Difa 017 0113
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Peter Möhring
Dans Le Divan familial 2006/2 (N° 17), pages 113 à 133
Éditions In Press
ISSN 1292-668X
ISBN 2848351055
DOI 10.3917/difa.017.0113
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Dynamique familiale :
les forces qui opèrent dans la famille
Que se passe-t-il donc dans ces familles où nous grandissons ? Chacun
a l’expérience du fait que les familles sont puissamment tissées d’émo-
tions, de séductions, de limitations, d’attitudes, etc., qui englobent faci-
lement leurs membres, mais aussi l’observateur, voire le thérapeute. On
connaît très bien cela, que ce soit par notre expérience vécue au quoti-
3. Les deux premiers points examinés éclairaient pourquoi (le conflit des
générations) quelque chose (l’attribution de rôle) est transmis. Le troi-
sième décrit comment cela se passe. En m’appuyant sur Stierlin (1977),
j’appelle « lien » ce qui fixe les personnes à leurs rôles. Il est clair que
les enfants ne se soumettraient pas sans nécessité à de telles contraintes.
Ce qui les amène à supporter ces contraintes, c’est le lien. L’être humain
dépend des relations humaines depuis sa naissance et n’a pas d’alterna-
tive à la famille qui prend soin de lui, du moins au début de sa vie. Il n’a
le choix que d’accepter ce qu’il trouve et de se lier à son entourage pour
gérer ses angoisses, trouver satisfaction et protection. Il est probable que
le besoin d’attachement de l’homme est inné, sinon il mourrait faute de
conscience qu’ils ont besoin d’aide ; lorsque celle ou celui qui ne peut
plus supporter la situation est assez fort(e) pour imposer une consulta-
tion ; lorsque l’influence d’un tiers suffit pour déclencher la consultation
thérapeutique ; lorsqu’une indication de thérapie familiale est donnée et
que la famille ne montre pas trop de résistance active. Des modalités de
départ dépend la manière dont la thérapie va s’aménager. Il est important
que le thérapeute utilise la phase préliminaire de diagnostic pour appré-
cier s’il peut et s’il veut travailler avec cette famille-là. Un accord (provi-
soire) sur un nombre limité de séances peut réduire l’angoisse.
Les objectifs d’une thérapie familiale ou de couple peuvent aussi être
très différents : chercher la solution d’un conflit précis, ce qui ne néces-
site que peu de séances, apporter une aide lors d’un événement accablant
de la vie, mais aussi élaborer de façon intense et approfondie le plus
grand nombre possible d’aspects d’une relation mal vécue par les membres
de la famille, dans un éventail qui commence par la peur de la survie et
se termine par l’acquisition d’une qualité de vie optimale.
Quelques remarques à propos de la forme de la relation thérapique
avec les familles : ce fut une découverte des thérapeutes de famille et de
couple, à commencer par Dicks, que de considérer la famille et le couple
comme une unité, comme un groupe. L’objet de thérapie n’est pas l’être
singulier, mais ce qui les lie, ce qu’ils font les uns avec les autres, leur
espace relationnel. Cela n’exclut pas pour moi qu’en certains cas, on
traite quelque chose d’important pour l’un en présence de l’autre, surtout
lorsqu’un membre de la famille se cache. En principe, on peut penser
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Selon mon expérience, les familles ont besoin encore plus qu’en théra-
pie individuelle, et selon la gravité de leurs troubles, d’interventions
structurantes, clarifiantes, régulatrices protégeant le cadre et le disposi-
tif ; de plus, la puissance symbolique potentielle de l’intervention inter-
prétative s’évanouit lorsque la pensée concrète prédomine dans les
interactions familiales, lorsque la capacité de symbolisation fait défaut.
Avec l’augmentation des troubles de la pensée chez les patients, il est de
plus en plus difficile aux thérapeutes de suivre le conseil de Winnicott
(1971) : « rester vivant, en bonne santé et en éveil ». Ce conseil, qui nous
invite à veiller à notre contre-transfert, devient pour nous un principe
directeur en thérapie, véritable fil d’Ariane en temps de crise. Si les
familles arrivent en thérapie à nous éloigner de cette attitude, il y a quelque
chose qui ne va pas.
Conclusion
Je terminerai avec quelques mots concernant la durée et les potentiali-
tés de la thérapie familiale et de couple. Pendant quelques années, j’ai
mené moi aussi des thérapies groupales intensives et de longue durée,
mais je ne pense pas devoir les mesurer à l’aune de la représentation
d’une évolution optimale, mais plutôt en fonction de l’atteinte d’un objec-
tif visé, élaboré ensemble avec la famille et par conséquent souvent limité.
La plupart des familles et des couples ne veulent pas de thérapie longue,
et en ce qui concerne les possibilités évolutives, ceux qui ont travaillé
avec les couples psychotiques où l’un des partenaires est psychotique,
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Bibliographie
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RÉSUMÉ
MOTS CLÉS
SUMMARY
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KEY WORDS
RESUMEN
PALABRAS CLAVE