 2(1, 1, 0) + (1, 1, 1).
2. Dans le R-espace vectoriel R2 , le vecteur u = (2, 1) n’est pas colinéaire au vecteur v1 = (1, 1)
car s’il l’était, il existerait un réel λ tel que u = λv1 , ce qui équivaudrait à l’égalité
(2, 1) = (λ, λ).
3. Soit E = F (R, R) l’espace vectoriel des fonctions réelles. Soient f 0 , f 1 , f 2 et f 3 les fonctions
définies par :
∀ x ∈ R f 0 (x) = 1, f 1 (x) = x, f 2 (x) = x2 , f 3 (x) = x3 .
∀x ∈ R f (x) = x3 − 2x2 − 7x − 4
f = f3 − 2 f2 − 7 f1 − 4 f0.
à !
1 1 3
4. Dans M2,3 (R), on considère A = . On peut écrire A naturellement sous la
0 −1 4
forme suivante d’une combinaison linéaire de matrices élémentaires (des zéros partout,
sauf un 1) :
à ! à ! à ! à ! à !
1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0
A= + +3 − +4 .
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1
Exemple 219
³1´ ³6´ ³9´
Soient u = 2 et v = 4 deux vecteurs de R3 . Montrons que w = 2 est combinaison linéaire
−1 2 7
de u et v. On cherche donc λ et µ tels que w = λ u + µv :
λ 6µ λ + 6µ
9 1 6
2 = λ 2 + µ 4 = 2λ + 4µ = 2λ + 4µ .
7 −1 2 −λ 2µ −λ + 2µ
On a donc
9 = λ + 6µ
2 = 2λ + 4µ
7 = −λ + 2µ.
Une solution de ce système est (λ = −3, µ = 2), ce qui implique que w est combinaison linéaire
de u et v. On vérifie que l’on a bien
9 1 6
2 = −3 2 + 2 4 .
7 −1 2
Exemple 220
³1´ ³6´ ³4´
Soient u = 2 et v = 4 . Montrons que w = −1 n’est pas une combinaison linéaire de u et
−1 2 8
v. L’égalité
4 = λ + 6µ
4 1 6
−1 = λ 2 + µ 4 équivaut au système −1 = 2λ + 4µ
8 = −λ + 2µ.
8 −1 2
Or ce système n’a aucune solution. Donc il n’existe pas λ, µ ∈ R tels que w = λ u + µv.
Démonstration
Soient F,G deux sous-espaces vectoriels d’un K-espace vectoriel E. L’intersection F ∩ G est
un sous-espace vectoriel de E.
Exemple 221
D = (x, y, z) ∈ R3 | x + 3y + z = 0 et x − y + 2z = 0 .
© ª
F = (x, y, z) ∈ R3 | x + 3y + z = 0
© ª
G = (x, y, z) ∈ R3 | x − y + 2z = 0
© ª
Ce sont deux plans passant par l’origine, donc des sous-espaces vectoriels de R3 . Ainsi D =
F ∩ G est un sous-espace vectoriel de R3 , c’est une droite vectorielle.
376 Espaces vectoriels
Remarque
(0, 1) + (1, 0) = (1, 1) est la somme d’un élément de F et d’un élément de G, mais n’est pas dans
F ∪ G.
(1, 1)
(0, 1)
G
0 (1, 0)
4.4. Mini-exercices
µ ¶ µ p ¶
−2
p −4 2
1. Peut-on trouver t ∈ R tel que les vecteurs 2 et 4pt soient colinéaires ?
t 2 2
³1´ ³1´ ³ −1 ´
2. Peut-on trouver t ∈ R tel que le vecteur 3t soit une combinaison linéaire de 3 et 1 ?
t 2 −1
F +G
F
Espaces vectoriels 377
Proposition 112
Démonstration
Exemple 222
F = (x, y, z) ∈ R3 | y = z = 0 G = (x, y, z) ∈ R3 | x = z = 0 .
© ª © ª
et
F +G
F
G 0
y
Exemple 223
F = (x, y, z) ∈ R3 | x = 0 G = (x, y, z) ∈ R3 | y = 0 .
© ª © ª
et
378 Espaces vectoriels
z G
0
y
Dans cet exemple, montrons que F + G = R3 . Par définition de F + G, tout élément de F + G est
dans R3 . Mais réciproquement, si w = (x, y, z) est un élément quelconque de R3 : w = (x, y, z) =
(0, y, z) + (x, 0, 0), avec (0, y, z) ∈ F et (x, 0, 0) ∈ G, donc w appartient à F + G.
Remarquons que, dans cet exemple, un élément de R3 ne s’écrit pas forcément de façon unique
comme la somme d’un élément de F et d’un élément de G. Par exemple (1, 2, 3) = (0, 2, 3) +
(1, 0, 0) = (0, 2, 0) + (1, 0, 3).
Si F et G sont en somme directe, on dit que F et G sont des sous-espaces vectoriels supplémen-
taires dans E.
Proposition 113
Remarque
– Dire qu’un élément w de E s’écrit d’une manière unique comme la somme d’un élément
de F et d’un élément de G signifie que si w = u + v avec u ∈ F, v ∈ G et w = u0 + v0 avec
u0 ∈ F, v0 ∈ G alors u = u0 et v = v0 .
– On dit aussi que F est un sous-espace supplémentaire de G (ou que G est un sous-espace
supplémentaire de F).
– Il n’y a pas unicité du supplémentaire d’un sous-espace vectoriel donné (voir un exemple
ci-dessous).
– L’existence d’un supplémentaire d’un sous-espace vectoriel sera prouvée dans le cadre
des espaces vectoriels de dimension finie.
Espaces vectoriels 379
Démonstration
u = 0E + u et u = u + 0E .
Exemple 224
F
0 x
(a) Montrons F ∩ G 0 = {(0, 0)}. Si (x, y) ∈ F ∩ G 0 alors d’une part (x, y) ∈ F donc y = 0, et
aussi (x, y) ∈ G 0 donc x = y. Ainsi (x, y) = (0, 0).
(b) Montrons F + G 0 = R2 . Soit u = (x, y) ∈ R2 . Cherchons v ∈ F et w ∈ G 0 tels que u = v + w.
Comme v = (x1 , y1 ) ∈ F alors y1 = 0, et comme w = (x2 , y2 ) ∈ G 0 alors x2 = y2 . Il s’agit
donc de trouver x1 et x2 tels que
qui prouve que tout élément de R2 est somme d’un élément de F et d’un élément de
G0.
3. De façon plus générale, deux droites distinctes du plan passant par l’origine forment
des sous-espaces supplémentaires.
380 Espaces vectoriels
Exemple 225
F = (x, y, z) ∈ R3 | x − y − z = 0 G = (x, y, z) ∈ R3 | y = z = 0
© ª © ª
et
G
F
(x, y, z) = (y + z, y, z) + (x − y − z, 0, 0)
Conclusion : F ⊕ G = R3 .
Exemple 226
f (x) + f (− x) f (x) − f (− x)
g(x) = et h(x) = .
2 2
f ( x)+ f (− x)
Synthèse. Pour f ∈ F (R, R), on définit deux fonctions g, h par g(x) = 2 et h(x) =
f ( x )− f (− x )
2 . Alors d’une part f (x) = g(x) + h(x) et d’autre part g ∈ P (vérifier g(− x) = g(x))
et h ∈ I (vérifier h(− x) = − h(x)). Bilan : P + I = F (R, R).
En conclusion, P et I sont en somme directe dans F (R, R) : P ⊕ I = F (R, R). Notez que,
comme le prouvent nos calculs, les g et h obtenus sont uniques.
Notation. Ce sous-espace vectoriel est appelé sous-espace engendré par v1 , . . . , vn et est noté
Vect(v1 , . . . , vn ). On a donc
Remarque
– Dire que Vect(v1 , . . . , vn ) est le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant les vec-
teurs v1 , . . . , vn signifie que si F est un sous-espace vectoriel de E contenant aussi les
vecteurs v1 , . . . , vn alors Vect(v1 , . . . , vn ) ⊂ F.
– Plus généralement, on peut définir le sous-espace vectoriel engendré par une partie V
quelconque (non nécessairement finie) d’un espace vectoriel : Vect V est le plus petit
sous-espace vectoriel contenant V .
Exemple 227
K = Vect(u)
u
0
382 Espaces vectoriels
v u
0
Vect(u, v)
Nous obtenons bien une équation paramétrique du plan P passant par l’origine et
contenant les vecteurs u et v. On sait en trouver une équation cartésienne : (x − 2y + z =
0).
Exemple 228
Méthodologie. On peut démontrer qu’une partie F d’un espace vectoriel E est un sous-espace
vectoriel de E en montrant que F est égal à l’ensemble des combinaisons linéaires d’un nombre
fini de vecteurs de E.
Exemple 229
5.4. Mini-exercices
(a) F + G = R3 et F ∩ G 6= {0} ;
(b) F + G 6= R3 et F ∩ G = {0} ;
(c) F + G = R3 et F ∩ G = {0} ;
(d) F + G 6= R3 et F ∩ G 6= {0}.
(a) Montrer que F est un espace vectoriel. Trouver deux vecteurs u, v tels que F = Vect(u, v).
(a) Quel est l’espace vectoriel F engendré par A et B ? Idem avec G engendré par C et D.
6.1. Définition
Nous avons déjà rencontré la notion d’application linéaire dans le cas f : R p −→ Rn (voir le chapitre
« L’espace vectoriel Rn »). Cette notion se généralise à des espaces vectoriels quelconques.
Définition 109
Soient E et F deux K-espaces vectoriels. Une application f de E dans F est une application
linéaire si elle satisfait aux deux conditions suivantes :
1. f (u + v) = f (u) + f (v), pour tous u, v ∈ E ;
2. f (λ · u) = λ · f (u), pour tout u ∈ E et tout λ ∈ K.
Autrement dit : une application est linéaire si elle « respecte » les deux lois d’un espace vectoriel.
Notation. L’ensemble des applications linéaires de E dans F est noté L (E, F).
384 Espaces vectoriels
Exemple 230
est une application linéaire. En effet, soient u = (x, y, z) et v = (x0 , y0 , z0 ) deux éléments de R3
et λ un réel.
f (u + v) = f (x + x0 , y + y0 , z + z0 ) f (λ · u) = f (λ x, λ y, λ z)
− 2(x + x0 ), y + y0 + 3(z + z0 ) = (−2λ x, λ y + 3λ z)
¡ ¢
=
et
= (−2x, y + 3z) + (−2x0 , y0 + 3z0 ) = λ · (−2x, y + 3z)
= f (u) + f (v) = λ · f (u)
Exemple 231
Soit f : R → R l’application définie par f (x) = x2 . On a f (1) = 1 et f (2) = 4. Donc f (2) 6= 2 · f (1).
Ce qui fait que l’on n’a pas l’égalité f (λ x) = λ f (x) pour un certain choix de λ, x. Donc f n’est
pas linéaire. Notez que l’on n’a pas non plus f (x + x0 ) = f (x) + f (x0 ) dès que xx0 6= 0.
f (X ) = A X
Proposition 114
Soient E et F deux K-espaces vectoriels. Si f est une application linéaire de E dans F, alors :
– f (0E ) = 0F ,
– f (− u) = − f (u), pour tout u ∈ E.
Démonstration
Pour démontrer qu’une application est linéaire, on peut aussi utiliser une propriété plus « concen-
trée », donnée par la caractérisation suivante :
Espaces vectoriels 385
Plus généralement, une application linéaire f préserve les combinaisons linéaires : pour tous
λ1 , . . . , λn ∈ K et tous v1 , . . . , vn ∈ E, on a
Démonstration
– Montrons la réciproque. Soit f : E → F une application telle que f (λ u + µv) = λ f ( u) + µ f (v) (pour
tous u, v ∈ E , λ, µ ∈ K). Alors, d’une part f ( u + v) = f ( u) + f (v) (en considérant le cas particulier
où λ = µ = 1), et d’autre part f (λ u) = λ f ( u) (cas particulier où µ = 0).
Vocabulaire.
Soient E et F deux K-espaces vectoriels.
– Une application linéaire de E dans F est aussi appelée morphisme ou homomorphisme
d’espaces vectoriels. L’ensemble des applications linéaires de E dans F est noté L (E, F).
– Une application linéaire de E dans E est appelée endomorphisme de E. L’ensemble des
endomorphismes de E est noté L (E).
6.4. Mini-exercices
Montrer que les applications suivantes f i : R2 → R2 sont linéaires. Caractériser géométriquement
ces applications et faire un dessin.
1. f 1 (x, y) = (− x, − y) ;
2. f 2 (x, y) = (3x, 3y) ;
3. f 3 (x, y) = (x, − y) ;
4. f 4 (x, y) = (− x, y) ;
¡p p
5. f 5 (x, y) = 23 x − 21 y, 12 x + 23 y .
¢
f :E → E
u 7 → −u
0
f λ (u) = λ · u
f (u) = − u
u
0
Homothétie.
Soient E un K-espace vectoriel et λ ∈ K. On définit l’application f λ par :
fλ : E → E
u 7 → λu
Projection.
Soient E un K-espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels supplémentaires dans E,
c’est-à-dire E = F ⊕ G. Tout vecteur u de E s’écrit de façon unique u = v + w avec v ∈ F et w ∈ G. La
projection sur F parallèlement à G est l’application p : E → E définie par p(u) = v.
w u
F
v = p(u)
Exemple 232
F = (x, y, z) ∈ R3 | x − y − z = 0 G = (x, y, z) ∈ R3 | y = z = 0
© ª © ª
et
G
(x, y, z)
F
0
p(x, y, z)
Exemple 233
Nous avons vu dans l’exemple 226 que l’ensemble des fonctions paires P et l’ensemble des
fonctions impaires I sont des sous-espaces vectoriels supplémentaires dans F (R, R). Notons
p la projection sur P parallèlement à I . Si f est un élément de F (R, R), on a p( f ) = g où
g:R → R
f (x) + f (− x)
x 7→ .
2
d : C 1 (R, R) −→ C 0 (R, R)
f 7−→ f 0
I : C 0 (R, R) −→ C 1 (R, R)
Rx
f (x) 7−→ 0 f (t) dt
R x¡ Rx Rx
L’application I est linéaire car 0 λ f (t) + µ g(t) dt = λ 0 f (t) dt + µ 0 g(t) dt pour toutes
¢
f : E −→ F
P(X ) 7−→ X P(X )
T : M n (K) −→ M n (K)
A 7−→ AT
T est linéaire, car on sait que pour toutes matrices A, B ∈ M n (K) et tous scalaires λ, µ ∈ K :
5. La trace.
tr : M n (K) −→ K
A 7−→ tr A
est une application linéaire car tr(λ A + µB) = λ tr A + µ tr B.
7.3. Mini-exercices
1. Les applications suivantes sont-elles linéaires ?
(a) R −→ R, x 7−→ 3x − 2
4
(b) R −→ R, (x, y, x0 , y0 ) 7−→ x · x0 + y · y0
(c) C 0 (R, R) −→ R, f 7−→ f (1)
1 0
(d) C (R, R) −→ C (R, R), f 7−→ f 0 + f
R1
(e) C 0 ([0, 1], R) −→ R, f 7−→ 0 | f (t)| dt
(f) C 0 ([0, 1], R) −→ R, f 7−→ max x∈[0,1] f (x)
(g) R3 [X ] −→ R3 [X ], P(X ) 7−→ P(X + 1) − P(0)
T T
2. Soient f , g : M n (R) −→ M n (R) définies par A 7−→ A +2A et A 7−→ A −2A . Montrer que f et g sont
des applications linéaires. Montrer que f (A) est une matrice symétrique, g(A) une matrice
antisymétrique et que A = f (A) + g(A). En déduire que les matrices symétriques et les
matrices antisymétriques sont en somme directe dans M n (R). Caractériser géométriquement
f et g.
Dans toute la suite, E et F désigneront des K-espaces vectoriels et f : E → F sera une application
linéaire.
f (E) s’appelle l’image de l’application linéaire f et est noté Im f .
Remarque
Démonstration
Tout d’abord, comme 0E ∈ E 0 alors 0F = f (0E ) ∈ f (E 0 ). Ensuite on montre que pour tout couple ( y1 , y2 )
d’éléments de f (E 0 ) et pour tous scalaires λ, µ, l’élément λ y1 + µ y2 appartient à f (E 0 ). En effet :
y1 ∈ f (E 0 ) ⇐⇒ ∃ x1 ∈ E 0 , f ( x1 ) = y1
y2 ∈ f (E 0 ) ⇐⇒ ∃ x2 ∈ E 0 , f ( x2 ) = y2 .
λ y1 + µ y2 = λ f ( x1 ) + µ f ( x2 ) = f (λ x1 + µ x2 ).
Autrement dit, le noyau est l’image réciproque du vecteur nul de l’espace d’arrivée : Ker( f ) =
f −1 {0F }.
Proposition 117
Démonstration
Ker( f ) est non vide car f (0E ) = 0F donc 0E ∈ Ker( f ). Soient x1 , x2 ∈ Ker( f ) et λ, µ ∈ K. Montrons que
λ x1 + µ x2 est un élément de Ker( f ). On a, en utilisant la linéarité de f et le fait que x1 et x2 sont des
éléments de Ker( f ) : f (λ x1 + µ x2 ) = λ f ( x1 ) + µ f ( x2 ) = λ0F + µ0F = 0F .
Exemple 234
f : R3 → R2
(x, y, z) 7→ (−2x, y + 3z)
Donc Ker( f ) = (0, −3z, z) | z ∈ R . Autrement dit, Ker( f ) = Vect (0, −3, 1) : c’est une
© ª © ª
droite vectorielle.
– Calculons l’image de f . Fixons (x0 , y0 ) ∈ R2 .
Exemple 235
Soit A ∈ M n,p (R). Soit f : R p −→ Rn l’application linéaire définie par f (X ) = A X . Alors Ker( f ) =
X ∈ R p | A X = 0 : c’est donc l’ensemble des X ∈ R p solutions du système linéaire homogène
© ª
A X = 0. On verra plus tard que Im( f ) est l’espace engendré par les colonnes de la matrice A.
Exemple 236
Un plan P passant par l’origine, d’équation (ax + b y + cz = 0), est un sous-espace vectoriel
de R3 . En effet, soit f : R3 → R l’application définie par f (x, y, z) = ax + b y + cz. Il est facile
de vérifier que f est linéaire, de sorte que Ker f = (x, y, z) ∈ R3 | ax + b y + cz = 0 = P est un
© ª
sous-espace vectoriel.
Espaces vectoriels 391
Exemple 237
w u
F
v = p(u)
Autrement dit, f est injective si et seulement si son noyau ne contient que le vecteur nul. En
particulier, pour montrer que f est injective, il suffit de vérifier que :
si f (x) = 0F alors x = 0E .
Démonstration
– Supposons que f soit injective et montrons que Ker( f ) = {0E }. Soit x un élément de Ker( f ). On
a f ( x) = 0F . Or, comme f est linéaire, on a aussi f (0E ) = 0F . De l’égalité f ( x) = f (0E ), on déduit
x = 0E car f est injective. Donc Ker( f ) = {0E }.
– Réciproquement, supposons maintenant que Ker( f ) = {0E }. Soient x et y deux éléments de E
tels que f ( x) = f ( y). On a donc f ( x) − f ( y) = 0F . Comme f est linéaire, on en déduit f ( x − y) = 0F ,
c’est-à-dire x − y est un élément de Ker( f ). Donc x − y = 0E , soit x = y.
Exemple 238
f : Rn [X ] −→ Rn+1 [X ]
P(X ) 7−→ X · P(X ).
Alors
a n X n+1 + · · · + a 1 X 2 + a 0 X = 0.
Ainsi, a i = 0 pour tout i ∈ {0, . . . , n} et donc P(X ) = 0. Le noyau de f est donc nul : Ker( f ) = {0}.
L’espace Im( f ) est l’ensemble des polynômes de Rn+1 [X ] sans terme constant : Im( f ) =
Vect X , X 2 , . . . , X n+1 .
© ª
Proposition 118
L’ensemble des applications linéaires entre deux K-espaces vectoriels E et F, noté L (E, F),
muni des deux lois définies précédemment, est un K-espace vectoriel.
Démonstration
L’ensemble L (E, F ) est inclus dans le K-espace vectoriel F (E, F ). Pour montrer que L (E, F ) est un
K-espace vectoriel, il suffit donc de montrer que L (E, F ) est un sous-espace vectoriel de F (E, F ) :
– Tout d’abord, l’application nulle appartient à L (E, F ).
– Soient f , g ∈ L (E, F ), et montrons que f + g est linéaire. Pour tous vecteurs u et v de E et pour
tous scalaires α, β de K,
Soient E, F,G trois K-espaces vectoriels, f une application linéaire de E dans F et g une
application linéaire de F dans G. Alors g ◦ f est une application linéaire de E dans G.
Remarque
Démonstration
g ◦ ( f1 + f2) = g ◦ f1 + g ◦ f2 (g 1 + g 2 ) ◦ f = g 1 ◦ f + g 2 ◦ f (λ g) ◦ f = g ◦ (λ f ) = λ(g ◦ f )
Vocabulaire.
Soient E et F deux K-espaces vectoriels.
– Une application linéaire bijective de E sur F est appelée isomorphisme d’espaces vectoriels.
Les deux espaces vectoriels E et F sont alors dits isomorphes.
– Un endomorphisme bijectif de E (c’est-à-dire une application linéaire bijective de E dans E)
est appelé automorphisme de E. L’ensemble des automorphismes de E est noté GL(E).
Démonstration
Comme f est une application bijective de E sur F , alors f −1 est une application bijective de F sur E .
Il reste donc à prouver que f −1 est bien linéaire. Soient u0 et v0 deux vecteurs de F et soient α et β
deux éléments de K. On pose f −1 ( u0 ) = u et f −1 (v0 ) = v, et on a alors f ( u) = u0 et f (v) = v0 . Comme f est
linéaire, on a
f −1 (α u0 + βv0 ) = f −1 α f ( u) + β f (v) = f −1 f (α u + βv) = α u + βv
¡ ¢ ¡ ¢
f −1 (α u0 + βv0 ) = α f −1 ( u0 ) + β f −1 (v0 ),
Exemple 239
Soit f : R2 → R2 définie par f (x, y) = (2x + 3y, x + y). Il est facile de prouver que f est linéaire.
Pour prouver que f est bijective, on pourrait calculer son noyau et son image. Mais ici nous
allons calculer directement son inverse : on cherche à résoudre f (x, y) = (x0 , y0 ). Cela corres-
pond à l’équation (2x + 3y, x + y) = (x0 , y0 ) qui est un système linéaire à deux équations et deux
inconnues. On trouve (x, y) = (− x0 + 3y0 , x0 − 2y0 ). On pose donc f −1 (x0 , y0 ) = (− x0 + 3y0 , x0 − 2y0 ).
On vérifie aisément que f −1 est l’inverse de f , et on remarque que f −1 est une application
linéaire.
Exemple 240
8.5. Mini-exercices
1. Soit f : R3 → R3 définie par f (x, y, z) = (− x, y + z, 2z). Montrer que f est une application
linéaire. Calculer Ker( f ) et Im( f ). f admet-elle un inverse ? Même question avec f (x, y, z) =
(x − y, x + y, y).
2. Soient E un espace vectoriel, et F,G deux sous-espaces tels que E = F ⊕ G. Chaque u ∈ E
se décompose de manière unique u = v + w avec v ∈ F, w ∈ G. La symétrie par rapport à
F parallèlement à G est l’application s : E → E définie par s(u) = v − w. Faire un dessin.
Montrer que s est une application linéaire. Montrer que s2 = idE . Calculer Ker(s) et Im(s). s
admet-elle un inverse ?
3. Soit f : Rn [X ] → Rn [X ] définie par P(X ) 7→ P 00 (X ) (où P 00 désigne la dérivée seconde). Montrer
que f est une application linéaire. Calculer Ker( f ) et Im( f ). f admet-elle un inverse ?
Auteurs
• D’après un cours de Sophie Chemla de l’université Pierre et Marie Curie, reprenant des
parties d’un cours de H. Ledret et d’une équipe de l’université de Bordeaux animée par
J. Queyrut,
• et un cours de Eva Bayer-Fluckiger, Philippe Chabloz, Lara Thomas de l’École Polytech-
nique Fédérale de Lausanne,
• mixés et révisés par Arnaud Bodin, relu par Vianney Combet.
Exo7
20 Dimension finie
1 Famille libre
2 Famille génératrice
3 Base
4 Dimension d'un espace vectoriel
5 Dimension des sous-espaces vectoriels
Les espaces vectoriels qui sont engendrés par un nombre fini de vecteurs sont appelés espaces
vectoriels de dimension finie. Pour ces espaces, nous allons voir comment calculer une base, c’est-
à-dire une famille minimale de vecteurs qui engendrent tout l’espace. Le nombre de vecteurs dans
une base s’appelle la dimension et nous verrons comment calculer la dimension des espaces et des
sous-espaces.
1. Famille libre
1.1. Combinaison linéaire (rappel)
Soit E un K-espace vectoriel.
Définition 111
u = λ1 v1 + λ2 v2 + · · · + λ p v p
(où λ1 , λ2 , . . . , λ p sont des éléments de K) est appelé combinaison linéaire des vecteurs
v1 , v2 , . . . , v p . a Les scalaires λ1 , λ2 , . . . , λ p sont appelés coefficients de la combinaison linéaire.
1.2. Définition
Définition 112
λ1 v1 + λ2 v2 + · · · + λ p v p = 0