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P 9-Poesies Nature-2

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L’arbre

Perdu au milieu de la ville,


L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les parkings, c’est pour stationner,


Les camions pour embouteiller,
Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les télés, c’est pour regarder,


Les transistors pour écouter,
Les murs pour la publicité,
Les magasins pour acheter.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? […]

Il suffit de demander
À l’oiseau qui chante à la cime

De Jacques Charpentreau
Pauvres champignons
Quand je vais dans la forêt
Je regarde les champignons
L’amanite elle a la grippe
La coulemelle n’est pas très très belle
La morille est mangée de chenilles
Le bolet n’est pas frais, frais, frais
La girolle fait un peu la folle
La langue de bœuf n’a plus le foie neuf
Le lactaire est très en colère
La clavaire ça c’est son affaire
Le cèpe de son côté perd la tête
Moi, je préfère les champignons de Paris
Eux, au moins, n’ont pas de maladies.

De Pascale Pautrat
Vent léger
Qui passe sur mon nez
Caresse ma joue
Joue dans mes cheveux
Frôle mes yeux ?
Le vent malicieux !

Qui chuchote à mon oreille


Agite les feuilles
Souffle sur le gazon
Pousse mon ballon ?
Le vent vagabond !

Qui touche ma main


File entre mes doigts
Sans que je le vois ?
Le vent coquin !

Où est-il passé ?
Léger, léger…
Il s’est envolé
Et revient me chatouiller !

De Marie Tenaille
Les quatre éléments
L’air c’est rafraichissant
Le feu c’est dévorant
La terre c’est tournant
L’eau – c’est tout différent.

L’air c’est toujours du vent


Le feu c’est toujours bougeant
La terre c’est toujours vivant
L’eau – c’est tout différent.

L’air c’est toujours changeant


Le feu c’est toujours mangeant
La terre c’est toujours germant
L’eau – c’est tout différent.

Et combien davantage encore ces drôles d’hommes


espèces de vivants
qui ne se croient jamais dans leur vrai élément

De Claude Roy
Tu dis…
Tu dis sable
et déjà
la mer est à tes pieds

Tu dis forêt
et déjà
les arbres te tendent leurs bras

Tu dis colline
et déjà
le sentier court avec toi vers le sommet

Tu dis nuages
et déjà
un cumulus t’offre la promesse du voyage

Tu dis poème
et déjà
les mots volent et dansent comme des étincelles dans la cheminée.

De Joseph-Paul Schneider
Le hérisson
Bien que je sois très pacifique
Ce que je pique et pique et pique,
Se lamentait le hérisson.
Je n’ai pas un seul compagnon.
Je suis pareil à un buisson,
Un tout petit buisson d’épines
Qui marcherait sur des chaussons.
J’envie la taupe, ma cousine,
Douce comme un gant de velours
Emergeant soudain des labours.
Il faut toujours que tu te plaignes,
Me reproche la musaraigne.
Certes, je sais me mettre en boule
Ainsi qu’une grosse châtaigne,
Mais c’est surtout lorsque je roule
Plein de piquants, sous un buisson,
Que je pique, et pique et repique,
Moi qui suis si, si pacifique,
Se lamentait le hérisson.

De Maurice Carême
La fourmi
Une fourmi de dix-huit mètres
avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi traînant un char


plein de pingouins et de canards
ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi parlant français


parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas
eh ! et pourquoi pas !

De Robert Desnos
La girafe
La girafe et la girouette,
Vent du sud et vent de l'est,
Tendent leur cou vers l'alouette,
Vent du nord et vent de l'ouest.
Toutes deux vivent près du ciel,
Vent du sud et vent de l'est,
A la hauteur des hirondelles,
Vent du nord et vent de l'ouest.
Et l'hirondelle pirouette,
Vent du sud et vent de l'est,
En été sur les girouettes,
Vent du nord et vent de l'ouest.
L'hirondelle, fait, des paraphes,
Vent du sud et vent de l'est,
Tout l'hiver autour des girafes,
Vent du nord et vent de l'ouest.

De Robert Desnos
Les hiboux
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d'or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c'était chez les fous.

De Robert Desnos
Le zèbre
Broutant dans les hautes herbes
Un zèbre
Rêvait d’une veste en soie
A pois
Il n’est pas de très bon ton
Dit-on
De mêler pois et rayures
Pour sûr
Et puis porter une veste
Du reste
Par-dessus un pyjama
Jamais
Surtout sans nœud papillon
Voyons.

De Pierre Lebigre
Le pélican
Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-Orient,
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un œuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

De Robert Desnos
Le tamanoir
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Ciel bleu, ciel gris, ciel blanc, ciel noir.
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Œil bleu, œil gris, œil blanc, œil noir.
- Avez-vous vu le tamanoir ?
Vin bleu, vin gris, vin blanc, vin noir.

Je n’ai pas vu le tamanoir !


Il est rentré dans son manoir
Et puis avec son éteignoir
Il a coiffé tous les bougeoirs.
Il fait tout noir.

De Robert Desnos
Les larmes du crocodile
Si vous passez au bord du Nil
Où le délicat crocodile
Croque en pleurant la tendre Odile,
Emportez un mouchoir de fil.

Essuyez les pleurs du reptile


Perlant aux pointes de ses cils,
Et consolez le crocodile :
C'est un animal très civil.

Sur les bords du Nil en exil,


Pourquoi ce saurien pleure-t-il ?
C'est qu'il a les larmes faciles
Le crocodile qui croque Odile.

De Jacques Charpentreau
Le petit cygne
Avez-vous vu le berceau blanc
Du petit cygne sur l'étang,
Berceau de vair, berceau de plumes
Que l'eau berce comme la lune ;
Oui, ce berceau qui se balance
Blanc sur des palmes de silence,
Et qui avance, et qui recule
Sur l'eau couleur de renoncule,
Et qui flotte sur des étoiles
En dérivant comme des voiles.
L'avez-vous vu ce berceau blanc
Et le petit cygne dedans,
Bercé, balancé, avançant
Les yeux mi-clos, le bec au vent,
Heureux, heureux comme un enfant
Sur le dos blanc de sa maman.

De Maurice Carême

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