Politique Nationale Justice V1 3
Politique Nationale Justice V1 3
Politique Nationale Justice V1 3
Fraternité-Travail-Progrès
Ministère de la Justice
Comité de Suivi des Conclusions et Recommandations
des Etats Généraux de la Justice
2
1.2.6 Le renforcement de l'indépendance de la magistrature et de la responsabilité du magistrat ......... 30
1.2.7 Le renforcement des actions des auxiliaires de justice ...................................................................... 31
1.2.7.1 Les avocats........................................................................................................................................ 31
1.2.7.2 Les notaires ............................................................................................................................................ 32
1.2.7.3 Les Huissiers de justice et les Commissaires-priseurs..................................................................... 33
1.2.7.4 Les Agents d’Affaires .......................................................................................................................... 34
1.2.8 La police judiciaire................................................................................................................................... 35
1.2.9 Le renforcement de l’administration pénitentiaire .............................................................................. 37
1.2.9.1 La lutte contre les détentions préventives illégales et la surpopulation carcérale : ..................... 38
1.3. La réhabilitation du sceau et de tous les attributs de l’Etat ............................................................ 41
AXE STRATEGIQUE N°2 : LE RENFORCEMENT DE LA CREDIBILITE DE LA JUSTICE ....... 41
2.1. La moralisation du secteur de la Justice .................................................................................................. 42
2.2. La promotion des rapports Justice et médias .......................................................................................... 44
AXE STRATEGIQUE N°3 : LE RENFORCEMENT DU ROLE DE LA JUSTICE DANS LA
PROMOTION DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ........................................................................ 45
AXE STRATEGIQUE N°4 : LE RENFORCEMENT DE L’ACCESSIBILITE AU SERVICE
PUBLIC DE LA JUSTICE ............................................................................................................................... 49
AXE STRATEGIQUE N°5 : LE RENFORCEMENT DE LA JUSTICE PENALE DANS LA LUTTE
CONTRE LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE ...................................................... 51
AXE STRATEGIQUE N° 6 : LA PROTECTION ET PROMOTION DES DROITS HUMAINS ...... 52
6.1. La problématique des droits humains.................................................................................................. 52
6.2. Les solutions préconisées ...................................................................................................................... 53
6.3. La protection judiciaire juvénile............................................................................................................... 54
III. LE DISPOSITIF DE MISE EN ŒUVRE ET DE SUIVI EVALUATION ............................................................... 56
3.1 La stratégie de mise en œuvre .................................................................................................................. 56
3.1.1. La mise en œuvre : Le comité de pilotage ........................................................................................... 56
3.1.2. La stratégie de communication ............................................................................................................. 56
3.1.3. La stratégie de mobilisation financière ................................................................................................ 57
3.2 Le dispositif de suivi-évaluation.............................................................................................................. 57
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
PNJDH : Politique Nationale Justice et Droits Humains ;
ANAJJ : Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire ;
4
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement ;
5
INTRODUCTION
Contexte
6
1
- un Médiateur de la République .
Du point de vue administratif, une forte centralisation du pouvoir d’Etat au
niveau de la Capitale Niamey, atténuée par une déconcentration et une
décentralisation à deux paliers (Région et Commune) caractérise l’organisation
administrative du pays. Aux côtés de l’administration moderne, cohabite la
chefferie traditionnelle (Sultanat, Canton ou Groupement, Village, tribu et
Quartier) hiérarchiquement rattachée et subordonnée aux autorités
administratives déconcentrées (Gouverneurs et Préfets) et décentralisées
(Conseils Régionaux et Conseils Municipaux).
Selon les résultats du 4ème Recensement Général de la Population et de
l’Habitat (RGPH) de 2012, la population du Niger est aujourd’hui estimée à
17.129.076 habitants, dont 8. 461.444 hommes (49,4%) et 8.667.632 femmes
(50,6%).
Cette population est inégalement répartie entre les 8 régions administratives du
pays. La région la plus étendue, celle d’Agadez située au Nord du pays occupe
53% de la superficie du territoire national et abrite seulement 3% de la
population totale. La région la moins étendue, Niamey (la Capitale), abrite 39%
de la population urbaine.
Avec un taux de fécondité le plus élevé au monde qui est passé de 7,1 enfants
par femme en 2010 à 7,6 en 2012, la population du Niger croît à un taux de
2
3,9% par an .
Le taux d’alphabétisation est fortement dépendant du degré d’urbanisation. C’est
à Niamey que l’on observe le taux le plus élevé de personnes alphabétisées
(71%) contre une moyenne nationale de 31,11% en 2012. Avec une proportion
de 48%, Agadez occupe la deuxième position. Dans les autres régions, les taux
3
d’alphabétisation sont inférieurs à la moyenne nationale .
La population nigérienne est essentiellement musulmane (99%). Les chrétiens
représentent moins d’un pour cent (0,8%), l’animisme et les autres croyances
0,2% de la population. Cette population est constituée de plusieurs groupes
sociolinguistiques, animés par un fort désir de vivre en commun: les Haoussa,
1
Cf. loi n° 2011-18 du 08 août 2011instituant un Médiateur de la République.
2
Enquête démographique et de santé du Niger, INS 2010-2012.
3
Selon le rapport dressé en 2012 par l’INS
7
les Zarma-Sonrhaï, les Peuhl, les Touareg, les Kanuri, les Gourmantché, les
Toubou, les Arabes et les Boudouma.
En termes de peuplement, la configuration du pays est le produit d’un long
processus historique, dont la Conférence de Berlin de 1885 est le point de départ
; les frontières avaient été tracées à la règle et à l’équerre sans tenir compte des
spécificités propres au continent africain.
Nonobstant cette diversité, le peuple du Niger a su tisser à travers l’histoire des
relations d’alliance matrimoniales, de cousinage et « de parenté à plaisanterie ».
Cette coexistence pacifique constitue présentement le socle sur lequel repose
l’unité nationale. Aujourd’hui, pour bon nombre d’observateurs, le Niger
dispose d’atouts réels qui l’ancrent résolument dans un processus de
construction nationale.
A l’heure actuelle, chacun de ces dix groupes sociolinguistiques, s’ils se
distinguent sur certains points par leur propre organisation, l’on note des
pratiques socioculturelles communes à tous. En effet, en plus des traditions
ancestrales héritées des aïeux, viennent s’ajouter l’influence de l’islam grâce au
contact avec le monde arabe remontant au VII° siècle, et celle du monde
occidental lié à la pénétration coloniale des années 1800 (XIX Siècle).
Au plan juridique, le droit nigérien est caractérisé par la coexistence de trois (3)
systèmes juridiques que sont : le droit coutumier, le droit musulman et le droit
d’origine occidentale. La multiplicité de ces systèmes juridiques complique la
tâche aux praticiens dans leur application et leur compréhension pour bon
nombre d’usagers du service public de la justice. En effet, certaines normes, loin
de se compléter s’excluent selon le système auquel elles se réfèrent, d’où les
multiples tentatives initiées pour répertorier les coutumes ainsi que les
nombreuses réformes législatives engagées tout au long de ces dernières
décennies en vue de leur harmonisation.
Ces dynamiques révèlent le contexte particulier, mais porteur de défis dans
lequel notre justice évolue.
8
Aperçu Historique sur la Justice au Niger
9
appelés « Justice de Paix à compétences étendues » seront d’abord installés dans
toutes les Capitales des anciennes colonies devenues territoires d’outre-mer et
ayant à leur tête des magistrats du corps judiciaire, suivis des tribunaux de
moindre importance appelés « Justice de Paix à compétences restreintes » dans
les chefs-lieux des subdivisions administratives, avec à leur tête des
administrateurs d’outre-mer, puis progressivement des fonctionnaires titulaires
de la licence en droit recrutés sous contrat en qualité de magistrats.
Suivant le modèle ci-dessus, il sera créé à Niamey, une Justice de Paix à
compétence étendue et des Justices de Paix à compétence restreinte seront
établies à l’intérieur du territoire, notamment à Zinder, Maradi, Agadez, Tahoua,
Birni N’Konni, N’guigmi, Dosso et Tillabéry. Cette situation prévaudra
jusqu’en 1947.
Depuis lors, la carte judiciaire du Niger connaîtra une évolution progressive
avec la transformation de la Justice de Paix à compétence étendue de Niamey,
en 1950, en Tribunal de Première Instance. La même année, la juridiction de
Zinder était à son tour érigée en justice de paix à compétence étendue, suivie de
Maradi, Tahoua, Dosso et Agadez, entre 1950 et 1960.
À partir de 1956, en application de la Loi Cadre n°56-619 du 23 mars 1956,
d’importantes améliorations ont été apportées à la gestion du système colonial
dans son ensemble, influant ainsi de manière significative sur le fonctionnement
du système judiciaire au Niger.
Ainsi, à la Cour d’Appel de Dakar se sont adjointes des Sections de Cour
d’Appel établies à Abidjan (Côte d’Ivoire), Bamako (Soudan français devenu
Mali) et Cotonou (ancien Dahomey, actuel Bénin).
Plusieurs Justices de Paix à compétence étendue seront érigées en Tribunaux de
Première Instance, tandis que disparaissait la Justice de Paix à compétence
restreinte.
Suivant ce schéma, Zinder sera érigé en Tribunal de Première Instance à partir
de 1956, suivi de Maradi en 1962.
Il importe de noter que de 1956 à 1959, le Niger dépendait pour le jugement des
affaires en Appel d’abord de la Section d’Appel de Bamako, avant d’être
rattaché ensuite à celle d’Abidjan, et enfin à celle de Cotonou.
10
Le Référendum Constitutionnel du 28 septembre 1958 consacre l’éclatement de
la Fédération de l’AOF et l’autonomisation des différents territoires composant
celle-ci. Il incombait alors à chaque peuple le devoir de prendre son destin en
main en organisant un système juridique et judicaire répondant à ses propres
réalités sociales et culturelles.
À partir de 1959 sera adoptée au Niger la loi n° 59-24 du 24 décembre 1959
portant réorganisation de la Justice dans la République du Niger. Celle-ci, tout
en maintenant la situation antérieure, innovera à travers la création du Tribunal
Supérieur d’Appel qui a eu pour avantage de supprimer la dépendance du Niger
de la Section d’Appel de Cotonou.
Au lendemain de la proclamation de l’indépendance le 03 août 1960, le Niger
hérite d’un appareil judiciaire embryonnaire. Il s’agissait alors pour les
nouvelles autorités du jeune Etat de créer les conditions de l’institutionnalisation
d’un service public national de la justice. C’est ainsi qu’un Ministère de la
Justice sera créé pour la première fois. (quand ?)
Depuis lors, les différents gouvernements qui se sont succédés, ont mis en œuvre
des politiques tendant à développer la carte judicaire, à produire des textes qui,
pour l’essentiel, sont restés dans la continuité du système judiciaire hérité de la
colonisation et à doter l’administration de la justice d’un personnel adéquat.
En ce qui concerne la carte judiciaire, la loi n° 62-11 du 16 mars 1962, fixant
l’organisation et la compétence des juridictions en République du Niger, tout en
supprimant le Tribunal Supérieur d’Appel, crée une Cour d’Appel établie à
Niamey, maintient les Tribunaux de Première Instance de Niamey, Zinder,
Maradi, et transforme certaines Justices de paix à compétence étendue en
Sections rattachées à ces trois (03) Tribunaux de Première Instance ; il s’agit de
Tillabéry et Dosso (rattachées à Niamey), Birni N’konni et Tahoua (rattachées à
Maradi) et Agadez (rattachée à Zinder). À partir de la décennie 70, cette loi
connaîtra plusieurs modifications, avec la création notamment de la Section du
Tribunal de Diffa rattachée à Zinder. En 1980 interviendra la transformation de
la Section du Tribunal de Tahoua en Tribunal de Première Instance et en 1993 la
création de la Cour d’Appel de Zinder à laquelle seront désormais rattachées les
régions de Maradi, Zinder, Diffa et Agadez.
Au plan de la production normative, dans le souci d’adapter les règles du code
civil aux réalités sociales nigériennes, s’agissant des questions relatives à l’état
11
des personnes et aux biens, la loi n°62-11 du 16 mars 1962 susvisée a renvoyé le
jugement de ces affaires à la coutume des parties.
Entre temps, le personnel judicaire s’est étoffé. Il convient de rappeler qu’au
lendemain de l’indépendance, le pays ne comptait aucun magistrat de nationalité
nigérienne, la justice étant simplement rendue par des expatriés magistrats
coopérants français qui tenaient les grandes juridictions (Cour d’Appel et Cour
Suprême) ainsi que les Tribunaux de Première Instance de Niamey, Maradi et
Zinder. Quant aux anciennes Justices de Paix à compétence étendue, elles
étaient tenues pour la plupart par des administrateurs civils (commandants de
cercles et chefs de subdivisions) faisant fonction de juges.
Il faudra attendre le début des années 1970, pour voir des greffiers-adjoints
prendre le relais et ce jusqu’au début de la décennie 90. Le 1er magistrat
nigérien, ne sortira de l’Ecole de Magistrature de Bordeaux qu’en 1960. Il a
fallu attendre douze (12) ans pour voir sortir le deuxième.
S’agissant des greffiers, ils étaient aussi tous de nationalité étrangère à
l’indépendance du pays. Les premières promotions de greffiers adjoints, attachés
de parquet et secrétaires des greffes et parquets ne viendront que quelques
années plus tard, en1963, après la création de l’ENA.
En ce qui concerne les avocats, ils étaient au nombre de trois (03), tous de
nationalité étrangère. Quant aux notaires, ils faisaient cruellement défaut, le
premier à s’installer dans les années 1960 étant un greffier de formation. Cette
situation était analogue à celle des huissiers de justice dont un seul était de
nationalité nigérienne et formé à exercer la profession.
Il faut reconnaitre que tout au long de cette période, un service public de la
justice s’est progressivement mis en place au Niger. Toutefois, même s’il faut
lui reconnaitre quelques performances, des dysfonctionnements ont
régulièrement été mis à jour. Ceux-ci portaient sur l’ensemble des composantes
du système judiciaire, c’est-à-dire les institutions, les acteurs qui les animent et
les normes juridiques que ces institutions sont chargées d’appliquer.
C’est pour prendre en charge ces différents dysfonctionnements que des
séminaires ont été organisés en 1983 à Diffa, en 1985 à Birni N’Konni et en
1992 à Niamey. Ces Fora qui rassemblaient les représentants des pouvoirs
publics, les acteurs de la justice et des représentants des certaines couches
12
socioprofessionnelles ont fait le diagnostic des maux dont souffre la justice
nigérienne et préconisé des solutions en vue d’y remédier.
A la faveur des revendications démocratiques de 1990, la Conférence Nationale
Souveraine a remis en cause le fonctionnement des institutions établies sous la
deuxième République. La justice indexée à cette période pour ses
dysfonctionnements, a fait l’objet de critiques, tant sur son mode de
fonctionnement, que sur ses moyens d’action. Cette période a suscité beaucoup
de réflexions sur les exigences d’une justice moderne, indépendante répondant
aux besoins des justiciables, proche d’eux et dotée de ressources suffisantes.
C’est ainsi que des projets et programmes ont été développés avec le Projet
d’Appui aux Réformes Judiciaires (ARJUDI) qui a contribué à la connaissance
du droit et de la justice à travers notamment l’édition et la diffusion des
principaux codes, textes de loi et recueils de jurisprudence. A cette étape, a
succédé le Programme d’Appui aux Réformes Judiciaires (PARJ) dont la
formulation et la mise en œuvre en 2003 ont permis de réaliser d’importantes
réformes visant à doter le pays d’un appareil judiciaire moderne et performant.
En 1999, est intervenue l’Ordonnance 99-16 du 04 juin 1999 portant
modification de la loi 62-11 du 16 mars 1962 qui a érigé les tribunaux de
première instance en tribunaux régionaux, et les justices de paix en délégation
Judiciaire. Enfin elle érigeait les sections du tribunal d’Agadez et de Dosso en
tribunaux régionaux.
À partir de 2004, la loi n° 2004-50 du 22 juillet 2004 portant Organisation
Judiciaire est adoptée. Elle transforme le Tribunal Régional de Niamey en
Tribunal de Grande Instance Hors Classe (TGI/HC/NY) et les autres tribunaux
régionaux d’Agadez, Dosso, Maradi, Tahoua, Zinder en tribunaux de grande
instance (TGI) et les anciennes délégations judiciaires, en tribunaux d’instance
dans les chefs-lieux d’arrondissement (aujourd’hui départements). Elle crée
également des nouveaux tribunaux d’instance dans les arrondissements qui en
étaient dépourvus, en même temps qu’elle érige les sections de tribunaux
d’Arlit, de Birni N’koni, Diffa,Tillabéry, en tribunaux de grande instance (TGI).
D’autres réalisations ont été faites dans le cadre du renforcement des capacités
de la justice à travers le Projet d’Appui à la Justice et à l’Etat de Droit (PAJED)
dans sa première phase et dans sa phase 2 actuellement en cours d’exécution.
13
Cependant, faute d’une politique sectorielle véritable, le Ministère de la Justice a
développé des actions disparates. L’impact limité de ces actions, ainsi que leur
faible cohérence ont mis en évidence la nécessité d’élaborer une politique
sectorielle, laquelle politique adoptée le 1er juin 2009, définit les enjeux de la
réforme et les orientations stratégiques à retenir pour les prochaines années dans
le cadre de la Stratégie Accélérée de Développement et de la Réduction de la
Pauvreté (SDRP).
La mise en œuvre de cette politique sectorielle a permis notamment la
modification de la carte judiciaire pour tenir compte du souci de rapprocher la
justice des justiciables. Cette mise en œuvre telle que déclinée par le plan
d’action quadriennal (2010-2013) s’est achevée en décembre 2013.
Devant la persistance de certains dysfonctionnements, le gouvernement a décidé
de la convocation des « États Généraux de la Justice » qui se sont tenus du 26 au
30 novembre 2012 pour faire l'état des lieux et définir les solutions propres à un
développement qualitatif et cohérent de la justice. Ce forum a réuni toutes les
composantes de la société nigérienne (professionnels de la Justice,
Universitaires, Chefs Traditionnels, Associations Religieuses, Société Civile,
Associations Féminines, Associations de jeunesse, Partenaires Techniques et
Financiers, partis politiques et Forces de Défense et de Sécurité).
Les Etats Généraux de la Justice visaient les objectifs suivants :
14
Pour la mise en œuvre des différentes recommandations formulées par les États
Généraux de la Justice tenus, l’élaboration d’une politique nationale assortie
d’un plan d’actions s’est avérée nécessaire.
C’est l’objet du présent document qui s’inscrit parfaitement dans le cadre du
Programme de la Renaissance du Président de la République, de la Déclaration
de Politique Générale(DPG) du 5 novembre 2011 du Premier Ministre, Chef du
Gouvernement et du Plan de Développement Économique et Social (PDES),
notamment en son axe stratégique n°1 relatif à la consolidation de la crédibilité
et de l'efficacité des institutions publiques. Il décrit dans une vision politique
programmatique et stratégique orientée dans le temps (court, moyen et long
terme), les objectifs ciblés et les résultats à atteindre.
Le présent document de Politique Nationale Justice et Droits Humains s’articule
autour de trois (3) parties : les Fondements et les Orientations de la Politique
Nationale (I), les Axes stratégiques de la Politique Nationale (II) et le dispositif
de Suivi-évaluation (III).
15
réalisés dans la mise en œuvre de la Stratégie de Développement Accéléré et de
Réduction de la Pauvreté (SDRP) et des politiques et stratégies sectorielles
ministérielles.
En matière de gouvernance, l’objectif est d’améliorer le fonctionnement du
système juridique et judiciaire par la moralisation du secteur judiciaire,
l’optimisation de l’existant et la modernisation des cadres d’intervention et du
fonctionnement de la justice.
La politique nationale Justice et Droits Humains se veut donc une politique
globale en ce qu’elle intègre et prend en compte les différentes stratégies
sectorielles du domaine de la justice.
Parallèlement, le Niger a souscrit à plusieurs instruments internationaux que la
présente Politique Nationale Justice et Droits Humains prend naturellement en
compte. Il s’agit principalement des principes énoncés dans les chartes et autres
instruments juridiques des Nations Unies et de l’Union Africaine, de la
Déclaration universelle des droits de l’Homme, de la Charte africaine de Droit
de l’Homme et des Peuples, des objectifs du millénaire (OMD) pour le
Développement, des Pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques
ainsi qu’aux droits économiques, sociaux et culturels, de la Convention relative
aux droits de l’enfant, etc.
16
La vision de la PNJDH à l’horizon 2035, est celle d’une justice crédible,
équitable et accessible à tous.
17
mettre en œuvre des recommandations de l’Examen Périodique
Universel (EPU) ;
promouvoir et doter la Commission Nationale des Droits Humains
demoyens matériels et financiers suffisants pour lui permettre
d’accomplir sa mission ;
protéger les défenseurs des droits humains dans leur mission.
18
Ce principe d’indépendance s’entend du pouvoir donné au juge lorsqu’il est saisi
ou lorsqu’il se saisit d’un litige, de rendre une décision dans le strict respect des
lois et règlements en vigueur, à l’abri de toute pression. C’est un principe
fondamental pour la garantie des libertés individuelles et collectives, la lutte
contre la corruption, la bonne gouvernance, la protection des droits humains, le
renforcement de la crédibilité du pouvoir judiciaire et de la sécurité juridique des
des personnes et des biens.
Dans le contexte de cette politique, il s’agira de renforcer le statut des différents
acteurs de la justice et de prendre des mesures tendant à faire respecter cette
indépendance tant par les acteurs de la justice eux-mêmes et que par les autres
pouvoirs ensuite.
Cette indépendance doit être garantie par le respect des règles de l’inamovibilité
des magistrats du siège et le rôle important du Conseil supérieur de la
Magistrature (CSM).
Le principe de l’égalité des citoyens devant la loi est affirmé par la Déclaration
universelle des droits de l’Homme et par la Constitution qui dispose en son
article 10 que «Tous les Nigériens naissent et demeurent libres et égaux en droits
et en devoirs ». Cela implique que tous les citoyens soient traités sur un
19
pied d’égalité devant les juridictions civile, commerciale, pénale, sociale,
administrative, sans discrimination. C’est un principe fondamental pour la paix
sociale, la sécurité des investissements, la confiance et la crédibilité de la justice.
Il ne peut être effectif sans une impartialité des acteurs de la justice, d’où la
nécessité de préciser davantage les textes normatifs en matière déontologique et
de mettre l’accent sur la protection de ces acteurs contre les pressions
multiformes et la sensibilisation des usagers du service public de la justice.
Elle consiste au respect strict par l’Etat et ses institutions du principe d’égalité
devant la loi. Cela implique la sanction de toute personne ayant commis une
infraction, sous réserve du respect du principe de la présomption d’innocence à
l’égard de toute personne jusqu’à ce que sa culpabilité ait été prouvée.
La primauté de la loi doit être réaffirmée.
Le système judiciaire ne peut être performant sans que soient établis des liens
solides de collaboration et de coopération aux niveaux national, régional et
international. Ceci implique :
- au plan national, une étroite collaboration entre les structures intervenant dans
la chaîne judiciaire, une coopération entre la justice et les autres structures
nationales de contrôle et de promotion des droits : Commission Nationale des
Droits Humains (CNDH), Médiateur de la République, Haute Autorité de Lutte
contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), Cellule Nationale
5
de Traitement des Informations Financières (CENTIF), Inspections et
Organisations de la Société Civile;
- au plan régional et international, la coopération entre la justice et les structures
internationales voisines (justice de pays étrangers, Cour commune de justice et
d’arbitrage, Cour de justice de la CEDEAO, Cour de justice de l’UEMOA, etc.).
Le succès de toute politique est tributaire des hommes qui l’animent. Cela
nécessite des ressources humaines suffisantes et de qualité, tant pour l’exécution
des programmes retenus que pour le suivi évaluation de la politique elle-même.
4
Selon le rapport 2012 de l’Institut National de la Statistique
5
Inspections Générale d’Etat, Inspection de la Gouvernance Administrative, Direction
Générale de l’Inspection des Finances, Inspections Sectorielles.
21
C’est pourquoi, la formation initiale et continue de qualité, la spécialisation et la
planification judicieuse de la carrière des acteurs de la justice, mais aussi la
motivation et la promotion des compétences, sont d’une impérieuse nécessité.
La PNJDH doit s’atteler au renforcement des effectifs dans le secteur de la
justice par une planification des besoins en formation initiale et continue.
Dans son organisation et son fonctionnement, la justice doit être adaptée aux
réalités socioculturelles du pays. Il ne s’agit pas de substituer au système
judiciaire actuel une justice fondée exclusivement sur nos us et coutumes.
Toutefois, certaines valeurs telles que la médiation et la conciliation, déjà
pratiquées de manière informelle, doivent pouvoir être analysées et prises en
compte dans l’élaboration et l’adoption des règles de fond et de procédure, ainsi
que dans l’organisation et le fonctionnement du service public de la justice.
22
II : LES AXES STRATEGIQUES DE LA POLITIQUE
NATIONALE JUSTICE ET DROITS HUMAINS
Le diagnostic des institutions judiciaires dressé lors des assises des Etats
Généraux de la Justice, a fait ressortir tous les maux dont souffre la justice
nigérienne. Il s’agit, entre autres, de l’insuffisance du cadre juridique, de
l’obsolescence de certains textes, du manque de locaux pour le Ministère de la
Justice et pour certaines juridictions ou de leur exiguïté lorsqu’il en existe, du
manque crucial de moyens matériels (roulant, outils informatiques) et financiers
ainsi que l’insuffisance qualitative et quantitative du personnel judiciaire.
En dépit des efforts du gouvernement, les ressources allouées au Ministère de la
Justice demeurent très insuffisantes et ne permettent pas de couvrir les besoins
du Ministère de la Justice et des juridictions. Elles représentent en 2012, 6% du
budget général.
Les assises des Etats Généraux de la Justice ont proposé plusieurs solutions au
Gouvernement pour renforcer les capacités de l’appareil judiciaire, à travers
l’adoption de mesures institutionnelles et juridiques.
Ces mesures visent essentiellement à améliorer les conditions de travail des
acteurs de la justice, à rendre la justice plus accessible, crédible, efficiente et
efficace.
23
En effet l’efficacité de la justice, le professionnalisme de ses acteurs judiciaires
et l’indépendance de la magistrature tant réclamés par le peuple ne seront
atteints que si les conditions de travail sont améliorées. C’est pourquoi, le
gouvernement renforcera les moyens de travail et promouvra les technologies de
l’informatique et de la communication dans le but de rendre plus moderne le
système judiciaire. Afin d’atteindre ces objectifs, les mesures ci-après seront
privilégiées :
- une vaste réforme du dispositif juridique et judiciaire ;
- des mesures institutionnelles;
- une réhabilitation du sceau et de tous les attributs de l’Etat.
24
Le Gouvernement s’emploiera en outre à lutter contre l’insécurité juridique et
judiciaire.
L’insécurité juridique s’entend d’un environnement juridique incertain au point
où le dispositif juridique n’offre plus aux investissements privés ou aux
justiciables, les voies et moyens pour agir dans le sens d’une plus grande équité.
Par contre l’insécurité judiciaire « se caractérise par plusieurs manifestations :
décisions contestables, décisions en délibérés plusieurs mois durant par le jeu de
la prorogation de délibéré, exécutions impossibles dues à plusieurs facteurs,
négligences diverses, méconnaissances des règles déontologiques, accueil de
moyens dilatoires évidents et renvois à répétition qui finissent par décourager les
demandeurs de bonne foi… ». Il s’agit d’éviter tout ce qui contribuera à
décrédibiliser et ternir l’image de la justice.
L’insécurité juridique et judiciaire paralysent l’investissement et privent le pays
des capitaux nécessaires à son développement.
Le Gouvernement s’emploiera à adapter l’arsenal juridique interne à ses
engagements communautaires et internationaux et à assurer l’application du
droit de manière homogène par toutes les juridictions du pays.
Pour ce faire, tous les départements ministériels concernés par ces mesures
seront associés à l’élaboration d’une politique législative impliquant la
programmation dans le temps des mesures réglementaires d’application.
Cette politique contribuera au renforcement des capacités techniques des acteurs
dans l’élaboration des lois et règlements, ainsi qu’à une meilleure mesure de leur
impact.
Il s’agira de :
25
-- doter le Ministère de la Justice d’un bâtiment moderne, répondant aux
normes techniques et sécuritaires ;
- construire les sièges des hautes juridictions : cour de cassation, conseil
d’Etat et cour des comptes ;
- construire et/ou réhabiliter des locaux pour toutes les juridictions
6
existantes ;
- Construire et/ou réhabiliter les Etablissements Pénitentiaires
conformément aux normes internationales.
6
C’est le cas des 27 Tribunaux d’Instances nouvellement crées par la loi n° 2013-29 du 12 juin 2013,
modifiant et complétant la loi n°2004-50 du 22 juillet 2004 fixant l’organisation et la compétence
des juridictions en République du Niger et des anciennes juridictions déjà identifiées
26
De même, les tribunaux du travail et de manière générale toutes les juridictions
spécialisées créés par la loi susvisée seront installés.
En matière de comptes, les chambres régionales créées par la loi 2012-08 du 26
mars 2012 déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le
fonctionnement de la Cour des Comptes (Art.24 al.2) seront installées.
En matière commerciale, en plus de la création progressive des tribunaux de
commerce, le gouvernement s’attèlera à harmoniser le droit interne et les
pratiques judiciaires au droit communautaire et à l’esprit qui sous-tend les
affaires (diligences dans le traitement des procédures, réduction des délais
d’appel, respect des règles du droit commercial international, etc.).
Le code des investissements, sera révisé par le Ministère des Finances, en
concertation avec le Ministère du commerce et la chambre de commerce
d’industrie et d’artisanat de manière à corriger ses difficultés d’application.
La loi 2004-50 du 22 juillet 2004 précitée sera modifiée pour tenir compte de
toutes les préoccupations des populations en matière de justice.
En matière de lutte contre la délinquance économique et financière, le
Gouvernement poursuivra les réformes en cours. Dans cet esprit, la création des
Pôles économiques et financiers de Niamey et de Zinder, envisagée par le
Gouvernement en octobre 2013, doit être concrétisée. Des magistrats seront
spécialisés dans les questions financières, économiques et fiscales. En outre, le
corps de la magistrature s’ouvrira à des financiers ayant une formation juridique
de base.
Enfin la création d’un centre de formation judiciaire, dont le projet de loi est
déjà élaboré, doit être effective dans le court terme. Ce centre placé sous la
tutelle du ministère de justice aura pour vocation de former tous les acteurs de la
chaîne judiciaire.
La justice de proximité se définit comme une justice rendue par les juridictions
situées au bas de l’échelle judiciaire (tribunaux d’instance, tribunaux du foncier
rural). Mais elle intègre aussi la possibilité donnée aux juridictions de droit
commun (tribunaux de grande instance) d’aller vers les populations pour rendre
la justice à travers des audiences foraines.
27
Le Niger ayant adopté un plan de développement économique et social et le
cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation, le secteur public de la
justice ne restera pas en marge de ce processus, car l’émergence d’un secteur
privé local performant et compétitif passe aussi par une déconcentration des
services judiciaires et la promotion d’une justice de proximité.
Il est en conséquence proposé d’initier un processus de réflexion, en observant
les systèmes de justice de proximité existant dans l’espace UEMOA, à travers
un voyage d’études ou en mettant à contribution les compétences des experts
dans ce domaine.
Une réflexion doit être engagée pour développer les audiences foraines par la
fourniture de moyens de locomotion et logistique aux juridictions.
L’état des lieux fait ressortir que, depuis l’incendie du 02 au 03 janvier 2012, le
ministère de la justice ne dispose pas de son propre local. Le personnel est
réparti sur quatre (4) sites différents, ce qui rend le travail de coordination
difficile.
Pour ce qui est des bâtiments abritant les juridictions seuls quatre ont été
réhabilités au cours de la première phase du PAJED. Pour tous les autres, la
situation est caractérisée d’une manière générale par leur vétusté d’une part et le
manque de locaux propres pour certaines juridictions d’autre part.
S’agissant des ressources humaines, l’état des lieux de période 2012-2013 fait
ressortir que l’effectif actuel des magistrats en activité est de trois cent soixante
(360) pour une population estimée à 17 millions d’habitants, soit un ratio d’un
magistrat pour 41 667 habitants, alors que la norme des Nations Unies est d’un
magistrat pour 20 000 habitants.
29
souvent aisé de voir des magistrats effectuer des transports judiciaires à bord des
véhicules des justiciables ou solliciter pour les besoins de ces déplacements des
frais de carburant auprès de ces justiciables.
Pour ce qui est des ressources financières, le budget alloué au ministère de la
justice, même s’il a connu une hausse pour les exercices 2011 et 2012(0,73% en
2011 et 1,55% en 2012), demeure très insuffisant au regard de sa mission. Cette
situation compromet gravement l’atteinte des objectifs du ministère.
Il ressort de l’état des lieux établi par les Etats Généraux de la Justice que le
fonctionnement de la justice est fortement handicapé par une insuffisance des
ressources humaines, des équipements et du matériel roulant, ainsi que des
ressources financières. Pour corriger ces dysfonctionnements de la justice il est
nécessaire d’accroître les ressources financières du Ministère de manière à faire
face au déficit en équipements et en ressource humaines.
Ainsi, les ressources à mobiliser devront permettre d’une part, un recrutement de
magistrats et de greffiers de manière à résorber substantiellement et à court
terme le déficit actuel et, d’autre part, de renforcer les capacités du parc
automobile, de construire de nouveaux bâtiments, procéder à la réhabilitation
des édifices là où cela s’avère nécessaire et de poursuivre l’informatisation des
services, notamment par la mise en place d’un service national de casier
judiciaire sécurisé et d’un registre du commerce et du crédit immobilier.
30
du magistrat renferme toute la mesure de ses devoirs. Tout manquement à ceux-
ci, l’expose à des sanctions disciplinaires, pénales et civiles.
L’observation de la situation actuelle laisse apparaitre autant une mauvaise
interprétation de la portée de leur indépendance que des violations et
manquements graves à leur statut par les magistrats. Cet état de fait qui leur est
imputable et ainsi qu’à certains pouvoirs, s’analyse en des empiétements de
toute nature, des ingérences politiques, administratives et coutumières, des
pressions sociales très fortes et en l’inobservation des règles d’éthique et de
déontologie. Il se traduit aussi par des collusions frauduleuses et des atteintes
graves à la probité et l’inféodation de certains magistrats au pouvoir politique.
Ces différents travers sont en partie imputables aux conditions de vie et de
travail des magistrats ainsi qu’à la faiblesse et à l’inefficacité des organes de
contrôle.
Les mesures à envisager pour corriger ces différents dysfonctionnements
doivent tendre vers une redéfinition de la composition du Conseil Supérieur de
la Magistrature, l’élaboration d’un plan de carrière des magistrats et du
personnel du cadre judiciaire, l’application stricte du statut de la magistrature et
la moralisation du corps, le tout appuyé par le respect du contenu de ses charges
et l’institution d’un système de contrôle fort et structuré. L’inspection des
services judiciaires doit être renforcée à l’effet de jouer véritablement son rôle
Le Niger ne compte qu’un seul barreau établi à Niamey et comprenant cent seize
(116) avocats, dont quatre (4) cabinets seulement sont à l’intérieur du pays.
31
En outre, des cas de violation des règles d’éthique et de déontologie par les
avocats ont été relevés et sanctionnés.
Par ailleurs, on note une insuffisance dans la motivation des avocats à s’installer
à l’intérieur du pays, malgré les dispositions de l’article 114 de la loi sur la
profession d’avocat précitée.
Au nombre de trente-huit (38), ils sont presque tous installés à Niamey. Ils sont
nommés sur la base d’un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en
droit notarial, par arrêté du Ministre en charge de la Justice, en fonction de la
disponibilité des charges créées par décret.
Par ailleurs, l’action des huissiers de Justice est assez souvent contrariée par des
difficultés liées au déploiement de la force publique par les Procureurs de la
République à la suite des réquisitions, des agressions physiques et verbales par
les parties, un retard considérable dans le payement de leurs émoluments et un
manque de précision des adresses rendant les recherches difficiles. Cependant,
les insuffisances dont souffrent les huissiers de justice ne peuvent justifier
33
certains comportements de leur part, notamment les retards considérables dans
l’exécution des décisions de justice, l’insuffisance de diligence dans la recherche
des justiciables, avec une propension à convoquer ceux-ci au lieu de leur
délaisser les actes à domicile conformément à la loi. Ces mauvaises manières de
faire sont encouragées par une absence totale de contrôle externe et interne.
La profession d’agent d’affaires a été créée par la loi 2000-006. Actuellement les
agents d’affaires sont estimés à environ deux cents (200) dont la plupart installés
7
à Niamey .
Les dispositions équivoques de la loi précitée sur les agents d’affaires, en
particulier les similitudes avec celles des autres auxiliaires de justice, sont à
l’origine d’intrusions graves dans les fonctions de notaire, d’huissier de justice
7
La loi 2000-006 dispose en ses articles 2, 3 et 4 que: « Sont agents d’affaires ceux qui, en dehors
des officiers ministériels, des avocats et des agréés auprès des tribunaux ont pour profession
habituelle de gérer les affaires d’autrui, litigieuses ou non, de conseiller et de renseigner le
public ou d’intervenir en son nom le tout moyennant rétribution. » (article.2.)
« Ne sont pas considérés comme agents d’affaires ceux qui gèrent pour le compte d’autrui, à
titre de salariés ou à un autre titre, des propriétés ou des exploitations commerciales, agricoles
ou industrielles même s’ils détiennent un mandat général pour gérer les affaires des
propriétaires ou des exploitants. » (article.3.)
« Les agents d’affaires sont des commerçants sans qu’il y ait lieu de distinguer suivant que les
actes qu’ils accomplissent sont civils ou commerciaux. Ils sont à ce titre soumis à toutes les
obligations imposées aux commerçants par les lois et règlements en vigueur. » (Article 4.)
34
et même de certaines autorités administratives et judiciaires, le tout se traduisant
par de véritables usurpations de pouvoir.
Les agents d’affaires sont des commerçants ; il convient donc de les rattacher au
Ministère chargé du commerce qui est leur Ministère de tutelle naturel et de
réviser, en conséquence, les textes qui régissent cette profession.
La police Judiciaire est régie par le dispositif pénal (code de procédure pénale)
et par des textes spécifiques relatifs à la police nationale, à la garde nationale du
Niger et à la gendarmerie nationale. La Police Judiciaire, exercée sous la
direction et le contrôle du procureur de la République, est chargée de constater
les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les
auteurs tant qu’une information n’est pas ouverte. Lorsqu’une information est
ouverte, elle exécute les délégations des juridictions d’instruction et défère à
leurs réquisitions.
La Police Judiciaire souffre de plusieurs dysfonctionnements, notamment
l’insuffisance du cadre juridique (Code pénal) qui ne facilite pas la répression de
plusieurs catégories d’infractions telles que la criminalité cybernétique, les
infractions relatives aux droits de la consommation, les infractions relatives aux
sociétés et un cadre institutionnel tantôt inexistant, tantôt dépourvu des moyens
techniques nécessaires à l’accomplissement de ses missions (l’absence de fichier
criminel national unique et la non opérationnalité du laboratoire de Police
technique et scientifique, l’insuffisance du matériel d’identification performant
et l’insuffisance de techniciens de scène de crime).
L’insuffisance et l’inobservation des textes relatifs à la garde à vue, les
difficultés d’ordre matériel et technique (absence de salles réservées aux gardés
à vue mineurs et femmes, de frais d’alimentation et de recherche, etc.),
l’interférence de la Police Judiciaire dans les affaires civiles, l’absence de
collaboration et de coordination entre les différentes unités d’enquête et/ou avec
les parquets, la soumission des OPJ à une double hiérarchie (judiciaire et
administrative), l’absence de textes sur l’habilitation et la notation des OPJ par
les Parquets Généraux et l’insuffisance de la formation initiale et continue
viennent s’ajouter aux dysfonctionnements ci-dessus visés et entravent la bonne
marche des services.
35
Pour corriger ces dysfonctionnements, les mesures ci-après seront prises :
8
La prise d’une circulaire, par le Ministre de l’Intérieur, le Ministre de Défense et le Ministre
de la Justice, doit intervenir pour permettre aux autorités judiciaires de procéder à la notation
et à l’habilitation des OPJ
36
1.2.9 Le renforcement de l’administration pénitentiaire
Elle exigera :
des magistrats et des greffiers, le respect des dispositions légales
enmatière de détention et des délais prévus par le Code de Procédure
Pénale ;
Pour l’atteinte de cet idéal, il sera exigé :
38
Par ailleurs, il est indispensable d’attirer l’attention des juges d’instruction et des
procureurs de la République sur le caractère exceptionnel de la détention.
La lutte contre la surpopulation carcérale et les impératifs de la réinsertion
future des détenus se feront par la mise en œuvre des actions suivantes :
la mise en œuvre des alternatives à l’emprisonnement existantes
(travaild’intérêt général, libération conditionnelle, peines pécuniaires,
etc.) ;
la promotion d’autres alternatives à l’emprisonnement (suspension
etdispense de peine, liberté surveillée, semi-liberté, etc.) ;
l’application effective de la loi 2007-04 du 22 février 2007 sur
lacomparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Enfin, pour une meilleure prise en charge effective et régulière de l’ensemble
des mesures alternatives, des actions de sensibilisation en direction des
populations et de formation à l’endroit de tous les acteurs (magistrats, OPJ,
éducateurs sociaux, responsables de structure) seront organisées.
La revalorisation et la modernisation de l’administration
pénitentiairepasse nécessairement par :
- le renforcement des capacités du personnel pénitentiaire par
la professionnalisation et la spécialisation ;
-le renforcement du contrôle assuré par les autorités judiciaires et
l’Inspection Générale des Etablissements Pénitentiaires ;
La modernisation de l’administration pénitentiaire suppose :
-la formation et la spécialisation du personnel pénitentiaire aux
tâches particulières ;
-l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel (avancement,
amélioration de la situation salariale, etc.);
-la construction des établissements pénitentiaires répondant aux
normes internationales et la réhabilitation de celles existantes ;
-l’adoption et la mise en œuvre d’une politique pénale et pénitentiaire ;
-la création et l’organisation des services sociaux et de centres de santé des
établissements pénitentiaires ;
- la poursuite et l’intensification de la construction des établissements
pénitentiaires de manière à faire coïncider la carte pénitentiaire à la carte
judicaire du Niger.
39
Les droits de la personne détenue sont les mêmes que ceux des autres à
l’exception du droit d’aller et venir. L’administration pénitentiaire doit donc
veiller au respect strict de tous les droits des détenus.
Pour favoriser la réinsertion sociale des détenus, il convient d’enrailler les effets
pervers de la détention, de favoriser un accès très large des détenus à l’ensemble
des activités de formation et d’éducation axées sur l’insertion
socioprofessionnelle par l’organisation de formations qualifiantes.
40
La réinsertion sociale des détenus nécessite par ailleurs la création d’organes de
décision et de contrôle (juge chargé de l’application des peines), de structures de
suivi (comités de probation, éducateurs, assistants sociaux, psychologues,
sociologues, encadreurs techniques).
Elle implique en outre la construction et l’équipement de salles de classes et
d’ateliers, ainsi que la création de fermes pénitentiaires.
Elle nécessite enfin la mise aux normes des établissements pénitentiaires.
41
Les actions à envisager dans ce domaine devront s’articuler sur la moralisation
du secteur de la justice.
Pour atteindre les objectifs d’efficacité et de crédibilisation de l’appareil
judiciaire, des actions soutenues de communication devront être entreprises en
direction des citoyens à travers une stratégie de communication.
Les organes de presse devront être mis à contribution pour atteindre toutes les
couches sociales.
Le secteur souffre également de déficit dans le management des services qui est
perceptible à travers :
- la faiblesse du contrôle juridictionnel et administratif exercé par les différents
organes de contrôle (parquets, présidents des chambres d’accusation, chefs de
juridictions, Inspection Générale des Services Judicaires, Inspection Générale
des Etablissements Pénitentiaires) ;
- l’absence de code d’éthique de déontologie au niveau des différentes
professions judiciaires ;
- la présence quasi permanente d’intermédiaires illégaux au niveau des
juridictions.
42
En matière coutumière, plusieurs dysfonctionnements ont été relevés dont
l’insuffisance de synergie entre autorités coutumières et judiciaires,
l’inconstance des assesseurs dans les avis censés éclairer le juge sur la coutume
des parties, la non installation des juridictions du foncier rural, la non -
effectivité du principe du libre et égal accès à la justice en matière de pourvoi
devant la juridiction de cassation, dans les affaires coutumières.
43
De façon globale, il s’agit de développer une culture de l’excellence au sein des
services judiciaires. Dans ce sens, des normes en matière de délais seront
proposées et suivies dans les différentes procédures. Dans le cadre des
productions statistiques du secteur, les délais des procédures seront pris en
compte et seront facilités par l’outil informatique. En plus des délais qui seront
fixés pour certains actes et procédures comme le certificat de nationalité, le
casier judiciaire, etc., des efforts seront faits pour mieux suivre la rédaction des
décisions rendues. En ce sens, la notation et la promotion des magistrats devront
obéir à des critères précis.
44
- la création d'une cellule de presse au niveau des juridictions ;
Dans la démarche qui est celle du Niger vers son développement socio-
économique, la nécessité s’est imposée de favoriser et de sécuriser
l’investissement domestique et international, priorité absolue pour le futur du
pays. Les actions à mener dans ce sens se feront par l’intermédiaire du droit et
du juge en ce que, le droit a une vocation naturelle à régir toute activité humaine
et que le lien entre l’économie, les perspectives d’un développement durable et
le droit, en particulier celui des affaires, n’est plus à démonter.
Par ailleurs, les impératifs de la marche actuelle de l’économie mondiale, qui ont
imposé des regroupements d’Etats, font que de nos jours le droit économique est
essentiellement communautaire et concerne des domaines variés tels que le droit
des affaires, le droit de la propriété intellectuelle, le droit des assurances, celui
de la sécurité sociale, etc. La conséquence de ce mouvement fédérateur et la
nécessité pour chaque pays de contribuer à la création d’un climat favorable à
45
l’investissement, se traduit par l’existence au Niger d’un cadre juridique et
institutionnel national et international non négligeable.
Au plan interne, l’état des lieux fait ressortir : l’existence de dix (10) tribunaux
du commerce et de dix (10) tribunaux du travail, appliquant à la fois le droit
interne et le droit communautaire, selon des modalités bien définies.
46
d’Influence (BIR/LC/TI) chargé de recueillir les dénonciations des cas de
corruption.
47
notamment la non installation de celles-ci, la non spécialisation des magistrats
chargés du contentieux social, l’indisponibilité de certains textes applicables, y
compris le nouveau code du travail adopté en 2012 (loi n°2012-45 du 25
septembre 2012), l’irrégularité aux audiences des assesseurs, en particulier ceux
représentant le patronat, la lenteur excessive dans la rédaction des décisions
rendues, etc. La plupart des dysfonctionnements que connaissent les juridictions
du travail se retrouvent au niveau des juridictions du commerce, non installées et
tenues par des magistrats non spécialisés.
48
Parallèlement à ces actions, un renforcement des capacités des intervenants en
matière commerciale et sociale sera fait. Il s’agira de renforcer les capacités des
présidents des tribunaux de grande instance et des procureurs de la République
afin de leur permettre de mieux exercer leur rôle de surveillants de
l’environnement économique.
Il s’agira par ailleurs de renforcer les capacités des greffes des tribunaux de
grande instance dans l’accomplissement des formalités relatives à la création et
à la vie des sociétés, de poursuivre et d’intensifier la formation des magistrats et
des greffiers en droit communautaire, de sensibiliser les opérateurs économiques
sur l’importance du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) et
d’informatiser ledit registre, de prendre en compte les arbitres dans les
formations en droit communautaire et d’encourager le recours à l’arbitrage, de
renforcer la collaboration entre l’administration du travail et la juridiction du
travail, de former et sensibiliser les assesseurs de ladite juridiction, de vulgariser
auprès des acteurs de la juridiction commerciale et des masses tous les actes
communautaires et enfin, de concevoir et mettre en œuvre un programme
cohérent d’informatisation des services.
49
Pourtant si nul n’est censé ignorer la loi, il n’en demeure pas moins que nul ne
peut défendre ses droits s’il n’est informé. Tout comme nul ne peut revendiquer
le respect de ses droits s’il ne sait pas comment accéder à la justice qui pourtant
est fortement revendiquée et réclamée par tous. Le besoin de justice débute du
cadre villageois pour se terminer à la Cour de Cassation.
En tant que facteur de régulation de la paix sociale, la justice doit être accessible
aux justiciables non seulement au plan géographique, mais aussi financier et
culturel. En tant que droit fondamental, l’offre de justice constitue aussi bien
une obligation de résultat, qu’une obligation de moyen pour le Gouvernement.
C’est pourquoi, le Ministère de la Justice s’engagera à :
- concevoir, élaborer et accroitre les mesures incitatives afin d’encourager
les avocats à couvrir la carte judicaire du pays ;
- réactiver le système des bureaux d’accueil, et d’information en partenariat
avec le PNUD et l’ANDDH, progressivement au niveau des Cours, TGI,
et tribunal d’instance (TI) ;
- instituer des Journées Portes ouvertes périodiques sur l’ensemble du
territoire national en les accompagnant par des campagnes de
sensibilisation et de communication à travers une mobilisation effective
du personnel judicaire qui doit être présent et disponible pour accueillir
les visiteurs, s’entretenir avec eux au sujet de leurs perceptions,
appréhensions et opinions positives et négatives et les conseiller. Un
rapport dressé par chaque acteur pourrait formaliser un climat détendu et
permettre d’identifier des mesures de progrès à prendre. Cela valoriserait
la transparence de l’institution judicaire du Niger et contribuerait à
légitimer ces journées ;
- procéder à des campagnes d’affichages sur des thématiques luttant contre
la corruption et l’impunité ;
- concevoir et réaliser des séances de sensibilisation et organiser des
audiences foraines, en direction du monde rural où la majorité des litiges
ont un caractère coutumier (litiges champêtres, successions), par les
Présidents des TI de concert avec les Commissions foncières, la chefferie
traditionnelle et l’autorité religieuse compétentes ;
- concevoir et vulgariser des programmes d’appui conseil sur les
procédures judicaires en langues nationales dans les matières telles que le
divorce, les successions, les litiges champêtres, etc.
50
AXE STRATEGIQUE N°5 : LE RENFORCEMENT DE LA JUSTICE
PENALE DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE
TRANSNATIONALE ORGANISEE
De plus, il est noté une faible capacité de la justice à prendre en charge la grande
criminalité en dépit de l’existence d’un dispositif juridique et institutionnel.
Au plan juridique, il sera entrepris la mise en place d’un cadre adapté à la lutte
contre la criminalité transnationale organisée. A cet égard, l’effort
d’harmonisation des textes internes avec les instruments juridiques
internationaux doit être poursuivi.
De plus, des mesures sont envisagées pour faciliter la pleine application des
dispositions relatives à l’entraide judiciaire, la fourniture d’une assistance lors
des procédures judiciaires, la mise en place des services spécialisés, le
renforcement des capacités des services d’enquête, l’amélioration de la
51
coopération entre les services nationaux concourant à la détection et à la
répression de la criminalité transnationale organisée, la création d’un centre
national intégré de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
La problématique des droits humains s'est posée avec beaucoup d'acuité à partir
du début du processus de démocratisation de l’Etat, entamé en 1990. En effet, si
ce contexte est logiquement favorable à l'épanouissement des droits humains,
force est de constater qu’il se pose encore le problème crucial de leur effectivité.
Afin de relever ce défi, le Niger, en plus de la reconnaissance et de la
consécration de ces droits dans ses différentes constitutions, est partie à
plusieurs instruments y relatifs, tant au plan régional qu’international. Dans ce
cadre, il a entrepris des efforts d'internalisation de la plupart de ces instruments
et mis en place un dispositif institutionnel.
C’est ainsi que, par rapport au respect du droit à la sûreté des individus, il a été
relevé, outre l’usage abusif des interpellations, des poursuites pénales pour des
affaires civiles et la systématisation de la détention préventive en matière
correctionnelle. Il a été aussi noté l’existence de mauvais traitements lors des
52
gardes à vue et l’absence de locaux spéciaux pour les gardés à vue mineurs et
femmes, de même qu’il a été également souligné que certaines règles et
mécanismes favorables aux justiciables ne sont pas respectés ou appliqués telles
que les règles en matière de convocation et des horaires des audiences.
Les états généraux de la justice ont aussi relevé des insuffisances et des
difficultés de mise en œuvre du cadre juridique de protection des droits des
groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants, les personnes handicapées,
les personnes âgées et les personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’une protection
insuffisante des droits des deuxième et troisième générations. Ces difficultés
s’expliquent, en partie, par la méconnaissance des dispositions des instruments
internationaux relatifs aux droits humains par certains acteurs de la chaîne
judiciaire.
6.2. Les solutions préconisées
Afin de pallier les dysfonctionnements constatés, des mesures d’ordre pratique
et législatif ont été préconisées.
Les mesures d’ordre pratique ont trait au respect strict des textes en matière de
garde à vue et la définition de son régime juridique. Il s’agit de garantir
notamment les droits de la défense dès les premières heures et les conditions
matérielles adéquates pour la préservation de la dignité de la personne humaine.
Par ailleurs, il y a lieu de mettre un accent particulier sur l’amélioration des
conditions de vie des personnes détenues par la construction d’établissements
pénitentiaires répondant aux standards internationaux, ainsi que le respect et la
réalisation de leurs droits.
En vue d’une meilleure prise en compte des droits humains dans la sphère de la
justice, la poursuite et l’intensification du programme de formation des acteurs
judiciaires s’avèrent nécessaires. Dans ses relations avec les institutions
internationales, l’Etat se doit de prendre des mesures idoines afin que ses
rapports en droits humains soient produits dans les délais prescrits par les
instruments internationaux.
Elle est régie au Niger par l’ordonnance N°99-11 du 14 mai 1999, portant
création, composition, organisation et attributions des juridictions des mineurs,
la loi N°67-15 du 18 mars 1967 relative à la défense des intérêts civils de
mineurs devant les juridictions répressives, le décret N°2006-23/PRN/MJ du 20
janvier 2006, portant modalités d’application du travail d’intérêt général dans les
juridictions pour mineurs, l’arrêté n°004/MJ/DAP/G/DIR du 16 janvier 2008,
portant création du Comité national chargé de l’application du travail d’intérêt
général dans les juridictions pour mineurs, le décret n°2013-424/PRN du 08
octobre 2013, le décret 2013-427/PM du 09 octobre 2013 précisant les
attributions des membres du Gouvernement, le décret 2013-497/PRN/MJ du 04
décembre 2013 portant organisation du Ministère de la Justice, l’arrêté
n°0017/MJ/GS/PPG/SG du 1er mars 2012 portant organisation des services de
l’administration centrale du Ministère de la Justice et déterminant les
attributions de leurs responsables.
Au plan institutionnel on note l’existence de Tribunaux pour mineurs, de juges
pour mineurs, d’une Direction Générale des Droits de l’Homme, de la Protection
Judiciaire Juvénile et de l’Action Sociale.
Aussi, les mesures pour améliorer ce volet porteront essentiellement sur les
points suivants :
- l’élaboration d’une stratégie de protection judiciaire juvénile et sa mise en
œuvre dans le cadre de la nouvelle direction de la Protection Judiciaire
Juvénile (PJJ) ;
54
- la mise en place de programmes de formation à l’intention de l’ensemble
des acteurs (magistrats, avocats, brigades des mineurs, services sociaux),
en impliquant l’ENAM dans son volet formation continue ;
- la mise en place d’un dispositif institutionnel favorisant une synergie entre
l’administration pénitentiaire et la PJJ en vue de la réinsertion des
mineurs;
- l’intensification de la réforme du code de procédure pénale et du code
pénal pour tenir compte de la situation particulière des mineurs ;
- l’accélération de la mise en œuvre de l’assistance judiciaire et la prise de
mesures incitatives pour encourager les avocats à s’investir davantage
dans les dossiers relatifs aux mineurs ;
- la valorisation des acquis relatifs aux défenseurs commis d’office et aux
cliniques juridiques ;
- la capitalisation et la pérennisation des acquis relatifs aux comités locaux
du programme de Protection Judiciaire Juvénile ;
- l’application du travail d’intérêt général et son extension progressive à
l’ensemble des Tribunaux de Grande Instance, puis aux Tribunaux
d’Instance et à tous les condamnés y compris les récidivistes ;
- la création et la mise en place dans toutes les régions de centres d’accueil
pour mineurs en danger et/ou en conflit avec la loi ;
- la création de quartiers pour mineurs dans les établissements
pénitentiaires partout où il n’en existe pas ;
- l’élaboration de stratégies de prise en charge des enfants en danger et des
enfants en conflit avec la loi ;
- l’application de la loi 2007 sur l’état civil et l’intensification des
campagnes de sensibilisation sur la nécessité d’enregistrer tous les faits
d’état civil ;
- la recherche de solutions aux problèmes liés à l’état civil des enfants pris
en charge par des structures caritatives et certaines familles.
55
III. LE DISPOSITIF DE MISE EN ŒUVRE ET DE SUIVI EVALUATION
Pour assurer une meilleure appropriation de la Politique par les différents acteurs
et créer une synergie d’actions autour de ses objectifs, la communication
apparaît comme un outil indispensable de mobilisation des énergies.
56
Ainsi, des campagnes d'information et de sensibilisation seront entreprises et
conduites en direction des différentes parties prenantes de la Politique.
Par ailleurs, des actions seront menées afin de mobiliser des ressources
complémentaires auprès des partenaires techniques et financiers.
Dans la même logique, l’organisation de l’intervention des structures de la
société civile et du secteur privé permettra la prise en charge de certaines
activités.
Le Comité de Suivi mis en place par arrêté n°00048/PM/MJ du 05 mars 2013 est
chargé d’élaborer un système de suivi évaluation sur la base d’indicateurs
pertinents.
57