Chapitre3: Le Fonctionnement Du Marché de Pétrole
Chapitre3: Le Fonctionnement Du Marché de Pétrole
Chapitre3: Le Fonctionnement Du Marché de Pétrole
Le pétrole est un produit de base dont le prix est déterminé donc en fonction de l’offre et de la
demande . L’offre provient des compagnies qui extraient le pétrole ; tandis que la demande
émane quant à elle principalement des raffineurs qui donc transforment le pétrole brut en
produits raffinés utilisables par les clients finaux ( carburants , combustibles, matière première
pétrochimique).
Les raffineurs passent par des filiales spécialisées dans le négoce dont l’activité est
d’intervenir sur le marché pour acheter les quantités nécessaires au fonctionnement des
raffineries ou bien revendre les excédents que l’on n’arrive pas à utiliser .
Ces mêmes traders peuvent aussi chercher à réaliser des profits à court terme par des
opérations d’achats et de reventes en jouant sur les variations de cours quotidiennes .
1.1. définition :
un marché SPOT n’est pas un lieu physique concret donné ou les barils de brut ou de produits
sont exposés comme n’importe quelle marchandise ou autre matière première.
La dénomination de marché spot constitue un ensemble de transactions appelées spot qui sont
effectuées dans une zone qui se caractérise par une importante activité de négoce sur un ou
plusieurs produits donnés.
Ces transactions s’effectuent habituellement par téléphone entre les deux parties et là on dit
qu’il s’agit d’un marché de gré à gré appelé souvent OTC qui
veut tout simplement dire en anglais Over The Counter, au sein duquel il n’existe pas de
comptoir pour enregistrer les opérations en question .La rencontre n’est pas obligatoire pour
arriver à conclure un accord appeler un DEAL, néanmoins la proximité entre les protagonistes
peut faciliter le traitement des opérations et ainsi on a assisté à une concentration des affaires
dans des zones géographiques données et elles ne sont pas très nombreuses, mais elles
répondent à des caractéristiques comme :
Les acteurs de ces marchés spot physiques sont pour le pétrole les
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
raffineurs et les producteurs .pour les produits finis , les acheteurs sont des négociants ou de
gros consommateurs et les vendeurs des raffineurs .
Dans tous les cas , les négociants (Traders) jouent un rôle essentiel d’intermédiaire . Ils
achètent eux-mêmes les cargaisons aux vendeurs et les revendent à d’autres Traders jusqu’aux
acheteurs finals . Donc aux cotés des grandes entreprises de négoce internationales se trouvent
aussi les trading divisions des grandes compagnies pétrolières .
D’autres intermédiaires, les courtiers , permettent grâce à leurs informations d’effectuer les
transactions physiques , mais ils n’achètent ni ne vendent eux-mêmes les cargaisons .Ils sont
payés par commissions.
Sur chaque marché Spot s’établissent des prix d’équilibre qui dépendent de la situation locale
du marché càdire l’offre et la demande du moment .
Mais pour un produit donné , il arrive que l’écart de prix entre deux marchés excède le coût
de transport d’un marché à un autre .Dans cette situation , de nombreuses opérations
d’arbitrage vont profiter de cet écart, en revendant sur le marché porteur des cargaisons
achetées sur le marché dit déprimé .Elles participent ainsi à propager les variations de prix
d’un marché sur l’autre et à maintenir les différents prix internationaux à des niveaux
voisins.Ces fenêtres d’arbitrage s’ouvrent pour des durées limitées allant d’un à deux mois .
le fonctionnement est le même d’un marché à un autre .un acheteur qui veut une cargaison de
pétrole disponible sous un mois se met en relation avec des producteurs ou des traders de la
zone .Les négociations commencent dans le cadre d’accords généraux entre opérateurs .Le
paiement s’effectue en principe trente jours après le chargement du navire pour le pétrole et
d’une durée inférieure pour les produits pétroliers .
En ce qui concerne la négociation , elle ne porte pas sur le prix en absolu mais sur le
différentiel de prix entre le pétrole échangé et un brut de référence .Par exemple , le prix d’un
pétrole de la mer du Nord comme Ekofisk ou Forties est indexé sur le Brent. Une cargaison de
Forties ne s’achètera pas à 60$par baril mais à Brent +/- delta et le prix de référence du Brent
étant pris dans une mercuriale .
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
Ce mécanisme d’indexation régit la majorité des ventes de brut .Elles se font par référence
aux bruts de référence (ou markers) dont les prix sont négociés de manière autonome.
Le Brent constitue une référence dans le monde pétrolier et il est le support de l’un des
marchés spot les plus actifs .
Le Brent est un pétrole brut d’une densité de 38 degrés API produit en mer du NORD , issu
du gisement de Brent ainsi que 19 autres champs avoisinants (Cormorant, Alwyn,Ninian). Un
certain nombre important de compagnies pétrolières détiennent des intérêts dans cette
production.
La production est évacuée par oléoducs sous-marins au terminal pétrolier de Sullom Voe. Son
prix détermine celui de 60% des pétroles extraits dans le monde.Il y a des dates :1971
découverte du gisement et 1976 sa mise en exploitation.
Chacune des compagnies reçoit au prorata de ses participations un volume de pétrole qu’il lui
est possible de revendre . Ces ventes se font traditionnellement sur une base FOB et les
cargaisons échangées sont le plus souvent dimensionnées sur 500.000 barils. La cargaison est
mise à disposition pendant une fenêtre de 3jours dont 2jours sont consacrés au chargement. La
date de disponibilité d’une cargaison de Brent est connue à l’avance .Ainsi, ce brut partant est
appelé le Brent daté.
1.5.2. Pourquoi le baril de Brent est-il plus cher que celui de WTI , pourtant de
meilleure Qualité ?
Historiquement plus cher que le BRENT car de meilleure qualité , le prix du WTI Texan est
depuis quelques années, inférieur à celui de la référence européenne de pétrole brut .Ceci en
raison de l’augmentation massive des réserves américaine due au développement du pétrole
de schiste …..et du manque d’infrastructures pour l’acheminer .Alors que le « SPREAD » qui
est l’écart de prix entre les deux bruts et qui diminue depuis quelques temps, le pétrole texan
va-t-il redevenir plus cher que celui de mer du Nord ?
Les deux bruts contiennent environ 159 litres d’hydrocarbures et servent de référence pour les
prix du pétrole au niveau mondial. Voilà bien les deux seuls points communs entre un baril
de Brent , extrait de la Mer du Nord et le même baril de West Texas Intermediate (WTI),
produit aux Etats-Unis .Pour le reste , ces deux qualités de brut léger différent à de nombreux
égards.
Le Brent est le nom d’un gisement au large d’Aberdeen (Ecosse), en mer du Nord , mais il
contient de moins en moins de pétrole.
Une fois extrait , le pétrole est raffiné avant d’être livré sous forme de barils. Et la qualité du
pétrole contenu dans un baril de WTI est meilleure que celle du Brent , l’or noir extrait au
Texas ne contenant que 0,24% de soufre contre 0,37%pour celui extrait de la Mer du Nord.
Egalement plus léger (la densité API, qui mesure la viscosité ,du WTI, se situe autour de
39,6 contre 38 pour le Brent), le pétrole américain est donc plus facile à raffiner et la faible
teneur en soufre le destine à la production d’essence ,alors que le Brent convient mieux à la
production de distillats tels que le Kérosène ou le Diesel.
Ce différentiel de qualité justifie l’écart de prix historique entre les deux références, le baril
de WTI s’étant longtemps échangé en viron un dollar plus cher que celui de Brent .Cette
« règle » s’est néanmoins progressivement estompée, l’écart s’étant réduit puis largement
inversé au cours de la dernière décennie .
Fin Mai dernier, le baril de Brent valait ainsi près de 12$ de plus que son homologue
américain. Toutefois depuis quelques temps le Spread tend à se réduire.
Ainsi jusqu’en 2015, les groupes américains n’avaient pas le droit de vendre du WTI à
l’étranger , contrairement aux produits pétroliers .
Cette interdiction a été levée par Obama en 2015 car la production a beaucoup augmenté
,même si elle reste encore inférieure à ce que les Etats-Unis consomment .A l’origine de ce
revirement politique et stratégique de Obama , le pétrole de schiste , très léger celui-ci
intéresse moins les raffineurs qui lui préfèrent du pétrole plus lourd .Conséquence , le «
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
SPREAD » s’est creusé entre le Brent et le WTI, ce qui a obligé Obama à autoriser les
exportations du WTI .
La situation est vraiment surprenante car les Etats-Unis qui rêvent d’autonomie énergétique
se retrouvent dans la situation d’exporter maintenant du pétrole léger pour en importer du brut
lourd du Canada et Vénézuela.
La raison ?
Avec du pétrole très léger comme celui de schiste, on n’obtient que de l’essence , or
l’essentiel de la hausse de la demande provient des produits chimiques et du Diesel. Compte
tenu de la qualité de pétrole de schiste , les raffineries en dehors des Etats-Unis sont très
intéressées par l’achat du pétrole léger américain dont le est intéressant parce que bas. Mais
cela va être confronté à ce qu’on appelle le « mur de raffinage » , à savoir qu’elles auront
beaucoup de pétrole léger sur lequel elles réalisent des marges très faibles, à l’inverse des
produits chimiques pour lesquels ils ont consenti des investissements importants et sur
lesquels la marge de raffina ge est beaucoup plus importante .
Donc le manque de demande pour le pétrole du Bassin Permien , d’où est extrait le pétrole de
schiste , pourrait encore une fois un creusement du spread avec le Brent par la suite .
Et si le Spread entre le Brent et le WTI est passé de 11,8 $ fin Mai dernier à 6$ actuellement.
C’est essentiellement dû à la baisse des stocks américains et aux pipelines longtemps attendus
et enfin mis en service cette période d’été. Si les infrastructures suivent il n’y a pas de raison
que le spread continue de s’écarter
Mais les exportations plafonnent donc si le schiste continue à se développer , il va falloir que
la demande américaine augmente pour que le prix du WTI ne diminue pas.
Malgré son prix bas , le WTI n’est en effet pas compétitif à l’export parce que il y a une loi
américaine , le « JONES ACT » qui oblige tout producteur américain candidat à l’exportation
de son pétrole par voie maritime à le faire via un navire sous pavillon américain ,des
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
équipages et des équipements américains etc…Tout cela a un coût très important , beaucoup
plus que pour le pétrole qui est originaire d’autres régions de production , avant de
commencer à diminuer depuis début Août ( de 439 millions de barils lors de la semaine
achevée le 02 Août à 416 millions lors de celle bouclée le 06 septembre),les réserves
commerciales de brut stockées à Cushing auraient littéralement bondi depuis
L’exploitation du bassin Permien. En l’espace de huit années , ces stocks avaient en effet
doublé allant de 214 millions en septembre 2011à près de 440 en 2018. Et donc , une
surabondance de l’offre qui explique clairement le recul du cours du baril de WTI.
Etant donné que ce marché est de Gré à Gré , les co-contractants se retrouvent à deux pour
mener les opérations , ce qui multiplie les risques relatifs aux pratiqués .Ainsi, le Brut de
référence est soumis à grand inconvénient qu’il va falloir résoudre par d’autres méthodes .
Avant cela et pour éviter ces difficultés , il y a ce qu’on appelle les mercuriales .
A cet effet, des relevés de prix sont fournis par une variété de publications dont nous citons le
Platt’s oilgram Journal (McGraw Hill), l’Argus ou le London Oil Report.
La méthodologie pratiquée par les journalistes du Platt’s consiste à interroger les opérateurs
de la zone en cherchant le niveau des prix des opérations exécutées au cours de la journée.
Le Platt’s donne ainsi quotidiennement les cours de la veille. Il propose chaque jour ouvrable
un prix du Brent daté. Mais en réalité, cette cotation est une fourchette constituée d’une valeur
basse appelée le LOW et puis d’une valeur haute à savoir le HIGH. Et puis la valeur
moyenne de ces deux prix appelée le MEAN OF PLATT’S qui est souvent utilisée comme
référence.
Ce prix est donc une estimation issue des sondages des différents opérateurs et il est soumis à
des possibilités de manipulations et ainsi l’agence ne reporte que les transactions réellement
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
assurées et confirmées par les deux parties . Cette précaution n’empêche pas des
manipulations.
Ensuite , le PLATT’S , se basant sur cette estimation refait le calcul de la valeur du prix des
autres pétroles bruts . pour s’y faire , il demande à ses contacts la valeur de ce qu’on appelle
les différentiels qui sont négociés durant les transactions concernant les pétroles qui ne sont
pas des markers.
Exemple :
La distinction des Bruts se fait sur la base à la fois de la qualité des pétroles et de la
localisation des gisements . Les formules de prix sont dans l’obligation de prendre en compte
ces différences .La procédure d’ajustement se fait au moyen d’un différentiel appelé Facteur
d’ajustement.
Soit une raffinerie localisée à Rotterdam souhaitant bénéficier du BRENT à 60 $ par baril
FOBau port de Sullom Voe en mer du Nord, avec un coût de transport de 0,6 $ par baril .
Un pétrole de qualité supérieure se trouve en Afrique de l’Ouest , et cette qualité est évaluée à
0,5$par baril par le raffineur . le coût de transport entre l’Afrique et Rotterdam est de 0,8$ par
baril . Mais la négociation du prix du brut africain s’intéresse au facteur d’ajustement :
Prix brut africain FOB (60,3$)=prix Brent FOB (60$)+ facteur d’ajustement (0,3)
Dans notre exemple , l’index est le Brent daté dont le prix rapporte les variations du marché (
offre –demande) au niveau de la zone , ici l’Europe.
Maintenant si ce Brut de l’Afrique était destiné au continent américain, l’index est inadapté
.La réalité climatique et économique est différente entre les deux régions et donc le Brut WTI
aurait été choisi comme référence et donc le facteur d’ajustement différent .
Exemple :
Brent daté au 05 septembre ( date de disponibilité des 02 bruts en Europe) : 59,7 $ / baril.
Le CIF payé pour le brut africain calculé avec la cotation de chargement est de :
(60+0,3)+0,8= 61,1$.
A la date de disponibilité des bruts dans la zone Europe , le prix CIF du Brent est de
59,7+0,6=60,3.
Le coût du Brut africain est donc très élevé .C’est donc le prix du Brent au 05 septembre qu’il
faut prendre en compte pour le calcul du prix d’achat .
On retrouve le commerce par cargaisons importées par mer (prix cargoes CIF et c’est le
marché le plus actif ) ou bien exportés par mer ( cargoes FOB) et puis le commerce par barges
exportées de Rotterdam par le Rhin (barges FOB).Les cargaisons unitaires de produits
transportés par mer sont de 10.000 tonnes pour l’essence et le kérosène , 17.000 à 25.000 pour
les autres produits
Les agences spécialisées collectent auprès des maisons de négoce une estimation du niveau
des prix .Les prix estimés deviennent la référence du marché permettent de fixer les prix des
autres transactions .Plus de 14 autres produits sont journalièrement cotés .
Le prix de vente d’une cargaison donnée est donc fixé au travers d’un différentiel par rapport
à la cotation .Ce facteur d’ajustement prend en compte les différences de tonnage , de mode
de transport et de qualité , et bien entendu les paramètres de toute transaction commerciale.
Le commerce du pétrole est régi par les prix spot depuis la fin des années 80.Cette pratique a
induit un risque supplémentaire pour l’économie pétrolière celui de la grande volatilité des
prix .Afin de minimiser le risque , les spécialistes pétroliers vont penser à mettre en pratique
des solutions adéquates en s’inspirant de ce qui se passe sur les marchés des matières
premières et on va adopter le marché Forward ou ce que l’on appelle le marché de prix fixe à
livraison différée.
Parallèlement aux marchés spot , qui concernent des cargaisons disponible Sous quinzaine ,
se sont développées des ventes pour livraisons plus lointaines :les marchés forward qu’on
appelle aussi les marchés papiers .Ils fonctionnent exactement comme le marché spot , mais
sur des délais plus longs ,et avec une certaine standardisation des opérations .
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
La transaction commerciale s’effectue de gré à gré pour un prix déterminé avec livraison pour
un mois ultérieur.
Ainsi , un acheteur de Brent peut acheter une cargaison pour une date fixe pour un délai
inférieur à 15 jours ( Brent daté ). Il peut également acheter du Brent pour le mois suivant ou
pour une échéance encore plus lointaine. La date de livraison n’est pas connue avec précision
à l’avance, uniquement le mois. On peut ainsi acheter en janvier du Brent ( février), du Brent
mars etc…
Ce marché forward est appelé Brent 15 jours (fifteen-day Brent). Les cargaisons y sont de
500.000 barils +ou- 5%.La règle du marché oblige l’acheteur à préciser le volume et le
vendeur à préciser la date de disponibilité de la cargaison (terminal de Sullom Voe) au
minimum 15 jours avant cette dernière et ce avant 5 heures de l’après-midi GMT. D’où le
nom du marché. Dès que la cargaison est nommée et datée, elle devient spot, d’où le nom de
BRENT DATE pour le marché spot de brut de la mer du Nord.
Ces ventes ne concernent qu’un très petit nombre de places, de bruts et de produits : en
Europe, le Brent , l’essence sans plomb ,le gasoil ,le kérosène, le naphta et le fuel lourd. Elles
permettent aux acteurs de s’affranchir du risque de prix grâce à la couverture ou le hedging.
Un trader a conclu le 1er janvier une vente par laquelle il s’engage à livrer à la fin du mois de
février 10.000 tonnes de gazole à Rotterdam à un prix de 250$/t. Ce service sera rémunéré par
une commission de 0,5$/t.
Le prix du gazole en ce début du mois de janvier est de 250$/t. Ce trader n’a pas encore à sa
disposition le produit qu’il va falloir livrer et ne dispose d’aucun espace de stockage. Par
conséquent il est soumis au risque d’assister à l’augmentation des cours du gazole à la fin du
mois de février , date à laquelle il devra physiquement acheter le gazole sur le marché spot
pour livrer. Mais il peut cependant s’affranchir de ce risque. Le trader achète à partir du
premier jour càd le 1er janvier une cargaison Forward de 10.000t de gazole pour le mois de
Mars . Le prix est fixé au moment de la négociation à 245$/t. Il est bien sûr différent du prix
spot , car il prend en compte les anticipations et les incertitudes liées à la livraison différée. Il
n’est pas intéressé par une cargaison pour le mois de février , car elle a toutes les chances de
lui être livrée à une date inconnue pour l’instant et à un lieu standard qui ne lui conviennent
pas . Le 28 février, le prix spot du gazole est de 260$/t. Le trader achète à ce prix le gazole
qu’il livre à son client . Le trader perd donc (260-250)=10$/t. Sa rémunération de 0,5$/t n’est
pas suffisante.
De l’autre côte , il a pour le mois de mars un droit sur 10.000t à 245$/t . S’il s’engage
maintenant à livrer 10.000 t pour mars , il doit pouvoir négocier cette vente à 255$/t , étant
donné que le marché a augmenté de 10$ depuis janvier. Physiquement , son engagement à
prendre livraison couvre son engagement à livrer . Et financièrement , il dégage un gain de
10$/t, qui répond positivement à la perte subie en février.
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
3.3 La Spéculation :
La spéculation est une autre possibilité offerte par ces marchés .En effet , dans l’opération de
couverture précédente, le risque était pris sur le marché forward en contrepartie d’un risque
inverse sur le physique.
On parle de spéculation quand un opérateur prend une position dans l’objectif de gagner de
l’argent grâce à l’évolution des prix , en acceptant d’en perdre, et l’opérateur escomptant une
augmentation de prix , va d’abord acheter pour livraison différée. Avant que l’échéance n’
arrive , il revend de façon à se libérer de tout engagement .Si les prix ont effectivement
augmenté , il aura vendu à un prix supérieur au prix d’achat , et gagner de l’argent .Dans le
cas inverse , il en aura subi une perte. Et donc le spéculateur « baissier » va débuter par la
vente puis procédera au rachat pour dénouer sa position .Une baisse de prix lui sera ainsi
favorable.
De l’autre côté , les quantités unitaires sont très importantes .La cargaison standard de
BRENT est de 500.000barils , ce qui représente au prix de 60$ le baril ,la coquette somme de
30 millions de dollars, le prix d’ une résidence princière en Europe , ou 10 villas luxueuses
sur les hauteurs de Hydra .Et puis ces marchés , comme d’ailleurs tous les marchés physiques
pétroliers , ils ne sont pas organisés. Nous n’avons aucun organisme qui garantit le suivi des
opérations et leur contrôle . Ainsi , il y a un risque énorme de se retrouver dans la situation de
ce que l’on appelle en anglais le SQUEEZE autrement dit le risque d’étranglement . Et donc ,
le trader peut ne pas trouver de contrepartie pour la vente papier.
Remarque : Total
est court car il a vendu
deux lots, alors que pour
l’instant, il n’en a
acheté d’un.
La grande inconnue pour chacun des acteurs du marché est la date de disponibilité de la
cargaison. Nous allons voir comment des contrats vont devenir des cargaisons physiques et
comment elles vont passer de main en main. Ainsi autour du 15 janvier ,un producteur de
Brent , apprend par le terminal de Sullom Voe en mer du Nord, lors de la publication des
dates de chargement pour le mois de février que le producteur disposera d’une cargaison de
Brent entre le 10 et le 12 février .Ce producteur va transformer un contrat forward en Brent
daté en informant un de ses acheteurs de la date de disponibilité de sa cargaison février. Et
contractuellement, cette information doit parvenir à l’acheteur 15 jours avant le début de la
fenêtre de chargement. Ce producteur peut choisir de céder cette cargaison physique soit à une
compagnie X soit à une autre compagnie Y. Et en final, le producteur prend la décision
d’informer X qu’une cargaison sera à sa disposition entre le 10 et le 12 février. X qui n’en a
pas besoin, la remet à son tour à l’un de ses acheteurs qui sont Z ou W. Si Z est choisi, il peut
la repasser à Y ou même la refiler au producteur initial !
Dans ce jeu de passe- passe appelée la procédure de nomination , la chaine se construit
minute par minute jusqu’à ce que l’un des acteurs accepte la livraison physique . En somme ,
une seule et même cargaison s’est traduite par de multiples transactions commerciales.
Même si sa position est équilibrée, un spéculateur sans activité sur le physique est
exposé. En effet, supposons qu’il soit informé 15 jours avant le début de la fenêtre de
chargement à 16 h 56 GMT qu’une cargaison l’attend à Sullom Voe.Il risque de ne pas avoir
le temps d’informer son propre acheteur avant 17h00, heure fatidique définie dans le contrat.
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
Il est alors five –o’clocked ; il devra dénouer sa position par un arrangement peu intéressant.
Une cargaison nommée devient du Brent daté, et par conséquent elle devient Spot et
négociable sur le marché si elle intéresse des acheteurs physiques. En revanche, n’étant
disponible à Sullom Voe que dans 5 ou 10 jours, l’acheteur ne voudra pas fixer dès
maintenant son prix. Cette cargaison sera donc négociée sur la base d’une formule de prix
indexée sur le forward. Le 20 janvier la cargaison datée s’échangera par exemple à Brent
+0,15$.
Les seuls prix négociés en absolu sont donc les prix forward ; le nombre de
transactions forward étant très important, c’est un marché liquide , ce qui donne aux cotations
rapportées par le Platt’s une bonne fiabilité.
Exemple :
- Marché à terme --------------- marché financier
- On négocie des titres financiers parfaitement standardisés en volume et qualité --------
--- les contrats
Exemple : NYMEX- Marché du WTI (NewYork)
-1 titre = 1000 barils de WTI
-horaires ( heure de NewYork) : 9h 45 – 15h 10
-variation minimum : 1 cent /baril
-Variation maximum :15$/baril en une journée
- Echéances maximum : 30 mois successifs puis les mois 36,48,60,72,84
-Dénouement d’un contrat :
Opération inverse
Livraison physique.
4.3 la couverture : Le hedging : exemple
Nous sommes le 15 juin et un producteur de brut américain estime que les prix auxquels
il peut vendre sa production sont aujourd’hui satisfaisants. Aujourd’hui il peut trouver
acquéreur sur le marché spot à 65,5 $ le baril, tandis que le WTI dont son pétrole est
proche cote 65,8 $.
En juillet et en Août, ce producteur produira 100.000 barils, quantité qu’il compte vendre
à la fin de cette période. Et pour garantir un prix de vente, il se tourne vers le marché à
terme du NYMEX.
Le contrat fin août de WTI (1000 barils) se négocie à 66$, alors le producteur
américain passe un ordre de vente de 100 contrats. Juste avant de vendre sa production, à
la fin du mois d’août, il rachète 100 contrats.
Regardons le prix réel auquel il a finalement vendu sa production dans le cas où le
marché a monté et dans le cas où le marché a baissé. La couverture a neutralisé le risque
de perte, comme la chance de gain. C’est donc tout le contraire de la spéculation par
laquelle un intervenant escompte un gain aléatoire en acceptant le risque de perte.
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
Le marché a monté le marché a baissé
Le prix spot du brut produit par le prix spot du brut produit par
Le producteur et le prix du contrat le producteur et le prix du contrat
ont monté dans des proportions quasi- ont baissé dans des proportions
équivalentes. quasi-équivalentes.
Exemple : spot brut = 67,90$ Exemple :spot brut= 63,10$
Contrat WTI= 68600$ contrat WTI= 63700$
Vente contrats 66$ : marché vente contrats 66$ : marché
Rachats contrats 68,6$ : à terme rachats contrats 63,7$ : à terme
Vente du brut 67,9$ : physique vente du brut 63,1$ : physique
Prix effectif : 65,30 prix effectif :65,40$
Ainsi le producteur a quasiment garanti il a garanti son prix de vente au
son prix de vente au niveau du mois de juin. Niveau du mois de juin.
-1/Il perd un peu dans la mesure où l’évolution -1/ il y perd un peu dans la
du prix du contrat est un peu différente de mesure où l’évolution du
l’évolution du prix du brut. Prix du contrat est un peu
différente de l’évolution du
-2/ le marché ayant monté, il aurait gagné prix de son brut.
a ne pas se couvrir, puisque son prix de vente -2/ le marché ayant baissé ,
aurait été de 67,9$ ; mais en se couvrant, il il a eu raison de se couvrir
acceptait de perdre cette chance de gain. puisque son prix de vente
aurait été de 63,10
Sur ces marchés, un acheteur peut conserver son contrat jusqu’à échéance et prendre livraison
de son produit. Le dénouement par livraison physique est assez marginale ( 1% des cas sur le
contrat NYMEX du WTI). Cette procédure n’intéresse que peu d’acteurs car la qualité du
produit et les lieux de livraison sont standards et par nature inadaptés aux besoins précis du
plus grand nombre .De plus, sur le contrat Brent de l’IPE , la livraison à échéance n’est pas
directement possible ; elle est remplacée par un versement financier ce qu’on appelle le cash
settlement. En fait, le dénouement d’une transaction à terme est normalement une autre
transaction en sens inverse et non la livraison du produit (acheté quant à lui spot , et couvert
par la transaction à terme).
Université Mhamed bougara boumerdès
Faculté des hydrocarbures et de la chimie
Département économie et commercialisation des hydrocarbures
Master économie des hydrocarbures
Par rapport à un marché comme le marché forward , les marchés à terme organisés présentent
de nombreux avantages.
le contrat unitaire est beaucoup plus petit ; ils sont donc mieux adaptés aux besoins.
la bourse organise la rencontre de l’offre et de la demande ; l’utilisateur du marché n’a
donc pas à rechercher un acheteur ou un vendeur avec qui opérer de gré à gré.
la bourse garantit la bonne marche des opérations.
Sur quelques dizaines de mètres carrés, trois cents personnes passent leurs ordres avec des
gestes et des cris. Contrairement aux marchés spot et forward , les prix pratiqués sur les
marchés à terme sont observables , et ces cotations sont accessibles en temps réel grâce aux
consoles d’information comme Reuter et Telerate . Les transactions ne s’opèrent pas
directement entre vendeur et l’acheteur.
S’interposent en effet entre eux les courtiers ou brokers et une chambre de compensation
(clearing house). La confrontation physique de l’offre et de la demande a lieu au floor (ou
pif), qui correspond à la corbeille des marchés financiers ou boursiers.
Ainsi, un faible nombre d’opérateur est intéressé par les transactions à terme pour des
échéances lointaines.
Exemple : supposons un acheteur massif de futures à échéance un an. pour trouver les
vendeurs d’un nombre suffisants de contrats, il devra proposer un prix très supérieur
aux cotations du moment. à lui tout seul, il décale vers le haut le marché sur cette
échéance. s’il achète à ce prix élevé, l’économie de la couverture est fortement
dégradée.
pour échapper, il peut se couvrir par achat de contrats plus proches et « rouler » sa
position, c-à-d revendre avant chaque échéance en remplaçant les contrats vendus par
des contrats de l’échéance suivante. il s’expose alors à un risque de structure
important.
-le risque d’étranglement
L’étranglement est une manifestation du risque de liquidité. à l’approche de
l’échéance d’un contrat, l’opérateur peut se trouver dans l’impossibilité de dénouer sa
position.
Cette situation peut résulter d’une tentative d’assèchement d’un marché : si un
acheteur qui a acheté un nombre important de contrtas les conserve jusqu’à
l’échéance, les intervenants qui sont acheteurs pour dénouer leurs position ne trouvent
pas de contrepartie, ou alors à un niveau des prix très élevé. s’il n’ont pas dénoué, il
doivent assurer la livraison physique du produit, et pour cela l’acheter physiquement.
et cela risque de leur couter très cher.
Cette situation, peut aussi, naitre des fondamentaux du marché, par exemple d’une
demande exceptionnellement forte en raisons de conditions climatiques tendues.