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Dynamique et thérapie familiale psychanalytique

Peter Möhring
Dans Le Divan familial 2006/2 (N° 17), pages 113 à 133
Éditions In Press
ISSN 1292-668X
ISBN 2848351055
DOI 10.3917/difa.017.0113
© In Press | Téléchargé le 19/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 41.204.75.218)

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Dynamique et thérapie familiale


psychanalytique
PETER MÖHRING

de la Revue de médecine psychosomatique et


U N NUMÉRO RÉCENT
de psychothérapie (Zeitschrift für Psychosomatische Medizin und
Psychotherapie) avait pour sujet « Souffrances durant l’enfance et santé
à l’âge adulte ». D’après ce numéro, l’accumulation des souffrances
pendant l’enfance serait un facteur décisif pour l’apparition de troubles
tant psychiques que somatiques à l’âge adulte. On peut y lire que des
expériences écrasantes sont fréquentes au cours de l’enfance, qu’elles
restent souvent cachées et peuvent s’exprimer cinquante ans plus tard
par des maladies psychiques ou somatiques. Il s’agit en général de
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conduites éducatives nocives de la part des parents, d’abus ou d’aban-
don, par exemple. Parmi les maladies somatiques il est question de coro-
naropathies, de diabète de type 2, pour les troubles psychiques, ce sont
les pathologies anxieuses, la dépression, les troubles du caractère, les
déviances sociales qui sont cités. Cette liste n’est pas exhaustive.

Dynamique familiale :
les forces qui opèrent dans la famille
Que se passe-t-il donc dans ces familles où nous grandissons ? Chacun
a l’expérience du fait que les familles sont puissamment tissées d’émo-
tions, de séductions, de limitations, d’attitudes, etc., qui englobent faci-
lement leurs membres, mais aussi l’observateur, voire le thérapeute. On
connaît très bien cela, que ce soit par notre expérience vécue au quoti-

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dien dans notre propre famille ou avec d’autres familles : il y a des


familles dans lesquelles nous nous sentons bien, protégés, d’autres qui
créent rapidement des sensations de grand inconfort. Il y a des familles
que l’on considère comme « chaleureuses », d’autres comme « froides ».
Certaines nous intègrent rapidement et essaient de s’assurer de notre
loyauté, voire de notre complicité, d’autres nous rejettent. Certaines
sont convaincues d’avoir un problème familial, d’autres sont sûres que
c’est un membre de la famille qui est responsable de l’épreuve que repré-
sente la consultation d’un thérapeute, d’autres encore pensent que c’est
la faute d’un tiers. C’est justement à cause de ces possibilités illimitées
que nous sommes obligés de concevoir des critères qui contribuent à
nous orienter.
Les critères que je m’apprête à vous présenter sont issus de la psycha-
nalyse et peuvent être ordonnés selon deux axes : un axe vertical qui
retrace l’évolution historique de la famille et un axe horizontal qui
indique les modalités actuelles du lien des membres de la famille dans
leurs relations familiales et extra-familiales. Pourquoi la psychanalyse ?
Il y a aussi les thérapies familiales comportementaliste, systémique,
gestaltiste, etc. Pour moi, la raison en est que les méthodes psychana-
lytiques tendent à la connaissance et à la compréhension de ce qui s’est
perdu du fait du trouble : la notion d’une constellation conflictuelle dans
une vie relationnelle confuse ou celle de l’intégration de chacun dans
l’ordre des générations.
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À propos du développement de la thérapie psychanalytique
de couple et de famille
En observant le développement des théories psychanalytiques de couple
et de famille, on découvre que les psychanalystes américains Oberndorf
(1934, 1938) et Mittelmann (1944, 1948) ont décrit et traité une « névrose
à deux». Dès cette époque, ils ont posé l’hypothèse de motivations incons-
cientes et névrotiques dans le choix du partenaire. Ensuite l’Anglais
Dicks (1967), qui publiait dans les années 1950 à 70, a relaté une expé-
rience de 2 000 thérapies de couple et voulait introduire ses méthodes
pour réduire le nombre d’échecs dans les couples. Tout en demeurant
fidèle aux bases de la psychanalyse, il rompait avec l’idée de Freud selon
laquelle il convenait de ne jamais traiter en même temps le partenaire. Il
a travaillé auprès de couples, d’abord en co-thérapie, ensuite seul. Son
innovation théorique la plus importante fut de conceptualiser l’interac-

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tion de la dyade du couple comme une unité théorique et thérapeutique


parce qu’il comprenait le couple comme une dyade comportant des fron-
tières du Moi communes. On trouve déjà chez lui des idées comme celle
des « régressions collusives », où les couples se confrontent aux incom-
patibilités de leurs aspirations inconscientes, ce qui va représenter plus
tard le noyau théorique des travaux de Willi (1975), et celle de revivis-
cence du monde objectal primaire dans la relation de couple, ce qui
deviendra central dans les travaux de Eiguer et Ruffiot (1991). De fait,
Dicks (1967) a anticipé beaucoup de ce qui a été élaboré des décennies
plus tard dans des publications d’autres auteurs. Sa technique thérapeu-
tique consistait à donner au couple des interprétations communes qui
devaient faire disparaître les dysfonctionnements de la relation duelle.
L’étape suivante voit émerger l’idée de la névrose à trois, et c’est la
publication de Richter « Eltern, Kind und Neurose » (Parents, enfants et
névrose). Que les familles créent des conditions pour que se développe
une psychopathologie chez leurs enfants est aujourd’hui communément
admis en psychanalyse. Freud a abandonné sa théorie de la séduction,
mais il a montré d’une manière frappante dans son étude sur Daniel Paul
Schreber comment l’attitude parentale vis-à-vis des enfants influence
ces derniers. D’autres analystes comme Ferenczi ont réfléchi dans les
années 1930 sur la manière dont l’enfant essaie de comprendre ses parents.
La théorie psychanalytique de la relation d’objet qui traite des dimen-
sions inconscientes dans les interactions a ouvert la voie de la perspec-
tive groupale, ce qui a eu des retombées pour élargir dans différentes
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directions le champ d’application de la psychanalyse : à savoir les théra-
pies de couple, de famille, de groupe et la thérapie sociale.
Dans l’aire germanophone, à partir des années 1970, il y avait quelques
groupes de travail autour de la thérapie familiale : à Vienne, Göttingen,
Zürich, Heidelberg, Munich et Giessen. À Vienne autour de Reiter, à
Heidelberg autour de Stierlin (1977) et à Zürich autour de Willi (1975),
on s’intéressait de plus en plus à l’approche systémique. D’autres auteurs
comme E. Sperling, H.-E. Richter (1963, 1970) et T. Bauriedl restaient
plus proches de la psychanalyse. En outre, ces deux derniers se sont
préoccupés et se préoccupent encore de manière approfondie de groupes
non-thérapeutiques, des institutions et de la politique. Au total, on peut
dire que cette phase fondatrice de la thérapie familiale allemande a été
très fertile et a conduit à la pratique d’un grand nombre de thérapies fami-
liales et sociales dans notre pays. Les différentes écoles concevaient des
approches spécifiques souvent très proches.

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116 LE DIVAN FAMILIAL

Je vais y relever quelques termes importants en rapport avec la dyna-


mique de couple. Les titres de Richter sont paradigmatiques « Parents,
enfants et névrose » et « Patient Familie » (La famille comme patient).
Dès 1963, Richter décrivait les projections et les transferts des parents
sur les enfants et entre partenaires : un Soi positif opposé à un Soi néga-
tif, des transferts positifs opposés à des transferts négatifs. Lorsqu’il parle
de rôle, ce terme comprend la totalité des attentes inconscientes que les
parents adressent au partenaire ou aux enfants, à partir de leurs attitudes
inconscientes projectives et transférentielles. Je tiens à mentionner Stierlin
(Stierlin et al., 1977) qui parle entre autres d’un processus de « récipro-
cité négative » qui se développe au moment où les partenaires transfor-
ment les aspects jadis attirants en caractéristiques négatives, cibles
d’agressions. De plus, il différencie au sein des liens familiaux des liens
du moi, du ça et du surmoi, ce que pour ma part je trouve utile. Ainsi,
les membres d’une famille, les enfants et le partenaire peuvent être liés
par le biais de ces structures psychiques et maintenus en dépendance
mutuelle. C’est en famille seulement qu’ils admettent certaines formes
de satisfaction, d’expériences et de règles, mais en excluent d’autres.
Willi (1975) est connu pour avoir élaboré sa théorie de la collusion,
sorte d’idiosyncrasie inconsciente créée sur la base d’un conflit commun
qui résulte d’une fixation des deux partenaires à un même niveau psycho-
sexuel. Le couple met en scène les différents aspects de cette fixation,
par exemple les différents mécanismes de défense ou les tendances à la
survalorisation ou la dévalorisation (narcissiques). Il distingue des collu-
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sions narcissiques, psychosomatiques, orales, sadiques-anales et phal-
liques-génitales.
Bauriedl (1980) s’est fait connaître par son concept d’analyse rela-
tionnelle qui comprend les symptômes comme des formations de compro-
mis à l’intérieur d’une dynamique relationnelle, et la thérapie comme un
processus dans lequel les partenaires apprennent à accepter mutuelle-
ment leur différence. Il s’agit, d’une manière intrapsychique et inter-
psychique, de garder des éléments psychiques en tension dialectique pour
éviter la rigidité et la défense projective qui constitueraient un proces-
sus de dé-dialectisation. Des troubles psychiques restreignent la capa-
cité de l’être humain à s’ouvrir aux relations. Voilà en bref quelques
remarques à propos de ces théorisations. Ces groupes de travail ont conti-
nué leurs activités, avec des publications sur ces thèmes (par ex. Buchholz
1990, 1993, Herberth et Maurer, 1997 ; Möhring et Neraal, 1997).

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Quelques aspects directeurs en dynamique familiale


Voici maintenant quelques points de vue qui pourront nous aider dans un
entretien familial pour orienter le diagnostic et la démarche thérapeutique.
Ils fournissent un cadre pour comprendre le tissu relationnel entre les
membres de la famille et trouver des voies dans le travail thérapeutique.
Les informations qu’on peut tirer d’un entretien familial sont tellement
riches et multiples qu’il s’agit de trouver un certain ordre. L’avantage du
modèle que je propose réside dans la systématisation qui, tout en laissant
de côté beaucoup de choses, met en ordre des paramètres fondamentaux.
Les familles suscitent souvent en nous, les thérapeutes, des émotions
massives qu’il s’agit de gérer. Nous devons apprendre à les comprendre
comme des réactions à la famille, à la famille dans son ensemble ou seule-
ment à certains de ses membres. Ces réactions intuitives qui s’associent à
des pensées, des fantasmes, sont en même temps une voie de communi-
cation vers nous-mêmes : chacun éprouve des réactions différentes à une
famille, selon sa propre histoire. La voie d’accès pour comprendre nos
propres réactions aux familles sur le fond de notre histoire personnelle est
l’indispensable travail psychanalytique personnel. C’est justement dans le
travail thérapeutique avec les familles que l’ensemble transféro/contre-
transférentiel développe des forces qui nous entraînent facilement. Si on
succombe à ce que les familles induisent, c’est-à-dire si l’on réagit sans
réflexion par identification avec un ou plusieurs membres de la famille,
ou si l’on est fixé à travers notre propre transfert inconscient à une iden-
tification à certaines personnes de la famille, on n’ira pas très loin.
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Connaissant notre propre capacité de transfert et notre conflictualité person-
nelle, nous sommes moins livrés aux familles qui demandent notre aide.
Pour comprendre la dynamique familiale et en tirer les conséquences,
il est nécessaire de différencier et d’ordonner aussi les processus qui sont
essentiels dans les relations familiales.
Au fond, il y a beaucoup de critères. Ceux que je vous propose répon-
dent, selon moi, aux critères de « simplicité » et d’« importance », ce qui
les rend utilisables en clinique.
Il s’agit de cinq critères d’orientation :
1. la transmission inter-générationnelle ;
2. l’assignation des rôles dans la famille ;
3. les modalités du lien ;
4. le niveau structurel ;
5. l’aspect de l’adaptation.

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1. Le premier aspect est la transmission inter-générationnelle. Dans une


approche de thérapie familiale, nous nous intéressons aux conflits des
générations précédentes. En effet, des questions importantes pour la géné-
ration précédente trouvent une expression dynamique dans la suivante.
Les événements de la génération des parents prennent de l’importance
dans la mesure où ils sont repris sur un plan métaphorique, c’est-à-dire
quand ils prennent une valeur significative dans la vie des enfants. On
peut penser, par exemple, à la valeur qu’attribue la génération de la guerre
à la nourriture, contrairement aux générations qui suivent. Il peut s’agir
de contenus qui concernent directement les liens entre personnes et qui
perdurent sous forme de valeur symbolique. « La métaphore qui trans-
pose les choses en valeurs est un mécanisme suivant lequel l’humanité
se construit des règles sociales. Les règles communes se construisent par
le fait qu’elles attribuent une valeur symbolique à certaines choses qui
les transfère, d’une manière métaphorique, d’une sphère utilitaire à une
sphère rituelle. » (Ortigues, 1974, p. 144) Dans une métaphore on trans-
pose une signification. Pour qu’une métaphore puisse créer des règles,
une double opération est nécessaire : d’une part, la transformation d’une
chose en une valeur significative, et de l’autre, sa transmission d’une
personne, voire d’une génération, à une autre. C’est ainsi que se créent
des valeurs normatives dans le comportement. Ortigues donne l’exemple
suivant : « Quand on dit, cette fille louche comme sa tante » on attribue
au fait de loucher la valeur métaphorique « d’être comme la tante » ; ainsi
on fait circuler dans la famille une valeur ; et c’est l’ensemble des valeurs
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circulant dans la famille qui crée la physionomie familière, l’ambiance
typique, les règles et les mœurs de cette petite société. Bref, l’événement
est efficace là où il n’est pas, c’est-à-dire dans la forme qu’il prend symbo-
liquement pour créer une « formation psychique » grâce au langage (ibid.,
p. 146). Cela indique la voie empruntée par les informations qui transi-
tent d’une génération à l’autre : on donne à des faits le sens de valeurs
significatives, et ce sont celles-là qui vont être transmises d’une personne
ou d’une génération à une autre. Puisque les faits originaires vont avoir
des effets là où ils ne sont plus (dans l’exemple donné, c’est le fait que
la tante louche qui va avoir un effet quand la nièce est atteinte d’une
pathologie semblable). Ainsi les scènes familiales qui nous sont offertes
ne nous sont pas immédiatement accessibles. Des thèmes de la généra-
tion précédente vont perdurer par ce biais dans la suivante, mais on ne
devrait pas conclure directement à partir d’une observation initiale. La
signification ne sera reconstituée que si nous pouvons comprendre ces

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aspects comme une reprise métaphorique d’un thème conflictuel de la


génération précédente.

2. Des contenus, auxquels je m’intéresse maintenant, sont donc trans-


mis d’une génération à l’autre. Ils se trouvent dans les attentes des parents
vis-à-vis de leurs enfants, que je désigne en suivant Richter (1963) comme
attentes liées aux rôles (Rollenerwartung). Mais cela ne veut pas dire
que de tels processus mènent automatiquement à des pathologies sociales,
psychiques ou psychosomatiques, sauf si les contenus sont trop contra-
dictoires ou dépassent la capacité des enfants, ou si ces contenus sont
trop hétérogènes par rapport à ceux de la société environnante. Richter
a décelé que ce sont surtout les parents qui souffrent eux-mêmes d’une
tension importante due à un conflit affectif et qui attribuent à leurs enfants
des fonctions qui les délestent de leurs propres conflits, mais exposent
les enfants à des tâches impossibles. Richter définit le rôle de l’enfant,
en se démarquant de la définition psychosociale, comme « l’ensemble
des fantasmes des parents, conscients ou inconscients, structuré selon
leurs attentes et par lequel ils assignent à l’enfant la réalisation d’une
fonction spécifique » (p. 73). Les enfants peuvent servir de substitut de
partenaire ou de substitut d’un aspect du moi du parent. Richter parle de
transferts dans le premier cas et de projections narcissiques dans le
deuxième. Ces attentes liées aux rôles, ou une partie spécifique de celles-
ci, ou encore les contradictions qui leur sont inhérentes, sont souvent
inconscientes dans une famille. À travers les attentes liées aux rôles, on
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transfère ou on projette en même temps un conflit qui est en rapport avec
une personne de la vie actuelle ou récente ou avec des aspects spéci-
fiques du moi.

3. Les deux premiers points examinés éclairaient pourquoi (le conflit des
générations) quelque chose (l’attribution de rôle) est transmis. Le troi-
sième décrit comment cela se passe. En m’appuyant sur Stierlin (1977),
j’appelle « lien » ce qui fixe les personnes à leurs rôles. Il est clair que
les enfants ne se soumettraient pas sans nécessité à de telles contraintes.
Ce qui les amène à supporter ces contraintes, c’est le lien. L’être humain
dépend des relations humaines depuis sa naissance et n’a pas d’alterna-
tive à la famille qui prend soin de lui, du moins au début de sa vie. Il n’a
le choix que d’accepter ce qu’il trouve et de se lier à son entourage pour
gérer ses angoisses, trouver satisfaction et protection. Il est probable que
le besoin d’attachement de l’homme est inné, sinon il mourrait faute de

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120 LE DIVAN FAMILIAL

soins. Le degré de dépendance, la modalité et l’intensité du lien évoluent


avec l’âge. Dans le meilleur des cas, le moi se structure comme un état
de « dépendance mature » (v. Minden, 1978) avec possibilité de sépara-
tion et d’alternative. Par contre, il peut rester fixé dans une dépendance
à des liens sans pouvoir ni se séparer, ni trouver d’alternative. Face aux
besoins d’attachement de l’enfant, les parents proposent des liens selon
les modalités dont ils disposent. C’est ainsi qu’ils exercent une influence
sur leurs enfants. Selon Stierlin, nous pouvons distinguer les liens du
moi, ceux du ça et ceux du surmoi. Le lien peut se répercuter à trois
niveaux principaux :
– au niveau affectif où les besoins de dépendance infantile sont mani-
pulés et élargis. Dans ce cas, on parle de lien du ça ;
– au niveau cognitif, lorsqu’un parent (mais il peut s’agir des deux)
impose à son enfant son propre moi déformé : c’est le lien du moi,
celui qui prédomine habituellement ;
– « et à un troisième niveau où les besoins infantiles de loyauté sont
entretenus et en même temps exploités ; on parle alors de lien du
surmoi » (1977, p. 22).
Ces différents niveaux du lien agissent sur les différentes parties de
la structure psychique de l’enfant et aboutissent à des fixations incons-
cientes. Il est logique que les offres de lien produisent les effets les plus
importants chez les enfants dépendants, en demande de lien. Bien entendu,
dans la relation de couple, il existe également des liens qui agissent sur
les différentes parties de la structure psychique. En outre, les partenaires
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mettent en œuvre des déplacements et projections mutuelles et c’est bien
souvent un conflit inconscient partagé qui constitue la base inconsciente
du couple (Willi, 1975). Pour comprendre les relations familiales, il appa-
raît donc important d’examiner la relation de couple selon les mêmes
critères que ceux que l’on utilise pour la famille.
Mais poursuivons la description de nos critères directeurs.
4. Pour définir le niveau structurel, j’utilise comme fond le diagnostic
structurel et la psychologie des relations d’objet, et je discute l’équilibre
entre processus primaires et secondaires. Il s’agit de préciser le fonc-
tionnement du moi, la différenciation entre moi et objet, et la formation
des représentations du moi et de l’objet. Le niveau structurel auquel inter-
agit une famille peut grossièrement être différencié en :
– un niveau névrotique qui comporte des mécanismes de défense matures
(tels que refoulement, déplacement, intellectualisation, rationalisa-

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tion, isolation des affects, etc.), où l’identité est intégrée et l’épreuve


de réalité préservée ;
– un niveau limite où les mécanismes de défense sont primitifs (idéa-
lisation primitive, déni, omnipotence et dépréciation), où l’identité
est diffuse, mais l’épreuve de réalité en principe préservée ;
– un niveau psychotique qui correspond à des défenses archaïques (intro-
jection psychotique, clivage, projection délirante, externalisation hallu-
cinatoire, catatonie, retrait autistique). L’absence de distance entre les
représentations de soi et les représentations d’objet met en échec
l’épreuve de réalité.

La triangulation de la relation d’objet est un critère important pour


définir la structure. Cette phase évolutive correspond à la perception du
tiers (en général le père) et du fait qu’il est différent de la mère. Cela
conduit à la stabilisation des limites entre soi et l’objet et à l’établisse-
ment de l’imago paternelle qui s’ajoute à l’imago maternelle. À ces deux
imagos – les images intériorisées des parents – correspondent deux aspects
fondamentaux et différenciés de la relation d’objet : l’imago maternelle
se développe à partir de la relation d’objet primaire, qui s’établit princi-
palement avec la mère et est caractérisée par des frontières floues entre
soi et l’objet. Le point limite de cette relation est celui où sujet et objet
se confondent, où les limites du corps tendent à se mêler et où la diffé-
rence entre le dedans et le dehors et entre le présent et le passé disparaît.
Les fonctions de perception et de conscience sont affaiblies. À côté d’une
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imago de « la bonne mère », associée à l’amour, la chaleur, la proximité
et la nourriture, se développe une imago de la «mauvaise mère» qui reflète
les frustrations subies, les préjudices et les traumatismes. Elle est liée à
l’angoisse et à la haine. À l’opposé de cette imago maternelle basée sur
la relation d’objet primaire, l’imago paternelle correspond à une relation
d’objet secondaire qui permet de vivre des expériences sur un autre mode.
Cette forme de relation n’est pas globale et diffuse, mais partielle et limi-
tée. Sujet et objet sont séparés, chacun pour soi. Le but de l’identification
n’est plus la fusion, c’est-à-dire l’incorporation totale de l’autre, mais
l’appropriation d’une partie de son pouvoir. Cette forme de relation d’ob-
jet est liée à l’image du père qui entre en tant que tiers dans la relation
duelle mère-enfant : le père est un objet moins « contaminé » par les
fantasmes archaïques, il libère mère et enfant d’une symbiose dévorante,
il est aussi l’instance interdictrice qui pose les règles et limite, par sa
présence et ses exigences, l’expansion de la relation mère-enfant. Le déve-

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122 LE DIVAN FAMILIAL

loppement psychique de l’enfant dépend de la manière dont sont inscrites


les imagos parentales dans sa psyché (Stork, 1987), des rapports qu’elles
y entretiennent et de l’importance qu’elles y prennent. C’est à partir de
là que vont s’élaborer le choix et la formation des mécanismes de défense,
se décider s’il est nécessaire de « manipuler » les relations d’objet pour
les maintenir. C’est ce qui se passe dans les mécanismes de défense «inter-
actionnels» qui incluent inéluctablement d’autres personnes dans le proces-
sus défensif. Pour être maintenues, les défenses qui relèvent des processus
primaires comme la projection, le clivage, l’identification projective,
nécessitent la présence réelle de personnes de référence « manipulables ».
Lorsque ces défenses sont prépondérantes, il est rare que l’on soit en
présence d’un moi suffisamment mature pour mettre en œuvre les contre-
investissements nécessaires pour que la défense soit intra-psychique. Par
le processus de contre-investissement, le terrain du conflit est refoulé, et
de ce fait soustrait en grande partie à l’interaction. Les interprétations du
contenu du conflit peuvent le rendre accessible à l’élaboration.
Lorsque la structure familiale est régie par le processus primaire, la
famille présente une faible relation à la réalité. Vaillant (1980) a réussi
à prouver – à partir d’une étude longitudinale de plusieurs décennies
– que la prédominance de défenses primitives est un indicateur de
prédisposition à des maladies psychiques et physiques.
Les structures défensives familiales ne se croisent pas seulement sur
l’axe vertical. Au niveau horizontal ont également lieu des processus de
projection et de déplacement qui apparaissent aux points de fixations
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communs à la famille sous la forme de collusions intervenant à diffé-
rents niveaux de l’évolution psychosexuelle. Un conflit commun de base
(narcissique, oral, etc.) est agi dans les différentes attributions de rôles,
par exemple progressif/régressif.
Un autre aspect du niveau structurel est la différenciation des géné-
rations et des sexes.
L’avènement du processus secondaire rend possible l’intégration de
l’identité sexuelle et de la différence des générations. Deux concepts
psychanalytiques princeps interviennent ici : le complexe d’œdipe et le
complexe de castration. En dépassant le complexe d’œdipe, les enfants
abandonnent leurs désirs pulsionnels concernant les parents, renoncent
à leur réalisation ainsi qu’au désir de mort concernant le parent du sexe
opposé. En refoulant ces vœux, ils acceptent d’être renvoyés à leur géné-
ration et d’attendre leur vie future d’adulte pour que se réalisent les
exigences de leur génitalité et leur épanouissement personnel. Il est

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GROUPE ET TRANS-SUBJECTIVITÉ 123

fréquent que l’intégration des frontières générationnelles dans les familles


soit incomplète. Les tendances névrotiques des parents en sont cause :
elles les poussent à déléguer à leurs propres enfants, à travers les liens
et les assignations de rôles, leur propre conflictualité restée en suspens.

5. Le dernier aspect que je retiens concerne les capacités qu’ont les


familles à réagir aux contraintes extérieures ou intra-familiales, habi-
tuelles ou inattendues. Cet « aspect d’adaptation » subsume toutes les
réactions possibles de la famille, telles que l’activité, l’initiative et l’en-
gagement, mais aussi la manière dont se forment les symptômes psycho-
pathologiques comme la dépression, l’angoisse, l’obsession, la passivité,
la destructivité, l’autodestruction, etc., et leur importance. Au contact de
l’entourage se produisent pour la famille des situations de stress externe,
tandis que les situations de stress interne résultent de tensions et conflits
intra-familiaux, de changements dans les relations des membres de la
famille entre eux, liés par exemple à la maturation, la maladie, la vieillesse
ou la mort. Le stress habituel est celui qui touche chaque famille au cours
d’un cycle vital. Le stress inattendu est celui qui survient inopinément,
comme une maladie précoce grave, un stress social, la mort précoce d’un
membre de la famille. Ce dernier aspect révèle l’intégration d’une famille
dans son contexte social, le potentiel conflictuel qu’elle crée et entretient
et tout ce qu’on peut attendre d’elle pour résoudre elle-même certains
conflits selon un mode thérapeutique. Tout ceci est valable aussi pour la
sphère intrafamiliale : cet aspect d’adaptation permet de mesurer l’apti-
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tude de la famille à résoudre elle-même les problèmes entre ses membres,
mais aussi de repérer en quels points ses ressources sont épuisées. Il
s’agit ici de s’interroger sur la relation de la famille avec son environ-
nement social. Par le biais du diagnostic structurel, on peut évaluer ce
qui rend les familles flexibles face au stress, leur degré d’implication
dans des problèmes de communication qui peuvent les rendre incapables
de changer, ne leur permettant plus de réagir que de manière défensive,
ou encore si elles sont capables d’adaptation.
Dans tous ces critères, on trouve à des degrés divers une double pers-
pective, horizontale et verticale. La perspective verticale se rapporte à
la relation de la famille entre les générations et inclut la composante
historique du contact avec les générations qui précèdent. Elle prédo-
mine au niveau du premier critère, celui de la transmission entre géné-
rations. La perspective horizontale est portée à son niveau le plus élevé
dans le dernier aspect, celui de l’adaptation. Les perspectives horizon-

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124 LE DIVAN FAMILIAL

tale et verticale s’entrecroisent au niveau de l’attribution des rôles, du


lien et du niveau structurel.

Dynamique familiale et thérapie familiale,


une illustration clinique
Les familles développent une structure interne en fonction de laquelle
elles créent à chaque fois des individus singuliers. Elles sont ainsi, face
à la société, dans un antagonisme qu’elles doivent tout à la fois conser-
ver et dépasser. Elles doivent le conserver afin de protéger l’individua-
lité contre les influences normatives ; elles ont à le dépasser afin de
transmettre la capacité d’entrer en contact avec le monde environnant,
de cohabiter dans un contexte élargi. Les familles sont soumises à l’in-
fluence de la culture et en même temps elles la contrôlent dans un cadre
naturellement limité pour chaque famille. Elles régulent l’ouverture vers
l’environnement social. Selon nous, il y a des familles porteuses de
troubles psychiques ou psychosomatiques qui, d’une certaine manière,
ont échoué dans ces domaines-là.
Lorsqu’on entre en contact avec les familles, on apprend à les connaître
à l’aide d’une suite de critères qui se présentent dans l’ordre inverse de
celui qui vient d’être énoncé. La plupart du temps, les contacts théra-
peutiques s’établissent au moment où les familles échouent à résoudre
un problème externe ou interne. Il peut s’agir d’un problème éducatif,
de la gestion de certains événements liés à la puberté, la maladie, l’école
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ou la profession. Les premiers contacts s’établissent en général avec un
membre de la famille ou avec une partie de celle-ci. Il arrive souvent que
les rapports établis par des enseignants ou des collègues suscitent d’em-
blée des réactions transférentielles, et que les réactions des thérapeutes
soient d’emblée d’ordre contre-transférentiel.
Dès qu’on entre en contact avec la famille en tant que thérapeute, le
vécu transférentiel se précise. Ici le contre-transfert peut renseigner sur
le niveau de différenciation : il permet de comprendre si elle est struc-
turée, suscitant chez le thérapeute des représentations claires et diffé-
renciées de chaque membre de la famille ou de la famille entière, ou si
la confusion, le flou ou la perte de la réalité dominent dans le vécu contre-
transférentiel. Un contre-transfert de ce dernier type indique que le théra-
peute est débordé et surchargé par des structures qui relèvent du processus
primaire. On le rencontre face à des familles indifférenciées comprenant

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GROUPE ET TRANS-SUBJECTIVITÉ 125

des membres très perturbés ou psychotiques. De graves distorsions de


la réalité empêchent d’établir un contrat thérapeutique qui offre une solu-
tion acceptable par les deux parties. Dans les cas complexes, on est
confronté à des missions impossibles, à des résistances qui excluent l’ac-
ceptation de la réalité extérieure ou qui, comme dans les familles psycho-
somatiques, dénient l’existence d’une réalité intérieure. Selon notre
technique, il s’agit alors d’aborder le niveau de la relation d’objet primaire,
c’est-à-dire le niveau des mécanismes de clivage et de projection, de déni
ou de désaveu de la réalité. Dans ces cas-là, on a du mal à accéder à l’in-
terprétation, car l’interprétation requiert l’aptitude au clivage du moi
thérapeutique, à la réflexion sur soi-même. Les thérapeutes ont alors
tendance à prendre des mesures qui renforcent les défenses structurantes
et contenantes, afin de favoriser la capacité d’insight et la différencia-
tion du soi et de l’objet. Là encore, le thérapeute peut utiliser son contre-
transfert comme moyen de diagnostic tout en se protégeant d’un
contre-transfert qui le mettrait dans un état de confusion, de déborde-
ment diffus ou de perte du sens de la réalité. Lorsque le thérapeute a
appris à travailler avec la famille, il va pouvoir s’intéresser aux critères
verticaux : à la manière dont les membres de la famille sont liés, au
contenu des attentes en rapport avec les rôles et aux conflits génération-
nels auxquels elles renvoient. Un diagnostic indicatif est souvent élaboré
en quelques séances. Ensuite on définit les objectifs thérapeutiques en
prenant en compte ce que la famille désire et ce dont elle a besoin dans
la situation actuelle. Il faut garder à l’esprit qu’établir un diagnostic selon
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le processus que j’ai essayé de décrire comporte des aspects thérapeu-
tiques dont les familles peuvent déjà bénéficier à travers ce que le théra-
peute sera parvenu à comprendre. Si on arrive, par exemple, à identifier
les conflits intergénérationnels centraux, les types de lien et les struc-
tures défensives qui prédominent, il n’est pas difficile de donner à la
famille un aperçu de ces structures. Cela veut dire aussi que l’interpré-
tation et la prise de conscience sont des facteurs actifs en thérapie fami-
liale psychanalytique, même si d’autres formes d’intervention sont
également actives. Cependant le contenu des interprétations se réfère
souvent aux conflits relationnels. Si on arrive à repérer des zones sensibles
liées à la situation déclenchante, un travail d’élaboration à ce niveau
permet un soulagement qui aide la famille à avancer en activant ses
propres moyens. Auprès des familles à problématique psychotique et
psychosomatique, le dispositif thérapeutique sera nécessaire pour une
longue durée.

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126 LE DIVAN FAMILIAL

Je voudrais montrer, à l’aide d’un exemple, comment la démarche


thérapeutique peut se dérouler selon une perspective de thérapie fami-
liale. Dans cet exemple, les cinq critères sont devenus assez intelligibles
pour être utilisés en vue d’une solution acceptable. Par conséquent, on
peut considérer ce cas comme illustratif d’une manière de procéder qui
met la prise de conscience au service de la thérapie sans la pousser plus
qu’il n’est nécessaire pour la résolution du problème. Une jeune fille de
quinze ans est présentée à une psychologue scolaire pour absentéisme,
chute dans les résultats scolaires et tendance à la clochardisation, selon
les enseignants. La mère élève seule l’enfant depuis que le père a quitté
la famille. Il est difficile de trouver un rendez-vous pour la mère, elle en
annule plusieurs à cause de son travail. Un entretien finit par avoir lieu,
au cours duquel la mère se plaint intensément de sa fille : elle n’obéit
pas, traîne la nuit dehors ; cette mère connaît les difficultés scolaires de
sa fille, mais elle se sent dans l’incapacité d’intervenir parce qu’elle doit
nourrir sa famille. Le grand-père, son père, habite la même maison, mais
elle n’a presque plus de contact avec lui, et la jeune fille, qui le voit plus
souvent, serait blessante et vexante à son égard. La mère paraît contente
d’avoir enfin trouvé quelqu’un à qui parler, parce qu’elle a des problèmes
« jusqu’au cou ». Le père de sa fille les a quittées, elle et son enfant, il y
a deux ans. Depuis lors, le contact avec le grand-père est rompu, parce
que la mère rend son propre père responsable de l’échec de son couple.
La mère travaille en tant qu’éducatrice. Le grand-père, selon sa petite-
fille, ne la comprend pas, alors qu’auparavant ils avaient eu une bonne
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relation. Il serait très obstiné et conservateur : il dit que de son temps,
des choses pareilles n’auraient pas existé.
Les trois générations cohabitent dans une petite maison, la fille et la
petite-fille occupant une annexe qui a été construite pour le jeune couple
quinze ans auparavant. La grand-mère est décédée il y a cinq ans. Pendant
l’entretien familial, on parle des terribles disputes entre les générations
qui se sont terminées par le départ du père de la jeune fille. Après une
année de calme, les problèmes recommencent avec la jeune fille. Toute
seule, la mère se sent trop faible pour gérer sa fille.
Dès cet entretien, quelques modèles de conflit apparaissent. La fille
évite son père, la petite-fille se dispute avec le grand-père. Les alterca-
tions de la jeune fille relèvent d’une signification multiple : elle réagit
probablement à l’absence répétée de sa mère, peut-être aussi à l’aban-
don du père ; et le grand-père devient la cible des conflits, à la place du
père. En même temps, c’est la jeune fille qui a des altercations à la place

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GROUPE ET TRANS-SUBJECTIVITÉ 127

de sa mère avec le père de celle-ci. Ce vœu inconscient de se disputer à


la place de sa mère est devenu encore plus clair par la suite. La psycho-
logue (qui avait proposé une thérapie brève dans une optique familiale)
avait demandé à la mère si elle était prête à participer à des séances de
thérapie familiale avec sa fille. Cette proposition avait été acceptée, mais
on s’est rapidement focalisé sur l’échec du mariage. La mère est appa-
rue épuisée et dépressive. Elle avait évité l’explication avec son propre
père et continuait à penser que ses propres parents s’étaient trop immis-
cés dans son couple. Cependant, le lien avec son père avait toujours été
très fort, et sa fille avait elle aussi un lien étroit avec son propre père
qu’elle voyait régulièrement. Le conflit latent avait abouti à cette absence
de communication actuelle. Une interprétation possible était que le fond
du problème ne résidait pas dans la distanciation et le froid actuels entre
les adversaires, mais dans le caractère proximal de leur lien. La forte
tension du début avait laissé place à des échanges intenses dans les séances
suivantes. La mère pouvait parler avec sa fille de la période du divorce
et admettre qu’elle avait, elle aussi, sa part de responsabilité dans l’échec
de son couple. Elle n’était plus obligée, comme auparavant, de rendre
son père responsable vis-à-vis de sa fille, parce qu’elle était devenue
capable de gérer sa propre culpabilité. La mère pouvait se rapprocher de
nouveau de son père, la famille communiquait de nouveau. Le compor-
tement spectaculaire de la jeune fille s’arrêta net au moment où la commu-
nication entre père et fille (entre mère et grand-père du point de vue de
la petite-fille) se rétablit.
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Dans ce cas, trois générations étaient impliquées. Le conflit généra-
tionnel, dont la transmission était bien visible à travers les générations,
suivait une « tradition » de fixation œdipienne. Le complexe d’œdipe
n’est pas dépassé, la relation œdipienne entre filles et pères persiste en
tant que modèle déterminant du lien. Ce conflit fondamental n’étant plus
supportable pour le grand-père et la mère, le contact fut interrompu au
moment où le mari de la mère a quitté la maison. La fille est entrée dans
le conflit. Pour elle, il signifiait que les liens entre les générations étaient
les plus forts, que les plus âgés détruisaient les couples des jeunes, enfin
que le lien avec eux était dangereux. Seule la petite-fille osait se révol-
ter directement, ce dont sa mère n’avait pas été capable ; elle paraissait
réclamer au grand-père les explications qu’en fait elle attendait de son
père. Pour ce qui est des assignations de rôles, on pourrait dire que l’ac-
complissement de la séparation entre les générations avait été délégué
aux générations suivantes. Le vieil homme n’avait pu réaliser ses vœux

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128 LE DIVAN FAMILIAL

inconscients, étant resté lui-même très attaché. Les protagonistes étaient


liés par des tendances œdipiennes et probablement orales, manifestées
par des désirs de sécurité (les trois générations vivaient ensemble), une
forte relation œdipienne inconsciente entre père et fille se rapportant
selon Stierlin au « lien du ça ». L’interdépendance était forte, le poten-
tiel conflictuel aussi ; en revanche la capacité à gérer les conflits était
faible, en conséquence les aspirations à l’autonomie et aux discussions
ouvertes devenaient trop difficiles pour eux. Les vécus de séparation
étaient difficilement élaborables dans cette famille. On peut dire que,
malgré leur aptitude à se lier, il restait une sphère proche du processus
primaire qui empêchait l’autonomisation et la différenciation. À cette
restriction près, la famille était à la hauteur des exigences de la vie et de
l’environnement. Le niveau structurel de la famille était donc d’ordre
névrotique. Dans le cadre de la psychologie scolaire, on est allé plus loin
dans ce cas qu’il n’est habituel dans ces services, plutôt orientés vers le
diagnostic. On peut certainement se poser la question de savoir si une
thérapie plus longue aurait été nécessaire. Pour en avoir une idée, on
aurait dû revoir la famille quelques mois plus tard ou, comme nous le
faisons, attendre de voir si la jeune fille présentait à nouveau des symp-
tômes. Il ne s’agissait pas ici d’un cas difficile ; on a pu obtenir un résul-
tat satisfaisant en quelques séances.
Cet exemple montre aussi comment, à partir d’une situation bloquée,
on peut parvenir à une évolution dont les protagonistes sont capables.
Dans ces quelques séances, si on n’a réalisé aucun changement des struc-
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tures psychiques, du moins une fille a-t-elle pu de nouveau parler avec
son père et cesser d’utiliser inconsciemment sa propre fille pour régler
un conflit avec son père, ce qui aura certainement facilité à cette jeune
fille l’accès à son propre chemin. Pour chacun des protagonistes, on
aurait pu aussi envisager une thérapie individuelle. Bien sûr, il manque
ici l’approfondissement de l’indication, de la motivation, etc., mais nous
savons que de telles situations conduisent à consulter un psychothéra-
peute. Des cas semblables de jeunes « déviants » et de mères dépres-
sives et dépassées nous sont adressés par des médecins ou des institutions.

Formes et objectifs en thérapie familiale et de couple


À quel moment les familles et les couples consultent-ils ? Ici un choix de
réponses possibles : la raison la plus fréquemment avancée est la présence
de symptômes chez un enfant. Ils viennent parfois lorsqu’ils ont pris

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GROUPE ET TRANS-SUBJECTIVITÉ 129

conscience qu’ils ont besoin d’aide ; lorsque celle ou celui qui ne peut
plus supporter la situation est assez fort(e) pour imposer une consulta-
tion ; lorsque l’influence d’un tiers suffit pour déclencher la consultation
thérapeutique ; lorsqu’une indication de thérapie familiale est donnée et
que la famille ne montre pas trop de résistance active. Des modalités de
départ dépend la manière dont la thérapie va s’aménager. Il est important
que le thérapeute utilise la phase préliminaire de diagnostic pour appré-
cier s’il peut et s’il veut travailler avec cette famille-là. Un accord (provi-
soire) sur un nombre limité de séances peut réduire l’angoisse.
Les objectifs d’une thérapie familiale ou de couple peuvent aussi être
très différents : chercher la solution d’un conflit précis, ce qui ne néces-
site que peu de séances, apporter une aide lors d’un événement accablant
de la vie, mais aussi élaborer de façon intense et approfondie le plus
grand nombre possible d’aspects d’une relation mal vécue par les membres
de la famille, dans un éventail qui commence par la peur de la survie et
se termine par l’acquisition d’une qualité de vie optimale.
Quelques remarques à propos de la forme de la relation thérapique
avec les familles : ce fut une découverte des thérapeutes de famille et de
couple, à commencer par Dicks, que de considérer la famille et le couple
comme une unité, comme un groupe. L’objet de thérapie n’est pas l’être
singulier, mais ce qui les lie, ce qu’ils font les uns avec les autres, leur
espace relationnel. Cela n’exclut pas pour moi qu’en certains cas, on
traite quelque chose d’important pour l’un en présence de l’autre, surtout
lorsqu’un membre de la famille se cache. En principe, on peut penser
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travailler en association libre, suivant les règles psychanalytiques, et
observer l’évolution et la perlaboration du transfert et de la résistance en
tant que processus nodal. Mais il est rare que les familles veuillent s’en-
gager dans des processus thérapeutiques qui durent plusieurs années.
Récemment (Wölpert, 2000), j’ai relevé une remarque sur la thérapie de
couple que je considère également utile pour la thérapie familiale : l’at-
titude interne en thérapie familiale ou de couple devrait être la même
qu’en thérapie individuelle psychanalytique, mais l’attitude externe
(ce que le thérapeute fait) devrait être différente. On pourrait comparer
cette attitude externe avec celle qu’on aurait avec un patient limite en
thérapie individuelle, à savoir une attitude structurante, clarifiante, moins
dans l’expectative, plus active. Les familles montrent leurs troubles dans
un scénario original pendant la séance, c’est vrai, mais elles ont une
prédilection pour l’interaction et ne trouvent pas toutes seules la sortie
de leur système interactif.

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130 LE DIVAN FAMILIAL

Selon mon expérience, les familles ont besoin encore plus qu’en théra-
pie individuelle, et selon la gravité de leurs troubles, d’interventions
structurantes, clarifiantes, régulatrices protégeant le cadre et le disposi-
tif ; de plus, la puissance symbolique potentielle de l’intervention inter-
prétative s’évanouit lorsque la pensée concrète prédomine dans les
interactions familiales, lorsque la capacité de symbolisation fait défaut.
Avec l’augmentation des troubles de la pensée chez les patients, il est de
plus en plus difficile aux thérapeutes de suivre le conseil de Winnicott
(1971) : « rester vivant, en bonne santé et en éveil ». Ce conseil, qui nous
invite à veiller à notre contre-transfert, devient pour nous un principe
directeur en thérapie, véritable fil d’Ariane en temps de crise. Si les
familles arrivent en thérapie à nous éloigner de cette attitude, il y a quelque
chose qui ne va pas.

Conclusion
Je terminerai avec quelques mots concernant la durée et les potentiali-
tés de la thérapie familiale et de couple. Pendant quelques années, j’ai
mené moi aussi des thérapies groupales intensives et de longue durée,
mais je ne pense pas devoir les mesurer à l’aune de la représentation
d’une évolution optimale, mais plutôt en fonction de l’atteinte d’un objec-
tif visé, élaboré ensemble avec la famille et par conséquent souvent limité.
La plupart des familles et des couples ne veulent pas de thérapie longue,
et en ce qui concerne les possibilités évolutives, ceux qui ont travaillé
avec les couples psychotiques où l’un des partenaires est psychotique,
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savent qu’une stabilité passagère est déjà un succès. Qui connaît la diffi-
culté du travail avec les couples à problématique psychosomatique sera
déjà satisfait lorsque se produit une amélioration qui n’est en fait qu’un
simple compromis.
En thérapie familiale, j’essaie de comprendre les troubles qui se mani-
festent dans l’interaction entre les membres d’une famille, ainsi que le
fonctionnement inconscient de ces dernières; j’essaie de veiller à remettre
en marche ces interactions figées en certains points dans leur relation
pour leur permettre de développer ensemble leurs potentialités. Des
processus transférentiels émergent aussi en thérapie familiale, des aspects
de la dynamique familiale inconsciente sont déplacés sur le thérapeute.
Ces transferts peuvent être utilisés de manière thérapeutique. Les inter-
ventions du thérapeute visent à la prise de conscience des relations entre
les membres d’une famille et à celle de leurs contenus inconscients. Cette

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différence avec le dispositif individuel se retrouve dans une thérapie fami-


liale de longue durée. La thérapie psychanalytique individuelle et la théra-
pie familiale psychanalytique sont bien différentes. Le thérapeute n’agit
pas de la même manière, son champ de travail est différent, mais ces
deux formes de thérapie sont conduites sur la base de la psychanalyse,
comme j’ai tenté de le montrer. Chacun sera amené à s’interroger sur
l’intérêt qu’il porte au point de vue et à la pratique que j’ai présentés.
L’objectif de ce travail était de susciter un tel intérêt.

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Article traduit de l’allemand par Barbara Teghner-Renaud


et révisé par Anne Loncan.

RÉSUMÉ

« Dynamique et thérapie familiale psychanalytique. » L’auteur aborde le développement


historique de la thérapie psychanalytique de couple et de famille en Allemagne, pour
dégager ses vues personnelles. À l’aide d’un exemple clinique il montre comment il
veille à remettre en marche les interactions figées pour permettre à la famille de déve-
lopper ensemble ses potentialités. Les processus transférentiels qui émergent peuvent
être utilisés de manière thérapeutique.

MOTS CLÉS

Dynamique familiale inconsciente — Transfert — Interprétation — Conflictualité.

SUMMARY
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“Dynamics and psychoanalytic family therapy.” The author approaches the historic
developments of psychoanalytic couple and family therapy in Germany, and he expresses
his personal point of view. Through a clinical example, he shows how he takes care to
render frozen mobile interactions and to allow the family to develop its potentialities.
The emerging transferential processes can be used in a therapeutic way.

KEY WORDS

Unconscious family dynamics — Transference — Interpretation — Conflicts.

RESUMEN

« Dinámica y terapia familiar psicoanalítica. » El autor aborda el desarrollo histórico de


la terapia psicoanalítica de pareja y familia en Alemania y expone su punto de vista perso-
nal. A través de un caso clínico, muestra cómo trata de mobilizar las interacciones rígi-
das y permite a la familia desarrollar sus potencialidades. La transferencia que emerge
en el proceso puede ser utilizada como medio terapéutico.

et therapie familiale psychanalytique 2 on


Le Divan Familial 17 16/10/06 17:51 Page 133

GROUPE ET TRANS-SUBJECTIVITÉ 133

PALABRAS CLAVE

Dinámica inconsciente familiar — Transferencia — Interpretación — Conflictos.



PD-D, MED. HABIL. PETER MÖHRING


psychanalyste
ancien président de la Fédération allemande
de sociétés de thérapies psychanalytiques de couple et de famille
Höhenstrasse 56
D-35435 Wettenberg
Allemagne
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