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PSYCHANALYSE OU PSYCHOTHÉRAPIE
PsychANALYTIQUE ? FONDEMENTS
DE LA POSITION CLINIQUE
Albert Ciccone1
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La guérison
Un premier argument invoqué pour soutenir un tel énoncé
concerne la question de la guérison.
Certes la cure-type n’est pas une psychothérapie au sens
où elle n’a pas une visée curative sur le modèle de la méde-
cine qui vise la guérison du corps – essentiellement, car ce
n’est pas toujours son but, la médecine ne fait bien souvent
qu’améliorer l’état du patient et non le guérir. Mais une
« cure » n’est-ce pas la même chose qu’une « thérapie » ?
Et que serait un psychanalyste qui ne s’intéresserait pas au
mieux-être de son patient ?
Certes Freud a pu dire que la guérison se donnait pour
ainsi dire « comme bénéfice annexe » (1923, p. 69). Mais ce
qu’il voulait dire c’est que l’élimination des symptômes n’est
pas recherchée comme but immédiat, et doit passer par
tout un processus long, complexe, douloureux, d’analyse
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Suggestion, influence
La ligne de partage entre ce qui est psychanalytique et
ce qui ne l’est pas concerne l’attitude de suggestion, l’effet
d’influence que recherche ou pas le thérapeute.
Néanmoins, peut-on soutenir l’idée que la psychana-
lyse n’est que position idéale d’écoute, de non-influence,
et que les psychothérapies non psychanalytiques ne sont
que suggestions, influences néfastes ou au mieux inutiles ?
Autrement dit, seule la psychanalyse échapperait-elle au
risque d’endoctrinement ?
Certes non. Décider d’écarter la suggestion ne suffit
pas à l’éviter. Mais il y a une différence entre une techni-
que qui choisit délibérément la suggestion, et une technique
qui décide de l’écarter, et d’être vigilant aux effets poten-
tiels de suggestion, afin que le soin ne se transforme pas
en entreprise de persuasion, risque auquel n’échappe pas la
psychanalyse.
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Le setting, la technique
La ligne de démarcation entre psychanalyse et psycho-
thérapie (éventuellement psychanalytique) passe pour cer-
tains par les aspects formels de setting et de technique. La
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Conclusion
En conclusion de ce premier point, la psychanalyse, en
tant que traitement de la souffrance psychique, et la psycho-
thérapie psychanalytique désignent l’une et l’autre la même
chose. L’inconscient ne se laisse pas convoquer par un
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Le cadre interne
La position clinique s’appuie avant tout sur un cadre
interne, et non pas sur le cadre externe. C’est ce qui fait
la différence entre « être psychanalyste » et « faire le
psychanalyste ».
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32 Albert Ciccone
Le travail de pensée
Le travail de pensée caractérise la pratique clinique.
Mais la parole n’est pas le représentant exclusif du travail de
pensée.
On oppose souvent l’acte à la pensée. La pensée est noble,
l’acte est disqualifié. En fait, l’acte n’est pas opposable à la
pensée. La question qui se pose est celle de savoir comment
l’acte est réalisé. Il y a des manières d’agir qui produisent de
la pensée, et des manières d’agir qui évitent la pensée
Il en est de même pour la parole : la parole peut soutenir
une activité de symbolisation ou bien empêcher la symbo-
lisation. La parole peut construire des pensées, transmettre
des pensées ; elle peut tout aussi bien n’être qu’un acte
visant à évacuer des non-pensées, à se débarrasser d’un
embarras.
Donc l’agir, tout comme la parole, peut soutenir les
processus de symbolisation, mais peut aussi éviter la
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L’engagement, l’implication
La pratique et la position cliniques supposent et reposent
sur l’engagement, l’implication.
Je reprends la distinction que souligne Dominique Thouret
(2004), se référant à Maldiney (1973, 1991), entre l’« impli-
cation » et l’« explication ». S’im-pliquer c’est être dans
le pli, dans le rythme de l’autre. Ex-pliquer c’est être hors
du pli, hors de la rencontre. Seule l’implication permet de
comprendre, et un sujet qui ne se sent pas compris d’un
autre ne peut pas en apprendre quelque chose. On ne peut
rien apprendre de quelqu’un qui ne nous comprend pas,
même s’il sait très bien tout nous expliquer.
« Une idolâtrie contemporaine soutient que le psychana-
lyste se doit d’être familier de l’inconscient et étranger à son
patient », écrit Didier Anzieu (1999, p. 200). Et il ajoute : « Le
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L’élaboration du contre-transfert
Il est classique de dire que le travail clinique repose sur
l’élaboration du contre-transfert.
Pour certains, le contre-transfert concerne des éprouvés
du clinicien qui font obstacle au travail clinique. Il est donc
nécessaire de l’analyser pour le maîtriser et l’empêcher de
troubler la relation thérapeutique. Pour d’autres, le contre-
transfert est composé en partie de projections du patient.
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36 Albert Ciccone
L’humilité, le doute
La position clinique est une position d’humilité et de
doute.
Le terme clinique fait en général référence à la maladie,
à un sujet qui souffre, et à l’approche du sujet au chevet de
son lit, car c’est un sujet « incliné », en position de fragilité (le
verbe « klino » en grec signifie « changer de position, incliner,
coucher, appuyer une chose contre une autre… »). Mais la
position « inclinée » est aussi et surtout celle du clinicien lui-
même. Le clinicien qui se penche sur le sujet en souffrance,
s’approche de sa subjectivité, et qui se trouve de ce fait dans
une position d’humilité, et aussi d’instabilité, d’inconfort. Ce
qui me conduit à dire que la position clinique est d’abord une
position d’humilité.
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Les indications
Il n’y a jamais de contre-indication de soin psycha-
nalytique.
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Pour conclure
Voilà quelques principes (il y en a d’autres évidemment)
qui caractérisent, me semble-t-il, le « psychanalytique » des
psychothérapies, quelle qu’en soit la forme, cure-type ou
dispositifs autres.
Si un dispositif est ajusté, au patient comme aux pos-
sibles du psychanalyste, il reste une psychanalyse ou une
psychothérapie psychanalytique. Si le dispositif est spéci-
fique, il porte le nom de cette spécificité (psychodrame ou
autres, par exemple) et le psychanalyste reste psychana-
lyste, si sa formation, son expérience, ses modalités de
travail – avec ses patients, ses groupes de pairs, ses super-
viseurs et autres – assurent les fondements de sa position
clinique.
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Résumé
Summary
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BIBLIOGRAPHIE