Cours Questions Monetaires Des Ped 2022 - 090222
Cours Questions Monetaires Des Ped 2022 - 090222
Cours Questions Monetaires Des Ped 2022 - 090222
PLAN DU COURS
INTRODUCTION GENERALE
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 3
INTRODUCTION GENERALE
Ce cours ne s'adresse pas uniquement aux étudiants mais également à tous ceux qui, de par leur
profession, sont concernés directement par les phénomènes monétaires ainsi qu'à tout citoyen
soucieux de mieux comprendre son environnement économique, financier et monétaire. Car il
nous donne l’occasion d’étudier quelques questions monétaires que se posent les pays en
développement. Ainsi, ce cours tente d’apprécier l’incidence des questions monétaires d’actualité
sur la stabilité monétaire (interne et externe) et la cro issance économique dans les pays en
développement. L’on sait que l’objectif principal de la politique monétaire des banques centrales
est d’assurer la stabilité monétaire qui se décline en deux sous-objectifs : la stabilité interne
(inflation faible 1 ) et la stabilité externe (taux de couverture extérieure 2 de la monnaie suffisante).
Durant des longues années de colonisation, l'organisation du continent Africain était conçue et
dirigée d'abord en fonction des intérêts de métropoles. Et la monnaie ne se présentait que
comme moyen d'action du pacte colonial. Aujourd'hui, l'Afrique est en pleine mutation
structurelle et cherche des structures qui lui conviennent. Ces changements constants trouvent
leur signification dans le fait que les Etats indépendants d'Afrique cherchent à organiser
souverainement leur propre devenir économique.
Plus qu'aucun autre continent, en Afrique, nous assistons à des mutations du système monétaire
et financier dû à la « négligence » des Etats dans leurs responsabilités inhérentes à leur
souveraineté monétaire. Dans le cas spécifique du Congo, cette évolution a mené à une autre
caractéristique de distorsions internes graves qui minent l'économie du pays. Ce faisant,
“l'économie de la RD Congo est le prototype d'une petite économie ouverte en proie, à des
fréquents déséquilibres internes et externs”.
L’objectif de ce cours consiste à analyser les questions monétaires dans les pays en
développement avec pour objectifs visés : la stabilisation des prix et la stimulation de l'activité
économique. L’objectif de ce cours n’est pas de remplacer les livres qui traitent des questions
monétaires qui sont très nombreux et quelquefois excellents (voir la bibliographie) . Nous
cherchons par ce travail à accorder une certaine autonomie à nos étudiants qui doivent
apprendre à compléter par eux-mêmes leur formation et à parvenir à synthétiser les idées. Ils
devraient être en mesure de se forger une opinion propre dans la jungle de notre discipline.
En somme ce cours contribue à sensibiliser les étudiants aux aspects multiples de questions
monétaires dans les pays en développement : institutionnel, analytique, historique…. Il
ambitionne de compléter la formation en traitant, particulièrement, du cas congolais en ce qui
concerne la dollarisation de l’économie congolaise et la place de la RD Congo dans la
mondialisation.
1
La norme retenue par les économistes est l’intervalle de 2 à 3%.
2
Le taux de couverture extérieur est le rapport entre les avoirs extérieurs de la banque centrale du Congo et
ses engagements vis à vis du secteur bancaire et des Etats.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 4
La grande question de l’histoire économique africaine au cours des XX ème et XXIème siècles est:
pourquoi ce continent est-il resté pauvre? Au début et au milieu du XX ème siècle, les pays africains
ont gagné en espérance de vie, en niveau d’éducation et en richesses. Mais, depuis la crise de la
dette des pays émergents en 1982, ces progrès se sont arrêtés ou ont diminué dans beaucoup de
pays.
Nous sommes persuadé qu'il est impossible de comprendre parfaitement les problèmes
d’intégration monétaire dans les PED sans en connaître toute l'évolution historique . Selon R.
Harrod, “pour qu'une théorie pure serve l'interprétation des phénomènes courants et
l'élaboration de décisions quotidiennes, elle doit être en plus étoffée par de nombreuses
références historiques”. 3
Les peuples de l’Afrique subsaharienne, et notamment ceux qui commerçaient avec le Nord,
étaient habitués aux pièces de monnaie et au système bancaire bien avant l’époque coloniale.
Les Africains de cette région utilisaient des pièces d’or, d’argent et de bronze venues du Nord,
mais aussi des « monnaies primitives » (sel, fer, cuivre, élevage) dont la plus connue est sans
doute le cauri d’Afrique de l’Ouest : les cauris, petits coquillages, étaient transportables, durables,
difficiles à imiter et rares en Afrique de l’Ouest. Ils ont donc été facilement acceptés dans la
région comme moyen de paiement, unité de valeur et de compte à partir du VI ème siècle. Les
cauris, des jolies coquilles blanches provenant de l'Océan Indien. Ils furent introduits en Afrique
par les Arabes d'abord et les Portugais en amplifièrent l'usage au XVIè siècle ensuite.
Les N'ZIMBU (une sorte de coquillages) furent un instrument d’échange parmi les plus anciens
de la Côte Occidentale de l'Afrique Equatoriale, et surtout entre le Congo et l’Angola. On
réunissait des femmes qui, entrant quelque peu dans la mer, lavaient le sable dans des corbeilles
et en retiraient de petits coquillages n'zimbu qu’elles portaient au trésor du roi.
Les tissus de fabrication artisanale ont joué également le rôle de monnaie dans les transactions
commerciales. Il s'agit des nattes et des pagnes confectionnés à partir des fibres, tirées notamment
du palmier raphia, du pandanus et de l'ananas.
Les métaux, qui ont fourni des instruments d'échange les plus résistants et les plus adaptés à des
transactions successives et au transport. Ils étaient : les uns en fer ( haches, fers de lance, couteaux
de jet) en forme de serpe, fers de houe, cloches, barres, lingots, etc., et les autres en cuivre, dont
l'un acquit une réelle célébrité : c'est la croisette, lingot de cuivre en forme de croix.
3
Roy Harrod, La monnaie, Dunod, Paris, 1971, p.XII
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 5
Le commerce européen et la colonisation de l’Afrique ont été limités à la côte, du XV ème siècle
jusqu’à la conférence de Berlin en 1884-85, au cours de laquelle les pays européens divisèrent
l’Afrique en sphères d’influence. Une des principales caractéristiques du colonialisme fut de
remplacer les monnaies primitives par les monnaies européennes en les imposant pour le
paiement des impôts. Ceci permettait également aux soldats, aux bureaucrates, ou aux
commerçants européens de traiter en monnaie européenne – plus facilement acceptée pour le
commerce international.
Nombre de colonies ont ensuite frappé elles-mêmes leurs pièces, et certaines ont commencé à
fabriquer des petites quantités de papiers-monnaies pour pallier le manque de pièces dans les
années 1800. Beaucoup de colonies ont également créé du papier-monnaie pendant les deux
guerres mondiales lorsque la guerre empêchait l’importation de pièces. Mais l’usage des billets
est resté limité aux commerçants et aux colons pendant des dizaines d’années. Il faudra attendre
la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu’ils soient largement diffusés.
Les pouvoirs européens avaient des approches différentes. La France, le Portugal, la Belgique et
l’Allemagne accordaient le monopole de la création de papiers-monnaies à des banques privées.
L’Italie et l’Espagne utilisaient les billets émis par leurs banques centrales. Comme les monopoles
étaient accordés par décision gouvernementale, les banques étaient en partie possession de l’État
colonial, ou sujettes à son contrôle.
La plupart de ces banques privées avaient leurs sièges en Europe. Au début, en dehors du
monopole sur l’émission des billets, elles avaient aussi le monopole des activités commerciales,
que ce soit légalement ou de facto. Les banques les plus importantes de l’époque étaient la
Banque de l’Algérie (plus tard, la Banque de l’Algérie et de la Tunisie); la Banque du Sénégal
(plus tard, la Banque de l’Afrique-Occidentale) pour les colonies françaises d’Afrique de l’Ouest
et du Centre; la Banco nacional ultramarino pour les colonies portugaises – Angola,
Mozambique, Cap-Vert, São Tomé et Príncipe; la Banque du Congo belge pour les colonies
belges – Congo, Rwanda et Burundi.
Ce type de banque n’était pas supposé avoir une politique monétaire autonome, comme une
banque centrale; au contraire, son rôle était de veiller au maintien du taux de change entre la
monnaie coloniale et sa monnaie de référence. En général, la monnaie coloniale avait le même
nom que sa monnaie de référence, et s’échangeait à une contre une. La principale exception
était en Afrique de l’Est, où les monnaies allemande et britannique faisaient partie de la roupie
indienne, largement utilisée.
Le système bancaire avait existé en Afrique avant l’arrivée des banques coloniales, mais ces
banques étaient des partenariats dans lesquels les propriétaires étaient également les dirigeants.
Les banques basées en Europe et installées en Afrique dans les années 1800 et au début de 1900
ainsi que les banques locales influencées par un modèle européen étaient des sociétés dans
lesquelles les actionnaires n’étaient pas forcément les dirigeants. Mais, dans la mesure où elles se
limitaient à leur empire colonial, la plupart de ces banques n’étaient pas des multinationales
comme on l’entend aujourd’hui.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 6
En imposant leur monnaie, leur système bancaire, et d’autres types de régulation économique
dans les frontières arbitraires qu’ils avaient données à l’Afrique, les pouvoirs coloniaux o nt en
partie empêché l’intégration économique à l’intérieur du continent. Mais, en même temps, une
intégration économique de l’Afrique avec l’Europe et le reste du monde a été possible. Les
monnaies coloniales, à l’exception de quelques-unes, sont parvenues à préserver des taux de
change rigides avec leurs monnaies de référence.
Il n’y a pas d’étude systématique des taux d’intérêt dans les systèmes monétaires coloniaux ; ces
taux étaient liés à ceux des puissances coloniales mais pas de manière uniforme. Les taux d’intérêt
pour les prêts étaient plus élevés dans les colonies que dans les puissances coloniales pour
plusieurs raisons : risques de défauts plus élevés et coûts de transports.
Les Africains percevaient avec raison que l’accès au crédit bancaire était plus difficille pour eux
que pour les colons. La plupart des terres étaient possédées de manière communale et par
conséquent ne pouvaient pas être transférées à des banques sans autorisation gouvernementale.
Les Européens offraient des risques moindres dans la mesure où ils avaient des titres de propriété
qui pouvaient passer aux banques en cas de défaillance. La terre étant la seule valeur des
Africains, l’incapacité de la réclamer comme collatéral signifiait qu’ils ne pouvaient obtenir des
prêts qu’à des taux exorbitants. Les Africains qui ne pouvaient obtenir des prêts de la part des
banques s’en remettaient donc à des prêteurs plus informels et plus chers (associations de crédits
renouvelables, prêteurs sur gages).
Les banques européennes ont été très critiquées pour avoir investi dans l’économie européenne
plutôt que dans l’économie locale qui en avait certainement le plus besoin. Les banques
coloniales britanniques détenaient des actifs britanniques parce qu’elles ne voyaient pas de
possibilité d’octroyer des prêts locaux qui promettaient un retour sur risque satisfaisant. Mais,
au fur et à mesure que l’économie locale se développait, les opportunités de prêts locaux se
développaient aussi.
Avant même d’obtenir leur indépendance, les nations africaines commencèrent les politiques qui
allaient conduire à la désintégration des marchés financiers mondiaux. Ils étaient influencés par
le courant dominant de la pensée économique, qui, peu après la Seconde Guerre mondiale,
consistait à favoriser l’éclosion des banques centrales pour les pays indépendants. L’Afrique avait
déjà quelques banques centrales au début des années 1900. L’Égypte, elle, avait établi sa banque
centrale en 1898. Comme beaucoup de banques centrales de l’époque, elle était privée et avait
un rôle commercial (étant donné que l’Égypte était sous la domination britannique, la banque
était entre les mains d’actionnaires britanniques). L’Afrique du Sud, indépendante de la Grande-
Bretagne en 1910, fonda, en 1921, une banque centrale à cause des difficultés que connaissait la
Grande-Bretagne pour revenir à la parité avec l’or après la Première Guerre mondiale.
L’influence de la banque centrale sud-africaine s’étendit au Botswana, au Lesotho, à la Namibie
et au Swaziland – qui, pendant des années, ont toutes utilisé la monnaie sud- africaine comme
monnaie officielle.
À la fin des années 1950, les partisans des banques centrales avaient cependant gagné le débat
théorique. Les économistes et les experts en politique publique admirent l’un de leurs arguments
principaux, à savoir qu’une banque centrale n’avait pas forcément besoin d’un marché
obligataire local très développé pour conduire une politique économique efficace. Même sans
un marché obligataire, une telle banque peut influencer le crédit en faisant varier le taux
d’escompte ou même en offrant du crédit directement au public. Dans les années 1960, les
banques centrales avaient également gagné sur le terrain et voyaient le jour l’une après l’autre
dans les pays africains.
À l’inverse de la Grande-Bretagne, il y eut peu de débats en France sur le sujet des banques
centrales. Mais on prit conscience qu’il fallait laisser davantage de liberté aux Africains si l’on
voulait préserver la zone franc. En 1955, la France créa deux institutions monétaires, l’une pour
l’Afrique de l’Ouest et l’autre pour l’Afrique-Équatoriale. Il s’agissait d’étapes intermédiaires
entre le système de banques centrales futures et l’ancien système de monopole par une banque
privée. Les instituts monétaires étaient français plutôt qu’africains et le gouvernement français
contrôlait les deux tiers des votes. En 1959, un an avant que la France n’accordât l’indépendance
à toutes les colonies de l’Afrique subsaharienne, les instituts monétaires devinrent les banques
centrales qui émettent aujourd’hui encore le franc CFA.
Dès 1916, les colonies belges du Congo, du Rwanda et du Burundi eurent une monnaie commune
et, depuis 1952, une banque centrale commune. Peu après leur indépendance dans les années
1960, ces pays établirent leurs propres banques centrales. Comme symbole d’indépendance, la
plupart des pays renommèrent leurs monnaies et certaines colonies britanniques se
rapprochèrent du dollar plutôt que de la livre.
La vague des banques centrales établies à la fin des années 1950 et 1960 affaiblit l’intégration
monétaire des pays africains à la plupart des anciennes puissances coloniales, mais ne la brisa pas
complètement. La nécessité de maintenir un taux de change stable vis-à-vis de la livre, du franc
français ou du dollar US, et donc indirectement de l’or, permit à beaucoup de pays d’accéder à
une intégration imparfaite mais signifiante.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 8
Les banques centrales, la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) et la BEAC
(Banque des États d’Afrique centrale) étaient limitées dans leur capacité à financer les déficits des
gouvernements. En prêtant excessivement, les banques centrales ont donné naissance à une offre
excessive de francs CFA. Il en a résulté une fuite des capitaux de la zone, qui menaçait de
diminuer les réserves étrangères des banques nationales . Afin de remédier à la situation, les
banques centrales ont restreint le change du franc CFA en franc français. Afin de promouvoir
une surveillance plus étroite, des unions économiques régionales (l’Union économique et
monétaire ouest- africaine pour les membres de la BCEAO et l’Union économique et monétaire
de l’Afrique centrale avec les membres de la BEAC) ont été créées.
Une seconde zone monétaire qui comprenait l’Afrique du sud, la Namibie, le Lesotho et le
Swaziland (le Zimbabwe était une sorte de membre secondaire jusqu’en 1972 : le taux de change
entre la monnaie zimbabwéenne et la monnaie sud-africaine est resté constant jusqu’a cette
date), a survécu. Le rand sud-africain est la monnaie de référence de la zone et l’Afrique du sud
est le partenaire commercial le plus important des pays membres. À l’origine, tous les pays
membres utilisaient la monnaie sud-africaine. Le Botswana s’est retiré de la zone en 1976, quand
la nouvelle banque centrale a établi sa propre monnaie, le pula. En 1977, le pula ne fut donc
plus attaché au rand. Le Lesotho, le Swaziland, et la Namibie ont ensuite établi des monnaies
qui valaient un rand, ce qui permit au rand de circuler au même titre que leurs monnaies
nationales.
La désintégration monétaire de l’ère de l’indépendance était limitée non pas à la seule monnaie
mais aussi au système bancaire. Après quelques années, les pays africains ont limité l’offre de
service des banques étrangères. Le vide laissé par ces banques a été comblé par des banques
nationalisées ou locales – ce que l’on a appelé par la suite l’indigénisation ou l’africanisation.
En brisant les liens monétaires établis avec les puissances coloniales, les leaders politiques de ces
nouvelles nations indépendantes promurent leur vision personnelle du développement
économique. Transformer les systèmes financiers africains en un système dirigé par des objectifs
politiques les a fait passer du statut d’élément stable du système bancaire mondial, prêt à accéder
aux marchés financiers mondiaux, au statut de petites unités nationales faibles et très peu
intégrées au système financier mondial.
Dans les années 1980, les économies des pays industrialisés maîtrisèrent l’inflation, leurs
monnaies se renforcèrent, et un grand nombre de matières premières virent leurs prix
s’effondrer. Pour compenser la perte de crédits étrangers, les banques centrales africaines
fabriquaient de la monnaie pour financer les déficits publics. Mais un certain nombre de ces
monnaies étaient fragiles, phénomène dû à des politiques monétaires mal dirigées. La plupart
des monnaies africaines s’affaiblirent et, à la suite de dévaluations successives, la confiance que
l’on avait en elles s’effrita. Les conséquences de ces dévaluations furent pires qu’ailleurs, puisque
l’Afrique avait moins de richesses que d’autres pour se protéger de ses erreurs.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 9
Aujourd’hui, l’Afrique est peu intégrée dans le système financier mondial. Une intégration lui
permettrait de démarrer une croissance économique que tout le monde espère. Là aussi, elle
pourrait faire partie d’une tendance plus large. Les crises bancaires et l’insatisfaction face aux
faibles performances des monnaies locales ne sont pas spécifiques à l’Afrique, ni aux pays en
développement.
La meilleure politique pour les pays a fricains est d’ouvrir leurs systèmes financiers à une
participation étrangère. Quand l’Afrique était mieux intégrée dans le système financier mondial
– sous le colonialisme et dans les premières années de l’indépendance – ses banques avaient une
qualité internationale et son système bancaire était plus stable. L’accès au plus grands marchés
financiers mondiaux donnait une stabilité plus efficace que les banques locales ne l’ont fait durant
la période de désintégration monétaire.
Revenir de manière plus efficace à un système ouvert pour les pays africains dépend des pays,
de leurs institutions et de leurs lois. De nombreux débats parmi les économistes ont eu lieu sur
la meilleure façon de libérer les marchés financiers dans les pays en développement. Mais une
des leçons que l’on peut tirer de ces débats est que, pour qu’une libéralisation des marchés
financiers fonctionne bien, il faut une politique monétaire et une régulation financière qui soit
cohérente.
Si l’on examine maintenant le problème de la monnaie, la plupart des pays africains ont eu en
général des politiques monétaires mauvaises. L’existence de l’euro vient probablement de la
reconnaissance implicite qu’aucune des monnaies d’Europe de l’Ouest ne pourrait atteindre le
même niveau de reconnaissance internationale que le mark.
Compte tenu du cas spécifique de l’Afrique, l’unification de la monnaie ne doit pas prendre la
forme d’une politique monétaire indépendante, mais de systèmes de changes liés à l’euro ou au
dollar. Milton Friedman (1973) avait recommandé, il y a longtemps, que les pays en
développement unissent leurs monnaies en s’unifiant avec une politique monétaire d’un des
grands pays développés. Les temps ont montré combien il était difficile pour la plupart des
banques centrales, même celles ayant derrière elles une longue histoire, de rendre une monnaie
stable et crébible dans la durée. On ne sait toujours pas exactement pourquoi, mais il y à là un
fait dont on ne peut ignorer l’importance. En revanche, tant qu’il existe une monnaie de
référence adaptée, maintenir la stabilité et la crédibilité est beaucoup plus facile. Le gros avantage
de la dollarisation (ou de l’euroïsation) est sa plus grande crédibilité, par conséquent des taux
d’interêt plus bas.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 10
En ce qui concerne le choix entre euro et dollar, l’avantage du dollar tient dans le fait qu’il est
la monnaie la plus utilisée pour les transactions commerciales internationales et la finance. La
plupart des prix des matières premières sont calculés en dollar, et, par conséquent, pour des
pays très dépendants de l’exportation de ces biens, les calculs économiques seraient plus faciles,
plus transparents et probablement plus précis. Le plus gros avantage de l’euro est que – pour des
raisons historiques et géographiques – l’investissement et le commerce sont plus importants entre
ces deux régions du monde. Ni l’euro ni le dollar ne sont des monnaies parfaites, mais elles sont
plus adaptées que les monnaies africaines. Même si l’Afrique était divisée en deux zones, une
liée au dollar et une autre à l’euro, cela représenterait un gros progrès par rapport aux trop
nombreuses zones monétaires actuelles.
Dans les prochaines années, les pays africains seront de plus en plus soumis à une pression pour
unifier leurs monnaies sous le dollar ou l’euro. La monnaie électronique est en train d’abolir les
frontières qui empêchent de détenir de la monnaie étrangère, et quand les Africains seront
capables de faire de petits achats avec cette monnaie, ils auront la possiblitié de détenir des
valeurs financières et de n’utiliser la monnaie locale qu’au moment du paiement. La demande
de monnaies faibles risque de diminuer considérablement, et de faire en sorte que les
gouvernements cessent de fabriquer une monnaie qui devient de plus en plus obsolète.
D’après Salama5, la dollarisation se définit comme l’évolution selon laquelle « le dollar s’impose
de plus en plus comme réserve de valeur, unité de compte et parfois comme intermédiaire des
échanges pour certains produits.
4
COLLIAC S. (2003), « La souveraineté Monétaire contestée de l’Argentine », Miméo, Université Montesquieu-
Bordeaux, septembre, p. 3.
5
SALAMA, P, La Dollarisation, édition Agalma-La Découverte, Paris, 1988, p.8
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 12
Cependant, la dollarisation est devenue un terme générique désignant, au sens large, toutes les
situations de substitution d’une monnaie nationale par une devise étrangère sans qu’il s’agisse
nécessairement du dollar.
En effet, en dépit du fait que la dollarisation puisse se manifester sous la forme d’une substitution
ou d’une complémentarité monétaire dans un espace économique donné, elle peut revêtir
également deux formes. Ponsot J.-F. 7 distingue : la dollarisation partielle caractérisée par un
phénomène de pluralité monétaire, de la dollarisation intégrale désignant un phénomène
d’exclusivité monétaire.
Le premier régime désigne un phénomène de pluralité monétaire où une devise étrangère circule
parallèlement à la monnaie nationale. Dans le premier cas, il s’agit d’un processus spontané
découlant d’un choix des résidents d’un pays. Ces derniers possèdent une partie importante de
leurs avoirs financiers en monnaies étrangères alors que celle-ci n’a pas cours légal. Elle résulte
donc de décisions financières privées, les agents économiques préfèrent utiliser une monnaie
étrangère plutôt que la monnaie nationale pour effectuer une partie ou la totalité de leurs
opérations d’achat et d’épargne.
Comme l’indique Arès Matthieu8, la dollarisation de facto survient habituellement lorsque les
agents économiques anticipent une dévaluation ou une forte instabilité de la monnaie nationale.
Le dollar ou parfois aussi d’autres monnaies internationales (euro, yen, yuan) sont alors
considérés comme des valeurs refuges.
Dans le second cas, il s’agit d’un processus institutionnel relevant d’un choix délibéré des
autorités monétaires. Dans ce cas, le pays renonce à émettre sa proper monnaie, et ainsi à
disposer d’une politique monétaire autonome, s’en remettant alors au bon vouloir des autorités
monétaires du pays d’émission, présentement aux décisions monétaires de la Réserve fédérale
américaine pour le cas du dollar ou de la Banque Centrale Européenne pour le cas de l’Euro.
Par conséquent, l’utilisation de la devise étrangère est reconnue officiellement par les pouvoirs
publics à travers la fixation de son cours légal.
6
BOURGUINAT H., et DOHNI L., « la dollarisation comme solution en dernier ressort », in Revue Française
d’Economie, n°1, vol. XVII, 2002 ; pp 57-96.
7
PONSOT, J.-F., « La dollarisation des économies émergentes », CEMF-LATEC, Université de Bourgogne, 2003,
pp. 2 et suiv.
8
ARES Mathieu., « A quand le règne du dollar ? Instabilité politique et intégration monétaire dans les
Amériques », in Etudes internationales, Vol. 32, n°4, 2001, p. 753.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 13
L’analyse de l’évolution des dépôts des banques congolaises entre 2001 et 2013, laisse apparaitre
un mouvement irréversible de la dollarisation entamée bien avant les années 1990. En effet, le
taux de dollarisation mesuré par la part des dépôts en monnaies étrangères sur le total des dépôts
bancaires indique que les dépôts en monnaies étrangères se sont accrus significativement avec
une moyenne de 81,06%. Le niveau élevé de dollarisation est un signe non pas d’une méfiance
vis-à-vis du franc congolais mais plutôt une réponse de diversification de portefeuille des agents
économiques face à un système financier et bancaire rudimentaire et à une mauvaise structure
fiduciaire, entrainant le recours quasi permanent aux devises étrangères lors des grosses
transactions. Ces devises étrangères jouent le rôle de réserve de valeur.
D’aucuns pensent que la persistance de la dollarisation au sein de l’économie congolaise est une
situation particulièrement congolaise. Non, les évidences internationales révèlent que les pays
qui ont longtemps souffert d’une inflation forte, ont vu la dollarisation se poursuivre voire
s’accélérer après la restauration de la stabilité monétaire. Ce phénomène a été observé dans
certains pays latino-américains et asiatiques. Toutefois, certains pays d’Amérique Latine ont réussi
à réduire sensiblement la dollarisation après avoir obtenu et maintenu l’inflation à des niveaux
plus bas au cours des années 2000.
9
Rapport de la Banque Centrale du Congo, 2013
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 14
La « dédollarisation » est une mesure de l’Autorité monétaire, qui vise à confier à nouveau à la
monnaie nationale ses attributions (fonctions) économiques classiques prises en otage par la
devise, généralement le dollar ou toute autre monnaie étrangère. Ce phénomène, la «
dollarisation », a fait ses preuves dans l’économie nationale congolaise (RDC), reléguant au fil
du temps notre monnaie nationale au rang du sous-multiple du dollar américain, et dont la
cause économique prépondérante serait à situer dans le déséquilibre macroéconomique… Un
recadrage macroéconomique consequent s’avère donc un prérequis à la réussite de la
dédollarisation de l’économie nationale congolaise.
Au lendemain de la crise monétaire qu’a traversé le pays, au cours des années 90, une décision
radicale a été prise. En mai 2001, la détention des devises étrangères a été de nouveau autorisée,
après sa suspension deux ans plus tôt. Une politique monétaire et de change originale a été
adoptée. La Banque Centrale du Congo a, depuis longtemps, un objectif prioritaire de stabilité
du niveau général des prix. Cependant, ses attributions ne s’arrêtent pas là puisque, sans y être
contrainte, elle a un objectif implicite de veiller sur la stabilité externe de la monnaie nationale
via le contrôle du taux de change. Le but de la banque centrale est de favoriser une baisse du
niveau de dollarisation financière et réelle par l’interaction entre l’amélioration de sa crédibilité
et les incitations à l’utilisation de la monnaie nationale. La démarche générale est de favoriser
des comportements impliquant une prise de risque plus faible.
En effet, les méfaits sur l’économie qu’a occasionnés la décision de décembre 1998, par laquelle
les autorités congolaises ont décrété la fermeture des bureaux de change et l’interdiction de
détenir des devises étrangères couplée au Décret-loi n°177 du 08 janvier 1999 qui réaffirmait le
principe d’un nominalisme monétaire rigoureux en interdisant d’exprimer et d’effectuer des
transactions sur le territoire national en monnaies autres que le franc co ngolais ont eu des
conséquences socioéconomiques négatives.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 15
En outre, une économie où la monnaie nationale n’est pas jugée suffisamment forte et crédible
par sa population, la possibilité d’utiliser les devises permet d’améliorer l’intermédiation
financière comme indiqué précédemment. Cet avantage est souvent annulé si une restriction
subite de son utilisation est décidée. Ainsi, rétablir l’interdiction de détenir des devises, pour
lutter contre la dollarisation, serait inefficace, et pas du tout souhaitable, car donnant une image
de retour en arrière 10. Mais, comment pouvons-nous envisage dédollariser l’économie
congolaise sur des bases saines ?
Pour réussir le processus de dé-dollarisation, il convient que les mesures soient appliquées à trois
niveaux à savoir : du gouvernement, du système bancaire et des acteurs non financiers. Chacun
des acteurs étant conscient de son rôle dans ce processus.
a) Au niveau du gouvernement
10
Depuis le jeudi 22 mai 2014, la Banque Centrale du Congo s’est dotée d’une Nouvelle Réglementation de
change. Celle-ci stipule que : « les transactions sur le territoire national ne peuvent se dérouler en monnaie
étrangère que sur accord des parties ». Le principe implicite étant celui de règlement des transactions en
monnaie nationale des droits et autres taxes dus à l’Etat et à ses démembrements même ceux payés par les
sociétés minières et pétrolières de production. Elle exige que tout paiement d’une somme en francs congolais
ou en monnaie étrangère supérieure à 10.000 dollars américains ne puisse être effectué en espèces, excepté
dans les villes ou territoires dépourvus d’établissement bancaires et fixe les délais de rapatriement des
recettes d’exportation à 60 jours contre 30 jours auparavant (Réglementation de change de 2001). Cette
mesure vise à encourager les résidents à utiliser les services bancaires, plutôt qu’à thésauriser leurs encaisses
ou à les placer à l’étranger.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 16
La mise en place d’un marché financier national est l’une des conditions nécessaires du fait qu’il
permet l’intermédiation effective et de mécanismes efficaces, de transmission de la politique
monétaire:
- Renforcer le développement du marché interbancaire.
- Renforcer le contrôle et la supervision bancaire et la diversification par la création des
établissements bancaires aux capitaux congolais tout en envisageant la redynamisation et
le renforcement de la Caisse d’épargne du Congo.
L’avantage d’une telle stratégie est de procurer des ressources à l’Etat en finançant par l’emprunt
une part de son déficit mais aussi, elle est de nature à créer un choc psychologique favorable
dans la population. Surtout, si l’opération se fait avec une plus grande transparence.
En outre, il faudrait que les autorités congolaises envisagen t et exigent que l’ensemble des
transactions de l’Etat avec les agents économiques résidents soient réglées en monnaie nationale
pour en accroître la demande comme le préconise la nouvelle réglementation de change de mai
2014. Renforcer la gestion de la dette intérieure et l’émission d’obligations d’Etat à plus long
terme afin de stimuler le développement d’un marché obligataire local.
Au niveau du système bancaire, il faudra encourager les banques à consentir davantage de crédits
en monnaie nationale en faisant valoir une plus grande possibilité de refinancement auprès de
la Banque centrale du Congo. Les encourager à multiplier les distributeurs automatiques en
monnaie nationale, devant permettre aux clients de régler leurs achats en francs congolais, par
carte, introduire sur le marché des produits dérivés en particulier, les couvertures de risque de
change, risque de taux et autres produits nécessaires.
Pour les agents non financiers, envisager de mener des actio ns qui les convainquent du bien
fondé de la mesure dans le cadre d’un climat de stabilité et de sécurité. Mener des campagnes
et des actions qui obligent des entreprises à payer les salaires de leurs employés et aussi à libeler
leurs factures en francs congolais.
Toutes ces actions constituent des mesures à prendre en vue de garantir, dans la durée, les
conditions nécessaires d’une dé-dollarisation. Toutefois, la condition la plus significative
demeure le rétablissement de la confiance (hiérarchique, méthodique et éthique) en la monnaie
nationale.
La monnaie est un bien qu’on recherche certes parce qu’elle facilite les transactions mais aussi
parce qu’elle constitue, dans tous les cas, une réserve de valeur de choix, c’est-à-dire, un moyen
commode de détenir de la richesse et devrait ainsi permettre le transfert de la valeur du présent
vers le futur sans risque de perte.
Cette dernière fonction monétaire est la plus délicate et la plus volatile, elle se dilue rapidement
dès que l’emploi de la monnaie nationale pour l’achat de biens utiles ou l’acquisition d’autres
monnaies ne se fait plus avec un rapport d’échange stable et prévisible. L’inflation ou la
dépréciation de la monnaie sape la confiance des individus dans l’ordre monétaire et remet en
cause la faculté de l’échange monétaire à concilier la justice sociale et le transfert des ressources.
En conclusion, décréter que seule l’unité de compte reconnue par l’Etat a cours légal est
important mais n’est pas une condition suffisante pour détourner les agents économiques de la
dollarisation. Plus que le maintien du cours légal, de l’unité de compte domestique, c’est en
réalité la préservation de celle-ci dans les transactions effectuées par l’Etat lui-même, au-delà
d’une simple publication des mesures, qui s’avère être le critère déterminant. Car, donnant le
ton des agissements des autorités publiques. En acceptant le règlement des impôts, taxes et
redevances uniquement dans l’unité de compte qu’il a lui-même défini, l’Etat oblige les agents
économiques à se procurer les moyens de paiement adéquats et à recourir à l’unité de compte
acceptée par lui-même.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 18
Ce sont aujourd’hui, quelques firmes multinationales de tailles très inégales qui réalisent et
contrôlent l’essentiel de la production mondiale de biens et services. Celles-ci effectuent les 2/3
du commerce international sous forme d’échanges internes avec leurs filiales soigneusement
réparties dans l’espace mondial. De même, le négoce international des produits de base est
largement sous le contrôle des firmes multinationales.
Le processus de délocalisation des activités industrielles réalisé par les firmes multinationales
sépare les lieux de production ou de transformation de certaines marchandises de leurs lieux de
consommation. Il va s’amplifier sous l’influence de la Nouvelle Révolution des Technologies de
l’Information et de la Communication, de la dématérialisation de capitaux et de l’extension des
aires géographiques du libéralisme. Il a surtout fortement contribué au décollage industriel de la
plupart des pays industrialisés d’Asie.
En effet, les transferts d'activités industrielles et de services du Nord vers le Sud, appelés «
délocalisations », sont l'une des causes les plus spectaculaires de l’industrialisation rapide des pays
asiatiques même si par ailleurs, elle dévitalise les économies du Nord et y opère une destruction
des emplois.
Cette intégration mondiale est tirée par des changements de politiques visant à promouvoir
l’efficience économique via la libéralisation et la déréglementation des marchés nationaux et le
désengagement de l’État de nombreuses activités économiques, ainsi que la restructuration de
l’État providence. Mais ce sont surtout les innovations récentes dans la technologie de
l’information et des communications qui favorisent l’intégration. Cependant celle-ci reste très
partielle au niveau mondial. Ainsi, les mouvements de main d’œuvre sont encore restreints, les
frontières étant fermées aux individus sans qualification.
3) L’interdépendance par les Technologies de l’Information et de la Communication.
Les T.I.C. sont en train de modifier les systèmes productifs et les perspectives de la croissance et
de l’emploi. Elles déclenchent une explosion des activités économiques, recomposent les
territoires industriels et interconnectent tous les marchés de la planète. Ce sont elles qui font
précisément du monde un village planétaire. Des millions de kilomètres de fibres optiques se
croisent en permanence et relient des continents dans le temps et l’espace. Les marchandises
transportées sont le savoir et la technologie.
Cependant, le Continent africain s’insère difficilement dans le concert des nations : en marge de
l’expansion industrielle mondiale, il risque d’être exclu de la révolution mondiale des
technologies de l’information et des télécommunications. L’accélération des innovations
technologiques risque de produire plusieurs conséquences négatives sur le développement des
pays, notamment le creusement de l’écart entre les capacités d’accès et d’utilisation des
techniques au Nord et au Sud, les économies de consommation des matières premières limitant
les perspectives d’exportation des PVD et l’approfondissement des inégalités des revenus.
Jusqu’à la fin des années 80 tout le système de la mondialisation était géré dans un cadre
bipolaire. Mais avec l’effondrement du Bloc Soviétique, les contours d’une mondialisation
encore plus multipolaire se dessinent.
C’est dans ce cadre que fonctionne le monde multipolaire qui consacre des pôles de puissance
qui tournent autour de l’abolition des frontières par la libre circulation des marchandises, des
capitaux, des services, l’ouverture des marchés publics et l’élaboration des politiques de
coopération pour mieux affronter la concurrence : l’Union Européenne (UE), l’Accord de Libre
Échange Nord-américain (ALENA), le Groupe Économique d’Asie Orientale(GEAO).
En accentuant les échanges des biens, des capitaux, des technologies mais aussi des hommes, la
mondialisation met en contact des systèmes sociaux différents. Elle les déstructure et impose ses
modèles et ses valeurs propres selon les principes des « harmonies universelles » indispensables
au fonctionnement des marchés : unification des valeurs culturelles, sociales et politiques et leur
soumission à la logique marchande. Deux phénomènes importants en apportent la preuve.
La stratégie des industriels publicitaires vise à contrôler les mentalités des consommateurs et
uniformiser leur comportement. Aujourd’hui avec la mondialisation, ces phénomènes prennent
une dimension insoupçonnée.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 21
Des intellectuels anglo-saxons avancent l’idée que la culture de masse est vouée à s’étendre à
partir du centre, en l’occurrence les États-Unis, vers la périphérie qui est en fait le reste du monde.
Et pour beaucoup d’auteurs, la constitution d’un marché global entraîne la formation d’une
culture globale qui gomme toutes les identités nationales.
Que vont devenir les valeurs culturelles nationales ? Vont-elles se modifier pour épouser les
logiques de compétition ou alors seront-elles étouffées ou gommées par la culture standardisée
découlant de la mondialisation ?
Au plan politique, la mondialisation se traduit par un regain d’intérêt pour les problèmes de
démocratie, de paix, de sécurité et de bonne gouvernance. Il est indiscutable que ces éléments
sont des préalables du développement économique et social.
Le débat est clos assez vite par l’imposition d’un ajustement des PED aux règles et normes
démocratiques formelles et de bonne gestion de tous les centres de pouvoir. C’est le socle
minimal de la nouvelle civilisation universelle de la démocratie et des droits de l’homme. Il
repose sur l’idée implicite de l’existence de valeurs universelles dans lesquelles devait se
reconnaître l’ensemble des « citoyens du monde ».
11
L'Organisation de Coopération et de Développement Economique rassemble 29 pays parmi les plus
industrialisés de la planète, tous attachés « à la démocratie et l’économie de marché » (voir site
www.oecd.org)
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 22
D’un autre côté, l’économie mondiale a une assez faible incidence sur la croissance des
économies africaines. Cela s’explique d’abord par la base de son système productif composée
essentiellement de produits primaires et ensuite par son insertion faible dans des réseaux
diversifiés de commercialisation
On peut donc dire que les paramètres posés par la mondialisation ignorent l’Afrique. Les
investissements croisés, les échanges internationaux sur la base de la croissance de la production
mondiale, la globalisation financière aussi bien que les réseaux transnationaux et les firmes
globales ne s’intéressent pas au continent africain.
Le Continent africain est la région du monde la plus pauvre, et sa part dans le commerce mondial
a reculé. Au niveau social, la situation est simplement catastrophique avec des millions de
personnes qui n’ont pas accès aux services de santé, des millions d’analphabètes etc.
À l’analyse tous les pays africains sont handicapés par une crise sociale d’une très grande ampleur
qui se manifeste dans l’accroissement du couple pauvreté et chômage. Cela entraîne une forte
dégradation des conditions de vie : pénurie et insécurité alimentaires, diverses épidémies, non-
accès aux services de base.
Dans son rapport de 1996, le FMI montre qu’il serait illusoire de rejeter la mondialisation car
elle doit permettre aux pays, quel que soit leur niveau de développement, de saisir des
opportunités.
Quel que soit l’indicateur considéré, on s’aperçoit que l’Afrique est marginalisée tout aussi bien
dans le processus de production, d’échanges que dans la distribution des investissements directs
étrangers.
C’est dans ce contexte qu’il est demandé aux pays africains de redresser leurs économies et de
les ouvrir sans entrave avec la levée de toutes les restrictions tarifaires et non tarifaires et
l’instauration de libres marchés.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 24
Les analyses réalisées montrent que l’Afrique est à la périphérie du système mondial, handicapée
par d’innombrables difficultés économiques et sociales. Celles-ci sont subséquentes d’une part à
la chute brutale des cours des matières premières provoquée par la crise financière et
économique mondiale, et d’autre part par les conditions climatiques défavorables à l’agriculture
et les problèmes engendrés par l’instabilité et les conflits qui ont affecté une bonne partie du
continent.
L’espace économique du continent est subdivisé en plusieurs régions qui développent chacune
en son sein une ou plusieurs initiatives d’intégration : en Afrique Centrale avec la Communauté
Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté Économique des
États de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs
(CEPGL), en Afrique de l’Est avec la Communauté Économique de l’Afrique de l’Est (CEA), en
Afrique du Nord avec l’Union du Maghreb Arabe (UMA), le Marché Commun des États de
l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe (COMESA) et en Afrique de l’Ouest avec la
Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Ces blocs fonctionnent de façon assez inégale et réalisent, par moments, des résultats
appréciables dans les domaines respectifs du commerce intra régional, de la coordination des
politiques économiques et monétaires, de la mobilité des facteurs comme la main d’œuvre et
les capitaux. En définitive, il est attendu de tous ces schémas d’intégration qu’ils contribuent non
seulement au développement de la taille des marchés, à la réduction des coûts de transaction
mais aussi à l’amélioration de la concurrence entre producteurs.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 25
L’on sait que l'offre de monnaie est endogène par rapport à la demande; d'où une relative
impuissance des autorités monétaires face aux comportements des agents économiques. En effet,
dans un pays où le système financier offre des possibilités de financement nombreuses (emprunts
bancaires, financements sur les marchés, endettement extérieur), la limitation d'une source de
financement peut être facilement compensée par des mouvements en sens inverse des autres.
Il y a une dialectique de la création monétaire dans le processus de détermination du stock
monétaire qui est un processus tripartite (banque centrale, banques commerciales, agents non
financiers) plus ou moins mécanique.
4.1. LES INTERMÉDIAIRES FINANCIERS BANCAIRES ET NON BANCAIRES ET LE
FINANCEMENT DE L'ÉCONOMIE
Le transfert de ressources des agents à excédent de ressources à ceux à déficit n'est pas chose
facile. En effet, les prêteurs aimeraient prêter à une certaine échéance et acquérir un certain type
des titres en contrepartie, conditions auxquelles peut-être aucune conciliation n'est possible avec
les emprunteurs. Par exemple, l'emprunteur voudrait obtenir des fonds en contrepartie des
obligations alors que le prêteur désire acquérir des bons de caisse (dont l'échéance n'est pas
éloignée).
Cette situation d'offre et de demande qui ne se rencontrent pas pouvait gêner considérablement
le développement du marché de capitaux et par voie de conséquence, la croissance économique
s'il n'existait pas d'intermédiaires financiers (Banques de dépôts, Caisses d'Epargne, Sociétés
d'Assurances, etc.) qui parviennent à concilier les motivations divergentes des agents à excédents
de ressources et de ceux à déficit de ressources.
4.1.1. Les modes de financement
Le résultat recherché est d'aboutir à une situation où les unités excédentaires en ressources (c'est-
à-dire ceux qui épargnent) placent leurs fonds auprès des unités déficitaires en ressources. Deux
cas peuvent se présenter :
a) Les motivations des prêteurs et emprunteurs sont compatibles : il s'agit d'un processus de la
finance directe.
b) Leurs motivations ne se rencontrent pas : c'est le processus de la finance indirecte. Ceci
comporte deux sources :
Celle animée par les intermédiaires financiers non bancaires et qui n'aboutit pas à une
émission monétaire.
Celle émanant des intermédiaires financiers bancaires et qui est fondée sur la création
monétaire.
1° La finance directe :
Il y a finance directe, lorsque les unités excédentaires en ressources transfèrent leur épargne aux
unités déficitaires en ressources en leur achetant des titres de créance sur eux-mêmes ou des actifs
réels. La quasi-totalité de l'épargne disponible désirant s'investir directement est mobilisée par
ces valeurs mobilières.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 26
Ces institutions collectent l'épargne des agents à capacité de financement, épargne qu'elles
redistribuent aux agents à besoin de financement. Elles empruntent les ressources qu'elles
reprêtent. Ces organismes tiennent leur importance du fait qu'ils parviennent à rendre
compatibles les motivations divergentes des agents excédentaires et celles des agents déficitaires
en ressources.
A l'heure actuelle, il arrive souvent que les prêteurs ne veulent pas des valeurs mobilières que
peuvent leur vendre les emprunteurs mais sont prêts à accepter d'autres formes de titres. Donc,
les désirs des prêteurs et emprunteurs deviennent impossibles à concilier à travers la finance
directe. Et ce ne sont que les intermédiaires financiers qui sont à même d'imaginer d'autres formes
de titres plus attrayants qu'ils fournissent aux prêteurs : ce sont des titres rendant un service tels
que les polices d'assurances.
La fonction des intermédiaires financiers est donc de permettre le placement d'une épargne qui
n'aurait pas accepté de s'investir en valeurs mobilières.
Ces intermédiaires financiers non bancaires agissent donc comme collecteurs d'épargne. Leur
importance tient à ce qu'ils réduisent la part de l'épargne globale qui aurait été thésaurisée sans
leur intervention, qu'ils augmentent l’offre des fonds prêtables issus d'un montant donné
d'épargne. Ces institutions financières non bancaires sont essentiellement les Caisses d'Epargne,
les compagnies d'assurances etc.
Les fonds prêtés aux agents à déficit de ressources ne sont pas collectés auprès des agents à
excédent de ressources, ils sont créés ex nihilo par la banque qui monétise le titre que lui cède
son emprunteur.
4.1.2. Les intermédiaires financiers et l'é quilibre du marché des fonds prêtables.
Il s'agit de démontrer l'impact des intermédiaires financiers sur le volume de fonds prêtables. On
distingue quatre étapes pour relever cet impact :
Il faut noter que l'épargne globale ne se place pas dans sa totalité. La préférence pour la liquidité
explique sa partielle thésaurisation c'est-à-dire un retrait du circuit financier de placement et une
conservation dans les encaisses oisives. On est toujours dans le cadre de la finance directe mais
on tient compte cette fois-ci de la demande de monnaie des agents économiques .
Etant donné la possibilité de placements liquides ou dotés d'une utilité supérieure à celle du seul
rendement financier, ils réduisent la thésaurisation monétaire d'un montant Q. L'offre de fonds
prêtables devient S - ( L - Q ) , il y a une augmentation. Q n'a pas comme plafond, L, il peut être
plus grand que L car Q ne mesure pas la réduction du flux présent de fonds thésaurisé mais de
la somme de tous les flux passés et présents de thésaurisation.
La différence entre les deux types d'interventions provient du fait que la limitation de la création
monétaire est déterminée par la volonté d'endettement des agents à besoin de financement alors
que la déthésaurisation monétaire des intermédiaires financiers non bancaires est limitée par la
préférence pour la liquidité des agents à capacité de financement.
L'augmentation de l'offre de fonds prêtables est ainsi, soit exigée par les agents à besoin de
financement (et c'est l'émission monétaire) soit acceptée par les agents à capacité de financement
(et l'on a la déthésaurisation monétaire).
Les institutions financières non bancaires se sont de leur côté rapprochées des banques par
l'ouverture en leurs livres des comptes courants recevant des dépôts à vue. D'une part, dans leur
rôle de créatrices de monnaie, elles créent de la monnaie au profit des agents à besoin de
financement et anticipent ainsi une épargne volontaire ou forcée des agents à capacité de
financement; d'autre part, dans leur second rôle d'institutions financières non bancaires (dans
l'emploi des ressources d'épargne leur confiées : dépôts à terme, livrets d'épargne, etc.), elles ne
font que prêter une épargne antérieurement reçue.
4.2. LE SYSTÈME FINANCIER CONGOLAIS ET LA THÉORIE DES FONDS PRÊTABLES
4.2.1. La présentation du système financier congolais
Le système financier congolais peut être subdivisé en trois catégories à savoir :
a) les institutions bancaires créatrices de monnaie,
b) les institutions financières accessoirement monétaires et
c) les autres institutions financières non bancaires.
NOTES DE COURS DE QUESTIONS MONETAIRES DES PED 28
Celles-ci comprennent d'une part la Banque Centrale du Congo et d'autre part, les banques de
dépôts ou banques commerciales et l'Office des Chèques Postaux.
4.2.2. Les institutions financières bancaires et non bancaires et les secteurs économiques
Le système bancaire et financier congolais est assez diversifié; il couvre, en principe, tous les
secteurs économiques et répond à la nature des différents financements nécessités par l'activité
économique.
4.2.3. Les institutions financières bancaires et non bancaires face à la mobilisation des ressources
D'une manière générale, les ressources collectées (aussi bien les dépôts à vue que ceux à terme)
par les banques et les institutions financières spécialisées sont loin d'atteindre le volume optimal
mobilisable.
a) Les banques de dépôts : trop liquides, ne déploient aucun effort dans la collecte de ressources
accrues. L'ouverture de comptes en banque est assortie de formalités d'un dépôt minimum initial
qui font que les petits déposants sont exclus d'office de la clientèle des banques.
Par ailleurs, l'implantation géographique de ces banques ne couvre qu'une partie infime du pays.
Celle-ci suit les centres de développement industriel ou commercial et le facteur urbanisation
correspond à une implantation dense. Il n'y a aucun rapport de proportionnalité entre la densité
de la population et le nombre de guichets bancaires.
La demande de crédit dans l'économie a connu un recul n otable vu l'incapacité des banques à
convertir en espèces les crédits octroyés à leurs clients. Il est évident que dans un tel co ntexte
s'émousse l'élan des banques de dépôts dans la mobilisation des fonds prêtables.
b) Les institutions financières non bancaires revêtent chacune son caractère spécifique :
- La Société de Financement du Développement (SOFIDE) : quoiqu'elle soit autorisée à
recevoir des dépôts à terme, depuis sa création, elle n'a pas recouru à cette nature de ressources.
Elle a plutôt privilégié la mobilisation de ressources provenant des emprunts en devises à
l'extérieur.
- Le Fonds de Promotion Industrielle : cet organisme créé pour financer le développement
industriel du pays est alimenté en ressources à partir de la parafiscalité. Il s'agit d'une taxe
prélevée sur la vente au détail des biens produits et / ou commercialisés sur toute l'étendue du
pays d'une part et prélevée à l'importation d'autre part. Selon les ordonnances n° 89-171 du 07
août 1989 et n° 89-031 du 07 août 1989, les ressources du Fonds de Promotion Industrielle
constituent une subvention destinée à la réalisation de l'objet social du Fonds pendant dix ans
(depuis 1999). Au-delà de cette échéance, elles constituent des lignes de crédit dont les conditions
d'octroi et de remboursement seront fixées par le Gouvernement.
- Les Organismes recevant de l'épargne contractuelle tels que la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale et la Société Nationale d'Assurances disposent de ressources relativement importantes
mais sont handicapées dans leurs actions par l'instabilité du cadre macro-économique connue
par le pays, notamment l'hyperinflation, durant nombreuses années (quatre décennies) ainsi que
par l'inexistence d'un marché financier.
- Les autres organismes financiers : la MOBIMO, la COFIKI fonctionnent sur la base de leur
capital, des dotations provenant des actionnaires majoritaires, des emprunts et de leurs réserves.
- Les Coopératives d'Epargne et de Crédit ont connu une intense activité dans la
mobilisation de l'épargne durant la période allant de 1984 à 1990. Suite à la crise de pénurie de
liquidités en banques, elles sont aujourd'hui virtuellement en faillite, car, la grande partie de leurs
emplois étaient faits sous forme de dépôts à terme dans les banques.
Ce sont les banques de dépôts qui, jusqu'à l'heure actuelle constituent la source principale interne
de financement des activités économiques congolaises aussi bien en ce qui concerne le crédit
destiné au fonds de roulement que celui de l'équipement. Les institutions financières non
bancaires n'ont pas encore joué un rôle significatif dans le financement de l'économie congolaise.
Certaines à cause des bouleversements connus dans leur gestion depuis l'accession du pays à
l'indépendance, c'est le cas de la CADECO, d'autres, parce qu'un cadre précis de financement ne
leur est pas tracé, il s'agit des institutions telles que la C.N.S.S. et la SONAS.
En effet, ces deux organismes laissent leurs ressources sous forme de dépôts à vue en banque ou
les placent à terme dans les mêmes institutions. Les seuls placements que ces organismes ont pu
faire ont été malheureux.
4.2.5. La théorie des fonds prêtables et les banques commerciales congolaises et les institutions
financières non bancaires
Pour ce qui est du Congo, ce rôle de mobilisation de ressources a été joué durant de nombreuses
années par les banques commerciales. Ce n'est que vers 1950 qu'apparaît dans le pays la première
institution financière non bancaire à savoir la Caisse d'Epargne du Congo.
Quant aux autres institutions financières non bancaires telles que la SOFIDE, la COFIKI, la
MOBIMO, la SONAS, la C.N.S.S., le F.P.I. n'ont vu le jour que durant la période d'après
l'indépendance, donc après 1960. Et encore toutes ces institutions financières ne recourent pas à
la collecte de l'épargne dans le public. Il est donc clair qu'au Congo, le gros de fonds prêtables
est fourni par les banques de dépôts.
Il faut à présent situer la façon dont ces banques s'emploient à l'extension de fonds prêtables
pour mettre ainsi à la disposition de l'économie des capitaux suffisants et accrus. En nous
rapportant au développement fait plus haut sur le système financier congolais, l'on constate que
l'implantation géographique des institutions bancaires et non bancaires ainsi que leur politique
de dépôts n'incitent pas à la réduction de la thésaurisation. Au contraire au fur et à mesure que
les revenus de la population s'améliorent, on assiste à une thésaurisation accrue prenant une
allure structurelle. Quoique ce phénomène soit imputable au niveau culturel bas en matières
financières, les techniques mises en place par les banques en sont la cause.
En effet, en plus d'une accessibilité malaisée à leurs guichets là où elles sont implantées, les
banques édictent des conditions d'ouverture de comptes inabordables pour la grande majorité
de la population.
La création de la monnaie est le privilège réservé à la Banque Centrale tandis que l'émission
monétaire dérivée qu'est la création de la monnaie scripturale est essentiellement l'œuvre des
banques commerciales et des organismes financiers accessoirement monétaires.
Dans le processus de création monétaire par les banques, la demande de crédits par les agents
non financiers joue un rôle important dans l'accroissement de la masse monétaire suite à la
création de monnaie par les banques qui, elle, est tributaire des possibilités de création de la
monnaie par la Banque d'émission.
C'est dire que la Banque Centrale dispose des instruments nécessaires pour le contrôle de la
masse monétaire. C'est ce qui fait que la Banque Centrale tient dans le fonctionnement de
l'économie le rôle de l'autorité monétaire.
S'il est établi que le développement de la production est conditionné par celui du crédit et par
voie de conséquence l'accroissement de la monnaie mise à la disposition de l'économie, il est
aussi vrai que la quantité de monnaie disponible doit être compatible avec le volume des
transactions. En effet, tout déséquilibre entre la quantité de monnaie et le volume de la
production est susceptible de désarticuler le fonctionnement de l'économie en tant que cause
soit de l'inflation, soit de la déflation.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES