CE Vaccin
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Préambule
La vaccination est un des grands succès de la médecine. De nos jours, beaucoup de professionnels de la santé ainsi
que la plupart des parents et même des grands-parents de jeunes enfants n’ont jamais vu de personnes atteintes de
maladies évitables par la vaccination, telles la diphtérie, la poliomyélite et la rougeole. Ils n’ont donc jamais vu, non
plus, ni les complications ni les décès qu’entraînent ces maladies.
Étant donné ces succès, les regards sont maintenant plutôt tournés vers les risques, ou les allégations de risques,
associés aux vaccins que vers les risques de maladies qui semblent disparues. C’est pourquoi l’on dit que la
vaccination est victime de son succès. Comme le nombre de vaccins offerts augmente, et comme les personnes sont
libres de se faire vacciner ou de faire vacciner leurs enfants, le succès des programmes de vaccination ne pourra se
maintenir que si la population a une très grande confiance en cette mesure.
Pour les aider à prendre une décision éclairée, les parents des jeunes enfants et la population en général comptent
sur les professionnels de la santé, qu’ils considèrent comme une source d’information fiable à même de leur donner
des réponses justes et franches basées sur les données scientifiques les plus récentes. Les médecins et les
infirmières jouent donc un rôle primordial dans la réussite des programmes de vaccination.
Ce document comprend deux parties. Dans la première sont présentés quelques exemples récents des effets de la
vaccination sur les maladies. La deuxième partie, qui emprunte la forme d’une « foire aux questions », vise à outiller
les vaccinateurs pour répondre aux interrogations, craintes et réticences qui pourront être exprimées au cours de ces
rencontres. De plus, des références choisies disponibles sur Internet sont énumérées à la fin du document.
Les vaccinateurs peuvent être fiers de leur travail, et profondément convaincus que leur tâche est essentielle. Il est
clairement démontré que, si l’on diminue ou si l’on cesse la vaccination, les maladies visées reprennent leur place,
avec leur lot de complications. Nos bonnes conditions de vie et notre système de soins ne pourront empêcher ce
retour. La vaccination est donc là pour rester.
Malgré ces faits, il n’est pas toujours facile pour certains vaccinateurs de se convaincre de l’importance de la
vaccination. D’abord, plusieurs des maladies évitables par la vaccination sont maintenant rares dans nos milieux,
quand elles n’en sont pas absentes. Ensuite, les programmes de vaccination implantés récemment visent des
maladies moins fréquentes dans la population (ex. : infections invasives causées par le pneumocoque). Ce sont les
infirmières et les médecins en milieu hospitalier qui voient ces cas de maladies, et non les vaccinateurs. La varicelle,
quant à elle, est souvent perçue comme une maladie bénigne, ce qui n’est pas toujours le cas.
Éléments de communication
1. Au Québec, comment la population perçoit-elle la vaccination ?
Le plus souvent, le vaccinateur rencontrera des personnes qui sont favorables à la vaccination, mais qui ont des
réticences ou des inquiétudes en raison des risques, réels ou supposés, qu’elles lui associent. Plusieurs facteurs sont
associés à une perception accrue du risque de la vaccination :
Quand le programme de vaccination a du succès, les maladies évitables par la vaccination (MEV) ne sont plus
visibles : les avantages de la vaccination paraissent alors moins importants que ses risques.
Les maladies visées par les nouveaux programmes sont peu visibles (ex. : infections causées par le pneumocoque)
ou sont considérées comme des maladies bénignes (ex. : varicelle).
Un risque pour un enfant est moins acceptable que pour un adulte.
Un risque est mieux accepté s’il est associé à un traitement (ex. : antibiotiques pour une pneumonie) que s’il est
associé à un acte préventif comme une vaccination.
Un risque naturel est mieux accepté qu’un risque associé à une intervention humaine.
Certaines personnes jugent que le risque que leur enfant contracte une maladie évitable par la vaccination est plus
acceptable que le risque qu’il subisse un effet secondaire à un vaccin.
La perception du risque est aussi très variable d’une personne à l’autre. Elle dépend notamment de l’histoire de la
personne elle-même (ou de celle de ses proches), de son tempérament, de ses valeurs et de son milieu.
Le processus psychologique menant à une décision varie d’une personne à l’autre et n’est pas le résultat d’une
analyse mathématique de la balance des avantages et des risques. De plus, l’avis du professionnel de la santé tient
une place importante dans la prise de décision.
2. Quels éléments de base devraient orienter les rencontres avec les personnes à vacciner ou leurs parents ?
Voici quelques éléments de base de même que certains éléments spécifiques à l’acte vaccinal qui devraient orienter
ces rencontres :
1. BOULIANNE, Nicole, Richard BRADET, Diane AUDET et Geneviève Deceuninck, Enquête sur la
couverture vaccinale des enfants québécois en 2008, INSPQ, 2010.
Écouter la personne, répondre à ses questions, vérifier l’origine de ses craintes.
Donner une information équilibrée (risques et bénéfices de la vaccination).
Utiliser un langage accessible.
Avoir des informations écrites à portée de main (feuillet ou dépliant).
Démentir les fausses informations (par exemple, celle voulant que le vaccin RRO causerait l’autisme, comme on a
déjà entendu).
Reconnaître que des zones d’ombre demeurent, surtout dans le cas de nouveaux vaccins (ex. : informations
manquantes sur la durée de l’efficacité, sur les effets secondaires très rares), mais préciser que les mécanismes
(surveillance, recherche) pour trouver les réponses sont en place.
Montrer que l’on croit soi-même à l’importance de la vaccination, ne pas rester neutre.
Ne jamais perdre de vue que la décision finale revient aux parents ou à la personne elle-même.
Utiliser les principes de l’entretien motivationnel :
Alors que la majorité des personnes veulent se faire vacciner ou faire vacciner leur enfant, certaines sont réticentes,
inquiètes ou indécises. Tenter de convaincre des bienfaits de la vaccination par des faits scientifiques peut générer
encore plus de résistance. L’entretien motivationnel est une façon d’intervenir auprès d’une personne pour la guider
dans un processus de changement.
Cette méthode est basée sur l’empathie, la non-argumentation, l’exploration de l’ambivalence et le respect de
l’autonomie. Elle est utilisée avec les questions ouvertes, l’écoute réflective et la valorisation. Bien que ces approches
soient familières et appliquées de façon intuitive, l’entretien motivationnel amène le professionnel à les utiliser d’une
façon structurée et consciente. Son efficacité est telle que même une courte intervention a des effets plus grands
qu’une intervention de même durée axée sur les conseils fournis dans une relation expert-patient. Pour plus
d’information, lire « L’entretien motivationnel : un vaccin contre la résistance du patient ? », par Sylvie Venne et Gisèle
Trudeau, paru dans Le médecin du Québec en novembre 2009 ;
www.fmoq.org/fr/mdq/archives/00/2009/numero.aspx?num=11.
Généralités
3. Les vaccins sont-ils efficaces ?
Oui. Ils sont très efficaces. Grâce à eux, la variole a été éradiquée de la planète. Le Canada a été déclaré exempt de
poliomyélite en 1994. Plusieurs maladies, comme la diphtérie, le tétanos, la rougeole et la rubéole, sont maintenant
très rares et même exceptionnelles au Canada. La première cause de méningite bactérienne chez les enfants,
Haemophilus influenzae de type b, a été mise en échec grâce à la vaccination. Dans les cohortes de jeunes vaccinés,
l’hépatite B a pratiquement disparu.
L’efficacité des vaccins est également démontrée lorsque les maladies réapparaissent après une diminution des
couvertures vaccinales dans une population ou lorsqu’une population refuse la vaccination. Des éclosions de
maladies se produisent régulièrement dans de petites communautés non vaccinées pour des raisons religieuses ou
philosophiques (ex. : rougeole en 2007 en Estrie). Plus graves sont les épidémies consécutives à la chute des
couvertures vaccinales dans des pays qui auparavant contrôlaient bien ces maladies (ex. : coqueluche, diphtérie,
rougeole).
La vaccination contre une maladie permet à la personne vaccinée adéquatement (qui a reçu le nombre de doses
requis) d’éviter cette maladie et ses complications. Avec la vaccination se produit en outre un phénomène d’immunité
collective, présent lorsque la grande majorité de la population est vaccinée contre une maladie donnée : si la plupart
des membres d’une communauté ne peuvent ni contracter ni transmettre une maladie, les personnes qui ne peuvent
pas être vaccinées ou chez qui le vaccin n’a pas eu l’effet attendu seront néanmoins protégées, par ricochet pour ainsi
dire.