Le Magnetisme Curatif
Le Magnetisme Curatif
Le Magnetisme Curatif
LE MAGNÉTISME
CURATIF
AU FOYER DOMESTIQUE
Résumé des causeries familières sur le magnétisme
Faites par l’auteur en 1881,
au local de La Société scientifiques d’Études psychologiques à Paris
Deux mots au lecteur
En écrivant ce très modeste livre, mon intention ne saurait être d’en présenter le sujet au point
de vue scientifique. Après ce qu’en ont dit Mesmer, Deleuze, Du Potet, de Lafontaine, Ragazzi
et mille autres praticiens compétents, il ne me reste guère qu’à glaner sur leurs traces ; mais
cela me suffit. Le champ est assez vaste, la récolte assez riche, pour que, des épis épars sur le
sol, on puisse encore composer maintes gerbes. J’ai tâché de m’en faire une, et je l’offre à ceux
qui, ne pouvant étudier longuement des ouvrages spéciaux, ont cependant foi dans la nature et
soif de quelques directions sur l’emploi de cet agent si contesté, bien que parfaitement
incontestable qui s’appelle : MAGNÉTISME.
Aux premiers succès de curiosité remportés par la réapparition de cet élément dans le monde
contemporain, a succédé la phase de scepticisme que traverse invariablement toute vérité
réputée nouvelle1. — Je dis réputée, car chaque loi de nature est une vérité aussi vieille que la
nature même et ne se trouve nouvelle que pour notre ignorance. — Aujourd’hui, le vent est au
contrôle expérimental. Le Magnétisme comparaît au tribunal de la pratique et l’on doit convenir
qu’il s’y comporte bravement. D’innombrables guérisons attestent sa puissance et ceux-là
mêmes qui, naguère, souriaient, incrédules et railleurs au seul nom de cette force mystérieuse,
restent maintenant songeurs devant les FAITS et disent plus modestement : « Il y a vraiment là,
quelque chose à étudier. »
Eh bien, cher Lecteur, c’est ce Quelque chose que je viens vous proposer d’examiner, avec moi
pour l’utiliser au soulagement.... disons le mot, à la guérison d’une foule de maux dont
l’humanité gémit d’autant plus que, trop souvent, la Médecine s’avoue elle-même inhabile à les
détruire et, parfois, propre à les aggraver.
Le moment est donc propice pour une vulgarisation plus générale de cet étrange curatif que, —
par des raisons auxquelles nous reviendrons et que l’on devine du reste, — il convient
d’introduire dans la famille où chacun à»son tour, suivant le cas, pourra devenir le médecin des
siens, sans se ruiner en frais de visites ni de médicaments.
C’est dans ce domaine seul que nous allons suivre l’action magnétique après une courte
exposition du principe auquel on l’attribue, et nous ne parlerons que pour mémoire des
phénomènes de somnambulisme, de transmission de pensée, de catalepsie, etc., qui constituent
le terrain d’exploration spécial aux expériences scientifiques dont le caractère émane plutôt de
la Psychologie.
Je tâcherai d’indiquer clairement ce que chacun doit savoir s’il veut appliquer utilement aux
siens les ressources infinies de ce traitement.
Les magnétiseurs ont charge d’âmes, car ils sont dépositaires d’une vérité. Si le monde refuse
de faire son devoir en l’examinant, nous, du moins, nous aurons fait le nôtre en la lui offrant.
Sophie ROSEN-DUFAURE.
Paris, 1882
1
Jésus, et ses apôtres, en guérissant par l'imposition des mains, faisaient du magnétisme et, comme certains
magnétiseurs actuels, l'exerçaient souvent à distance. Il est même prouvé que, bien avant Jésus, les peuples de
l’antiquité connaissaient et pratiquaient l'action fluidique.
2
Chapitre 1 – Considérations préliminaires
Les effets magnétiques pouvant être provoqués par des procédés très variés, ont reçu des noms
divers suivant le point de vue particulier de chaque expérimentateur. Les mots : hypnotisme,
force neurique, magnétisme, etc., s’appliquent donc à des manifestations plus ou moins
identiques d’une seule et même cause.
Une telle divergence d’appréciations accuse assez d’incertitude sur la source de cette force.
Cependant, comme je l’ai déjà dit, mon but n’étant point, ici, d’ouvrir à ce sujet, une enquête
scientifique, nous nous bornerons à la simple constatation des FAITS ; et si, au cours de cette
étude, une conclusion quelconque se trouve formulée, ce ne sera jamais qu’à titre d’opinion
personnelle fondée, il est, vrai, sur de consciencieuses expériences, mais qui s’offrant à
l’examen de tous, ne prétend s’imposer à personne.
Nous n’avons point à rechercher si l’action magnétique existe ou non : de nos jours, peu de
gens la nient. Maints docteurs en reconnaissent l’irrécusable réalité, et bon nombre d’entre eux
l’utilisent d’une façon qui surprendrait fort leurs clients, si ces derniers en étaient instruits2.
Les séances de. M. le docteur Charcot, à la Salpêtrière, témoignent, du reste, que le Magnétisme
a conquis son droit de bourgeoisie dans le champ de la science ; et, bien qu’on l’y ait débaptisé
et rebaptisé sous le nom d’hypnotisme, pour laisser au célèbre professeur l’innocente gloire de
l’avoir inventé, nul ne s’est mépris à cette métamorphose et les adeptes du Magnétisme ont,
avec bonheur, acclamé sa présence sur la scène officielle. Disons cependant, que là, ce néophyte
d’un nouveau genre, s’est permis un assez mauvais tour envers son illustre parrain.
Celui-ci, persuadé de la fixité des phénomènes qu’il avait observés ; se croyant certain de les
reproduire exactement et à volonté par son procédé habituel, se trouva soudain, — c’est lui qui
l’affirme, — en face de faits, soi-disant hypnotiques, non-seulement imprévus, mais encore
insoupçonnés de lui. De telle sorte, qu’il dut ajourner ses conclusions sur son invention et
scruter plus attentivement que jamais des lois qu’il croyait avoir formulées et dont le dernier
mot lui échappait inopinément.
Cet incident qui infirme les déclarations du savant, venait à point pour justifier le dire des
magnétiseurs, lesquels ont toujours assuré que la force magnétique, émanant de la vie même,
est tellement individuelle et subtile, à la fois, que, soit chez l’opérateur, soit chez le sujet, elle
peut, dans certains cas, identiques en apparence, produire des effets très différents et même
opposés. — C’est de quoi la vieille Science, toujours toute d’une pièce, ne consent point à
s’accommoder. En véritable vieille Science qu’elle est, au lieu de constater, elle conteste ; et si
la nature ensoleillée vient, de fait, lui infliger un démenti, la vieille Science myope qui craint
fort la lumière, tourne vite le dos en hurlant : « Cela n’est point, cela ne saurait être ! Impossible
la vapeur, impossibles les chemins de fer, impossible l’électricité, impossibles, le phonographe,
le téléphone, etc., impossible, impossible, cent fois impossible. »
Cependant, la terre tourne toujours. Toutes ces impossibilités ont pris rang de réalité sur notre
globe ; elles se portent admirablement bien de l’anathème officiel, et le Magnétisme,
constamment mort et enterré sous les auspices de l’Institut, surgit aujourd’hui, plus fort, plus
dispos, plus narquois que jamais.
Que peut faire la vieille Science ? S’arracher le peu de cheveux qui lui restent et se taire.
Cet étrange XIXe siècle nous apparaît comme une période génésiaque et chaotique parfois
illuminée d’un éclair révélateur. Tout y est remis en question et, pour ne pas sortir de notre
sujet, ne parlons que de l’immense évolution dont la Médecine est aujourd’hui le théâtre. Elle
2
On cite des médecins de Paris qui en forment des sujets lucides et se renseignent par eux avec le plus grand
succès sur l’état de leurs malades.
3
se croyait bien solidement installée sur son monopole diplômé, lorsque, tout-à-coup, apparut
l’Homéopathie. S’enquérir de cette intruse, elle ne daigna, d’abord. Cela tomberait de soi-même
: que vouliez-vous que cela pût guérir ? Seuls, les sots et les fous croiraient aux globules : les
gens sensés continueraient à se faire saigner et purger jusqu’à extinction de forces, pour le plus
grand avantage des médecins et des fossoyeurs. Encore un coup, il est IMPOSSIBLE, —
toujours le grand mot, — de guérir au moyen des infinitésimaux.
Or, l’Homéopathie opéra des cures. Certains malades, condamnés sans retour par l’Allopathie,
guérirent au nez de celle-ci ; le plus vexant, c’est que la gloire en appartenait aux globules. On
rit jaune ; on haussa les épaules faute de mieux. Le hasard, l’imagination, la coïncidence, le
charlatanisme, furent tour à tour accusés de connivence avec ces globules détestés qui rendaient,
la santé sans saignées, vésicatoires, ni vomitifs. Mais l’Homéopathie allait son train. Elle faisait
des adeptes et même des prosélytes, jusque parmi les médecins. Elle eut ses chaires
d’enseignement, ses laboratoires autorisés et contribua singulièrement à la transformation
pharmaceutique, grâce à laquelle les médicaments sont, aujourd’hui, beaucoup moins
nauséabonds qu’autrefois.
L’Allopathie commençait, pourtant, à reprendre haleine. En somme, la nouvelle médecine ne
l’avait pas tuée.
On se disait bien, çà et là, dans le public, que le venin de la mouche charbonneuse échappe à
nos sens et, pourtant, inocule irrémédiablement la mort pour une échéance de vingt-quatre
heures ; que l’écume rabique, introduite dans le sang, par la dent aiguë d’un petit chien, est
inappréciable comme quantité, ce qui ne l’empêche point d’être mortelle ; que, par conséquent,
les infinitésimaux ne sont point à mépriser ; mais, si quelques esprits ergoteurs tenaient parfois
ce langage, il ne manquait pas de bonnes gens assez routiniers dans leur ignorance, pour se faire
tourmenter et même occire, conformément à la règle, par les anciens moyens.
Pauvre Allopathie ! Elle n’était pas au bout de ses peines !
Le magnétisme parut à son tour et lui, aussi, se posa comme curatif. Cette fois, il n’y avait pas
à se faire de souci ; l’Homéopathie, elle, au moins, donne quelque chose ; si peu que ce soit,
cela se voit, se palpe, se pèse au besoin. Mais le magnétisme ! Des gestes, des PASSES, comme
disent les escrocs qui le pratiquent. Ce traitement-là peut être impunément suivi, il ne fera ni
bien ni mal. On ne saurait en voir les éléments, donc ces éléments n’existent pas, et ce qui
n’existe pas, demeure nul. La matière seule peut agir sur notre organisme ; encore faut-il la
prendre en certaine quantité. Les magnétiseurs en appelaient aux globules pour prouver que la
dosa la plus infinie peut agir efficacement, à la condition d’être convenablement préparée. Ils
ajoutaient que le fluide magnétique au moyen duquel ils opèrent, est, selon toute apparence, une
substance réelle, servant de véhicule à la volonté et, par conséquent, d’intermédiaire entre
l’esprit et le corps. Ils se réclamaient de l’électricité, dont les manifestations — bien autrement
puissantes, malgré la subtilité de cet élément, — ont beaucoup d’analogie avec celles du
magnétisme. Ils ajoutaient que l’un et l’autre se retrouvant dans toute la nature, il serait au
moins étrange que l’homme, synthèse suprême des organismes de ce monde, en fût seul privé.
Enfin, dignes émules du philosophe qui prouvait le mouvement en marchant, ils démontraient
le magnétisme en magnétisant et surtout en guérissant. L’argument était sans réplique ; mais le
scepticisme quand même ne s’émeut pas pour si peu. La dispute subsista. On demanda : «
Qu’est-ce que le magnétisme humain ? » Les praticiens répondirent : « Nous n’en savons rien
; mais il existe et nous nous en servons. » Du reste, ce serait à nous d’adresser cette question à
Messieurs les savants qui s’ont là tout exprès pour y répondre, en expliquant les phénomènes
que nous constatons. Si du moins ils pouvaient nous initier à la nature même de l’électricité
dont ils s’occupent depuis si longtemps ! Mais ces Messieurs sont encore divisés entre eux sur
l’existence des électricités positive et négative. Le télégraphe, l’éclairage, les machines
motrices, etc., ont heureusement devancé leurs décisions ; sans cela, nous attendrions encore
ces éléments du progrès nouveau.
4
Quant au magnétisme, on s’en tenait également aux observations pratiques. Il devint évident
que la seule imposition des mains, faite dans un bon sentiment, avec le sincère désir de soulager
ou de guérir, provoque au bout des doigts, l’émission parfaitement appréciable d’un fluide qui,
projeté par la volonté sur un organisme malade, s’ajoute à la force dynamique du patient, lui
prête l’énergie nécessaire pour opérer de nouvelles vibrations équilibrantes, et tend à la remettre
ainsi dans son état normal.
On éprouva fréquemment que l’agent magnétique, en s’échappant, donne une sensation qui
rappelle fort le crépitement des étincelles électriques et que, parfois, changeant subitement de
nature, le fluide devient onctueux et léger, froid, chaud, lourd, etc. On put admettre, aussi, que,
tout invisible qu’il est, d’ordinaire, l’agent magnétique est bien et dûment une substance, offrant
les modifications de poids, de température, de couleur, de tangibilité inhérentes à la matière3.
L’odorat, même, en est quelquefois impressionné ; mais le fait par lequel la présence d’un
élément concret se manifeste presque toujours, dans les expériences de cet ordre, consiste en
une lourdeur plus pu moins grande et qui peut atteindre jusqu’à une douloureuse lassitude chez
le sujet magnétisé ; qu’il s’agisse d’une action générale ou de simples passes locales. Dans le
premier cas, les bras, les jambes, la nuque, surtout, sont affectés ; dans le second, le membre
magnétisé est souvent seul fatigué. Si, par un procédé que nous indiquons plus loin, on enlève
le fluide superflu, un délassement se produit instantanément ; le sujet se sent réellement délivré
d’un poids oppressif, absolument comme s’il se déchargeait d’un fardeau gênant. On avait déjà
conclu de là que le fluide magnétique était sensiblement pondérable ; toutefois, une sanction
vraiment scientifique manquait encore à cette assertion qui, un beau jour, se trouva consacrée
avec plus d’éclat et d’autorité que Messieurs les savants ne l’eussent désiré.
Un homme dont l’illustre nom retentit dans l’Univers scientifique, William Crookes, inventeur
du radiomètre4 et membre de la Société royale de Londres, — l’un des plus doctes corps de
l’Europe, — William Crookes, dis-je, par une longue série d’expériences spiritualistes,
sévèrement contrôlées, avait acquis, sur l’existence et la nature du fluide magnétique, des
certitudes qui servirent de bases à ses études ultérieures. Il résulta, de ses SAVANTES
recherches, la découverte d’un quatrième état delà matière dont, jusqu’ici, nul ne semblait avoir
soupçonné l’existence. Chacun sait que les corps se présentent à trois états différents : SOLIDE,
LIQUIDE et GAZEUX. W. Crookes nous a révélé l’état RADIANT. Muni de ses ingénieux
appareils, en présence de l’Académie de Paris (1880), il a démontré que, dans certaines
conditions données, la matière acquiert d’autant plus de puissance qu’elle est plus raréfiée.
Ainsi, ayant fait le vide dans un récipient de cristal, autant du moins, qu’on peut le faire, —
puisque, à quelques millionièmes près, on ne l’obtient jamais complètement, — l’infime
fraction d’air demeurée dans l’appareil et peuplée d’un nombre relativement restreint d’atomes
matériels, devint l’agent d’un étrange phénomène : tous ces infiniment petits, disposant, par
leur rareté, d’un espace plus considérable, se mirent eu mouvement avec une rapidité telle qu’ils
devinrent lumineux et la chaleur qu’ils dégagèrent fut assez puissante pour fondre
instantanément les métaux soumis à son action vers l’un des pôles de l’appareil. Laissait-on ce
dernier rempli d’air et par conséquent d’atomes pressés et condensés, le phénomène cessait,
pour se reproduire, chaque fois qu’on les raréfiait en refaisant le vide. Voilà donc la matière
INFINITÉSIMALE passée à l’état de puissance lumineuse, calorique et mécanique même, car
elle fit également mouvoir un petit moulin. Quel triomphe pour l’Homéopathie qu’on voit si
peu et pour les fluides que, le plus souvent on ne voit point ! Et cette mémorable démonstration
est un fait officiel ; cela s’est passé dans le sein même de l’Académie de Paris qui a décerné un
prix de trois mille francs au célèbre expérimentateur.
3
Un grand nombre de somnambules lucides consultés isolément sur l’aspect des fluides, ont déclaré les voir de
diverses couleurs et plus ou moins opaques ou brillants, selon les individus. Ces observations, contrôlées les unes
par les autres, se sont mutuellement confirmées.
4
Instrument de physique, destiné à déterminer mathématiquement l’instant où le soleil se lève.
5
Cependant les hiboux, blottis dans les trous de leurs vieilles murailles noires, niaient
obstinément que le soleil existât.
Oui, il est encore des gens qui disent avec la vieille Science : « Le magnétisme ? Impossible !
S’ils ne sont que par trop ignorants, plaignons-les et tâchons de les instruire ; s’ils obéissent au
parti-pris, ne gaspillons pas nos heures à des propos oiseux. »
Cette extraordinaire puissance de la matière raréfiée, qui déjà sanctionna les théories de
l’Homéopathie aussi bien que celles du Magnétisme, et leur offre un solide point d’appui, n’est
pas la seule observation qui, dans les remarquables travaux de William Crookes vienne
corroborer les expériences du magnétisme. Au cours de ses études spiritualistes, ce savant, armé
des plus rigoureuses méthodes scientifiques5, a maintes fois constaté qu’un sujet dormant sous
certaines influences magnétiques, variait de poids, durant ce sommeil, dans une proportion
assez considérable pour atteindre une différence de 27 livres au cours d’une seule séance. 27
livres en moins tant que son fluide lui était soustrait pour la production des phénomènes ; 27
livres restituées à l’organisme du sujet dès que cessait l’expérience !
Donc, le fluide, matière raréfiée est pondérable ; cette qualité entraîne tout naturellement celles
dont nous parlions tout à l’heure, (couleur, tangibilité, etc.) Nous le voyons, le fluide,
magnétique n’est pas un mythe ; c’est un élément vital, appréciable même à nos sens grossiers.
Nous étudierons, bientôt, quels rapports intimes l’unissent à notre organisme, et nous
constaterons le magnifique rôle que la solidarité humaine lui réserve sur notre globe.
5
Voir : Recherches sur le Spiritualisme, et autres ouvrages de William Crookes.
6
Chapitre 2 – Coup d’oeil sommaire sur l’Être Humain
La guérison des malades est non seulement l’emploi le plus noble et le plus utile qu’on puisse
faire du magnétisme, mais encore le plus fécond en instructions de toute sorte. En observant
comment fonctionne ce fluide au sein de l’organisme humain, on acquiert des notions et des
vues toutes nouvelles sur les lois qui régissent la maladie et la santé ; on se sent dans le plein
courant du vrai car ici, du moins, les faits constatés, étudiés, serrés de près, remplacent les
élucubrations fantaisistes sur lesquelles tant d’illustrations médicales ont basé des systèmes
dont on ne se souvient même plus que par la quantité de victimes qu’ils ont faites. Et il ne peut
en être autrement dès que ces messieurs, méconnaissant ou niant l’un, au moins, de nos éléments
constitutifs, prétendent guérir notre corps sans tenir compte des principes qui l’animent. Cette
faute demeurera sur la route de la science médicale comme sa pierre d’achoppement aussi
longtemps que ses disciples élagueront l’agent magnétique de leurs diagnostics. Ils sont
condamnés à piétiner sur place, car la seule matière leur a livré ses secrets. Ils guérissent,
aujourd’hui, ce qui touche à notre mécanisme physique (et encore !) mais que de cas où les
sincères et les naïfs d’entre eux avouent être à bout de ressources ! Combien, alors, font du
charlatanisme aux risques et périls du patient ; car le médecin achète, avec son diplôme, le droit
de se tromper et même de tromper impunément. Avec moins d’orgueil routinier et plus de
conscience, il s’initierait aisément aux évolutions fluidiques dont nos organes subissent
l’impulsion ; il remonterait ensuite à l’élément primordial, et reconstituant ainsi l’être dans son
intégralité, n’en serait que mieux qualifié pour apprécier sainement les états pathologiques
auxquels il aurait affaire. Mais, ce à quoi se refuse la docte Faculté, les magnétiseurs le font ;
ils s’en trouvent bien, les malades encore mieux, et sans les guérir tous, le magnétisme fait
d’assez belles cures pour rendre songeurs non-seulement l’infaillibilité scientifique, mais le
public même, ce qui ne laisse pas de saper à grands coups le peu de confiance que l’on accorde
encore à la médecine officielle6.
En ce domaine du soulagement, les choses se passent comme dans une foule d’autres sphères.
Ce ne sont pas toujours les spécialistes qui ont le monopole de leurs propres spécialités. Le
bonhomme Jacquard, inventeur de la machine à tisser le tulle, n’était pas mécanicien. Morse,
qui trouva le télégraphe électrique était peintre ; de même ce ne sont point les médecins, pas
davantage les physiologistes, qui nous éclairent sur le mystère de la vie : nous le subissons sans
le comprendre jusqu’au jour où le Magnétisme vient victorieusement nous démontrer
l’existence et les rôles respectifs des trois éléments distincts dont l’étroite union constitue une
individualité humaine, et que nous connaissons sous les noms : esprit, matière et fluide.
L’esprit, lumière subtile, principe de vie et d’intelligence, commande au corps et le corps obéit7
; mais là, comme partout, la suprême intelligence a ménagé des transitions pour atténuer la
brutalité des contacts et, par là même, en déterminer la mesure. Si, dans leur infinie spontanéité,
les volitions de l’esprit portaient directement sur nos organes physiques, ceux-ci en seraient
brisés, absolument comme l’arbre sur lequel tombe cette même électricité qui, pondérée,
harmonisée, par l’appareil télégraphique, devient la docile messagère des peuples civilisés. Le
6
Il est vrai que ces messieurs ont de bonnes raisons pour ne tenir que médiocrement à nous guérir. L’intérêt du
malade est diamétralement opposé à celui du médecin. Selon moi, le seul moyen de les concilier serait d’opérer
par abonnement. Le docteur, recevant des émoluments annuels, aurait tout avantage à guérir complètement son
client ; et peut-être alors se donnerait-il la peine d’étudier les meilleurs moyens d’y parvenir.
7
Voir à ce sujet le remarquable ouvrage du Docteur Feuchterlsben, intitulé : Hygiène de l’âme. L’auteur y établit,
avec une grande autorité l’action, dominatrice de l’esprit sur le corps, moyennant un énergique vouloir.
7
fluide magnétique n’est autre chose que l’agent modificateur des rapports existant entre l’âme
et le corps.
C’est lui qu’impressionne d’abord l’impulsion subtile de l’esprit8. De vibration en vibration,
elle parvient rapidement jusqu’aux centres nerveux qui influent à leur tour sur le mouvement
du sang. Chacun peut observer en soi-même la production de ces phénomènes constants.
Un sujet, bien portant, est-il soudain frappé moralement ? Une commotion a lieu vers
l’épigastre, centre nerveux de l’estomac ; le cours du sang, instantanément influencé, s’accélère
ou se ralentit de beaucoup9. Il y a rupture d’équilibre entre les trois facteurs de l’être et, selon
le caractère de l’individu qui, en somme, régit le tempérament, il s’en suivra des accidents
physiques plus ou moins graves. Remarquons en passant que la diversité dans l’unité étant un
fait universel, l’homme est aussi soumis à cette loi. L’esprit, le corps et le fluide magnétique
existent chez nous tous ; mais si divers, entre eux, de mesure et de qualité, que ces différences
suffisent à constituer toutes les physionomies psychologiques de l’humanité, lesquelles offrent
autant de variétés que les visages composés cependant des mêmes traits organiques. Fermons
cette parenthèse, et revenons aux perturbations signalées plus haut. Voilà donc un corps
parfaitement sain subitement menacé de mort, parce quelque chose d’invisible, d’impondérable
et de fugitif par excellence qu’on nomme une PENSÉE ! Oui, sous l’influence d’un malheur
quelconque, le mouvement initial de l’esprit a brusqué le fluide médiateur ; celui-ci, troublé
dans ses vibrations, violemment refoulé vers les centres ou vers la circonférence, selon les
caractères, a bouleversé tout le système physique et le menace de dissolution.
L’âme cause ces accidents corporels ; voyons maintenant le corps, rendant l’esprit malade, au
moins en apparence.
Un homme heureux et gai se casse une jambe ; il subit une opération dangereuse ; la fièvre
s’empare de lui, le délire survient, et cet esprit si rond, si jovial, divague, se désole, s’irrite, ne
reconnaît plus les membres, de sa famille, etc. Est-ce vraiment l’âme qui est malade ? Non,
certes ! Mais cet accident, tout extérieur qu’il est, réagit sur le fluide qui destiné à relier entre
eux l’âme et le corps de natures si disparates, subit l’influence de tous deux. Ses vibrations
accélérées par un désordre physique se portent particulièrement au cerveau, celui-ci surexcité
par cette affluence qui entraîne celle du sang10, devient incapable de servir fidèlement la pensée
et n’en traduit que des fragments incohérents souvent même extravagants jusqu’à ce que, par
des moyens, — dont les médecins ignorent souvent l’action véritable et cachée, — les
mouvements fluidiques, mieux équilibrés, ramènent graduellement le calme dans les évolutions
vitales.
De ces deux exemples qui représentent, en principe, les causes de toutes nos maladies de
l’intérieur à l’extérieur11, et vice versa, on peut conclure que, dans tous les cas, agir sur le fluide
magnétique pour l’équilibrer, est le meilleur mode possible de traitement. Certains
magnétiseurs puissants ne s’adjoignent pas de médecin et n’emploient que le Magnétisme ;
mais, en admettant que, moins fort ou moins expérimenté, l’on ait recours à l’art médical, le
Magnétisme, bien appliqué dès le premier moment d’une indisposition, conjure le danger et
permet d’attendre le docteur.
« Connais-toi, toi-même, » a dit un ancien. On est toujours obligé de revenir à cette parole
profonde quand, en fait de Magnétisme, on veut apprendre quelque chose. Pour nous rendre
compte de la puissance à la fois lumineuse et subtile que nous portons en nous-mêmes,
8
Cette opinion a pour elle la sanction des faits. Le traitement par le magnétisme est fondé sur cette théorie que,
jusqu’ici, rien, n’est venu infirmer.
9
Dans le premier cas une congestion peut être à craindre ; dans le second, un froid mortel envahit l’organisme et
la syncope est imminente. Le tout sous une simple impression de l’esprit.
10
Nous verrons dans la suite que l’influence des vibrations fluidiques sur la circulation sanguine est prouvée par
l’expérience.
11
J’appelle extérieur le corps par rapport à l’esprit.
8
examinons-en les effets les plus connus. Qui, dans une circonstance quelconque, n’a éprouvé
de ces chocs désagréables que semble produire l’approche de certaines personnes dont
l’extérieur n’a pourtant rien de répulsif ? D’autres, au contraire, nous deviennent sympathiques
sans aucune raison apparente. Nous sommes, selon le cas, très à l’aise ou gênés en vertu de ces
impressions inexplicables, et le plus curieux, c’est qu’elles sont généralement réciproques.
Comment motiver ces bizarreries sinon par un fait scientifiquement démontré, bien que les
savants n’en mènent pas grand bruit, car il donne raison aux partisans du magnétisme ? Ce fait,
c’est que nous sommes en échange perpétuel d’éléments avec ce qui nous entoure ; de nous à
tout, et de tout à nous, émanent des courants fluidiques invisibles qui vont et viennent, sont
attirés ou repoussés. De là, cette sorte d’instinct, bien plus physique encore, que moral au moyen
duquel nous sommes, agréablement ou non, avertis des influences qui nous approchent. Et ce
courant irrésistible qui, dans les grandes assemblées, vous entraîne vers l’orateur préféré, vous
fait partager son enthousiasme sur des points ou vous différez d’opinion, et gagne le public
entier de la salle, tellement que tous s’identifient momentanément à celui qui parle et se sentent
un avec lui ; qu’est-ce, dis-je, que ce phénomène, sinon un irrésistible courant magnétique,
provoqué par la puissance d’une énergique nature ?
Dans la vie privée, à chaque instant, nous subissons des antipathies et des entraînements
inconscients, fruits de nos impressions fluidiques irraisonnées et contre lesquels nous sommes
parfois appelés à faire acte de volonté. — L’existence de cet élément semi-matériel et médiateur
est parfaitement sensible pour tous ceux qui l’observent soit en eux-mêmes, soit en autrui. Or,
quand on a sérieusement constaté ce .fait, et les conséquences qui en surgissent, on ne saurait
retourner aux théories officielles ; car, autant les évolutions fluidiques expliquent
lumineusement et logiquement la vie, la mort, la maladie, la santé, la veille, le sommeil, les
sympathies, etc., etc., autant la soi-disant Science diplômée, pétrifiée dans son infaillibilité
négative, nous laisse incertains et perplexes sur ce qui nous touche le plus directement, savoir
: les meilleurs moyen de guérir ou de prévenir les innombrables souffrances physiques dont
nous sommes tributaires.
9
Chapitre 3 – Le magnétisme curatif
L’élément subtil que nous appelons : fluide magnétique, est si directement soumis à notre être
moral, que la simple volonté suffit à en déterminer les phénomènes. Aussi la première qualité
d’un magnétiseur est-elle de SAVOIR VOULOIR LE BIEN. Ce n’est pas seulement dans ce
domaine que l’on a constaté l’étrange puissance du moi humain. La volonté est, en toutes
choses, le levier par excellence. C’est au moyen de cette force rayonnante que s’accomplit le
progrès. L’Histoire est là pour l’attester. Mais, en restant dans notre sujet, quelques faits, plus
ou moins connus de tous, suffiront à rappeler jusqu’où peut s’étendre cette souveraine
influence.
Qui n’a vu, par exemple, ces cas de maladie prolongée où l’épouse, la mère, se prodigue jour
et nuit ? Surmenée outre mesure, mortellement inquiète, épuisée par la douleur, la fatigue,
l’absence de sommeil, trop souvent encore par une alimentation insuffisante et de mauvaise
qualité, la malheureuse résiste : le temps s’écoule, et, contre foutes les lois de la vie physique
et de l’hygiène, elle est toujours debout. Elle tiendra jusqu’à l’issue de la crise ... Quelle est
donc la source de cette victoire surhumaine ?
La VOLONTÉ stimulée par la tendresse. Tout le secret du prodige est là. Il y a plus : des
expériences réitérées dont nous trouverions peut-être la sanction dans notre propre passé,
paraissent établir qu’il y a pour ainsi dire, des grâces d’état en faveur de caractères ainsi
trempés. Ils semblent commander à certains éléments et l’on a remarqué qu’ils affrontent
impunément les épidémies les plus contagieuses.
Le VOULOIR, calme dans son abnégation, n’en serait-il point le meilleur préservatif ! Mais,
second fait corroboratif du premier: dès que le danger disparait, les ressorts de l’énergie se
détendent ; on n’est plus aussi fermement résolu de tenir bon et souvent, alors, on tombe à son
tour. Peut-être éviterait-on la catastrophe en continuant encore un peu cette lutte héroïque contre
soi-même.
Un docteur12 va plus loin. Il affirme que, dans certains cas pathologiques, il a vu des organes
détruits se reconstituer sous le seul empire moral du malade. Aussi, les praticiens, vraiment
soucieux de guérir leurs clients, ne manquent-ils point à stimuler dans ce sens les efforts de ces
derniers. Ils les encouragent13, les égayent, et ce moyen opère souvent bien plus efficacement
que les remèdes pharmaceutiques. — Il s’est produit de véritables transformations de
tempérament, par la volonté d’être utile. Ainsi des personnes qui n’avaient jamais pu supporter,
sans tomber en syncope, la vue de la chair à vif, s’étant trouvées seules pour secourir des
victimes d’accidents subits, réagirent violemment contre elles-mêmes et finirent par être
capables de panser les plus horribles plaies. Les premières tentatives furent laborieuses ; la
syncope menaçait et n’était conjurée qu’à force d’éther ou de tout autre cordial ; mais, après
quelques jours de persistance, l’instinct était dompté ; la nature physique ne s’insurgeait plus ;
la victoire demeurait à la volonté.
12
M. Hugnet de Paris, ouvrage intitulé : Médecine homoeodynamique.
13
Un médecin d’une haute réputation disait à jeune femme accablée de malheurs, et convalescente d’une grave
maladie : Madame, aujourd’hui, votre existence est entre vos mains. Voulez-vous mourir ? Cela vous sera très
facile ; vous n’avez qu’à laisser faire le chagrin ; mais, à cause de vos enfants, vous voulez vivre, n’est-ce pas ?
Dans ce cas, armez-vous d’énergie. Votre volonté seule peut triompher des influences morbides qui ruinent en
vous les sources de la vie. Allons, Madame, reprenez à deux mains votre courage ; dites-vous : Je veux vivre, et
tenez-vous parole à vous-même. La pauvre femme fit ainsi et, contre toute attente, elle se remit : mais elle eut de
bonnes raisons de penser que l’excellent Docteur lui avait dit l’exacte vérité.
10
Qu’on me permettre de citer, comme effet de cette dernière, un exemple qui, pour émaner d’un
enfant, n’en est pas moins concluant. On sait que, par suite du climat de leur pays, les hollandais
sont sujets à des fièvres opiniâtres. Un gentil petit garçon d’Amsterdam souffrait de violents
accès intermittents dont aucun docteur n’avait pu le délivrer. L’enfant appréhendait fort l’heure
de ces crises périodiques. Un jour, le domestique de ses parents, mû par je ne sais quelle pensée,
promit au jeune fiévreux un sac de friandises, si, au moment critique, il prenait sur lui de n’y
pas faire attention et d’agir comme s’il n’en souffrait point. L’effort était prodigieux pour un si
petit homme ; cependant, perspective du sac aidant, l’enfant fit bonne contenance quand apparut
le fatal frisson. Il refusa de se coucher, comme de coutume, durant l’accès, et, quoique secoué
par la fièvre, il se roidit tant et si bien, que le mal céda ; cette résistance toute morale le délivra
définitivement de son fléau. Ce fut tout bénéfice pour lui puisque, d’autre part, le brave
domestique lui fit le cadeau promis.
Le fait suivant dont je fus témoin, il y a quelques années, à Paris même, va clore cette série
d’arguments, en faveur du pouvoir incontestable qu’exerce une volonté nette et fortement
concentrée.
Un homme, aussi remarquable par son propre talent que par l’éminente charge qu’il occupe
aujourd’hui, était, chaque année, à la même époque, atteint d’une pleurésie et devait garder le
lit, au grand détriment de ses affaires. Un printemps, juste au moment où ces dernières le
réclamaient impérieusement, M. B. — que je ne suis point autorisée à nommer, — ressentit les
symptômes très caractérisés de sa trop fidèle maladie : fièvre, point de côté, tête lourde et
souffrante, etc., rien n’y manquait. Ah ! Se dit-il, avec une réelle angoisse, me voilà pris de
nouveau. Mais, c’est impossible, je n’ai pas le temps de me mettre au lit. D’ailleurs, on n’a pas
ainsi, tous les ans, une pleurésie ; JE NE VEUX PAS AVOIR DE PLEURÉSIE ! Et, tout
chancelant et frissonnant, il continue ses travaux en se répétant, pour s’encourager dans cette
héroïque lutte : On n’a pas la pleurésie ! En somme, il s’est promptement rétabli. Dès lors, les
printemps se sont succédés paisiblement ; M. B. n’a plus eu de pleurésie.
Inutile d’insister : il est bien acquis, j’espère, que la volonté peut, en nous et hors de nous,
exercer un empire dont nous ne soupçonnons encore ni la portée, ni les ressources et qui, par
conséquent, s’impose à nos recherches. Ne nous étonnons donc point de rencontrer cette
mystérieuse puissance au premier plan et comme dernier mot des phénomènes magnétiques.
Oui, à celui qui demande : « Comment devient-on magnétiseur ? »
Nous répondons : Chacun EST magnétiseur ; mais, pour l’être dans les meilleures conditions
possibles, aimez profondément l’humanité ; soyez ému de ses souffrance et veuillez
énergiquement l’en soulager selon votre pouvoir. Vous serez, alors, qualifié pour devenir un
véritable apôtre du Magnétisme.
En vertu même des sentiments qu’il implique, le traitement fluidique a sa place marquée au
sein de la famille, puisque tous, répétons-le à satiété, nous possédons le fluide curatif. Qui donc
voudra plus et mieux la guérison d’un malade que sa mère, son époux, son fils, sa soeur, etc.
L’ardente aspiration qu’apportent ceux-ci dans leurs efforts est déjà d’une grande puissance ;
et le fluide, agent vital équilibrant, opère d’autant mieux que, pour celui qui l’émet, il s’agit
d’un être chéri, sur lequel son coeur concentre ses meilleures effluves.
En plaidant la cause du magnétisme devant le foyer domestique, selon le titre de ce livre,
signalons, à ce point de vue, un avantage dont nul ne contestera la valeur. Tandis que le malade,
atteint inopinément, reste souvent de longues et précieuses heures sans obtenir les secours de
l’art, il recevrait, au contraire, des soins immédiats et, le plus souvent, suffisants de ses proches,
si chaque membre de la famille apprenait à les donner14. Etude si simple, en elle-même, que les
novices ont peine à se persuader du peu d’efforts qu’exigent de si beaux résultats.
14
Les enfants, même, peuvent très bien magnétiser : en deux séances, une fillette de dix ans m’a parfaitement
guérie de crises névralgiques aiguës, dont j’étais tourmentée. Cependant, le fluide vital jouant un rôle important et
11
Donc, quelque limité que soit le temps dont on dispose pour apprendre à magnétiser, nul doute
que l’on n’y parvienne, avec la moindre bonne volonté ; car, c’est ici bien moins une question
de science que d’instinct spontané. Il est tellement naturel de guérir par ce moyen que, dans
mille cas journaliers, tout le monde fait du magnétisme sans le savoir, comme M. Jourdain
faisait de la prose ; à commencer par ceux qui se montrent le plus opposés à ce mode d’action.
Lorsque, souffrant des dents ou de tel autre mal, ils placent machinalement leur main sur le
siège de la douleur et, très souvent, s’en trouvent soulagés15, que font-ils ? — Du magnétisme.
La mère qui souffle sur le front contusionné de son enfant, ne fait, non plus, pas autre chose ;
les frictions sèches, les massages ? Magnétisme, encore et toujours. — Les chasseurs attribuent
au magnétisme animal la singulière immobilité du gibier sous la patte levée du chien d’arrêt et
les naturalistes donnent le nom de fascination, (qui est celui d’un phénomène magnétique), à
l’influence exercée par le serpent dans la gueule duquel le petit oiseau descend, irrésistiblement,
en criant et se débattant. En somme, le magnétisme, sous des formes et des appellations
diverses, régit les opérations de la nature, jusque dans ses éléments inférieurs ; car,
l’aimantation, l’attraction électrique, etc., dont les effets étranges se produisent à de si grandes
distances16, ne sont que les résultats de rayonnements spéciaux échangés de corps à corps. En
constatant de tels faits, devons-nous être surpris que cet incessant commerce de forces entre les
choses et les êtres, constitue, chez certains organismes, l’émission inconsciente de fluides
bienfaisants qui, cherchant, dans une assimilation nouvelle, un niveau, un équilibre quelconque,
se dirigent vers les personnes malades auxquelles ils restituent le calme, la vitalité qui leur
faisait défaut. Ainsi, l’eau suit invariablement les pentes du terrain dont elle comble les espaces
vides, avant d’y établir son cours normal. Ces choses ont lieu, souvent, à l’insu même du
magnétiseur et du magnétisé.
Celui qui traite par les fluides ne fait donc qu’employer sciemment cette force et la rendre plus
appréciable, en l’augmentant par un acte de sa volonté.
Ici, si dresse une objection : Vous dites, m’opposera-t-on, peut-être, que chacun possède le
fluide curatif, mais que, pour l’appliquer avec succès au traitement des malades, il faut
énergiquement VOULOIR produire du bien. Or, c’est rarement le voeu des méchants ; ceux-ci
ne pourront donc guère user de cette ressource ?
La remarque est plus spécieuse que péremptoire. Et, d’abord, ceux que nous appelons méchants
ne le sont jamais d’une manière absolue ; ils peuvent, du reste, chérir quelqu’un des leurs, avec
lequel leur fluide possède, certaines affinités, et vouloir sincèrement le guérir ; cela même est
un bon sentiment qui modifie avantageusement la propriété du fluide. Toutes les catégories de
gens peuvent donc se soulager entre elles.
Mais, ce qui fait du Magnétisme un élément éminemment moralisateur, c’est que, selon des
expériences réitérées, les âmes pures, les caractères élevés, seraient, en effet, beaucoup mieux
doués comme, puissance curative ; certains magnétiseurs, pourtant, qui ne sont point des natures
d’élite, opèrent journellement de fort belles cures ; comme, aussi, des tempéraments très
sensitifs échappent fréquemment à leur influence. Ces apparentes bizarreries ont permis de
constater un fait important ; c’est qu’il y a, dans la qualité du fluide, une infinie diversité, qui,
au cours de la pratique, nécessite, parfois, quelques tâtonnements préalables et peut expliquer
les cas d’insuccès. La science humaine n’a pas encore surpris le secret de ces tendances
délicat dans la phase de la croissance, tout en employant sans inconvénient des enfants dans certains cas
exceptionnels et pressés, il ne faudrait pas abuser, de cette ressource.
15
On-peut, jusqu’à un certain point, se magnétiser soi-même. Toutefois, il est rare que cet acte réflexe ait la même
efficacité que le traitement ordinaire. (D’un individu à l’autre).
16
On sait que la direction constante que suit l’aiguille aimantée de la boussole est dit-on, due à la présence, au
pôle nord, d’amas considérables d’aimant qui exercent leur attraction à des milliers de lieues sur cette pointe
métallique.
12
assimilatrices ou réfractaires dont, cependant, l’expérimentateur est forcé de tenir compte et qui
ne semblent pas toujours résulter de sympathies ou d’aversions entre magnétiseur et magnétisé
; il n’en est pas moins constant que, parfois, — rarement, cependant, — le magnétiseur le mieux
qualifié peut n’avoir aucune prise sur tel ou tel sujet. A l’appui de cette assertion, citons un fait
assez curieux.
Un de mes amis, M. L. Grobet17, avait épuisé vainement toutes les recettes contre d’horribles
migraines auxquelles sa femme était sujette. Lorsque parut, à Genève, le magnétisme curatif,
sous les auspices du célèbre Lafontaine, M Grobet s’empressa de l’étudier dans l’espoir de
guérir, par ce moyen, sa chère malade, car le traitement fluidique, en effet, s’est montré fort
efficace dans ce genre d’affection.
Aussi, dès que notre ami se vit en mesure de réussir, il se hâta d’agir contre la tenace migraine
; se réjouissant à l’avance d’en avoir, raison. Mais, ô déception,... Madame Grobet parut
absolument insensible à l’influence magnétique et, tandis que généreusement, M. Grobet
guérissait gratis des inconnus, seule entre tous, sa pauvre femme ne pouvait être soulagée par
lui18.
Il y a là, je le répète, des questions encore in élucidées, mais sur lesquelles, plus tard, la pratique
et l’observation ne sauraient manquer de jeter quelque lumière.
Ces infimes échecs ne doivent point nous détourner de cette intéressante étude ; nous avons
environ cent bonnes chances contre une mauvaise ; ne serait-il pas puéril de reculer pour si peu
? — Il arrive souvent, d’ailleurs, qu’un magnétiseur guérit parfaitement des malades sur
lesquels ses confrères n’avaient pu exercer aucune action ; lors, donc, que le fluide semble
échouer auprès d’un patient, l’opérateur ne saurait guère en être responsable ; les propriétés
individuelles du fluide pouvant différer de beaucoup.
Cet agent possède cependant, en chaque personne, certaines qualités intrinsèques, pour ainsi
dire ; lesquelles, résultant de la nature intime de l’être, sont, par cela même, plus ou moins
permanentes ; mais celles-là, non plus, ne sauraient échapper complètement au contrecoup des
fluctuations morales. J’ai vu des magnétiseurs d’un caractère éminent et qui, d’ordinaire,
calmaient instantanément les malades les plus agités, produire d’autres fois, sur ces mêmes
sujets, un agacement qui, s’il avait persisté, aurait fini par une véritable crise de nerfs ; et cela,
parce que le magnétiseur était lui-même sous l’empire de quelque chagrin, contrariété ou
souffrance, quelconque ; peut-être, même, d’un simple ressentiment, d’une appréhension, etc.
A ce propos, signalons une erreur qui a cours dans le public, mais dont les praticiens font,
aujourd’hui, bonne justice19.
On croit généralement que, pour exercer le pouvoir magnétique, on doit être plus fort de
tempérament que le sujet sur lequel on agit. L’expérience prouve, au contraire, que toute la
force magnétique gît dans celle de la volonté. Or, chacun sait que les colosses et les gens bien
portants n’ont pas, obligatoirement, le monopole de l’énergie. Il y a plus : la santé, même, n’est
pas une question sine qua non, de l’efficacité fluidique. Comme le magnétiseur peut émettre du
fluide vivifiant, il peut aussi retenir en lui les influences maladives, et faire du bien d’une part,
sans risquer de nuire d’autre part20.
17
Bien connu à Genève, où son inépuisable dévouement a contribué, pour sa bonne part, à la vulgarisation du
magnétisme. Puisse ce petit livre, s’il lui parvient dans sa retraite, porter à cet homme de bien l’hommage de ma
reconnaissance, pour les guérisons que je lui dois, personnellement, comme pour ses précieuses instructions au
moyen desquelles j’ai, moi-même, eu le bonheur de soulager quelques souffrances.
18
J’ai, dit plus haut, que ce fait est assez rare : depuis vingt ans que je m’occupe de magnétisme, je n’en ai connu
que deux exemples. Encore, rien ne prouve-t-il que d’autres praticiens n’eussent pu réussir à influencer ces
tempéraments exceptionnels.
19
Entre autres, MM. Ragazzi qui, traitant jusqu’à soixante malades par jour, font autorité dans ce domaine.
20
Toutes ces assertions sont confirmées par des expériences journalières et personnelles. — J’engage vivement le
lecteur à s’en enquérir par lui-même.
13
Sans doute, il ne s’agirait point de magnétiser si l’on était soi-même atteint d’une affection
aiguë ; mais, dans ce cas, la nature l’indique d’elle-même, en refusant d’agir. Je constate
seulement, que beaucoup de gens peuvent opérer, sans inconvénients pour eux ni pour le
malade, quand même ils souffrent d’une légère indisposition. Au surplus, rien, autant que ce
ordre de faits, n’est soumis aux impressions personnelles du magnétiseur qui, s’il est quelque
peu sensitif, est le meilleur juge de ce dont il doit s’abstenir. Mais, si le sujet manifestait la
moindre crainte à cet égard, — sentiment dont on doit tenir compte, — un fort dégagement
suffirait à supprimer tout danger de contagion.
Avant de clore ce chapitre qui, pour les profanes, contient des faits étranges, et même
fantastiques, selon eux, je tiens à déclarer que, si profondément convaincue que je sois
aujourd’hui, ma conversion au Magnétisme ne fut ni facile, ni spontanée.
Je n’avance rien, ici, sur la simple foi d’autrui ; mais j’ai vu, RESSENTI OU PRATIQUÉ tout
ce que j’affirme. Il m’a fallu ma propre expérience, maintes fois confirmée par un contrôle
méticuleux, pour admettre ce que, maintenant, je considère comme une incontestable vérité. —
Parmi les faits qui me concernent, les deux ou trois suivants, surtout, me sont restés dans la
mémoire. Le lecteur me pardonnera, j’espère, ces récits, moins égoïstes qu’ils n’en ont l’air,
car je ne puis certifier ces phénomènes que sur le témoignage de mes propres sens.
Si le magnétisme m’avait guérie une ou deux fois seulement, et d’indispositions passagères qui
disparaissent comme elles arrivent, sans qu’on puisse en déterminer la raison, je serais la
première à rester dans l’expectative relativement aux vertus curatives du fluide ; mais je compte
au moins douze cas de maladies plus ou moins graves, où j’ai constaté, sur moi-même, les
étonnants effets de ce traitement ; et cela, dans un laps de temps qui fut pour moi une phase de
scepticisme très accentué. Impossible de me taxer d’enthousiasme ; j’étais en défiance, au
contraire, et n’acceptais ces faits que sur preuves irrécusables, ce qui, maintenant, me place
d’autant mieux pour les attester, non point avec la prétention de persuader le lecteur, mais dans
mon très légitime désir de l’engager à se convaincre, par lui-même, d’une si magnifique vérité.
Comment attribuer à des coïncidences puériles, plus extraordinaires que le magnétisme lui-
même, ou à quelque erreur de l’imagination, la guérison INSTANTANÉE de crises
névralgiques dont j’étais torturée depuis six mois, chaque jour, à la même heure, et dont nul
docteur n’avait pu me soulager ? Une seule magnétisation suffit ! Et ce qui témoigne de la réelle
efficacité du fluide en cette occasion, c’est que, lorsque plusieurs années après, j’éprouvai
quelques nouvelles atteintes de ces mêmes douleurs, invariablement, le même traitement y
coupa court ; cela se renouvela quatre ou cinq fois, au moins, à des intervalles divers. Le simple
hasard, — si hasard il y a, — ne saurait être à ce point complaisant.
J’ai, par le magnétisme, recouvré l’usage de ma jambe gauche qui se paralysait,
progressivement, tout en me faisant beaucoup souffrir. Cela demanda une dizaine de séances
après chacune desquelles je constatais un nouveau progrès. Dès lors, — il y a de cela quinze
ans, — ma jambe ne s’est plus ressentie de cette atteinte, à la fois menaçante et douloureuse,
qui avait duré, cinq ans ! C’est M. L. Grobet qui m’en a délivrée. Combien de cas analogues ne
pourrais-je pis citer encore !
Il y a plus : si, grâce au magnétisme, j’ai été guérie un grand nombre de fois, je lui dois,
également, d’avoir moi-même opéré des cures dont, la première, je fus bien étonnée, car dans
certaines occasions où je n’espérais produire qu’un soulagement temporaire, le malade se
trouva radicalement guéri ! On me permettra d’en citer un exemple.
A quatre lieues de la ville que j’habitais, en Suisse, vivait une famille avec laquelle j’avais
depuis longtemps noué de très amicales relations. Un jour, étant allée passer quelques heures
chez ces amis, j’appris avec douleur que leur tante, Mme O., mère de deux littérateurs bien
connus, était à la mort d’une paralysie de l’estomac. Deux célébrités médicales appelées auprès
d’elle, s’accordaient à lui donner douze à quinze heures de vie, au plus. L’arrêt paraissait sans
appel, en raison du grand âge de la malade : elle avait quatre-vingt-cinq ans ! Cependant, sa
14
famille, à n’importe quel prix, eût voulu, selon l’expression de ces bonnes gens : la faire durer
jusqu’au lendemain, vers neuf heures du matin, moment où son fils, M. Juste O. devait arriver
de Paris où l’avait averti le télégraphe. « Que du moins, il la trouve encore vivante, » disait-on,
sans oser l’espérer ; car la mourante ne dormant plus depuis six semaines et ne supportant, il y
avait passé huit jours, aucune boisson, aucun aliment, était d’une faiblesse qui, à chaque minute,
pouvait amener la crise finale.
J’aimais chèrement cette excellente femme ; j’allai donc immédiatement la voir. Il était deux
heures de l’après-midi. Bien que dans un incroyable état de prostration, elle me reconnut et
parut heureuse de ma visite. — Je m’en vais, ma bonne dame, me dit-elle très lentement et à
voix basse ; merci d’être venue !... Si je pouvais voir aussi mon fils Juste !... Et ses pauvres
yeux, déjà voilés par les ombres de la mort, se remplirent de larmes. — J’étais vivement émue
; une pensée soudaine me saisit : Si je tâchais de lui communiquer un peu de fluide vital pour
la prolonger jusque-là !
— Chère madame, avez-vous confiance en moi ? Lui dis-je.
— Oh ! Complètement, répondit-elle, pour quoi ?
— Laissez-moi essayer de vous fortifier un peu !
La situation ne permettait pas d’explications.
— Oui, fit-elle faiblement.
Aussitôt, animée du plus vif désir de L’AIDER à parvenir au lendemain, j’étendis les deux
mains, au-dessus de son estomac ; — à trois centimètres de distance, environ ; — Quelques
minutes après, je la dégageai21. Elle n’avait rien éprouvé.
C’était là un fâcheux indice ; il y avait bien paralysie. Pourtant, je recommençai une seconde
fois, puis une troisième, toujours de la même façon. Alors, la malade ressentit une chaleur douce
et réparatrice, qui, sous chaque nouvelle passe, augmentait sensiblement.
— Comme vos mains sont chaudes ! Elles me font du bien,-me dit-elle ; j’effleurai légèrement
sa joue du bout de mes doigts qui étaient glacés, car on était en hiver. Mme O. put constater
que la chaleur dont elle parlait n’appartenait point à mes mains, et qu’elle provenait uniquement
du fluide magnétique.
A ce moment, on me fit demander chez mes amis ; je quittai la pauvre mère en lui promettant ;
de revenir lui dire adieu, avant de reprendre le train de retour. Une heure après, j’entrouvris de
nouveau la porte de la chambre :
— Oh ! Ma bonne dame, fit la malade avec une certaine force et sans me donner le temps
d’entrer, je sens que je reverrai mon fils Juste !
Depuis vos passes, j’ai dormi ; j’ai bu mon café au lait22 et je le supporte bien ! Merci, merci !
Enchantée de ce premier succès qui dépassait de beaucoup mes espérances, j’opérai deux
nouvelles magnétisations, sur quoi, pressée par le prochain départ du train, je recommandai à
la famille de faire prendre à Mme O., tous les quarts d’heure, une cuillerée à bouche de
consommé de poulet ; et, de deux en deux heures, la même dose de vin de Bordeaux sucré. Je
comptais sur ces cordiaux pour la soutenir jusqu’au matin, puisque le fluide avait rendu à
l’estomac quelque force digestive ; puis, je pris de la chère malade un congé qui, dans ma
conviction, devait être éternel.
Le lendemain au soir, une lettre de mes amis m’apprit que la nuit, durant laquelle on avait suivi
mes instructions, s’était passée sous l’influence d’un mieux sensible ; que le matin, Mme O.
avait revu son fils et, qu’enfin, les docteurs, bien étonnés d’être rappelés près d’elle, l’avait
déclarée hors de danger tout en n’y comprenant rien, disaient-ils. Ils attribuaient ce revirement
21
Tous ces procédés seront décrits plus loin.
22
Cette boisson que, depuis huit jours, son estomac refusait absolument, était celle que Mme O. avait pu prendre
le plus longtemps.
15
soudain à quelque crise mystérieuse, imprévisible, à cet âge surtout, et prescrivirent la
continuation de ce que j’avais conseillé ; croyant que les parents avaient eu d’eux-mêmes l’idée
du consommé et du Bordeaux, car on n’aurait osé leur dire à quoi cette convalescence était due.
La semaine suivante, la bonne Mme O., profita d’un rayon de soleil pour se promener dans son
jardin, appuyée au bras de sa fille. Elle se remit au point de manger et de digérer comme si elle
n’eût pas été malade. Elle vécut encore deux années et mourut, non de paralysie gastrique, mais
d’une hémorragie causée par un cancer au sein dont elle ne s’était jamais plainte, parce que ce
mal plutôt interne, chez elle, n’étant presque pas apparent, ne lui semblait pas dangereux.
J’ai eu le bonheur de guérir des membres atrophiés par des douleurs articulaires, des névralgies,
des crampes gastralgiques et utérines, etc., etc.
L’humanité négligera-t-elle longtemps encore un si facile moyen de faire gratuitement du bien
? Les familles se refuseront-elles à elles-mêmes une ressource qui, dans la plupart des cas, leur
éviterait les frais et les erreurs des médecins ?
Si l’on en juge par le mouvement imprimé, depuis quelques années, à l’application de ce
traitement, il y a lieu d’espérer qu’elle se propagera, désormais, avec une rapidité relative ; car,
tandis que, naguère, les magnétiseurs dévoués trouvaient à peine quelques malades à guérir
GRATUITEMENT, tant était grande l’incrédulité du public, en matière de Magnétisme,
aujourd’hui, les guérisseurs justement, rémunérés, voient journellement, assiéger leur porte par
plus de clients qu’ils n’en peuvent traiter. C’est un symptôme significatif. L’heure de la
vulgarisation a donc sonné ! Aussi, je le répète, en favorisant, de mon mieux, l’introduction du
Magnétisme au sanctuaire familial, je crois accomplir une oeuvre utile, par conséquent un
devoir.
Que chacun se mette donc à l’oeuvre et, après quelques tâtonnements de courte durée, nul doute
qu’on ne réussisse. Quelle mère ne sera pas heureuse déposséder, en permanence, le moyen de
guérir ses enfants ou tout au moins de les soulager dans les nombreuses crises et indispositions
auxquelles les assujettissent les diverses phases de la croissance ! Et lorsque la femme aura
consacré le Magnétisme par des guérisons sur les siens, cette cause, si éminemment
humanitaire, sera bien près de la vivii fioé det trecni.
— Si, durant sa phase d’initiation, le traitement fluidique a dû se pratiquer entre inconnus, les
temps n’en arrivent pas moins où son vrai siège sera le centre familial. Dans une oeuvre de
propagande, on doit au public toute la vérité. Ici, elle est aisée à pressentir. La volonté se
trouvant à la base des opérations magnétiques, on sent, d’entrée, à quoi certains malades
pourraient se trouver en butte s’ils venaient à tomber aux mains de magnétiseurs peu scrupuleux
qui, pour rares qu’ils soient, existent cependant. C’est un acte singulièrement sérieux, que de
soumettre une jeune fille, par exemple, à l’influence magnétique d’un étranger ; et sur ce point,
je comprends, en l’approuvant, la réserve et les défiances des parents ; car, en rendant un trop
juste hommage à certains magnétiseurs qui, se consacrant au soulagement de leurs frères, ont,
certes, bien mérité de l’humanité, je sais que, malheureusement, tous les expérimentateurs n’ont
pas droit à cet éloge.
Faudra-t-il, pour cela, rejeter le magnétisme ? Les conséquences logiques d’une telle
détermination nous entraîneraient un peu loin dans la plupart des choses existantes. Le feu serait
proscrit de nos usages puisqu’il offre de sérieuses chances d’incendie ; le gaz, la vapeur à causes
des explosions possibles ; l’électricité, la navigation, les chemins de fer avec tous leurs
avantages, mais, aussi, leurs incontestables dangers, seraient reniés par la civilisation. De même
au point de vue moral. Les institutions scolaires deviendraient désertes si l’on envisageait tous
les genres d’abus qu’elles peuvent abriter ; et l’on prend, parfois, de folles envies de vivre en
ermite, quand on songe à toutes les trahisons qu’on a subies de ses plus intimes amis. Mais pour
finir par l’exemple le plus concluant, qui donc se marierait encore si l’on se représentait
sérieusement toutes les éventualités du mariage ? Pourtant, que seraient les rapports humains
16
quand on en retrancherait ces éléments qui, en somme, constituent le progrès, et même l’infime
dose de bonheur départi à chacun de nous ?
Il en est de même du Magnétisme : Tâchons de l’employer avec sagesse et, pour cela, donnons-
lui droit de bourgeoisie dans nos demeures. Nous saurons alors à qui, à quoi nous avons affaire
; la guérison sera d’autant plus probable que le traitement sera prompt, sympathique et,
d’ailleurs, exempt de toute arrière-pensée, condition des plus favorables aux volitions
fluidiques.
17
Chapitre 4 – Comment on magnétise
Après avoir sommairement examiné ce que, jusqu’à nouvel ordre, on admet sur le fluide23
magnétique au triple point de vue de sa nature, de ses attributions dans notre organisme, et de
l’empire qu’exerce la volonté sur les évolutions de cette force intime, il nous reste à retracer les
procédés les plus usuels de son emploi comme curatif.
Le fluide curatif, avons-nous dit, s’échappe surtout par le bout des doigts où il produit, lorsqu’il
est énergique ou très abondant, une sorte de fourmillement. Cette émission est, le plus souvent,
accompagnée d’une chaleur douce et pénétrante qui va provoquer et rééquilibrer, chez les
malades, des vibrations organiques plus ou moins troublées.
On comprend, dès lors, que le sang, autre élément fluidique, soit si fortement influencé par ce
courant subtil, que, dans mille circonstances diverses, des hémorragies très graves aient été
arrêtées sous la seule action du Magnétisme24.
Voilà donc toute la série des affections du système sanguin, — au moins relativement à la
circulation, — entrée dans le domaine du traitement fluidique. Suivent les maladies nerveuses
qui tiennent de si près à l’agent magnétique, et contre lesquelles, justement par cette raison, les
médecins qui nient ce dernier, s’avouent eux-mêmes dérisoirement armés par la science. Ici, au
contraire, le magnétisme est passé maître et guérit souvent dans l’espace de quelques jours, et
même de quelques minutes, des affections rebelles à tous les médicaments. Ce fait, que j’ai vu
cent fois, se produire sur d’autres personnes et sur moi-même, est de nature à faire penser. Si
Messieurs les Docteurs en médecine, au lieu de nier le fluide, ou de le confondre avec le système
nerveux, consentaient à l’observer, ils acquerraient de belles chances d’agir un peu plus
intelligemment dans les innombrables cas où, se trouvant débordés par des phénomènes, selon
eux, inexplicables, ils font de l’empirisme officiel ne pouvant faire de la science devant
l’accomplissement de lois qui leur sont inconnues.
Je ne puis entrer, ici, dans la nomenclature des maladies guérissables par le Magnétisme, car
tous les jours ce catalogue augmente et nous ne sommes pas près de le voir définitivement clos.
J’ai vu ce traitement guérir des gens absolument condamnés comme paralytiques, phtisiques,
névrotiques, etc., etc. ; cela ne signifie pas que, par ce moyen, on soit certain de guérir de tout
; ce serait la suppression de la mort et cette dernière n’abdique point ; mais n’est-il pas déjà très
beau de ne plus regarder comme incurables, des affections organiques dont le nom seul est un
épouvantail ?
Donc, sans approfondir les moyens d’action à mettre en oeuvre dans ces conjonctures
exceptionnelles, — puisqu’il est bien entendu que ces pages s’adressent aux seuls novices en
fait de Magnétisme, — parlons, plutôt, des indispositions que tout le monde peut traiter, sans
autre étude que celle des mouvements élémentaires servant à l’émission et à l’extraction du
fluide. Observons, d’abord, que des maladies graves s’accentuent constamment sur un malaise
précurseur qu’une énergique magnétisation dissiperait le plus souvent ; dans une infinité de cas,
23
Malgré l’opinion de certaines gens qui s’intitulent savants et, sans avoir cherché si le fluide humain existe ou
non, le nient, a priori, je persiste à nommer ainsi l’élément magnétique, jusqu’à ce que ces Messieurs nous aient
fourni d.es renseignements compatibles avec le sens commun et surtout avec les faits constatés.
24
Une jeune femme de mon voisinage, Mme Lenoir, à la naissance de son premier enfant, eut une hémorragie
dont on ne pouvait devenir maître. Comme elle allait en mourir, on appela, en toute hâte un magnétiseur qui, par
quelques passes, mit fin au danger. M. L. Grobet, dont j’ai déjà parlé, assistant un jour un chirurgien de ses amis
dans une opération très hasardeuse, arrêta sur le champ, au moyen du Magnétisme, une hémorragie produite par
la déviation d’un instrument chirurgical. Le sang, retenu sous la main du magnétiseur, permit au chirurgien de
faire la ligature nécessitée par cet accident.
18
il suffit de rééquilibrer promptement les vibrations fluidiques, pour les mettre à même de réagir,
avec plus de puissance, contre les perturbations du système physique, proprement dit. C’est,
surtout, auprès des enfants qu’on est appelé à l’expérimenter.
Combien de toux rauques ou d’accès intermittents, — menaçant, soit de croup, soit de
coqueluche, — n’ai-je pas vus céder à la simple imposition des mains, suivie de passes légères
et prolongées sur la poitrine du bébé !
Que de maux d’entrailles guéris, d’indigestions dissipées ! Que de maux conjurés !
Si la mère savait quelle puissance elle possède pour calmer le sommeil agité de son enfant pour
rasséréner ses nerfs agacés, tendus, par le cruel travail de la dentition ou l’effort laborieux de la
croissance ! Et dire que, bien loin de s’affaiblir avec le temps, cette admirable influence
augmente, au contraire, à mesure qu’on l’emploie, c’est vraiment, de quoi prendre en pitié les
pauvres gens qui nient et rejettent, de parti pris, un tel bienfait de la nature !
Peut-être pense-t-on que, pour appliquer le Magnétisme à la thérapeutique, il faut avoir acquis
certaines connaissances médicales assez peu vulgarisées jusqu’ici. Hâtons-nous donc
d’affirmer que, pour faire beaucoup de bien, le magnétiseur n’est point tenu de posséder ces
données spéciales ; car, en agissant directement sur le siège même de la douleur, il a quatre-
vingt-dix-neuf chances de réussite contre une. C’est beaucoup plus que n’en présentent les
médicaments de MM. Les docteurs25.
Certes, le magnétisme ne peut que gagner à se voir appliquer scientifiquement ; et tous ceux
qui ont à coeur d’étendre ses magnifiques propriétés au plus grand nombre possible de maladies,
étudient avec soin l’anatomie, la physiologie, etc. Ceux-là sont les praticiens dévoués et
convaincus : les apôtres. Aussi, arrivent-ils à des résultats souvent inespérés. Mais, encore un
coup, ce petit livre, a pour seul but d’engager tout le monde à s’essayer dans cette utile et facile
pratique ; et cela, parce que je suis persuadée que les expérimentateurs seront, d’emblée,
tellement encouragés, captivés, par leurs propres succès, que le reste ira, de soi-même.
De plus, le rayonnement fluidique étant, comme on l’a déjà vu, inhérent à notre nature ; on
acquiert, en l’employant, une sorte d’intuition telle que, même en ignorant les symptômes du
mal, l’imposition des mains se fait machinalement, en quelque sorte, sans qu’on sache pourquoi,
vers l’organe atteint ; tellement est considérable, dans ce domaine, la question d’équilibre entre
les fluides en présence. Tous les magnétiseurs, sont d’accord â constater ce fait aussi étrange
que vrai.
Aussitôt, donc, que l’exercice a formé, assoupli l’opérateur, celui-ci peut se fier à l’instinct que
dirigent les affinités et les oppositions fluidiques. La preuve, c’est que, malgré les traits
généraux indiqués pour la pratique du magnétisme, chacun a sa manière de procéder, sans,
cependant, agir identiquement dans tous les cas semblables.
C’est pourquoi l’on ne doit guère se préoccuper de la méthode à suivre ; la volonté de faire du
bien suffisant à elle seule pour équilibrer et diriger l’action des fluides. Cela paraît quelque peu
fantastique : mais cela EST. Il y a encore, de par la nature, bon nombre de choses mystérieuses
que nous subissons sans les comprendre26 ; une de plus n’est pas une affaire ; le tout est d’être
certain de sa réalité. Or, pour acquérir une certitude, il n’y a guère qu’un moyen, c’est
d’expérimenter.
25
Le docteur Dupin, de Genève, dans la biographie du docteur d’Espine, considère ce dernier comme digne des
plus grands éloges pour avoir : rarement fait du mal à ses clients au début d’une maladie. Cet aveu tacite n’est-il
pas bon à noter ?
26
Avant l’invention du câble sous-marin, avant la découverte du phonographe, l’homme qui eût affirmé qu’un
jour les continents s’entretiendraient INSTANTANÉMENT entre eux, à travers les profondeurs océaniques ; que,
d’autre part, on emporterait sur soi, pour les reproduire, à volonté, avec le timbre même de la voix, un discours
plus ou moins académique ou un opéra quelconque, celui-là, dis-je, eût passé pour le plus incurable des fous et,
pourtant, il s’agissait ici d’appliquer des lois physiques bien plus saisissables et, surtout, plus connues que les
éléments dynamiques de l’être humain, jusqu’à présent si négligés, grâce au dédain superbe des corps officiels.
En présence de ces faits, le sage est celui qui sait dire : « Tout est possible, quoique tout ne soit pas certain. »
19
Donc, en disant, ici, comment on peut magnétiser, je ne prétends point poser une règle ; encore
moins, une règle unique.
Je me borne à décrire les moyens qui m’ont toujours réussi ; mais ils se présentent ici comme
types indéfiniment modifiables.
Un procédé, seulement, dont nous allons parler, doit être réservé si l’on ne veut s’exposer à
certains accidents, surtout dans les débuts. Mais, en cela même, il m’est arrivé de passer outre,
avec succès, dans un cas où cette sorte, d’infraction m’était nettement imposée comme
nécessaire.
En thèse générale, la faculté magnétique variant d’intensité et de qualité selon les individus, les
premières expériences devront être tentées avec modération ; surtout, si le sujet est très nerveux.
J’ai vu un magnétiseur doué, sans le savoir, d’une grande force fluidique, produire, chez une
dame extrêmement sensitive, un commencement de congestion pulmonaire ; cet incident, dont
un praticien ne se fût point ému, embarrassait fort notre novice opérateur ; des assistants, plus
expérimentés, lui apprirent comment il devait s’y prendre pour faire cesser le phénomène et la
dame ne s’en ressentit point. Mais le débutant comprit qu’il devait, à l’avenir, déployer plus de
prudence et ne pas influencer les sujets sans être certain de savoir dégager, c’est-à-dire, enlever
le fluide excédant. Il faut donc compter avec, cette puissance, et savoir graduellement la
mesurer si l’on veut s’employer sérieusement à la guérison des malades. Au surplus, cette étude
n’offre aucune difficulté, aucun danger, non plus, à la condition de savoir extraire promptement
le fluide.
Ici, se place naturellement la précaution à observer ; elle n’est pas nouvelle ; car c’est la même
que recommandent aussi les médecins dans l’emploi des frictions. Il importe de toujours diriger
les passes de haut en bas, pour éviter de ramener le sang vers les organes supérieurs et de
congestionner le malade. Le fluide agissant si directement sur la circulation sanguine, doit être
conduit vers les extrémités inférieures et tendre à dégager le cerveau, les poumons, le coeur.
Nous esquisserons, dans la suite, les principales circonstances qui peuvent se produire pendant
la magnétisation, et les moyens par lesquels on les modifie.
Si, dans un autre ordre d’expériences, le regard seul obtient des phénomènes étranges :
(catalepsie, fascination, extase, frayeur, etc., etc.) le traitement des malades appelle surtout
l’imposition des mains. Quelques praticiens puissants arrivent bien à projeter le fluide sans
employer cet auxiliaire ; mais c’est l’infime exception27 ; nous n’avons pas à nous en occuper,
dès qu’il s’agit uniquement du magnétisme curatif.
Dans ce domaine, deux procédés principaux influencent plus ou moins puissamment le sujet,
et sont mis en usage selon qu’on veut impressionner l’ensemble du tempérament ou seulement
un organe spécial.
Pour remplir le premier de ces buts, le magnétiseur s’assied en face du malade28, sur les deux
pouces duquel il pose les deux siens, afin de comprimer LÉGÈREMENT l’artère. Puis, il fixe
du regard l’épigastre (creux de l’estomac), centre nerveux éminemment sensitif aux fluides.
Après un laps de temps variable, (entre cinq et quarante minutes, suivant les conditions
multiples qui régissent la production de ces effets), le malade éprouve une sorte
d’engourdissement, une lassitude, plus ou moins accentuée, à la nuque, aux épaules, surtout ;
les yeux appesantis se ferment ou se voilent ; — je ne parle que des effets les plus ordinaires,
— la voix devient plus faible, la parole plus lente ; ces symptômes démontrent que la CHARGE
magnétique est suffisante ; il convient alors de laisser un instant le sujet dans cet état ; le fluide
pénètre l’organisme entier et lui communique une impulsion nouvelle que l’on favorisera, tout
27
Le Zouave Jacob, par exemple, traite à distance ; et s’il ne guérit pas tous ceux qui ont recours à lui, il n’en est
pas moins vrai que, depuis 15 ans et plus, qu’il exerce en plein Paris, ses soins ne cessent d’être réclamés par une
foule de malades.
28
Pour laisser plus de liberté au courant fluidique, l’un et l’autre s’abstiendront de croiser les jambes.
20
à l’heure, par des PASSES destinées à le faire circuler pour provoquer ou régulariser les
évolutions vitales, partout où elles ont subi quelque altération.
Après cinq, dix ou quinze minutes de ce repos artificiel, le magnétiseur, debout, devant le
malade toujours assis, étend, sans raideur, les deux mains en avant, à trois ou quatre centimètres
au-dessus de la tête du sujet et, très lentement, avec calme, par un mouvement égal, sans
secousse et sans arrêt, les descend le long du corps, en les maintenant à la même distance mais
en suivant les sinuosités des formes jusqu’aux pieds ; comme s’il voulait entourer la personne
d’un gaz quelconque.
Arrivé là, il a soin de FERMER LES MAINS (pour ne pas remonter le fluide émis par
l’extrémité des doigts) et, les replaçant comme la première fois au-dessus du cerveau, il les
ouvre et continue à les abaisser ainsi que je viens de l’expliquer 29 . On appelle ceci les
GRANDES PASSES pour les distinguer de celles qu’on pratique de la même façon, mais
localement, à la tête, aux bras, au dos, etc.
On opère les grandes passes, pendant plus ou moins de temps, jusqu’à ce que le malade déclare
se sentir bien ou qu’il paraisse dans un calme complet. On le laisse de nouveau quelques
minutes dans cette saturation fluidique, puis, on procède au DÉGAGEMENT ; car cette force
vitale qui, du magnétiseur se dirige sur le magnétisé, n’est qu’une sorte de prêt destiné à stimuler
un fluide insuffisant ou paresseux, et à lui restituer l’étendue, l’élasticité de ses propres
volitions. Le dégagement se produit par des passes transversales énergiques et très rapides ;
semblables à celles qu’on serait porté à faire autour d’une personne enveloppée, de vapeurs
qu’on voudrait écarter. L’opérateur rapproche ses deux mains en face du malade, et, toujours
sans le toucher, les éloigne vivement en les abaissant, chaque fois davantage, jusqu’aux pieds
prenant soin de secouer le fluide inutile, et même nuisible, qu’il extrait ainsi du sujet30. Quand
ce dernier, se trouve complètement allégé, avec un sentiment général de fraîcheur, le
dégagement est complet.
Ce traitement par les pouces m’a particulièrement réussi dans les affections chroniques où
l’organisme entier était atteint. Il produit parfois, instantanément, des effets étonnants. Ainsi,
j’arrivai un jour chez une de mes amies, Mlle B., — qui, je l’espère ne m’en voudra pas de citer
ce fait. — Sa mère souffrait depuis six mois, d’une maladie soi-disant nerveuse, comme toutes
celles auxquelles les médecins ne comprennent rien. Cette pauvre dame passait, jour et nuit, sa
triste vie dans un fauteuil, se trouvant encore plus mal au lit. Un tremblement violent la secouait
sans relâche ; au point qu’il fallait la faire manger, comme un petit enfant. Sa fille était désolée.
J’obtins la permission de tenter un peu de soulagement au moyen du magnétisme, et je procédai,
par les pouces et les grandes passes, conformément à l’explication ci-dessus. Le tremblement
diminua graduellement, jusqu’à cessation complète ; un paisible sommeil survint ; je me gardai
bien de le troubler ; une demi-heure après, le réveil ayant lieu, je dégageai la malade. Elle resta
dans un calme qui lui permit de prendre, elle-même et sans aide, son léger repas, ce qu’elle ne
faisait plus depuis plusieurs mois. Heureuse et remplie d’espoir, je quittai cas dames en leur
promettant de revenir. D’après ces remarquables effets nous avions toutes la persuasion qu’un
traitement fluidique suivi pourrait guérir Mme B. Malheureusement, le lendemain, un grave
accident me mit hors d’état de lui continuer mes soins ; il eût fallu soutenir par de nouvelles
séances le mieux qui s’était manifesté ; mais l’époux de la malade avait horreur du magnétisme
! Mme B. retomba dans son premier état et mourut de cruelles souffrances.
29
Certains sujets s’endorment pendant la magnétisation ; les magnétiseurs novices feront bien de ne pas aller
jusqu’au sommeil complet qu’ils auraient peut-être quelque peine à dissiper ; plus tard, ils pourront même le
provoquer, comme élément réparateur. Ici, l’avantage d’opérer en famille se démontre de lui-même ; il faut
pouvoir, sans aucun danger, bénéficier du magnétisme curatif.
30
Le fluide curatif s’imprègne des miasmes internes du malade ; c’est encore là une de ses remarquables
propriétés. Il faut donc éviter de le jeter sur quelque assistant placé près du magnétiseur.
21
Le résultat de mon simple essai, m’a laissé le regret amer de mon impuissance momentanée, et
la certitude que cette affection, si proche parente de la paralysie, aurait, sous des efforts
intelligents et dévoués, cédé à l’action du magnétisme.
Si, dans ce genre de maladie ou dans tout autre, le malade se plaint de douleurs locales, on peut,
avec succès, pendant qu’il est, pour ainsi dire, imbibé de fluide, opérer des passes partielles sur
les organes souffrants, (la tête, l’estomac, les membres etc.), en chargeant et continuant un peu
au-delà de l’espace douloureux ; après quoi, on reprend les grandes passes, puis le dégagement.
Les praticiens conseillent aux magnétiseurs de se dégager eux-mêmes des fluides délétères
qu’exhalent leurs malades et qu’ils s’assimilent, dans une mesure variable, en vertu de la
communication dynamique provoquée par le traitement31. Il n’est pas rare de voir l’opérateur
pris momentanément des mêmes symptômes que son patient, tandis que, au contraire, celui-ci
va sensiblement mieux. Cet incident, tout fluidique, se dissipe de lui-même et n’offre aucun
danger ; cependant, si, en se dégageant après, la séance, on peut l’éviter, pourquoi ne pas le
faire ? On use également des grandes passes sans comprimer les artères des pouces. Je n’agis
guère sur ces derniers que dans les maux graves ou très invétérés ; quand je désire faire pénétrer
le fluide jusqu’aux profondeurs organiques.
Si, durant ce traitement, et même avec les simples passes, le malade se plaignait d’oppression
ou de lourdeur de tête, on dégagerait un peu ; et, plaçant un instant les deux mains à distance
au-dessus des genoux, on les abaisserait ensuite vers les pieds, afin d’y attirer le sang. Cela
suffirait pour détruire le malaise et permettre de reprendre le traitement où il en était.
Les grandes passes calment et fortifient l’ensemble de l’organisme. Elles sont particulièrement
efficaces dans les affections nerveuses et chez les convalescents. Chose curieuse : leur action
est souvent d’autant plus puissante qu’on ne les fait pas de trop près. Certains malades sont
beaucoup plus influencés de loin.
Un traitement prolongé, des séances fréquentes, développent la puissance du magnétiseur et
l’impressionnabilité du malade ; de plus, tous deux varient de disposition en vertu des
innombrables causes qui réagissent sur notre tempérament. Cette mobilité, attribut essentiel de
l’agent vital, occasionne des effets imprévus, souvent fort instructifs pour qui sait les observer,
mais dont le cadre si restreint de ce travail ne comporte pas le développement. Bornons-nous à
les signaler comme de précieuses directions sur les changements à opérer dans la marche du
traitement. On prend conseil de l’incident même pour agir avec connaissance de cause ; c’est
ainsi qu’on devient habile, car l’observation attentive et l’expérimentation prudente sont, en
magnétisme, les deux conditions essentielles du succès.
L’exemple suivant fera mieux comprendre ma pensée :
Une jeune femme de ma famille était fort sujette à d’intolérables maux d’estomac, contre
lesquels tous les remèdes étaient restés sans autre effet qu’une aggravation notable. En plusieurs
occasions, j’avais délivré cette personne de souffrances diverses, au moyen du traitement
fluidique et, toujours, bien que sceptique en fait de Magnétisme, elle avait déclaré ressentir,
pendant le traitement, une impression de chaleur très accentuée. Comme sa crampe de l’estomac
se produisit un jour qu’elle était chez moi, je lui proposai de la soulager en lui faisant quelques
passes ; mais elle me refusa, disant que toute chaleur augmentait l’intensité de la douleur. Eh
bien, lui dis-je, nous emploierons du fluide froid. Elle se prêta sans conviction à mon expérience
; car, ainsi que beaucoup de gens, elle se targue de ne point croire au Magnétisme, en dépit des
cures obtenues, sur elle-même, par cette influence. Je me plaçai donc en face de la malade qui,
à moitié étendue sur un divan, se tordait de souffrance. A peine avais-je pratiqué six à huit
31
Cette mesure est, aussi, un excellent préservatif des maladies contagieuses. La volonté de repousser les mauvais
fluides, jointe à d’énergiques dégagements, pratiqués sur soi-même, au moyen des passes transversales, (voir pages
79-80), de haut en bas, protégeront, les personnes dont le dévouement affronte des maladies transmissibles.
22
passes avec la ferme volonté d’émettre du fluide froid, que la crampe céda peu à peu comme
par enchantement ; la jeune femme, entièrement soulagée, se calmait à vue d’oeil : elle était
remise de cette indisposition terrible, qui durait depuis huit jours consécutifs ; se renouvelant,
toujours plus douloureusement, à des intervalles très rapprochés. Comme je lui demandais avec
intention si elle, avait ressenti une vivifiante chaleur : Non, me dit-elle, j’éprouvais, au
contraire, une impression de fraîcheur. Ma volonté avait donc changé la nature du fluide ; je
l’avais bien senti pendant le traitement. Quoi qu’il en fût, la malade était guérie, car ses douleurs
n’ont pas reparu. Chaque magnétiseur a, dans les annales de sa pratique, un certain nombre de
faits similaires ; on conçoit ce qu’une intelligence vigilante, doublée d’un coeur dévoué, peut
en voir jaillir de lumières.
Mais revenons à la question.
Le traitement par les grandes passes ne diffère du mode décrit plus haut que par l’absence
d’action sur l’artère du pouce et une plus longue CHARGE (imposition des mains) sur le
cerveau, d’où l’on fait ensuite descendre le fluide jusqu’aux pieds, en le répandant également,
par la volonté, dans l’économie entière ; le dégagement se fait comme on l’a déjà vu.
Certaines douleurs locales persistent-elles, tandis que le sujet est sous l’action des fluides ?
Quelques insufflations chaudes, — tout le monde sait les faire, — sont d’un effet puissant ; on
opère ensuite des passes sur le siège même du mal, puis, après quelques grandes passes, pour
égaliser la répartition du fluide, on dégage, toujours jusqu’à extinction de lassitude, lourdeur,
etc. Bon nombre d’indispositions, n’exigent ni traitement par les pouces, ni grandes passes. Il
suffit d’agir spécialement sur l’organe souffrant. Le rhumatisme partiel, la névralgie (quand
elle n’est pas chronique), certaines crampes d’estomac ; les tranchées intestinales et même
utérines, les entorses, etc., etc. ; et, généralement, les incidents de santé des enfants, guérissent
très bien par un traitement limité aux régions atteintes. On pratique en petit comme en grand ;
on étend d’abord les deux mains au-dessus de l’endroit, malade et l’on charge durant quelques
minutes ; quand, le patient éprouve une sensation fluidique bien déterminée, quoique
circonscrite, on procède aux passes, toujours descendantes ; on ferme les mains32 en arrivant en
bas, pour les rouvrir sur la partie supérieure de l’endroit traité. Dans cette action restreinte, les
insufflations33 ont aussi leur très réelle utilité ; on les emploie comme dans le grand traitement.
Le dégagement a lieu sur le même espace que la magnétisation ; mais, comme je l’ai déjà dit,
on a soin d’étendre l’un et l’autre un peu plus loin que le siège douloureux. Si le traitement dure
un certain temps, — car, il ne faut pas croire que tous ses maux disparaissent, dès la première
séance34, — on trouve un auxiliaire très efficace dans l’emploi de l’eau magnétisée. Le malade
s’en abreuve, deux ou trois fois le jour, par verre ou demi-verre, selon les cas. L’eau magnétisée
a pour effet d’entretenir l’influencé fluidique, en l’absence du magnétiseur et d’en saturer
l’organisme, ce qui favorise ; et maintient les bons résultats du traitement.
La préparation de cette singulière potion, consiste à remplir d’eau une bouteille, un vase, etc.,
qu’on charge en plaçant les deux mains à l’entour, sans y toucher, comme on le ferait pour une
personne. Au bout de quatre à cinq minutes, on fait quelques passes et tout est dit. J’ai moi-
même cent fois éprouvé les bons résultats de cette médication peu coûteuse. Un morceau de
32
Quelques magnétiseurs ne croient pas ce soin très nécessaire. Sans en faire une sorte de dogme pratique, je
conseille sérieusement de le prendre ; car, il est prouvé que, si on le néglige parfois impunément, dans certaines
circonstances imprévisibles, cette abstention a produit des accidents assez graves pour nous rendre circonspects
sur un point dont l’observation ne présente ni fatigue ni difficulté.
33
L’insufflation se fait en mettant plusieurs fois, avec force, un souffle chaud, au travers des vêtements ou d’un
morceau de flanelle appliqué sur l’organe malade.
34
On a vu des cas de paralysie, déjà invétérée, se guérir par le magnétisme : sans doute cette maladie ne cède
guère qu’à de longs et persévérants efforts ; mais encore est-on heureux, même à ce prix, de posséder un moyen
curatif pour certains cas où la science (!) n’en connaît pas.
23
flanelle, plié en plusieurs doubles, magnétisé de la même façon, et placé sur la partie malade,
fait, aussi, admirablement.
Il me reste à signaler, sommairement, quelques-uns des incidents possibles, au cours de la
magnétisation, et les dispositions à prendre, pour recueillir de ce traitement tout le bien qu’il
est à même de produire.
Afin d’opérer dans les conditions les plus favorables, le magnétiseur, outre un vif désir de faire
du bien, doit posséder le calme, l’attention soutenue et la concentration de volonté, dont le
concours simultané peut seul assurer la réussite de ses efforts. Les sentiments, les opinions du
sujet n’ont qu’une importance très secondaire ; qu’il demeure passif, s’il n’est pas convaincu,
le reste se fera tout seul. Cependant, s’il y avait chez lui résistance ou antipathie personnelle, il
ne faudrait point passer outre. Opérateur et patient, avant d’entrer en séance, laisseront s’écouler
au moins deux heures sur leur dernier repas ; un trouble digestif pouvant, chez l’un ou l’autre,
provoquer quelque perturbation sanguine. Le malade, assis aussi commodément que possible35,
s’abstiendra de toute conversation afin de ne pas distraire le praticien. Le plus grand silence
régnera dans la chambre où l’on opère ; car l’action fluidique augmentant de beaucoup la portée
des perceptions, et le système nerveux se trouvant sous une influence qui en exagère la
sensitivité, un bruit soudain, un éclat de voix, pourrait déterminer une crise fâcheuse.
Cependant, même en ce cas, le magnétiseur doit rester maître de lui ; faire cesser
immédiatement le bruit ; rasséréner le sujet au moyen de quelques grandes passes
énergiquement calmantes, si je puis m’exprimer ainsi, puis, dégager au plus tôt, quitte à
recommencer le traitement. Si par un incident quelconque, la respiration s’embarrasse, le
dégagement rapide et, en cas de persistance, quelques insufflations sur le coeur, également
suivies du dégagement, dissipent très promptement, ces symptômes. Dans toutes les situations
douteuses, l’opérateur inexpérimenté doit d’abord dégager le sujet ; après quoi, il avise. C’est
le moyen de ne point marcher au hasard sur un terrain inexploré ; car bon nombre de lois
naturelles nous échappent encore, et nous ignorons même l’étendue et les ressources de celles
que nous commençons à constater ; mais s’il est une branche d’étude capable de nous révéler
ces richesses insoupçonnées, c’est, bien certainement, — en ce qui regarde nos maladies, — le
magnétisme, dont l’immense et mystérieux domaine touche à la fois, dans ses confins opposés,
aux évolutions physiologiques les plus intimes, comme aux phénomènes psychologiques les
plus évidents. L’étrangeté même des résultats obtenus limite étroitement le rôle d’une initiation
élémentaire, puisque chacun obtient des résultats particuliers à sa propre individualité et dont,
par conséquent, on ne saurait tirer des inductions générales.
En démontrant que le fluide magnétique existe, qu’il constitue l’un des éléments primordiaux
de notre être ; que, par la volonté nous pouvons le diriger et l’utiliser pour la guérison de nos
maladies ; en engageant les familles à bénéficier d’une force naturelle si bienfaisante ; en
ébauchant, enfin, quoique sommairement, les procédés pratiques du traitement, j’ai, me semble-
t-il, rempli la mission que je m’étais imposée en commençant ce petit travail. Le reste appartient
aux âmes de bonne volonté qui tenteront d’expérimenter ces données.
Je prends donc, ici, congé de mes lecteurs ; heureuse et reconnaissante de leur persévérance,
s’ils m’ont suivie jusqu’à ces dernières pages, à travers une lecture parfois aride ; mais, plus
heureuse, encore, si cet opuscule peut contribuer, pour son humble part, à la diffusion d’une
grande vérité, au profit de ceux qui souffrent, et à leur assurer, dans l’avenir, au lieu de l’hospice
et des spécifiques, souvent barbares, de la pharmaceutique actuelle, les inestimables trésors du
Magnétisme, en possession de sa place légitime au foyer domestique.
35
On recommande les vêtements de laine ou de coton de préférence à la soie, fort mauvaise conductrice du fluide.
Remarquons, à ce propos, que les effluves magnétiques pénétrant les substances qui servent à la fabrication des
habits, on n’a pas à se préoccuper des étoffes comme obstacle matériel ; le traitement peut et doit, donc, s’effectuer
dans les limites de la plus stricte convenance.
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Table des matières
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