Thod 2013 Rulliere Jeremie
Thod 2013 Rulliere Jeremie
Thod 2013 Rulliere Jeremie
fr
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
par
Jérémie RULLIERE
_____________
_____________
JURY
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON I
SECTEUR SANTE
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
FACULTE D'ODONTOLOGIE DE LYON
Doyen : M. Denis BOURGEOIS, Professeur des Universités
Nous vous remercions pour l’honneur que vous nous faites en acceptant la
présidence de ce jury de thèse.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre directeur de thèse,
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A nos juges,
Vous nous avez fait l’honneur de siéger dans notre jury de thèse et nous
vous en remercions.
Nous vous sommes reconnaissants pour le savoir que vous nous avez
transmis durant notre cursus universitaire et pour votre gentillesse.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A nos juges,
Par ce travail, nous tenons à vous exprimer notre estime et notre profond
respect.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ........................................................................................................................... 1
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.2.b.2.b. Méthode du double scanner (NobelGuide®) ..................................................................... 16
II.2.b.3. Options supplémentaires (moins importantes dans la planification stricto-sensu) ............... 17
II.2.b.4. Outils complémentaires à la planification implantaire ......................................................... 22
II.2.b.5. Outils informatiques ............................................................................................................. 23
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
III. LA CHIRURGIE ASSOCIEE AU LOGICIEL DE PLANIFICATION ............................. 40
III.2.b. Spécificités des guides de chirurgie assistée par ordinateur statique ..................................... 43
III.2.b.1. Procédé de fabrication des guides chirurgicaux .................................................................. 43
III.2.b.2. Classification des guides de chirurgie guidée statique en fonction du type d’appui ........... 45
III.2.b.2.a. Guide chirurgical à appui dentaire.................................................................................... 45
III.2.b.2.b. Guide chirurgical à appui muqueux ................................................................................. 46
III.2.b.2.c. Guide chirurgical à appui osseux ..................................................................................... 46
III.2.b.3. Matériels .............................................................................................................................. 47
III.2.b.3.a. La feuille de route ............................................................................................................. 47
III.2.b.3.b. La trousse chirurgicale ..................................................................................................... 47
III.2.b.3.b.1. Les forets ....................................................................................................................... 48
III.2.b.3.b.2. Les cuillères ................................................................................................................... 48
III.2.b.3.b.3. Les porte-implants ......................................................................................................... 48
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
III.2.d. Précision de la chirurgie guidée ............................................................................................. 51
CONCLUSION ................................................................................................................................. 56
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 57
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 1!
INTRODUCTION
L’implantologie dentaire est une sous-discipline de l’odontologie qui consiste à introduire dans
l’os maxillaire une racine artificielle, appelée implant, en matériau biocompatible. Cette dernière
est ensuite utilisée comme support pour recevoir un dispositif prothétique fixe ou amovible.
Depuis les premiers travaux du Pr. Bränemark et al. [8] dans les années 1960 et leur description
de l’ostéo-intégration, l’implantologie n’a cessé d’évoluer, pour devenir incontournable dans les
réhabilitations prothétiques de qualité à tout chirurgien-dentiste qui aura su se former efficacement.
Les années 1970 ont vu apparaître la tomodensitométrie et le scanner qui ont révolutionné
l’imagerie médicale. Les premiers bilans tomodensitométriques pré-opératoires à visée implantaire
ont pu être réalisés. Dans cette logique, le logiciel d’imagerie DentaScan® a été développé
spécialement pour l’étude des maxillaires et permet d’obtenir des coupes de l’os de notre patient.
Elles sont reconstruites par ordinateur et ce, dans les trois plans de l’espace. Ce type de logiciel ne
permet que l’analyse du volume osseux sans autre possibilité.
Au début des années 1990, plusieurs équipes se sont penchées sur le problème de la
planification de patients à implanter, à l’aide de programmes informatiques et des données du
scanner. Ce fut la naissance des logiciels dits de planification. Plusieurs logiciels de planification
implantaire ont été développés par différentes sociétés. Ils permettent en plus de la lecture des
volumes osseux de réaliser une planification des implants. Dans certaines situations, le projet
prothétique peut aussi être visible. D’autres équipes ont dans le même temps, cherché à transférer
les informations planifiées du logiciel à la « bouche du patient », afin de ne pas rompre la chaîne de
précision. Les guides chirurgicaux sont alors apparus [17, 18]. Aujourd’hui, l’ensemble de cette
chaîne est appelé Implantologie Assistée par Ordinateur (IAO) [13].
Ce travail est constitué de trois parties. Une première partie est consacrée à l’imagerie en
implantologie orale et à la méthode conventionnelle de planification implantaire à l’aide d’un guide
radiologique. La seconde partie définit les différents types de logiciels de simulation pré-
implantaire et décrit leurs intérêts en thérapeutique implantaire. Enfin la troisième partie permet de
développer le thème de la chirurgie associée au logiciel de planification, en insistant sur la
précision du positionnement implantaire en fonction de la méthode chirurgicale utilisée
(conventionnelle ou chirurgie guidée), et du système de chirurgie guidée.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 2!
L’implantologie a pour but de placer dans un volume osseux variable, de par ses dimensions et
sa qualité, des structures biocompatibles (pouvant être comparées à des racines artificielles). Ces
implants qui émergent donc au niveau de la gencive par un pilier implantaire, supportent une dent
prothétique fonctionnelle.
L’information de volume (particulièrement osseux mais aussi nerveux) est donc capitale pour
toutes les raisons précitées. Ces informations sont fournies par les techniques d’imagerie. En effet,
ces dernières doivent permettre de valider ou non l’indication implantaire mais aussi le site osseux
concerné. L’imagerie doit permettre également le choix du type implantaire et ses dimensions. Les
méthodes d’imagerie doivent aussi servir au suivi post-opératoire avec les clichés pris auparavant.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 3!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 4!
!
!
!
Figure!1!:!Orthopantomogramme
Figure!2!:!Radiographie!rétro6alvéolaire
Figure!3!:!Téléradiographie!de!profil!
Dans les années 1970, l’acquisition intégrale d’un volume par un examen radiologique a été
possible, avec l’invention par Hounsfield et Cormack en 1972, de l’examen tomodensitométrique
appelé aussi scanner X (figure 4). Cet examen consiste en une succession de clichés
radiographiques axiaux (horizontaux) obtenus par balayage électronique.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 5!
Au début des années 1990, les constructeurs proposent des logiciels de reconstruction
tridimensionnelle de la zone explorée (appelés DentaScan® pour les maxillaires). Ces coupes
axiales vont être traitées informatiquement, permettant une modélisation dans l’espace. De fait,
l’accès à autant de coupes souhaitées, selon un intervalle choisi, et dans tous les plans est rendu
possible.
Le traitement informatique des données acquises lors du scanner comporte certaines étapes.
Les coupes axiales permettent une visualisation horizontale des maxillaires, de haut en bas. Sur une
de ces coupes, l’opérateur trace une curviligne panoramique (courbe de Bézier) disposée selon
l’axe médian de la crête osseuse. Ce choix détermine la coupe axiale dite de référence. Ceci permet
l’obtention de coupes fines panoramiques successives de l’intérieur vers l’extérieur, et de coupes
dites « coronales obliques » perpendiculaires à cette curviligne. Ces dernières amènent une
dimension supplémentaire dans l’analyse : ce sont des coupes vestibulo-linguales mettant en valeur
l’épaisseur osseuse.
Le scanner X présente une précision et une fiabilité accrues des clichés à l’échelle 1, un large
choix de reconstructions selon tous les plans voulus, et surtout l’évaluation exacte de la densité
osseuse. La visualisation des obstacles anatomiques est également facilitée. Le principal
inconvénient de cet examen, inhérent à tout acte radiologique, est sa non-innocuité due à
l’irradiation par rayons X. Cependant, les scanners de dernière génération utilisent des doses
moindres pour un même résultat.
En parallèle, d’autres outils se sont développés tels que le scanora® (SOREDEX). Il est
aujourd’hui inexistant dans la pratique odontologique. Ce dernier permettait de réaliser des
orthopantomogrammes et des tomographies perpendiculaires à la courbure des maxillaires. Sa
précision est meilleure qu’un orthopantomogramme, la dimension vestibulo-linguale est explorée
grâce aux coupes perpendiculaires. De plus, il est moins sensible aux artéfacts métalliques qu’un
scanner. Ses inconvénients majeurs restent similaires à un orthopantomogramme (coupes épaisses,
image floue avec un agrandissement de 1,7, impossibilité d’apprécier la densité de l’os spongieux).
La résolution spatiale (géométrique) et la résolution en contraste sont toutes deux intéressées et
moins bonnes sur les coupes scanora, par rapport au scanner. Il est donc beaucoup moins précis que
l’examen tomodensitométrique et surtout la lecture s’avère plus difficile. Enfin, le scanora irradie
les organes radiosensibles tels que l’œil ou la thyroïde alors que le scanner réalisé par DentaScan®
évite complètement ces structures. Le scanora n’a donc pas vraiment d’intérêt.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 6!
Figure!4!:!Exemple!de!scanner!type!DentaScan®
A minima
Le protocole initial consiste en l’étude pré-implantaire anatomique à l’aide d’un examen
scanner pré-opératoire avec des reconstructions en deux dimensions imprimées sur un support
argentique. Ces clichés permettent de visualiser les coupes coronales, axiales et la panoramique
reconstituée. A partir de celles-ci, le chirurgien réalise des mesures manuelles. Il commence par
repérer le site à implanter au niveau de l’orthopantomogramme. Ensuite, il note le numéro de la
coupe coronale oblique correspondant à celui-ci. Sur cette coupe, il mesure à l’aide d’un double
décimètre :
- L’épaisseur de la crête
- La hauteur d’os disponible :
o Au maxillaire : dans les secteurs antérieurs, jusqu’à la base des fosses nasales ; et
dans les secteurs postérieurs, jusqu’à la base du sinus maxillaire.
o A la mandibule : dans la région symphysaire, jusqu’à la corticale basilaire ; et dans
les secteurs postérieurs, jusqu’au canal mandibulaire.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 7!
Il faut également tenir compte du volume de l’implant. De fait, il est nécessaire de mesurer sur
les coupes adjacentes, la quantité d’os disponible. Il faut aussi prévoir des marges de sécurité :
- 2 millimètres entre l’apex de l’implant et le nerf alvéolaire inférieur,
- 1 millimètre d’os autour de l’implant.
Le positionnement de l’implant doit se rapprocher de l’axe prothétique idéal, afin de répondre
au mieux aux critères mécaniques, esthétiques et fonctionnels de la future prothèse.
En fonction de l’épaisseur des coupes obliques (1 ou 2 millimètres), l’implant est dessiné sur
un nombre de coupes différent. Dans l’exemple ci-dessous, le scanner est constitué de coupes
obliques de 2 millimètres d’épaisseur. Il est décidé de simuler la pose de deux implants de 4
millimètres de diamètre. La coupe centrale de la zone à implanter (coupe 62) correspond au centre
de l’implant. De part son volume, ce dernier se retrouve sur les deux coupes adjacentes. Il est donc
visible sur trois coupes.
Dans le cas d’un scanner avec des coupes obliques de 1 millimètre d’épaisseur, avec le même
principe que décrit précédemment, l’implant est visible sur cinq coupes.
Figure!5!a!:!Feuille!de!calque!représentant!les!coupes!obliques!de!deux!sites!à!implanter
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 8!
Figure!5!b!:!Feuille!de!calque!représentant!la!coupe!axiale!de!référence
Figure!5!:!Exemple!de!tracé!synoptique
Ce travail permet de synthétiser l’ensemble des données sur un espace papier réduit, plus
pratique à manipuler lors de la chirurgie. Aujourd’hui, la méthodologie est restée la même, les
moyens différents.
Lors de l’examen clinique pré-implantaire, des modèles d’étude sont réalisés. Sur ceux-ci, un
projet prothétique est élaboré à partir d’un wax-up ou d’un montage directeur de dents
prothétiques. Ce projet prothétique est confectionné en tenant compte de la position des dents, de
leurs dimensions et de leurs rapports avec les dents antagonistes. Il préfigure ainsi la prothèse sur
implant au niveau des dents absentes.
Après montage de cette maquette de diagnostic, un essayage clinique est effectué. Cela permet
d’avoir le sentiment du patient, de juger le soutien labial, la dimension verticale, l’esthétique.
Après validation, cette maquette est dupliquée en résine et prend le nom de « guide radiologique ».
Une fois le guide réalisé au laboratoire, il est essayé en bouche. Le praticien vérifie sa bonne
insertion, les adaptations dentaire et juxta-gingivale. Durant cette consultation, le patient apprend à
positionner correctement le guide, qu’il devra porter lors du passage du scanner.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 9!
I.4.a. Objectif
L’objectif du guide radiologique est de transférer l’image du projet prothétique sur des
radiographies, pour obtenir une cohérence entre le projet prothétique et le volume osseux
disponible. Il permet de déterminer quatre points essentiels :
I.4.b. Caractéristiques
- Être radio-opaque
Les éléments à visualiser doivent être chargés en une matière dense (sulfate de baryum, gutta-
percha) opposant une résistance aux radiations afin d’être visualisés sur les images
radiographiques. Pour cela, il existe des dents du commerce radio-opaque. Leur concentration en
sulfate de baryum est de 30 % environ.
Dans certains cas, la base du guide radiologique doit être aussi radio-opaque. Afin de la
différencier des dents prothétiques sur la radiographie, sa concentration en sulfate de baryum sera
moins importante (15% environ).
- Être rigide
Ce guide doit être en matériau rigide afin que le patient puisse le porter durant l’examen
scannographique, sans risque de déformation. Les risques de déformation sont liés à la pression
mécanique mais aussi à la température buccale.
Les signaux parasites perturbent la qualité des images (cf : restaurations métalliques, tenons,
etc.). Le guide ne doit pas créer ce type d’artéfacts rendant la lecture plus complexe.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 10!
Le guide radiologique confronte le projet prothétique avec la réalité des bases osseuses
présentes. Dans l’idéal, les deux coïncident. Pourtant, un compromis est régulièrement nécessaire
entre l’axe implantaire idéal et celui autorisé par les bases osseuses disponibles.
Au niveau des faces occlusales des dents radio-opaques, un puits d’environ 2 millimètres de
diamètre sera fraisé, généralement au centre de la dent, là où le praticien souhaiterait idéalement
situer l’axe d’émergence de l’implant. Ce puits constitue un cylindre non radio-opaque au cœur des
couronnes, visible sur les coupes obliques de la radiographie. Dans le cas où le prothésiste utilise
des dents non radio-opaques, ce puits sera rempli d’éléments radio-opaques (billes de métal, gutta-
percha condensée, tiges de titane, résine radio-opaque,…).
Pour cela, il faut que la base du guide radiologique soit visible sur la radiographie (cf : « être
radio-opaque : sulfate de baryum). De fait, la muqueuse correspond à l’espace situé entre l’os et
l’intrados du guide radiologique.
Lors de la radiographie, si le guide n’est pas dans la position originelle prévue par le
prothésiste, les renseignements seront erronés et les implants placés en mauvaise position. Il
s’avère donc parfois nécessaire d’utiliser un crochet pour stabiliser le guide, provoquant des
artéfacts sur le scanner ; une autre possibilité consiste à inclure les faces palatines des dents
présentes sur l’arcade dans le guide radiologique, augmentant ainsi la précision dans le
positionnement du guide. Dans le cas de patients édentés complets, un mordu intermaxillaire
garantira le bon positionnement du guide radiologique.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 11!
II.1. Définitions
Les logiciels de simulation pré-implantaire sont des programmes qui permettent d’apprécier
dans les trois dimensions de l’espace le volume osseux du patient acquis par des méthodologies
radiologiques. L’implantologiste peut à partir des données DICOM (Digital Imaging and
COmmunications in Medicine) qui lui sont transmises, réaliser des mesures précises au niveau du
volume osseux et des obstacles anatomiques.
Certains programmes permettent aussi la mise en place des implants et des différents
composants prothétiques. Ces programmes, pour les plus évolués, peuvent également offrir la
possibilité de concevoir un guide chirurgical à partir du projet informatique, et même de prévoir la
conception de la future prothèse.
Ces logiciels ne révolutionnent pas forcément le geste chirurgical, mais transforment surtout
les conditions de fiabilité et de sécurité de ce dernier. Ils permettent au praticien d’anticiper le
positionnement de l’implant et l’acte chirurgical en découlant.
Les données d’acquisition du scanner sont au format de fichiers DICOM ou Digital Imaging
and COmmunications in Medicine. C’est une norme créée en 1985 par l’ACR (American College
Of Radiology) et la NEMA (National Electric Manufacturers Association) dans le but de
standardiser les données transmises entre les appareils de radiologie de différents constructeurs. Ce
format est celui utilisé par tous les logiciels de planification en implantologie orale.
Il existe plusieurs logiciels de simulation pré-implantaire sur le marché implantaire. Dans notre
propos, nous nous limiterons aux logiciels reconnus comme « majeurs » dans le monde
professionnel implantaire. Parmi les fabricants, deux d’entre eux ont commercialisé plusieurs
déclinaisons de leur logiciel, permettant, soit de réaliser entièrement la planification, soit de
visualiser le scanner sans possibilité de modification (les visionneuses). Ces différents « niveaux »
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 12!
de logiciel permettent de réaliser une classification des différents logiciels. Du plus simple au plus
complexe, nous pouvons distinguer : les visionneuses, les logiciels de planification implantaire et
enfin les logiciels de planification implantaire permettant la réalisation de chirurgie guidée statique
ou dynamique.
Définition
Les visionneuses, fournies sur le CD de données du scanner, permettent de visualiser
uniquement les coupes scannographiques. De façon générale, ces logiciels possèdent une fenêtre
unique rassemblant l’ensemble des coupes obtenues lors de la réalisation de l’examen radiologique.
C’est-à-dire que sont visibles sur un même écran, la coupe axiale de référence, les coupes
panoramiques et les coupes vestibulo-linguales. Un système de défilement de l’image permet de
visualiser toutes les images. Finalement, il ne s’agit ni plus ni moins que de l’affichage des données
argentiques sur un écran informatique.
Systèmes commerciaux
L’une d’entre elles, se nomme « DICOM Litebox® » développée par la société ETIAM®
(Figure 6). Cette visionneuse est souvent retrouvée de façon automatique sur les CD transmis par
les centres de radiologie. Son interface est représentée par deux fenêtres et un panneau de contrôle
sur la droite. Dans la fenêtre de gauche s’affiche la téléradiographie de profil, dans celle de droite,
les coupes axiales. Il est possible de les faire défiler les unes après les autres et de visualiser les
coupes coronales obliques reconstituées. Cependant, elle ne donne pas la possibilité de calculer des
distances ou des angulations. Ce type de visionneuse est au final très limité et ne doit pas être
retenu dans l’idée d’une analyse pré-implantaire précise.
Deux logiciels sont distribués gratuitement et sont en libre téléchargement sur les sites internet
des fabricants : le NobelClinician Viewer® (Figure 7) et le SimPlant View®. Ces deux
visionneuses permettent la lecture seule de cas cliniques préalablement réalisés avec des versions
plus évoluées de SimPlant® ou de NobelClinician®, mais rendent impossible la visualisation des
données brutes d’un scanner. En effet, les données brutes devront auparavant être importées et
converties au format propre du logiciel de planification utilisé (NobelClinician® « .ncv » ou
SimPlant® « .spr »), soit par le praticien, soit par le radiologue, en fonction de la solution logiciel
de chacun. Cette notion de pré-planification présente aussi un inconvénient majeur dans
l’utilisation de ce type d’outil.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 13!
A retenir
De façon générale, il semble que les fonctionnalités minimales d’une visionneuse doivent être :
- Visualisation des coupes sectionnelles, axiales, sagittales, coronales, panoramiques
(images 2D), ainsi que la reconstitution 3D du scanner
- Calcul des distances et des angulations
- Zoom
- Ajout d’annotations
- Changement de contraste au niveau osseux, des tissus mous et des canaux dentaires
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 14!
II.2.b. Les logiciels de planification pré-implantaire [1, 9, 13, 17, 25, 26, 30, 33]
Ces logiciels constituent le niveau « supérieur » par rapport aux visionneuses. Il existe de
nombreux programmes de simulation pré-implantaire distribués par différentes sociétés. La licence
de ses logiciels est payante. Elle comprend généralement les mises à jour, ainsi que le support
technique. Ces logiciels possèdent donc les fonctionnalités des visionneuses, et permettent en plus,
la planification implantaire.
A partir des données du scanner stockées sur un CD (au format DICOM ou JPEG), ils génèrent
une image 3D de la mâchoire du patient. Les logiciels offrent simultanément une vue panoramique,
axiale, sagittale et une reconstruction tridimensionnelle. Ce dernier point correspond au point fort
des logiciels de planifications car conséquent cliniquement. D’ailleurs, les fonctions les plus
nombreuses de ces logiciels sont destinées à la simulation tridimensionnelle.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 15!
Il est ensuite possible de visualiser le volume osseux disponible (hauteur et largeur) ainsi que
les différents obstacles anatomiques au niveau du site implantaire (à la mandibule : le nerf
alvéolaire inférieur; au maxillaire : le sinus maxillaire et les fosses nasales). Grâce à ce type de
logiciel, le praticien peut mesurer précisément la hauteur et la largeur d’os disponible au niveau de
n’importe quel point de la mandibule ou du maxillaire et calculer l’angulation de l’implant pour
éviter un obstacle anatomique.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 16!
L’inconvénient de cette technique est l’impossibilité d’enlever le guide radiologique sur les images.
Ceci a amené l’évolution suivante.
La spécificité du concept initial NobelGuide® repose sur le principe d’un double scanner X.
Les deux examens scanners vont évidemment permettre d’obtenir des données claires et précises
sur l’os alvéolaire du patient et le guide radiographique. Mais ce double scanner permet d’afficher
les données obtenues (os, guide radiologique), ensemble ou individuellement, dans le logiciel de
planification. Cela constitue le point majeur et différent par rapport à la méthodologie de base. Le
guide radiologique, dans cette utilisation précise, est définit de façon stricte et spécifique. Il doit
comporter des marqueurs de gutta percha, au nombre de six à huit non alignés et pas dans le même
plan. Ils sont intégrés dans la base même du guide sur des points de référence essentiels pour
pouvoir fusionner précisément les deux clichés. Ces points sont importants pour l’assemblage et la
superposition des données dans le logiciel.
La densité du guide radiographique (définie en unités Hounsfield) est proche de celles des
tissus mous, rendant donc compliquée la séparation des données sur une image unique. La
technique de double scannage permet de résoudre ces problèmes là. La séparation du guide est
finalement automatisée.
Extractions Virtuelles
La possibilité d’extraire numériquement une dent permet de poser l’indication (ou non) de
réaliser une implantation immédiate. Lorsqu’une dent est encore sur l’arcade, il n’est pas possible
de fabriquer un guide radiologique.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 17!
La dent à extraire peut, dans certains cas, remplir le rôle du guide car elle détermine
l’enveloppe prothétique. La simulation de la pose de l’implant se fera sur une coupe oblique,
centrée sur la dent à extraire. Dans les autres cas, il faudra utiliser soit l’outil de création de dents
virtuelles (fonctionnel qu’en cas de dents résiduelles présentes et en bonne position) soit la
technique dite de Polizzi. Cette dernière ne sera pas définit dans ce travail étant donné son coté
hors-sujet.
a b!
.!a.!Segmentation!numérique!des!dents!à!extraire.! b.! Extraction! numérique! des! dents! sélectionnées! et!
visualisation!des!alvéoles!postCextractionnelles!.!
Figure!8!:!Simulation!d'extractions!numériques!(logiciel!SimPlant®)
Volume de greffe
Avec SimPlant®, il est possible de mieux identifier la nécessité d’une greffe et son étendue.
Lorsque le volume osseux crestal est déficient, des spires de l’implant peuvent être exposées. Le
logiciel colorise l’implant afin de mettre en évidence les rapports de celui-ci avec l’environnement
osseux en dessous de la crête. La reconstruction tridimensionnelle montre l’étendue de la greffe
osseuse qui sera alors nécessaire. Cela peut permettre d’anticiper les sites de prélèvement, la
quantité de biomatériaux nécessaire, voire la faisabilité intrinsèque de cette greffe.
a! b!
!a:!Fenestration! vestibulaire!au! niveau! de!l’implant!
positionné!en!25. b!:!Greffe!osseuse!(modélisée!en!vert)!pour!recouvrir!la!
fenestration.
Figure!9!:!Exemple!de!détermination!du!volume!d'os!à!greffer!au!niveau!d'une!fenestration!vestibulaire!
(logiciel!SimPlant®)
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 18!
a! b!
! Figure!10!:!Création!du!projet!prothétique!:!les!dents!virtuelles!
a.!Cas!d’un!édentement!complet!à!la!mandibule.!b.!Edentement!unitaire!au!niveau!de!46.!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 19!
Pour cela, SimPlant®, donne au praticien des valeurs numériques précises des paramètres
suivants (figure 11) :
- Angle transitionnel : c’est l’angle formé par la ligne passant par le point d’émergence
vestibulaire de la prothèse et le bord de l’implant d’une part, et la perpendiculaire au plan
occlusal. D’une manière générale, le clinicien essaie de maintenir cet angle inférieur à 60°.
- Cantilever : c’est la distance comprise entre le centre de l’émergence implantaire et le
point d’application de la force sur la prothèse (cuspide portante). D’une manière générale,
si l’on considère cette approche dent par dent, cette mesure doit rester inférieure à 7
millimètres.
- Hauteur de la couronne : c’est la distance comprise entre le plan occlusal et le bord
cervical émergent.
- Profondeur des tissus mous : hauteur comprise entre l’épaulement du col de l’implant et
l’émergence gingivale de la couronne.
Aucun de ces critères biomécaniques ne doit être interprété seul, et tous ces éléments doivent
être synthétisés pour une bonne analyse des cas.
Figure!11!:!Fenêtre!des!propriétés!de! Figure!12!:!Fenêtre!de!calcul!dynamique!
reconstruction!prothétique avec!le!diagramme!de!forces
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 20!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 21!
Figure!14!:!Calcul!de!la!
densité!osseuse!dans!un!
Figure!13!:!Fenêtre!de!calcul!de!densité!osseuse!autour!d'un! rectangle!(SimPlant®)
implant!(SimPlant®)
a! b!
Figure!15!:!Fenêtre!de!calcul!de!la!densité!osseuse!selon!une!ligne!de!profil!(SimPlant®)!
a.!Graphique!de!la!densité!osseuse!en!fonction!de!la!ligne!de!profil.!b.!Tracé!de!la!ligne!de!profil!
(bleu)!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 22!
Accessibilité et exclusivité
Les logiciels SimPlant®, EasyGuide® et RoboDent® sont dits « ouverts ». En effet, ils sont
compatibles avec de nombreuses marques et modèles d’implants grâce à leurs bibliothèques
régulièrement mises à jour. Ces bibliothèques sont cependant en option. En comparaison, le
NobelClinician® est dit « fermé », il est uniquement réservé aux implants Nobel Biocare®. Il
s’agit d’un inconvénient majeur : le système rend le praticien captif de l’ensemble de la chaîne (en
garantissant peut-être une meilleure précision ?).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 23!
Figure!16!:!Dr!James!:!Les!différentes!étapes!de!la!sélection!du!maxillaire!au!positionnement!implantaire!
(SimPlant®)
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 24!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 25!
Après les visionneuses, les logiciels de planification pré-implantaire, le niveau supérieur dans
les logiciels permet de créer des guides automatisant la chirurgie. Deux types de chirurgie guidée
sont alors définis. La chirurgie assistée par ordinateur statique correspond à l’utilisation d’un
guide chirurgical statique qui reproduit la position des implants planifiés virtuellement, directement
à partir des données tomographiques numérisées. Ce type de chirurgie ne permet pas de
modifications de la position implantaire en per-opératoire. La chirurgie assistée par ordinateur
dynamique est l’utilisation d’un système de « navigation chirurgicale » qui reproduit la position
virtuelle des implants, directement à partir des données tomographiques numérisées. Ce type de
chirurgie permet des modifications de position implantaire en per-opératoire.
II.2.c.1 Les logiciels de planification associés à la chirurgie guidée statique [1, 13, 23, 26, 30]
Selon les systèmes, le guide est réalisé soit en technique stéréolithographique (SimPlant® et
NobelClinician®), soit en méthode manuelle par le prothésiste (EasyGuide®). Celui-ci est ensuite
renvoyé au chirurgien afin d’être stérilisé et utilisé lors de la chirurgie implantaire.
Ces méthodologies de fabrication sont détaillés dans la partie concernant la chirurgie guidée à
proprement parlée.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 26!
II.2.c.2 Les logiciels de planification associés à la chirurgie guidée dynamique [1, 2, 33]
Préalables
L’exemple de cette illustration est le RoboDent® couplé au « Navipad® ». Le RoboDent® est
un logiciel de planification pré-implantaire classique.
Figure!18!:!Mise!en!évidence!des!trackers!de!positionnement!buccal!et!du!contre6angle
Au préalable, il est nécessaire d’élaborer un projet prothétique sur des modèles d’étude. A
partir du wax-up qui en découle, une gouttière chirurgicale est fabriquée. Le tracker buccal est
intégré à celle-ci (figure 19). Elle sera portée par le patient lors de la chirurgie. Ensuite, un scanner
de la mâchoire du patient est réalisé avec la gouttière en bouche. Puis, le praticien effectue la
planification implantaire classique sur le logiciel RoboDent®. Une fois la planification effectuée, la
mise en place des implants a lieu. Il s’agit de la chirurgie guidée dite dynamique. Sur le même
principe qu’un GPS, une triangulation est réalisée entre la main du chirurgien, la mâchoire du
patient et la planification. Le praticien positionne son contre-angle au centre du tracker buccal
permettant au logiciel d’enregistrer sa position (figure 20). Ensuite, le chirurgien déplace son
instrument sur la crête afin de rechercher l’implant planifié. Dès que ce dernier est trouvé, il peut
débuter le forage.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 27!
Figure!19!:!Gouttière!chirurgicale!avec!le!
tracker!buccal Figure!20!:!Enregistrement!de!la!position!du!
contre6angle!par!le!logiciel
Figure!21!:!Vue!de!l'écran!de!contrôle!du!Navipad®.!Le!chirurgien!peut!suivre!la!progression!du!foret!et!la!
comparer!au!projet!planifié.!Le!système!offre!un!contrôle!précis!de!l’axe!et!de!la!profondeur!de!forage.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 28!
Afin d’illustrer notre propos, le logiciel SimPlant® de la société Materialise Dental® (figure
22) sera utilisé. En effet, il fait partie des principaux logiciels de planification implantaire et est
actuellement le plus complet. Nous l’utiliserons uniquement pour sa partie clinique.
Les données du scanner sont stockées sur un CD-Rom. A partir de celui-ci, le logiciel importe
les fichiers au format DICOM ou les images JPEG dans son interface. Une fois l’importation
terminée, les trois plans de coupe du scanner s’affichent à l’écran : le plan axial, le plan sagittal et
le plan panoramique. Une reconstruction tridimensionnelle des données radiographiques est
modélisée.
Dans le but de valider l’examen scanner, il est nécessaire de vérifier que l’acquisition des
données est correcte (pas d’erreur sur la mâchoire scannée, s’assurer que l’ensemble du volume
osseux intéressé ait été radiographié) et préciser au logiciel qu’il s’agit d’un scanner maxillaire ou
mandibulaire. Par ailleurs, le praticien doit vérifier que l’examen possède un nombre d’images
suffisant et en rapport avec la taille du maxillaire. En effet, plus ce nombre est important, plus la
précision est augmentée, et moins l’image sera pixélisée.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
!
!
Elle est appelée : Scout-View, Localizer, pilot, Scanogram, Topogram, ou Surview en fonction
du fabricant du scanner. Elle représente une vue latérale du patient, permettant de vérifier le bon
positionnement de ce dernier lors du balayage par le scanner. Cette image est normalement validée
par le radiologue avant l’acquisition scanner.
Figure!23!:!Image!d'alignement
Sur cette image, trois lignes rouges parallèles en pointillés sont visibles. Celle du milieu
reproduit l’emplacement exact de l’image axiale. Elle doit être parallèle au plan occlusal. Les deux
autres correspondent à la première et à la dernière image axiale et définissent l’étendue de la zone
scannée.
Les images des différents plans de coupe apparaissent dans quatre fenêtres interdépendantes.
Dans chacune d’elles, un tracé en pointillés représente les autres fenêtres, permettant la localisation
d’un point précis et unique dans l’espace. Ce tracé en pointillés répond à un code couleur propre à
chaque logiciel et permet de repérer chaque plan.
Par ailleurs, pour plus de clarté, toutes les coupes sont numérotées. Ce numéro correspond aux
coupes millimétrées du scanner.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 31!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 32!
Le praticien va créer une courbe panoramique (courbe de Bézier) sur les coupes d’acquisition
axiales qui va correspondre au plan de coupe frontal. Ce tracé suit le trajet osseux mandibulaire et
est situé au centre de la mâchoire, afin de faciliter la lisibilité du nerf dentaire inférieur.
A partir de cette courbe panoramique et des images axiales, le logiciel construit les images du
plan courbe frontal (panoramique) et les coupes orthogonales obliques.
Figure!24!:!Tracé!de!la!courbe!panoramique!dans!une!étude!mandibulaire!(tracé!jaune!et!points!blancs).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 33!
b!
a!
c!
Figure!25!:!Tracé!du!nerf!alvéolaire!inférieur.!
a.!Tracé!sur!le!plan!courbe!frontal.!b.!tracé!sur!les!coupes!vestibuloClinguales.!c.!Visualisation!du!trajet!du!nerf!
alvéolaire!inférieur!sur!la!reconstruction!3D!
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 34!
souhaite réaliser une chirurgie guidée. Ce point sera explicité dans la partie sur la chirurgie
guidée « III.2.b.3. Matériels ».
A partir de cette bibliothèque, l’utilisateur choisit l’implant qu’il souhaite mettre en place, en
fonction du fabricant, du modèle et des dimensions (diamètre et longueur). Il est possible de
visualiser l’implant dans sa morphologie en trois dimensions.
Figure!26!:!Bibliothèque!d'implant!:!exemple!de!sélection!d'un!implant
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 35!
Il est possible d’alterner entre ces deux possibilités ; l’utilisateur peut remplacer un implant
« tracé » par un implant sélectionné dans la bibliothèque.
Lorsque l’implant est positionné, une enveloppe autour de celui-ci est modélisée et correspond
aux distances de sécurité préalablement paramétrées par le praticien. En effet, il est possible de
régler la distance minimale occlusale et apicale entre deux implants (3 millimètres), la distance
minimale entre un nerf et un implant (2 millimètres), et la hauteur minimale de l’espace de
prothétique (8 millimètres). Le chirurgien peut ainsi vérifier le respect de l’espace biologique
implantaire et inter-implantaire.
Figure!27!:!tracé!manuel!d'un!implant!lors!d'une!étude!mandibulaire
Une fois placé, l’implant est visualisé immédiatement dans les trois plans de l’espace.
L’utilisateur peut le faire pivoter, le déplacer, modifier ses dimensions (diamètre et longueur), dans
les quatre fenêtres du logiciel ; les modifications se répercutent instantanément dans les trois
dimensions. Progressivement, les modifications sont enregistrées et l’implant est numéroté en
fonction de l’ordre de planification (il est possible de le numéroter en fonction de sa position sur
l’arcade par rapport à la dent qu’il remplace). Ceci facilite la gestion des implants.
Un pilier peut être positionné sur l’implant virtuel. Celui-ci pourra être choisi au sein d’une
bibliothèque préétablie parmi des piliers réalistes ou parmi des piliers sur-mesures : la dimension,
la forme et l’angulation sont paramétrables. Grâce au guide radiologique visible, préfigurant le
volume et la position de la future prothèse, le praticien peut anticiper les caractéristiques du pilier,
l’axe prothétique et simuler l’épaisseur de la gencive.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 36!
II.4.a. Avantages
- L’exploitation idéale du volume osseux ; En effet, il est possible de faire varier pour
chaque implant, ses dimensions (diamètre et longueur), mais aussi son inclinaison dans
les plans vestibulo-lingual et mésio-distal. C’est la seule méthode permettant de visualiser
objectivement la double obliquité d’un implant.
De plus, toutes les solutions peuvent être envisagées par simulation implantaire : choix de
l’implant, du pilier etc. Le choix sera donc affiné progressivement et ensuite achevé, une
fois que le meilleur compromis entre tous ces facteurs sera trouvé.
- Concernant le volume osseux, à proprement parler, il est possible de l’analyser tant sur le
plan quantitatif que qualitatif. En effet, le volume osseux disponible ou manquant peut
être calculé en trois dimensions et exprimé en millimètres cube ; ceci s’avère intéressant
pour poser ou pas l’indication d’une greffe.
L’étude qualitative de l’os correspond finalement à l’évaluation de sa densité. Il est
possible de déterminer la densité moyenne de l’os dans la zone d’ostéo-intégration, le
logiciel la calculant 1 millimètre autour de l’implant. De cette densité, le praticien peut
anticiper la séquence de forage et le type d’implant qui sera utilisé (design différent en
fonction de la densité osseuse).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 37!
II.4.b. Inconvénients
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 38!
- La licence d’utilisation du logiciel de planification peut aussi être payante. Celle-ci est
vendue plusieurs milliers d’euros. Chaque année, il faut également s’acquitter de la
maintenance pour le logiciel (environ 1000 euros). Il est important de signaler que de
nouveaux logiciels « ouverts » apparaissent, ouvrant vraisemblablement de nouvelles
opportunités dans le futur.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 39!
Cet intérêt est d’autant plus important dans les cas complexes, quelques illustrations :
- lors d’une hauteur osseuse insuffisante : à la mandibule, lorsque la hauteur osseuse
résiduelle est limitée, le danger est de poser un implant trop long entraînant la compression
ou la section du paquet vasculo-nerveux mandibulaire. L’IAO aide le praticien à identifier
les difficultés et les différentes solutions pour les contourner, à déterminer la longueur
implantaire la plus adaptée à la situation et les possibles angulations dans les plans
vestibulo-linguales et mésio-distales. Au maxillaire, l’IAO permet de déterminer l’implant
idéal en évitant l’effraction des fosses nasales ou des sinus maxillaires.
- Lors d’une largeur osseuse insuffisante : l’IAO permet au praticien de déterminer le
diamètre de l’implant et d’anticiper un éventuel comblement lorsque des spires de
l’implant pourraient être exposés. Elle offre la possibilité de vérifier les résultats de greffes
osseuses effectuées lors du traitement pré-implantaire et donc d’observer le volume ainsi
obtenu.
- En présence d’une crête fine : dans ce cas, il peut s’avérer nécessaire d’abraser la crête afin
de recréer un plan osseux plus apical, où celle-ci sera suffisamment large pour recevoir des
implants.
- Lors d’une extraction avec implantation immédiate : grâce à la fonction extraction
virtuelle, il est possible de visualiser l’alvéole vide et de déterminer le diamètre et la
longueur du futur implant. De plus, la densité osseuse autour de l’implant peut aussi être
observée afin d’anticiper la possibilité d’une stabilité primaire satisfaisante.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 40!
La navigation mentale est la méthode de base, la plus ancienne, devant être maîtrisée par tous
les chirurgiens. Elle consiste à transposer, lors de la phase chirurgicale, les implants planifiés à
partir des radiographies, dans la cavité buccale du patient, par l’intermédiaire d’un ensemble de
points de repères remarquables (reliefs osseux) et de mesures mémorisées auparavant (la distance
entre deux implants planifiés ou la distance entre un implant planifié et un point précis du
maxillaire du patient). Cette navigation mentale nécessite le plus souvent, une visualisation
intégrale du site opératoire et une adaptation clinique permanente pendant l’acte chirurgical.
Comme précédemment décrit dans le « II.3. Temps par temps de la planification implantaire »,
le praticien réalise la planification implantaire. La visualisation du maxillaire en trois dimensions
est un apport dans la réalisation du plan de traitement. En effet, le chirurgien optimise l’utilisation
des volumes osseux, visualise plus facilement les structures anatomiques et peut prévoir les
éventuelles complications per-opératoires et ainsi anticipe le geste chirurgical.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 41!
position des implants planifiés par rapport aux points de gutta et aux dents prothétiques lors de la
phase chirurgicale.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 42!
Les implants situés en position intermédiaire, puis distale, seront positionnés selon le même
protocole. Il peut être judicieux de réaliser les forages initiaux sur tous les sites implantaires, de
mettre l’ensemble des indicateurs de direction. Cela permet d’avoir un rendu global des futures
positions implantaires seules, entre elles et avec le guide chirurgical. Le guide s’avère important
pour bien confirmer l’adéquation des implants avec la prothèse.
Il existe que très peu de données sur la précision d’implants posés manuellement, avec la
navigation mentale. Certaines études comparent la chirurgie à type de navigation mentale versus
une chirurgie guidée. Il est parfois difficile d’extraire uniquement les données de la navigation
mentale. Les trois principales études relevées permettant de visualiser concrètement les chiffres liés
à la chirurgie type navigation mentale sont les suivantes.
Deux études ont été réalisées sur des modèles pour comparer la précision entre un système de
guidage dynamique et la méthode « à main levée ». Kramer FJ et al. (2005) ont montré une erreur
maximum au point d’entrée variant de 0,8 à 1 millimètre pour la méthode « à main levée », et de
0,6 millimètre pour la navigation implantaire. La deuxième étude menée par BRIEF J. et al. (2005)
a reporté une erreur moyenne au point d’entrée de 1,35 millimètres pour la méthode manuelle, et de
0,35 à 0,65 millimètre pour la chirurgie guidée dynamique. Ces deux études démontrent donc une
précision accrue avec la chirurgie guidée dynamique.
D’autre part, Nickenig et al. (2010) ont comparé la précision du positionnement de l’implant
après une planification virtuelle et l’utilisation de guides chirurgicaux avec la méthode
conventionnelle. En effet, l’utilisation de guides chirurgicaux entraîneraient de plus faibles
variations entre la planification virtuelle et la position réelle des implants que ce soit au niveau du
col implantaire (0,9 millimètre) ou de l’apex (0,6 à 0,9 millimètre), par rapport à la méthode « à
main levée » (col implantaire : 2,4 à 3,5 millimètres ; apex : 2,0 à 2,5 millimètres).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 43!
III.2.a. Description
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
- une plate-forme « ascenseur » se situe initialement juste en dessous de la
surface du liquide. Cette plate forme peut se déplacer vers le bas, selon un axe Z.
! - un système optique émettant un rayon laser situé au dessus de la plate-forme 44!
évolue dans un plan horizontal, selon les 2 axes X et Y.
- Quand le laser heurte la surface de la résine liquide, celle-ci se solidifie. Une
première couche horizontale est formée et l’ascenseur descend au fur et à
forage. Le sommet du canon du guide peut varier en fonction du positionnement de l’implant et du
mesure que le processus se répète et que les couches horizontales s’assemblent,
Figure Figure!28!:!Principe!de!la!stéréolithographie
50 : Schéma de conception d'un modèle stéréolithographique
Ce système de repérage spatial doit permettre de placer le guide précisément dans une machine-
outil. A partir du projet de planification, du guide radiologique et du marqueur
78 en X, elle procède à
l’usinage des canons de forage et intègrent les cylindres dans le guide (figure 30). Le guide
scannographique est donc utilisé comme guide chirurgical, supprimant ainsi toute ambiguïté quant
à son positionnement au moment de la phase chirurgicale. Cependant, il ne peut être qu’à appui
dentaire, muqueux, ou mixte.
eate a 17. Be sure there is a minimum
y 1mm ofLa2mm
machine-outil
of the resinest également capable de forer le modèle en plâtre muni du guide
between
n the the facial afin
radiologique surface
queofdes
therépliques
teeth d’implants soient positionnées. Il devient alors possible de
ide to and the base of the X marker.
réaliser
The une prothèse
distance destinée
between theà X
être posée le jour de la chirurgie.
marker and the resin must be
a minimum of 13mm.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 45!
III.2.b.2. Classification des guides de chirurgie guidée statique en fonction du type d’appui [13,
16, 25, 26]
Ce guide est indiqué lors d’un édentement unitaire ou partiel, notamment lors d’édentements
encastrés où il prend appui sur les dents adjacentes. Il peut également être utilisé lors
d’édentements partiels terminaux, en prenant garde de ne pas exercer une pression trop importante
sur sa partie postérieure où l’appui est muqueux. En effet, le danger de déformation de la résine, et
donc de malposition du guide est grand. De plus, une rupture en cisaillement du guide n’est pas à
exclure. Lorsqu’il est utilisé, il est nécessaire d’envoyer au fabricant du guide stéréolithographique
le modèle en plâtre de l’arcade du patient, afin qu’il le scanne et le confronte aux informations de
l’examen radiographique. En effet, du fait de la non-déformation des dents, le guide ne peut
souffrir d’approximation et doit être le plus précis possible.
Il est le plus précis de tous les guides chirurgicaux et permet d’effectuer une chirurgie sans
lambeau. Il n’est pas incompatible avec la réalisation d’un lambeau et une augmentation latérale
simultanée. Lors de la chirurgie, il doit être maintenu au contact des dents. Cependant, une pression
trop exagérée déforme le ligament alvéolo-dentaire, enfonce les dents adjacentes au site à implanter
et donc nuit à la précision du transfert des points de repère. Il en est de même lorsque l’édentement
est terminal ; à cet endroit, le guide entre en contact avec la muqueuse et les quelques millimètres
de gencive participant au support sont susceptibles de se déformer élastiquement.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 46!
Ce guide est indiqué lors d’un édentement total ou lorsque l’édentement partiel est supérieur à
30 millimètres (d’après Davarpanah et al. 2010). Il se pose directement sur la muqueuse et peut
comporter des dents qui serviront de cales dans le sens vertical, pour verrouiller l’occlusion.
Sa mise en place est relativement complexe (particulièrement chez l’édenté complet) car il
nécessite une clé d’occlusion et la pose de vis de contention afin d’assurer une bonne stabilité. De
sa bonne mise en place dépendra le bon placement des implants. Sa précision est inférieure au
guide chirurgical à appui osseux, mais à l’avantage de ne pas nécessiter de lambeau périosté.
Sa réalisation demande une extrême rigueur notamment au niveau des empreintes. Dans ces
situations, il n’est pas possible de s’affranchir d’une empreinte secondaire réalisée avec un porte-
empreinte individuel. En effet, l’empreinte doit être précise et enregistrer le caractère mucostatique
de la muqueuse péri-implantaire. Lors de la chirurgie, une pression exagérée est à exclure car elle
risque de déformer la muqueuse qui lui sert de soutien. Cela engendre donc un mauvais placement
implantaire.
Ce guide est indiqué lorsqu’un lambeau doit être soulevé. C’est le cas lorsqu’une
augmentation osseuse latérale est nécessaire, ou lorsque le chirurgien souhaite visualiser la pose
implantaire en présence d’une crête étroite, ou chez l’édenté partiel dans une zone terminale. Il
vient directement au contact osseux et peut lui aussi comporter des cales d’occlusion en forme de
dents. Néanmoins, il doit y avoir assez d’os pour garantir une position stable et unique du guide.
Sa mise en place est plus complexe que le guide à appui muqueux car elle nécessite :
- un lambeau pouvant gêner l’accès direct
- le recours à une clé d’occlusion
- la pose de vis ou de clavettes assurant une bonne stabilité.
Sa précision n’est que légèrement supérieure à celle du guide chirurgical à appui muqueux.
Ceci est expliqué par l’appui osseux qui est un appui dur et non déformable. Contrairement aux
autres guides chirurgicaux, une pression excessive durant la chirurgie ne présente pas de risque
d’imprécision due à une déformation élastique, du fait de son appui direct sur le rebord
alvéolaire.
Le guide chirurgical à appui osseux n’est pas disponible avec les systèmes
NobelClinician® et EasyGuide®.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 47!
Guide!chirurgical!à!appui!muqueux!
Guide!chirurgical!à!appui!dentaire!
Guide!chirurgical!à!appui!osseux!
Figure!31!:!Les!différents!types!de!guide!chirurgicaux!:!dentaire,!muqueux!et!osseux!(images!Materialise!Dental®)
III.2.b.3. Matériels
Chaque fabricant d’implants a développé une trousse chirurgicale, spécifique à ses produits
implantaires, pour donner la possibilité aux chirurgiens d’utiliser la chirurgie guidée. Il est
important de préciser que les guides chirurgicaux stéréolithographiques sont conçus en fonction du
système implantaire choisi. En effet, les implants varient en terme de longueurs et de diamètres
d’une système implantaire à un autre, nécessitant dès lors des canons les plus adaptés possibles
pour s’assurer d’une précision de position. La hauteur et le diamètre des canons imposent aussi un
jeu de forets spécifiques. De fait, il est primordial d’utiliser un logiciel de planification implantaire
compatible avec la marque d’implants que le chirurgien a choisi (cf : « II.3.c.3.a. La bibliothèque
d’implants »).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 48!
Ces outils permettent d’utiliser le même guide chirurgical pour passer successivement toute la
séquence de forets sans en changer la position. Elles ont à leur extrémité, des œillets recevant des
forets de diamètres croissants. Le diamètre externe de l’extrémité est constant et s’adapte
parfaitement au canon du guide chirurgical ; le jeu est extrêmement faible, inférieur au dixième de
millimètre. Seul le diamètre interne varie afin de s’adapter aux divers diamètres de forets. La
profondeur de pénétration de la cuillère dans le canon est de 5 millimètres. Cette hauteur de
pénétration et le faible jeu entre les cuillères et le guide, constituent une garantie de précision. Dans
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 49!
le sens vertical, la butée du foret vient heurter l’œillet de la cuillère, garantissant la précision de
profondeur et la sécurité du forage.
Lors de l’introduction de l’implant dans sa logette, même si le forage a été précis, il est encore
possible qu’il soit inséré dans un axe non souhaité. C’est pourquoi, les porte-implants intègrent les
variables diamètre et longueur, et disposent d’une butée venant au contact du canon du guide
chirurgical. Ainsi, la pose de l’implant est guidée dans le même axe que le forage, et la profondeur
d’enfoncement dans le sens apico-coronaire est précisément réglée.
III.2.c.1.a. Avantages
III.2.c.1.b. Inconvénients
- Ergonomie : il faut que les trackers optiques soient toujours visibles par la caméra.
- Impossibilité de poser une prothèse implantaire (comprenant la dent, la fausse gencive et
le cylindre en titane) préparée en amont de la chirurgie.
- Coût du matériel.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 50!
III.2.c.2.a. Avantages
III.2.c.2.b. Inconvénients
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 51!
Source d’erreurs
L’implantologie assistée par ordinateur et la chirurgie guidée ont pour but d’apporter au
praticien une certaine précision entre la simulation et la réalité clinique. Il est impératif de respecter
le protocole d’acquisition des données. Cependant, des inexactitudes sont générées depuis
l’acquisition de l’image radiologique jusqu’à la chirurgie. Ces erreurs sont cumulatives et
interactives. Pour les mettre en évidence, il est nécessaire de retracer la chaîne de transmission des
données.
Elle est composée de quatre étapes :
- l’examen radiographique pré-implantaire
- la planification implantaire avec le logiciel
- la fabrication du guide stéréolithographique
- l’acte chirurgical
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 52!
La fabrication du guide chirurgical constitue aussi une source d’erreur. En effet, les
machines de stéréolithographie utilisées ont une précision de ± 0,1 millimètre par 100
millimètres, ce qui correspond à un taux d’erreur relativement faible de 0,1 %.
Il est également répertorié que des erreurs sont induites en fonction du guide chirurgical
utilisé. Avec le guide à appui dentaire, il est possible de le faire basculer vers l’avant, vers
l’arrière ou sur les côtés. Il est d’autant plus vrai lorsque l’édentement est terminal. Les canons
de forage sont situés au-dessus d’une zone de gencive déformable par pression. Des contraintes
excessives peuvent entraîner des déformations élastiques (muqueuse) et plastiques (guide) et
donc des erreurs par rapport au projet initial. Lorsque le guide chirurgical à appui muqueux est
utilisé, la principale source d’erreur est une pression inhomogène appliquée au guide, pouvant
conduire à une bascule et donc une déviation du point d’impact. Pour remédier à cela, il est
conseillé d’utiliser une clé de positionnement occlusal rigide, ainsi que des vis de stabilisation
ou des clavettes trans-osseuses pour le stabiliser. Cependant, la pose des clavettes est délicate
et il faut porter particulièrement attention à ne pas générer des contraintes asymétriques
susceptibles de faire basculer le guide dans une direction donnée.
Précision
De nombreuses études ont été menées sur la précision de la chirurgie assistée par
ordinateur. Dans celles-ci, a été mesuré l’écart entre la position réelle de l’implant et celle,
virtuelle, effectuée sur le logiciel IAO. Elle se détermine en mesurant quatre paramètres :
- la déviation au point d’impact du forage, c’est à dire au col de l’implant (en millimètres)
- la déviation à l’apex où elle est plus importante (en millimètres)
- la déviation suivant l’axe corono-apical (en millimètres)
- l’angulation de l’implant dans un plan déterminé, vestibulo-lingual/palatin ou mésio-distal
(en degrés).
Ces études de précision ont été menées sur la pose d’implant avec guide chirurgical sur des
modèles en plâtre, sur des cadavres ou en situation clinique. Différents appareils de
tomodensitométrie, logiciels, guides ayant des appuis différents ainsi que plusieurs méthodes
d’évaluation ont été utilisés. Cela rend délicat une évaluation dans l’absolu, mais en 2009, deux
équipes ont réussi à faire des recoupements des données (Jung et al. et Schneider et al.) et
donnent des déviations moyennes qui concordent entre elles.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 53!
Quelque soit le système de guidage utilisé, les écarts les plus faibles et quasi-identiques ont
été enregistrés sur les modèles et les cadavres. En clinique, les écarts sont légèrement plus
importants. Les sources d’erreur les plus communes ont lieu lors de la radiographie en bouche
avec le guide radiologique et lors de l’acte chirurgical.
Seulement deux études sur cadavres ont mesuré la déviation de positionnement de
l’implant en hauteur.
Schneider et al. en 2009, ont rassemblés plusieurs études qui ont comparé les déviations
entre la réalité clinique et le projet informatique en fonction du type d’appui du guide
chirurgical. Les résultats montrent que le guide à appui dentaire présente la déviation la plus
faible pour tous les paramètres de distance et d’angulation par rapport aux guides à appui
muqueux et osseux.
Appui du guide Déviation de Déviation de Déviation
position du col position de l’apex angulaire
implantaire implantaire (degrés)
(millimètres) (millimètres)
Dentaire 0,84 1,20 2,82°
Muqueux 1,06 1,60 4,51°
Osseux 1,35 2,06 6,36°
Mesure des déviations entre la réalité clinique et le projet informatique en fonction du type
d’appui du guide chirurgical (d’après Schneider et al. 2009)
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 54!
Jung et al. (2009) ont répertorié plusieurs études mesurant la déviation de position des
implants en fonction du système de guidage utilisé : système de chirurgie guidée statique ou
système chirurgie guidée dynamique. Dans les systèmes de chirurgie guidée statique sont
classés SimPlant® et Nobel Clinician®, utilisant des guides chirurgicaux ; dans les systèmes
de chirurgie guidée dynamique apparaît RoboDent® et d’autres systèmes non décrits ici,
utilisant des caméras infrarouges pour enregistrer la position du contre-angle dans l’espace.
D’après ces chiffres, les systèmes de chirurgie guidée dynamique apparaissent plus précis que
les systèmes de chirurgie guidée statique. Les données étaient insuffisantes pour une analyse
des déviations de position en hauteur et angulaire de l’implant.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 55!
En conclusion, malgré une déviation d’environ 1 millimètre au niveau du col, de l’ordre de 1,6
millimètres au niveau de l’apex et de 0,6 millimètre dans le sens vertical, et d’une différence
d’angulation de 5 à 6°, la chirurgie guidée constitue un réel progrès par rapport au placement
manuel des implants (Nickenig et al.,2009).
La chirurgie guidée est une méthode qui reste néanmoins difficile. Les compétences du
praticien doivent être élevées. En effet, il doit parfaitement maîtriser la pose des implants « à main
levée », afin de pouvoir prendre le relais en cas de complications per-opératoires ou en cas de
défauts du guide chirurgical. L’utilisation de cette technique nécessite une formation spécifique
pour maîtriser le logiciel de planification ainsi que les différentes étapes associées au guide
chirurgical (le positionnement du guide en bouche, le forage et le vissage de l’implant à travers le
canon). De plus, comme dans chaque méthode, il y a une courbe d’apprentissage qu’il faut
impérativement respecter. Un praticien novice devra éviter de se lancer dans un cas trop complexe
pour la première chirurgie.
Cependant, la chirurgie guidée a ses limites. Il est déconseillé de l’utiliser dans certaines
situations :
- Manque de gencive attachée : la chirurgie guidée s’effectue sans lambeau. Une perte de
gencive kératinisée est donc inévitable.
- Extraction-implantation immédiate : il est difficile de prévoir le volume osseux résiduel
après l’extraction. La stabilité du guide chirurgical peut être compromise, et le volume
osseux a pu être surestimé lors de la planification.
- Résection osseuse nécessaire : dans certains cas, le praticien doit réséquer de l’os
alvéolaire avant la pose de l’implant, afin de prévenir le phénomène de résorption péri-
implantaire, mais aussi lorsque la crête alvéolaire est trop fine. La stabilité du guide
chirurgical à appui osseux est donc mise en jeu. Dans ce type de situation, il est
impossible d’utiliser un guide chirurgical à appui muqueux, car ce cas nécessite un
lambeau.
- Greffe nécessaire en zone esthétique : il est parfois nécessaire de combler un manque d’os
ou de gencive par une greffe. Ce type de chirurgie est associé à un lambeau muco-
périosté.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 56!
CONCLUSION
Il existe trois niveaux de logiciels implantaires : les visionneuses, les logiciels de planification
simples et ceux associés à la chirurgie guidée. Les premiers ne comportent finalement que peu
d’intérêts.
Les logiciels de planification ont eux une utilité réelle et quotidienne. Ils permettent une
visualisation précise et claire de la zone à implanter. Les risques s’avèrent complétement identifiés
et vraisemblablement, l’acte chirurgical est plus sécurisé. Pour toutes ces raisons, ces logiciels sont
un bénéfice pour l’acte implantaire et donc le patient.
Cependant, elle nécessite une grande rigueur à toutes les étapes de la réalisation (élaboration
du guide, planification implantaire, chirurgie) afin de limiter les risques d’écart de positionnement
entre le virtuel et le réel. Il convient de souligner que la précision des guides chirurgicaux est
élevée, mais pas absolue, et ne doit pas faire oublier l’instauration de marges chirurgicales
suffisantes.
En outre, cette méthode est intéressante pour le patient : chirurgie peu invasive, peu
traumatisante que ce soit physiquement ou psychologiquement, avec très peu de suites opératoires.
La possibilité dans certains cas favorables de réaliser d’emblée une prothèse fonctionnelle,
représente un avantage certain pour les patients : gain de temps, cicatrisation des tissus mous plus
rapide, absence de phase d’édentement.
Enfin, les progrès permanents de l’imagerie numérique ainsi que le développement continu
des logiciels de planification implantaire font de cette technique non seulement une thérapeutique
de l’avenir, mais d’ores et déjà du présent dans certaines situations cliniques particulières.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 57!
BIBLIOGRAPHIE
2 – Attal P
Description et utilisation des systèmes assistés par ordinateur en chirurgie implantaire et en
prothèse implantaire. (Mémoire pour le diplôme inter-universitaire d’implantologie orale, Lyon ;
2009).
4 – Bellaïche N
Le scanner dentaire : principe, technique, dosimétrie et indications. Publié sur le site internet
www.dentalespace.com. Juin 2005, consulté le 15 juin 2012.
5- Bellaïche N
Indications des techniques d’imagerie en implantologie orale. Publié sur le site internet
www.dentalespace.com. Février 2002, consulté le 15 juin 2012.
6 – Bellaïche N
Le logiciel SimPlant : La simulation implantaire au cabinet du praticien. Prothèse Dentaire,
1997 ; (129) : 25-30.
7 - Bert M, Missika P
Les clés du succès en implantologie : prévenir les complications et les échecs. Rueil-
Malmaison, Ed. CdP, 2009.
8 – Branemark Pl
Vital microscopy of bone marrow in rabbit. Scand J Lab Invest 1959 ; 11 (suppl.38) : 1-82
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 58!
9 – Chaumeil B, Bonneville JP
Informatique odontologique : du B.A BA à la matrîse. Rueil-Malmaison, Ed. CdP, 2004.
10 – Choquet V
Clinical and radiographic evaluation of the papilla level adjacent to single-tooth dental
implants. A retrospective study in the maxillary anterior region. J. Periodontol 2001, 72,
(10) :1364-1371.
11 – Corcos M
Imagerie et navigation chirurgicale. Le fil dentaire 2007 ; 24 :50-1.
14 - Debarnot M.
Intérêts du guide chirurgical en implantologie. Description d’un procédé conçu par
informatique : le système CAD IMPLANT™. (Thèse : Chir. Dent. Lyon ; 2001, 07).
16 - Durif V.
Exploitation du logiciel de simulation implantaire SimPlant®, et utilisation d’un guide
chirurgical stéréolithographique SAFE system. (Thèse : Chir. Dent. : Lyon : 2006 : 003).
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 59!
22 – Kasemo B
Biocompatibility of titanium implants : surface science aspects. J.Prosthet.Dent., 1983 ; 49 :
832-837.
23 – Keystone Dental
Easyguide : www.keystonedental.com/easyguide/ 2011, consulté le 17 mai 2012.
24 - Lacan A
Interprétation d’un examen scanner : Dentascan en implantologie dentaire. Alternatives
1999 ; 1 : 5-12.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 60!
30 – Nobel Biocare
NobelClinician : http://www.nobelbiocare.com/fr/products-solutions/treatment-planning-guided-
surgery/default.aspx 2011, consulté le 17 mai 2012.
32 – Perrin Y
Intérêt et évolution des différents examens complémentaires radiologiques en implantologie.
(Thèse : Chir. Dent. :Nancy : 2005).
33 – RoboDent France
RoboDent et Navipad : http://www.blog66.com/Robodent/Article-Robodent-France-11,158.html
2011, consulté le 17 mai 2012.
36 – Tardieu P.
Aide informatique à la planification et à la réalisation des traitements implantaires. Le
concept MATERIALISE et le programme SurgiCase. Magazine : article publié sur le site
internet de Dental Espace ; 2000 (http://www.dentalespace.com), consulté le 25 mai 2012.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
! 61!
37 – Tardieu P.
L’implantologie assistée par ordinateur illustrée. Cas clinique d’une mise en charge
immédiate complète mandibulaire. Article publié sur le site internet ABCDent ; 2000.
(http://www.adcdent.com), consulté le 25 mai 2012.
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
N° 2013 LYO 1D 004
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)
THÈ
TH ÈSES MAZENOD
℡ 06 01 99 75 70
contact@imprimerie-mazenod.com
www.thesesmazenod.fr
RULLIERE
(CC BY-NC-ND 2.0)