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Theorie de Group

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–1–

Éléments de la théorie des groupes


Master PM

Nour-Eddine Fahssi

Faculté des sciences et téchniques - Mohammedia


&
Lab PHE - Rabat

Fahssi (Dépt Maths – FSTM) – 1 – Éléments de la théorie des groupes 1 / 43


1 Définitions de base et exemples

2 Plus d’exemples & Sous-groupes

3 Isomorphisme de groupes

4 Classes et sous-groupes invariants

5 Classes résiduelles & Groupe quotient

6 Homomorphismes

7 Produits directs

Fahssi (Dépt Maths – FSTM) – 1 – Éléments de la théorie des groupes 2 / 43


Définitions de base & Exemples

Nous allons définir un groupe comme un ensemble d’éléments satisfaisant à


un certain nombre d’axiomes. Quelques exemples simples nous permettront
de donner une idée plus concrète de la notion de groupe. C’est particulière-
ment le groupe Sn des permutations de n objets qui sera le moyen d’illustrer
les définitions.
Définition 1
Soit G un ensemble muni d’une opération · : G × G → G, appelée multi-
plication, vérifiant les axiomes suivants :
i L’opération · est associative : a · (b · c) = (a · b) · c pour tout
a, b, c ∈ G ;
ii Il existe un élément e de G tel que pour tout a ∈ G, a · e = e · a = a ;
cet élément est appelée élément neutre ou identité de · ;
iii Pour tout a ∈ G, il existe un élément b ∈ G, tel que :
a · b = b · a = e. On note b par a−1 et on l’appelle inverse de a.

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Exemples
Exemple 1
G = {e}. Le groupe le plus simple est constitué d’un seul élément : l’élément
identité e. Nous noterons ce groupe C1 .

Exemple 2
Le groupe à deux éléments C2 = {e, a} dont l’un doit être l’identité et
l’autre doit vérifier a2 = e. La table de multiplication du groupe est
· e a b
· e a
e e a b
e e a
a a b e
a a e
b b e a

Exemple 3
Il existe un et un seul groupe à 3 éléments G = {e, a, b} (voir Exercice 1,
fiche 1).
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Exemples

Exemples concrets du groupe C3 :


l’ensemble {1, e i 2π/3 , e −i 2π/3 } muni de la multiplication des nombres
complexes.
L’ensemble des trois opérations qui laissent un triangle équilatéral ∆
invariant, i.e., les trois rotations d’angles 0, 2π/3 et 4π/3 (l’opération
étant la composition des transformations).
Les groupes C2 et C3 sont des exemples de groupes cycliques :

Cn = {e, a, a2 , . . . , an−1 , an = e}.

Exercice
Montrer qu’un groupe ne possède qu’un élément neutre et qu’un élément
ne possède qu’un inverse.

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Groupe abélien & Ordre d’un groupe

Définition 2
Un groupe abélien est un groupe dont tous les éléments commutent :
a · b = b · a pour tout élément de a et b de G.

Définition 3
L’ordre d’un groupe est le nombre de ses éléments.

Par exemple, l’ordre du groupe cyclique Cn est égale à n.


Les groupes cycliques Cn décrits ci-dessus sont d’ordre n (= 1, 2, . . .) et ils
sont tous abéliens. Cependant, la plupart des groupes intéressants ne sont
pas abéliens.
Exemple 4
Le groupe non-cyclique le plus simple est abélien et d’ordre 4. On l’appelle
le groupe diédral d’ordre 4 D2 = {e, a, b, c}. Sa table de multiplication
est :
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Exemples

· e a b c
e e a b c
a a e c b
b b c e a
c c b a e
Il est utile de visualiser ce groupe abélien par son association à une symétrie
géométrique (qui peut être réalisée par un système physique, comme une
molécule).
1

4 2

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1

4 2

e ←→ Transformation identité
a ←→ Réflexion par rapport à l’axe (13)
b ←→ Réflexion par rapport à l’axe (24)
c ←→ Rotation % au centre O d’angle π.

Exercice
Montrer que l’ensemble de ces quatre transformations muni de la composi-
tion peut être identifié au groupe diédral D2 .
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Groupe diédral D3
Le groupe non-abélien le plus petit est d’ordre 6. Il est généré par les six
transformations de symétrie du triangle équilatéral.

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Groupe diédral D3

Les réflexions échangent deux des étiquettes, laissant l’autre inchangée.


Par exemple, la réflexion autour de l’axe C , C 0 conduit à l’échange de A
et B, . . . et ainsi de suite. On note donc ces trois opérations par (AB) ou
(12), AC ou (13), et BC ou (23) respectivement. Les rotations (sens anti-
horaire) d’angles 2π/3 et 4π/3 conduisent à une permutation cyclique des
trois étiquettes. Elles seront notées (321) et (123) respectivement. On peut
voir qu’il existe une correspondance biunivoque entre ces transformations
de symétrie et les permutations de trois étiquettes qui forment le groupe
de permutation S3 , discuté dans la section suivante. On peut facilement
vérifier que, par exemple, les transformations (12) et (123), appliquées suc-
cessivement, sont égales soit à (31) soit à (23), selon l’ordre d’application.
Le groupe est donc non abélien.
Dans les chapitres suivants, nous utiliserons à plusieurs reprises le groupe
D3 comme exemple illustratif utile. Il est donc important de construire la
table de multiplication du groupe (Exercice).

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Groupes diédraux Dn
henc
of M
disti

Dn,+
the
±
D3,−
(see
N
Ordre = 4 Ordre = 6
nont

Ordre = 8 Ordre =12


3
Fahssi
FIG. 11. Mirror– 1planes
(Dépt Maths – FSTM)
of the dihedral groups D2 , D3 , D4 and
– Éléments de la théorie des groupes 11 / 43
Sous-groupe

Définition 4
Un sous-ensemble W d’un groupe G qui forme un groupe sous la même loi
de multiplication que G est dit un sous-groupe de G.

Exemple 5
Le groupe d’ordre 4 a trois sous-groupes : {e, a}, {e, b} et {e, c}. Le carré
de a, par exemple, est e. Donc {e, a} coïncide avec le groupe C2 . Il en est
de même pour les deux autres sous-ensembles.

Exemple 6
Le groupe S3 a quatre sous-groupes distincts constitués des éléments
{e, (12)}, {e, (23)}, {e, (31)} et {e, (123), (321)}. Les trois premiers sous-
groupes (une réflexion avec l’identité) sont identiques au groupe C2 . Le
dernier, qui est d’ordre 3 (les deux rotations avec l’identité), a la structure
de C3 .
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Groupes de matrices
De nombreux groupes physiquement significatifs contiennent un nombre in-
fini d’éléments indiqués par des paramètres continus. Ce sont des groupes
continus. Les groupes de rotations dans les espaces euclidiens et les
groupes de translations continues sont des exemples importants. Nous
désignerons les groupes de rotations dans l’espace à 2 et 3 dimensions par
R(2) et R(3) ; et les groupes combinés de rotations et de translations dans
les mêmes espaces par E2 et E3 , respectivement. Les deux derniers sont des
exemples de groupes euclidiens.
Proposition 1
Tout ensemble de matrices n×n inversibles, qui comprend la matrice identité
et qui est stable par multiplication matricielle, forme un groupe de matrices.

Exercice
1 Montrer que l’intersection de 2 sous-groupes est un sous-groupe.
2 Soir H ⊂ G. Montrer que H est un sous-groupe de G si et seulement
si quels que soient a et b ∈ H on a ab −1 ∈ H.
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Exemples de groupes matriciels

Exemple 7
i le groupe linéaire général GL(n) constitué de toutes les matrices n × n
inversibles ;
ii le groupe unitaire U(n) constitué de toutes les matrices unitaires, c’est-
à-dire des matrices n × n, U, qui vérifie UU † = 1 ;
iii le groupe unitaire spécial SU(n) constitué des matrices unitaires à dé-
terminant égal à 1 ;
iv le groupe orthogonal O(n) constitué des matrices orthogonales réelles,
c’est à dire des matrices réelles n × n vérifiant OO T = 1.

Ce sont des exemples de groupes classiques qui occupent une place cen-
trale dans la théorie des représentations des groupes et ont de nombreuses
applications dans diverses branches des mathématiques et de la physique.
Clairement, SU(n) et O(n) sont des sous-groupes de U(n) qui est lui-même
un sous-groupe de GL(n).
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Quelques propriétés du groupe des permutations Sn
(1) Soit un ensemble de 5 objets désignés par les nombres 1, 2, 3, 4,
5. Une permutation σ des 5 objets est une bijection de {1, 2, 3, 4, 5} →
{1, 2, 3, 4, 5}. Par exemple, σ(1) = 3, σ(2) = 1, σ(3) = 2, σ(4) = 5,
σ(5) = 4 peut être représenté comme
( )
1 2 3 4 5
σ= .
3 1 2 5 4
La permutation identité e s’écrit :
( )
1 2 3 4 5
σ= .
1 2 3 4 5
( )
1 2 3 4 5
(2) Produit de deux permutations. Soit σ0 = . Alors
5 3 1 2 4
( )( ) ( )
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
σ ◦ σ 0 ≡ σσ 0 = = .
3 1 2 5 4 5 3 1 2 4 1 5 3 4 2
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Exercice
1 Calculer σ −1 et σ 0−1 . Vérifier la règle (σσ 0 )−1 = σ 0−1 σ −1 .
2 Vérifier que σσ 0 6= σ 0 σ (non commutativité du produit).

l’ensemble des permutations de n objets forme un groupe noté Sn ; la per-


mutation identité e joue le rôle de l’élément neutre.
(3) Décomposition d’une permutation en cycles indépendants. Soit la
permutation ( )
1 2 3 4 5 6 7 8 9
τ=
4 3 9 6 1 7 5 8 2
On a la permutation circulaire : (1 → 4 → 6 → 7 → 5 → 1) que l’on note
(1 4 6 7 5). On peut répéter cette opération. On trouve alors que τ peut-être
décomposée en un produit de permutations circulaires indépendantes :

τ = (1 4 6 7 5)(2 3 9)

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(4) Transposition : C’est un cycle à 2 éléments.

Théorème 1
Tout cycle peut être décomposé en un produit de transpositions .

Démonstration.
.............
Par exemple
(1 2 3 4 5 6) = (1 6)(1 5)(1 4)(1 3)(1 2)

Exercice
Décomposer la permutation
( )
1 2 3 4 5 6 7 8 9
7 1 2 3 8 5 4 6 9

en un produit de transpositions.
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(5) Parité d’une permutation : Une permutation est dite paire (impaire)
si elle est décomposée en un nombre pair (impair) de transposition. Par
exemple, la permutation
(1 2 3)(4 5)(6 7 8) = (1 3)(1 2)(4 5)(6 8)(6 7)
est impaire.
Exercice
Étudier la parité d’une permutation circulaire.

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Isomorphisme de groupes
Définition 5
Deux groupes (G, ·) et (G 0 , ∗) sont dits isomorphes s’il existe une corres-
pondance biunivoque ϕ : G → G 0 qui préserve la loi des groupes. Autrement
dit, si g1 ∈ G et g2 ∈ G alors ϕ(g1 · g2 ) = ϕ(g1 ) ∗ ϕ(g2 ).

Exemple 8
1 Le groupe constitué des nombres {−1, 1, i, −i} par rapport à la multi-
plication usuelle est isomorphe au groupe cyclique d’ordre 4 C4 ;
2 Le groupe diédral D3 est isomorphe au groupe symétrique S3 .

Théorème 2 (Cayley)
Tout groupe G d’ordre n est isomorphe à un sous-groupe de Sn .

Preuve.
...
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Isomorphisme de groupes

Exemple 9
1 Le groupe cyclique d’ordre 3 {C3 : e, a, b = a2 } est isomorphe au
sous-groupe de S3 constitué des éléments

{e, (1 2 3), (3 2 1)}.


2 Le groupe diédral {D2 : e, a, b, c} est isomorphe au sous-groupe de S4
constitué des éléments

{e, (12)(34), (13)(24), (14)(23)}.


3 Le groupe cyclique {C4 : e = a4 , a, a2 , a3 } est isomorphe au sous-
groupe de S4 constitué des éléments

{e, (1234), (13)(24), (4321)}.

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Classes & Sous-groupes invariants

Les éléments d’un groupe G peuvent être partitionnés en classes. Celles-ci


servent à trier les éléments du groupe. Cette classification s’avérera utile
dans l’étude de la structure du groupe et de la théorie des représentations.

Définition 6 (Éléments Conjugués)


Un élément b de G est dit conjugué de (ou à) a ∈ G s’il existe un autre
élément du groupe x ∈ G tel que b = xax −1 . On notera la relation de
conjugaison par le symbole ∼.

Exemple 10
Dans le groupe de permutation S3 , l’élément (12) est conjugué de (31) car
(23)(12)(23)−1 = (23)(12)(23) = (31). De même, (123) ∼ (321) puisque
(12)(123)(12)−1 = (321).

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La conjugaison est une relation d’équivalence ;
i réflexive : ∀a ∈ G, a ∼ a ;
ii symétrique : ∀a, b ∈ G, si a ∼ b alors b ∼ a.
iii transitive : ∀a, b, c ∈ G, si a ∼ b et b ∼ c alors a ∼ c.
Une relation d’équivalence fournit une manière unique de classer les éléments
d’un ensemble.
Définition 7 (Classes de conjugaison)
Les éléments d’un groupe qui sont conjugués les uns aux autres forment une
classe de conjugaison.

Chaque élément d’un groupe appartient à une et une seule classe ;


L’élément neutre forme une classe à lui tout seul ;
Dans un groupe abélien, chaque élément forme une classe à lui tout
seul ;
Pour les groupes matriciels, tous les éléments d’une même classe sont
liés les uns aux autres par une "relation de similitude".
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Exemple 11
Les éléments du groupe de permutation S3 peuvent être divisés en trois
classes :
C ℓ1 = {e}, l’identité
C ℓ2 = {(12), (23), (31)}, la classe des deux-cycles,
C ℓ3 = {(123), (321)}, la classe des trois-cycles.
Cet exemple illustre un résultat général pour les groupes symétriques :

Proposition 2
La structure en cycles est la même pour deux éléments conjugués et, réci-
proquement, deux permutations ayant même structure en cycles sont conju-
guées.

Preuve.
TD.

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Exemple 12
Le groupe S4 a 5 classes de conjugaison :
{e }
{(12), (13), (14), (23), (24), (34)}
{(12)(34), (13)(24), (14)(23)}
{(123), (132), (124), (142), (134), (143), (234), (243)}
{(1234), (1243), (1324), (1342), (1423), (1432)}

Remarque
Les différentes classes de Sn peuvent s’obtenir à l’aide des diagrammes de
Ferrers (ou Young).

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Notons d’abord que e = (1)(2)(3)(4), c’est à dire e se présente sous la
forme de 4 cycles à 1 élément ou, symboliquement :

De la même façon les autres classes pourront être décrites par 4 carrés
disposés autrement :

Le nombre de classes est égal au nombre de partitions de 4, c’est-à-dire au


nombre de façons d’écrire 4 sous forme d’une somme d’entiers positifs.

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Diagramme de Ferrers

Figure – Diagrammes de Ferrers des partitions des entiers jusqu’à 8. (Wikipédia)


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Exemple 13
Dans le groupe des rotations tridimensionnelles R(3), soit R⃗n (ψ) une
rotation autour de l’axe ⃗n d’angle ψ. Alors l’ensemble des rotations :
C ℓ(ψ) ≡ {R⃗n (ψ); ⃗n ∈ R3 } forme une classe de conjugaison. En effet, pour
un R ∈ R(3) arbitraire,

RR⃗n (ψ) = R⃗n 0 (ψ)R ⇒ RR⃗n (ψ)R −1 = R⃗n 0 (ψ),

où ⃗n 0 est dans la direction déterminée en faisant tourner ⃗n par R. En d’autres


termes,

toutes les rotations d’un même angle mais autour d’axes différents
appartiennent à la même classe.

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Sous-groupe invariant
Si H est un sous-groupe de G et x ∈ G, alors H 0 = {xhx −1 ; h ∈ H} =
xHx −1 forme aussi un sous-groupe de G appelé un sous-groupe conjugué
de H.
Exercice
1 Montrer que si H et H 0 sont conjugués, alors ils ont le même ordre.
2 Montrer que si H et H 0 sont conjugués, alors ils sont isomorphes ou
H ∩ H 0 = ∅.

Définition 8
On dit qu’un sous-groupe H d’un groupe G est invariant (ou distingué ou
normal) dans G s’il est stable par conjugaison, c’est-à-dire si :

∀h ∈ H, ∀x ∈ G, xhx −1 ∈ H, i.e. xHx −1 ⊂ H

En d’autres termes, si H contient un élément h, il contient tous les xhx −1 .


On note H ▹ G.
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Sous-groupe invariant
En particulier, H ▹ G groupe fini s’il est identique à ses sous-groupes conju-
gués. Dans ce cas xHx −1 = H.
Exemple 14
Tout groupe G admet deux sous-groupes invariants triviaux : {e} et G.
Le sous-groupe H = {e, a2 } de C4 = {e = a4 , a, a2 , a3 } est un sous-
groupe invariant ;
Dans S3 , C ℓ3 = {e, (123), (321)} forme un sous-groupe invariant :

σ C ℓ3 σ −1 = C ℓ3 .

Mais {e, (12)} ne l’est pas : (23){e, (12)}(23)−1 = {e, (31)},

Exercice
1 Montrer que les matrices n × n de déterminant unité forment un sous-
groupe invariant dans le groupe GL(n).
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Sous-groupe invariant
Définition 9
Un groupe simple est un groupe qui ne contient pas de sous-groupe
invariant (exceptés {e} et G). Un groupe semi-simple est un groupe qui ne
contient aucun sous-groupe invariant abélien.

Exemple 15
1 Les groupes cycliques Cn avec n nombre premier sont des groupes
simples ;
2 Les groupes Cn avec n un nombre non premier ne sont ni simples ni
semi-simples. Par exemple, C4 = {e, a, a2 , a3 } a un sous-groupe {e, a2 }
qui est invariant et abélien.
3 Le groupe S3 n’est ni simple ni semi-simple, il possède un groupe
invariant abélien {e, (123), (321)} ;
4 Le groupe de rotations tridimensionnelles SO(3) est simple, mais le
groupe de rotations bidimensionnelles SO(2) ne l’est pas !!
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Classes résiduelles & Groupe quotient
Définition 10
Soit H un sous-groupe de G et soit x un élément de G qui n’est pas dans
H, alors l’ensemble des éléments xH = {xh : h ∈ H} est appelé une classe
résiduelle à gauche de H (an. left cosets). De même, Hx = {hx : h ∈ H}
est une classe résiduelle à droite de H.
les classes résiduelles ne sont pas des sous-groupes (car ils ne contiennent
pas l’élément neutre !).
Chaque classe résiduelle a exactement le même nombre d’éléments dis-
tincts que H.
Lemme 1
Deux classes résiduelles à gauche (ou à droite) d’un sous-groupe H coïn-
cident ou n’ont aucun élément en commun.

Preuve.
...
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Classes résiduelles & Groupe quotient

Étant donné un sous-groupe H ⊂ G d’ordre nH , les différentes classes ré-


siduelles à gauche de H partitionnent les éléments du groupe G en des
ensembles disjoints de nH éléments chacun.

Théorème 3 (Lagrange)
L’ordre d’un sous-groupe H d’un groupe fini G est un diviseur de l’ordre de
G : nH | nG .

Corollaire 1
Tout groupe d’ordre premier n’a pour sous-groupes que les sous-groupes
triviaux.

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Classes résiduelles & Groupe quotient
Exemple 16
1 Le sous-groupe H1 = {e, (123), (321)} a une classe résiduelle à gauche
M = {(12), (23), (31)} obtenu en multipliant les éléments de H1 à
gauche par l’un quelconque des permutations (12), (23), ou (31) ;
2 Le sous-groupe H2 = {e, (12)} a deux classes à gauche : M1 =
{(23), (321)}, obtenu à partir de H2 par multiplication avec (23) ou
(321), et M2 = {(31), (123)}, obtenu à partir de H2 par multiplication
avec (31) ou (123).
H1 Cℓ 3
M2 M1
(123) (321) (123) (321) (123) (321)

e e e
(31) (23) (31) (23) (31) (23)
(12) (12) (12)

M H2 Cℓ 2
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Remarque
Une définition équivalente à la définition d’un sous-groupe invariant :
Un sous-groupe est dit invariant si les classes résiduelles à droite
et à gauche sont identiques : ∀a ∈ G \ H, aH = Ha.
Nous verrons plus loin, lors de l’étude des automorphismes intérieurs,
une autre définition des sous-groupes invariants.

Soit H ▹ G ; on peut décomposer G en classes résiduelles :


G = H + a 1 H + a2 H + . . . , où ai ∈
/ H.
Exercice
Montrer que l’ensemble des classes résiduelles muni de la loi aH·bH = (ab)H
est un groupe.

On a (ai H)(aj H) = ai (Haj )H = ai (aj H)H = ai aj H, où l’on a utilisé


successivement les propriétés d’associativité de la loi de composition
et d’invariance de H.
L’élément neutre de ce groupe est H.
L’inverse de ai H est ai−1 H.
Fahssi (Dépt Maths – FSTM) – 1 – Éléments de la théorie des groupes 34 / 43
Théorème 4 (et définition)
Si H est un sous-groupe invariant de G, l’ensemble des classes résiduelles
muni de la loi de multiplication aH · bH = (ab)H forme un groupe, appelé
nG
groupe quotient de G. Le groupe quotient est noté G/H, il est d’ordre .
nH

Exemple 17
Considérons le sous-groupe invariant H = {e, a2 } du groupe cyclique C4 .
H et la classe M = {a, a3 } = aH forment le groupe quotient C4 /H. En
appliquant la règle de multiplication des classes résiduelles décrite ci-dessus,
· H M
H H M
M M H

Donc le groupe quotient C4 /H est d’ordre 2 et est isomorphe au groupe


cyclique C2 .

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Exemple 18
H1 Cℓ 3
M2 M1
(123) (321) (123) (321) (123) (321)

e e e
(31) (23) (31) (23) (31) (23)
(12) (12) (12)

M H2 Cℓ 2

Dans le cas du groupe de permutation S3 , H1 = {e, (123), (321)} représente


un sous-groupe invariant, G/H1 est composé de deux éléments : H1 et
M = {(12), (23), (31)}. On a :

· H1 M
H1 H1 M
M M H1

Donc, G/H1 = {H1 , M} est aussi isomorphe au groupe cyclique C2 .


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Homomorphismes de groupe
On considère deux groupes (G, ·) et (G 0 , ∗). On note eG et eG 0 les neutres
respectifs de G et G 0 .
Définition 11 (Homomorphismes)
On dit qu’une application φ : G −→ G 0 (pas nécessairement biunivoque)
est un homomorphisme de groupe si :
φ(eG ) = eG 0 .
Si a et b sont éléments de G, φ(a · b) = φ(a) ∗ φ(b).

Un isomorphisme (Définition 5) est un cas particulier d’homomorphisme.


Toute la théorie des représentations de groupes est construite sur des
homomorphismes de type

φ : Groupes abstraits → Groupes linéaires sur des espaces vectoriels.

Groupes abstraits ≡ Groupes de symétrie physiques,


Espaces vectoriels ≡ Espaces d’états physiques.
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L’application φ : S3 → C2 représentée par la figure suivant est un homo-
morphisme (vérifier !).

H
ϕ
(123) (321) e

e
(31) (23) a
(12)

C2
M
Cet exemple illustre le résultat général : si G a un sous-groupe invariant H,
alors il existe un homomorphisme naturel G → G/H tel que g 7→ gH ∈ G/H.
la loi de multiplication est préservée par définition.

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Théorème 5
Soit φ un homomorphisme de G dans G 0 . Dénotons par ker(φ) le noyau de
φ i.e., l’ensemble {a ∈ G, φ(a) = eG 0 }. Alors ker(φ) est un sous-groupe
invariant de G. De plus, le groupe qotient G/ ker(φ) est isomorphe à G 0 .

Preuve.
...

q Ker(f)

q'
Ker(f) e'
p'
pKer(f)
G'

G/Ker(f)

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Produits directs
De nombreux groupes de symétrie utiles en physique sont des produits di-
rects de groupes plus simples. Lorsque c’est le cas, il suffit de connaître la
structure et les représentations de ces derniers.
Définition 12
Soit H1 et H2 des sous-groupes d’un groupe G avec les propriétés suivantes :
i tout élément de H1 commute avec tout élément de H2 , c’est-à-dire
h1 h2 = h2 h1 pour tout h1 ∈ Hl et h2 ∈ H2
ii tout élément g de G s’écrit de façon unique comme g = h1 h2 où
h1 ∈ H1 et h2 ∈ H2 . Dans ce cas, on dit que G est le produit direct de
H1 et H2 ; symboliquement, G = H1 ⊗ H2 .

Exemple 19
Considérons le groupe C6 = {e = a6 , a, a2 , a3 , a4 , a5 }. Montrer que

C6 ' C2 ⊗ C3 .
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Produits directs
Considérons les deux sous-groupes de C6 : H1 = {e, a3 } et H2 = {e, a2 , a4 }.Le
critère (i) ci-dessus est trivialement satisfait car le groupe est abélien, et (ii)
peut être vérifié en notant que

e = ee, a = a3 a4 , a2 = ea2 , a3 = a3 e, a4 = ea4 , a5 = a3 a2 .

Puisque H1 ' C2 et H2 ' C3 , on obtient C6 ' C2 ⊗ C3 .


Exemple 20
Le groupe O(3) est composé de toutes les transformations linéaires de l’es-
pace euclidien à 3 dimensions qui laissent l’origine fixe et la longueur des
vecteurs inchangée. On démontre que ce groupe est constitué de l’ensemble
des rotations R ∈ R(3), de celui des réflexions (inversions spatiales) Is et
de leurs produits. Clairement, IS R = RIS pour tout R. Par conséquent, le
groupe orthogonal O(3) est le produit direct des sous-groupes constitués
respectivement des {R} et {e, Is }.

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Produits directs
A partir de deux groupes indépendants (G1 , ·) et (G2 , ∗) , il est possible
de construire leur produit direct G1 ⊗ G2 dont les éléments sont des paires
ordonnées et ayant pour loi de composition :
∀a1 , b1 ∈ G1 , ∀a2 , b2 ∈ G2 (a1 , a2 )(b1 , b2 ) = (a1 · b1 , a2 ∗ b2 ).

Exemple 21
G1 est le groupe Z/4Z muni de l’addition modulo 4 et G2 = (Z/5Z)∗ =
{1, 2, 3, 4} muni de la multiplication modulo 5. Par exemple, les opérations
sur le produit direct des deux groupes s’effectue de la manière suivante :

(3, 4) (2, 3) = (3 + 2 mod 4, 4 × 3 mod 5) = (1, 2).

Exercice
1 Vérifier les axiomes des groupes. Ordre du groupe produit.
2 Montrer que si G = G1 ⊗ G2 alors G1 et G2 sont des sous-groupes
invariants de G et pour tout (g1 , g2 ) ∈ G1 × G2 , g1 g2 = g2 g1 .
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Exercice
Si un groupe G contient 2 sous-groupes invariants H1 et H2 tels que
H1 ∩ H2 = {e}, H1 ∪ H2 = G et h1 h2 = h2 h1 , alors G = H1 ⊗ H2 .

Fin du chapitre 1.

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