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Rapport La Responsabilité Civile Des Dirigeants D'entreprise en Cas D'insolvabilité Ou Liquidation Judiciaire

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La responsabilité civile des

dirigeants d'entreprise en
cas d'insolvabilité ou
liquidation judiciaire

RÉALISÉE PAR : HICHAM AIT JILALI


MOHAMED YASSINE CHAKOUR
SOUS L’ENCADREMENT DE : ELKBIR MESHALI
SOMMAIRE
Remerciement................................................................................................................................
INTRODUCTION..................................................................................................................................................
Chapitre 1 . La Responsabilité Civile des Dirigeants au Maroc et à
L'international...........................................................................................
1. Généralités .............................................................................................................
2 . L'étendue de la responsabilité civile...........................................................................
3. La responsabilité civile .......................................................................................................
4 . Importance de la Responsabilité Civile dans ce Contexte
....................................................................................................
5 . La responsabilité des dirigeants envers les tiers................................................................................
6 . Différents cas dans lesquels le dirigeant d’entreprise engage sa responsabilité civile
..........................................................................................
6 .1. La responsabilité civile du dirigeant d’entreprise
.....................................................................................................
6. 2. La responsabilité civile des dirigeants sociaux ..............................................................
6. 3. l'arsenal juridique régissant la responsabilité civile du dirigeant de SA au
Maroc:.....................................................................................................................................................
7. Determination des Dirigeants Responsables........................................................
7 .1._Responsabilité du dirigeant en cas de procédure collective.........................................................
7. 2 Cas de responsabilité des dirigeants vis-à-vis des tiers........................................................
8 . Distinction de la responsabilité civil de responsabilité pénale........................................................
Chapitre . 2. Responsabilité des Dirigeants d'Entreprise : Entre Accusations Possibles, Complexité de la Faute de
Gestion et Sanctions Légales........................................................
1 . Personnes pouvant accuser le dirigeant........................................................
2 . Peut-on affirmer à raison que la faute de gestion est une notion complexe ?........................................................
3 . Les fautes de gestion ........................................................
3. 1. Analyse Approfondie de la Responsabilité Civile, Notamment la Responsabilité Patrimoniale pour Faute de
Gestion........................................................
3. 2. Impact du Contexte Actuel sur la Responsabilité des Dirigeants de SA : Une Hausse des Mises en Cause pour
Faute de Gestion ?........................................................
3. 3. Sanctions prévues par la loi en cas de fautes commises par le dirigeant........................................................
3. 4. les principaux éléments susceptibles de prévenir au maximum les risques relatifs à la faute de gestion d’un
dirigeant de SA ?........................................................
Chapitre 3 . La liquidation judiciaire........................................................
1. Règles et processus de liquidation en général........................................................
2. Règles spécifiques de liquidation des sociétés commerciales........................................................
3 . La Réforme Juridique du Redressement et de la Liquidation Judiciaires au Maroc : Évolution, Efficacité et
Lacunes........................................................
4 . enjeux et Perspectives de la Réforme Juridique au Maroc : Vers un Système de Redressement et de Liquidation
Judiciaires Plus Efficace........................................................
5 . Les principes de la Banque mondiale pour des droits effectifs du créancier et des systèmes de redressement et de
liquidation judiciaires........................................................
Chapitre 4. Insolvabilité :........................................................
1 . Les lois et réglementations encadrant la responsabilité civile des dirigeants en cas d'insolvabilité ou de
liquidation:........................................................
2 . Les devoirs fiduciaires et obligations légale:........................................................
3 . Organisation de l’insolvabilité d’une société........................................................
3. 1 . Causes de l'Insolvabilité ou de la Liquidation Judiciaire :........................................................
3. 2 Impact des Décisions de Gestion sur l'Insolvabilité ou la Liquidation Judiciaire
:.......................................................
4. La responsabilité des dirigeants dans le contexte de l'insolvabilité d'une société au
Maroc........................................................
5 . Travaux du Programme d’investissement MENA-OCDE sur l’insolvabilité dans les pays de la région MENA :
recommandations relatives au traitement des difficultés des entreprises ........................................................
Conclusion........................................................
REMERCIEMENT

Cher professeur et chers camarades,

C'est avec un sentiment d'enthousiasme que je souhaite partager cette


recherche axée sur la responsabilité civile des dirigeants d'entreprise en
situation d'insolvabilité ou de liquidation judiciaire.

Cette étude revêt une importance particulière pour nous, étudiants du


cycle de formation universitaire, et plus spécifiquement du programme
de master en audit et contrôle de gestion, puisqu'elle répond à des
attentes longtemps nourries depuis le début de notre parcours
académique.

Le succès de cette recherche a été possible grâce au soutien et à la


collaboration de nombreuses personnes.

En premier lieu, nous reconnaissons notre cher professeur, dont les


conseils éclairés et l'encadrement attentif ont été des piliers essentiels.

Nos remerciements s'étendent à nos collègues et camarades de classe


qui ont enrichi cet environnement d'apprentissage mutuel.

Salutations aux professionnels du secteur pour leur générosité


temporelle et aux experts dont les témoignages ont ajouté une valeur
inestimable.

Enfin, nous sommes reconnaissants envers l'institution académique


pour cette opportunité d'exploration dans ce domaine captivant.

Merci à tous les contributeurs pour avoir rendu ce projet possible,


votre engagement et collaboration sont précieux.
INTRODUCTION GENERALE :

Au Maroc, comme dans de nombreux pays, la responsabilité civile des


dirigeants d'entreprise en cas d'insolvabilité ou de liquidation judiciaire
est un sujet d'importance. Le droit marocain prévoit des dispositions
spécifiques régissant cette responsabilité et vise à protéger les intérêts
des parties prenantes de l'entreprise, tels que les créanciers, les
employés et les actionnaires. Dans ce contexte, il est essentiel
d'examiner les mécanismes juridiques et les principes qui régissent la
responsabilité civile des dirigeants d'entreprise au Maroc lorsqu'une
entreprise se trouve dans une situation financière précaire, telles que
l'insolvabilité ou la liquidation judiciaire, il est essentiel d'examiner la
question de la responsabilité civile des dirigeants d'entreprise. La
responsabilité civile désigne l'obligation légale de réparer les dommages
causés à autrui en raison d'une faute ou d'un manquement.

La responsabilité civile des dirigeants d'entreprise en cas d'insolvabilité


ou de liquidation judiciaire peut découler de plusieurs sources de
responsabilité, notamment les lois sur les sociétés, les lois sur la faillite
et les lois régissant les pratiques commerciales. Tout d'abord, les
dirigeants peuvent être tenus responsables s'ils ont commis des fautes
de gestion ou des actes répréhensibles qui ont contribué à la situation
d'insolvabilité de l'entreprise. Cela peut inclure des décisions
imprudentes en matière de gestion financière, de négligence dans la
tenue des registres comptables, de détournement de fonds ou de
fraude.
En outre, les dirigeants peuvent être tenus responsables s'ils n'ont pas
respecté leurs obligations légales envers les parties prenantes de
l'entreprise. Par exemple, si les dirigeants n'ont pas agi dans l'intérêt
supérieur de l'entreprise et ont favorisé leurs propres intérêts personnels,
ils peuvent être considérés comme ayant violé leur devoir de fiduciaire
envers les actionnaires. De même, s'ils n'ont pas respecté les dispositions
légales relatives à la protection des droits des employés ou des créanciers,
ils peuvent être tenus responsables de leurs actions.

Le législateur marocain reglemente le droit de la responsabilité civile à


travers les dispositions du Dahir portat code des obligations et des
contrats et celles d'autres textes speciaux, telle en matière de responsabilité
d'accidents de la circulation ou de produits défectueux.

Les dirigeants peuvent être tenus responsables de leurs fautes de gestion,


de leurs actes répréhensibles ou de leur non-respect des obligations légales
envers les parties prenantes de l'entreprise. Il est essentiel pour les
dirigeants d'entreprise de comprendre les lois applicables et de prendre des
mesures adéquates pour prévenir les situations d'insolvabilité et de
liquidation judiciaire, ainsi que pour respecter leurs obligations envers
toutes les parties prenantes.

Lorsque vous êtes dirigeant d’une entreprise, vous n’avez pas que le
privilège de donner des ordres. Au contraire, vous portez le poids de la
gestion de toute l’entreprise et vous êtes tenu responsable conformément
aux dispositions contenues dans les statuts et dans la loi. En cas de non-
respect de la loi, le dirigeant encourt des sanctions d’ordres juridique,
fiscal, économique et social. À quel moment le dirigeant engage-t-il sa
responsabilité civile ? Qui peut accuser le dirigeant et quelles sont les
sanctions prévues par la loi ?
CHAPITRE 1 . LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES DIRIGEANTS AU MAROC ET À
L'INTERNATIONAL
1. Généralités
Vis-à-vis de la société ou des associés de cette dernière, la responsabilité civile
des dirigeants, qui est essentiellement contractuelle, est fondée sur la faute
prouvée.
Ici, sauf en ce qui concerne les membres du Conseil de Surveillance, les
Directeurs Généraux
Délégués de SA et les dirigeants de fait, la faute n’a pas à être « détachable »
ou « séparable » des fonctions du dirigeant. Il importe peu également que le
dirigeant ait agi dans l’exercice de ses fonctions. Il ne s’agit pas là d’une cause
exonératoire.
Le plus souvent, la faute consiste dans des actes contraires à l’intérêt de la
société ou d’un manque de loyauté à l’égard des associés. Mais il n’est pas
nécessaire que le dirigeant ait commis des manoeuvres frauduleuses.
Enfin, outre la preuve d’une faute, les demandeurs à l’action en responsabilité
devront également prouver l’existence d’un dommage subi par la société ou les
associés ainsi qu’un lien de causalité entre la faute et le dommage invoqués.
2 . L'étendue de la responsabilité civile
La responsabilité du dirigeant est individuelle lorsque la faute est commise par le
dirigeant unique, ou lorsque la faute peut être imputée individuellement à un
dirigeant, en cas de pluralité.
Toutefois, la responsabilité peut être solidaire lorsque la faute est commise par
plusieurs dirigeants, par un organe collégial tel que les administrateurs ou les
membres du directoire d'une société anonyme (SA). Il reste possible pour chaque
membre d'écarter sa propre responsabilité en établissant qu'il s'est opposé à la
décision par exemple.
Dans le cas d'une cogérance, ce n'est pas un organe collectif, ainsi la
responsabilité de chaque gérant doit être établie individuellement, sauf si tous les
gérants participent à la faute.
La solidarité implique que tous les dirigeants doivent payer l'intégralité du
montant de la réparation à la victime. Le juge a la faculté de déterminer la part
contributive de chaque dirigeant au préjudice.
De manière générale, il est possible pour le dirigeant de s'exonérer de sa
responsabilité lorsqu'il prouve qu'il n'a pas influencé le comportement de l'auteur
des faits reprochés, ou lorsqu'il a délégué ses pouvoirs à une personne pourvue
des compétences, de l'autorité et des moyens pour faire respecter la
réglementation.
3. La responsabilité civile
– A l’égard de l’association
Aux termes de l’article 1992 du Code civil, le mandataire (les dirigeants d’une
association sont des mandataires) est responsable des fautes qu’il commet dans
sa gestion, cette responsabilité étant cependant appliquée moins rigoureusement
à celui dont le mandat est gratuit qu’à celui qui reçoit un salaire. La
responsabilité des dirigeants d’une association peut donc être recherchée devant
les tribunaux, pour les fautes commises dans leur gestion, sous réserve que ces
fautes aient fait subir un dommage à l’association, et que cette dernière en
demande réparation.

– A l’égard des membres ou des tiers


Qu’il s’agisse de responsabilité contractuelle ou délictuelle, les dommages causés
par un dirigeant de l’association à des membres de cette dernière, ou à des tiers,
doivent, si demande en est faite, être réparés par l’association elle-même : le
dirigeant n’est en effet que le mandataire de l’association et n’est donc pas
personnellement responsable, hors le cas ou il lui pourrait lui être reproché des
fautes détachables de ses fonctions.

– En cas de cessation de paiement


En application des dispositions des articles L. 611-1 et suivants du Code de
commerce relatives au redressement et à la liquidation judiciaire, tous les
dirigeants de droit ou de fait de l’association peuvent être sanctionnés lorsqu’il
peut leur être reproché des fautes ayant concouru à la mise en redressement ou
en liquidation judiciaire de l’association. Les sanctions applicables sont : le
comblement de passif, lorsque le redressement ou la liquidation judiciaire fait
apparaître une insuffisance d’actif ; l’extension du redressement ou de la
liquidation judiciaire aux dirigeants de l’association, notamment lorsque ces
derniers ont disposé des biens de l’association comme de biens propres ou ont
tenu une comptabilité fictive, manifestement incomplète ou irrégulière ; la
faillite personnelle ; l’interdiction de gérer.
En cette matière, le juge dispose d’un large pouvoir d’appréciation et peut
parfois se montrer très sévère : il appartient donc aux dirigeants d’association
d’apporter à la gestion des affaires de l’association toute la diligence nécessaire,
dans le strict respect des règles légales.
4 . Importance de la Responsabilité Civile dans ce Contexte

Protection des Intérêts des Parties Prenantes : La responsabilité


civile vise à protéger les intérêts des parties prenantes, y compris les
actionnaires, les créanciers et les employés, en assurant que les
dirigeants agissent de manière responsable et éthique même en
période difficile.
Prévention des Comportements Risqués : En établissant des normes
de responsabilité, on encourage les dirigeants à prendre des
décisions éclairées et à éviter des pratiques risquées qui pourraient
conduire à l'insolvabilité ou à la liquidation.

Maintien de la Confiance du Marché : La confiance des


investisseurs et du marché est essentielle à la stabilité d'une
entreprise. La responsabilité civile contribue à maintenir cette
confiance en rendant les dirigeants responsables de leurs actions,
même dans des circonstances difficiles.

Alignement des Intérêts : Elle assure un alignement des intérêts


entre les dirigeants et les parties prenantes. Les dirigeants ont
l'obligation de prendre des décisions dans l'intérêt supérieur de
l'entreprise et de ses détenteurs d'actions.

Dissuasion des Pratiques Frauduleuses : La menace de


responsabilité civile dissuade les dirigeants de s'engager dans des
pratiques frauduleuses ou négligentes qui pourraient précipiter
l'insolvabilité.
5 . La responsabilité des dirigeants envers les tiers.

En cas de faute personnelle séparable de leur fonction, les associés


et les dirigeants engagent leur responsabilité envers les tiers.
La faute personnelle et séparable des fonctions est définie de la
façon suivante : une faute intentionnelle du dirigeant, d’une
particulière gravité, incompatible avec l’exercice normal de ses
fonctions sociales (Cass. Com. 20 mai 2003 n°99-17.092).
Une telle faute peut être constituée lorsque le dirigeant agit dans les
limites de son attribution.
Une infraction pénale intentionnelle constitue en tout état de cause
une telle faute (Cass. Civ. 3ème 10 mars 2016, n°14-15.326).

6 . Différents cas dans lesquels le dirigeant d’entreprise engage sa responsabilité civile

Au Maroc, la responsabilité civile ou pénale du dirigeant est engagée


dans différentes situations.
Dans le cas d’une mauvaise gestion qui entraîne des pertes énormes à
l’entreprise, on peut parler de responsabilité civile du dirigeant. En
plus, le dirigeant ne doit en aucun cas violer les statuts de la société
sous peine d’engager sa responsabilité civile. Il doit intervenir dans la
limite des pouvoirs qui lui sont confiés au niveau des statuts.
En plus, le dirigeant est engagé s’il ne respecte pas non plus les
exigences réglementaires et légales et s’il ne met pas à la disposition de
ses équipes les équipements exigés par la loi. La responsabilité pénale
du dirigeant est aussi en jeu en cas de fausse déclaration, en cas de
discrimination avérée, en cas de mauvaise gestion ou de concurrence
déloyale. Et, pour certains actes, on se réfère à la jurisprudence pour
évaluer le risque du dirigeant d’engager sa responsabilité civile.
6 .1. La responsabilité civile du dirigeant d’entreprise

Le dirigeant d’entreprise est celui qui a été désigné par les associés pour
représenter l’entreprise sur le plan légal. Le choix du dirigeant se fait à
l’unanimité et toutes les informations concernant son identité et la durée de son
mandat en tant que dirigeant sont inscrites au niveau des statuts de l’entreprise.
Nous précisons aussi que le dirigeant peut être un des membres associés de
l’entreprise ou une personne tierce qui n’a rien à voir avec le capital de
l’entreprise. Le dirigeant d’entreprise est tenu d’agir pour les intérêts de
l’entreprise tout en veillant à respecter toutes les prescriptions de la loi à son
égard.
La responsabilité des dirigeants à l'égard de la société ou des associés est engagée
à raison de leurs fautes commises dans la gestion de la société. Les cas de mise en
cause de la responsabilité civile des dirigeants étant très large, il est courant que
les dirigeants décident de souscrire à une assurance responsabilité civile.
Ils peuvent également engager leur responsabilité s'ils contreviennent à des
obligations légales ou réglementaires telle que l'omission de formalité lors de la
constitution de la société par exemple, ou à des dispositions statutaires.

6. 2. La responsabilité civile des dirigeants sociaux


En tout état de cause, et ce quel que soit le moment où la responsabilité du dirigeant est
recherchée, il faut prouver qu’il a commis une faute et que de cette faute a découlé un
préjudice pour la société ou les associés.
La responsabilité civile des dirigeants sociaux est engagée envers la société et les
actionnaires éventuels dans les cas suivants :
- Violation des statuts ;
- Infraction aux dispositions applicables aux sociétés ;
- Faute commise dans la gestion.
Les membres du conseil de surveillance sont responsables des fautes personnelles commises
dans l’exécution de leur mandat, mais pas des actes de gestion de la société.
Lorsque la décision litigieuse émane du conseil d’administration ou du directoire d’une
société anonyme, le juge doit constater la faute personnelle de chaque administrateur qui,
par son action ou son abstention, a participé à la prise d’une décision fautive de cet organe.
Il existe une présomption simple de faute, mais celle-ci pourra être renversée par chacun
des membres en prouvant qu’il s’est comporté de façon prudente et diligente.
Les fautes de gestion des dirigeants peuvent consister, notamment, en :
- Une mauvaise surveillance de la direction (Cass. Com. 14 décembre 1993, n°91-20.839) ;
- Des imprudences ou négligences (Cass. Com. 28 mai 1991, n°89-21.116) ;
- Un manque de loyauté envers la société ou les associés (Cass. Com. 12 mai 2004, n°00-
15.618).
Enfin, toute victime d’une infraction pénale commise par un dirigeant, peut déposer une
plainte et se constituer partie civile.
6. 3. l'arsenal juridique régissant la responsabilité civile du dirigeant de SA au Maroc:

La manière dont un régime juridique organise les modalités de mise cause personnelle
de ses dirigeants dans le cadre d’une défaillance, est totalement corrélée à des notions
qui dépassent largement le cadre du droit. Des études fort intéressantes ont analysé la
culture de l’échec, notamment entrepreneurial, au regard de la sociologie, de la
philosophie, de l’histoire et même des religions. Selon les pays, la perception de l’échec
professionnel et de la faillite n’est pas la même, et cela se retrouve dans leurs textes
relatifs à la responsabilité civile des chefs d’entreprise. Aux USA et dans les pays anglo-
saxons, échouer est synonyme d’expérience selon l’adage «Fail fast, Fail often», source
de la fameuse méthode de l’itération chère à la Silicon Valley et de l’esprit start-up :
lancer un projet coûte que coûte sans en attendre une réussite, le principal étant de se
lancer, et de recommencer le cas échéant sur de meilleures bases.
Cette philosophie trouverait ses sources à la fois dans l’histoire du peuple américain
venu d’autres horizons pour tenter sa chance et construire un projet personnel nouveau
et dans la culture protestante qui rejette celui qui n’a pas tenté, tout en l’encourageant à
le faire par soi-même. L’échec est alors perçu comme une «bonne école», un passage
obligé dans le processus d’innovation par la rupture, car on apprend de ses erreurs et en
adaptant sa nouvelle stratégie aux difficultés passées. Cette vision se retrouve sans
surprise dans le droit américain (comme dans celui d’autres pays tels que l’Angleterre
ou l’Allemagne), et notamment dans le Business Judgement Rule, qui pose un principe
de présomption de bonne foi du dirigeant et le protège des actions en responsabilité
reposant uniquement sur son management. En Chine également, on retrouve une
culture du «rebond», les dirigeants se lançant très vite dans une nouvelle aventure après
un échec, conformément à l’esprit asiatique de persévérance et de ténacité. Le Taoisme
et le Bouddhisme favorisent par ailleurs une vision du «monde comme un éternel
changement fait de cycles naturels alternatifs de succès et d’échecs, considérés comme
les deux faces d’une même médaille».
En Suède et en Californie, un Musée de l’échec (Museum of failure) est érigé pour
célébrer et glorifier les plus grandes innovations technologiques et commerciales
«ratées», et désinhiber ainsi les forces créatrices des entrepreneurs en herbe. Au Maroc,
nous avons au contraire non seulement transposé les textes de droit français relatifs à la
faillite, mais aussi intériorisé culturellement et socialement la vision historique
hexagonale qui punit l’échec et sanctionne également la personne elle-même derrière le
projet qui n’a pas prospéré, jusqu’à le rechercher sur ses biens personnels. Après une
liquidation judiciaire, l’entrepreneur malheureux est pointé du doigt et perd la
confiance du marché et de ses banques. L’échec devient un faux pas irréversible et
coupable qui grippe tout le processus d’éclosion des talents. Les dispositions
marocaines relatives à la faute de gestion et leur sévérité s’inscrivent dans la droite ligne
de cette culture qui laisse peu de place à un rétablissement professionnel, mais aussi à la
prise de risque nécessaire à tout projet ambitieux.
Les systèmes éducatifs reposant sur la notation, les règles et consignes à
respecter et sanctionnant les erreurs sans valoriser les chemins d’apprentissage
disruptif, seraient également à la base des comportements craintifs de nos
dirigeants. Pourtant, le mouvement mondial va vers un allègement de cette
responsabilité civile dans le cadre des liquidations ou restructurations pour
permettre le retour rapide des managers. Partout, on soutient et protège
légalement l’«entrepreneur renaissant», conformément à de nombreuses
études qui montrent qu’une société connait une croissance plus forte et plus
rapide quand son chef a déjà échoué. La France a commencé petit à petit à
adopter cette vision, dans sa loi pacte de septembre 2019, et en raison de la
pression de l’Union européenne (directive 2019/1023) qui incite les Etats
membres à «permettre aux entrepreneurs honnêtes insolvables ou surendettés
de bénéficier d’une seconde chance».

Si nous souhaitons, comme nous y invite le rapport de la Commission spéciale


sur le nouveau modèle de développement, permettre une transformation
structurelle de notre économie, gagner en compétitivité, encourager l’export et
l’investissement à forte plus-value, et créer un écosystème pro start-up, un
travail de fond, global, devrait être envisagé. D’un point de vue légal, seule
une large réforme coordonnée des lois sur les sociétés de capitaux, mais aussi
du Code de commerce en son livre V et du DOC pourrait laisser espérer voir
émerger une nouvelle vision des défaillances, permettant de séparer l’échec,
l’erreur et la faute. Protéger les managers honnêtes, mais malchanceux, ôter
les sanctions pénales et patrimoniales liées à des actes de gestion qui n’entrent
pas dans un cadre délictuel de fraude ou d’infraction, est nécessaire. Viser la
réussite en autorisant l’échec, accepter que les entreprises vivent et meurent
dans un mouvement inexorable de destruction créatrice, permettrait un
changement de paradigme qui libèrerait nos entrepreneurs de la peur liée à la
défaillance. A partir d’un droit commercial plus équilibré et moins
moralisateur, nous pouvons espérer voir naître une nouvelle culture
économique plus audacieuse, adéquate aux ambitions légitimes de notre pays.
7. Determination des Dirigeants Responsables
A. DIRIGEANTS SOCIAUX

Il s’agit des personnes que le Code de Commerce a désignées pour gérer,


administrer et diriger les
sociétés commerciales.
Il s’agit :
• des gérants pour les SARL, EURL, Sociétés en Nom Collectif (SNC) et
pour les Sociétés en
Commandite simple et en Commandite par actions,
• des administrateurs, du président du Conseil d’administration, du
directeur général et du
directeur général délégué dans une certaine mesure pour les SA classiques,
• des membres du Directoire et des membres du Conseil de Surveillance dans
une certaine
mesure pour les SA à conseil de surveillance et à directoire,
• du Président des SAS et des SASU (et des autres dirigeants s’il en existe),
• du ou des liquidateurs lorsque la société est dissoute et en cours de
liquidation.
Remarque : Les dirigeants qui ont quitté leurs fonctions peuvent être
poursuivis pour des fautes
antérieures à leur cessation de fonctions, si la prescription n’est pas acquise.
Par contre, pour les
fautes postérieures à la cessation, ils ne peuvent être poursuivis.

B_ DIRIGEANTS DE FAIT

Ce sont les personnes, tant physiques que morales, qui, dépourvues de


mandat social, se sont
immiscées dans la gestion, l’administration ou la direction d’une société
sous le couvert ou au lieu et
place des représentants légaux de cette société.
7 .1._Responsabilité du dirigeant en cas de procédure collective.
Ceci peut être le cas lorsqu’il y a une insuffisance d’actif social.
Lorsque la liquidation judiciaire fait apparaître une insuffisance d’actif social,
consécutive à une faute de gestion, le tribunal peut décider que les dettes de la personne
morale seront supportées, en tout ou partie, avec ou sans solidarité, par les dirigeants de
droit ou de fait, rémunérés ou non ou par uniquement certains d’entre eux (Article L.
651-2 du Code de commerce).
Le dirigeant de fait est celui qui accomplit des actes de gestion ou de direction (Cass.
Com. 27 juin 2006, n°04-15.831).
La faute de gestion se caractérise par la violation des obligations de compétence, de
transparence et de diligence. Une telle faute sera constituée, notamment, en cas
d’utilisation abusive des biens de la société (Cass. Com. 14 décembre 1993, n°91-21.362)
ou en cas de poursuite volontaire et en connaissance de cause de l’activité déficitaire de
la société (Cass. Com. 30 mars 1999, n°95-17.905).
Il faudra prouver une faute de gestion du dirigeant et un lien de causalité entre cette
faute et l’insuffisance d’actif.
La faute en cause peut avoir été commise lors de la création de l’entreprise, ou lors de
son exploitation, mais ne devra pas avoir été commise après le jugement d’ouverture de
la liquidation judiciaire.
Le lien de causalité sera constitué dès lors que la faute de gestion a été l’un des éléments
à l’origine de l’insuffisance d’actif et y a contribué.
Le préjudice est constitué par l’insuffisance d’actif au moment de l’ouverture de la
procédure collective.
L’action se prescrit par trois ans à compter du jugement prononçant la liquidation
judiciaire et ne peut être engagée que par les organes de la procédure collective
(énumérés à l’article L. 651-3 du Code de commerce) et par la majorité des créanciers
nommés contrôleurs dans le cas d’une inaction du mandataire de justice.
Tout ou partie de l’insuffisance d’actif pourra être mis à charge du dirigeant fautif, le
tribunal ayant un large pouvoir d’appréciation en la matière. Il pourra être tenu compte,
notamment, de la gravité de la faute commise.
Lorsqu’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire est ouverte, le
tribunal peut prononcer la faillite personnelle du dirigeant (L. 653-1 du Code de
commerce) pour certains actes expressément énumérés à l’article L. 653-4 du Code de
commerce. Cela pourra être le cas notamment en cas d’abus de biens sociaux.
La faillite personnelle pourra entraîner diverses sanctions pour le dirigeant, notamment
l’interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler (directement ou indirectement)
une société. En outre, le tribunal pourra également prononcer l’incapacité d’exercer une
fonction publique élective. Ces sanctions seront prononcées pour une durée de 15 ans au
plus.
Pour conclure, si les risques sont multiples et étendus, une étude préalable avec un
avocat permettra d’anticiper bons nombres de difficultés.
7. 2 Cas de responsabilité des dirigeants vis-à-vis des tiers
Avertissement : dans la présente partie, seul le cas de la responsabilité des dirigeants des
sociétés solvables est envisagé.
La responsabilité des dirigeants vis-à-vis de tiers est essentiellement de nature délictuelle.
Elle est rarement engagée dans la mesure où la société fait écran entre son dirigeant et les
tiers.
La jurisprudence considère que la responsabilité des dirigeants à l’égard des tiers n’est
engagée
qu’en cas de faute « séparable » ou encore « détachable » des fonctions de dirigeant. En
somme, il est nécessaire d’alléguer et de prouver une faute personnelle du dirigeant
extérieure à l’activité de représentation.
Plus précisément, les juges estiment qu’il y a faute personnelle du dirigeant « lorsque le
dirigeant
commet intentionnellement une faute d'une particulière gravité incompatible avec l'exercice
normal de ses fonctions » (Cour de cassation, Com, 20 mai 2003, n°99-17092).

8 . Distinction de la responsabilité civil de responsabilité pénale

Certes, la responsabilité civile se différencie de la responsabilité pénale à travers leurs


buts. Mais, un même fait peut donner naissance à la fois à la responsabilité pénale et à
la responsabilité civile.
Il importe donc avant d'étudier les effets de la coexistence entre ces deux
responsabilités de présenter leurs différences. La responsabilité pénale a pour but la
défense de la société contre les actes plus au moins graves qui troublent la paix
publique. Tandis que, l'objectif de la responsabilité civile est la réparation des
dommages causés à un particulier.

Chapitre . 2. Responsabilité des Dirigeants d'Entreprise : Entre Accusations


Possibles, Complexité de la Faute de Gestion et Sanctions Légales

1 . Personnes pouvant accuser le dirigeant

Le dirigeant peut être accusé auprès des tribunaux ou auprès de l’inspection du


travail par toutes les personnes qui ont subi un tort. Ainsi, le dirigeant peut être
accusé par les associés, les salariés, les clients, les fournisseurs, etc.
La personne en cause doit s’adresser au tribunal concerné ou à l’inspection du
travail avec les preuves du tort subi ainsi que ce que cela a occasionné. Dans le cas
où le tort est avéré, le dirigeant sera condamné à payer des dommages et intérêts..
2 . Peut-on affirmer à raison que la faute de gestion est une notion complexe ?
La faute de gestion est en effet une notion complexe à plusieurs égards. Tout
d’abord, de par son caractère hybride. Comme son nom l’indique, elle est au
croisement du domaine du droit en ce qui concerne «la faute», et de celui de la
comptabilité et de la finance pour ce qui est de la «gestion». En outre, elle n’est
pas définie dans les textes; son appréciation est dévolue au pouvoir
discrétionnaire des magistrats qui ont toute latitude pour exercer leur contrôle
avec l’incertitude liée à l’aléa judiciaire.

Ses contours sont appréciés au cas par cas, ce qui en fait une notion mouvante
et difficile à appréhender. D’autant plus qu’elle peut concerner une large palette
d’actes ou d’omissions, qui vont de la simple irrégularité ou négligence à la
fraude caractérisée. Elle est généralement définie par les juristes comme tout
manquement aux règles qui définissent le comportement d’un mandataire social
normalement scrupuleux et diligent. Le dispositif prévu par le Code de
commerce est néanmoins difficile à mettre en œuvre dans la pratique, car cela
suppose la réalisation cumulative des conditions citées en réponse à votre
première question. Le lien de causalité direct entre la faute commise par le
dirigeant et l’insuffisance d’actifs de la société rend particulièrement étroite la
possibilité de mise en jeu de cette responsabilité.

Les défaillances d’entreprise sont en effet rarement dues à une seule décision ou
action, elles sont le plus souvent la résultante de plusieurs phénomènes
préjudiciables : concurrence déloyale, créances impayées, conjoncture
économique défavorable, mouvement social prolongé, lui-même induit par des
problématiques diverses, etc. Et puis, disons-le, les dirigeants qui seraient
susceptibles d’encourir cette sanction, ne disposent pas le plus souvent d’un
patrimoine personnel justifiant de déclencher la procédure en comblement de
passif. Quant à la petite frange de chefs d’entreprises malhonnêtes, ils
organisent généralement leur insolvabilité. Les effets néfastes de ce texte
semblent créer ainsi un a priori négatif qui contribue à bloquer tout
management audacieux, sans pour autant freiner les défaillances d’entreprise ni
permettre de désintéresser les créanciers des sociétés liquidées.
3 . Les fautes de gestion

Le dirigeant de société engage sa responsabilité s'il commet une faute de


gestion. Il existe d'innombrables cas dans lesquels la responsabilité du
dirigeant est retenue. Le législateur n'ayant pas prévu de cas précis, ce
sont les juges qui statuent sur la qualification d'une faute de gestion ou
non. Voici une liste non exhaustive de cas engageant la responsabilité
civile du dirigeant de la société :
manquement à l'obligation de loyauté ;
négligence ou défaut de surveillance ;
défaut de consultation des associés ;
mauvais résultat dans la gestion ;
politique commerciale ou financière contestable ;
octroi d'une rémunération abusive pour le dirigeant ;
concentration des pouvoirs de direction ;
engagement contractuel au nom de la société.

Le chef d'entreprise engage également sa responsabilité lorsqu'il


contrevient à des dispositions statutaires, comme le non-respect d'un
accord préalable des associés pour certaines décisions.
Plus largement, le dirigeant doit respecter les obligations légales et
réglementaires qui incombent aux sociétés. S'il contrevient à ses
dispositions, il engage aussi sa responsabilité.
Par ailleurs, le chef d'entreprise est responsable à l'égard de l'impôt, à
savoir qu'il engage sa responsabilité concernant les obligations fiscales qui
lui incombent, notamment lorsqu'il rend impossible le paiement de
l'impôt sur les sociétés.
Il a également des obligations en matière sociale, le paiement des
cotisations sociales notamment qui peut impliquer des pénalités en cas de
non versement auprès des organismes de Sécurité sociale.
3. 1. Analyse Approfondie de la Responsabilité Civile, Notamment la Responsabilité
Patrimoniale pour Faute de Gestion

Un dirigeant de droit ou de fait, comme tout administrateur ou membre du


Directoire, peut encourir une mise en cause de sa responsabilité civile,
notamment dans trois situations différentes : lorsqu’il commet une violation des
statuts, lorsqu’il y a un acte pris en dehors de l’intérêt social et lorsqu’il y a des
fautes commises dans sa gestion. La faute de gestion permet d’engager la
responsabilité dite «patrimoniale» en ce qu’elle se traduit par une action en
comblement de passif qui recherche le dirigeant sur ses avoirs personnels pour
payer les dettes de la société insolvable en ses lieu et place.

La réforme de la loi sur la SA d’avril 2019 (loi 20-19) a introduit par ailleurs une
faute de gestion par présomption de solidarité à l’encontre des administrateurs
ou membres du Directoire qui, sans avoir participé aux actes commis par les
dirigeants, auraient eu seulement connaissance de cette faute sans la révéler à la
prochaine assemblée générale. Le dispositif, à première vue très sévère, est
encadré par le Code de commerce en son article 738 qui pose des conditions
strictes à sa mise en jeu :
• une société en redressement ou en liquidation judiciaire;
• une société en situation d’insuffisance d’actifs;
• une faute de gestion commise;
• un lien de causalité entre la faute et la situation d’insuffisance d’actifs.

Ces conditions doivent être réunies cumulativement. L’action en comblement de


passif, qui se prescrit en 3 ans, peut être engagée soit par le juge en charge du
redressement ou de la liquidation, mais aussi à l’initiative du syndic ou du
Parquet. La responsabilité patrimoniale des dirigeants peut être également
recherchée par une autre procédure judiciaire, dite de «l’extension» du
redressement ou de la liquidation qui ne repose pas sur une faute de gestion,
mais sur des «faits» à caractère frauduleux (disposer des biens de la société
comme des siens, tenir une comptabilité fictive, avoir détourné ou dissimulé
tout ou partie de l’actif, etc.). Cette procédure a été notamment très médiatisée à
l’occasion de l’affaire de la Samir, puisqu’elle a permis de saisir tous les biens
des dirigeants et administrateurs pour désintéresser les créanciers de la société
liquidée.
3. 2. Impact du Contexte Actuel sur la Responsabilité des Dirigeants de SA :
Une Hausse des Mises en Cause pour Faute de Gestion ?

Nous ne sommes pas au bout de la crise Covid-19, mais à ce jour, il


semblerait que la vague des faillites annoncées n’ait pas eu lieu dans les
proportions attendues. Cela étant, ce premier constat ne vise que les sociétés
ayant franchi la porte du tribunal pour une procédure de sauvegarde, un
redressement ou une liquidation judiciaire. Car la cessation d’activité et
fermeture officieuse d’entreprises zombies ou déficitaires chroniques ne sont
pas concernées par la faute de gestion telle que l’organisent nos textes. Les
éventuelles fautes de gestion commises cette dernière année et demi ne seront,
dans tous les cas, révélées que dans plusieurs mois ou années, étant donné le
décalage entre la décision managériale incriminée, la cessation de paiement
qui en découlerait, et le processus judiciaire très long du redressement ou de
la liquidation. Il est donc trop tôt pour poser une évaluation de l’impact de
la crise covid-19 sur la mise en cause éventuelle de la responsabilité
patrimoniale des dirigeants.

3. 3. Sanctions prévues par la loi en cas de fautes commises par le dirigeant


es sanctions prévues par la loi 5-96 concernent les dirigeants des SARL, SNC,
SCS, SCA, SP.
Selon l’article 106, une amende comprise entre 2.000 et 20.000 dirhams est
prévue pour les gérants qui ont frauduleusement établi un apport en nature.
Une autre amende comprise entre 10.000 à 100.000 dirhams ainsi qu’un
emprisonnement de 1 à 6 mois en cas de répartition de dividendes fictifs à
certains associés, en cas de synthèses incorrectes, ou si le dirigeant ne présente
pas une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l’entreprise.
Cette même amende s’applique si le dirigeant utilise les biens de l’entreprise à
d’autres fins que l’intérêt économique (Article 107).
L’article 110 de la loi prévoit une amende comprise entre 2.000 et 20.000 dirhams pour
les dirigeants qui ne mettent pas à la disposition des associés les procès-verbaux des
assemblées générales, les états de synthèse, l’inventaire, ou tout rapport des
commissaires aux comptes. Cette amende s’applique aussi si le dirigeant ne procède pas
à une réunion de l’assemblée des associés dans un délai de 6 mois après la clôture de
l’exercice.
La loi 5-96 a aussi prévu des sanctions qui s’appliquent uniquement aux dirigeants des SARL. On
retrouve ainsi l’article 113 qui prévoit une peine d’emprisonnement de 1 à 6 mois ainsi qu’une amende
pouvant atteindre 40 000 dhs en cas de fausse déclaration sur les parts sociales des associés, sur le dépôt
des fonds, ou en cas d’omission d’établissement de la déclaration. Le dirigeant de la SARL est aussi
sanctionné dans le cas où il émet des valeurs mobilières fausses pour le compte de l’entreprise. L’amende
est comprise entre 2.000 à 30.000 dirhams ainsi qu’une peine d’emprisonnement.
La loi 17-95 prévoit aussi des sanctions pour les dirigeants des SA et fixe une amende comprise entre
100.000 à 1.000.000 dirhams si le dirigeant utilise des moyens frauduleux pour répartir des dividendes
fictifs ou en cas de dissimulation des états de synthèses de la société.
Enfin, les articles 385 et 386 prévoient une amende allant de 6000 et 400 000 dhs pour les dirigeants de
SA qui omettent de faire les délibérations après les conseils d’administration avec des procès-verbaux. La
sanction est aussi la même si le dirigeant ne dresse pas l’inventaire. Cette même sanction est appliquée si
le dirigeant ne dépose pas dans les délais auprès du greffe les états de synthèse et le rapport des
commissaires aux comptes.

3. 4. les principaux éléments susceptibles de prévenir au maximum les risques


relatifs à la faute de gestion d’un dirigeant de SA ?

Selon les dispositions de notre droit civil, le dirigeant doit répondre à une triple
obligation : compétence, diligence et bonne foi. Cela est résumé par le principe de
gestion «en bon père de famille», héritage désuet du Code civil napoléonien, que l’article
903 du DOC transcrit en évoquant «une gestion diligente, attentive, scrupuleuse,
conforme au mandat et aux instructions spéciales et ne faisant omission d’aucun usage
dans les affaires». Prévenir une faute de gestion suppose de respecter des éléments de
bon sens propres à une saine gouvernance : un chef d’entreprise, comme tout organe de
direction, doit assumer un mandat effectif, se tenir informé des lois et règlements, et de
tout élément comptable ou financier et exercer pleinement ses fonctions en exécutant
chaque mission et instruction de son mandat.

Être accompagné par un conseiller fiscal et juridique notamment et par tout appui
technique nécessaire à son activité. Il devra par ailleurs nouer un dialogue régulier et
transparent avec son commissaire aux comptes et son auditeur, qui sont les vigies
interne et externe lui permettant de déceler et corriger les risques inhérents à la gestion
d’un mandat social et affectant l’intérêt de la société. Sans omettre une relation loyale et
respectueuse des bonnes règles envers ses actionnaires, ses salariés et créanciers. Les
délégations de pouvoir nécessitent de ce fait une attention toute particulière. Une
assurance en responsabilité civile couvrant les risques liés à la gestion peut être
envisagée selon la taille, le secteur d’activité et les enjeux financiers de la société.
Chapitre 3 . La liquidation judiciaire
La liquidation judiciaire est une procédure collective applicable à toute personne
morale de droit privé en état de cessation des paiements et dont le redressement est
manifestement impossible. La loi a prévu qu’un jugement de clôture de liquidation
judiciaire pour insuffisance d’actif entraîne automatiquement la dissolution de la
société. La liquidation judiciaire a pour objectif le meilleur désintéressement des
créanciers par la réalisation la plus efficace de l'actif du patrimoine du débiteur. Il a
lieu quand la situation de l'entreprise est irrémédiablement compromise.

Le jugement de liquidation emporte de droit de dessaisissement, à sa date et pour le


débiteur, de l'administration et de la disposition de ses biens même acquis, à quelque
titre que ce soit, jusqu'à la clôture de liquidation. Les droits et actions concernant son
patrimoine sont donc exercés, jusqu'à la clôture, par le syndic. C'est lui également qui
conduit la poursuite temporaire de l'activité de l'entreprise.
Par conséquent, l'acte accompli par le débiteur seul est frappé d'une irrecevabilité
d'ordre public, comme le confère l'Arrêt du 07/06/2004 de la Cour d'Appel de
Casablanca".

A cet égard, une question mérite d'être posée, à savoir si les actes d'administration fait
par un conjoint d'un débiteur dessaisi sur les biens commun sont également interdit?
La Cour de Cassation a répondu par l'affirmative en admettant que le jugement
d'ouverture s'étend aux biens communs. Ces biens sont donc soumis à la régle
d'administration (antrôlée en cas de redressement judiciaire et à celle de
dessaisissement du débiteur en cas de liquidation judiciaire".

En effet, si l'intérêt général ou celui des créanciers l'exige le tribunal peut autoriser le
maintien de l'activité pour une durée qu'il fixe, soit d'office, soit à la demande du
syndic ou du procureur du roi". Il est à noter que seul le procureur du Roi ou le
syndic, d'après l'article 620 du Code de Commerce, ont la qualité de demander au
président du tribunal la continuation de l'exploitation de l'Entreprise. C'est ainsi qu'a
décidée la cour d'appel de commerce du Fès en refusant au débiteur cette prérogative".
En pareil cas, les dispositions relatives aux contrats en cours et aux créanciers nés
après ouverture du redressement judiciaire sont applicables.
Pour le surplus, la liquidation judiciaire s'ordonne au tour de deux préoccupations
dominantes: la réalisation de l'actif et le règlement du passif.
exp : la liquidation d’une société
Les articles 1844-8 et 1844-9 du Code civil pour les sociétés civiles et les articles L. 237-1 à
L. 237-31 du Code de commerce, pour les sociétés commerciales, réglementent cette
opération.
La dissolution de la société entraîne sa liquidation. Elle n’a d’effet à l’égard des tiers
qu’après la publication de cette dissolution.
La liquidation est l’ensemble des opérations qui, après dissolution d’une société, ont pour
objet la vente des éléments d’actif (réalisation) et le paiement des créanciers sociaux en
vue de partager entre les associés l’actif net éventuel (boni de liquidation).
La liquidation à la suite d’une décision de dissolution est exceptionnellement écartée en
cas de fusion, scission ou réunion de toutes les parts ou actions en une même main (après
une fusion absorption, la société absorbée est dissoute mais ne sera pas liquidée).

1. Règles et processus de liquidation en général


1.1 Règles concernant la société

« La personnalité morale subsiste pour les besoins de la liquidation, le liquidateur est


nommé
conformément aux statuts, et, dans le silence de ceux-ci, il est nommé par les associés
ou par décision de justice. » (art. 1844-8 al. 2 et 3, C. civ.)

La survie de l’être moral, limitée aux exigences de la liquidation, permet d’effectuer


les
opérations nécessitées par cette dissolution : les opérations de liquidation. Il en
résulte des
conséquences importantes.

■ Nomination et rôle du liquidateur

Les associés, lors du partage, peuvent valablement décider que certains biens seront
attribués à certains associés. Tout bien apporté qui se retrouve en nature dans la masse
à partager peut être attribué, sur sa demande, à l’associé qui en avait fait l’apport à
charge de soulte éventuelle (somme égale à la différence entre la valeur du bien et ce
qu’il aurait dû recevoir du partage) (art. 1844-9 al. 3, C. civ.).
■ Impacts de la liquidation sur la société
La personnalité morale subsiste pour les besoins de la liquidation.
La société conserve son siège social, sauf décision autre des associés, ainsi que sa
dénomination sociale.
Pendant toute la période de liquidation, la dénomination sociale doit être suivie de la
mention « société en liquidation ».
La société a toujours son patrimoine social sur lequel les créanciers sociaux peuvent
exercer leurs droits.
La société est toujours inscrite au Registre du commerce et des sociétés.

■ Fin des opérations de liquidation


À la fin des opérations de liquidation, les associés seront convoqués par le
liquidateur pour
statuer sur ses comptes définitifs. Cette assemblée répartira, éventuellement, le boni
ou le mali de liquidation entre les associés, donnera quitus(1) au liquidateur, le
déchargera de son mandat, réglera le sort fiscal des droits éventuels dus au Trésor
public et constatera la clôture de la liquidation. Une publicité de cette assemblée doit
être réalisée pour annoncer aux tiers la disparition de la personne morale.

1.2 Règles concernant les tiers

La publicité de la dissolution est effectuée par la personne chargée de la liquidation,


« le liquidateur », qui doit réaliser certaines formalités :
■ Formalités
• Une insertion dans un journal d’annonces légales.
• Un dépôt au greffe du tribunal de commerce des actes et procès-verbaux décidant
de la dissolution et désignant le ou les liquidateurs.
• Une inscription modificative au registre du commerce et des sociétés dans le mois
de la date de dissolution ;cette modification n’est pas une radiation de la société,
celle-ci sera demandée plus tard par le liquidateur après la clôture de la liquidation.
• Une inscription au BODACC à la diligence du greffier.

-Conséquence du défaut de publicité:


La dissolution ne produit aucun effet vis-à-vis des tiers. La société est considérée
comme fonctionnant normalement.

- Sanction:
Le liquidateur engage sa responsabilité pour faute commise dans l’exercice de ses
fonctions.

2. Règles spécifiques de liquidation des sociétés commerciales

L’article L. 237-1 du Code de commerce. permet d’organiser la liquidation d’une


société commerciale dans les statuts ou par convention, à condition de respecter
impérativement les règles suivantes.

2.1 Règles impératives


La dissolution met fin aux pouvoirs des organes de gestion, de direction,
d’administration
(art. L. 237-15, C. com.) mais elle ne met pas fin aux fonctions du conseil de
surveillance et des CAC (art. L. 237-16, C. com.).
En l’absence de CAC, les associés peuvent nommer des contrôleurs dont ils
fixeront les pouvoirs, obligations, rémunérations et durée des fonctions (art.
L. 237-17, C. com.).
2.2 LE(S) LIQUIDATEUR(S) : MANDAT ET RÔLE

Un ou plusieurs liquidateurs doivent être désignés par les associés à une


majorité variable selon la forme juridique de la société (art. L. 237-18, C.
com.). Il peut être désigné par décision de justice à la demande de tout
intéressé si les associés n’ont pu le nommer (art. 237-19, C. com.) ou si la
dissolution a été prononcée par décision de justice (art. L. 237-20,C. com.).
Le liquidateur est nommé pour une durée de trois ans maximum
renouvelable sur demande justifiée de celui-ci (art. L. 237-21, C. com.). Il
peut être révoqué et remplacé selon les formes prévues pour sa nomination
(art. L. 237-22, C. com.).
Dans les 6 mois de sa nomination (ou 12 mois à la demande du
liquidateur) il devra convoquer les associés et leur présenter un rapport sur
la situation active et passive de la société, sur la poursuite des opérations
de liquidation et le délai nécessaire pour les terminer (art. L. 237-23, C.
com.).
Le liquidateur représente la société, il se substitue donc, dans la fonction
de représentation, aux organes dirigeants puisque la dissolution a mis fin à
leurs mandats. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour réaliser
l’actif. Les restrictions de ses pouvoirs sont inopposables aux tiers. Il est
habilité à payer les créanciers et répartir le solde disponible entre les
associés (art. L. 237-24 al. 1 et 2, C. com.).
Il ne peut continuer les affaires en cours ou en engager de nouvelles pour
les besoins de la liquidation que s’il y a été autorisé par les associés ou par
décision de justice (s’il a été nommé par cette voie) (art. L. 237-24 al. 3, C.
com.).
Dans les trois mois de la clôture de chaque exercice (dans l’hypothèse où la
liquidation s’étale sur plusieurs exercices) le liquidateur doit établir les
comptes annuels, l’inventaire, un rapport
sur les opérations de liquidation menées lors de l’exercice écoulé (art. L.
237-25 al. 1, C. com.).
Il faudra aussi qu’il convoque les associés une fois par an dans les six mois
de la clôture de l’exercice, si la liquidation s’étale sur un ou plusieurs
exercices. L’assemblée des associés statuera sur les comptes annuels,
renouvellera le mandat des contrôleurs, commissaires aux comptes ou
membres du conseil de surveillance (art. L. 237-25 al. 2, C. com.). Les
règles de majorité sont celles prévues par la loi (art. L. 237-27, C. com.).
2.3 RÈGLES DE MAJORITÉ LORS DE LA LIQUIDATION

Les associés liquidateurs peuvent prendre part au vote (art. L. 237-27 IV, C. com).
Pendant la liquidation, les associés ont un droit de communication des documents
sociaux dans les mêmes conditions qu’avant la dissolution (art. L. 237-26, C. com.).

2.4 LA RESPONSABILITÉ DU LIQUIDATEUR

Le liquidateur a une responsabilité civile vis-à-vis de la société et des tiers pour les
conséquences dommageables des fautes qu’il commet dans l’exercice de ses fonctions
(art. L. 237-12, C. com.).
L’action en responsabilité civile contre le liquidateur tant sociale qu’individuelle se
prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou, s’il a été dissimulé, de sa
révélation.
Quand le fait est qualifié crime, l’action se prescrit par dix ans (art. L. 225-254, C.
com. sur renvoi de l’art. L. 237-12, C. com.).

EXEMPLE

Un liquidateur oublie certains créanciers sociaux, n’indique pas la mention « société


en liquidation » sur le papier à lettre de la société : il en sera responsable.
Outre cette responsabilité civile, le liquidateur est passible de sanction pénale (art. L.
247-8,C. com.) : emprisonnement jusqu’à 5 ans et amende de 9 000 € si, de mauvaise
foi, il a fait
des biens ou du crédit de la société en liquidation un usage qu’il savait contraire à
l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou
entreprise dans laquelle il est intéressé directement ou indirectement.
Il est passible des mêmes sanctions s’il cède tout ou partie de l’actif social à certaines
personnes (visées par les articles L. 237-6 et L. 237-7, C. com.).
Le liquidateur engage aussi sa responsabilité fiscale car il ne doit procéder à une
distribution entre associés qu’après avoir vérifié que les directs dus par la société ont
été payés (art.L. 265, Livre des procédures fiscales).
3 . LA RÉFORME JURIDIQUE DU REDRESSEMENT ET DE LA LIQUIDATION
JUDICIAIRES AU MAROC : ÉVOLUTION, EFFICACITÉ ET LACUNES
L’actuel système juridique marocain de redressement et de liquidation judiciaires
provient de la réforme ordonnée par le Dahir du 1er août 1996 qui établit un nouveau
Code de commerce. Les dispositions se rapportant au traitement des difficultés des
entreprises sont incluses dans le livre V dudit Code. Ces dispositions ont été
complétées par le Dahir du 12 février 1997 créant des tribunaux de commerce
compétents pour tous les litiges en rapport avec le traitement des difficultés des
entreprises. Cette nouvelle législation a notamment été élaborée pour protéger les
entreprises par la réhabilitation (plan de continuation de l’entreprise ou plan de
transfert) ou la liquidation, la valeur de ses actifs et son potentiel industriel et/ou
commercial, ainsi que les emplois en sauvegardant les intérêts des créanciers par le
paiement des dettes. L’actuelle procédure marocaine unifiée en matière de
redressement et liquidation judiciaires constitue un pas décisif par comparaison à
l’ancien régime de 1913 et est beaucoup mieux adaptée au contexte d’une économie de
marché. Le système comprend plusieurs dispositifs empruntés aux lois modernes. Le
nouveau Code de commerce établit un système de redressement ou de liquidation
judiciaires détaillé, mais qui n’a pas encore prouvé son efficacité. Les obstacles
principaux à son efficacité sont le manque général de références pour les juges et un
environnement professionnel insuffisant. Le système contient les outils et dispositifs
techniques nécessaires pour le rendre approprié quand les éléments régulateurs,
institutionnels et humains auront été améliorés. Si certains concepts de base de la
nouvelle loi ont, au départ, entraîné un certain nombre de difficultés d’interprétation,
la jurisprudence semble les clarifier. En particulier, la loi pose comme condition
fondamentale de l’ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation
judiciaires, la preuve de la cessation des paiements du débiteur. Les tribunaux exigent
la preuve d’une demande écrite de paiement et sont, aujourd’hui, unanimes quant à la
nécessité de prouver que le débiteur est incapable de payer ses dettes quand celles-ci
arrivent à échéance et que le paiement a été réclamé sur les actifs disponibles.
En 2006, l’USAID a entrepris un vaste examen des règlements de faillite à la
lumière de la réforme de 1996 et a produit une étude en 2008 qui souligne
certaines lacunes du système. Les critiques principales sur le régime actuel
portent sur le fait que les experts juridiques qui étaient impliqués dans la
rédaction de la nouvelle loi en 1995-1996 ont choisi de transposer une version
légèrement simplifiée des deux lois françaises régissant les procédures collectives.
Cette transposition n’a pas correctement pris en compte les éléments du cadre
institutionnel tels que le système judiciaire, le cadre des affaires et le contexte
socio-économique. En particulier, les rédacteurs n’ont pas non plus tenu compte
du contexte socioéconomique français, qui comprend des aides régionales et
locales et des systèmes de financement des entreprises en difficulté. Il n’existe pas
de système d’aide similaire au Maroc. Un autre défaut du processus de réforme
relevé par l’étude de l’USAID est, qu’en 1996, les réformateurs ont seulement
regardé le texte de loi français et n’ont pas tenu compte du cadre réglementaire
(les décrets d’application, par exemple), de l’aide gouvernementale aux
opérateurs économiques (y compris les fonds locaux et régionaux adressés aux
opérateurs) et de la jurisprudence française existante.
Les dispositions incomplètes ont conduit les juges marocains à développer une
jurisprudence destinée à combler ces lacunes.

4 . ENJEUX ET PERSPECTIVES DE LA RÉFORME JURIDIQUE AU MAROC : VERS UN


SYSTÈME DE REDRESSEMENT ET DE LIQUIDATION JUDICIAIRES PLUS EFFICACE

Le Maroc a également passé un premier exercice ROSC (Rapport sur


l’observation des normes et des codes) de la Banque mondiale qui a montré les
difficultés d’application par les tribunaux, mais aussi les problèmes de régulation
et de formation des professionnels dans ce domaine. Le dernier problème souvent
avancé pour la mise en œuvre efficace du système marocain de la faillite réside
dans la qualité des services fournis par les syndics. Ces derniers sont nommés par
les juges des tribunaux de commerce pour gérer le processus de liquidation.
Cependant, il semble, comme cela a été rapporté par les différentes organisations,
qu’il manque un cadre réglementaire et institutionnel pour régir le rôle de ces
professionnels. Il semble également y avoir un manque de formation suffisante
ou d’exigence universitaire pour leur sélection et leur nomination.
Il y a donc des discussions au Maroc sur la réforme du droit du redressement et de la
liquidation
judiciaires, qui ont également profité de la participation du secteur privé. Une loi relative
au traitement des difficultés des entreprises requerrait un travail considérable des
professionnels appartenant à des disciplines différentes. Cette loi devrait :
(1) fournir des procédures efficaces pour aider au règlement impartial, juste et rapide des
litiges en ce domaine ;
(2) apporter les mécanismes nécessaires pour distinguer les sociétés viables des sociétés
non viables et aider les sociétés viables à surmonter les problèmes temporaires auxquels
elles sont confrontées ;
(3) assurer aux opérateurs du marché que la loi interviendra pour protéger leurs intérêts
et attentes légitimes ;
(4) être flexible pour pouvoir s’adapter au évolutions de l’économie ;
(5) prendre en compte les implications économiques et sociales du redressement et de la
liquidation judiciaires ;
(6) encourager les règlements privés ;
(7) permettre de traiter avec les entreprises avant la cessation des paiements. Ces
questions sont régulièrement débattues dans le cadre du Groupe de travail sur le
gouvernement d’entreprise du Programme MENA-OCDE pour l’investissement.

5 . LES PRINCIPES DE LA BANQUE MONDIALE POUR DES DROITS


EFFECTIFS DU CRÉANCIER ET DES SYSTÈMES DE REDRESSEMENT ET DE
LIQUIDATION JUDICIAIRES

Bien que les approches adoptées par les pays varient, des systèmes de redressement et de
liquidation judiciaires devraient notamment avoir les objectifs suivants :
 Maximiser la valeur des actifs d’une société et les procédures de recouvrement des
créanciers ;
 Prévoir une liquidation efficace à la fois pour les sociétés en cessation de paiement et pour
celles dont la liquidation va entraîner des conséquences plus importantes pour les
créanciers ainsi qu’une réorganisation de sociétés viables ;
 Trouver un équilibre prudent entre la liquidation et la réorganisation, permettant la
conversion facile des dispositions d’une procédure à l’autre ;
 Prévoir un traitement égal des créanciers placés dans une même situation, y compris les
créanciers étrangers ou nationaux placés dans une situation identique ;
 Prévoir une solution opportune, efficace et impartiale de traitement des difficultés des
entreprises
 Éviter le recours inapproprié au redressement ou à la liquidation judiciaires ;
 Empêcher le démembrement prématuré des actifs du débiteur par les créanciers
individuels en quête de jugements rapides ;
 Fournir une procédure transparente qui contient et applique des règles claires de
distribution des risques pour rassembler et communiquer l’information ;
 Reconnaître l’existence des droits du créancier et respecter l’ordre des revendications
au moyen d’un processus prévisible et établi ;
 Établir un cadre pour le traitement des difficultés des entreprises internationales
avec l’identification des dispositifs étrangers.

CHAPITRE 4. INSOLVABILITÉ :

La définition de la cessation des paiements en droit Marocain conduit donc


inévitablement à confondre état de cessation des paiements et insolvabilité.
L'insolvabilité étant le fait de ne pas pouvoir honorer ses dettes exigibles au moyen de
son actif dans toutes ses composantes, il ne fait aucun doute qu'en droit marocain,
cette notion et la notion de cessation des paiements se confondent13.
L'insolvabilité est l'état d'une entreprise dont l'ensemble du passif est supérieur à
l'ensemble des éléments d'actif. Concrètement, cette situation est caractérisée par
l'absence de ressources ou de biens saisissables propres à l'entreprise permettant
d'apurer l'ensemble de ses dettes, ne serait-ce que de façon échelonnée.
Parvenir au constat d'insolvabilité revient donc à apprécier la situation de P'entreprise
à l'aune de son entier patrimoine, c'est-à-dire en fonction de la totalité de ses créances
et biens (principalement, de ses biens meubles et immeubles, corporels et incorporels)
formant son entier actif, par rapport à la totalité de ses obligations ou dettes
contractées, formant son entier passif
En revanche, déterminer si une entreprise est ou non en état de cessation des
paiements revient à comparer entre elles non pas les deux masses entières du passif et
de T'actif de l'entreprise formant son patrimoine, mais deux sous-ensembles de ces
masses, à savoir la partie de l'actif dite immédiatement disponible à la partie du passif
dite immédiatement exigible.

1 . LES LOIS ET RÉGLEMENTATIONS ENCADRANT LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES


DIRIGEANTS EN CAS D'INSOLVABILITÉ OU DE LIQUIDATION:

1. Lois sur la Faillite et l'Insolvabilité :


Ces lois définissent les procédures à suivre en cas d'insolvabilité et de liquidation.
Elles spécifient les responsabilités des dirigeants pendant ces processus, y compris
leurs devoirs envers les créanciers et l'entreprise.
2. Droit des Sociétés :
Les dispositions du droit des sociétés déterminent souvent les obligations fiduciaires
des dirigeants envers l'entreprise et ses actionnaires.
Elles peuvent stipuler des standards de conduite pour les dirigeants en période
d'insolvabilité, mettant l'accent sur la préservation des actifs et la protection des
intérêts des parties prenantes.
3. Responsabilité Civile et Sanctions :
Les lois civiles établissent les bases de la responsabilité civile des dirigeants. Elles précisent
comment et dans quelles circonstances les dirigeants peuvent être tenus responsables envers
l'entreprise, les créanciers, et d'autres parties prenantes. Les sanctions possibles, telles que des
amendes ou des interdictions de gestion, peuvent être définies.
4. Protection des Créanciers :
Les réglementations visent souvent à protéger les intérêts des créanciers. Cela peut inclure des
dispositions sur l'ordre de paiement des créances pendant la liquidation.
Certains pays mettent l'accent sur la transparence et la communication adéquate avec les
créanciers pour garantir un processus équitable.
5. Législation Préventive :
Certains systèmes juridiques encouragent la mise en place de pratiques préventives et de
mesures de gestion des risques pour éviter l'insolvabilité.
Des incitations à la diligence raisonnable et à la planification financière peuvent être
incorporées dans la législation.
6. Lois sur la Responsabilité des Dirigeants :
Des lois spécifiques peuvent être en place pour définir les normes de responsabilité des
dirigeants, y compris leur responsabilité personnelle en cas d'insolvabilité.
Elles peuvent spécifier les situations dans lesquelles un dirigeant peut être tenu
individuellement responsable des dettes de l'entreprise.
En analysant ces lois et réglementations, on peut mieux comprendre comment le cadre
juridique façonne la responsabilité civile des dirigeants en cas d'insolvabilité ou de
liquidation. La complexité de ces règles souligne l'importance pour les dirigeants de consulter
des conseillers juridiques pour naviguer à travers ces situations délicates.
2 . LES DEVOIRS FIDUCIAIRES ET OBLIGATIONS LÉGALE:
Pendant les périodes d'insolvabilité ou de liquidation, les dirigeants d'entreprise sont
soumis à des devoirs fiduciaires et à des obligations légales spécifiques. Ces
responsabilités visent à protéger les intérêts des différentes parties prenantes, y
compris les créanciers, les actionnaires et les employés. Voici quelques-uns des devoirs
fiduciaires et obligations légales qui leur incombent :
1. Devoir de Diligence Raisonnable :
Les dirigeants doivent continuer à exercer leur devoir de diligence raisonnable, même
en période d'insolvabilité. Cela implique de prendre des décisions éclairées et de bien
gérer les affaires de l'entreprise, en tenant compte des circonstances financières
difficiles.
2. Devoir envers les Créanciers :
Pendant l'insolvabilité, les dirigeants ont l'obligation de prioriser les intérêts des
créanciers. Cela peut inclure la communication transparente sur la situation financière
et la coopération dans le cadre des procédures de faillite.
3. Devoir envers les Actionnaires :
Les dirigeants conservent également un devoir envers les actionnaires, mais celui-ci
peut être nuancé. Les décisions doivent prendre en compte l'équité entre les différentes
classes d'actionnaires et ne pas favoriser indûment certains groupes.
4. Préservation des Actifs :
Les dirigeants ont l'obligation de veiller à la préservation des actifs de l'entreprise.
Cela implique d'éviter toute dilapidation ou détournement d'actifs susceptibles de
nuire aux créanciers.
5. Éviter les Conflits d'Intérêts :
Il est impératif d'éviter les conflits d'intérêts. Les dirigeants ne doivent pas favoriser
leurs propres intérêts personnels au détriment de l'entreprise ou de ses créanciers.
6. Respect des Procédures Légales :
Les dirigeants doivent se conformer aux procédures légales spécifiques à l'insolvabilité
ou à la liquidation. Cela peut inclure la nomination d'un administrateur judiciaire et la
coopération avec les processus de faillite.
7. Communication Transparente :
Une communication transparente est essentielle. Les dirigeants doivent informer
rapidement toutes les parties prenantes des développements significatifs, des risques
potentiels et des mesures prises pour atténuer les pertes.
8. Recherche de Solutions de Redressement :
Plutôt que d'opter directement pour la liquidation, les dirigeants ont l'obligation
d'explorer toutes les options de redressement possibles qui pourraient permettre à
l'entreprise de se relever de ses difficultés financières.
Ces devoirs fiduciaires et obligations légales spécifiques reflètent la nécessité pour les
dirigeants de maintenir une conduite éthique, transparente et responsable, même
lorsque l'entreprise fait face à des défis financiers majeurs. En négligeant ces
responsabilités, les dirigeants risquent des conséquences légales importantes.

3 . ORGANISATION DE L’INSOLVABILITÉ D’UNE SOCIÉTÉ

Ce délit est défini par l’article 314-7 du nouveau Code Pénal comme suit :
Les dirigeants de droit ou de fait d’une personne morale, qui auront organisé ou aggravé son
insolvabilité, soit en augmentant le passif ou en diminuant l’actif de son patrimoine, soit en
dissimulant certains de ses biens, lorsque cette personne morale sera tenue à des obligations
pécuniaires résultant d’une condamnation prononcée en matière pénale, délictuelle ou
quasi-délictuelle seront punis de trois d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Bien d’autres infractions sont susceptibles d’être commises par les dirigeants (prise illégale
d’intérêts, corruption, diffamation, faits d’imprudence ou de négligence…).
3. 1 . CAUSES DE L'INSOLVABILITÉ OU DE LA LIQUIDATION JUDICIAIRE :

Problèmes Financiers : Des difficultés financières persistantes, telles que des pertes
continues, un endettement excessif, ou des coûts opérationnels élevés, peuvent
conduire à l'insolvabilité.
Mauvaise Gestion : Une gestion inefficace, des décisions stratégiques erronées ou une
gouvernance défaillante peuvent compromettre la viabilité financière de l'entreprise.
Changements Économiques : Des changements économiques imprévus, tels qu'une
récession, des fluctuations de change ou des crises sectorielles, peuvent affecter
négativement la stabilité financière d'une entreprise.
Concurrence Féroce : La pression concurrentielle intense peut entraîner une baisse
des parts de marché et des marges bénéficiaires, contribuant ainsi à des problèmes
financiers.
Endettement Excessif : Un niveau d'endettement excessif, notamment si les échéances
de remboursement ne peuvent pas être respectées, peut conduire à des difficultés
financières graves.
Signes Précurseurs :
Problèmes de Trésorerie : Des difficultés à maintenir une trésorerie positive peuvent
indiquer des problèmes financiers sous-jacents.
Baisse des Marges Bénéficiaires : Une diminution significative des marges
bénéficiaires peut signaler des problèmes de rentabilité.
Retards de Paiement : Des retards fréquents dans le paiement des fournisseurs
peuvent indiquer des difficultés de trésorerie.

3. 2 IMPACT DES DÉCISIONS DE GESTION SUR L'INSOLVABILITÉ OU LA


LIQUIDATION JUDICIAIRE :

Stratégie Financière : Les décisions en matière de financement, telles que l'émission de


dettes ou l'utilisation de crédit, peuvent influencer la capacité de remboursement et
jouer un rôle majeur dans la stabilité financière de l'entreprise.
Investissements : Des investissements malavisés, surtout s'ils ne génèrent pas les
rendements escomptés, peuvent aggraver les difficultés financières et contribuer à
l'insolvabilité.
Gestion des Coûts : Des stratégies de gestion des coûts inefficaces peuvent entraîner
une augmentation des dépenses opérationnelles, mettant en péril la rentabilité et la
liquidité.
Gestion des Stocks : Une mauvaise gestion des stocks peut conduire à des surstocks,
affectant la trésorerie et contribuant à des problèmes de liquidité.
Décisions Commerciales : Des décisions commerciales, telles que l'entrée sur de
nouveaux marchés ou la sortie de segments d'activité, peuvent avoir des implications
financières significatives et influencer la santé globale de l'entreprise.
Politique de Crédit : Une politique de crédit laxiste peut entraîner des retards de
paiement des clients, affectant négativement la trésorerie.
Gestion des Ressources Humaines : Des décisions relatives à la gestion des effectifs,
comme des licenciements massifs ou des réductions salariales, peuvent avoir des
répercussions sur la productivité et la morale des employés.
Communication Financière : Une communication inadéquate ou trompeuse envers les
investisseurs, les créanciers ou le public peut entraîner une perte de confiance,
aggravant la situation financière.
Négociation avec les Créanciers : Les décisions prises lors des négociations avec les
créanciers, notamment les modalités de remboursement et les échéances, peuvent
affecter la flexibilité financière de l'entreprise.
Prise de Risques : Une approche excessive envers le risque sans une gestion appropriée
peut conduire à des pertes financières substantielles et contribuer à la détérioration de
la situation financière.
L'impact de ces décisions de gestion dépend de divers facteurs, y compris le contexte
économique, le secteur d'activité de l'entreprise et la compétence de la direction. Une
évaluation prudente des répercussions financières à long terme est cruciale pour éviter
des conséquences graves telles que l'insolvabilité ou la liquidation judiciaire.
Perte de Clients Importants : La perte de clients clés peut avoir un impact significatif
sur les revenus et la stabilité financière.
Changements dans la Cotation de Crédit : Une dégradation de la cotation de crédit de
l'entreprise peut refléter des préoccupations quant à sa stabilité financière.
Diminution de la Valeur des Actifs : Une dépréciation substantielle des actifs peut
signaler des problèmes sous-jacents.
Conflits Internes Importants : Des conflits internes, notamment au sein de la haute
direction, peuvent affecter la prise de décision et la stabilité de l'entreprise.
Perte de Confiance des Investisseurs : Une diminution de la confiance des investisseurs
peut se traduire par une baisse du cours de l'action et une difficulté à lever des fonds.
La reconnaissance précoce de ces signes précurseurs est cruciale pour les dirigeants
afin de mettre en place des mesures correctives et préventives. Une gestion proactive
peut parfois permettre d'éviter des conséquences plus graves, comme l'insolvabilité ou
la liquidation judiciaire.
4. LA RESPONSABILITÉ DES DIRIGEANTS DANS LE CONTEXTE DE L'INSOLVABILITÉ
D'UNE SOCIÉTÉ AU MAROC

est régie par le droit des sociétés marocain. Il est important de noter que les lois
et régulations peuvent évoluer, alors il est recommandé de consulter les sources
juridiques les plus récentes ou de consulter un professionnel du droit pour des
conseils actualisés.

Dans le cadre de l'insolvabilité d'une société, les dirigeants peuvent être tenus
responsables de certaines actions ou omissions qui ont contribué à la situation
financière difficile de l'entreprise. Voici quelques points à considérer :
Devoirs fiduciaires : Les dirigeants d'une société ont des devoirs fiduciaires
envers la société et ses actionnaires. Cela inclut des obligations telles que
l'obligation de diligence, de loyauté et de bonne foi dans la gestion de la société.
Insolvabilité frauduleuse : Si les dirigeants sont impliqués dans des transactions
frauduleuses ou des actes malveillants qui ont contribué à l'insolvabilité de la
société, ils peuvent être tenus responsables sur le plan pénal et civil.

Obligation de déclaration : Les dirigeants peuvent avoir l'obligation de déclarer


l'insolvabilité de la société dès qu'ils en ont connaissance. Le non-respect de cette
obligation peut entraîner des conséquences légales.
Gestion négligente : Les dirigeants peuvent être tenus responsables s'ils sont
jugés négligents dans la gestion de la société, ce qui a contribué à sa situation
d'insolvabilité. Engagements financiers excessifs : Si les dirigeants ont pris des
engagements financiers excessifs ou ont pris des risques inconsidérés qui ont
conduit à l'insolvabilité, ils peuvent être tenus responsables.

En cas d'insolvabilité, la société peut être soumise à une procédure de


redressement judiciaire ou de liquidation, et les dirigeants peuvent être
impliqués dans ces processus. Les lois spécifiques régissant la responsabilité des
dirigeants peuvent varier en fonction de la structure juridique de la société
(société anonyme, SARL, etc.) et d'autres facteurs.
Il est fortement recommandé que les dirigeants consulter un avocat spécialisé
dans le droit des sociétés pour comprendre pleinement leurs obligations et
responsabilités spécifiques dans le contexte de l'insolvabilité de la société.
5 . TRAVAUX DU PROGRAMME D’INVESTISSEMENT MENA-OCDE SUR
L’INSOLVABILITÉ DANS LES PAYS DE LA RÉGION MENA :
RECOMMANDATIONS RELATIVES AU TRAITEMENT DES DIFFICULTÉS DES
ENTREPRISES
 Des efforts sont nécessaires pour construire des lois plus sophistiquées sur le
traitement des difficultés des entreprises dans la région MENA et la capacité
institutionnelle requise pour leur mise en œuvre. Il existe d’importants éléments de
comparaison internationale, tels que les principes pour des systèmes de traitement des
difficultés des entreprises et des droits des créanciers efficaces de la Banque mondiale et
le guide juridique de la CNUDCI sur la faillite, qui pourraient être utiles aux
juridictions des pays de la zone MENA intéressés par le renforcement de leurs systèmes
de redressement et liquidation judiciaires conformément aux standards reconnus.

 Les systèmes de traitement des difficultés des entreprises comprennent des options
politiques différentes sur la gestion du risque et devront prendre en considération les
forces et faiblesses des infrastructures institutionnelles, le niveau de développement
économique et l’existence des traditions sociales.

 Indépendamment de l’importance des approches spécifiques des pays, il existe


certains dispositifs fondamentaux dans les systèmes de traitement des difficultés des
entreprises. L’un d’eux est le besoin d’équilibrer les intérêts des débiteurs et créanciers.

 Les dirigeants politiques devraient reconnaître les bénéfices de systèmes de


redressement et liquidation judiciaires sains pour une redistribution efficace des
ressources, car, l’absence de tels régimes peut provoquer la fuite des capitaux, détruire
la valeur du secteur entrepreneurial et financier, frustrer les créanciers et décourager les
investisseurs nationaux et étrangers.

 Des réformes sur le traitement des difficultés des entreprises dans la région MENA
devraient comprendre des mesures de sauvetage et de restructuration qui sont
largement absentes des cadres actuels.

 Les mécanismes formels et informels devraient se compléter. Des mécanismes


formels efficaces ont un effet de discipline sur les créanciers et les débiteurs. Des
mécanismes informels bien développés sont nécessaires dès lors que les tribunaux ne
vont probablement pas avoir la capacité de traiter tous les cas de faillite.

 Les systèmes judiciaires constituent le cœur des institutions en matière de traitement


des difficultés des entreprises. Leur indépendance et leur intégrité, l’expertise et la
qualité du service devraient être améliorées pour que ces systèmes remplissent
pleinement leur rôle.
 Les systèmes judiciaires dans les pays de la région MENA seraient sévèrement
engorgés s’ils étaient sollicités pour mener activement des mesures complexes de
banqueroute et de réorganisation. Alors qu’il existe un besoin de supervision de telles
mesures, la surcharge des tribunaux serait plus gérable si la négociation et les droits de
règlement des créanciers et de leurs représentants étaient davantage développés.

 À cette fin, il est important de se concentrer sur la nécessité de l’émergence de


professionnels qualifiés qui pourraient agir comme des administrateurs et des
conseillers des entreprises soumises à la réorganisation. L’instauration de règles claires
se rapportant aux droits, devoirs, responsabilités, et à l’éthique est nécessaire pour
réglementer les professionnels en la matière.
Conclusion
La responsabilité civile des dirigeants d'entreprise en cas d'insolvabilité ou de
liquidation judiciaire est un sujet complexe et crucial dans le domaine du droit
des affaires. Ce rapport a examiné les différentes sanctions auxquelles les
dirigeants peuvent être confrontés dans de telles situations, tant sur le plan civil
que pénal.

Voici les principales conclusions qui peuvent être tirées :

Évolution du droit des entreprises en difficulté : Le droit marocain a connu des


évolutions significatives dans le domaine du droit des entreprises en difficulté. Il
est passé d'un droit de la faillite à un droit des entreprises en difficulté, mettant
l'accent sur le traitement des difficultés financières des entreprises sans
nécessairement porter un jugement de valeur sur le comportement du dirigeant .

Distinction entre faillite et liquidation judiciaire : Le rapport souligne la


distinction entre la faillite, qui est une procédure judiciaire de règlement collectif
des dettes d'un commerçant, et la liquidation judiciaire, qui est une procédure
plus souple permettant au débiteur non fautif de bénéficier d'un concordat .

Sanctions distinctes pour les dirigeants : Selon le droit marocain, les dirigeants
d'entreprise ne subissent pas automatiquement de sanctions particulières en cas
d'insolvabilité ou de liquidation judiciaire de l'entreprise. Les sanctions sont
subordonnées à la commission de fautes distinctes .

Procédures préventives : Le droit marocain prévoit également des procédures


préventives, telles que la suspension provisoire des poursuites, qui visent à éviter
la disparition d'entreprises en difficulté et à préserver l'intérêt des créanciers .

En conclusion, le rapport met en évidence l'évolution du droit marocain dans le


domaine des entreprises en difficulté, en mettant l'accent sur le traitement des
difficultés financières des entreprises et en distinguant les procédures de faillite et
de liquidation judiciaire. Il souligne également l'importance des procédures
préventives et la nécessité de fautes distinctes pour imposer des sanctions aux
dirigeants d'entreprise en cas d'insolvabilité ou de liquidation judiciaire.
Bibliographie

Ouvrages et Articles
•Articles Par Romain Daubié, Avocat.
•Livre V du Code de Commerce
•Didier R.MARTIN, Droit commercial et bancaire marocain, Al madariss 4eme éd.,
Casablanca, 2010, p. 391.
•André JACQUEMONT, Droit des entreprises en difficultés, Litec 6me éd., Paris, 2009, p. 602.
•STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DU CLIMAT DES AFFAIRES

Textes juridiques
•Dahir nº 1-96-83 du 15 rabii 1 1417 (1 août 1996) portant promulgation de la loi n° 15-95
formant code de commerce, B.O. nº 4418 du 03/10/1996, p. 568 à 635.
•Code de commerce français.
•la loi n° 15-95
•DCG
•CCI Strasbourg

Jurisprudences marocaines
Tribunal de commerce Casablanca, 27/03/2000.
Cour d'appel Casablanca, 07/06/2004.
Cour d'appel Fès, 08/01/2003.
Cour d'appel Casablanca, 19/01/2001.

Jurisprudence françaises
Cass. Com. 8 juillet 2003.
Cass. Com. 4 avril 1998.
Cass. Com. 13 mars 2004.
Cass. Civ. 28 juillet 1987.
Cass. Com. 17 octobre 2000.
Cass. Com. 20 juin 1989.

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https://droitmaroc.wordpress.com/2007/05/23/la-cessation-de-paiement-vue-par-le- tribunal-de-
commerce-de-casablanca/
http://www.institut-idef.org/Situation-irremediablement.html
Source : http://www.worldbank.org/ifa/rosc_icr.html
Source : http://www.oecd.org/dataoecd/11/52/42551472.pdf et
http://www.oecd.org/dataoecd/51/30/44375185.pdf.

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