Chapitre 2
Chapitre 2
Chapitre 2
Tunisie
Le ministère des finances s’est engagé ses dernières années dans une vaste
réforme qui vise la modernisation des finances publiques à travers la révision du
cadre de gestion budgétaire et comptable. Cette réforme couvre les trois axes
majeurs de l’activité financière de l’Etat à savoir le budget, la performance et les
comptes publics.
La révision du cadre de gestion budgétaire vise l’instauration d’une gestion axée
sur les objectifs et s’achemine par conséquent d’une optique budgétaire fondée
sur les moyens vers une focalisation sur les résultats au regard à des objectifs
stratégiques tracés sur une perspective triennale.
La gestion du budget par objectifs se traduit par une présentation des lois des
finances plus lisibles qui détaillent les ressources publiques allouées aux
différentes politiques publiques en les présentant en missions et programmes
assortis d'objectifs et d'indicateurs de mesure de performance chiffrés retraçant
les effets escomptés des dépenses publiques. Ainsi, les responsables de
programmes rendront compte non seulement de l’emploi des ressources mais
aussi des performances de leurs services.
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Le but recherché est de mener la gestion publique dans une optique de
performance, d’améliorer l’efficacité et l’efficience de l’action publique et de
concrétiser les principes de la gouvernance dans la gestion publique pour plus de
transparence et une reddition de qualité au profit des parlementaires.
Cette réforme a été couronnée par l’adoption en 2019 du la loi organique n°15 -
2019 du 13/2/2019 relative à la loi organique du budget.
Cette nouvelle loi constitue l’aboutissement d’un processus de réforme entamé
en 2004 à travers l’amendement de l’article 11 de la loi organique du Budget de
1967 pour introduire la possibilité de présenter le budget de l’Etat par
programme assorties d'objectifs et d'indicateurs de mesure de la performance. A
cet effet, l’article 11 dispose que « la loi de finances peut autoriser l’affectation
des crédits selon des programmes et missions. Les programmes comprennent les
crédits [...] en vue d’atteindre des objectifs déterminés et des résultats pouvant
être évalués. Les missions comprennent un ensemble de programmes concourant
à concrétiser une stratégie d’intérêt national. Les programmes et missions sont
fixés par décret ».
Cet amendement de l’article 11 de la loi organique du Budget de 1967 a permis
une mise en œuvre progressive de la gestion budgétaire par objectifs à travers
son expérimentation par des ministères pilotes à partir de l’année 2013
conformément à une circulaire de performance des politiques publiques validé
par un conseil ministériel en juin 2012. Cette circulaire a spécifié la démarche à
suivre par les ministères pilotes pour présenter leur budget au pouvoir législatif
en mode GBO.
Cette réforme budgétaire s’est accompagnée d’une nouvelle organisation
comptable de l’Etat afin de répondre aux principes de gouvernance exigés par le
nouveau mode de gestion budgétaire par objectifs notamment de performance,
de transparence et de reddition de qualité des comptes publics. C’est ainsi que la
divulgation d’une information financière qui représente une image fidèle de la
situation financière de l’Etat et de ses performances et qui revêt notamment les
qualités de pertinence, de fiabilité et de comparabilité est indispensable pour
atteindre ses objectifs et éclairer le parlement sur les moyens alloués aux
politiques publiques et sur l’évaluation de la performance à travers l’adoption
des indicateurs de mesure aussi bien qualitatifs que quantitatifs.
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Cette réflexion a été concrétiser par l’adoption d’une nouvelle organisation de
la comptabilité de l’Etat qui cohabite trois types de comptabilité à savoir :
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Le paysage organisationnel au niveau des ministères est varié et en vue d'assurer
l'efficience d'une politique publique, plusieurs acteurs interviennent notamment
des directions générales, des directions régionales, des établissements publics à
caractère administratif, des entreprises publiques...
A côté du tissu administratif relevant des ministères, les établissements publics à
caractère administratif jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre des politiques
publiques et la réalisation des objectifs fixés par la stratégie globale de l’Etat.
Dans ce cadre, l’article 34 du la loi organique du budget n°15 -2019 du 13/2/2019
affirme que les établissements publics à caractère administratif contribuent à la
réalisation des objectifs d’un ou de plusieurs programmes.
Cet article permet de compléter le schéma de déclinaison opérationnelle des
programmes en sous programmes, activités et unités opérationnelles.
De cette déclinaison, les établissements publics à caractère administratif sont
considérés des unités opérationnelles qui constituent la structure chargée de
l'exécution de certaines activités et sous activités d’un programme déterminé.
Partant de ce fait, l’information financière publiées par les établissements publics
à caractère administratif joue un rôle déterminant dans le processus d’évaluation
de performance et de calcul de coûts de programme et sous programmes d’où la
nécessité de doter ces établissements publics d’un cadre comptable permettant de
répondre aux principes de bonnes gouvernances exigées par la loi organique du
budget notamment la transparence, l’efficacité et l’efficience.
Dans ce cadre, l’article 68 du code de la comptabilité publique tel que modifié
par la loi des finances n °2013-54 du 30 décembre 2013 a prévu que les
opérations des établissements publics seront inscrites dans une comptabilité
générale conformément à des normes comptables inspirées du référentiel
international.
Le Conseil National des Normes des Comptes Publics
a. Objectifs
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établir des règles communes dans le double but d’uniformiser et de
rationaliser la présentation des informations comptables au service des
différents utilisateurs de l’information financière ;
contribuer à l’harmonisation et l’amélioration des pratiques comptables ;
aligner le système comptable des entités publiques sur les normes
comptables internationales en vigueur pour le secteur public ;
contribuer à la démarche de la certification des comptes de l’Etat dans une
logique de comptabilité d’exercice ;
œuvrer à la consolidation des données relatives aux entités du secteur
public.
b. Missions
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- les IPSAS fondés sur les IFRS conçus pour le secteur privé, ne prennent
pas en compte de façon exhaustive toutes les spécificités des entités du
secteur public
- les spécificités de l’action publique en Tunisie et de son modèle
administratif, juridique et institutionnel
- les IPSAS prévoient divers choix pour le traitement comptable de
certaines opérations laissant aux normalisateurs nationaux le choix du
modèle à retenir
- le degré de développement des marchés en Tunisie et notamment du
marché financier
- le degré d’applicabilité des normes IPSAS est tributaire non seulement de
l’appréciation du rapport avantage / coût des dispositions normatives pour
l’Etat mais également de la culture comptable actuelle
- nécessité de prévoir des dispositions transitoires au niveau de certaines
normes pour tenir compte de la prédisposition organisationnelle,
technique et informatique des administrations concernées.
- motif pédagogique et d’appropriation
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norme des comptes de l’Etat relative aux dettes financières et instruments
financiers à terme.
- Norme des comptes des collectivités locales NCCL 05 : les charges »
approuvée par Arrêté du ministre des finances du 12 septembre 2019,
portant approbation de la norme des comptes de l’Etat relative aux
charges.
- Norme des comptes des collectivités locales NCCL 06 : les créances »
approuvée par arrêté du ministre des finances du 16 octobre 2019, portant
approbation de la norme des comptes de l’Etat relative aux créances