Le Surendettement Des Particuliers
Le Surendettement Des Particuliers
Le Surendettement Des Particuliers
AVIS ET RAPPORTS DU
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL
LE
SURENDETTEMENT
DES PARTICULIERS
2007
Rapport présenté par
Mme Pierrette Crosemarie
Année 2007 - N°21 NOR : C.E.S. X07000121V Mercredi 31 octobre 2007
MANDATURE 2004-2009
LE SURENDETTEMENT
DES PARTICULIERS
(Question dont le Conseil économique et social a été saisi par décision de son bureau en date du 14 mars 2006 en
application de l'article 3 de l'ordonnance n° 58-1360 du 29 décembre 1958 modifiée portant loi organique relative au
Conseil économique et social)
III
SOMMAIRE
*
* *
1
L’ensemble du projet d’avis a été adopté au scrutin public par 179 voix et 3 abstentions
(voir le résultat du scrutin en annexe).
I-6
Ce sont donc très souvent de véritables drames humains qui sont vécus par
les personnes qui en sont victimes ; le coût social du surendettement est
considérable.
Selon le mode de calcul utilisé, le nombre de ménages surendettés varie. Sa
fourchette basse se situe autour de 700 000 ménages alors qu’une fourchette
haute, prenant en compte les ménages n’ayant pas déposé de dossiers en
commission mais déclarant avoir des difficultés à rembourser leurs dettes, se
chiffre à 1,5 million de ménages, soit 6 millions de personnes concernées. Sur les
5 dernières années, le rythme soutenu des dépôts de dossiers en commission de
surendettement s’élève à environ 173 000 par an, représentant un total cumulé de
865 000. Au total, plus d’un million de personnes ont eu recours à la
procédure de surendettement depuis sa création.
Plusieurs modifications de la législation sont intervenues pour améliorer la
procédure instituée par la loi 89-1010 du 31 décembre 1989 (loi Neiertz). La
dernière en date (loi 2003-710 du 1er août 2003 dite « loi Borloo ») instaure la
procédure de rétablissement personnel (PRP) dont l’objectif est de donner une
véritable seconde chance aux surendettés dont la situation est irrémédiablement
compromise.
En effet, le législateur a dû se rendre à l’évidence de l’insuffisance du
dispositif juridique existant face au nouveau type de surendettement dit
« passif », devenu largement majoritaire (73 % des cas), qui touche des
personnes victimes d’un accident de la vie (chômage, maladie, divorce etc.) ou
dont les ressources ne sont simplement pas suffisantes pour couvrir les dépenses
de la vie courante.
On constate toutefois que cette dernière loi est mise en œuvre de façon
restrictive tant par les commissions que par les juges et qu’il existe une totale
inadéquation entre l’urgence qu’impliquent les situations de surendettement et
les délais de procédure requis.
Si l’arsenal législatif mis en œuvre mérite donc d’être adapté dans son
application et probablement simplifié sur certains points, il est surtout urgent de
renforcer la prévention et le suivi social dont l’ensemble des acteurs s’accorde à
souligner le caractère fondamental. Guérir le mal est nécessaire mais le prévenir
et éviter qu’il ne reprenne le dessus est une stratégie bien plus gagnante à long
terme, d’autant que le surendettement peut aussi résulter de pratiques bancaires
et financières inadaptées, dans le cadre de rapports sociaux de plus en plus
financiarisés.
Il est à craindre que, dans certains cas, le crédit à la consommation soit
devenu en quelques années le substitut de ressources insuffisantes. C’est plus
généralement la question du pouvoir d’achat qui est alors posée.
I-7
I - LA PRÉVENTION DU SURENDETTEMENT
3. L’Éducation nationale
Le Conseil économique et social souhaite que la circulaire de 1990
recommandant que l’éducation à la consommation figure dans les
programmes scolaires soit mise en œuvre de façon effective et que les outils
de sensibilisation du jeune public soient développés.
I - 23
II - LE TRAITEMENT DU SURENDETTEMENT
De janvier à juillet 2007, 112 199 dossiers ont été déposés à la Banque de
France, soit une augmentation de 6,6 % par rapport à juillet 2006. Pendant cette
période, 89 906 dossiers ont été déclarés recevables. 80 736 dossiers ont été
traités par les commissions : 45 279 plans conventionnels ont été conclus,
15 981 dossiers ont donné lieu à des recommandations élaborées par les
commissions et homologuées par les juges. 16 299 personnes ont été orientées
vers la PRP.
I - 25
B - LA PROCÉDURE
La commission demeure la clé d’entrée dans le dispositif de traitement du
surendettement. Il lui appartient donc en premier lieu d’apprécier si la personne
relève de la procédure de surendettement.
CONCLUSION
Groupe de l’agriculture
La question du surendettement demeure complexe. Elle appelle des
solutions à la fois générales et individuelles. Dans tous les cas, elle ne doit pas
être l’objet de raccourcis simplistes, car le crédit est un élément indissociable de
la croissance.
Le développement du crédit, sous des formes diverses et multiples, a tout
au long de notre histoire accompagné l’avancée de nos sociétés. Il constitue « un
indispensable moteur à la croissance économique » en soutenant la
consommation des ménages ou en facilitant la réalisation de projets
économiques. Ce n’est pas lui qui est en cause, mais les déviances auxquelles il
peut conduire, avec les graves conséquences sociales que l’on sait.
Le surendettement est en majeure partie lié aux accidents de la vie. Il peut
aussi naître des multiples tentations dont sont l’objet les consommateurs de la
part des différents commerces. L’addition, de façon parfois inconsciente, de
plusieurs petits crédits finit par grever le budget d’un ménage, d’autant qu’ils se
révèlent in fine souvent fort chers. Pour les personnes fragiles ou en situation
précaire, c’est là une cause réelle de basculement dans une spirale négative dont
ils ne peuvent sortir seuls.
Il importe particulièrement que le crédit demeure une modalité de paiement
et ne soit pas confondu avec un revenu artificiel. L’éducation à la gestion d’un
budget familial peut ici s’avérer d’un grand secours. Tenir ses comptes en
équilibre et prévoir ses dépenses relèvent d’une véritable stratégie.
Les banques, qui demeurent l’interlocuteur principal en matière de crédit,
sont particulièrement confrontées à ces situations de désespérance. Elles ont
rapidement pris la mesure du désarroi dans lequel se trouvent, souvent à leur
corps défendant, un trop grand nombre de personnes. Être soucieuses d’une
gestion financière rigoureuse de leurs établissements ne les empêche pas de se
montrer attentives aux difficultés des personnes fragilisées par un
surendettement. Plusieurs banques agricoles ont crées des services spécialisés
dans le suivi financier et social des personnes, construisant avec elles un plan de
remboursement échelonné et leur apportant un soutien régulier pour faciliter leur
réinsertion. Les points passerelle du Crédit Agricole commencent à être connus
de tous.
Le suivi opéré par certains établissements bancaires ne saurait exonérer de
la nécessité d’un renforcement du rôle du médiateur bancaire et d’une adaptation
des procédures de traitement du surendettement. Des dispositions peuvent encore
être améliorées, particulièrement en termes de prévention des individus.
L’accroissement des phénomènes de surendettement ne laisse pas d’être
inquiétant, surtout lorsque le niveau moyen d’endettement des ménages français
demeure inférieur à celui des autres pays de l’Union européenne.
I - 40
Groupe de l’artisanat
Au lendemain de la mobilisation de la journée de lutte contre la misère,
cette saisine arrive à point nommé en apportant des éléments de réponse à tous
ceux et celles qui sont de plus en plus confrontés aux accidents de la vie. Même
si aujourd’hui aucune statistique précise ne permet d’identifier la qualité des
surendettés, force est de reconnaître que les artisans en nom propre peuvent aussi
être concernés par ce nouveau fléau. En effet, par le biais des factures impayées,
ils peuvent se retrouver rapidement en difficulté, voire même parfois en cessation
de paiement, avec toutes les conséquences en chaîne sur leur vie professionnelle
et familiale.
Sans atteindre ces cas extrêmes, chaque fois qu’un artisan est fragilisé dans
sa trésorerie par des clients indélicats ou tout simplement insolvables, le
banquier a tendance à durcir son comportement, freinant dès lors le
fonctionnement même de l’entreprise. Quant à cela s’ajoute une conjoncture
économique atone, l’urgence devient autant économique que sociale.
Sur le plan économique, la question du crédit est à la fois fondamentale et
extrêmement délicate, puisque c’est elle qui déclenche ou non une situation de
surendettement. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’informer,
d’éduquer voire de prévenir et d’organiser la protection des consommateurs
contre toutes pratiques abusives. Dans ce domaine, l’avis avance des pistes
intéressantes : la lisibilité des contrats, l’encadrement de la publicité des offres et
des nouvelles formes de crédit mais surtout il aborde avec lucidité le problème
des frais bancaires. Leur disparité sur le territoire et suivant les établissements,
autant que leur démesure par rapport aux opérations effectuées, constituent de
vraies interrogations. Même s’il faut se réjouir de la décision prise par les
banques en 2006 « de rechercher une solution personnalisée pour les clients
confrontés à des difficultés financières résultant des accidents de la vie » et de la
loi de mars 2007 de plafonnement des frais en cas de chèque non provisionné, il
faut agir sur la publication des décrets d’application afin de pouvoir en faire
profiter au plus vite les entreprises. Dans le même ordre d’idée, limiter
l’inscription aux fichiers des incidents de paiement à la durée de l’incident va
enfin apporter plus de souplesse dans ce dispositif, facilitant ainsi les relations
entre les entreprises et leurs banquiers.
S’agissant de l’urgence sociale du traitement du surendettement, notre
société aurait tout à gagner si globalement les administrations et les organismes
financiers, par principe, considéraient l’entreprise et l’individu de manière
positive plutôt que systématiquement fautif. Les résultats du microcrédit sont là
pour en attester. À ce titre, les initiatives d’accompagnement des personnes
fragiles mises en place par certains établissements bancaires, ou encore celles de
I - 41
Groupe de la CFDT
Depuis presque vingt ans et le vote de la loi Neiertz en 1989, le nombre de
personnes surendettées n’a cessé de croître en même temps que se développaient
la précarité et le chômage de longue durée, la pauvreté et l’exclusion sociale.
Longtemps, la montée des cas de surendettement fut mise sur le compte du
recours excessif au crédit, particulièrement au crédit à la consommation. Le
premier mérite du rapport et de l’avis dont traite aujourd’hui le Conseil
économique et social est de souligner que les trois quarts des cas de
surendettement résultent de ce que l’on appelle aujourd’hui les accidents de la
vie, qu’il s’agisse de chômage, de maladies ou de séparation familiale.
Brutalement, des particuliers ne parviennent plus à rembourser leurs dettes et
basculent dans la spirale de l’endettement.
Souvent seuls pour faire face à ces ruptures, certains sont tentés de recourir
au crédit revolving ou à certaines offres de réserves financières qui constituent
alors à leurs yeux une source provisoire de revenus mais qui en fait ne font, la
plupart du temps, qu’aggraver leur situation. Ainsi peut se comprendre le
paradoxe français, qui associe un taux d’endettement des ménages plus faible
que la moyenne européenne avec une montée plus forte des cas de
surendettement, comme si les efforts et les instruments des acteurs financiers et
du secteur de la distribution pour inciter les Français à dépenser leur épargne ne
trouvaient leur pleine efficacité qu’auprès de ceux qui n’en ont pas, à savoir les
particuliers les plus fragiles financièrement.
Plus qu’un recours excessif au crédit, le développement des cas de
surendettement révèle une mauvaise utilisation du crédit et surtout la montée de
la précarité dans notre société, son faible degré de solidarité de proximité ainsi
que les limites de notre système de protection sociale et de notre modèle social
devenu trop anonyme.
La CFDT partage donc les grandes préconisations de l’avis présenté par la
rapporteure, destinées à prévenir le surendettement en agissant sur le
malendettement :
- l’encadrement du crédit à la consommation, notamment le crédit
revolving, l’interdiction des publicités qui associent offre de crédit et
acte d’achat ;
- l’exigence de responsabilité sociale des acteurs bancaires par le
respect des ratios prudentiels, la moralisation des reprises de crédit et
surtout le respect de leur devoir de conseil ;
- le développement du micro crédit social comme alternative efficace
et solidaire au crédit à la consommation.
I - 44
Groupe de la CFE-CGC
Parmi les stigmates de la pauvreté, il y a bien l’exclusion due au
surendettement.
Parmi les causes de la pauvreté, il y a le surendettement dû aux accidents
de la vie ou aux tentations maintes fois répétées de notre société de
consommation.
Le surendettement des particuliers s’inscrit dans une tendance
d’augmentation continue. Il conduit trop souvent à l’exclusion, d’abord
économique, puis sociale.
Toutes les catégories sociales sont touchées et le phénomène s’étend même
maintenant aux classes moyennes.
Le surendettement entraîne des pathologies lourdes, le recours aux
solutions extrêmes, l’isolement et la spirale désormais bien connu de la
marginalisation. Il conduit souvent la personne surendettée à la perte d’emploi.
Les ruptures de parcours professionnels peuvent aussi amener une baisse de
niveau de vie. Ces ruptures ne sont plus imprévisibles, elles doivent être prises
en compte comme facteurs participant au calcul des risques. Le contexte
économique et singulièrement celui de l’emploi fragilise davantage la structure
financière des particuliers. Les situations de surendettement se repèrent
principalement par la contraction des ressources. L’endettement immobilier est
également devenu une cause de surendettement du fait de l’allongement des
prêts, du relèvement des taux d’intérêt et de leur variabilité ainsi que de la
flambée des prix.
Il faut rechercher les moyens d’arrêter un tel processus avant même son
apparition et non pas lorsque les dégâts sont irréversibles.
S’il est nécessaire d’adapter les moyens législatifs en vigueur, il est avant
tout capital de renforcer la prévention.
I - 45
Groupe de la CFTC
« Ce sont de véritables drames humains qui sont vécus par les victimes du
surendettement ; le coût social du surendettement est considérable ». Ces
propos, extraits de l’avis, résument bien l’importance des enjeux.
Le travail de la rapporteure constitue en quelque sorte un « rapport
d’étape » du plus grand intérêt sur un dispositif juridique qui a voulu s’adapter
aux évolutions sociales. Oui, comme il l’est spécifié, il est urgent « de renforcer
la prévention et le suivi social dont l’ensemble des acteurs s’accorde à souligner
le caractère fondamental ». À ce propos, le groupe de la CFTC estime
essentielles les actions de formation des travailleurs sociaux et des responsables
associatifs menées par la Banque de France.
I - 46
Groupe de la CGT
Depuis maintenant plusieurs années, les questions du surendettement ne
concernent plus seulement une part marginale de notre société, mais des franges
de plus en plus importantes de nos concitoyens, qui se retrouvent complètement
démunies lors de changements de situation personnelle, familiale ou liée à
l’emploi.
Le fait que le Président de la République, lors de son intervention au
Conseil économique et social le 17 octobre 2007, soit amené à constater que la
pauvreté ne concerne plus seulement les personnes exclues de l’emploi, mais
également un nombre croissant de salariés disposant d’un contrat de travail, doit
nous inciter à ne plus simplement nous payer de mots, mais à agir sur les causes
profondes qui mènent à ces situations. Le développement de la précarité, des bas
salaires, du temps partiel contraint, de la non-reconnaissance des qualifications,
du chômage, ont contribué à la montée d’un surendettement dit passif, se
caractérisant par une insuffisance structurelle de ressources de nature à réaliser
les dépenses courantes.
S’il est absolument nécessaire de s’attaquer aux conséquences du
surendettement, la question des causes amenant à ces situations devra également
être traitée ; et parmi ces causes, la question des conditions actuelles d’accès à
l’emploi est évidemment centrale.
I - 48
Groupe de la CGT-FO
L’avis examiné ce jour approfondi le premier avis sur le même sujet ; il
propose de nouvelles pistes notamment eu égard aux nouvelles dispositions de la
loi Borloo de 2003 qui, compte tenu d’une application restrictive, n’apporte pas
une réelle seconde chance aux personnes surendettées.
Le texte réfute la distinction, trop longtemps retenue, entre endettement
actif et endettement passif.
I - 49
Groupe de la coopération
Le crédit constitue l’un des outils du comportement économique des
ménages. Il est un facteur de croissance, dans la mesure où les ménages qui y ont
recours sont informés correctement sur ses modalités et ses implications. Le
rapport décrit parfaitement comment « l’invisibilité » de l’argent dans notre
société de consommation ainsi que la multiplication des « accidents de la vie »,
accentuent les risques de basculement vers l’engrenage du surendettement.
Depuis de nombreuses années, le Conseil économique et social attire l’attention
des pouvoirs publics sur les effets déviants du « mal endettement » et propose
des améliorations des dispositifs de traitement décidés par le législateur. Ce sujet
illustre parfaitement la plus-value du travail de notre assemblée. La qualité du
rapport et de l’avis y contribue pleinement, dans la continuité de celui mené sur
la loi de rénovation urbaine.
Le groupe de la coopération approuve l’ensemble des recommandations et
insiste plus particulièrement sur quelques points.
La responsabilité des acteurs économiques, tout d’abord : chacun doit en
quelque sorte « balayer » en ce domaine « devant sa porte ». Ainsi, la loi
Scrivener qui, depuis 1978, impose une information de l’emprunteur et le respect
d’un délai de réflexion et de rétraction de sept jours après la signature du contrat,
est malheureusement trop souvent mal respectée. De plus, l’impact de la
généralisation des crédits revolving, de plus en plus souvent par le biais de cartes
de crédits permanents proposés au consommateur, est particulièrement
lourd : plus de 80 % des dossiers déposés en commission de surendettement
comportent au moins un crédit de ce type, jusqu’à plusieurs dizaines. L’avis
dénonce justement ces pratiques commerciales agressives et demande leur
encadrement. Se pose également la question de la diffusion de telles offres par le
biais d’internet, phénomène qui devrait aller croissant.
Concernant ensuite les procédures de traitement du surendettement, les
« restes à vivre » fixés par les commissions de surendettement sont
particulièrement faibles. Leur niveau ne permet ainsi que difficilement aux
ménages concernés de faire face aux dépenses de la vie courante ou à un
événement imprévu comme la maladie. Cette question renvoie à une réflexion
plus globale à mener sur les minima sociaux, sujet sur lequel notre assemblée a
d’ailleurs prévu de travailler.
I - 51
Enfin, cet avis est l’occasion de faire un premier bilan de la mise en place
de la procédure de rétablissement personnel. Depuis quatre ans, cette procédure,
inspirée de la faillite civile en vigueur en Alsace-Moselle et qui met le débiteur
au centre du dispositif, constitue un apport majeur. Cependant, sont trop souvent
exclus de cette procédure les plus jeunes, qu’ils soient au chômage ou non, sur le
motif que les perspectives d’emplois futurs ne les rendraient pas prioritaires.
Pour le groupe de la coopération, le droit à une « deuxième chance » n’est pas
une affaire d’âge.
Pour finir, le groupe considère qu’il faut pousser plus loin la réflexion sur
des niveaux et des procédures de crédits plus adaptés à la situation des ménages
les plus modestes, notamment le microcrédit. Celui-ci peut constituer une
véritable alternative au crédit revolving. Le travail que va conduire la section des
finances sur ce sujet s’inscrira donc dans la continuité de ce débat.
Le groupe de la coopération a voté en faveur de l’avis.
À propos de cette solution retenue sous des formes diverses dans plusieurs
pays, l’on peut noter les arguments avancés en sa faveur :
- permettre au prêteur de mieux connaître la situation financière de
l’emprunteur ;
- sécuriser et développer ainsi le crédit à la consommation. En raison
de la méconnaissance de la situation réelle des emprunteurs, les
établissements bancaires restreignent actuellement l’accès au crédit
par des scorings écartant la population la plus fragile ;
- faciliter la mise en cause des prêteurs et l’engagement de leur
responsabilité.
Ces arguments se heurtent cependant aux trois éléments relevés dans le
texte :
- les risques importants pour la vie privée des personnes fichées, parmi
lesquelles figureraient également les emprunteurs qui n’ont jamais
connu d’accident de paiement ;
- le coût d’un système très lourd s’il devait être réellement fiable et
fournir ainsi en temps réel notamment des informations sur
l’utilisation des réserves de crédit ou sur les montants maximum
autorisés ;
- l’inefficacité du dispositif pour le plus grand nombre des situations de
surendettement qui relèvent de causes postérieures à l’acte
d’endettement, liées à des accidents de la vie.
Tant les professionnels du crédit que la grande majorité des associations de
protection des consommateurs sont ainsi actuellement opposés à l’instauration de
ce type de fichier. La CNIL a, pour sa part, rejeté une demande en ce sens en
mars 2007 en considérant que les caractéristiques du traitement n’étaient pas
proportionnées aux finalités annoncées.
Sur ce point, le groupe des entreprises publiques estime cependant que les
services sociaux doivent bénéficier très en amont, ainsi que dans des situations
de blocage de paiement, de l’information la plus exhaustive.
Notre groupe adhère totalement aux mesures proposées visant à améliorer
la procédure actuelle de traitement des dossiers, en recherchant notamment une
meilleure articulation entre les commissions de surendettement et les juges.
Elles devraient permettre, dans une majorité de cas, de gagner un temps
précieux pour la personne surendettée, en évitant des redondances entre les
instructions ou des allers-retours chronophages de dossiers entre les uns ou les
autres.
I - 54
Groupe de la mutualité
Prolongement de deux précédents avis du Conseil économique et social,
l’avis présenté par Mme Crosemarie sur le surendettement des particuliers
propose d’identifier les dysfonctionnements des procédures actuelles de
traitement du surendettement et de rechercher des solutions de prévention qui
doivent concentrer l’essentiel de nos propositions.
Aujourd’hui, le dispositif législatif et réglementaire visant à protéger les
consommateurs de crédit est important et pourtant relativement impuissant à
enrayer le développement du surendettement, impuissance qui ne tient pas
seulement à des difficultés de mise en œuvre mais aussi à l’attitude de certains
acteurs.
Il convient, comme le souligne l’avis, de développer les « bonnes pratiques
bancaires » qui s’appuient sur une meilleure compréhension des mécanismes qui
conduisent au surendettement.
À cet égard, on ne peut rester indifférent devant la place des crédits
revolving et leur rôle déterminant dans le processus de surendettement.
Il faut privilégier une logique de « prêt responsable » qui permette d’offrir
à l’emprunteur le crédit le plus adapté à ses besoins, des crédits accessibles,
compatibles avec ses revenus.
Dans ce cadre, privilégier le microcrédit apparaît comme une alternative à
développer face aux dangers du crédit revolving. En effet, une réserve à
disposition ne développe pas une attitude responsable face au recours à
l’emprunt, à la différence d’un crédit limité d’un montant compatible avec la
situation de l’intéressé, qui peut permettre de faire face à une dépense ponctuelle,
accompagner un moment difficile, sans entraîner l’emprunteur dans une spirale
infernale. Le microcrédit constitue par ailleurs, comme l’a souligné le rapporteur,
un vecteur d’insertion bancaire et économique.
I - 57
Groupe de l’Outre-mer
Les conséquences économiques, sociales et tout simplement humaines,
engendrées par les situations de surendettement des particuliers sont telles dans
notre pays qu’il était légitime et fort utile que le Conseil économique et social se
prononce sur ce sujet.
Le groupe souligne la qualité du rapport extrêmement documenté et très
précis, et remercie la rapporteure et le président de la section pour la prise en
compte tout à fait remarquable de l’Outre-mer en la matière.
Ils ont certes pu prendre connaissance des réalités ultramarines en se
rendant dans certains territoires, mais il y a dans ce travail, au-delà même du
sujet traité, l’expression de l’indispensable volonté de tenir compte des
spécificités de ces collectivités d’Outre-mer, éloignées de l’hexagone mais
cependant parties intégrantes de l’ensemble national.
I - 58
Groupe de l’UNAF
Le groupe de l’UNAF remercie la rapporteure, Mme Pierrette Crosemarie,
pour la patience tranquille qu’elle a manifestée tout au long des travaux sur
Le surendettement des particuliers et pour l’attention qu’elle a portée aux
propositions d’amendement et aux demandes de modifications des membres de
la section.
Le groupe de l’UNAF retient en particulier la prise en compte du travail
des associations familiales, mais aussi de ses observations et suggestions. La
prévention et le traitement du surendettement doivent devenir une priorité. Il
s’agit, en effet, d’une carence majeure des sociétés occidentales, qui aliène le
quotidien de très nombreuses familles.
I - 64
Groupe de l’UNSA
Le surendettement est dorénavant majoritairement d’un nouveau type - dit
passif - lié aux accidents de la vie comme à l’insuffisance de ressources de
certains pour couvrir les dépenses de la vie courante. C’est ainsi qu’il est « à
craindre que dans certains cas, le crédit à la consommation (soit) devenu en
quelques années le substitut de ressources insuffisantes. C’est plus généralement
la question du pouvoir d’achat qui est alors posée ».
L’avis actualise aussi de nouvelles causes, liées aux offres de crédit sur
internet comme aux offres de contrats liés à la consommation de nouveaux
besoins devenus courants : téléphonie mobile, télévision par câble, satellite,
internet...
L’UNSA partage tout à fait le constat de l’avis mais est plus partagée sur
les préconisations qu’elle juge, pour certaines, trop peu offensives.
I - 66
Quant aux travailleurs sociaux, l’UNSA insiste sur le fait qu’ils doivent
bénéficier de formations adaptées pour l’aide au montage des dossiers de
surendettement, assurer le suivi et l’accompagnement de la personne pendant la
durée définie par la commission. On pourrait, de plus, poser la question de
l’insuffisance de moyens en personnels sociaux pour remplir de telles missions.
L’UNSA a souhaité mettre l’accent sur certains aspects de l’avis. Elle
considère que les propositions, même si elles vont dans le sens de la lutte contre
la pauvreté et l’exclusion sociale, auraient méritées d’être plus offensives.
Malgré ces réserves, l’UNSA a cependant voté l’avis.
I - 69
ANNEXE À L’AVIS
SCRUTIN
Se sont abstenus : 3
Groupe des personnalités qualifiées - M. Baggioni, Mme Dieulangard,
M. Duquesne.
RAPPORT
présenté au nom de la section des finances
par Mme Pierrette Crosemarie, rapporteure
II - 3
2
À la FBF, la FFSA, la Comptabilité publique, la Caisse des dépôts et consignations, l’Association
CLCV, LASER-Lafayette etc.
II - 5
INTRODUCTION
3
Les comptes financiers de la nation en 2006, INSEE première, mai 2007
4
L’endettement des ménages début 2004, note INSEE première, avril 2007
5
Colloque ASF du 24 novembre 2006.
II - 6
6
Le malendettement : nouvelle urgence sociale ? , médiateur de la République décembre 2006.
7
Audition devant la section des finances de Georges Gloukoviezoff, sociologue, le 21 mars 2007.
8
Rapport et avis du CES présenté par Jean Christophe Le Duigou les 25 et 26 janvier 2000 sur
L’endettement et le surendettement des ménages, JO du 2 février 2000.
9
Avis du Conseil économique et social présenté par Pierrette Crosemarie sur le titre IV du Projet
de loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine les 10 et 11 juin
2003, JO du 16 juin 2003.
II - 7
10
Problème du crédit à la consommation, rapport et avis présentés par M. André Malterre le 27 juin
1961, JO du 11 août 1961.
11
L’information et la protection du consommateur en matière de crédit, avis présenté par M. André
Ohl et adopté par le Conseil économique et social les 8 et 9 janvier 1974. JO du 15 février 1974.
12
Même si le surendettement n’était pas encore évoqué à cette période, il est intéressant de voir que,
déjà, l’inadaptation de l’offre bancaire au besoin de crédit de certaines populations est mise en
exergue. Ce point fait d’ailleurs l’objet d’une proposition « D’une façon générale, le CES estime
qu’il convient de fonder la défense des intérêts du consommateur sur la prise en considération de
ses besoins et sur son information la plus complète possible concernant les conditions de
crédit... ».
II - 8
13
Le crédit à la consommation, avis présenté par M. Claude Duport et adopté par le Conseil
économique et social les 23 et 24 novembre 1982, JO du 11 février 1983.
14
De surcroît, celle formule présente des risques certains d’opacité et de tromperie sur les taux
réels. Ainsi la DGCCRF a-t-elle récemment recalculé le taux, présenté à 16,58 % par un
établissement financier, comme atteignant en réalité 20,09 %. Selon l’Association d’aide contre
les abus bancaires (ACAB), « quasiment tous les taux affichés en crédit revolving sont faux ».
II - 9
15
Étude d’Éric Sander, secrétaire général de l’Institut du droit local alsacien mosellan, publiée dans
Lexis Nexis SA 2006.
II - 10
16
IEDOM : Institut d’émission des départements d’Outre-mer
17
IEOM : Institut d’émission Outre-mer
II - 11
*
* *
18
Surendettement des particuliers, M. Frédéric Ferrière, M. Pierre-Laurent Chatain, Dalloz 2006
3ème édition remaniée.
19
19ème rapport annuel de l’observatoire de l’endettement des ménages (novembre 2006), février
2007.
II - 12
20
Il convient également de prendre en considération les crédits contractés auprès de prêteurs « non
agréés ». Une enquête Politis, citée dans le rapport du BIPE de janvier 2006, estime que 1,4 %
soit entre 300 et 400 000 ménages ont ainsi recours à cette forme d’économie souterraine.
II - 13
Le poids des crédits immobiliers dans l’endettement des ménages est lourd
et les incitations fiscales mises en œuvre par le nouveau gouvernement (baisse
des droits de mutation, déductions d’impôt sur les intérêts versés) combinées au
renchérissement du coût des loyers, conduiront probablement, dans ces prochains
mois, un nombre important de ménages à accéder à la propriété ou à changer de
résidence. Or, si les taux d’intérêt des crédits immobiliers restent relativement
abordables, ils opèrent actuellement une nette remontée qui risque notamment de
pénaliser les souscripteurs de crédits à taux variables.
L’allongement de la durée des emprunts (12 ans en moyenne en 1995,
16 ans en 2004 et 21,5 ans en 200721) joue un rôle d’amortisseur mais contribue
à un endettement pour une période longue, restreignant ainsi l’accès des ménages
aux revenus modestes à d’autres types de crédits, par exemple à la
consommation.
Graphique 1 : La durée des prêts immobiliers aux ménages
17
16
15
14
13
12
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
21
La part des prêts à 30 ans est en forte progression : alors qu’elle est restée inférieure à 10 % en
2006, elle représente en juin 2007 12,6 % des prêts. Cette augmentation s’effectue au détriment
de la part des prêts à 15 ans (en baisse de plus de 2 points) et de celle des prêts à 20 ans (baisse de
1,7 point). Plus d’un tiers des jeunes s’engagent désormais sur des durées supérieures à 30 ans.
Source : observatoire FNAIM lettre de conjoncture n. 49 juillet 2007.
II - 15
140
130
120
110
100
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Indicateur de solvabilité de la demande des ménages dans le neuf Indicateur de solvabilité de la demande des ménages dansl'ancien
Source : modèle FANIE (décembre 2004) ; Observatoire FNAIM des Marchés de l’ancien.
Les primo-accédants aux revenus modestes sont de moins en moins
nombreux et pèsent sur la diminution de la part de primo-accédants à la propriété
parmi l’ensemble des accédants : alors qu’ils représentaient plus de 75 % de
l’ensemble des accédants à la propriété à la fin des années 1990, ils sont
aujourd’hui moins de 60 %.
22
Observatoire FNAIM des Marchés de l’ancien, 1995-2004 : dix années d’observation pour mieux
préparer l’avenir.
II - 16
Tableau 1 : La détention des crédits par les ménages (en %) - Novembre 2006
Crédit Crédit Autres Accession
Univers concerné immobilier immobilier crédits Au moins à la Découvert
seulement et autres seulement un crédit propriété bancaire
crédits
Zone de résidence 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Communes rurales 23.5 17.3 18.4 59.2 32.2 28.1
- 2 à 20 000 hab. 18.2 11.9 20.7 50.8 21.4 23.6
- 20 à 100 000 hab. 15.5 10.2 24.2 49.9 18.8 24.1
- + de 100 000 hab. 15.0 9.6 21.6 46.2 19.0 23.2
- Agglo parisienne 19.0 8.7 20.1 47.8 20.5 22.5
Nombre d’enfants
au foyer 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Sans enfant 13.6 8.0 20.7 42.3 14.3 19.9
- 1 enfant 28.8 20.6 23.2 72.6 42.8 36.6
- 2 enfants 36.1 24.7 18.2 79.0 52.5 39.6
- 3 et 4 enfants 35.3 28.5 20.1 83.9 56.9 43.2
- 5 enfants et plus 24.8 51.6 23.6 100.0 87.3 75.2
PCS du chef de
famille 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Agriculteur 37.8 15.3 10.8 63.9 35.4 33.0
- Commerçant, 28.1 15.8 17.9 61.8 32.4 38.9
artisan 35.8 18.5 13.8 68.1 38.7 25.2
- Cadre, prof. libérale 28.1 18.7 22.0 68.8 39.5 31.1
- Prof. intermédiaire 17.5 12.3 28.9 58.7 25.2 37.6
- Employé 22.6 18.6 29.3 70.5 35.3 36.9
- Ouvrier 6.8 3.8 16.8 27.4 4.8 8.6
- Retraité 6.3 4.0 17.4 27.7 6.6 26.8
- Autre inactif
Situation familiale 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Marié 23.1 16.3 19.3 58.7 29.5 22.4
- En concubinage 23.3 16.3 29.9 69.5 33.2 44.1
- Célibataire 14.6 5.3 22.9 42.8 16.3 29.1
- Divorcé (e) 11.2 6.3 24.9 42.4 12.7 22.3
- Veuf (ve) 4.4 2.6 11.1 18.1 2.1 9.3
Age du chef du
ménage 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Moins de 25 ans 2.9 2.5 32.2 37.6 4.7 46.4
- 25 à 34 ans 23.9 13.9 26.6 64.4 34.0 40.7
- 35 à 44 ans 33.0 21.6 18.8 73.4 47.2 34.9
- 45 à 54 ans 22.3 16.7 24.0 63.0 27.8 28.3
-55 à 64 ans 15.0 9.0 20.9 44.9 11.6 13.6
- 65 ans et plus 4.6 2.5 15.2 22.3 2.6 8.0
Statut d’occupation 18.3 11.9 20.7 50.9 22.9 24.4
- Propriétaire 28.6 17.9 11.3 57.8 38.2 19.2
- Locataire HLM 1.4 1.4 36.6 39.4 - 34.5
- Autre locataire 3.7 3.4 34.1 41.2 - 31.1
Source : 19ème rapport annuel de l’Observatoire de l’endettement des ménages - Février 2007.
II - 17
Part dans l’ensemble 12.9 19.7 41.2 3.0 2.7 64.0 100.0
des ménages
Zone de résidence :
Communes rurales 25.5 23.2 29.2 23.9 27.3 26.9 28.6
Agglomération
parisienne 12.1 16.5 13.4 15.2 13.7 13.9 14.7
Nombre d’enfants :
Sans enfant 65.0 64.8 65.5 65.3 59.4 65.3 62.2
Trois et plus 6.6 6.0 5.1 6.3 4.7 5.1 5.5
PCS du chef de
ménage :
Cadre, prof. Libérale 12.3 8.3 10.1 14.6 17.9 10.8 14.6
Ouvrier, employé 36.6 43.2 43.3 41.3 22.0 41.0 38.2
Situation familiale :
Marié 64.8 51.1 53.9 60.9 36.6 55.0 57.9
En concubinage,
célibataire 27.0 30.8 32.3 27.4 54.8 31.2 30.1
Age du chef
de ménage :
Moins de 35 ans 19.3 23.3 26.0 21.1 42.7 24.0 23.8
35 à 55 ans 47.1 48.5 48.2 53.6 50.0 47.9 51.6
Statut d’occupation :
Propriétaire 62.1 44.5 52.8 62.5 37.9 53.7 68.0
Locataire HLM 12.8 19.1 14.7 16.8 15.9 15.1 10.1
II - 19
23
L’endettement des ménages début 2004 - Note INSEE 1131 avril 2007.
II - 20
Source : 19ème rapport annuel de l’Observatoire de l’endettement des ménages - Février 2007
II - 21
24
À cet égard cf. le complément d’enquête réalisé par l’Observatoire de l’endettement des ménages
sur les moins de 30 ans, l’argent et le recours au crédit. Selon cette étude, la demande forte de
crédits à la consommation de la part de cette population ne tarira pas dans les prochaines années,
d’autant que le recours à ce type de crédit est totalement décomplexé.
II - 22
Tableau 4 : La situation des ménages par tranche d’âge (en %) - Novembre 2006
55- 60- 65- 70- 75 Ensemble Ensemble
Univers concerné 59 64 69 74 ans 55 ans et des
ans ans ans ans et + + ménages
Part dans l’ensemble des 6.9 7.2 7.6 8.7 11.4 41.8 100.0
ménages
Zone de résidence
Communes rurales 24.8 25.7 21.8 20.6 19.0 22.0 24.6
Agglomération parisienne 13.8 11.5 11.4 16.6 16.8 14.4 15.7
Situation familiale
Marié 65.9 62.6 57.8 48.7 37.8 52.7 50.3
Veuf 7.4 10.6 19.0 27.2 43.0 23.8 10.7
Statut d’occupation
Propriétaire 73.0 73.2 75.6 69.8 69.5 71.9 59.9
Locataire HLM 13.2 10.7 11.2 12.9 8.7 11.1 13.0
Source : 19ème rapport annuel de l’Observatoire de l’endettement des ménages - Février 2007
II - 23
... ont des charges trop ou beaucoup trop 14.6 12.4 13.8
élevées
... ont des charges supportables ou très 44.1 60.9 52.9
supportables
... considèrent que c’est difficile ou que les 13.4 9.0 13.4
dettes sont nécessaires
26.5 39.9 32.8
... connaissent une situation financière dégradée
Zone de résidence
Communes rurales 18.5 22.2 24.6
Agglomération parisienne 27.1 14.4 15.7
Situation familiale
Marié 19.4 52.7 50.3
Veuf - 23.8 10.7
Statut d’occupation
Zone de résidence
Communes rurales 25.6 25.1 30.1 22.2 28.6 28.6 24.6
Agglomération 13.4 9.1 14.0 17.7 15.1 14.7 15.7
parisienne
Nombre d’enfants 76.9 68.9 71.1 66.8 59.7 62.2 74.8
Sans enfant 3.0 4.5 5.2 6.3 10.2 5.5 3.3
Trois et plus
PCS du chef de ménage 8.2 6.1 4.3 5.4 6.8 14.6 10.9
Cadre, prof. Libérale 33.5 45.0 37.2 45.7 45.5 38.2 29.5
Ouvrier, employé
Situation familiale 37.2 45.2 35.2 43.2 43.8 57.9 50.3
Marié 31.4 27.0 41.3 37.1 40.2 30.1 29.2
En concubinage,
célibataire
15.0 15.5 18.3 24.5 18.6 23.8 19.6
Age du chef de ménage 40.2 45.9 52.0 48.6 59.4 51.6 38.6
Moins de 35 ans
35 à 55 ans
41.9 22.8 23.8 32.0 46.9 68.0 59.9
Statut d’occupation 24.4 35.5 37.1 26.5 21.9 10.1 13.0
Propriétaire
Locataire HLM
25
Rapport et avis du Conseil économique et social sur La sécurisation des parcours professionnels,
présenté par Mme Édith Arnoult-Brill les 29 et 30 mai 2007, JO du 6 juin 2007.
II - 27
Les ruptures des parcours professionnels ne sont donc plus une exception
alors que l’on sait combien le travail est un facteur important d’intégration
sociale et de construction de l’individu. Les garanties attachées au contrat de
travail s’en trouvent fragilisées, d’où les pistes proposées dans l’avis du Conseil
économique et social pour sécuriser les parcours et assurer ainsi la cohésion
sociale.
Quant au chômage, il s’est développé depuis les années 1970 et atteint
aujourd’hui un taux compris, selon les statistiques, entre 8 % et 9 % de la
population active. Le chômage de longue durée, le plus « porteur d’insécurité »
touche presque 4 % de la population active. La probabilité de retrouver un
emploi, après une année de chômage, est passée de 75 % avant 1975 à moins de
50 % actuellement...
Pour lutter contre la pauvreté, la réponse en terme d’aide sociale (RMI,
ASS26 ou autres) est essentielle mais le plus important reste l’accès à l’emploi et
tout ce qui peut le faciliter. Non que les transferts sociaux soient inopérants : les
pays qui ont le mieux réussi à réduire la pauvreté sont aussi ceux qui effectuent
le plus d’efforts en ce domaine. Mais ils ne constituent, pour la majorité des
ménages, qu’une réponse « faute de mieux » c’est-à-dire faute d’emploi ou
d’emploi convenable. En outre, l’emploi engendre d’importantes retombées
bénéfiques pour celui qui l’occupe : réseau relationnel, acquisition de
compétences susceptibles d’être valorisées, droits sociaux différés permettant de
rompre avec la pauvreté récurrente ou la fragilité d’existence.27
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que le surendettement est parfois à
l’origine du chômage, les personnes en difficulté n’arrivant plus à se concentrer
et perdant leur efficacité. La situation, si elle est connue de l’employeur, par
exemple lorsqu’il y a des saisies sur salaires, peut être interprétée par ce dernier
comme un signal très négatif. Dépressions et maladies s’accumulent, entraînant
de l’absentéisme et, en bout de course, le licenciement.
3.2. L’augmentation des phénomènes de pauvreté
a) Les indicateurs de pauvreté
Il n’existe pas de définition unique et consensuelle de la pauvreté au niveau
national. L’Union européenne, au regard de la diversité des situations
économiques et sociales des États-membres, a proposé une définition subjective
se référant à la norme par pays, ce qui en fait une définition assez floue quant à
ses contours : sont considérées comme pauvres « les personnes dont les
ressources matérielles, culturelles et sociales sont si faibles qu’elles sont exclues
des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre où elles vivent »28.
26
Allocation spécifique de solidarité.
27
Réduire le nombre de pauvres en France, un plan en trois mesures, M. Denis Clerc La pauvreté
dans les pays riches, Problèmes économiques 28 mars 2007, la Documentation française.
28
Définition donnée par le Conseil des ministres européens du 19 décembre 1984.
II - 28
29
Comment mesurer le coût de la vie, V. Bodard et J. Hindriks, Problèmes économiques, la
Documentation française, janvier 2007.
II - 29
Personnes seules 17
Source : La pauvreté dans les pays riches, dossier problèmes économiques 28 mars 2007
• La pauvreté en conditions de vie
Davantage qualitative, cette mesure ne prend pas uniquement en compte les
ressources du ménage mais s’attache aussi à identifier la privation d’accès de
certaines populations à des biens et services considérés comme essentiels et
auxquels le reste des individus accède naturellement.
Sur 27 indicateurs retenus, sont qualifiés « pauvres en conditions de vie »
les ménages dont le nombre de privations est supérieur ou égal à 8. Le premier
groupe d’indicateurs concerne l’insuffisance des ressources pour couvrir les
dépenses ; le deuxième, les retards de paiement des dépenses courantes en raison
de difficultés financières, le troisième porte sur des restrictions de consommation
et le quatrième, sur les privations. Parmi ce dernier groupe d’indicateurs, on
trouve la taille et le confort du logement, l’accès à l’eau chaude courante, les
toilettes, la salle de bains, le chauffage, le nombre de personnes par rapport à la
surface disponible. L’humidité et le bruit sont également pris en considération.
Le cumul de ces handicaps est mesuré par l’enquête européenne Statistique
sur les ressources et les conditions de vie (SRCV). Une grille allant de zéro à
18 privations et plus a été établie pour mesurer la pauvreté en conditions de vie
de la population. Considérant ce seuil à partir de 8 privations, le taux de pauvreté
en conditions de vie s’établit en 2004 à 14,3 %.
II - 30
30
N. Legendre, Les conditions de vie des pauvres, données sociales. La société française, INSEE
1999.
II - 32
31
C. Thélot et M. Villac, Politiques familiales, bilan et perspectives, Documentation française 1998.
32
Travaux de Mme Emmanuelle Cambois sur les personnes en situation sociale difficile et leur
santé, cités dans le résumé des travaux 1003-2004 de l’Observatoire national de la pauvreté et de
l’exclusion sociale.
33
Les transferts entre générations en question. Problèmes économiques du 12 avril 2006,
Documentation française.
II - 33
départements. Les difficultés n’en existent pas moins mais sont souvent
compensées par des structures d’entraide au sein de la famille élargie.
Enfin, on sait également que les populations les plus pauvres sont exclues
de certaines zones d’habitat et se retrouvent souvent concentrées dans des
espaces périphériques des cités où la mixité sociale a peu de place. La relégation
des individus les plus pauvres dans ces quartiers dégradés où règne souvent un
sentiment d’insécurité est synonyme de souffrance et conduit parfois à
l’isolement34 des personnes confrontées à des situations de détresse extrême.
L’analyse sociologique reprise par Patrick Cingolani dans son ouvrage sur
la précarité35 mérite d’être relevée. Évoquant les bidonvilles de l’après guerre,
qui regroupaient une population pauvre en grande majorité issue de
l’immigration, l’auteur rappelle que ces quartiers tant décriés à cause de leur
insalubrité, présentaient toutefois l’avantage de fédérer des groupes de personnes
en une véritable « société bidonvilloise » où pouvaient se structurer les individus
qui y trouvaient des réseaux de solidarité, de convivialité et de culture commune
indispensables à leur intégration. Ce moment est désormais révolu, écrit
Patrick Cingolani, « ... et avec le mouvement de déterritorialisation et de
reterritorialisation des classes populaires dans les cités HLM et leurs trop
célèbres tours, s’est mis en place un mode de socialisation plus artificiel, plus
distancé et plus individualisé (...). Au monde du " dehors " associé à la
régularité d’utilisation des territoires et des lieux comme, par exemple, le café
ou le marché, s’est globalement substitué, avec l’échange monétaire, un monde
du " dedans "scandé par le travail et le repliement sur la sphère privée avec ses
préoccupations individualisées : une consommation et des loisirs structurés par
le cadre marchand.».
L’identification au territoire, par exemple à une cité de banlieue, peut
aujourd’hui encore être forte, en témoigne l’attachement exprimé par les
habitants d’une barre d’immeuble qui doit être détruite.
34
Comme l’analyse Xavier Emmanuelli, ex secrétaire d’État à l’action humanitaire, « Ce dont
souffrent le plus ceux que l’on appelle les exclus, qui n’expriment plus demandes ni projets, est
" la maladie du lien " qui les mure dans un silence et un isolement difficile de soigner. Car ils
entrent alors dans un véritable engrenage. Plus les liens sont brisés, plus les gens sont dé-
sociabilisés ». Le surendettement figure parmi les facteurs d’isolement recensés par l’INSEE et
l’INED.
35
La précarité, Patrick Cingolani. Éditions Que sais-je 2005.
II - 34
36
Cf. l’ouvrage de Patrick Congolani sur la précarité.
II - 35
37
Il pourrait s’agir, entre autres, de l’information renforcée de la clientèle sur le fonctionnement des
prélèvements automatiques et les moyens d’y mettre fin ; de l’obligation de fournir un
récapitulatif mensuel des frais bancaires prélevés.
38
Étude du Bureau d’information et de prévisions économiques(BIPE) pour les magasins Leclerc.
II - 36
41
À cet égard, noter l’étude de l’association Familles rurales, dont des extraits sont publiés dans le
journal La Croix du 12 janvier 2007, faisant ressortir le renchérissement sur une année, en
grandes surfaces, des premiers prix (+7,5 %) alors que ceux des grandes marques n’ont augmenté
« que » de 3,9 %. Ainsi « les ménages les plus modestes, qui s’astreignent à acheter le moins
cher possible, s’avèrent en fait plus pénalisés par l’augmentation des tarifs ».
42
« Une inflation plus forte pour les ouvriers et les chômeurs » Mme Pascale Hébel, document de
travail du CREDOC cité dans Problèmes économiques janvier 2007.
II - 38
43
Témoignage d’une personne surendettée dans un film réalisé par l’association Crésus sur le
surendettement.
44
De la conso méfiance à la conso confiance, rapport au Premier Ministre de M. Luc Chatel, alors
député de la Haute-Marne, 9/07/03.
II - 39
Agriculteur 25.8
Commerçant, artisan 36.7
Cadre, profession libérale 32.5
Profession intermédiaire 42.5
Employé 42.1
Ouvrier 47.3
Retraité 20.6
Autre actif 21.9
Ensemble 33.0
Ensemble 33.0
45
« Les assurés sociaux dépourvus de toute assurance complémentaire supportent un reste à charge
très élevé. Il s’agit souvent de ménages modestes ou de personnes très âgées » Bernard
Fragonard, président du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie qui prône un « bouclier
sanitaire » plafonnant la contribution des malades proportionnellement à leurs ressources.
46
Michel Mouillart, directeur de l’observatoire de l’endettement, constate : « les évolutions des 8 ou
10 dernières années montrent que l’usage du crédit de trésorerie, visant à faire face aux dépenses
de consommation courante et de santé immédiate, s’est répandu en remplacement des dispositifs
de protection sociale moins performants qu’auparavant ou du fait d’un évènement bouleversant
la vie du ménage et restreignant brutalement ses ressources. La fonction du crédit, dans ce
contexte, se transforme. Le recours accru, pour l’ensemble des ménages, au cours de ces deux
dernières années, au crédit à la consommation conforte ce constat. Va-t-il désormais être utilisé
durablement pour accompagner ou se substituer à d’autres dispositifs moins solides ? »,
Colloque « Consommation, crédit et pauvreté » mars 2007. L’Association des juges d’instance
(ANJ) constate pour sa part, dans le rapport du Médiateur sur le « malendettement », que le crédit
a été progressivement utilisé depuis 10 ans comme un substitut au maintien du pouvoir d’achat.
II - 41
200000
180000
160000
140000
Dossiers déposés
60000
40000
20000
0
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
05
06
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
20
20
Source : Banque de France
47
Proposition de loi n. 1071 du 24 septembre 2003 présentée par M. Jacques Masdeu-Arus.
II - 43
B - LA TYPOLOGIE
Depuis 2001, la Banque de France publie, à la demande des pouvoirs
publics et à partir de données collectées via les dossiers déposés en commission
de surendettement, une enquête typologique triennale sur le surendettement. La
dernière enquête date de septembre 2005. Elle résulte de l’exploitation faite des
données contenues dans 338 461 dossiers éligibles à la procédure.
48
Surendettement des particuliers en France : quels rôles pour les syndicats ?, M. Gloukoviezoff,
document de travail n.43, International Labour Office Geneva.
49
Enquête typologique 2004 sur le surendettement, Banque de France septembre 2005.
50
Selon la nomenclature de la Banque de France.
51
Source INSEE recensement de la population 1999.
II - 44
52
Rapport du Sénat pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2005.
53
Dans 86 % des cas de familles monoparentales, c’est la mère qui élève, seule, ses enfants.
II - 45
54
À titre de comparaison, au niveau national, le rapport locataires/ propriétaires est de 35 et 55 %.
II - 46
55
Rapport sur les solutions juridiques aux problèmes de l’endettement dans une société de crédit.
Mmes Johanna Niemi-Kiesilaïnen et Ann-Sofie Henrikson, département de droit de l’Université
d’Umea, Suède, pour le Bureau du Comité européen de coopération juridique, Conseil de
l’Europe 11 octobre 2005.
II - 47
56
Baromètre du surendettement à la fin mars 2007, Banque de France mai 2007.
II - 49
57
Les données et informations citées dans cette partie sont tirées de ce document.
II - 51
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
2001 2002 2003 2004 2005 2006
Nombre de dossiers déposés Dossiers recevables Plans conventionnels conclu Constats de non-accord
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
- de 25 ans de 25 à 34 ans de 35 à 44 ans de 45 à 54 ans de 55 à 64 ans plus de 65 ans
DOM 2,2% 18,3% 32,8% 27,4% 13,8% 5,4%
Métropole 3,3% 22,2% 30,0% 26,6% 12,0% 5,9%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
On observe que les jeunes de moins de 34 ans sont moins représentés qu’en
métropole (5 points de moins) alors que la population est structurellement plus
jeune. À l’inverse, les débiteurs de plus de 55 ans représentent en Martinique un
peu plus du tiers du nombre de personnes surendettée, contre 18 % en métropole.
Dans les DOM, 60 % des personnes s’adressant aux commissions ont au
moins une personne à charge, contre 53 % en métropole. Ce chiffre s’élève à
67 % en Guyane et 63 % à la Réunion.
70 % des dossiers sont déposés par des personnes vivant seules (64 % en
métropole) Cette proportion est particulièrement forte aux Antilles.
II - 53
50,0%
45,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
Entre le RMI et le Entre le SMIC et Entre 1500€ et Entre 3050€ et
Inférieur au RMI Plus de 4600€
SMIC 1500€ 3050€ 4600€
DOM 9,3% 47,1% 14,0% 26,9% 2,3% 0,4%
Métropole 5,4% 39,2% 25,4% 28,5% 1,4% 0,1%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
Les revenus inférieurs au RMI dans les dossiers déposés sont 2 fois plus
nombreux dans les DOM qu’en métropole, 47 % des dossiers de surendettement
présentent un revenu net inférieur ou égal au SMIC (contre 39 % en métropole).
Graphique 8 : Nature des ressources des surendettés (en %)
DOM Métropole
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
Allocation Pension Allocation
Salaire Retraite/Pension RMI Autres
chômage alimentaire familiale
DOM 21,0% 6,9% 10,8% 17,6% 2,6% 12,0% 6,9%
Métropole 26,9% 8,3% 10,2% 22,0% 4,0% 5,8% 6,8%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 54
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Capacité entre 0 et le Capacité entre le RMI et Capacité entre 800 et
Capacité négative Capacité>1500€
RMI 800€ 1500€
DOM 49,8% 27,1% 12,1% 8,5% 2,5%
Métropole 31,8% 41,8% 14,9% 9,1% 2,4%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 55
80,0%
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
RAV entre RMIet 800€ RAV entre 800 et 1500€ RAV>1500€
DOM 36,6% 59,1% 4,4%
Métropole 25,4% 71,8% 2,8%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
Dans un dossier sur 2, la capacité de remboursement est négative, ce
rapport est de 1 sur 3 en métropole, ce qui constitue une grande difficulté pour la
mise en œuvre de plans amiables dans les DOM.
Graphique 11 : Structure de la dette globale des débiteurs
DOM Métropole
100,0%
90,0%
80,0%
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Dossiers constitués de charges courantes et Dossiers constitués uniquement de charges
Dossiers constitués uniquement de crédits
de crédits courantes
DOM 74,7% 12,6% 12,7%
Métropole 86,9% 3,3% 9,8%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 56
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
moins de 25% de 25 à 49,9% de 50 à 74,9% plus de 75%
DOM 16,5% 7,7% 16,9% 58,9%
Métropole 11,8% 8,7% 15,6% 63,9%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
75 % des dossiers montrent un endettement qui allie charges courantes et
crédits. 13 % ont une dette exclusivement constituée de charges courantes, contre
3 % en métropole.
Graphique 13 : Nature des arriérés de charges courantes
DOM Métropole
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
Entretien du Autres charges
Santé, éducation Dette privée Assurances Loyer Dette publique
domicile courantes
DOM 3,1% 9,7% 9,1% 17,1% 16,3% 27,1% 17,6%
Métropole 5,8% 4,0% 8,5% 19,7% 26,9% 20,7% 14,4%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 57
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
Autres
CAF, ASSEDIC Particuliers EDF/GDF Téléphonie Trésor public Organismes HLM
organismes
DOM 1,9% 2,6% 10,4% 12,5% 29,9% 16,8% 26,0%
Métropole 5,8% 4,0% 8,5% 19,7% 26,9% 20,7% 14,4%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
Il apparaît que le principal créancier en matière d’arriéré de charges
courantes est le Trésor Public.
Graphique 15 : Part des dossiers ayant au moins un crédit du type sélectionné
DOM Métropole
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Crédits immobiliers Prêts personnels Crédits revolving Crédits divers
DOM 18,2% 52,6% 64,0% 4,9%
Métropole 9,8% 45,0% 63,5% 0,0%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 58
80,0%
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Crédits immobiliers Prêts personnels Crédits revolving Crédits divers
DOM 8,5% 32,3% 55,5% 3,8%
Métropole 3,6% 24,9% 70,2% 1,3%
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
7,00
6,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
Crédits immobiliers Prêts personnels Crédits revolving Crédits divers
DOM 1,39 1,83 2,59 2,28
Métropole 1,90 3,00 5,90 0,00
Source : enquête typologique IEDOM 2005-2006 sur le surendettement dans les DOM, juillet 2007.
II - 59
58
DG III, le surendettement en Europe, concepts, philosophie, situation
II - 60
59
Faciles à utiliser pour recueillir des données, ces indicateurs sont souvent efficaces pour
déterminer l’évolution quantitative des problèmes d’endettement.
II - 61
Lecture du tableau60
Cette mesure du surendettement donne des chiffres supérieurs au comptage
administratif et aux critères objectifs. Il montre qu’une part non négligeable des
situations de surendettement n’apparaît pas dans les statistiques et reste
difficilement décelable. Sont prises ainsi en compte, par exemple, les personnes
qui n’arrivent plus à s’acquitter de leurs dettes mais qui ont recours à l’entraide
familiale. Si large soit-elle, échappent encore à cette mesure les individus trop
marginalisés pour être couverts par les enquêtes.
Pour l’enquête 2008 des statistiques communautaires sur les revenus et les
conditions de vie61, un module secondaire sera associé sur le surendettement et
l’exclusion financière. Concernant l’endettement, les thèmes suivants seront
abordés : possession de comptes bancaires et existence de découvert, possession
de cartes de crédit et existence d’impayés, existence de crédits ou de prêts et
finalité des emprunts du ménage, existence d’arriérés sur les remboursements ou
60
La colonne 1 indique le nombre estimé des ménages ayant contracté des emprunts autres
qu’hypothécaires et le pourcentage correspondant de tous les ménages. La colonne 2 donne le
nombre estimé de ménages surendettés et le pourcentage de tous les ménages surendettés
(ménages qui éprouvent des difficultés à rembourser des emprunts autres qu’hypothécaires ou des
prêts à tempérament). La colonne 3 donne le pourcentage estimé des ménages endettés et
surendettés. La colonne 4 donne le nombre estimé de personnes de plus de 18 ans qui sont
surendettées.
61
SRCV, sigle européen EU-Statistics on Income and Living Conditions
II - 62
62
Étude de l’Observatoire de l’épargne européenne, disponible sur le site du CCSF, 2005
II - 64
63
Selon M. Jean-Claude Nasse, délégué général de l’association française des sociétés financières
auditionné devant la section des finances le 31 janvier 2007, 90 % des crédits sont recouvrés sans
incident. Les pertes sont de 2 % de l’encours, étant entendu qu’un crédit sur 10 peut donner lieu à
un incident.
64
M. Georges Gloukoviezoff dans son audition devant la section des finances le 21 mars 2007.
65
Cas signalé par Daniel Tournez, Indecosa CGT, d’une personne pour laquelle il a fallu revenir en
arrière de 12 ans pour comprendre quel évènement avait déstabilisé son budget.
II - 65
66
Médiateur actualité, le journal du Médiateur de la République, n° 25, janvier 2007.
II - 66
67
« Il convient de prévoir à l’égard du prêteur, le cas échéant de l’intermédiaire de crédit, une
obligation générale de conseil de sorte que le consommateur puisse faire le meilleur choix parmi
les types de crédit habituellement offerts par ceux-ci. Le conseil doit notamment tenir compte des
capacités de remboursement du consommateur, du risque encouru etc. » article 6 du projet de
directive du parlement européen et du conseil du 11 septembre 2002, relative à l’harmonisation
des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États-membres en matière de
crédit aux consommateurs.
68
« Lors de la survenance d’évènements qualifiés d’accidents de la vie, les personnes en cause
devraient être mieux informées des dispositifs existants en matière de surendettement. C’est le cas
par exemple lors de la mise en place de plans sociaux, du décès du conjoint ou d’un divorce »
Comité consultatif, rapport 2003.
II - 67
69
La crise immobilière de l’été 2007 aux États-Unis doit bien sûr relativiser le succès de ces
montages et rappelle que les ratios prudentiels doivent être respectés. Une attention particulière
doit en outre être portée aux crédits à taux variables.
II - 73
II - TRAITEMENT DU SURENDETTEMENT
Le dispositif de traitement du surendettement résulte de la mise en œuvre
des textes législatifs et réglementaires intégrés dans le code de la consommation
au livre III, titre III (art L.330-1 et suivants).
En métropole, c’est la Banque de France qui gère les secrétariats des
commissions de surendettement, dans le cadre du contrat de service public
conclu avec l’État.
II - 74
70
IEDOM : Institut d’émission des départements d’Outre-mer.
71
IEOM : Institut d’émission Outre-mer, équivalent à l’IEDOM pour les territoires du Pacifique, de
Nouvelle-Calédonie, de Polynésie Française, de Wallis et Futuna.
72
Possibilité peu utilisée parce que peu connue, pourtant offerte par l’article L 313-12 du Code de la
consommation.
II - 75
73
Article L 330-1 du Code de la consommation.
II - 76
Depuis mars 2003, le FICP DOM, géré par l’IEDOM, est intégré au FICP
géré par la Banque de France. Depuis cette date, toutes les déclarations des DOM
sont donc intégrées. À compter du 1er avril 2007, le champ du FICP a été étendu
à Mayotte et aux collectivités du Pacifique.
Concrètement, l’inscription au FICP interdit au cours de la procédure de
faire de nouveaux crédits (sauf accord, dans des cas très particuliers, de la
commission). Toutefois, le dépôt d’un dossier n’interrompt ni les paiements dus,
ni les poursuites. En prenant connaissance de cette inscription, certains
établissements bancaires demandent la restitution des chéquiers et cartes. Cette
pratique n’a pas de fondement légal mais provoque souvent la confusion quant
aux conséquences d’une inscription au FICP.
2. Rôle de la Commission
S’il revient à la Commission dans sa nouvelle composition d’apprécier les
conditions d’ouverture de la procédure et l’orientation du dossier, c’est le
secrétariat qui instruit le dossier. Son rôle est donc tout à fait essentiel.
Comme l’indiquait le gouverneur de la Banque de France lors de son
audition, confrontés de manière permanente à des flux importants de dépôts de
dossiers, les services de la Banque ont pour objectifs de traiter rapidement et
efficacement ces dossiers. La phase dite amiable, que l’on détaillera ci-après,
doit ainsi être effectuée dans un délai maximum de quatre mois, ce qui peut
conduire à dégrader la qualité de l’accueil physique ou téléphonique des
personnes surendettées.
Cet afflux de dossiers conduit également la plupart des commissions à
travailler aux différents stades de la procédure de façon standardisée tant pour
une recevabilité d’office que pour des orientations en plans conventionnels ou en
procédure de rétablissement personnel d’office, selon des critères précisés dans
les règlements intérieurs des commissions. La mise en œuvre généralisée de
l’application informatique Suren 2 accentuera encore cette standardisation du
traitement. Cet outil, en effet, proposera au gestionnaire « une automatisation du
travail de pré-analyse et de pré-rédaction de la motivation, via l’interprétation
des données saisies par un algorithme »74.
2.1. Deux nouveaux acteurs bénévoles
Selon l’article L 331-1 du Code de la consommation, la commission
comprend le représentant de l’État dans le département qui assure la présidence,
le trésorier payeur général, vice-président, le directeur des services fiscaux, le
représentant de la Banque de France qui assure le secrétariat, et deux
personnalités proposées par l’Association française des établissements de crédit
et des entreprises d’investissement d’une part et les associations familiales ou de
consommateurs d’autre part.
74
Source : document Banque de France, Les points forts de Suren 2.
II - 77
Pour que la personne soit au centre du dispositif, la loi du 1er août 2003 a
prévu un élargissement de la commission à deux nouveaux membres : une
personne justifiant d’une expérience dans le domaine de l’économie sociale et
familiale, une personne justifiant d’un diplôme et d’une expérience dans le
domaine juridique. La loi précise que ces personnes « sont associées à
l’instruction du dossier et assistent aux réunions de la commission de
surendettement avec voix consultative ». La participation des nouveaux
intervenants à l’instruction du dossier a pour objet d’assurer une meilleure
connaissance de la situation du débiteur selon la circulaire d’application du
12 mars 2004.
Or, la rémunération de ces nouveaux intervenants n’a pas été prévue. Si le
décret du 24 février 2004 demande une expérience professionnelle d’au moins
trois ans pour ces nouveaux membres et une licence en droit pour le juriste, il
indique aussi qu’ils « interviennent à titre gracieux ».
Comment dès lors trouver les compétences et les personnes disponibles
pour participer à l’instruction des dossiers, à l’audition des débiteurs, aux
réunions de la commission ?
Il n’est pas étonnant que les candidats soient rares et que leur implication
dans le traitement des dossiers soit extrêmement variable. Néanmoins, la qualité
d’intervention de ces membres bénévoles, dans certaines commissions, constitue
un apport incontestable et mérite d’être soulignée.
Lors de l’examen sur saisine gouvernementale du projet de loi introduisant
dans la procédure le rétablissement personnel, le Conseil économique et social
avait souligné la nécessité de mise à disposition de moyens matériels et humains
pour que la commission assume son rôle de proximité.
Le rapport du comité de suivi de l’application des dispositions relatives au
surendettement de la loi du 1er août 2003, présidé par Guy Canivet, constate que,
du fait de cette intervention à titre gratuit, « les préfets et les premiers présidents
de cour d’appel ne sont parvenus qu’avec difficulté à trouver des candidats
remplissant les conditions légales et ayant la disponibilité suffisante pour siéger
une fois par semaine au sein des commissions ». Au moment de la remise du
rapport (30 novembre 2005) 20 % des commissions étaient dépourvues de
conseiller social et 30 % de juriste.
2.2. L’importance du règlement intérieur des commissions
Les commissions, sur la base des dispositions législatives et règlementaires
du Code de la consommation, se sont dotées de règlements intérieurs, qui font
l’objet d’un examen périodique précisant leurs conditions d’organisation et de
fonctionnement.
II - 78
75
Ce qui est peu fréquent compte tenu de la situation du débiteur et de la difficulté à vérifier
l’exactitude des frais et intérêts réclamés.
II - 82
Ce sont les règlements intérieurs des commissions qui fixent les principes
orientant le travail des secrétariats. Ils peuvent ainsi prévoir une égalité de taux
par catégorie de crédits (immobilier, consommation...). Sauf exception, comme
la conservation du véhicule lié à l’emploi, l’égalité de traitement des créanciers
est recherchée au sein d’une même commission, ce qui n’empêche pas une
disparité de traitement entre les commissions.
La négociation privilégie une approche collective des aménagements de
créances. Le secrétariat peut demander aux créanciers l’abandon de leurs
créances si les dettes sont de faible montant, s’il s’agit par exemple d’un solde
après vente d’un bien immobilier ou d’un véhicule.
Les dettes alimentaires, les amendes, les réparations pécuniaires au
bénéfice des victimes dans le cadre d’une condamnation pénale, ne peuvent faire
l’objet d’aucun réaménagement.
Concernant les dettes alimentaires, il s’agit en principe d’une obligation qui
permet au créancier de faire face à un besoin vital : c’est le sens des obligations
expressément stipulées dans le Code civil : obligation des parents d’entretenir
leurs enfants, devoir de secours entre époux, aliments dus par les enfants aux
ascendants dans le besoin. Les hôpitaux pour les frais d’hospitalisation, le Trésor
Public pour les frais de cantine scolaire, les caisses d’allocations familiales ne
devraient donc pas pouvoir se prévaloir de l’article L 333-1 du Code de la
consommation, ce qui n’est pas toujours le cas.
Les projets de plan approuvés et signés par le débiteur et les créanciers sont
présentés à la signature du président de la commission. Cette signature donne
force conventionnelle au plan.
Conformément à leur mission initiale, la Banque de France constate que les
commissions restent avant tout des instances de conciliation entre débiteurs et
créanciers. Même si la proportion baisse, ce sont toujours 67 % des dossiers en
métropole, 62 % dans les DOM avec des différences entre DOM (49 % en
Guadeloupe, 73 % en Martinique, 79 % en Guyane) qui aboutissent à un plan
conventionnel de redressement.
Les réaménagements consentis à l’amiable par les créanciers sont
majoritairement des rééchelonnements sur des durées inférieures à 5 ans. Les
réductions de taux d’intérêt sont substantielles : 3 fois sur 4, l’intérêt est ramené
au niveau ou en deçà de l’intérêt légal.
Les moratoires sont proposés dans un dossier sur quatre en métropole, un
sur trois dans les DOM avec des différences importantes entre DOM : 44 % de
moratoires à la Réunion, 33 % aux Antilles. La pratique des moratoires était plus
importante qu’en métropole en 2001 (32 %).
II - 85
76
« Les contestations des établissements auprès de la Banque de France sont dues au fait que les
relations sont presque exclusivement unilatérales alors qu’elles devraient être bilatérales. En
effet, les commissions, encombrées par le nombre de dossiers, ne proposent plus, mais imposent
des mesures et des recommandations, au niveau de l’étalement des créances et des taux. Au
démarrage de la loi Neiertz - à cette époque, je m’occupais d’une structure de
surendettement - nous respections l’esprit de la loi, qui était de négocier au même titre que dans
une procédure collective. Aujourd’hui, on assiste à une recrudescence des contestations car les
décisions sont très souvent prises unilatéralement. » Audition de M. Jean-Marc Guillembet,
entreprise Laser, devant la section des finances le 31 janvier 2007.
II - 86
77
Rapport sur les solutions juridiques des problèmes de l’endettement dans une société de crédit.
Bureau du Comité européen de coopération juridique, octobre 2005.
78
Introduction à la médiation de dettes amiable, Asbl Grepa, mai 2007 ; Anne Defossez, juriste et
directrice du centre d’appui aux services de médiation de dettes de la région de Bruxelles
Capitale.
II - 89
B - LE RÔLE DU JUGE
Le Code de la consommation (article L330-1) confie au juge de l’exécution
une compétence étendue en matière de surendettement. Il peut intervenir
quasiment à tout moment au cours de la procédure. Le traitement du
surendettement a donné lieu à de nombreux contentieux qui ont généré une
abondante jurisprudence.
79
Le débiteur peut alors être considéré comme « prisonnier d’une spirale de l’endettement à laquelle
il n’a pu, malgré sa bonne volonté, échapper » (Cour d’appel de Versailles 28-06-1990)
80
Proposition numéro 15 du rapport du Comité de suivi de l’application des dispositions relatives
au surendettement de la loi 2003-710 du 1er août 2003.
II - 91
81
Article L331-5 du Code de la consommation.
II - 92
82
Rapport du comité de suivi présidé par Guy Canivet, 30-11-2005.
83
Code de la consommation. Article L 332-6.
84
Le comité de suivi déplore le faible nombre d’associations engagées dans cette fonction
importante pour le débiteur. Il déplore aussi la faiblesse des rémunérations attribuées qui sont
absorbées par les seuls frais postaux.
II - 95
réaliser ce bilan ou, le cas échéant, une proposition de plan. Les délais impartis et
le faible montant de la rémunération font que le potentiel de mandataires
s’amenuise et qu’ils ne se contentent, le plus souvent, que d’assurer de simples
tâches administratives sans véritablement procéder aux vérifications requises,
demander des justificatifs... Lorsque le mandataire n’est pas désigné, ces tâches
incombent au greffe.
Le jugement d’ouverture emporte la suspension des procédures d’exécution
à l’exception des saisies immobilières dès lors où un commandement antérieur
aux fins de saisie existe. Le juge de la saisie immobilière a alors compétence
pour prononcer la suspension, sur demande du débiteur. Le rapport Canivet
préconise donc de suspendre les poursuites dès l’orientation du dossier vers la
procédure de rétablissement personnel.
Le jugement d’ouverture fait courir le délai de deux mois de la déclaration
des créances. À défaut de déclaration dans ce délai, les créanciers peuvent saisir
le juge d’une demande de relevé de forclusion dans un délai de 6 mois à compter
de la publicité du jugement. Ce relevé de forclusion est de droit lorsque le
créancier connu n’a pas été convoqué à l’audience ou si la créance a été omise
par le débiteur.
Le juge peut faire procéder à une enquête sociale et ordonner un suivi
social du débiteur.
c) Issue de la procédure
Après l’arrêté des créances, l’affaire revient devant le juge qui a trois
options :
• Il déclare la clôture de la procédure pour insuffisance d’actif lorsque le
surendetté n’a aucune possibilité de désintéresser ses créanciers85. Les
dettes sont alors effacées à l’exception de celles dont le prix a été payé
au lieu et place du débiteur par la caution ou le coobligé.
• Il peut renvoyer le dossier devant la commission de surendettement s’il
estime que le dossier, à la lumière d’éléments nouveaux, n’est pas
recevable à la procédure ou, exceptionnellement, proposer lui même un
plan tel que suggéré par le mandataire éventuellement. Le plan ainsi
proposé est opposable à tous.
85
Représente 98,70 % des PRP au 31 mars 2005, selon le comité de suivi.
II - 96
2. Les difficultés
Plusieurs difficultés ont été soulignées lors des travaux préparatoires de la
loi de 2003, reprises en partie par le rapport Canivet.
2.1. Les moyens insuffisants
Les nouvelles mesures prévues dans la loi Borloo n’ont pas été suivies des
moyens humains et matériels nécessaires à leur mise en œuvre.
Le succès de la procédure (20 000 dossiers sont transmis annuellement par
les commissions de surendettement aux juridictions compétentes) a accru la
charge de travail des magistrats et des greffes de 20 %. Les juges se sont vus
confier ces nouveaux dossiers sans que des moyens supplémentaires leur soient
donnés (ni en personnel, ni en termes de budget). La Chancellerie a dégagé
40 postes de greffiers affectés dans les tribunaux de grande instance les plus
importants, mais les autres tribunaux ont du faire avec leurs effectifs89.
86
Mme Griffon, de l’UNAF, estime que les travailleurs sociaux doivent pouvoir peser sur le calcul
du reste à vivre.
87
Voir rapport Canivet.
88
Le comité de suivi propose de donner au juge la possibilité de diminuer la durée d’inscription.
89
Le comité de suivi de la loi de 2003 relève qu’au 31 décembre 2004, le stock de dossiers pour
rétablissement personnel en attente atteignait des délais d’audiencement de 64 mois
II - 97
90
Selon le rapport Canivet et confirmé par l’audition du juge Florès. À rapporter néanmoins aux
bénéfices humain, social et budgétaire qui peuvent être légitimement attendus de l’application de
la loi.
91
Esprit de la loi confirmé par la Cour de Cassation dans son avis du 10 janvier 2005 dans lequel
elle cantonne la PRP aux seules situations ne pouvant être solutionnées par la mise en œuvre de
recommandations.
II - 98
92
Fort heureusement le critère de l’âge du débiteur n’a pas empêché l’ouverture d’une PRP au
regard de sa santé, du nombre de personnes à charge et de sa très faible capacité de
remboursement (TI de Niort 16-06-04).
93
Ce point avait été largement souligné par le comité de suivi et l’ANJI dès 2004.
94
Code de la consommation L 332-9
II - 99
95
Voir l’exemple des médiateurs de dettes belges.
96
Cass. 1ère Civ 22 janvier 2002 bull. N° 26 p. 20
II - 100
97
Voir rapport du bureau du Comité européen de coopération juridique (CDCJ-BU) sur les
solutions juridiques aux problèmes de l’endettement dans une société de crédit du 11 octobre
2005
II - 101
De surcroît, une anomalie existe, dénoncée par le juge Florès lors de son
audition : les dettes professionnelles peuvent faire l’objet d’un rééchelonnement
ou même d’un effacement partiel dans le cadre des dispositions du code du
commerce mais elles ne peuvent pas être effacées dans le cadre d’une procédure
de rétablissement personnel. Ainsi, lorsque le surendetté est débiteur de dettes
professionnelles, la PRP ne permettra pas d’assurer son rétablissement réel
puisqu’elle laissera subsister les dettes professionnelles. Il sera alors préférable
d’orienter le dossier vers un traitement classique, qui permettra par exemple un
effacement partiel. Il serait donc plus logique, dans le cadre d’une PRP, d’aligner
sur le même régime le traitement de l’ensemble des dettes du débiteur.
Reste également en suspens la question des professionnels ayant cessé leur
activité depuis plus d’un an et pour lesquels les créanciers ne peuvent plus
demander de liquidation judiciaire. La procédure de traitement du
surendettement ne leur semble pas pour autant ouverte puisque le ministère
public ou le tribunal de commerce peuvent encore solliciter l’ouverture d’une
procédure collective.
2.8. Les cautions
Les cautions ont été prises en compte dans la loi instaurant la PRP mais de
manière incomplète. Si le débiteur principal peut voir ses dettes rééchelonnées
ou effacées, le dispositif ne profite pas à la caution qui n’a pas d’autres solutions
que de se retourner contre le débiteur principal. Des cas où les créanciers, voyant
leurs dettes effacées, se sont retournées vers les cautions, ne sont pas
exceptionnels.
Dans ce cas, le recours de la caution vers le débiteur peut mettre en péril le
plan de redressement établi par la commission ou le juge.
L’information de la caution demeure problématique : la plupart du temps
elle n’est pas au courant des modifications intervenues dans l’équilibre du
contrat (chômage, divorce, maladie, souscription de nouveaux crédits).
L’obligation d’informer la caution lors de la souscription de nouveaux crédits ou
quand interviennent des augmentations de seuils est insuffisamment prise en
compte.
Le débat sur le rôle préventif des fichiers est à l’ordre du jour depuis de
nombreuses années, les arguments de ses promoteurs comme de ses détracteurs
doivent être regardés, ainsi que les expériences conduites à l’étranger comme en
Belgique ou en Allemagne.
Enfin, les expériences de microcrédit social apportent parfois un début de
réponse aux difficultés de certaines populations rejetées du système bancaire
classique et donc exclues du crédit. Dans le cadre d’un projet professionnel ou
personnel, elles peuvent avoir besoin de contracter des emprunts. Le microcrédit
peut alors devenir un élément de prévention du surendettement puisque, plus
adapté qu’un crédit classique ou un crédit revolving, il permettra peut être à son
bénéficiaire de faire le pas décisif vers son intégration dans le système
économique et social.
A - LE CADRE DE LA PRÉVENTION
Pour le crédit dit « gratuit », la publicité doit préciser qui prend en charge
le coût du crédit et toute autre opération de crédit proposée en même temps doit
faire l’objet d’une offre préalable distincte.
Au niveau européen, le crédit à la consommation a fait l’objet en 1986
d’une directive (directive 87/102/CEE du 22 décembre 1986) visant à rapprocher
les dispositions des différents pays membres. Elle instaure l’obligation de la
mention du TEG dans les offres publicitaires. Elle demande que les
États-membres veillent à mettre en place des organismes délivrant des
informations et des conseils aux consommateurs sur les contrats de crédits et
auprès desquels peuvent être déposées des réclamations.
La directive 90/88/CEE élabore pour sa part une formule unique de calcul
du taux annuel effectif global pour l’ensemble des pays membres et détermine
les composantes du coût du crédit à retenir dans ces calculs.
La proposition de directive du 31 décembre 2002 allait plus loin encore
dans l’harmonisation des règles en matière de crédit à la consommation des
différents États-membres et leur interdisait de créer des ajouts aux nouvelles
règles. Elle prévoyait notamment un droit de rétractation du consommateur,
étendu à 14 jours suivant la signature du contrat sans justification ni frais mais
avec la mise à disposition immédiate des fonds. Elle instaurait une lisibilité dans
le coût du crédit en imposant que figurent au contrat le coût du capital et le TEG
ainsi que le coût total du crédit du point de vue du consommateur en y ajoutant
par exemple le coût de l’assurance. Elle prévoyait une obligation de conseil au
consommateur par l’emprunteur qui devait se renseigner sur la solvabilité de
celui-ci. Elle rendait obligatoire l’information complète du garant (caution)
auquel les mêmes renseignements devaient être fournis qu’à l’emprunteur.
Après des mois de discussion et devant la réticence de certains États, le
Parlement européen s’est prononcé sur des normes minimales harmonisées. La
Commission a adopté une nouvelle proposition en octobre 2004 en restreignant
le champ d’application de la directive. La Commission proposait, dans la
nouvelle version, d’exclure les prêts supérieurs à 100 000 € et de soumettre les
prêts de moins de 300 € à un régime allégé.
La directive 2002/65/CE sur les services financiers et l’harmonisation du
droit des contrats à distance a nécessité quatre années de négociations. Elle
complète notamment une directive de 1997 qui réglementait la vente à distance
mais en excluait justement les services financiers. Elle précise également une
directive de 2000 sur le commerce électronique.
Si la directive résulte d’un compromis en faveur d’une harmonisation
minimale, elle comporte des éléments de protection : elle admet qu’un acheteur
localisé dans un pays où la réglementation est plus stricte puisse demander ce
complément d’information au vendeur, elle exige un « support durable » (qui
exclut un site Internet) pour fixer les informations précontractuelles et reprend le
un droit de rétractation de 14 jours. Elle invite les États à prendre les mesures
II - 107
2. Le dispositif institutionnel
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes (DGCCRF) a une compétence générale concernant la
protection économique du consommateur. Elle réalise notamment des enquêtes
sur la publicité des offres de crédit. En 2006, sur 405 contrôles, 58 ont donné lieu
à des procès verbaux et 60 rappels à la réglementation ont été effectués,
traduisant une non-conformité des offres publicitaires au Code de la
consommation.98
La DGCCRF a mené une enquête nationale relative au contrôle des
conditions de conclusion, d’exécution et de reconduction des contrats de crédit
renouvelable ainsi que du respect des règes d’information de l’emprunteur99.
Réalisée par 34 directions départementales auprès de 64 enseignes de la
grande distribution et dans les principaux établissements de crédits spécialisés et
les banques, cette enquête a donné lieu à 314 contrôles pour plus de
1 600 contrats de crédits renouvelables. Les enquêteurs ont constaté que les
conditions d’exécution et de reconduction des contrats de crédit, dans la
distribution, échappent aux vendeurs car elles sont assurées par l’établissement
de crédit adossé à l’enseigne. Au niveau du distributeur, seul le formalisme du
contrat peut donc être vérifié. Les documents tels que les conditions de
reconduction du contrat ou les relevés de compte mensuels sont établis et
détenus par le seul établissement prêteur. Au niveau des agences des
établissements bancaires et financiers spécialisés, il est difficile d’obtenir
communication des documents demandés.
La DGCCRF a constaté, dans les grandes et moyennes surfaces, qu’à de
rares exceptions près, tous les financements à crédit proposés sont des crédits
renouvelables assortis d’une carte de fidélité permettant un cumul de points et
offrant des remises au client ainsi que d’autres services (livraison, parking
gratuits, caisses réservées etc.). Même le paiement en trois fois sans frais amène
le client à souscrire concomitamment un crédit renouvelable.
98
Rapport d’activité DGCCRF 2006.
99
Citée par le rapport d’information présenté par Luc Chatel sur l’application de la loi 2005-67, AN
10 mai 2006.
II - 108
Elle a aussi constaté des pratiques illicites : offre préalable unique pour des
opérations de prêts différentes, conditions particulières du contrat de crédit
proposées sur un feuillet distinct des conditions générales et du bordereau de
rétractation, offre préalable non remise en double exemplaire etc.
D’une manière générale, la DGCCRF observe que les offres de crédit
manquent de lisibilité sans toutefois constituer des infractions au Code de la
consommation : cohabitation sur la même offre de crédit affecté d’une offre de
revolving, offres mentionnant de nombreux taux d’intérêt qui entretiennent la
confusion, absence de mention du coût du crédit puisqu’il dépend d’une durée
qui n’est pas déterminée etc. Elle remarque également que les taux pratiqués en
matière de crédit renouvelable sont toujours très élevés, proches du taux de
l’usure qui est même parfois dépassé. Les taux pratiqués par les établissements
de crédit, via la grande distribution, sont la plupart du temps supérieurs de près
de quatre points à ceux pratiqués par les banques pour le même type de crédit.
Dans plusieurs enseignes de la grande distribution, le coût de la carte de crédit
n’était pas inclus dans le calcul du TEG, en infraction à l’article L313-1 du Code
de la consommation.
En dehors de sa mission d’enquête, la DGCCRF informe également les
consommateurs par son site Internet et ses publications. Elle répond également
aux appels téléphoniques et aux courriers (info service consommation).
Au regard de l’importance du travail à effectuer, on peut regretter les
restructurations territoriales de la dernière période et la faiblesse des effectifs de
cette direction sur le terrain.
Il existe aussi des instances spécialisées (Commission des clauses abusives,
Conseil de la concurrence etc.), ainsi que des lieux de concertation comme le
Conseil national de la consommation (CNC), le Conseil national du crédit
(aujourd’hui CCSF), etc.
L’Institut national de la consommation (INC) a été conçu comme centre
d’information et d’études sur les problèmes de consommation. Il constitue un
appui technique aux organisations agréées de protection des consommateurs. Il
doit également produire, analyser et diffuser des études et enquêtes et mettre en
œuvre des formations ainsi que promouvoir l’éducation à la consommation.
Toutefois, comme le dénonce Luc Chatel dans son rapport du 9 juillet
2003, le dispositif institutionnel conçu au fil du temps pêche par son manque de
lisibilité pour le consommateur. L’agencement des institutions publiques est trop
complexe et trop centralisé alors que le mouvement associatif est pour sa part
éclaté100.
100
Le nombre d’associations agrées représentatives du mouvement consumériste (18) en reflète la
diversité et la richesse mais désoriente parfois les personnes en difficulté qui ne savent pas à qui
s’adresser. Certains pays ont créé des numéros d’appel uniques permettant au consommateur un
accès rapide aux informations qui lui sont nécessaires sans qu’il ait à se demander vers quel
interlocuteur se diriger.
II - 109
3. Le médiateur bancaire
La loi 2001-1168 du 11 décembre 2001 a instauré un système de médiation
bancaire. Celle loi officialise une pratique mise en œuvre par certaines grandes
banques et s’inscrit dans le processus européen de développement des
procédures de résolution extrajudiciaire des litiges. Elle s’applique à l’ensemble
des établissements de crédit mais aussi à la Banque de France, l’IEDOM, la
CDC, la FBF, etc. Pour les clients, ce système permet d’éviter les frais d’un
contentieux alors qu’il offre une vue d’ensemble des litiges à la banque.
La loi fait obligation pour les établissements d’instaurer un médiateur mais
leur laisse une marge de manœuvre importante dans la définition et
l’organisation de leur dispositif de médiation.
Le médiateur ne peut intervenir qu’après épuisement des voies de recours
internes à la banque. Le recours au médiateur reste facultatif. Ce dernier doit être
impartial et indépendant. Il doit être nommé de manière paritaire après
consultation des professionnels et des associations de consommateurs.
M. Nasse, lors de son audition devant la section des finances, a indiqué
qu’un certain nombre d’accords avaient pu être conclus, grâce au médiateur de
l’ASF et en concertation avec les associations de consommateurs, sur la lisibilité
des relevés de compte en matière de crédit renouvelable.
101
(Adéic, AFOC, ALLDC, Asséco-CFDT, CGL, CNAFAL, CNL, FNAUT, Indécosa-CGT)
II - 111
102
Comptes « Mozaïc » au Crédit Agricole, « Jeans » à la BNP-Paribas, « Kit » à la Société Générale,
« Junior tirelire » à la Bred, « Tribu » à la Caisse d’Epargne ; « Swing » à La Poste etc.
II - 112
activités portant sur cette thématique en aidant notamment leurs initiateurs avec
un appui technique et logistique.
Dans les pays européens, des initiatives ont été prises pour éduquer les
jeunes à la consommation : au Royaume-Uni, par le biais de cours d’éducation à
la citoyenneté ; dans les pays baltes, une coopération entre les pays nordiques a
abouti à un projet d’actions collectives et de création de supports pédagogiques
adaptés pour l’éducation à la consommation (et notamment sur les crédits à la
consommation) ; en Espagne où l’École européenne des consommateurs, créée il
y a plus de 10 ans, développe un réseau national d’éducation à la consommation
notamment par le biais d’e-cons ; l’Estonie, où depuis 2001 le projet « manager
son budget » sensibilise les jeunes à la consommation ; la Norvège, qui a créé un
espace éducation au sein du portail norvégien de la consommation.
Enfin, les travailleurs sociaux constatent souvent qu’ils sont sollicités trop
tard, aussi certains proposent des formations à la gestion des budgets familiaux.
3. Les associations
En dehors des associations de consommateurs citées précédemment, il
existe également des associations spécialisées dans les actions menées à l’égard
des surendettés. Telle est la vocation de l’association Cresus, qui est
probablement la plus connue et la plus active en matière de prévention et de
formation contre le surendettement. Parfaitement identifiée par la population
alsacienne, depuis 1992, elle informe mais aussi accompagne les surendettés
pour prévenir le risque d’exclusion. Elle favorise également un accès responsable
au crédit des personnes en situation précaire pour favoriser leur insertion
économique et sociale.
Grâce à ses neuf structures régionales animées par des bénévoles, dont la
plus importante se situe en Alsace, l’association Cresus reçoit un nombre
croissant de surendettés auprès desquels elle mène des actions de prévention et
d’éducation budgétaire. Elle organise des groupes de parole et d’échange
d’expériences pour rompre l’isolement social lié au surendettement.
L’association Cresus a aussi développé des actions de prévention qui ne
sont pas uniquement destinées aux surendettés : en effet, en partenariat avec la
banque Accord, elle mène par exemple des actions d’information et de
prévention auprès des salariés du groupe Auchan.
Elle contribue à des actions d’apprentissage budgétaire auprès des
travailleurs sociaux.
Enfin, elle s’est récemment engagée sur des actions de microfinance pour
développer, en accord avec plusieurs établissements financiers, l’attribution de
petits crédits aidant à financer l’accès ou le maintien d’un emploi, la mobilité, la
réinsertion professionnelle ou faciliter l’accès au logement.
L’association participe aussi à des campagnes de sensibilisation de
l’opinion publique à ces questions.
C - LES FICHIERS
103
L’expression anglaise crédit bureaus est la plus couramment retenue pour évoquer les centrales
positives de type anglo saxon
II - 117
104
Les problèmes posés par les fichiers regroupant des informations sur la situation financière des
individus au regard de la loi du 6 janvier 1978. Rapport de synthèse du groupe de travail présidé
par M. Philippe Nogrix. Les développements sur la question sont largement inspirés de cette
synthèse.
105
L’opposition du CCSF à la création d’un fichier positif est rappelée dans son avis sur le Livre
vert de la Commission européenne sur les services financiers de détail dans le marché unique en
date du 18 juillet 2007.
106
Avis du CCSF du 5 avril 2007.
II - 120
107
Avis du Comité consultatif sur la création en France d’un fichier positif juillet 2004 : « La
majorité du Comité est opposée à la mise en place d’un fichier positif en France : un tel outil
n’apporterait rien de plus en matière de surendettement (...) les établissements de crédit
disposent déjà de nombreux moyens d’appréciation sur les demandeurs de crédit (...) l’efficacité
du FICP pourrait être améliorée (...) le fichier positif présenterait en tant que fichier centralisé,
des risques pour la protection des libertés individuelles (...) le coût de sa mise en place et de sa
gestion serait disproportionné ».
108
Confédération de la Consommation du logement et du cadre de vie (CLCV)
Union féminine civique et sociale (UFCS)
II - 121
109
« Sous l’angle de la proportionnalité, c'est-à-dire de l’efficacité du traitement au regard de
l’objectif de prévention du surendettement et des risques qu’il représente en termes de protection
des données à caractère personnel, la mise en œuvre d’une centrale positive paraît discutable »
synthèse de la CNIL citée supra.
II - 122
D - LE MICROCRÉDIT SOCIAL
Il peut paraître paradoxal d’aborder le microcrédit social comme outil de
prévention du surendettement. Pourtant, il s’adresse aux populations les plus
fragiles, souvent exclues du crédit classique et permet d’éviter les risques des
lignes de crédit permanent (revolving).
Il porte sur des montants modestes : 300, 500 € (montant maximum des
prêts 3000 €) pour une durée assez courte de 24 à 48 mois. Son objet est le
financement de projet individuel visant à favoriser l’insertion ou la réinsertion
sociale ou professionnelle. Il peut ainsi contribuer à financer les cautions de
loyers, les frais d’agence des logements de jeunes étudiants ou travailleurs,
financer un permis de conduire, un moyen de locomotion, ou encore à financer
du petit électroménager, des travaux d’aménagement.
II - 124
Les personnes bénéficiaires peuvent donc être des chômeurs, des Rmistes,
des travailleurs précaires, des jeunes, apprentis, étudiants, mais aussi des
personnes qui ont subi une chute brutale de revenus suite au chômage, à une
maladie, à une séparation...
Le microcrédit social repose sur un partenariat entre banques et
associations et bénéficie d’une garantie publique par l’intermédiaire de la Caisse
des dépôts qui gère le fonds de cohésion sociale. La loi de programmation pour
la cohésion sociale à prévu de doter le fonds de moyens importants : 73 millions
d’€ sur 5 ans.
Les acteurs financiers partenaires sont à la fois des banques mutualistes
(Caisses d’Épargne, Crédit Mutuel, Crédit Coopératif, Crédit Agricole), des
établissements financiers (Laser-Cofinoga, Cetelem, Cofidis) et des crédits
municipaux. La garantie publique mobilisée à 50 % de l’encours de prêt, dans la
limite d’un montant, permet l’intervention de ces établissements en limitant leurs
risques financiers.
Chaque établissement met en œuvre son activité microcrédit social selon
une organisation qui lui est propre, en créant éventuellement un organisme
d’accompagnement spécifique. L’accompagnement est en effet une des clés
d’efficacité du dispositif. Il s’adapte au projet du bénéficiaire et est donc plus ou
moins souple mais cet accompagnement a vocation à dépasser la simple
demande de crédit pour aborder la globalité de la relation bancaire et de la
situation sociale de la personne. Les structures de l’accompagnement sont
variées : centres communaux d’action sociale, collectivités locales, missions
locales, associations de lutte contre l’exclusion, associations initiées par les
établissements financiers.
Le Centre communal d’action sociale et le Crédit municipal de Dijon
viennent ainsi de lancer une formule de microcrédit social destinée à répondre
aux besoins des personnes à faibles revenus pour l’achat d’une mobylette pour
aller travailler, le financement d’un permis de conduire, la caution d’un
logement... Le faible taux d’intérêt pour le bénéficiaire s’explique par la prise en
charge du différentiel par le CCAS. Le dispositif prévoit un accompagnement
par les travailleurs sociaux depuis la demande jusqu’au remboursement.
Le Crédit Mutuel de Bretagne a conclu plusieurs partenariats au niveau
régional, départemental et local. Ainsi, l’association ERPE, en route pour
l’emploi à Brest a sélectionné 23 projets. Les dossiers sont présentés devant un
comité paritaire association/ crédit mutuel de Bretagne. À ce jour, dix dossiers
ont été acceptés pour l’achat d’un véhicule ou d’un scooter pour un montant
moyen de 1 752 € et 13 dossiers pour le financement du permis de conduire pour
un montant moyen de 590 €. Le suivi des dossiers est assuré par l’association, le
Crédit Mutuel de Bretagne n’est que le prêteur. Il n’y a eu aucun impayé depuis
le début du partenariat. Le taux de crédit pratiqué est fonction des taux de crédit
à la consommation pratiqué par la Banque moins 2,5 %.
II - 125
Source : fonds de cohésion sociale - Caisse des dépôts - Rapport d’activité 2006.
II - 127
CONCLUSION