L'arbre Dans Le Paysage Sénégalais
L'arbre Dans Le Paysage Sénégalais
L'arbre Dans Le Paysage Sénégalais
GIFFARD
CONSERVATEUR DES EAUX ET FOR$TS
SYLVICULTURE EN AZONE
TROPICALE SÈCElE
PRÉFACE
Je suis, depuis une vingtaine d’annees, les etudes de M. GIFFARD au Sénégal sur l’arbre. C’est un maî-
tre et il a toujours été, en matière de reboisement, le guide de mon gouvernement.
Les phytogéographes nous apprennent qu’au cours d’une période géologique très arrosée, qu’ils situent
au Paléolithique ancien, l’ensemble du Sénégal etait couvert d’une forêt comparable à celle qu’on observe,
aujourd’hui, en Basse-Casamance. La péjoration climatique, qui caractérisa, ultérieurement, l’ère quaternaire,
a entraîné une descente progressive des essences forestières vers des latitudes plus basses. Les feux de brous-
se, qui ravagent l’Afrique tropicale depuis des siècles et dont l’action nefaste s’est intensifiée au cours des der-
nières décennies, les défrichements, pourtant nécessaires à l’agriculture, qui donnèrent lieu à une déforestation
irrationnelle, la phase climatique aride que nous subissons depuis 1968, et qui a décimé les arbres dans le
Sahel, se traduisent, partout, par une régression de la végétation arborée.
Comme je le disais au VIIe Congrès de l’U.P.S., si l’on veut arrêter, singulièrement faire reculer, le pro-
cessus de désertification, la première action à mener est de protéger et de régénérer les forêts. Et cela pour
plusieurs raisons, dont la première est que, par leurs feuilles, les plantes, surtout les arbres, en transpirant,
rejettent, dans l’air, cette vapeur d’eau dont sont faits les nuages.
D’autre part, la forêt exerce, sur le sol, passivement au demeurant, trois actions bénéfiques, Grâce à
l’ombre qu’elle fait, mais aussi à la broussaille et à la strate graminéenne qui recouvre immédiatement le sol,
la forêt maintient l’humidité de la terre arable, qui, elle aussi, transpire. Celle-ci est, d’autre part, constam-
ment enrichie par les feuilles et les détritus organiques. Enfin, tous ces éléments - herbes, branches mortes,
feuilles et surtout racines des plantes - retiennent les eaux de pluie, qui, en pénétrant dans le sol, alimentent
régulièrement les cours d’eau, mais, d’abord, la nappe phreatique.
C’est pourquoi, si nous voulons arrêter la désertification, qui menace notre pays avec les autres pays
soudano-sahéliens, nous ferons de l’ouvrage de M. GIFFARD notre livre de chevet - pour l’action.
L’ARBRE ET LE MILIEU
CHAPITRE PREMIER
La climatologie forestière cherche a donner, par la connaissance du milieu actuel et pré-actuel, une expli-
cation à la répartition a l’échelle mondiale des différentes formations et à comprendre pourquoi on trouve
dans un pays ou dans une région certains types de forêts ou certaines espèces alors qu’elles n!existent pas dans
d’autres, Elle fait appel à tous les paramètres du climat qui ont une influence directe ou indirecte sur la bio-
logie végétale, permettant ainsi d’établir des rapprochements entre des groupements vegétaux de zones éloignées,
floristiquement différentes mais écologiquement comparables. Cette discipline est indispensable au sylviculteur,
surtout dans les régions tropicales où, souvent, il ne bénéficie pas de l’expérience de ses prédécesseurs car elle
lui permet d’orienter ses recherches en choisissant les essences à introduire parmi celles qui ont le plus de chan-
ce de s’acclimater.
AUBREVI LLE (1949) a été l’un des premiers Zr mettre en évidence l’étroite dépendance qui existe en
Afrique tropicale entre le climat et les formations forestières et à insister sur le rôle de la répartition des pré:
cipitations au cours de l’année et sur la longueur de la saison sèche. Il a établi une classification des climats
écologiques forestiers et il a divisé le continent en zones où, Zr quelques variantes près liées au substratum ou
au relief, on rencontre des peuplements identiques ou comparables. Toutefois, a l’échelle régionale, la clima-
tologie forestière demeure aujourd’hui encore très rudimentaire car les renseignements météorologiques dispo-
nibles sont peu abondants et, surtout, les données statistiques moyennes ne portent que sur des séries d’an-
nées très limitées.
On a tendance à croire que, dans les zones soudaniennes et sahéliennes, l’année comporte deux saisons,
l’une sèche, l’autre pluvieuse. Les agriculteurs et les eleveurs sénégalais, se basant sur la pluviosité et sur la pro-
gression des températures, la divisent en cinq périodes qui portent chacune un nom dans les dialectes ouolof
et toucouleur. Ces nuances saisonnières qui apparaissent mal à travers les moyennes mensuelles de la météoro-
logie revêtent une importance capitale car elles conditionnent les phases’successives du calendrier rural et elles
nuancent les divisions régionales du pays qu’on continue de délimiter par une sommaire zonation longitudina-
le des isohyètes annuelles (P. MORAL - 1965).
Le (o-rot-)) chez les Ouolofs ou le (ldabundé)) chez les Toucouleurs s’étend de décembre 2 mars. C’est une
période fraîche, marquée par l’alizé maritime sur le littoral au nord de la presqu’île du Cap-Vert, soumise a
l’alizé continental sur la côte au sud de Dakar et dans les stations de l’intérieur. Le ciel demeure en général
clair, le thermomètre n’accuse que des maxima peu prononcés, les nuits sont relativement froides. Quelques
ondées légères, les pluies de ((Heug)), peuvent se produire, surtout dans le Nord-Ouest. Les mares de la zone
sylvo-pastorale s’assèchent et les troupeaux commencent à se diriger vers les forages profonds ou à descendre
vers les terres salées et humides du SineSaloum. Les cultivateurs finissent d’engranger les mils et les sorgho
ou de battre l’arachide. Les plantes herbacées se dessèchent et la végétation forestière se défeuille progressi-
vement. Les premiers incendies de pâturage apparaissent dans le nord du pays.
Le ffwor8 des Oulofs ou le ((tchiédu)) des Toucouleurs s’installe en mars. C’est la période de l’année la
plus chaude et la plus aride. Elle est caractérisée par le souffle brûlant de l’harmattan; les températures maxi-
males moyennes atteignent ou dépassent 4O’C et les nuits demeurent chaudes. La côte atlantique bénéficie
encore du flux maritime tempéré entraîné par l’alizé mais son action s’estompe rapidement après avoir franchi
le littoral. Les herbes sont réduites ZI l’état de paille sur pied, les arbres présentent le plus souvent des cîmes
dénudées. Un peu partout des feux itinérants parcourent la campagne, calcinant la végétation et dégradant les
sols sur de grandes étendues.
Le ((tioron)) pour les Quolofs ou le ((s&ellé)) pour les Toucouleurs constitue une phase de transition qui
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commence en mai et qui prend fin avec l’etabiissement de la saison des pluies. Sa dur6e varie avec la latitude
et suivant les annees. Elle est en général plus brève dans le sud que dans le nord, dans l’est que dans l’ouest.
Certains auteurs ont donné à cette saison le nom de ((printemps sénégalais)) car les arbres et les arbustes bour-
geonnent puis se couvrent de feuilles, souvent même de fleurs. Les températures demeurent élevées mais le
temps devient humide et assez étouffant, le ciel reste couvert. C’est l’époque où les éleveurs qui avaient
transhumé vers le Sud regagnent le Ferlo et où ceux qui s’étaient rassemblés près des forages réoccupent les
campements de saison des pluies. Partout les agriculteurs defrichent et preparent les terrains qui seront culti-
vés.
Le ((navet)) des Oulofs ou le wduggu)) des Toucouleurs correspond avec les mois pluvieux, période que
les citadins ont baptisé ((hivernage)). Elle débute en juin dans le Sénégal-Oriental et en HauteCasamance,en
juillet dans le Centre-Ouest et en Basse-Casamance, souvent en août seulement sur le littoral septentrional.
Elle se termine partout dans la première quinzaine d’octobre. C’est la saison des cultures et des plantations
forestières, une époque d’abondance pour le bétail. La fréquence des précipitations et la hauteur de la lame
d’eau décroissent rapidement quand on progresse sur un méridien; au nord du 14ème parallèle, elles s’ame-
nuisent au fur et à mesure qu’on se rapproche de la mer.
Le ((satoumbar)) chez les Ouolofs ou le ((kaulé)) chez les Toucouleurs est la phase de transition qui pré-
cède la saison sèche. L’atmosphère demeure humide et étouffante, surtout sur la côte au nord de la presqu’île
du Cap-Vert. Quelques pluies peuvent encore intervenir dans le sud du pays d’où le nom de ((queue d’hiverna-
ge)) donné à ces semaines. Les cultivateurs récoltent céréales et arachide; les éleveurs restent à proximité des
mares temporaires qui sont encore bien pourvues en eau. La végetation herbacée commence à jaunir et les
feuilles de nombreuses espèces arborées prennent une teinte gris poussière.
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l- LES VENTS
La circulation des vents sur l’Afrique occidentale et centrale est régie par trois anticyclones subtropi-
caux ; Açores, Libye et Sainte-Hélène (Fig. 11. Ces ceintures de hautes pressions, présentes toute l’année, sont
animées de mouvements saisonniers dont les variations de cote et de position modifient les caractéristiques
de la zone de convergence intertropicale, réglant l’évolution du temps.
Situé à la pointe occidentale de l’Afrique, le Sénégal est toutefois soumis a un régime légèrement diffé-
rent de celui qui règne a latitude égale a l’intérieur du continent. Il en résulte des répercussions sur un certain
nombre de paramètres du climat, en particulier sur la température, sur la pluviosité et sur l’humidité atmos-
phérique.
111 - L’aliid
L’anticyclone des Açores atteint sa position la plus septentrionale en juillet-août, époque où la zone de
convergence se trouve au nord de l’Afrique sahélienne. Il gagne sa situation la plus méridionale en janvier-
février, dirigeant alors vers l’ouest du continent un flux des secteurs Nord, Nord-Est, l’alizé maritime, commu-
nément appelé alizé, qui rejette la zone de convergence intertropicale au sud du dixième parallèle où elle est
rapidement bloquée par l’anticyclone de Sainte-Hélène.
Soufflant d’une façon à peu près permanente sur l’Atlantique entre la latitude des Canaries et celle des
îles du Cap-Vert, l’alizé aborde la côte du Sénégal à faible altitude entre novembre et mai. Il est alors dévié
au contact de la masse continentale et son action dans les basses couches atmosphériques s’estompe rapidement.
Elle ne s’étend guère au-dela d’une trentaine de kilomètres sur le littoral septentrional; elle se fait à peine
sentir sur le rivage au sud de la presqu’île du Cap-Vert; elle est presque imperceptible en Casamance mariti-
me, le vent soufflant en altitude, rarement au niveau du sol,
Bien qu’entraînant 6 a 11 g de vapeur d’eau par mètre cube d’air, l’alizé ne provoque qu’exceptionnel-
lement des pluies car il se déplace vers des régions de plus en plus chaudes où la vapeur s’éloigne du point
de saturation. Il rafraichit toutefois l’atmosphère et il donne souvent lieu à des condensations nocturnes si
bien que son influence sur la végétation est loin d’être négligeable. C’est lui qui autorise le maintien d’E/aejs
guhwxis entre Dakar et Lompoul dans un district où les précipitations annuelles sont inférieures de 800 mm à
celles de l’aire actuelle du Palmier à Huile; c’est lui qui, compensant le déficit d’eau météorique en +Basse-
Casamance, permet la regénération d’une flore à affinité guinéenne qui, d’après son écologie, devrait recevoir
500 mm deau supplémentaire par an.
112 - La Mousson
L’anticyclone de Sainte-Hélène est caractérisé par une faible amplitude de mouvements saisonniers et
de cotes. Son extension méridienne entre le 20’ Ouest et le 5’ Est, sa position moyenne plus proche des tro-
piques que celle de l’anticyclone des Açores font qu’il intéresse toujours les régions voisines de l’équateur, Il
atteint sa situation la plus septentrionale en août.
Au cours de l’été, lorsque de grandes dépressions règnent sur l’Afrique du Nord-Est et sur l’Asie du
6
Fig, 1
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Sud-Ouest, il engendre un courant aérien du secteur Ouest, l’alizé austral, qui se charge d’humidité au-dessus de
l’océan et qui se transforme en pseudo-mousson. Ce flux, souvent désigne sous le nom de mousson, traverse
lentement le continent africain d’Ouest en Est à basse altitude, remontant vers le Tropique du Cancer au fur
et à mesure qu’il se renforce et que les courants septentrionaux s’affaiblissent. Il pénètre au Sénégal en mai
par le Sud-Est du pays puis il se déplace vers le littoral, souvent retardé par l’alizé maritime qui, bien qu’atté-
nué, continue à se faire sentir. Ce n’est qu’en août, parfois même au début de septembre, qu’il atteint le maxi-
mum de son extension dans le Delta.
Tiède et chargée de 15 à 20 g de vapeur d’eau par mètre cube d’air, la mousson alimente les précipita-
tions mais, au préalable, elle fait monter l’hygrométrie dans une bande de 200 à 300 km au-dela du front
des pluies. Son action sur la végétation se traduit donc non seulement par l’intensité de la pluviosité mais
aussi par une diminution du déficit de saturation qui entraîne le débourrage des arbres et des arbustes plu-
sieurs semaines avant les premières averses. Les espèces caducifoliées qui sont dénudées pendant la saison
sèche se couvrent de bourgeons, les espèces sempervirentes remplacent souvent les feuilles de l’année précé-
dente par de nouvelles. Toutefois, si les précipitations tardent à venir, les bourgeons se dessèchent, les jeunes
pousses flétrissent, parfois même les arbres dont l’alimentation hydrique est déséquilibrée sèchent en cime ou
meurent, le faible stock d’eau disponible dans le sol en cette pet-iode étant rapidement épuisé. Le phénomène,
fréquemment observé dans le secteur soudano-sahélien de l’Ouest africain, est encore accentué au Sénégal
où, à latitude égale, l’établissement de la saison des pluies est toujours plus tardif. Les mois de mai a juillet
représentent une phase critique pour les plantations forestières, surtout celles effectuées avec des essences
exotiques & croissance rapide qui sont plus exigeantes en eau.
II 3. L’Harmattan
Constant en altitude, l’anticyclone de Libye n’est pas permanent dans les basses couches. Il se renforce
pendant l’hiver au sud du Tropique du Cancer en raison d’un abaissement des températures sensible jusqu’au
Sahara-central ou par suite d’advections importantes d’air froid venu des régions tempérées. Cet excedent d’air
anticyclonique se traduit par l’existence d’un vent régulier d’Est ou du Nord-Est, l’alizé continental ou har-
mattan. Parfois lorsque la situation est peu perturbée sur le nord du continent, l’anticyclone de Libye se sou-
de à l’anticyclone des Açores et le flux du secteur Est intéresse toute la zone sahélienne.
Très sec, tiède en hiver mais devenant de plus en plus chaud au printemps, l’harmattan accentue les phé-
nomènes de dessiccation en abaissant l’état hygrométrique et en relevant les températures. C’est lui qui uniformi-
se les climats dans le domaine sahélien depuis le Soudan jusqu’au Sénégal dans une bande comprise entre le
20° et le 16O parallèle. Il est néfaste à la végétation forestière car il accélère la transpiration. Les espèces
arborées locales se sont presque toujours adaptées en réduisant leur système foliaire ou en perdant leur feuil-
lage au cours de la saison sèche. On enregistre par contre souvent des déboires quand on cherche à introduire
des essences exotiques, en particulier des espèces dont les feuilles sont pérennes.
Dans le Nord-Ouest du Sénégal, l’harmattan se heurte a l’alizé maritime qui le repousse en altitude. Il
en résulte un adoucissement du climat pendant la période sèche. Cette lutte entre les deux courants, parti-
culièrement sensible dans le district côtier, est encore perceptible à une cinquantaine de kilomètres du litto-
ral. De temps à autre, le flux de l’Est prend le dessus pendant quelques heures, parfois durant plusieurs
jours, et les arbres qui sont accoutumés à une situation privilégiée perdent rapidement leur feuillage. Cest
ainsi qu’a Dakar où l’harmattan souffle rarement, on enregistre une chute brutale et parfois totale des feuil-
les dans les jours qui suivent son apparition, aussi bien chez les essences exotiques comme Azadirachta indica
que chez certaines espèces locales comme Maya senegalensis. Les arbres qui reverdissent rapidement peuvent
ainsi se défolier plusieurs fois entre janvier et mai.
Plus au sud, dans les domaines soudaniens et guinéens, des conflits opposent souvent l’harmattan et la
mousson au commencement et à la fin de la saison des pluies. Ils se traduisent par des grains orageux sur le
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front des deux masses qui se refoulent et par des souffles d’air relativement frais et secs, de courte durée, qui
précèdent une averse, déracinant les arbres ou cassant les branches et les troncs.
Le vent est un facteur écologique de premier ordre par les effets directs et indirects qu’il exerce sur la
végétation forestière. Son action se manifeste en général par une diminution de la croissance et de la production
ligneuse car, si une brise légère est bénéfique à la photosynthèse en assurant le renouvellement du CO2 au voi-
sinage des feuilles, les vitesses supérieures à 2 m/sec ralentissent puis inhibent certaines fonctions physiologi-
ques, provoquent des lésions cellulaires dans les jeunes tissus ou entraînent des dégâts dans les peuplements.
Un vent, même léger, accroît l’évaporation donc la transpiration végétale. Au-delà d’un certain stade, les
arbres réagissent en fermant partiellement puis presque completement les stornates des feuilles exposées au flux
d’où réduction de l’assimilation chlorophyllienne. Le phénomène, sensible dans les régions tempérées, prend des
proportions beaucoup plus accusées en zone tropicale sèche OCI le bilan hydrique des sols est souvent déficitai-
re et où l’hygrométrie est peu élevée,
La fermeture des stomates est souvent insuffisante pour empêcher la déshydratation car la transpiration
cuticulaire se poursuit et l’effet de pompage que les tractions exercent sur les feuilles amène l’expulsion de
gouttelettes d’eau. Il en résulte un déséquilibre de tout l’ensemble de la croissance qui se traduit par un retard
ou un arrêt dans l’élongation des tissus, par des caractères de nanisme O~U de xéromorphie, par une augmenta-
tion du rapport racines sur feuilles, par une atténuation des teneurs en P et K par unité de poids sec qui expli-
que que la synthèse des protéines soit en retard sur celle de la cellulose (P. BIROT - 19651. Une diminution
de la surface foliaire, combinée à l’accroissement du volume des racines, constitue une adaptation somatique,
Végétation arborée rampante sur des dunes soumises à l’alizé dans le district des Niayes
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indispensable à la survie, qui caractérise les espèces végétales se développant dans les stations soumises à des
vents violents et réguliers. L’action du vent sur les tissus non lignifiés, sur les jeunes plants en pépinière et sur
les pousses nouvelles en particulier, entraîne leur flétrissement puis leur desséchement.
Nous avons consigné au tableau no1 les renseignements concernant les vents au sol au cours de l’année
1971 pour cinq villes du Sénégal- Les secteurs Ouest, Nord et Est sont pratiquement les seuls intéressés entre
novembre et mai, époque des semis et des repiquages des plants forestiers. Les vents calmes sont alors excep-
tionnels près du littoral et rares dans la zone continentale. Les vitesses moyennes dépassent presque toujours
2 m/sec, atteignant souvent 5 à 6 m/sec sur la côte. Les variations interannuelles étant faibles, ces indications
permettent de prévoir la mise en place des brise-vent dans les pépinières au moment de leur création. A l’in-
térieur du pays, une clôture d’arbres suffira en général; près de l’océan il sera par contre nécessaire de la com-
pléter par une haie basse, souvent même pas un quadrillage de panneaux de roseaux, de tiges’de Mil ou de
Bambous refendus.
On enregistre aux très grandes vitesses des effets mécaniques comme des déchirures macroscopiques des
feuilles ou des altérations des cellules des jeunes tissus qui engendrent des phénomèmes de traction orientant
la croissance du tronc ou de certaines branches dans une direction privilégiée, Ceci est visible à Saint-Louis
dans le rideau de Casuarha equisetifo/ia installé sur la Langue de Barbarie et encore plus net sur les dunes qui
surplombent les dépressions de Niayes ou la végétation arborée naturelle présente des cimes déséquilibrées avec
un port en ((drapeau)) ou en ((cor de chasse)), devenant même rampante sur les sommets les plus exposés à l’ali-
zé, Dans le périmètre de M’Bao, près de Dakar, où plusieurs centaines d’hectares ont été complantés en Anacar-
dium occidentale il y a près de 20 ans, seuls les Darcassous situés dans les bas fonds ou à l’abri d’un obstacle
ont pû se développer correctement. Partout ailleurs, les houppiers, rabotés pendant la saison sèche par l’alizé,
durant l’été par la mousson, demeurent nécrosés et ne fructifient jamais.
Dans les secteurs épargnés par les vents violents et réguliers, des souffles d’air brutaux et soudains sont
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/’
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TABLEAU 1
01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12
D a k a r - Yoff
Direction(‘), . . . . . . . . . . . . . . . . 01 01 36 01 00 31 32 29 33 34 02 02
Vitesse(’ ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 02 02 05 05
Coefficient stabilite(2) . . . . . . . . . .
Vent calme13) . . . . . . . . . . . . . . .
Diourbel
Direction . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vent calme . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Saint-Louis
Direction . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Coefficient stabilite . . . . . . . . . . . .
Vent calme . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tambacounda
Direction . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Coefficient stabilité. . . . . . . . . . . .
Vent calme ................
Ziguinchor
Direction .................. 30 00 04
Vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 02 02 01 01 00 00 01 01
57 56 14 38 63 72
7 022 036 093 084 112 151 116 110
Nb. 1 - Le vent résultant moyen est le vecteur obtenu par addition vectorielle de tous les vecteurs vent divisés par le nombre
d’observations. La direction est donnée en dizaine de degres, la vitesse exprimée en mètre/seconde, elle est indiquée
comme nulle lorsqu’elle est inférieure à 0,5; un vent calme est indiqué par 0 à la direction et 0 à la vitesse.
Nb. 2 - Le coefficient de stabilité est le quotient exprimé en % de la vitesse du vent resultant moyen par la moyenne arith-
métique des vitesses du vent aux heures correspondantes, c’est un paramètre de dispersion; le vent résultant moyen
est significatif lorsque le coefficient de stabilité est supérieur à 70, sinon le vent résultant est obtenu par des vec-
teurs trop divergents et une étude plus detaillee peut être nécessaire.
Nb. 3 - Vent calme, c’est le nombre d’observations pour lesquelles le vent a été calme aux heures considérées.
toujours possibles, surtout au début de la saison des pluies quand la mousson s’oppose à l’harmattan. La masse
d’air froid, entraînée en altitude par l’alizé continental, descend brusquement en rafale jusqu’au sol, soulevant
devant elle un rideau de poussière et de sable. Le baromètre monte, accusant un ((coup de piston)) tandis que
le thermomètre baisse de plusieurs degrés (F. BRIGAUD - 1965). Les dégâts sont en général peu importants
ou ils passent inaperçus dans les peuplements forestiers soudano-sahéliens qui sont diffus et hétérogènes mais
souvent, dans les reboisements, les tourbillons, après avoir cassé ou déraciné quelques arbres, s’engouffrent dans
la trouée et augmentent la tache déforestée. Le sylviculteur ne peut se prémunir contre de tels Chablis. Il peut
toutefois tenter de limiter les dommages en maintenant les plantations 8r la densité optimale pour que les cimes
demeurent équilibrées et pour que le sol reste couvert par la végétation ligneuse.
Les particules solides transportées par le vent peuvent léser le feuillage et les jeunes rameaux, les réduisant
en lambeaux dans les stations les plus exposées. Les plantations de Casuarina equketifo/ia, réalisées par le Servi-
ce Forestier entre Malika et Khayar pour fixer les dunes vives en bordure de l’océan, n’ont pû être menées à
bien qu’en protégeant pendant deux ans les plants après leur mise en place. Des claies de branchage, des pan-
neaux de Bambous refendus, des alignements de feuilles de Palmier freinèrent le bombardement incessant des
grains de sable entraînés depuis le rivage. Ultérieurement, les rangées de Filao les plus proches de la mer ont
joué un rôle d’écran vis-à-vis du peuplement si bien qu’aujourd’hui les premières lignes présentent un profil en
triangle tandis que celles qui se trouvent derrière se sont développées normalement.
Le sel contenu dans les embruns et dans les brumes chargées d’eau de mer augmente les dommages causés
aux tissus végétaux par le vent et par les particules siliceuses. Dans les stations très ventilées, cette action peut
être encore visible à plusieurs kilomètres du littoral, bien au-delà de la zone soumise à la projection des grains
de sable. Nous citerons l’exemple d’un bouquet d’Euca/yptus cama/du/ensis, d’kadirachta indica et de Casuari-
na equisetifo/ia planté en mélange en 1965 à Yoff, en bordure de la route menant à I’Aéroport, Les Neem et
les Eucalyptus dont le feuillage est très sensible au vent et au sel ne parviennent pas à former une cime; les
rameaux qui se développent pendant l’été, alors que la parcelle n’est pas soumise au flux du Nord-Est, sèchent
dès l’apparition de l’alizé et, quelques-semaines plus tard, seuls les Filao émergent du peuplement.
Très peu d’essences forestières sont susceptibles de résister aux embruns. Parmi celles qui ont été experi-
mentées au Sénégal, on ne peut guère retenir que Casuarina equisetifolia, Hura crepitans et Terminalia cattapa.
Toutefois, compte tenu de leurs exigences vis-à-vis du sol et aussi de leur rapidité de croissance, on ne pourra
souvent utiliser que le Filao, soit en plantation, soit pour créer des haies derrière lesquelles il sera possible
ensuite de complanter d’autres espèces ou d’installer des jardins et des vergers. SCHNELL (1963) a observé que
chez Casuarina equisetifolia les rameaux qui se développent du côté exposé aux gouttelettes salées présentent
une hypertrophie cellulaire considérable de la majorité des tissus et une réduction importante de la lignification
qui leur donnent un aspect charnu, comparable à la structure normale de plantes succulentes halophiles.
L’action érosive du vent peut également avoir des répercussions sur le comportement et sur l’avenir des
plantations forestières. La structure physique des sols, le modele du paysage, le déficit hygrométrique qui empê-
che la survie de la strate graminéenne pendant la plus grande partie de l’année et qui entraîne l’assèchement
des horizons superficiels engendrent souvent des conditions propices à la déflation éolienne dans l’ouest et dans
le nord du Sénégal. Tantôt les arbres sont déchaussés et leur système racinaire est mis a nu, tantôt la base des
troncs est recouverte par des apports de sable. Dans l’un et l’autre cas, les végétaux souffrent, croissent anor-
malement, meurent parfois.
Nous mentionnerons enfin le rôle du vent dans la fécondation des plantes à pollen anémophile. Dans le
Parc Forestier de Hann où depuis une soixantaine d’années plusieurs dizaines d’espèces d’Eucalyptus ont été
introduites, il est impossible de récolter des semences d’une espèce déterminée tant les phénomènes d’hybrida-
tion sont fréquents. Lorsqu’on voudra établir des vergers grainiers dans les zones ventilées, il sera donc néces-
saire d’isoler les parcelles et aussi de les implanter à plusieurs centaines de mètres des peuplements existants.
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2 - LES TEMPERATURES
2 1 - LE REGIME THERMIQUE
La temperature en un point du globe étant fonction de la quantite de radiations solaires arrivant au sol
décroît, en principe, depuis l’équateur jusque vers les pôles. En fait, les continents s’échauffant davantage et
plus rapidement que les océans, l’hémisphère boréal qui comprend 40 % de terres immergées est plus chaud à
latitude égale que l’hémisphère austral qui n’en possède que 17 %. L’equateur thermique est décalé d’environ
10’ vers le nord et la courbe des températures du mois le plus torride de l’année accuse un maximum à la hau-
teur du Tropique du Cancer où le nombre d’heures d’ensoleillement approche de l’insolation théorique en rai-
son de l’absence d’écran de vapeur d’eau condensée dans l’atmosphère.
Situé entre les latitudes 12’ 20’ et 16’42’, le Sénégal se trouve dans l’une des zones les plus chaudes du
continent. On devrait, d’après le cycle des saisons, y enregistrer les températures les plus faibles en décembre
ou en janvier quand les jours sont les plus courts et lorsque le soleil est le plus bas sur l’horizon, les tempéra-
tures les plus fortes vers le ler mai puis vers le 15 août, époques du passage du soleil au zénith à midi. Si on
examine les températures moyennes mensuelles calculées dans 19 stations, on constate qu’il faut en réalité
diviser le pays en deux secteurs thermiques, l’un continental, l’autre littoral (Tab, no 2).
Les oscillations entre les mois les plus chauds et les mois les plus froids sont de faible importance dans
les régions intertropicales car la durée du jour varie peu au cours de l’annee et parce que le soleil ne s’éloigne
guère du zénith à midi. Au SerrégaI, les écarts de température moyenne sont inférieurs à 1O’C. Ils sont légère-
ment plus accusés dans le nord et dans l’est du pays que dans le Centre-Ouest ou sur la côte au sud de la
presqu’île du Cap-Vert (Tab. no 3). Les variations interannuelles de température sont également réduites. Si on
compare les températures moyennes annuelles d’une station mesurées sur 5,lO ou 30 ans, on ne trouve que
quelques dixièmes de degrés de différence (Tab. rP4). Des statistiques portant sur un nombre réduit de saisons
seront donc exploitables pour les forestiers.
Les températures suivent des cycles comparables dans toutes les stations du secteur continental. Les
moyennes annuelles et le nombre de jour où le thermamètre dépasse 35’C augmentent toutefois légèrement du
Sud vers le Nord et diminuent sensiblement, à latitude égale, d’Est en Duest (Tab. no 5).
Nous avons tracé les courbes des températures moyennes à Matam, Linguère et Tambacounda (Fig. 21.
Elles comportent deux minima et deux maxima :
Le minimum primaire est atteint en janvier. Voisin de 25’C, il correspond avec le point le plus bas de la
courbe des températures minimales qui est proche de 15’C et avec le désbut de la progression des températures
maximales qui sont descendues vers 3O’C a la fin de décembre (Tab. no 6 et 7);
Le maximum primaire intervient en mai. Les températures maximales dépassent alors 40°C tandis que les
températures minimales atteignent 25’C. L’influence de l’alizé continental est très nette en cette période et le
nombre de journées où les moyennes sont supérieures à 3!?C sera d’autant plus important que la station se
trouve plus haute en latitude et située plus à l’Est.
Un second minimum se place en août aux alentours de 27’C alors que, théoriquement, on devrait
TABLEAU 2
Temperatures moyennes
PODOR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16O33 14O56 1 1951-60 23.2 24.8 27.5 26.9 32.1 32.2 30.8 29.8 29.8 30.0 28.0 23.1 28.1
RICHARD-TOLL . . . . . . . . . . . . 16O27 15O42 3 1962-68 22.6 24.8 27.0 27.5 29.5 30.2 29.9 29.2 29.3 29.1 27.1 22.7 27.5
SAINT-LOUIS . . . . . . . . . . . . . 16OO3 16O27 1 1931-60 22.0 22.3 22.2 21.8 22.3 25.7 27.6 28.0 28.5 28.1 25.6 23.1 24.7
MATAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15O38 13Ol5 1 1951-60 23.1 25.3 28.1 31.1 33.5 33.1 29.6 28.2 28.4 29.4 27.4 23.4 28.3
LINGUERE . . . . . . . . . . . . . . . . 15O23 15Oo7 1 1951-60 24.0 25.6 27.9 29.8 31.2 30.9 29.1 27.8 27.9 28.6 27.4 23.9 27.8
KEBEMER. . . . . . . . . . . . . . . . . 15O22 16O27 2 1954-58 23.3 24.1 25.6 26.5 26.9 27.7 27.6 27.5 28.1 28.6 27.2 24.4 26.5
THIES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14’48 16O57 2 1954-58 23.3 23.8 25.2 25.3 26.4 27.6 27.3 26.7 27.0 27.2 26.2 23.5 25.8
DAKAR”HANN . . . . . . . . . . . . . 14O43 17O26 2 1954-58 22.1 21.5 21.8 22.4 24.2 26.6 27.2 27.1 27.7 28.1 27.0 23.9 25.0
DAKAR-YOFF . . . . . . . . . . . . . 14O4.4 17O30 1 1931-60 21.1 20.4 20.9 21.7 23.0 26.0 27.3 27.3 27.5 27.5 26.0 23.2 24.3
BAMBEY . . . . . . . . . . . . . . . . . 14O42 16O20 3 1951-68 23.5 24.6 26.0 26.8 27.9 28.8 28.4 27.7 27.3 28.2 26.7 23.9 26.7
DIOURBEL ............... 1 4q39 16Ol4 1 1951-60 23.7 25.2 27.2 28.6 29.8 30.1 28.6 27.7 27.7 28.4 27.0 23.7 27.3
M’BOUR . . . . . . . . . . . . . . . . . 14O25 16O58 2 1954-58 24.7 24.7 26.2 26.1 25.0 26.5 27.0 26.9 27.4 27.7 27.2 24.9 26.2
KAO LACK . . . . . . . . . . . . . . . 14Ooo 16OO4 1 1931-60 24.8 26.5 28.5 29.6 30.3 30.0 28.7 27.6 28.1 28.8 27.8 25.2 27.9
TAMBACOUNDA . . . . . . . . . . . 13O46 13O41 1 1951-60 24.9 27.1 29.8 31.8 32.6 30.1 27.2 26.5 26.7 27.7 27.2 24.4 28.0
KO LDA, . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12O53 14O58 1 1951-60 24.2 26.8 29.3 30.7 31.2 29.4 27.4 27.0 27.2 27.7 27.1 24.1 27.6
SEFA ................... 12O47 15O33 3 1950-68 23.9 26.1 28.3 29.3 30.2 29.0 27.4 26.7 26.9 27.2 26.8 23.8 27.1
SEDHIOU . . . . . . . . . . . . . . . . . 12O42 15O35 2 1954-58 24.2 26.0 28.4 29.8 30.4 29.2 27.6 26.6 27.3 27.7 27.5 24.3 27.4
KEDOUGOU . . . . . . . . . . . . . . . 12O34 12Ol3 1 1953-65 24.4 27.1 29.9 31.7 32.0 28.2 26.8 26.5 26.6 27.7 27.0 24.8 27.7
ZIGUINCHOR ............. 12’33 16Ol6 1 1931-60 24.0 25.7 27.3 28.0 28.5 28.4 27.0 26.4 27.0 27.8 27.0 24.5 26.8
Référence : 1 : A.S.E.C.N.A.
2 : Service Météorologique du Sénégal.
3 : I.R.A.T.
/
14
TABLEAU 3
Ecart des températures moyennes mensuelles
(ASECNA)
TABLEAU 4
Comparaison des températures moyennes annuelles sur 5 -- 10 et 30 ans
TABLEAU 5
Nombre moyen de jours où la température maximale dépasse 25’C, 3O’C ou 35“C
au cours de la période 1954-1958
(Service météorologique du Sénégal)
01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 ANNI!E
PODOR
T>25’C . . . . . . . . . . . . 29.8 26.4 31.0 30.0 31.0 30.0 31.0 31 .O 30.0 31.0 30.0 29.0 360.2
T>30°C . . . . . . . . . . . . 20.2 24.4 30.4 30.0 31 .O 30.0 30.6 30.4 29.0 30.4 27.8 15.8 330,o
T>35”C . . . . . . . . . . . . 4.6 10.0 24.0 27.6 30.4 29.4 23.6 12.6 14.6 15.4 12.0 3.8 208.0
SAINT-LOUIS
T>25’C . . . . . . . . . . . . 20.6 12.8 14.2 8.4 10.4 26.4 31.0 31.0 30.0 30.8 29.2 26.6 271.2
T>30°C . . . . . . . . . . . . 6.0 6.2 7.2 4.2 1.4 2.4 3.2 9.2 21.2 17.6 9.2 5.2 93.0
T >35’C . . . . . . . . . . . . 0.4 0.6 1.6 1.8 1.0 0.2 0.0 0.0 0.0 1.4 0.2 0.2 7.4
MATAM
T>25OC . . . . . . . . . . . . 30.6 27.0 31 .O 30.0 31.0 30.0 31.0 31 .O 30.0 31 .O 30.0 30.6 363.2
T>3O=‘C. . . . . . . . . . . . 25.6 26.0 30.8 30.0 31.0 30.0 29.4 28.8 27.8 30.2 28.8 22.4 340.8
T>35’C. . . . . . . . . . . . 8.2 17.6 29.6 30.0 30.8 28.4 15.2 5.4 4.0 15.6 16.8 3.8 205.4
LINGUERE
T>25’C. . . . . . . . . . . . 30.8 26.8 31.0 30.0 31 .O 30.0 31.0 31.0 30.0 31 .O 30.0 30.0 362.6
T>30°C . . . . . . . . . . . . 26.6 26.0 30.8 30.0 31.0 30.0 29.0 27.8 28.0 30.8 29.8 25.0 344.8
T>35% . . . . . . . . . . . . 9.4 14.2 27.8 29.0 30.4 26.0 14.4 4.2 3.8 20.6 22.6 6.2 208.6
THIES
T>25’C . . . . . . . . . . . . 30.2 26.8 30.4 30.0 31 .O 30.0 30.8 31.0 30.0 31 .O 30.0 29.4 360.6
T>30°C. . . . . . . . . . . . 20.2 17.6 23.8 24.8 26.6 27.8 27.0 21.2 26.6 29.2 27.0 19.8 291.6
T>35OC . . . . . . . . . . . . 5.8 7.0 13.2 10.6 7.0 5.8 1.4 0.0 0.0 2.8 7.6 2.4 63.6
DAKAR-YOFF . . . . . . . .
T>25=‘C. . . . . . . . . . . . 10.6 6.4 9.4 12.2 24.8 30.0 31 .O 31 .O 30.0 31 .O 30.0 22.2 295.7
T>30°C . . . . . . . . . . . . 1.2 0.2 0.6 0.0 0.8 4.4 10.4 13.8 22.2 20.2 5.4 1.2 80.4
T >35’C . . . . . . . . . . . . 0.2 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.4
DIOURBEL
T>25’C. . . . . . . . . . . . 30.8 26.8 31.0 30.0 31.0 30.0 30.8 31 .O 29.8 31.0 30.0 30.0 362.2
T>30°C . . . . . . . . . . . . 27.6 26.2 30.8 30.0 31.0 29.8 29.0 26.6 27.6 30.4 29.6 26.6 345.2
T>35=‘C . . . . . . . . . . . . 9.6 15.6 26.2 28.2 30.2 25.0 12.6 0.8 3.4 17.2 22.0 7.0 197.8
KAOLACK
T>25’C . . . . . . . . . . . . 30.6 26.6 31.0 30.0 31.0 30.0 30.6 31.0 30.0 31.0 30.0 30.2 362.0
T>30°C. . . . . . . . . . . . 28.6 26.4 31.0 30.0 31 .O 29.2 28.0 23.6 26.6 30.4 29.4 27.0 341.2
T>35’C . . . . . . . . . . . . 11 .O 17.6 27.8 29.2 27.6 17.8 2.2 0.0 1.8 10.2 20.8 7.2 173.2
TAMBACOUNDA
T>25=‘C. . . . . . . . . . . . 30.6 27.4 31 .O 30.0 31.0 30.0 31 .O 30.8 30.0 31 .O 30.0 31.0 363.8
T>30°C . . . . . . . . . . . . 29.0 26.8 31 .O 30.0 31.0 28.8 25.6 20.6 23.8 29.8 29.4 27.8 333.6
T>35’C . . . . . . . . . . . . 16.2 22.2 30.2 30.0 30.4 14.2 0.6 0.0 0.0 5.4 19.4 8.8 177.4
KOLDA
T>25’C . . . . . . . . . . . . 30.8 27.4 31.0 30.0 31 .O 30.0 31.0 31.0 30.0 31.0 30.0 31.0 364.2
T>30°C . . . . . . . . . . . . 29.6 26.8 31.0 30.0 31 .O 28.6 26.0 28.6 25.0 28.0 29.2 28.1 341.9
T>35’C . . . . . . . . . . . . 16.8 24.6 30.8 30.0 30.2 13.4 0.2 0.0 0.2 3.0 10.6 4.8 164.6
ZIGUINCHOR
T>25’C. . . . . . . . . . . . 30.8 27.0 31 .O 30.0 31.0 30.0 30.4 30.4 29.4 31.0 30.0 30.8 361.8
T>30°C . . . . . . . . . . . . 26.4 25.6 31.0 30.0 30.6 28.8 19.2 10.6 21.4 27.8 29.0 20.4 300.8
T>35’C. . . . . . . . . . . . 1.2 10.6 23.8 25.0 14.8 3.4 0.0 0.0 0.0 0.0 0.2 0.0 79.0
16
TABLEAU 6
Tempkrature minimale moyenne (1954 ‘- 19581
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 II 12 ANNEE
RXmR . . . . . . . . . . . . 15.2 16.1 18.2 20.5 22.5 23.9 24.4 24.4 24.9 24.9 21.8 16.5 21 .l
SAINT-LOUIS . . . . . . . . 16.8 16.7 16.6 17.6 19.6 23.2 24.7 25.0 25.5 24.6 22.1 ‘18.4 20.9
MATAM . . . . . . . . . . . . 13.9 15.5 18.0 21.4 25.1 25.9 24.1 23.6 23.7 23.6 19.8 15.7 20.9
LINGUERE . . . . . . . . . . 15.1 16.5 18.1 19.9 21.7 23.4 23.6 23.4 23.1 21.8 19.0 16.4 20.2
KEBEMER . . . . . . . . . . 14.2 14.8 14.8 16.4 18.3 20.9 21.9 22.8 22.8 21.9 19.1 16.3 18.7
THIES . . . . . . . . . . . . . 15.0 15.9 16.8 17.1 19.6 21.9 22.8 22.7 22.5 21.7 18.9 16.1 19.3
DAKAR-HANN . . . . . . . . 16.7 16.4 16.7 17.8 19.7 22.6 23.8 23.8 24.0 23.5 22.0 18.8 20.5
DAKAR-YOFF . . . . . . . . 17.9 16.9 17.2 18.3 20.6 23.4 24.4 24.2 24.5 24.6 23.4 20.5 21.3
BAMBEY . . . . . . . . . . . 15.6 16.2 17.0 18.1 19.9 22.2 23.4 23.4 23.0 22.6 19.8 16.8 19.8
DIOURBEL . . . . . . . . . . 14.2 15.4 16.7 17.9 20.1 22.6 23.1 22.9 22.6 21.7 18.6 15.5 19.3
M'BOUR . . . . . . . . . . . . 15.8 15.8 16.7 18.2 19.4 22.6 23.5 23.3 23.0 21.8 19.0 16.3 19.6
KAOLACK . . . . . . . . . . 15.6 16.8 18.0 19.6 21.4 23.6 23.8 23.2 23.2 23.1 20.4 16.9 20.5
TAMBACOUNDA . . . . . . 14.9 17.3 20.4 23.1 25.2 23.6 22.6 22.0 21.7 21.7 19.7 16.3 20.7
KOLDA . . . . . . . . . . . . 13.5 16.4 18.8 20.5 22.4 22.7 22.3 21.9 21.7 21.6 20.2 15.2 19.8
SEDHIOU . . . . . . . . . . . 14.8 16.1 17.7 19.7 21.7 22.8 22.6 22.3 22.2 21.9 20.7 16.5 19.9
KEDOUGOU . . . . . . . . . 14.0 16.9 20.6 25.0 25.5 23.2 22.3 22.2 21.8 21.8 19.7 17.0 20.8
ZIGUINCHOR . . . . . . . . 16.1 16.7 l7,2 18.9 21.3 22.-? 22.6 22.3 22.6 22.7 22.1 18.1 20.3
TABLEAU 7
Tempkrature maximale moyenne (1954 -- 19581
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 ANNEE
PODOR . . . . . . . . . . . . 31.5 32.7 37.4 39.4 41.3 40.2 36.8 34.7 34.6 35.0 34.1 30.1 35.7
SAINT-LOUIS . . . . . . . . 26.9 25.7 25.8 24.9 24.9 27.6 28.8 29.6 30.7 30.2 29.1 27.3 27.6
MATAM . . . . . . . . . . . . 32.9 35.3 39.1 41.3 42.1 39.7 35.0 33.0 33.1 34.9 35.1 31.7 36.1
LINGUERE . . . . . . . . . . 33.2 34.1 38.2 40.0 40.5 38.0 34.5 32.7 33.2 35.8 36.6 32.4 35.8
KEBEMER . . . . . . . . . . 32.4 33.4 36.3 36.5 35.5 34.4 33.2 32.2 33.3 35.2 35.2 32.5 34.2
THIES . . . . . . . . . . . . . 31.6 31.6 33.6 33.4 33.1 33.3 31.7 30.6 31.4 32.6 33.4 30.9 32.3
DAKAR-HANN . . . . . . . . 27.4 26.6 26.8 27.0 28.7 30.6 30.6 30.4 31.4 32.6 31.9 28.9 29.4
DAKAR-YOFF . . . . . . . . 24.7 24.0 24.2 24.9 26.5 28.8 29.6 29.7 30.4 30.4 29.1 26.3 27.4
BAMBEY. . . . . . . . . . . . 33.5 34.3 37.1 38.4 37.7 35.8 33.1 31.9 32.4 34.2 35.6 32.4 34.7
DIOURBEL . . . . . . . . . . 33.7 34.5 38.4 39.7 39.9 37,4 33.8 31.9 32.9 35.2 36.1 32.7 35.5
M'BOUR . . . . . . . . . . . . 33.5 33.5 35.7 33.9 30.6 30.3 30.4 30.4 31.7 33.6 35.4 33.4 32.7
KAOLACK . . . . . . . . . . 33.9 34.9 38.7 39.7 38.4 35.7 32.5 31.2 32.5 34.3 35.7 33.1 35.1
TAMBACOUNDA . . . . . . 34.7 36.5 39.2 40.5 39.7 35.2 31.6 30.3 31.3 33.6 35.4 33.5 35.1
KOLDA . . . . . . . . . . . . 35.2 37.0 40.2 40.9 39.9 35.4 32.3 31.0 32.2 33.2 34.4 33.2 35.4
SEDHIOU . . . . . . . . . . . 33.6 35.9 39.1 39.9 39.1 35.5 32.5 30.9 32.4 33.4 34.2 32.0 34.9
KEDOUGOU . . . . . . . . . 36.4 37.9 40.5 41.0 39.3 33.1 32.1 31.5 32.5 34.8 35.6 34.9 35.8
ZIGUINCHOR . . . . . . . . 32.0 33.9 36.6 36.9 35.0 33.1 30.4 29m2 30.9 32.1 32.7 30.6 32.8
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19
enregistrer de fortes températures en raison du deuxième passage du soleil au Zenith à midi. Lié à la pluviosité
qui rafraîchit l’atmosphère en écrètant les températures diurnes et imposant un palier aux températures noctur-
nes, l’abaissement du thermomètre est plus sensible dans le Sud-Est du pays où les précipitations sont plus abon-
dantes et plus fréquentes.
Un maximum secondaire peu prononcé marque le mois d’octobre pendant lequel ies températures maxi-
males augmentent avec l’arrêt des pluies alors que les températures minimales commencent a décroître rapide-
ment.
A proximité de l’océan, le régime thermique ne peut être comparé à celui que nous avons décrit pour
l’interieur du Sénégal. Il diffère en outre suivant qu’on se trouve au nord ou au sud de la presqu’île du Cap-
Vert.
Les courbes des températures moyennes mensuelles de Saint-Louis et de Dakar (Fig. 21 ont une forme
sinusoïdale très aplatie, l’écart entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid ne dépassant pas 8’C. La
période la plus fraîche, au cours de laquelle les moyennes sont inférieures à 27’C pour les maxima et comprises
entre 17’ et 2O’C pour les minima, se prolonge de décembre à mai si bien que le maximum primaire, particu-
lièrement accusé dans le secteur continental, disparaît. La progression du thermomètre se poursuit par contre de
juin à octobre sans aucune action modératrice des pluies; toutefois les températures maximales qui dépassent
rarement 3O’C demeurent alors inférieures à celles enregistrées dans les stations de l’intérieur. Ce régime, excep-
tionnel sous des latitudes aussi basses, n’intéresse qu’une frange littorale peu profonde car le flux maritime dont
il est la résultante diminue rapidement d’intensité après avoir franchi le rivage. Les cartes des isothermes pour
les mois de février et de mai rendent parfaitement compte de la situation (Fig. 3). A Kébémer ou à Thiès, à
une vingtaine de kilomètres de l’océan, les températures maximales suivent déjà des courbes analogues 3 celles
des stations continentales avec, cependant, des pentes moins accusées.
La côte changeant d’orientation au sud de Dakar et les collines de la région de Thiès freinant et déviant
les courants aériens septentrionaux, l’influence de l’alizé s’estompe. A M’Bour où la courbe des températures
minimales demeure proche de celle de Saint-Louis, avec un léger décalage vers le bas, les températures maxima-
les sont en début d’année nettement plus élevées (Fig. 2). Elles progressent en mars comme dans l’intérieur du
pays mais, l’alizé continental diminuant d’intensité plus tôt, elles décroissent dès avril, marquant un palier pen-
dant la période pluvieuse, avant d’atteindre en novembre un second maximum vers 35’C, sensiblement au même
niveau que le prémier. Bien que les variations de température moyenne mensuelle soient encore plus faibles que
dans le sous secteur littoral septentrional, les écarts entre les temperatures maximales et minimales sont beau-
coup plus accentués.
Une variation de quelques degrés dans les moyennes annuelles de température ne semble avoir aucune
influence sur la répartition et sur la composition de la flore car on trouve les mêmes formations naturelles dans
les savanes boisées d’un côté à l’autre de l’Afrique au Sud du Sahara. La pluviosité, son intensité et surtout sa
@partition saisonnière représentent certainement des facteurs beaucoup plus décisifs sur la constitution des
domaines forestiers, sur l’endémisme spécifique et sur les affinités floristico-sociologiques des groupements cli-
matiques. Ceci n’est plus toujours exact quand on introduit des essences exotiques. Nous avons remarqué dans
des essais d’élimination d’Eucalyptus entrepris au Sénégal dans les parcelles du C.T.F.T. que certaines espèces
se maintenaient dans l’Ouest du pays sous un régime thermique privilégié alors qu’elles disparaissaient rapide-
ment dans le secteur continental sous une pluviosité supérieure. De même, une comparaison entre diverses
20
provenances d’E. camaldulensis a mis en evidence dans toutes les stations l’inferiorite des origines tunisiennes
et marocaines par rapport aux souches du Nord-Ouest de l’Australie issues d’une zone où les temperatures sont
plus proches de celles du Serkgal que de celles de l’Afrique du Nord.
La temperature constitue un facteur de differenciation ecologique car elle agit sur toutes les phases du
développement des plantes. Sans chaleur, les échanges entre le sol et les végétaux sont impossibles, l’assimilation
chlorophyllienne est annulée et la respiration demeure réduite. Un optimum de température correspond a cha-
que espèce végétale et ces optima montrent qu’il existe une coupure très nette entre la flore des régions tropica-
les et celle des moyennes latitudes, permettant de donner une explication a de nombreux échecs d’acclimatation
en Afrique tropicale d’essences forestières originaires des zones tempérées ou méditerranéennes. On constate en
général que ces dernières sont eurythermes, c’est-a-dire capables de supporter un large écart entre les extrêmes
de température, alors que dans les contrées chaudes elles sont sténothermes, ne tolérant que de faibles varia-
tions.
L’action de la température sur la végétation est si contraignante qu’on a tenté des phytoclimatogrammes
en faisant coïncider l’aire de certaines plantes avec des isothermes. Il y a 150 ans, de CANDOLLE a réparti les
végétaux selon leurs exigences en chaleur et, en 1931, KQPPEN a divise le globe en zones thermiques, classant
dans la zone tropicale toutes les régions où la température moyenne demeure constamment au-dessus de 20°C,
soit les deux bandes qui s’étendent sur près de vingt degrés de latitude de chaque côté de l’équateur.
Les températures enregistrées dans les organes aériens d’une plante sont toujours différentes de celles de
l’air ambiant (P. BIROT - 1965). Si la température moyenne d’une feuille est comparable à celle de l’air au
cours d’une période de 24 heures, les maxima diurnes et les minima nocturnes sont beaucoup plus accusés :
exposée au soleil, sa température dépasse couramment de 5 à 1O’C la température ambiante bien que la trans-
piration intervienne pour atténuer l’échauffement. Les troncs immobiles subissent des écarts encore plus forts
qui peuvent atteindre 20 à 3O’C quand ils sont frappés directement par les rayons solaires.
La température au sol représente un paramètre climatique important car elle agit sur le collet des plantes,
zone particulièrement sensible, surtout dans le jeune âge. A ce niveau, les températures minimales sont légère-
ment inferieures a celles de l’air (Tab. no BI. Les températures diurnes accusent par contre des écarts positifs
qui peuvent atteindre jusqu’à 13’C (Tab. no 9); elles sont souvent à l’origine de brûlures ou du flétrissement
des tissus; elles entraînent parfois des dessèchements qui s’extériorisent par l’eclatement du bois ou des exsuda-
tions de gomme.
Les organes souterrains demeurent à la même température que l’horizon qu’ils colonisent. La temperature
dans le sol a donc une action directe sur la production de matière ligneuse car l’absorption de l’eau par les raci-
nes qui conditionne la transpiration et l’assimilation chlorophyllienne décroît à partir de 25’C (P. BINET et
J.P. BRUNELI. Réduisant la transpiration, les températures élevées constituent un facteur favorable au sylvi-
culteur travaillant sur des sols médiocrement pourvus en eau mais elles ‘entraînent également un dessèchement
des horizons superficiels par évaporation qui se traduit par la destruction des micro-organismes et de la matière
organique, par la dégradation de la structure physique du terrain qui durcit en sèchant.
L’activité de toutes les fonctions vitales d’une plante commence par progresser expotentiellement avec la
température, ce qui est normal puisqu’elle résulte de réactions chimiques. La seconde partie de la courbe dont
la pente est plus accentuée qu’au début se termine par la mort du protoplasme. Ce seuil létal constitue rare-
ment un facteur écologique important car il se situe dans la grande majorité des cas un peu au-delà des tempé-
ratures les plus élevées normalement enregistrées dans les tissus du végétal quand il est adapté à la station. Bien
entendu, il n’en est pas de même lorsque la plante n’est pas acclimatée.
JACQUIOT (1950) a montré que l’activité de l’assise cambiale des arbres diminuait sérieusement au-dessous
de 17OC dans les régions tempérees. Il semble que dans les régions tropicales à longue saison sèche, les températures
TABLEAU 8
Ecarts entre les températures minimales moyennes de l’air et au sol en 1970 (A.S.E.C.N.A.)
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 ANNEE
PODOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 1.7 - 2.4 - 2.5 - 3.2 - 2.5 - 3.7 - 6.1 - 4.5 - 4.2 - 4.1 - 2.2 - 1.9 - 3.2
SAINT-LOUIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 1.9 - 1.9 - 1.5 - 1.7 - 1.1 - 1.0 - 0.8 - 1.2 - 1.2 - 2.1 - 2.7 - 2.2 - 1.6
MATAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 1.7 - 1.3 - 1.4 - 1.9 - 1.8 - 1.2 - 0.6 - 1.0 - 0.8 - 1.1 - 1.0 - 1.2 - 1.2
DAKAR-YOFF . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 2.5 - 1.5 - 1.2 - 1.4 - 1.1 - 1.6 - 2.1 - 1.0 - 0.9 - 2.0 - 2.0 - 1.5 - 1.5
DIOURBEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 1.8 - 2.7 - 1.9 - 1.7 - 1.5 - 1.4 - 1.3 - 1.2 - 1.1 - 2.0 - 1.3 - 1.9 - 1.6
KAOLACK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 0.7 0.0 - 0.8 - 0.9 - 0.7 - 4.3 - 4.3 - 4.2 - 3.5 - 4.0 - 3.5 - 0.8 - 2.3
TAMBACOUNDA . . . . . . . . . . . . . . . . - 4.9 - 4.7 - 4.3 - 2.0 - 1.1 - 1.5 - 1.7 - 1.3 - 1.0 - 1.3 - 1.8 - 1.7 - 2.2
K . .O. . . . . . .L . . . . . . D
. . . . . . A. - 0.9 - 1.2 - 1.2 - 1.0 - 2.0 - 1.9 - 1.6 - 1.5 - 1.1 - 1.1 - 1.1 - 1.1 - 1.3
ZIGUINCHOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . - 2.8 - 1.7 - 2.3 - 1.5 0.0 - 0.2 - 0.1 - 0.1 - 0.3 - 0.4 - 1.0 - 2.1 - 1.0
TABLEAU 9
Ecart; entre les températures maximales moyennes de l’air et au sol en 1970 (A.S.E.C.N.A.1
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 ANNEE
PODOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 10.0 + 9.1 + 11.9 + 12.8 + 8.9 + 10.0 + 12.0 + 10.1 + 9.2 + 9.0 + 7.5 + 6.7 + 9.0
SAINT-LOUIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 6.5 + 6.7 + 6.9 + 7.0 + 6.7 + 7.0 + 7.0 + 7.0 + 7.3 + 7.0 + 6.1 + 5.8 + 6.7
MATAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 7.3 + 8.2 + 9.9 + 8.5 + 8.9 + 6.2 + 5.9 + 7.8 + 8.7 + 10.0 + 7.6 -+ 7 . 4 + 8.0
DAKAR-YOFF . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 8.0 + 9.8 +Il.0 + 10.7 + Il.5 + 10.8 + 11.2 + 9.7 + Il.9 + Il.8 + 11.8 + 8.8 + 10.5
DIOURBEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 4.7 + 5.3 + 6.4 + 7.2 + 7.7 + 8.4 + 7.7 + 7.5 + 7.1 + 7.0 + 5.0 + 4.5 + 6.5
KAOLACK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 6.6 + 7.6 + 7.9 + 8.5 + 8.8 + 9.2 + 9.3 + 8.7 + 9.2 + 9.2 + 6.6 + 5.3 + 8.0
TAMBACOUNDA . . . . . . . . . . . . . . . . + 6.2 + 7.8 + 7.0 + 7.5 + 8.6 + 9.2 + 9.6 + 10.3 + 10.8 + 11.0 + 6.1 + 5.6 + 8.3
KOLDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 8.6 + 9.0 + 11.4 + 11.3 + 12.0 + 10.9 + 12.3 + 9.7 + 11.5 + 13.3 + 11.0 + 8.6 + 10.8
ZIGUINCHOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . + 7.9 + 7.5 + 8.5 9.5 + 10.2 + 8.6 + 8.3 + 9.4 . 9.2 + 8.B + 8.0 + 7.4 + 8.6
22
minimales jouent un rôle comparable dans le cycle de la vegétation. On constate en effet que la defoliation des
essences forestières locales se situe en novembre lorsque le thermomètre baisse brusquement pendant la nuit et que
le débourrage des feuilles débute en avril quand les minima de température deviennent moins accusés. Une étude
sur l’accroissement saisonnier du Teck réalisée à Ziguinchor par le C.T.F.T. a également mis en évidence que les
arbres commentaient à augmenter en volume en juin, avant les premieres pluies, et qu’ils cessaient de se dévelop-
per, près de trois mois avant la chute des feuilles. Les températures minimales moyennes dépassent 22’C pendant
la période d’activité cambiale; elles sont inférieures pendant l’arrêt de croissance (GIFFARD - 19701.
Des observations analogues peuvent être faites dans les pépinières sur les jeunes arbres. Le développement
des semis et la croissance des plants après le repiquage sont très faibles d’octobre à mai dans le secteur littoral
sénégalais puis, brusquement, la vegétation démarre dès que les nuits deviennent moins froides. Les années où la
saison fraîche se prolonge comme en 1968 ou en 1972, on constate des retards de croissance de 2 à 3 semaines
en suivant le même calendrier cultural. Ceci est très net avec des espèces forestières introduites comme CZM.M-~IM
equisetifoba, Me/a/euca leucadendron ou les Eucalyptus mais egalement sensible avec des essences locales comme
les Acacia.
La connaissance des temperatures absolues susceptibles d’être enregistrees dans une station est importante
pour les forestiers car elles peuvent entraîner la mort des arbres au-delà d’un certain seuil, minimum ou maximum.
La limite inférieure est loin d’être atteinte en Afrique tropicale. Par contre, les maxima sont à redouter et, au
SerrégaI, dans le secteur continental, ils accusent fréquemment 46’C sous abri, 55’C au niveau du soi. La période
la plus chaude de l’année coïncidant en général avec les repiquages en pépinière, il est indispensable non seulement
d’arroser fréquemment les plants au cours des premiers jours pour lutter contre la déshydratation mais également
d’opérer sous des ombrières et de ne travailler que tôt le matin ou assez tard dans l’après-midi car les moments les
plus torrides se situent entre 10 et 16 heures.
23
3- LES PLUIES
On a cru pendant longtemps que les pluies tropicales résultaient d’ascendances thermiques qui suivaient la
position apparente du soleil à midi. Celui-ci passant au zénith à midi au-dessus du Tropique du Cancer lors du
solstice d’été et au-dessus de l’équateur pendant les équinoxes, la théorie des pluies zénitales permettait de repré-
senter d’une façon schématique et simple le régime saisonnier des précipitations dans la zone intertropicale de
l’Afrique. En fait, la répartition des continents et des océans sur le globe et les phénomènes aérologiques qu’el-
le engendre expliquent la distribution des pluies.
Les anticyclones des Açores et de Libye dirigent sur la bordure occidentale du continent africain entre
novembre et mai des flux des secteurs Nord et Est, alizé maritime et alizé continental, qui maintiennent en per-
manence au sud du 12ème parallèle le Front Intertropical, ligne de contact entre les masses d’air boréal et aus-
tral (Fig. 4). Le Sénégal se trouve donc durant toute cette période en dehors de la zone soumise aux pluies
équatoriales.
L’irruption passagère d’air polaire vers les basses latitudes peut alors donner naissance à des pluies locaii-
sées et de faible intensité jusque sur la partie septentrionale du Sénégal. Ces précipitations de Heug qui sont un
écho assourdi des perturbations hivernales dans les régions tempérées (A. SECK - 1962) interviennent entre
décembre et février. Elles dépassent rarement 20 mm donc elles n’agissent pratiquement pas sur le bilan hydri-
que des arbres mais elles influent sur les températures et sur l’hygrométrie de l’air.
Plus tard dans la saison, sous un régime de hautes pressions permanentes, de températures élevées et d’hu-
midité relative très basse, des pluies ne peuvent se produire que si l’équilibre des anticyclones est temporaire-
ment rompu. De petites tornades orageuses naissent alors, donnant des ondées fines qui n’ont aucune action
sur la végétation car, l’eau s’évaporant souvent avant d’avoir atteint le sol, elles n’abaissent même pas la tempé-
rature.
L’alizé austral issu de l’anticyclone de Sainte-Hélène s’enfonce en coin sous les courants aériens d’origine
septentrionale à partir de mai. Il les rejette en altitude, il les repousse en latitude. La progression de cette pseu-
do-mousson chaude et chargée d’humidité est toutefois beaucoup plus lente vers la côte atlantique qu’à l’inté-
rieur du continent à cause de la résistance qu’offre encore l’alizé des Açores. On s’en rend compte en calculant
le rapport des précipitations de juin sur celles de juillet (Tab. no 10 et Fig. 5). Il en résulte que la transition
entre la période brûlante et aride qui caractérise les mois de mars et d’avril et la saison des pluies plus fraîche
est beaucoup plus longue dans l’Ouest du pays que dans l’Est. L’atmosphère devient progressivement plus humi-
de sur le Sénégal-occidental, le ciel demeure couvert mais les précipitations sont sporadiques ou nulles. La végé-
tation forestière cependant démarre grâce au relèvement des températures minimales et à l’augmentation de l’hy-
grométrie mais les arbres dépérissent et même parfois meurent si les pluies tardent à venir.
Le recul du F.I.T. s’amorce en septembre. Si nous reprenons les pourcentages des pluies d’octobre par
rapport à celles de septembre (Tab. no ICI), nous remarquons que le retrait s’effectue par paliers au sud du
24
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4
TABLEAU 10
Répartition mensuelle des précipitations au cours de la période 1931-1960
Rapports entre les mois de juin et juillet, d’octobre et septembre (A.S.E.C.N.A.)
MAURITANIE
BISSAU
l
Fig. 5
27
D I S T R I B U T I O N D E S P L U I E S A U SENEGAL
P& fh de /93/ 496V
14ème parallèle. Il est par contre rapide dans le Nord-Est, beaucoup plus lent vers le littoral (Fig. 61. En
novembre, le front de mousson s’est replié au sud du 12ème parallèle et la saison des pluies a pris fin.
Rkglées par la progression du F.I.T., les pluies d’été sont réparties sur le Sénégal, à latitude égale, de la
même façon que dans la bande continentale qui s’étend jusqu’au Tchad” On enregistre toutefois un retard
dans leur établissement, particulièrement net près de l’océan, qui n’est pas compensé par une prolongation sensi-
ble de la période pluvieuse si bien qu’on constate, dans le Nord-Ouest et dans le Centre-Ouest, une réduction
de près d’un mois dans la durée des précipitations et une diminution importante de la lame d’eau reçue. La
mousson abordant directement la 8asse-Casamance sans avoir eu le temps de perdre une partie de son humidi-
té, les départements d’oussouye et de Ziguinchor, ceux de 8ignona et de Sédhiou dans une proportion moin-
dre, bénéficient par contre pendant les mois les plus arrosés de précipitations plus fortes que celles enregistrées
dans les stations situées plus à l’Est sur des parallèles comparables (Tab. no 2).
La masse d’air constituée par la mousson diminuant d’épaisseur au fur et à mesure qu’elle progresse sur
le continent, la partie septentrionale du pays n’est souvent recouverte, même au coeur de la saison des pluies,
que par un matelas de 1 000 à 2 000 mètres d’air chaud et humide insuffisant pour engendrer des pluies de
convection. La zone est alors soumise à des grains orageux, brefs et violents, alors que dans le sud les forma-
tions nuageuses, fortement développées en altitude, sont la source de chutes abondantes et régulières. La plu-
viosité décroît très vite quand on passe de la frontière guinéenne à celle de Mauritanie (Tab. no 121 et le gra-
dient est d’autant plus accusé qu’on se rapproche du littoral. C’est ainsi qu’s des progressions de 100 kilomè-
tres sur un méridien correspondent des réductions de lame d’eau de 350 mm dans l’Ouest, de 300 mm sur la
longitude 15’ et seulement de 200 mm dans l’Est (Tab. no 13).
L’étalement de la saison des pluies varie dans le même sens que le coefficient pluviométrique mais dans
les limites beaucoup plus restreintes, le nombre de mois au cours desquels la moyenne des précipitations atteint
50 mm passant de 5 dans le sud du pays à 3 dans le nord. Le calcul de la repartition mensuelle fait partout
ressortir un maximum de pluviosité en août et ce maximum est d’autant plus net que la hauteur de la lame
annuelle est faible.
L’action de la décroissance rapide de la pluviosité du sud vers le nord du Sénégal est sensible sur la com-
position des peuplements forestiers naturels qui changent beaucoup plus vite qu’au Mali ou en Haute-Volta à
latitude égale. Le domaine guinéen composé d’essences ubiquistes à grande amplitude biologique, propres aux
forêts denses demi-sèches de Côte d’lvoire, se maintient à l’Ouest d’une ligne joignant 8anjul à Kolda. Le sec-
teur soudano-guinéen s’étend ensuite jusqu’à l’isohyète 900 mm, c’est-à-dire sensiblement jusqu’au 14ème paral-
lèle. Plus au nord, le secteur soudano-sahélien, caractérisé par une forêt claire xérophile modelée par les feux,
remonte jusqu,à l’isoyèthe 550 mm qui suit le parallèle 15’30’ avant de s’infléchir vers le Sud-Ouest à hauteur
de Coki. Au-delà, on trouve le domaine sahélien où les arbres sont acclimat& pour résister à la longue période
sèche, à l’extrême siccité de l’air et à une pluviosité réduite (Fig. 7).
Le facteur pluviosité moyenne, paramètre largement utilisé en bioclimatologie, ne représente qu’une valeur
statistique qui masque les années déficitaires. Il subit dans les régions tropicales à longue saison sèche des varia-
tions telles que les forestiers, plus encore que les agronomes, doivent s’en méfier lorsqu’ils établissent un pro-
gramme de reboisement. L’0.M.M. estime qu’en raison des variations interannuelles considérables, seules peuvent
être considérées comme valables des moyennes portant sur 40 années d’observations.
TABLEAU 11
Répartition des pluies dans l’ouest africain au cours de la période 1931-1960
(A.S.E.C.N.A.)
\
STATION LATITUDE LONGITUDE 04 05 06 07 08 09 10 11 TOTAL
Louga . . .......... 15O37’ N 16’13’W 0.0 2.8 14.0 94.8 176.5 136.2 40.8 2.4 467.5
Linguere .......... 15O23’ N 15OO9’ w 0.0 3.6 31.4 100.7 209.0 135.5 45.0 4.3 529.5
Matam .......... 15’38’ N 15*3g w 0.1 4.0 50.5 128.8 202.3 122.0 22.4 2.4 532.4
Nioro du Sahel. . . . . . 15’14’ N 9OlC w 1 .o 11.2 43.1 157.3 123.9 191.2 73.0 10.8 611.5
M’Bour .......... 14O25’ N 16O58’W 0.1 2.2 28.9 125.7 295.3 220.0 62.0 5.4 739.6
Kaolack . . . . . . . . . . 14OO8’ N l6’04’W 0.1 7.8 61 .l 160.2 295.1 200.7 63.8 4.0 782.8
Kidira . . . . . . . . . . . . 14’28’ N 12Ol3’W 2.2 II .9 95.5 184.1 254.9 177.3 57.5 5.7 788.6
Kayes . . . . . . . . . . . . 14OO2’ N 1 l”26’ W 1.8 21.4 57.6 172.3 256.7 180.8 50.5 3.9 786.9
Oussouye . . . . . . . . . 12’29’ N 16O32’ W 0.0 6.9 136.1 443.9 577.3 388i9 166.6 13.3 1 733.0
Ziguinchor . . . . . . . . 12O35’ h 16016’ w 0-l 9.7 125.1 362.7 532.4 361-O 146.0 8.1 1 545.1
Kedougou ........ 12O33’ N 12°11’w 7.4 46.6 170.9 257.9 320.1 307.2 129.0 16.7 1 255.8
Bamako . . . . . . . . . . 12O38’ N 08OOl’ W 15.4 59.5 145.2 250.9 333.6 220.4 57.8 12.2 1 095.0
Koutiala . . . . . . . . . . 12=‘24’ N 05O28’ W 28.4 65.8 135.6 221 .o 303.7 189.9 60.6 8.7 1 013.7
Ouagadougou ...... 12O21’ N 01031 w 16.9 80.2 112.2 193.1 260.4 147.8 36.4 3.8 850.8
~
TABLEAU 12
Nombre moyen de jours de pluie au cours de la période 1931-1960 {A.S.E.C.N.A.)
Dagana . . . . . . . . . . . . 15°30' 0 2 4 8 6 2 0 1 23
Podor .............. 14°56' 1 2 5 9 6 3 1 1 28
Saint-Louis ...•....• 16°27' 0 1 5 12 9 3 1 1 32
Louga ............. 16°13' 0 2 7 12 10 4 1 1 37
Oahra ............. 15°29' 1 3 6 10 9 3 1 1 34
Yang-Yang . . . . . . . . . . 15°21' 0 2 6 9 8 3 0 0 28
Coki . . . . . . . . . . . . . . 16°00' 0 2 6 10 8 3 0 0 29
Linguere ...... . . . . 15°07' 1 3 8 13 10 4 1 1 41
Matam ...•.......• 13°15' 1 5 8 11 g 2 1 0 37
M'Bao . . . . . . . . . • . . 17°29' 0 2 8 14 13 4 0 1 42
Tivaouane . • . . . . . . . . 16°49' 0 2 7 13 11 4 1 0 38
Rufisque ....... " .. " 17°28' 0 2 7 12 11 3 1 0 36
Thies . • . . . . . . . . · .. · 16°57' 0 3 10 16 14 4 1 1 49
Diourbel .... ""' .... 16°14' 1 4 10 16 13 5
....
0 1 50
Bakel ............ 12°28' 1 5 1 8 11 9 ..:> 0 0 37
M'Bour . . . . . . . . . . • 16°58' 0 3 9 14 13 4 1 1 45
Kaffrine . • . . . . . . . . . 15°33' 1 5 10 15 13 4 0 0 48
Ki dira ............... 12°13' 1 5 8 10 9 3 0 0 36
Kaolack •......•...• i6°04' 1 6 13 19 16 6 1 1 63
Fatick ..•........• 16°24' 1 4 10 14 12 5 0 0 46
Foundiougne . . . . . . . . 16°28' 0 4 11 17 14 5 0 1 52
Koungheul . . . . . . . . . . 14°50' 1 6 11 16 13 5 1 0 53
Nioro-du-Rip .......• 15° 47' 1 6 12 18 13 5 0 0 55
Tambacounda ...•..• 13°41' 2 9 13 19 16 6 1 0 66
Velingara •.•.•..•.• 14°06' 2 7 12 17 14 6 1 0 59
Ko Ida ............... 14°58' 2 9 15 20 16 8 1 0 71
Kedougou ••..••••.• 12°13' 4 11 14 17 17 9 1 0 73
Sedhiou ..•.•...••.• 15°33' 1 8 16 20 17 8 1 0 71
Ziguinchor. . . • . . . . . . 16°16' 2 11 21 25 21 11 2 0 93
ÛU$0Uye • . . . . . · · · · 16°32' 1 9 21 24 20 11 1 0 87
TABLEAU 13
Décroissance de la pluviosité avec la latitude - Période 1931-1950
(A.S.E.C.N.A.)
DISTANCE HAUTEUR
STATION LONGITUDE W. LATITUDE N. SUR LE MERIDIEN DES PRECIPITATIONS DECROISSANCE
(mm)
Le tableau 14 sur lequel nous avons porté les ecarts entre la moyenne des précipitations de la période
1931/1960 et celle de la période 1949/1958 pour treize villes du Sénégal en constitue la preuve. Il en résulte
que les courbes des isohyètes peuvent varier considerablement selon les auteurs et qu’il est indispensable de f&ire
suivre tout renseignement relatif à la pluviosité de la période de référence. Les données publiées mensuellement
au Sénégal par 1’A.S.E.C.N.A. sont comparées aux moyennes des années 1931/1960 pour 30 stations (Tab. n”15!
et aux périodes decennales 1949/1958, 1951/1960 ou 195711966 pour 27 postes (Tab. no 161.
Les déficits pluviométriques ne compromettent pas l’avenir des peuplements forestiers au sud du 14ème
parallèle, tout au moins tant que l’homme n’intervient pas en aggravant les effets néfastes de la sécheresse, Ils
sont toutefois ressentis par les arbres qui limitent alors leur developpement. Nous en avons eu confirmation
dans un dispositif C.C.T.-Plot installé en forêt des Bayottes : l’accroissement moyen sur la circonférence de
2 500 tecks fut de 4,18 cm en 1967 après un excédent de 307 mm de pluie; il tomba à 0,80 cm l’année sui-
vante après une pluviosité inférieure à la moyenne de 668 mm puis il remonta à 3,14 cm en 1969 alors que
l’été n’avait accusé qu’un déficit de 74 mm. Dans le nord du Sénégal, par contre, l’irrégularité des pluies et
leur répartition capricieuse deviennent de plus en plus contraignantes pour la végétation arborée au fur et à
mesure que les moyennes s’affaiblissent. Certaines espèces dont le feuillage n’est pas capable de réduire la trans-
piration peuvent même être absentes de districts où on pourrait les trouver en se fiant aux données pluviomé-
triques.
On a parfois tenté de définir une périodicité entre années anormalement sèches et années à pluviosité
maximale ainsi quedes cycles de saisons humides et sèches. La connaissance d’un tel phénomène, on le conçoit
aisément, rendrait d’importants services dans le monde rural, en particullier aux agriculteurs et aux forestiers.
CHUDREAU (192l! pense que l’Afrique de l’Ouest est soumbe à des oscillations autour d’une moyenne cons-
tante dont la durée qui est une période de BR\JCKNER Varier*ait de 20 à 25 ans, WELTER (1930) mentionne
une relation possible entre l’activité solaire et les pluies, les grandes pluviosités correspondant à des époques
de maxima des taches solaires et les sécheresses relatives à des minima cl’activité. Si on dépouille les données
pluviométriques de Saint-Louis depuis 1860 (Fig. 81, on semble distinguer des phases pluvieuses entre 1860 et
1882 (moyenne 429 mm) et entre 1915 et 1932 (moyenne 418 mm), des pérÏodes sèches de 1892 à 1912
(moyenne 358 mm) puis de 1932 à nos jours (moyenne 346 mm). Ces renseignements ne presentent guère
d’intérêt pratiqw pour le sylviculteur car, à l’intérieur d’une période sèche (ou humide, les variations sont
considérables d’une saison à l’autre. C’est ainsi que les écarts entre les années 1967 et 1968 par rapport à la
moyenne de la période 1930-‘l96’l calculés dans 11 stations synoptiques, peuvent dépasser 70 % en plus ou en
moins (Tab. no 17). On doit donc se montrer très prudent darjs les essais d’introduction d’espèces nouvelles
basées sur l’écologie de ces arbres dans leur aire de dispersion naturelle. Tant que l’essence n’aura pas fait ses
preuves dans la station, il sera bon d’estimer que la hauteur de la lame d’eau annuelle dont elle pourra disposer
peut être inférieure par rapport à la moyenne de 150 mm dans le Nord du pays et de 250 mm dans le Centre-
Ouest.
Le déficit pluviométrique peut se produire à n’importe quel moment de l’été. Il est parfois réparti sur
l’ensemble de la saison des pluies, les averses étant moins fréquentes ou moins abondantes, mais il intervient le
plus souvent au début, se traduisant par une ou deux phases d,e sécheresse qui peuvent durer plusieurs semaines.
Les problèmes que pose l’arrêt des précipitations en juillet ou en août sont bien connus des paysans sénégalais
qui doivent alors recommencer plusieurs fois les semis Ils sont encore plus preoccupants pour les sylviculteurs
parce que l’investissement compromis (arbres - transport - complantation) represente près de 40 % du coût du
reboisement et aussi parce qu’en Afrique on ne dispose généralement dans les pépinières que du nombre de
plants nécessaires pour l’exécution du programme annuel de plan:ation.
Certains forestiers estiment que, dans les zones tropicales sèches, il est P(ossible de mettre les arbres en
place dès qu’il est tombé 100 mm. Cette règle est peut-être valable pour les régions orientales et continentales
de l’Afrique où l’arrêt des pluies est peu accusé au début de l’eté. Nous ne pensons pas qu‘elle soit applicable
au Sénégal, surtout dans l’Ouest du pays, car une période de secheresse intervient presque toujours au début
33
-CARTE D E S ISOHYETES-
Période /33/-1360
G-UO MAURITANIE
++++++++
% X
34
TABLEAU 14
Écarts entre la moyenne des precipitations des périodes 1931/1960 et 1949/195B
(A.S.E.C.N.A.)
Saint-Louis . . . . . . . . . .
Podor . . . . . . . . . . . . . .
Matam . . . . . . . . . . . .
Bambey (1) . . . . . . . . . .
Thies . . . . . . . . . . . . . .
Diourbel . . . . . . . . . . . .
Kaoiack . . . . . . . . . . . .
Tambacounda . . . . . . . .
Kedougou . . . . . . . . . .
Kolda . . . . . . . . . . . . . .
Ecart - 9 % - 20 % ‘- 1 4 % - 3 % - 1 7 % - 12%
- - -
1931-60 129,3 291,l - 45782 331,7 143,9 1 353,2
Sedhiou . . . . . . . . . . . . 1949-58 142,7 298,2 45882 335,8 160,2 1 395,1
Ecart - 9 % - 2 % - 0,2 % - 1 % - 1 0 % - 3 %
TABLEAU 15
Hauteur moyenne des précipitations au cours de la période 1931-1960
(en millimètres) A.S.E.C.N.A.
Daga na ............ 16°31' 3,1 1,7 0, 1 0,1 4,9 12, 1 55,7 128,7 87,9 25,0 2,2 2,4 323,9
Podor . . . . . . . . . . . . . . 16°38' 0,6 1,6 0,0 0,1 3,2 16,2 67'7 133,3 83,8 23,2 3,0 2,0 334,7
Saint-Louis . . . . . . . . . . 16°03' 0,8 1,4 0,0 0,2 1,3 7,2 44,2 160,9 96,7 28,5 2,4 3,3 346,9
Louga . . . . . . . . . . . . . . 15°37' 1, 1 1,8 0,0 0,0 2,8 14,0 94,8 176,5 136,2 40,8 2,4 2,8 473,2
Dahra . . . . . . . . . . . . . . 15°20' 0,0 2,0 1,1 0,0 9,1 32,4 106,6 193,1 120,0 40,4 5,1 1,6 511,4
Yang-Yang .......... 15°39' 0,4 2,1 0,8 0,0 3,2 25,8 93,3 202,5 141,4 52,8 3,6 1,8 527,4
Coki . . . . . . . . . . . . . . 15°31' 0,2 1,4 0,0 0,0 4,6 22,7 100,0 200,9 144,7 48,9 3,6 2,5 529,5
Linguere . . . . . . . . . . . . 15°23' 0,1 1,5 1,6 0,0 • 3,6 31,4 100,7 209,0 135,5 45,0 4,3 2,0 534,7
Matam ............ 15°38' 0,9 0,8 0,3 0,1 4,0 50,5 128,8 202,3 122,0 22,4 2,4 2,3 536,7
M'Bao . . . . . . . . . . . . . . 14°46' 0,4 1,9 0,6 0,0 1,0 13,7 95,7 232,2 172,4 42,1 2,6 6,3 568,9
Tivaouane .......... 14°57' 0,4 1,5 0,1 0,1 3,6 19,4 106,5 237,3 188,8 47,7 3,1 5,4 613,9
Rufisque . . . . . . . . . . . . 14°44' 0,2 2,5 0,0 0,0 1,5 18,3 100,7 262,6 177,9 52,8 2,0 1,6 620,1
Bambey (1) . . . . . . . . . . 14°42' 0,1 1,2 0,1 0,2 2,9 30,9 121,8 257,7 199,0 53,5 4,0 4,1 670,5
,l( Thies . . . . . . . . . . . . . . XI 14°40' 0,2 1,8 0,1 0,1 1,6 24,2 121,9 273,0 206,3 57,1 3,4 5,1 694,8
Biourbel . . . . . . . . . . . . 14°39' 0,1 1,3 0, 1 0,2 6,3 40,2 139,5 259,8 189,1 55,0 4,5 4,2 700,3
Bakel . . . . . . . . . . . . . . 14°54' 0,6 0,2 0,0 0,1 9,6 68,1 176,6 234,2 178,1 38,4 3,4 2,6 711,9
\ M'Bour . . . . . . . . . . . . j 14°25' 0,4 0,4 0,0 0,1 2,2 28,9 125,7 295,3 220,0 62,0 5,4 6,8 747,2 J>
Kaffrine . . . . . . . . . . . . 14°06' 1,5 1,4 0,6 0,3 6,8 68,2 144,2 292,7 193,4 57,9 2,8 1,5 765,3
Kidira . . . . . . . . . . . . . . 14°28' 0,6 0,6 0,0 2,2 11,9 95,0 184,1 254,9 177,3 57,5 5,7 0,0 789,8
Kaolack . . . . . . . . . . . . 14°00' 0,5 0,9 0,0 0,1 7,8 61, 1 160,2 295,1 200,7 63,8 4,0 2,6 796,8
Fatick . . . . . . . . . . . . . . 14°20' 0,2 1,0 0, 1 0,0 2,4 47,4 162,2 303,4 213,6 62,6 1,5 4,3 798,7
Foundiougne ........ 14°07' 0,2 0,5 0, 1 0,0 3,8 39,6 171,2 363,4 229,5 75,1 1,5 3,3 888,2
Koungheul . . . . . . . . . . 13°58' 0,2 0,3 0,0 0,4 9,0 103,4 183,3 306,7 215,6 77,2 3,7 0,4 900,2
Nioro-du-Rip ........ 13°44' 0,4 0,9 0,0 0,0 8,7 79,6 185,6 354,9 221,2 72,5 1,5 1,6 926,9
Tambacounda ........ 13°46' 0,1 0,6 0, 1 2, 1 19,8 130,9 196,2 288,8 231,2 70,0 2,3 0,1 942,2
Velingara . . . . . . . . . . . . 13°09' 0,1 0,3 0,0 1,2 28,1 137,2 223,6 327,5 275,8 98,1 7,2 0,5 1 099,6
Kolda . . . . . . . . . . . . . . 12°53' 0,0 0,3 0,0 0,0 19,6 149,2 255,7 398,6 302,7 115,6 11,5 0,5 1 253,7
Kedougou .......... 12°34' 1,6 3,6 4,9 7,4 46,6 170,9 257,9 320,1 307,2 129,0 16,7 1,5 1 267,4
Sedhiou . . . . . . . . . . . . 12°42' 0,1 0,4 0,0 0,0 14,8 129,3 291, 1 457,2 331,7 143,9 9,0 1,0 1 378,5
Ziguinchor . . . . . . . . . . 12°35' 0,1 0,9 0,0 0,1 9,7 125,1 362,7 532,4 361,0 146,0 8,1 0,9 1 547,0
Ou~ouye ... : . ....... 12°29' 0,2 0,7 0,0 0,0 6,9 136,1 443,9 577,3 388,9 166,6 13,3 0,8 1 734,7
CA)
0'1
(1) C.R.A. Bambey
TABLEAU 16
Hauteur moyenne des pluies au cours des décennies 1949-195B ou 1951-1960 ou 1957-1966 (en millimètres)
(A.S.E.C.N.A.)
37
Fig. 8
6QO -
$00 -
l l l l l 1 l l j l l f
400
200-
1-
C.R.F
l l l l l l l l
1930 35 4 0 4 5 50 55 60 65 70 72
F&i006 7930-19~2
38
TABLEAU 1-i’
Ecarts entre les precipitationsdes années 1967 et 1968 et la moyenne de la periode 1931-l 960
SAINT-LOUIS
40
Il est important de connaître l’intensité que peuvent atteindre les pluies dans une station car, au-delà
d’un certain seuil, le sol refusant d’absorber l’eau, elle stagne sur le terrain et s’évapore ou elle ruisselle et
déclenche les processus de l’érosion. Dans les deux cas elle modifie le profil cultural et elle est perdue pour les
arbres qui viennent d’être complantés. La plupart des précipitations enregistrees dans la zone intertropicale
sont issues d’orages ou du passage de lignes de grains. Elles comprennent un demarrage assez brutal, une perio-
de plus ou moins longue au cours de laquelle l’intensité est forte, un temps de décroissance ou ((queue de
pluie)) d’étendue variable. Si on attend l’instant où il ne tombe plus aucune goutte, on obtient une durée de
pluie en géneral très grande donc une intensité moyenne assez faible.
L’appréciation des valeurs maxima et de la durée des intensités élevées donnent une meilleure image du
phénomène. La Division de Bioclimatologie du Centre de Recherches Agronorniques de Bambey a calculé la
répartition moyenne des pluies par classe d’intensité dans la station au cours de la période 1959-1968 et à
Séfa pour les années 1965-I 968 (Tab. 18). CHARREAU (1970) a établi, à partir de ces données et des cour-
TABLEAU 18
Mpartition moyenne des pluies par classes d’intensitk à Bambey et à Skfa (Hauteur en mm) - I.R.A.T.
1 o-10 8.1 31.5 58.4 48.9 16.0 163.3 31.0 52.1 102.3 109.2 47.2 342.2
2 1 O-20 3.2 15.0 27.5 23.0 7.7 76.4 11.7 16.2 30.4 38.5 25.0 121.8
3 20-30 1.1 6.2 29.7 20.3 4.8 62.1 15.8 21.7 25.4 39.8 19.5 122.2
4 30-40 2.1 8.3 28.1 15.1 3.6 57.1 6.5 23.6 22.3 32.4 16.1 100.9
5 40-50 0.3 8.7 20.0 18.0 5.0 52.0 10.0 24.9 19.5 39.6 20.3 114.3
6 50-60 1.7 12.4 14.9 11.4 1.2 41.7 4.5 29.2 20.6 30.0 14.0 98.3
7 60-70 0.0 8.9 14.3 4.4 1.6 29.1 3.3 8.5 11.6 30.3 17.1 70.2
8 70-80 0.0 3.5 9.4 4.4 0.7 18.0 5.0 11.4 10.4 31.7 3.4 61.9
9 80-90 4.8 1.9 3.0 1 .o 0.0 11.7 1.9 11 .l 20.9 15.8 2.9 52.6
10 90-I 00 0.0 0.0 0.0 5.4 3.1 0.3 8.8 7.0 12.1 9.8 6.5 44.1
11 <-100 0.0 8.2 15.3 17.9 0.0 41.4 14.7 27.3 13.0 26.3 4.6 85.9
TOTAL 21.3 104.6 226.9 167.5 40.9 561.6 111.4 234.7 287.9 403.4 177.0 1 214.4
TABLEAU 19
Rkpartition moyenne des pluies par classes d’intensitk à Bambey et S6fa (% de la tranche d’eau) - I.R.A.T.
1 o-10 38.0 30.2 25.8 29.3 39.2 29.0 27.8 22.3 35.6 27.2 26.9 28.2
2 1 O-20 15.0 14.4 12.1 13:7 18.9 13.6 10.5 6.9 10.6 9.5 14.1 10.0
3 20-30 5.2 5.9 13.1 12.1 11.7 11.1 14.2 9.2 8.8 9.9 11 .o 10.1
4 30-40 9.9 7.9 12.4 9.0 8.8 10.2 5.8 10.1 7.7 8.0 9.1 8.3
5 40-50 1.4 8.3 8.8 10.7 12.2 9.3 9.0 10.6 6.8 9.8 11.5 9.4
6 50-60 8.0 11.9 6.6 6.B 2.9 7.4 4.0 12.4 7.1 7.4 7.9 8.1
7 60-70 0.0 8.5 6.3 2.6 3.9 5.2 3.0 3.6 3.8 7.5 9.7 5.8
8 70-80 0.0 3.3 4.1 2.6 1.7 3.2 4.5 4.9 3.6 7.9 1.9 5.1
9 80-90 22.5 1.8 1.7 0.6 0.0 2.1 1.7 4.7 7.3 3.9 1.6 4.3
10 90-I 00 0.0 0.0 2.4 1.9 0.7 1.6 6.3 3.7 4.2 2.4 3.5 3.6
11 < 100 0.0 7.8 6.7 10.7 0.0 7.3 13.2 11.6 4.5 6.5 2.6 7.1
TOTAL 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
l
40
Il est important de connaître l’intensité que peuvent atteindre les pluies dans une station car, au-delà
d’un certain seuil, le sol refusant d’absorber l’eau, elle stagne sur le terrain et s’évapore ou elle ruisselle et
déclenche les processus de l’érosion. Dans les deux cas elle modifie le profil cultural et elle est perdue pour les
arbres qui viennent d’être complantés. La plupart des précipitations enregistrées dans la zone intertropicale
sont issues d’orages ou du passage de lignes de grains Elles comprennent un démarrage assez brutal, une pério-
de plus ou moins longue au cours de laquelle l’intensité est forte, un temps de décroissance ou ((queue de
pluie)) d’étendue variable. Si on attend l’instant où il ne tombe plus aucune goutte, on obtient une durée de
pluie en général très grande donc une intensité moyenne assez faible.
L’appréciation des valeurs maxima et de la durée des intensités élevées donnent une meilleure image du
phénomène. La Division de Bioclimatologie du Centre de Recherches Agronomiques de Bambey a calculé la
répartition moyenne des pluies par classe d’intensité dans la station au cours de la période 1959-1968 et à
Séfa pour les années 1965-1968 (Tab. 18). CHARREAU (19.70) a établi, à partir de ces dormées et des cour-
bes de fréquence, les intervalles de quartiles, mettant en évidence que la moitié des pluies annuelles tombe
à Bambey avec une intensité superieure à 27 mm/h. Il obtient pour Séfa des valeurs encore plus élevées qui
atteignent respectivement 32 et 62 mm/h.
Nous sommes très loin des pluies des zones tempérées dont l’intensité est d’environ 2 mm/h, même si
cette moyenne masque des maxima parfois beaucoup plus importants. Les experimentations de 1’l.R.A.T. ont
également mis en évidence que les variations dans les courbes de fréquence d’intensité sont assez peu marquées
au Sénégal pendant l’été. Juin et surtout juillet comportent la plus forte proportion d’intensités elevées, octo-
bre la plus faible. Par contre, la variation interannuelle de la répartition des intensités est très accusée, nette-
ment plus forte dans le Centre-Ouest qu’en Moyenne-Casantance. On enregistre chaque année des valeurs supé-
rieures à 100 mm/h et le maximum fut de 740 mm/h le 12 juillet 1961, correspondant à 37 mm en 3 minu-
tes.
Dans les régions tropicales à longue saison sèche, surtout dans les districts les moins arrosés, il est indis-
pensable que le sylviculteur dispose du maximum de l’eau apportée par les précipitations pour que les plants
puissent reprendre et s’enraciner avant la saison sèche. On doit éliminer des parcelles à reboiser la vegétation
arborée et arbustive préexistante, même si elle est diffuse ou si elle présente un aspect rachitique, car elle
consomme une partie importante du liquide. Il faut préparer le terrain pour limiter le ruissellement et l’évapo-
ration et favoriser l’infiltration et le stockage de l’eau dans les horizons qui doivent être colonisés par les raci-
nes. Il faut également maintenir les plantations sans herbes pendant les semaines qui suivent la mise en place
des arbres car les graminées, à elles seules, absorbent la presque totalité de la lame d’eau reçue par le sol entre
juin et octobre.
Parmi les différentes techniques de préparation du terrain expérimentées au Sénégal par le C.T.F.T., il
apparaît que ce sont celles qui ameublissent le plus le sol en profondeur qui donnent les meilleurs resultats.
Un sous-solage à 80 cm ou l’application de la ((méthode des grands potets)) quand on ne dispose pas d’engins
mécaniques permet de bloquer l’eau des premières pluies au fond des trous de plantation. L’exemple le plus
frappant en fut donné en 1968 à Ross-Béthio, dans le Delta, où avec 188 mm au cours de l’été, dont seulement
46,5 mm après la complantation, des Eucalyptw cama/du/emis et micmtheca réussirent à se développer sans
aucun arrosage pendant la saison sèche dans les placeaux qui avaient éte préparés selon ((la méthode des grands
potets)) alors que les arbres moururent en totalité dès novembre dans les parcelles trouées au dernier moment.
41
4- L’HUMIDITÉ ATMOSPHERIQUE
L’eau qui baigne les cellules d’une plante terrestre represente près de la moiti6 de son poids. Elle inter-
vient dans les liaisons entre les macromolecules de protéines et elle sert de mediateur à toutes les réactions qui
conditionnent la vie et la croissance des cellules. Lorsque le ravitaillement n’est pas assuré de façon satisfaisan-
te à partir du sol, les arbres acclimatés aux régions à longue saison sèche reagissent et tentent de limiter les
pertes de liquide. Ils réduisent leur transpiration en fermant les stomates puis, dans un deuxième stade, ils per-
dent leur feuillage. La défoliation ne diminue toutefois les déperditions en eau que d’environ 90 % car le sujet
continue à transpirer par les cicatrices des pétioles et par l’épiderme des jeunes rameaux.
L’adaptation des plantes à des conditions de sécheresse prolongée est réalisée par un ensemble de disposi-
tions physiologiques et anatomiques qui jouent simultanément ou isolément. Chez les arbres à feuillage perma-
nent, on observe en général une réduction du rapport entre la surface et le volume des feuilles, un épaississe-
ment de l’épiderme extérieur que protège de la cutine ou de la cire, un renforcement du parenchyme palissa-
dique, une augmentation du nombre des stomates qui s’enfoncent dans la cuticule (P. BIROT - 1965). Certai-
nes feuilles se transforment en épines et, à la limite, les végétaux deviennent aphylles, l’assimilation chlorophyl-
lienne se faisant par les tiges mieux adaptées pour résister aux effets mécaniques du vent qui intensifie les phé-
nomènes de déshydratation.
Le courant de transpiration peut être maintenu à un niveau assez bas par une réduction du rapport entre
la surface des feuilles et la longueur des racines, par une amélioration de la conductibilité des vaisseaux ou par
la constitution de réserves d’eau dans les feuilles, dans la tige et dans le système racinaire. Les arbres et les
arbustes de la zone sahélienne sont dotés de racines traçantes superficielles qui colonisent les horizons supé-
rieurs du sol aux abords du tronc parfois sur une trentaine de mètres pour recueillir le maximum d’eau lors des
rares averses. Ils possèdent également souvent un pivot puissant qui s’enfonce en profondeur à la recherche de
l’humidité. Certains xérophytes semblent également capables d’arracher de l’eau à un sol desséché grâce à une
élévation de la pression osmotique par accumulation de sucres ou de sels dans leurs tissus.
L’évolution de l’humidité atmosphérique dans les régions soudaniennes et sahéliennes de l’Ouest Africain
est liée au régime des vents et à la pluviosité. La courbe des moyennes mensuelles commence à croître lorsque
le F.I.T. remonte vers le 12ème parallèle; elle culmine en août avec les pluies; elle régresse dès l’arrêt des préci-
pitations, atteignant son point le plus bas en avril. Le minimum sera d’autant plus accusé que la station est
balayée par l’harmattan; le maximum sera d’autant plus marqué que la lame d’eau enregistrée est importante.
La partie continentale du Sénégal est soumise à ce régime. Les moyennes annuelles de l’humidité relative
diminuent quand on progresse en latitude (Tab. 201. Les écarts sont peu sensibles pendant la saison sèche où
les valeurs atteintes par le déficit de saturation sont comparables en zone soudano-guinéenne, en zone souda-
nienne et en zone sahélienne (Tab. 21). Ils sont par contre très nets pendant l’été.
42
TABLEAU 2Q
Hum îdite relative moyenne au cours de la periode 1966-1971 (A.S.E.C.N.A.1
STATION
DAKAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PODOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 28 54
SAINT-LOUIS . . . . . . . . . . 66 53 78
MATAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 30 58
LINGUERE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 28 63
DAKAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J8 76 80
DIOURBEL . . . . . . . . . . 55 39 72
KAOLACK . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 36 76
TAMBACOUNDA . . . . . . . . . . . . . . 48 23 75
KEDOUGOU......,........... 52 27 77
KOLDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 47 82
ZIGUINCHOR . . . . . . . . . . . . 69 56 83
TABLEAU 21
Humidité relative moyenne et déficit de saturation (l.R.A.T.1
STATION 01 02 03 04 05
R I C H A R D - T O L L (1)
üm. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Af . . . . . . . . . . . . .
BAMBEY (2)
üm. . . . . . . . . . . . . .
A f . . . . . . . . . . . .
SEFA (31
üm. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Af . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5 1 4.5 1 5.7 1 9 . 1 112.8 1 12.7
Le secteur littoral, en particulier la bande côtière située au nord de la presqu’île du Cap-Vert, bénéficie
d’une position privilegiee de décembre à avril grâce à l’alizé maritime qui amène un flux frais et humide. Son
action sur l’hygrométrie se fait encore sentir dans l’arrière pays, bien que très atténuée.
43
La diminution du déficit de saturation se traduit en mai dans le Sud du pays, en juin dans le Nord, par
un démarrage de la.végétation. Les espèces qui avaient perdu leur feuillage bourgeonnent, parfois même fleu-
rissent; les arbres et les arbustes sempervirens remplacent progressivement les vieilles feuilles par des nouvelles,
leur cime passant en quelques semaines du vert-gris poussiéreux au vert tendre.
L’humidité relative minimale absolue susceptible d’être enregistree dans une station constitue une donnée
importante pour les sylviculteurs, en particulier pour les responsables des pépinières, car les végétaux non ligni-
fiés se déshydratent rapidement au-dessous d’un certain seuil.
5- LA ROSÉE
La production de rosee implique des phenomènes atmosphériques inverses de ceux qui interviennent dans
l’évaporation. Elle résulte de l’augmentation de l’État hygrometrique sous l’influence d’un abaissement de tem-
pérature provoque essentiellement par le rayonnement des corps, ce qui fait qu’elle se produit pendant les nuits
claires, fraîches et humides. Les quantités d’eau mises en jeu sont faibles et elles sont difficiles à apprécier, aus-
si les météorologistes ne s’intéressent guère au phénomène. Les biologistes estiment par contre qu’il a une action
certaine sur la végétation, surtout dans les regions arides (MONOD - 1952).
L’origine de l’eau est double. Dans la rosee ascendante, elle provient de la vapeur émise par le sol, les
plans d’eau et le feuillage; dans la rosée descendante, elle est issue de la condensation de la vapeur d’eau atmos-
phérique. Ce n’est théoriquement que dans ce dernier cas qu’un gain peut être réalisé au profit du système sol-
végetation mais il semble que, dans les districts où il subsiste en période sèche des zones submergées, la quanti-
té de rosée dont bénéficient les plantes soit supérieure à la seule rosée descendante.
DEACON, PRIESTEY et SWINBANK (1958) assignent au dégagement de rosé une valeur limite de 0,5 à
1 millimètre par nuit en se basant sur le rayonnement émis par unité de surface de la projection horizontale
de la surface considérée, sur la température, sur l’humidité et sur la chaleur propagée à travers le sol. Ils recon-
naissent toutefois que ces calculs ne sont peut-être pas applicables à des arbres plus ou moins isolés par pied
ou par bouquet au milieu d’une étendue de sol denude, ce qui est en géneral le cas de la végétation forestière
dans les régions tropicales arides, parce que le flux de rayonnement n’est pas de forme unidimensionnelle et
que les branches ou le feuillage, en offrant une diffusivité thermique moindre et en se refroidissant davantage
que le milieu, attirent à eux la rosée sans modifier la quantité globale émise dans le secteur.
La rosée est incontestablement bénéfique à la végétation forestière dans les contrées à longue saison
sèche car elle s’oppose à la transpiration foliaire au lever du soleil jusqu’au moment où elle a disparu. La pené-
tration à travers l’épiderme des jeunes feuilles dépourvues de ‘cuticule est vraisemblable pendant la nuit mais la
circulation à travers les plantes qui ne disposent pas d’organes spéciaux demeure discutée bien que certains
physiologistes affirment que le liquide traverse la membrane cellulaire avec une vitesse variable avec l’espèce,
l’âge du sujet, la période de sécheresse qui a précédé puisqu’il descend des feuilles vers les racines par un cou-
TABLEAU 22
SAINT-LOUIS(l) . 1953 2 8 7 9 12 0 0 0 0 5 4 11 58
DAKAR (2) .. 1941 11 12 19 14 19 10 1 1 10 8 6 7 118
1942 12 17 25 17 10 0 0 0 12 10 12 7 117
l3AMBEY (3) . . . . 1970 13 9 6 5 6 8 9 22 24 27 22 7 158
1969 6 21 14 0 13 11 11 17 25 22 16 3 159
1968 6 11 11 15 11 8 13 23 22 157
SÉFA (31 . . . . . . 1970 26 23 21 25 31 i: 29 25 30 27 i: 2: 321
1969 0 0 0 0 18 27 10 9 14 10 30 2 120
1968 8 15 20 13 0 18 17 31 18 27 27 0 194
1967 14 16 15 10 24 20 29 31 30 31 30 19 269
1966 22 23 15 20 10 23 29 27 22 28 27 21 267
1965 6 5 3 0 3 6 17 15 11 21 28 20 135
rant d’inversion, BOSC (19251 a évalué à 6,5 le rapport de la vitesse racine-feuille et la vitesse feuille-racine et
il estime qu’il est suffisant si la plante ne transpire pas. Le ravitaillement en eau des arbres à partir du sol sem-
ble également possible quand le terrain est léger et ameubli et lorsque le système racinaire traçant est forte-
ment étendu puisque les horizons superficiels peuvent être imprégnés par la rosee jusqu’à 10 cm de profondeur
(MASSON - 1954).
Les renseignements que nous possédons sur l’importance de la rosée au Sénégal sont nuls et ceux sur sa
fréquence très limités (Tab. 22). Il semble que le phénomène soit variable d’une année à l’autre, réparti sur
toutes les saisons en Moyenne-Casamance, restreint à la période sèche sur le littoral. A Dakar, les condensations
nocturnes sont parfois tellement abondantes qu’elles rendent inutile l’arrosage matinal. Sur la côte au nord de
la presqu’île du Cap-Vert et dans le Delta, elles sont susceptibles d’influencer les pluviomètres.
46
L’energie solaire qui parvient au sol est formée pour 4/10 d’énergie lumineuse et pour 6110 d’énergie
calorifique. Une grande partie a été arrêtée ou réfléchie par l’atmosphère, l’eau des nuages, les particules en SUS-
pension. Celle qui arrive à la surface des feuilles n’intervient dans la photosynthèse que dans une proportion de
1 à 2 % seulement : 20 % sont réfléchis, 10 % sont transmis à travers le feuillage, 20 % sont transformés en cha-
leur qui est diffusée, 48 à 49 % sont absorbés et transformés en chaleur utilisée dans la transpiration (ELHAI -
19681.
Dans les régions tropicales à longue saison sèche où la clurée du jour varie peu au cours de l’année (1 heu-
re 36 minutes sous le 14ème parallèle), les formations nuageuses pendant l’été et les brumes sèches durant les
mois sans pluie sont les principaux facteurs limitant le rayonnement solaire. Les jours les moins ensoleillés se
situent en août et en septembre, l’insolation maxima se produit en mars et en avril. En moyenne, la durée d’in-
solation annuelle est 60 à 90 % plus forte que dans les zones tempkrees.
La durée moyenne de l’insolation annuelle est comprise au Sénégal entre 2 800 et 3 400 heures, ce qui
représente 64 à 76 % de l’ensoleillement théoriquement possible (Tab. 23)” L’insolation est sensiblement la
même dans toutes les stations durant la saison sèche. L’écart entre la zone sahélienne et la zone soudano-gui-
néenne commence à se creuser en juin avec l’apparition des premières pluies sur le Sénégal Oriental et la Casa-
mance. Il demeure important jusqu’en octobre, C’est ainsi que la durée d’insolation à Matam est supérieure de
45 %, à celle de Ziguinchor pendant les quatre mois les plus arrosés.
La réduction de la durée d’insolation en Casamance Maritime se fait nettement sentir entre juin et octo-
bre sur le développement des espèces forestières exigeantes en lumière. Nous l’avons constaté en 1958 en com-
parant à Bambey et à Djibélor la croissance en hauteur de plants d ‘Eucalyptus hybride de Mysore âges d’un
an. Les arbres progressèrent en moyenne de 98 cm pendant les cinq mois dans la première station alors que,
dans la seconde où la pluviométrie avait été 2,5 fois plus importante, ils ne gagnèrent que 50 cm.
TABLEAU 23
Durée moyenne d’insolation - F’ériode : 1966 - 1971
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 II 12 Année
RICHARD-TOLL (2) . . . . . . 244 237 270 261 268 237 245 240 226 240 245 236 2 949
S A I N T - L O U I S (1) . . . . . . . . 272 257 301 297 305 246 252 251 229 265 258 247 3 180
M A T A M (1) . . . . . . . . . . . . 282 267 304 301 307 278 275 247 248 270 266 266 3 311
D A K A R 11) . . . . . . . . . . . . 267 260 305 301 298 266 242 221 220 257 255 254 3 146
BAMBEY (21 . . . . . . . . . . . . 267 253 300 291 296 251 242 212 197 230 255 248 3042
K A O L A C K (1) . . . . . . . . . . 300 282 322 315 322 284 277 245 234 272 279 266 3 398
T A M B A C O U N D A (1) . . . . . . 266 265 302 273 256 214 177 160 186 227 236 231 2 793
K E D O U G O U (1). . . . . . . . . . 287 264 308 286 272 247 202 185 194 258 259 271 3 033
KOLDA (1) . . . . . . . . . . . . 259 247 282 277 274 226 202 165 178 218 234 238 2 800
S É F A (2) . . . . . . . . . . . . . . 277 258 296 293 291 238 2110 187 171 218 247 253 2 939
ZIGUINCHOR (11 . . . . . . . . 283 266 305 301 300 238 200 163 166 185 254 269 2 930
(1) A.S.E.C.N.A.
(2) I.R.A.T.
La connaissance du rayonnement global est plus utile à l’écologiste que celle de la durée d’insolation car
il exerce une action sur la demande en eau. Il intervient sur l’évaporation végétale par son flux thermique, sur
47
la formation de la matière ligneuse par les radiations lumineuses qui conditionnent l’ouverture des stomates et
l’assimilation chlorophyllienne. Ce paramètre n’a malheureusement fait jusqu’à présent que l’objet de rares mesu-
res en Afrique tropicale sèche.
TABLEAU 24
Insolation et rayonnement global à Bambey - Période : 1966 - 1969
l STATION 01 02 03 04 05 06 11 12
Durée d'insolation
Théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11.4 12.8 11.5 11.3
Réelle . . . . . . . . . . . . . . . . 8.4 7.7 8.7 8.0
Rayonnement
Limiie de l’atmosphère . . . . . . . . . . 705 780 902 715 678
Global . . . . . , . . . . . . . . . . . . . 414 475 498 408 387
Nous avons une notion de sa valeur et de ses variations mensuelles à Bambey par des relevés effectués
régulièrement au Centre National de la Recherche Agronomique au cours des années 1966 à 1970. La repré-
sentation graphique du rayonnement global et la durée d’insolation au cours de l’année montre que les courbes
sont comparables de décembre à mai (Fig. 9). De .Juin à octobre, par contre, le rayonnement décroît beaucoup
plus lentement et il ne passe pas par un minimum en août, ce qui permet de comprendre pourquoi la croissan-
ce des arbres de pleine lumière demeure forte pendant l’été malgré un ensoleillement réduit.
48
a ornement
RY
Fig. 9
à
49
7 - L’ÉVAPOTRANSPIRATION
L’évapotranspiration traduit la demande climatique pour l’eau. Son intensitk dépend de la plupart des
paramètres du climat, en particulier de la température, du déficit de saturation, de la vitesse du vent et du
rayonnement solaire. L’évaporation quotidienne mesurée à l’évaporomètre PICHE sous abri dans 14 sta-
tions du Sénégal atteint des valeurs considérables (Tab. 25). Les moyennes annuelles augmentent au fur et à
mesure qu’on s’éloigne de l’océan et elles progressent rapidement quand on se dirige du sud vers le nord du
pays, Partout, sauf à Ziguinchor, la demande pour l’eau excède largement la pluviométrie (Tab. 26) donc, a
fortiori, les possibilités d’offre, ce qui laisse prt!voir de graves difficultés pour l’existence des végétaux pbren-
nes. Les cotes maximales sont obtenues en mars ou en avril, sauf sur le littoral septentrional où elles se situent
en dkembre et en janvier, avant l’établissement de l’alizé maritime. A l’échelle journalière, l’évaporation peut
atteindre 22 mm à Richard-Tell, 19 mm à Bambey, 18 mm à SGfa (I.R.A.T.).
TABLEAU 25
(11 A.S.E.C.N.A.
(21 I.R.A.T.
L’évapotranspiration potentielle (E.T.P.) représente la quantité maximale d’eau qui est susceptible d’être,
pendant un temps donné, évaporée par le sol et transpirke par les vkgétaux qui le couvrent quand l’eau ne fait
pas défaut dans le sol. Cette ((demande en eau)) du Flimat dépend du déficit de saturation, de la radiation glo-
bale réelle par unité de surface, de la vitesse du vent et de certains coefficients qui tiennent compte en particu-
lier de la vé$tation et de la lumière réfléchie. THORNTHWAITE (1948) estime qu’E.T.P. représente un indice
d’efficacité du climat et permet de calculer le bilan énergétique d’un écosystème. Il pense qu’elle peut être
considérée comme une sorte de potentiel de croissance pour une région.
Plus d’une cinquantaine de formules ont étd proposées pour le calcul d’E.T.P. SCHOCH (1965) a appli-
qué celles de THORNTHWAITE et de PRESCOTT aux 11 stations synoptiques du Sénégal et aux 3 stations
gérées par 1’l.R.A.T. Il considère que les chiffres donnés par la première qui ne fait appel qu’à la température
sont peu plausibles (Tab. 27) mais que ceux fournis par la seconde qui utilise la tempirature et l’humidité rela-
tive moyenne sont assez proches de la réalité (Tab. 28). Ils permettent de différencier les stations à influence
50
TABLEAU 26
Ecart entre la pluviometrie et l’évaporation
PLUVIOMETRIE EVAPORATION E C AR T
STATION (mm1
(mm) (mm1
TABLEAU 27
E.T.P. d’après la formule de THORNTHWAITE (en mm)
(calculs de P.G. SCHOCH)
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 Année
PODOR (11 . . . . . . . . . . . . 80 88 151 168 191 187 185 172 164 164 141 78 1 769
RICHARD-TOLL (2) ...... 90 106 147 152 174 184 181 167 159 157 138 65 1720
SAINT-LOUIS (1) ........ 72 64 72 73 91 130 155 154 152 145 115 83 1306
LINGUERE (1) .......... 95 108 154 168 186 179 175 161 153 155 140 97 1771
MATAM (1) ............ 78 109 156 177 199 190 178 163 154 158 137 80 1 779
DAKAR (1) . . . . . . . . . . . . 71 58 69 78 105 141 157 151 147 145 126 91 1 339
BAMBEY (3) . . . . . . . . . . . . 87 107 140 152 171 171 171 157 150 154 133 87 1680
THIES (1) . . . . . . . . . . . . . 87 85 124 126 149 157 160 14B 143 142 127 89 1537
DIOURBEL (1) .......... 96 105 149 160 180 175 170 154 149 153 136 97 1724
KAOLACK (1) .......... 106 118 155 166 179 173 168 152 150 154 141 111 1773
TAMBACOUNDA (1) ...... 105 126 164 178 194 171 168 141 138 146 138 107 1766
KOLDA (1) ............ 97 125 164 173 188 168 165 146 143 144 136 94 1743
SÉFA (41.. ............ 97 120 142 164 176 166 154 147 142 146 135 92 1681
ZIGUINCHOR (1) ........ 97 109 143 153 166 159 151 139 141 144 137 100 1 639
(1) 1954 à 1964 sauf 1960 (21 1962 à 1964 (3) 1958 à 1963 14) 2960 à 1963
océanique comme Saint-Louis, Dakar, Thiès et Ziguinchor ou E.T.P. mensuelle ne dépasse pas 170 mm pendant
la saison sèche et se situe entre 80 et 100 mm durant l’eté, des stations continentales sèches comme Matam,
Linguère, Podor et Diourbel, où E.T.P. qui est supérieure à 180 mm entre mars et mai demeure egalement éle-
vée en période pluvieuse, des stations continentales humides comme Kaolack, Tambacounda et Kolda où E.T.P,
très importante en saison sèche, devient faible en période pluvieuse. Ces observations semblent être confirmées,
tout au moins à Bambey et à Séfa, par des expérimentations faites entre 1966 et 1968 par DANCETTE en utim
lisant un évapotranspiromètre entouré d’un anneau cultivé en Cynodondactylon arrosé de façon à obtenir une
végétation optimale (Tab. 29).
51
TABLEAU 28
E.T.P. d’après la formule de PRESCOTT (en mm)
hakuis da P.G. SCHOCH)
STATION 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 Année
PODOR (1) . . . . . . . . . . . . 188 198 251 281 288 239 194 154 150 182 186 180 2491
RICHARD-TOLL (21 . . . . . . 177 190 211 183 189 166 94 107 140 155 196 180 1 988
SAINT-LOUIS (11. . . . . . . . . 142 123 121 95 81 85 88 87 92 113 129 140 1 296
LINGUERE (1) . . . . . . . . . . 217 208 263 252 249 202 148 112 115 161 204 202 2333
MATAM (11 . . . . . . . . . . . . 185 198 252 285 327 254 167 122 122 159 184 174 2429
DAKAR (1) . . . . . . . . . . . . 98 79 82 78 87 101 106 95 95 98 107 118 1 144
8AM8EY (3). . . . . . . . . . . . 198 200 211 204 223 187 144 110 107 147 196 191 2118
THIES (1). . . . . . . . . . . . . . 160 152 171 151 145 132 110 87 90 111 139 150 1 598
DIOURBEL (1) . . . . . . . . . . 190 188 222 215 211 177 130 100 105 138 171 175 2022
KAOLACK (1) . . . . . . . . . . 194 210 246 237 217 171 124 94 101 135 176 199 2104
TAM8ACOUNDA (1) . . . . . . 218 234 285 290 283 172 106 85 90 120 164 193 2240
KOLDA (1) . . . . . . . . . . . . 165 190 234 220 205 148 103 86 93 107 130 149 1830
SEFA (4) . . . . . . . . . . . . . . 162 175 198 210 192 131 81 74 66 84 120 149 1642
ZIGUINCHOR (1) . . . . . . . . 144 157 170 158 146 117 82 69 80 94 96 132 1445
(1) 1954 & 1964 sauf 1960 (21 1962 à 1964 (31 1958 à 1963 (41 1950 à 1963
TABLEAU 29
E.T.P. et pluviométrie à Bambey et à Séfa
(mesures et C. DANCETTE)
Les plantes et le sol ne suivent pas E.T.P. dans les déperditions en eau sinon on arriverait rapidement
dans les régions à longue saison sèche à une dessiccation totale du soi rendant impossible toute végétation péren-
ne. L’évapotranspiration réelle (E.T.R.) est inférieure à l’évapotranspiration potentielle par suite du freinage de
l’évaporation dans les horizons sous-jacents du sol protégés par la croute superficielle et grâce à la régulation
stomatique qui réduit la transpiration des feuilles. BIROT et GALABERT 11969) ont démontré en Haute-Volta,
dans un peuplement d’/%ca/y@us crebra, qu’il n’y avait de transpiration stomatique pendant la saison sèche
qu’aux heures où E.T.P. était suffisamment basse pour mettre en jeu des débits instantanés faibles permettant
des mouvements capillaires sans rupture de lien capillaire. Par contre, durant l’été où E.T.P. est moins impor-
tante et le sol mieux alimenté en eau, la transpiration demeure toujours peu élevée bien que les stomates soient
largement ouverts.
E.T.R., comme E.T.P., est influencée par le déficit de saturation, les radiations globales, la température,
l’agitation de l’air. Elle dépend en outre de la couleur et de la chaleur spécifique du sol, de son état de fissura-
tion, de la porosité et de la structure qui commandent les états de l’eau et ses degrés de disponibilité pour les
végétaux, de la profondeur de la nappe phréatique, de la concentration des sels solubles. Interviennent égale-
ment des facteurs propres à la plante comme sa résistance à la sécheresse, le type et l’importance du système
52
racinaire, le degré de turgescence, le stade de développement, la quantité de matière sèche dejà formée (BON-
F I L S - CHARBEAU - MARA - 19621.
La fermeture des stomates se traduit par un arrêt de l’activité photosynthétique qui freine la croissance
et la formation de matière ligneuse. Les plantations forestières seront donc d’autant plus intéressantes d’un
point de vue économique qu’on aura l’assurance que les arbres trouvent dans le sol suffisamment d’eau pour
que l’écart entre E.T.P. et E.T.R. soit faible ou, ce qui reviem au même, que la pluviosité de l’année soit égale
à E.T.P. Le tableau 30 sur lequel nous avons fait figurer E.T.P. et pluviométrie pour 14 stations du Sénégal
met en évidence la situation privilégiée dont bénéficient la Basse-Casamance et, dans une moindre mesure, la
Moyenne-Casamance. Il ne faudrait pas en déduire que des reboisements sont impossibles dans les autres
régions, avant de lancer un programme, les forestiers devront toujours entreprendre une étude pédologique de
la Station car le sol constitue entre le climat et le végétal un intermédiaire plus ou moins efficace en ce qui
concerne l’alimentation en eau de ce dernier.
TABLEAU 30
PLUVIOMETRIE
STATION E.T.P,
(1930-61)
Certains terrains défavorables à l’économie en eau des arbres devront être écartés. Les autres ne pourront
souvent être reboisés qu’après avoir été travaillés en profondeur pour réduire les pertes d’eau par ruissellement
ou par évaporation dans les heures qui suivent les précipitations. Il sera toujours indispensable de maintenir les
reboisements sans aucune herbe dans les semaines qui succèdent à la complantation car les plantes adventices
consomment davantage d’eau que les plants forestiers. Le choix des essences susceptibles d’être utilisées sera
enfin très important et posera parfois des problèmes au sylviculteur, surtout quand il devra justifier la rentabili-
té de la plantation. Les essences soudaniennes et sahéliennes réagissent aux valeurs excessives d’E.T.P. en rédui-
sant ou en perdant leurs feuilles pendant !a saison sèche mais elles ont un mauvais rendement en bois et un
développement très lent. Certains exotiques a feuilles persistantes croissent nettement plus vite mais ils exigent
des SOIS plus humides, surtout à la fin de la période sèche. L’idéal serait de disposer d’espèces possédant un
fort pouvoir régulateur stomatique. l l en existe vraisemblablement; malheureusement les connaissances des
forestiers sont pratiquement nulles dans ce domaine.
53
8- LA CARACTERISATION DU CLIMAT
La complexité du fait climatique et la necessité de pouvoir comparer entre eux les climats de régions
souvent très éloignées les unes des autres a conduit les géographes et les bioclimatologistes à proposer des for-
mules mathématiques ou graphiques pour définir le climat d’une station. Ces indices font presque tous interve-
nir les precipitations au numérateur et une fonction de la température au dénominateur, ce qui est logique
puisque l’appel à l’évaporation est d’autant plus important, à précipitations égales, que la température est éle-
vée. Aucun n’a toutefois emporté l’adhésion générale car il s’agit de relations entre des moyennes annuelles qui
ne tiennent pas compte du rythme des saisons. Les résultats comparatifs sont acceptables à l’intérieur de zones
où la structure du climat est la même; ils s’avèrent insuffisants à l’échelle du globe. Plus récemment, les notions
d’évapotranspiration ont permis d’établir le bilan hydrique des formations végétales à partir de la pluviosité
moyenne mensuelle, de la température moyenne mensuelle et de certaines hypothèses sur les apports des réser-
ves d’eau du sol. Elles ont servi de base pour une classification des bioclimats et pour l’établissement de cartes
homoclimatiques qui demeurent contestées par la plupart des forestiers spécialistes des régions tropicales.
L’indice d’EMBERGER nP
l=
3,65 (M + m) IM - m)
dans lequel l’humidité est caractérisée par le nombre moyen de jours de pluie (n) et Ja hauteur moyenne des
précipitations (P) au cours de l’année, la température par les moyennes en degrés centigrades des maxima du
mois le plus chaud (M) et des minima du mois le plus froid (ml a été utilisé pour definir les nuances locales
du climat méditerranéen. Il donne au Sénégal une appréciation des zones climatiques supérieures à celle obte-
nue par l’indice de DE MARTONNE (Tab. 311 mais il paraît encore insuffisant pour chiffrer les écarts existants,
à latitude égale, entre la bande littorale et l’intérieur du pays.
Estimant que 1’E.T.P. est proportionnelle à la température, HOLDRIDGE a établi un système de défini-
tion et de classification des bioclimats en ((zone de vie)) sous forme d’un schéma triangulaire divisé en alévoles
hexagonales dont chacune correspond à un type bioclimatique. La station est caractérisée par trois coordonnées:
54
TABLEAU 31
Caractérisation du climat du Sénégal
les précipitations annuelles, la biotempérature moyenne annuelle, somme des températures moyennes mensuel-
les supérieures à O’C divisée par 12, et un taux d’évapotranspiration qui est le rapport ETP/P. Les précipita-
tions limites des bioclimats sont 125, 250, 400, 1 000, 2 000, 4 000 et 8 000 mm. L’auteur attribue à chaque
niche de son schema une formation végétale climatique qui, par exemple à l’intérieur de la bande inférieure des
alvéoles correspondant à une température supérieure à 24’C, c’est-à-dire aux bioclimats tropicaux, se succè-
dent dans l’ordre naturel : rain forest, west forest, moist forest” dry forest, very dry forest, thorn woodland,
desert bush, desert.
Le système graphique d’HOLDRlDGE est d’une application séduisante par sa simplicité pour l’établisse-
ment des cartes de la végétation climatique d’un pays puisqu’à chaque station météorologique, connaissant P
et t, correspond un point du diagramme avec l’indication de la formation végétale qui devrait exister là. Des
cartes écologiques ont été établies pour l’Amérique Centrale puis pour [‘Amérique du Sud. AUBREVILLE
(19651 estime qu’elles ne sont pas satisfaisantes pour les forestiers et que des listes d’espèces, si détaillées soient-
elles, ne peuvent pas faire connaître les espèces caractéristiques, celles qui permettraient au point de vue floris-
tique de définir et de distinguer les formations. Analysant en 1971 les abus auxquels peuvent conduire les for-
mules d’évapotranspiration réelle ou potentielle en matière de sylviculture et de bioclimatologie tropicale, il
conclut que 1’E.T.P. ne peut être un indice écologique de la formation végétale en place, laquelle est en équi-
libre avec le milieu réel et ses éventuelles insuffisances temporaires en eau. Les déficits définis par le calcul de
1’E.T.P. sont des dkficits virtuels théoriques et non des déficits biologiques réels susceptibles de troubler la
vitalité de la végétation adaptée au bioclimat existant.
84 - DIAGRAMMES OMBROTHERMIQUES
Les indices annuels ne renseignent pas sur la répartition de l’humidité au cours de l’année. Constatant
l’importance biologique des périodes de sécheresse, BAGNOULS et GAUSSEN (1957) ont tenté de les caracté-
riser en recherchant le rapport critique des précipitations à la température moyenne au-dessous duquel le bilan
de l’eau du sol et des plantes devient nettement déficitaire. Ils considèrent comme secs les mois où le total des
55
Fig. 10
zoo
P= 334,7
- T*= 2a,t
1 Pz 534 -7 P= 536,?
P= %a,9
2 0 0 m T = 24,J
E
6
400 d
P = 942,2 P = 1.257.4
300 T= Fa*0
200
100
400
3ou
200
100
56
Fig. Il
P
FTP
-l
250
nm P
\\
\
\\
\
\,
\
\
P
P = 346 mm
ET-P
100
50
OI 02 03 cl4
57
Fig. 12
2oc
150
100
SO
200
1sa
ioa
SO
58
precipitations, exprime en millimètres, est inferieur ou egal au double des temperatures moyennes calculées en
degrés centigrades. Portant en abscisse les mois, en ordonnée la hauteur des pluies et les températures à une
échelle double, ils obtiennent un ((diagramme ombrothermique)). Lorsque les deux courbes se croisent, elles
délimitent une ((poche d’aridité)) qui permet d’apprécier l’importance de la saison sèche en durée et en intensité.
Nous avons établi les diagrammes ombrothermiques pour 14 villes du Sénégal (Fig. 10). Si on affecte du
coefficient 100 la station la plus humide, Ziguinchor, la planimetrie des poches d’aridité met en évidence d’une
façon assez nette la différence existant entre les stations continentales humides et sèches. Elle rend également
compte approximativement de l’influence bénéfique de la proximite de l’océan sur le climat dans la frange occi-
dentale du pays (Tab. 30). 81 ROT (1965) estime toutefois que, dans les régions tropicales, il serait préférable
de considérer comme arides les mois où la pluviométrie est inférieure à quatre fois la température moyenne
mensuelle, ce qui donnerait des diagrammes beaucdup plus explicites.
CATINOT (1967) a utilisé les diagrammes de GAUSSEN pour montrer qu’à pluviométrie moyenne annuel-
le égale, les conditions écologiques de la zone tropicale soudano-sahélienne sont beaucoup plus sévères que cel-
les de l’Afrique du Nord ou d’Israël. On comprend ainsi pourquoi certaines techniques sylvicoles qui avaient
fait leur preuve dans les régions méditerranéennes, comme la ((méthode steppique de plantation)), se sont révé-
lées décevantes au Sud du Sahara.
8 5 - B I L A N HYDRIQUE
La confrontation des courbes de pluviométrie et d’E.T.P. permet de suivre les variations du bilan hydri-
que au cours de l’année. Les périodes de disponibilité en eau constituant pour la croissance végétale, en parti-
culier pour le développement des plantes annuelles, un facteur au moins aussi important que la quantité globale
d’eau reçue, COCHEME et FRANQUIN (1967) ont proposé une méthode graphique pour les définir. Ils pro-
jettent sur l’axe des abscisses qui matérialise le temps, les intersections des courbes E.T.P., E.T.P./2, et E.T.P./lO
avec la courbe de pluviométrie, obtenant cinq phases qu’ils nomment ((période préparatoire)), ((première pério-
de intermediaire)), ((période humide)), ((deuxième période intermédiaire)) et ((période d’utilisation des réserves
du sol)), la saison de végétation étant comprise entre le début de la première periode intermédiaire et la fin de
la période d’utilisation des réserves.
Les chercheurs de 1’l.R.A.T. (1970) ont appliqué la méthode à quatre stations du Sénégal : Saint-Louis,
Matam, Thiès et Tambacounda (Fig. 11 et 12). On constate que pendant la majeure partie de l’année, 1’E.T.P.
se trouve être très largement supérieure à la pluviométrie, avec partout 4 à 6 mois d’aridité complète entre
novembre et mai. Par contre, vers le mois d’août, on trouve une phase de 3 semaines à 4 mois selon les zones
et les années au cours de laquelle la pluviométrie est supérieure à 1’E.T.P. Dans les régions méridionales, l’excé-
dent peut être très important et atteindre 500 à 600 mm, permettant une recharge des réserves du sol, entraî-
nant également drainage et ruissellement.
La méthode n’a pas, à notre connaissance, été exploitée par les forestiers. Elle pourrait être utilisée pour
préciser les données écologiques de stations comparables a priori, ce qui rendrait service aux sylviculteurs qui
tentent d’introduire et d’acclimater de nouvelles espèces, leur permettant de gagner du temps.
CHAPITRE SECOND
LE SOL ET L’ARBRE
61
Le sol est un complexe dynamique caractérisé par une atmosphère interne, une économie de l’eau parti-
culière, une flore et une faune déterminées, des éléments minéraux (DUCHAUFOUR - 1960). Il acquiert ses
propriétés progressivement sous l’action combinée des facteurs du milieu. La roche mère s’altère sous l’influen-
ce du climat et de la végétation tandis que le milieu biologique façonne de la matière organique. Des liaisons
plus ou moins intimes s‘établissent alors entre les minéraux d’altération provenant du substratum et l’humus
édifié par la biosphère. Quand l’évolution est terminée, elle a donné naissance à un milieu équilibré et stable
dont les complexes organo-minéraux, doués de propriétés physiques, chimiques et biologiques bien définies,
confèrent au sol son individualité.
Les différents types de sol ont en général des vocations bien définies et leur distinction est précieuse pour
fixer leur meilleure utilisation possible : zones agricoles ou maraichères, zones de parcours, zones susceptibles
de porter des forêts de production, zones qui doivent être protégées par le maintien de la végétation naturelle
ou par des reboisements. Toute action modifiant l’équilibre végétal entraîne une évolution du sol qui se traduit
tôt ou tard, quand elle est mal conduite, par une dégradation ou une stérilisation du terrain. La végétation fores-
tière est liée à la nature du sol mais elle contribue également, surtout si elle est puissante, à la formation d’un
sol qui lui est propre. Il y a donc action réciproque, variable dans le temps, du sol sur la forêt et de la forêt sur
le sol (SARLIN - 1963).
La pédologie forestière, branche de la pédologie appliquée, recherche les relations entre le sol et les peu-
plements forestiers, naturels ou artificiels, qu’il supporte. Cette discipline, récente dans les pays tempérés,
demeure très rudimentaire dans les régions tropicales. Pourtant, dans les contrées à longue saison sèche, elle est
capitale pour le sylviculteur car le sol, en plus de son rôle dans la formation de la matière ligneuse, sert d’in-
termédiaire entre l’eau et l’arbre. Dans certains cas, l’eau disponible pour le systèmeracinaire sera supérieure à
la hauteur de la lame enregistrrkdans la station pendant la période pluvieuse; dans d’autres, plus fréquents, elle
sera inférieure à la quantité qui se sera infiltrée dans les horizons sous-jacents.
Des études sur les sols du Sénégal ont été réalisées par l’O.R.S.T.0.M. depuis 1946 et, aujourd’hui, la plu-
part des régions ont été cartographiées. La classification utilisée pour cet inventaire est celle du Professeur
AUBERT (1963) qui est du typepédogénétique, basée sur le mode et l’évolution des sols. MAIGNIEN (1965)
a publié une notice explicative de la carte pédologique du Sénégal; CHARREAU et FAUCK (1965) ont rédigé
une note sur l’utilisation agronomique de ces sols. Nous avons largement emprunté à ces documents pour ten-
ter d’esquisser un tableau des relations entre le sol et l’arbre.
L’expérience montre que les sols tropicaux sont très hétérogènes. Ils accusent souvent, dans une même
famille et à distance rapprochée, des écarts importants dans leur structure physique et dans leur composition
minérale qui se traduisent sur le développement de la végétation naturelle. Il faudra presque toujours procéder
a des analyses pédologiques avant d’entreprendre un programme d’afforestation et, souvent, des parcelles que
rien ne distingue à i’œil des zones voisines devront être abandonnées ou complantées avec d’autres espèces que
celles retenues.
62
l- HISTORIQUE GEOLOGIQUE
Le Sénégal est un pays extremement plat dont l’altitude est le plus souvent comprise entre 2 et 50
mètres. En dehors des MAMELLES qui culminent à 100 m aux environs de Dakar, du massif de N’Diass et de
la falaise de Thiès en bordure de la presqu’île du Cap-Vert, les seules zones présentant un relief appréciable se
trouvent dans le Sénégal-Oriental, près de la frontière de Guinée, où quelques lignes de hauteurs atteignent 400
mètres. On différencie néanmoins deux unités structurales : un bassin sédimentaire qui couvre la plus grande
partie du territoire et des terrains anciens qui affleurent à l’Est.
Le socle ancien, situé dans le Sénégal-Oriental, est composé de roches ayant subi un léger métamorphisme
qui appartiennent surtout à la zone des micaschistes supérieurs. On y distingue : des cipolins, des schistes ou
mica-schistes, des quartzites et d’anciennes roches basiques transformées en roches vertes. Des granites synciné-
matiques et tardicinématiques, des granites et des diorites postectoniques se sont mis en place dans cet ensem-
ble qui a émergé au Précambrien mais qui a été transformé en pénéplaines par l’érosion.
La mer se retira jusqu’au milieu de I’Ere secondaire. Elle envahit à nouveau la partie occidentale du bas-
sin au Jurassique, y déposant des calcaires, puis elle avança vers l’intérieur. Les dépôts de l’Est sont peu épais
et gréseux; ceux de l’Ouest sont importants et surtout argileux. A la fin du Crétacé, des sables maestichtiens
s’accumulèrent dans le centre du bassin sur près de 500 mètres d’épaisseur. Ils se sont déposés directement sur
le socle imperméable dans l’Est, mais à l’Ouest, ils reposent sur le Jurassique~ Ces sables sont aquifères et cons-
tituent un important réservoir d’eau douce exploitable au moyen de forages profonds.
La mer occupe toujours le bassin sénégalo-mauritanien au début du Tertiaire et dépose sur les sables
maestrichtiens des calcaires alternant avec des dépôts marneux et gréseux qui affleurent aujourd’hui au Sud-
Est du Lac Tamna et à Popenguine. Elle accumule à I’Eocène inférieur (Yprésien) et à I’Eocène moyen (Luté-
cien) des calcaires plus ou moins marneux, parfois phosphatés, qu’on observe à N’Gazobil, Bargny et Lam-Lam
et qu’on retrouve à faible profondeur vers Thiès, Diourbel, Gossas, M’Backé, Dahra et Linguère puis dans fa
vallée du fleuve de Matam à Podor.
La mer se retire à I’Eocène supérieur, sauf à proximité de Dakar et de Ziguinchor ou subsistent deux
golfes. Les massifs anciens sont alors soumis à une érosion intense dont les produits de démantèlement donner-ri
63
un grès argileux qui recouvre tout le plateau sénégalo-mauritanien. Les grès du Continental Terminal sont
aujourd’hui largement représentés à l’affleurement, sous des formations quaternaires ou sous une cuirasse ferru-
gineuse dans le Ferlo, l’Est du Sine-Saloum, la Moyenne et la Basse-Casamance et dans une partie du Sénégal-
Oriental, Les faciès les plus frequents sont des sables argileux roses, beiges, jaunes, blancs, bariolés dans lesquels
s’intercalent des niveaux argileux ou gréseux. Des phénomènes volcaniques se produisirent à la même époque
dans la Presqu’île du Cap-Vert, au Cap Manuel et aux îles des Madeleines, avec des épanchements de laves
voisines des basaltes.
((Le bassin sédimentaire secondaire et tertiaire a une grande importance sur la pédologie sénégalaise. Les
formations qui le composent sont les traces de cycles climatiques qui ont joué sur les affleurements orientaux
du socle ancien. Ainsi le Maestrichtien peut être rattaché au déblaiement de la première surface d’érosion qui
culmine aujourd’hui en Guinée et au Mali. Les sédiments marneux souvent à attapulgite, marna-calcaires et cal-
caires du Paléocène et de la mer Lutétienne peuvent être associés à l’altération ferralitique profonde de la deu-
xième surface d’aplanissement. Enfin, les formations détritiques du Continental Terminal proviendraient du
déblaiement des produits d’altération de cette deuxième surface. La plupart de ces formations sédimentaires
affleurantes ou subaffleurantes, riches en carbonates, marquent la pédogénèse de nombreux sols contempo-
rains : vertisols, paravertisols sableux (deks), sols bruns subarides)) (MAIGNIEN - 1965).
Le bassin resta émergé au Quaternaire. Des dépôts lacustres ou alluviaux s’accumulèrent le long des fleu-
ves et dans les dépressions tandis que la mer déposait des sédiments le long de la côte septentrionale. Le volca.
nisme se manifesta de nouveau dans le Cap-Vert où un volcan apparut aux Mamelles, rejettant des laves basal-
tiques puis de la dolérite.
Les formations quaternaires sont étroitement liés aux sols actuels. Elles sont très hétérogènes en raison
des changements climatiques récents et des variations du niveau de la mer. Par ordre chronologique on distin
gue :
- le glacis inférieur, à cuirasse ferrugineuse, et le bas-glacis, non cuirassé, surmontés de calcaires lacustres gris-
blanc, friables, renfermant des nombreux grains de quartz, qui forment des taches plus ou moins étendues
dans le Cayor, le Djoloff et le Ferlo Occidental;
- des dunes mises en place par reprise éolienne de matériaux alluviaux ou éluviaux. Alignées sur plusieurs
dizaines de kilomètres de long, orientées NE-SW puis E. NE-SW à l’intérieur, on les trouve depuis la vallée
du fleuve jusqu’à celle de Saloum. Elles.sont formées de grains de quartz colorés en rouge par des films fer-
rugineux;
- des dépôts accumulés au cours de deux transgressions marines du Quaternaire récent dans les vallées infé-
rieures des rivières, en particulier dans la basse vallée du Sénégal et dans son pseudo-delta où on observe des
terrasses sableuses datant vraisemblablement de I’Ouljien et des levées plus limoneuses flandriennes;
- une sédimentation de vases et de sables après fermeture des golfes marins par des flèches et des cordons lit-
toraux. Ces vasières s’étendent largement en Basse-Casamance et dans le Sine-Saloum. Les zones les plus éle-
vées, hors d’atteinte des marées, sont les ((Tannes)) à efflorescences salines; les parties basses, submergées par
la mer, sont colonisées par la mangrove;
- des dunes qui sont édifiées et qui continuent à se développer en bordure du littoral sous l’influence de l’ali-
zé entre l’embouchure du Sénégal et la presqu’île du Cap-Vert. Blanches quand elles sont vives, jaunes si elles
sont demi-fixées, elles s’étagent sur un à quatre kilomètres et elles viennent chevaucher les dunes rouges de
i’arrière-pays, empêchant l’écoulement des eaux et donnant naissance à des dépressions humides, les ((Niayes)).
64
Fig. 13
65
2- LES SOLS
Sept classes de sols sur dix sont représentées au Sénégal. Elles se divisent en 16 groupes, eux-mêmes ven-
tilés en 53 familles (Tab. 32).
L’etude de la répartition des sols illustre le principe de la zonalité horizontale : la zone sahélienne est
caractérisée par la présence des sols subarides, la zone soudanienne par des sols ferrugineux tropicaux, la zone
guinéenne par des sols ferralitiques.
Cette distribution met en évidence l’action prépondérante du climat et de la végétation sur la pédogénè-
se, On observe cependant des variations dues au matériau originel, au drainage, à des influences anciennes ou
recentes.
Le matériau originel intervient dans l’individualisation de certains types de sols. C’est ainsi que les sols
hydromorphes se sont en général développés sur des sédiments marins récents, que les vertisols sont toujours
associés aux formations marneuses, que les sols ((deks)) et les sols subarides qu’on rencontre dans la bande des
sols ferrugineux tropicaux sont liés à la présence de formations calcaires à faible profondeur.
Le matériau originel peut également influer sur les caractéristiques des sols zonaux. On le constate chez
les sables argileux du Continental Terminal qui présentent des caractéristiques des sols ferralitiques héritées de
ce matériau issu des remaniements d’anciens produits d’altération.
Le modelé subhorizontal, si fréquent au Sénégal, limite souvent les possibilités de drainage externe et
entraîne des tendances à l’engorgement dans les horizons de surface. La concentration des précipitations sur
40 à 45 jours accuse en outre les phénomènes d’hydromorphie. Il en résulte que beaucoup de sols, même des
sables apparemment bien drainés, sont à hydromorphie ou intergrades hydromorphes.
Les engorgements temporaires jouent un rôle important dans la mobilisation du fer et sur tous les élé-
ments dont la solubilité varie avec le potentiel d’oxyde-réduction. Ces processus s’accusent sur des modelés de
longs glacis, provoquant le lessivage vertical ou oblique des éléments dispersés ou mobilisés, donnant naissance
2 des sols ferrugineux tropicaux lessivés à concrétions ou à cuirasses ferrugineuses.
Le régime hydrique marque également fortement l’individualisation et l’évolution des sols halomorphes.
De nombreux sols hydromorphes salés se transforment ainsi en sols à alcalis lorsqu’ils sont trop fortement expo-
sés ZI l’insolation, ce qui accuse les phénomènes de remontées salines à partir de la nappe.
66
TABLEAU 32
faIblement évolués
IX intargrades
l sur alluvions argileuses
xwcture non dégradée sols salins hydromorphes humifère
-
,OLS H A L O M O R P H E S in targrades à pseudo-gla l sur alluvions argileuses
pseudo-gley de surface
ILS HYDROMORPHE: -
minéraux sols à pseudo-gley
taches et concr&wx
ferrugineuses en . sur colluv~ons sabla-argileuses
profondeur
67
Beaucoup de sols sont marques par des influences anciennes. Les plus vieilles cuirasses ferrugineuses sur
le Continental Terminal seraient Villafranchiennes; certaines cuirasses ferralitiques du Sénégal-Oriental date-
raient de la fin du Tertiaire. Ces diverses formations correspondent à des climats comparables au climat souda-
nais actuel ou plus humide.
Les epandages sableux qui recouvrent le Nord-Ouest du pays sont à rattacher à des variations climatiques
analogues mais qui ont joué dans le sens d’une plus grande aridite. Il en est de merne pour la couleur rouge des
dunes qui implique une certaine migration du fer.
La présence de sols rouges faiblement ferralitiques dans les environs de Kaolack, sous une pluviométrie
annuelle de 800 mm, ne peut s’expliquer que par l’action d’un climat plus humide de 300 à 400 mm. La per-
manence de ces processus sous des précipitations moindres indique une certaine hystérésis du phénomène de
ferralitisation.
Pour donner une idée du rôle possible des influences anciennes sur la pédogenèse actuelle, MAIGNIEN
considère que le temps approximatif nécessaire à l’évolution des différents groupes de sols sur matériaux préa-
lablement altérés serait de :
Les sols subarides et ferrugineux tropicaux correspondent à des climats continentaux. Au Sénégal où les
conditions climatiques sont moins sévères à proximité de l’océan qu’à l’intérieur du continent, ils sont moins
bien typés et ils deviennent souvent intergrades.
D’autre part, l’exploitation excessive des sols sableux pour les cultures itinérantes, surtout celle des sols
subarides, se concrétise souvent par des remaniements importants des horizons de surface qui accusent leur tex-
ture sableuse. Ces processus freinent considérablement l’évolution climatique, accélérant la minéralisation de la
matière organique.
Il résulte de ces diverses données que les sols sénégalais présentent une certaine originalité et se différen-
cient sensiblement des sols des régions tropicales comparables. Il n’en reste pas moins qu’ils s’intègrent parfaite-
ment dans la classification générale.
Les sols minéraux bruts, souvent appelés sols squelettiques, présentent une amorce d’horizon A constitué
essentiellement de debris de roches faiblement décomposés, sans presque aucune trace de matière organique. Ils
sont liés à l’érosion ou à des apports récents.
ESQUISSE PEDOLOGIQUE DU SENEGAL
PR R T/E OCC/MtVTALE
DAK4R
69
Le groupe comprend des sols lithiques dont les matériaux altérés sont déblayés en permanence par l’eau.
Le matériau originel est ainsi continuellement mis à nu. Cinq familles ont été reconnues au Sénégal dont qua-
tre correspondent à l’affleurement d’horizons cuirassés.
Les cuirasses ferralitiques sur grès sont situées dans le massif de N’Diass. Elles correspondent à une ancien-
ne cuirasse ferralitique massive, partiellement démantelée, qui repose sur grès maestrichtiens. Elles portent un
bush épineux d’Acacia ataxacantha avec par place, dans des poches où des matériaux sabla-argileux résiduels se
sont accumulés, des vestiges d’une végétation forestière à affinité soudano-guinéenne aujourd’hui en voie de dis-
parition qui marque l’emprise d’un climat plus humide que l’actuel.
Les cuirasses ferralitiques sur marne-calcaire sont limitées aux affleurements cuirassés qui dominent la
falaise de Thiès. La cuirasse dont le modelé est subhorizontal et l’épaisseur comprise entre 3 et 5 mètres s’en-
fonce insensiblement vers l’Est où elle est ennoyée par des dépôts sableux. Là encore, Acacia ataxacantha, asso-
cié à Combretum micranthum, forme l’élément à peu près exclusif d’une savane-hallier. Acacia albida apparaît
sur les plages sableuses mises en culture.
Les cuirasses ferrugineuses sur grès argileux couvrent une grande partie du Ferlo-Oriental. Reposant sur le
Continental Terminal, elles sont subhorizontales et ont moins d’un mètre d’épaisseur. Elles sont riches en fer,
pisolithiques dans leur partie superieure, plus massives en profondeur, souvent feuilletées en bordure des col-
latures. Elles correspondent à des faciès successifs de dégradation de sols ferrugineux lessivés à cuirasse ferru-
gineuse dont les horizons de surface ont été plus ou moins déblayés par érosion hydrique, On rattache à cette
famille quelques affleurements de cuirasse ferrugineuse observés à proximité de la vallée du Bounoum et du lac
de Guiers ainsi qu’à la base des ((diéri)) qui bordent la vallée du Sénégal vers le sud. Ces sols portent une savane
arborée très ouverte, presque toujours dégradée, dans laquelle Combretum glutinosum représente l’élement domi-
nant.
La famille des éboulis gréseux et cuirasses ferrugineuses correspond aux éboulis qui bordent au nord la
falaise du Fouta Djalon près de la frontière guinéenne. La vegétation est en général absente ou rabougrie.
La famille des dunes vives siliceuses d’origine éolienne se limite à la frange dunaire qui suit le littoral
entre Dakar et Saint-Louis. Ce sont les dunes blanches des geologues. Elles sont souvent contaminées près du
rivage par des tests calcaires et des sels marins apportés par les embruns. La végétation est absente ou limitée
à quelques Aristidées aussi les reprises éoliennes sont-elles marquées, surtout dans les zones où l’occupation
humaine est forte. Il est possible de stabiliser ces formations et de freiner les transports de sable vers les dépres-
sions des Niayes de l’arrière pays, exploitables pour les cultures maraichères, en les fixant par des plantations
de Casuarina equisetifolia.
Sur la côte Sud, entre le Somone et Nianing, puis à l’embouchure du Saloum, on trouve des sols bruts
d’origine marine. Ce sont des plages plus ou moins sableuses, parfois envasées, riches en debris calcaires coquil-
liers avec fréquemment de fortes concentrations d’ilménite et de zircon.
Le profil A C présente un horizon à matière organique peu décomposée en surface, en contact direct avec
un matériau original faiblement alteré. Seuls des sols peu evolués d’érosion ou d’apport, donc d’origine non cli-
matique, existent au Sénégal.
70
Les sols gravillonnaires sur cuirasse ferrugineuse se rattachent aux sols squelettiques de cuirasse ferrugi-
neuse sur grès argileux du Continental Terminal. Ce sont, pour la plupart, d’anciens sols ferrugineux tropicaux
lessivés à concrétions ou à cuirasse dont les horizons superficiels meubles ont eté décapés par l’érosion hydri-
que. Leur épaisseur dépasse rarement 50 centimètres. L’horizon de surface, de couleur gris-noir, renferme 2 à
3 % de matière organique. La texture est sabla-argileuse avec, en mélange, des gravillons ferrugineux provenant
de la dissolution partielle des ciments de la cuirasse pisolithique sous-jacente. Ils sont saturés d’eau pendant
l’été et accusent des phénomènes d’hydromorphie temporaire. Ils sont très sensibles au lessivage oblique et
contribuent à l’évolution des cuirasses ferrugineuses qui bordent les collatures. Largement représentés dans le
Ferlo-Méridional, entre Kaffrine et la vallée de la Falémé, et au contact des formations primaires, ils sont sou-
vent couverts d’une savane arborée assez dense dans laquelle Bombax costatum et Stercuka setigera dominent
dans la strate arborée et Oxythenanthera abyssinica dans le sous-étage.
La famille sur quartzites est située dans le département de Bakel, entre le fleuve Sénégal et la wuesta))
du Continental Terminal. Les eboulis de quartzites sont partiellement ensablés, ce qui permet le développement
d’une savane arbustive à base de Combretum glutinosum.
Les uns sont hydromorphes. On les trouve sur colluvions sabla-argileuses du Continental Terminal dans la
vallée du Bounoum, en amont de Yang-Yang, et dans le cours d’un affluent du Saloum, en amont de N’Dioum-
Guennt. Ce sont des sols jeunes, à profil peu différencié, légèrement humifères en surface, avec quelques traî-
nées ferrugineuses rouille ou quelques taches manganifères noires en profondeur. Ils sont sporadiquement inon-
dés pendant la saison pluvieuse et portent une végétation herbacée de Vétiver et une strate arborée de Mitragyna
inermk On les rencontre également sur des levées de sables grossiers dans les estuaires du Saloum et de la Casa-
mance; ils sont couverts d’une végétation naturelle herbacée où /mperata cyhdrka devient l’élément dominant
quand on les met en culture.
Les autres sont faiblement salés, également sur levées sableuses. On les trouve dans le pseudo-delta duSén&
gal. Ils portent une maigre strate herbacée de Sporobuhs spicatus.
223 - Vertisols
Les vertisols sont caractérisés par une couleur vert-olive ou brune sur tout le profil et par une teneur en
argile supérieure à 25 %. Ils ont une structuration massive, prismatique à cubique, parfois en plaquettes, et
renferment presque toujours des nodules calcaires, irrégulièrement répartis, parfois étalés en surface par l’éro-
sion. Ils sont très riches chimiquement, en particulier en calcium et en magnésium. Ils sont par contre pauvres
en matière organique malgré leur couleur foncée. Leur pH est voisin de la neutralité. Ce sont les mouvements
de rétraction et de gonflement de l’argile pendant la période pluvieuse qui expliquent leurs caractères structu-
raux.
Les conditions indispensables pour l’individualisation des vertisols sont un matériau originel pouvant four-
nir les éléments de néoformation et un drainage interne déficient. On distingue, suivant l’importance relative de
l’un oul’autre de ces facteurs, les vertisols à pédoclimat très humide pendant de longues périodes, souvent nom-
més vertisols topomorphes ou hydromorphes, qui se développent en position plane ou faiblement déprimée et
qui sont sporadiquement inondés et les vertisols à pedoclimat temporairement humide, fortement marqués par
le matériau originel d’où leur nom de vertisols lithomorphes.
71
Ils sont formes sur alluvions argileuses et sont intergrades vers les sols hydromorphes. Ils présentent un
relief assez mouvementé en surface, amorce d’un microrelief ((gilgaÏ)), des fentes de retrait larges et nombreu-
ses, et ils contiennent des nodules calcaires et des gravillons ferrugineux. Leur structure est assez fine dans les
horizons superficiels mais elle devient massive à partir de 20 centimètres de profondeur.
On ne les observe que dans le centre du bassin de I’Anambé en Haute-Casamance où ils portent un peu-
plement très ouvert de Termine/;,s macm@ere dominant un tapis dense d’An&opogon gevaws.Certains sols de
((OU~I~)) relativement anciens de la vallée du Sénégal seraient à rattacher à cette famille; aujourd’hui défrichés,
ils étaient colonisés par Acacia ni/otica var tomentosa dont la strate arborée et Vetiveria nigritana dans la strate
herbacée.
Ils sont très largement représentés au Sénégal sur les roches calcaires et basiques. On les divise en deux
groupes selon que leur surface a une structure fine ou massive.
Les vertisols lithomorphes à surface de structure fine occupent des surfaces restreintes dans l’Est du pays
sur des produits d’altération des dolérites ou sur des tillites, des calcaires, des pélites. Dans le premier cas, ils
sont profonds et couverts d’une futaie à base d’Anogeissus Ieiocarpus; dans le second cas, ils sont très caillou-
teux et portent une savane ouverte à caractère soudanais.
Les vertisols lithomorphes à surface de structure massive, jadis appelés ((argiles noires tropicales)) s’obser-
vent sur tous les affleurements de marne à attapulgite et sur les formations marna-calcaires de l’Ouest du Séné-
gal, principalement dans la Presqu’île du Cap-Vert, sur le plateau de Bargny, aux pieds de la falaise de Thiès et
en forêt de Nianing. Ce sont des sols modaux d’un mètre d’épaisseur qui renferment 40 à 70 % de montmoril-
lonite presque pure. l ls portent un taillis arbustif dense, difficilement pénétrable, d’Acacia seya/ et d’Acacia ata-
xacantha d’où émergent par place de gros Baobabs. D’importantes surfaces sont incorporées au domaine fores-
tier national. Elles sont exploitées pour la carbonisation, donnant un combust,ible de médiocre qualité. Il serait
certainement rentable, étant donné la proximité des centres urbains utilisateurs de charbon de bois, de reboi-
ser certaines zones avec des essences donnant un meilleur rendement en bois. Parmi celles-ci, Euca/yptus micro-
theca semble le mieux adapté aux conditions édaphiques.
Intergrades sols ferrugineux et beaucoup plus sableux, les sols ((deks)) sont voisins de la famille précéden-
te. lis se situent toujours en position déprimée par rapport aux sols ferrugineux tropicaux et leurs niveaux ensa-
blés superficiels sont plus ou moins influencés par les formations calcaires sous-jacentes. La texture sableuse
limite le développement des fentes de retrait et la structure massive est généralement fondue mais la présence
d’un horizon imperméable en profondeur accuse les phénomènes d’hydromorphie et entraîne souvent l’appari-
tion d’un véritable horizon de concrétions de fer et de manganèse. Ces sols couvrent d’importantes superficies
entre N’Gazobil et Bambey puis entre Baba-Garage et M’Backé. Beaucoup ont été défrichés pour la culture du
sorgho, les autres sont couverts d’une savane fermée d’Acacia seya/.
Les sols isohumiques se développent sous des conditions de semi-aridité prononcée et sous l’action d’un
peuplement forestier diffus, épars au milieu d’une strate herbacée de type steppique, d’où le nom de ((sols step-
piques)) qu’on leur donne parfois. Ils sont caractérisés par un complexe saturé et une individualisation poussée
des sesquioxydes de fer, conséquence d’un pédoclimat chaud pendant la brève période pluvieuse qui ne permet
72
qu’une faible accumulation de matière organique et de faibles processus de carbonatation. Deux groupes princi-
paux ont été reconnus au Sénégal au-dessous de l’isohyète 500 millimètres.
Le profil qui peut atteindre deux mètres présente un horizon de surface humifère de 20 à 25 cm d’épais-
seur, de couleur gris-brun à brun, et un horizon sous-jacent cl’au ‘moins un mètre de profondeur, de teinte rou-
ge à rousse caractéristique, La structure est en général peu ou mal développée, à tendance nuciforme, avec 80 à
85 % du fer total individualisé. La teneur en matière organique est inférieure à 0,5 % et le rapport C/N ne
dépasse pas 8. Les bases sont faiblement lessivées; le milieu est mal tamponne et le pH est neutre ou faiblemenl
acide.
Ces sols qui se sont formés sur des matériaux sableux très pauvres en cléments fins renferment moins de
5 % d’argile d’où leur faible rétention pour l’eau. Ils sont fragiles et ils sont souvent repris par les vents dès que
la steppe sahélienne qui les protège est detruite par les hommes ou les feux itinérants. Les uns, relativement jeu-
nes et n’ayant ‘pas subi une évolution complète, constituent les sols ((dieri)) qui bordent au sud la vallée du Sén&
gal; les autres qui deviennent progressivement intergrades sols ferrugineux tropicaux au fur et à mesure que les
précipitations augmentent, sont largement représentés sur les dunes rouges au nord de la voie ferree Louga-Lin-
guère.
L’aire de l’kacia-Zac/&wa coïncide au Sénégal avec la zone des sols Brun-Rouge subarides. Le peuple-
ment dans lequel l’espèce était dominante, souvent associée ZI Acacia senega/ensis, formait encore une savane
arborée continue à la fin du siècle dernier. Il a été en grande partie défriché pour la culture de l’arachide entre
1900 et 1930. Il s’amenuise et il se dégrade un peu plus chaque année, et les Acacia sont remplacés par Balani-
tes aegyptiaca, plus résistant au feu et moins appeté par les ovins et les caprins. Ces sols conviennent particu-
lièrement à Acacia senega/ensis et de nombreuses stations pourraient être reboisées en Gommiers.
Le profil a souvent moins d’un mètre d’épaisseur. Il comprend un horizon de surface bien structuré, à ten-
dance feuilletee dans les premiers centimètres, de type grumeleux en profondeur. La teneur en matière organi-
que totale est inférieure à 1 % mais elle est bien répartie à travers tous les horizons et le rapport C/N est voi-
sin de 10. Le fer est individualisé dans la proportion de 70 à 75 %; sa couleur est toutefois masquée par la
matière organique. Le lessivage des bases est faible ou nul; le milieu est bien tamponné et le pH est neutre à
basique.
Ces sols se sont développés surtout en position topographique déprimée ou sur des materiaux riches en
calcium. On en observe quelques taches en bordure de la vallee du Sénégal, au contact des affleurements calcai-
res du Lutétien. On en trouve d’importantes surfaces sur sables colluviaux calcaires en profondeur dans le Cayor,
à la limite du Djoloff et du Baol ainsi que dans les interdunes du Fouta loro. On en signale enfin une plage
sur alluvions sableuses à l’Ouest du lac de Guiers. Leur texture est plus lourde que celle des sols Brun-Rouge
subarides et leurs réserves minérales sont plus élevées. Ils ont par contre un drainage interne réduit.
Ce sont en général de bonnes terres pour la culture du mil et du sorgho aussi la strate arborée dans laquel-
le Acacia seay/, Acacia ni/otica var ac/ansonii et Ba/anites aegyptiaca représentaient les éléments dominants a-t-
elle souvent été éliminée par les paysans. Leur surexploitation agricole entraine toutefois rapidement leur dégra.
dation et leur envahissement par Guiera senega/ensk
73
Cette classe groupe tous les SOIS des regions tropicales dont la plus grande partie des sesquioxydes est indi-
vidualisee et dont la matière organique restituee par la vegetation se drkompose rapidement. Elle est représen-
tee au Sénégal par les sols ferrugineux tropicaux caractéristiques des climats soudanais et par les sols ferraliti-
ques caractéristiques des climats guinéens et équatoriaux.
Les sols ferrugineux tropicaux possèdent un profil ABC avec des limites distinctes entre les divers hori-
zons. L’horizon de surface, de couleur grise à gris-noir, s’assombrit encore plus quand il est humide. Les cou-
leurs des horizons sous-jacents, plus claires, se situent dans les gammes jaunes.
La profondeur du profil peut atteindre 250 centimètres mais les horizons d’altération ne dépassent pas un
mètre. La texture est souvent sableuse en surface, avec tendance au lessivage de l’argile qui s’accumule en pro-
fondeur wur former un horizon parfois colmaté. La structure est peu développée, assez nettement nuciforme
en B. Les teneurs en matières organiques sous végétation naturelle sont de l’ordre de 1 à 2,5 % et le rapport
C/N est compris entre 14 et 17. Le pH, faiblement acide en surface, varie peu en profondeur, Le degré de satu-
ration en bases atteint 70 à 90 % dans les horizons d’accumulation. Le rapport fer libre sur fer total est tou-
jours supérieur à 50 %.
La classification des sols ferrugineux tropicaux s’appuie sur l’intensité du lessivage du fer et de l’argile des
horizons de surface vers les horizons profonds. On distingue deux groupes suivant que les profils présentent ou
non un horizon B textural.
Ils présentent les caractères généraux des sols ferrugineux tropicaux avec la particularité de ne pas être
lessivés en argile. Le lessivage du fer est par contre réel et se traduit dans le profil par la présence en profondeur
d’horizons rouge-vif, de lignes d’accumulation sub-horizontales et, plus rarement, de taches et de concrétions.
L’horizon humifère est peu différencié des horizons sous-jacents et les caractères d’évolution sont en général
peu marqués. Leur texture varie de l’ocre au beige.
Ces sols qui sont appelés ((diors)) au Sénégal présentent une grande extension entre les latitudes 15’ 30’
et 14’ 30’ c’est-à-dire, approximativement entre les isohyètes 500 et 750 millimètres. Les pédologues distin-
guent six familles dont les plus importantes se sont développées sur sable dunaire du Quaternaire récent dans
la partie occidentale du pays et sur grès argileux du Continental Terminal dans la partie orientale.
Les sols (tdiors)) formés sur sables siliceux sont très largement représentés dans le Cayor, le Djoloff et le
Baol. On en trouve également quelques taches dans le Nord-Est du Ferlo. Leur teneur en argile est comprise
entre 2 et 6 % et les sables sont en majeure partie des sables fins. Après un horizon de surface gris-beige ou gris
de 20 à 30 centimètres d’épaisseur, assez sableux, faiblement cohérent, contenant moins de 0,5 % de matière
organique, on passe à un horizon légèrement plus argileux, rouge, assez poreux qui durcit en fin de saison sèche
puis on trouve, à partir d’un mètre de profondeur, des sables rose-pâle qui peuvent atteindre plusieurs mètres
d’épaisseur. On observe autour de ce type central quelques variations liées essentiellement à une plus ou moins
grande dégradation du sol. Cest ainsi qu’on reconnaît des ediors8 gris humifères, des ((diors)) blancs, des
((diors)) rouges. Certains montrent la formation de raies d’accumulation, d’autres de petites taches diffuses
d’hydromorphie.
74
La richesse chimique des SOIS ((diors)) se situe à un niveau très bas pour tous les éléments, en particulier
pour le phosphore qui atteint le seuil carence. Le complexe absorbant est cependant assez bien saturé et la
reaction est légèrement acide. La capacité de rétention pour l’eau est voisine de 6 % en surface et de 10 % en
profondeur, correspondant à un pH de 2 à 2,5. Le point de flétrissement est très bas, de l’ordre de 1,5 % en
surface et de 4 % en pronfondeur. Les quantités d’eau utiles sont, de ce fait, non négligeables et il n’y a prati-
quement pas d’eau retenue à l’état non utilisable comme dans le cas des sols argileux.
Ces sols sont sensibles à l’érosion éolienne pendant la saison sèche et à l’érosion hydrique pendant l’été.
Ils ont été presque totalement défrichés pour la culture de l’arachide et, souvent, Acacia a/bida demeure le seul
élément arboré du paysage avec, par place de rares Tamarindus indica ou Parkia bighbosa maintenus par les
paysans pour leurs fruits. Beaucoup de zones devenues stériles à la suite d’une mauvaise rotation agricole ne
portent plus qu’un maigre recru de Guiera senegalensis et de Boscia senegalensis, Il serait possible de les régéné-
rer en multipliant Acacia a/bida dont le rôle dans l’amélioration des sols ((diors)) a été mis en évidence au cours
de la dernière décennie puis de les protéger en créant des écrans brise-vent.
Les sols ((diorw dérivés du Continental Terminal présentent les mêmes caractéristiques que ceux issus des
sables siliceux mais ils sont un peu plus argileux. On les trouve sur grès sabla-argileux dans le Ferlo-Occidental,
entre les vallées du Bounoum et du Saloum et celle du Sine, sur les colluvions sabla-argileuses qui remblaient
les vallées amont du Sine, du Saloum et surtout du Bounoum, sur grès sabla-argileux souvent concrétionnés et
cuirassés en profondeur dans le Centre et le Centre-Nord du Ferlo.
Ce sont d’excellents terrains de parcours pour le bétail couverts d’une savane arborée dans laquelle les
Combrétacées dominent. De nombreuses zones, déboisées pour la culture de l’arachide, sont très érodées par
l’eau.
Ils présentent un horizon B textural d’alluvion argileuse. Leur tendance évolutive est le lessivage en argi-
le et en fer. Les horizons d’accumulation qui en résultent sont plus ou moins développés et profonds en fonc-
tion du matériau, des conditions topographiques et de la puissance de l’érosion. Les pH sont de 6 à 6,5 en sur-
face et de 5,5 en profondeur. Les réserves minérales sont faibles, aussi la fertilité est-elle conditionnée essen-
tiellement par les teneurs en matière organique qui, sous forêt, peuvent dépasser 1,5 % mais qui, après défriche-
ment, tombent fréquemment au-dessous de 1 %. Le taux de calcium est bon mais les teneurs en K’O et PzOs
sont faibles et la tendance au lessivage accélère encore la perte des éléments chimiques facilement mobiles.
Ces sols se rencontrent sous des pluviométries de 800 à 1.200 millimètres, parfois de 1.400 millimètres.
Souvent groupes sous le nom de sols ((beiges)), ils sont subdivisés en quatre sous-groupes suivant l’intensité de
l’accumulation en fer, en relation avec des processus d’engorgement temporaire lié au colmatage de l’horizon
argileux profond. Ils ont une structure instable et ils sont très sensibles à l’érosion hydrique. Situés dans une
zone caractérisée par des pluies à intensité .élevée, intervenant après une période de grande sécheresse, ils se
dégradent rapidement quand on les dénude.
Ces sols que l’on nomme parfois ~01s beiges du Sine)) sont relativement jeunes. Ils se développent sur
des surfaces récentes, plus ou moins alluvionnées, et ils marquent par leur texture sableuse une transition entre
les sols ((diors)) et les sols lessivés à concrétions. Le lessivage de l’argile est lié à l’évolution d’un horizon de
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matière organique bien individualise. L’ensemble du profil ne dépasse guère 150 centimètres et parfois, quel-
ques taches rouilles, dues à une nappe phréatique proche de la surface, apparaissent à partir de 2 mètres de
profondeur.
On les trouve sur grès sabla-argileux, à la limite occidentale du Continental Terminal, vers Gossas où ils
ont été presque totalement défrichés pour la culture de l’arachide. On les rencontre dans le Sine sur des sables
siliceux,. produ.its de remaniement par l’eau des matériaux erodés du Continental Terminal; ils ont une certaine
tendance à l’hydromorphie et conviennent aux céreales. On les observe en bordure et à l’interieur du delta com-
mun au Sine et au Saloum sur des levees sableuses où dominent les sables grossiers. L’horizon illuvial est forte-
ment coloré par des traînées rouilles par suite de la proximité de la nappe phréatique et on enregistre parfois
quelques actions d’halomorphie en profondeur. Acacia a/bida remplace peu à peu le peuplement arboré éliminé
par les paysans.
Ils marquent un degré d’évolution plus prononcé que les précedents et on observe une accumulation de
fer sous forme de taches bien délimitées et de concrétions durcies juste au-dessous de l’horizon d’accumulation
argileuse. Des marques d’hydromorphie temporaire se matérialisent par le développement d’un horizon humi-
fère noirâtre d’environ 30 cm d’épaisseur, à rapport UN voisin de 14.
Ces sols sont largement représentés sur grès sabla-argileux et sur les mélanges de grès sabla-argileux et de
colluvions sableuses qui jalonnent les entailles du Continental Terminal dans le Niombato, entre Kaffrine et Tan-
bacounda puis entre Goudiry et Dialacoto. Cordyla pinnata, Bombax costatum, Sterculia setigera forment l’éta-
ge dominant d’une savane arborée assez dense à base de Combrétacees.
Ils représentent le terme ultime du lessivage en sols ferrugineux tropicaux. L’horizon argileux, nettement
individualisé, accuse le colmatage pendant la saison des pluies d’où l’apparition de processus d’hydromorphie
temporaire qui provoquent un concrétionnement puis un cuirassement très prononcé. Dès que le cuirassement
se réalise, l’érosion s’accélère en surface, entraînant le décapage des horizons lessivés les plus meubles et par-
fois des horizons d’accumulation argileuse. il en résulte souvent la mise à l’affleurement des horizons cuirassés
et concrétionnés et le passage à des sols squelettiques peu évolués.
Ces sols sont fréquents en Moyenne et en Haute-Casamance sur grès sabla-argileux du Continental Termi-
nal et au Sénégal-Oriental sur schistes greseux. Ils conviennent aux cultures de l’arachide, du mil et du coton
lorsqu’ils sont profonds mais ils sont très sensibles à l’érosion hydrique. Souvent, le défrichement de la savane
de type soudano-guinéen à sous-bois d’oxythenantera abysshica entraine leur dégradation rapide.
Ils marquent la transition vers les sols hydromorphes à pseudo-gley dont ils possèdent le profil avec un
horizon argileux illuvial bien marqué mais on observe des taches ferrugineuses de couleur rouille ou des concré-
tions au sommet de l’horizon 6 et à la base de l’horizon A2. Ce sont des sols gris-noir, très mouillés en pério-
de pluvieuse, faiblement enrichis en matière organique, dont le rapport C/N est voisin de 17.
Ils sont largement représentés sur schistes dans l’Est du pays, en avant des formations argile-sableuses du
Continental Terminal, souvent associés à des cuirasses de bas de pente formant de vastes glacis dépourvus de
végétation arborée. On les retrouve sur grès sabla-argileux reposant sur une cuirasse en tête du bassin du
77
Bounoum puis en bordure de la frontière gambienne dans le Sud-Est du Sine-Saloum mais sans cuirasse en pro-
fondeur. Dans l’un et l’autre cas, ils sont très sableux avec des caractères d’hydromorphie prononcés.
Les sols ferralitiques se caractérisent morphologiquement par un profil peu différencié à horizons ma’
exprimés qui passent progressivement de l’un à l’autre. Contrairement aux sols ferrugineux, les horizons d’aité-
ration sont toujours épais et fortement colorés et les altérations sont très intenses.
Seul le groupe des sols faiblement ferralitiques a eté reconnu au Sénégal sous les isohyètes 1.000 à 1.560
millimètres. La décomposition des minéraux n’étant pas totale, ils peuvent contenir des minéraux d’altération
en quantité encore appréciable et les teneurs en alumine libre sont faibles. Le rapport Si Oz/A12 03, toujours
supérieur à 1,7, est voisin de 2.
Ce sont des sols profonds de 3 à 6 mètres dont la couleur rouge à brun-rouge est assez homogène sur
tout le profil. Les taux d’argile sont compris entre 15 et 25 % en surface, entre 30 et 40 % en profondeur. La
teneur en matière organique atteint 1 %, parfois plus sous forêt. Leur pH varie de 4,8 à 5,4. Ils sont composés
de kaolinite, d’hydroxyde de fer et de silice et ne renferment pas de concrétions. La répartition du fer sur les
argiles explique leur bonne stabilité structurale.
Les sols les plus rubéfiés se trouvent sur les buttes. Le profil s’éclaircit sur les pentes puis on passe sou-
vent à des sols beiges ou gris, en même temps qu’on enregistre une accentuation des phénomènes de lessivage
et une apparition progressive de l’hydromorphie. Ces sols sont fragiles; ils demandent à être protégés de l’éro-
sion en nappe par la végétation. Leurs points faibles sont leur carence en P20s et en K20 et la disparition
rapide de la matière organique quand on les défriche.
On les rencontre sur grès sabla-argileux du Continental Terminal dans le Niombato et en BasseCasaman-
ce. Ils sont couverts d’une forêt dense sèche à affinité guinéenne piquetée de bouquets de Palmier à huile dans
les districts les plus arrosés qui devient de type soudano-guinéen avec une dominante de Prosopis africana, de
Danieli o/iveri et de Cordy/a pinnata quand la pluviometrie décroît. Ce sont les terres dites ((Terre de barre du
Sénégal)) qui conviennent au Teck dans les meilleures stations, au Gmélina dans les autres.
On les trouve également en Haute-Casamance sur colluvions gréseuses, matériau plus ou moins sableux
provenant du Continental Terminal, sur les terrasses et glacis faisant suite aux cuirasses ferrugineuses qui bor-
dent la Koulountou et la Gambie. Leur épaisseur ne dépasse pas 3 mètres. Ils portent une forêt claire à Termi-
nalia et à Combretum dominant une strate de grandes Andropogonées.
La classe des sols halomorphes comprend les sols dont les caractères essentiels d’évolution sont la riches-
se en sels solubles ou la richesse en sodium échangeable dans un autre horizon. Ces sols qui ont une origine
marine au Sénégal sont localisés dans les zones deltaïques plus ou moins colmatées et dans certaines Niayes où
la nappe phréatique affleurante est chargée de sels. On les classe en deux catégories selon le degré d’évolution
du profil.
Leur structure n’est pas dégradée par les alcalis et ils marquent souvent le passage vers les sols hydromor-
phes. Le profil est peu différencié et les teneurs en sels solubles varient dans les différents horizons suivant la
position topographique et la période de l’année.
78
D’autres sont intergrades à pseudo-gley, ayant en commun avec ces sols des taches et des bigarrures fer-
rugineuses. Formés sur alluvions argileuses, ils sont parcourus de fentes de retrait pouvant atteindre 5 centimè-
tres de largeur, délimitant des prismes irréguliers de 14 3 40 centimètres de diamètre qui se divisent en surface
en lamelles plus ou moins squameuses et accusent souvent un début de structure poudreuse. On les rencontre
en amont du pseudo-delta au Sénégal. Ils supportent une maigre strate de Schoenefe/dia gracilis mélangée à des
plantes halophiles avec de rares Acacia nilotica var adansonii, ou Baianites aegyptiaca.
Les teneurs en sodium échangeable de leur complexe absorbant est supérieur à 12 %. Ces sols sont carac-
térises par une forte accumulation des sels en surface qui provoque l’apparition d’efflorescences salines formant
soit un horizon croûteux, sont un horizon poudreux. Ce sont typiquement les (Solontchaks)) des auteurs rus-
ses.
On les observe dans le pseudo-delta du Sénégal et près du lac Tamna sur alluvions argileuses. Pendant la
saison sèche, les agrégats foisonnent et se transforment en poudre très légère et très dissociée sous l’action de
l’excès de sel et de la modification du complexe absorbant puis, à la moindre pluie, ils se changent en une COU-
che visqueuse, collante et imperméable. Ils sont couverts d’une steppe suffrutescente à Chénopodiacées d’où
émerge Tamarix senega/ensis sur les plages les moins salées.
On les rencontre sur alluvions sableuses sur les franges et sur les levées du delta commun au Sine et au
Saloum ainsi que par taches en bordure du delta envasé de la Casamance. Ce sont les ((Tannes)). La concentra-
tion saline qui peut atteindre 200 grammes par litre, soit cinq fois celle de l’eau de mer, explique l’impossibili-
té de toute vie végétale sur d’importantes superficies. L’examen des profils permet souvent de retrouver des
traces d’une ancienne végétation de mangrove dont les racines sont gainées d’oxydes de fer rouge et ocre en
surface, jaune en profondeur. Seul Tamarix senega/ensis parvient à se développer dans les zones les moins
salées. Des expérimentations récentes du C.T.F.T. ont montré qu’il était possible d’introduire des Melaleuca
dans certaines dépressions temporairement inondées par les eaux de ruissellement et sur les levées sableuses
sur lesquelles se développent des graminées pendant la saison des pluies.
L’évolution des sols hydromorphes est dominée par la présence d’un excès d’eau dans le profil pendant
une certaine période de l’année. Le renouvellement de l’oxygene à partir de l’atmosphère n’étant plus suffisant,
les micro-organismes en empruntent aux éléments minéraux susceptibles de prendre une forme réduite si bien
que les divers horizons passent par des phases alternantes d’oxydation et de réduction qui entraînent la précipi-
tation ou la solubilisation du fer et du manganèse, répartissant ces éléments en taches ou en trainées. La natu-
re et l’évolution de la matière organique du sol sont étroitement influencées par la durée d’action de la nappe
et sa fluctuation dans le profil, ce qui permet de distinguer deux sous-classes.
La sous-classe ne comprend que les sols humiques à Gley qui se divisent en deux sous-groupes suivant la
profondeur de l’horizon de gley.
79
Ce sont des sols très hydromorphes, humides presque toute l’annee, à nappe subaffleurante ne présentant
que des battements réduits, On les trouve sur vases marines, dans la mangrove,où ils résultent de la sédimenta-
tion de colloïdes minéraux et organiques entraînés par les eaux de ruissellement qui floculent au contact de
l’eau de mer, Ils sont largement représentés dans les deltas du Sine, du Saloum et de la Casamance. Ils sont
recouverts de peuplements de palétuviers. On observe également une tache de sols à gley de surface sur argile
de décantation au sud de Vélingara dans le Bassin de I’Anambé dans les angles morts des marigots permanents
ou semi-permanents.
L’horizon de gley se trouve vers 40 centimètres de profondeur . Ces sols peuvent donc se dessécher en
surface. On les trouve dans les Niayes, micro-cuvettes endoréïques et talwegs colmatés de la zone dunaire située
entre Dakar et Gandiole, en bordure du lac de Guiers et en amont de la plupart des rivières qui drainent les
plateaux de Casamance. La texture est généralement sableuse et l’horizon humifère peut atteindre 40 centimè-
tres d’épaisseur mais, au-delà d’un mètre, on ne trouve que des sables blancs délavés sans horizon de gley. Le
pH est acide voisin de 5. Le couvert végétal se compose souvent d’une Typhaie sur les surfaces susceptibles de
submersion et d’une prairie à Paspahm vaginatum en bordure. Ce sont ces sols qui, au nord de Dakar, portent
une végétation a affinité guinéenne avec des Palmiers à huile.
Ils sont relativement jeunes et marqués, à la fois, par des inondationssaisonnières et de fortes fluctua-
tions de la nappe phréatique. Ce sont des sols à pseudo-gley. Les actions d’hydromorphie temporaire se maté-
rialisent le long des profils par une ségrégation plus ou moins forte des sesquioxydes de fer et de manganèse
sous forme de taches, de trainées ou de concrétions plus ou moins indurées. On distingue deux sous-groupes
suivant les horizons atteints.
Ils sont marqués par l’hydromorphie sur tout le profil et montrent en surface des trainées ferrugineuses,
de couleur rouille, le long des racines. Ils groupent des sols dont la texture est sabla-argileuse. On les trouve
sur alluvions lourdes dans les ((walo)) et les ((fondés)), en bordure de la vallée du Sénégal, où Acacia ndotica,
var. tomentosa forme l’élément dominant du peuplement arboré et dans la vall,ée du Bounoum, en amont de
Barkedji, où ils sont colonisés par Acacia rdotica var. tomentosa et acfansonii. On les rencontre sur colluvions
sableuses dans les vallées du Sine et du Saloum ainsi qu’en Haute-Casamance; ce sont les sols ((diors noirs))
exploités pour les cultures maraichères. On les mentionne sur alluvions argileuses entre Vélingara et Kounkané;
ils portent une savane assez claire de Combrétacées au-dessus d’une strate épaisse d’Andropogon.
Ils constituent le passage vers les sols ferrugineux tropicaux lessivés à concrétions ou à pseudo-gley dont
ils se distinguent toutefois par des variations texturales du profil beaucoup moins marquées et par des traces de
pseudo-gley jusque dans 1’ horizon humifère. Ces sols jalonnent les larges collatures mal drainées qui entaillent
le Continental Terminal dans le Niombato et en Haute-Casamance. Ils se sont développés sur colluvions sablo-
argileuses. Ils sont très engorgés en saison des pluies sans être forcément inondés mais, le plus souvent, la nap-
pe phréatique se situe à faible profondeur. Ils sont colonisés par une savane arborée assez dense dans laquelle
dominent Anogeissus leiocarpus et Terminalia macrop tera.
CHAPITRE TROISIEME
La subdivision géobotanique du globe est une discipline née au cours de la seconde moitié du dix-neuviè-
me siècle. Faute d’explorations scientifiques, les premiers auteurs de synthèse de la végétation durent toutefois
se limiter souvent à des généralités dès qu’ils étudièrent des régions autres que l’Europe. C’est ainsi que dans
l’Atlas physique de BERGHAUS, édité en 1887, DRUSE situe l’Ouest du continent africain jusqu’à la latitude
de Tombouctou dans une zone unique qu’il appelle ((celle de formes de végétation tropicale à verdure persistan-
te ou périodique et dont la feuillaison dépend alors de la saison pluvieuse)).
Les prospections floristiques effectuées par CHEVALIER entre 1898 et 1933 et les travaux qu’il mena
avec EMBERGER puis les relevés de botanique forestière réalisés par AUBREVILLE de 1936 à 1939 permi-
rent de répartir la végétation des contrées à longue saison sèche situées au Sud du Sahara dans les domaines
sahéliens, soudaniens et guinéens. Dans l’Ouest du continent, la ((Contribution à l’étude de la végétation du
Sénégal)), publiée en 1940 par TROCHAtN, représente encore aujourd’hui la meilleure monographie que nous
possédions sur les peuplements forestiers.
Nous nous sommes reportés fréquemment aux descriptions de TROCHAIN, ce qui nous a permis de cons-
tater que la couverture arborée avait régressé depuis trente ans dans toutes les régions et qu’elle avait même
parfois disparu dans certaines zones. Les domaines sont caractérisés par un endémisme spécifique très marqué
et par un groupement climatique. Les secteurs possèdent des groupements locaux d’origine édaphique ou bioti-
que. Dans les districts, par contre, on observe des faciès plus ou moins particuliers, correspondant à des sta-
tions remarquables, avec de fréquentes irridiations floristiques.
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MAURITANE
Fig. 14
-
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85
1 - LE DOMAINE SAHELIEN
Le domaine sahélien recouvre la partie septentrionale du pays depuis le fleuve Sénégal jusqu’à i’isohyète
550 mm, c’est-à-dire jusqu’à une ligne qui commence avec le parallèle 15” 15’ dans l’Est, qui remonte vers
15’ 30’ à la hauteur de Coki puis qui s’infléchit brutalement vers le Sud-Ouest pour atteindre l’océan sur la
côte au nord de Dakar (Fig. 14). Il est caractérisé par une saison écologiquement sèche de 7 à 8 mois, par des
pluies réparties sur 4 à 5 mois dont août et septembre sont les plus arrosés, par 20 à 40 journées de précipita-
tions et par une grande variabilité interannuelle de la hauteur de la lame d’eau enregistrée.
Le peuplement forestier est une formation ouverte, très diffuse, avec de larges intervalles entre les arbres.
Ceux-ci sont souvent groupés en taches allongées, étroites et ondulantes, au-dessus d’un tapis herbacé continu
en période pluvieuse mais qui disparaît sous l’action du bétail ou des feux itinérants pendant la saison sèche.
CATINOT (1967) émet l’hypothèse que cette ((savane tigrée)) serait façonnée par le ruissellement et l’érosion
qui accumulent eau et sol en certains points, favorisant l’installation et le maintien du boisement.
Le domaine sahélien comprend une quarantaine d’espèces forestières souvent épineuses, au feuillage réduit
ou caduc pendant la période sèche, au port rabougri ou à la cime étalée en parasol. Certaines sont propres au
domaine comme Acacia senega/, Bauhinia refescens ou Lannea humi/is; d’autres le dépassent largement vers le
nord tel Acacia Zaddiana, Baiamtes aegyptiaca, Caiotropis procera, Capparis decidua, Cassis obovata, Combre-
tum aculeatum ou Salvadora persica; d’autres enfin descendent vers le sud comme Acacia seyal, Balanites aegyp-
tiaca, Boscia senegalensk, Cadaba farinosa, Commiphora africana, Euphorbia balsamifera, Grewia bicolor ou
Guiera senegalensk Inversement, on rencontre dans le domaine sahélien des espèces soudaniennes comme Aca-
cia albida, Adansoma digita ta, Anogeissus leiocarpus, Bombax costatum, Borassus aethiopum, Celtis integrifolia,
Combretum Elliotii, Diospyros mespiliformts, Lannea acida, Mitragyna mermis, Prosopis africana, Pterocarpus
erinaceus, Poupartia birrea, Sterculia setigera ou Tamarindus indica.
Adaptés pour résister à une longue période sans pluie et à l’extrême siccité de l’air, les arbres sahéliens
ralentissent ou arrêtent leur activité végétative pendant la saison sèche. Ils sont également capables de profiter
au maximum des rares précipitations grace à un réseau de racines traçantes très développées qui collectent les
eaux loin du tronc après chaque averse. Les arbres adultes se défendent aussi bien qu’il est possible sous un tel
climat. Ils rejettent, en général, vigoureusement de souche et ils fructifient abondamment. La régénération par
graines est toutefois souvent compromise, même les étés normalement arrosés, car il se produit une concurren-
ce très vive entre les jeunes plants arborés et la strate graminéenne mieux armée pour utiliser le faible potentiel
hydrique du sol dans les semaines qui suivent l’arrêt des pluies.
Les biogéographes divisent le domaine en deux secteurs, l’un sahélo-saharien, l’autre sahélo-soudanien
qu’ils séparent par l’isohyète 400 mm ou par une ligne joignant les stations où le nombre annuel de jours plu-
vieux est voisin de 25. Cette frontière qui va de Cas-Cas sur le fleuve à N’Diébène sur la côte correspond sensi-
blement à la limite septentrionale de l’aire de Combretum glutinosum et au maximum de la descente vers le
sud de Capparis decidua, Leptadenia spartium, Maerua decidua.
Nous scinderons le domaine forestier sahélien sénégalais en cinq districts : le premier, marqué par la pré-
sence d’un cours d’eau, constitue la vallée du Sénegal; le second, conditionné par le substratum, est limité au
pseudo-delta du Sénégal; le troisième résulte de la proximité de l’océan qui modifie les conditions climatiques
dans les Niayes; le quatrième couvre la partie occidentale du domaine et représente l’aboutissement de l’occupa-
tion humaine sur le paysage; le dernier, plus proche du milieu primitif tel que nous l’avons défini, forme la
zone syivo-pastorale septentrionale (Fig. 15 et 16).
86
.
- l 2
- L E D O M A I N E SOUDANIEN
PAR rie ORIENTJLe
Fig. 16
/
m F'ol"tif· c/qsst!e
du /)om<1ine Sa h e //,,
.----. ---
88
Le fleuve, dès son entrée au Sénégal, offre l’aspect d’un cours d’eau sénile, marqué par une pente exces-
sivement faible. Elle varie avec le débit écoulé, atteignant au moment de la crue 4,5 cm/km dans la partie supé-
rieure et 1 cm/km dans le Oelta, s’abaissant aux moyennes eaux à 3 cmikm entre Bakel et Matam et à 0,6 cm
par km dans la zone deltaïque. Les phases successives d’entaille et de sédimentation alluviale ont créé dans le lit
majeur un micro-relief qui joue aujourd’hui un rôle important lors de la submersion et qui permet de définir
deux milieux, /un soumis à la crue, le Oualo, l’autre au pied duquel les eaux s’arrêtent, le Diéri. L’ensemble
s’étend de la frontière malienne au confluent de la Taouey mais n’excède pas 25 km de largeur (Fig. 17).
Le régime comprend une période de hautes eaux entre juillet et octobre, une période de basses eaux, à
décroissance très irrégulière, qui s’étend de novembre à juin. Il reflète étroitement les conditions hydrologiques
qui règnent dans le Haut-Bassin puisque la quasi-totalité des apports en provient. A Bakel, en tête de la vallée,
la première montée des eaux a lieu en mai ou au.début de juin mais la croissance demeure lente jusqu’en
juillet. L’amplitude maximale est généralement atteinte en septembre aux environs de 10,5 m puis une décrue
rapide, parfois perturbée par de petites remontées passagères, s’amorce en octobre et se poursuit jusqu’en mai,
tout en s’atténuant progressivement. A Dagana, à l’autre extremité de la vallée, la montée des eaux débute timi-
dement en juin et reste peu sensible jusqu’à mi-juillet. Par la suite elle s’amorce plus nettement mais très pro-
gressivement jusqu’à mi-octobre où elle atteint son plus haut degré avec une amplitude moyenne de 3 m. Le
maximum se maintient pendant quelques jours puis une ‘lente décroissance commence, masquée par la marée
qui se fait sentir jusqu’à Diouldé-Dabé (REIZER - 1971).
C’est dans la vallée, à Richard-Tell, qu’eurent lieu au début du siècle dernier les premiers essais de mul-
tiplication de végétaux locaux et d’introduction de plantes exotiques qui furent tentés en Afrique de l’Ouest.
MONOD (1951) a publié la liste des 544 espèces expérimentées par RICHARD, jardinier-pépiniériste en chef
du Gouvernement du Sénégal. Nous trouvons parmi les espèces exotiques un certain nombre d’essences fores-
tières; il n’en subsiste aujourd’hui que Parkinsonia acu/eata qui est devenu subspontané dans la Basse-Vallée et
dans le Delta, colonisant en quelques endroits les berges du fleuve ou de ses affluents. Lors du départ de
RICHARD, en 1827, le Gouverneur, rendant hommage au zèle de son collaborateur et à sa persévérence pour
tenter de vaincre les obstacles opposés par le climat, constatait le peu de résultats productifs qu’il avait obtenu
et regrettait que ((tant de connaissances et d’activité n’aient pas été plus utilement employées)). Originaires des
régions tempérées ou des Antilles, la plupart des arbres introduits n’avaient, de par leurs exigences éco-climati-
ques, aucune chance de pouvoir s’adapter dans la station. Le peuplement de Prosopis chilensis qui se développe
aujourd’hui dans le Parc Faidherbe, à l’emplacement des expérimentations, est certainement postérieur à celles-
ci puisque l’essence ne figure pas sur la liste de 1824.
III - Le Oualo
Les levées postnouakchottiennes qui s’étirent tout au long de la vallée, accompagnant le cours actuel du
Sénégal, ses bras morts et ses nombreux défluents, constituent les Fondés, bourrelets de sable fin et de limon
jaune, bien compactés, à la limite des fiautes eaux. Acacia Zaddiana, Acacia senegal, Acacia seyal, Acacia siebe-
riana, Balanites aegyp tiaca, Bauhinia rufescens, Celtis integrifolia, Diosp yros mespiliformis et Mitragyna inermis
forment encore parfois des peuplements fermés mais, le plus souvent, les paysans les ont défrichés pour entre-
prendre des cultures pluviales ou de décrue.
Les Palé, berges du lit mineur, en général très abruptes, ne portent que de rares Acacia sieberiana au som-
met. Ces sois régulièrement enrichis en iimon, conservent une teneur en eau correcte dans les semaines qui sui-
vent la décrue. Le peuplement d’Acacia ni/otica, var. tomentosa, a partout été éliminé au profit des cultures
maraîchères. Seul Sahx coluteoides, Saule propre aux bassins du Sénégal, de la Gambie et partiellement du
Niger dont la dissémination est assurée par des graines plumeuses durant la saison sèche et par le bouturage de
rameaux arrachés par le courant pendant fa crue forme, par place, une véritable pseudogalerie (TROCHAIN -
19401.
89
Fig. lï’
Fig. 18
90
Entre les deux zones, on trouve les Hollaldes, dépressions plus ou moins étendues selon les biefs, dans
lesquelles l’argile brune s’accumule sur un à trois mètres d’épaisseur. Submergés plusieurs mois chaque année,
ils constituent un milieu optimal pour Acacia ni/otica, var. tomentosa qui formait avant l’occupation humaine
un boisement fermé, difficilement pénétrable, dépourvu de strate herbeuse. ADANSON note en 1750 dans son
journal qu’il chassait ((dans une terre déserte qui n’avait jamais été défrichée, toute couverte de bois aussi
anciens que le pays et dont l’épaisseur seule, indépendamment des bêtes féroces qui s’y retirent, aurait dû ins-
pirer de la frayeur)). Vingt huit massifs forestiers couvrant au total 24.832 ha ont été classés, mais, presque par-
tout ailleurs et parfois même dans les forêts classées, les Gonakiés ont été détruits par les cultivateurs. Ces peu-
plements monospécifiques et équiennes, le plus souvent âgés, portent un important matériel ligneux longtemps
inexploité sauf par des riverains bénéficiant de droits d’usage. Le Service forestier a entrepris leur aménagement
en 1969 afin de les ouvrir à la carbonisation pour le ravitaillement de l’agglomération saint-louisienne qui éprou-
ve de plus en plus de difficultés pour s’approvisionner en combustible. Les rendements, assez variables selon les
stations et l’état de dégradation du boisement, peuvent atteindre 500 stères par hectare. La phase de sécheresse
qui caractérise les domaines soudanien et sahélien depuis 1968 et la faiblesse des dernières crues du fleuve Séné-
gal se traduisent par la disparition de plusieurs de ces massifs.
Il nous faut mentionner Borassus aethiopum qui atteint dans le Oualo la limite septentrionale de son aire
sur la côte occidentale de l’Afrique. Il est possible que les rôneraies de Goumel et de Dol01 qui couvrent 360 ha
soient dûes à une intervention humaine mais aucun souvenir n’a été conservé de l’époque à laquelle elles
auraient été plantées.
La construction de barrages sur le fleuve Sénégal, en particulier celui du Delta, entraînera d’importantes
modifications à la surface du plan d’eau. Certaines forêts de Gonakiés disparaîtront parce qu’elles seront défini-
tivement submergées ou parce qu’elles seront inondées trop longtemps chaque année mais il est vraisemblable
que, si on protège certains biefs inexploités par les agriculteurs, on favorisera la régénération naturelle de I’Aca-
cia nhotica où on pourra réaliser des reboisements dans des conditions économiques intéressantes. Les fores-
tiers n’ont jamais entrepris de plantations dans le Oualo, les facteurs écologiques n’étant pas propices à la pro-
duction de bois d’œuvre et la présence des peuplements naturels d’Acacia nhotica rendant inutiles des reboise-
ments d’essences de bois de feu ou de service. L’exemple des aménagements de la vallée du Nil, au Soudan,
montre qu’à partir du moment où ils ont la maîtrise de l’eau, peu de problèmes se posent aux sylviculteurs.
112 - Le Diéri
On désigne sous le nom de Diéri les hautes terres qui bordent le lit majeur du fleuve. Il est formé, en
aval de Kaédi, par un liseré de dunes et, en amont, par le bas glacis du Continental Terminal, souvent masqué
par des épandages de sable légèrement argileux. Les sols légers portent une végétation comparable à celle des
Fondés : Acacia Zaddiana, Acacia senega/ et Baianites aegyptiaca sont les essences dominantes, associées à
Boscia senegajensis, Sa/vadora persica et Ziziphus mucronata. Sur les sols sabla-argileux du Continental Termi-
nal, on trouve Acacia nilotica, var. adansonii, Acacia seyla, Combretum glutinosum et même Pterocarpus
lucens.
TROCHAIN (1940) rapporte que FAIDHERBE devait faire éclaircir la forêt au sabre d’abattis pour pro-
gresser le long du fleuve. Aujourd’hui, en dehors de six massifs classés couvrant au total 17.803 ha, exploités
essentiellement par les pasteurs qui récoltent la gomme arabique, le taux de couverture arborée ne doit guère
dépasser 2 à 3 %. L’ implantation des viliages, l’installation de campements par les éleveurs, les défrichements
pour les cultures pluviales, l’ébranchage inconsideré, le surpaturage et les feux itinérants ont partout entraîné
le déboisement. Il ne reste du peuplement initial que quelques gros Acacia Zaddiana maintenus pour leur
ombrage soit dans des villages, soit dans des cimetières. On enregistre, toutefois, çà et là, l’apparition récente
et la multiplication de l’Acacia a/bida, espèce anthropophi/e qui suit les cultivateurs.
Seules des plantations en alignement ont été effectuées dans les villes et dans quelques bourgades avec
Azadarichta indica, Cassia siamea, Prosopis chilensis, rarement Khaya senegalensis. Le Service forestier envisage
l’aménagement et la reconstitution des gommeraies du Diéri qui étaient les plus riches du Sénégal avant la récen-
91
12 - LE P!GEUDO-DELTA
Le pseudo-delta du Sénégal constitue un ensemble géographique qui s’étend depuis Richard-TOI1 jusqu’A
l’embouchure du fleuve sur près de 400.000 ha. Il est compris entre 1 !Y 50’ et 16’ 30’ de latitude Nord et
15O 30’ et 16’ 30’ de longitude Ouest. Il s’est formé au Quaternaire récent a la suite de deux transgressions
marines qui permirent l’accumulation de depôts sableux, limoneux et argileux. Au maximum de la transgres-
sion, la mer atteignait Bogué, à 250 km de la côte actuelle, et le talweg demeure aujourd’hui au-dessous du
niveau de l’océan en aval du seuil de Mafou si bien que les eaux marines remontent dans le lit mineur de jan-
vier à juillet.
Le relief est plat à l’exception de quelques massifs dunaires et des formations cuirassees, L’altitude maxi-
male ne dépasse pas 23 m. La pente est faible; elle part de la cote 5 m dans le Nord-Est pour atteindre une
cote voisine de zéro ?I l’Ouest et au Sud. La zone est compartimentee en un reseau hydrographique serré par
le Sénégal et un lacis complexe de marigots qui s’allongent N.E./S.W. entre les dunes ou qui se divisent en un
nombre infini de bras qui se rejoignent, isolant des îles. Certains ne communiquent avec le fleuve que par le
confluent voisin de l’embouchure qui est déblayé par le courant des marées et la crue les emplit par l’aval.
Les dépôts superficiels, sableux et limoneux, reposent sur une couche de sable blanc siliceux, genérale-
ment qualifié de marin. Au-dessous, des sondages ont mis en évidence un grès coquillier en cours de formation
entre 15 et 20 m. Les sables sont quartzeux et, sur les dunes intérieures, ils sont recouverts d’une pellicule d’hy-
droxyde de fer qui leur donne une teinte rouge, ocre ou orange. Ceux de la bande littorale seraient d’origine
marine; ceux des dunes continentales resulteraient d’apports éoliens. La présence de coquillages d’eau douce
entre les dunes implique une formation lacustre et non une ingestion du domaine marin.
Les sols sont souvent gorgés d’eau pendant une partie de l’année, la crue prolongeant les effets de la sai-
son des pluies. La nappe phréatique atteint une cote très voisine de celle des plans d’eau et par conséquent de
l’océan. La faible pente, l’onde de salinité qui remonte le Sénégal durant la saison sèche, la présence de dépôts
salins abandonnés au cours des périodes geologiques, l’évaporation intense entre janvier et juin font qu’on enre-
gistre des variations très importantes du degré de salure de la nappe d’un point a l’autre sans qu’il soit possi-
ble, a priori, d’en déduire la cause. Partout, la salinité est indépendante du micro-relief.
La flore du Delta dépend beaucoup plus du substratum qu’elle n’est régie par le climat sahélo-saharien,
légèrement atténué par l’alizé. AUDRU (1966) individualise six milieux (Fig. 19).
La Langue de Barbarie, bande de sable isolant le fleuve de l’océan sur les trente derniers kilomètres de
son cours, ressemble à une flèche dont la largeur ne dépasse guère quelques centaines de.mètres. Elle résulte
d’une dérive littorale engendrée par l’action combinée de l’alizé maritime, du courant des Canaries et des lames
du Nord-Ouest qui poussent d’importantes quantités de sable vers le continent africain. La plage, en perpétuel
remaniement, se prolonge vers l’intérieur par un cordon de dunes vives, plus ou moins entaillées par l’érosion
éolienne, puis par des dunes plates avec, entre elles, des dépressions inondées on non.
Le milieu ne porte aucune végétation arborée ou arbustive naturelle. On ne trouve que des Cypéracées
ou des Graminées résistantes a la sécheresse et à la salure, réparties le plus souvent par taches monospécifiques.
L’expérience a prouvé qu’il était possible d’afforester les dunes avec Cawarha equisetifoha en arrosant les
plants pendant la première saison sèche et en prenant des précautions contre l’ensablement des plantations pen-
dant trois ans. Nous trouvons aux environs de Saint-Louis les premiers reboisements de moyenne importance
réalisés au Sénégal avec des Filao.
CO
N
_LE DELTA_
Fig. 19
~ Cerdon l/ffor<1/
~ Mangrove
~ 61'ande.J dépréssians
p•qpl'ès /q S.A.E.IJ.
93
122 - La Mangrove
La mangrove occupe quelques centaines d’hectares entre l’embouchure et l’île de Thiong, à une vingtaine
de kilomètres en amont de Saint-Louis, ainsi que dans la zone marécageuse comprise entre le marigot Loll et le
Sénégal puis sur le Djeuss, en aval de Makhana. Elle atteint ici la limite septentrionale de son aire actuelle sur
la côte occidentale d’Afrique car les lambeaux signalés en 1916 par CHUDREAU en Mauritanie, à la hauteur
du Cap Timiris, ont aujourd’hui disparu.
Les palétuviers colonisent les berges basses du fleuve et de certains de ses bras; ils sont absents sur le lit-
toral battu par la houle. Leur vitalité est beaucoup plus faible que dans les estuaires du Saloum, de la Gambie
et de la Casamance et ils sont souvent concurrencés par des groupements halophiles très agressifs comme celui
à Sporobulus robustus en aval et celui à Paspalum vaginatum en amont. Dans les temps géologiques, ils devaient
occuper la plupart des dépressions du Delta puisque TROCHAIN (1940) a trouvé des pneumatophores subfos-
siles dans les cuvettes du N’Diael.
Rhizophora racemosa, le palétuvier rouge, assez rare, est cantonné sur les berges convexes régulièrement
atteintes par la marée; Avicennia africana, le palétuvier blanc, se développe sur les sols alternativement immer-
gés et exondés. Le rôle économique de ces formations demeure très limité car leur état végétatif médiocre ne
permet aucune exploitation, même comme bois de feu, sans risque de les voir disparaître. Des essais sylvicoles
entrepris par le C. T. F. T. depuis 1968 sur des sols salés du Sine - Saloum permettent de penser qu’il serait
vraisemblablement possible de remplacer certaines portions de la mangrove par des plantations de Melaleuca
après édification de diguettes pour contrôler la submersion et favoriser le dessalement du sol,
Quand on remonte le fleuve, on trouve après la mangrove de grandes dépressions inondées pendant les
trois quarts de l’année lorsque la crue est normale. Ce sont les cuvettes du Djeuleusse, du Djeuss et du Djoud à
l’Ouest, du Boundoum et du Kassak au centre, du N’Diael à l’Est. Les rivières, les chenaux et les mares sont
nombreux dans ce milieu qui est occupé par des prairies à Nympheacées, à Pistia stratoides, à Lemna paucicos-
tata, à Oryza barthii ou à Diplachne fusca quand la submersion se prolonge, par des steppes herbeuses à Spo-
robu/us spicatus sur sol salé ou à Vetiveria lorsque la salinité est inférieure à 2 %O.
Les arbres font totalement défaut et les arbustes sont rares en dehors de Tamarix senegalensis. Aucun
reboisement n’est envisageable actuellement et les forestiers ne pourraient être amenés à intervenir dans un pro-
gramme d’aménagement hydre-agricole que pour protéger des digues contre le ravinement des eaux pluviales ou
contre les affouillements provoqués par le battement des eaux fluviales au moment de la crue. Sa/ix co/uteoi-
des, arbrisseau ripicole de la vallée qui supporte une immersion totale pendant un à trois mois, Tamarix sene-
ga/ensis qui tolère le sel et qui se multiplie par bouturage. ParKnsonia aculeata qui est devenu subspontané
dans le Delta en bordure de certains chenaux pourraient être expérimentés.
Le niveau moyen du Delta s’élève dans la partie orientale qui n’est plus soumise à la submersion mais
inondée pendant quelques heures ou quelques jours après chaque forte averse. Le relief est peu accusé avec, çà
et là, des mares temporaires qui s’anastomosent souvent entre elles à la faveur de nombreux mari,gots en eau
pendant quelques semaines à la fin de l’été. Le sol, argileux à sabla-argileux, est compact, battant et imperméa-
ble.
Balanites aegyptîaca, associé à kacia seyal et à Salvadora persica, forme l’élément dominant de la strate
arborée mais ces espèces, surexploitées pour le chauffage domestique et régulièrement broutées par le bétail,
94
ne dépassent guère aujourd’hui le stade arbustif. Tamarix senega/ensis est presque partout ,présent mais diffus.
Le tapis herbacé, assez dense par endroit après la saison des pluies, fréquemment par taches monospécifiques,
parsème un sol dénudé. D’après AUDRU (1966), Aristida funicu/ata caractérise les sols argileux tassés à tendan-
ce sèche, Schoenefeldia gracilis et Zornia giochidiata les sols argileux tassés plus frais, Eragrostis pilosa les ter-
rains temporairement inondés, Schizachyrium exile la proximité des piémonts dunaires.
On trouve dans les cuvettes une steppe claire à Acacia ni/otica dont la variété adansonii, plus xérophile,
occupe la frange extérieure alors que la variété tomentosa qui exige plusieurs mois d’inondation s’avance jus-
qu’au centre. Cette végétation est éliminée au fur et A mesure que les cuvettes sont transformées en rizières.
Sur les bourrelets de berge, le sol est salé, sec, sableux à sabla-argileux et seul Tamarix senegalensis par-
vient à se développer en association, parfois, avec Parkinsonia acu/eata dont les graines ont été apportées par
les eaux courantes depuis les jardins de Richard-Tell. Quelques très rares Borassus aethiopum apparaissent çà
et IA. Par contre, sur certaines portions du lit majeur qui ne sont plus inondées aujourd’hui, l’absence de sel a
permis la constitution au cours des âges d’une forêt claire, parfois dense, comprenant Acacia albida, Acacia
seyal, Acacia sieberiana. Acacia nifotica, var. adansonii, Bauhinia rufescens, Salvadora persica et surtout Proso-
pis chilensis, essence exotique qui est devenue subspontanée dans le Delta où les graines ont été disséminées
par les eaux et par les animaux.
Les seules zones en micro-relief sur les plaines basses sont constituées par les terrasses et les manteaux
sableux d’apport. Leur végétation varie selon que le sol est chloruré dès la surface, peu salé dans les horizons
supérieurs ou recouvert d’une couche de sable. Sa/so/a baryosma, halophite exclusive mais qui n’implique pas
nécessairement une forte teneur en sel dans le substratum ou un fort pourcentage de sodium échangeable, for-
me une steppe suffrutescente et traduit des salinités de l’ordre de 5 à 15 % de NaCI. Lorsque le terrain est
peu salé, on trouve Acacia nilotica, var. adansonii, Baianites aegyptiaca et Prosopis chilensis, isolés par pieds ou
répartis par petits bouquets au-dessus d’une strate herbacée Co#ntinue à base de Chloris Prieurii.
Les cuvettes étant les seules portions de ce milieu à posséder une vocation agricole soit pour la rizi-
culture, soit pour des cultures industrielles ou maraîchères sous irrigation, le C.T.F.T. a étudié en 1966 et 1967
les possibilités d’afforestation des Plaines-Basses. L’hétérogénéité du sol, en particulier la teneur en chlorures qui
varie dans des proportions considérables sur des distances très réduites, laisse peu d’espoir de trouver des par-
celles suffisamment étendues pour réaliser des boisements continus. Seuls des écrans brise-vent peuvent être
envisagés pour protéger des périmètres irrigués et encore, chaque fois, faudra-t-il procéder à des analyses de sol
et connaître avec certitude la cote susceptible d’être atteinte par les eaux avant d’entreprendre des plantations.
Il serait par contre possible de remplacer ou d’étendre les peuplements qui forment un cordon ripicole naturel
en bordure de certains marigots par un boisement d’essences forestières à croissance rapide donnant un fort
volume de bois de chauffage. Eucalyptus microtheca et Eucal.vptus camaldulensis semblent convenir à ces sta-
tions.
Des formations dunaires s’individualisent d’Ouest en Est en trois groupes marqués par le modelé et par
des caractéristiques édaphiques propres à chacune d’elles :
- les dunes prélittorales ont un relief peu accusé et un horizon cle surface très fluide. Ce sont des sols
Brun-rouge peu évolués couverts de touffes d’Euphorbia bakamifera avec, par place, des taches de sol Brun
assez humifère, sec en surface, colonisé par des fourrés de Sa/vadora persica;
- les cordons dunaires, orientés en général NE-SW, sont formés d’éléments perméables, pauvres en matiè-
re organique. Euphorbia bakamifera, Grewia tenax, Salvadora persica occupent les sommets puis Acacia sene-
gai, associé & Acacia nilotica, var. adansonii, et à Commiphora africana, parfois à Boscia senegafensis, devien-
nent dominants sur les pentes tandis qu’Acacia seya/ apparaît en bas de la declivité;
95
- les dunes continentales, plus anciennes, présentent dans la partie centrale du Delta, au sud de la route
allant de Saint-Louis à Richard-Tell, un relief tabulaire faiblement ondulé. Les sols Brun-rouge sont assez bien
fixés en surface, très sableux, pauvres en matière organique et très perméables. Acacia Zaddiana, Acacia sene-
gai, Acacia seyal, Acacia nilotica, var. adansonii, Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens, parfois Combretum
glutinosum et Poupartia birrea, rarement Adansonia digitata, forment une strate arborée claire, bien répartie
mais souvent dégradée par les pasteurs.
La végétation varie sur les piémonts et sur les zones d’épandage situés à la base des dunes en relation avec
l’épaisseur du sol et son coefficient de drainage. Euphorbia balsamifera qui se multiplie naturellement par bou-
turage de rameaux brisés et Balanites aegyptiaca qui est moins appété par le bétail que les Mimosacées sont
présents partout. Acacia Zaddiana domine dans la strate arborée et Aristida mutabilis dans le tapis herbacé
quand le terrain est sableux et profond. Ils sont remplacés par Acacia senegal et Commiphora africana dans
l’étage supérieur, par lndigofera aspera et Tricheneura mollis dans le pâturage dès que l’épaisseur du sable
mouillable diminue puis, juste avant les Plaines-Basses, Acacia nilotica, var. adansonii, prend le dessus avec des
espèces herbacées caractéristiques de sols colmatés non inondés comme Aristida funiculata et Schoenefeldia gra-
cilis. Lorsque le substratum devient salé, Salsola baryosma, Sporobulus spicatus et Tamarix senegalensis sont
les seuls végétaux à se développer. Parfois, les piémonts encadrent des dépressions, inondées par les eaux de
ruissellement pendant quelques semaines, qui sont colonisées par Mitragna inermis.
La plupart des forêts classées dans le Delta, soit 52.500 ha en comprenant la Réserve d’Avifaune du
N’Diaël, se trouvent sur les dunes et sur des piémonts dunaires. Leurs pcmibilités en bois de chauffage sont très
limitées car le peuplement, longtemps surexploité par grapillage pour le ravitaillement en combustible de la vil-
le de Saint-Louis puis dégradé par les éleveurs, est un état d’équilibre précaire avec de nombreuses zones sans
aucune trace de végétation naturelle. Une protection efficace améliorerait incontestablement l’état boisé mais
il est vraisemblable qu’il faudrait attendre très longtemps avant de pouvoir envisager une exploitation des par-
celles reconstituées.
Le milieu ne présentant qu’un intérêt médiocre pour l’agriculture en raison de la faiblesse des précipita-
tions et de l’irrégularité de la pluviosité, il serait par contre possible de réserver les meilleurs sols pour des plan-
tations forestières d’espèces à croissance rapide. Les expérimentations qui ont été menées par le C.T.F.T. à
Ross-Béthio depuis 1967 sur bas de dunes et sur piémonts dunaires ont montré qu’il était possible de reboiser
certains sols sans aucun apport d’eau pendant la première saison sèche, même au cours d’années comme 1968
et 1970 où la pluviosité fut inférieure à 200 mm, en employant des Eucalyptus originaires du Nord-Ouest de
l’Australie.
La plupart de ces arbres qui dépaissaient cinq mètres de hauteur à l’âge de deux ans sont en voie de dispa-
rition après les quatre années de sécheresse qui marquèrent le nord du Sénégal entre 1970 et 1973. La dessicca-
tion des horizons du sol colonisés par les racines est à l’origine de la mortalité. Il nous est impossible de préci-
ser si, avec une pluviosité plus proche de la normale, la recharge de la nappe phréatique aurait été suffisante
pour assurer leur ravitaillement en eau ou si ces espèces sont trop exigeantes en eau pour survivre dans la zone
dès que leur appareil aérien représente un important volume. L’exemple de la presqu’île du Cap-Vert où, à la
même époque, on constate la mort de nombreux filao et Eucalyptus, phénomène qui n’avait jamais été men-
tionné depuis l’introduction de ces essences il y a près d’un siècle, ne peut permettre de tirer des conclusions.
Il nous paraît prudent d’effectuer des plantations réduites avant d’entreprendre des reboisements sur de gran-
des super-f icies.
Dans le Nord-Est du Delta, entre la cuvette du N’Diaël et le Lac de Guiers, un plateau au relief peu
accuse formé de colluvions limoneuses recouvre une cuirasse ferrugineuse sur grès argileux. Le sol dont l’épais-
seur varie de 30 à 60 cm, atteignant 120 cm dans les dépressions, est recouvert d’une strate arbustive
96
constituée d’espèces résistant à un engorgement en profondeur, souvent dispersées par pieds isolés ou par petits
bouquets. Ce sont Acacia seyal et Commiphora africana puis Balanites aegyptiaca, Boscia senegalensis, rarement
Sterculia setigera, Ziziphus mauritiana ou Adansonia digitata. Dans les mares on retrouve Mitragyna inermis et
Acacia nilotica, var. tomentosa, avec, en bordure, Combretum micranthum” Anogeissus leiocarpus, Grewia
tenax, Commiphora africana et Salvadora persica. Ce milieu qui ne couvre que quelques centaines d’hectares
semble.peu iniéressant pour le sylviculteur en raison de la structure du sol et de sa faible profondeur.
1 3 - L E S NIAYES
Orienté NE-SW, parallèlement à la côte atlantique, le district des Niayes représente environ 200.000 ha
entre l’embouchure du fleuve Sénégal et la presqu’île du Cap-Vert. Il se compose d’une succession de dépres-
sions allongées, imbriquées dans un système dunaire sur lesquelles viennent se raccorder perpendiculairement
des axes alluviaux plus ou moins fonctionnels.
En partant du rivage on trouve successivement sur le substratum secondaire ou tertiaire (Fig. 181 :
((Niayes)) désigne le bouquet de Palmier à huile en ouolof. Par extension, TROCHAIN a baptisé de ce
nom les boqueteaux d’flaeisguineensis situés entre Dakar et Lompoul puis, il y a une vingtaine d’années, on a
étendu le sens du mot à toutes les cuvettes douces et salées des régions du Cap-Vert et de Thiès. Aujourd’hui
on appelle Niayes le district côtier qui s’étend de Dakar à Gandiole. Le milieu est remarquable par la complexi-
té de la composition de sa flore. On y trouve presque toutes les espèces forestières sahéliennes présentes dans
le nord du Sénégal. On y rencontre des formes soudaniennes C:omme Cassis sieberiana, Celtis integrifolia, fnta-
da africana, Prosopis africana, Securidaca longepedunculata. On y trouve, outre E’laeis guineensis, des essences
de la decidious forest telles Dearrium senegalense, f kerbegia senegalensis, Fagara xanthoxyloides, Landolphia
heudelotii, Morus maesozygia, Syzygium guineense. Il subsiste même, dans la partie sud, des plantes et des
arbres dont l’aire de dispersion est nettement subéquatoriale c’omme Antiaris africana, Dialium guineense, Ficus
capensis, Ficus dicranostyla, Trema guineensis OU Voacanga africana.
Des inventaires floristiques réalisés par REYNAL (1963) dans les environs de Kayar ont permis de dénom-
brer 412 espèces végétales herbacées et ligneuses, réparties par l’auteur de la façon suivante :
L’importance des espèces à large répartition climatique reflète le rôle des hygrophytes dans les dépres-
sions ainsi que des apophytes dominantes dans les zones dégradées. La distribution des autres espèces montre
97
que le Cap-Vert constitue un ((carrefour biologique)) et que si le district des Niayes peut être rattaché au sec-
teur sahélo-soudanien tant au point de vue climatique que physionomique, il s’y produit un recouvrement des
domaines méridionaux qui s’infléchissent vers le Nord en suivant la cote et des aires de certains végétaux saha-
riens ou méditerranéens qui s’infléchissent symétriquement vers le Sud. il se pourrait toutefois qu’avant l’inter-
vention humaine l’équilibre ait été nettement plus guinéen qu’actuellement.
Pour REYNAL, une forêt à Detarium senegalense, Aphania senegalensis et Parinari macrophylla, proche
des forêts sempervirens ou semi-decidues des savanes guinéo-soudaniennes, occupait jadis une grande partie des
dunes fixées qui relient les dépressions les unes aux autres. La ((Niaye)) qui représente actuellement un accident
perdu dans l’aridité des sables n’aurait été qu’un faciès plus humide de la forêt et l’ensemble aurait été assez
cohérent pour être inclus dans le domaine sub-guinéen défini par TROCHAIN. La survivance dans une contrée
où il ne tombe que 500 à 600 mm d’eau et où la sécheresse dure pendant 8 à 9 mois d’une flore qui reçoit
dans son aire d’origine 1.500 mm répartis régulièrement s’explique par la proximité de la nappe préatique, par
la texture du sol et surtout par l’influence de l’alizé maritime qui atténue les maxima de température et le défi-
cit hygrométrique durant la saison sèche. Son introduction, par contre, demeure inexpliquée. TROCHAIN a
émis l’hypothèse qu’elle serait une relique d’une période géologique très arrosée qu’il situe aux environs du
Paléolithique ancien. Ceci semble peu vraisemblable car le peuplement se trouve sur des sables mis en place pen-
dant la phase sèche anté-dunkerquiennequi ne fut suivie que de la période pluvieuse du Néolithique, beaucoup
moins humide que I’Ouldjien, à peine plus favorable que l’actuelle.
Les boisements de Niayes seraient donc a rattacher aux formations littorales de fourrés sempervirens qui
sont des formes appauvries d’une végétation de forêt dense qu’on rencontre sur la côte occidentale du conti-
nent africain dans les zones équatoriales et subéquatoriales, en arrière des bandes basses sableuses où les influen-
ces salines se font sentir. Cette forêt pseudo-climatique, très rarement conservée intacte, tend partout à être
remplacée par une steppe à Chrysobo/anus orbicdaris puis par une steppe à Aristida.
La substitution de la steppe à la forêt est *manifeste dans tout le district. Les déboisements effectués par
les bûcherons pour obtenir du combustible et des produits utilisés par l’artisanat, le piétinement des troupeaux
qui empruntent toujours les mêmes passages entre les pâturages de la bande littorale et les points d’eau des
dépressions, l’incinération des Palmiers à huile et du sous étage arboré par les maraîchers, la saignée des Elaeis
guineensis par les Diola qui s’installent pendant la saison sèche, la culture irrationnelle de l’arachide sur les
dunes rouges qui, bon an mal an, rapporte à peine plus que poids de semence engendrent une véritable corro-
sion des îlots forestiers à laquelle succède un envahissement progressif des cuvettes par des sables.
La culture des primeurs, des agrumes, des fraises, de la banane est possible dans les Niayes. La produc-
tion, étalée de janvier à mai, époque où ces denrées sont rares en Europe, la proximité de l’aéroport de Dakar-
Yoff, la mise en place récente d’une excellente infrastructure routière laissent prévoir qu’au cours des prochaines
années le district sera complètement transformé et que de nouvelles collectivités rurales s’implanteront. Le suc-
cès de l’entreprise demeure toutefois lié à la conservation des sols, au maintien de leur fertilité et surtout à la
persistance des plans d’eau dans le fond des cuvettes, L’harmattan et l’alizé qui se combattent au niveau de la
côte provoquent des tourbillons susceptibles de déclancher une érosion éolienne intense dès que le terrain est
mis 3 nu. Le processus est irréversible et, une fois l’étroit chapelet des wiayes)) enfoui sous les sables, il devien-
drait impossible de le récupérer, quels que soient les moyens techniques et financiers mis en œuvre.
On constate déjà des phénomènes de dégradation en maints endroits, en particulier sur le front des dunes
qui surplombent les dépressions. C’est fxwrquoi, indépendamment d’une petite (wriaye)) de 20 ha, Noflaye, éri-
gée en Réserve Botanique pour tenter de conserver un spécimen de la végétation primitive, 82.700 ha ont été
classés en 1957 en Périmètre de Restauration. La vocation maraîchère des terres humifères est reconnue mais
toute exploitation forestière à caractère commercial est prohibée, toute culture sur des terrains susceptibles
d’érosion demeure soumise à l’accord préalable du Service forestier. En fait, les paysans continuent à installer
les champs sans aucun contrôle, la végétation arborée est toujours prélevée par les habitants des villages voisins
des îlots forestiers et même par des bûcherons qui l’exportent vers la capitale sous forme de charbon ou de
matière première pour la sculpture du bois. Il en résulte que les dunes jaunes semi-fixées sont presque partout
reprises par le vent et que souvent elles commencent à basculer dans les dépressions.
Compte tenu des moyens limités dont il disposait, le Service forestier a accompli un gros effort de reboi-
sement dans le district depuis 25 ans. Ce fut d’abord l’afforestation entre 1945--,z-
et 1955 de . 800 ha
, à M’Bao,
~. ,. -. ,
-
100
par des vallées mortes aux formes très évasées, qui s’abaisse progressivement vers la vallée du Sénégal. Le relief
étant légèrement déprimé à la suite de tassements ou d’effondrements, les eaux de ruissellement stagnent dans
des creux colmatés par les décantations argileuses, remplissant des mares qui s’assèchent par évaporation dès le
mois de janvier. D’autres mares temporaires, disposées en chapelets, jalonnent le talweg de l’ancien réseau
hydrographique, maintenant imperméabilisé par plusieurs mètres de sables très argileux, qui traverse le Ferlo du
Sud-Ouest vers le Nord-Est. Le passage des alignements de dunes occidentaux aux plateaux se marque dans la
répartition des sols et de la végétation, permettant de diviser le district en deux milieux, le Ferlo sableux et le
Ferlo cuirassé.
La zone sylvo-pastorale correspond au ((désert sans eau)) de la carte MAGE publiée en 1866. La légende
persista jusqu’à ce qu’une colonne militaire française traverse le Ferlo en 1879, relevant les mares et les puits
sur son itinéraire (MONTHEIL - 1966). A l’époque, les Sénégalais ne devaient guère mieux connaître le dis-
trict puisqu’ALY BOURY, dernier roi du Djolof, perdit une centaine de soldats, morts de soif, avant d’attein-
dre le Fouta Ferlo lorsqu’il tenta d’échapper aux spahis lancés à sa poursuite. Cette zone qui couvre près de
90.000 km* si on lui adjoint la partie méridionale que nous classerons dans le domaine soudanien demeura vide
d’hommes et d’animaux domestiques six mois par an jusqu’à l’ouverture des premiers forages profonds en 1950.
Les sables et les grès du Maestrichtien contiennent une nappe déprimée découverte en 1938 dont le toit
est constitué par des marnes et des argiles éocènes. Situé vers 200 à 300 m de profondeur, le niveau aquifère
atteint 200 à 250 m d’épaisseur et s’étend sur environ 100.000 km*. Selon les hydrogéologues, cette accumula-
tion d’eau souterraine, l’une des plus importantes de l’Afrique occidentale, atteindrait 5.000 milliards de mètres
cubes. Aujourd’hui, une centaine de forages, pouvant débiter 30 à 50 mètres cubes par heure à partir d’un
niveau hydrostatique distant de 40 à 50 mètres de la surface, permettent d’abreuver le bétail en toutes saisons.
Il s’avéra rapidement indispensable de préserver les pâturages contre les défrichements effectués par les
cultivateurs attirés par les points d’eau et contre les feux itinérants favorisés par la multiplication des campe-
ments. 70.000 hectares furent classés préventivement en 1946 dans les départements de Louga et de Dagana
pour freiner l’extension vers le Nord de la culture de l’arachide. 910.000 hectares furent à nouveau incorpo’-
rés dans le domaine forestier entre 1953 et 1955 dans les départements de Podor, Linguère et Matam. Ces
forêts reçurent le statut de Réserve sylvo-pastorale, c’est-à-dire que leur vocation est reconnue pour l’élevage
et que seules sont autorisées des cultures de céréales ou de plantes vivrières entreprises par les éleveurs pendant
la saison des pluies. Le district fut cloisonné par 4.000 km de pare-feu dessouchés, régulièrement désherbés
mécaniquement en début de période sèche. Cette action défensive contre les incendies de pâturage s’est révè-
lée efficace et on estime que, par rapport aux années 1950/1955, il subsiste environ 20 % de terrains de par-
cours supplémentaires en fin de saison sèche, malgré un accroissement sensible de la circulation humaine.
Escomçtter éliminer toutes les causes d’incendie dans la zone sylvo-pastorale, sait en appliquatrt une ~IV-
ce forestière rigoureuse, soit en éduquant les populations, relèverait de l’utopie. Même les nations les plus riches
n’ont pû résoudre le problème, bien que le climat soit souvent moins excessif dans ces pays qu’au Sénégal et
que les superficies à protéger soient en général moins étendues. Quand on dépouille les procès-verbaux rédigés
par les agents forestiers, on constate que l’action de l’homme, sa négligeance, sa volonté de nuire sont le plus
99
Le climat, marqué par une pluviosité déficiente, mal répartie et sujette à d’importants écarts interan-
nuels, ne bénéficie plus de l’action modératrice de l’alizé maritime qui se manifeste dans les Niayes et dont
l’influence s’estompe rapidement après avoir franchi le littoral. ((Avec une saison végétative atteignant à
peine une centaine de jours et une pluviométrie moyenne de l’ordre de 459 millimètres, le district se trouve
dans une position marginale où chaque campagne agricole représente une manière de pari, où chaque récolte
est un défi à l’insécurité climatique)) (PELISSIER - 1966).
L’ouverture en 1885 de la voie ferrée reliant Dakar à Saint-Louis a encouragé les paysans à défricher pro-
gressivement tous les sols ((diors)) susceptibles d’être cultivés en arachide. Des rapports datant du début du siè-
cle mentionnent que le peuplement forestier n’était alors percé que de clairières séparées les unes des autres
par des bandes de taillis touffues de un a deux kilomètres de largeur. Aujourd’hui, pour décrire l’action anthro-
pique sur le terroir, nous citerons PELISSIER qui écrit : ((Sur cet épais matelas de sable fauve ou gris, ne sub-
sistent plus, de la forêt sèche spontanée, que des témoins très clairsemés : Acacia squelettiques, Ficus bour-
souflés et feuillus, Pommiers du Cayor courbés par l’alizé, Rôniers filiformes ou Baobabs solitaires. Au sol, un
tapis broussailleux de N’guer, mêlé de graminées sauvages et, surtout, de tram-tram, couvre le sable meuble sur
d’immenses étendues. De loin en foin, quelque forwré impénétrable et fortement armé marque l’emplacement
de plaques de sol rendues incultivables par leur hydromorphie. En saison sèche, au milieu de ce paysage déchar-
né, aux teintes fanées, où le vent, le sable et les épineux imposent leur empire comme dans tout le Sahel, les
seules taches de végétation verte et drue sont faites par les boqueteaux touffus de plantations de Manguiers qui
ombragent les villages. On est donc en présence d’un manteau végétal dont la dégradation est d’autant plus
obsédante qu’elle ne connaît aucun répit, qu’elle n’a respecté aucune forêt, qu’elle touche uniformément toute
la campagne ouolof )).
Aucun peuplement forestier n’a pû être classé dans le district, la totalité du sol étant appropriée de lon-
gue date d’après le droit coutumier, tout d’abord aux premiers occupants puis à des paysans auxquels ceux-ci
concédèrent des parcelles de terrain pour les mettre en culture. Tous les arbres qui n’offraient pas un intérêt
immédiat ont été éliminés. Seuls quelques pieds d’essences dont les fruits sont consommés, tels Parinari macro-
phylla, Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica ou Parkia biglobosa, ont été conservés dans les champs et, çà
et là, quelques vieux Acacia Zaddiana furent maintenus à proximité des villages pour leur ombrage. Guiera
senega/ensis est devenu l’élément dominant de la strate arbustive et souvent Euphorbia baksamifera, implanté en
haie, protège les cultures permanentes de l’ensablement et de la divagation du bétail. La déforestation est moins
accusée vers l’Est mais elle s’étend chaque année. On trouve en plus grand nombre Acacia Zaddiana, Ba/anites
aegyptiaca et Acacia senegal sur les dunes, Acacia seyai et Acacia nilotica, var. adansonii dans les dépressions.
Il subsiste également de la phase pluvieuse du Néolithique quelques bouquets d’Anogeissus /eiocarpus et de
Borassus aethiopium ainsi que des Sterculia setigera épars.
On enregistre partout l’installation et la multiplication de l’Acacia a/bida dans les jachères et on constate
souvent que la politique d’éducation du monde rural menée depuis 1960 par le Service forestier commence à
porter ses fruits. Quelques années de protection suffisent pour transformer un rejet en un baliveau. Il sera donc
certainement possible de créer bientôt des périmètres de restauration, comme plus au sud vers Mecké, et de
redonner au paysage par place un aspect arboré. Actuellement I’Administration n’intervient que pour effectuer
des plantations dans les villes et en bordure des routes. Azadirachta indica est l’espèce qui convient le mieux à
ce genre de reboisement. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer les superbes alignements qui ombragent
les bas côtés de la route nationale vers Kébémer, Louga et M’Pal.
Lorsqu’on s’éloigne vers l’Est, la couverture des sables quaternaires s’amincit et s’effiloche en une nappe
de recouvrement discontinue puis l’assise des grès du Continental Terminal se relève et apparaît, surmontée de
tables ferrugineuses. Le modelé, plat et monotone, offre l’aspect d’un plateau de 35 à 45 m d’altitude, entaillé
100
par des vallées mortes aux formes très évasées, qui s’abaisse progressivement vers la vallée du Sénégal. Le relief
étant légèrement déprimé h la suite de tassements ou d’effondrements, les eaux de ruissellement stagnent dans
des creux colmatés par les décantations argileuses, remplissant des mares qui s’assèchent par évaporation dès le
mois de janvier. D’autres mares temporaires, disposées en chapelets, jalonnent le talweg de l’ancien réseau
hydrographique, maintenant imperméabilisé par plusieurs mètres de sables très argileux, qui traverse le Ferlo du
Sud-Ouest vers le Nord-Est. Le passage des alignements de dunes occidentaux aux plateaux se marque dans la
répartition des sols et de la vegétation, permettant de diviser le district en deux milieux, le Ferlo sableux et le
Ferlo cuirassé.
La zone sylvo-pastorale correspond au ((désert sans eau)) de la carte MAGE publiée en 1866. La légende
persista jusqu’à ce qu’une colonne militaire française traverse le Fer-10 en 1879, relevant les mares et les puits
sur son itinéraire (MONTHEIL - 19661. A l’époque, les Sénégalais ne devaient guère mieux connaître le dis-
trict puisqu’ALY BOURY, dernier roi du Djolof, perdit une centaine de soldats, morts de soif, avant d’attein-
dre le Fouta Ferlo lorsqu’il tenta d’échapper aux spahis lancés à sa poursuite. Cette zone qui couvre près de
90.000 km’ si on lui adjoint la partie méridionale que nous classerons dans le domaine soudanien demeura vide
d’hommes et d’animaux domestiques six mois par an jusqu’à l’ouverture des premiers forages profonds en 1950.
Les sables et les grès du Maestrichtien contiennent une nappe déprimée découverte en 1938 dont le toit
est constitué par des marnes et des argiles éocènes. Situé vers 200 à 300 m de profondeur, le niveau aquifère
atteint 200 à 250 m d’épaisseur et s’étend sur environ 100.000 km2. Selon les hydrogéologues, cette accumula-
tion d’eau souterraine, l’une des plus importantes de l’Afrique occidentale, atteindrait 5.000 milliards de mètres
cubes. Aujourd’hui, une centaine de forages, pouvant débiter 30 ZI 50 mètres cubes par heure à partir d’un
niveau hydrostatique distant de 40 à 50 mètres de la surface, permettent d’abreuver le bétail en toutes saisons.
Il s’avéra rapidement indispensable de préserver les pâturages contre les défrichements effectués par les
cultivateurs attirés par les points d’eau et contre les feux itinérants favorisés par la multiplication des campe-
ments. 70.000 hectares furent classés préventivement en 1946 dans les départements de Louga et de Dagana
pour freiner l’extension vers le Nord de la culture de l’arachide. 910.000 hectares furent à nouveau incorpo-
rés dans le domaine forestier entre 1953 et 1955 dans les départements de Podor, Linguère et Matam. Ces
forêts reçurent le statut de Réserve sylvo-pastorale, c’est-à-dire que leur vocation est reconnue pour l’élevage
et que seules sont autorisées des cultures de céréales ou de plantes vivrières entreprises par les éleveurs pendant
la saison des pluies. Le district fut cloisonné par 4.000 km de pare-feu dessouchés, régulièrement désherbés
mécaniquement en début de période sèche. Cette action défensive contre les incendies de pâturage s’est révè-
lée efficace et on estime que, par rapport aux années 1950/1955, il subsiste environ 20 % de terrains de par-
cours supplémentaires en fin de saison sèche, malgré un accroissement sensible de la circulation humaine.
Escompter éliminer toutes les causes d’incendie dans la zone sylvo-pastorale,soiten appliquant une poli-
ce forestière rigoureuse, soit en éduquant les populations, relèverait de l’utopie. Même les nations les plus riches
n’ont pù résoudre le problème, bien que le climat soit souvent moins excessif dans ces pays qu’au Sénégal et
que les superficies à protéger soient en général moins étendues. Quand on dépouille les procès-verbaux rédigés
par les agents forestiers, on constate que l’action de l’homme, sa négligeance, sa volonté de nuire sont le plus
souvent à l’origine des feux de brousse. Beaucoup partent d’un véhicule circulant sur les pistes ou d’un foyer
allumé pendant la nuit par un voyageur qui reprend sa route sans étouffer les cendres; certains sont issus d’un
arbre incinéré par un ramasseur de miel sauvage ou de la bourre enflammée projetée par un ((fusil de traite));
d’autres sont provoqués par des chasseurs à !a recherche d’un gibier blessé ou par des pasteurs qui espèrent
obtenir un regain d’herbe tendre; parfois des conflits entre nomades au sujet de l’appropriation saisonnière
d’un peuplement de Gommiers ou d’une zone de pacage se règlent en incendiant la forêt.
Le renforcement du cloisonnement par l’extension du réseau de pare-feu, l’élargissement des pistes sou-
vent insuffisantes pour arrêter les flammèches quand l‘harmattan souffle avec violence, la remise en état des
bandes desherbées dès l’arrêt des pluies et avant l’apparition des premiers incendies venus du Nord où les herbes
101
sèchent tôt constitueraient des mesures incontestablement efficaces. Elles devront toutefois être completées par
une action défensive menée par des brigades d’intervention dotées de matériel de lutte contre les flammes. Des
pulvérisateurs PLATZ montés sur camion tout-terrain UNIMOG ont fait leur preuve. Malheureusement la mise
en place et l’entretien d’une telle infrastructure sont très onéreux.
Au Nord-Ouest d’une ligne passant par Yaré-Lao, Lagbar et Linguère, on rencontre des cordons dunaires
très aplatis avec des affleurements de gravillons ferrugineux aux endroits où le recouvrement de sable est plus
mince (Fig. 16). Trois massifs siliceux, aux formes bien nettes, émergent, l’un en bordure du fleuve, entre Thil-
lé Boubacar et N’Dioum, constitué de dunes rouges de 15 à 20 m d’altitude orientées SW-NE, un second de
part et d’autre de la vallée du Bounoum, un troisième près de Dahra qui marque la transition avec l’erg du
Cayor.
Les différences observées dans le relief se reflètent sur la pédogénèse. Les dunes sont couvertes de sols
Brun-rouge faiblement évolués dans le nord, intergrades vers les sols ferrugineux plus au sud. Les sables rema-
niés du Continental Terminal prtent des sols plus évolués appartenant à la catégorie des sols ferrugineux tro-
picaux. Les bas-fonds à mares temporaires forment des taches de sol hydromorphe.
La physionomie de la végétation forestière sur sol sablonneux est celle de la savane armée à Acacia
Zaddiana et à Ba/anites aegyptiaca que nous avons décrite dans l’Est du District Occidental du domaine sahé-
lien. Acacia senega/ est présent partout mais il ne forme jamais des boisements denses et équiennes comme on
en observe au Niger ou au Tchad dans des positions comparables. TROCHAIN avait déjà mentionné en 1940
que si le Gommier avait constitué l’espèce dominante d’un climax, l’homme avait dû jouer un grand rôle dans
l’appauvrissement des peuplements. La présence depuis vingt ans des troupeaux en toutes saisons a considéra-
blement modifié le milieu. Le piétinement incessant des animaux rassemblés auprès des forages pendant la sai-
son sèche a éliminé toute végétation dans un rayon de plusieurs centaines de mètres autour des abreuvoirs. Plus
loin du point d’eau, l’abroutissement de certaines especes particulièrement prisées du bétail, la destruction des
semis naturels par les caprins, l’ébranchage abusif pratiqué par les bergers au fur et à mesure que le pâturage se
raréfie conduisent progressivement à la constitution d’une savane garrigue formée de buissons de Guiera sene-
galensis, de Boscia senegalensis, de Bauhinia rufescens et de Ziziphus mauritiana reliés par un tapis de Cenchrus
bif/orus. Ailleurs, le pseudo-climax à Acacia Zaddiana évolue presque toujours vers un paratype de substitution
dans lequel Ba/anites aegyptiaca et Combretum g/utinosum deviennent exclusifs, le premier résistant mieux aux
incendies itinérants que les Mimosacées, le second se multipliant parce qu’il n’est guère recherché par les ani-
maux.
Le Service forestier a jadis tenté de cloisonner les abords des forages par un système de couloirs d’accès
séparés par des haies vives. On dût rapidement se rendre à l’évidence qu’aucun dispositif végétal n’était capable
d’arrêter des bovides assoiffés. Seuls quelques petits bouquets d’Acacia sertegal plantés en 1959 subsistent
aujourd’hui à Tatki, M’biddi et Lagbar à proximité des logements des agents forestiers parce qu’ils ont été sur-
veillés et entourés d’une clôture barbelée. La dégradation de la végétation dans le Ferlo Sableux qui se traduit
par la régression du peuplement arboré, des espèces Legumineuses en particulier, par la disparition des Gom-
miers, par le remplacement des graminées alibiles par d’autres faiblement appétées par le bétail inquiète les res-
ponsables du monde rural. La solution du problème ne peut être fournie par les techniciens seuls car elle est
essentiellement d’ordre politique. Il faudrait réduire le nombre de bêtes improductives en supprimant les ani-
maux âgés, il faudrait interdire l’élevage ou tout au moins la divagation des chèvres, il faudrait réglementer la
transhumance, surtout celle des troupeaux mauritaniens chaque année plus nombreux dans le nord du Sénégal,
il faudrait ouvrir de nouveaux forages car de vastes étendues de pâturage demeurent inutilisables ou mal utili-
sées pendant la saison sèche par manque d’eau. Alors seulement il serait possible d’envisager un système de rota-
tion des pacages en interdisant périodiquement certaiqes zones au parcours, ce qui permettrait l’amélioration et
l’enrichissement du tapis graminéen, la régénération et la reconstitution de la strate arborée.
102
Les dépressions aux sols plus ou moins hydromorphes sont colonisées par des groupements d’origine
édaphique. Lorsque l’eau ne séjourne que peu de temps, Acacia seyal, Acacia nilotica, var. adansonii, Anogeis-
sus leiocarpus, Dalbergia melanoxylon, parfois Diospyros mespiliformis, Celtis integrifolia et Tamarindus indica
constituent la strate arborescente tandis qu’Acacia ataxacantha, Combretum micranthum, Ziziphus mucronata
ou Grewia bicolor forment la strate arbustive. Dans les mares plus profondes, submergées pendant deux à trois
mois pendant la saison des pluies, qui jalonnent l’ancien réseau hydrographique communiquant avec la vallee du
Sénégal, on rencontre Mitragyna inermis et on retrouve Acacia nilotica, var. tomentosa. Ces peuplements ont
en général été moins dégradés par les hommes et par les animaux que les boisements dunaires car les éleveurs
n’en occupent les abords que pendant l’été mais ils ont beaucoup souffert de la sécheresse de ces dernières
années. Il faut également noter la disparition progressive de Dalbergia melanoxylon dont AUBREVILLE men-
tionnait la régression en 1950. Les statistiques du Service forestier portent sur une exploitation annuelle d’en-
viron 900 arbres utilisés pour la sculpture mais, quand on observe le stock de bois de Dialambane dont dispo-
sent les artisans de Soumbédioune à Dakar, on se rend compte que les chiffres officiels sont en-dessous de la
réalité et qu’il est vraisemblable que beaucoup de billes circulent mélangées à du bois de chauffage pour payer
des taxes d’abattage réduites.
Les distributions de Neem effectuées depuis 1960 pendant les Semaines forestières ont modifié d’une
façon spectaculaire l’aspect de certains villages et c’est dans le district que les résultats de cette opération de
reforestation menée par investissement humain sur l’ensemble du pays sont les plus tangibles. Des hameaux
auparavant isolés au milieu d’un espace dénudé, balayé par les vents de sable tout au long de la saison sèche,
disparaissent aujourd’hui sous des bouquets d’Azadirachta indica qui les ombragent, Acacia senegaf et Dalbergia
melanoxylon, les espèces forestières les plus intéressantes pour l’économie de la zone, la première grâce à son
exsudation, la seconde par son bois, n’ont encore fait l’objet d’aucune plantation bien que les techniques syl-
vicoles soient maintenant au point. Une station de recherches sur les Gommiers, financée par l’aide canadien-
ne, doit être installée en 1974 à M’Biddi mais le projet d’extension des gommeraies retenu par le troisième
Plan quadriennal et repris par le quatrième Plan demeure en suspens.
La couverture de sable disparaît dans l’Est du Ferlo où des niveaux plus ou moins indurés par le fer
viennent en affleurement ou se trouvent à faible profondeur. L’ensemble constitue un plateau d’environ 90 m
d’altitude recouvert d’une cuirasse entaillée par l’ancien réseau hydrographique et seuls de rares alignements
dunaires dont la largeur n’excède guère 500 m marquent les flancs des vallées mortes. Le pédoclimat est celui
des sols ferrugineux tropicaux, faiblement lessivés dans le nord, assez lessivés dans le sud. Sur le Continental
Terminal où ils ont été érodés, les sols sont limités en profondeur par la cuirasse et leur épaisseur est souvent
inférieure à 50 cm; dans les entailles, ils sont plus jeunes et plus profonds. Les zones planes et les bas-fonds
sont presque toujours occupés par des sols hydromorphes.
La strate ligneuse forme une savane arbustive dans laquelle Pterocarpus lucens et Acacia seyal dominent,
associés à Combretum micranthum, C’ombretum nigricans, Grewia bicolor et Adenium abosetum. Les deux espè-
ces dominantes constituent d’après TROCHAIN des pseudo-climax qui se superposent ou qui se succèdent sou-
vent dans une même station. Les apports éoliens, le décapage ultérieur du sol par les eaux de pluie, le rabotage
des argiles sous-jacentes plus ou moins sableuses, l’entraînement des éléments fins dans les tatwegs ou bien, au
contraire, la disparition des particules grossières amènent de fréquents changements dans la composition du boi-
sement naturel et du tapis herbacé.
Acacia Zaddiana dont la présence est liée au substratum siliceux a pratiquement disparu du paysage. Par
contre, certaines essences soudaniennes comme Anogeissus leiocarpus, Lannea acida, Lonchocarpus laxiflorus,
Poupartia birrea, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Sterculia setigera qu’on rencontrait à l’état diffus
dans l’Ouest deviennent de plus en plus fréquentes. L’occupation humaine et la densité des troupeaux étant
moindre que dans le Ferlo sableux faute de forage, le milieu demeure également moins dégradé.
103
m LE DOMAINE SOUDANIEN-
PAR 7-i,!? occ/DENT4L E
Fig. 20
104
2- LE DOMAINE SOUDANIEN
Le domaine soudanien couvre près de deux tiers du Sénégal. Il est compris entre l’isohyète 550 mm, limi-
te du domaine sahélien, et les isohyètes 1.350 mm dans le Sud-Est, 1,250 mm dans le Sud-Ouest, c’est-à-dire
jusqu’aux frontières des Guinée Conakry et Bissao, à l’exclusion de la Basse-Casamance et d’une partie de la
Moyenne Casamance. Il est caractérisé par des précipitations réparties sur 5 à 6 mois dont 3 à 4 réellement
pluvieux, par 36 à 66 jours de pluies et par de grands écarts entre les lames d’eau enregistrées annuellement.
Au point de vue floristique, la limite septentrionale est marquée par l’apparition de Bombax costatum,
Combretum Elliotii, Cordyla pinnata, Entada africana, Parkia biglobosa, Prosopis a fricana, Pterocarpus erinaceus
qu’on ne rencontre dans le domaine sahélien que dans des stations reliques. Le passage à partir du Sahel s’ef-
fectue toutefois d’une façon progressive et insensible. Les essences inermes deviennent plus nombreuses, la den-
sité du peuplement forestier augmente, les graminées forment un tapis plus fourni, les strates arborées et arbus-
tives ont tendance à se superposer. La frontière méridionale correspond approximativement avec le maximum
de l’extension vers le sud de l’Acacia seyal et vers le nord de Lophira alata.
L’aspect du boisement est une brousse-parc, modelée par les incendies qui, se répétant chaque saison
sèche ou presque depuis des siècles, ont agi sur la vegétation comme un véritable facteur climatique. HANNON,
roi des Carthaginois, notait déjà il y a 2.500 ans, au cours d’un périple sur la côte occidentale de l’Afrique,
qu’entre le Cap-Vert et le Golfe de Guinée ((nous longions un pays enflammé, rempli de parfums, d’où sor-
taient des ruisseaux de flammes se jetant dans la mer. La terre était inabordable a cause de la chaleur)). Les
chasseurs, les pasteurs, les populations conquérantes, celles qui se déplaçaient à la recherche d’un nouveau ter-
ritoire de chasse, celles qui s’enfuyaient après une défaite, celles qui désertaient une contrée où sévissait une
épidémie, tous gênés par la végétation du type soudanien qui représente un obstacle lorsqu’elle est touffue, y
mirent le feu bien avant que les cultivateurs défrichent la forêt et l’incinèrent.
AUBREVILLE (1938) évalue à 80 le nombre d’espèces forestières spécifiques du domaine. Leur réparti-
tion et leur groupement permettent de définir deux secteurs, l’un soudano-sahélien, l’autre soudano-guinéen. La
frontière entre les deux est marquée par la limite Sud de l’aire d’Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Boscia
senegalensis, Commiphora africana, Grewia bicolor, essences sahéliennes, et par la limite septentrionale de
Cassis sieberiana, Daniellia oliveri, Oxythenanthera abyssinica, Terminalia macroptera, arbres qui n’existent plus
au nord qu’en bordure de l’océan où les conditions climatiques sont particulières. Cette ligne est matérialisée
approximativement par le 14ème parallèle qui correspond avec l’isohyète 900 mm depuis la frontière malienne
jusqu’à Foundiougne.
21 - L E S E C T E U R SOUDANO-SAHELIEN
Le groupement climatique devait, d’après TROCHAIN, être une savane arborée xérophile mais, aujour-
d’hui, aucune des formations boisées du secteur n’est conforme à ce climax. On trouve dans la partie occiden-
tale des pseudo-climax à Combretum glutinosum sur sol sableux, à Acacia seyla sur sol argileux ou bien des
groupements de substitution résultant de l’occupation humaine comme le péniclimax à Acacia La strate
arborée a été éliminée progressivement par les feux puis par les hommes et les essences du sous-bois qui sont
plus prolifiques mais dont le développement était freiné par le couvert, se sont mises à pulluler. Dans la partie
orientale où l’action anthropique sur la végétation est moins intense, on rencontre nombre d’espèces qui
devaient constituer le peuplement initial mais, là encore, il est impossible de restituer au climax sa physionomifs
primitive car beaucoup d’essences ont certainement disparu à la suite des incendies répétés.
Nous diviserons le secteur en quatre districts. La géomorphologie et certains p.aramètres du climat impri.
ment aux massifs forestiers de la région de Thies un aspect particulier. L’occupation humaine marque de son
empreinte le ((Bassin de I’Arachide)). Plus à l’Est, dans les ((Terres Neuves)), le peuplement forestier issu du
((fire-climax)) demeure souvent intact. Enfin, les ((Terres salées)) du Sine-Saloum sont conditionnées par le sub-
stratum et le réseau hydrographique.
La pointe occidentale du Sénégal se différencie du reste du pays par sa structure géologique. Certains
niveaux du Maestrichtien, du Paiéocène et de I’Eocène dont les faciès sont marqués par des grès, des calcaires,
des marnes, des argiles et parfois des phosphates, affleurent ou sont subaffleurants. La plupart de ces forma-
tions, riches en carbonates, se font sentir sur la pédogenèse des sols contemporains, vertisols ou para-vertisols
sableux, tandis que l’action du climat ancien se traduit par l’apparition de dalles latéritiques.
Adansonia digitata, essence calcicole, est caractéristique du paysage. Les Baobabs jalonnent les niveaux
calcaires de la falaise de Thiès, formant par place de véritables colonies où les arbres atteignent des dimensions
impressionnantes. Il ne subsiste par contre aujourd’hui à peu près aucune trace de la végétation subguinéenne
qui s’était maintenue depuis le Paléolithique grâce a l’influence de l’alizé maritime. Des témoins de ce groupe-
ment végétal disparu qui permettent de comprendre la flore actuelle des Niayes furent inventoriés en 1934 par
TROCHAIN en forêt de Bandia et dans des défrichements recents situés entre le Mont Rolland, Thiès, Kis-
sène et M’Bour. Les principaux représentants étaient Erytrophlaeum guineense, Antiaris africana, Holarrhena
africana, Afzelia africana, Morus mesozygia, Lonchocarpus sericeus. Aucun n’a survécu. Il en est de même
d’oxythenanthera abyssinica, signalé en 1899 par CHEVALIER en forêt de Thiès.
Un pseudo-climax à Acacia seyaf s’est établi sur les sols argileux relativement frais avec, dans les talwegs,
Acacia sieberiana, Anogeissus leiocarpus, Celtis integrifoiia, Acacia nilotica var. adansonii et parfois Kha ya sene-
ga/ensis. Dès que le terrain devient plus sec, soit à cause d’un affleurement marne-calcaire, soit en raison de la
proximité de la dalle latéritique, Acacia ataxacantha, associé $I Combretum micranthum, forme une savane-
hallier difficilement pénétrable. La vocation agricole du district est faible. L’arachide n’apparaît que sur quel-
ques plages d’apport sableux; les céréales, le m$nioc, les arbres fruitiers ne peuvent être cultivés que dans les
bas-fonds. il a donc été possible, entre 1934 et 1950, d’incorporer 36.770 ha au domaine forestier et de les
soustraire depuis sans trop de difficultés à la convoitise des paysans malgré l’accroissement démographique.
Traitées en taillis et exploitées avec une rotation de vingt ans pour la carbonisation, ces forêts donnent
un rendement soutenu moyen de 1 à 1,5 stère par hectare et par an. Le bois de l’Acacia seya/, essence domi-
nante, constituant un combustible de médiocre qualité, on a tenté d’enrichir le peuplement naturel avec des
essences exotiques. Des essais de reboisement, entrepris en 1961 et en 1962 avec Cassja siamea et Azadirachta
indica en forêt de Bandia, ont montré qu’il est possible d’installer sans arrosage des stumps sur des parcelles
récemment exploitées par les charbonniers mais que, si les plants ne sont pas entretenus pendant plusieurs
années, ils sont étouffés rapidement par le recru. Seules des plantations en plein, effectuées après défrichement,
peuvent être viables mais il est douteux que les rendements en bois justifient les investissements, compte tenu
de la mauvaise structure physique des sols, de leur teneur en carbonates et aussi de la nécessité de désherber
les parcelles en début de saison sèche.
Le Service forestier et le C.T.F.T. ont repris les expérimentations en 1967 en forêt de Déni-Youssouf sur
vertisol lithomorphe à surface de structure massive reposant sur formation marne-calcaire. Les introductions
qui portent sur diverses espèces d’Eucalyptus sont trop récentes pour qu‘on puisse en tirer des conclusions
mais il semble qu’il faille orienter les recherches sur Eucalyptus microtheca. En attendant, il convient de pour-
suivre l’exploitation des massifs forestiers du district telle que la prévoit le plan d’aménagement. Les feux de
brousse qui parcourent les peuplements presque chaque année constituant le facteur le pIus néfaste au dévelop-
pement de la végétation ligneuse, nous pensons qu’il serait souhaitable d’ouvrir les forêts au bétail pendant
l’été, à l’exclusion bien entendu des coupes récentes, afin que les animaux des villages riverains éliminent le
tapis herbacé.
106
Depuis 1840, date de la première expédition d’arachide en direction de la France, jusqu’à nos jours, l’in-
tégration de la paysannerie sénégalaise dans une économie de marché s’est effectuée sous la pression du dévelop-
pement de cette culture. Toutes les interventions de I’Administration coloniale dans le domaine économique,
toutes les impulsions qu’elle a données de manière autoritaire ou libérale à la mise en valeur du pays ont été
commandées par le souci primordial d’intensifier cette production. L’implantation du réseau des grandes mai-
sons de commerce européennes et des traitants libanais a été orientée vers l’achat des graines et la répartition
des produits manufacturés dont elle suscitait et permettait la distribution. Presque tous les moyens financiers
accordés à la recherche agronomique ont été utilisés à sélectionner des lignees adaptées aux différentes zones
climatiques.
Dans le cadre des nouvelles structures que s’est données I’Etat sénégalais depuis l’indépendance, la pri-
mauté a été réservée jusqu’à présent à la commercialisation de l’arachide bien que les responsables économi-
ques s’accordent à reconnaître les dangers de la monoculture. L’aisance du budget national, les moyens de
fonctionnement et les possibilités d’investissement de I’Etat, les ressources monétaires des paysans et l’équipe-
ment des exploitations agricoles dépendent de l’importance de la récolte. Toute l’activité économique de la
nation demeure conditionnée par la ((traite)) selon un rythme saisonnier aussi rigoureux que celui imposé par
le régime des précipitations à la production agricole. L’arachide qui couvre près de la moitié des surfaces culti-
vées assure au moins les trois quarts du revenu du monde rural (PELISSIER - 1966).
On désigne sous le nom de ((Bassin de I’Arachide)) l’ensemble géographique qui correspond à l’erg qua-
ternaire et à une partie du Continental Terminal où la totalité des sols ((Diors)), qu’ils se soient développés sur
sables siliceux, sur grès sabla-argileux ou sur sables argileux remaniés a été défrichée pour la culture d’AracI?is
/?ypogea. Cette zone qui commence après la falaise de Thiès se prolonge chaque année un peu plus loin vers
l’Est en colonisant le district des Terres-Neuves et même en grignotant le sud du Ferlo. Elle s’étend de la lisière
méridionale du Delta jusqu’à la Gambie, englobant le district occidental du secteur sahélo-soudanien et une por-
tion du secteur soudano-guinéen, mais la partie la plus importante du 8assin, celle dont la production est la
plus élevée, se situe dans le secteur soudano-sahélien.
La superficie du domaine forestier est très réduite dans le secteur soudano-sahélien du Bassin de I’Arachi-
de. Les départements de Kébémer, de Bambey, de Diourbel et de Kaolack ne possèdent aucune forêt classée.
Ceux de M’Bour, de Tivaouane, de Fatick et de Gossas ne comprennent que sept petits massifs forestiers, cou-
vrant au total 25.188 ha et, encore, le peuplement n’existe souvent plus sur le terrain car les interventions des
hommes politiques ont contraint, bien avant l’indépendance, le Service forestier à tolérer une occupation par
les agriculteurs, théoriquement contrôlée, qui s’est traduite par la suppression progressive de tous les arbres.
C’est ainsi qu’on compte dix fois moins de palmiers adultes dans la Rôneraie de Pire que dans des stations
proches de Thiès non classées et cultivées depuis plusieurs décennies par les Sérers et que, dans les forêts de
107
Démène et de Diack-Sao qui furent reboisées en Anacardium occidentale il y a dix ans après concession tem-
poraire du sol aux agriculteurs, certains paysans continuent les cultures, éliminant peu à peu les Darcassous.
Ac~u% a/bida constitue aujourd’hui le principal élément arboré du district, L’espèce qui ne fait pas par-
tie du peuplement initial est liée à toutes les vieilles civilisations agraires de l’ouest-Africain. Elle est propagée
dans les défrichements par les ruminants sauvages et domestiques mais ce sont les cultivateurs qui intervien-
nent dans son développement car les plants doivent être élagués et redresses perdant plusieurs arm&~ avant de
pouvoir former une cime. Arbre fourrager du plus haut intérêt, l’essence possède également la faculté de fer-
tiliser le sol et de le régénérer. C’est pourquoi le Service forestier a mis en défens au cours du second Plan
quadriennal 10.000 ha, répartis par blocs de 500 ha, dans des stations où il existait des rejets que les paysans,
essentiellement des Ouolofs, avaient coutume de recéper en préparant les champs. Le maintien d’une centaine
de brins par hectare et la conduite d’une tige par cépée ont totalement modifié le paysage en l’espace de six
ans sans apporter d’entrave aux cultures. Cette action spectaculaire, peu coûteuse et rapidement efficace, devrait
permettre, si on la poursuit, de reforester une grande partie du Bassin de I’Arachide tout en lui conservant sa
vocation agricole et en améliorant les rendements des cultures. Dans des milieux récemment déboisés, comme
Déati, où l’Acacia albida ne peut s’installer rapidement faute de semenciers, les Eaux et Forêts ont entrepris
1.209 ha de plantation en plein. La technique est plus onéreuse et son effet sur l’amélioration du sol est plus
lente mais nous estimons qu’elle est actuellement ta seule capable de concilier agriculture et forêt afin de main-
tenir la fertilité et de freiner l’érosion éolienne.
Anacardium occidenta/e a été très utilisé pour les reboisements dans le district. Les premières plantations
datent de la période 1935-1945 au cours de laquelle I’Administration distribua des semences aux ruraux, les
encourageant à installer des Darcassous à proximité des villages pour améliorer leur ration alimentaire en fin
de saison sèche, époque de la fructification. Il reste aujourd’hui des traces de cette opération, certaines assez
importantes dans les départements de Tivaouane, de Diourbel et de Kaolack, d’autres diffuses aux abords de
nombreuses bourgades sérères. Les tentatives de remplacement de savanes pauvres en peuplements denses
d’Anacardium menées entre 1961 et 1965 à Démène et à Diack-Sao semblent, nous l’avons dit, n’avoir qu’un
avenir limité car les cultivateurs qui occupent encore les parcelles ne respectent pas tes arbres quand ils net-
toyent les champs, Il est également assez difficite de se prononcer sur la production fruitière des périmètres de
reboisement de N’Gouka, de Sambé et surtout d’ourcogne qui couvrent 800 ha car la floraison est souvent
détruite ou réduite par l’harmattan. Quant aux plantations en bandes brise-vent, financées par le F.E.D. au
cours du second Plan quadriennal et exécutées à Thiénaba, à N’Gabou et à Colobane, leur survie semble com-
promise après la sécheresse de l’été 1972.
On appelle Terres-Neuves le district situé entre le Bassin de I’Arachide et la frontière malienne. L’expan-
sion démographique et surtout le développement du mouridisme et son orientation vers une colonisation agri-
cole spéculative basée sur l’arachide n’ont cessé depuis le début du siècle de faire reculer ses limites occiden-
tales et méridionales. Les défrichements commencèrent en 1885 avec l’installation à Touba, alors en pleine
forêt, d’Amadou BAMBA, le fondateur de la secte. Toutes les terres disponibles dans le sud du Djolof et dans
l’est du Baol furent mises immédiatement en culture puis les disciplines du Khalife rejoignirent vers le nord les
déboisements du Cayor avant de se diriger au sud vers la vatlée du Sine.
108
La construction, entre 1905 et 1915, de la voie ferree reliant Diourbel à Tambacounda marque une
seconde étape. Chaque fois qu’une station était ouverte, les mourides implantaient un village puis ils se lan-
çaient à l’assaut de la forêt. Toutefois, par manque d’eau, ils ne pouvaient guère progresser à plus d’une cen-
taine de kilomètres car, à l’Est du 16ème méridien, il faut atteindre les sables maestrichtiens, soit environ
250 m de profondeur, pour trouver une nappe aquifère.
La troisième période a débuté en 1950 avec la mise en place d’un réseau de forages profonds destinés à
promouvoir l’élevage dans le sud de la zone sylvo-pastorale et a permettre aux troupeaux de descendre vers les
terres salées du Sine-Saloum. Les points d’eau ont immédiatement constitué des pôles d’attraction pour les
agriculteurs mourides que la nature contraignait depuis quarante ans à rester sur la frontière méridionale du dis-
trict. Les défrichements ont repris. Ils cernent aujourd’hui toutes les forêts classées, toutes les Réserves S~IVO-
pastorales, formant un front mouvant de clairières qui ronge le peuplement arboré non classé et qui avance
en tache d’huile (Fig. 21). On estime que la colonisation des Terres-Neuves a permis depuis 1920 le doubie-
ment des surfaces consacrées à l’arachide et l’établissement de plus de 300.000 pionniers.
Le domaine forestier couvre 1.042.826 ha dans le district. Il a été créé en deux étapes avec des motiva-
tions totalement différentes. Les premiers classements, réalisés entre 1938 et 1949, visaient à maintenir en bor-
dure de la voie ferrée des boisements susceptibles d’assurer le ravitaillement en bois des convois circulant entre
Dakar et Kidira. La seconde tranche eut lieu entre 195let 1956 pour réserver des zones de nomadisation entre
les forages. Considérées comme ne présentant aucun intérêt économique depuis que la traction ferroviaire n’uti-
lise plus le bois, les ((Forêts du Rail)) furent difficilement soustraites à la convoitise des paysans, appuyés par
les politiciens, dans les années qui précèdèrent l’indépendance. La ruée des cultivateurs vers les points d’eau
nouvellement ouverts diminua la pression sur elles mais souleva de nombreux problèmes aux lisières des Réser-
ves sylvo-pastorales. Le Service forestier dût procéder à maintes reprises à des rectifications de limite, à des
créations d’enclave, parfois même à des déclassements. La promulgation en 1965 du Code forestier qui stipu-
le que ((dans la zone sylvo-pastorale où la plus grande partie du domaine forestier doit être utilisée en vue de
l’alimentation du bétail, le taux de classement ne devra pas être inférieur à 50 %)) fournit maintenant des
arguments a l’administration pour préserver les forêt,s ou tout au moins pour orienter les déboisements.
Le groupement climatique du district devait être une forêt claire à caractères xérophiles accusés que les
incendies répétés au cours des siècles ont transformé en une savane arborée, véritable ((fire climax)). Les diffé-
rences qu’on observe dans la nature et dans la densité des boisements actuels, du nord vers le sud, permettent
de considérer ce territoire comme une zone de transition où s’affrontent la flore et la végétation des domaines
sahélien et soudanien (TROCHAIN - 1940). Acacia seya/, Acacia macrostachya, Combretum ghtinosum, Com-
bretum e//iotii sont les constituants normaux du taillis. Anogeissus /eiocarpus, Bombax costatum, Lannea aci-
da, Pterocarpus erinaceus et Sterculia setigera forment les éléments de la futaie avec Terminalia avicennoides
sur les plages de sol sableux et Pterocarpus hcens sur les affleurements latéritiques.
Les peuplements forestiers de la région de Thiès ainsi que les arbres morts ou dépérissants qui subsis-
taient dans les terrains de culture permirent d’assurer le ravitaillement en combustible des villes de l’Ouest
sénégalais jusqu’en 1950. Vers cette époque, nombre de bûcherons commencèrent à se déplacer vers IeSine-
Saloum, d’abord dans les départements de Fatick et de Kaolack puis de Foundiougne et de Nioro où ils trou-
vèrent un important matériel ligneux demeuré en place dans les champs et sur les jachères. Aujourd’hui, ces
zones étant entièrement déboisées, les chantiers de coupe et de carbonisation se sont installés à l’Est de Kaffri-
ne et au Sud de la Gambie. Les 403.443 ha de. forêts du Rail dont l’interêt économique avait été contesté
assurent une grande partie de l’approvisionnement de la capitale en charbon de bois. L’expérience des exploi-
tations faites au cours de la dernière guerre pour la Régie du Chemin de Fer a montré que le boisement initial
donnait 50 à 80 stères par hectare et qu’il était capable de produire à nouveau environ 40 stères une vingtai-
ne d’années plus tard, permettant de réfuter des légendes que certains géographes comme DEFONTAINES
(1948) continuent à colporter. ((Au Sénégal, écrit cet auteur, tout au long du rail, les peuplements ont éte
ruinés)). Ce sont les cultivateurs et les éleveurs qui détruisent la forêt tropicale sèche; ce sont les incendies
itinérants qui l’appauvrissent. Surveillés et dirigés, les bûcherons permettent au contraire son rajeunissement et
son maintien.
109
m LE DOMAINE SOUDANIEN-
PART/E CENTRALE
---
110
q 10 ykm.
111
Les possibilités du district en bois d’industrie sont limitées car les espèces soudaniennes, les seules inté-
ressantes, se situent à la limite de leur aire et possèdent un diamètre réduit et une forme presque toujours
défectueuse. Seul Bombax costatum est exploité comme bois de coffrage ou déroulé pour la fabrication des
boîtes d’allumettes. Sterculia setigera, présent partout, souvent par pieds isolés, parfois en bouquets assez den-
ses, exsude après tapping une gomme appréciée dans la cuisine sénégalaise qui est actuellement recherchée en
Europe et en Amérique du Nord pour les industries alimentaires. L’exploitation est faible; elle couvre les
besoins locaux mais elle ne donne lieu à aucune exportation.
Le groupement à Acacia seyal a tendance à.disparaître chaque fois qu’un envahissement accidentel ou
provoqué de l’eau de mer apporte des vases minéralisées qui colmatent le sol et entravent les échanges respi-
ratoires dans le système racinaire. Il est alors remplacé par celui SI Combretum glutinosum, Le passage de la
savane épineuse à la savane arborée est souvent accéléré par l’action des éleveurs qui détruisent les Acacia en
les ébranchant abusivement tandis que l’extension des Combretacées, de peu d’intérêt pour le bétail, se pour-
suit. Cette dégradation, mentionnée par TROCHAIN en 1940, s’est considérablement aggravée au cours de la
112
décennie avec l’exploitation de la couverture arborée par les bûcherons, le surpâturage pendant la saison sèche,
au cours de laquelle les troupeaux descendent de plus en plus frequemment du Ferlo, les cultures de mil et
même d’arachide sur les buttes sableuses. On note partout une progression des Tannes, visible par le dépôt dans
les dépressions d’une couche de sable abiotique prélevée par le vent sur les levées. Les possibilités agricoles du
district, limitées au départ, deviennent chaque année plus réduites. Il existe déjà quelques milliers d’hectares
qui ne présentent aucun inté& pour les paysans.
Situés à une distance moyenne de 200 kilomètres de Dakar, certains de ces terrains pourraient être mis
à la disposition du Service forestier sans grande difficulté foncière et leur reboisement résoudrait en partie le
ravitaillement en combustible de la capitale, assuré actuellement par les Forêts du Rail, éloignées de 300 à
400 km. Souhaitable sur le plan économique, l’afforestation des Tannes pose toutefois des problèmes techni-
ques car jamais les forestiers n’ont travaillé sur de tels sols dans la zone tropicale sèche. Le C.T.F.T. a entre-
pris depuis 1967 des expérimentations à Koutal, à Kabatoki et à Keur-Mactar sur différents types de terrains.
Il semble que les Melaleuca soient les espèces les mieux adaptées mais les résultats devront être confirmés par
plusieurs années d’essai avant qu’on songe à entreprendre d’importants reboisements.
22 - LE SECTEUR SOUDANO-GUINEEN
Le peuplement forestier devient plus homogène au sud du 14ème parallèle, tant au point de vue de la
physionomie que des groupements. Le boisement, composé d’arbres de 15 à 20 m de hauteur dominant un
taillis de 3 à 5 m, a été modelé par les feux itinérants. Les espèces drageonnantes se sont étendues au dépens
des essences à reproduction sexuée, les arbres à graines ailées ont colonisé les sols dans les clairières ou sur les
défrichements mais, partout, les incendies ont imposé à la végétation ligneuse des fûts contournés, tortueux,
chancreux et mutilés. TROCHAIN estime que si le peuplement n’est pas primitif au sens strict du mot, sa com-
position floristique demeure proche du climax. Il a l’apparence d’une savane forestière lorsque le taillis l’em-
porte numériquement sur la strate
arborée; il offre l’aspect d’une forêt-parc quand les arbres couvrent en
grande partie le terrain mais, dans les deux cas, les espèces végétales sont les mêmes.
On rencontre dans l’étage supérieur Albizia zygia, Afrormosia laxiflora, Afzelia africana, Bombax costa-
mm, Cordyla pinnata, Daniellia oliveri, Erytrophlaeum africanum, Lannea acida, Lannea microcarpa, Parkia
biglobosa, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Sterculia setigera ou Terminalia macroptera. Nous mention-
nerons l’absence de Butyrospermum Parkii, le Karité, qui est très répandu au Mali et en Haute-Volta sous des
latitudes comparables mais dont l’aire occidentale s’arrête sensiblement sur la Falémé. On trouve dans le sous-
bois Acacia macrostachya, Annona senegalensis, Bauhinia thonningii, Cassia sieberiana, Combretum glutinosum,
Combretum nigricans, Detarium microcarpum, Erythrina senegalensis, Gymnosporia monopetalus, Ostryoderris
Chevalieri, Strychnos spinosa, Terminalia laxiflora.
Oxythenanthera abyssinica, couvre d’importantes superficies dans le secteur, formant toujours des peuple-
ments grégaires dans lesquels les touffes sont réparties autour d’un pied-mère. Tous les sols conviennent au
Bambou à l’exclusion des terrains salés et des argiles lourdes ou marécageuses mais le diamètre et la hauteur
des tiges sont en rapport avec la fertilité. Des sondages que nous avons effectués dans le Sénégal-Oriental don-
nèrent des rendements à l’hectare variant de 2 à 10 stères sur latérite à 60 à 80 stères sur alluvion. La florai-
son étant cyclique, la totalité du boisement meurt après avoir fructifié mais une nouvelle bambuseraie, issue de
graines, se développe quelques années plus tard au même emplacement à moins que l’homme ou les feux
empêchent cette germination unique. C’est ce qui dû se produire dans l’Ouest du Sénégal où les Bambous ont
disparu alors que CHEVALIER en avait récolté en 1899 dans la forêt de Thiès et que TROCHAIN en avait
rencontré quelques taches aux environs de M’Bour en 1934.
Bien que les qualités technologiques de la plupart des essences forestières que nous avons citées autori-
sent leur transformation en sciages, surtout dans un pays où le bois d’œuvre est rare, la forme et l’état
113
sanitaire des arbres soumis périodiquement aux incendies limitent considérablement les possibilités d’emploi.
Trois espèces ont été ou sont encore exploitées dans le secteur. La principale est Cordy/a pinnata, excellent
matériau pour la construction et pour les travaux portuaires. Les arbres, aujourd’hui dispersés au milieu des
champs et des jachères, ont été maintenus par les paysans pour leurs fruits qui constituent un appoint alimen-
taire au début de la saison des pluies. Le peuplement est malheureusement en voie d’épuisement; les beaux
sujets sont de plus en plus rares et la régénération est partout absente, aussi bien en terrain découvert que dans
les forêts classées. Environ 2.000 m3 furent débités annuellement au cours de la dernière décennie par deux
scieries installées au sud de Kaolack mais il est prévisible qu’elles devront bientôt cesser leur activité ou se
déplacer en Casamance. Toutes les tentatives de multiplication artificielle du Dimb se sont soldées par un
échec et les recherches sylvicoles entreprises par le C.T.F,T. depuis quelques années ne sont guère encoura-
geantes. Viennent ensuite Khaya senega/ensis, assez abondant en Haute-Casamance, qui fut utilisé par la scierie
de Vélingara jusqu’à sa fermeture en 1961 et f3ombax costatum, partout présent mais rarement en grande
quantité, qui a été débité à Tambacounda et qui est aujourd’hui déroulé à Dakar pour la fabrication de boî-
tes d’allumettes. Parmi les autres essences, nous mentionnerons Pterocarpus erinaceus, excellent bois d’ébénis-
terie, nommé parfois ((Palissandre du Sénégal)), qui est aujourd’hui tourné par les artisans de Soumbédioune à
Dakar ainsi que Daniellia oliveri, beaucoup moins abondant qu’en Moyenne-Casamance, que les scieries du
Sine-Saloum commencent à débiter à défaut de Cordyla pinnata. Les Bambous jouent également un rôle qui
est loin d’être négligeable dans l’économie locale. Ils sont utilisés pour la construction des toîtures et des
palissades dans les villages ou transformés en panneaux, nommés crintings, qui sont exportés dans l’ouest du
ws.
Le groupement climatique que nous avons décrit correspond au Sud du Sine-Saloum, à la Haute-Casa-
mance, au département de Kédougou et au Sud de celui de Tambacounda (Fig. 22). Le substratum a toute-
fois empêché son implantation sur le littoral et sur le9 plateaux latéritiques du Sénégal-Oriental :
- La côte est bordée par des îles massives et par des îlots à peine fixés qui s’étendent sur une trentaine
de kilomètres d’Ouest en Est et sur une cinquantaine de kilomètres du Nord au Sud entre les embouchures du
Saloum et de la Gambie. Les vases marines accumulées lorsque le district fut envahi par la mer, vraisemblable-
ment à l’époque Flandrienne, sont aujourd’hui colonisées par Rhizophora racemosa et Avicennia africana. Le
peuplement de Palétuviers, assez dense et homogène, ne fait l’objet d’aucune exploitation rationnelle malgré la
proximité de centres consommateurs de bois, son accès rebutant les bûcherons. On trouve en arrière de la man-
grove un liseré de sols salés comparables aux Tannes du secteur soudano-sahélien.
- La carapace ferrugineuse qui couvre en grande partie le Sud-Est du Sénégal est, par place, si épaisse et
si compacte que les racines des arbres ne parviennent pas à la traverser. Acacia ataxacantha, Acacia macrosta-
chya, Boscia senegalensis, Combretum aculeatum, Combretum micranthum, parfois Bqmbax costatum et Par-
kia biglobosa à l’état nain, sont les seules espèces forestières qui se propagent dans les infractuosités ou sur les
éboulis, à la limite de la cuirasse. Par contre, le cordon ripicole qui borde les rivières permanentes dans la por-
tion la plus arrosée du secteur porte souvent une végétation à affinité guinéenne. Ceiba pentandra, Diospyros
elliotii, Detarium senegaiense, Erytrophlaeum guineense croissent sur les berges basses constamment humides
mais exceptionnellement submergées alors que des espèces sahéliennes comme Acacia ni/otica, var. tomentosa,
Crataeva reiigiosa, Diospyros mespiliformis ou Ziziphus mucronata peuvent occuper des biefs soumis périodi-
quement à l’inondation et à l’exondation.
En dehors de Cassis siamea puis d’A.zadirachta indica employés dans les villes et les villages ou parfois
complantés en bordure des routes, Anacardium cxcidenta/e est la seule essence forestière qui ait été utilisée
pour les reboisements. On la propagea durant la dernière guerre autour des agglomérations; on s’en servit en
1949 pour matérialiser les limites de certaines forêts; on l’employa pour enrichir des savanes forestières dans
les inspections du Sine-Saloum et du Sénégal-Oriental entre 1956 et 1967; on la préconisa pour les bois villa-
geois créés au cours des Semames forestières. Plus de 1.500 ha furent ainsi reboisés mais, les plantations
n’étant plus entretenues faute de crédits, il est difficile d’évaluer les superficies susceptibles de recevoir un
aménagement en vue de la production de fruits car le Darcassou ne résiste ni aux feux itinérants dans les
zones où la paille est dense, ni au recru de la végétation soudano-guinéenne qui l’étouffe rapidement. Nous
pensons que l’espèce qui trouve dans le secteur des conditions climatiques et édaphiques bien supérieures à
celles du secteur soudano-sahélien ne pourra être répandue avec succès sur de grandes superficies que lorsque
les noix seront commercialisées car les habitants des villages riverains se rendront compte du profit qu’ils peu-
vent tirer des peuplements.
115
3 - LE DOMAINE GUINÉEN
Le PeUPhnent forestier est P~US fourni et plus riche en essences à l’Ouest de la ligne joignant Banjul a
Kolcla que dans le reste du Sénégal. Des espèces guinéennes et même quelques arbres de la foret dense s’ajou-
tent aux essences du domaine soudanien. cette zone qui couvre environ 10.000 km* est comprise entre les
isohyètes 1.250 et 1.700 mm. Si on compare sa climatologie a celle du Fouta Iljalon, région dont sont origi-
naires nombre d’espèces guinéennes, on constate que la pluviosité est inférieure de 300 2 800 mm, que je nom-
bre de mois ecologiquement secs atteint 7 au lieu de 4 mais que l’amplitude thermique annuelle est plus fai-
ble de 3 à 4’C et surtout que les variations du déficit de saturation accusent 7 à 7,5 mm contre 8 à II,5 mm.
La proximité de l’océan et l’influence de l’alizé marmme qui souttle a moyenne artrtuoe compensent en parue
le déficit pluviometrique et atténuent les effets de la longue saison sèche.
Le climax, aisé à reconstituer d’après les lambeaux de végétation primitive qui subsistent, était une
forêt demi-sèche dense à deux étages. La futaie comprenait des arbres de 18 à 20 m de hauteur, rarement
droits, au fût divisé en grosses branches assez près du sol, à la cime puissamment charpentée. Le sous-bois
très dense, haut de 5 à 8 m, était composé d’arbustes, d’arbrisseaux, de lianes et de plantes herbacées, le tout
enchevêtré inextricablement. Trois espèces étaient prépondérantes dans l’étage dominant : &-;r?arj exce/sa dont
la présence pose un problème aux phytogéographes car l’arbre est caractéristique des massifs d’altitude du
domaine guinéen tel le Fouta-Djalon ou le Mont Nimba, Erytroph/aeum guineense et Detarium senegafense
qu’on trouve dans le Fouta Djalon mais qui sont aussi communs à la limite de la forêt dense, en Côte d’lvoire.
De nombreuses autres essences guinéennes existaient à l’état disséminé : Albizia ferruginea, Albizia zygia,
Aistonia boonei, Antiaris africana, Chlorophora regia, Cola cordifolia, Daniellia thurifera, Dialium guineense,
Markhamia tomen tosa, Morus mesozygia, Ricinodendron heudelotii, Sterculia tragacantha, Treculia africana.
Le taillis était également différent de celui du secteur soudano-guinéen : An thostema senegalensis, Carapa pro-
cera, Ekebergia senegalensis, Fagara Leprieurii, Malacantha alnifolia, Monrinda geminata, Pach ystela brevipes,
Parinari macrophylla, Samanea dinklagei et parmi les arbrisseaux; Cassia podocarpa, Uvaria Chamae, Voacanga
africana.
AUBREVILLE (1948) estime que cette forêt devait jadis couvrir la totalité de la Basse et de la Moyenne-
Casamance, à l’exclusion de la mangrove et des dépressions marécageuses, qu’elle était reliée vers l’Est avec le
massif du Fouta-Djalon et qu’elle descendait jusqu’en Basse-Guinée. Les paysans ne peuvent être considérés
comme les seuls responsables de la dégradation du boisement primitif car on constate la transformation de
celui-ci, parfois même sa disparition, dans des stations qui n’ont jamais été cultivées. Les feux itinérants ont
été et sont aujourd’hui plus que jamais le principal facteur biologique de la régression du peuplement.
La forêt guinéenne, malgré sa compacité, est très vulnérable aux incendies en fin de saison sèche quand
les feuilles jonchent le sol et lorsque le sous-étage buissonnant et sarmenteux, concurrencé par la futaie qui
prélève les dernières réserves d’eau dans les horizons sous-jacents, demeure à l’état de repos végétatif. Le taillis
se reconstitue difficilement quand il a été brûlé plusieurs années de suite; il s’éclaircit puis il est remplacé par
des plantes ligneuses et par des graminees qui fournissent un matériau encore plus combustible. Peu touchés
auparavant par le feu, les grands arbres sont alois blessés. Quelques uns meurent, sèchent et alimentent des
foyers beaucoup plus importants qui entraînent à leur tour des dommages considérables dans la strate domi-
nante. Ce processus qui se poursuit depuis des siècles mais qui s’est intensifié depuis trois ou quatre décennies
permet de comprendre pourquoi il ne subsiste de peuplements à peu près intacts que dans les districts les plus
humides. L’interdiction récente de la pratique des feux précoces contrôlés par le Service forestier qui limitait
les dégâts quand un incendie parcourait la forêt entre mars et juin entraînera vraisemblablement la disparition
des dernières essences guinéennes qui subsistent encore car, l’expérience l’a prouvé, les brigades d’interven-
tion formées de villageois bénévoles sont incapables d’arrêter ou même de circonscrire un foyer.
116
Toute surface perdue par la forêt guinéenne est rapidement occupée par une savane à affinité soudano-
guinéenne, beaucoup plus robuste, d’où la coexistence de deux flores au Nord de la Casamance et la progres-
sion des espèces soudaniennes dans la plupart des milieux. Afrormosia laxiflora, Daniellia oliveri, Khaya senega-
lensis, Parkia biglobosa, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus sont les principaux colonisateurs de l’étage
dominant, Annona senegalensis, Bridelia micrantha, Cassia sieberiana, Ximenia americana de la strate inférieu-
re. Presque partout, Acacia albida et Guiera *senegalensis font leur apparition sur les terrains déboisés par les
cultivateurs. On passe donc sans transition d’un paysage forestier à l’autre alors que le climat ne subit pas de
brusques variations et que le sol est apparemment le même.
32 - LA MANGROVE
Fleuve majestueux en apparence, la Casamance ne représente en fait qu’un estuaire qui s’enfonce profon-
dément à l’intérieur des terres. En saison sèche, le talweg n’est marqué à la hauteur de Kolda que par quelques
mares alors qu’à Sédhiou, cent kilomètres en aval, il atteint déjà 2 km de largeur et que, près de l’embouchure,
il s’anastomose en une multitude de bras qui enserrent des îlots sableux ou des bancs de vase. Ce système
fluvio-maritime crée un milieu propice au développement des Palétuviers, Rhizophora racemosa en bordure des
chenaux, Avicennia africana sur les vasières alternativement submergées et exondées par la marée.
La mangrove casamançaise couvre environ 100.000 ha dont 30.000 ont été classés dans le département
,+n %QM.M-E~ est miçhe.eIm&!sdense qve celle des estuaires situés plus près de l’équa-
118
Une mise en valeur rationnelle du boisement semble difficile car, nous l’avons vu avec la mangrove du
Sine-Saloum, les bûcherons ne veulent pas s’installer dans ce milieu qui les rebute. Un programme agricole, en
cows de réa\isaIion, prévoit la transformation de certains peuplements d’Avicennia en rizière. I/ est donc pro-
bable que la superficie de la mangrove diminuera pendant la prochaine décennie. On enregistre du reste une
profonde modification du milieu depuis 1972, peut-être à la suite du déficit pluviométrique qui marque égale-
ment la Casamance. Beaucoup de rideaux de rhizophora meurent et presque partout les tannes s’étendent au
déoens des Avicennia.
117
---.- -..~. . . . ---. ---.-.
118
Une mise en valeur rationnelle du boisement semble difficile car, nous l’avons vu avec la mangrove du
Sine-Saloum, les bûcherons ne veulent pas s’installer dans ce milieu qui les rebute. Un programme agricole, en
cours de réalisation, prévoit la transformation de certains peuplements d’Avicennia en rizière. Il est donc pro-
bable que la superficie de la mangrove diminuera pendant la prochaine décennie. On enregistre du reste une
profonde modification du milieu depuis 1972, peut-être à la suite du déficit pluviométrique qui marque égale-
ment la Casamance. Beaucoup de rideaux de rhizophora meurent et presque partout les tannes s’etendent au
dépens des Avicennia.
f/aeis guineensis est très répandu en Basse-Casamance, soit par pieds isolés, soit en bouquets assez dem
ses. AUBREVILLE (1948) a émis l’hypothèse que l’espèce se trouvait peut-être ici dans son aire d’origine car
elle se reproduit partout, dans les peuplements forestiers fermés, dans les savanes secondaires, à la limite des
zones marécageuses où à l’abri des dunes littorales, ce qui n’est pas le cas sous des latitudes plus basses. Les
Palmiers à Huile atteignent par contre un développement inférieur à ceux des pays du Golfe de Guinée et pro-
duisent des régimes de petite taille chargés de fruits dont la teneur en pulpe est médiocre. L’intérêt porté à
l’essence par les Diolas qui exploitent rationnellement le vin de palme et qui récoltent les palmistes explique
sa présence à proximité des villages et son extension dans les terrains de culture.
Borassus aethiopium se régénère également très facilement dans l’Ouest de la Casamance mais le Rônier
ne bénéficie pas du même respect que l’E/aeis guineensis au moment des défrichements. Il a été également sou-
vent surexploité pour son bois si bien qu’il est partout ei régression. Seule une rôneraie de 3.100 ha a été clas-
sée dans le département de Sédhiou.
La forêt demi-sèche dense, telle que nous l’avons décrite, occupe une place relativement importante dans
les 82.500 ha du domaine forestier des départements d’oussouye, de Ziguinchor et de Bignona classés sous le
nom de savane guinéenne. Le peuplement, bien que souvent très dégradé par les feux, comprend des essences
dont l’intérêt économique est considérable, surtout pour un pays qui importe plus des trois quarts du bois
d’œuvre qu’il utilise.
Afzelia africana, le Lingué, donne un bois dur, assez lourd, résistant aux termites, aux lyctus et aux
champignons qui convient pour les constructions exposées aux intempéries et à l’eau. On peut l’employer pour
les menuiseries extérieures et dans la parqueterie.
Antiaris africane est facile à scier et à dérouler. Très exploité au Ghana, en Côte d’lvoire et au Nigéria
d’où on l’exporte sous le nom commercial d’Ako, il est utilisé dans la caisserie, l’emballage, la menuiserie légè-
re, pour l’intérieur des meubles plaqués et pour la fabrication de boîtes d’allumettes.
Ceiba pentandra se déroule et se tranche aisément mais exige que les grumes soient traitées contre les
insectes et les champignons immédiatement après l’abattage. Les exportations Ouest-africaines de Fromager
vers l’Europe représentent environ 50.000 T par an.
Chlorophora regia est l’un des bois les plus intéressants de la décidious-forest. Ses qualités technologiques,
intermediaires entre celles du Chène et du Teck, le font apprécier dans la construction navale, les travaux
hydrauliques, le charronnage, la menuiserie extérieure. Actuellement, près de 100.000 m3 d’lroko sont exploi-
tés chaque année entre le Congo Brazzaville et la Côte d’lvoire.
119
Erytroph/aeum guineense fournit un matériau lourd, long à scier mais très résistant aux termites et aux
tarets. On recommande le Tali comme succédané de I’Azobé pour les travaux portuaires, la charpenterie, les
menuiseries extérieures, la fabrication de traverses de chemin de fer.
Ces espèces ne font l’objet que d’une exploitation très limitée en Casamance. Considérée comme margina-
le, la région n’a jamais intéressé les sociétés forestières qui se sont implantées en Afrique et les entreprises de
Dakar préfèrent importer des grumes ou des sciages plutôt que d’investir dans une zone où, jusqu’à présent, on
ignore tout de la densité des arbres commercialisables, de la fréquence et de la répartition des essences exploi-
tables. Seule la scierie de Tobor, près de Ziguinchor, coupe annuellement 300 à 400 grumes dans un périmètre
proche de l’usine et 200 arbres environ sont récoltés, çà et là, par des bûcherons pour être transformés en piro-
gues par des artisans locaux.
L’inventaire forestier des principaux massifs boisés a été entrepris en 1973 avec l’assistance du P.N.U.D.
Sans vouloir préjuger des résultats de l’enquête, il nous semble peu probable qu’elle autorise l’installation de
scieries importantes car si le matériau ligneux disponible est parfois assez fort, les volumes susceptibles d’être
exploités pour l’industrie sont limités, la forme et l’état sanitaire ales arbres périodiquement brûlés sont mau-
vais. Ce sera sans doute vers des produits de substitution, panneaux de fibres ou panneaux de particules, peut-
être pâte à papier, qu’on devra orienter les industriels qui seraient prêts à mettre la zone en valeur.
Les rares plantations réalisées avant 1945 à Djibélor, aux Bayottes ou dans les forêts voisines de Bignona
furent faites avec des espèces dont l’intérêt économique s’est révélé très faible. Cassis siamea que l’on croyait
être le ((Bois perdrix)) du Sud-Est asiatique ne donne qu’un combustible de médiocre qualité, peu utile dans
une région où le bois de chauffe est encore pléthorique. 6orassus aethiopium supporte mal le recru de la végé-
tation soudano-guinéenne et les feux itinérants dans le jeune âge; on ne peut en retirer que des chevrons dont
la valeur est réduite. K’haya senegaiensis, enfin, a une croissance lente et surtout il est l’objet d’attaques d’un
Borer qui, en détruisant les bourgeons terminaux* limite le développement du fût en hauteur et impose au
tronc une forme défectueuse si bien que le bois, déjà peu prisé parce qu’il est nerveux, devient souvent inutili-
sable.
Tectona grandis, introduit en 1933 en forêt des Kalounayes, .fut employé douze ans plus tard pour les
reboisements. 320 ha furent complantés avec cette espèce entre 1945 et 1960 puis 1.000 ha au cours de la der-
nière décennie. Le Teck dont l’origine asiatique de la provenance utilisée en Casamance est inconnue donne
d’excellents résultats dans les forêts des Bayottes et de Bissine ainsi que sur certains sols profonds dans le
département de Bignona où la pluviosité est moindre. Plus à l’Est, vers Sédhiou, la croissance des arbres est
lente, leur forme mauvaise, le matériau bois de médiocre qualité. Il est toutefois possible qu’en expérimentant
différents écotypes de la portion sèche de l’aire, on parvienne à étendre tes zones appropriées à cette essence
qui s’avère être très intéressante pour le domaine guinéen, la demande du marché mondial pour l’ébénisterie et
la décoration dépassant très largement les possibilités des peuplements asiatiques et africains.
Gmebna arborea, moins exigeant que le Teck sur la structure physique du sol et plus résistant à la séche-
resse, est utilisé depuis 1963 en forêt de Boutolate. La croissance est rapide sur les terrains fertiles et le bois
peut être employé pour la menuiserie ordinaire, le déroulage, la caisserie, la fabrication de pâte à papier.
120
500 ha ont été reboisés par le Service forestier et 90 ha complantés par la C.A.F.A.L. pour l’approvisionnement
de l’usine d’allumettes de Thiaroye.
AUBREVILLE (1948) pense qu’il s’agit de taillis vieillis qui se sont installés sur d’anciennes cultures et
que les arbres actuels sont issus de drageons ayant proliféré dans les champs après défrichement de la forêt. Il
appuie son hypothèse sur la densité et sur la forme des sujets qui se sont presque tous inclinés comme s’ils
avaient recherché la lumière entre les cimes voisines qui les gênaient. Nous n’avons trouvé aucune trace d’une
occupation intense au cours du siècle dernier de ces zones actuellement très peu peuplées mais il est possible
qu’à la suite d’un cataclysme le peuplement naturel ait disparu brutalement sur de grandes superficies et que
Daniellia oliveri l’ait remplacé.
Le Santan donne un matériau léger mi-dur, facile à scier, à polir et à dérouler. 10.000 ha de la forêt de
Bari furent concédés en 1963 à la S.E.B.A., société qui devait exploiter l’espèce pour alimenter une usine de
contreplaqué en cours d’installation à Thiès. Le site retenu pour le traitement du bois, à 500 km des lieux de
coupe, paraissait un non sens économique. Le développement de l’opération montra rapidement qu’elle n’était
en fait qu’une tentative d’escroquerie de la part du promoteur.
Compte tenu de l’importance des boisements, de leur densité, de leur répartition, il serait souhaitable que
des informations sur les qualités et sur les usages du Santan soient données aux utilisateurs de bois et que des
facilités soient accordées aux exploitants pour s’installer dans la zone car l’essence pourrait concurrencer cer-
tains bois importés et permettre la reconversion des scieries du Sine-Saloum qui, nous l’avons vu, éprouvent de
plus en plus de difficultés à s’approvisionner en Cordy/a pimata.
TABLEAU 33
1 - SAHELIEN
Vallée
Oualo Dol01 170 Matam Gaol 770 Matam
Bale1 30 Matam Diamel 5.900 Matam
Marna Togni 165 Podor Lam Nadié 1.650 Podor
N’Dioum oualo 2.690 Podor N’Diawara 7 9 0 Podor
Thiélao 2.940 Podor Lam Noya 89 Podor
Dar Salam 140 Podor N’Diayao 630 Podor
N’Gaoulé 505 Podor GoJette 531 Podor
Diarra 3.000 Podor Goumel Niandane 225 Podor
Koppé 190 Podor Lahel 156 Podor
Donaye 338 Podor Barpoli 661 Podor
M’Boyo 384 Podor Vova 208 Podor
Bôki 1.130 Podor Oualalde 500 Podor
121
Ferlo cuirassé Dodji Barkedji 65.000 Linguère Lougouéré Thiolly 198.000 Linguère
Radhar 61 .OOO Linguère Vélingara 5.000 Linguère
Lambango 5.580 Matam Yonoféré 5.000 Matam
Re Faune Ferlo N k87.000 Matam Re Faune Ferlo S 20.000 Matam
2 - SOUDANIEN
Soudano-Sahélien
Massifs de Thiès Deni Youssouf 268 Cap-Vert Sébi kotane 520 Cap-Vert
Thiès 11.600 Thiès Sébi kotane 1.730 Thiès
?openguine 1.700 Thiès Bandia 10.750 Thiès
Pout 4.842 Thiès Diass 1 . 8 6 0 Thiès
Pout 3.500 Tivaouane Nianning 2.974 M’Bour
Joal 2.276 M’Bour Balabougou 1 .160 M’Bour
Terres salées île Coyon 600 Kaolack île Kousmara 1.950 Kaolack
Koutal 1 . 8 9 0 Kaolack Keur Mactar 650 Kaolack
3 - GUINEEN
L’alimentation humaine reposa essentiellement sur le ramassage et sur la cueillette des plantes sauvages
pendant des siècles. La forêt constituait alors un immense réservoir où, suivant les saisons, on prélevait feuif-
les, fruits, racines, bulbes OU écorces. A la fin du XVIIIème siècle, PARMENTIER dénombrait encore trente
quatre plantes dont les racines étaient consommées par les paysans de France et, aujourd’hui, les Boschiman
d’Afrique du Sud inscrivent toujours à leur menu plus d’une centaine d’espèces végétales spontanées. La civi-
lisation de cueillette se maintient partout, même dans les pays les plus industrialisés où les ruraux améliorent
leurs revenus en vendant sur les marchés ou en bordure des routes des champignons et des fruits sauvages, où
les citadins consacrent des heures de loisir à des récoltes obtenues par simple trouvaille pour satisfaire leur
instinct de libre possession des biens de la nature.
Au Sénégal, le peuplement forestier joue un rôle alimentaire de premier ordre dans toutes les régions, en
particulier dans la zone sahélo-soudanienne où les populations, composées en majorité de pasteurs, transhu
ment tout au long de la période sèche à la recherche de pâturages ou de points d’eau. Ne pouvant se fixer et
produire des céréales qu’à partir du moment où les pluies ont rempli les mares, elles ne cultivent aucun légume
pendant les trois quarts de l’année. Elles les trouvent dans la forêt sous forme de feuilles et de fleurs qu’elles
consomment parfois fraîches, le plus souvent bouillies et incorporées au mil ou au riz. Parmi les nombreuses
espèces dont elles disposent, on peut mentionner Cadaba farinosa, Capparis corymbosa, Cassia tora, Crataeva
religiosa, Grewia mollis, Salvadora persica, Tamarindus indica. Nous n’insisterons que sur Adansonia digitata,
le Baobab, dont les feuilles, largement utilisées par toutes les couches sociales, même urbaines, font l’objet de
transactions commerciales.
On trouve également dans les boisements beaucoup de fruits que les ruraux vont cueillir; Diospyros, mes-
piliformis, Grewia bicolor, Poupartia birrea, Ziziphus mauritiana et Ziziphus Spina-christi dans le nord du pays,
Lannea acida et Ximenia americana dans le sud. Nous n’étudierons que ceux qui présentent une valeur alimen-
taire ou qui offrent un intérêt économique pour la paysannerie comme Anacardium occidentale, Balanites
aegyptiaca, Borassus aethiopium, Cordyla pinnata, Elaeis guineensis, Parinari macrophylla, Parkia biglobosa,
Tamarindus indica. Nous consacrerons enfin un paragraphe à Sterculia setigera, arbre producteur de la gomme
M’Bepp, élément de base de la cuisine sénégalaise traditionnelle.
l- ADANSONIA DIGITATA L.
Le genre Adansonia compte plusieurs espèces en Australie et à Madagascar mais une seule en Afrique,
Adansonia digitata, le Baobab. Commun dans les contrées à longue saison sèche, cet arbre ventru et difforme
qui peut atteindre 20 m de hauteur et 7 m de diamètre à hauteur d’homme paraît étrange quand on ne le con-
naît pas et fait figure d’un géant dans le paysage de l’Ouest sénégalais. La cime, formée d’énormes branches
tortueuses et courtes, offre un aspect décharné, surtout lorsqu’elle est défeuillée entre décembre et juin.
Il est difficile de déterminer les types de formations forestières où l’essence a existé primitivement car
sa présence paraît toujours liée à une occupation ancienne ou récente du terrain par les hommes qui l‘ont pro-
pagée au cours des siècles en épandant des graines après avoir mangé la pulpe farineuse des fruits. AUBREVILLE
(1950) pense que l’aire a d’abord été littorale comme le laisse supposer l’abondance des Baobabs dans certains
districts maritimes entre l’Angola et le Sénégal sur la côte occidentale, entre le Natal et le Kenya sur la côte
orientale, BUSSON (1965) a émis l’hypothèse que l’arbre avait peut-être été introduit par voie maritime à par-
tir de la flore australienne ou malgache.
128
L’intérêt des populations rurales pour le Baobab tient au fait que toutes les parties sont utilisables à
l’exclusion du bois. ADAM (1962) mentionne trente usages en médecine traditionnelle, seize dans l’artisanat,
huit dans l’alimentation. Les nutritionistes ont démontré que les feuilles constituaient un aliment de complé-
ment irremplaçable pour des consommateurs de mil absorbant peu de poisson, de viande ou de fruits frais et
qu’aucune plante cultivée, locale ou introduite, ne pouvait jouer un rôle aussi important dans l’équilibre ali-
mentaire des populations de la zone soudano-sahélienne. Récoltées en juin, quelques semaines après leur épa-
nouissement, les feuilles sont bouillies et servies comme des épinards ou séchées au soleil, pulvérisées et
conservées pour être incorporées aux céréales sous forme de sauce. Les analyses révèlent une extraordinaire
richesse de ce produit en calcium et en fer (Tab. 34).
Le fruit communément désigné sous le nom de ((pain de singe)) est une grosse masse ovoïde pouvant
atteindre 35 cm de longueur et 17 cm de diamètre, suspendue à l’extrémité d’un pédoncule de 25 à 30 cm,
semblable à une corde. L’enveloppe, dure et coriace, extérieurement gris-jaunâtre, veloutée, pelucheuse,
contient une pulpe blanche farineuse compartimentée en petits blocs qui englobent des graines réniformes pro-
tégées par un tégument ligneux noir. La pulpe, spongieuse quand elle est fraîche, aussi dure que de la craie
après avoir séché, renferme 80 % de glucides et des teneurs importantes en calcium, en phosphore, en vitami-
nes 9’ et C. On l’utilise encore dans les campagnes sénégalaises mélangée avec du lait ou de la bouillie de mil.
129
TABLEAU 34
Amino-acide (N = 16 %I
Arginine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5#3 93 4,O
Cystine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - - -
Histidine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . zo 2,4 1,5
lsoleucine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5,O 3,8 3,5
Leucine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8,5 6,8 . 4,8
Lysine ......................... .‘. . . . . . 59 3,7 4,8
Méthionine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Zl l,3 w
Phénylalanine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7,O 5,l 36
Thréonine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,8 3,2 43
Tryptophane ............................. - - -
Tyrosine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,7 29 2,3
Valine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 5,4 . 4,1
Acide aspartique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,o 83 W
Acide glutamique . . . . . . . .‘. . . . . . . . . . . . . . . . . Il,4 21,2 9,6
,
Alanine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . w 3,4 5,O
Glycine. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . 5#7 59 46
Proline ................................ 4,l 3#5 62
Sérine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5,l 5,2 5,8
On compte environ 2.000 graines au kilo. Elles contiennent plus de protéines que l’arachide et leur défi-
cit en lysine, acide aminé indispensable à la croissance, est moins accentué que chez les Légumineuses. TOURY
et GIORGI (1962) estiment qu’il serait possible de préparer avec la pulpe et lesgraines de Baobab une farine
titrant 45 à 48 % de protéines et près de 2 mg de vitamines B’ pour 100 g qui permettrait d’enrichir à peu de
frais la bouillie de mil que les femmes donnent traditionnellement aux.enfants dans le secteur soudano-sahé-
lien. Les feuilles sèches, la pulpe en moindre quantité font l’objet d’une assez forte commercialisation dans
l’Ouest du Sénégal mais les graines dont il est assez difficile de briser la coque ne sont guère utilisées.
Le bois, mou, spongieux, toujours gorgé d’eau, ne peut être débité à la hache. Il sèche mal, donnant un
combustible de très médiocre qualité. Il est très difficile de se débarrasser d’un Baobab, surtout quand il atteint
un fort diamètre. On doit sectionner les racines latérales puis renverser le tronc avec un bouteur et souvent
attendre plusieurs années avant que le tronc pourrisse.
f-
L’écorce lisse, grise avec des reflets bleutés, a une tranche marbrée de rouge et de blanc. La’couche
externe est tendre et spongieuse; la couche interne est très fibreuse. En pratiquant des.incisions p~r.tièle,s hori-
zontales autour du tronc et des incisions verticales, on arrache aisément de larges bandes ab moment de la mon
tée de la sève. Les paysans en extraient des fibres pour confectionner des cordes et des cordages; jadis ils s’en
130
servaient pour fabriquer des vêtements. L’écorce se reconstitue lentement mais les bourrelets cicatriciels blan-
châtres demeurent visibles à la base des arbres.
2 - ANACARDIUM OCCIDENTALE L.
Anacardiacée originaire du Nord-Est du Brésil, Anacardium occidentale a été introduit en Afrique tropi-
cale au XVIème siècle par des navigateurs portugais. L’espèce est devenue subspontanée dans plusieurs dis-
tricts littoraux entre le Sénégal et l’Angola et très abondante sur la côte orientale, en particulier au Mozambi-
que où on recensait en 1967 environ 28 millions d’arbres dispersés dans les savanes et souvent propagés sans
intervention humaine. ADANSON l’a rencontrée en Gambie en 1759 et MONOD (1951) la mentionne dans le
catalogue des plantes qui étaient cultivées à Richard-TOI1 en 1824.
C’est un arbre qui dépasse rarement 8 m de hauteur, au tronc court et tortueux, à la cime toujours feuil-
lée pourvue de branches flexueuses étalées horizontalement et descendant jusqu’au sol. Les feuilles ovales,
arrondies au sommet, cunées à la base, mesurent environ 12 cm sur 10 cm. Elles sont vert brillant, parfois
rougeâtres dans la phase juvénile, devenant ultérieurement vert foncé, épaisses et cassantes. Elles dégagent un
parfum de thérébenthine quand on les froisse, Les fleurs rouge verdâtre sont groupées en cymes terminales
denses. 8eaucoup d’entre elles avortent; les autres donnent naissance à un akène réniforme de 3 à 5 cm de
long sur 2 à 3 cm de large, supporté par un pédoncule piriforme charnu, jaune ou orange, qui peut atteindre
7 cm. On compte entre 150 et 250 noix dans un kilogramme.
Le bois ne présente qu’un intérêt limité. Il n’est guère possible d’en tirer un matériau de construction en
raison de la faible longueur du fût et de son manque de rectitude. Son usage comme combustible est déconseil-
lé à cause des oléorésines continues dans l’écorce qui risquent de provoquer des incendies. Seule une transfor-
mation en charbon de bois serait concevable pour de vieux arbres qui ne produisent plus de fruits. L’akène, par
contre, offre de nombreux avantages pour le développement de l’économie dans la zone de dispersion du Dar-
cassou. Il contient une graine blanchâtre très prisée dans les pays industrialisés. Le pédoncule hypertrophié
dont l’aspect est celui d’une pomme est riche en sucres et en vitamines. Le baume contenu dans le mésocarpe
vacuolaire du fruit trouve enfin d’importants débouchés dans l’industrie.
Très rustique, supportant 7 à 8 mois de saison sèche, s’accommodant de sols pauvres à condition que leur
texture soit légère, l’essence a été fréquemment utilisée au Sénégal par le Service forestier pour le reboisement
de dunes fixées, pour l’enrichissement de savanes dans le domaine soudanien, pour la matérialisation des limi-
tes de massifs forestiers, pour la création de vergers collectifs. Elle a été récemment retenue pour la constitu-
tion de brise-vent dans le Centre-Ouest du pays.
TABLEAU 35
Importations d’amandes-cajou en 1969
Une étude effectuée en 1970 par le C.T.F.T. et 1’l.F.A.C. sur l’utilisation et les possibilités de développe-
ment de I’Anacardier dans les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest indique que 94 % des amandes-cajou
récoltées dans la zone tropicale sont achetés par seize pays (Tab. 35). Les tonnages commercialisés totalisaient
74.000 T en 1969, marquant une progression de 392 % par rapport à 1949 et les experts du GATT pré-
voyaient alors que l’accroissement de la demande serait de 35.000 a 37.000 T d’ici 1980, de 70.000 d’ici
1985. Les statistiques pour l’année 1968 chiffrent à 52 millions de dollars les importations des U.S.A., contre
24 millions en 1960. L’U.R.S.S. se place en seconde position parmi les importateurs, très loin devant les autres
utilisateurs, en particulier les six Etats du Marché Commun dont les achats ne représentent qu’environ 3 mil-
lions de dollars. Le cours mondial des amandes-cajou qui oscilla entre 45 et 55 Cents la livre jusqu’en 1964
atteignait 68 Cents en 1969.
Les principaux pays producteurs de noix-cajou sont le Mozambique, la Tanzanie, l’Inde, le Brésil et le
Kenya qui commercialisèrent en 1968 plus de 400.000 T récoltées sur environ 500.000 ha (Tab. 36). La pro-
gression de la demande conduit ?r prévoir d’ici 1985 une extension des plantations sur environ 360.000 ha.
C’est pourquoi la plupart des nations de la zone tropicale sèche ont envisagé d’importants programmes de reboi-
sement en Anacardîum occidentale.
TABLEAU 36
Plantations d’anacardium occidentale et production de noix
Nous avons procédé en 1969 au recensement des boisements sénégalais susceptibles d’être convertis en
vergers producteurs de noix-cajou. Près de 3.000 ha ont été dénombrés mais presque toujours les arbres étaient
en mauvais état végétatif faute d’entretien et d’éclaircies aussi est-il vraisemblable que les superficies aménagea-
bles ont dû sensiblement diminuer après la sécheresse de la période 1970-1973.
Le darcassou commence à fleurir à trois ans et 2 fructifier vers la cinquième année. La floraison, sou-
vent abondante, s’échelonne au Sénegal depuis février dans l’Est du pays jusqu’en juin à proximité du littoral.
Elle est presque toujours détruite quand l’harmattan souffle au moment de la nouaison mais de nouvelles
fleurs apparaissent, en général, quelques semaines plus tard. La fructification, très variable d’une année à l’autre
dans une même station, semble liée à l’aridité de la période sèche et aux réserves d’eau accumulées dans le sol
au cours de l’été précédent. Elle débute en avril dans le Sénégal-Oriental, en juillet seulement dans la pres-
qu’île du Cap-Vert.
Les rendements en noix sont difficiles à estimer car, dans l’ensemble, les peuplements sénégalais sont
jeunes, implantés sur des sols pauvres ou stériles et surtout ils n’ont jamais été traités comme des plantations
fruitières. Des récoltes effectuées par le Service forestier sur des darcassou adultes, disséminés au milieu de
terrains de culture, correspondent à plus d’une tonne de noix si les arbres se trouvaient à la densité d’une cen-
taine de pieds à l’hectare. Des sondages réalisés en forêt dans des boisements trop serrés au départ, mal entre-
tenus ensuite, accusent moins de 100 kg à l’hectare.
133
L’amande-cajou appartient au groupe des fruits secs de qualité, amandes, noisettes, noix, supérieurs à
l’arachide de bouche qui est considérée comme un produit courant. Elle est appréciée par son goût fin, légère-
ment sucré, et par la tendreté de sa chair. On la consomme nature, grillee ou salée, servie avec les boissons
lors des coktails et des réceptions. Elle est également utilisée en patisserie industrielle comme succédané du
fruit de l’amandier car il est possible d’y incorporer un arôme artificiel pour lui en donner le goût. Elle contien-
drait, d’après FINZI (19661, plus de 20 % de protéines, presque tous les amino-acides indispensables à l’orga-
nisme humain, les vitamines A, B’, B2, B’j, D, E et P ainsi que des quantités non négligeables de calcium, de
phosphore et surtout de fer assimilable. Son usage serait conseillé aux vieillards et aux obèses. Nous reprodui-
sons au tableau no 37 la composition de l’amande déterminée par BUSSON (1965) dans son ouvrage sur les
plantes alimentaires de l’Ouest africain.
Le décorticage de la noix cajou est une opération délicate. La coque résistante et élastique peut diffici-
lement être detachée de la graine sans que celle-ci soit brisée. Elle comprend un épicarpe dur et coriace, un
mésocarpe vacuolaire à oléo résine et un endocarpe épais et scléreux. Seule une ligne joignant le hile au point
d’attache sur le pédoncule est dépourvue d’alvéoles h baume et permet de briser le péricarpe soit par gonfle-
ment de l’amande, soit à la suite d’un choc.
Les premières amandes cajou apparurent en Europe en 1920. Elles provenaient de la péninsule indienne
où elles avaient été concassées au maillet dans des exploitations agricoles après avoir été chauffées dans du
sable. La technique s’améliora en 1925 en grillant les akènes dans de longs tambours de tôle à rotation très
lente puis, à partir de 1935, la firme PEIRCE et LESLIE équipa de nombreux ateliers artisanaux de machines
dans lesquelles on immergeait pendant trois minutes les noix dans du baume cajou maintenu à lBO°C pour
rendre les coques fragiles.
La seconde guerre mondiale perturba le commerce de l’amande cajou car l’Inde, tributaire du Mozambi-
que pour ses approvisionnements en noix, cessa d’être ravitaillée par manque de transports maritimes. L’Afrique
Orientale, Haïti et le Brésil tentèrent de développer la production mais l’Inde où des dizaines de milliers
d’ouvriers s’étaient spécialisés dans le décorticage de I’Anacarde récupéra ses clients traditionnels en 1948, lan-
çant en 1951 un ambitieux programme d’extension des plantations.
L’année 1961 marque une étape décisive dans l’histoire de I’Anacardium avec l’annexion de Goa et la
rupture des relations diplomatiques et commerciales entre l’Inde et le Portugal. Les années qui suivent furent
caractérisées par la mise en pratique de techniques nouvelles pour le traitement industriel des noix. De nom-
breux brevets ont été déposés pour le décorticage par percussion, par cisaillement, par fraisage périphérique, par
abrasion, par détente explosive, par sciage, par écrasement ou par des procédés électriques.
Le décorticage manuel occupait toujours la première place en 1969 puisque 75 % des 370.000 T trai-
tées dans le monde le furent de façon artisanale mais il ne fait aucun doute que d’ici la fin de l’actuelle
décennie la tendance sera inversée. Des usines pouvant absorber 15.000 T de noix annuellement ont déjà été
construites au Mozambique et en Tanzanie et plusieurs bureaux d’étude européens sont intéressés par des pro-
cédés industriels de plus faible capacité.
Il est exclu que le Sénégal puisse collecter localement ou acheter dans les pays voisins assez de noix
cajou pour alimenter une importante usine avant une quinzaine d’années, même en la faisant fonctionner au
seuil de la rentabilité évaluée à 5.000 T/an. Les campagnes de commercialisation entreprises en 1960 et 1963
par le Service forestier pour alimenter un atelier de décorticage basé sur le procédé HENRY que la SODEC
devait installer à Lyndiane donnèrent en moyenne 225 T par an. En tenant compte des peuplements qui sont
entrés en production depuis cette époque, la récolte actuelle doit être proche de 800 T.
La collecte des noix a cessé depuis 1964, le procédé HENRY s’était avéré non fonctionnel et le produit
commercialisé sous la marque SPLIT par HUILAFRIC provient d’amandes décortiquées en Inde qui sont
----.-
134
TABLEAU 37
conditionnées dans le Sine-Saloum. Des pourparlers sont actuellement engagés entre les Gouvernements séné-
galais et anglais pour la construction d’une capacité de 500 +I 1.500 T/an mise au point par STURTEVANT-
HELBER. Il serait souhaitable que le projet soit realisé pour relancer l’intérêt des populations rurales pour les
programmes de reboisement en Darcassou car ceux-ci n’obtiendront aucun soutien populaire tant qu’ils ne pré-
senteront pas un interêt économique.
135
Après extraction des amandes, on peut retirer par pressurage des coques près de 60 % du baume qu’elles
contiennent et qui représente en poids 26 à 31 % du fruit. C’est un suc brunâtre résineux, âcre et vésicant
dont les principaux constituants sont un oxyacide, l’acide anacardique C22 H3203, son dérivé de décarboxyda-
tion le cardol Czl H320z, l’anacardol, le cardanol et le ging-kgol. Ses emplois sont multiples et intéressent les
industries des résines qui ne disposent souvent d’aucun produit similaire ou concurrent. Il entre dans la compo-
sition des vernis, des siccatifs, des solvants, des plastifiants, des ciments spéciaux, des pavages industriels, des
fixateurs de parfum, d’insecticides, de perticides, de fongicides et de produits anti-corrosifs. On l’utilise égale-
ment pour des revêtements imperméables, pour la protection des métaux, pour la garniture des freins et des
embrayages, pour des isolants électriques.
Le baume-cajou ayant été classé parmi les matières premières stratégiques par la législation américaine
jusqu’en 1944 en raison de ses utilisations possibles, les pays socialistes ne publient encore aucune statistique
sur les importations du COMECOM. Dans le reste du monde, les besoins sont passés de 1.500 T en 1955 a
15.000 T en 1966 pour atteindre 31 .OOO T en 1971. Les pays producteurs sont l’Inde, le Mozambique et le
Brésil (Tab. 38). Les utilisateurs sont essentiellement les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon (Tab. 39).
TABLEAU 38
TABLEAU 39
1962 l 1966
PAYS
Tonnes % l Tonnes l %
Le prix du baume-cajou sur le marché international est influencé par la position concurrentielle des ven-
deurs et oligopolistique des acheteurs. Les cours CAF qui ont oscillé à New-York entre 175 et 400 dollars la
tonne pendant la dernière decennie tendent à baisser depuis 1967 pour le baume cuit, sous produit du décor-
ticage $I chaud, et à se maintenir ou $I augmenter pour le baume cru, extrait après traitement à froid des noix.
On prévoit que la tendance de la demande, actuellement très favorable, devrait se maintenir jusqu’en 1980
car le baume intéresse des secteurs de pointe particulièrement dynamiques mais ensuite, à moins de découvrir
de nouvelles utilisations, le tonnage potentiel correspondant aux peuplements d’Anacardium en exploitation
dépassera les besoins de l’industrie.
136
Le pédoncule du fruit ou pomme-cajou constitue un aliment d’appoint dans les campagnes, son appari-
tion sur les marchés correspondant avec une période où les stocks de denrées vivrières détenus par les paysans
sont en voie d’équipement (Tab. 40). Ce fut, du reste, l’objectif recherché par I’Administration quand elle
encouragea pendant la guerre de 1940 la multiplication des darcassou dans les terrains de culture des régions
de lhiès, de Diourbel et du Sine-Saloum. Un certain nombre de ces arbres qui se sont développés sans concur-
rence et qui furent protégés des feux itinérants par les façons culturales ont aujourd’hui des cimes dépassant
10 m de diamètre et ils fructifient abondamment.
L’éventail des possibilités de transformation de la pomme-cajou est assez large. Elle est utilisée au Brésil
pour fabriquer des fruits au sirop, des fruits confits et des confitures. Au Mozambique, on en tire une pâte très
appréciée localement. Elle entre en Inde dans la composition des Chutneys en mélange avec des mangues, des
oignons frits, du gingembre et divers épices. Certaines variétés de pommes jaunes sont moins astringentes que
les rouges mais il ne semble pas que des essais de sélection aient été entrepris jusqu’à présent. Plusieurs pro-
cédés ont par contre été mis au point pour diminuer l’âcreté de la saveur par lavage des fruits à l’eau très
froide, par stockage à O’C pendant 12 à 15 heures, par traitement à l’eau bouillante ou pochage dans un sirop
après l’épluchage, par concentration du jus avec entraînement à la vapeur. Pratiquement, on doit souvent
employer successivement plusieurs de ces procédés.
TABLEAU 40
Composition de la pomme-cajou
(d’après HAENDL ER et DUVERNEUIL)
Eléments P. L.G.
N : 50 mg/100 g Protides. . . . . . . 0,7 à 0,9 g/lOO g
Ca : 4,2 mg/100 g Graisses. . . . . . . 0,l g/lOO g
P : 6,1 mg/100 g Hydrates de C . . 7,7 à 13,o g/lOO g
Fe : 0,69 mg/100 g
L’élimination des tannins est presque totale par clarification à l’aide d’une solution de gélatine à 5 %.
C’est ainsi qu’au Brésil on prépare une boisson non alcoolisée très populaire, I’Acajouine, en précipitant les
tannins par incorporation de colle de charpentier au jus avant de le filtrer. Nous ne pensons pas que ce breu-
vage, facile à fabriquer, puisse être vulgarisé au Sénégal car il est douteux que son prix de revient parvienne à
concurrencer celui des jus de fruits synthétiques et des boissons gazeuses. En Inde, on mélange le jus de cajou
avec des jus de mangue, de goyave ou d’ananas. Il est également possible de faire des vinaigres et des boissons
alcoolisées avec les pommes-cajou.
137
KERHARO et ADAM (19741 signalent qu’aux environs de Toubacouta, dans le Sine-Saloum, un Ramba-
ra a mis au point une ébauche d’exploitation pharmaceutique des pommes-cajou. Il les transperce de part et
d’autre avec de grandes aiguilles, recueillent le jus qu’il évapore par ébullition jusqu’à consistance d’un sirop
de couleur ambrée, à odeur et saveur agréables qui sert à la confection d’une médecine secrète avec des racines,
des écorces et des feuilles de &cu/?n.e@ vit-osa ayant, paraît-if, des propriétés aphrodisiaques, stimulantes et
fortifiantes reconnues par certains marabouts. Les pédoncules prives partiellement de leur suc sont commer-
cialisés à leur tour après avoir été soumis à une dessiccation poussée sur des claies disposées en plein air. lis
ont l’apparence, et un peu aussi le goût, des figues sèches.
NOUS mentionnerons enfin quelques sous-produits de l’industrie de I’Anacarde. On extrait des débris
d’amande par pressurage 37 à 57 % d’une huile fluide, jaune pâle et inodore dont la saveur est très agréable
(Tab. 41). Les tourteaux qui contiennent 36 % de protéines et 46 % d’hydrates de carbone ont une valeur ali-
mentaire élevée et sont utilisés en Inde pour l’engraissement des porcs et des bovins. La pellicule de la graine,
riche en protéines, peut servir d’aliment pour le bétail- Les coques enfin se prêtent à la fabrication de pan-
neaux aggloméres résistants aux insectes et à l’humidité qui sont employés dans la construction et pour la fabri-
cation de casiers à bouteilles moulés ou de divers emballages.
TABLEAU 41
3 - BALANITES AEGYPTIACA
Ba/anites aegyptiaca est une Zygophyllacée très commune dans le domaine sahélien depuis l’Océan
Atlantique jusqu’à la Mer Rouge. Son aire se prolonge en Tanzanie et en Egypte puis en Asie, vers Israël et
le long du Golfe Persique. On signale l’espèce dans le Sahara central et elle traverse le Sahara occidental jus-
qu’au Sud marocain. Elle se développe sur tous les types de sol, en particulier sur les terrains argile-siliceux,
en bordure des mares et dans les anciennes vallées sahariennes. Elle progresse actuellement partout dans le
domaine soudanien à la faveur des défrichements, vraisemblablement parce qu’elle bénéficie d’une protection
relative de la part des paysans qui apprécient les fruits et aussi parce qu’elle résiste mieux aux feux itinérants
que la plupart des essences caractéristiques de la zone. Au Sénégal, le boisement d’Acacia raddiana et d’Acacia
senega/ du District Occidental du domaine sahélien, dégradé par les incendies et le surpâturage, s’est trans-
formé en un péni-climax à Ba/anites aegyptiaca et, plus au Sud, l’extension de l’espèce, signalée en 1940 par
TROCHAIN, se poursuit, en particulier dans le Sine-Saloum.
L’arbre atteint 6 à 7 m de hauteur et 40 cm de diamètre, dépassant parfois 9 m. Le fût est couvert d’une
écorce grise, lisse chez les jeunes sujets, profondément fissurée et écailleuse chez les vieux. La cime, de couleur
jaune verdâtre, peu dense, est formée d’un enchevêtrement de branches dressées ou retombantes fortement
138
Borassus aethiopum trouve dans le domaine soudanien les conditions climatiques optimales pour son
développement. Nous verrons que les feuilles sont largement utilisées par l’artisanat et que le stipe constitue
un bon matériau de construction. La sève, le bourgeon terminal et les fruits présentent également un grand
intérêt pour les populations de la zone.
La sève est riche en saccharose; 6orassus flebelfifer, espèce très voisine, est du reste cultivée au Cambodge
pour la production du sucre. On la récolte dans les villages Sérer des départements de Thiès et de Tivaouane
pour fabriquer du vin de palme. L’incision, faite au niveau du bourgeon terminal avec un couteau ou une mat-
chette, est longue de 30 cm, large de 15 cm, profonde d’une dizaine de centimètres. La saignée permet d’obte-
nir un & six litres de jus par jour pendant cinq à six mois mais l’arbre ne survit pas au traitement. Toutefois,
139
Exploitation du win de palme)) de Rbnier Les fruits, grosses drupes ovoïdes de quinze
centimètres sur douze, sont groupés en régi-
mes de 40 à 50 au sommet du stipe. Vert foncé au début, ils deviennent jaune orangé taché de brun à maturi-
té et dégagent une forte odeur de thérébentine. Le mésocarpe, charnu, blanchâtre et fibreux, renferme trois
noyaux monospermes à albumen caverneux, blancs, cornés, protégés par une coque épaisse. Le calice qui a
continué à se développer constitue à la base une cupule de bractées coriaces et, au sommet, les traces des sti-
mates persistent sous l’apparence d’une fissure triangulaire.
La pulpe sucree contenue dans le mésocarpe au moment de la maturité du fruit n’est consommée au Séné-
gal qu’en période de disette contrairement A ce qu’on observe dans certains pays africains. Les sénégalais appré-
cient par contre l’albumen de la noix en cours de formation. Il a la consistance d’une gelée incolore qui possè-
derait des propriétés aphrodisiaques. On le mange frais ou grillé et les rôneraies les plus proches de Dakar, celles
des départements de Tivaouane, de Thiès et de M’Bour, sont exploitées à cette fin pour l’approvisionnement
des marchés de la capitale.
La graine est une nucule dure à tégument légèrement ruminé, marquée par un long sillon sur la face
externe et par un double sillon moins prononcé sur la face interne. Elle mesure cinq centimètres sur huit et
elle est creuse à l’intérieur. Elle peut être utilisée dans l’alimentation lorsqu’elle a germé. On prélève l’embryon
avant l’apparition des premières feuilles ou on arrache le renflement fusiforme blanchâtre qui constitue l’axe
hypocotyle de la racine. Bien que cet emploi du fruit de Borassus aethiopum soit peu courant au Sénégal, nous
le mentionnons car il fut à l’origine de l’échec des reboisements effectués vers 1950 dans le Sine-Saloum, les
enfants des villages voisins des parcelles plantées ayant déterré les noix pour les manger.
140
TABLEAU 42
Cellulose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 a1 25,2
Extrait éthéré. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,s 02 0#7
Glucides (par différence). . . . . . . . . . . . . . . 838 87,8 64,7
l nsol. formique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,7 92 37,2
Protides (N X 6,25). . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 80 3,O
,
Cendres. ........................ l,7 13 6,4
Ca.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,17 0,ll 0,45
P ............................. 0,18 0,24 0,07
Amino-acides (N = 1 6 %)
Arginine ........................ 93 5,O 59
Cystine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 13 281
Hisdinine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,4 1,4 IA
lsoleucine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 0,7 3#4
Leucine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,7 y,3 61
Lysine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 35 5,O
Méthionine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,5 02 1,4
Phénylalanine. . . : . . . . . . . . . . . . . . . . . 2,7 69 4,O
Thréonine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2,3 1,3 4,2
Tryptophane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 03 0,4 lt6
Tyrosine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,8 1,3 3,5
Valine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,3 1,3 4,5
Acide y-aminobutyrique. ............. I*l 180 0,4
Acide aspartique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 28,0 8,3
Acide wy-diaminobutyrique. . . . . . . . . . . 14,3 13,2 0,5
Acide glutamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,9 5,2 9,l
Alanine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5,3 3,4 5,4
B. Alanine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . traces 0#4 traces
Glycine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,o 12 4,6
Homosérine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,3 or9 traces
Hydroxyproline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 0 12
Proiine ......................... 2,3 12 4,4
Sérine .......................... 4,O 3,l 581
BUSSON (1961) qui a procédé à l’analyse de l’albumen, des jeunes pousses et de la pulpe note la
présence d’amino-acides inhabituels, l’hydroxyproline, l’acide T-aminobutyrique et surtout l’acide wy-diami.,
no-butyrique qui n’a été trouvé que très rarement dans les végétaux supérieurs (Tab. 421.
5- C O R D Y L A PINNATA Miln-Red
Cofdy/a ~kw&~ est l’un des plus grands et des plus beaux arbres des savanes boisées du sud du
secteur soudano-sahélien et des forêts claires du secteur soudano-guinéen. C’est également l’essence dont
le bois présente le plus d’intérêt pour l’industrie dans les contrées à longue saison sèche de l’ouest
141
africain. Son aire s’étendait, il y a quelques décennies, depuis la Petite Côte jusqu’en Haute-Volta mais l’es-
pèce était nettement moins abondante au-delà de la Falémé qu’au Sénégal. Aujourd’hui, les Dimbs ont été
éliminés entre M’Bour et Kaolack et ils sont en voie de disparition dans le Sine-Saloum. Ils furent presque tou-
jours maintenus sur le terrain au moment des défrichements car les fruits constituent un appoint alimentaire
en début de saison des pluies mais, peu A peu, les plus beaux sujets ont été exploités pour l’industrie, les
autres furent mutilés par les cultivateurs et coupés par les bûcherons pour être transformés en combustible.
L’essence étant traitée avec des bois d’œuvre et d’industrie, nous ne donnerons que quelques indications
sur son rôle dans l’alimentation. Les fruits sont charnus, ellîpsoïdes, longs de 6 cm, vert luisant puis jaunâtre à
maturité. Ils pèsent environ 90 g et contiennent une pulpe blanchâtre avec 2 ou 3 grosses graines dont il faut
une centaine pour atteindre le kilogramme. Mûrs en juillet, les paysans les ramassent sous les arbres pour les
manger frais ou les consommer incorporés aux céréales en guise de viande après les avoir débités en lanières
qu’ils font sécher au soleil.
Bien que la Basse Casamance soit la zone la plus boisée du Sénégal, la seule où l’on trouve encore en
assez grand nombre des essences forestières susceptibles d’être utilisées dans l’industrie, la m’enuiserie et même
l’ébénisterie, la principale richesse du peuplement est constituée, faute d’exploitation et de scieries, par
Elaeis guineensis. Les fruits ne donnent lieu qu’à des transactions limitées. La récolte du vin de palme repré-
sente, par contre, l’activité principale des Diolas pendant la saison sèche et cette occupation est loin d’être
négligeable puisqu’en 1963, au moment de l’élaboration du second Plan quadriennal, on a chiffré à 100.000
francs CFA le revenu qu’elle procure à un saigneur de Palmier à Huile vendant sa production à Ziguinchor.
Les palmiers font l’objet d’une répartition et d’une appropriation entre les habitants des villages rive-
rains des boisements, même lorsque ceux-ci sont incorporés au domaine forestier classé. Cette pratique, nous
le verrons quand nous étudierons la sylviculture du Teck, est souvent préjudiciable aux reboisements car il est
impossible d’exiger des manœuvres recrutés sur place qu’ils élimînent les Elaeis guineensis lors de la prépara-
tion du sol. Le volume de sève prélevé chaque année est calculé de façon à ne pas épuiser l’arbre, contraire-
ment à ce que nous avons constaté avec les Rôniers dans les pays Sérer. Il en résulte presque partout une
extension des palmeraies car la régénération naturelle est respectée, les jeunes plants sont dégagés, les stipes
adultes sont entretenus et souvent protégés du feu.
Dans le district des Niayes des régions du Cap-Vert et de Thiès où une flore à affinité guinéenne s’est
maintenue grâce à des conditions bioclimatologiques particulières, on retrouve d’importants bouquets d’E/aeis
guineensis, également saignés par des Diolas. Mais, les palmiers ne leur appartenant pas, leur séjour n’étant sou-
vent que temporaire, ils les exploitent intensément, les saignant à mort au lieu de pratiquer, comme chez eux,
des incisions de quelques centimètres de profondeur à la base des pétioles si bien que le peuplement, déjà en
état d’équilibre précaire, tend à disparaître dans de nombreuses stations.
Le fruit du palmier à huile est riche en lipides (Tab. 431. De la pulpe on extrait une excellente huile de
table et du noyau on retire l’amande palmiste dont les emplois sont nombreux dans l’industrie du corps gras.
Les boisements casamançais ne sont toutefois utilises que pour des besoins locaux et la commercialisation des
amandes ne porte que sur quelques tonnes. Le Sénégal disposant d’un excédent d’arachide lorsque la pluviosi-
té est normale, les Services agricoles ne se sont jamais préoccupés d’améliorer la palmeraie naturelle qui, située
à la limite septentrionale de son aire, a une production fruitière faible.
143
TABLEAU 43
Le genre Parinari qui compte en Afrique de nombreuses espèces arborescentes répandues soit en forêt
dense humide, soit dans les formations forestières sèches, est représenté au Sénégal par Parinari exceka, grand
arbre assez fréquent en 8asseCasamance,et par Parinari macrophyla, arbuste très commun à proximité de
TABLEAU 44
TABLEAU 45
Composition de l’huile de graines de Parinari macrophylla
(D’après TOURY et GIORGY)
Patinari macrophyla a été maintenu sur le terrain au moment des défrichements et les paysans l’ont mul-
tiplié dans les champs et dans les jachères à cause de son fruit, la ((pomme du Cayor)), qui est très prisé des
Sénégalais. Les ruraux en consomment beaucoup et fréquemment, entre Kébémer et Tivaouane ou entre M’Bour
et Kaolack, on voit des villageois vendre leur récolte en bordure de route entre janvier et mai. La valeur nutri-
tive de la pulpe est faible mais sa teneur en vitamine C est excellente (Tab. 44). Par contre, les graines sont
riches en lipides et en protides. On les consomme crues, grillées ou cuites à la vapeur après avoir été concas-
sees. On en retire en Casamance l’huile de Néou qui est administrée aux femmes et aux enfants comme for-
tifiant, pratique qui, d’après TOURYet GIORGY(1962) ne se justifie pas.
145
Les nutritionistes de l’0.R.A.N.A. estiment, en revanche, que la richesse en acides insaturés de l’huile
lui confère des propriétés siccatives qui permettraient son utilisation dans la préparation de peinture et de ver-
nis au même titre que l’huile de lin ou de thung (Tab. 451. Le tourteau, finement pulvérisé, donne une farine
claire à très haute teneur en protéines, en fer, en calcium et en vitamine B1 qui pourrait enrichir des régimes
hypoprotéiniques et entrer dans la composition d’aliments de sevrage ou être ajoutée à la semoule de mil au
moment de la confection des bouillies.
Le genre Parkia comprend, d’après AUBREVILLE 419501, une chaîne de plusieurs espèces écophylléti-
ques dont la séparation est délicate, surtout sur les limites communes de leurs aires. Parkia big/o/msa, la plus
septentrionale et la plus occidentale, la seule à exister au Sénégal, est caractéristique des anciennes forêts du
secteur soudano-guinéen où elle formait parfois l’élément dominant, en association avec Pm-ocarpus erinaceus.
C’est une Mimosacée de 10 à 20 m de hauteur au fût robuste, cylindrique et court, couvert d’une écorce
foncée profondément striée, a la cime fortement charpentée étalée en parasol, aisée à reconnaître aux époques
de la floraison et de la fructification grâce aux inflorescences en boules rouges ou orangées suspendues à l’ex-
trémité d’un pédoncule de 20 à 30 cm et aux fruits réunis en grappes de gousses linéaires sur un réceptacle en
forme de massue.
La pulpe du fruit, riche en saccharose, est consommée fraîche ou sous forme d’une bouillie après sécha-
ge. Les graines, bien pourvues en lipides et en protides servent à fabriquer une sorte de fromage végétal com-
pact, élastique et noirâtre dont l’odeur est repoussante. Le Soumbala, terme qui signifie ((puant)) en bambara,
donne lieu à un important commerce au Mali où on l’utilise comme condiment. Présent dans le Sud du domai-
ne soudanien, généralement par pieds isolés au milieu des champs, Parkia fighbosa est assez rare au Sénégal.
L’espèce fait l’objet au Mali et en Haute-Volta d’une véritable proto-arboriculture dans certaines régions.
La famille des Sterculiacées qui compte de nombreuses espèces dans la forêt dense humide ne possède
que quelques représentants sous les climats à longue saison sèche. Parmi ceux-ci, Stercdia setigera dont l’aire
s’étend du Sénégal à la Somalie est l’un des principaux. l l est caractérisé par un fût cylindrique, ventru à la
base, et surtout par une écorce lisse, gris clair violacé, qui tranche sur la grisaille du tronc des autres essences
pendant la période sèche. Elle rappelle celle du platane, se détachant par larges plaques minces irrégulières sous
lesquelles elle apparaît brillante et jaune clair. L’arbre offre un port variable. Elancé dans la forêt claire du secteur
soudano-guinéen où il peut atteindre 15 m de hauteur, il devient bas branchu et tortueux, parfois rabougri, au
fur et à mesure qu’on remonte en latitude. La cime ovoïde ou arrondie, puissamment charpentée et très ouver-
te, est défeuillée entre novembre et mai.
Les feuilles alternes, digitilobées triangulaires à pointes acuminées et à base cordée, ont 20 cm de long
et autant de large avec un pétiole d’environ 8 cm. Le limbe, marqué par des nervures et des nervilles proémi-
nentes sur la face inférieure est recouvert de poils étoilés des deux côtés. Les fleurs apétales, avec un calice de
1 cm de long à cinq lobes lancéolés vert clair striés de rouge, tomenteux à l’intérieur, sont groupées en fasci-
cules de petits racèmes, généralement a l’extrémité de rameaux âgés. Elles éclosent entre les mois de février et
146
Parkia biglobosa
Stercul~a setigere
147
d’avril donnant naissance à des fruits gris ou brunâtres, en forme de carène de bateau, apiculés, qui mesurent
9 cm de long et 5 cm de large. Ils sont creux et ils s’ouvrent par une fente longitudinale qui laisse apparaître
de part et d’autre une dizaine de graines ellipsoïdes, longues de 1 cm, grisâtres ou noirâtres, enchassées à la
base dans un arille jaune et insérées le long du placenta sur de petites buttes recouvertes de poils bruns, rai-
des et piquants. On compte approximativement 3.500 graines dans un kilogramme.
La mutilation de l’écorce entraîne l’exsudation d’une gomme très appréciée dans la cuisine sénégalaise où
on l’utilise pour lier des sauces. Le tapping s’effectue à la hache, en meurtrissant le tronc par une succession de
petits coups. Il faut rafraîchir la blessure tous les trois jours, aussi l’ouvrier doit-il rester $I proximité de l’ar-
bre pendant la période de récolte et seuls les peuplements proches des villages sont saignés. Il semble que
l’abondance de la sécrétion varie avec les sujets et que ceux dont l’écorce est bien lisse sont meilleurs produc-
teurs, peut-être parce que la desquamation correspond avec la montée de la sève, On ne peut évaluer la pro-
duction de la gomme M’bepp au Sénegal car seuls les tonnages commercialisés subissent un contrôle et sont
soumis à une taxe, la gomme consommée dans les villages et vraisemblablement une partie de celle utilisée
dans les villes bénéficiant des droits d’usage (Tab. 46).
Stercdia setigera est abondant en Haute Casamance, dans le Sénégal-Oriental, dans le Sine-Saloum et dans
le Sud de la région de Diourbel mais il est fréquent, bien que disséminé, dans la zone sylvo-pastorale, souvent
assez haut dans le secteur sahélo-soudanien. La régénération de l’espèce est bonne dans la partie méridionale
de son aire. tl est possible que l’exploitation du bois de chauffage et de carbonisation pendant la dernière guer-
re dans les forêts classées situées entre Birkelane et Tambacounda l’ait favorisée, sans doute parce que les
M’bepp qui donnent un combustible de médiocre qualité furent maintenus sur les coupes. Des essais de multi-
plication artificielle tentés par le C.T.F.T. $I Bambey et à Linguère en terrain découvert ont montré que l’éle-
vage des plants était facile en pépinière et que le taux de reprise était correct mais que la croissance était très
lente et surtout que beaucoup de jeunes arbres mourraient au cours des trois premières années, souvent atta-
qués par des rongeurs.
TABLEAU 46
Gomme M’Bepp : Tonnages contrôlés par le Service Forestier (Kilo)
La gomme de Sterculia est très demandée en Europe et aux U.S.A. où on l’utilise comme émulsion-
nant, succédané de la gomme adrageante, en pharmacie et pour la préparation de produits alimentaires et de
cosmétiques. La France, à elle seule, en importe annuellement près de 1.000 T qu’elle achète en Inde. Jus-
qu’& présent, malgré l’importance des peuplements qui demeurent inexploités, les exportations sénégalaises
sont nulles. Pouvant absorber 250 fois son volume d’eau tout en restant sous forme de gelée, elle contient
7 $I 12 % de matières minérales, 2 % de tanin, 15 à 17 % d’acide acétique, 42 % d’acide galacturonique,
14 % de galactose et 15 % de rhamnose. Sa richesse uronique est considérable et sa résistance à l’hydrolyse
très grande (BEAUQUESNE - 1946)‘
148
TABLEAU 47
Amino-acides (N = 1 6 %)
Arginine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7,4 3,6 5,9
Cystine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 22 0,9
Histidine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,3 22 2,3
lsoleucine ................. 4,3 4,3 5,3
Leucine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7,4 6,9 9,3
Lysine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7,O 32 59
Méthionine . . . . . . . . . . . . . . . . OA3 1 A3 0,7
Phénylalanine . . . . . . . . . . . . . . . 5,O 4,l ‘52
Thréonine . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,3 4,O 4,6
Tyrosine .................. 3,4 481 3#5
Valine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,O 5,l 5,8
Acide aspartique. . . . . . . . . . . . . 10,7 Il,8 G3
Acide glutamique . . . . . . . . . . . . 20,3 10,9 10,o
Alanine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,9 5,l 5,6
Glycine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,4 4,9 5,O
Hydroxyproline . . . . . . . . . . . . . 0 3,7 -
Proline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,9 4,9 7,3
Sérine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,6 5,l 4,6
Acides gras (% du total)
Acide myristique . . . . . . . . . . . . - -
3,9
Acide palmitique. . . . . . . . . . . . . 14,3 - -
Acide stéarique. . . . . . . . . . . . . . 17,4 - -
Acide oléique . . . . . . . . . . . . . . . 17,5 - -
Acide linoléique . . . . . . . . . . . . . 14,5 - -
Acide linolénique . . . . . . . . . . . . - -
8,5
Acide arachidique . . . . . . . . . . . . 12,7 - -
Acide béhénique. . . . . . . . . . . . . Il,2 - -
149
10 - TAMARINDUS INDICA L.
Tamarindus indica est une Césalpiniacée, vraisemblablement originaire des forêts ripicoles de l’ouest de
Madagascar, qui aurait été introduite depuis fort longtemps en Inde et en Afrique où elle a été multipliée par
les hommes et les animaux qui, consommant les fruits, ont dispersé les noyaux. L’espèce, d’affinité écologique
soudano-sahélienne, est présente du Sénégal au Soudan, le plus souvent à l’état dispersé, relativement abondan-
te dans les districts habités, mais on la rencontre également dans le secteur sahélo-soudanien, surtout en bor-
dure des rivières, et dans le secteur soudano-guinéen, sur des défrichements anciens.
Les fleurs sont mangées en salade dans certains pays et, souvent, les populations rurales consomment les
150
feuilles bouillies en fin de saison sèche au moment où elles se renouvellent (Tab. 47). Rafraîchissante, riche en
acide tartrique, la pulpe du fruit a la réputation d’être un fortifiant. On la donne aux enfants, aux vieillards et
aux voyageurs, mélangée avec du mil. Elle est employée en Inde comme ((fruit Salt)). Elle sert parfois à fabri-
quer une boisson alcoolisée et récemment, la Société Malienne des Jus de Fruits en a tiré une boisson non
alcoolisée d’un goût très agréable. KERHARO et ADAM (1974) signalent qu’en Inde où on obtient des rende-
ments de 1.200 kg de fruits sur des arbres bons producteurs, environ 250.000 T sont commercialisées annuelle-
ment. Les principales utilisations industrielles concernent la pulpe qui fournit des tartrates, de l’acide tartrique,
de la pectine et la poudre de graines qui sert à la fabrication des apprêts, en particulier des toiles de jute.
CHAPITRE SECOND
Le pâturage des espèces spontanées constitue en général le seul mode d’alimentation des bovins, des
ovins et des caprins dans les régions tropicales à longue saison sèche. Or, dans ces contrées, si le tapis grami-
néen est abondant et varié, les Légumineuses herbacées sont rares. Pourtant à surface égale, elles fournissent
un fourrage alibile beaucoup plus important. Elles sont, en outre, plus riches en protéines, en calcium, en vita-
mines A et C que les Graminées et leur teneur en phosphore, bien que médiocre, demeure plus élevée.
La réussite de toute entreprise d’élevage étant conditionnée par la quantité et surtout par la qualité des
denrées fourragères mises à la disposition des animaux, les pasteurs des zones soudaniennes et sahéliennes ont
coutume de conduire les troupeaux dans les forêts pour qu’ils profitent du ((pâturage arboré)) constitué essen-
tiellement par les rejets et les branches basses des Légumineuses arbustives et arborescentes, par les fleurs, les
feuilles et les fruits tombés à terre et aussi par les produits de l’émondage et de l’élagage. Sa valeur fourragère,
variable selon les saisons, est excellente et les rations théoriques sont largement excédentaires.
L’association forêt-élevage semble rationnelle d’un point de vue économique à condition que l’homme
n’intervienne pas en détruisant les arbres, soit en les ébranchant exagérément, soit en concentrant en un point
un grand nombre d’animaux qui, affamés, suppriment toute la régénération. Ceci se produit malheureusement
souvent au Sénégal dans la zone sylvo-pastorale où de vastes étendues ouvertes à l’élevage il y a moins de quin-
ze ans ont été entièrement déforestées par les pasteurs.
Si la famille des Légumineuses représente dans la flore forestiqe tropicale une source alimentaire de pre-
mier ordre pour le cheptel domestique, il ne faut pas mésestimer les autres espèces, locales ou introduites, qui,
nous l’avons constaté après la sécheresse de l’été 1972, sont presque toutes appétées. Les rameaux, les jeunes
pousses, les fleurs apportent un complément de vitamines et d’oligo-éléments dans la ration. Le feuillage, gor-
gé de sève en fin de saison sèche, époque du débourrement des bourgeons, rend les graminées, alors totalement
déshydratées, plus facilement assimilables.
Il en résulte des problèmes de protection des plantations et des parcelles mises en regénération que le
Service forestier a de grandes difficultés à résoudre car, si les dégâts causés par les animaux sont peu impor-
tants quand les arbres ont formé une cime, les boisements sont rapidement anéantis quand ils sont pâturés au
cours des années qui suivent leur création ou leur reconstitution. On s’en rend aisément compte au Sénégal
autour des agglomérations et le long des routes où de nombreuses plantations réalisées depuis 1960 au cours
des Semaines Forestières ont été détruites par le bétail sédentaire ou par les troupeaux transhumants.
154
LES ACACIA
AUBREVILLE (1950) a recensé 24 espèces d’Acacia dans l’Ouest africain. Ce sont des arbres, des arbus-
tes, des arbrisseaux, parfois des lianes qui, tous sauf un, Acacia pimata, croissent dans des zones à longue sai-
son sèche. Le genre est aisé à reconnaître grâce à son feuillage très fin de Mimosacée et à ses fleurs en boules
ou en épis. On le divise en plusieurs groupes d’après la forme des épines qui sont tantôt longues et droites,
tantôt petites et recourbées, tantôt fortes et recourbées. Les espèces, par contre, sont parfois difficiles à iden-
tifier et, aujourd’hui encore, les botanistes ne sont pas toujours d’accord sur les déterminations qui ont été
publiées.
Acacia albida représente certainement l’essence forestière la plus importante pour les éleveurs des sec-
teurs sahélo-soudanien et soudano-sahélien. Le cycle végétatif, inverse de celui des autres espèces, fait que la
cime constitue souvent le seul élément de verdure au cours de la saison sèche lorsque les Légumineuses arborées
sont dénudées, les graminées déshydratées et les pâturages en partie calcinés par les feux itinérants. Nous ver-
rons également que cet arbre permet d’associer culture et élevage grâce à sa faculté d’enrichir le sol sans gêner
le développement des plantes sarclées.
Traditionnellement récolté dans le pays Sérer et transporté dans l’enclos où on le distribue, le feuillage
du Kad est maintenant collecté dans la plupart des villages de l’Ouest du Sénégal et les populations agricoles
s’opposent de plus en plus à ce que les éleveurs nomades ébranchent les arbres quand ils transhument sur leur
terroir. Des analyses effectuées au Laboratoire National de Recherches Vétérinaires de Hann montrent que les
feuilles constituent un fourrage comparable à un foin d’excellente qualité des régions tempérées au point de
vue teneur en matières protéiques (Tableau 48). Quand l’émondage est exécuté correctement, c’est-à-dire
155
lorsque le berger ne coupe que quelques branches, la cime se renferme rapidement. Par contre, si le houppier
est totalement sectionné, l’Acacia végète pendant plusieurs années avant de se reconstituer et de fructifier.
Ce sont toutefois les gousses qui jouent un rôle de premier ordre dans l’économie rurale. La fructification
ayant lieu entre février et mai, période critique pour l’alimentation du bétail, les fruits sont pâturés au fur et à
mesure qu’ils tombent mais, de plus en plus fréquemment, les paysans les ramassent au lever du jour pour nour-
rir les animaux maintenus dans les enclos ou pour les vendre aux citadins qui possèdent des moutons. Nous
donnons au tableau 49 la composition des gousses vertes et mûres. SOUDET et RIVIERE (1967) estiment
leur valeur fourragère à 0,77 U.F. par kilogramme de produit brut à 10 % d’humidité, soit deux fois plus
qu’un bon foin de prairie ou de fanes sèches d’arachide.
TABLEAU 48
Humidité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 589,5 -
Matières sèches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 410,5 1 .ooo
Matières grasses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,l 29,6
Matières protéiques (N X 6,25) . . . . . . . . . . . . . . . 70,4 171,2
Matières cellulosiques (Weends) . . . . . . . . . . . . . . . 88,4 215,o
Extractif non azoté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204,9 498,0
Phosphore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,56 1,37
Calcium. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5,8 14,l
Matières minérales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35,3 85,9
Insoluble chlorydrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16,8 41,o
JUNG (1967), $r 8ambey, évalue à 125 kg la. production de fruits d’un Acacia dont la cime couvre
230 m2; WICKENS (1969) obtient au Soudan 135 kg sur un arbre adulte. Avec un boisement de 20 pieds
adultes à l’hectare, densité fréquente au Sénégal en pays Sérer, on peut atteindre 2.500 kg de gousses repré-
sentant 1.930 U.F., c’est-à-dire nettement plus qu’avec les autres productions fourragères locales, bien que le
terrain demeure disponible pour les agriculteurs pendant l’été (Tableau 50).
CHARREAU (1970), estimant les besoins alimentaires d’un boeuf de travail à 1.500 U.F. par an, consta-
te que le pâturage arboré d’Acacia albida peut nourrir 1,3 animal à l’hectare sans gêner la production agricole.
80UDET et RIVIERE (1967) écrivent qu’en distribuant une ration quotidienne de 7 kg de gousses a une
vache de 250 kg, on assure son entretien et on obtient un gain journalier de 0,7 kg de poids vif ou un supplé-
ment de production laitière quotidienne de 5 litres.
Acacia nilotica
C’est un Acacia très commun en Afrique tropicale sèche, en Arabie et dans la péninsule indienne. On dis-
tingue plusieurs variétés dont les botanistes ont voulu, parfois, faire des espèces distinctes. On trouve au Serré-
gal la variéte tomentosa (A.F. Hill), le Gonakié, et la variété adansonii (0. Ktze), le Neb-neb. La première,
caractérisée par des gousses étranglées entre les graines, se développe en peuplements monospécifiques denses
et fermés sur les berges alluviales du fleuve et dans certaines mares submergées pendant trois a quatre mois
chaque année. La seconde dont les gousses plus larges ne sont pas étranglées mais ZI bords sinués colonise des
dépressions temporairement inondées du domaine sahélien ou apparaît a l’état dispersé sur des sols argileux ou
silice-argileux dans le domaine soudanien. On compte dans un kilogramme environ 7.000 graines de la variété
tomentosa et 5.000 de la variété adansonii.
156
TABLEAU 49
Analyse des fruits d’Acacia albida (I.E.M.V.T.)
TABLEAU 50
Valeur fourragère de quelques produits tropicaux (l.E.M.V.T.1
L’arbre peut atteindre dans les meilleures stations 18 m de hauteur dont 4 m de fût libre et 60 cm de
diamètre mais, le plus souvent, il ne dépasse pas 12 à 13 m. La cime arrondie, assez épaisse, est formée de
branches ascendantes pourvues de rameaux armés de longues épines stipulaires blanchâtres. L’écorce brun fon-
cé, parfois noire, profondément fissurée et crevassée, exsude une gomme rougeâtre qui est utilisée en Inde par
les teinturiers. Les feuilles sont souvent groupées en fascicules. Elles sont alternes, bipennées, avec 3 à 6 pai-
res de pinnules et 10 à 30 paires de foliolules. L’inflorescence en boules jaune d’or est formée de glomérules
axillaires de 12 à 20 mm de diamètre. Les fruits, nous le verrons, peuvent être utilisés dans l’industrie du
tannage.
Les feuilles, les jeunes rameaux et les fruits verts non encore chargés de tanin sont appétés par les ovins
et les caprins mais modérément appréciés par les bovins. A défaut d’autre nourriture, les chèvres et les cha-
meaux consomment les vieilles feuilles et les gousses sèches tombées à terre.
157
On trouve Acacia rac/djana sur les deux rives du Sahara, entre le Sud marocain et le Sud tunisien, depuis
le Sénégal jusqu’au Soudan. Il est remplacé dans les pays nilotiques par une espèce voisine, Acacia tortih, dont
l’aire occidentale ne dépasse pas le Niger. On le rencontre également dans tous les massifs montagneux saha-
riens, le spécimen le plus célèbre étant l’Arbre du Ténéré qui est mort en 1973.
L’essence qui constituait au Sénégal l’élément dominant de la strate arborée sur les sables quaternaires du
Cayor et du Baol est devenue assez rare dans le District Occidental du secteur sahélo-soudanien mais, plus à
l’Est, il existe encore des peuplements assez clairs sur les dunes et dans les ergs morts. Acacia raddiana dispa-
raît toutefois dès qu’affleure le Continental Terminal.
Caractérisé par une cime étalée et puissante: plus irrégulière ceoendant que celle de l’Acacia tortih dont
le port est en parasol, c’est l’un des plus grands arbres du domaine sahélien. Les rameaux, de couleur rougeâ-
tre, sont pourvus d’épines droites et longues, blanchstres, groupées par deux à la base des fascicules de feuil-
les. Celles-ci sont alternes, bipennées, avec 2 à 5 paires de pinnules et 6 à 15 paires de foliolules. L’inflorescen-
ce est formée de boules blanchâtres, très odorantes, de 13 mm de diamètre. Les gousses, longues de 12 cm,
larges de 5 mm, s’enroulent en spirales au moment de la maturité. Elles sont glabres contrairement à celles de
l’Acacia tortihs qui sont duveteuses, plus ou moins pubescentes. On compte environ 14.500 graines dans un
kilogramme.
158
Les feuilles sont appétées par les bovins, les ovins, les caprins et les chameaux, ce qui entrame souvent
des ébranchages abusifs de la part des bergers et permet de comprendre pourquoi la régénération naturelle est
absente dans les zones où la charge en bétail est trop importante* Les fruits sont recherchés par les animaux, en
particulier par les chèvres et les moutons. Ils ont la réputation d’être galactogènes et leur valeur fourragère est
excellente (Tab, 52).
Producteur de la gomme arabique, Acacia senega/ joue un rôle très important dans l’économie des
régions sahéliennes. L’espèce qui sera étudiée avec les produits accessoires de l’arbre utilisés dans l’artisanat et
l’industrie est appréciée par le bétail, en particulier par les moutons, les chèvres et les chameaux. Ces animaux
sont responsables au Sénégal de la disparition des Gommiers aux abords des forages.
Les feuilles, composées bipennées, de couleur gris-vert, sont groupées en petits fascicules de 2 à 5. Elles
présentent 2 à 6 paires de pinnules et 6 à 15 paires de foliolules ovales, arrondies aux deux extrémités, larges
de 1 à 2 mm, longues de 3 à 6 mm. Elles apparaissent quelques semaines avant les premières pluies et tombent
généralement dès le mois de décembre. La défoliation peut cependant être plus tardive dans des stations où
l’eau est abondante dans le sol et dans celles où l’humidité atmosphérique demeure élevée en début de saison
sèche. Les animaux les mangent au fur et à mesure qu’elles arrivent à terre puis ils broutent les gousses en jan-
vier et en février.
Acacia seya/ est un petit arbre de 5 à 8 m de hauteur, à la cime en parasol, au fût droit, cylindrique,
bas branchu. Son diamètre ne dépasse guère 35 cm. Le tronc et les rameaux sont caractérisés par une couleur
blanche légèrement verdâtre ou par une coloration rouille dûe à de fines particules rouges collées à l’écorce.
Les deux types coexistent fréquemment dans une même station. Les épines sont droites et blanches. L’écorce
exsude une gomme friable, de qualité inférieure à celle de l’Acacia senega/, qui fut commercialisée avant la der-
nière guerre au Mali et que les importateurs européens commencent à rechercher aujourd’hui en Afrique occi-
dentale. Le Soudan en exporte environ 4.000 T par an.
Les feuilles alternes sont bipennées avec 2 à 9 paires de pinnules et 6 à 20 paires de foliolules de 5 mm
de long et d’l mm de large. L’inflorescence, en glomérules axillaires de 1,5 cm de diamètre, est formée de bou-
les jaune-vif très odorantes, portées par un pédoncule d’environ 3 cm. Les gousses falciformes, linéaires, étran-
glées à maturité, mesurent 10 cm sur 9 mm, Elles contiennent 3 à 10 graines ovales qui pendent durant quel-
ques jours à l’extrémité du funicule après la déhiscence du fruit. On compte environ 20.000 graines dans un
kilogramme.
L’espèce est très commune du Sénégal au Soudan dans les domaines sahéliens et soudaniens où elle colo-
nise des sols argileux et argilo-siliceux souvent inondés pendant la saison des pluies, formant des peuplements
monospécifiques dès que le terrain lui convient. Les feuilles et les fruits secs sont très appétés des ovins, des
bovins, des caprins et de nombreux animaux sauvages, la girafe en particulier. Acacia seya/ est très robuste :
mutilé, il repousse; brûlé, il repart souvent dès les premières pluies.
Acacia sieberiana est une essence forestière pan-tropicale répandue depuis le Sahel jusqu’à la lisière de la
forêt dense humide. Plusieurs botanistes ont tenté de définir diverses espèces en se basant sur la longueur des
épines, le nombre des pinnules, la villosité des jeunes rameaux et des feuilles, la rectitude du fruit.
159
Acacia seval
AUBREVILLE (1950) estime qu’il s’agit d’une seule espèce et que les variations végétatives tiennent aux
milieux très variés dans lesquels l’arbre se développe. On le rencontre partout au Sénégal mais toujours à l’état
dispersé. Sur les berges du fleuve où il atteint parfois 15 m de hauteur et plus de 60 cm de diamètre, il repré-
sente l’élément le plus élevé de la strate arborée.
L’écorce, lisse et de couleur crème chez les jeunes sujets et sur les petites branches, devient écailleuse
avec l’âge mais, si on arrache les petites écailles, on retrouve la teinte jaune paille marquée de plis horizontaux
régulièrement espacés. Les feuilles bipennées ont 10 à 25 paires de pinnules et 20 à 40 paires de foliolules. A
leur base apparaît une paire d’épines blanches, droites et divergentes, généralement très longues. Les fleurs
blanches sont groupées en fascicules de glomérules axillaires de 1,5 cm de diamètre. Le fruit est une gousse
droite, coriace, indéhiscente, longue de 15 à 20 cm, large de 2 cm, dont la surface, de couleur brune, est ver-
nissée au moment de la maturité. Il renferme des graines brunâtres, à cuticule épaisse, dont il faut environ
4.500 pour obtenir un kilogramme.
Les jeunes feuilles sont très prisées par les bovins en juin, époque du débourrage. Les fruits secs sont
consommés par les ovins. Au Soudan, on récolte les fleurs et les gousses pour engraisser les moutons de case.
161
AFZELIAAFRICANASmith.
Espèce de transition entre la forêt dense humide et la forêt sèche, Afze/ia afrkana formait vraisemblable-
ment l’un des principaux constituants des forêts demi-sèches qui couvraient une grande partie de la Guinée, de
la Basse et de la Moyenne-Casamance. On rencontre également cette Caesalpiniacée à l’état dispersé dans le Sud
du domaine soudanien depuis la côte Atlantique jusqu’en Ouganda, surtout dans les galeries forestières. Elle
fournit un excellent matériau pour la construction navale et les menuiseries extérieures aussi sera-t-elle étudiée
avec les bois d’œuvre et d’industrie.
Les feuilles composées pennées ont un rachis long de 20 cm et 3 à 5 paires de folioles largement ellipti-
ques, glabres, vert brillant, finement réticulées à la face inférieure qui mesurent 10 cm sur 7 cm. Les fleurs ver-
dâtres, pourvues d’un pétale de 14 mm tacheté de rouge, sont groupées en panicules lâches. Le fruit est une
gousse ligneuse ovale, aplatie et épaisse, de 15 cm sur 7 cm. Les graines sont ovoÏdes, noires, lisses et brillan-
tes, entourées à la base par un arille jaune. On en compte environ 200 dans un kilogramme.
Le feuillage est très apprécié des bovins et, dans certaines régions les cimes sont périodiquement émon-
dées pendant la saison sèche.
LES BAUHINIA
Le genre Bauhinia comprend en Afrique trois espèces aisément reconnaissables à leurs feuilles simples,
plus ou moins bilobées, à nervation palmée. L’écorce fibreuse est souvent utilisée dans les villages pour fabri-
quer des liens.
C’est un arbre au fût contourné rarement droit et à la cime sphérique et touffue qui peut atteindre 8 a
9 m de hauteur sur sol fertile mais qui, souvent, conserve un port buissonnant avec de nombreux rejets issus
de la souche. L’écorce noirâtre est profondément fissurée longitudinalement. Les feuilles sont épaisses, coriaces,
presque orbiculaires, cordées 3 la base. Gris-vert, glabres en dessous, elles mesurent environ 7 cm de longueur
et 8 cm de largeur. Elles sont présentes toute l’année. Les fleurs blanches sont groupées en panicules ramifiées,
courtes, axillaires ou terminales. Le fruit est une gousse ligneuse indéhiscente de 20 cm de longueur et de 5 cm
de largeur. Bosselé et brun foncé à maturité, il persiste longtemps sur les branches. Il contient plusieurs ran-
gées de graines dans la largeur, Il en faut environ 14.500 pour obtenir un kilogramme.
Bauhinia reticu/ata est une essence typiquement soudanienne qu’on rencontre depuis le Sénégal jusqu’au
Soudan. Elle fait toutefois de fréquentes incursions dans le domaine sahélien, en particulier dans la vallée du
Sénégal. Le feuillage et les gousses sont consommés par les animaux domestiques. Au Nigéria, on récolte les
rameaux pour les moutons et les chèvres; en Afrique du Sud, on mélange les gousses avec du maïs et du tour-
teau d’arachide.
BauhZa rufescens est un petit arbre de 5 à 6 m de hauteur au port buissonnant qui forme parfois des
fourrés difficilement pénétrables car les rameaux, perpendiculaires aux branches, sont lignifiés et transformés
en aiguillons. L’écorce, gris cendré, est lisse chez les jeunes arbres et sa tranche est rosée. Les feuilles longue-
ment pétiolées, orbiculaires, ont 2 cm de large. Elles sont gris-vert mat et elles tombent pendant la saison
sèche, sauf dans des stations humides. Les fleurs, blanches ou blanc verdâtre, sont groupées en racèmes de
ICI cm de long. Les fruits, rassemblés en paquets de gousses falciformes, brun foncé, coriaces, plus ou moins
TABLEAU 57
Composition du fourrage de quelques acacia
Acacia seyal
feuilles vertes (2) 43,75 15,57 12,8 6,67 0,81 1,58 0,163 0,302 0,75 3,04 3,15
jeunes pousses (1) 29,80 ' Il,08 19,25 5,20 0,24 0,73 0,278 0,290 1,29 2,64 2,53
fruits verts (3) 35,70 15,65 20,o 6,20 0,37 0,96 0,38 - - 23 -
fruits secs (1) 93,30 23,85 21,05 7,04 0,75 1,04 0,343 0,53 1,50 3,04 1,98
Acacia sieberiana
feuilles vertes janvier (2) 48,75 12,30 23,55 Il,59 ' 3,77 2,49 0,103 ' 0,430 0,33 24,1 5,79
feuilles vertes juin (2) 4440 15,78 29,25 7,11 1,46 1,13 0,146 0,296 0,84 7,7 3,8
gousses sèches (2) 1 89,0 10,09 24,40 4,40 0,05 0,49 0,172 0,214 1,29 Z8 2,28
(1) I.E.M.V.T.
(2) AUDRU
(31 PEYRE de FABREGUES
163
TABLEAU 52
Valeur fourragère de quelques Legumineuses arborées
(11 AUDRU
(2) PEYRE de FABREGUES
(3) BOUDET et LECLERQ
(41 BOUDET
étranglés entre les graines, mesurent 7 cm de long et 1 cm de large. Ils demeurent longtemps sur l’arbre et ils
contiennent 6 à 8 graines brunes dont il faut environ 9.000 pour obtenir un kilogramme.
164
Bauhinia reticulata
Cassis sieberiana
165
L’espèce est sahélienne. Présente depuis l’Océan Atlantique jusqu’à l’Océan Indien, elle est surtout abon-
dante sur les sols compacts. Les feuilles, les fruits verts, les gousses sèches sont recherchés des ovins, des caprins
et des chameaux. Le fourrage est également apprécié par les bovins. il en resulte que, dans maintes stations de
la zone sylvo-pastorale, &XI/~I% rufescens, jadis abondant, est en voie de disparition.
Petit arbre de 6 a 8 m au fût tortueux et ramifié, à l’écorce brun foncé profondément fissuree, 8auhinia
Thonningii est parfois confondu avec t?auhinia reticdata, L’espèce se différencie par ses feuilles légèrement plus
grandes, avec un lobe moins ouvert, et grâce à la pubescence ferrugineuse de la face inférieure du limbe. Les
gousses sont identiques mais & pubescence compacte ferrugineuse foncée.
il est commun dans le secteur soudano-guinéen où il colonise des défrichements et des savanes récentes.
Son aire s’éterrd depuis la lisière de la forêt jusqu’au secteur soudano-sahélien mais elle ne pénètre pas dans le
Sahel.
LES CASSIA
Le genre Cassis est présent dans tous les types de formations forestières de l’Afrique de l’Ouest. Il com-
prend de nombreuses espèces dans les contrées à longue saison sèche. Nous en citerons deux qui sont assez
communes au Sénégal.
C’est un petit arbre du secteur soudano-guinéen dont l’aire s’étend du Sénégal jusqu’au Soudan et en
Ouganda. Il peut atteindre 10 à 12 m de hauteur sur des sols profonds et fertiles mais le plus souvent, en par-
ticulier sur les terrains secs, le fût est court, contourné, ramifié dès la base et le port demeure buissonnant.
Assez abondant en Casamance et dans le Sénégal-Oriental, présent a l’état diffus dans le Cayor, très rare dans
le Sud du Sahel, Cassis sieberiana est caractérisé par des rameaux terminaux retombants couverts de fleurs jau-
ne d’or longuement pédicellées, qui apparaissent entre février et mai alors que la cime est défeuillée.
Les feuilles composées pennées ont 6 à 12 paires de folioles oblongues lancéolées, de 6 cm sur 3 cm, lar-
gement acuminées, obtuses au sommet. Les gousses droites, cylindriques, indéhiscentes, cloisonnées entre les
nombreuses graines, mesurent 70 cm de long et 1,5 cm de diamètre. Noirâtres à maturité, elles persistent long-
temps sur les branches. Dans certaines régions, elles sont récoltées et conservées pour l’alimentation des vaches
laitières.
Cassia tora L.
Sous arbrisseau pouvant atteindre 2 à 3 m de hauteur sur limons fertiles mais ne dépassant généralement
pas 1 m, Cassis tora est très fréquent dans le secteur soudano>ahélien où il colonise des sols dégradés, des
jachères récentes et les abords des routes. Les feuilles pennées ont 3 paires de folioles obovales d’environ 2 cm
de long sur 1,5 cm de large. Les fleurs axillaires, jaunes, sont isolées ou groupées par paires. Le fruit est une
gousse filiforme arquée, légèrement comprimée qui mesure 20 cm de long et 5 mm de diamètre.
Le feuillage est modérément appété par le bétail quand il est jeune. CURASSON (1956) estime qu’on
pourrait le récolter avant qu’il ne soit trop développé et le conserver par ensilage. Les vieilles feuilles ne sont
mangées que les années où le pâturage fait totalement défaut. L’espèce serait utilisée au Brésil comme plante
de couverture.
166
Essence panafricaine des régions à climat sahélien, Da/bergia me/anoxy/on est un arbuste épineux, bran-
chu et ramifié, à fût court et cannelé, qu’on rencontre surtout à proximité des mares et des cours d’eau tem-
praires. Son bois, I’Ebène du Sénégal, étant très recherché pour la sculpture, l’espèce sera étudiée plus loin.
Les feuilles composées imparipennées comprennent 9 à 13 foliolules alternes, oblongues et tronquées au som-
met, qui mesurent 2 cm de long et 1 cm de large. Les fruits qui atteignent 5 cm de longueur et 1,5 cm de
largeur sont plats, membraneux, pointus aux deux extrèmités. lndéhiscents, ils renferment 1 à 4 graines et il
en faut environ 16.000 pour obtenir un kilogramme. Le feuillage vert ou sec et les gousses sont prisés par les
bovidés, les ovidés et les caprins.
Daniellia oliveri est un arbre très commun dans les savanes boisées soudano-guinéennes. Il dépasse fré-
quemment 15 m de hauteur et il se reconnaît de loin par son fût blanc grisâtre et par sa cime en cône renver-
sé, aplatie au sommet. L’espèce couvre d’importantes surfaces en Moyenne Casamance. Elle est utilisable en
menuiserie et elle se déroule facilement aussi sera-t-elle étudiée avec les bois d’œuvre et d’industrie. Les feuil-
les comportent 4 à 9 paires de folioles ovées, obtusément acuminées, largement arrondies et asymétriques à la
base, longues de 12 cm et larges de 6 cm. Elles sont glabres, rougeâtres et cireuses dans la phase juvénile, deve-
nant ensuite luisantes, vert clair sur la face supérieure, grises en dessous. Le feuillage est apprécié par les ani-
maux. On le récolte au Ghana pour le distribuer au bétail maintenu à l’étable.
Nous avons décrit au chapître précédent cet arbre du secteur soudano-guinéen dont les fruits entrent
dans l’alimentation humaine. Ils sont parfois également utilisés pour la nourriture du bétail.
PARKINSONIA ACULEATA L.
Arbuste originaire de l’Amérique tropiosle, Parkinsonia aculeata a été propagé en Afrique dans presque
toutes les villes de la zone sahélienne où on l’utilise souvent pour clôturer des jardins. L’espèce est devenue
subspontanée au Sénégal dans le Delta où elle s’est multipliée sur les berges de plusieurs bras du fleuve et le
long des digues. Tolérant une certaine dose de chlorures dans le sol, elle pourrait ètre employée dans le Sine-
Saloum aux abords des Tannes. Le bois n’offre .pas d’intérèt, mème comme combustible. Les folioles sont
broutées par les chèvres et les moutons.
LES PROSOPIS
Il existe deux espèces de Frosopis au Sénégal. L’une est caractéristique des forêts sèches denses à Légu-
mineuses, l’autre a été introduite mais elle est devenue subspontanée dans les districts côtiers.
167
Parkinsonia acuieata
168
LES PTEROCARPUS
On rencontre deux Pterocarpus dans les zones sèches de l’Afrique occidentale. Ce sont des Fabacées
caractérisées par des inflorescences jaunes qui couvrent les cimes au moment où elles sont défeuillées et par
de petits fruits orbiculaires indéhiscents munis d’une aile membraneuse circulaire.
Espèce des forêts du secteur soudano-guinéen, Pterocarpus erinaceus est abondant en Moyenne et en
Haute-Casamance, dans le Sénégal-Oriental et dans l’Est du Sine-Saloum. Il est également présent mais à l’état
dispersé dans le secteur soudano-sahelien et même dans le secteur sahélo-soudanien. Son bois, nous le verrons,
est très apprécié en ébénisterie et pour la fabrication d’objets sculptés.
169
Les feuilles alternes, composées imparipennées, ont 3 à 5 paires de folioles ovées elliptiques, de 8 cm sur
4,5 cm. Elles sont légèrement pubescentes sur la face inférieure et elles portent de nombreuses nervures laté-
rales finement saillantes sur les deux faces. Les feuilles et les fruits jeunes sont consommés par le bétail. Ils
constituent un fourrage intéressant en période de soudure aussi les arbres sont-ils parfois élagués par les pas-
teurs à partir du mois d’avril.
C’est un arbuste sahélo-soudanien de 3 à 6 m de hauteur qui colonise des terrains secs en association
avec des Combrétacées mais qui, sur sol frais et fertile, peut devenir un arbre de 10 à 12 m avec une cime
étalée. Rerocarpus Iucens est abondant sur le Continental Terminal, dans l’Est de la zone sylvo-pastorale, où il
forme des peuplements purs dans les dépressions au sol lourd.
Les feuilles imparipennées ont 5 A 7 folioles elliptiques ou suborbiculaires, réticulées sur la face infé-
rieure, de 5 cm sur 3 cm. Elles sont consommées par les animaux au fur et à mesure qu’elles tombent en
décembre et en janvier. Leur intérêt fourrager est faible sauf dans certaines régions du Mali où le feuillage est
récolté pour l’engraissement des moutons de case. D’après BOUDET et LECLERQ (19701, un émondage bien
conduit permettrait d’obtenir des feuilles vertes pendant plusieurs mois de la saison sèche.
170
TAMARINDUS INDICA L.
Nous avons déjà décrit Tamarindus indica dont les fruits sont utilisés dans l’alimentation humaine. Les
feuilles fraîches et sèches sont appétées par les ovins et les caprins. En Inde où l’espèce est cultivée pour les
fruits, la cime est périodiquement émondée et les rameaux sont distribués aux animaux maintenus en stabu-
lation.
171
Le genre Anogeissus comprend en Afrique tropicale deux espèces très voisines, Anogeissus schimperi
dont l’aire s’étend de l’Ethiopie au Mali et Anogeissus /eiocarpus qui est cantonné au Sénégal et en Mauritanie.
AUBREVILLE
(1950) a émis l’hypothèse
qu’il s’agissait peut-être de deux variétés de
la même espèce, étant donné l’amplitude
biologique de l’essence qui lui permet de
croître aussi bien en bordure du désert que
sur les lisières de la forêt dense. Originaire
des forêts sèches du secteur soudano-gui-
néen, elle se serait propagée vers le Nord au
cours de phases climatiques humides, se
réfugiant à proximité de mares ou dans des
dépressions lors de l’assèchement quaternai-
re du Sahara.
Essence grégaire qui constitue souvent des peuplements monospécifiques, Anogeissus leiocarpus est rare
en Casamance, assez abondant dans le Sénégal-Oriental et dans le Sine-Saloum, présent dans le Ferlo autour
des mares temporaires sur des sols compacts. Partout, cependant, il se raréfie. Résistant mal au feu, il est
détruit par les incendies itinérants répétés. Rejetant médiocrement de souche et occupant des sols fertiles, il
est éliminé par les cultivateurs. Donnant un combustible.apprécié, il est recherché par les bûcherons. C’est
enfin l’une des espèces qui a le plus souffert de la sécheresse qui a marqué la zone sylvo-pastorale au cours des
années 1968-I 973.
Les feuilles vertes puis les feuilles sèches au fur et à mesure qu’elles tombent à terre en décembre et en
janvier sont appétées des bovins, des ovins et des caprins.
-
172
Nous mentionnons cette espèce de mangrove car les peuplements situés aux environs de Saint-Louis qui
sont aujourd’hui les plus septentrionaux sur la cote de l’Ouest africain servent de pâturage en fin de saison
sèche. L’arbre qui peut atteindre 10 m ne dépasse guère 3 à 4 m dans le district. Les feuilles opposées,
cunées à la base, arrondies au sommet, au limbe vert-grisâtre marqué par une douzaine de nervures latérales,
mesurent environ 18 cm sur 8 cm. Les jeunes feuilles d’IIvîcefwia africana et les rameaux sont broutés par les
bovidés sédentaires et par les animaux transhumants.
Nous avons décrit le rôle joué par Bdanites aegyptiaca dans l’alimentation des populations rurales du sec-
teur sahélo-soudanienLes feuilles vertes sont recherchées par les moutons, les chèvres et les chameaux. Les
bovidés qui ne peuvent les prélever sur les branches à cause des épines acérées qui garnissent les rameaux les
consomment lorsqu’elles tombent à terre.La cime de l’arbre est fréquemment émondée après le débourrement.
Les fruits sont appétés par tous les animaux. Les ovins et les caprins rejettent les noyaux tout de suite, les
bovidés les déglutissent lors de la rumination.
Capparidacée arbustive sempervirens du domaine sahélien, Boscia senega/ensis forme des buissons de 1 à
2 m de hauteur sur des dunes fixées, d’anciennes jachères et parfois des sols compacts ou rocailleux. Les feuil-
les simples et entières, rigides et coriaces, sont elliptiques, marquées par 5 à 6 paires de nervures latérales sur
la face inférieure. Elles mesurent en moyenne 6 cm sur 4 cm mais elles peuvent être beaucoup plus dévelop-
pées sur des rejets, Les fleurs jaunâtres, groupées en courts corymbes terminaux, apparaissent entre novembre
et janvier. Les fruits qui ont 1 à 2 cm de diamètre sont verruqueux, finement pubescents, verdâtres puis jau-
nâtres à maturite.
Le feuillage est appété par les ovins et les caprins mais faiblement apprécié par les bovins. Les vieilles
feuilles et les fruits sont consommés par les moutons et les chèvres à la fin de la saison sèche.
AU8FiEVlLLE (1950) estime que la formation originelle de Cekis integrifolia se situe en forêt demi-
sèche soudano-guinéenne sur sol frais. L’espèce est aujourd’hui presente depuis la lisière de la forêt dense jusque
dans le Sahel où elle monte assez haut, se cantonnant au bord des mares ou le long des cours d’eau temporai-
res. Son aire va du Sénégal au Soudan et même en Arabie.
L’arbre qui peut dépasser 15 m de hauteur et 1 m de diamètre, avec un fût libre sur 6 m, est générale-
ment court et bas branchu, pourvu d’une cime arrondie dont les branches principales sont fortement dévelop-
pées. L’écorce lisse, gris bleuté, se détache en longues écailles minces, dures et cassantes chez les vieux sujets.
Les feuilles qui ont environ 7 cm sur 4 cm sont entières, ovées et acuminées, marquées par des nervures proé-
minantes sur la face inférieure et par des poils raides à l’aisselle des nervures secondaires. Les fleurs, panicules
verdâtres axillaires de 3 cm de long, apparaissent entre décembre et avril sur les rameaux de l’année. Le fruit
est une drupe de 1,5 cm de diamètre contenant un noyau blanc très dur. On compte approximativement 4.000
graines dans un kilogramme.
173
Boscia senegalensis
Balanites aegyptiaca Celtis integrifolia exploité pour le feuillage dans le pays Sérer
174
Les rameaux feuillés sont très appréciés par le bétail, ce qui explique le maintien de nombreux Cekis
integrifoha dans le pays Sérer où les paysans les émondent périodiquement. Ailleurs au Sénégal, ils sont souvent
éliminés par les cultivateurs au moment des défrichements.
LES COMBRETUM
Le genre Combretum, aisé à identifier par ses feuilles simples, opposées ou verticillées et par ses fruits
munis de 4 à 5 ailes membraneuses grises, brunes ou rougeâtres, persistant longtemps sur les branches, est
abondamment représenté en Afrique tropicale où ~!US de 300 espèces ont été déterminées. En forêt dense, ce
sont essentiellement des lianes ou des arbustes grimpants; dans les steppes sahéliennes et dans les savanes sou-
danaises ou guinéennes, ce sont de petits arbres ou des arbustes. Nous citerons trois espèces assez fréquentes au
Sénéga 1.
Petit arbuste sarmenteux de 4 à 5 m de hauteur à écorce claire fibreuse, caractérisé par des fruits à cinq
ailes membraneuses nacrées d’environ 2 cm de diamètre et par des rameaux pourvus d’épines incurvées, vesti-
ges de pétioles qui se sont lignifiés, Combretum acu/eatum est le plus septentrional des Combretum. Son aire
s’étend de l’Océan Atlantique à la Mer Rouge à travers le Sahel, remontant parfois dans la zone saharienne,
descendant souvent profondément dans le domaine soudanien.
Les feuilles sont elliptiques, pubescentes, roussâtres, criblées de points verdâtres ou dorées sur la face
supérieure. Pourvues d’un pétiole coudé, elles mesurent 4 cm sur 3 cm. L’inflorescence, en courts racèmes axil-
laires de fleurs dont la corolle est blanc crème et le calice légèrement rosé, s’épanouit durant la saison sèche
alors que les branches sont défeuillées.
Les ovins et les caprins apprécient les feuilles sèches. Les bovidés, les moutons et surtout les chèvres
consomment les jeunes rameaux et les feuilles fraîches entre les mois de juillet et de février.
Combretum ghtinosum est un petit arbre bas branchu, très ramifié à la base, à cime ovoïde irrégulière,
reconnaissable par ses rameaux tomenteux gris et son feuillage gris terne. Il représente parfois l’élément domi-
nant dans la strate arborée du secteur soudano-sahélien, formant des peuplements presque purs sur des stations
fréquemment incendiées et dans de vieilles jachères où il s’est multiplié par rejets de souche et par drageons.
Présent du Sénégal au Tchad, on le rencontre assez haut dans le domaine sahélien aussi bien que dans le sectew
soudano-guinéen.
Les feuilles adultes sont coriaces, gris mat, profondément réticulées sur la face inférieure, avec une pubes,
cence blanchâtre. Elles mesurent environ 4 cm de longueur et 3 cm de largeur. Leur forme est très variable,
tantôt oblongue, tantôt elliptique, avec un sommet soit arrondi, soit pointu, si bien que les botanistes ont par-
fois tenté de définir plusieurs variétés mais le polymorphisme, estime AUBREVILLE (19501, résulte vraisembla-
blement des conditions de milieu.
Seules les jeunes feuilles, en particulier celles qui apparaissent après un feu itinérant, sont appétées par
les chèvres et les moutons. Nous avons toutefois constate après la sécheresse de l’été 1972 que la totalité du
feuillage des Combretum ghdnosum était mangée dans le Ferlo sur les branches accessibles aux animaux. Dans
des districts où l’espèce coexiste avec Acacia seyai, comme sur les plages sableuses proches des Tannes du Sine
Saloum, elle a tendance à s’étendre car les bergers detruisent souvent les Acacia beaucoup plus appréciés par If!
bétail.
175
Combretum glutinosum
Combretum micranthum
176
Les feuilles courtement cunées à la base, acuminées au sommet, pourvues de cinq paires de nervures laté-
rales ont un pétiole de 2 à 5 mm et un limbe couvert d’écailles rougeâtres à la face inférieure qui devient brun
rougeâtre en séchant. Les fleurs dont le calice est couvert d’écaijles ferrugineuses et la corolle blanchâtre sont
groupées en courts épis axillaires. Les fruits sont très écailleux, ferrugineux entre les ailes et rassemblés en grap-
pes.
Les feuilles et les fruits sont parfois consommés par les animaux mais en général peu appétés.
Le genre Commiphora, largement représenté en Afrique Orientale où on a dénombré une centaine d’espè-
ces, n’en compte pas plus d’une dizaine dans l’Ouest africain. Commiphora africana, la plus commune, se propa-
ge à travers le Sahel, depuis le Sénégal jusqu’en Ouganda, sur de nombreux types de sols : sables, argiles, ébou-
lis rocheux, débris de cuirasse. C’est un arbuste de 3 à 4 m de hauteur au fût court, droit, conique à la base,
à la cime arrondie formée de branches tortueuses garnies de petits rameaux lignifiés et pointus. L’écorce mince,
brun foncé, se desquame par lamelles. Elle exsude après excision une résine utilisée en aromathérapie qui jouit
d’une réputation d’antiseptique, d’insecticide et d’antimigraineux.
Les feuilles gris-vert, cireuses et brillantes, sont trifoliolées avec la foliole terminale plus grande que les
latérales. Elles mesurent 4 cm de long et 2,5 cm de large. Leur limbe, grossièrement denté, est courtement
pubescent à la face inférieure. Les fleurs rougeâtres, groupées en petites panicules axillaires, apparaissent pen-
dant la saison sèche avant la feuillaison. Elles donnent naissance à des baies sphériques ou ovoïdes de 5 mm de
diamètre verdâtres puis rougeâtres à maturité, qui renferment un noyau blanc entouré d’une pulpe résineuse.
Le feuillage est mangé par le bétail en début de saison sèche, avant qu’il ne tombe, et surtout dès les pre-
mières pluies après le débourrement. Les chèvres et les chameaux en sont friands.
LES GREWIA
Les Grewia constituent un genre paléotropical bien représenté en Afrique dans les busch, les savanes boi-
sées et les steppes arbustives des contrées à longue saison sèche. Ce sont des arbustes ou des herbes lignifiées.
Les feuilles sont simples, alternes, stipulées, généralement dentées et recouvertes de poils étoilés. Certaines
espèces sont très voisines taxonomiquement les unes des autres et AUBREVILLE (1950) considère comme par-
fois douteuses les determinations qui ont été publiées.
Son aire s’étend à travers la zone sahélienne depuis la côte Atlantique jusqu’à la Mer Rouge, se poursui-
vant en Arabie et en Inde. C’est un petit arbre de 6 à 7 m de hauteur qu’on rencontre le plus fréquemment
177
sous forme d’un arbuste buissonnant, avec de nombreux rejets partant de la souche. Les feuilles alternes, lan-
céolées, arrondies et trinervées à la base, acuminées au sommet, longues de 4 cm, larges de 2 cm sont finement
denticulées et recouvertes sur la face inférieure d’un feutrage de poils qui leur donne un aspect blanchâtre. Les
fleurs jaunes sont groupées en cymes axillaires, Le fruit est une drupe d’environ 6 mm de diamètre.
Les feuilles vertes sont recherchées par les bovins, les ovins et les caprins pendant la saison des pluies.
Elles sont mangées ainsi que les fruits au fur et à mesure qu’elles tombent à terre.
Plus septentrionale que la précédente, l’espèce est présente dans le Sud-marocain et dans le Sud-algérien
ainsi que dans les massifs montagneux sahariens. Elle est abondante en Mauritanie et au Niger. On la rencontre
également en Arabie, en Inde et en Afrique du Sud. C’est un arbuste de 1 à 3 m de hauteur dont les petites
feuilles suborbiculaires, légèrement dentées, sont recouvertes de poils étoilés épars sur les deux faces.
Les feuilles vertes et tendres pendant l’été sont appétées des chameaux, des ovins, des caprins et modéré-
ment des bovins. Les feuilles sèches sont consommées par les chèvres et les moutons en janvier au fur et à
mesure qu’elles tombent.
Reconnaissable par son écorce grisâtre, par ses rameaux duveteux, par ses petites feuilles elliptiques gri-
ses dont le limbe est ponctué sur la face inférieure de glandes noires régulièrement disséminées, par ses fruits
linéraires velus, groupés à l’extrémité d’un pédoncule commun, Guiera senega/ensis est un arbuste au fût grêle
qui peut atteindre 3 m de hauteur mais qu’on rencontre, le plus fréquemment, sous forme de buissons ne
dépassant pas 1,50 m sur des sols épuisés et dans les jachères de l’Ouest sénégalais où il constitue le seul élé-
ment de la strate ligneuse. Espèce soudano-sahélienne, cette Combretacée étend partout son aire en Afrique au
Sud du Sahara à la faveur des défrichements, colonisant le secteur soudano-guinéen et même le domaine gui-
néen.
Le feuillage n’est guère apprécié par les animaux domestiques, sauf par les chameaux. Pourtant, à la fin
de la saison sèche, lorsque les pâturages sont dénudés, le bétail doit souvent s’en contenter. Les fruits sont
consommés par les chèvres et les moutons.
Mitragyna inermis est le seul représentant du genre à posséder des affinités écologiques soudano-sahélien-
ries, Les autres espèces se cantonnent soit en forêt dense, soit dans des districts marécageux du domaine gui-
néen. Son aire s’étend du Sénégal au Soudan, descendant jusqu’à la lisière de la forêt dense en Côte d’lvoire,
jusqu’à la mer au Togo, au Ghana et au Dahomey. C’est un petit arbre de 4 à 8 m de hauteur, avec de nom-
breuses tiges dressées partant du collet, au port touffu et à la cime sphérique. Les feuilles elliptiques, courte-
ment pétiolées, ont 7 cm de long et 4 cm de large. Elles sont rougeâtres dans leur forme juvénile. Les fleurs
blanches, très odorantes, sont groupées en glomérules terminaux de 3,5 cm de diamètre. Les fruits sphériques,
brun foncé, composés de multiples capsules contenant de nombreuses petites graines, persistent longtemps sur
les branches.
L’essence est commune au Sénégal dans les vallées où elle constitue parfois des peuplements purs. On la
rencontre également en petits bouquets autour des mares temporaires et dans des dépressions inondées quelques
mois par les eaux de ruissellement. Les feuilles et les jeunes rameaux sont recherchés par les moutons et les
chèvres jusqu’en, janvier, époque où les cimes se dénudent, puis en juin au moment du débourrement. Le feuil-
lage est faiblement appété des bovins.
178
Guiera senegalensis
Mitragyna inermis
TABLEAU 53
Composition du fourrage de quelques espèces arborées
Anogeissus leiocarpus
feuilles vertes (% MS) (3) - 7,87 15,65 9,02 0,49 2,652 0,093 - - 28,5 -
A vicennia africana
jeunes feuilles (2) 24,65 15,78 21,50 18,39 0,77 0,312 0,218 0,627 1,55 1,43 0,49
Balanites aegyptiaca
jeunes rameaux (1) 89,35 7,78 31,85 7,67 0,25 1,27 0,064 0,28 2,33 19,9 4,55
jeunes feuilles (2) 32,60 22,23 17,20 16,72 2,03 1,98 0,121 0,516 2,02 12,6 3,8
feuilles sèches au sol (4) 95,85 7,42 15,25 15,o 3,lO 3,7 0,034 0,340 0,88 108,O 10,8
pulpe et peau du fruit (2) 68,45 Il,21 10,15 8,08 0,16 0,18 0,123 1,369 3,70 1,46 0,13
Bauhinia reticulata
jeunes feuilles (4) 25,0 13,37 16,35 4,26 0,28 0,38 0,223 0,115 1,32 1,72 3,34
gousses sèches (2) 97,0 5,61 27,65 4,46 0,18 0,36 0,158 0,112 1,55 2,32 3,27
Bauhinia rufescens
jeunes rameaux feuillés (2) 12,60 12,98 19,15 7,78 1,14 1,651 0,148 0,352 0,85 Il,1 4#7
gousses sèches (2) 93,75 12,15 22,0 3,93 0,22 0,438 0,205 0,211 1,02 2,14 2,08
Boscia senegalensis
feuilles vertes jeunes (2) 53,50 25,52 22,95 69 1,3 0,490 0,095 0,405 3,82 4,41 1,7
feuilles vertes âgées (5) 5760 27,33 23,10 8,50 2,29 0,765 0,070 0,470 1,20 10,9 1,63
jeunes pousses feuillées (4) 40,60 35,13 15,20 6,18 0,39 0,261 0,198 0,185 2,lO 1,32 1,41
fruits (1) 88,20 17,13 10,55 4,47 0,39 0,ll 0,078 0,074 1,46 1,41 1,49
Combretum glutinosum
jeunes feuilles vertes (II 32,0 13,o 12,13 65 1,78 0,39 0,205 0,29 154 1,90 1,34
Combretum micranthum
fruits secs (% M.S) (3) - 12,02 29,0 5,07 0,82 0,329 0,147 - - 2,24 -
Grewia bicolor
feuilles sèches sur l’arbre (1) 94,45 14,48 16,lO 9,82 1,48 2,26 0,110 0,45 0,57 20,5 5,04
feuilles sèches au sol (2) 84,20 7,37 17,80 14,2 x0 3,77 0,089 0,662 0,81 42,5 5,7
fruits (1) 86,05 4,92 13,o 9,24 0,12 0,92 0,144 0,20 0,80 6,4 4,6
(1) I.E.M.V.T. (2) AUDRU (3) FOTIUS et VALENZA (41 BOUDET (5) BOUDET et LECLERQ
TABLEAU 54
Composition du fourrage de quelques espèces arborées
~-
Matière
Espèces M.S. M.A.8. Cellulose lns. HCL Ca P ~ Mg K CalP Ca/Mg
minérale
Guiera senegalensis
feuilles en saison sèche (1) 95,5 9,27 21,95 6,22 1,58 0,86 0,118 0,41 1,07 7,3 Zl
extrémités fleuries (4) 33,6 Il,65 22,05 5,lO 0,33 0,477 0,166 0,244 1,37 2,87 13
fruits (1) 89,90 14,47 32,40 6,70 2,52 0,68 0,212 0,32 0,88 3,20 2,12
jeunes pousses après le feu (5) 37,85 15,40 28,85 5,02 0,64 0,686 0,176 0,228 0,97 33 W
Maerua crassifolia
feuilles vertes (1) 13,o 20,65 7,95 14,52 1,43 2,06 0,120 0,98 2,42 17,2 2,lO
feuilles et gousses (1) 44,0 23,40 10,20 17,48 2,83 2,49 0,113 0,85 3,16 22 23
Mitragyna inermis
feuilles vertes janvier (2) 36,70 17,23 14,o 9,18 1,77 1,56 0,116 0,648 1,06 13,5 2,4
feuilles vertes juin (2) 34,75 12,90 12,5 13,Ol 4,78 0,83 0,126 0,550 1,60 w 1,5
Prosopis juliflora
gousses sèches (2) 84,3 8,67 19,15 3,23 0,ll 0,182 0,131 0,111 1,21 1,39 1,64
jeunes rameaux et feuilles (1) 38,1 13,72 22,90 15,88 0,86 4,20 0,135 0,56 0,83 31,2 7,5
Pterocarpus erinaceus
jeunes feuilles (4) 26,8 16,9 24,4 7z6 0,4 0,56 0,22 0,42 2?7 2*54 1,33
jeunes fruits (4) 20,6 14,3 29,4 82 0,7 0,61 0,26 0,44 23 2,38 1,41
Pterocarpus lucens
feuilles sèches au sol (5) 42,4 19,4 25,6 7,3 0,3 1,30 0,156 0,40 1,63 8,35 3,26
feuilles âgées (5) 94,9 14,9 24,0 6,4 (X6 'l,46 0,075 0,469 0,78 19,5 3,12
Salvadora persica
feuilles vertes (1) 39‘2 10‘32 9,6 35,8 2,36 7,24 0,082 9.42 1,69 88,O 0,76
feuilles vertes et jeunes
rameaux (1) 27,4 16,27 14,85 30,2 0,5 6,01 0,118 4,750 2,14 50,9 1,26
Tamarindus indica
feuilles vertes février (2) 32,05 Il,70 17,05 8,99 1,34 2,117 0,105 0,562 0,78 20,l 3,76
vieilles feuilles juin (2) 88,65 4,79 16,90 3,19 1,88 3,354 0,044 0,456 0,49 76,0 7,35
Ziziphus mauritiana
jeunes feuilles (2) 47,05 13,15 1450 10,17 1,52 2,492 0,136 0,463 0,72 18,3 5,37
rameaux feuillés (3) 92,60 12,o 20,65 7,90 0,72 1,91 0,150 0,330 0,90 12,75 5,89
fruits (1) ~ 81,45 60 18,45 3,73 0,25 0,30 0,110 0,110 1,54 2,73 2,73
TABLEAU 55
i
U.F. M.A.D. U.F. M.A.D. M.A.D.
ESPECES
vert sec U.F.
Balanites aegyptiaca
jeunes feuilles (11 0,25 59,0 0,77 181,O 236
feuilles sèches au sol (21 0,90 35,6 0,94 37,8 39
pulpe et peau du fruit (11 0,77 49,2 1,12 72,0 64
Boscia senegalensis
feuilles vertes (11 0,48 110,7 0,88 218,O 230
jeunes pousses feuillées (21 0,43 122,o 1,06 54,2 285
feuilles vertes âgées (31 0,46 134,o 0,80 232,5 290
Grewia bicoior
feuilles vertes (31 0,36 56,0 0,80 145,o 156
feuilles sèches au sol (11 0,75 30,9 0,89 367,5, 41
Guiera senegalensis
extrémités fleuries (21 0,27 25,2 0,80 74,8 93
jeunes pousses après le feu (31 0,28 42,8 0,74 113,o 150
Maerua crassifolia
jeunes feuilles (41 0,41 92,2 0,94 211,o 225
Mitragyna inermis
feuilles vertes (1) 0,38 47,3 1,03 129 125
jeunes rameaux feuillés (5) 0,31 44,0 0,81 117 144
Salvadora persica
jeunes rameaux feuillés (4) 0,17 32,9 0,62 120 193
Ziziphus mauritiana
feuilles vertes (1) 0,47 42,3 1 ,o 91 91
jeunes feuilles (3) 0,47 64,5 1,09 150 137
(1) AUDRU
(2) BOUDET
(3) BOUDET et LECLERQ
(4) PEYRE de FABREGUES
(51 DIALLO
SALVADORA PERSICA
Espèce panafricaine sahélo-saharienne, Salvadora persica est un arbuste sarmenteux pouvant atteindre 4
à 6 m de haut, souvent buissonnant ou rampant, aux branches tortueuses, aux longs rameaux flexibles, élancés
ou retombants. Elle est aisément reconnaissable par ses rameaux blanc-verdâtre, ses feuilles opposées, épaisses,
à l’aspect charnu, vert glauque, sempervirens, ses panicules de petites fleurs jaunâtres et ses haies sphériques de
6 mm de diamètre, rouges à maturité.
Elle est assez commune dans le Nord du Sénégal, sur les berges du fleuve et sur les sols sabla-argileux du
Delta. Les feuilles, les extrémités des rameaux, les fleurs sont recherchées par les bovins, les ovins, les caprins
et les chameaux. D’après AUDRU (19661, le taux de cellulose, la teneur en matières minérales totales, le pour-
centage de calcium du feuillage sont identiques de janvier a juin mais les matiGres protéiques digestibles
,
182
diminuent de moitié pendant la saison sèche. Les rameaux sont utilisés comme cure-dents et, dans certaines
régions, on incinère le bois pour en extraire un sel très apprécié pour la cuisine.
L E S ZIZYPHUS
Les Zizyphus sont des Rhamnacées communes dans le domaine sahélien. On a dénombré environ 80 espè-
ces dans les régions tropicales et subtropicales mais il en existe d’autres dans les régions méditerranéennes et
tempérées. CI-IEVALIER suppose que les Jujubiers à fruits comestibles furent cultivés alors que les céréales
étaient encore inconnues, ce qui expliquerait leur vaste dispersion actuelle. Caractérisés par des épines aiguës,
groupées par paire, l’une dressée en aiguillon, l’autre recourbée, par des feuilles simples, alternes, trinervées à la
base et souvent finement crénelées, par des rameaux changeant de direction à chaque nœud, par de petites
inflorescences axillaires, ce So:it soit des arbrisseaux buissonnants, soit des arbustes sarmenteux, soit de petits
arbres. Les feuilles vertes sont très prisées par les moutons, les chèvres et les chameaux mais elles sont inac-
cessibles aux bovidés à cause des épines. Les ovins et les caprins sont très friands des fruits.
Le bois représentant l’élément noble de l’arbre, les profanes ont souvent tendance à établir une classifica-
tion entre les essences forestières qui est basée exclusivement sur leurs utilisations dans l’ébénisterie, dans la
menuiserie, dans la construction et dans diverses industries consommatrices de ce matériau.
Les autres parties de l’arbre, feuilles, fruits, écorce, racines, sève, exsudations, demeurent en général
méconnues. Pourtant, nombre de ces produits accessoires sont largement utilisés dans l’artisanat africain et
certains d’entre eux sont recherchés par la technologie moderne, pouvant ainsi contribuer au developpement de
pays considérés comme n’étant pas forestiers.
L’écorce d’/Wansonia digitata dont les fibres permettent de confectionner des cordages fait au Sénégal
l’objet d’une exploitation dans presque tous les villages et d’une commercialisation contrôlée portant sur 10 6
20 T/an. Nous avons vu que la gomme M’Bepp, exsudde par Stercuba setigera, était demandée par l’industrie
pharmaceutique et que le baume-cajou, sous-produit de décorticage de la noix de I’Anacardium occidenta/e,
trouvait de nombreux débouchés dans l’industrie,
Nous étudierons quatre espèces forestières dont les produits accessoires ont joué ou continuent a jouer
un rôle important dans l’économie rurale sénégalaise.
186
1 - ACACIA NILOTICA
L’espèce dont on trouve au Sénégal les variétés romentosa et adansonii a été décrite dans l’étude sur les
arbres fourragers. La paroi de la gousse contient à maturité 20 à 22 % de tanin doux qui permet de préparer
des cuirs souples et clairs qui fixent bien la
teinture. La qualité des fruits cueillis verts
est nettement supérieure à celle des gousses
mûres car, à poids égal, ils possèdent deux
fois plus de tanin et ils renferment deux fois
moins de graines dont les matières amyla-
cées, génératrices de fermentations, doivent
être éliminées de la solution tannante. La
floraison intervient entre les mois d’atit et
d’octobre, Les gousses se développent en
décembre: elles restent vertes jusqu’en
février puis mürissent en mars et avril.
BELLOUARD (1948) évalue la production
d’un arbre d’une quinzaine d’années à 4 ou
5 kg de fruits par an.
La variété adansonii, le Neb-neb, bien que présente dans les dépressions temporairement inondées du
domaine sahélien et sur presque tous les sols argileux du domaine soudanien, forme rarement des peuplements
importants. Les gousses ne peuvent donc faire l’objet que d’un ramassage très localisé, le plus souvent pour
satisfaire les besoins des collectivités rurales.
Les fruits de l’Acacia ni/otica, traditionnellement utilisés pour le tannage en Afrique tropicale sèche,
furent exportés en France au cours de la guerre 1914-1918 pour remplacer le québracho, tanin tiré d’arbres
d’Amérique du Sud. La demande cessa dès la fin des hostilités, le produit sénégalais, mal conditionné et sur-
tout composé de gousses sèches ramassées à terre, ayant été considéré par les utilisateurs comme une substan-
ce tannante de peu d’intérêt. Les exportations reprirent entre 1942 et 1947 avec environ 700 T par an puis
elles furent abandonnées dès que le québracho réapparut sur le marché.
187
La collecte porte aujourd’hui sur 15 à 50 T par an qui sont utilisées par l’artisanat sénégalais (Tab. 56).
La création de deux tanneries-mégisseries envisagée à Thiès et ZI Dakar par la Direction de l’Industrie devrait
permettre de relancer le ramassage des gousses de Gonakié dans la région du Fleuve. Il faudra toutefois impo-
ser dès le départ un conditionnement sérieux des fruits sinon les industriels demanderont rapidement ZI impor-
ter des extraits tannants.
TABLEAU 56
On nomme Gommiers deux Mimosacées voisines, Acacia senega/ et Acacia /aeta que BENTHAM classa en
1875 dans le groupe des Vulgares. La première fut décrite par WILLDENOW en 1805, la seconde par BROWN
en 1814. Ce sont des arbres de petites dimensions dépassant rarement 6 m de hauteur et 30 cm de diamètre
dont les branches très ramifiées, ascendantes puis étalées, sont en général très rameuses dès la base. Leur lon-
gévité ne semble pas être supérieure à 25 ou 30 ans
L’écorce des jeunes sujets est lisse, blanchâtre chez Acacia senega/, gris verdâtre chez Acacia /aeta d’où la
distinction faite par les Arabes du Tchad qui désignent le premier sous le nom de ((Kittir abiod)), Gommier
blanc, le second sous le nom de ((Kittir azarach)), Gommier noir. Le rhytidome des deux espèces devient
rugueux, crevassé et noirâtre avec l’âge.
Les feuilles, composées bipennées, de couleur gris-vert, sont groupées en petits fascicules de 2 $I 5 et le
rachis, finement pubescent, porte une glande légèrement proéminente vers la base. Chez Acacia semga/, les
feuilles présentent 2 $I 6 paires de pinnules et 6 r+r 15 paires de foliolules ovales arrondies aux deux extrémités,
larges de 1 h 2 mm, longues de 3 ZI 6 mm. Les foliolules de I’Lkacia Iaeta, au nombre de 3 à 5 paires, sont
beaucoup plus larges, elliptiques ou obovées elliptiques. On rencontre toutefois fréquemment des formes de pas-
sage entre les feuilles des deux espèces, tant au point de vue largeur que nombre de foliolules, surtout dans les
zones où les deux Gommiers cohabitent si bien qu’AUBREVlLLE (1950) a émis l’hypothèse que des hybrida-
tions seraient possibles.
188
Les gousses renferment 3 à 8 graines orbiculaires très comprimées, lenticulaires, larges de 7 à 9 mm qui
demeurent fixées à la valve pendant plusieurs semaines après l’ouverture de la gousse avant de tomber à terre.
On compte environ 12.000 graines d’Acacia senega/ dans un kilogramme. Ce chiffre ne constitue toute-
fois qu’une approximation car, à la suite d’une collecte effectuée dans l’aire de distribution, nous avons enre-
gistré des différences importantes entre les stations où les semences avaient été récoltées, allant de 19.500 grai-
nes pour une provenance de Niamey à 10,500 graines pour une origine du Soudan. Les graines d’Acacia /aeta
sont un peu plus grosses. On en trouve environ 9.500 dans un kilogramme.
Les Gommiers sont des arbres caractéristiques du Sahel. On les rencontre également en Arabie et dans le
désert du Sind, en Inde. Ils occupent en Afrique une large bande au Sud du Sahara qui va de l’Océan Atlanti-
que à la Mer Rouge. Commençant entre les 18“ et 14’ parallèles en Mauritanie et au Sénégal, l’aire s’incline
d’Ouest en Est pour descendre entre les 14’ et II” parallèles au niveau du Lac Tchad puis elle remonte légère-
ment dans le massif du Ouaddaï pour s’infléchir ensuite au Soudan, en Ethiopie, en Somalie, au Kenya et en
Tanzanie.
Acacia senegai est présent partout dans la zone. Les principaux peuplements, ceux qui sont susceptibles
d’une exploitation en raison de leur densité ou de leur étendue, se rencontrent :
189
- en Mauritanie, sur les dunes anciennes du Trarza et du Braknapuis dans I’Assaba et I’Affolé;
- au Sénégal, dans le nord du Ferlo sur d’anciennes dunes;
- au Mali, au nord de la ligne Yélimane-Nioro-Nara et dans la boucle du Niger;
- au Niger, dans le Manga;
- au Nigéria, dans le Bornou et au sud de la Komadougou;
- au Tchad, dans le Kanem, le Bathna et le Ouaddai;
- au Soudan, dans le Kordofan, les provinces de Kassala et du Nil bleu, le Darfour.
On trouve Acacia /aeta en Somalie, en Ethiopie, au Soudan, au Tchad et au Niger. Il ne semble pas dépas-
ser vers l’Ouest les falaises de Bandiagara au Mali. Bien qu’AUBREVlLLE (1950) ait signalé entre Nouakchott
et Akjoujt, sur l’extrême limite septentrionale des Gommiers, un pied d’Acacia nettement différent de tous
ceux qui constituaient le peuplement et qui se rapprochait beaucoup de l’Acacia Iaeta, il est admis que l’espèce
n’existe ni au Sénégal ni en Mauritanie. Elle a été introduite $I partir de 1966 par le C.T.F.T. dans différents
Points d’essais au Sénégal.
Nous mentionnerons une espèce voisine, Acacia me//ifera, bien qu’elle n’exsude pas de gomme. Les fores-
tiers anglais travaillant au Soudan ont en effet émis l’hypothèse que l’Acacia /aeta pourrait être un hybride des
Acacia senega/ et me//ifera, sa formule chromosomique étant intermédiaire entre les deux autres. On ne le ren-
contre pas dans l’Ouest africain; il s’arrête sur la rive orientale du lac Tchad.
L’aire des Gommiers est comprise entre tes isohyètes 250 et 750. Toutefois les peuplements naturels les
plus importants sont situés dans des stations où les précipitations annuelles atteignent 300 h 400 millimètres
répartis entre juin et septembre, avec une moyenne de 20 a 25 jours pluvieux.
Dans cette zone les températures annuelles moyennes sont voisines de 37’C pour les maxima et de 20°C
pour les minima, l’indice d’aridité de DE MARTONE est compris entre 7,5 et 12,4, le déficit de saturation est
très elevé pendant la saison sèche, l’harmattan souffle avec violence durant plusieurs mois. Il est possible qu’il
existe une corrélation entre température et pluviosité car les Gommiers situés dans les portions les moins arro-
sées de l’aire sont soumis aux températures maximales les moins élevées.
Les arbres sont fort bien adaptés h la sécheresse. Ils peuvent résister à des années particulièrement défi-
citaires en eau mais l’expérience de la récente phase de sécheresse qui a marqué le Sahel a prouvé qu’ils étaient
alors très vulnérables. La régénération est d’autre part liée à une bonne distribution des pluies au cours de
l’été.
Dans l’Est du Tchad où les trois Gommiers sont présents, on ne les rencontre jamais en mélange. Acacia
senega/ occupe les (<gos)), dunes anciennes fixées; Acacia /aeta apparaît dès que le terrain s’abaisse et se main-
tient jusqu’en bordure des ((regw puis Acacia me//ifera subsiste seul sur les sols soumis périodiquement a
l’inondation.
Nous avons tenté de definir le terrain convenant à chacune des espèces a partir de l’étude pédologique
effectuée par l’O.R.S.T.0.M. au Tchad sur les feuilles d’Abéché, Biltine et Oum Hadjer (PIAS - 1964).
Acacia senega/ colonise les sols steppiques des séries sableuses anciennes et récentes. Ce sont des sables à
dominante grossière, quartzeux avec quelques éléments de feldspath, pauvres en matière organique et en azote.
Les taux d’argile et de limon, très faibles dans les horizons supérieurs, ne dépassent jamais 10 % en profon-
deur. La perméabilité demeure toujours élevée et la vitesse d’infiltration en cm/h, mesurée par la methode de
MUNTZ, est voisine de 95. Les pH, légèrement acides ou neutres en surface, deviennent acides en profondeur.
Enfin le complexe absorbant est pauvre : la somme des cations dépasse rarement 2,5 meq %, Ca reprksentant
60 $I 70 % des bases Echangeables.
190
Acacia /aeta se rencontre surtout sur des sols jeunes peu évolués dont la texture est très variable mais qui
sont toujours de nature argile-sableuse. Bien que ces sols soient compacts et à forte cohésion, la présence
d’éléments de roche plus ou moins grossiers leur assure une certaine perméabilité et la vitesse d’infiltration
varie de 4,7 à 3,8 cm/h. En général, les pH sont voisins de la neutralité ou légèrement alcalins et les taux en
matière organique et en azote, quoique faibles, demeurent plus élevés que ceux des sols steppiques. Bien pour-
vu en éléments échangeables parmi lesquels Ca domine, le complexe absorbant est voisin de 20 meq %.
Acacia me//ifera occupe des ((regs)) argile-sableux ou des sols alluviaux peu évolués. Ce sont des zones
inondées une partie de l’année dont la teneur en limon et en argile dépasse 30 % quel que soit l’horizon. Le
pH demeure franchement alcalin. Les taux en matière organique et en azote sont assez élevés et les bases
échangeables très importantes.
Les exigeantes des trois Acacia vis à vis du sol ne constituent pas une règle absolue. C’est ainsi qu’au
Soudan, Acacia senega/ se développe fréquemment sur des terrains argileux. On constate toutefois que dans ces
zones la pluviosité est plus forte que dans les stations où les peuplements sont implantés sur des sols sableux.
On appelle gomme des substances hydrocolloïdales de poids moléculaire élevé qui, en présence d’un sol-
vant ou d’un hydrolysant, produisent des gels, des suspensions ou des solutions à forte viscosité dont la teneur
en matière sèche est faible. On les classe en trois catégories : les gommes naturelles, les gommes semi-synthéti-
ques ou gommes naturelles modifiées, les gommes synthétiques.
La gomme arabique est composée de sels de potassium, de calcium, de magnésium et d’un acide glucosi-
dique a haut poids moléculaire, l’acide arabique. Elle renferme comme impuretés des sucres et une enzyme,
l’oxydase. Les solutions se comportent comme des liquides ((Newtoniens)) jusqu’à une concentration (poids/volu-
me) d’environ 20 %, ce qui laisse supposer que la molécule est sans doute pratiquement isodiamétrique, proba-
blement une spire courte (SHOTTON - 1972).
Elle est un bon agent émulsifiant pour fixer les huiles et la paraffine d’où ses utilisations dans les indus-
tries alimentaires, en pharmacie, dans la fabrication des cosmétiques, pour la préparation des peintures et des
encres d’imprimerie. Ses principales qualités sont d’être sans odeur, sans goût et apparemment atoxique par voie
orale. Elle présente toutefois l’inconvénient de constituer en solution un excellent substrat pour le développe-
ment de micro-organismes.
La physiologie de la formation de la gomme arabique est complexe et demeure encore assez mal connue.
La sécrétion serait la conséquence d’une dégénérescence cellulaire due 2 une altération du cambium, du liber,
des rayons médullaires, parfois même de la moelle. La première modificationapparaît dans la partie vivante du
liber : les membranes des cellules s’épaississent, les cavités centrales diminuent progressivement puis il se forme
une poche dont les tissus diffluents prennent une consistance gommeuse.
Les lacunes s’étendent de plus en plus et lorsqu’elles atteignent la surface de la tige, la gomme s’échappe,
soit que l’écorce se fissure sous l’effet de la pression soit qu’il existe une solution de discontinuité. Elle s’écoule
alors en vermicules, petites larmes contournées sur elles-mêmes qui sortent comme la vaseline d’un tube, ou
sous forme d’un liquide visqueux qui prend l’apparence d’une sphère en séchant.
L’exsudation naturelle résulte le plus souvent d’un traumatisme provoqué par le vent, la sécheresse, les
particules siliceuses entraînées par le vent, l’homme, les animaux domestiques et sauvages, les insectes, les
plantes parasites. Il est possible qu’une infection microbienne ou mycosique succède à la blessure et déclenche
le processus de formation de la gomme mais aucune recherche n’a encore été entreprise dans ce domaine.
Tous les Acacia senega/ et /aeta n’exsudent pas, soit qu’ils n’aient pas été traumatisés, soit que l’écorce,
plus résistante, les ait préservés, soit enfin que le milieu s’avère défavorable 61 la sécrétion. D’après PERROT
(1944), les Gommiers ne coulent pas lorsque le sol conserve une certaine fraîcheur, le rôle de la gomme étant
191
Fig. 24
10.000
9.000
8.O00
6.000
5.000
4aoo
3.000
2.000
1 .ooo
1955 1965
l l l l l l l l l l l l l l r 1 l l l l l l l l l l l 1 l
l l l l 1 1
4950 4960 1970
192
de les protéger d’une évaporation nefaste à leur survie. Nous constatons au Sénégal que les Verecks ne sont pas
producteurs dans les stations proches du littoral où l’état hygrométrique demeure élevé et que, dans la zone
continentale, si une pluie survient en janvier ou en février alors que la sécrétion a commencé, l’exsudation
s’arrête pendant plusieurs semaines, parfois même jusqu’à la fin de la saison sèche.
L’exsudation est vraisemblablement liée aux précipitations de l’année précédente. LOUVET écrivait déjà
en 1876 que, d’après les Maures, il faut que l’été ait été réellement pluvieux et court pour qu’il y ait abondan-
ce de gomme pendant la saison sèche suivante puis que de fortes séries de vent d’Est se fassent sentir en décem-
bre et en janvier, sans être coupées par de petites pluies ou même par de fortes rosées. Au Sénégal, les éleveurs
prétendent que les Gommiers dont la cime est bien verte pendant l’été se montrent bons producteurs six mois
plus tard. Partout, on mentionne qu’une invasion de criquets et le passage d’un feu itinérant en début de pério-
de sèche compromettent la récolte.
Les boules obtenues par la saignée, souvent plus grosses que celles issues de la sécrétion naturelle, peuvent
atteindre la taille du poing. La production par arbre demeure toutefois très variable,, On a signalé au Soudan
des Verecks donnant jusqu’à 10 kg de gomme mais, même dans ces peuplements, on rencontre des individus
qui n’exsudent jamais, quel que soit le nombre de mutilations qu’on leur impose. De même, toutes les bran-
ches ne produisent pas de la gomme sur un Acacia bon producteur et il est impossible de déceler à l’avance
celles qu’il faut soumettre au tapping.
Les plus forts rendements s’observent sur des arbres de 7 à 15 ans. Au Kordofan où il n’est pas rare de
récolter 10 à 15 boules par Acacia, on évalue la production moyenne à 200 g par pied. Des enquêtes effec-
tuées en 1945 et en 1946 dans le Trarza semblent montrer qu’en Mauritanie les arbres productifs donnent envi-
ron 100 g et que la proportion des Gommiers saignés qui exsudent ne dépasse guère 25 % du peuplement
(8ELLOUARD - 1949). Des essais de provenances et des recherches sur l’amélioration génétique des meilleurs
origines paraissent donc indispensables si on veut accroître la production dans l’Ouest africain.
En augmentant le nombre des cares sur un Acacia et en pratiquant une saignée précoce au début de la
saison sèche puis un raffraîchissementdes cares trois mois plus tard, on arrive à doubler, parfois même ZI tri-
pler la production. Un tapping trop poussé ou entrepris sur des arbres trop jeunes épuise toutefois les Acacia,
entraînant souvent leur mort. C’est ainsi qu’en Mauritanie et au Sénégal des peuplements entiers ont disparu au
debut du siècle.
L’emploi d’hormones pour détruire des parasites sur certains arbres fruitiers, le cerisier notamment, ayant
provoqué des phénomènes de gommose dans les régions tempérées, on tenta en 1959 à Linguère d’accroître
l’exsudation de l’Acacia sene@ en pulvérisant divers produits sur des Gommiers. Les essais, réalisés avec
NETRAGONE 600, RHODIA 600, NETRAZOL double et TROPOTONE n’augmentèrent pas la sécrétion natu-
relle et les arbres qui furent soumis au tapping après traitement exsudèrent moins que les sujets témoins. Il est
toutefois possible que d’autres substances, en particulier certains défoliants récemment mis au point aux U.S.A.,
aient une action efficace.
Les usages de la gomme arabique remontent à la préhistoire. Elle constituait une des mannes dont se nour-
rissaient les populations du Sahara à l’âge de pierre (CHEVALIER - 1924). Elle continue à faire l’objet
193
d’échanges dans l’aire de distribution des /Acacia senega/ et /ae&, Le Service forestier évalue $I environ 590 T/an
les quantites qui sont autoconsommées au Sénégal les années où la récolte est bonne. L’exsudation du Gom-
mier semble être encore plus utilisée en Mauriianie. Les populations nomades l’emploient pour confectionner
le N’dadzaila, mélange de gomme grillee et pilée avec du beurre et du sucre ou elles s’en servent pour rempla-
cer le lait en la faisant dissoudre dans de l’eau sucrée. D’après MS S. Ould M’KHAITIRAT (1959), la médecine
traditionnelle continue a la considérer comme une panacée, un hadith du Prophète ayant décrété que ((le remè-
de en toute chose est dans la gomme)). On l’utilise seule ou incorporée au laii, au sucre, au Séné, 2 de la sali-
ve, avec de la limaille de fer et même avec des poils de jeunes chameaux. Elle permet de soigner la migraine, la
furonculose ou les fractures. En Europe, à la fin du XVIIe siècle, on lui attribuait du reste des vertus curati-
ves analogues. Le Père LABAT, cité par DELCOURT (19521, écrivait ((les médecins prétendent qu’elle est pec-
torale, anodine et rafraîchissante, qu’elle est propre à guérir le rhume après qu’on lui ait donné une teinture de
réglisse ou de sucre d’orge, qu’elle est spécifique pour arrêter les flux de sang, les dysenteries et même les
hémorragies les plus obstinées)). L’artisanat africain l’emploie également pour la préparation de la colle, de
l’encre, de la teinture, de la peinture et même des pommades avec lesquelles les jeunes filles se lustrent les che-
veux les jours de fête,
Les industries alimentaires absorbent actuellement environ 80 % des tonnages de gomme arabique impor-
tés en Angleterre, 70 % aux Etats-Unis et en République Fédérale d’Allemagne, 60 % en France.
Le principal secteur d’utilisation est constitué par la confiserie. La gomme retarde ou empêche la cris-
tallisation du sucre; elle intervient comme émulsionnant, maintenant une distribution homogène des matières
grasses et empêchant les glycérides de remonter à la surface; elle possède un pouvoir épaississant et est employée
comme additif pour la fabrication de la gomme a mâcher et des pastilles; elle sert a préparer certains produits
coulés en raison de sa faible viscosité; elle intervient comme fixateur et émulsionnant d’arômes lyophilisés, sup-
primant leur oxydation et leur évaporation ainsi que l’absorbtion de l’humidité atmosphérique.
Ses propriétés stabilisatrices et épaississantes sont mises à contribution pour entretenir la dispersion des
matières solides dans le lait chocolaté, de l’air dans les crèmes fouettées, des graisses dans les assaisonnements.
Empêchant l’agglomération des petites particules dans la phase de dispersion, elle intervient dans la fabrication
de la bière et parfois pour la clarification des vins.
Certains usages de la gomme arabique en pharmacie sont connus depuis longtemps. On l’emploie comme
adhésif ou comme liant pour la fabrication de comprimés et comme ingrédient dans la préparation de dragées
et d’emplâtres. Ses propriétés adoucissantes et émollientes ainsi que sa faculté d’empêcher la cristallisation des
sucres sont retenues pour la confection de pastilles et de sirops. Elle fut utilisée pour le traitement des hypo-
tensions consecutives à des hémorragies et à des chocs opératoires mais elle a été supplantée par les plasmas
sanguins et leurs succédanes.
Elle intervient dans la conservation de la vitamine A dans les margarines vitaminées. Elle sert a stabiliser
la vÏtamine C en solution acqueuse. Elle est employée pour la préparation de laxatifs a prendre par voie buccale
ou anale. Elle represente enfin l’un des meilleurs agents émulsionnants et anti-précipitants pour les suspensions
de calamine et de kaolin, pour les émulsions de vaseline et d’huile de foie de morue, pour les préparations de
suspensions stables et non précipitantes de magnésie.
194
La gomme arabique est employée comme base de substances chimiques photo-sensibles pouvant former
des images sur plaques lithographiques. Elle sert également a l’apprêt des plaques métalliques de façon à ce que
celles-ci ne repoussent pas les encres lithographiques durant l’impression puis pour la protection des plaques
contre l’oxydation et les poussières.
Les emplois de la gomme arabique dans l’industrie des adhésifs sont aujourd’hui très restreints et limités
.
aux produits dans lesquels les amidons et les dextrines, beaucoup moins onéreux, n’ont pu totalement la rem-
placer comme les colles pour timbres-poste, les colles de montage, les colles ultra-adhésives ou les colles pour
fleurs artificielles.
Utilisée longtemps pour empêcher l’agglomération des particules de pigments dans les peintures, la gomme
arabique n’est plus employée que dans certaines émulsions de résines vinyliques car elle diminue la résistance a
l’eau des peintures en émulsion acqueuse.
Elle trouve des applications comme antiprécipitant dans la fabrication d’encres lavables à l’eau, d’encres
à séchage rapide, d’encres émulsionnées ou typographiques.
La gomme arabique dont, il y a 30 ans, 25 % des tonnages commercialisés étaient utilisés pour l’apprêt
des fibres textiles et des papiers a été supplantée dans ces industries par les dextrines.
La gomme arabique était déja commercialisée dans l’ancienne Egypte où on l’utilisait à divers travaux de
collage, en particulier pour la préparation des bandelettes servant à protéger les momies. Les hiéroglyphes la
représentent par un signe se lisant Komi dont le copte a fait Kome, le grec Koumi et le français gomme.
Elle fut vraisemblablement introduite en Europe au moment des croisades et son commerce donna rapi-
dement lieu à un tel trafic que Philippe VI de VALOIS y trouva matière à taxation en 1349. Seul, le Moyen-
Orient la produisit jusqu’à la fin du XVe siècle. Récoltée au Soudan, elle transitait en Arabie, d’où son nom,
ou elle était exportée par des ports sous contrôle turc, parfois même par Bombey, ce qui lui valut d’être appe-
lée ((gomme turque)) ou ((gomme arabique des Indes Orientales)).
Des marins dieppois et portugais la découvrirent sur la côte occidentale d’Afrique. L’histoire du Sénégal
et de la Mauritanie lui sera associée durant trois siècles. Elle engendrera des conflits sanglants et sa commer-
cialisation donnera à l’économie de traite qui caractérise la période coloniale son style et son vocabulaire. Hol-
landais, Anglais et Français se disputèrent tour à tour le privilège du marché.
Les principaux points de traite de la Compagnie du Sénégal qui avait obtenu le monopole des achats au
XVIIIe siècle étaient Saint-Louis, l’Escale du désert à 100 km en amont sur le fleuve, Podor et les localités voi-
sines du Coq et du Terrier Rouge. Les tonnages échangés, variables selon les conditions météorologiques et
l’état de guerre entre les tribus maures, comme d’ailleurs entre les nations européennes, atteignaient 1.000 ton-
nes les bonnes années dont environ 300 tonnes allaient aux Anglais installés à Port-Hendick sur la côte mauri-
tanienne (RELLOUARD - 1949).
Le Soudan anglo-égyptien demeura le principal pourvoyeur de l’Europe jusqu’à la révolte du Madhi qui,
a partir de 1885, suspendit les exportations du Kordofan. Il en résulta une période de splendeur pour la bour-
geoisie saint-louisienne dont les ancêtres avaient ouvert entre 1815 et 1860 des factories dans toutes les esca-
les du fleuve. Les cours passèrent de 1 franc le kilogramme $I 2 francs puis à 350 francs. La ville de Saint-
Louis se modernisa et s’aggrandit, ses habitants menèrent une vie cossue (S. AMIN - 1969).
195
Les exportations du Soudan continuèrent à croître entre les deux guerres mondiales pour atteindre
30,000 tonnes, alors que celles de l’ensemble de l’A.0.F. demeuraient inférieures à 6.000 tonnes. Bien que ce
tonnage soit en deçà des besoins de l’industrie française, le produit de l’Afrique Orientale avait acquis une tel-
le reputation auprès des utilisateurs que la France dût établir un jumelage assortissant l’entrée en métropole
d’un kilogramme de gomme du Kordofan à celle de trois kilogrammes en provenance de ses colonies pour en
assurer l’écoulement.
La sécheresse qui marque le Sahel depuis 1968 se traduit par l’épuisement et la disparition de nombreux
peuplements, surtout dans l’Ouest du continent. Malgré un relèvement très sensible des cours offerts aux pro-
ducteurs qui passèrent au Sénégal de 40/60 francs CFA en 1967 à 120/140 francs CFA en 1973 pour dépas-
ser parfois 500 francs CFA en 1974, la récolte a considérablement diminué et il est $r craindre que la situation
ne s’améliore dans les années à venir, à moins que des plantations de Gommiers ne soient rapidement entre-
prises (Tab. 591.
TABLEAU 57
Exportations de gomme arabique entre 1965 et 1970 (en tonnes)
Moyenne
Pays producteurs 1965 1966 1967 1968 1969 1970
1960/62
TABLEAU 58
Importations de gomme arabique en 1968 (en tonnes)
TABLEAU 59
La réduction de l’offre de gomme arabique et surtout la progression des cours vont certainement
entraîner l’apparition massive sur le marché de produits de substitution, gommes semi-synthétiquesvégéta-
les dérivées des amidons ou de la cellulose, gommes synthétiques comme l’alcool polyvinylique (P V AI,
la polyvinylpyrrolidone (P V P) et des polymères d’oxyde d’éthylène ou de carboxyvinyle qui ont déjà
fait leurs preuves dans les industries alimentaires, pharmaceutiques, papetières ou textiles mais qui, jus-
qu’a présent, étaient plus onéreux que la gomme naturelle. Peut-être même des exsudats de faible valeur,
comme celui de l’kacia soya/, ou des sécrétions d’Acacia et de Combretum qui ne sont pas commerciali-
sées actuellement vont-ils remplacer la gomme arabique dans certains de ses usages car il est maintenant pos-
sible de les transformer en laboratoire en produits utilisables dans l’industrie.
Les f3orassus se rencontrent en Afrique tropicale, dans le Sud de l’Asie, dans les îles du Pacifique et de
l’océan Indien. Ils représentent pour BECCARI (1913) l’une des formes archaïques ((des endémiques de conser-
vation)) qui jalonnent l’ancien continent australo-indo-malgache de la période Crétacée. Pour CHEVALIER
(1930), il s’agirait d’une espèce unique au départ et originaire d’Afrique qui aurait été propagée au cours des
siècles par les Bantous à Madagascar, par les Indiens en Asie et en Malaisie. Il est communément admis aujour-
d’hui qu’il existe deux espèces, l’une en Asie, Borassus f/abe//ifer, l’autre en Afrique, Borassus aethiopum.
Le premier botaniste à avoir signalé des Borassus sur le continent africain fut ADANSON. Il les observa
vers 1750 au Sénégal et les baptisa ((Rom) comme les Ouolofs, mot qui, ultérieurement, fut transformé en
Rônier. Dans l’Encyclopédie botanique qu’il publia en 1804, LAMARCK rattacha l’espèce au Borassus de
l’Inde connu depuis longtemps mais, en 1838, MARTIUS dans ((Histoire des Palmiers)) en fit une espèce dis-
tincte, Borassus aethiopum.
Les feuilles de Rônier permettent de fabriquer de multiples objets de vannerie, de sparterie et d’ameuble-
ment. En Asie et dans certaines contrées d’Afrique, elles apportent un revenu qui est loin d’être négligeable aux
populations rurales, permettant à de nombreuses familles de s’adonner à une activité artisanale en dehors de la
saison de cultures. C’est ainsi que dans le département de Tivaouane on trouve d’anciennes palmeraies où les
Borassus sont maintenus par les paysans uniquement pour la production des feuilles et récemment un cours
d’enseignement pratique a été ouvert afin d’améliorer et de moderniser la technique de fabrication de ces
objets qui sont vendus dans tout le Sénégal et même exportés.
198
Chez le jeune Rônier, les feuilles sont réparties tout au long de la tige; chez l’arbre adulte, elles sont
groupées au sommet du stipe en un bouquet plus ou moins développé selon l’état végétatif du palmier. Elles
apparaissent par trois au centre de la couronne mais elles sont repoussées progressivement vers l’extérieur au
cours de leur existence qui dure quatre $I cinq ans. Erigées au début, elles s’inclinent peu à peu et finissent
par pendre quand elles se dessèchent. Elles ressemblent à de grands éventails de 3 à 4 m d’envergure d’où le
nom de flabellifer donné à la première espèce décrite.
Le limbe parvient à une taille définitive très peu de temps après l’épanouissement de la feuille. Il appa-
raît sous la forme d’un fer de lance de 150 cm qui se déploie rapidement. Il est formé de 70 à 80 folioles for-
tement effilées, vert luisant, groupées en éventail au sommet du pétiole, soudées entre elles sur près de la moi-
tié de la longueur. Plus courtes sur le bord qu’au centre, elles décrivent un arc de cercle de plus d’un mètre
entre les pointes extrêmes. La nervation rectinerviée présente une nervure médiane épaisse, saillante sur la face
inférieure avec, sur les côtés, une série de crêtes irrégulières, très fines, plus coupantes que piquantes. Chez les
jeunes feuilles, les crêtes des pétioles et des nervures sont garnies d’une bourre pelucheuse blanc orangé qui tom-
be par simple frottement.
Le limbe sert à couvrir les cases installées dans les champs pendant la saison des pluies. Avec les fibres
allongées et peu lignifiées, avec les nervures souples et coriaces, on tisse ou on tresse des couffins pour l’embal-
lage des fruits et des légumes, des corbeilles à pain et à papier, des sacs à main, des coupes, des chapeaux, des
éventails, etc... Le pétiole dont les faisceaux vasculaires, isolés les uns des autres, sont entourés de fibres ligni-
fiées, procure un matériau léger, flexible et résistant. En le fendant, on obtient des lamelles qui permettent de
confectionner des tables, des chaises, des pliants, des fauteuils, des lits, des berceaux, des cages à oiseaux, des
lampes, des valises, etc...
Il n’est pas possible d’évaluer le tonnage de feuilles de Rônier récolté au Sénégal mais il est certainement
considérable et, cette partie du palmier est beaucoup plus importante pour l’économie que le stipe. Les sta-
tistiques fournies par les rapports du Service forestier qui ne portent que sur les palmes commercialisées et ven-
dues pour l’artisanat font état de 100 a 600 T par an (Tab. 60).
La graine du L3orassus aethiopum contient un albumen très dur susceptible de concurrencer le corrozo
TABLEAU 60
fourni par I%yfe/e&as macr~carp~ en Am&ique tropicale. Elle est plus volumineuse mais elle présente une
cavité intbrieure plus développée. On peut y tailler des objets de grande étendue, ce qui est intéressant pour la
marqueterie et pour la fabrication des touches de piano et des dominos. Le Mali a exporté vers l’Europe entre
1912 et 1920 quelques dizaines de tonnes de noix décortiquées et la palmeraie de Séro, près de Kayes, avait
été affermée pour cette industrie. Le promoteur de l’opération, une femme, avait mis au point un procédé de
préparation qui donnait entière satisfaction aux utilisateurs. A sa mort, en 1920, ses successeurs n’apportèrent
pas les mémes soins au séchage et au triage des noix et l’exploitation périclita. Aujourd’hui,l’industrie des
matières plastiques a remplacé le corrozo et son succédané possible.
Landoiphia heudelotii
4 - LANDOLPHIA HEUDELOTII A. DC
A la fin du XIXe siècle, les forêts de l’Amazonie s’avérant incapables de satisfaire la demande du marché
mondial, toutes les plantes à latex susceptibles d’être utilisées pour la fabrication du caoutchouc furent recher-
chées dans les régions tropicales. Parmi celles-ci, Landolphia heudelotii est l’une des plus intéressantes. Cette
Apocynacée, commune dans les savanes guinéennes se présente sous la forme d’une liane pouvant atteindre
40 cm de diamètre h la base et 30 m de longueur. Elle est pourvue de rameaux pubescents, grêles, enchevêtrés
et de vrilles terminales qui lui permettent de s’accrocher aux branches des arbres. Les feuilles vert foncé, pubes-
centes ZI la face inférieure, sont ovales, arrondies à la base, obtuses au sommet, mesurant 7 cm de long et
3,5 cm de large. Les fleurs blanches, très parfumées, sont groupées en cymes terminales denses. Les fruits sphé-
riques ou piriformes, vert mat pendant la maturation, jaune orangé à maturité, atteignent 5 cm de diamètre.
Ils renferment des graines brun noirâtre au milieu d’une pulpe blanchâtre, sucrée, acidulée et agréable au goût.
Landolphia heudelotii est fréquent en Basse Casamance. On le trouve dans le secteur soudano-guinéen
dans les vallées, les galeries forestières et sur les rebords fracturés des bowé. On le rencontre Egalement dans le
district des Niayes où il garde souvent un port buissonnant, les conditions écologiques nécessaires à son dévelop-
pement étant marginales. Jadis plusieurs maisons de commerce installèrent des sous-traitants à proximité de
marigots en Casamance et engagèrent des Diolas et des Mandjacks venus de Guinée Bissao pour saigner les
((lianes gohines)), La production de latex, estimée à 400 T en 1900, se maintint aux alentours de 1.000 T/an
entre 1904 et 1908 puis elle déclina avec les apports des premières plantations asiatiques d’I-/evea brasiliensis.
Réduite h quelques dizaines de tonnes par an pendant la première guerre mondiale, elle connut une brève
hausse en 1926 puis elle disparut des statistiques en 1929. Il fallut les évènements de 1939 pour relancer tem-
porairement les exportations en 1942.
200
Nous devons signaler que des essais d’introduction d’arbres à latex, en particulier Ficus dastica, Castiha
elastica et Hevea bradiensis, eurent lieu en 1908 A Ziguinchor. Les expérimentations ne furent suivies d’aucune
plantation et nous ignorons tout des résultats obtenus.
CHAPITRE QUATRIEME
En Europe, durant des siècles, la médecine utilisa exclusivement les ((simples)) comme remèdes. A l’épo-
que de Rabelais, les étudiants en chirurgie passaient une grande partie de leur temps à herboriser ou à visiter
les boutiques des ((dragueurs)) ou apothicaires, examinant les fruits, les feuilles, les gommes, les semences ou
((oranges pérégrines)). Les rares produits exotiques qu’on trouvait sur les marchés jouissaient alors de vertus pro-
digieuses et dans ses lettres, Guy PATIN, chroniqueur et médecin du XVIIe siècle, cite le cas d’un Normand
((dessalé)) qui amassa rapidement une fortune considérable en vendant des apozèmes laxatifs préparés par infu-
sion de Séné dans du cidre. La Faculté montrait un tel intérêt pour les plantes médicinales qu’en 1596
HENRY IV fonda à Montpellier le premier jardin botanique.
Les comptoirs établis sur la côte africaine envoyèrent en Europe jusqu’au début du XXe siècle d’impor-
tants lots de feuilles, de racines et d’écorces et, jusqu’à l’indépendance de la Guinée, I’Administration française
propagea le Quinquina dans ce pays. Bien que depuis 25 ans, avec les progrès de la chimie, les produits natu-
rels aient perdu progressivement leur importance dans l’industrie pharmaceutique, il n’en demeure pas moins
que nombre de savants s’intéressent toujours à la pharmacopée. L’UNESCO, dans une étude publiée en 1961
sur les plantes médicinales des régions arides, estime que certaines essences ligneuses pourraient être utilisées
dans la lutte contre l’extension des déserts ou pour la restauration des sols tout en permettant d’obtenir des
alcaloïdes, des huiles essentielles ou des gommes médicinales.
Le médecin représente souvent dans les campagnes africaines un sorcier que le paysan ne va consulter
qu’à la toute dernière extrémité et s’il en a les moyens car les produits pharmaceutiques qui lui seront pres-
crits sont, en général, hors de portée de sa bourse. Il existe par contre dans chaque village un homme ou une
famille considéré comme étant capable de déceler les maladies et de fournir pour chacune d’entre elles un remè-
de qui est toujours extrait de la forêt. On trouve des plantes ou des arbustes doués de pouvoirs curatifs dans
toutes les régions, même dans les moins boisées ou dans celles, comme le Cap-Vert, où la flore primitive a
presque totalement disparu.
Il serait fastidieux de citer toutes les plantes forestières employées dans la pharmacopée sénégalaise. Du
reste, certaines recettes dont la préparation est plus ou moins entachée de magie demeurent l’apanage de quel-
ques familles. Nous ne mentionnerons que les usages les plus courants, persuadés que leur action est souvent
efficace sur l’organisme humain et qu’il serait possible à l’Afrique Noire de devenir, comme l’écrit D. TRAORE
(1965), productrice et exportatrice de produits pharmaceutiques élaborés à partir des plantes au lieu de tout
importer des pays industrialisés. Nous conseillons au lecteur de se reporter à l’excellent ouvrage publié par
KERMARO et ADAM (1974) sur la pharmacopée sénégalaise traditionnelle qui analyse toutes les plantes médi-
cinales et toxiques.
Les vertus curatives des feuilles, des racines et des écorces sont incontestables et la science de guérisseurs
résulte d’une longue expérience ancestrale. Malheureusement, les connaissances des spécialistes ne sont guère
avancées dans ce domaine. PARIS et DILLEMAN (19601 reconnaissent qu’en dehors des plantes médicinales
classiques, souvent officinales, connues et utilisées depuis longtemps, il. reste encore beaucoup à faire pour dres-
ser un inventaire complet des espèces susceptibles d’application thérapeutique. Seul Com!wewm ~icfa~~/wr~,
le Kinkéliba, diurétique puissant, donne encore lieu aujourd’hui au Sénégal à une exportation d’environ 30 T
de rameaux séchés par an. La récolte est faite dans les forêts de la région de Thiès où les peuplements sont
denses.
204
On lutte contre la constipation en prenant des infusions de rameaux feuillus de Sa/vadora persica ou de
feuilles de Cassis obovata, en absorbant une décoction de racines de Cassis sieberiana additionnée de jus de
citron, en buvant de l’eau dans laquelle on a fait macérer des fruits de Ba/anites
aegyptiaca, des feuilles pilées
de Combretum glutinosum, de l’écorce de Syzygium guineense ou de poudre de feuilles d’Acacia nilotica,
variété adansonii.
On nettoie les brûlures avec de l’eau ayant contenu pendant plusieurs heures de l’écorce de Prosopis
africana puis on les saupoudre avec des écorces d’Acacia nilotica, variété adansonii, et de Prosopis africana
finement broyées ensemble. On arrête une hémorragie en aspergeant la blessure avec de la poudre d’écorce de
racines de Ximenia americana, On cicatrise une coupure avec de la poudre d’écorce de Celtis integrifolia. 6n
résorbe un abcès en appliquant un mélange de beurre et de poudre de feuilles sèches de Boscia senegalensis.
Contre l’urticaire, on préconise des bains d’infusion de feuilles de Ficus thonningii ou d’écorce de Poupartia
birrea.
205
Les plantes forestières sont également recherchées pour soigner des maladies moins fréquentes comme la
bilharziose que l’on traite en buvant de l’eau dans laquelle a macére de l’écorce de Tamarindus indica ou un
mélange de feuilles de Guiera senegalensis et de Bauhinia reticulata, comme l’éléphantiasis qu’on badigeonne
avec une mixture de jeunes feuilles de Parkia bigfobosa et de lessive, comme la variole pour laquelle on emploie
des infusions légères d’écot-ce de Khaya senegalensis, comme la tuberculose pour laquelle on préconise de
mâcher des fibres d’écorce d’Acacia nilotica ou d’employer une poudre composée d’écorce de Diospyros mes-
piliformis, de gousses d’Acacia nilotica et de sel gemme.
CHAPITRE CINQUIEME
LE COMBUSTIBLE FORESTIER
209
Une enquête menée en 1958 par la C.I.N.A.M., lors de l’élaboration du premier Plan quadriennal de déve-
loppement, estimait la consommation moyenne de bois à 2 stères par personne et par an. Cette évaluation nous
semble légèrement forcée car, si dans les districts où les arbres sont abondants et où le bois est facile à collec-
ter, les paysans ne l’économisent guère, les populations réduisent leurs besoins au strict nécessaire dans les
régions déboisées et surtout dans les villes où le coût du charbon de bois grève lourdement le budget familial.
Le marché du combustible forestier est loin d’être négligeable dans l’économie nationale. Il a porté en
1972 sur 77.085 stères de bois de chauffage et sur 69.661 tonnes de charbon de bois, soit une progression de
120 % par rapport à 1960. Il représente un chiffre d’affaire voisin de 1 milliard de francs CFA et une rentrée
budgétaire de 90 millions de francs CFA puisque le Service forestier perçoit pour le compte des Domaines une
taxe de 90 francs CFA par stère de bois et de 120 francs CFA par quintal de charbon, lors de l’établissement
des permis de coupe.
-
210
TABLEAU61
Commercialisation contrôlée du combustible forestier au Sénf?gai
(D%pr& les Rapports du Service ForestierJ
(1) On estime qu’il faut en moyenne 1,33 stère de bois pour produire 100 kg de charbon de bois.
211
L’exploitation du combustible forestier se caractérise au Sénégal par des prélèvements effectues exclusi-
vement dans les peuplements naturels et par l’utilisation dans la région du Cap-Vert où il n’existe aucune
forêt exploitable de plus des quatre cinquièmes de la production commercialisée de charbon de bois.
Nous avons relevé dans les Rapports annuels du Service forestier les volumes de bois de chauffage et les
tonnages de charbon de bois commercialisés depuis 1937 afin de suivre l’évolution du marché et de tenter d’en
dégager une tendance pour l’actuelle décennie si, toutefois, une nouvelle source d’énergie ne se substitue pas au
combustible ménager (Tab. 61 et Fig. 24).
On constate tout d’abord un accroissement considérable de la production entre 1940 et 1947, période
au cours de laquelle les importations de charbon minéral et d’hydrocarbures ayant cessé, les usines et les
trains durent fonctionner au bois, les véhicules automobiles au charbon de bois. On vit alors d’importants chan-
tiers de coupe et de carbonisation s’ouvrir dans toutes les régions, en particulier le long de la voie ferrée entre
Guinguinéo et Kidira et à proximité des ports de Kaolack et de Ziguinchor. En 1947, par rapport à 1939, la
commercialisation du bois de chauffage avait eté multipliée par 12, celle du charbon de bois avait progressé de
500 %.
TABLEAU 62
Répartition du combustible commercialisé par région (en Pourcentage)
Sénégal
Année Casamance Diourbel Fleuve Sine-Saloum Thiès Total
Oriental
bois e chauffage
on de bois
Les produits forestiers cessèrent d’interesser les industriels et les transporteurs dès la reprise du trafic
maritime et ils ne trouvèrent plus de debouchés que pour la préparation des aliments. La consommation contrô-
lée du combustible atteignait toutefois un niveau trois fois plus elevé qu’avant la guerre, l’accroissement por-
tant surtout sur le charbon de bois, ce qui est un indice du développement des villes et de l’amélioration du
mode d’existence des populations.
En 1949, l’exploitation des peuplements forestiers de la région de Thiès et des arbres qui subsistaient sur
les terrains de culture produisait 72 % du charbon de bois et 34 % du bois de chauffage commercialisés au
212
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Fig. 25
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900
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500
400
300
200
100
213
Sénégal, permettant l’approvisionnement en combustible de la capitale (Tab. 62). Au cours de la décennie sui-
vante, malgré des aménagements effectués dans les forêts de Bandia et de Pout qui maintinrent la productivité
et assurèrent la pérennité du boisement, les charbonniers qui travaillaient en dehors du domaine classé durent
se déplacer vers le Sine-Saloum, d’abord dans l’Ouest, puis dans le Sud où, comme à Thiès, ils prélevèrent
tous les arbres qui restaient dans les jachères.
Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se sont installés entre Birkelane et Malème-Niani; quelques uns sont
même allés dans le département de Sédhiou où ils ont ouvert des coupes en bordure de la transgambienne. Il
en résulte que le combustible consommé à Dakar doit parcourir en moyenne 350 km. Les besoins de la capi-
tale progressent chaque année malgré l’augmentation sensible du coût du charbon, conséquence de l’allonge-
ment des transports. Les prélèvements effectués en 1972 dans les peuplements naturels pour la commercialisa-
tion soit en bois de feu soit sous forme de charbon, dépassèrent 1 million de stères, c’est-a-dire 37 % de plus
qu’en 1942, année de guerre où la production fut la plus élevée.
1 1 - LE BOIS DE FEU
l=e volume de bois de chauffage commercialisé qui s’était stabiliié autour de 43.500 stères par an entre
194B et 1966, accuse une progression assez sensible au cours des six années suivantes. Il atteint 77.000 stères
en 1972, ce qui ne correspond toutefois qu’à 175 % de l’exploitation de 1941, année où elle fut maximale.
La consommation de la capitale et de sa banlieue étant faible en raison de l’éloignement des coupes, l’accrois-
sement provient essentiellement des villes de l’intérieur et résulte aussi du renforcement des contrôles effectués
par le Service forestier sur les marchés.
Si on analyse la répartition de l’exploitation par Inspections forestières depuis l’indépendance (Tab. 63),
on constate que :
- elle demeure stationnaire dans les régions de Thiès et de Diourbel qui n’interviennent respectivement que
pour environ 6 % et 12 % dans la production;
- elle tend h diminuer dans le Sine-Saloum qui produisit 65 % du bois de feu en 1960 et 1961 et seulement
37 % en 1971 et 1972;
214
TABLEAU 63
Sénégal
Année Casamance DiourbeI Fleuve Sine-Saloum Thiès
Oriental
On peut estimer que le bois de feu commercialisé représente approximativement 2 % du volume qui est
effectivement prélevé dans le peuplement arboré, Les ruraux qui forment 70 % de la population profitent lar-
gement des droits d’usage que leur confère le Code forestier pour ramasser et couper, sans payer de taxes, du
bois mort dans les forêts et dans les jachères situées à proximité des villages. Ils l’utilisent pour cuire les ali-
ments, chauffer les cases pendant la période fraîche, chasser l’humidité durant la saison pluvieuse, produire de
la fumée pour mettre en fuite les insectes, sécher les récoltes, le poisson ou la viande. En évaluant leurs
besoins à 1,5 stère par personne et par an, chiffre qui nous semble plus plausible que celui de 2 stères avancé
par la C.I.N.A.M., étant donné
l’absence de forêts dans les districts très peuplés de l’Ouest du pays, on arrive
à un prélèvement total de 4 millions de stères de bois de chauffage chaque année dans les peuplements natu-
rels sénégalais.
12 - LE CHARBON DE BOIS
Le tonnage de charbon de bois commercialisé est en progression constante depuis 1948. Il atteint
69.661 T en 1972, soit un accroissement de 380 % par rapport à 1958 et de 83 % par rapport à 1966. Les
ruraux n’employant guère ce combustible que pour la préparation du thé, la production commercialisée cor-
respond sensiblement à 90 % de la carbonisation réelle. Les quatre cinquièmes au moins sont vendus dans
l’agglomération dakaroise, transportés par la route depuis les coupes, nécessitant 25 à 30 camions de 5 T par
jour.
- elle a diminué régulièrement et d’une façon importante dans l’inspection de Thiès jusqu’en 1967 puis elle
s’est stabilisée aux environs de 1.700 T/an qui correspondent aux possibilités des forêts aménagées;
- elle est demeurée faible dans la région de Diourbel où, après avoir représenté 4,5 % de la production totale
jusqu’en 1967, elle est tombée à 1,5 %;
- restée stationnaire dans la région du Fleuve jusqu’en 1967, elle a doublé depuis l’ouverture aux bûcherons
des peuplements de Gonakié, atteignant 5.300 T en 1972;
- elle a régressé dans le Sine-Saloum depuis 1968 alors qu’elle progressait dans le Sénégal-Oriental. Les deux
régions produisent depuis huit ans plus de 80 % du charbon de bois;
- négligeable en Casamance jusqu’en 1969, elle a démarré en 1971 avec l’installation de charbonniers dans le
département de Sédhiou mais elle ne représente que 6,5 % de la production globale.
Les rendements de la carbonisation en fours métalliques du bois des principales espèces forestières de la
zone tropicale sèche varient entre 15 et 29 % (Tab. 651. On estime toutefois qu’au Sénégal où les charbonniers
emploient encore des procédés artisanaux et des meules recouvertes de terre qu’il faut en moyenne 1,33 stère
pour fabriquer 100 kg de charbon. L’industrie de la carbonisation consomme donc actuellement près d’un mil-’
lion de stères de bois par an.
TABLEAU 64
Exploitation commercialisée du charbon de bois par région (Tonnes)
TABLEAU 65
Rendement de la carbonisation en four métallique
Le rendement en bois de chauffage des peuplements forestiers du domaine sahélien est faible car, le plus
souvent, les arbres sont de petite dimension et très écartés les uns des autres. Seuls les vieux Acacia Zackfiana
et quelques espèces $r affinité soudanienne sont susceptibles de ,fournir des volumes intéressants mais, ces der-
nières étant en équilibre écologique instable, la coupe entraîne généralement leur élimination si bien, qu’après
une récolte de 40 $ 50 stères a l’hectare, on n’obtient que 10 à 15 stères lors de la révolution suivante qui se
situe environ 25 ans plus tard en raison de la croissance très lente des essences sahéliennes. La régénération
naturelle est souvent compromise par le manque d’eau les années à pluviosité déficitaire, par la concurrence
des graminées sauvages les étés où les précipitations sont excédentaires et surtout par les feux itinérants qui
détruisent les semis ou qui anéantissent la fructification. Le traitement du boisement en taillis, possible quand
les arbres sont jeunes, aléatoire avec de vieux sujets, impose de prendre des mesures efficaces contre l’abroutis-
sement des rejets par les animaux errants.
217
Les peuplements d’Acacia nîlotica, var. tomentosa, situés dans la vallée du Sénégal sont par contre capa-
bles de fournir une importante quantité de combustible d’excellente qualité et de maintenir leur rendement par
régénération naturelle, à condition d’être protégés contre le bétail et contre les incendies dans les années qui
suivent l’exploitation. Les forêts de Gonakié ouvertes aux bûcherons dans le département de Podor depuis
1969 ont produit 250 à 500 stères à l’hectare selon les parcelles. L’expérience des aménagements des peuple-
ments de la vallée du Nil au Soudan permet d’envisager une coupe tous les 30 ans avec un volume de 300 stè-
resiha.
Toutes les essences forestières du domaine soudanien, à l’exclusion d’Adansonia digitata inutilisable et de
Sterculia setigera sans grand intérêt, sont aptes à fournir du combustible. L’élément dominant de la flore arbo-
rée est constitué d’espèces qui rejettent de souche, qui se propagent par drageons ou qui se multiplient par des
fruits ailés dotés d’un fort pouvoir germinatif. Les coupes ouvertes au cours de la dernière guerre en bordure
de la voie ferrée, entre Kaolack et la frontière malienne, ont donné 50 ZI 80 stères par hectare. Le peuplement
s’est refermé assez rapidement, pouvant produire 40 à 65 stères vingt ans plus tard. Nous sommes persuadés
que, s’il avait été protégé contre les feux itinérants, les rendements seraient comparables et peut-être même
supérieurs à ceux obtenus lors de la première récolte.
Les moyens dont disposent les bûcherons constituent des facteurs défavorables à l’exploitation. Ils igno-
rent l’usage de la cognée et de la scie passe-partout, n’utilisant que des haches pourvues d’un fer de petite
dimension, efficaces certes, mais qui leur font perdre beaucoup de temps dans l’abattage et qui les obligent
a délaisser les arbres de fort diamètre. Ils confectionnent des meules en terre dont le rendement est bien infé-
rieur à celui des fours à carboniser. Les taxes étant calculées d’après les volumes de bois coupé ou les tonna-
ges de charbon façonnés, les exploitants n’ont aucun avantage à améliorer la productivité et ZI choisir les gros
sujets, ce qui explique leur maintien dans les forêts et sur les terrains de culture jusqu’au moment où ils meu-
rent et brûlent.
Les possibilités en combustible du domaine guinéen sont de 150 à 200 stères à l’hectare car le boise-
ment est dense et les conditions climatiques entraînent sa reconstitution plus rapidement que dans la zone
soudanienne. Toutefois, l’éloignement des centres urbains utilisateurs, la nécessité de franchir la Gambie sur
un bac, l’absence de charbonniers parmi la population, la dimension des arbres qui rebute les bûcherons font
que jusqu’à ces dernières années l’exploitation demeurait limitée aux seuls besoins de la région qui sont faibles
puisque la plupart des habitants bénéficient de droits d’usage sur la forêt. Des volumes considérables de bois
demeurent dans les champs après les défrichements, disparaissant progressivement, détruits par les feux de
brousse.
Les mangroves du Sine-Saloum et surtout celles de la Basse-Casamance représentent une importante réser-
ve de bois totalement inexploitée depuis la dernière guerre. Les bûcherons qui appartiennent à deux ethnies, la
corporation sénégalaise des Laobés et les Peuhls du Fouta Djalon que I’Administration fit venir sur les coupes
pendant la derniére guerre, refusent de travailler dans ce milieu qui les effraie.
Un aménagement du terroir réservant des boisements naturels à proximité des villages sur des sols compa-
tibles avec le développement de la végétation et non dans des sites stériles permettrait, comme cela a été fait
depuis longtemps dans le Nord du Nigéria de satisfaire les besoins des populations rurales. Dans certains dépar-
tements du Centre-Ouest où il n’existe aucune forêt classée et où aucun arbre ne subsiste dans les jachères en
dehors de l’4cacja a/bida, des boisements villageois, créés par les paysans avec l’aide du Service forestier et
gérés par les collectivités rurales sous le contrôle de I’Administration, résoudraient le problème du combusti-
ble ménager. Le ravitaillement des villes, en particulier celui de l’agglomération dakaroise, est beaucoup plus
préoccupant. Il impose la création de plantations artificielles d’essences à croissance rapide et à haut rendemenl:
en bois. Les essais entrepris depuis 1964 dans le district des Niayes et depuis 1967 sur certains sols forestiers
de la région du Cap-Vert autorisent $I penser que de tels reboisements sont possibles et économiquement vala-
bles.
La sylviculture dans les domaines sahélien et soudanien n’a jusqu’à présent fait l’objet, au Sénégal et
dans les autres pays africains, que d’opérations de faible importance qui, presque toujours, furent réalisées sans
tenir compte de la productivité et surtout de leur rentabilité. La mise en place de plantations industrielles de
bois de chauffage ou de carbonisation, les seules qui soient valables d’un point de vue économique, imposera
une transformation totale de la mentalité des forestiers et de leurs méthodes de travail. Le choix des espèces
sera également très important car elles devront pouvoir être complantées sans aucun apport d’eau, avoir un
développement rapide et, autant que faire se peut, se régénérer spontanément ou rejeter de souche après
l’exploitation. Les stations destinées $I être reboisées devront être choisies avec soin, après étude des facteurs
climatiques et édaphiques. La récolte du bois sur les coupes, la carbonisation et la commercialisation du char-
bon devront être organisées de façon à ce que les capitaux investis dans les reboisements soient amortis.
Compte tenu des essais de reboisement à échelle réduite effectués par le Service forestier depuis 30 ans
et des résultats des expérimentations menées par le C.T.F.T. depuis 1966, cinq essences forestières peuvent
actuellement être préconisées pour des plantations destinées à produire du combustible.
Azadkachta indica est une Méliacée des savanes sèches de l’Inde et de 8irmanie qui peut atteindre 20 m
de hauteur et 50 cm de diamètre. La cime arrondie, toujours verte, est couverte de feuilles composées, généra-
lement paripennées, comprenant 5 à 8 paires de folioles longues de 7 à 10 cm, larges de 2 ?I 3 cm, dissymé-
triques à la base, acuminées au sommet, à bords en dents de scie. L’écorce, gris foncé extérieurement, brun-
rougeâtre intérieurement, est crevassée longitudinalement et obliquement. Les fleurs, groupées en panicules
axillaires blanches, courtement ramifiées;sont très odoriférantes. Le fruit est une drupe ovoïde de 1,5 à 2 cm
de longueur qui renferme une graine sans albumen, riche en lipides, dont la faculté germinative ne dépasse pas
deux mois. On compte environ 1.800 fruits au kilogramme.
Le Neem est utilisé depuis très longtemps en inde comme arbre d’avenue dans des zones où les précipi-
tations annuelles sont comprises entre 450 et 1.250 mm et où les températures maximales atteignent 49OC.
On l’a employé dès 1925 au Soudan, dans le Sud du Kordofan et du Darfour, puis dans tout le secteur soudano-
sahélien des anciennes colonies britanniques. Il n‘a été introduit au Sénégal qu’en 1944. C’est un arbre qui se
développe beaucoup mieux h l’état isolé qu’en plantation pleine d’où son succès dans les reboisements en ali-
gnement dans les villes et le long des routes.
219
Azadirachta indica
Alors qu’isolé ii accepte des terrains assez superficiels, secs, pierreux, argileux et même latéritiques, il est
assez exigeant sur la qualité du sol quand on le plante serre. Il ne supporte pas les bas-fonds temporairement
inondés et sa tolérance au calcium et au sodium est très limitée. Il demande en plantation des terres légères et
profondes avec une nappe phréatique assez proche de la surface. Il tolère difficilement la concurrence de la
végetation herbacée, parfois même celle de sa propre régénération. Il rejette bien de souche et il drageonne fré-
quemment, surtout dans les stations sèches. Il se multiplie par semis naturels au Sénegal quand le sol et le
micro-climat lui conviennent.
Sa croissance varie considérablement selon les sols. On estime qu’en Afrique soudano-sahélienne, sur des
terrains favorables à l’espèce, les plants atteignent en moyenne 2 m de hauteur à deux ans, 4,5 m de haut et
7 à 8 cm de diamètre à quatre ans. Le bois qui pèse, sec à l’air, environ 600 kg/m3 fournit un bon combus-
tible.
L’abondance de graines et leur faible prix de revient permet en Inde d’entreprendre des reboisements par
semis directs. Partout ailleurs, on utilise des plants élevés en pépinière, complantés soit en mottes, trois mois
après le semis, soit à racines nues, à l’âge d’un an, après avoir enlevé les feuilles. Etant donné les exigences
de l’essence, on recommande des écartements assez lâches, un travail du sol en profondeur et de fréquents dés-
herbages pendant la saison des pluies tant que le couvert ne s’est pas refermé.
Les plantations de Neem présentent parfois un dépérissement qui se traduit par le flétrissement du feuil-
lage qui pâlit avant de tomber puis par un dessèchement des branches qui conduit à la mort des arbres. Ces
phénomènes semblent liés à une asphyxie des racines provoquée par un sol insuffisamment perméable et engor-
gé pendant la période pluvieuse ou par une brusque remontée de la nappe phréatique. On constate parfois des
plaies chancreuses en fissures qui se développent le long de la tige à partir du collet; elles résultent d’une bru-
tale absorption d’eau après une longue sécheresse.
~Izadirachta indica n’a jamais été utilisé au Sénégal pour des reboisements mais l’expérience des planta-
tions réalisées depuis 1964 dans les villes et en bordure des routes permet de conseiller son emploi pour la
création de bois villageois dans de nombreuses stations, en particulier sur les sols ((diors)) et ((deck-diorsj) du
Centre-Ouest.
Caesalpiniacée originaire d’Asie tropicale, Chia siamea est une essence de plaine ou de basse montagne
qui, dans son aire de dispersion, en Inde, à Ceylan, en Birmanie, en Tha’ilande, dans la Péninsule indochinoise,
aux Philippines et en lnsulinde, colonise des sols d’alluvion, riches et bien drainés, dans des stations où la plu-
viosité est comprise entre 1.200 et 1.600 mm répartis sur 7 à 8 mois. l l se montre assez plastique quant aux
conditions climatiques, se contentant de 700 mm et supportant 6 à 8 mois de saison sèche, mais il l’est beau-
coup moins au point de vue édaphique, ne s’adaptant ni aux sols pauvres, ni aux terrains hydromorphes ou
latéritiques.
C’est un arbre de 9 à 12 m de hauteur, à la cime assez grele, qui peut atteindre une vingtaine de mètres
dans les meilleures stations. Les feuilles paripennées ont 8 à 12 paires de folioles oblongues elliptiques, de 4 à
7 cm sur 12 à 20 mm, portées par un pétiole de 30 cm de long. Les fleurs, jaunes, sont groupées en grappes
terminales dressées. Les gousses, plates, avec des valves coriaces aux bords épaissis, mesurent 15 à 20 cm de
long et 10 à 12 mm de large. Brunes à maturité et pendant à l’extrêmité des rameaux fforifères qui se dessè-
chent, elles contiennent 25 à 30 graines dont la faculté germinative se conserve pendant plusieurs années. Il
faut environ 35.000 graines pour obtenir un kilogramme.
221
Le développement est rapide au cours des dix premières années mais il se ralentit ensuite et surtout il
varie considérablement selon la qualité du terrain et la hauteur de la lame d’eau reçue. Nous donnons au
tableau no 66 les résultats de mensurations effectuées dans des plantations considérées comme bonnes mais
non exceptionnelles.
TABLEAU 66
,
Aw Hauteur Diamètre
1 an 3 m 2.5 cm
2 ans 5 m 5 cm
4 ans 8,50 m 9 cm
6 ans Il m 12 cm
8 ans 13,50 m 15 cm
10 ans 14,50 m 16 cm
Ces conditions de croissance, jointes à la faculté de l’espèce de rejeter vigoureusement de souche, auto-
risent le traitement des peuplements en taillis avec des rotations de 7 à 10 ans et un rendement en bois de feu
de 10 a 15 stères par hectare et par an.
Cassis siamea a été largement répandu entre 1934 et 1955 en Afrique francophone et anglophone en vue
de la production de bois de chauffage et de poteaux. Beaucoup de plantations réalisées dans des zones a lon-
gue saison sèche se sont soldés par un échec car, souvent, on n’a pas tenu compte des exigences édaphiques
de l’essence, de la nécessité de lutter contre la concurrence des adventices pendant les trois premières années,
de la grande sensibilité de l’arbre aux feux itinérants et aussi parce que, dans les stations marginales, l’espèce
est très vulnérable aux maladies provoquées par des champignons et des virus.
Aujourd’hui, presque tous les sylviculteurs déconseillent Cassia siamea, tout au moins dans les secteurs
soudano-sahélien et sahélo-soudanien.
Casuarina equisetifdiaest un arbre au port relativement pleureur qui peut atteindre une trentaine de
mètres de hauteur et un mètre de diamètre. Le houppier a une forme irrégulière, plutôt ovoïde. L’écorce, lis-
se et de teinte claire dans la jeunesse, devient ensuite rugueuse et brune, s’exfoliant en bandes longitudinales.
Les feuilles sont réduites à des écailles en verticilles au niveau des nœuds de jeunes rameaux grêles et cylindri-
ques, longs de 10 à 30 cm, qui ressemblent à des aiguilles de pin. Les fleurs mâles, en châtons roussâtres, se
situent a l’extrêmité des ramules; les fleurs femelles sont rassemblées en petites boules au bout de rameaux
courts. Les fruits capsulaires, groupés en cônes, libèrent des graines ailées, sans albumen, de très petite taille
puisqu’il en faut 300.000 à 700.000 pour atteindre un kilogramme.
Le Filao est originaire des districts côtiers de Birmanie, de Malaisie, du Cambodge, du Queensland et des
îles du Pacifique. On le rencontre parfois à l’intérieur des terres dans son aire de dispersion mais il y a été
introduit et il présente généralement un aspect beaucoup moins vigoureux qu’à proximite de la mer. Il offre
un large éventail d’adaptations climatiques sous réserve d’être implanté non loin du littoral. On le trouve aujour-
d’hui en Afrique et en Amérique depuis la zone équatoriale où la pluviosité, uniformément répartie, est supé-
rieure a 2 m jusqu’aux régions tropicales à régime de mousson, caractérisées par des précipitations inférieures
?r 500 mm et par six a sept mois de saison sèche.
222
Casuarina equisetifdia fournit un bois dur et lourd, assez durable, qui a tendance à se fendre, ce qui
limite ses possibilités d’emploi dans l’industrie et la construction. Il donne par contre un matériau très appré-
cié des bûcherons qui le travaillent aisément. Son pouvoir calorifique est élevé et son charbon d’excellente
qualité.
Son utilisation au Sénégal comme source de combustible ne paraît possible que dans les Niayes où
d’importantes surfaces à vocation maraÎchère médiocre ou nulle conviennent admirablement $I l’espèce, l’expé-
rience l’a montré. Partout ailleurs, sauf peut-être sur certains sols du Sine-Saloum proches des Tannes, son
emploi est déconseillé pour produire du bois de feu.
Nous mentionnerons Casuarina decaisneana, Casuarinacée des zones désertiques du Nord de l’Australie
que nous avons testée au Sénégal en 1968. L’échec fut total dans toutes les stations où nous avons tenté de
l’introduire, aussi bien à Ross-Béthio, à Linguère, qu’a M’Bao. Beaucoup de plants dépérirent en pépinière d&
les premières pluies; la plupart de ceux qui furent complantés rnoururent au cours de l’été; ceux qui survécu-
rent ne se développent pas.
223
TABLEAU 67
Croissance de Casuarina equisetifolia
1 an l à 2 m - -
2 ans 2à4 m - -
5 ans 7à10m 6 à IOcm 3 a 4 m3/ha/an
1 0 ans 1 3 à 15 m 12 à 1 5 cm 5 à 6 m3/ha/an
1 5 ans 1 7 à 19 m 20 à 25 cm 6 à 8 m3/hafan
2 0 ans 2 1 à23m 30 à 40 cm 7 à 1 0 m31ha/an
2 5 ans 2 4 à 28 m 40 à 45 cm 7 a 1 0 m3/ha/an
34 - LES EUCALYPTUS
Les Eucalyptus sont des Myrtacées originaires d’Australie et de certaines îles de la Mer de la Sonde. Les
botanistes les divisent en 8 sections et en 18 sous-sections qui comptent plus de 600 espèces auxquelles il
convient d’ajouter environ 150 variétés et hybrides. On les rencontre sous tous les types de climats, depuis le
désert tropical des Territoires du Nord jusqu’aux sommets neigeux du Mont Kosciuko, dans les Nouvelles Gal-
les du Sud. On les trouve sur les sols les plus divers. Il en résulte que lorsqu’on veut l’utiliser dans un but uti-
litaire, I’Eucalyptus n’apparaît pas comme une abstraction imprécise. On ne peut parler du tempérament, de
l’écologie,, des qualités et des aptitudes de I’Eucalyptus; il y a les Eucalyptus (METRO - 1949) et, vraisem-
blablement pour beaucoup d’espèces, on l’a constaté récemment, plusieurs écotypes.
Des Eucalyptus ont été introduits au Sénégal en 1863. Nous ignorons toutefois de quelles espèces il
s’agissait, d’où provenaient les graines, où les plants ont été mis en place et ce qu’ils sont devenus. D’après
ADAM (1956), les plus vieux sujets actuellement vivants ne doivent pas avoir été complantés avant le début
du siècle. Une cinquantaine d’espèces furent expérimentées par le Service forestier à Dakar, dans le Parc de
Hann, avant l’indépendance. Parmi elles, huit se sont acclimatées. Ce sont E. a/ba, E. cama/du/ensis, E. citriodo-
ra, E. robusta, E. rudis, E. paniculata, E. Sa/igna et E. tereticornis. Leur état végétatif est en général bon mais
les descendances sont à proscrire car la plupart d’entre elles donnent naissance à des hybrides très hétérogè-
nes.
En dehors de quelques arbres plantés à proximité des maisons forestières ou dans les pépinières, a Saint-
Louis, à Sanar, à Tillène dans la région du Fleuve, à Kaolack et à Coular dans le Sine-Saloum, à Ziguinchor
et aux Bayottes en Casamance, aucune plantation ne fut tentée avec ces espèces ou avec d’autres, en dehors de
la presqu’île du Cap-Vert, avant l’installation du C.T.F.T. en 1965. Se fondant sur les essais d’ADAM qui écri-
vait que les Eucalyptus n’avaient aucune chance de survivre à Dakar si un arrosage abondant, régulier et pro-
longé n’était assuré pendant la première saison sèche, les forestiers estimaient qu’à l’intérieur du pays où les
conditions climatiques sont beaucoup plus rigoureuses, l’essence ne pouvait jouer aucun rôle dans les reboise-
ments en raison du coût prohibitif de sa complantation.
Les recherches sylvicoles menées par le C.T.F.T. à Ross-Béthio, Linguère, Sangalkam et M’Bao dans le
domaine sahélien, à Déni-Youssouf, Bambey, Koutal et Keur-Mactar dans le domaine soudanien, à Djibélor
dans le domaine guinéen, ont démontré que, presque partout au Sénégal, il était possible de planter des Euca-
lyptus sans les arroser à condition d’élever les plants dans de bonnes conditions, de les mettre en place à
l’époque propice, de travailler le sol en profondeur et surtout d’éliminer la concurrence des plantes adventices
224
au cours des semaines qui suivent la complantation. Nous pensons que des plantations seront réalisables dans
de nombreuses stations, en particulier dans le Centre-Ouest, lorsque les essais d’élimination actuellement en
cours auront permis de définir les espèces et les provenances les mieux adaptées.
Les expérimentations font appel à des origines réputées résistantes à la sécheresse. Bien qu’il soit enco-
re tôt pour tenter d’en tirer des conclusions car, souvent, les Eucalyptus traversent une crise entre la cinquiè-
me et la neuvième année au moment où la partie aérienne, très développée, est insuffisamment ravitaillée en
eau par le système racinaire, il apparaît qu‘E. microtheca et les provenances du Nord-Ouest de l’Australie
d’E, camaldulensis sont, parmi les 31 espèces testées, ceux qui ont le plus de chance de s’acclimater.
Le bois d’Eucalyptus est considéré comme un combustible de bonne qualité, utilisé dans de nombreux
pays, en particulier au Maroc, pour des usages ménagers et parfois, comme au Brésil, pour l’industrie sidérurgi-
que. C’est également la matière première qui est actuellement la plus employée dans les régions méditerra-
néennes et tropicales pour la fabrication de la pâte à papier. Les rendements, très différents selon les stations
et les espèces, varient de 3 à 59 m3/ha/an au terme de la Premiere révolution qui se situe entre 8 et 10 ans.
Les peuplements sont traités en taillis pendant 3 ou 4 rotations puis ils doivent être remplacés car les souches
s’épuisent et l’essence ne se régénère pas par semis naturels.
35 - LES MELALEUCA
Le genre Melaleuca comprend une centaine d’espèces qu’on rencontre à l’état spontané en Australie, en
Indonésie, dans la Péninsule indochinoise, aux Philippines, en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti. Les botanistes ont
discuté très longtemps de leur classification systématique, donnant parfois le même nom à des plantes mani-
festement différentes, désignant souvent le même Melaleuca de diverses façons selon son origine géographique.
BLAKE (1968) semble avoir tranché le débat pour les espèces australiennes.
Les Niaouli sont des arbres qui dépassent rarement 15 m de hauteur et 40 cm de diamètre. Le fût est en
général court, tordu et contourné si bien que les billes d’une longueur supérieure à 4 m constituent une excep
tion. L’écorce, gris blanc, de teinte uniforme, est constituée par 10 à 20 couches de feuilles liégeuses jaune
clair avec des lanières fines, plates et ocrées, intercalées entre elles. Les bandes internes sont serrées et humides
alors que celles de l’extérieur, sèches et séparées, pendent plus ou moins le long du tronc. L’ensemble consti-
tue une protection efficace contre l’évaporation et les atteintes du feu. Les premiers botanistes qui décrirent
les arbres furent frappés par les plages noires, traces des incendies, sur le fond blanc de l’écorce et baptisè-
rent l’essence Melaleuca, à partir de melas, noir et de leucas, blanc.
Le bois lourd, dur, nerveux est difficile a fendre, à raboter et ZI poncer mais les arbres sont aisés à abat-
tre et à débiter. En Océanie où les peuplements naturels couvrent d’importantes superficies, les Melaleuca sont
utilisés pour la charpente des maisons, la caisserie lourde, la construction de hangars, le façonnage des varan-
gues et des étraves de pirogues de haute mer ou comme poteaux de clôture et comme bois de mine (SARLIN -
1954). L’écorce sert à recouvrir les cases et les feuilles qui renferment 4 % en poids d’une essence antiseptique
permettent d’obtenir par distillation le Goménol qui entre dans la composition de plusieurs produits pharma-
ceutiques. Toutefois, c’est surtout comme combustible que le Niaouli est employé dans son aire de dispersion
car on en retire un charbon d’excellente qualité.
Des Niaouli furent introduits en 1933 à Dakar, dans le Parc de Hann. Quelques plants furent mis en pla-
ce à la même epoque a Saint-Louis et à Tattaguine, dans une propriété privée. Nous ignorons la provenance
des graines. A. NONGODERMA, botaniste a I’IFAN auquel nous avons demandé de déterminer l’espèce pense
qu’elle peut être rattachée, d’après la classification de BLAKE, à Me/a/euca cajuputi qu’on rencontre à l’état
spontané en ThaÏlande, en Annam, en Birmanie, en Malaisie, à Sumatra, à Java, à Bornéo, à Timor, aux MO~U-
ques, en Nouvelle-Guinée puis en Australie, dans les provinces de l’Ouest, des Territoires du Nord et du
225
Queensland. On le désigne dans l’aire de dispersion sous des noms très divers ; Arbor afba miner, Myrtus sali-
gna, Melaleuca minor, Meialeuca trinervis, Melaleuca lancifolia, Melaleuca Cummingiana, Melaleuca salîgna,
Melaleuca angustifolia, Melaleuca communata, Melaleuca viridiflora, Melaleuca leucadendron variété lancifolia,
Melaleuca leucadendron variété minor, Melaleuca leucadendron variété cajuputi et même Eucalyptus cochinchi-
nensis.
En procédant à un nettoyage du Parc de Hann en 1962, on se rendit compte que les Niaouli dont les
forestiers avaient oublié l’existence s’étaient admirablement développés et qu’une régénération abondante se
produisait aux abords du placeau d’introduction, malgré la concurrence des Graminées, des Cypéracées et de
nombreux arbustes. Une visite à Tattaguine révèla que les 50 plants installés avaient donné naissance à un
bouquet de plus d’un hectare où toutes les classes d’âge coexistaient. Des plantations furent entreprises entre
1965 et 1967 sur une cinquantaine d’hectares dans le district des Niayes, en particulier à proximité du lac
Tamna, sur sol siliceux très pauvre en humus, légèrement salé dans les horizons superficiels, reposant sur une
couche de coquillages grossiers puis sur un substratum de sable blanc où la nappe phréatique oscille, selon les
saisons, entre les cotes 80 et 200 cm. Après 8 ans, malgré la sécheresse des années 1970 - 1973, 95 % des
arbres sont vivants; leur hauteur moyenne atteint 4,75 m et leur circonférence dépasse 24 cm. Un boisement
voisin d’Eucalyptus camaldulensis fut presqu’entièrement détruit en 1967 lorsque le lac déborda mais, bien que
submergés durant 3 mois, les Melaleuca résistèrent
Cette faculté de tolérer une certaine salinité du sol et de supporter l’inondation a été mise en évidence
à M’Bao, à Kabatoki et à Keur-Mactar par le C.T.F.T. Il semble même que, sur les terrains à forte teneur en
NaCl, la submersion pendant 3 à 4 mois soit indispensable pour diminuer temporairement le taux de chlo-
rures dans les horizons colonisés par les racines des Niaouli. Des essais d’introduction de diverses espèces de
Melaleuca d’Australie et de Nouvelle-Calédonie ont été mis en place depuis 1971 près de Kaolack. Ils devraient
permettre de déterminer si certaines zones impropres à l’agriculture dans le district des Terres salées sont sus-
ceptibles d’être reboisées. Leur proximité de la capitale aiderait à résoudre le problème du ravitaillement en
combustible forestier car la sylviculture du Niaouli est facile et peu onéreuse. L’essence ne craint guère la
concurrence de l’herbe sur les terrains humides; elle résiste assez bien au feu; elle se multiplie par drageons et
elle se propage souvent par semis naturels.
CHAPITRE SIXIEME
ET D’ARTISANAT
229
Le bois constitue l’une des principales ressources naturelles du globe, une des seules qui soit renouvela-
ble et que presque toutes les nations possèdent ou peuvent créer. Les industries qui utilisent du bois occupaient
en 1960, d’après la F.A.O., 8,6 % des emplois dans le secteur secondaire et contribuaient pour 6,2 % à la
valeur ajoutée mondiale. En 1969, la production mondiale des produits forestiers représentait 48,4 milliards de
dollars US. dont 22,3 milliards pour les bois travaillés et les panneaux dérivés du bois et 20,7 milliards pour
les produits de pâte ce qui, en prix constant, correspond à une progression de 102,5 % depuis 1950 et 42,7 %
depuis 1960 (Tab. 681.
TABLEAU 68
Le commerce mondial des bois et des produits dérivés du bois est passé de 5,9 à Il,2 milliards de dol-
lars entre 1961 et 1969, marquant un accroissement de 89,5 % (Tab. 69). Il correspond à environ 5 % de la
valeur des échanges mondiaux et il se situe au même niveau que les produits de l’industrie du fer et de l’acier.
Nous allons tenter, à partir des statistiques publiées par la F.A.O. en 1961 et en 1969 sur la production
mondiale et sur les exportations des produits forestiers, d’analyser le marché au cours de la dernière décennie
(Tab. 7 0 e t 711.
La production mondiale des bois ronds destinés à l’industrie a augmenté de 210 millions de mètres cubes,
soit un accroissement de 21 %. Elle a progressé en particulier de :
La proportion de cet accroissement de l’exploitation qui fut exportée par les producteurs s’élève a :
TABLEAU 69
Bois de chauffage . . . . . . . . . . . .
Charbon de bois. . . . . . . . . . . . .
Bois de trituration. . . . . . . . . . . .
Grumes de Résineux . . . . . . . . . .
Grumes de Feuillus. . . . . . . . . . .
Bois de mine . . . . . . . . . . . . . . .
Poteaux, pilotis et pieux . . . . . . .
Scia9es
Traverses . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sciages de Résineux. . . . . . . . . . .
Sciages de Feuillus . . . . . . . . . . .
Panneaux
Pâtes
Papiers et Cartons
Les exportations de grumes de résineux ont progressé de 232 % en volume et de 320 % en valeur.
L’Amérique du Nord et 1’U.R.S.S. interviennent pour 85 % dans les livraisons et le Japon en absorbe les trois
quarts. Les transports de grumes de feuillus se sont accrus de 163 % en volume et de 181 % en valeur. La
part la plus importante concerne des échanges entre l’Asie au Sud-Est et le Japon, les importations européen-
nes de grumes tropicales africaines n’ayant augmenté que de 40 %. Le commerce des bois de trituration en
rondins ou en quartiers a peu varié mais le transport de la matière première destinée à la pâte $I papier sous
forme de plaquettes de bois a fait un bond spectaculaire, si bien que les importations de bois de trituration
ont plus que doublé. L’U.R.S.S. demeure le premier pourvoyeur, l’Europe et le Japon étant les principaux
utilisateurs.
231
L’activité des échanges met en evidence un déficit croissant de bois ronds dans les principales régions
importatrices. L’Europe, toutefois, qui, à la fin des années. cinquante, était la principale utilisatrice des bois
non travaillés importés a perdu cette place au profit de l’Extrême-Orient.
12 - LES SCIAGES
La transformation des grumes en sciages représente la technique la plus ancienne, la plus simple, celle qui
demeure la plus Utilis?e. En 1969, elle absorba 408 millions de M3 de grumes auxquels on doit ajouter un volu-
me non enregistrable mais certainement très important. 54,5 millions de M3 de sciages furent livrés sur le mar-
ché mondial, marquant par rapport à 1961 une progression de 35 % en volume et de 60 % en valeur.
Le commerce des sciages de résineux suit trois circuits traditionnels qui totalisent près des deux tiers des
exportations. Le premier va de la Suède vers l’Europe de l’Ouest et l’Europe Centrale, le second du Canada vers
les Etats-Unis, le troisième de 1’U.R.S.S. vers l’Europe.
Les transports de sciages de feuillus sont très fragmentés, sans courant bien défini. Le commerce entre le
Canada et les U.S.A. ainsi que les échanges entre les divers pays de l’Europe Occidentale représentent 27 % du
marché. Les importations de l’Europe Occidentale en provenance du Sud-Est asiatique et de l’Afrique tropicale
interviennent pour 20 %.
Le bâtiment emploie 50 à 60 % des bois sciés, les autres industries utilisatrices étant l’ameublement et
l’emballage. Aux U.S.A. où les sciages demeurent l’un des principaux matériaux utilisés pour la structure por-
tante des maisons d’habitation individuelles, pour la charpente des toitures et pour l’ossature des planchers, on
evalue la consommation moyenne a 20,5 M3 par logement. Elle ne serait que de 6,8 M3 en Europe du Nord-
Ouest et seulement de 1 M3 en Asie Méridionale.
La F.A.O. estime que les besoins par habitant devraient diminuer dans les régions industrialisées mais
que l’expansion économique et démographique dans ces pays entraînera un accroissement global de la consom-
mation de 10 à 15 % au cours de l’actuelle décennie. Dans les pays en voie de développement elle chiffre, par
contre, la progression entre 50 et 100 % selon les zones.
Il existe trois types de panneaux dérivés du bois : les panneaux de contre-plaqué, de lattes ou de placa-
ge, les panneaux de particules et les panneaux de fibres. La production mondiale de ces divers matériaux a pro-
gressé de 23 a 54 millions de mètres cubes entre 1961 et 1969. Pendant la période, les exportations sont pas-
sées de 3,2 à 8,4 millions de M3, marquant un accroissement de 160 % en volume et de 165 % en valeur.
A noter, qu’au début de la décennie les exportations de contre-plaqué des pays en voie de développement
ne représentaient que 13 % du marché, alors qu’elles atteignaient en 1969 près de 40 %.
Les emplois des panneaux recouvrent dans une large mesure ceux des sciages, ce qui explique que, dans
les régions industrialisées, l’accroissement de consommation s’effectue souvent au dépens des bois sciés. Le
bâtiment est, de très loin, le plus gros consommateur de contre-plaqué aux U.S.A. alors qu’en Europe le prin-
cipal secteur d’utilisation demeure l’ameublement et que, dans certains pays tropicaux, ce sont les industries
de la caisserie. Les panneaux de fibres durs servent dans la construction pour des revêtements extérieurs, des
supports de sol, les lambrissages, le coffrage. Les panneaux de fibres mous sont employés pour des aménage-
ments intérieurs, en particulier l’isolation thermique et phonique. Réservés jusqu’a ces dernières années pour
l’industrie du meuble, les panneaux de particules, surtout en Europe, commencent à concurrencer les panneaux
de fibres et les panneaux lattés dans la construction.
232
TABLEAU 70
Production mondiale des produits forestiers en 1961 et 1969
(D’après les statistiques de la F.A.O.)
Bois ronds
Bois et charbon de bois de Résineux (M3j a 32.955 162.887 + 22,5
Bois et charbon de bois de Feuillus (M3) 610.015 770.041 + 9,9
Bois de trituration de Résineux (M31 212.580 233.491 + 5,1
Bois de trituration de Feuillus (M31 28.780 71.926 + 149,o
Grumes de Résineux (M31 452.630 536.116 + 18,4
Grumes de Feuillus (M3) 155.875 199.078 + 27,7
Autres bois d’œuvre de Résineux (M31 96.855 106.084 + 9,5
Autres bois d’œuvre de Feuillus (M3) 45.385 54.757 + 20,6
Sciages
Traverses (M3) - 8.693
Sciages de Résineux (M3) 268.213 306.787 + 14,3
Sciages de Feuillus (M3) 73.677 93.047 t 26,8
Panneaux
Contre plaqués ( M3 ) 16.763 30.703 + 83,1
Panneaux de particules (M3) 2.280 16.089 + 605,6
Panneaux de fibres (T.) 4.622 7.516 t 62,6
Pâtes
Pâte mécanique (T.) 18.657 24.090 + 29,1
Pâte chimique et mi-chimique (T.) 43.947 73.962 + 68,2
Papiers et cartons
Papier journal (T.) 14.398 20.540 + 42,6
Papier d’impression et d’écriture (T-1 14.290 25.228 t 76,5
Autres papiers et cartons (T.) 48.913 76.811 t 57,0
L’accroissement de la demande devrait se maintenir dans les régions industrialisées. Il devrait être faible
dans les pays en voie de développement riches en essences forestières susceptibles d’être sciées mais très rapide
dans ceux qui doivent importer des sciages ou les débiter à partir de grumes d’importation. Les panneaux de
particules qui peuvent être fabriqués en utilisant des bois de petites dimensions et de qualité médiocre devraient,
en particulier, prendre une importance accrue.
La production mondiale de pâte de bois est passée de 63 à 98 millions de tonnes entre 1961 et 1969.
Le Canada, les Etats-Unis, la Suède et la Finlande, pays possédant de vastes peuplements de résineux, dominent
toujours le marché mais les récents progrès de la technologie dans le traitement des feuillus laissent présager
un transfert possible d’une partie de la production vers les régions tropicales, La pâte de bois est utilisée, dans
une proportion de 90 à 95 % selon les pays, pour la fabrication de papiers et de cartons, le reste étant transfor-
mé en rayonne, cellophane, matières plastiques, vernis, isolants, laques ou explosifs. Les exportations ont pro-
gressé de 9,7 a 16,3 millions de tonnes, marquant un accroissement de 66 % en volume et de 72 % en valeur.
233
TABLEAU 71
en milliers de M3 ou de T. l 1961 l 1 9 6 9 -w
Bois ronds
Sciages
Panneaux
Pstes
Pipiers et cartons
La consommation mondiale de papiers et de cartons qui était de 77 millions de tonnes en 1961 a atteint
122 millions en 1969, soit un taux de croissance annuel moyen de 6,2 %, et on estime qu’elle devrait dépas-
ser 200 millions en 1980. Dans l’ensemble, la consommation par tête de papier de journal a augmenté moins
vite que celle des autres catégories, sauf en Europe Occidentale. Au Japon, en Chine et dans les Pays Socialis-
tes, le développement a porté essentiellement sur les papiers et cartons à usage industriel alors qu’en Afrique
et en Amérique Latine l’accroissement s’est surtout fait sentir sur les papiers d’impression et d’écriture. Les
principaux pays exportateurs sont les mêmes que pour la pâte de bois mais le Canada domine le marché pour
le papier de journal, la Finlande et la Suède pour les papiers d’écriture et d’impression, les Etats-Unis pour les
papiers industriels.
234
La consommaGon sénégalaise de bois d’œuvre et de pr0duit.s dérivés du bois était évaluée approximative-
ment en 1970 a :
Bois sciés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 5 . 0 0 0 M3
Panneaux dérivés du bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 . 7 0 0 M3
Papier-journal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 0 0 M3
Papiers d’impression et d’écriture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 . 5 0 0 M3
Papiers industriels et cartons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10.000 T
Les bois ronds exploités au Sénégal sont classés en trois catégories selon le diamètre mesuré au gros bout;
les poteaux qui dbpassent 15 cm, les perches et les fourches qui sont comprises entre 6 et 15 cm, les petites
perches et les gaulettes qui ont une taille inférieure. Ces matériaux sont tradiGonnellement uGli& dans la cons-
truction rurale pour l’édification de hangars, de cases couvertes en paille, de maisons de briques en terre cuite
ou de clôtures. Beaucoup d’&re eux sont coupés dans les forêts et dans les jachères par les paysans qui béné-
ficient de droits d’usage. Lorsqu’ils sont commercialis& ou prélevés en dehors des droits d’usage, ces produits
sont soumis à une redevance domaniale de 60, IB ou 6 francs CFA selon la catégorie. Les statistiques données
par le Service forestier ne représentent donc qu’une très faible part des volumes de bois ronds prélevés dans la
forêt et I’exploitaGon réelle est encore plus difficile a estimer que celle du bois de feu car elle est très variable
selon les @ions. Elle dépend de l’état des peuplements, du mode de vie des populations et de leur ethnie.
L’exploitation commercialisée a peu varié au cours des dix dernières années malgré une progression sensi-
ble de la construction en agglomérés de ciment dans les villes et les villages de l’intérieur (Tab. 72). Ceci résul-
te du besoin qu’éprouve la majorité des citadins d’adjoindre & leur habitation un hangar pour élever quelques
moutons ou une case de type traditionnel pour faire la cuisine. La répartition de I’exploitaGon par @ion est
demeurée inchangée, le Sine-Saloum, le Sénégal-Oriental et la Casamance fournissant près de BO % des bois
ronds (Tab. 73).
Les poteaux télégraphiques et Glbphoniques sont importés. Le Service forestier avait tenté avec succès
en 1954 l’imprégnation à la creosote de poteaux de Filao exploités dans le Périmètre de M’Bao. Les produits
&aient d’excellente qualité et leur prix de revient nettement moins élevé que celui des poteaux de pin venant
d’Europe mais l’Administ,ration les refusa, considérant que la rectitude du Casuarina equisetifdia n’était pas
conforme aux normes en usage en Métropole. Les plantations de teck réalisées en Basse-Casamance donneront
d’ici quelques années des bois d’éclaircie utilisables comme support des lignes de transport aérien; l’expérience
de la C&e d’lvoire monU-e que leur exploitation permet de couvrir les frais d’entretien des reboisements.
Dix scieries étaient en service au Sénégal en 1971, quatre à Dakar et six dans le Sud du pays. Leur pro-
duction couvre environ 95 % des besoins en bois sciés, les importat.ions de sciages ne concernant que les rési-
neux, Pin sylvestre, Pin maritime, Epicea et Sapin qui proviennent de Scandinavie, de France et d’Autriche.
235
TABLEAU 72
Exploitation commercialisée des bois ronds (Unites)
Sénégal
Année Casamance Diourbel Fleuve Sine-Saloum Thiès %
Oriental
Ce sont les quatre principales entreprises travaillant le bois. Elles ne débitent que des grumes d’importa-
tion, essentiellement Acajou, Avodiré, Framiré, Makoré, Samba, Sapelli, Sipo et Tiama venant de Côte d’lvoi-
re. Elles fonctionnent nettement au-dessous de leur capacité et elles éprouvent de plus en plus de diffîcufté à
s’approvisionner.
La Société Africaine des industries du bcis (S.A.I.B.) a une capacité de 10.000 M3/an de sciages. C’est
une entreprise intégree qui prépare des charpentes et de la menuiserie pour le bâtiment, qui possède un atelier
de fabrication et un magasin d’exposition de meubles. Sa production actuelle est de l’ordre de 7.000 M3/an;
elle diversifie son activite dans la menuiserie métallique et dans la conserverie.
La Société ((Le Bois)) dont la capacité de transformation est de 7.000 .M3/an fabrique également des por-
tes isoplanes et de la caisserie.
236
La Société Forestière Maine-Sénégal (S.F.M.S.) est équipée pour débiter 5.000 M3/an dans sa filiale de
Tobor (SIFAC) en Basse-Casamance. La production totale est de l’ordre de 4.500 M3/an.
Les Etablissements DERICOURT et Cie ont une capacité de 5.000 M3/an mais ne dépassent guère 50 %
de ce chiffre. Ils confectionnent également des meubles de style.
Deux scieries ont cessé toute activité depuis 1960. Ce fut d’abord la Société Industrielle de Casamance
(SIC), installée à Vélingara qui pouvait débiter 1 .OOO M3 de Caïlcédrat puis, en 1966, l’ancienne Scierie en
Régie des Eaux et Forêts de 3ignona, uuverte en 1955 et reprise en 1964 par la Société d’exploitation des
Bois Africains (SEBA), qui produisit 900 à 1.300 M3 de sciages de Caïlcédrat selon les années.
La Scierie de Tobor (SI FAC) près de Ziguinchor, fermée depuis 1950, a été reprise en 1966 par la Socié-
té Forestière Maine-Sénégal. Elle exploite environ 500 arbres par an, surtout des Caïlcédrats et des Fromagers,
commercialisant 1 .OOO à 1.500 M3 de sciages.
La Scierie de Boutolatte, dans le département de Bignona# n’exploite qu’une cinquantaine d’arbres, essen-
tiellement des Caïlcédrats.
La Scierie de N’Dramé, dans le département de Nioro du Rip, produit 2.000 à 2.500 M3. Spécialisée dans
l’exploitation du Dimb, elle coupe de plus en plus de Santan en raison de la rareté du Ckm/y/a pinnata. Sa pro-
duction est écoulée a Dakar par la Société Sénégal-8ois ou livrée sous forme de debits spéciaux à la SISCOMA,
usine de matériel agricole de Pout.
La Scierie de Fatala, dans le département de Foundiougne, exploite environ 1.200 arbres annuellement
dont 1 .OOO Dimbs produisant 1 .OOO a 2.000 M3 de sciages.
La Scierie WERLE, a Kaolack, ne débite plus qu’une cinquantaine de Dimbs par an.
La Scierie de BARTHELEMY, installée en 1959 $I Tambacounda, s’est déplacée en 1970 dans le départe-
ment de Vélingara où elle exploite environ 600 Kapokiers par an.
Une étude sur le développement de l’utilisation du bois dans la construction en Afrique francophone a
été exécutée en 1966 par le C.T.F.T. et le Secrétariat des Missions d’Urbanisme et d’Habitat a la demande du
Secrétariat d’Etat aux Affaires Etrangères chargé de la Coopération. Les conclusions des experts furent que les
Sénégalais, dans l’ensemble, ne font pas confiance au bois dans la construction pour des raisons d’ordre psy-
chologique, économique et technique.
La prévention contre ce matériau résulte de ce qu’il est employé en Afrique, comme dans beaucoup de
pays du Tiers Monde, par les pauvres qui récupèrent des emballages ou des déchets de scierie pour édifier des
bidonvilles. Elle est renforcée par les nombreux déboires qu’on a enregistré quand on a fait appel au bois parce
qu’il n’est jamais traité, pour raison d’économie, contre les insectes et les champignons. Les obstacles économi-
ques sont justifiés par le prix élevé des sciages, conséquence des taxes $I l’importation qui frappent les grumes
et les bois débités et de la faible productivité des scieries artisanales qui travaillent les espèces locales dans
(‘intérieur du pays. Souvent enfin, les billes écoulées dans les pays africains par les exportateurs de Côte d’lvoi-
re sont de second ou de troisième choix, invendables en Europe, les débits livrés par les scieries sénégalaises
237
TABLEAU 74
Exploitation et production des scieries en 1971
ne sont ni purgés d’aubier ni séchés correctement, les qualités technologiques des essences proposées à la clien-
tèle ne conviennent pas aux usages auxquels on les destine, la’ mise en place des bois dans la construction, la
menuiserie et l’ameublement est faite sans aucun traitement pour les préserver.
Bien que certaines personnes soient conscientes que ces pratiques sont à l’origine du marasme de l’indus-
trie du bois au Sénégal, personne ne semble désireux d’essayer d’y apporter une solution. Il apparaît donc dif-
ficile dans ces conditions que le marché puisse s’améliorer au cours des prochaines années.
Les besoins du Sénégal en panneaux dérivés du bois, évalués entre 1.400 et 2.000 M3/an, sont entière-
ment couverts par l’importation et proviennent soit d’Europe, soit du Gabon.
Une usine de contre plaqué devait s’installer à Thiès en 1963. Utilisant des bois de Côte d’lvoire et du
santan (DanieUia oliveri) pour l’intérieur des panneaux, du vène (Pterocarpus erinaceus) et du caïlcédrat
(Khaya senega/ensid pour les feuilles de tranchage, la production, calculée sur la base de 10 M3/jour et de
3.000 M3/an, devait satisfaire 80 % de la demande locale et permettre des exportations vers l’Allemagne Fédé-
rale et le Canada. Les bâtiments furent construits, les machines furent livrées, une concession de 10.000 ha
de peuplement presque pur de Danielia oliveri fut attribuée à la Société dans le département de Sédhiou mais
le promoteur de l’affaire disparut avec les sommes versées par les actionnaires et empruntées h la B.N.D.S.
Depuis, des pourparlers engagés pour trouver les capitaux indispensables au démarrage de l’opération n’ont pas
abouti. Il paraît du reste peu vraisemblable que l’usine ait pu être rentable en raison de son implantation à
Thiès, à 70 km du port de débarquement des grumes importées, a 600 km des lieux d’exploitation des bois
sénegalais. Une fabrique de contre plaqué de petite capacité et, à plus forte raison, une usine de panneaux de
particules pourraient être économiquement valables à condition qu’elles soient implantées en Basse ou en
Moyenne Casamance.
238
24 - LA PATE DE BOIS
Le papier journal, les papiers d’impression et d’écriture, les papiers industriels et les cartons utilisés au
Sénégal sont importés.
Les matières premières susceptibles d’être utilisées pour la fabrication de pâte sont localisées en Basse-
Casamance où il existe près de 120.000 ha de forêt dense demi-sèche et 50.000 ha de mangrove, au Sénégal-
Oriental où on trouve d’importantes zones d’uxytenanthera abyssinica, au Delta du fleuve Sénégal où il serait
possible d’employer la paille de riz et la bagasse de la canne à sucre.
L’inventaire des forêts de Casamance, actuellement réalisé par la F.A”O., fournira des éléments d’appré-
ciation sur la fréquence et la répartition des essences, sur leurs rendements en volume et sur leurs caractéris-
tiques papetières. On peut seulement admettre, par analogie avec d’autres régions tropicales où les peuplements
forestiers sont comparables, qu’il serait possible de les traiter par le procédé KRAFT, soit isolément, soit en
mélange. L’expérience des plantations de Grne/ina arborea réalisées dans le département de 8ignona par le Ser-
vice forestier et par la CAFAL, les essais d’introduction d’eucalyptus menés par le C.T.F.T. à Djibélor montrent
qu’une partie du boisement naturel pourrait être remplacée apres exploitation par des espèces à croissance rapi-
de dont les qualités papetières sont connues.
Les mangroves africaines sont inexploitées mais, au Sud-Vietnam, les palétuviers sont employés depuis
longtemps pour la fabrication de pâte de bois. Il n’est pas possible d’extrapoler les résultats au Sénégal, surtout
sur les plans économiques et humains, car les bûcherons refusent jusqu’à présent de travailler dans le milieu,
mais on peut considérer les peuplements d’Avicennia africana et de Rhizophora racernosa des estuaires de la
Casamance et du Sine-Saloum comme une source potentielle de matière première estimée à environ 250.000 T
de bois utilisable en papeterie.
Les bambous constituent un excellent matériau qui peut remplacer les pâtes à fibres longues et être uti-
lisé en mélange avec des pâtes à fibres courtes. Les surfaces couvertes en Oxytenanthera abyssinka dans le
Sénégal-Oriental et en Haute-Casamance sont malheureusement excentriques et surtout très dispersées. Le cycle
végétatif de l’espèce rend également vain tout espoir d’obtenir un rendement soutenu dans les zones qui seraient
mises en exploitation.
La paille de riz et la bagasse de canne à sucre ne peuvent être employées par l’industrie cellulosique que
si des tonnages considérables sont disponibles à proximité immédiate de l’usine de transformation. Seul, le
Casier de Richard-TOI1 correspond à ce critère.
Une étude sur les perspectives d’industrialisation papetière en Afrique francophone, effectuée en 1966 par
la S.E.D.E.S. et le C.T.F.T. à la demande du Secrétariat d’Etat aux Affaires Etrangères chargé de la Coopératiorl,
a montré que les possibilités de réaliser des unités de grande capacité visant l’exportation de produits finis
étaient moins favorables au Sénégal que dans d’autres pays mais qu’on pouvait envisager, dès à présent, l’implan-
tation d’une usine de 20.000 T/an destinée à l’approvisionnement du marché local en papiers et en cartons,
investissement évalué à l’époque à environ 2,5 milliards de francs CFA.
Il est difficile d’estimer le volume de bois employé par l’artisanat sénégalais car des arbres sont encore
coupés en bénéficiant de droits d’usage et d’autres sont parfois déclarés comme combustible pour payer des
taxes réduites. Parmi les abattages de bois d’œuvre contrôlés, environ 70 % des pieds sont utilisés pour la sculp-
ture et la fabrication d’articles ménagers ou de pirogues mais, en volume, les pourcentages doivent se répartir
par moitié entre artisanat et sciages car, dans l’ensemble, les espèces utilisées par les scieries ont un diamètre
plus important.
239
L’industrie des pirogues absorbe en Casamance environ 500 arbres par an (Tab. 75). Le ca'ilcédrat et le
fromager sont de tres loin, les essences plus utilisées (Tab. 76). La plupart de ces embarcations sont exportées
à Dakar et dans la région du Fleuve (Tab. 77).
TABLEAU 75
TABLEAU 76
TABLEAU 77
Aucune essence forestière n’est susceptible de fournir du bois d’œuvre dans le domaine sahélien et dans le
secteur soudano-sahélien. Nous mentionnerons toutefois Acacia niMica, variété tomentosa, parce qu’au Soudan
son bois est utilisé pour fabriquer des barques et des instruments aratoires, Dafbergia mefanoxyfon et Poupartia
birrea qui sont largement empioyés par les sculpteurs et les artisans, Acacia afbida dont les qualités technolo-
giques sont médiocres mais qui pourrait être exploité pour la caisserie et la charpente, L3orassus aethiopum
aisé à fendre en chevrons et en lattes. Les premières essences intéressantes se rencontrent dans le secteur souda-
no-guinéen. Ce sont Bombax costatum, Cordyla pinnata, Daniefiia oliveri, Maya senegafensis, Oxytenanthera
abyssinica et Pterocarpus erinaceus.
Nous avons signalé dans l’étude des peuplements forestiers du domaine guinéen la présence d’espèces
qui sont largement répandues en Côte d’lvoire, au Ghana, au Nigéria, au Cameroun et même en Angola. Dans
ces pays, certaines sont commercialisées comme Aktonia boonei, I’Emien, Danie//ia thurifera, le Faro, Mitragy-
na stipulosa, le Bahia, Morus maesozygia, le Difou, Aucune n’est exploitée en Basse-Casamance où elles sont
du reste très rares. Les renseignements actuellement disponibles sur d’autres espèces plus abondantes, parfois
utilisées par les scieries et les artisans du bois, comme Afzeha africana, le Linke, Antiaris africana, I’Ako,
Erytrophfeum guineense, le Tafi, sont inexistants. Ce n’est que lorsque l’inventaire de la forêt dense demi-sèche
aura été achevé et interprêté qu’il sera possible de définir les bases d’une exploitation rationnelle des boisements
naturels sénégalais susceptibles de fournir des bois d’oeuvre et d’industrie.
L’exploitation du bois d’œuvre est soumise à une redevance domaniale, perçue par le Service forestier,
qui est calculée par pied d’arbre abattu. Les statistiques donnent toutefois une valeur très approximative des
prélèvements effectués car on a longtemps classé dans la même catégorie des essences dont l’usage industriel
est totalement différent comme, par exemple, Antiaris africana et Poupartia birrea. Le tableau 78 sur lequel
nous avons porté les chiffres relevés dans les Rapports des Eaux et Forêts depuis 1937 montre que l’exploita-
tion, après avoir progressé pendant la période de guerre, s’est stabilisée entre 1952 et 1966 autour de 9.000
arbres par an puis elle a doublé. En 1972, la Casamance, le Sine-Saloum et le Sénégal-Oriental totalisèrent plus
de 87 % des arbres exploités (Tab.79).
TABLEAU 78
Exploitation du bois d’œuvre au Sénégal entre 1937 et 1972
Sénégal
ESPECES Nom commercial Casamance Diourbel Fleuve Sine-Saloum Thiès TOTAL
Oriental
NOMBRE D’ARBRES EXPLOITES.. . . . . . . . . . . 8.354 1.663 655 2.185 6.618 184 19.659
19.0011 -
18.001 Ll -
17.001 Q -
16.001 Il -
15.00 0 -
14.00 0 -
13.00 0 -
12.00 0 -
11.00 0 -
10.00 0 -
9.0010 -
8.0010 -
10 -
6.OC 10 -
10 -
10 -
0 -
10 - Fig. 26
10 -
45 55 65
TABLEAU 80
Essais physiques et mécaniques de quelques bois du Snégal
ESPECES AK0 (1) GAI LCEDRAT (2) DIMB (3) IROKO (4) K A D (5)
CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
- Dureté . . . . . . . . . . . . . . N 1,o à 1,5 35 à 5,6 10,2 2,5 à 3,8 3,5 à 5,2
- P o i d s specifique à 1 2 % hum idite . D 0,41 à 0,45 0,71 à 0,81 0,87 0,56 à 0,69 0,58 à 0,71
- Hygrospicite a. . . . . l’air
. . . d 0,0026 à 0,0033 0,003l à 0,006O 0,004o 0,003o 0,0025 à 0,0029
- Rétractibiiité
Point de saturation de la fibre. . . S% 34 à 50 21 à62 28 20 à 21 22 à 24
Retractibilité volume totale . . . B% 9,6 à 15,l 10,8 à 12,4 12,5 7,8 à 9,9 12,4 à 13,8
Coeff.de rétractibilite vol. . . . . V% 0,21 à 0,42 0,25 à 0,55 0,56 0,40 à 0,49 0,56 à 0,58
Retractibilité tangentielle . . . . . T% 5,8 à 7,9 6,9 à 6,5 66 4,3 à 5,9 8,4 à 8,6
Rétractibilite radiale . . . . . . . R% 3,6 à 4,4 5,4 à 5,s 4#7 2,5 à 3,7 3,7 à 4,6
CARACTERISTIQUES MECANIQUES
- Cohésion transversale
Fendage-Résist.moy.en kg/cm . . . . . . 16,O à 17,3 15,l à 28,7 19,l 14,2 à 16,7 16,l à 20,8
Cote de fendage . . . . . Fend/100 D 0,32 à 0,40 - - - 0,27 à 0,30
Traction- Résist.moy.en kg/cmz . . . . . 18,3 à 20,9 24,5 à 32,8 26,5 21,2 à 26.0 23,2 à 27,8
Cote de traction. . . . . . Tract/1 0 0 D 0,37 à 0,48 - - - 0,39 à 0,40
Cisaillement-Resist.moy.en kg/cm2 . . . 35 à 65 87 100 68 à 103 63
Cote de cisaillement . . . . . Cis/lOO D 0,79 à 1,38 - - - 1,04
- Cohesion axiale
Compression à 12 % hum idité
Résist.moy.en kg/cmz . . . . . . C 367 à 392 456 à 588 729 450 à 599 402 à 525
Tenue à l’humidité . . . . . . . . . C%* 5,0 à 10,o 2,0 à 3.6 4,l 3,5 à 4,6 5,6 à 7,4
Code statique . . . . . . . . . C/l00 D 8,5 à 9,0 6,4 à 7,9 8#3 8,O à 9,8 6,9 à 7,4
Cote spécifique C/l00 Dz 18,3 à 22,0 - - - 10,5 à 12,o
- Flexion statique à 12 % humidité . . . . .
Resist.moy.en kg/cmz . . . . . . . F 855 à 872 1170 à 1299 1418 1082 à 1257 975 à 1072
Cote de flexion . . . . . . . . . F/I 00 D 18,5 à 20,2 15,4 à 17,6 16,2 18,9 à 20,7 13,8 à 18,2
Cote de raideur . . . . . . . . . . Llf 32 à 41 23 à 29 36 28 à 35 30,O à 36,0
Cote de tenacité. . . . . . . . . . . FIC 2,2 à 2,4 - - - 1,9 à 2,7
Module élasticité apparent. . . . . E 64.000 à 94.000 100.000 à 102.080 130.000 76.000 à 100.000 84.000 à 92.000
- Flexion dynamique
Cote de résistance . . . . . . . . . K 0,17 à 0,20 0,38 à 0,52 0,34 0,18 à 0,24 0,27 à 0,48
Cote dynamique . . . . . . . . . . K Dz 0,80 à 1,04 0,52 à 1,02 0,47 0‘47 à 0,62 0,56 à 1,37
Contrainte de rupture en kg/cmz . . . . . 813 à 1008 - - - -
TABLEAU 81
Essais physiques et mécaniques de quelques bois du Sénégal
ESPECES KAPOKIER (6) SANTAN (7) TALI (8) VENE (9) ESSAIS du C.T.F.T.
Nogent-sur-Marne
CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
- Dureté . . . . . . . . . . . . . . . N 1 ,o à 1,3 3,2 à 5,8 5,7 à %,5 Il,2
Module élasticité apparent . . . E 46 000 à 55 000 71 oooà99ooo 108 000 142 000
- Flexion dynamique . . . . (9) V E N E
Coefficient de resistance . . . . K 0,ll à 0,19 0,19 à 0,40 0,35 à 1,24 0,47 1 grume Sénégal
Cote dynamique . . . . . . . . . K D 2 0,82 à 0,93 0,57 à 1,06 0,44 à 1,08 0,70
Contrainte de rupture en kg/gmz . . . . . - 964 à 1250 - - ,
245
Le fût de l’Acacia a/bida est utilisé dans le secteur soudano-sahélien pour la fabrication d’objets artisa-
naux, mortiers, plats, instruments de cuisine. Les branches qui servent à la construction des cases, des hangars
ou des greniers à grains sont facilement attaquées par des insectes, aussi les paysans laissent-ils parfois séjour-
ner les piquets pendant plusieurs mois dans une mare avant de les mettre en place afin d’éliminer la sève.
Etant donné l’importance des peuplements naturels dans l’Ouest du Sénégal et les mesures prises par le
Service forestier depuis 1964 pour multiplier l’espèce qui, nous le verrons, offre un grand intérêt pour la regé-
nération des sols épuisés par la culture extensive de l’arachide, nous avons fait procéder à une étude des carac-
téristiques physiques et mécaniques du bois de Kad ainsi que de ses possibilités d’emploi dans l’industrie
papetière. Le matériau est nerveux et hétérogène (Tab. 80). Il pourrait toutefois être utilisé dans des contrées
dépourvues d’autres essences forestières pour la charpente légère, la menuiserie ordinaire et le coffrage. Le
traitement le mieux approprié pour obtenir de la pâte est le procédé Kraft mais le rendement est faible, les
caractéristiques mécaniques des pâtes écrues et blanchies sont médiocres, les papiers obtenus sont poreux et
ont de la main.
L’exploitation des Kads a lieu essentiellement dans les régions de Diourbel, de Thiès et du Fleuve. Elle
est actuellement freinée par le Service forestier afin de maintenir le maximum de semencjers pour fawt&r la
multiplication de l’espèce (Tab. 82).
TABLEAU 82
Excellent combustible et matière de qualité pour la carbonisation, Acacia ni/otica, var. tornentosa, peut
difficilement fournir du bois d’œuvre en raison de sa mauvaise forme et de la faible longueur de son fût. Au
Soudan, toutefois, certaines forêts situées en bordure du Nil ont été aménagées depuis une cinquantaine d’an-
nées pour ravitailler de petites scieries qui produisent des poteaux équarris, des chevrons, des traverses de che-
min de fer, des lattes de parquet (PERRAUDIN - 1972). Seuls quelques arbres sont exploités chaque année au
Sénégal dans la region du Fleuve par des artisans du bois.
L’essence serait utilisable pour l’obtention de pâtes papetières. Les cuissons alcalines sont faciles à réali-
ser mais les rendements et la dureté des pâtes obtenues varient d’un échantillon à l’autre. A traitement égal, le
blanchissement donne une blancheur inférieure à celle de la plupart des feuillus des régions tempérées mais la
stabilité de la pâte blanchie est satisfaisante. Ses caractéristiques mécaniques sont moyennes (PETROFF -
D O A T - TISSOT - 1968).
La sylviculture du Gonakié n’a, à notre connaissance, été étudiée qu’au Soudan. La régénération naturel-
le étant aléatoire même dans les peuplements aménagés, en raison de l’exigeante des jeunes plants pour la
lumière qui impose d’effectuer de très larges trouées dans les boisements à renouveler en ne maintenant aucun
couvert, pas même de semenciers, on pratique la régénération artificielle par semis à la volée, soit avant la crue
avec des graines non traitées,soit au moment de la d&zrue avec des graines préalablement trempées dans de l’aci-
de sulfurique, ou par semis en potets au fur et CI mesure de la baisse des eaux. Acacia ni/otica étant très sensi-
ble a la concurrence de l’herbe, des sarclages sont indispensables pendant les deux premières années. Une pre-
mière éclaircie, marquée à 6 ans alors que les arbres atteignent 8 à 10 m de hauteur et 12 à 15 cm de dia-
mètre dans les meilleures stations, seulement 2 m de haut sur les sols peu favorables, élimine. à peu près la moi-
tié du matériel, supprimant les sujets fourchus, tordus et bas branchus puisque l’objectif est de produire du
bois d’œuvre. Les eclaircies sont ensuite rhpétées tous les 3 ans jusqu’à ce que la densité soit de 120 arbres a
l’hectare, la révolution étant fixée a 39 ou 35 ans.
247
Nous avons décrit certains des caractères de l’Afze/ia africana en étudiant les arbres fourragers. C’est un
arbre qui, dans le Sud de son aire, peut atteindre 25 à 30 m de hauteur avec un fût rectiligne sur 10 à 12 m
mais il dépasse rarement 15 à 18 m au Sénégal et il est souvent trapu.
Le bois parfait, brun clair au moment de l’abattage, rouge cuivre avec des veines sombres et des veines
claires après séchage, est bien différencié de l’aubier. Son grain est moyen ou assez grossier. Le matériau est
dur, lourd, assez difficile à scier en raison de sa dureté et parfois de la présence de concrétions qui désaffutent
les lames; le retrait est faible, la cohésion axiale satisfaisante mais le bois s’avère cassant au choc. Le rabotage,
le toupillage et le polissage sont faciles. Le collage, la peinture et le vernissage sont aisés. Le cloutage et le vis-
sage demandent le forage d’avant trous pour éviter les fentes. La résistance aux champignons, aux lyctus et aux
termites est très satisfaisante.
Commercialisé sous le nom de Lingué, connu au Sénégal sous son nom mandingue de Linké, le bois
d’Afze/ia africana convient pour des constructions exposées à l’eau et aux intempéries en raison de son excel-
lente tenue à l’humidité. On l’emploie pour les menuiseries extérieures et le pontage des navires; on l’utilise
également pour la menuiserie intérieure, en particulier pour la composition de parquets de qualité. 30 à 50
arbres sont actuellement exploités chaque année en 8asseCasamance,surtout pour la fabrication de pirogues,
car, en dehors de la S.I.F.A.C., aucune des scieries de la région n’est équipée pour débiter le bois.
Antiaris africana est une Moracée caractéristique du domaine guinéen dont l’aire s’étend depuis la Casa-
mance jusqu’à la Province d’Equatoria au Soudan. Elle constitue l’un des principaux éléments de la forêt semi-
décidue mais elle pénètre également dans la forêt dense à la faveur de clairières accidentelles ou de défriche-
ments, se mélangeant alors à Antiaris welwitschii qu’on retrouve en Angola et en Ouganda. Au Sénégal, elle
remonte le long du littoral jusque dans la région de Thiès mais les peuplements clairs, assez fréquents il y a
une vingtaine d’années, en particulier dans les dépressions, sont aujourd’hui en voie de disparition.
C’est un arbre pourvu de contreforts d’importance variable qui peut atteindre 30 à 35 m de hauteur et
130 cm de diamètre avec un fût droit et cylindrique sur 15 à 20 m et une cime arrondie, moyennement dévelop-
pée, formée de grosses branches dressées. Le port est identique à celui de Chlorophora regia aussi l’espèce est-
elle parfois confondue avec l’lroko ou désignée par les exploitants forestiers sous le nom de Faux lroko ou
d’lroko blanc. On la nomme du reste au Sénégal Tomboïro blanc alors que Ch/orophora regia est le Tomboïro
noir. L’écorce, finement fissurée, gris argenté avec des lenticelles blanchâtres proéminentes en lignes verticales,
contient un latex clair qui brunit rapidement après exsudation. Sa tranche, épaisse de 2 cm environ, est cas-
sante et jaune pâle dans la partie externe, tendre et fibreuse dans la portion interne, pouvant fournir un matériau
qui fut utilisé dans certaines régions pour tisser des pagnes d’où le nom de ((8ark Cloth Tree)) donné à l’essence
dans les pays anglophones.
Les feuilles simples et alternes, courtement pétiolées, avec un limbe ovale, asymétrique à la base, finement
denté, rugueux au toucher sur la face supérieure, marqué de nervilles proéminentes plus ou moins pubescentes
a la face inférieure, présentent un dimorphisme prononcé entre les états juvéniles et adultes, leurs dimensions
étant de l’ordre de 5 à 15 cm sur 4 à 9 cm. Les fleurs verdâtres et petites sont axillaires, en capitules pour les
mâles, solitaires pour les femelles. Le fruit est une drupe ovoïde rouge foncé, tomenteuse, courtement pédon-
culée, longue de 1,5 cm qui contient une pulpe jaunâtre et un noyau ovoïde. On compte environ 1.800 grai-
nes dans un kilogramme.
248
TABLEAU 83
Le bois parfait, blanc jaunâtre, de teinte uniforme ou légèrement nuancée par des veines cuivrées, pos-
sède un grain assez grossier mais peu apparent. Les débits sur dosse ont un aspect homogène et mat
alors que les débits sur plein quartier sont plus satinés, finement maillés et parfois assez bien rubanés
par le contrefil. L’aubier, peu différencié au moment de l’abattage, devient rapidement grisâtre par alté-
ration.
Commercialisé sous le nom d’Ako, le bois d’Af?t;aris af~-icana est très léger, très tendre, moyennement ner-
veux. l l sèche rapidement mais les sciages sur dosse peuvent se voiler et les fentes en bout qui existent après le
sciage ont tendance à s’accroître. En valeur absolue, la résistance est faible pour la cohésion transversale, la
compression et la flexion mais, si on rapporte ces résistances à la densité du bois qui est comprise entre 0,35
et 0,55 à 12 % d’humidité on obtient des cotes de compression et de flexion moyenne (Tab. 80).
Le bois se scie, se travaille, se cloue et se visse facilement, Il se déroule sans difficulté, se colle bien, se
peint et se teinte aisément. Ses emplois dans l’industrie du déroulage sont importants et on l’utilise surtout con-
me intérieur de meubles plaqués, dans la caisserie, dans l’emballage et dans la menuiserie légère. Les grumes
sont sensibles à l’échauffure, aux attaques des insectes , des piqûres noires et des champignons du bleuissement.
Elles doivent être protégées dès l’abattage par pulvérisation d’insecticide et de fongicide. De même les débits,
les sciages et les placages doivent rapidement être séchés et traités. Le bois sec étant également sujet aux
attaques des lyctus, on doit le protéger après usinage, avant de le mettre en œuvre.
L’Ako commença à être commercialisé en 1959 en Côte d’lvoire, au Ghana et au Nigéria. Les exporta-
tions de Côte d’lvoire au cours des années 1970 - 1972 atteignirent une moyenne de 36.500 T de grumes par
an. Des essais de déroulage de rondins d’Af&wis africana de Basse-Casamance, effectués par la C.A.F.A.L., se
révélèrent intéressants pour la fabrication de boîtes d’allumettes mais, faute de renseignements sur les possibi-
lités des peuplements et devant l’incertitude d’obtenir un approvisionnement régulier, l’essence n’a pas été rete-
nue. L’exploitation ne représente au Sénégal que 10 & 15 arbres par an, utilisés pour la confection de piro-
gues.
Le Kapokier à fleurs rouges est une des espèces les plus caractéristiques du domaine soudanien. Le tronc,
généralement droit et hérissé de fortes épines coniques, l’écorce liégeuse profondément crevassée, les feuilles
composées palmées, les fleurs à l’aspect de tulipe qui apparaissent lorsque la cime est défeuillée, les gros fruits
capsulaires ovoïdes d’où s’échappent a maturité des bourres crème de fibres de kapok font reconnaître de loin
cette Bombacacée. Son aire s’étend depuis le Sénégal jusqu’a l’Est de la République Centre-Africaine, descen-
dant dans le domaine guinéen sans toutefois atteindre la limite de la for& dense humide, remontant parfois
assez haut dans le secteur sahélo-soudanien. On la trouve le plus souvent disséminée ou en petits bouquets dans
la savane boisée et dans la forêt claire mais on peut la rencontrer en peuplements assez denses, notamment en
249
Afzelia africana
Haute-Casamance et dans le Sénégal-Oriental, vers Kayes, dans la vallée du Niger près de Bamako et de Ségou,
dans le Sud de la Haute-Volta et dans les environs de Dosso au Niger. Il semble que l’essence soit de demi-
lumière car un essai sylvicole réalisé par le C.T.F.T. à Bambey en plein découvert s’est traduit par un échec, les
plants ayant disparu progressivement au début de la première saison sèche. La régénération naturelle est par
contre assez fréquente dans les peuplements naturels dès qu’on les protège du feu et il est possible que l’ouver-
ture du boisement la favorise car on a constaté un accroissement de la densité des Kapokiers dans les forêts du
Sine-Saloum exploitées pour la carbonisation pendant la dernière guerre. Les arbres adultes résistent bien aux
incendies mais les jeunes sujets sont détruits par les flammes.
Le bois jaune clair, avec un aubier non differencié, est léger, très tendre, peu nerveux. Le séchage est
rapide et facile mais les billes doivent être protégées contre les attaques des insectes et des champignons. Les
résistances a la traction et au cisaillement sont moyennes. Le matériau, assez cassant, peut être classé dans la
categorie inférieure des bois légers pour sa résistance a la compression de fil. l l se travaille aisément, il se cloue,
il se colle et il se peint bien (Tab. 811. On peut l’utiliser pour la caisserie légère, la menuiserie ordinaire, le cof-
frage en l’étayant soigneusement car il ne supporte pas de fortes charges, mais ses emplois les plus intéressants
sont dans le déroulage.
TABLEAU 84
Jusqu’en 1960, les artisans du bois coupèrent environ 150 arbres annuellement au Sénégal pour fabriquer
des mortiers, des plats, des assiettes. L’exploitation doubla alors avec l’ouverture à Tambacounda d’une petite
scierie qui débita à peu près exclusivement cette essence puis elle passa à environ 1.000 pieds par an à partir
de 1968, la C.A.F.A. L. ayant remplacé le Coto importé de Côte d’lvoire par le Kapokier pour la fabrication
des boîtes d’allumettes (Tab. 84).
Le Rônier dont nous avons montré l’intérêt du fruit dans l’alimentation humaine et les nombreux usages
des feuilles dans l’artisanat sénégalais, donne également un matériau de construction très apprécié dans son aire
de distribution. La portion centrale du stipe, assez spongieuse, pourrit rapidement mais la couronne externe
dont la structure fibreuse est très dense s’avère résistante, imputrescible, inattaquée par les insectes et les mol-
lusques. Cette zone qui s’étend sur 7 à 10 cm de part et d’autre du diamètre chez les sujets mâles, sur 4 à
5 cm chez les femelles, va de la base du tronc au milieu du premier renflement. Au-delà, le bois est peu dura-
ble et sans valeur technologique.
Il est impossible de scier et très difficile de raboter ou de poncer le bois. Il est, par contre, aisé de le fen-
dre sur toute la longueur en 4, en 8 et même en 16 morceaux. Ceci explique l’emploi du palmier à l’état brut
pour la confection de warfs et de piles de ponts, sous forme de poutres, de chevrons ou de lattes pour l‘établis-
sement de lignes téléphoniques secondaires, la construction de hangars, la couverture d’habitations, l’édification
de clôtures. Des débits sont parfois utilisés après ponçage pour faire des encadrements de tableaux ou des mon-
tants de meuble d’un très bel effet en raison de la disposition irrégulière des fibres de teintes noires et jaunâ-
tres, Il serait possible d’en tirer des lattes de parquet en imprégnant le matériau avec une résine synthétique
dure.
Espèce du domaine soudanien, Borassus aethiopum est très exigeant au point de vue éclairement et teneur
en eau du sol. Il ne supporte pas le couvert; il tolère difficilement la concurrence des plantes herbacées et
ligneuses; il recherche des sols filtrants possédant une humidité correcte à faible profondeur. La croissance, tou-
jours lente les premières années, est très variable selon la richesse du terrain, atteignant 30 a 40 cm par an dans
252
les meilleures stations. L’essence est sensible aux feux itinérants dans le jeune âge et le prélèvement des feuil-
les ou leur destruction par les animaux limite considérablement le développement. Les bases des pétioles des-
séchés demeurent engainées sur le stipe jusque vers la vingt-cinquième année, époque qui correspond à l’appa-
rition des premières fleurs, puis, le tronc augmentant brutalement de diamètre, une desquamation des gaines
se produit de haut en bas, dénudant le fût en quelques mois. Le renflement se poursuit sur 3 à 4 m puis le dia-
mètre redevient identique à celui de la base de la colonne. Un second renflement se forme vers 90 ans et, par-
fois, on en trouve un troisième chez des sujets très âgés.
Les peuplements de Rôniers, jadis relativement importants dans l’Ouest du Sénégal, ont été surexploités
et, souvent, ils n’offrent plus d’intérêt que pour la production de feuilles. Habitués à ce matériau léger, aisé a
travailler et peu attaqué par les termites, les populations rurales et les citadins disposant d’un faible revenu le
préfèrent souvent aux sciages plus lourds, moins faciles à mettre en œuvre et plus onéreux. Chaque année, des
milliers de chevrons sont importés de Gambie et récemment les palmeraies de Casamance ont été ouvertes à
l’exploitation malgré leur éloignement des zones utilisatrices, le département de M’Backé où les chefs religieux
mourides s’en servent pour fixer les clôtures de tôles ondulées qui entourent leurs résidences, le département
de Kaolack où on l’emploie pour l’ossature des murs des maisons, formés de panneaux de Bambou crépis au
mortier de ciment. L’exploitation qui portait sur environ 2.000 stipes par an entre 1960 et 1970 a doublé en
1972 (Tab. 85).
TABLEAU 85
C!?&a penra&-a existe dans toutes les régions intertropicales du globe. CHEVALIER (1949) estime qu’il
s’agit d’une espèce introduite d’Amérique bien avant l’époque colombienne. Les graines cotonneuses auraient
été apportées depuis le Brésil jusqu’a la côte de Guinée par les vents violents puis les hommes qui considèrent
souvent l’essence comme un arbre fétiche l’auraient répandue à travers le continent. Les botanistes semblent
admettre qu’il existe deux variétés, l’une propre à l’Amérique et à l’Afrique, Ceiba penranc/ia car-ibaea, l’autre
cantonnée en Asie, Ce&? penrandra indica, ULRRICH sépare toutefois les Fromagers africains en deux races
suivant que les capsules sont indéhiscentes ou non sur les branches, chacune présentant deux formes selon que
le kapok est de couleur grise ou blanche.
L’arbre, au fût cylindrique, étayé a la base par de puissants contreforts ailés, couvert dans le jeune âge
d’épines coniques, acérées et dures, peut atteindre 50 m de hauteur et 2 m de diamètre. L’écorce, d’abord ver-
te et lisse, devient ensuite grisâtre et rugueuse, La cime est ramifiée par étages au cours des premières années
et chez les sujets isolés mais, en peuplement serré, les branches inférieures se désagrègent tandis que celles du
houppier forment une charpente très forte, support d’une frondaison trapézoïdale.
Les feuilles, composées palmées, comprennent 7 a 9 folioles glabres rassemblées à l’extrémité d’un pétio-
le de 10 à 20 cm de long. Le limbe lancéolé, avec des nervures bien marquées sur la face inférieure, mesure 10
253
18 cm sur 2,5 a 4 cm. Les inflorescences forment des touffes denses de fleurs gris-blanc à l’extrémité des
rameaux; elles se développent deux mois après l’arrêt des pluies, peu après la chute du feuillage. Les fruits sont
des capsules à valves, brunes, ellipsoïdes, pointues aux deux bouts, qui peuvent atteindre 25 cm de long et
6 cm de diamètre. Elles sont bourrées de fibres grises ou blanches qui enveloppent des graines brunes, sphéri-
ques, oléagineuses, de la taille d’un petit pois. Ce kapok est peu intéressant, contrairement à celui de variétes
américaines de Ce& per&w&a qu’on tenta de multiplier en Afrique occidentale à partir de 1920. Deux mille
hectares de plantations furent réalisées en Haute-Volta mais, peu $r peu, on les abandonna parce que les Ceiba
introduits dégénérèrent par hybridation avec le Fromager local.
Le coeur et l’aubier, peu différenciés, sont blanc-jaunâtre avec une teinte rosée ou brunâtre. Le bois,
léger et très tendre, possède un grain grossier et des fibres souvent enchevêtrées. Il est peu nerveux et anatomi-
quement très proche de celui de Bomba~ costatum. Les grumes sont très sensibles, dès l’abattage, aux attaques
des champignons du bleuissement et de la pourriture ainsi qu’aux insectes xylophages qui provoquent des piqû-
res noires. Le séchage est rapide mais le bois doit être protégé contre les insectes xylophages de la pourriture
blanche.
Les résistances a la compression et à la flexion statique sont médiocres, même si on les rapporte à la den-
sité du bois mais, celui-ci étant souple, de grandes déformations peuvent être atteintes avant la rupture. La résis-
tance au choc est bonne; la cohésion transversale varie selon que le matériau est de droit fil ou 8 fibres enche-
vêtrées. Le sciage, le rabotage, le toupillage, le polissage sont gênés par les fibres arrachées qui bourrent, Les
clous et les vis pénètrent bien sous faible pression mais elles tiennent assez mal, Le collage prend bien, la pein-
ture est aisée mais elle nécessite un bouche-porage important. L’intérêt du bois réside essentiellement dans son
aptitude au déroulage et au tranchage mais il est indispensable que les billes soient fraîches, exemptes de tra-
ces d’echauffure et de pourriture. Les exportations de Fromager de Côte d’lvoire vers l’Europe représentent
actuellement environ 36.000 M3/an de grumes et 1.000 M3/an de sciages.
On trouve au Sénegal Ceiba pentandra dans le domaine guinéen et dans le secteur soudano-guinéen. Il est
toujours à l’état dispersé, parfois assez abondant dans des bas-fonds non inondés ou en bordure de rivières.
L’essence a été employée pour des plantations en alignement, en particulier à Kaolack et à Khombole, mais on
doit la déconseiller car, en mars et en avril, lorsque les gousses s’ouvrent, elles dispersent des nuages de kapok
dont les fibres sont irritantes pour les bronches. L’exploitation atteint environ 400 arbres par an dont 85 %
sont prélevés en Casamance. Le bois sert à confectionner des pirogues ou a la sculpture et quelques pieds sont
débités a Tobor par la S.I.F.A.C. qui en tire environ 7 M3 de sciages par arbre (Tab. 86).
On rencontre en Afrique deux espèces de Chlorophora. La première, Ch/orophora regia, existe a l’état
endémique depuis la Casamance jusqu’en Cote d’lvoire; la seconde, Ch/orophora exce/sa, couvre une aire beau-
coup plus vaste qui s’étend de la Sierra-Léone à l’Angola puis du Kenya à la Tanzanie. Toutes deux fournis-
sent un bois très apprécié qui est commercialisé sous le nom d’lroko. Ce sont des Moracées de première gran-
deur dont la cime, en pyramide renversée, est composée d’une gerbe de grosses branches et de nappes de feuil-
lage étalées, très ajourées, très claires. Le fût cylindrique et régulier, a décroissance assez faible, possède un
léger empâtement à la base. Il peut atteindre 170 cm de diamètre et 25 m de longueur avant les premières
branches. Le port est comparable à celui d’&tiaris africana mais l’écorce, sombre ou noirâtre, rugueuse et
écailleuse, permet de différencier les deux arbres. Elle laisse exsuder un latex laiteux, très fluide qui se coagule
a l’air.
Les feuilles, caduques en saison sèche, sont simples, alternes, entières et pétiolées; elles présentent un
dimorphisme marque entre l’état juvénile et l’état adulte. Le limbe ovale, de 6 à 16 cm de long, de 6 à 8 cm
de large, à bords entiers ou très finement denticulés, plus ou moins cordé à la base, courtement acuminé au
254
au sommet, est porté par un pétiole grèle de 3 à 6 cm. Les Chlorophora sont dioïques. Les inflorescences
ont la forme d’épis cylindriques pendants, densément fleuris, solitaires à l’aisselle des jeunes feuilles sur les
nouvelles pousses. Les fleurs mâles sont minces et parfois très longues; les fleurs femelles sont plus larges et
beaucoup plus courtes. Le fruit est une mûre charnue, de couleur verte, longue de 4 à 5 cm, large de 2 cm, à
la surface de laquelle on voit la trace des sépales. Chaque fruit élémentaire contient une graine lenticulaire de
2 x 3 mm ZI coque peu résistante qu’il est facile de séparer de la pulpe en pressant les fruits avec la main dans
un récipient rempli d’eau. On différencie botaniquement Ch/ut-uphora regia par ses feuilles dont le limbe est
entièrement glabre et par les fleurs femelles dont les sépales sont ovés et non oblongues.
TABLEAU 86
Exploitation de Ceiba pentandra au Sénégal
*~
Année Nombre d’arbres Nombre d’arbres
L’lroko est une essence de pleine lumière ce qui explique sa rareté dans la forêt humide alors que souvent
des semis naturels s’installent dans les clairières et sur les défrichements, même s’il n’y a pas de semenciers 2
proximite, les graines étant apportées par les oiseaux. Les jeunes plants craignent la concurrence de la végéta-
tion herbacée, du recru arbustif et des lianes. Leur développement est souvent entravé par des attaques de
Photdyma /ata, Homoptère monophage qui vit au dépens des feuilles.
Le bois parfait, très différencié de l’aubier qui atteint 5 ZI 10 cm d’épaisseur et qui est inutilisable, est
jaune chez Ch/orophora regia, plus foncé chez Ch/orophora excdsa. Il brunit généralement assez vite quand il
est exposé a l’air, prenant une teinte havane de vieux chêne. Le grain est grossier et les traces des vaisseaux
sont très apparentes. Les faces sur dosse sont ramagées de veines claires; les faces sur quartier sont rubanées ou
moirées par suite de l’irrégularité du fil. L’lroko se caractérise au point de vue physique par une densité et une
dureté moyennes, une rétractibilité modérée et une très grande durabilité, au point de vue mécanique par des
résistances axiales correctes, une résistance au choc médiocre et une cohésion transversale moyenne. C’est donc
essentiellement un bois de construction recommandé pour la grosse charpente, les travaux hydrauliques, la cons
truction navale, le platelage des ponts, les portes d’écluse, le matériel roulant de chemin de fer, les menuiseries
extérieures, les parquets et le charronnage. Imperméable et resistant aux acides, il est apprécié pour la tonnel-
lerie et la fabrication de cuves $I produits chimique, Par contre, la teinte irrégulière du bois et les difficultés de
collage limitent ses emplois en ébénisterie massive ou plaquée, sa faible résistance aux chocs restreint son utili-
sation dans les ouvrages soumis a des efforts dynamiques importants.
L’lroko est considéré en Europe comme l’un des meilleurs bois africainsdont les qualités sont intermé-
diaires entre celles du Chêne et du Teck. Son exploitation, importante déjà avant la guerre en Côte d’ivoire et
au Cameroun, a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie. En 1972, les exportations de Côte
d’ivoire atteignirent 92.389 M3 de grumes et 16.426 M3 de sciages. Il est coupé en Basse-Casamance environ
56 pieds par an, la moitié étant utilisée par des artisans pour fabriquer des pirogues, l’autre moitié étant debi-
tee par la S.I.F.A.C. et la scierie de Boutolate. En moyenne, un arbre donne au Sénégal 5 M3 de sciages.
255
Le Dimb peut atteindre 20 m de hauteur sur les sols profonds et fertiles avec un fût droit, cylindrique
et régulier de 8 à 10 m de longueur mais sur les terrains moins riches ou plus superficiels, la taille est réduite,
le port devient sinueux bien que la cime demeure très développée. L’écorce crevassée, semblable à une peau de
crocodile à larges écailles, est épaisse avec une tranche zébrée de filets rouges comme chez les Pterocarpus. Les
feuilles glauques en-dessus, gris-vert en-dessous, légèrement pubescentes quand elles sont jeunes, ont 5 à 10 pai-
res de folioles opposées ou subopposées de 5 x 2 cm et une foliole terminale. Les fleurs blanches, odorantes,
groupées en courts racèmes tomenteux insérés sur les rameaux d’un an apparaissent en mai lorsque le houp-
pier est encore défeuillé. La fructification commence en juillet et dure un mois. Les fruits ellipsoïdes, de la
taille d’une mandarine, renferment 2 à 3 graines enrobées dans une pulpe blanchâtre qui, nous l’avons vu, est
consommée par les paysans.
Cordy/a pinnata, Caesalpiniacée de l’Ouest africain, a une aire qui s’étend du Sénégal à la Haute-Volta.
Il est remplacé plus $r l’Est par Cordyla zichardi, très voisin botaniquement, qu’on trouve jusqu’en Ouganda.
L’espèce ne forme jamais de peuplements purs, on s’en rend compte dans les stations du Sine-Saloum récem-
ment défrichées, mais on rencontre fréquemment une dizaine de pieds à l’hectare. Ce sont presque toujours
des sujets adultes ou, semble-t-il d’après l’étude des cernes du bois, âgés de plus de 40 ans. La régénération
naturelle est actuellement, sans qu’on puisse en fournir la raison, inexistante au Sénégal, aussi bien sur les ter-
rains de culture où des semenciers ont été maintenus que dans les forêts. Des essais de multiplication artificielle
256
he l’essence, soit par semis directs de graines, soit par complantation de sujets élevés en mottes, se sont soldés
par des échecs. Il semble donc que l’espèce soit vouée à disparaître.
Le bois est dur et lourd avec un grain assez grossier. La structure étagée, aux fibres souvent enchevêtrées,
donne un contre fil irrégulier. L’aubier dont l’épaisseur atteint 2 cm est plus clair que le bois parfait qui, une
fois sec, devient brun-jaunâtre, persillé de zones moins sombres résultant de parenchyme associé aux vaisseaux.
Le séchage est facile et les débits assez épais ne se déforment pas. La résistance du bois est assez faible, tant
en flexion statique qu’en flexion dynamique. L’élasticité est moyenne et la résilience au choc médiocre. Les
résistances à la compression de choc sont très correctes (Tab. 80). Le sciage est lent et le rabotage est parfois
gêné par le contrefil mais le polissage, le vernissage et le collage n’offrent aucune difficulté. Les clous et les vis
pénètrent mal mais le bois ne rouille pas les pièces de fer à son contact d’où l’intérêt en construction navale.
Le Dimb résiste assez bien aux termites et aux tarets quand il a purgé d’aubier.
Cordy/a pinnata est l’essence forestière la plus exploitée au Sénégal (Tab. 87). Le peuplement tend toute-
fois à s’épuiser et les beaux arbres deviennent de plus en plus rares dans les départements de Foundiougne et
de Nioro du Rip où sont installées les scieries. Limiter les coupes ne servirait à rien car les Dimbs qui ont été
maintenus dans les champs par les paysans pour leurs fruits sont souvent mutilés par les feux au moment de la
préparation des cultures. TROCHAIN signalait en 1940 des Cordy/a pinnata dans les départements de M’8our
TABLEAU 87
et de Fatick; aujourd’hui, on n’en rencontre plus guère à l’Ouest de Kaolack et, dans le Sud du Sine-Saloum,
ceux qui sont exploités ne donnent guère plus d’l M3 de sciage par pied contre 2 M’ il y a 15 ans.
DALBERGIA M E L A N O X Y L O N G, E T PERR.
Da/bergia me/anoxy/on est une Fabacée dont l’aire africaine s’étend du Sénégal à la Somalie à ?ravers le
Sahel puis du Kenya au Nord Transvaal. On le trouve également en Inde. C’est un arbuste ou un petit arbre à
fût cannelé et court, souvent tordu, dont les rameaux retombants aux extrémités sont blanc-grisâtre, lisses,
hérissés d’épines droites et blanches. Il mesure 3 à 7 m de hauteur, exceptionnellement 10 m, et son diamètre
dépasse rarement 15 cm. 8ien que se développant dans des contrées semi-arides, il demande une certaine teneur
en humidité dans le sol et il se cantonne en général à proximité de mares temporaires ou de cours d’eau. Les
feuilles et les fruits, très appréciés par le bétail, ont été étudiés avec les essences fourragères. Les fleurs blanches,
groupées en courtes panicules axillaires ou terminales de 10 cm de long, apparaissent au début de la feuillaison.
Le bois parfait a une densité voisine de ? ,2. l l est très dur et très homogène, Il sèche lentement en ayant
tendance à se déformer mais, une fois sec, il est très stable, pratiquement inerte. Assez difficile à travailler, il
demande des outils robustes et des moteurs puissants. Son grain très fin permet d’obtenir une excellente fini-
tion et, après polissage, des surfaces brillantes aussi parfaites que celles d’un miroir. L’Ebène du Sénégal, à cau-
se de sa teinte noire, de sa dureté et de son poli fut utilisé depuis l’antiquité pour la fabrkation de petits
objets précieux dans lesquels on recherchait souvent le contraste avec la nacre et l’ivoire. Son emploi s’est
maintenu au cours des âges et les artisans qui le traitaient ont pris et gardé le nom d’((l?béniste>) qui constitue
257
un titre de gloire, toujours reconnu de nos jours, mais qui s’est etendu à l’emploi d’autres bois que Da/bergia
me/anoxy/on. Au moyen âge, il passait en Europe pour avoir des vertus magiques et notamment préserver de la
peur. Au XVIe siècle, on fabriquait encore à cause de cette propriété des berceaux en Ebène pour les jeunes
princes.
On utilise le bois de Dialambane en coutellerie, en brosserie, pour la taille de pièces d’échecs, de dominos,
d’articles de bureau. On s’en sert en lutherie pour confectionner la touche, la queue et les boutons des instru-
ments a cordes. Il est recherché pour la fabrication des instruments à vent à cause de l’onctuosité du bois et
parce qu’il est peu sensible aux changements de climat. Le Mozambique est le principal pays exportateur de ce
matériau qui est du reste commercialisé en Europe et en Amérique sous le nom d’Ebène de Mozambique pour
le distinguer de I’Ebène de Macassar tiré de Diospyros crassifoha et de I’Ebène de Ceylan extrait de Diospyros
ebeneum,
Jadis assez abondant dans le Nord-Est du Sénégal, Da/bergia me/anoxy/on dont AUBREVILLE signalait
déjà la régression en 1950 est aujourd’hui en voie de disparition. Les statistiques du Service forestier indiquent
que l’exploitation a triplé depuis 1964 mais il est vraisemblable qu’elle est encore supérieure aux chiffres offi-
ciels car, malgré le renforcement des contrôles, des billes de Dialambane circulent mélangées à du bois de chauf-
fage pour payer des taxes réduites (Tab. 88). L’Ebène du Sénégal est utilisé par les artisans pour fabriquer des
statuettes et des objets d’art de petites dimensions. Il ne fait l’objet d’aucune exportation à l’état brut.
TABLEAU 88
La régénération naturelle de Da/bergia me/artoxy/on est aléatoire comme celle de toutes les essences de la
zone sahélienne et, du fait de la disparition des semenciers, devient de plus en plus rare au Sénégal. Des essais
de multiplication artificielle ont été effectués par le C.T.F.T. à Bambey. L’élevage des plants est aisé à condi-
tion que les graines soient fraïches; la complantation de sujets en mottes, âgés de 5 mois, donne un taux de
reprise de 90 à 95 % et, sans aucun arrosage au cours de la première saison sèche, un coefficient de survie
supérieur à 80 %. Dans le placeau de 1966, 85 % des plants mis en place étaient vivants en juillet 1973; les
arbres avaient alors entre 140 et 400 cm de haut avec une hauteur moyenne de 259 cm; ils commençaient à
fructifier.
Danie//ia o/iveri couvre de larges zones depuis la Casamance jusqu’au Soudan. AUBREVILLE (1950) sup-
pose qu’il est originaire des anciennes forêts sèches soudano-guinéennes et qu’il s’est répandu vers les régions
guinéennes plus humides en suivant des éclaircies dans les forêts résultant de défrichements et de feux. Rejetant
facilement de souche, drageonnant abondamment, il colonise les jachères et les clairières, formant rapidement
des peuplements denses. Très exigeant en lumière, les arbres prennent souvent un port penché et tortueux
quand ils se développent en bouquet serré. Le besoin d’éclairement explique également la régression de l’espèce
dans les massifs forestiers à partir du moment où on empêche la savane de brûler.
25a
Le Santan peut atteindre 20 m de haut et 1 m de diamètre. L’écorce gris-cendré, épaisse, écailleuse, dont
la tranche est rouge cramoisi marquée de bandes blanches, exsude une oléo-résine odorante parfois récoltée par
les paysans qui l’utilisent pour fabriquer des torches ou qui la brûlent comme encens. Nous avons vu que le
feuillage constituait un excellent fourrage. Quand l’arbre croît à l’état isolé, les feuilles retombantes sont répar-
ties sur la surface conique du houppier et les feuilles horizontales sont disposées au sommet de façon à ce que
les radiations solaires soient utilisées au maximum à n’importe quelle période de la journée. Les fleurs blan-
châtres, très odorantes et mellifères, sont dressées en panicules denses disposées horizontalement au-dessus de la
cime. Elles apparaissent en janvier lorsque l’arbre est défeuillé. Le fruit blanchâtre, obliquement elliptique, mesu-
re 7 x 3,5 cm. Il contient des graines brun-foncé, ovales et plates dont il faut environ 650 pour obtenir un kilo,,
gramme.
Le bois est assez léger et mi-dur. Il peut être classé dans la catégorie supérieure des bois légers pour sa
résistance à la compression de fil mais sa résistance au choc est limitée (Tab. 61). L’aubier, de couleur crème, se
distingue aisément du bois parfait brun rouge, assez clair avec des reflets marron ou rosés, Le pourcentage
d’aubier est important, même chez les sujets âgés, ce qui rend le séchage assez difficile. Le bois se travaille bien
et son grain assez fin permet un bon polissage. Il se cloue et se visse aisément, il se teinte facilement mais il se
colle assez mal. C’est une essence utilisable en déroulage, en menuiserie et pour la caisserie. Le bois est peu
attaqué par les insectes et les champignons à condition d’avoir été purgé d’aubier mais il est nécessaire de lui
faire subir un traitement quand on l’emploie à l’extérieur.
259
Les peuplements de Daniebia obveri sont importants dans le département de Sédhiou où les forets de
Bari et de Boudhié forment souvent des futaies pures et équiennes. Nous avons vu que le projet de mise en
exploitation de ces boisements pour ravitailler en matière première l’usine de contre plaqué que devait construi-
re à Thiès la S.E.B.A. n’a pas abouti, non pour des raisons techniques mais pour des considérations financières.
L’exploitation du Santan qui portait sur une centaine de pieds par an entre 1959 et 1966 atteignit 1.048 gru-
mes en 1967, seule année où la S.E.B.A. employa des bûcherons en forêt de Bari, puis elle retomba à 200
arbres. Elle a considérablement progressé en 1971 et 1972, dépassant 2.000 billes annuellement. La moitié
environ est utilisée par les scieries de Fatala et de Dramé dans le Sine-Saloum (Tab. 89). Les rendements en
sciages sont de 2 à 4 M3 par arbre, nettement plus élevés’sur les sujets ayant poussé à l’état isolé qu’avec ceux
prélevés dans les peuplements.
TABLEAU 89
E R Y T H R O P H L E U M GUINEENSE G. D O M .
Caesalpiniacée caractéristique du domaine guinéen où elle est fréquente dans les districts montagneux et
dans les galeries forestières, frythroph/eum guineense possède une aire qui s’étend de la Casamance à la région
du Haut-Nil et à l’Afrique orientale. C’est un arbre muni à la base d’empattements arrondis assez élevés mais
peu larges qui atteint une trentaine de mètres de hauteur, avec un diamètre pouvant dépasser 1 m. Le fût, rare-
ment droit, est protégé par une écorce d’environ 2 cm d’épaisseur à rhytidome écailleux, de teinte brun foncé,
largement fissurée dans le sens longitudinal, qui s’exfolie en écailles nombreuses, épaisses et irrégulières. La cime
sphérique et très développée est formée de branches sinueuses avec un feuillage dense, réparti en touffes arron-
dies à l’extrémité des rameaux.
Les feuilles bipennées avec 2 ou 3 paires de pinnules et 5 ou 6 paires de folioles alternes, ovales ellipti-
ques, acuminées au sommet, longues de 7 cm, larges de 4 cm, ont un limbe vert-foncé brillant sur la face supé-
rieure, finement pubescent à la face inférieure. Les fleurs de petite taille, beige jaunâtre, sont dressées en épis
paniculés à l’extrémité des branches. Le fruit est une gousse ligneuse plate, lisse et noire, mesurant 15 cm sur
5 qui contient 4 à 6 graines brun foncé attachées par un assez long funicule. On compte approximativement
1.500 graines dans un kilogramme.
Le bois d’Erythroph/eum guineense, commercialisé sous le nom de Tali ainsi que celui d’Erythroph/eum
micranthum, espèce plus méridionale, est brun-jaune avec des reflets roux de teinte chaude. Sa structure est
homogène mais le grain est grossier et le contrefil accusé. L’aubier, bien différencié, grisâtre et assez peu épais
ne présente aucune valeur. Le bois parfait est dur, très lourd, nerveux. Il joue beaucoup sous l’influence des
variations d’humidité et le séchage est lent. Très durable, imputrescible et résistant aux insectes, il est peu
attaque par les termites et les tarets. Il est excessivement résistant aux efforts mecaniques statiques, aussi bien
en compression qu’en flexion; il est assez élastique et il a une bonne cohésion transversale; sa résistance au choc
est par contre moyenne (Tab. 81). Il se scie et il se travaille lentement; il se rabote assez mal à cause du contre
fil. Les clous et les vis sont assez difficjles à enfoncer sans avant-trous bien calibrés. Le bois se cire et se vernit
bien.
260
Khaya senega/ensis est le plus grand et le plus majestueux des arbres du domaine soudanien. AUBRE-
VILLE (1950) pense que l’espèce est pantropicale, à l’exclusion peut-être de l’Afrique occidentale australe, et
que 0aya nyaska qu’on rencontre dans l’Est du continent peut être confondu avec elle. Le fût gris foncé,
couvert de petites écailles, peut dépasser 10 m de hauteur et 1 m de diamètre. Il est surmonté d’une cime pyra-
midale, puissamment charpentée et très développée qui s’élève parfois à 30 m de hauteur. Ce n’est toutefois
que sur des sols fertiles, profonds et humides qu’on trouve de tels sujets car, dès que le terrain devient moins
riche, plus superficiel ou plus sec, l’arbre, tout en atteignant un fort diamètre, présente un port bas branchu.
Le feuillage, toujours vert, tranche sur la grisaille de la végétation soudanienne qui est desséchée six mois
par an ou calcinée par les feux itinerants. Les feuilles glabres, groupées aux extrémités des rameaux, sont com-
posées paripennées; elles comprennent 3 à 6 paires de folioles oblongues, courtement ou obtusément acumi-
nées, grises sur la face inférieure, de 7 à 12 cm sur 3 à 5 cm. Les fleurs, petites et blanches, sont groupées en
261
panicuies très fleuries. Les fruits sont des capsules globuleuses de 5 à 6 cm de diamètre, portées par des rameaux
émergeant de la cime. Ils s’ouvrent par quatre valves, laissant apparaître des graines plates, à bord feuilleté,
suborbiculaires, brunes, inserrées par piles de 15 à 20 sur une columelle centrale quadrangulaire. La maturité
intervient entre janvier et avril et on compte 6.000 à 7.000 graines au kilogramme.
on rencontre le Caïlcédrat par pieds isolés ou en peuplements assez lâches depuis la cote Atlantique jus-
qu’à l’Océan Indien, au Sénégal, dans le Nord de la Guinée, au Mali, en Haute-Volta, dans le Sud du Niger, au
Nord du Nigéria, au Tchad, en R:C.A., dans le Sud du Soudan et dans le Nord de l’Ouganda. Cette aire corres-
pond sensiblement à une bande dans laquelle les précipitations annuelles sont comprises entre 650 et 1.300 mm
répartis sur 5 à 7 mois. Espèce de plaine ou de plateau de faible altitude, elle est surtout abondante sur les
alluvions, en bordure des cours d’eau et dans des dépressions non inondées. C’est une essence de lumière qui
supporte mal la concurrence mais qui tolère un certain couvert puisqu’elle se régénère naturellement dans le
sous bois des forêts decidues septentrionales humides ou semi-humides. La croissance est lente tant que le sys-
tème racinaire ne s’est pas étoffé; elle dépend ensuite de la profondeur du sol, de sa fertilité et de sa teneur en
eau, de la rivalité qui s’exerce dans le sous-sol entre les racines et celles d’autres arbres et surtout des attaques
d’insectes.
Dans les savanes où Khaya senegalensis n’a autour de lui que des arbustes ou des arbres de faible hauteur
très dispersés, il aurait tendance à se développer assez vite mais, soumis presque chaque année à l’action des
feux et aux mutilations des hommes qui prélèvent le feuillage pour le bétail ou qui arrachent l’écorce pour la
pharmacopée, il végète souvent. Dans les galeries forestières et dans le domaine guinéen où la végétation de la
strate inférieure atteint 10 à 12 m de hauteur, il est obligé de lutter pour atteindre la lumière. La croissance
initiale est moins rapide mais le fût devient plus élancé à moins que, les Borer minant le bourgeon terminal, il
ne se forme deux ou trois branches qui filent en même temps vers le haut.
On constate depuis une trentaine d’années que les Khaya sont attaqués dans toute l’Afrique par Hypsi-
py/a robusta, Lépidoptère de la famille des Pyralidae. Les femelles déposent des oeufs à l’insertion d’un pétio-
le, généralement à proximité d’un bourgeon terminal. La chenille perfore le parenshyme dès l’éclosion et creu-
se une galerie de 5 à 8 cm de longueur dans l’axe de la tige, mangeant la zone médulaire, rejetant à l’extérieur
quelques déjections nettement visibles. Elle ressort ensuite par le bourgeon pour aller se transformer en chrysa-
lide dans le sol. Les bourgeons attaqués se flétrissent, la tige sèche puis elle est remplacée par un rameau issu
d’un bourgeon axillaire qui devient dominant. Le plant prend l’allure d’un chandelier à plusieurs branches et,
si les attaques se poursuivent d’année en année, l’arbre devient bas branchu.
Les Caïlcédrats sont atteints par le Borer au Sénégal, aussi bien en Casamance où le peuplement naturel
demeure important que dans le nord du pays où l’espèce a été utilisée pour des plantations en alignement, On
constate le même phénomène dans des reboisements au Mali, en Haute-Volta, au Dahomey, au Niger et au
Tchad. Un essai d’introduction fut tenté dans la province de Majunga à Madagascar en 1955; les plants dépas-
sèrent un mètre de hauteur la première année; l’année suivante ils étaient tous parasités. Plusieurs méthodes ont
été proposées pour limiter les dégâts; toutes se sont soldées par un échec. La destruction des Khaya senegalen-
sis âgés situés à proximité des pepinières et susceptibles de servir de réservoir aux chenilles n’a entraîné aucun
ralentissement dans l’infestation des jeunes plants. Des plantations en mélange, expérimentées avec Cassis siamea
au Sénégal, avec Gmeiina arborea au Nigéria, avec Albizia lebbeck au Niger, avec Tectona grandis en Haute-
Voita, avec Azadirachta indica au Tchad n’ont rien donné. Le plus souvent, les Caïlcédrats, régulièrement atta-
qués, furent surcimés par l’essence d’accompagnement ou, lorsqu’ils réussirent à dominer, demeurèrent bas bran-
chus avec un fût tortueux. Les sujets isolés ou plantés dans les villes offrent un port identique. Une seule solu-
tion demeure : les traitements insecticides comme en arboriculture fruitière. Des essais effectués à Djibélor par
le C.T.F.T. avec I’Ultracide GS 13005 de GEIGY semblent efficaces mais il y a peu de chance, même si les
résultats se confirment, que la technique puisse être appliquée en forêt ou dans des reboisements en raison de
son prix de revient disproportionné par rapport au matériau bois. Partout en Afrique, les plantations de /Raya
senega/ensis ont été abandonnées. Depuis 1957, au Sénégal on a remplacé l’essence par Tectona grandis et
Gmeha arborea.
262
Le Caïlcédrat fut le premier Acajou africain exporté en Europe. Le bois rouge lustré ou rosé-brun présen-
te un grain fin et serré; sa structure est identique à celle de /C/?ava grandifo/ia, autre Méliacée de forêt humide,
mais les bandes de parenchyme terminal et les canaux traumatiques sont plus fréquents. Plus lourd et plus den-
se que les autres Acajous, le bois se travaille facilement avec des outils à main et mécaniques; il se tourne aisé-
ment, il se cloue et se visse bien. Toutefois, le fil étant presque toujours tourmenté et les fibres déformées par
les rayons larges et courts, le matériau est peu apprécié par les importateurs de bois exotiques, d’autant moins
que les billes sont souvent de faible longueur et qu’elles renferment de nombreuses tares provoquées par les
incendies (Tab. 80).
L’exploitation sénégalaise qui portait sur 250 arbres par an entre 1959 et 1966 doubla en 1967 puis tri-
pla en 1969 pour atteindre 1.928 pieds en 1972 (tab. 90). 93 % des prélèvements ont lieu en Casamance. La
répartition entre les utilisateurs est environ de 33 % pour les scieries, de 29 % pour les fabricants de pirogues
et de 36 % pour les artisans du bois.
TABLEAU 90
On rencontre trois espèces de 8ambous en Afrique, Arundinaria a/pina cantonné dans les montagnes du
Cameroun et de l’Est du continent, Bambusa vu/garis assez fréquent en forêt dense et parfois présent sur bons
sols dans les savanes boisées, Oxytenanthera abyssinica commun dans les régions où la pluviométrie est compri-
se entre 700 et 2.000 mm répartis sur 4 à 7 mois. Ce sont des Poacées vivaces et ligneuses dont les tiges, en
général de grande taille, sont des chaumes.
Oxytenanthera abyssiniea forme des peuplements grégaires en touffes plus ou moins importantes qui cou-
vrent solwent de grandes superficies. Les rhizomes sont très courts et les tiges qui ont 5 à 10 m de long avec
3 à 5 cm de diamètre à la base se concentrent autour du pied mère, formant des cépées denses. Les feuilles
parfaites au limbe rubané, oblong, lancéolé, avec des nervures anastomost$es en réseaux, ont de 15 à 20 cm de
longueur. Les épillets multiformes et bisexués sont groupés en capitules denses sur les rameaux verticillés et en
glomérules aux nœuds des chaumes fertiles. Le fruit sec et indéhiscent contient une graine soudée au péricar-
w.
La floraison est grégaire et périodique. La totalité des tiges du peuplement meurt après floraison et fruc-
tification. Une végétation nouvelle s’établit sur son emplacement mais, après 2 ou 3 ans, des Bambous issus de
graines se développent et finissent par étouffer la flore adventice, donnant naissance à une autre bambuseraie.
Si on empêche cette unique germination, on peut faire disparaÎtre Oxytenanthera abyssinica d’un district.
C’est vraisemblablement ce qui s’est produit dans l’Ouest du Sénégal où CHEVALIER avait récolté l’espèce en
1899 dans les forêts de Thiès et où TROCHAIN la signalait près de M’Bour en 1940. Une période de sécheres-
se coÏncidant avec la fructification, une exploitation exagérée du peuplement avant la floraison, la mise en
culture de la station après la mort des Bambous peuvent avoir provoqué leur disparition.
263
Le tableau no 91 donne l’exploitation des panneaux et des tiges qui ont été commercialisés entre 1959 et
1972. On constate que la demande est en légère progression. Le tableau no 92 qui ventile la production par
région met en évidence le caractère cyclique des peuplements; certaines zones sont abandonnées au profit d’au-
tres après la fructification puis, quelques années plus tard, elles sont à nouveau exploitées.
Oxytenanthera abyssinica pourrait servir de matière première pour la fabrication de pâte à papier. Les
conclusions d’une étude réalisée par la Division de Cellulose du C.T.F.T. sur un échantillonnage de Bambous du
Sénégal-Oriental montrent que le materiau est intéressant en Kraft écru pour des emballages de haute résistance
et des sacs multiplis, en Kraft blanchi pour des emballages de qualité, des papiers impression-écriture et des
bristols. Les pâtes à haut rendement sont également utilisables pour les transformations en carton. Une usine,
même de faible capacité, absorbant un volume considérable de chaumes, il serait indispensable de définir une
technique de régénération artificielle et de prévoir des plantations car les peuplements naturels sont souvent
dispersés.
Poupartia birrea est une Anacardiacée qu’on classait jadis dans le genre Sclerocarya mais que PERRIER
de la BATHIE a rattaché au genre Poupartia dans ((Révision des Anacardiacées, Burséracées et lcacinacées de
Madagascar et des Commores)). C’est un arbre pouvant atteindre 10 à 12 m de hauteur et 50 cm de diamètre
avec un fût relativement cylindrique sur 4 à 5 m qui est assez frequent dans les secteurs sahélo-soudanien et
264
TABLEAU 91
TABLEAU 92
soudano-sahélien depuis le Sénégal jusqu’en Ethiopie et en Ouganda. Il est généralement dispersé au milieu des
Acacia mais parfois il forme des peuplements clairs.
L’écorce gris-argenté, avec un2 tranche rougeâtre fibreuse et spongieuse, est couverte d’écailles qui se relè-
vent sur les bords avant de tomber. Les feuilles sont pennées avec 7 à 10 paires de folioles opposées, glabres et
glauques, mesurant 3,5 sur 2 cm. Elles sont entières, elliptiques ou obovées, mucronées au sommet d’une façon
très caractéristique mais, sur les rejets de souche, la marge est en dents de scie avec des pointes aiguës. L’espè-
ce est dioïque avec des fleurs mâles subsessiles groupées en courts épis rouges de 5 à 8 cm à l’extrémité des
rameaux et des fleurs femelles portées par des pédoncules de 1 cm de long. La floraison intervient de février à mai
alors que la cime est défeuillée. Le fruit, mûr en juin, est une drupe obovoïde jaune de 3 cm de diamètre à
peau épaisse contenant un noyau à 2 ou 3 loges enrobé dans une pulpe très fibreuse qui est comestible.
Le bois tendre, de couleur grisâtre, est très apprécié des artisans surtout pour la fabrication de mortiers
et d’ustensiles de cuisine. Poupartia birrea étant l’un des plus grands arbres dans l’aire de dispersion et celui
265
dont on peut tirer les grumes les plus longues et les plus droites, son exploitation est souvent intense. Au Sét-&
gai, les abattages contrôlés portent sur environ 600 pieds par an depuis 1969, soit une progression de 100 %
par rapport à la période 1964 - 1966 (Tab. 93).
Mimosacée caractéristique des forêts sèches denses à Légumineuses, Prosopis &-ic.wa est fréquent dans
le secteur soudano-guinéen et dans certaines régions préforestières où il a colonisé des savanes relativement
récentes qui ont remplacé la forêt humide. On le trouve en Basse-Casamance, dans le Nord de la Guinée, dans
le Sud du Mali et de la Haute-Volta, au Togo et au Dahomey, dans le Sud du Niger, dans le Nord du Cameroun
et en R.C.A. où il semble être dans son milieu naturel. Plus à l’Est il atteint le Soudan et l’Ouganda mais il ne
pénètre guère en Afrique Orientale.
L’arbre qui peut atteindre 15 m de hauteur est remarquable par son feuillage très léger aux feuilles vert-
clair retombantes. L’écorce est noirâtre, très écailleuse avec un rhytidome épais dont la tranche comprend des
couches alternées bistre et chocolat et une écorce sous-jacente mince et rougeâtre. Les feuilles, nous l’avons vu,
sont appréciées par les animaux et parfois utilisées comme fourrage. Les inflorescences en épis denses, axillaires
et solitaires de petites fleurs jaune-clair odorantes apparaissent entre mars et mai. Elles donnent naissance à des
fruits cylindriques brun-noirâtre et luisants mesurant 8 à 15 cm de long, et 2,5 cm de diamètre dont le péri-
carpe, épais et dur, est cloisonné par de minces membranes isolant des graines ovales de 8 mm de long, dures,
brunes et luisantes. On compte environ 7,500 graines dans un kilogramme.
266
Parfois abondant mais jamais en peuplement serré, Prosopk’ afrkana envahit souvent les terrains de cuftu-
re abandonnés. Sa croissance paraît assez rapide bien que le bois soit très dur. Il est pratiquement imputresci-
ble si bien que les arbres morts après avoir été annelés par les cultivateurs demeurent dans les parcelles défri-
chées jusqu’au moment où les feux itinérants les calcinent à moins qu’ils ne soient débités par les bûcherons.
C’est un matériau très prisé par les charbonniers et par les artisans du bois. Le charbon est recherché par les
forgerons, le bois est considéré par les boulangers comme le meilleur combustible pour cuire le pain. Le lr est
le principal bois employé au Sénégal pour la fabrication de statuettes, de masques et d’objets d’art. L’exploita-
tion porta en 1972 sur 4357 pieds isolés dans le Sine-Saloum (30 %), le Sénégal-Oriental (28 %), la Casamance
(27 %I et la région de Diourbel (6 %). Elle accuse un accroissement considérable par rapport aux années précé-
dentes, plaçant Prosopis africana en tête des essences commercialisées (Tab. 94). Cette progression est la consé-
quence du renforcement des contrôles sur les artisans, seuls utilisateurs du bois, qui, le plus souvent se procu-
raient auparavant le lr sous l’appellation de bois de chauffage pour payer des taxes réduites.
TABLEAU 93
TABLEAU 94
7
Année Nombre d’arbres Année Nombre d’arbres Année Nombre d’arbres
Pterocarpus erhaceus est une Fabacée de l’Afrique de l’Ouest vraisemblablement originaire des anciennes
forêts sèches de Moyenne-Guinée et de lvloyenne-Casamance dont l’aire de dispersion s’étend aujourd’hui depuis
le Sénégal jusqu’à la République Centre Africaine. L’espèce est assez envahissante, colonisant les savanes déboi-
sées et les jachères abandonnées, ce qui explique son extension vers le Sud jusqu’aux savanes littorales de Basse,
Guinée, du Togo et du Dahomey ainsi que sa présence à la limite de la forêt dense humide en Côte d’lvoire.
L’arbre peut atteindre 15 m de hauteur et 1 m de diamètre.Le fût relativement droit et cylindrique sou-
vent sur 7 à 8 m est caractérisé par une écorce noirâtre, crevassée et écailleuse, à tranche brune marquée de
filets rouges qui laisse exsuder une résine rouge translucide qui durcit rapidement en séchant. Le feuillage, nous
l’avons vu, est apprécié par le bétail. Les inflorescences en panicules lâches de fleurs jaunes apparaissent en jan-
vier et février, couvrant les cimes alors défeuillées de grosses boules jaune-or, éclatantes au soleil. Les fruits
sont parfois si nombreux qu’on croit que le houppier est garni de sa nouvelle feuillaison lorsqu’ils sont jeunes
et de couleur vert clair. Ce sont des gousses plates orbiculaires avec une graine centrale hérissée de longs poils
épineux, entourée d’une aile membraneuse de 5 cm de diamètre. On en compte approximativement 3.500 dans
un kilogramme.
267
TABLEAU 95
Les peuplements forestiers du Sénégal étant pauvres en essences susceptibles de fournir du bois d’œuvre,
il était normal que les forestiers essaient de multiplier les espèces locales les plus intéressantes pour l’industrie
et l’artisanat. Parmi celles-ci, Khaya senega/ensis, apprécié par les exploitants et les usagers locaux, fut l’objet
de plantations en Basse et en Moyenne Casamance et même en forêt de Bandia dans la région de Thiès. Partout
les résultats furent décevants à cause des attaques d’Hypsipy/a robusta qui, détruisant les bourgeons terminaux,
empêche le développement en longueur du fût. Des essais de reboisement en Moyenne Casamance et dans le
Sine-Saloum entrepris avec brassus aethiopum ne donnèrent pas de meilleurs rendements, le Rônier poussant
très lentement et imposant pendant de nombreuses années des mesures de protection contre les feux itinérants,
le recru de la végétation naturelle et le pâturage.
Des expériences sylvicoles menées dans d’autres pays africains au climat comparable prouvèrent que les
espèces pyrophiles qui subsistent aujourd’hui dans le boisement naturel des domaines soudanien et guinéen ont
presque toujours une croissance très lente et une forme défectueuse aussi les forestiers orientèrent-ils leur action
vers des essences exotiques. Deux d’entre elles, Tectona grandis et Gmehna arborea trouvent en Basse Casaman.
ce des conditions écologiques favorables à leur développement, bien que sensiblement plus sévères que dans
leur aire de distribution. Ailleurs, compte tenu de l’avancement de la recherche sylvicole dans les contrées semi,,
arides, on ne peut compter produire du bois d’œuvre d’une façon économiquement rentable. Seules des planta-
tions d’espèces de faible hauteur ou de qualité technologique médiocre, exploitées en taillis, pourraient fournir
la matière première à la fabrication de panneaux de fibre ou de particules et à l’inclustrie de la pâte de bois.
L’aire de Gmeha arborea recouvre en partie l’Inde, le Népal, le Bangladesh, la Birmanie, Ceylan, la Thaï.
lande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam et les provinces occidentales de la Chine mais l’espèce a été propagée
depuis longtemps en Malaisie et aux Philippines si bien qu’on la trouve presque partout dans le Sud-Est asiati-
que.
Connue sous le nom birman de Yemane dans les pays anglo-saxons, cette Verbénacée peut atteindre dans
les meilleures stations 1,50 m de diamètre et 30 m de hauteur dont 15 m de fût utilisable mais, le plus sou-
vent, elle ne dépasse guère 70 cm de diamètre et 10 m de fût. C’est une essence de pleine lumière, à croissan-
ce très rapide, mais sa longévité ne va guère au-delà de 40 ans. Le port est élancé en peuplement fermé, bas
branchu quand l’arbre vit à l’état isolé. L’écorce, lisse et beige clair, résiste bien aux feux courants dès que les
plants atteignent 2 m de haut. Les jeunes pousses, les pétioles, les inflorescences et la face inférieure des feuil-
les sont d’un brun tomenteux. Les feuilles sont larges, ovoÏdes, acuminées au sommet, cunéiformes à la base;
elles tombent pendant la saison sèche. Les fleurs jaune-brun sont groupées en racèmes terminaux. Le fruit est
une drupe ovoïde d’environ 25 mm de longueur, jaune à maturité qui renferme deux ou trois graines. Il faut
approximativement 450 fruits pour obtenir un kilogramme.
Dans l’aire de distribution, les plus beaux peuplements sont situés dans des secteurs où les précipitations,
du type mousson, varient entre 1.500 et 2.500 mm, où les températures maximales sont comprises entre 38 et
43°C et où les minima descendent rarement au-dessous de OoC Bien qu’assez plastique, Gmehna arborea pré-
fère les terrains profonds et bien drainés dont l’acidité augmente avec la profondeur. Son développement est
lié à la fertilité et à la structure physique du sol, surtout dans les stations où les conditions climatiques sont
marginales, ce qui permet de comprendre les échecs enregistrés en Afrique quand on a tenté des reboisements
sur des terrains squelettiques ou colmatés.
Le bois dont l’aubier n’est pas différencié pèse environ 470 kg au mètre cube à 12 % d’humidité. Il est
gris-jaune ou blanc-rose mais il devient jaune-brun en vieillissant. Il présente une surface brillante qui paraît légèm
rement huileuse au toucher. Les cernes, nettement visibles à l’oeil nu, sont mis en évidence dans le bois initial
par une zone claire dans laquelle les pores sont plus grands et plus nombreux. La structure varie considérable-
ment selon les régions et on ne sait si ces différences sont dûes à des facteurs externes, tel le climat ou le sol,
ou à des caractères génétiques. La résistance à la compression de fil et la dureté diffèrent également avec les
provenances mais elles sont toujours inférieures 2 celle du Teck (Tab. 96). Le bois est aisé à scier, à raboter
et à polir. Il se déroule facilement, nécessitant parfois un réglage des lames pour éviter que les fibres ne s’arra-
chent dans les zones où elles ne sont pas enchevêtrées.
Le bois de Yémane possède de nombreux usages en Asie. Il est employé dans la construction, l’ameuble-
ment, la fabrication d’embarcations, le tournage d’objets ménagers. Gmebna arborea est également utilisé en
Inde comme essence de reboisement destinée à fournir du combustible en raison de sa tolérance au climat, de
sa rapidité de croissance et de sa faculté de rejeter de souche. Les premières plantations réalisées au Nigéria
269
furent aménagées pour ravitailler les mines de charbon d’Enugu en poteaux. Aujourd’hui, les forestiers se ser-
vent de cette essence en Afrique soit comme matière première pour la pâte à papier, soit comme bois de dérou-
lage pour les intérieurs de contreplaqué et pour la fabrication de boîtes d’allumettes.
L’introduction de l’espèce dans les pays africains anglophones, en particulier au Nigeria et en Sierra-Leone,
date de 1925, peu de temps du reste après les premières plantations asiatiques, celles de Birmanie qui datent de
1916 (DOUAY - 1956). Gmeha arborea fut expérimenté au Sénégal en 1954 dans le Parc de Hann et en 1958
dans les forêts de Djibélor et des Bayottes. La croissance s’avérant rapide, le Service forestier entreprit en 1963
une plantation expérimentale de 2 ha en forêt de Boutolatte avant de lancer, en 1966, un programme de reboi-
sement de 500 ha dans le département de Bignona. A la même époque, la CAFAL planta 75 ha en forêt de
Boutolatte pour assurer l’approvisionnement de son usine d’allumettes de Thiaroye. On escompte que les peuple-
ments seront exploitables à partir de la quinzième année.
TABLEAU 96
Résistance des bois de Gmelina et de Teck
(D’après A. V. THOMAS - 1939)
GMELINA
TECK
Malaisie Birmanie l nde
42 - TECTONA GRANDIS L.
L’aire de distribution de Tectona grandis s’étend en Asie entre le IOe et le 25e degré de latitude Nord. Il
semble qu’elle ait été morcelée au départ en Inde et en Birmanie dans des secteurs soumis au régime de la mous-
son puis dans le Nord-Ouest de la péninsule indochinoise dans des districts à saison sèche assez prononcée, avec
toutefois une forte humidité atmosphérique durant cette période. Propagée depuis fort longtemps au Cambodge,
à Ceylan, en Indonésie et aux Philippines, cette Verbénacée est aujourd’hui subspontanée dans tout le Sud-Est
asiatique.
Le Teck peut atteindre 50 m de hauteur et 2 m de diamètre avec un fût à peu près cylindrique sur 25 à
30 m, marqué par un empâtement souvent prononcé à la base. Il s’agit là de sujets exceptionnels très âgés car,
en général, l’arbre ne dépasse guère 10 à 15 m sous branches et 1 m d’épaisseur. L’écorce grise, rugueuse, côte-
lée et épaisse constitue une protection assez efficace contre les feux itinérants deux ans après la plantation. Les
feuilles opposées, sessiles ou à pétiole très court, sont elliptiques ou ovoïdes, duveteuses, vert clair, d’assez
grande taille, surtout chez les jeunes arbres. Elles tombent deux mois après le début de la saison sèche et la
cime demeure dénudée pendant 4 mois. Les inflorescences en grandes panicules trichotomes sont dressées et
terminales, formées de petites fleurs blanches. La première inflorescence apparaissant sur la tige principale et
entraînant son dessèchement puis l’épanouissement de plusieurs bourgeons opposés qui donnent naissance à
270
-
Gmelina arborea Tectona grandis
une fourche, la période qui précède la première floraison est capitale pour le sylviculteur puisqu’elle condition-
ne la longueur de la grume et la rectitude du fût. Elle semble liée à des facteurs héréditaires et à l’environne-
ment (GRAM et SYRACK LARSEN - 1958). Les fruits sont des drupes globuleuses de ‘l à 1,5 cm, incluses
dans le calice élargi et transformé en une enveloppe parcheminée. Ils contiennent 1 à 3 graines dépourvues d’al-
bumen, entourées d’un feutrage épais et spongieux de poils ramifiés, qui possèdent un fort pouvoir germinatif
quand les semences sont bien conservées. On compte 1.200 à 2,,000 graines au kilogramme.
La position optimale du Teck se situe dans des contrées où les précipitations annuelles sont comprises
entre 2.000 et 2.500 mm, à condition que la saison sèche dure au moins trois mois. Sous les climats plus humi-
des, le rythme de croissance est perturbé et les troncs deviennent creux. Dans les zanes moins arrosées, l’espè-
ce peut se développer correctement jusque sous 1.100 mm lorsque le sol est favorable. La transpiration d’un
peuplement de Teck a été évaluée entre 800 et 1.200 mm/an. BIROT (1965) suppose que la sécheresse est à
l’origine de la dormante et que la rupture de cette dernière se déclenche automatiquement quand une certaine
dose de dessication a été appliquée. La défoliation suspend les prélèvements d’eau dans le sol et maintient des
réserves suffisantes pour assurer le débourrement des bourgeons un mois environ avant les premières averses.
Assez plastique sur la pluviosité, Tectona grandis se montre très exigeant sur le sol. C’est une essence de
pleine lumière qui ne supporte pas la concurrence. L’enracinement relativement superficiel et étendu autour du
tronc demande des terrains perméables, aérés et bien drainés. La croissance est liée à la fertilité du sol, en par-
ticulier à la teneur en calcium et en potassium. SARLIN (1966) a établi une relation, R = 1/3 PS, entre le
271
rendement en bois fort élaboré avant la première éclaircie, la profondeur moyenne P du sol utilisé par les raci-
nes et la somme S des bases échangeables du complexe absorbant. L’espèce ne semble exercer aucune action
toxique sur le sol; on n’enregistre pas de baisse de pH et la densité des différents groupes de microorganismes
demeure satisfaisante, Elle n’est cependant pas une plante améliorante car la couche humifère produite est pra-
tiquement nulle (DEVOIS - 1959).
L’aubier, large de 1 à 3 cm, de couleur blanche, se différencie nettement du bois de coeur dont la teinte
va du beige-clair presque jaune jusqu’au brun foncé. Le bois, généralement gras au toucher mais sans aucune
trace de résine ou d’oléo-résine, prend un beau poli, durable sous la cire. Les cernes d’accroissement, souvent
flexueux, sont marqués par une zone poreuse plus QU moins large. D’après CHOWDHURY, cité par SALLENA-
VE (1958), en Inde et en Birmanie, les Tecks ayant 4 à 12 cernes par inch sont ceux qui présentent les meil-
leures résistances mécaniques. Les rétractibilités volumétrique, tangentielle, radiale et totale sont faibles et les
bois qui pos@dent de telles qualités sont très rares.
Le bois est mi-dur avec une densité voisine de 0,70 à 12 % d’humidité. Il est stable et imperméable.
Employé dans la construction navale, les virures ne jouent presque pas et le pont ne se déjointe pas quand les
planches sont alternativement mouillees puis séchées au soleil. Il est également très résistant aux attaques des
insectes et des champignons, pouvant être mis en contact avec le sol sans imprégnation. Il possède enfin la par-
ticularité de ne pas oxyder les pièces de fer et de métal, même en milieu humide ou marin. Assez élastique,
moyennement résistant au choc, le matériau se travaille aisément. Il tient bien les clous et les vis; il se rabote,
se tourne et se ponce facilement. Il convient au tranchage et au déroulage.
Cet ensemble de propriétés confère au Teck une valeur exceptionnelle qui, dans l’aire de dispersion, lui
fut reconnue depuis la plus haute antiquité puisqu’on a trouvé au Nord de Bombay des vestiges de son utilisa-
tion remontant à plus de 2.000 années avant notre ère. La découverte à Babylone et à Bagdad de pièces de
bois datant de 700 ans avant Jésus-Christ prouvent également qu’il y a longtemps que l’essence fait l’objet
d’exportations. Elle bénéficie en Birmanie, en Thaïlande et au Laos d’un statut spécial car, les forêts ayant
appartenu jadis aux souverains de ces pays, les populations ont pris l’habitude de respecter l’arbre dont les
usages sont nombreux dans la construction, la menuiserie, l’ameublement et la parqueterie.
Rangoom doit sa fortune au Teck parce que pendant des siècles, l’exportation des grumes et des sciages
étant interdite, les armateurs des nations voisines durent s’adresser aux chantiers locaux quand ils avaient besoin
de bateaux de haute mer. Cette réputation de bois de construction navale est d’ailleurs rapidement devenue
mondialement reconnue et si on fait appel aujourd’hui à d’autres essences comme le Doussié ou l’lroko pour le
remplacer, ce n’est que par raison d’économie car aucun de ces matériaux ne réunit toutes ses qualités, Ii coûte
en Europe trois fois plus cher que les meilleurs bois africains aussi le réserve-t-on pour l’ébénisterie, la décora-
tion ou la sculpture. On a de plus en plus tendance à l’employer en déroulage et en tranchage pour recouvrir
des contreplaqués, des panneaux et même des feuilles de tissu.
TABLEAU 97
Période Superficie
avant 1957. . . . . . . . . 7 0 ha
1957 - 1960. . . . . . . 2 5 3 ha
1961 - 1 9 6 4 I e r Plan. 5 0 9 ha
1 9 6 5 - 1 9 6 9 2 e Plan. 5 6 6 ha
1 9 7 0 - 1 9 7 3 3 e Plan. 361 ha
272
Teckma grandis fut introduit en 1901 au Nigéria par les forestiers anglais et en 1907 au Togo et au Came-
roun par les Allemands, Les premiers essais effectués en Côte d’lwoire avec l’essence datent de 1926. Au Séné-
gal, quelques plants furent mis en place en 1933 près de Bignona mais ce n’est qu’à partir de 1957 que des
plantations importantes furent réalisées dans les forêts des Bayottes, de Bissine, des Kalounayes, de Boutolatte
et de Diégoune. Sur les 1.769 ha qui avaient été plantés avant 1972, les trois quarts sont en bon état et seules
quelques parcelles installées sur des sols peu propices à l’espèce durent être abandonnées (Tab. 97). L’accrois-
sement sur la circonférence semble lié en Casamance à la pluviométrie et à la repartition des pluies au cours
de l’été (GIFFARD - 1973); il est inferieur à celui calculé dans les peuplements de Côte d’lvoire et du Togo
mais les arbres ont une très bonne forme et ils s’élaguent bien quand les éclaircies sont menées correctement.
On escompte que les plantations seront exploitables à partir de la 75e année.
CHAPITRE SEPTIEME
LES ARBRES
La dégradation de la vegétation naturelle, ligneuse ou herbacée, engendre des phénomènes d’érosion qui
ruinent le district lorsqu’elle se produit sur une grande échelle. Des mesures effectuées au Zaïre ont montré
que l’érosion mettait 40.000 ans.pour enlever 15 cm de sol arable sous la forêt. Après défrichement, on obtient
le même résultat en 10.000 ans si le terrain, transformé en pâturage, demeure couvert en permanence d’une
strate graminéenne dense, en 28 ans si on le cultive en coton avec des bilions perpendiculaires à la pente et en
10 années seulement si les bilions sont parallèles à la déclivité.
Le déboisement et la mise en culture dans la seconde partie du siècle dernier des steppes méridionales de
l’Ouest de 1’U.R.S.S. permit d’obtenir 20 quintaux de blé à l’hectare, rendement considéré à l’époque comme
excellent. L’extension des surfaces provoqua rapidement des catastrophes qui se succédèrent à un rythme de
plus en plus accéleré si bien que les années 1891, 1906 et 1911 furent marquées par des famines au cours des-
quelles des milliers de paysans moururent de faim dans une région qui avait la réputation d’être le grenier à
céréales de l’Europe. DOKOUTCHAEV (18921 démontra que les défrichements avaient rompu l’équilibre exis-
tant entre le climat et la végétation, entraînant une évaporation accrue à la surface du sol et probablement un
refroidissement nocturne accentué du terrain, un dessèchement des horizons superficiels et un abaissement de
la nappe phréatique, le développement de crues printanières plus étendues et plus rapides, une diminution des
réserves d’eau des rivières, le tarissement de certaines sources et la transformation des autres en bourbiers, une
accentuation de l’effet nuisible des vents d’Est et du Sud-Est qui brûlent les récoltes et assèchent les sources
en été, qui détruisent les semis ou les bourgeons des arbres fruitiers au début du printemps.
Un autre exemple spectaculaire d’érosion est celui qui ravagea les Etats du Kansas, du Texas, de I’Oklao-
ma et du Colorado avant la dernière guerre à la suite d’une exploitation irrationnelle des terres par les agri-
culteurs. Lors de la sécheresse qui marqua dans ces régions la période 1930-1935, le sol dégradé et privé de
toute protection végétale se transforma en une poudre impalpable que les vents entraînèrent vers l’Est, lui fai-
sant traverser les deux tiers du continent américain. On enregistra des tornades chargées de poussières qui par-
coururent à 3 000 m d’altitude des distances de 1.000 km sur un front de 500 km. Certaines d’entre elles
s’étendirent sur 450.000 krnz, transportant plus de 200 millions de tonnes de sol arraché sur 25 cm d’épais-
seur. S’abattant sur d’autres contrées, la poussière occasionnait de nouveaux dégâts, stérilisant la terre arable,
recouvrant les routes, obscurcissant les villes, en particulier New-York et Washington.
Rare sous les climats tempérés, l’érosion éolienne est courante dans les zones semi-arides dès que la cou-
verture herbacée disparaît. Lorsque le vent souffle à plus de 15 km/heure à 30 cm au-dessus du sol, il provo-
que la saltation des particules comprises entre 0,l et 0,5 mm qui, à leur tour, déclenchent la mise en suspen-
sion des éléments d’un diamètre inférieur à 0,l mm.
Au Sénégal, on enregistre depuis plusieurs décennies une intensification du processus de dégradation des
sols, en particulier dans le district des Niayes, dans le Cayor, dans le 8aol, dans le Djolof et aux abords des
forages dans la zone sylvo-pastorale où tomes les conditions sont réunies pour engendrer l’érosion éolienne. Le
déficit hydrique qui dessèche les horizons superficiels et qui empêche le développement ou la survie de la strate
graminéenne à l’époque où l’harmattan balaie le terrain, la structure physique du sol et son modelé dunaire,
la réduction des périodes de jachère, le surpâturage, les feux itinérants constituent autant d’eléments généra-
teurs ou accélérateurs du déplacement des sables par le vent. L’érosion pluviale, par contre, n’est inquiétante
que dans certaines stations, en particulier dans le Sud-Est du pays où le profil est beaucoup plus accusé.
l
276
l- LES BRISE-VENT
On nomme brise-vent tout obstacle qui, en ralentissant la vitesse du vent au voisinage du sol, supprime
ou freine les facteurs susceptibles d’engendrer l’érosion éolienne dans la zone protégée. Ce sont, en général, des
pare-vent artificiels en branchage, en roseaux ou en lattes, des haies vives, des alignements d’arbres, des bandes
de végétation de basse ou de haute taille.
Les premiers utilisateurs des rideaux brise-vent dont l’histoire fasse mention sont les Syriens qui, il y a
plus de 2.000 ans, entourèrent des vergers près de Damas avec des Peupliers. En Europe, la plus ancienne réali-
sation, encore visible aujourd’hui, date du XIIIème siècle lorsque les paysans normands ceinturèrent les fermes
et compartimentèrent les herbages avec des talus surmontés de Hêtres afin de les préserver du vent d’ouest.
Un peu partout dans le monde, surtout depuis une centaine d’années, de tels dispositifs anti-érosifs ont
été crées, souvent sur initiative privée, comme au Sénégal, où, dans le departement de Louga, certains cultiva-
teurs délimitent leurs champs avec des haies d’,Eu@~or!~ia bdsamiferapour les protéger des animaux et aussi
pour les défendre contre les apports de sable. Ce n’est qu’à la fin du siècle dernier, en U.R.S.S., après la des-
truction des tchernozioms, que des écrans brise-vent commencèrent à être implantés systématiquement à l’echel-
le d’une région et à faire l’objet d’études comme à la station expérimentale de Kamenaïa - Steppe.
Lorsque le vent souffle perpendiculairement à l’axe d’un brise-vent, ce dernier modifie le champ des
vitesses de telle sorte qu’il est possible de distinguer plusieurs secteurs nettement différenciés à son voisinage
(GUYOT - 1963) :
- du côté au vent, une partie du flux incident continue sa trajectoire sans être déviée mais la résistance
à l’écoulement opposée par l’écran entraÎne une augmentation de pression, formant un coussin d’air sur lequel
glisse l’autre partie du flux (Fig. 271;
- au-dessus de la barrière il existe une zone où le gradient de la vitesse est accéléré, le flux défléchi étant
comprimé contre les couches supérieures. L’accroissement de la vitesse ne se manifeste toutefois qu’à une certai-
ne distance au-dessus du rideau;
- du côté sous le vent, il se produit un ralentissement du vent et une baisse de pression provoquant la
formation d’un coussin d’air, plus étendu que de l’autre côté, au-dessus duquel la répartition des vitesses hori-
zontales reprend progressivement son aspect initial.
TABLEAU 98
Effet à 0,55 m au-dessus du sol d’un écran de 2,20 m
NAEGELI (1953) a prouvé que la largeur de l’écran avait peu d’importance et que le facteur essentiel
était sa perméabilité. Il fait remarquer que lorsque l’épaisseur d’un rideau d’arbre augmente, le flux le traverse
plus difficilement. La protection exercée par des bandes forestières de plusieurs centaines de mètres de largeur
est donc inférieure à celle de brise-vent formés de quelques rangées d’arbres. D’après les calculs, l’efficacité de
l’écran dépend également du rapport existant entre la longueur et la hauteur. Ce rapport qui doit être supérieur
à Il,5 quand le vent souffle perpendiculairement doit être augmenté pour obtenir une protection identique
lorsque la direction du vent est variable.
L’effet protecteur d’une série de rideaux d’arbres parallèles ne se manifeste qu’au-delà d’un certain nom-
bre d’écrans. Il subit une succession de maxima et de minima plus ou moins périodiques, l’amplitude des oscil-
lations s’amortissant au fur et à mesure qu’on progresse à l’intérieur du systeme (KAISER - 1959). Il faudrait
pour que le vent perde sa vitesse initiale qu’il parcourt une distance, variable selon le coefficient de rugosité de
la région, comprise en 30 et 50 km en rencontrant des barrières implantées à des écartements correspondant à
20 fois la hauteur.
278
Bande deose
< 20%
20-40 %
40-60%
*e 60-00 %
80-100 %
l
4 n H mn 4nH
279
L’action des brise-vent sur le microclimat a surtout fait l’objet de recherches dans les régions tempérées
et méditerranéennes, donnant parfois lieu à des conclusions contradictoires. Les renseignements dont nous
disposons pour les contrées tropicales à longue saison sèche sont très fragmentaires.
TABLEAU 99
Action des brise-vent à Bambey en 1968 (d’après DANCETTE)
TEMPliRATURES
MAX1
Brise-vent . . . . . . . . . . . . . . . . 33,2 36,1 35,4 35,9 34,0 35,3 36,7 37,O 36,8 42,0 36,2
Découvert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33,5 34,9 34,3 34,6 32,6 33,5 35,2 36,1 36,1 40,O 35,1
MINI
Brise-vent . . . . . . . . . . . . . 23,2 23,2 23,6 24,2 21,9 23,1 22,8 22,6 22,6 19,4 22,7
Découvert . . ~ . . . . . . . . . . . . . . . . 27,7 23,3 23,4 23,8 21,l 22,5 21,6 21,6 22,0 17,9 22,0
WAP~RATION
Brise-vent . . . . . . . . . . . . . . . 4,3 4,6 4,6 4,5 2,3 2,8 3,6 3,3 4,4 6,9 4,1
Découvert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6,6 7,6 7,1 6,5 3,5 4,4 5,3 6,2 7,5 13,3 6,8
Réduction-Évaporation . . . . . . . . . . . . . 34,8 39,4 35,1 30,7 34,3 36,3 32,0 46,7 41,3 48,1 39,7
E.T.P.
Brise-vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4,8 5,1 5,3 4,5 4,0 5,2 5,5 4,4 4,6 5,1 4,8
Découvert . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7,3 8,3 8,O 6,3 5,8 8,O 7,6 7.9 7,7 9,2 7,5
R é d u c t i o n E.T~P. % . . . . . . . . . . . . 34,2 38,5 33,7 28,5 31,O 35,0 27,6 44,3 40,2 39,0 35,5
Le ralentissement du vent dans la zone sous le vent devrait entraîner une élévation des températures
diurnes des couches basses d’air et un refroidissement plus rapide pendant la nuit. En fait, d’autres facteurs dei-
doivent intervenir, en particulier les variations de 1’E.T.P. pendant la journée, des phénomènes de condensation
et le rayonnement net devant la nuit. A Bambey, DANCETTE a enregistré derrière les brise-vent une augmen-
tation moyenne de 1,l’C pour les minima au cours de l’été (Tab. 99).
A l’échelle d’une région, l’implantation de rideaux d’arbres augmente l’évapotranspiration réelle car, les
essences arborées utilisant des réserves d’eau inaccessibles dans le sol aux autres végétaux, la quantité d’eau &a-
porée est plus grande et la période d’évaporation plus longue. L’énergie disponible pour élever la température
de l’air diminuant, la température moyenne s’abaisse. Inversement, le déboisement de grandes superficies s’ac-
compagne d’une élévation de la température. SOZYKINE (1948) a calculé que la déforestation de 40 millions
d’hectares en U.R.S.S. au cours du siècle dernier avait entraîné un relèvement de IOC de la température moyen-
ne dans le district.
280
Reduisant la vitesse du vent, les brise-vent freinent i’erosion éolienne. ils empêchent l’arrachement des
particules fines du sol et les transports de matériaux dans les bandes protégées. Ils limitent également les
apports extérieurs de sable qui peuvent modifier la structure du terrain et même le steriliser. Ils interceptent
en bordure de mer les particules de sel charriées par les embruns.
L’action sur l’humidité du sol au cours de l’année ne semble pas avoir été étucliée dans les régions tropi-
cales à longue saison sèche. DANCETTE a toutefois montré qu’à Bambey, en 1968, l’évaporation et 1’E.T.P.
avaient diminué respectivement de 39,7 et 35,5 % pendant la saison des cultures (Tab. 991. On peut supposer
que la teneur en eau du sol a augmenté au cours de la période dans la bande protégée et que les réserves hydri-
ques furent disponibles plus longtemps, pour les plantes sarclées après l’arrêt des pluies.
On constate souvent qu’il se forme du côté sous le vent, à la limite de l’écran, une frange de terrain rela-
tivement sec. Elle résulte de la capture d’une partie des précipitations obliques par les cimes des arbres et des
prélèvements effectués dans le sol par leurs racines superficielles. Plus le vent est violent, plus la trajectoire des
gouttes est inclinée, plus le rideau intercepte d’eau.
Modifiant les conditions de température et d’humidité du sol, les brise-vent doivent agir à la longue sur la
composition et l’activité de la microflore et de la microfaune. SUCHOIVANOV, cité par GUYOT (19631, a
démontré que l’efficacité des engrais était accrue en moyenne de 25 % sur une prairie âgée et que leur influen-
ce était encore plus accusée les années de sécheresse.
Il est également vraisemblable, dans certains cas, que la litière apportée par le brise-vent arboré améliore
la composition chimique du sol dans les bandes protégées, surtout quand on pratique une culture extensive
sans engrais. Cette action, nous le verrons, est très nette avec Acacia a/bida.
281
Les brise-vent ont eu des adversaires passionnes dans tous les pays, même au Sénégal où, jusqu’en 1962,
certains responsables des Services agricoles les considérèrent comme étant plus nuisibles qu’utiles. Les rideaux
d’arbres présentent, il faut le reconnaÎtre, plusieurs inconvénients :
Le problème doit toutefois être analysé dans son contexte économique. Or, toutes les expérimentations
ont prouvé que, malgré la perte de terrain et la diminution des rendements à proximité des rideaux, la quanti-
té globale de denrées agricoles ou de fourrage était toujours supérieure dans les bandes protégées. Dans les
régions tempérées, les effets des brise-vent sont plus sensibles les années sèches que les années humides; sous
les climats secs, ils sont d’autant plus spectaculaires que l’enracinement des plantes est faible. Les agronomes
soviétiques estiment que l’augmentation des récoltes de céréales et de fourrage atteint entre 150 et 300 % au
cours des saisons défavorables, 15 à 30 % les étés particulièrement arrosés.
L’influence des écrans protecteurs est encore plus nette sur la qualité des produits agricoles, en particu-
lier avec les plantes industrielles, les arbres fruitiers, les cultures maraîchères et florales. Des expérimentations
entreprises en Hollande sur la betterave sucrière montrent que non seulement les tonnages récoltés augmentent
mais que la teneur en sucre croît. La protection des champs de tabac dans la plaine du Rhin permet d’obtenir
des feuilles plus larges et moins épaisses dont la teneur en nicotine est inférieure de près de 30 %. En Europe
occidentale et dans les pays méditerranéens, les vergers et les terrains destinés à produire intensivement des
légumes sont maintenant entourés avec des haies ou des brise-vent afin de régulariser la production et d’obte-
nir des produits mieux calibrés. Dans les régions tropicales à longue saison sèche, surtout dans les stations où
l’on doit opérer sous aspersion ou avec irrigation, les cultures industrielles comme celles de la canne à sucre, du
coton, des agrumes, du bananier et les cultures maraîchères nécessitent l’implantation de brise-vent dont l’action
sera sensible sur l’économie de l’eau mais dont l’influence immédiate est de limiter les effets mécaniques des
vents qui sont nuisibles au développement des végétaux.
Dans les pays à vieille civilisation agraire où le terroir, aménagé depuis très longtemps, a été divisé au
cours des siècles par un morcellement des propriétés consécutif aux successions et aux héritages, les brise-vent
se composent souvent d’une rangée d’arbres, d’un talus planté ou d’une simple haie dont l’effet protecteur est
doublé par une matérialisation des parcelles. Un exemple typique de ce cloisonnement du paysage rural est
fourni par le bocage vendéen, breton ou normand dans l’Ouest de la France dont la restructuration pose
actuellement d’énormes problèmes de bioclimatologie aux agronomes qui tentent de l’adapter aux méthodes
modernes d’agriculture.
Dans les zones mises récemment en valeur pour l’arboriculture et la production intensive de primeurs, où
seuls les sols fertiles ou irrigables sont recherchés, le prix du terrain impose la création d’écrans de faible épais-
seur. Les exploitants considèrent que l’action mécanique du brise-vent est plus importante que son rôle dans
282
l’amelioration du microclimat et emploient des rideaux de conifères à faible developpement. Ils utilisent même
frequemment des pare-vent artificiels en roseau ou en lattes de bois dont les coûts d’installation et de rempla-
cement interviennent dans le calcul des prix de revient au même titre que l’engrais, l’apport d’eau ou les instru-
ments aratoires.
Par contre dans les contrées nouvellement ouvertes à l’agriculture et à l’élevage et dans les districts où les
sols sont restaurés par I’Etat ou par de grosses societés privées, on préfère implanter des rideaux d’arbres. NOUS
citerons quelques exemples relevés dans la littérature forestière.
- En Rhodésie, les brise-vent ont 10 m de large et les bandes protégées 400 m. On emploie des Eucalyp-
tus de haute taille à croissance rapide, installés en quinconce et on recèpe tous les 5 à 7 ans les rangées exté-
rieures;
- En Californie, les vergers d’agrumes sont généralement protégés par une ligne d’arbres, distants de
1,50 m, formés alternativement d’Euca/yptus g/obu/us ‘et de Cyprès. Les brise-vent sont disposés en carrés et
calculés de façon à ce que la zone préservée représente 4 à 7 fois la hauteur de l’écran. Pour limiter l’ombrage
et la concurrence des racines, on coupe régulièrement les branches à 2 m du fût et on sectionne les racines
à 3,60 m du tronc à l’aide d’une sous-soleuse pénétrant à 1,50 m de profondeur.
- En Israël, on a retenu pour l’aménagement du Néguev des écrans composés de quatre lignes distantes
de 4 m sur lesquelles les arbres sont mis à l’écartement de 2 m. On choisit, dans la mesure du possible un
mélange d’essences, en particulier Acacia cyanophylla en bordure et Eucalyptus camaldulensis ou occidentalis
au centre. Lorsque seuls des Eucalyptus conviennent à la station, on traite en taillis les rangées de bordure et
on laisse se développer celles du milieu (KARSCHON - 1966).
- A Cuba où un programme très important de protection des cultures est actuellement réalisé par le
gouvernement, les rideaux ont 9 m de largeur* On employa au début plusieurs espèces forestières locales ainsi
que Tectona grandis, Casuarina equisetifolia et divers Eucalyptus. Il semble qu’aujourd’hui on s’oriente vers des
boisements mixtes de Tamarindus indica taillé en haie avec, au centre, selon la structure du sol, deux OU trois
rangées de Casuarina equisetifolia ou d’Eucalyptus saligna
TABLEAU 100
La distance entre les brise-vent, exprimée en fonction de la hauteur de l’écran, varie selon les cultures et
la force du vent dans le district. Nous mentionnons au tableau na 100 quelques valeurs publiées en 1962 par la
F.A.O. dans une étude sur les influences exercées par la forêt sur son milieu.
Le choix des essences forestières à implanter dans les brise-vent est capital. Dans la mesure ,-ju possible,
l’espèce devra :
- convenir au climat;
- résister au vent;
- supporter le plein éclairement;
- être adaptée au sol;
- avoir une croissance rapide;
- atteindre une hauteur convenable;
- assurer un rideau de densité homogène sur toute la hauteur;
- être couverte de feuilles toute l’année ou tout au moins aux époques où les vents sont les plus nefas-
tes pour les cultures;
- avoir un enracinement pivotant et peu étendu en surface;
- ne pas être dangereuse pour les animaux ni trop sensible aux dommages causés par eux;
- fournir du combustible, du bois d’industrie ou des produits secondaires.
Personne ne conteste aujourd’hui au Sénégal l’utilité des brise-vent et, depuis une dizaine d’annees, le
Service forestier a été chargé de réaliser des dispositifs anti-érosifs dans le district des Niayes ouvert à la cultw
re maraîchère et dans le Centre-Ouest du pays où, souvent, la dégradation du sol s’intensifie à la suite de la
culture de l’arachide sans aucun assolement.
Lorsqu’en 1965, il fut décidé pour des raisons politiques d’ouvrir à la culture une zone de 10.000 ha en
forêt de Déali, dans le département de M’Backé, et d’en confier l’exploitation au Khalife général des Mourides,
le cahier des charges rédigé conjointement par les Directions des Services agricoles et forestiers, imposait une
rotation mil-arachide et le maintien de bandes boisées de 50 m de largeur, espacées de 200 m. On pensait que
les vents violents qui soufflent du Nord-Est pendant la saison sèche seraient freinés et que les phénomènes
d’érosion éolienne qui caractérisent le district dès que la déforestation s’étend sur des superficies importantes
demeureraient limités. On escomptait également que l’autorite morale dont jouit le bénéficiaire sur les masses
rurales permettait le respect des clauses préservatrices.
La station fut rapidement déboisée avec des bouteurs en tenant compte du quadrillage effectué par les
agents forestiers. Toutefois, dès la première année, la totalité du sol mis en valeur ayant été ensemencée en ara-
chide au profit du Khalife, les travailleurs établirent leurs champs personnels dans les bandes de protection, les
défrichant à la main selon la méthode traditionnelle. Cette pratique s’étant renouvelée plusieurs étés de suite
malgré les mises en garde des Eaux et Forêts il est impossible aujourd’hui de reconnaître le plan d’aménage-
ment initial et le domaine, implanté dans un secteur marginal pour la culture extensive de l’arachide est en
voie de stérilisation.
284
Euphorbia tirucalli
Euphorbia balsamifera
2%5
L’opération sur laquelle les autorités administratives avaient fondé de gros espoirs et qui devait servir
d’exemple pour l’aménagement des Terres Neuves dans le département de Tambacounda montra qu’il est très dif-
ficile d’agir dans le milieu rural sénégalais en faisant confiance à l’initiative privée.
Dans les départements de Dagana et de Louga surtout à proximité de l’océan, les paysans ont souvent
établi spontanément des haies d’fuphorbia bdsamifera pour protéger les cultures vivrières implantées sur des
piémonts dunaires contre l’ensablement et les incursions des animaux. Cette Euphorbiacée sahélo-saharienne
aux rameaux flexibles, épais et charnus, gorgés de latex atteint 2 m de hauteur. La mise en place de boutures
non enracinées est très facile et donne rapidement des touffes assez denses et ramifiées dès la base qui se rejoi-
gnent et constituent une barrière efficace contre le vent, même en saison sèche lorsque les branches sont défeuil-
lées.
Dans la presqu”ile du Cap-Vert, on emploie de préférence à fuphorbia bdsamifera qui n’est pas esthéti-
que lorsqu’elle est défeuillée une espèce exotique, fuphorbia tiruca//i, dont les rameaux charnus, cylindriques
et subverticillés, demeurent toujours verts. Cette Euphorbiacée, fréquente à Madagascar sur les rocailles et sur
les plateaux calcaires du Centre et du Sud-Ouest de l’île, abondante sur les dunes vers Majunga: se multiplie
également par boutures.
Ces brise-vent ponctuels, toujours de faible étendue, ne font l’objet d’aucun aménagement d‘ensemble.
Ils sont dûs à l’initiative des cultivateurs et ils n’ont jamais été encouragés par les pouvoirs publics qui se sont
toujours montrés réticents vis-à-vis des Euphorbes considérées comme des plantes sales, zones de refuge pour
les serpents et les rongeurs. Pour protéger les jardins et les vergers, I’Administration recommande Casuarina
equisetifoba sur les sols sablonneux dans les districts littoraux, Prosopis chi/ensk ou Anarcadim occkfentale à
l’intérieur du pays mais, jusqu’à présent, les réalisations demeurent très limitées, groupées dans la région du
Cap-Vert ou aux abords des grandes villes.
Les travaux financés par le F.E.D., ont été réalisés dans les départements de Thiès, à Thiénaba, de M’Backe,
à N’Gabou, et de Gossas, près de Colobane. Les écrans de 25 m de largeur, complantés en 4r1acardium cmi-
denta/e devaient être traités en verger, permettant l’approvisionnement d’une unité de décorticage de noix-cajou,
assurant un revenu complémentaire aux ruraux, L’essence forestière retenue n’est pas idéale, surtout en peuple-
ment pur, car, sa taille étant réduite, l’effet anti-érosif est assez limité. Compte tenu des connaissances sylvico-
les en 1964, elle était toutefois la seule économiquement valable car elle est rustique, d’implantation aisee par
semis direct et elle ne demande que des soins culturaux peu coûteux. Beaucoup de ces plantations, après la
sécheresse des étés 1968, 1970, 1972 et 1973 sont en voie de disparition.
Les expérimentations menées par le C.T.F.T. depuis 1966 permettent aujourd’hui de conseiller certaines
provenances d’Euca/yptus cama/du/ensis de la zone Nord-Ouest de l’Australie pour les stations où la pluviosité
est supérieure à 600 mm, Euca/yptus microtheca pour des sols argileux compacts, Me/a/euca leucadendron
pour des dépressions susceptibles d’être submergées pendant plusieurs semaines et pour des sols ayant une cer-
taine teneur en chlorure de sodium. Ces essences sont toutes de bonne taille et à croissance rapide.
La presqu”ile du Cap-Vert est bordée sur la côte Nord par une ligne de dunes vives dont la progression
vers l’intérieur s’est accentuée depuis 1920, au fur et à mesure que l’agglomération dakaroise se développait et
attirait des éleveurs ou des agriculteurs dans sa périphérie. Les sables, jadis fixés par la végétation spontanee
herbacée ou ligneuse, devinrent mobiles dès que les troupeaux eurent éliminé le couvert végétal. Entraînés par
l’alizé, ils envahirent les étangs littoraux de Youi, de M’Bobeusse, de Retba et recouvrirent progressivement de
nombreux terrains à vocation maraîchère. MAHEUT (1959) évalue entre 10 et 12 m par an l’avancement du
cordon dunaire vers l’arrière du pays. Reprises par le vent sur les dunes et transportées souvent sur de grandes
distances, les particules siliceuses se déposent et s’accumulent derrière le moindre obstacle, le recouvrent puis
le franchissent. La Direction des Travaux Publics estimait en 1945 que, si l’ensablement se poursuivait à la
même cadence, la base de la presqu’île serait rapidement coupée par les sables.
L’intervention du Service forestier fut décidée en 1948. Il était hors de question d’essayer d’arrêter la mas-
se de sable déjà en mouvement. Une action n’était possible, compte tenu des moyens financiers disponibles, que
287
sur le front littoral afin de stopper de nouveaux departs. Parmi les nombreuses essences forestières locales et
exotiques expérimentées, une seule, Casuarina equisetifo/ia, toléra ce milieu particulièrement ingrat. Le Filao
est en effet capable de se développer sur un sol très pauvre et sans cohésion, de résister à un ensablement par-
tiel et surtout de supporter les effets nocifs des vents violents et chargés d’embruns. Deux facteurs auxquels on
n’avait pas pensé au début se révélèrent néfastes aux introductions d’arbres, le pH élevé du sol dû à sa richesse
relative en débris coquilliers marins et la présence des crabes qui venaient la nuit sectionner les jeunes plants,
en particulier ceux d’Anacardium occidentale et d’Acacia.
Le dispositif retenu se compose de bandes de 150 à 200 m, longues d’un kilomètre, parallèles au rivage,
installées a environ 100 m de la laisse des hautes eaux, séparées les unes des autres par des couloirs de 100 m
pour permettre l’accès vers la plage aux pêcheurs et aux troupeaux nombreux dans le district pendant la saison
des pluies. L’implantation des arbres ne fut possible qu’après la mise en place sur le front de mer d’une palis-
sade formée d’un clayonnage de 75 cm de hauteur en panneaux de Bambou ou en feuilles de Palmier qui rete-
nait les apports de sable pendant deux ans, formant une dune d’environ 10 m de largeur et de 2 m de hauteur
derrière laquelle les Filao s’enracinaient. Ultérieurement, lorsque la dune basculait au-dessus de la barrière, les
premières rangées de Casuarina étaient submergées mais souvent les plants parvenaient à survivre, s’opposant à
la progression du sable. Il fut toutefois nécessaire pour que le peuplement se développe correctement de cloi-
sonner les bandes par des écrans de branchage de 50 cm de hauteur, orientés perpendiculairement aux vents
dominants et distants de 20 m.
Les reboisements, financés par le F.I.D.E.S. furent exécutés entre 1949 et 1958. Ils couvrent 424 ha et
fixent 17 850 m de littoral. L’operation peut être considérée comme un succès sur le plan sylvicole et l’effet
de protection qu’on escomptait a été atteint. Son coût fut toutefois très élevé car l’implantation du dispositif
nécessite 500 m de clayonnage par hectare et il est nécessaire d’arroser les Filao pendant plusieurs mois. Le
prix de revient, estimé à l’époque à 190.000 francs CFA l’hectare, serait actuellement proche de 300.006 francs
CFA.
CHAPITRE HUITIEME
LES ARBRES
ET LA REGÉNERATION DU SOL
291
Lorsqu’on pratique une agriculture sans apport de fumier, d’engrais vert et d’amendement minéral, seule
la végétation arborée ou arbustive est capable de reconstituer le sol après épuisement. Elle mobilise les réserves
minérales préexistant sous une forme difficilement utilisable pour les plantes sarclées dont les exigences sont
fortes mais dont le pouvoir assimilateur est faible; elle enrichit les horizons supérieurs en matière organique,
améliorant leurs propriétés physiques, augmentant leur teneur en azote; elle élimine certaines espèces adventi-
ces dont la concurrence est redoutable pour les plantes cultivées ~(SCHMID - 1960). La culture itinérante impo-
se toutefois plusieurs années de jachère après quelques saisons de production.
Dans les régions tropicales, surtout dans les contrées à longue saison sèche où les sols sont plus vulnéra-
bles que dans les régions tempérées parce qu’ils sont soumis dès qu’on les défriche à l’érosion éolienne pendant
les mois sans pluie et à l’érosion hydrique pendant la période pluvieuse, il serait en général nécessaire de dispo-
ser de cinq à six fois plus de terres qu’on en cultive pour obtenir des rendements soutenus. Avec l’accroissement
démographique, les terrains vacants, surtout ceux à vocation agricole, deviennent de plus en plus rares et il est
prévisible qu’avant la fin du siècle, sans doute même avant la fin de la décennie dans certains pays, presque tous
les sols devront être mis en valeur et cultivés soit en permanence, soit avec des phases de repos insuffisantes
pour assurer leur reconstitution.
Une transformation radicale des techniques culturales s’impose donc dans tous les pays en voie de dévelop-
pement si on veut éviter, comme on le constate déjà dans certaines régions surpeuplées, que de vastes étendues
soient définitivement stérilisées. Le passage de la culture itinérante à la culture intensive, souhaité par les éco-
nomistes et les agronomes, ne pourra cependant s’effectuer que progressivement car, souvent, il demande des
moyens financiers considérables. On commencera par des districts privilégiés, en particulier par ceux où l’irriga-
tion est possible et par ceux où la richesse du sol permet des cultures industrielles. Partout ailleurs, des mesures
transitoires s’imposent.
L’association de l’arbre et des cultures est difficilement concevable car le couvert des cimes entrave le
développement des plantes sarclées. Une espèce, Acacia albida, constitue cependant une exception dans le sec-
teur soudano-sahélien. Elle est couverte de feuilles de novembre à juillet, époque où les champs sont dénudés;
elle est défeuillée pendant l’été, ne gênant pas les cultures intercalaires, ni même celles situées sous les houp-
piers. Certaines ethnies de l’Ouest-africain de vieille civilisation agraire, comme les Sérers au Sénégal ou les
Haoussa aux environs de Zinder au Niger, connaissent de longue date le rôle bénéfique de cette essence qu’ils
protègent et qu’ils maintiennent dans les champs mais ce n’est que très récemment que les agronomes, les micro-
biologistes et les bioclimatologistes ont démontré qu’elle se justifiait pleinement dans le cadre d’une agriculture
traditionnelle.
Lorsqu’en 1962, le Service forestier présenta un programme de reboisement faisant appel à Acacia a/bic/a
pour régénérer plusieurs stations du Centre-Ouest sénégalais, la Direction des Services agricoles émit des réser-
ves sur son efficacité et son opportunité. Aujourd’hui, après des recherches menées au Sénégal par l’O.R.S.T.O.M,
l’l.R.A.T., l’l.R.H.0. et le C.T.F.T., tous les techniciens sont d’accord pour que l’on poursuive et étende l’opé-
ration.
292
Il - MORPHOLOGIE
Acacia a//~kfa est un arbre de grande dimension. Pouvant atteindre 20 a 25 m de hauteur et 1 m de dia-
mètre à hauteur d’homme, il dépasse souvent en taille et en volume la plupart des essences forestières qu’on
rencontre dans son aire de dispersion. L’espèce se distingue aisément par ses rameaux blanchâtres, ordinairement
formés de courts segments en ligne brisée, et par son cycle phénologique qui se développe à contre saison dans
les domaines soudanien et sahélien.
Les vieux sujets, au fût libre sur 6 à 8 m et à la base épaissie, ont des branches ascendantes et une cime
étalée en parasol alors que le tronc des jeunes arbres, entièrement garni de branches, s’élance en pyramide.
L’écorce est grise. Lisse au début, elle devient profondément fissurée avec l’âge; sa tranche est fibreuse et brun-
clair.
12 - CARACTERES BOTANIQUES
121 - Feuilles
Les feuilles composées sont caractéristiques des Mimosacées. Légèrement pubescentes, de couleur gris-
vert bleuté, elles mesurent une dizaine de centimètres. Elles présentent 3 à 7 paires de pinnules ayant chacune
10 à 15 paires de foliolules oblongues, parfois obtusément mucronées, longues de 5 à, 12 mm, larges de 1,5 à
4 mm, qui se recouvrent en partie. On trouve sur le rachis une glande non stipitée à la base de chaque paire
de pinnules.
293
122 - Epines
Les épines, droites et fortes, longues de 1,5 cm environ, sont insérées par groupes de deux à la base des
feuilles, Elles se différencient de celles des autres Acacia à longues épines comme A. raddiana, A. ni/otica ou
A. seya/, par leur épaissier à la base.
123 - Fleurs
Les fleurs sessiles, en épis axillaires denses, s’épanouissent environ deux mois après l’apparition du nou-
veau feuillage. D’abord blanc crème puis jaunes, elles sont très odorantes. Le périanthe comprend 5 sépales en
coupe et 5 pétales séparés. Les étamines, au nombre de 40 à 50, sont soudés entre elles à la base et rattachées
aux pétales.
124 - Fruits
125 - Graines
Les gousses renferment 10 à 20 graines brillantes, brun-foncé, séparées les unes des autres par des cloi-
sons épaisses. Mesurant environ 8 mm de long et 6 mm de large, elles sont ovoÏdes et marquées par une aréole.
On compte près de 11.500 graines au kilogramme. Protégées par une cuticule cireuse imperméable, elles conser-
vent leur pouvoir germinatif pendant plusieurs années.
13 - TAXONOMIE
Acacia a/bida fut décrit en 1813 par DELILLE à partir d’échantillons récoltés en Egypte. Légumineuse
Mimosoïdeae, l’espèce fut classée en 1875 par BENTHAM dans l,a série des Gummiferae, groupe caractérisé par
la spinescence des stipules. L’arbre se différencie toutefois du genre Acacia par plusieurs caractères.
BAILLON signale dans sa ((Révision des Acacia médicinaux)), publiée en 1863, l’épipétalie, c’est-à-dire la
concrescence des filets staminaux avec les pétales sur une assez grande partie de leur longueur.
CHEVALIER mentionne en 1928 des oppositions dans l’anatomie du bois des espèces albida et scorpi-
oïdes puis, en 1934, il constate que le fruit, pourvu de septa eutIre les graines, rappelle beaucoup celui des
Enterolobium d’Amérique par leur forme circinée épaisse et leur mésocarpe charnu à l’état frais.
Il propose alors la création d’un genre nouveau, monotype, nommé Faidherbia, qui établirait une liaison
entre la tribu des Acacia qui ont des étamines libres et celle des lngea dont les étamines sont plus ou moins
monodesphes.
Seuls quelques botanistes et quelques forestiers francophones ont adopté cette nouvelle distinction. Depuis
la parution en 1958 de la seconde édition de la flore d’HUTCHiNSON et DALZIEL ((Flora of west Africa)),
révisée par KEAY, le genre Faidherbia est tombé en synonymie avec le genre Acacia.
294
L’opinion de CHEVALIER semble pourtant confirmée par plusieurs études récentes. VASSAL (1967) a
montré qu’au moment de la germination la plantule formait d’emblée une feuille bipennée alors que l’ontogé-
nèse des /.kacia gwww’ferae commence par une ou par plusieurs feuilles pennées avant d’accéder au type foiiai-
re bipenné. ZINDEREN BAKKER et COETZEE (1959) ont mis en évidence que les grains de pollen étaient
formés de 30 cellules alors qu’ils n’en contiennent que 16 chez la plupart des Acacia, ATCHISON (194B1, enfin,
a constaté que les cellules de l’kack a/f~i& ne renfermaient que 26 chromosones contrairement à celles de
nombreuses espèces du groupe qui sont polyploïdes.
BRENAN (19591 distingue deux races dont la répartition géographique est bien marquée en Afrique orien-
tale et méridionale. La race A, caractérisée par l’absence de pilosité sur les jeunes rameaux, l’axe des inflores-
cences, le calice et la corolle et par des foliolules de 6 x 1,5 mm légèrement pubescentes sur les marges, se ren-
contre depuis le nord de la Tanzanie jusqu’en Egypte. La race B, reconnaissable par des foliolules de l4x4mm,
par la pubescence des jeunes rameaux, de l’axe des inflorescences, du calice et souvent de la corolle, existe
dans le Sud du continent. Dans le reste de l’Afrique, on trouve des intermédiaires dont les foliolules sont peti-
tes comme dans la race A avec des symptômes de pubescence comme dans la race B et vice-versa.
Représentant de la flore sèche afro-tropical eury-soudano-zambienne, Acacia a/bida est une espèce très
plastique. On la rencontre depuis l’isohyète 1.8OOmm, dans des zones où les précipitations sont réparties sur
six mois, jusque dans des régions désertiques où les pluies peuvent faire défaut pendant plusieurs années mais
elle supporte également une submersion de plusieurs semaines. Bien que liée aux climats soudanien et sahélien,
elle s’est maintenue en Israël dans des stations où les températures minimales moyennes du mois le plus froid
sont inférieures à 6OC et où l’hiver est marqué par des gelées nocturnes. Elle s’étend en altitude depuis -27Om,
près de la Mer Morte, jusque vers 2.500 m, sur le Jebel Marra au Soudan. Elle accepte de très nombreux types
de sols, fertiles ou squelettiques.
Les facteurs écologiques qui limitent sa propagation semblent être une forte humidité permanente, néfas-
te à son cycle biologique, qui interdit sa présence dans les régions de forêt dense et une mauvaise perméabili-
té du sol qui s’oppose à la pénétration des racines dans les stations où la nappe phréatique est profonde.
Les essences forestières qui lui sont associées varient avec les latitudes. Toutefois, certaines, comme Aca-
cia sieberiana, Adansonia digitata, Borassus aethiopum, Diospyros mespiloformis, Hy,ohaene thebaka ou Tama-
rindus indica, l’accompagnent dans les deux hémisphères.
21 - DISTRIBUTION
D’après la carte dressée en 1969 par WICKENS, l’aire de dispersion de l’Acacia a/bida couvre pratiquement
tout le continent africain, à l’exclusion des zones de rain forest dans lesquelles il ne pénètre jamais. Elle débor-
de largement au Nord dans la région saharo-sindienne pour atteindre la Basse-Égypte dans la vallée du Nil et
même les confins de la région méditerranéenne en Asie Mineure mais, contrairement à de nombreuses espèces
tropicales, on ne le rencontre ni en Arabie ni dans les oasis du Neguev et du Sinaï(HALEVY - 19711. Il par-
vient également au sud jusqu’au Transvaal et au Natal.
295
Des peuplements denses existent dans l’Ouest sénégalais, près des fleuves au Mali, dans toute la Haute-
Volta, dans la vallée du Logone au Tchad, dans les plaines du Bas-Chari et du Cameroun méridional. L’essence
est encore présente, bien que très disséminée, aux abords de puits et dans des oasis en Mauritanie, dans le Sud
algérien et en Lybie. Elle est également signalée dans les îles du Cap-Vert et à Chypre mais il est vraisemblable
qu’elle a été introduite.
Les botanistes ne se sont pas mis d’accord pour situer l’aire d’origine de cet Acacia. AUBREVILLE pen-
che pour l’Afrique orientale ou australe, en bordure de rivières, tandis que CHEVALIER le fait naître dans les
steppes de l’Afrique du Nord et du Sahara, avant qu’elles ne soient complètement desséchées. WICKENS (1969)
estime que la répartition des races A et B à travers le continent et la présence d’intermédiaires entre les deux
races dans l’Ouest africain plaide en faveur de l’origine méridionale de l’espèce.
Sa présence dans I’Adrar, dans le Tassili des Azdjers, dans le massif de l’Air, sur la piste d’Agadès à Bil-
ma, dans I’Ennedi, sur la route des caravanes qui vont du Tchad au Soudan et dans certaines zones non culti-
vées du Sahel ne peut s’expliquer que par la dissémination des graines par les animaux sauvages et domestiques.
Son abondance dans des districts agricoles alors qu’à quelques kilomètres près, en forêt, il est rare ou absent
ainsi que son installation sur des terres récemment ouvertes à l’agriculture constituent des preuves de son carac-
tère anthropophile.
2 2 - C Y C L E PHONOLOGIQUE
L’espèce est caractérisée par des périodicités de fonctionnement et de repos des bourgeons, de chute du
feuillage qui sont totalement opposées à celles des autres essences forestières des savanes tropicales. Les feuil-
les tombent en effet pendant la saison des pluies; les bourgeons s’épanouissent après l’arrêt des précipitations;
les cimes demeurent vertes tout au long de la période sèche.
Il est vraisemblable qu’un tel comportement dans un milieu ensoleillé, ventilé et soumis à de grands
écarts thermiques quotidiens se traduit par une forte consommation en eau de l’arbre. En Angola, en Afrique
du Sud, en Rhodésie, au Mozambique, en Ouganda, en Tanzanie, zone que l’on considère comme étant le ber-
ceau de l’&acia a/bida, les boisements sont presque toujours liés aux cordons ripicoles, aux levées naturelles
qui bordent les cours d’eau et aux sols hydromorphes, c’est-à-dire aux biotopes où la lame d’eau pluviale est
renforcée par le ruissellement ou par des crues saisonnières. Dans le domaine soudanien de l’Ouest africain, les
peuplements denses sont situés dans des districts où la nappe phrlsatique est proche de la surface ou aisément
accessible aux racines. Ailleurs, en particulier dans les contrées arides ou semi-arides, les individus isolés sont
toujours implantés dans des sites où il existe une certaine humidité dans les horizons sous-jacents.
Plusieurs explications ont été proposées pour tenter de justifier le cycle phénologique. CAPON (1947)
considère que le maintien du feuillage pendant la période sèche peut être la conséquence de la localisation de
l’espèce dans des bas fonds demeurant humides. TROCHAIN (1950) suggère que l’essence aurait pu s’adapter
au rythme méditerranéen des pluies hivernales au cours d’une progression vers le Nord à la faveur d’une phase
humide affectant le continent africain et avoir conservé cette périodicité biologique acquise lors de son recul
vers le Sud pendant une phase sèche subséquente. Nous-même avons écrit (GIFFARD - 1964) que, l’hérédité
l’emportant sur l’adaptation climatique, il était possible que l’arbre ait gardé le rythme chronologique qui était
le sien dans l’hémisphère austral d’où il est vraisemblablement originaire. Aucune de ces hypothèses ne semble
fondée. Celle de CAPON ne permet pas de comprendre pourquoi la cime se dénude pendant la saison des pluies
et elle est contredite par la présence de l’essence dans de nombrelJses stations sèches. Celle de TROCHAIN ain-
si que la nôtre se heurtent au fait que le rythme biologique de l’Acacia a/bida est également souvent en contra-
diction avec la séquence des périodes de pluie et d’aridité dans la partie méridionale de son aire.
LEBRUN (1968) interprète le comportement biologique à contre saison comme étant la conséquence
d’un engorgement du substrat par l’eau pendant la saison des pluies qui empêche l’alimentation en oxygène des
296
racines. Pour ADDICOT, cité par HALEVY (1971), les conditions d’anaérobiose pourraient également pertur-
ber la synthèse des hormones et le métabolismeg entraînant l’abscission des feuilles. Ces points de vue semblent
confirmés par le fait que, dans certains districts de l’Est africain où on enregistre deux saisons des pluies, on
constate parfois deux périodes de défeuillaison et de production de feuilles. Ils s’appuient également sur un
développement du système racinaire propre à l’espèce, permettant de comprendre pourquoi, dans l’Ouest du
Sénégal, le débourrement des bourgeons et la chute du feuillage d’arbres situés dans une même station se pro-
duisent parfois avec un décalage de plusieurs semaines. L’hétérogénéité du sol, sa teneur en eau qui peut varier
dans une proportion importante à distance très rapprochée se traduiraient ainsi sur le rythme végétatif.
Contrairement à la plupart des Acacia de zones sèches qui ont un système racinaire traçant très étendu
de part et d’autre du tronc, ce n’est que lorsqu’elles rencontrent un plan d’eau subaffleurant que les racines de
l’Acacia a/bida s’étalent superficiellement. Ailleurs, elles développent un pivot puissant qui poursuit longtemps
sa progression vers les horizons sous-jacents à la recherche de la nappe phréatique. C’est ainsi qu’en forant un
puits dans le département de Bambey on a extrait de l’horizon 24 mètres des morceaux de racines fraiches qui
provenaient vraisemblablement d’un Kad car seule cette essence était présente à l’état adulte dans les environs.
En Israël où ZOHARY (1962) considère l’espèce comme une relique du Miocène, phase au cours de laquel-
le un climat tropical régnait dans la région méditerranéenne, on observe deux époques de défeuillaison dans les
stations d’Emek ha’ ela et de Simron. HALEVY (1971) rattache la première qui survient en novembre, comme
dans les autres sites, à la période pluvieuse et la seconde, qui se situe en hiver, aux conditions climatiques par-
ticulières à la station marquée par des gelées nocturnes.
Il y a longtemps que, remarquant une végétation plus abondante sous la cime des Acacia a/bida que sous le
couvert des autres arbres, les agronomes travaillant dans les régions tropicales ont mentionné son action bénéfi-
que sur les sols. PORTERES (1952), CHARREAU et VIDAL (1959), DUGAIN (1960), O.D. BOURKE (1963)
ont publié quelques chiffres relatifs à l’amélioration des sols situés sous son ombrage mais ce n’est qu’à partir
de 1966 que JUNG, microbiologiste de l’O.R.S.T.O,M., sur jachères de longue durée, et POULAIN, pédologue
de l’l.R.A.T., sur terrains de culture ont mené à Bambey des recherches systématiques sur l’action de l’Acacia
a/bida sur les sols ((Dior)). Les différences des milieux expérimentaux permettent de comprendre pourquoi leurs
conclusions ne concordent pas toujours.
La teneur en matière organique augmente dans une proportion notable sous les arbres. L’accroissement
qui va du simple au double en surface depuis la zone témoin jusqu’aux abords du tronc est encore sensible à
120 cm de profondeur.
L’humidité du sol en place se maintient toute l’année à un niveau plus élevé sous l’Acacia dans les hori-
zons O/lO cm, vraisemblablement parce que l’évapotranspiration est plus faible sous le couvert de l’arbre.
Dans les jachères, le pH est supérieur de 1,3 unité en surface et de 0,3 unité vers 140 cm de profondeur
dans la zone boisée. La conductivité croît de 135 % et la capacité d’échange passe dans les horizons supérieurs
de 1,78 en terrain découvert à 4,85 à proximité des troncs, se stabilisant dans les deux positions à 1,l vers
120 cm de profondeur. L’action améliorante de l’,4cac~a a/bida est moins importante quand le sol est cultivé
mais elle est toujours significative.
Le niveau des cations échangeables augmente fortement sous les arbres. Le potassium et le sodium sont
peu influencés mais le calcium et le magnésium qui représentent !35 % de la somme des cations echangeables
dans un sol ((Dior)) subissent un accroissement considérable. Le taux de saturation progresse d’une façon hau-
tement significative qui va de pair avec l’augmentation du pH. Il jn’est toutefois égal à 100 que dans les dix
premiers centimètres du sol.
JUNG a montré que l’enrichissement en phosphore était remarquable dans l’horizon de surface sous les
Acacia pendant la saison sèche, le taux de PzOs total passant de 0,24 YW en zone témoins à 1,6 %O près des
fûts. POULAIN trouve une amélioration beaucoup plus faible dans les champs.
Les taux de carbone total et d’azote total sont deux fois plus élevés à proximité des troncs qu’en zone
témoin. Alors qu’en terrain découvert les variations sont faibles en saison des pluies, la teneur en carbone total
accuse un maximum sous Acacia en août et en septembre, période qui correspond à la reprise in situ de l’acti-
vité microbiologique, à la décomposition du stock organique et à un apport important de la litière de l’hacia
albida.
Le rapport C/N est voisin de 10 dans les deux situations sur sol cultivé. Il est par contre moins élevé
sous les arbres dans les jachères, vraisemblablement parce que le rapport C/N des feuilles d’Acacia n’atteint que
17 alors que celui des graminées qui constituent le couvert végétal le plus important en zone témoins est voi-
sin de 80.
298
L’activité biologique est 2 à 5 fois plus forte sous Acacia, quelle que soit l’époque des prélèvements. Sa
détermination par dégagement de C02, indice glucose, taux de saccharose, activité deshydrogénase ou aspara-
ginase met toujours en évidence un gradient très net depuis la zone témoin jusqu’au ‘tronc. Les variations sai-
sonnières sont marquées, en toutes positions, par un maximum en fin de saison sèche, sauf pour l’activité
d’asparaginase qui subit une hausse pendant les pluies.
La présence de l’Acacia n’agit pas sur la densité de la microflore, sauf sur celle des champignons PIUS
abondants sous la frondaison. Seuls les germes cellulolytiques et nitreux sont plus nombreux. JUNG estime tou-
tefois qu’il doit exister une microflore banale sur laquelle l’arbre n’aurait aucune action et une microflore spé-
cialisée qui serait liée à sa présence.
Le coefficient de minéralisation du carbone, voisin de 3 en terrain découvert, marque une légère augmen-
tation sous 14cac~a a/k/a, De même le pouvoir cellulolytique croît de II 5 à 122 % et le dégagement de CO2
sur terre enrichie par 0,5 % de cellulose passe du simple au double.
La teneur en azote minéral d’un sol ((Dior)) qui est relativement faible demeure, l’année durant, 2 à 3
fois plus élevée dans la zone soumise à l’action de l’Acacia. Le maximum de la teneur en azote ammoniacal se
situe à la fin de la saison sèche. Le maximum de la teneur en azote nitrique a lieu après les premières pluies.
Ces dernières entraînant une reprise de l’activité bactérienne, on enregistre une très forte minéralisation de
l’azote organique. Les précipitations sont toutefois insuffisantes pour provoquer le lessivage des éléments miné-
raux aussi les nitrates s’accumulent-ils jusqu’au moment où l’humidité du sol atteint la capacité au champ. Ce
stade est très fugace et, dans les semaines qui suivent, les nitrates sont réorganisés par les micro-organismes puis
lessivés ou utilisés par les végétaux tandis que l’azote ammoniacal est minéralisé, volatilisé ou, peut-être, dépla-
cé par le calcium apporté par la litière d’Acacia.
Le pourcentage des réserves minérales d’un sol, déterminé par des méthodes microbiologiques, fournit
une bonne approximation des éléments fertilisants mis à la disposition des microorganismes et des végétaux au
moment du démarrage des cultures. JUNG constate que, de la zone témoin au couvert de l’arbre, le niveau
minéral augmente de 20 à 40 % selon les saisons, le taux de P20s est 2 à 3 fois plus élevé, les teneurs en azo-
te utilisable sont beaucoup plus importantes.
On supposait jadis que, l’,4cac;a a/kk/a étant une Légumineuse, son action ameliorante sur les sols prove-
nait de la fixation de l’azote atmosphérique par les racines. JUNG a observé la présence de nodules apparem-
ment effectifs sur des cultures d’Acacia réalisées en milieu stérile mais il n’en a jamais obtenu sur des plantules
provenant de graines mises à germer in situ. Nous avons recherché des nodosités sur des racines prélevées sur
des arbres de différents âges, n’en trouvant que sur quelques jeunes sujets complantés sur des dunes. Il semble
donc que la fixation de l’azote par mécanisme symbiotique soit limitée $I des cas où il existe une carence tota-
le en azote dans le sol.
Une étude des cycles biochimiques dans le système sol-Acacia effectuée par JUNG met en évidence l’im-
portance de la phase du retour au sol des éléments nutritifs stockés dans l’arbre par l’intermédiaire de la litiè-
re ainsi que la facilité et la rapidité de décomposition de la matière organique issue de l’arbre. Comparant la
litière de l’Acacia a/bida et celle de Gukra senegahsis, arbuste qui domine dans les jachères, il constate que la
première élève considérablement le niveau initial de l’activité biologique du sol alors que la seconde n’influe
que faiblement sur les caractéristiques microbiologiques, laissant, parfois apparaître, à échéance plus ou moins
299
brève, un déséquilibre biologique qui se traduit par un blocage de l’azote minéral. La minéralisation de l’azote
est correcte sous Acacia, bien qu’un peu freinée au départ. Celle clu carbone est aisée, pouvant même entraîner
une disparition rapide de la matière organique si la strate graminéenne ne fournit pas au sol un complément de
matière organique à minéralisation de carbone très progressive,
Les éléments minéraux stockés dans un arbre font retour au sol par l’intermédiaire de la litière, des fruits
et du bois mort, par la décomposition des racines ou par leur production d’excrétions, par le lessivage de la
cime par les eaux météorites. Les apports de litière sont maxima chez l’,4cacia a/bida en août, au moment de la
défoliation, puis en décembre et en janvier, pendant la chute des fleurs. Ils représentent à Bambey 4,2T/ha/an
sous un peuplement fermé, chiffre comparable à celui mentionné par DOMMERGUES (1963) pour les forêts
de la zone tropicale semi-humide. Les gousses qui tombent en mars et en avril sont évaluées à 5,4 T/ha. Par
contre, les restitutions par le bois et l’écorce, sensibles surtout de novembre à janvier après la reprise de l’acti-
vité de l’arbre, accusent selon l’âge 0,9 à 3,l T/ha, c’est-à-dire très peu en comparaison des 10 T/ha/an données
par NYE (1961) pour la forêt semi-décidue du Ghana.
Le taux de décomposition de ces divers matériaux est beaucoup plus rapide que dans les formations fores-
tières des pays tempérés. JUNG qui l’a calculé à partir de la formule d’OLSON obtient 1,1, ce qui revient à
dire que la totalité des retombées est décomposée en moins d’une année. L’apport d’azote représente 186 kg/ha
dont 48 % proviennent des feuilles, 38 % des fruits et 14 % du bolis. Les quantités de potassium s’élèvent à
76,5 ka/ha dont 70 % pour les fruits, 23 % pour les feuilles et 7 % pour le bois. L’enrichissement en magnésium
qui atteint 38,8 kg/ha est fourni pour 60 % par la litière, 15 % par les fruits et 25 % par le bois. L’apport de
calcium totalise 222 kg/ha, répartis à raison de 44 % par les feuilles, 10 % par les fruits et 46 % par le bois. Les
gains en phosphore n’atteignent que 3,8 kg/ha, deux fois moins que dans les contrées tempérées; 49 % sont
issus des fruits, 31 % des feuilles et 20 % du bois. On peut toutefois supposer que le phosphore subit un bloca-
ge préférentiel par rapport aux cations échangeables, Mg, K et Ca, et que les pertes sont minimes car, dans la
zone soumise à l’influence de l’Acacia, on trouve un pourcentage d’augmentation identique entre ces divers élé-
ments quand on passe du sol témoin aux abords du tronc.
Les gains en éléments minéraux par l’intermédiaire des racines n’ont pas été mesurés. GREENLAND et
KOWAL (1960) estiment qu’au Ghana, en forêt semi-décidue, ils sont de l’ordre du dixième de la production
de litière et de bois. Nous avons vu que la fixation de l’azote atmosphérique par voie symbiotique représentait
une exception. Par contre la présence de l’Acacia a/bida étant liée à celle d’une nappe phréatique accessible aux
racines, il est possible que les eaux souterraines fournissent à l’arbre une partie des éléments minéraux qui lui
sont nécessaires, en particulier de l’azote. A l’appui de cette hypot:hèse, nous citerons BLONDEL (1967) qui a
constaté à Bambey une remontée des nitrates vers les horizons supérieurs après la saison des pluies.
Le lessivage de la frondaison par les eaux de pluie ne doit guère enrichir le sol car les cimes sont défeuil-
lées pendant l’été. Des analyses effectuées par JUNG sur les eaux recueillies sous Acacia a/bida et dans la zone
témoin n’ont mis en évidence aucune différence significative dans les teneurs en nitrates.
Quelques études bioclimatologiques réalisées a Bambey, en 1966, pendant l’été par DANCETTE ont mon-
tré que le microclimat qui caractérise un peuplement d’Acacia ahida était favorable aux cultures pratiquées
sous le couvert des arbres.
300
Il
note une diminution importante des températures maximales et une augmentation sensible des tempé-
ratures minimales sous la frondaison. Ces résultats sont favorables à la physiologie des plantes cultivées mais,
estime l’auteur, ils doivent être considéres avec prudence car les mesures ont été faites à l’air libre et non sous
abri.
L’humidité relative est plus élevée sous Acacia. Cet accroissement est bénéfique aux plantes sarclées, sur-
tout au début de la saison des pluies, car, abaissant l’évapotranspiration, il doit entraîner une réduction des
besoins en eau des cultures et permettre aux stomates de fonctionner plus longtemps.
L’interprétation statistique des évaporations calculées au mois de juillet avec des évaporomètres de PICHE
a l’air libre placés a 050 m du sol dans les quatre directions cardinales, à trois distances du tronc, n’a montré
aucune différence significative mais il est vraisemblable qu’une réduction de l’évaporation intervient sous le cou-
vert, les mesures d’humidité du sol dans les horizons superficiels semblent l’indiquer, Des vérifications seraient
nécessaires avec des abris-standard supprimant l’action turbulente du vent et celle des radiations solaires.
L’évaluation du stock d’eau dans les quatre premiers mètres du sol entre les mois de mai et d’octobre montre
qu’il est le même sous Acacia et à l’extérieur sur l’ensemble du profil mais que, sous les arbres, il est supérieur
dans les horizons 10/120 cm et moindre ensuite. Le gain constaté dans les horizons supérieurs résulte peut-être
d’une réduction de l’évaporation sous les cimes et la diminution enregistrée en profondeur des prélèvements d’eau
opéres par le système racinaire,
On enregistre une augmentation du volume des précipitations sous Acacia a/bida pendant les averses for-
tes et obliques et une réduction au cours des pluies fines et verticales. Les premières étant les plus fréquentes
et les plus abondantes dans le secteur soudano-sahélien, il en résulte que la pluviometrie globale est supérieure
sous les arbres. La moindre quantité d’eau reçue par le sol lors des petites ondées qui caractérisent souvent le
début de l’été est, par contre,
vraisemblablement responsable des rendements inférieurs qu’on obtient parfois
sous les arbres avec l’arachide car, si le paysan sème les graines après une telle pluie et si aucune averse ne se
produit dans les jours qui suivent, la frange du sol humide s’avère insuffisante pour assurer une germination
régulière des graines.
DANCETTE (1968), tout en reconnaissant l’effet bénéfique des peuplements dispersés d’Acacia albida sur
le microclimat, propose d’utiliser de préférence l’essence dans un réseau de brise-vent en lignes, plus ou moins
dense selon l’aridité du climat et la force des vents locaux. Dans le cas où, comme au Sénégal, on a affaire à
plusieurs vents dominants, une maille carrée de 100 à 250 m de côté pourrait être adoptée. Pour conserver
l’effet fertilisant de l’espèce sur les céréales, il envisage de cultiver les mils sur des bandes de 5 m de large, de
part et d’autre des lignes d’arbres, les cultures basses se trouvant au centre des parcelles, protégées à la fois par
les Acacia et la culture haute de bordure. Des études plus poussées, estime-t-il, devraient toutefois être entre-
prises avant de mener des actions de grande envergure, les problèmes d’aménagement du paysage rural faisant
appel à la compétence des planificateurs, des agronomes et des forestiers et à la coordination de leurs travaux.
On observe que le mil se développe plus rapidement sous les Acacia a/bida qu’en terrain découvert et que
les épis sont beaucoup plus denses. Fréquemment, dans le pays Sérer, les paysans mélangent arachide et mil sur
la même sole, réservant à la c&éale les abords des troncs. CHARREAU et VIDAL montrèrent en 1963 qu’à
Bambey où les rendements moyens en grains se situent aux environs de 5 qx/ha en culture traditionnelle, ils
approchent de 10 qx/ha, à la limite de la frondaison des arbres, pouvant atteindre 17 qx/ha près des fûts, ce
qui correspond au tonnage récolté sur des sols ayant subi une amélioration foncière.
301
L’amélioration de la récolte résulte de l’augmentation du nombre d’épis par touffe car l’accroissement du
poids de grains par épis est sensiblement voisin de 65 % dans toutes les positions, sans doute, pense POULAIN,
en raison du parasitisme intense qui affecte le mil. Un accroissement de 500 kg de grains correspond à une mobi-
lisation minérale supplémentaire de 20 kg d’azote, chiffres qui coÏncident avec les observations de BLONDEL
(1967) qui évalue les quantités d’azote minéralisées annuellement à 60 kg/ha sous Acacia a/bida et 45 kg en
dehors du couvert des arbres.
Fondant leur jugement sur une observation unique réalisée en 1935 au Centre de Recherches Agronomi-
ques de Bambey sur deux placeaux d’arachide de 100 m2 chacun implantés, l’un sous Acacia a/bida, l’autre en
zone témoin, les agronomes travaillant dans les régions tropicales à longue saison sèche estimèrent jusqu’à ces
dernières années que le couvert de l’Acacia augmentait le tonnage de paille mais diminuait fortement le rende-
ment en gousse (Tab. 102). Ils expliquaient le phénomène par un déséquilibre nutritif dû à un excès d’azote
302
TABLEAU 101
Rendements en Mil Souna PC. 28 à 8AM8EY en 1967
No Situation Traitement
Traitement 1 2 3 4 5
par rapport aux teneurs ,en phosphore, en potasse et peut-être en soufre (CHARREAU et VIDAL - 19631.
Nous ne contesterons pas les rendements obtenus dans l’essai qui paraissent extraordinaires pour des cultures
effectuées sans fumure mais nous mentionnerons le peu de rigueur scientifique d’une telle expérimentation
menée sans répétition et sur des parcelles réduites.
TABLEAU 102
Rendements en arachide dans l’essai de 1935
POULAIN mit en place en 1966 avec Arachide hâtive 55.437 un dispositif expérimental identique à celui
qu’il utilisa pour le Mil. L’interprétation des résultats consignés au tableau 103 prouve que l’action de l’Acac;a
albida est hautement significative sur le rendement en gousses en absence d’engrais et seulement significative
après apport de fumure. On enregistre sous les arbres une progression du tonnage récolté, par rapport à la zone
témoin, de 37,6 % sans amendement minéral et de 40 % après apport de 80 kg de phosphate de bicalcique,
60 kg de chlorure de potassium et 30 kg de soufre. La même dose d’engrais en terrain découvert accroît le ren-
dement de 16,5 % et l’adjonction de 10 kg d’azote le porte seulement à 31 %. Les résultats sur la production
de paille sont comparables, avec des écarts encore plus accusés.
Même en tenant compte de la pluviosité défavorable de l’été 1966 qui imposa des semis tardifs dans le
Centre-Ouest du Sénégal et qui entraîna une récolte médiocre et surtout une mauvaise réponse de la Légumineu-
se à la fumure minérale, on se doit de constater que /‘Acacia a/bida est loin d’être nuisible à la culture de l’ara..
chide. Des essais menés la même année dans deux stations de l’l.R.H.0. le confirment.
303
TABLEAU 103
No Situation Traitement
Traitement 1 2 3 4 5
GAUTREAU a cherché à mettre en évidence l’effet de la litière de l’Acacia a/bida sur la production
d’arachide en cultivant la Légumineuse à proximité d’un arbre sur un placeau bénéficiant du couvert de la
frondaison et sur un placeau sur lequel le sol avait été décapé sur 2 cm. Il transporta la terre prélevée en
zone témoin et compara les rendements à ceux obtenus en terraün naturel avec et sans engrais. Il constate
(tableau 104) que l’effet de la litière prédomine car, malgré le d&apage des horizons superficiels, le placeau
sous Acacia continue à avoir une production supérieure à celle obtenue en terrain découvert. L’enlèvement
de la litière diminue le rendement d’une façon sensible et l’appor-t de la terre en zone témoin se traduit par
304
TgBLEAU 104
Influence de la litière sur les rendements en arachide
Il conclut que l’Acacia a/bida est bénéfique à la culture de l’arachide et qu’il n’est pas possible d’obtenir
avec une fumure des résultats comparables à ceux atteints sur un sol enrichi par sa litière. L’apport d’une fumu-
re complémentaire ne procure pas d’augmentation importante de rendement sur les parcelles déjà améliorées par
l’essence et le transport de la terre située au pied de l’arbre permet d’étendre l’effet fertilisant à une zone plus
vaste.
CHAPITRE NEUVIEME
L’ornementation des agglomérations et la décoration des routes par des plantations d’arbres en alignement
sont des pratiques répandues depuis plusieurs siècles en Europe. La plupart des municipalités et tous les servi-
ces des Ponts et Chaussées disposent aujourd’hui d’un personnel spécialisé dans l’exécution et dans l’entretien
de ces boisements qui, tout en ombrageant les rues et les chaussées, rompent la monotonie du paysage, mas-
quent la médiocrité des immeubles hétéroclites, tentent de cacher le désordre des quartiers misérables et cons-
tituent un facteur de purification de l’atmosphère polluée par les fumées des usines et les vapeurs nocives des
moteurs à explosion.
Ce qui est vrai dans les régions tempérées le devient à plus forte raison dans les contrées tropicales à lon-
gue saison sèche où l’afforestation des avenues et des voies à grande circulation, en plus de son effet esthétique,
modère la température, brise les vents souvent violents et limite le:s apports de sable. Toutefois, s’il est souhai-
table de multiplier les arbres dans toutes les villes et le long des routes, il est indispensable de suivre certaines
règles afin de ne pas entraver la circulation et de ne pas gêner les habitants des immeubles riverains.
Les plantations en alignement les plus anciennes du Sénégal, actuellement vivantes, datent des années qui
précèdèrent la première guerre mondiale. Ce sont les CaÏlcédrats qltri ombragent certaines avenues dans les vieux
quartiers commerçants de Dakar et de Thiès, les rangées de Fromager en voie de disparition qui bordent la rou-
te à l’entrée de Kaolack. Dès le XVIIIe siècle, des arbres avaient été plantés à Gorée et à Saint-Louis mais ne
subsistent aujourd’hui que ceux qui furent mis en place dans les jardins des hôtels particuliers. A Richard-Tell,
il ne reste des introductions réalisées vers 1820 par RICHARD que quelques Caïlcédrats disséminés au milieu
d’un boisement de Bosop;s chdensis qui se régénère de lui-même.
Seule la capitale fédérale possédait un Service des Jardins et des Plantations avant l’indépendance. Dans
les autres villes, les reboisements étaient décidés par les Administrateurs qui demandaient les plants nécessaires
aux Services forestier et agricole ou qui, parfois, les produisaient eux-mêmes dans le jardin de Cercle. Actuel-
lement, la plupart des municipalités entretiennent des équipes chargées de l’exécution des plantations mais, pres-
que toujours, elles se procurent les arbres dans les pépinières des E:aux et Forêts ou les commandent au Servi-
ce des Parcs et Jardins à Dakar.
Pour vivre, un arbre doit disposer d’une portion de sol correspondant au volume qu’atteindra le système
racinaire à l’âge adulte. Pour se développer correctement, il doit recevoir une quantité de lumière compatible
avec une assimilation chlorophylienne normale. Pour être esthétique, il faut que la cime soit équilibrée et assez
dense. Ces impératifs ne doivent jamais être perdus de vue quand on envisage de réaliser une plantation en ali-
gnement. S’il est en général possible de choisir une espèce dont l’écologie et la taille conviennent au site dans
la gamme des essences utilisables dans la station, il arrive cependant qu’on doive se résigner à proscrire les
arbres dans certaines rues.
308
Dans des villes anciennes comme Dakar et Saint-Louis où beaucoup de quartiers se sont développés sans
aucune coordination entre les services publics chargés de l’urbanisme, le sol est encombré par des canalisations
au tracé fantaisiste, parfois inconnu des responsables actuels, qui imposent l’ouverture de tranchées importantes
à la moindre réparation, l’espace aérien est obstrué par des lignes électriques ou télephoniques, par des lampa-
daires ou des fixations de lampes axiales établis de la façon la plus économique mais sans aucune symétrie.
Il en résulte souvent une impossibilité de planter sans entraîner ultérieurement la mutilation ou la mort des
arbres, à moins de déplacer au préalable fils et tuyaux, ce qui est presque toujours exclu.
Nous rappellerons des prescriptions imposées en Europe dont l’application en Afrique permettrait dans la
plupart des cas d’effectuer des plantations en alignement dans les nouveaux lotissements, sans compromettre
l’avenir des arbres :
- les appuis des lignes de transport aérien sont placés à 1 m des facades ou contre les murs de clôture quand
les avenues sont bordées de jardins;
- les lignes électriques et téléphoniques sont situées au minimum à 9 m du sol;
- les lampes axiales sont fixées de façon à ce que les fils qui les supportent soient tirés perpendiculairement à
l’axe de la voie;
- les lampadaires sont implantés en bordure des trottoirs et à égale distance;
- les lignes électriques et téléphoniques franchissent les artères au niveau des carrefours;
- les canalisations souterraines suivent un tracé fixe, établi en fonction de la largeur de la rue.
Les arbres ne doivent pas empêcher d’ouvrir les fenêtres des immeubles ou gêner la circulation des véhicu
les sur la chaussée. Des distances de 2 m entre l’extrémité des branches et les façades, de 1,5 m entre le cen-
tre du trou de plantation et la bordure du trottoir sont des normes courantes. L’écartement entre les arbres
sera calculé en tenant compte des dimensions atteintes par la cime à l’âge adulte. Jadis, quand on souhaitait
que les rues soient bordées d’un rideau aux frondaisons contiguës, il était admis que les branches latérales
devaient s’étendre sur une largeur égale à la moitié de la hauteur mesurée entre leur point d’intersection sur le
tronc et l’extrémité du houppier. La distance entre les plants variait alors de 4 m pour des arbres de 6 m de
hauteur à 12 m pour des sujets de 20 m. Aujourd’hui, on a de plus en plus tendance à disposer les arbres sans
que les cimes se rejoignent en ponctuant les artères de taches de verdure entre lesquelles on réserve des empla-
cements pour le stationnement des voitures.
Quel que soit l’espacement adopté, il est indispensable de respecter un certain équilibre entre la hauteur
du fût, l’ampleur du houppier et la largeur des trottoirs pour que l’alignement offre un aspect harmonieux. Il
est également nécessaire de maintenir les troncs sans branche sur au moins trois mètres pour ne pas gêner le
déplacement des piétons et la circulation des véhicules. Nous donnons au tableau 105 quelques éléments qui
permettront de choisir l’essence en fonction de sa hauteur. La méconnaissance des dimensions qu’atteindra
l’arbre adulte peut être à l’origine des mutilations qui seront imposées plus tard à la cime. Jamais, par exemple,
des Caïlcédrats, essence de première grandeur, n’auraient dû être complantés dans une artère étroite comme
l’avenue PINET LAPRADE à Dakar.
Une fois les problèmes posés par l’urbanisme résolus, il faut étudier le milieu dans lequel l’arbre sera
introduit. L’ignorance de la composition physique et chimique du sol, la méconnaissance des caractéristiques
climatiques de la station sont à l’origine de l’échec de nombreuses plantations en alignement. Dans une ville
comme Dakar, on trouve alternativement des sables à peu près stériles, des terres de décomposition de basalte,
des plages latéritiques, des marnes, des sols salés, des bas fonds susceptibles de submersion et, bien entendu,
309
TABLEAU 105
Hauteur de l’arbre
Largeur du trottoir Hauteur du fût Largeur de la cime
à choisir
de nombreuses zones de remblais divers sans aucune terre végétale. L’exposition joue également un rôle impor-
tant, en particulier en bordure de l’océan où les vents saisonniers charrient pendant plusieurs mois des embruns
ou des particules siliceuses qui provoquent la défoliation des cimes ou la nécrose des rameaux.
Nous allons passer en revue les principales espèces utilisées au Sénégal. Certaines sont des arbres employés
dans les plantations forestières dont la sylviculture sera étudiée plus loin aussi n’aborderons-nous que les pro-
blèmes relatifs à leur implantation en milieu urbain. D’autres qui sont des essences propres à des reboisements
dans les villes seront examinées plus à fond. On reproche parfois aux responsables des plantations urbaines
d’employer des arbres exotiques et de négliger des espèces locales comme les Acacia, voire le Baobab. Il est
aisé de répondre que les essences forestières des domaines soudaniens et sahéliens ont une croissance très len-
te, qu’il est souvent difficile de les complanter en haute-tige et qu’elles sont presque toutes défeuillées pendant
la saison sèche.
Anacardium occidentale L.
Le Darcassou est à déconseiller dans les plantations en alignement en raison de son port défectueux, de
sa croissance assez lente et surtout parce que son installation n’est possible que par semis, ce qui constitue un
avantage dans les reboisements forestiers mais un inconvénient en milieu urbain où on doit défendre les plants
contre les animaux pendant cinq à six ans. Plus tard, les fruits incitent les enfants à casser les branches ou à
monter dans les houppiers pour les récolter.
L’espèce peut, par contre, être retenue pour former des écrans brise-vent le long des routes ou pour créer
des haies basses. Dans le premier cas, on sème Anacardium occidenta/e à l’écartement de 2 m et on laisse les
arbres se développer librement; dans le second cas, on espace les plants d’un mètre et on les étête à la hauteur
voulue pour qu’ils partent en largeur. La bande médiane de l’auto’route de dégagement de Dakar située au-delà
du pont de Hann a été reboisée de cette manière en 1958. Le tout de la plantation fut considérablement moins
élevé que celui des massifs de Lauriers roses mis à la sortie de la ville et les frais d’entretien sont minimes. Il
faut toutefois songer à remplacer les manquants dès la seconde année et tailler des arbres deux fois par an
sinon la haie est discontinue, peu esthétique, inefficace pour proteger les automobilistes de l’éblouissement des
phares des voitures circulant sur l’autre voie.
Albizia /ebbek fut propagé dans l’Ouest africain par les troupes françaises qui l’introduisirent dans la plu-
part des bases militaires dispersées à travers les zones soudanienne et sahélienne. Dans ces contrées à longue ou
a très longue saison sèche, cette Mimosacée atteint une douzaine (de mètres de hauteur au maximum tout en
présentant un port bas branchu alors que dans les forêts de MalaKe, son aire de dispersion naturelle, l’arbre a
310
Fig. 29
4
4.0 J& ci?. 0 J. 4.0
RUEde 3 0 m
8. o
311
un fût long et droit. L’écorce est rugueuse, de teinte gris foncé. Les feuilles, composées pennées, ont des folio-
les assez larges, oblongues et opposées, dont la face inférieure est glabre. Les inflorescences, en capitules sub-
globuleux groupés en panicules à l’extrémité des rameaux, donneint naissance à des gousses plates et droites,
de couleur jaune paille, indéhiscentes qui demeurent longtemps sur les branches défeuillées, bruissant au moin-
dre souffle d’air. On compte environ 8.000 graines au kilogramme.
L’élevage en pépinière est facile et la croissance est assez rapide. L’espèce est rustique et plastique. Elle
rejette bien de souche et se multiplie souvent par semis naturels quand le milieu est favorable. Les plants sont
toutefois assez sensibles aux termites dans le jeune âge et ils résistent mal au feu aussi doit-on exécuter les
plantations dans de bonnes conditions et les entretenir pendant plusieurs années, ce qu’on a parfois tendance à
n6gliger sous prétexte qu‘A/b;zia Iebbek est robuste. Dénudée pendant 4 ou 5 mois, pourvue de gousses laides
et bruyantes, l’essence est à déconseiller chaque fois qu’on peut en utiliser une autre.
Azadirachta indica est actuellement l’essence la plus utilisée pour les reboisements urbains et villageois
dans les régions sahéliennes et soudaniennes au Sud du Sahara. Nous avons décrit l’arbre avec les espèces sus-
ceptibles d’être employées dans le Centre-Ouest du Sénégal pour la création de plantations artificielles destinées
à produire du combustible ménager. Plastique et rustique, surtout quand il est implanté à grand écartement ou
par pieds isolés, le Neem doit être proscrit dans les dépressions temporairement inondées, sur des sols salés
312
ou calcaires, en bordure de mer dans les zones soumises aux embruns. Essence de demi-lumière, il peut, par
contre, être installé dans des stations où l’ensoleillement est limité.
La production des plants en pépinière est aisée et leur croissance est rapide. On emploie pour les planta-
tions en alignement des baliveaux de 3 à 5 ans, généralement rabattus à 3 m de hauteur et parfois des arbres
plus âgés dont la complantation est assez facile quand on sectionne tous les rameaux, ne conservant que quel-
ques branches coupées assez près du tronc. L’un des avantages du Neem est de pouvoir se tailler sans aucune
difficulté et de reconstituer rapidement son houppier.
Nous ne reviendrons pas sur Cessia siamea qui a été analysé avec les essences de bois de feu Largement
utilisé entre 1934 et 1960 au Sénégal pour des plantations en alignement, il est maintenant abandonné au pros
fit d’Azac/irachta incfica sauf en Casamance.
Le Filao qui fait aujourd’hui parti du paysage dakarois a été introduit au Sénégal vers 1999. Ce n’est pas
une essence à recommander pour les plantations en alignement dans les villes, bien que sa silhouette ressemble
à celle du Pin parasol quand on sectionne le fût à 4 ou 5 mètres de hauteur, car seuls des plants de quelques
mois, élevés et complantés en motte, sont susceptibles de reprendre, imposant des mesures de protection contre
les animaux pendant plusieurs années. Il arrive toutefois qu’en bordure de l’océan, Casuarina equisetjfolia soit
la seule espèce utilisable en raison de la résistance de son feuillage aux embruns et de sa rusticité qui lui permet
de se développer sur des sables squelettiques,
En repiquant les jeunes Filao dans des sacs de pojyéthylène de grande taille, on peut les conserver pen-
dant un ou deux ans en pépinière et ne les mettre en place que lorsqu’ils atteignent 2 à 3 mètres de haut.
Cette pratique est peu courante car elle est onéreuse. Le plus souvent, on emploie Casuarina equisetifoha pour
créer des haies car il supporte la taille à n’importe quelle hauteur ou il sert pour constituer des écrans en bor-
dure des routes. Son usage est toutefois restreint à la zone côtière sur des sols siliceux et dans des stations qui
ne sont pas susceptibles d’être inondées.
Les Eucalyptus
Les Eucalyptus, sauf quelques espèces de faible dimension au feuillage ou au port ornemental, ne peu-
vent pas être employés dans les plantations d’avenue car, comme le Filao, ils demandent à être mis en place
quand ils atteignent 50 à 60 cm de hauteur et surtout parce qu’ils possèdent un système racinaire traçant très
développé qui obstrue et détériore les canalisations d’eaux usées. On les recommande surtout pour créer de
petits bouquets de verdure, pour complanter des jardins publics ou pour reboiser les abords des routes.
Les Ficus
Le genre Ficus est très important dans la flore tropicale. HUTCHISON et DALZIEL (1928) ont dénombré
66 espèces en Afrique de l’Ouest. Ce sont en général des arbrisseaux, rarement de grands arbres, qui, presque
toujours, ont le pouvoir de se régénérer par bouture. Ficus thonningii est l’un des seuls arbres qui soit multi-
plié par les paysans dans les villages du secteur soudano-sahélien pour donner de l’ombre sur les places et per-
mettre de ((palabrer)) pendant les heures chaudes. La production des plants est facile. Ii suffit de planter une
branche au début de la saison des pluies; plus la bouture est grosse, plus elle a des chances de reprendre.
313
Azadirachta indica
Hura crepitans L.
Le feuillage résistant très bien au vent et aux embruns, l’arbre adulte se défendant contre les animaux
domestiques grâce aux épines et au latex irritant contenu dans l’écorce, cette Euphorbiacée pourrait trouver sa
place dans des plantations urbaines réalisées en bordure de mer et dans des quartiers populeux où la divagation
du bétail est fréquente. A Dakar, on ne l’a guère employée qu’en 1955 sur la corniche de Soumbédioune. Les
arbres se sont maintenus mais ils se développent très lentement.
Le Caïlcédrat est l’une des plus belles espèces utilisables au Sénégal dans les reboisements urbains à condi-
tion de ne l’employer que dans des artères très larges comme à Thiès. Son implantation, il y a une soixantaine
d’années, dans les rues étroites des vieux quartiers de Dakar se révèle aujourd’hui préjudiciable aux façades et
aux toitures des immeubles, à l’état des trottoirs, des chaussées et des canalisations, au stationnement des
véhicules. Adulte, l’arbre atteint 15 à 20 m de hauteur et son fût peut dépasser 1 m de diamètre. La croissan-
ce est lente ce qui fait que, de plus en plus, on lui préfère le Neem, même dans des stations où Khaya senega-
/ensis a fait ses preuves depuis longtemps.
315
Les Ficus
316
Les bourgeons sont régulièrement attaqués par un Borer qui détruit les pousses nouvelles, empêchant la
formation d’un fût rectiligne. Cet inconvénient qui a fait proscrire l’essence dans les reboisements forestiers est
secondaire pour les plantations en alignement car il favorise l’étalement de la cime. Il impose toutefois de trai-
ter les plants en pépinière jusqu’au moment où la tige atteint 3 m de hauteur. La complantation de sujet âgés
est possible. Elle a été réalisée en 1956 lors de l’élargissement de l’avenue Lamine GUEYE à Dakar en transplan.
tant des arbres âgés d’une vingtaine d’années prélevés dans la forêt de Bandia.
Les Palmiers
Par leur grâce, l’élégance de leur port, leur feuillage, les Palmiers sont très décoratifs. En Europe méri-
dionale et aux Etats-Unis d’Amérique, peut-être par désir d’exotisme, on les utilise chaque fois que la station
se prête à leur introduction. Au Sénégal où, pourtant, on dispose de plusieurs espèces locales et exotiques, ils
ne sont guère appréciés des responsables des plantations urbaines. Ils leur reprochent leur croissance lente et
irrégulière, le coût de leur implantation quand ils sont élevés en bac, les mesures onéreuses qu’impose leur pro-
tection contre les animaux domestiques très friands des jeunes feuilles.
L’enracinement peu profond demande un sol léger avec une nappe phréatique proche de la surface. Cer-
tains Palmiers, comme Hyphaene thebaïca et Cocos nucifera, supportent des terrains salés, d’autres, comme
Phoenix redinata et Cocos nucifera, résistent aux embruns. Tous sont assez exigeants sur la composition
Peltophorum ferrugineum Poiflciana regia
physique et sur la richesse du sol et il faut préparer soigneusement le mélange de terre dans les trous de plan-
tation sinon le peuplement croît d’une façon irrégulière et inesthétique. On le constate à Rufisque dans
l’avenue principale complantée en Pritchardia fi/ifera et à Dakar, sur la corniche de Fann, où un alignement de
Phoenix rec/inata installé en 1953 ne parvient pas à se développer. Cocos nucifera est l’une des espèces les
mieux adaptées pour des reboisements dans l’agglomération saint-louisienne; la municipalité l’a utilisé à plu-
sieurs reprises au cours des dernières années mais, chaque fois, les jeunes Cocotiers, insuffisamment protégés,
furent rapidement détruits par les animaux.
Originaire de Malaisie, Pekophorum ferrugineum est employe depuis très longtemps pour des reboisements
urbains dans le Sud-Est asiatique. Il fut introduit en 1944 à Dakar dans le Parc de Hann où il s’acclimata, se
régénérant spontanément, même sous le couvert d’autres arbres. Un essai de plantation forestière, réalisé en
1945 dans le Périmètre de M’Bao, a montré que la reprise était facile, que le peuplement était homogène et que
la croissance de l’espèce était assez rapide, les plants atteignant en moyenne 8 m de hauteur et 20 cm de dia-
mètre la dixième année.
Quelques baliveaux furent prélevés en 1956 dans la parcelle et complantés dans des avenues à Dakar après
avoir été sectionnés à 3 m de hauteur. Ils reconstituèrent rapidement une cime et formèrent des houppiers
symétriques, faciles à tailler et à conduire. Les feuilles pubescentes, roux ferrugineux, présentes en toutes
318
saisons, sont biparipennées avec de nombreuses folioles de 2 cm de long, de 4 à 6 mm de large. Les inflores-
cences en panicules d’épis terminaux de fleurs jaunes apparaissent en août, donnant naissance à des gousses
brun rouille, plates et ovales, amincies sur les bords, indéhiscentes, qui sont mûres en novembre. On compte
environ 12.000 graines au kilogramme. Aujourd’hui cette Caesalpiniacée est largement employée à Dakar pour
des plantations en alignement dans les nouveaux quartiers. Il faut toutefois lui réserver des artères assez larges,
étant donné son développement à l’âge adulte.
Les feuilles sont composées bipennées, non opposées, avec 4 à 6 paires de pinnules à folioles opposées
dont la dernière est plus grande. Les fleurs rouges, hermaphrodites, se transforment en gousses contenant une
pulpe sucrée appréciée par le bétail. On compte environ 4.000 graines au kilogramme. L’élevage des plants est
facile et les baliveaux atteignent à 3 ans une taille convenable pour les plantations lurbaines. Il est toutefois
conseillé de les maintenir en pépinière pendant 5 à 6 ans car le bois résiste mieux à l’action desséchante du
vent et aux brusques variations d’hygrométrie quand il est bien aoûté, Le Saman donne d’excellents résultats
à Dakar et on commence à le propager dans les villes de l’intérieur du Sénégal.
Poinciana regia est une Caesalpiniacée pantropicale, originaire de Madagascar, qui a été multipliée depuis
plusieurs siècles en Asie, en Amérique et en Afrique tropicale en raison de son effet ornemental. L’arbre atteim
12 à 15 m de hauteur avec un houppier bien étalé. Lorsque le milieu est favorable, la cime est tantôt couverte
d’un feuillage fin et léger de feuilles bipennées à folioles nombreuses, étroites, longues de 7 à 15 mm, tantôt
pourvue d’inflorescences terminales en grappes corymbiformes de fleurs rouge écarlate mais dans les stations
marginales, en particulier dans les contrées à longue saison sèche, elle demeure dénudée 3 à 6 mois par an,
période où seules des gousses brun noir, longues de 30 à 40 cm, pendent a l’extrémité des branches.
Plusieurs rues du quartier du ((Point El), à Dakar, ont été plantées en Flamboyant entre 1950 et 1953
L’effet est peu esthétique. Les arbres sont défeuillés de janvier à mai. Ils sont, en outre, souvent attaqués en
juillet par une chenille qui dépouille le houppier en quelques jours, dévorant le limbe des feuilles, tissant de
gros cocons avec les nervures et les pétioles. L’emploi d’un acricide en poudre est inefficace car l’insecte appa-
raît en même temps que les premières pluies; la pulvérisation d’un liquide à base de Dieldrine ou de Thypho-
line a donné de bons résultats mais ces produits sont toxiques et l’opération est délicate à exécuter. On a donc
renoncé aux plantations en alignement, réservant l’espèce pour des jardins ou des parcs où les attaques sont
moins fréquentes et où d’autres arbres masquent les cimes quand elles sont dénudées.
Mimosacée originaire d’Amérique tropicale et subtropicale, Prosopis chi/ensis a dû être introduit au Sénégal
dès le XVIIIe siècle. Il a été propagé en Afrique francophone, dans le Sahel, par les militaires français au fur
et à mesure de leur installation. On trouve toutefois rarement de vieux arbres car le déséquilibre existant entre
la cime fortement développée et le système racinaire traçant entraîne fréquemment le renversement des sujets
319
âgés quand le sol est détrempé ou au moment des coups de vent qui accompagnent les premières pluies. C’est
ainsi que, d’une plantation effectuée en 1920 dans les rues de Tombouctou, il ne restait rien trente ans plus
tard.
Supportant assez bien la sécheresse, rejetant de souche, se régénérant naturellement par semis dans de
nombreuses stations, le Prosopis est couramment utilisé pour créer de petits boqueteaux et surtout pour établir
des haies qu’il est facile de conduire à la hauteur désirée. On l’emploie par contre très peu dans les plantations
en alignement, sauf dans les zones arides où il est difficile d’introduire d’autres espèces, car il doit être complan-
té en mottes, ce qui impose de le protéger contre les animaux pendant plusieurs années. Sur sol fertile, l’arbre
dont la croissance est assez rapide peut atteindre 12 m de hauteur et 1 m de diamètre mais sur des terrains
pauvres le développement est lent et le port demeure buissonnant.
Le tronc est rugueux et crevassé. Les branches évasées forment une cime assez dense, souvent aplatie. Les
feuilles alternes, vert bleuté, persistantes, sont bipennées avec généralement 3 paires de pinnules ayant une glan-
de à la base et 10 à 15 paires de foliolules longues de 8 à 12 mm, larges de 2 à 3 mm. On trouve à la base
des pétioles des épines droites, souvent jumelées, dont l’épaisseur et la longueur semblent liées à l’aridité de la
station. Les fleurs blanc-crème, à calice tronqué et à pétales acuminés, poilus sur les bords, sont groupées en
épis axillaires de 7 cm de long sur 18 mm de diamètre avec un pédoncule de 3 cm à la base. Le fruit est une
gousse droite, atténuée aux deux extrémités, longue de 10 à 20 cm, jaune clair et pendante à maturité. Elle
est indéhiscente, cloisonnée entre les graines et elle contient une pulpe sèche riche en matières amylacées. On
compte environ 35.000 graines dans un kilogramme mais, le décorticage étant difficile, on utilise fréquemment
pour les semis des morceaux de fruit contenant graines et pulpe.
Tecoma pentaphyla est une 8ignonacée d’Amérique tropicale dont la hauteur ne dépasse guère 6 à 7 m.
La cime grêle, toujours couverte de feuilles épaisses, vert luisant sur la face supérieure, criblées de lentilles
écailleuses sur la face inférieure, est très ornementale quand elle est pourvue de fleurs blanches, roses ou mau-
ves en doigt de gant, longues de 7 cm environ. L’espèce qui fut introduite à Gorée, il y a vraisemblablement
deux siècles, a été quelques fois utilisée à Dakar dans des plantations en alignement.
L’élevage en pépinière est très long car il est nécessaire de conduire et de tailler régulièrement les tiges
pendant plusieurs années pour les empêcher de garder un port sarmenteux, aussi l’essence est-elle abandonnée
aujourd’hui. Sa cime peu fournie, son encombrement restreint, son feuillage résistant au vent présentent cepen-
dans un intérêt pour le boisement de rues étroites ou de stations très ventilées.
Terminalia catappa L.
Le Badamier est assez peu exigeant sur la qualité du terrain à condition que la nappe phréatique soit pro-
che de la surface et il supporte assez bien une faible teneur en chlorures dans le sol. La rapidité de son
développement est toutefois liée à la fertilité de la station. Très résistant aux embruns, il est conseillé pour
des plantations en bordure de mer, L’essence est relativement abondante à Saint-Louis dans les jardins, beau-
coup plus rare à Dakar. Elle présente l’inconvénient de produire des amandes comestibles très appréciées par
les enfants qui montent dans les arbres ou qui cassent les branches pour les récolter.
321
La reprise des sujets de haute tige est aisée, plus, semble-t-il8 que celle des jeunes plants. Afin d’accélérer
la formation du fût, on a intérêt à supprimer régulièrement les branches verticillées pendant trois ou quatre
ans.
L’aire de dispersion de Terminaba manta/y se situe sur la côte Nord-Ouest de Madagascar dans une zone
où les précipitations annuelles, réparties sur 6 à 7 mois, sont voisiines de 2.000 mm et où la température moyen-
ne atteint 26’C, avec 31°C pour la moyenne des maxima et 20°C pour celle des minima. Assez plastique quant
au climat, cette Combrétacée demande un sol alluvionnaire profond et frais, pas trop compact. Elle supporte de
légères inondations. Elie est parfois utilisée pour des reboisements en raison de la rectitude du fût et des pos-
sibilités d’emploi du bois pour la caisserie. On compte 1.200 graines au kilogramme. Leur faculté germinative
est bonne et elles se conservent bien. L’élevage des plants, de préférence en mottes, est aisé.
L’espèce fut introduite au Sénégal il y a une vingtaine d’années et on trouve quelques beaux arbres à
Ziguinchor près des anciens bureaux de 1’ Inspection forestière. Compte tenu de ses exigences climatiques et sur-
tout édaphiques, il ne semble pas que Termina/is manta/y soit à conseiller pour des plantations en alignement
en dehors de la Basse Casamance.
Les plantations urbaines, surtout celles en alignement, doivent être étudiées et exécutées, comme les
autres travaux de voirie, de façon à entraver le moins longtemps possible la circulation. Leur réalisation deman-
de, en outre, des soins beaucoup plus rigoureux que les reboisements en forêt en raison de l’environnement.
Le sol est le support de l’arbre et le réservoir dans lequel il puisera au cours de son existence la plupart
des matières minérales et la totalité de l’eau dont il a besoin pour son développement. Il est donc nécessaire de
connaître sa composition physique et chimique, sa profondeur et sa teneur en humidité de façon à pouvoir,
éventuellement, en modifier certains éléments avant la complantation. Grâce à ces indications, il sera possible
d’établir un premier choix dans la gamme des espèces susceptibles, d’être utilisées dans la station.
Le volume de terrain colonisé par le système racinaire d’une plante pérenne est sensiblement égal au volu-
me de la partie aérienne. La Commission des Plantations d’Alignement de la Ville de Paris a établi des normes
pour le fonçage des trous qui vont de 13,5 m3 (3 x3 x 1,5 m) pour des arbres de première grandeur à 4 m3
(2 x 2 x 1 m) pour ceux de petite taille. Ces prescriptions sont applicables au Sénégal dans les vieux quartiers
où les trottoirs sont établis sur des remblais peu propices et même souvent nocifs à la végétation qu’il faut
remplacer par de la terre arable ou enrichir avec du terreau.
Dans les cités nouvelles ou dans les quartiers neufs, surtout lorsque les travaux de voirie et de viabilité
précèdent le lotissement, le soi est en général plus favorable et on peut se contenter de trous d’un mètre en
tous sens pour des espèces de taille moyenne comme le Neem, de trous de deux à trois mètres cubes pour des
arbres de première grandeur comme le Caïlcédrat ou le Saman. Descendre au-dessous de ces dimensions, comme
on le constate parfois, entraîne une mauvaise reprise des arbres et, presque toujours, un développement hétérogè-
ne du peuplement.
322
La préparation des plants avant la sortie de la pépinière conditionne leur reprise et leur croissance ulté-
rieure. Valable pour les reboisements en forêt où on emploie des sujets de faible taille ou des stumps, le prin-
cipe le devient, à plus forte raison, pour des plantations urbaines qui sont exécutées avec des baliveaux de 3 m
de hauteur. Il faut déterrer les arbres avec beaucoup de soins et conserver intact le maximum de racines. Pour
ce faire, on arrose copieusement le sol les jours précédant le prélèvement, surtout quand on opère en saison
sèche, puis on ouvre une tranchée circulaire d’environ un mètre de largeur de façon à dégager progressivement
le sujet jusqu’au moment où il vient sans effort ni traction.
Le transport sera exécuté rapidement pour limiter le dessèchement de la tige et du chevelu de racines. Si
les plants doivent être stockés pendant quelques heures, il faut les mettre dans un endroit ombragé et les recou-
vrir de paille. Il existe maintenant des produits, comme AGRICOL, qui assurent la protection des racines pen-
dant plusieurs jours.
133 - Plantation
Le trou ayant été ouvert, la terre végétale ou l’amendement éventuellement apporté, on installe l’arbre
de façon à ce que les racines puissent s’étaler dans une position normale et que le collet se situe au niveau du.
sol en place. Lorsqu’un tuteur est nécessaire, il faut le mettre avant de commencer i combler le trou. Le rem-
blayage doit être exécuté immédiatement, sans blesser ni déplacer le système racinaire et sans laisser de vide
entre les diverses racines. Le chef d’équipe doit vérifier et ordonnancer l’alignement au fur et à mesure de
l’avancement des travaux. Dès que la cavité est comblée, on tasse légèrement le sol puis on confectionne une
cuvette circulaire. Un arrosage abondant fera descendre la terre et lui permettra d’adhérer au chevelu.
Si les racines ont été blessées lors des manipulations ou pendant le transport, on sectionne les parties
détériorées car il est préférable de n’en conserver qu’un volume réduit plutôt que de maintenir des organes cas-
sés ou meurtris qui ne tarderont pas à pourrir ou à être parasités.
Alors que les reboisements en forêt sont entrepris pendant l’été afin que les plants profitent au maximum
des pluies pour reprendre, les plantations urbaines peuvent être exécutées à n’importe quelle époque. Il est
cependant recommandé de les réaliser au cours de la saison fraîche pour limiter le déséquilibre provoqué par le
changement de milieu.
Les arbres complantés en alignement doivent être protégés contre les animaux et contre les passants dès
leur mise en place car si on les ébranle avant que le système racinaire se soit reconstitué, ils ne tardent pas à
dépérir. L’appareil communément utilisé est un corset métallique de forme cylindrique constitué par 16 lattes
de fer rivées sur des demi-cercles. Cet engin doit être renforcé dans les quartiers populeux par un grillage à
mailles serrées afin d’empêcher les moutons de brouter ou d’arracher des lambeaux d’écorce. On estime qu’à
Dakar le prix de revient du corset est aussi élevé que le coût des diverses dépenses nécessaires à la plantation,
production de l’arbre comprise.
Il est possible de fabriquer des corsets, moins esthétiques mais plus économiques, en attachant quatre bar-
res de fer à béton de 16 mm sur des fers plats pliés en carré et de les entourer de grillage. On peut également
confectionner des gabions avec des Bambous fendus et tressés qu’on maintient entre deux piquets de bois.
323
Dans des contrées où la pluviosité est faible, on construit parfois um mur de briques de terre crue d’environ
1,50 m de hauteur autour des plants, procédé qui pourrait être emiployé dans le Nord du Sénégal pour préser-
ver les Palmiers ou des espèces complantées en motte comme le Filao, le Prosopis ou des Eucalyptus qui impo-
sent des corsets spéciaux, encore plus onéreux que ceux du modèle courant.
Le système de protection doit être supprimé dès qu’il n’est plus utile, soit après deux ou trois ans quand
on utilise des baliveaux bien formés, soit après six ou sept ans pour les Palmiers. Rien n’est plus disgracieux que
de voir dans une avenue des arbres mutilés ou annelés par des morceaux de fer ou de grillage, vestiges de cor-
sets qui se sont incrustrés dans les troncs.
L’environnement urbain étant en général beaucoup plus ingrat que le milieu forestier et les plants de
haute tige ayant besoin pour reprendre de beaucoup plus d’eau que des sujets complantés en stumps ou en
mottes, il faut arroser les plantations en alignement pendant plusieurs mois. L’expérience montre qu’un arrosa-
ge hebdomadaire copieux, voisin d’une vingtaine de litres par arbre, est nettement supérieur à de faibles apports
quotidiens. Les cuvettes, confectionnées lors de la mise en place, devront être entretenues pour limiter les per-
tes d’eau par ruissellement et faciliter son infiltration dans la zone colonisée par les racines; elles seront désher-
bées et binées fréquemment pour réduire l’évaporation et supprimer la concurrence des plantes adventices.
On peut calculer, trois à quatre mois après la mise en place, le nombre d’arbres à remplacer, soit parce
qu’ils n’ont pas repris, soit parce que leur avenir semble compromis. Le complément de plantation doit être
réalisé le plus rapidement possible, avec des plants de même âge et de la même espèce. Temporiser accroît le
coût de l’arrosage et risque de rendre le peuplement hétérogène.
Certains arbres peuvent mal se développer au cours des premières années, même lorsque la transplantation
a été exécutée soigneusement. On peut tenter de leur donner un coup de fouet en leur apportant 150 à 200 g.
d’engrais qui seront répartis en cinq à six doses, enfouies à 20 cm de profondeur à une quarantaine de centi-
mètres du collet pour ne pas brûler les racines et fertiliser la zone où le chevelu doit s’étendre.
Les arbres plantés en alignement dans les villes doivent être taillés et élagués tout au long de leur existen-
ce. Si ces opérations sont effectuées régulièrement, leur exécution est facile. Si on les néglige pendant plusieurs
\
années, elles deviennent malaisées et onéreuses, parfois même impossibles. Certaines essences à croissance rapi-
de comme Azadirachta indica, Cassia siamea, Pithecellobium saman et Prosopis chiiensis doivent être rabattues
tous les ans pour être esthétiques et ne pas gêner la circulation; d’autres comme Pekophorum ferrugineum,
Poinciana regia ou Terminalia catappa seront élaguées tous les deux ans alors que les espèces à développement
plus lent comme les Ficus ou Khaya senegalensis peuvent seulement être taillées tous les trois ou quatre ans.
Selon l’importance des plantations et les essences utilisées, les municipalités entretiendront une équipe
d’élagueurs permanents ou feront appel à des ouvriers saisonniers. Il est bon de prévoir une répartition des tra-
vaux annuels sur huit mois seulement car le personnel risque pendant la saison des pluies d’être fréquemment
appelé pour dégager des arbres déracinés ou pour enlever des branches brisées par le vent. La meilleure période
pour procéder à la taille se situe entre mars et juin, avant et au début de l’éclosion des nouveaux bourgeons.
Avant 1959, on voyait rarement au Sénégal des arbres dans les villages, même chez les particuliers, et
324
seuls quelques Administrateurs avaient demandé au Service forestier ou au Service des Travaux Publics d’ombra’
ger le bord des routes. Les deux seules réalisations dignes d’être mentionnées sont une plantation de CaÏlcédrat
entre Kaolack et Nioro du Rip et celle de Filao entre Thiaroye et Rufisque.
La création en 1960 du Fonds Forestier National qui est alimenté, en principe, par la mise à la disposi-
tion des Eaux et Forêts d’un crédit correspondant au tiers des recettes forestières de l’exercice précédent mais
qui, en fait, dépasse rarement le quart de celles-ci permet l’ouverture et le fonctionnement d’une pépinière dan:
chaque région et dans quelques départements. Les arbres sont remis gratuitement à toute personne qui en fait
la demande et qui s’engage à en prendre soin ou bien ils sont distribués à divers services administratifs qui les
mettent en place au cours des &Semaines Forestières)).
Le Service forestier évalue à près de 3 millions le nombre de plants sortis des pépinières entre 1959 et
1972 (Tab. 106). Les résultats obtenus sont très variables selon les régions et surtout selon les utilisateurs. Des
comptages effectués par les agents forestiers permettent d’estimer les taux de reprise des arbres entre 37 et
58 % selon les années mais ces chiffres sont vraisemblablement supérieurs à la réalité car les sondages ont pres-
que toujours été réalisés avant la fin de la première saison sèche. La survie des plants est correcte chez les par-
ticuliers parce que le paysan qui se dérange pour venir chercher un arbre à la pépinière a presque toujours l’in-
tention de l’entretenir. C’est ainsi que, dans beaucoup de villages de la zone sylvo-pastorale où le paysage arbo-
ré était jadis inexistant, on aperçoit aujourd’hui des bouquets de Neem autour des maisons et parfois dans les
rues. Le coefficient de reprise est par contre plus aléatoire dans les plantations administratives. Certaines, comme
les alignements de Louga, de Kébémer et de Pout sont spectaculaires mais, le plus souvent, on ne trouve plus,
quelques mois après la complantation, que de rares arbres épars et mutilés et, en général, ces opérations sont
celles qui ont donné lieu de la part de leurs réalisateurs aux plus glorieux communiqués dans la presse ou sur
les antennes de la radio. Les rendements, enfin, sont presque toujours nuls dans les reboisements que se sont
engagés à accomplir les collectivités mourides et les Centres d’Expansion Rurale car les arbres prélevés dans les
pépinières ne sont pas plantés ou bien ils sont mis en place après avoir été stockés pendant plusieurs semaines.
325
TABLEAU 106
Sénégal
ANNEE Cap-Vert Casamance Diourbel Fleuve Sine-Saloum Thiès TOTAL
Oriental
TABLEAU 107
Sénégal
ESPECES Cap-Vert Casamance Diourbel Fleuve Sine-Saloum Thiès TOTAL
Orientai
Nous donnons au tableau t-P 107 le pourcentage des espèces distribuées en 1972 pendant les Semaines
Forestières. Azadirachta indica arrive en première position dans toutes les régions sauf dans le Cap-Vert. Il a
supplanté A/bizi’a /ebbek, Cassis siamea et Khaya senegalensis qui 4taient très demandés il y a 10 ans. Le Neem
est, nous l’avons vu, plus esthétique que I’Albizia, plus rustique que le Cassia et son développement est beau-
coup plus rapide que celui du Caïlcédrat.
Certaines essences ne sont utilisées que localement. Casuarina equisetifoha dans le Cap-Vert et à Thiès
p o u r p r o t é g e r l e s c u l t u r e s maraichères
et f r u i t i è r e s , Prosopis chi/ensis d a n s l e C a p - V e r t et s u r l e F l e u v e p o u r
326
clôturer des jardins et des villas. Les Eucalyptus dont la technique de plantation est délicate ne sont guère pri-
sés. Par contre les agrumes, les fruitiers, le Manguier font l’objet d’une demande accrue chaque année.
Tout ce que nous avons écrit au sujet de la réalisation et de l’entretien des plantations urbaines demeure
valable pour les reboisements villageois et les alignements en bordure de route. L’origine des échecs enregistrés
doit être recherchée dans une mauvaise exécution des travaux car la plupart des espèces distribuées, le Neem en
particulier, sont très vivaces et peuvent reprendre presque partout quand le sol a été convenablement préparé.
Il est nécessaire de creuser des trous d’un mètre de profondeur, sauf dans de rares stations où le sol est meuble
et profond. Il est indispensable de désherber les plants pendant la saison des pluies. Il faut enfin mettre en pla-
ce un dispositif de protection contre le bétail toujours abondant dans les villages et circulant le long des routes
pendant la période sèche. Les systèmes économiques recommandés sont le gabion de Bambou tressé ou de
branchage de Gukra senega/ensjs, l’implantation de boutures d’Et.ghw-bis bahamifera autour des arbres, les
clôtures de rameaux épineux.
La Direction des Eaux et Forêts envisage à partir de 1973 de donner une nouvelle orientation aux Semai-
nes Forestières pour réduire le gaspillage de plants. Des arbres continueront à être distribués aux particuliers
mais les reboisements plus importants, auparavant exécutés par les Préfets ou les Centres d’Expansion Rurale,
seront contrôlés par des agents forestiers et groupés chaque année en une ou deux stations par département,
ce qui devrait faciliter la surveillance et les travaux d’entretien.
TROIS1 EME PARTIE
POSSIBILITÉS DE REBOISEMENT
329
La politique forestière définie en 1933 par le Gouverneur Général de l’A.0.F. BREVIE prévoyait une
reforestation naturelle du domaine sahélien et du secteur soudano-sahélien, considérant que des plantations
n’étaient possibles dans la zone que dans des conditions spéciales et locales. AUBREVILLE (193B) résume ain-
si cette doctrine : ((Reboiser, si l’on envisage la création de véritables forêts artificielles dans un but climatique,
est en pays sahélien une véritable utopie. Attendons au moins des expériences sérieuses avant d’y songer. S’il
faut arroser les plants pendant plusieurs années sans être sûr de la réussite définitive qui est de créer une forma-
tion stable, il faut renoncer à reboiser)).
Lorsque nous sommes arrivés en Afrique occidentale en 194.9, il était admis une fois pour toutes qu’en
Mauritanie, au Sénégal, en Haute-Volta, au Mali et au Niger, aucune plantation n’était réalisable au-dessous de
l’isohète 1 .lOO mm sans apport d’eau. FOURY (1949) qui avait fixé les principes de sylviculture dans ces pays
estimait qu’on ne pouvait ((guère envisager d’autre système que des épandages ou des semis de graines, en lais-
sant à la nature le soin de faire le reste)).
((Les essences locales sont toutes rustiques, écrivait ce forestier en 1953 dans un article publié par la
Revue Bois et forêts des Tropiques sur la Politique forestière au Sénégal. Point n’est besoin de remuer le sol:
un trou fait avec la pointe d’un bâton; une graine dedans; un coup de talon pour tasser, cela suffit. Il faut
semer dès les premières pluies. Si on sème les graines parmi un champ d’arachides, et en même temps que cel-
les-ci, les jeunes plantules souffrent lors de l’arrachage de la récolte; plus ou moins déracinées, la plupart d’en-
tre elles meurent au cours de la saison sèche qui suit. Il est préférable et plus fructueux de semer dans les ter-
rains en jachère : les plantules ont devant elles tout le temps que dure la jachère, une saison sèche au minimum,
sans risqueque leurs racines soient rompues à un moment où tout leur chevelu fait besoin pour tirer parti des
traces d’humidité qui subsistent)).
La méthode était séduisante, facile à exécuter et très économique. On nous a souvent demandé de l’ap-
pliquer au cours de notre carrière et parfois sur d’importantes surfaces. Ce fut avec Acacia ni/otica, variété
tomentosa, Acacia seyal et Hyphaene thebaica dans le nord du Mali, près de Niafunké puis, plus tard, avec
Acacia albida et 6orassus aethiopum au sud de Zinder et avec Acacia senegal au nord de Gouré dans le Niger-
Est, Les résultats que nous avons obtenus avec les Acacia furent aussi décevants que ceux auxquels parvinrent
nos collègues forestiers francophones ou anglophones travaillant dans le Sahel. Les plants ne germaient que les
années très pluvieuses; les plantules disparaissaient presque toujours au cours de la première saison sèche, en
particulier dans les jachères. BEGUE tira les conclusions de ces reboisements en 1963, écrivant dans une étude
sur les Aspects de la sylviculture en Afrique tropicale : ((dans les zones arides, les problèmes des plantations
forestières sont extrêmement difficiles à résoudre, On a très peu de techniques utilisables. On ne sait pas enco-
re multiplier convenablement une espèce intéressante comme Faidherbia a/bida)).
Jusqu’à cette époque, seul Anacardium occidentaie et Borassus aethiopum avaient pû être implantés par
semis directs au Sénégal et des plantations de barbatelles, de plants effeuillés ou de plants en mottes n’étaient
concevables, en dehors de la Basse-Casamance, qu’avec un apport d’eau. Même dans la Presqu’île du Cap-Vert
qui bénéficie d’un climat privilégié par rapport à la zone continentale, ADAM (19561, responsable des essais
d’introduction entrepris dans le Parc de Hann et dans le périmètre de M’Bao, estimait que des Eucalyptus ne
pouvaient reprendre ((si un arrosage abondant, régulier et prolongé n’est pas assuré pendant la première saison
sèche)). L’impossibilité de multiplier la plupart des essences locales par semis et la nécessité d’arroser les arbres
permettent de comprendre pourquoi les reboisements furent très rares dans le Sahel car les forestiers ne pou-
vaient les justifier sur le plan économique que comme support d’une action d’urbanisme ou comme complément
330
d’une opération agricole. Tel fut le cas des plantations en alignement dans les villes et de l’afforestation en
Filao des dunes littorales entre Malika et Kayar.
Ce n’est qu’en 1964 qu’on tenta des reboisements sans apport d’eau avec des plants élevés en mottes, en
utilisant Casuarina equîsetifolia et Eucalyptus camaidulensis dans quelques dépressions du district des Niayes et
Acacia a/bida sur sol ((Dior)) dans la région de Diourbel. Le C.T.F.T., dès son installation au Sénégal en 1965,
chercha à définir une technique culturale éliminant le poste arrosage. Elle a aujourd’hui fait ses preuves. Des
plantations expérimentales, réalisées à RossBéthio en 1968 et en 1970, années où la pluviométrie fut inférieu-
re à 200 mm, montrent qu’en employant des plants en bon état végétatif, en les mettant en place après travail
du sol en profondeur et en les traitant comme des plantes sarclées dans les semaines qui suivent la complantation,
plus de 75 % d’entre eux supportent la première saison sèche sans arrosage. Ces résultats ont été confirmés à
Linguère, à Bambey, à Deni-Youssof, à Sangalkam, à Kaolack sur différents types de sol avec des essences
locales comme Acacia senegaf, Acacia aibida, Acacia nilotica, var. adansonii, Acacia seyal, Acacia sieberiana,
Anogeissus leiocarpus, Poupartia birrea, Timarindus indica ou des espèces exotiques comme Eucalyptus camai-
duîensis, Eucalyptus microtheca, Me/a/euca /eucadendron. l l est presque partout possible de reboiser au Sénégal
sans apport d’eau.
Il est toutefois indispensable que les plantations sans arrosage soient réalisées le plus tôt possible au cours
de la période pluvieuse pour que les arbres profitent des précipitations pour former un système racinaire puis-
sant qui lui permette de puiser dans les horizons sous-jacents l’eau nécessaire à la survie. Nous avons vu que
cette époque difficile à déterminer car le début de la saison des pluies est souvent marqué par une phase sèche.
Le sylviculteur, comme l’agriculteur, peut être victime des aléas du climat, même en prenant le maximum de
garanties.
CHAPITRE PREMIER
La pépinière que les anglais nomment ((nursery)) est un espace relativement restreint sur lequel on cultive
des arbres avant leur mise en place définitive. Comme des enfants, en bas âge, nourris et élevés dans une pou-
ponnière par des infirmières attentives à leurs moindres besoins, les jeunes plants doivent recevoir les soins
minutieux qu’impose la délicatesse de leur constitution. Ils ne sortiront de la pépinière qu’après avoir subi un
stage qui les mettra progressivement à même .de supporter les intempéries et de lutter victorieusement contre
les aléas de l’existence.
Contrairement $r l’opinion émise par certains forestiers, il es#t indispensable d’assurer un bon départ aux
arbres. Un essai de comportement en plantation effectué au Niger par je C.T.F.T. avec des Euca/yptus cama/du-
/ensis élevés dans diverses conditions a montré que les sujets les plus favorisés pendant leur séjour en pépinière
reprenaient en plus grand nombre et se développaient ensuite plus rapidement que ceux qu’on avait fait souf-
frir, soit en leur rationnant l’eau, soit en les privant de certains éléments minéraux.
Artifice tendant à corriger les hasards qui caractérisent la propagation naturelle des espèces forestières,
la pépinière ne représente jamais une fin en soi. Elle n’a de sens que si les plants sont éduqués en vue d’un
reboisement, c’est pourquoi on s’efforcera dans la mesure du possible d’en réduire au maximum les frais d’ins-
tallation et de fonctionnement.
La multiplication des arbres forestiers s’effectue essentiellement à partir de graines. Le bouturage, prati-
que courante au Sénégal pour la propagation des plantes arbustives ornementales, n’a été employé que pour les
Ficus et les Tamarix mais, très certainement, il jouera dans les années à venir un rôle important dans les tra-
vaux d’amélioration génétique des essences forestières.
Les techniques culturales varient avec les essences. Celles quii supportent une complantation ZI racines
nues et qui doivent être installées dans un milieu favorable sont semées en place quand les graines sont assez
grosses ou produites en germoirs puis repiquées sur des planches d’élevage quand les semences sont de petite
taille. Celles dont le système radiculaire ne tolère aucune manipulation ou celles qui seront transplantées dans
des stations arides sont élevées en mottes, soit en semant directement les graines dans les récipients, soit en y
repiquant des plantules âgées de quelques semaines.
On distingue classiquement les pépinières volantes des pépinières permanentes. Ces dernières sont destinées à
alimenter pendant une longue période une zone assez vaste ou à produire des plants demandant des soins parti-
culiers tandis que les autres, de dimensions plus restreintes et faisant appel à des techniques culturales simpli-
fiées, sont implantées aussi près que possible des chantiers de reboisement et transférées au fur et à mesure de
la progression des plantations.
Exigeant des investissements souvent importants, les pépinières permanentes ne se justifient que si les
aménagements peuvent être amortis. On estime en Europe qu’elles doivent satisfaire une demande annuelle
d’un million de plants au minimum mais, au Sénégal, nous pensons que leur rentabilité peut être assurée par
une production de 100.000 arbres par an, à condition que les infrastructures soient modestes.
Les pépinières volantes nécessitent une faible mise de fonds,, Le nombre de plants à élever peut être
compris entre 10.000 et 100.000. Quand les besoins sont moindres, il est plus économique de faire venir les
334
arbres d’une autre pépinière, à moins que la zone à reboiser soit trop éloignée ou que les routes soient impra-
ticables au moment de la complantation, car toute pépinière demande un personnel spécialisé qui risque d’être
inemployé une partie de l’année quand la production n’est que saisonnière.
Le choix de l’emplacement d’une pépinière, sa disposition, son agencement doivent faire l’objet d’études
préliminaires pour que l’exploitation soit rationnelle.
Le site, la topographie, la nature du sol, les ressources en eau, la possibilité de recruter de la main-d’œuvre
temporaire sont des facteurs susceptibles d’influer sur la qualité des plants et sur le coût de la production, par
conséquent, sur la réussite du reboisement et sur son prix de revient. Se procurer un bon terrain coûte tou-
jours moins cher que tenter de corriger les défauts d’un mauvais.
La première qualité d’une pépinière est d’être accessible en toutes saisons et d’être située à proximité de
la plantation qu’elle doit alimenter car l’acheminement des arbres,, surtout quand ils sont élevés en mottes, est
coûteux et les transports, par quelque moyen que ce soit, sont toujours préjudiciables à la santé des plants.
C’est toutefois le point d’eau qui, au Sénégal, détermine le plus souvent le choix de l’emplacement de la
pépinière. Il est indispensable d’évaluer soigneusement les quantites quotidiennes d’eau nécessaires pour l’éleva-
ge des arbres et toutes les mesures doivent être prises pour disposer de ce volume en toutes périodes, en parti-
culier aux époques où les rivières peuvent tarir et les puits ou les mares s’assécher.
Un débit moyen d’un mètre cube par jour est un minimum au-dessous duquel on ne saurait descendre
pour élever 10.000 plants en mottes mais, quand les arbres sont produits en pleine terre, les quantités peuvent
varier du simple au double avec la nature du sol, le mode d’arrosage, le développement végétatif des arbres. Un
pH voisin de 7 est souhaitable. Dans la pratique, on s’attachera à ne pas utiliser une eau dont la teneur en
chlorures dépasse 0,8 %0 de NaCl et, pour les essences calcifuges, un taux de C03Ca supérieur à 0,3 %O.
Le terrain idéal pour installer une pépinière doit être plat ou faiblement déclive, orienté vers l’Est ou le
Nord, expositions moins chaudes en fin de journée que le Sud et l’Ouest, abrité des vents violents, placé à
proximité d’un cours d’eau permanent, d’un forage ou d’un puits au débit constant et, si les plants sont élevés
en pleine terre, situé sur sol fertile, profond d’au moins 150 cm pour assurer une bonne percolation des eaux
d’arrosage et limiter les risques d’asphyxie des racines pendant la période pluvieuse.
La superficie à consacrer h une pépinière dépend du mode de culture envisagé et du nombre de plants à
élever. On estime qu’il faut environ 1 are, allées comprises, pour produire 7.500 plants forestiers en gaine de
polyéthylène ou 2.500 plants à racines nues. Toutefois, quand les arbres doivent être conduits en haute tige
et conservés en place pendant plusieurs années, on doit les espacer fortement et la densité peut tomberà 400
plants par are.
La configuration de la pépinière sera dictée par la topographie du terrain, par la nécessité d’amener l’eau
en tous ses points et par le souci de réduire au maximum les déplacements inutiles de la main-d’œuvre. On choi-
sira, autant que faire se peut, une forme rectangulaire.
336
3 1 - Nivellement
L’ensemble de la pépinière ou la zone à mettre en culture lorsqu’on a retenu un grand terrain pour
d’éventuelles extensions doit être nivelé soigneusement, soit avec des engins mécaniques appropriés, soit à la
pioche et à la brouette. Il importe de maintenir la couche superficielle du sol à la surface quand on élève les
arbres en place ou de la stocker pour l’utiliser ultérieurement pour la fabrication du mélange servant à remplir
les gaines.
Toute la végétation arborée et arbustive préexistante doit être éliminée. Lorsque le travail est réalisé à la
machine, il faut en profiter pour extraire les cailloux, les racines des arbres, les bulbes et les rhizomes des plan-
tes adventices. On a parfois tendance à maintenir quelques arbres pour assurer un certain ombrage aux semis
et aux plants repiqués. L’expérience a prouvé que cette pratique était préjudiciable car les racines, attirées par
l’humidité, ne tardent pas à se développer au milieu des planches, absorbant inutilement de l’eau et surtout
concurrençant les plants cultivés.
32 - Allées
Les allées principales doivent avoir au moins 450 m de largeur et être dotées d’une assise solide pour
que les véhicules puissent les emprunter en toutes saisons. Elles seront agencées de telle manière que les
camions ou les tracteurs parviennent au fond de la pépinière et fassent éventuellement demi tour.
Les allées secondaires sont réservées à la circulation des brouettes et au passage des travailleurs. Elles
mesureront 0,80 à 1 m de large. Le tout formera un réseau délimitant des planches rectangulaires destinées à
l’élevage des arbres à racines nues ou au stockage des plants en mottes.
Les dimensions des planches varient avec le mode de culture. Leur longueur importe peu mais elles ne
doivent pas dépasser 1,50 de largeur lorsque les plants sont éleves en mottes afin que les ouvriers puissent pro-
céder aux repiquages et aux travaux d’entretien sans détériorer les récipients.
33 - Adduction d’eau
L’élevage des plants n’est possible au Sénégal qu’en les arrosant tout au long de leur séjour en pépinière0
sauf en Basse-Casamance où certaines espèces comme Tecrma grandis et Gme/jna arborea parviennent à se
développer sans apport d’eau quand on sème les graines au début de la saison des pluies.
La distribution d’eau sur l’ensemble de la pépinière doit être conçue de manière à ce que toutes les plan-
ches soient d’accès facile aux ouvriers chargés de l’arrosage. Quand on peut avoir de l’eau sous pression, elle
sera amenée à des robinets répartis tous les 20 m. Si on ne dispose que d’un puits ou d’une rivière, il faut ten-
ter d’acheminer l’eau par gravité jusqu’à des bassins d’environ 1 ms où les manœuvres empliront les arrosoirs
et les répartiront sur le terrain de façon à ce que les distances à parcourir par le personnel n’excèdent pas 25m.
L’arrosage par irrigation peut être utilisé pour la culture d’arbres à racines nues mais il doit être proscrit pour
l’élevage des plants en mottes.
Il est recommandé de conserver un plan de l’adduction d’eau, surtout si certaines canalisations sont
enterrées, car on en aura besoin pour des travaux de réfection et au moment d’une éventuelle extension. Dans
le calcul des investissements, on estime que les tuyaux métalliques seront amortis sur 15 ans, que les conduites
en plastique et les moto-pompes doivent durer 3 ans.
337
34 - Clôture
Une clôture solide doit être mise en place autour de la pépinière pour interdire l’accès des animaux
domestiques et sauvages qui, attirés par la masse de verdure que constitue la pépinière pendant la saison sèche,
profitent du moindre passage pour se faufiler et venir brouter les plants. Il vaut mieux ne pasenvisager de poste
de gardien dans le devis de fonctionnement que de lésiner sur la (qualité de la clôture au moment de l’établis-
sement de la pépinière.
Un grillage, type URSUS, de 150 à 200 cm de hauteur, enfoui à la base sur 20 cm, fixé par des piquets
métalliques distants de 3 m les uns des autres, surmonté de deux rangées de fil de fer barbelé constitue une
protection efficace à condition que les portes soient également grillagées et qu’elles demeurent fermées.
35 - Brise-vent
Partout au Sénégal, il est nécessaire de prévoir un brise-vent autour des pépinières. On peut parfois se
contenter, pour des installations temporaires implantées en forêt ou sur un cordon ripicole bordant une rivière,
de maintenir la végétation préexistante autour de la bande défrichée mais ailleurs, surtout dans les districts
côtiers et dans les secteurs continentaux soumis à l’harmattan, ii faut créer un rideau d’arbres périphériques
avant de commencer à produire des plants.
Les essences à utiliser pour le brise-vent doivent être choisies parmi celles qui ont une croissance rapide,
un élagage naturel défectueux, un enracinement superficiel réduit, une cime facile à tailler. Casua~-i~a equiseti-
fdia près de la mer, Pmsopis chilensis à l’intérieur du pays sont Iles espèces les plus appropriées.
Quand la pépinière occupe une grande surface, on doit la cloisonner par des écrans secondaires taillés en
haie, par des panneaux de Bambous refendus ou par des palissades de tiges de Mil.
36 - Ombrières
La plupart des espèces forestières sont très sensibles dans leur jeune âge aux variations du milieu, surtout
au moment de la germination et quand on les repique.
Dans les pépinières permanentes, on réserve généralement des parcelles pour les travaux sous abri et on
construit des ombrières de 2 m à 2,4 m de hauteur constituées par un bâti de poteaux en bois imprégné ou en
métal soutenant un cadre de fil de fer galvanisé sur lequel on déploie en temps voulu des tissus spéciaux ou
des clayonnages de lattes plus ou moins serrées qui tamisent le rayonnement solaire.
Si ces dispositifs coûteux ne peuvent être amortis sur un nombre suffisant d’années, il est possible de les
remplacer par des ombrières temporaires, hautes de 1 m à 1,50 m, qu’on installe au-dessus des germoirs et des
planches de semis ou de repiquage à la période utile en fixant sur des piquets un grillage qui supporte des
crintings, des nattes de paille ou de roseaux. Il faut toutefois veiller à ne jamais abaisser l’abri à moins d’un
mètre du sol car on timite l’aération et on favorise le développement des champignons qui provoquent la fonte
des plants.
37 - Infrastructure
L’infrastructure nécessaire au bon fonctionnement d’une pépinière varie considérablement avec l’impor-
tance de l’établissement et les travaux qu’on doit entreprendre. Elle peut comprendre des bureaux, des serres
pour le bouturage et le greffage, des hangars pour le séchage et le tri des graines, une chambre froide pour le
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stockage des semences, des magasins pour le matériel, les engrais et les produits insecticides, un garage, des
abris pour les moteurs, des réservoirs pour le carburant, des fosses à fumier et à compost.
Dans les pépinières volantes et dans les petites pépinières permanentes comme celles qui existent au Séné-
gal, ces installations sont toujours réduites au minimum.
4 - PRÉPARATION DU SOL
Les travaux à entreprendre pour la préparation du sol diffèrent avec les espèces. On sème en pleine terre
les essences à grosses graines qu’il est possible de complanter en barbatelles, en plants effeuillés ou en hautes
tiges comme Azadirachta indica, Cassia siamea, Gmelina arborea, Khaya senegaiensis ou Tectona grandis. On
élève en germoir celles dont les graines sont de très petites dimensions de façon h éviter le gaspillage de semen-
ces et à pouvoir soigner plus facilement les plantules puis on les repique soit en pleine terre soit, plus souvent,
dans des récipients car, généralement, les plants ne tolèrent pas d’être mis en place à racines nues dans les
régions à longue saison sèche. Tel est le cas des Casuarina, des Eucalyptus et des Melaleuca. Les Acacia, enfin,
on un système radiculaire si fragile qu’on ne peut y toucher à aucun stade du développement, aussi les graines
doivent-elles être semées dans les mottes où la plantule séjournera jusqu’au moment de son installation dans le
boisement.
Le sol des planches de semis et de repiquage doit être léger pour que les racines des jeunes plants se déve-
loppent sans entrave et profond pour qu’elles ne soient pas asphyxiées par les eaux d’arrosage ou par la remon-
tée de la nappe phréatique.
Les terrains lourds peuvent être améliorés en apportant de l’humus forestier, mélangé au besoin avec du
sable. Les sols siliceux trop friables seront renforcés par du fumier ou du compost. L.‘amendement organique
doit être bien décomposé avant les semis pour éviter les phénomènes de fonte; il doit également être désinfecté
pour réduire les risques de propagation de parasites.
Il faut veiller à reconstituer les réserves minérales du sol après l’enlèvement des plants, soit par des
apports d’engrais et de fumier, soit en effectuant une culture fourragère qu’on enfouiera. Les pépinières de
Hann et de Koutal ont vu ces dernières années leur production climinuer et elles n’ont souvent fourni que des
arbres de qualité médiocre par manque d’amendement entre deux rotations.
Le sol ayant été défoncé sur 50 cm de profondeur, on procède à la confection des planches en suivant
le tracé retenu dans le plan d’aménagement de la pépinière. Quand le terrain est frais ou quand il risque d’être
inondé après les fortes averses, on surélève les plates-bandes de 15 à 25 cm. Lorsque le milieu est sec, on éta-
blit les planches au niveau des allées, parfois même légèrement en-dessous, pour économiser l’eau d’arrosage.
Le sol utilisé dans les germoirs doit avoir une texture très légère. Il n’est pas nécessaire de le fertiliser
car un excès d’alcalinité favorise la fonte des semis aussi, en général, emploie-t-on un mélange de sable et de
terreau finement tamisé. Pour éviter la concurrence des mauvaises herbes qu’il est difficile d’extraire sans bles-
ser les plantules, il est recommandé d’arroser la terre des germoirs pendant une quinzaine de jours avant d’ef-
fectuer les semis pour faire germer les plantes adventices.
Il existe différents types de germoirs. Nous conseillons pour la zone sahélienne l’emploi de caissettes de
339
Quand on élève les plants en mottes, le travail préalable du sol est inutile puisque les planches ne servent
qu’à entreposer les récipients. Il suffit de creuser une tranchée et de la niveler de façon à ce que les godets
dépassent le niveau des allées d’environ 5 cm.
La terre employée pour le remplissage des récipients doit posséder les mêmes qualités que le sol des plan-
ches de semis et de repiquage. Il est toutefois nécessaire que les mottes ne se désagrègent pas pendant les mani-
pulations et qu’elles ne forment pas une masse imperméable à l’air quand on arrête les arrosages. Un tel mélan-
ge ne peut être défini a priori. Quand on crée une pépinière, il faut presque toujours tâtonner et comparer
divers dosages en malaxant du sable, de la terre argileuse et de l’humus puis procéder soit à un essai de culture,
soit à une analyse pédologique, pour déterminer si des éléments minéraux doivent être apportés.
5 - LES SEMENCES
Dans les pays où des programmes de reboisement se poursuivent depuis longtemps, il est en général pos-
sible de se procurer des semences en toutes saisons chez des pépiniéristes spécialisés dans le commerce des grai-
nes forestières. Au Sénégal où les plantations sont exécutées exclusivement par le Service forestier à un ryth-
me variable d’une année à l’autre en fonction des crédits alloués par le Gouvernement, les responsables des
pépinières doivent prévoir en temps voulu les approvisionnements en graines et souvent les récolter eux-mêmes
car, l’expérience l’a prouvé à plusieurs reprises, les semences achetées en Europe ou importées d’autres régions
d’Afrique conviennent rarement.
Les arbres ne fructifient qu’à partir d’un certain âge et, chez la plupart des espèces forestières, il existe
une phase du développement au cours de laquelle la fertilité des graines est optimale.
On doit négliger les sujets qui commencent seulement à donner des fruits car les semences sont souvent
vaines. On doit rechercher des spécimens dont l’aspect est sain et la forme correcte pour réduire les risques de
propagation de caractères héréditaires défectueux. Ces deux règles qui conditionnent le succès des semis et
l’avenir des plantations ne sont malheureusement pas toujours respectées. car il est plus facile de collecter des
graines sur des semenciers de petite taille ou sur des arbres bas branchus que d’aller les cueillir sur des cimes
élancées.
Les semences doivent être récoltées mures ce qui ne présente aucune difficulté avec les espèces dont les
fruits tombent à terre sans s’ouvrir et avec celles où ils demeurent sur les branches pendant plusieurs semaines
après la maturité. Par contre, lorsque les cônes, les capsules ou les gousses sont déhiscents, il faut les prélever
dans le houppier juste avant que les graines ne se dispersent et ce stade est souvent difficile à apprécier.
La période de fructification varie avec les espèces et parfois, pour une même essence, avec les zones cli-
matiques. Il est essentiel de répertorier des peuplements naturels ou artificiels où ,on a des chances de se pro-
curer à telle époque de l’année des semences de qualité et il est recommandé de créer des plantations conser-
vatoires et, si possible, des vergers grainiers dans lesquels on n’introduira que des sujets sélectionnés.
340
L’extraction des graines est plus ou moins facile selon la structure du fruit. On sème à l’état brut ceux
d’Anacardium occidentale, de Ptericarpus erinaceus ou de Tectona grandis. On utilise ceux de Dalbergia sissoo
ou de Prosopis chiiensis après les avoir divisés en plusieurs éléments. Les capsules ligneuses des Casuarina, des
Eucalyptus et des Melaleuca qu’on cueille vertes s’ouvrent d’elles-mêmes après quelques jours de séchage à l’air,
libérant les semences qu’on sépare par tamisage. Les graines contenues dans une pulpe charnue comme celles
de Ch/orophora regia sont extraites immédiatement après la récolte en faisant tremper les fruits et en les pres-
sant sous l’eau. Les gousses déhiscentes sont égrainées à la main mais les gousses indéhiscentes doivent être écra-
sées au pilon, parfois après avoir séjourné dans une étuve maintenue à 4O’C pendant 24 heures.
L’idéal serait de semer les graines immédiatement après la récolte mais cela est impossible pour de nom-
breuses espèces car la date du semis est souvent conditionnée par la période de plantation. Toutefois, quand les
semences perdent leur faculté germinative en quelques semaines comme celles d’Azad;rachta indica, il faut les
utiliser le plus tôt possible.
Dans les régions à climat sec, la plupart des semences forestières se conservent pendant plusieurs mois,
parfois pendant plusieurs années, à condition d’être maintenues dans un local frais, à l’abri de l’humidité et
des brusques changements de température, d’être préservées des insectes et des rongeurs. Il faut les placer après
séchage dans des récipients hermétiques, boîtes, flacons ou sacs de polyéthylène, de dimensions telles que cha-
cun d’eux soit aussi rempli que possible.
Quand les graines sont attaquées par des insectes sur l’arbre même, on doit les trier dès leur extraction
et les saupoudrer avec un insecticide ou mieux” leur faire subir une fumigation au sulfure de carbone ou au
bromure de méthyle. Ces mesures phytosanitaires sont exigées avant toute exportation de semences afin de
réduire les risques d’introduction de parasites.
6 - LES SEMIS
Le semis est une opération très importante car son exécution en temps voulu et sa réussite conditionnent
la réalisation du programme de reboisement.
La date du semis dépend essentiellement de l’époque à lacluelle les plants seront utilisés.
Les essences cultivées en pleine terre et complantées en barbatelles, en plants effeuillés ou en hautes-tiges
peuvent être conservées sans dommage quelques mois supplémentaires en pépinière. Il est même préférable
dans de tels reboisements d’utiliser des plants relativement âgés plutôt que des sujets trop jeunes.
Par contre, les espèces élevées en mottes, surtout celles à croissance rapide ou à système radiculaire pivo-
tant, doivent atteindre un développement optimum le jour de la plantation. Lorsque les plants sont trop grêles,
ils résistent mal à la sécheresse. Lorsqu’ils sont trop grands, le pivot tend à sortir du récipient ou à s’enrouler
à la base et il existe toujours un déséquilibre entre la partie aérienne et la masse des racines.
Nous indiquons au tableau 108 les dates qui nous paraissent les plus favorables pour effectuer les semis
341
au Sénégal, compte tenu d’une mise en place des plants à la fin de juillet. Dans le nord du pays où les planta-
tions ne peuvent être réalisées qu’à la fin du mois d’août, il faut bien entendu retarder de plusieurs semaines
le semis.
TABLEAU 108
Pour germer, les graines doivent être mures, saines et avoir conservé leur faculté germinative. Il n’est pas
indispensable qu’elles soient complètement débarrassées des impuretés, l’important est de connaître le pourcen-
tage de germination quand on calcule la densité du semis. Il est recommandé de s’assurer de la viabilitd d’un
lot de semences avant de l’utiliser, soit en plaçant 100 graines dans une assiette sur une feuille de papier
buvard maintenue humide, soit, pour les graines de faibles dimensions, en semant 0,5 grammes dans un petit
germoir.
On lèvera généralement la dormante des graines dès qu’on les placera dans des conditions satisfaisantes
de chaleur, d’humidité et d’aération. Certaines, qualifiees de ((graines dures)) doivent toutefois subir un traite-
ment immédiatement avant d’être semées, sinon elles germent difficilement et irrégulièrement.
Les techniques les plus couramment utilisées pour les ramollir sont le trempage pendant 6 à 24 heures
dans de l’eau tiède ou l’ébouillantage suivi d’une macération pllus ou moins longue. Parfois, surtout quand les
semences sont vieilles, on doit les plonger dans de l’acide sulfurique pour attaquer la cuticule cireuse qui les
protège. On peut également les stratifier en les mhlangeant avec du gravier fin qu’on maintient humide jus-
qu’au début de la germination. Quand aucun de ces procédés ne réussit, il faut les scarifier en fêlant légèrement
le tégument sans détériorer l’amande.
Les dimensions et le poids des graines varient d’une espèce à l’autre. Nous donnons au tableau 109 le
nombre moyen de graines par kilogrammes pour les principales essences forestières et exotiques utilisées au
Sénégal. Ces chiffres ne représentent qu’une approximation car, pour une même espèce, on peut enregistrer
des différences sensibles selon les stations où les semences ont &té récoltées. Le tableau 110 qui donne le poids
de graines contenues dans un kilogramme pour 8 provenances &Acacia senega/ mises en place en 1974 à M’Bid-
di en constitue la preuve.
TABLEAU 109
TABLEAU 110
La quantité de semences à employer par unité de surface dépend de la dimension des graines, de leurs
facultés germinatives et du mode de culture envisagé.
Lorsque les semis sont effectués directement sur les planches d’élevage, on dispose les graines de façon à
ce que les plants soient distants en moyenne de 20 à 30 cm les uns des autres sur des lignes écartées de 50 cm.
En germoir, avec des semences très fines, on peut obtenir jusqu’à 3.000 plantules par mètre carré, à
condition de prendre des mesures contre la fonte des semis.
Avec les essences qui ne supportent pas le repiquage et qu’on doit semer dans les mottes, on dispose 3 à
4 graines au centre du pot et on ne conserve ultérieurement que le plus beau sujet.
Les semences doivent être recouvertes d’une épaisseur de terre de l’ordre de 2 à 5 fois leur plus faible
dimension.
Pour les graines de grosse et de moyenne taille, cela ne présente aucune difficulté. Le sol ayant été soi-
gneusement travaillé et arrosé la veille, on dispose les semences dans une petite tranchée ou on les enfouit à la
profondeur voulue avec le doigt puis on les recouvre avec un rateau ou avec une pincée de terre.
Pour les semences très fines, il convient d’aplanir le mieux possible la surface du germoir sans toutefois
la damer puis d’épandre les graines d’une manière uniforme. On les recouvre d’une mince couche de sable tami-
sé et bien sec qu’on humidifie immédiatement avec un pulvérisateur.
Les graines doivent être protégées lorsque les prédateurs sont susceptibles de venir les déterrer. A notre
connaissance, aucune attaque d’oiseaux ou de fourmis n’a été signalée dans les pépinières forestières au Sénégal.
Par contre, des prélèvements sont assez fréquemment effectués par des rongeurs et, dans la zone littorale, par
des crabes de terre. Le seul moyen efficace pour préserver les semis est de les entourer et de les recouvrir avec
un grillage à mailles de 10 à 15 mm.
La germination impose des arrosages fréquents et uniformément répartis mais il ne faut jamais submerger
344
le sol ou provoquer un ruisellement qui risque de déplacer ou d’entraîner les graines. Nous estimons qu’avec
les semences fines, l’emploi d’un pulvérisateur à main est indispensable jusqu’au moment où les plantules attei-
gnent 1 cm de hauteur.
La fréquence des apports d’eau sera inversement proportionnelle à la quantité de liquide distribuée. Dans
la zone sahélienne continentale où l’hygrométrie est faible à l’époque de certains semis, il faut arroser plusieurs
fois par jour et souvent maintenir les planches sous des ombrières fermées sur trois côtés pour limiter l’évapo-
ration. Avec les Eucalyptus, les essais effectués par le C.T.F.T. à Ross-Béthio et à Linguère ont montré qu’en
avril il fallait pulvériser de l’eau sur les germoirs toutes les trois heures entre le lever et le coucher du soleil
pour maintenir le sol humide en surface.
Le nombre des arrosages sera ralenti apres la germination. La quantité d’eau distribuée quotidiennement
varie toutefois avec les stations, les saisons, le mode de semis et les espèces. Quand les plants sont cultivés à
l’air libre, il est proscrit de les arroser en plein soleil. Quand ils sont elevés sous des ombrières, il faut éviter la
formation de champignons qui attaquent le collet des plantules, provoquant leur ((fonte)).
La fonte est favorisée par un état hygrométrique élevé, par une forte température, par la richesse du sol
en matière organique et en nitrates. Elle est à redouter quand les plants sont produits en germoir car la totalité
du semis peut disparaître en quelques jours. L’attaquep souvent brutale, intervient aussi bien au début de la
germination que lorsque les plantules sont âgées de plusieurs semaines. Pour l’éviter, on conseille de stériliser
la terre des germoirs par la chaleur ou de l’arroser 8 à 10 jours avant le semis, soit avec une solution de IOOcc
de formol par mètre carré de germoir, soit avec du CRYPTONOL, produit anticryptogamique non phytotoxi-
que. On réduit également les risques de fonte en utilisant un mélange de sol à pH acide et surtout en mainte-
nant une circulation correcte de l’air au-dessus des plants. On peut limiter les dégâts en arrêtant les arrosages
pendant une journée dès l’apparition des prerniers symptômes et en incorporant du viricuivre ou du CRYP-
TONOL à l’eau qu’on apporte les jours suivants.
La plupart des essences forestières cultivees au Sénégal étant des espèces de lumière, les semis doivent
être découverts le plus rapidement possible sinon ils demeurent grêles et ils ont tendance à ((filer)). On dégage-
ra l’ombrière d’abord pendant la nuit puis on augmentera le temps d’exposition progressivement le matin et le
soir. Dans les districts ventilés, il faut toutefois maintenir un abri latéral du côté des vents dominants jusqu’au
moment des repiquages.
Certains insectes dont les œufs ont été propagés dans le sol ou dans le mélange avec le compost ou le
fumier se développent en profondeur et sortent pendant la nuit, coupant les jeunes plants en-dessus du collet.
Il faut immédiatement rechercher les larves à proximité des semis sectionnés, les déterrer et les détruire. Il est
possible de se prémunir contre de tels dégâts en pulvérisant une solution de Dieldrine sur les germoirs quelques
jours avant le semis.
On éliminera les mauvaises herbes au fur et à mesure de leur apparition, soit en les extirpant avec pré-
caution des germoirs pour ne pas déchausser les plants, soit en sarclant les plate-bandes. Dans les pépinières
volantes de Teck et de Gmelina où, fréquemment, les désherbages ne peuvent être realisés en temps opportun
par manque de main-d’œuvre pendant la saison des pluies, il serait très certainement possible et économique
d’employer des désherbants chimiques.
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Le repiquage a pour objet de séparer les jeunes plantules issues du semis et de les installer à distance
optimale ou dans les meilleures conditions possibles en attendant leur mise en place dans le reboisement. Il
permet d’éliminer les sujets malingres et difformes ainsi que ceux dont le système radiculaire est défectueux.
Il favorise souvent le développement de racines latérales et la multiplication des radicelles, améliorant l’équili-
bre entre les systèmes foliacé et racinaire de la plante.
Au Sénégal, on sème presque toujours en place les essences qui supportent une complantation à racines
nues, alors que dans les pays industrialisés, malgré le coût proportionnellement plus élevé de la main-d’œuvre,
on préfère élever les plantules en germoir ou sur des planches de germination puis les repiquer en pleine terre.
La technique offre en effet de nombreux avantages. Elle économise de l’eau et du personnel au moment des
semis; elle permet de sélectionner les meilleurs plants; elle donne des sujets, mieux équilibrés; e\le évite d’avoir
des planches d’élevage irrégulières ou trop fournies.
72 - Repiquages en mottes
Seuls des plants élevés en mottes peuvent être utilisés avec quelque chance de succès dans les stations où
les conditions climatiques ou édaphiques sont peu favorables à \a reprise des arbres. Le repiquage des plantules
dans des récipients, technique préconisée d’abord par les forestiers travaillant dans la zone méditerranéenne,
est aujourd’hui pratiqué dans toutes les régions à longue saison sèche, en particulier pour les plantations d’es-
sences à croissance rapide, et même, bien qu’il soit plus coûteux que la production des arbres à racines nues,
pour certains reboisements dans les contrées tempérées.
Au début, on employa des pots en terre cuite. C’est ainsi que jusqu’en 1954, l’afforestation du Parc de
Hann et des dunes littorales du Cap-Vert fut réalisée avec des Cawarina equisetifoha élevés dans des pots de
9 cm importés puis fabriqués par une briqueterie locale. Le matériau présentait plusieurs inconvénients. Il était
coûteux, lourd, encombrant et fragile. On devait dépoter les plants au moment de leur mise en place et sou-
vent les mottes se désagrégeaient quand le mélange était trop léger. On ne pouvait pas produire dans de bonnes
conditions certaines espèces comme les Acacia ou les Eucalyptus ciont le système radiculaire se développe rapi-
dement car le prix des récipients et le coût de leur transport auraient été incompatibles avec le devis du reboi-
sement.
On tenta de remplacer les pots de terre cuite par des blocs de terre comprimée, par des tubes métalli-
ques, par des godets en bois déroulé, par des paniers en fibres de l3ananiers ou en feuilles de Palmier, parfois
même par des boîtes de conserve usagées. Bien que ces procédés aient tous trouvé des défenseurs parmi les
forestiers, ils furent rapidement abandonnés quand les gaines de polyéthylène apparurent sur le marché. Elles
permettent de fabriquer à la largeur et à la longueur désirées des sachets résistants, imputrescibles, légers, d’en-
combrement nul et d’un prix relativement peu élevé permettant de ne pas récupérer le godet. On peut leur
reprocher d’être assez difficiles à ouvrir en raison des propriétés électriques des plastiques et plus longues à
remplir que les pots car elles ne tiennent pas debout. Leur imputrescibilité oblige en outre les ouvriers à sec-
tionner le fond du sac et la paroi latérale pour éliminer la poche au moment de la mise en place du plant.
346
L’enracinement de certaines essences repiquées dans des gaines de poiyéthylène prenant la forme d’une
cage réticulée demeurant toujours à quelques millimètres du sac et le système racinaire de l’arbre se dévelop-
pant parfois de façon irrégulière après la plantation, on propose aujourd’hui des godets résorbables en tourbe,
en pâte de bois ou en papier. Ils sont perméables aux racines après la complantation mais non en pépinière
car les radicelles sèchent au contact de l’air. Nous avons expérimenté les FERTILPOT dont l’usage est assez
répandu en Europe. Coûteux au départ, leur prix est prohibitif au Sénégal avec les frais d’acheminement et les
taxes à l’importation. Ils ont en outre tendance a se désagréger sous l’action de la chaleur et de l’humidité, ce
qui rend les manipulations malaisées.
Le sachet de polyéthylène demeure, a notre avis, actuellement le meilleur récipient et le plus économi-
que pour des semis ou des repiquages en mottes au Sénégal. Il semble que 25 cm pour la hauteur et 12 cm
à plat pour la largeur constituent des dimensions valables pour la plupart des espèces. Toutefois, on a intérêt,
avec des essences à racine pivotante, comme les Acacia, à augmenter la longueur des gaines de 5 cm en limi-
tant la largeur à 10 cm. L’épaisseur de la pellicule doit être calculée de manière à ce qu’elle résiste au poids
de terre et à une exposition de plusieurs mois au soleil. L’expérience a prouvé que, depuis que les matières
plastiques sont conditionnées sur place, il était préférable d’utiliser des gaines de 80 microns, celles de 50
microns se desquamant et se fendant rapidement. La couleur noire est supérieure au plastique transparent car
elle évite le développement des algues sur les parois exposées à la lumière. On peut cependant éviter cet
inconvénient en enterrant les sacs sur les quatre cinquièmes de la hauteur, ce qui présente également l’avantage
de les maintenir en place. Quand le mélange de sol est bien homogène, un ouvrier habile remplit facilement
400 sachets dans une journée. On compte environ un mètre cube de terre pour confectionner 1.000 mottes.
73 - Technique de repiquage
Le repiquage est une opération délicate dont la réussite conditionne la forme de l’arbre, sa résistance à
la sécheresse et son développement ultérieur. Il exige un certain entraînement de la part du personnel et une
réelle dextérité quand on utilise des plantules de petites dimensions.
Il est essentiel que les racines soient placées dans une position naturelle et que le pivot ne soit soumis à
aucune torsion ni à aucune courbure sinon chez la plupart des essences, les Eucalyptus en particulier, il se for-
me une crosse qui, en se développant, s’enroule sur elle-même au-dessous du collet, entraînant la mort de l’ar-
bre dans les deux ou trois années qui suivent la complantation. On doit également veiller à ce que les plants
soient solidement ancrés dans le sol sans que, toutefois, le collet soit enterré.
Il faut manipuler les plantules de faibles dimensions avec délicatesse en les saisissant par les feuilles, sans
toucher à la tigelle. On les descend à la profondeur voulue dans un trou creusé avec un petit bâton pointu puis on
rebouche la cavité d’une légère pression du doigt en évitant la formation au niveau des racines d’une poche
d’air qui provoquerait un dessèchement des radicelles. Si le pivot est normalement allongé, il est préférable
d’en sectionner l’extrémité plutôt que de risquer de le courber ou de le replier.
Le sol doit être arrosé immédiatement après le repiquage en prenant garde à ce que les gouttes d’eau ne
couchent les plantules et en évitant que le liquide ne stagne en surface car les jeunes plants, comme les semis,
sont très sensibles aux attaques cryptogamiques et à la fonte. L’emploi d’un pulvérisateur à main est recom-
mandé pendant quelques jours pour les espèces repiquées en mottes,
Quand on opère pendant la saison sèche, il faut exposer le moins longtemps possible les racines à l’air et
effectuer les transplantations sous des ombrières pour limiter les risques de déshydratation. L’usage de petits
germoirs permet leur transport à proximité des planches de repiquage et la mise en place des plantules au fur
et à mesure de leur prélèvement. Dans la zone sahélienne, il est souvent impossible de repiquer pendant les
heures chaudes et on doit organiser l’horaire des ouvriers de façon à ce qu’ils ne travaillent que tôt le matin
et dans la soirée,
347
Les plants doivent généralement être repiqués quand ils possèdent quatre feuilles extra-cotylédonaires. Le
temps nécessaire pour atteindre ce stade varie avec les essences et aussi avec l’époque du semis car la germina-
tion des graines et la croissance des plantules sont toujours beaucoup plus longues pendant la saison fraîche
que lorsque les nuits sont chaudes.
A Dakar, Casuarha equisetifolia et Melaleuca leucadendron, semés en décembre, doivent séjourner près
de 3 mois en germoir alors que la plupart des espèces d’Eucalyptus, ensemencées en avril, peuvent être repi-
quées après 4 à 6 semaines. Quand on doit produire beaucoup de plants d’une même essence, il faut étaler les
semis de façon à pouvoir échelonner les repiquages. Un ouvrier expérimenté repique environ 2.000 plantules
en 8 heures mais, souvent, il ne pourra travailler que 3 à 4 heures par jour dans les régions sahéliennes.
Les apports d’eau peuvent se faire à l’arrosoir dès que les plants se sont redressés. Ii faut intervenir tôt
le matin et en fin d’après-midi. Dans les pépinières permanentes pourvues d’un circuit de distribution d’eau
sous pression, on a intérêt à répartir le liquide avec des canons d’arrosage ou avec des pulvérisateurs rotatifs
qui demandent une main d’œuvre peu nombreuse et qui permettent de travailler pendant la nuit durant les
mois les plus chauds. La technique récente de l’irrigation au goutte à goutte serait très certainement utilisable
pour des arbres élevés en pleine terre.
Le sol des planches de repiquage et le mélange de terre contenu dans les récipients doivent être maintenus
sans aucune herbe sinon les plants sont étouffés ou concurrencés par les adventices. On doit arracher les gra-
minées le plus tôt possible après la germination pour extirper complètement les racines.
Il faut sarcler périodiquement les plate-bandes pour que la structure physique du sol assure l’aération
des racines et la percolation de l’eau d’arrosage. Cette façon culturale est également indispensable avec les
plants élevés en gaines, bien qu’on ait parfois tendance à la négliger. Nous avons constaté que des Eucalyptus
binés chaque semaine avec une petite tige de fer se développaient de façon uniforme et deux fois plus rapide-
ment que des plants non sarclés produits dans les mêmes conditions.
Avec les essences de pleine lumière comme les Casuarina, les Eucalyptus, les Melaleuca, l’ombrage doit
être supprimé dès que les plants ont repris. On opère progressivement comme pour les semis.
Lorsque la période prévue pour la plantation doit être retardée de quelques semaines en raison du déficit
pluviométrique, les racines des plants élevés en mottes peuvent sortir des gaines et s’enfoncer dans le sol. On
s’en rend aisément compte car les tiges de ces arbres se développent beaucoup plus vite que les autres. Il faut
alors soulever les sacs un par un et sectionner les racines au niveau de la gaine. Le rapport entre la tige et la
racine d’un Eucalyptus étant voisin de 5, il est parfois possible d’éviter la fastidieuse opération de ((l’habilla-
ge)) en rabattant les plants à 80 cm avec une cisaille dès qu’ils atteignent 1 m de hauteur. On freine la crois-
sance et si, malgré tout, il faut couper le pivot, les plants souffrent moins des déperditions d’eau par les feuilles.
Le coût de l’élevage des arbres est très variable d’une pépinière à l’autre. Il dépend du mode de culture,
des possibilités d’arrosage, de la durée de séjour des plants dans la pépinière. Il est généralement faible pour les
plants produits en barbatelles, beaucoup plus important pour ceux qui sont élevés en mottes ou conduits en
haute-tige. Les dépenses sont toujours proportionnellement plus fortes pour une production en petite quantité
que pour une culture massive.
348
Les principaux éléments dont ii faut tenir compte dans un devis sont :
TECHNIQUES DE REBOISEMENT
351
l- DEFRICHEMENT
L’élimination de la végétation arborée et arbustive préexistante, même quand elle paraît diffuse ou lors-
qu’elle présente un aspect rachitique, constitue un préalable à tout reboisement au Sénégal. Il est indispensable
que les plants disposent dans les semaines qui suivent leur introduction du maximum des quantités d’eau appor-
tées par les pluies pour reprendre et pour accroître leur système racinaire aussi, plus les précipitations seront
faibles, irrégulières et réparties sur une courte période, plus le terrain devra être soigneusement défriché. Il ne
saurait être question dans les domaines soudanien et sahélien de tenter d’enrichir un peuplement naturel; il faut
soit afforester un sol nu, soit réaliser la plantation après défrichelment du boisement primitif.
II - La méthode ((taungya))
Taungya est un mot birman qui signifie littéralement ((parcelle cultivée sur les collines)). Le paysan coupe
un morceau de forêt, il brûle le bois quand il est sec puis il entreprend ses cultures. Cette coutume correspond
à l’agriculture itinérante africaine ou au défrichage suivi de l’écobuage qu’on pratiqua en Europe jusqu’à la fin
du Moyen-âge.
Les forestiers birmans, indiens et indonésiens ont tiré profil: de ces déboisements dès le milieu du siècle
dernier pour créer des peuplements artificiels en introduisant des arbres au milieu des plantes sarclées. Le
terrain est défriché à un prix négligeable; la main d’œuvre peut être recrutée sur place; les arbres bénéficient
dans leur jeune âge des travaux aratoires.
La méthode ((taungya)) est employée au Sénégal chaque fois que les sols à reboiser présentent une valeur
agricole car, presque partout, les ruraux recherchent des terres et acceptent les contrats d’installation tempo-
raire dans le domaine classé que leur propose le Service forestier. Elle a permis l’exécution des plantations de
Teck et de Gmelina en Sasse Casamance et la plupart des boisements d’Anacardium effectués dans les régions
du Sine-Saloum, de Thiès et de Diourbel.
Les défrichements réalisés par les paysans présentent l’inconvénient de maintenir en place de gros arbres
et de nombreuses souches, sectionnees à plusieurs dizaines de centimètres du sol. L’annélation des troncs, impo-
sée par les contrats de culture, s‘avère parfois insuffisante pour entraîner la mort de l’arbre si bien que cer-
taines essences demeurent intactes au milieu des boisements, empechant le développement des plants sous les
cimes et souvent assez loin du fût dans les zones colonisées par les racines. Le recépage en hauteur du taillis,
en particulier celui de Combrétacées, favorise par ailleurs la formation de rejets vigoureux qui étouffent les espè-
ces introduites et qui les concurrencent dans le sol.
Nous pensons que les phytohormones qui sont largement utilisées par les sylviculteurs pour des dégage-
ments en forêt dense devraient permettre de dévitaliser les espèces qui résistent à l’annélation et d’éliminer
rapidement le recru. Une pulvérisation sur ((entaille malaise)) du débroussaillant P. 80 de PROCIDA, à la dose
de ZOO cc d’ester amylique de l’acide 2-4-5 T mélangé avec 10 litres de gas-oil, effectuée dans les jours qui
suivent le débourrement de la végétation entraîne à plus ou moinls brève échéance la mort des arbres. Un badi-
geonnage des souches avec une solution de P. 80 a la concentration de 300 cc pour 10 litres de gas-oil, appli-
qué immédiatement après la coupe des rejets, les épuise et les tue après un ou deux traitements.
352
La méthode ((taungya)) a été mise au point dans des contrees fortement boisées. Son application dans des
régions où le déficit de combustible forestier est chronique paraît peu rationnelle car le bois est perdu. Ii devrait
être partout possible au Sénégal, en inventoriant et en délimitant deux ou trois ans à l’avance les parcelles à
reboiser, de les faire exploiter par les bûcherons ou par les charbonniers puis de les concéder aux cultivateurs.
L’kat récupérerait sous forme de taxes d’abattage une partie des dépenses qu’il engagera ultérieurement.
Le volume de bois recueilli diminuerait d’autant la déforestation dans d’autres zones. Les paysans disposeraient
d’un terrain dégagé plus facile à ensemencer, Les arbres d’un diamètre supérieur à 40 cm qui demeurent en pla-
ce et qui gênent le développement des plantations seraient éliminés.
L’exploitation du matériel ligneux préexistant est loin d’être négligeable dans la forêt sèche dense de
Basse-Casamance. Elle représente pour un programme de 500 hectares de reboisement environ 7.000 tonnes de
charbon, soit l’équivalent d’un mois et ‘demii de la production actuellement commercialisée dans l’ensemble du
pays. Dans les domaines soudanien et sahélien où la densité du boisement naturel est beaucoup plus faible mais
où la demande de combustible est encore plus vive, l’occupation du sol par les bûcherons avant la venue des
cultivateurs permettrait de couper les arbres rez-terre, peut-être même de les faire dessoucher en renonçant à
percevoir les taxes d’abattage.
14 - Déboisements mécaniques
Dans les régions forestières où le combustible n’a guère de valeur, où les populations très dispersées ne
sont pas attirées par des terres nouvelles et où les chantiers de reboisement portent souvent sur de grandes
superficies, on doit réaliser les défrichements mécaniquement après avoir exploité les grumes intéressantes pour
l’industrie. L’opération est onéreuse car il demeure sur le terrain de très gros arbres qu’on doit renverser avec
des tracteurs à chenilles de 120 à 200 CV, du type Caterpillar D 7 et D 8.
Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d’envisager de tels déboisements au Sénégal, même si les program-
mes de plantations s’intensifient en Casamance. Les besoins en charbon de bois sont tels qu’il sera toujours
possible de faire exploiter les parcelles par des charbonniers en organisant les coupes en temps voulu. Dans le
nord du pays, par contre, où la végétation arborée peut être déracinée avec des tracteurs à chenilles de 50 à
90 CV, du type Caterpillar D 4 et D 6, on aura certainement intérêt à les utiliser pour abattre le boisement
initial chaque fois qu’on fera appel à ces engins pour la préparation du sol. Le coût du travail est faible et, les
arbres ayant un enracinement superficiel, leur renversement éliminera les souches et permettra un entretien
mécanique des plantations.
2 - PREPARATION DU SOL
Le travail du sol avant la mise en place des arbres a été longtemps considéré comme inutile ou superflu
dans les régions tempérées aussi est-il compréhensible que les forestiers de formation européenne qui définirent
les règles de la sylviculture dans les régions tropicales aient eu tendance a négliger les façons culturales. L’intro-
duction des plants sur des terrains cultivés superficiellement selon la méthode etaungya)) donne de bons résul-
tats dans les contrées à forte pluviosité et dans celles où les précipitations sont réparties sur une longue pério-
de. Par contre, dans le secteur soudano-sahélien et dans le domaine sahélien, il est en général impossible de
planter sans apport d’eau tout au long de la première saison sèche quand on ne prépare pas le sol en profon-
deur.
353
La technique couramment utilisée au Sénégal pour les reboisements consiste à creuser avec un coupe-
coupe ou une bêche, au moment de la mise en place des arbres, un trou dont le volume correspond a celui de
la motte ou du système radiculaire du plant. La méthode est simple et peu coûteuse.
Elle est valable en Basse-Casamance pour les installations des barbatelles de Tectona grandis et des plants
effeuillés de Gmeha a&orea.Elle s’est révélée efficace pour la cornplantation de certaines espèces élevées en
mottes, tel kaciaahida sur les sols ((Dior)) dans le Sine-Saloum et dans le Sud de la région de Diourbel ou
Melaieuca leucadendron dans des bas fonds humides.
Par contre, au Nord du lq de latitude, elle impose l’arrosage des plantations d’Eucalyptus et de Casua-
rina et, au-delà du 15O parallèle, la survie des boisements d’Acacia est liée à l’abondance des précipitations.
Les expérimentations menées depuis 1966 par le C.T.F.T. dans le domaine sahélien au Sénégal, au Niger
et en Haute-Volta ont prouvé que les arbres pouvaient presque toujours reprendre et résister à la sécheresse au
cours de la première année sans aucun apport d’eau quand le terrain avait été travaillé en profondeur avant les
premières pluies.
La méthode des ((grands potets)) consiste à creuser pendant la saison sèche un trou de 60 X 60 X 60 cm à
l’emplacement destiné à recevoir le plant forestier puis à le rebouc:her avec la période pluvieuse. Cette façon
cuiturale élimine les racines des plantes préexistantes, augmente le volume accessible aux racines de l’essence
introduite, aère le terrain et, surtout, favorise le stockage de l’eau en litnitant les pertes par ruissellement et par
évaporation. Elle permet en outre d’apporter éventuellement un amendement minéral dans l’horizon le plus
favorable.
354
Une portion importante de la lame d’eau fournie par les précipitations qui interviennent dans les semai-
nes qui précèdent la plantation, en particulier celle produite par les orages, pénètre jusqu’au fond des trous où
elle demeure disponible alors qu’elle s’évapore en quelques heures quand le sol n’est pas préparé. Un exemple
frappant de l’efficacité de la méthode nous a éte donné à Ross-Béthio en 1968, année où la pluviométrie ne
fut que de 188 mm. On enregistra dans une parcelle de 1,500 Eucalyptus sur ((grands potets)) un taux de reprisr?
de 64 % et un coefficient de survie de 57 % après 10 mois alors que dans une parcelle voisine complantée sur
simple trouaison tous les arbres, Eucalyptus, Acacia et Prosopis, étaient morts dès décembre. Il est toutefois
indispensable que les potets soient rebouchés avant les premières pluies pour jouer le rôle de ((piège a eau)).
L’exécution de la trouaison à la pioche et à la pelle est à la portée de tout paysan. Elle demande du
temps et une main d’œuvre abondante mais elle peut être répartie entre novembre et juin, période où les potlu-
lations rurales sont disponibles. Elle peut être réalisée à la tâche, ce qui facilite la surveillance et permet d’obte-
nir un meilleur rendement des travailleurs Le forage des potets est plus ou moins long selon la structure du sol
et il faut calculer pour chaque plantation un juste prix en tenant compte du rendement quotidien d’un ouvrier
moyen.
Plus la pluviométrie est faible, plus il s’avère indispensable de recueillir le maximum d’eau au cours des
rares averses. Une technique qui complète la méthode des ((grands potets)) a été proposée par le C.T.F.T. au
Niger pour des terrains en pente afin de concentrer les eaux de ruissellement dans les trous.
Quand la plantation est faite en quinconce, le dispositif offre l’aspect d’une grande arête de poisson d’où
le nom donné à la méthode. DELWAULLE (1973) évalue à 19 % le gain d’humidité au niveau des plants un
mois après l’arrêt des pluies par rapport au sol en place entre deux potets et, en fin de saison sèche, le bilan
demeure positif malgré les prélèvements d’eau effectués par les arbres.
Elle a été élaborée par PELED en Israël en 1961 dans des régions montagneuses pour bénéficier de cer-
tains avantages de la méthode ((steppique)) qui est difficilement applicable lorsque le terrain est accidenté.
On pioche à l’emplacement destiné à recevoir le plant une surface de 80 x 80 cm, profonde de 20 cm, puis
on creuse en amont une petite tranchée de 80 cm de longueur et de 25 cm de profondeur pour recueillir les
eaux de ruissellement. La terre de la tranchée est reportée sur le sol ameubli pour constituer un monticule à
dos plat, la ((taupinière)), de 60 x 60 cm à la base et de 30 cm de hauteur.
La complantation a lieu assez profondément au centre du monticule. D’après PELED, le taux de repri-
se est amélioré et la croissance des arbres est nettement plus rapide qu’avec des ((petits potetw, surtout quand
les conditions climatiques sont sévères. Nous avons expérimente la méthode en 1967 à Linguère et à Ross-
Béthio sur sol ((Dior)) avec des Eucalyptus et des Acacia. Les résultats furent très décevants. Les taupinières se
delitèrent ou s’affaissèrent sous l’action des rares averses qui intervinrent après la plantation, mettant à nu les
racines traçantes. Parfois même, le mélange employé pour le remplissage des gaines étant plus ferme que le sol,
les mottes demeuraient suspendues et les plants séchaient quelques semaines après l’arrêt des pluies.
Préparation du sol selon la méthode ((taupinikre)).
Eucalyptus camaidulensis à Ross-Béthio 3 mois après la plantation,
Quand les superficies à reboiser atteignent une certaine étendue, on est souvent contraint de préparer le
sol avec des engins soit par manque de main d’oeuvre, soit parce que le travail mécanique est moins onéreux
que les façons culturales manuelles.
221 - Sous-solage
Pratique courante en agriculture et en sylviculture dans les régions tempérées, le sous-solage est recomman-
dé sous les climats méditerranéens et tropicaux quand on veut limiter l’érosion ou l’induration de certains hori-
zons car, s’il brise le profil, il perturbe peu les horizons naturels. Béalisé en période sèche, il permet une frag-
mentation et une division du sol qui se traduit par un approfondissement du profil cultural, par une meilleure
aération de la zone qui sera colonisée par les racines, par un accralissement des possibilités de stockage de l’eau
apportée par les pluies.
On l’effectue avec des défonceuses tractées, dites rooter, et iavec des défonceuses portées dites ripper. Ces
dernières sont plus efficaces car, les dents appuyant environ quatre fois plus sur le terrain à poids égal, on
obtient un travail plus poussé. Les sols destinés a recevoir des plantations forestières devant être crochetés jus-
qu’à 60/70 cm de profondeur, il est souvent nécessaire d’utiliser des engins de Travaux Publics ou des tracteurs
de plus de 100 CV.
Les essais de sous-solage réalisés dans le Delta sur piémonts dunaires se sont révèlés intéressants car on
ne voit aucune flaque d’eau sur les parcelles dans les heures qui suiivent les averses alors qu’en terrain non tra-
vaillé l’eau stagne dans les plus petites dépressions. L’effet semble moins durable à Bambey sur sol eDeck)j car
les éléments fins entraînés en profondeur par les premières pluies (colmatent rapidement les cavités et diminuent
la perméabilité. Toutefois, le sous-solage, en brisant les horizons supérieurs qui sont très durs en période sèche,
permet de creuser assez facilement les potets, travail qu’il est toujours impossible d’exécuter manuellement
sans intervention mécanique préalable.
Un sous-solage à 60/70 cm suivi .d’une trouaison de ((grands potets)) nous paraît être la technique la mieux
adaptée pour les reboisements dans les régions tropicales à longue saison sèche, surtout sur les sols lourds. On
peut crocheter le terrain soit avec des engins de Travaux Publics équipés d’une défonceuse portée à trois dents,
soit en effectuant un passage croisé sur les lignes de plantation avec un tracteur agricole équipé d’une lame sous-
soleuse.
Appliquée sur des terrains généralement durs et peu profonds, la méthode esteppique>) nécessite le dépla-
cement de gros volumes de matériaux. Elle demande des engins puissants, tracteurs à chenilles de 100 à 200CV
équipés de défonceuses portées de 2 a 3 T ou de défonceuses tractées de 3 à 7 T, profileurs pourvus de lames
pouvant travailler en bouteur par poussée frontale ou en bouteur-biais par poussée oblique. Le sol doit être
crocheté sur 60 A 70 cm de profondeur puis des bourrelets, espacés de 4 à 6 m d’axe en axe sont édifiés de façon à
358
obtenir des bilions de 50 à 70 cm avec une largeur d’embase de 2 à 3 m, Les racines des arbres qu’on instal-
le sur les bourrelets, au tiers inférieur de la pente, disposent, quand ils sont distants de 3 m, d’un volume de
sol remué de 1,8 m3, soit d’un espace neuf fois plus élevé que dans un grand potet.
La méthode a donné satisfaction en Algérie entre les isohyètes 250 et 625 mm et en Israël dans des zones
où la pluviométrie annuelle ne dépassait pas 300 mm. Nous fondions de gros espoirs sur elle quand nous l’avons
expérimentée dans le Delta en 1966 sur sol argile-limoneux et en 1967 sur Piémont dunaire. Les travaux, réa-
lisés avec un tracteur CD 8 BULL muni d’un ripper à trois dents et avec un profileur RICHIER N. 350 permi-
rent d’édifier des bilions d’environ 2 m de largeur à la base et de 60 cm de hauteur, distants les uns des
autres de 5 m. Les résultats furent décevants dans les deux cas.
Sur sol argile-limoneux, l’échec tient essentiellement au fait que, les horizons superficiels de la parcelle
étant plus salés que les horizons sous-jacents, le décapage du sol puis la mise en tas de la terre augmenta la
concentration de chlorure de sodium dans la zone que devaient coloniser les racines. La mise en place des plants
au tiers inférieur de la pente du bourrelet kcentuait encore l’effet de salure car les eaux pluviales entraînaient
du sel dans les potets en ruisselant sur les buttes.
Sur Piémont dunaire où on compara la méthode ((steppique)) au sous-solage, on enregistra avec diverses
espèces d’Eucalyptus des taux de reprise et de survie au cours de la première saison sèche plus faibles sur les
buttes. Ultérieurement, les arbres se développèrent légèrement plus vite sur les bourrelets mais la plus value de
bois produit ne justifie en rien le coût du travail, d’autant que l’entretien des plantations est beaucoup plus
difficile sur les billons.
Analysant les résultats des essais effectués par le C.T.F.T. au Niger et en Haute-Volta à la même époque,
CATINOT (1967) estime que l’échec de la méthode ((steppique)) dans le Sahel est vraisemblablement imputable
aux conditions climatiques. Les régions méditerranéennes sont caractérisées par des pluies hivernales interve-
nant pendant les j&rs courts et la saison fraiche alors que les contrées sahéliennes sont marquées par des pluies
d’été, en général plus violentes mais de faible durée, réparties sur un moins grand nombre de mois. Une compa-
raison entre les diagrammes ombrothermiques des climats xérothermiques et hémiérémiques fait ressortir que
les températures et l’évapotranspiration potentielle d’une part, la pluviométrie d’autre part varient exactement
en sens inverse, si bien que la poche d’aridité est deux fois plus élevée au Sud du Sahara quand les précipita-
tions sont équivalentes.
3 - FERTILISATION
L’emploi des engrais en sylviculture est une pratique relativement récente qui tend à se généraliser dans
les plantations industrielles car elle augmente le rendement en bois et, par voie de conséquence, la rentabilité
des travaux forestiers. Une fumure rationnelle facilite également la reprise des arbres et accélère leur croissan-
ce d’une façon durable sur les sols insuffisamment pourvus de certains éléments minéraux aussi est-elle recom-
mandée au moment de l’exécution des reboisements, en particulier dans les stations marginales et dans les
contrées à longue saison sèche où l’effet ((starter)) dont bénéficient les arbres dans les semaines qui suivent la
complantation se traduit par une plus grande résistance à la sécheresse.
La teneur en phosphore des sols sénégalais est généralement déficiente ou proche du seuil de carence et
les taux d’azote et de potasse des sols ((Dior)) sont toujours faibles. On peut donc sans risque d’erreur utili-
ser un amendement N.P.K. Il est toutefois assez facile de déterminer avec plus de précision les éléments nutri-
tifs qui font défaut aux arbres, soit en procédant à des analyses pédologiques sur des échantillons prélevés sur
le terrain à reboiser, soit, de prgférence, en effectuant des diagnostics foliaires sur certaines espèces tel Euca-
lyptus cama/du/ensis dont la physiologie a fait l’objet d’études poussées dans les contrées méditerranéennes et
tropicales.
359
La réponse à l’engrais a éte positive dans tous les essais que le C.T.F.T. a implantés au Sénégal, aussi bien
avec des essences a croissance rapide comme les Eucalyptus qu’avec des espèces locales comme Acacia a/bida
ou Acacia senega/, sauf sur les sols squelettiques dunaires où, après un démarrage plus rapide des plants pen-
dant la periode pluvieuse, on enregistre presque toujours une importante mortalité pendant la saison sèche
quand les arbres ne sont pas arrosés. La fumure minérale se traduit par une croissance des plants accélérée
au départ et par un taux de survie du peuplement nettement plus élevé pendant les deux premières années.
Ultérieurement, tout au moins au cours des trois années suivantes car les expérimentations sont récentes, la
résistance à la sécheresse et le développement des arbres fertilisés demeurent supérieurs.
Un apport de 150 g d’engrais complexe N.P.K. dont la définition est à déterminer pour chaque station
semble être la dose optimale. En plaçant l’amendement au fond du ((grand potet)) avant de le reboucher, le
coût du travail est minime et on évite que les racines des plants n’entrent en contact avec les éléments minéraux
immédiatement après la complantation.
4 - PIQUETAGE
Le piquetage a pour objet de matérialiser l’emplacement des plants. Il suit la préparation du sol quand
elle est effectuée avec des engins mécaniques; il la précède dans le cas d’un travail manuel. On le réalise avec
une équerre optique et un ruban métallique de 50 ou de 100 m.
C’est une opération minutieuse au départ mais assez facile à conduire quand les premières lignes de jalons
ont été établies, surtout lorsque le terrain est dégagé. Avec un bon chef d’Équipe, on compte 7 à 10 journées
de manoeuvres à l’hectare, le temps passé à couper les piquets pouvant varier du simple au double selon l’abon-
dance du taillis aux environs de la parcelle.
L’écartement à adopter pour les reboisements dans les régions tropicales à longue saison sèche fait enco-
re l’objet de discussions entre les forestiers. Dans les pays tempéres et dans les zones forestières humides, on
utilise des densités de 2.000 à 2.500 plants à l’hectare pour couvrir rapidement le sol et étouffer le recru de
la végétation naturelle. Les faibles équidistantes n’empêchent pas la prolifération des graminées et le développe-
ment des plantes adventices au cours des années qui suivent la complantation dans les domaines soudanien et
sahélien. Elles rendent par contre difficile les désherbages mécaniques et, surtout, elles imposent une telle
concurrence entre les arbres introduits qu’un certain nombre d’entre eux dépérissent rapidement et meurent
après avoir épuisé les réserves d’eau contenues dans le sol. La technique paraît donc peu rationnelle au Sénégal
en dehors de la Basse-Casamance.
Nous estimons qu’il est préférable de retenir un espacement de 3 x 3 m, correspondant à une densité de
1.122 plants à l’hectare, entre les isohyètes 1.000 et 600 mm et de le porter dans le Sahel à 3,5 x 3,5 m, par-
fois même à 4 x 4 m avec les Acacia. L’exemple des peuplements naturels prouve que les arbres, sauf dans de
rares stations privilégiées, ont besoin de beaucoup de place pour etendre un puissant système racinaire traçant
qui assure leur survie. Le moins grand nombre de plants nécessaires, les économies réalisées au moment de la
trouaison, du transport et de la complantation permettent d’assurer un meilleur entretien des parcelles et d’ob-
tenir des reboisements beaucoup plus réguliers.
360
5 - METHODES DE PLANTATIONS
Le semis direct est la méthode la plus facile 2 appliquer et la moins coûteuse. Elle supprime l’élevage des
plants, elle demande souvent des façons culturales peu poussées pour la préparation du sol, elle évite les risques
de dépaysement des arbres après leur mise en place. Elle ne peut toutefois être envisagée que pour des espèces
ayant des graines assez grosses et elle n’est acceptable dans les régions où les précipitations sont réparties sur
une courte période que par des essences dont les plantules germent rapidement et forment en quelques semaines
un pivot puissant qui leur permet de résister à la sécheresse.
La technique donne de bons résultats avec Anacardium occidentale et elle a été employée avec succès
pour des plantations de Borassus aethiopum. Des essais de reboisement par semis directs effectués en Basse-
Casamance avec Tectona grandis et Gmeiina arborea, à Kaolack et à Thiès avec Azadirachta indica et Cassis
siamea, dans la région de Diourbel avec Acacia a/bida et dans celle du Fleuve avec Acacia senega/ se sont par
contre soldés par des échecs, soit que les jeunes plants aient été étouffés par le recru ou par les adventices,
soit qu’ils aient été sectionnés par les paysans au moment des sarclages.
Les plantations de Darcassou sont réalisées selon la méthode ((taungya)). Le terrain est défriché en mai et
juin puis ensemencé en juillet par les cultivateurs. Le Service forestier intervient alors pour le piquetage et la
mise en terre des noix d’Anacarde au milieu des cultures de mil ou d’arachide. Trois ou quatre graines, enfon-
cées de 4 à 5 cm, sont placées dans chacun des potets que matérialise un jalon pour que les paysans repèrent
les plantules au moment des binages. On tenta à plusieurs reprises de faire exécuter les semis par les bénéfi.
ciaires des contrats d’occupation du sol mais on constata qu’en général les noix n’étaient pas mises en place ou
qu’elles l’étaient trop tard.
La barbatelle ou ((stump)) est un plant élevé en pleine terre dont on sectionne la tige à 2,5 cm du collet
et dont on conserve 20 ?I 25 cm de la racine principale. Elle est aisée à produire, à préparer, à transporter et à
planter. Des reboisements par stumps ne sont toutefois possibles qu’avec des espèces qui tolèrent une sévère
mutilation de leurs organes aériens et souterrains et qui reconstituent promptement leur système racinaire
après la complantation.
La technique est appliquée en Basse Casamance avec Tectona grandis. Les pépinières sont installées en
forêt, le plus près possible des parcelles a reboiser pour limiter les transports souvent difficiles pendant la sai-
son des pluies. Quand les semis sont effectués dans les pépinières en juin, près de 40 % des plants atteignent
1 à 2 cm de diamètre au bout d’un an sans aucun apport d’eau, On les taille en barbatelles avec une matchet-
te bien aiguisée et on les achemine en vrac dans des camions en les recouvrant de paille. Il convient de les main,,
tenir à l’ombre quand on les stocke pendant une journée. La complantation est aisée. Elle a lieu selon la métho-
de ((taungya)) sur sol cultivé en riz pluvial. Les trous étant creusés avec un coupe-coupe au fur et à mesure de
la mise en place.
Quelques petits reboisements ont été réalisés en Casamance, dans le Sine-Saloum et dans la région de
Thiès avec des barbatelles de Cassia siamea. Leur réussite qui fut variable selon les années était liée à la plu-
vioméwie au cours des semaines qui suivirent l’installation des plants. Plus les précipitations diminuent en volu-
me et dans le temps, plus il s’avère nécessaire de travailler le sol en profondeur pour que les racines se recons-
tituent et se développent avant le début de la saison sèche. Au-delà de l’isohyète 600 mm, les stumps doivent
être remplacés par des plants en mottes.
361
Le plant effeuillé OU Wripling)) est un arbre formé en pleine terre qui est planté avec le maximum de
racines et avec une tige a peu près intacte mais dépouillée de ses ,feuilles. Les reboisements en striplings sont
fréquents dans les zones forestières humides, en particulier quand on utilise la méthode des ((grands layons>),
car ils permettent aux plants de se développer rapidement au-dessus du niveau de la végétation arbustive et hors
d’atteinte des petites antilopes. Ils sont plus délicats à exécuter et beaucoup plus onéreux que les plantations
en stumps aussi les réserve-t-on au Sénégal pour des essences comme M~aya senega/ensis, Gme/îna arborea et
Azadirachta indica qui ne tolèrent pas ou qui supportent mal d’être tai,llées en barbatelles et pour la complan-
tation d’arbres en alignement dans les villes et en bordure des routes.
Les feuilles doivent être détachées quelques semaines avant lla date retenue pour l’extraction des plants
en ne conservant que la couronne proche du bourgeon terminal. On les élimine à la maÏn ou on les coupe avec
un sécateur quand l’arrachement du pétiole risque d’enlever un lambeau d’écorce, ce qui est le cas avec Khaya
senega/ensis. Les racines principales et secondaires sont taillées après l’arrachage puis les plants doivent être ache-
minés le plus rapidement possible. Les striplings de petites dimensions comme ceux de Gme/ina arborea peu-
vent être rassembles en bottes et emballés dans de la paille mais ceux de grande taille doivent être transportés
avec précaution, après pralinage des racines ou mieux trempage dans une gelée d’AGRlCOL, produit commer-
cialisé par PROCIDA qui les préserve efficacement contre la dessication. Il faut vérifier les plants avant la mise
en place, généralement retailler les racines pour éliminer les parties blessées et parfois supprimer le bourgeon
terminal flétri car tout organe lésé affaiblit l’arbre et diminue ses chances de reprise.
L’exécution de la plantation doit avoir lieu le plus vite possible après l’extraction des plants. Le travail
du sol dépend du volume de racines conservées, de la nature du terrain et de sa profondeur, de la hauteur de
la lame d’eau enregistrée dans la station. Avec le Gmelina dont les striplings, âgés d’un an, ne mesurent que
60 a 100 cm, il suffit de creuser des trous de faibles dimensions mais avec le Caïlcédrat et le Neem qu’on met
en place en hautes-tiges après 3 ou 4 ans de pépinière, il faut creuser des potets importants, surtout dans le
Nord du pays et sur les sols latéritiques du Sénégal-Oriental.
Dans les régions à longue saison sèche, des plantations sans apport d’eau ne sont généralement possibles
qu’avec des plants élevés en mottes en raison de la briéveté de la période pluvieuse et aussi parce que la plu-
part des espèces utilisées ne supportent pas d’être mises en place 2 racines nues. Nous estimons que la techni-
que est la seule qui soit valable au Sénégal au-dessous de l’isohyète 600 m.m. Elle donne de bons résultats, même
dans des zones où la pluviométrie est inférieure à 300 mm. Elle necessite toutefois un sol soigneusement pré-
paré, des plants en excellent état végétatif, l’absence de toute concurrence sur le terrain, ce qui exclut d’asso-
cier les cultivateurs aux reboisements dans les stations marginales. Elle ne peut être appliquée que quelques
semaines dans l’année et elle demande une surveillance rigoureuse (au moment de la complantation.
Les plants en mottes sont fragiles. Il faut éviter de briser les tiges, de déchirer les gaines et de déchausser
les racines pendant les manipulations. On doit les faire voyager debout et on ne peut les mettre les uns au-des-
sus des autres qu’en séparant chaque étage par un plancher maintenu par des tréteaux. Les déplacements d’air
occasionnes par le transport provoquent une évaporation intense aussi est-il nécessaire d’arroser abondamment
les mottes avant la sortie de la pépinière puis d’assurer un nouvel apport d’eau à l’arrivée quand le voyage est
long, Le poids d’un plant de 4 a 5 mois élevé dans un sac de 25 x 12 cm ou de 30 x 10 cm étant voisin de
1.400 g,, le coût du transport est onéreux.
Il ne nous paraît pas inutile de mentionner que la pellicule de polyéthylène, imperméable et imputres-
cible, doit être éliminée au moment de la plantation pour que l’humidité du sol puisse se communiquer au
mélange et que les racines se développent dans les horizons sous-jacents car nous avons constaté à plusieurs
362
reprises que des reboisements avaient été exécutés avec des mottes maintenues dans leur emballage. Il faut sec-
tionner la base du sac à environ 2 cm du fond pour trancher le pivot car si celui-ci a commencé à s’enrouler
sur lui-même au contact de la paroi, le mouvement se poursuit et il se forme une ((crosse de plantation)) qui
entraîne la mort de l’arbre à plus ou moins brève échéance par étranglement des racines. On fend ensuite la
paroi latérale puis, le plant étant descendu dans le trou et la terre rapportée autour, on arrache la pellicule
avant de tasser le sol. Nous conseillons d’utiliser pour ce travail un couteau scie, type couteau à pain, de pré-
férence à la matchette ou à la lame de rasoir car il permet de déchirer la gaine avec la pointe et de sectionner
la motte et le pivot avec les dents. Les forestiers tunisiens recommandent de donner trois ou quatre traits de
lame sur la paroi avant d’éliminer la pellicule pour favoriser le développement du chevelu sur les racines laté-
rales.
Les plantes adventices sont consommatrices d’eau et participent ZI l’évapotranspiration réelle. DANCETTE
(1969) a calculé qu’à Bambey une jachère à dominante de Pennisetum viohceum absorbait 98,2 % de la lame
d’eau reçue par le sol entre juin et octobre, c’est-à-dire plus qu’une culture de Mil souna. Le système radicu-
faire dei plants forestiers, même celui des essences à croissance rapide ou celui des espèces originaires des zones
sèches, étant beaucoup plus lent à se développer que celui des plantes annuelles, la suppression de la concurren-
ce herbacée dans les semaines qui suivent la mise en place des arbres revêt autant d’importance, sinon plus, que
le travail du sol avant la plantation. Celui-ci est même illusoire sans entretien puisqu’il revient à faire consom-
mer d’avantage d’eau aux adventices.
Quand le reboisement est réalisé selon la méthode ((taungya)), les désherbages sont exécutés par les pay-
sans au moment du sarclage des plantes cultivées mais quand les cultivateurs ne sont pas associés a l’opération,
il est indispensable d’intervenir rapidement dès que les graminées ont germé et non à la fin de la période plu-
vieuse ou au début de la saison sèche. L’emploi d’un pulvériseur à disques tiré par un tracteur agricole est la
solution la plus efficace et la moins onéreuse pour des plantations importantes. L’utilisation des herbicides est
actuellement à l’étude pour l’entretien des petites parcelles car, les ruraux étant occupés dans les champs, il est
souvent difficile d’engager de la main d’oeuvre en temps voulu.
Obligatoire après la plantation, l’élimination des herbes est très utile au cours des deux saisons pluvieuses
suivantes pour permettre aux arbres de se développer rapidement. Les économies réalisées quand on adopte de
grands écartements trouvent alors leur justification car elles permettent d’effectuer le travail mécaniquement
sans augmenter le coût du reboisement. Avec la méthode ((taungya)), on a intérêt à maintenir les cultivateurs
sur les parcelles pendant deux ou trois ans, ce qui ne présente généralement aucune difficulté pour les planta-
tions de Darcassou mais est souvent difficile à obtenir pour celles de Teck et de Gmelina car les paysans pré-
tendent que le sol est épuisé après une culture de riz pluvial. Il devrait être possible de les influencer en leur
distribuant gratuitement de l’engrais.
Les animaux domestiques constituent un grave danger pour les arbres pendant 3 à 4 ans quand on utili-
se des essences à croissance rapide, pendant 5 à 6 ans quand on emploie des espèces se développant lentement.
Si des dégâts ont rarement été signalés dans les plantations de Basse-Casamance, partout ailleurs des reboise-
ments ont éte emi&ement d&ruits par le bétail. Le gardiennage s’avère peu efficace car il est impossible d’exiger
du personnel de demeurer constamment sur place et souvent, surtout dans le Sahel, les bergers attendent le
départ des surveillants pour envoyer les troupeaux dans les plantations. Les mesures répressives et coercitives
363
ne sont que des pis-aller car elles ne permettent pas de réparer les dégâts et il est parfois difficile de trouver
les responsables dans les zones où le bétail nomadise.
La protection par clôture paraît être la seule valable pour certains reboisements à proximité des villages
et aux abords des forages mais elle grève lourdement le coût de l’opération, en particulier dans les districts où,
le bois faisant défaut, on doit la fixer sur des piquets de métal. Les haies de branchage ou zériba sont totale-
ment inopérantes sur de grandes surfaces et elles sont rapidement détruites par les insectes. Une clôture de
cinq rangées de fil de fer barbelé sur poteaux métalliques distants de 4 m revient à 300.000 CFA le kilomètre;
un grillage URSUS de 1 m de hauteur, fixé sur piquets métalliques espacés de 5 m et surmonté d’un rang de
barbelé, coûte plus de 600.000 CFA le kilomètre. Les clôtures électriques semblent par contre intéressantes
dans certains cas.
Nous les avons expérimentées en 1966 et en 1967 à Ross-Bethio autour de parcelles de 10 à 20 ha.
Elles comprenaient deux fils electrifiés maintenus sur des piquets de Filao espacés de 5 m à 60 et à 90 cm du
sol par des isolants et un fil neutre cloué à 15 cm de hauteur et relié tous les cent mètres à une prise de terre.
L’électrificateur du type couramment utilisé par les éleveurs des régions tempérées était alimenté par une batte-
rie de 12 volts qu’on rechargeait tous les 15 jours. La distance entre le sol et les fils électrifiés avait été calcu-
lée en fonction de la hauteur de l’épaule des animaux à arrêter et le fil neutre était rendu nécessaire par la
sécheresse du terrain et la poussière qui, isolant les sabots des bêtes, ne permettait pas le retour du courant.
Le système s’est révèlé efficace contre les ânes, les bovins, les moutons et les phacochères qui circulèrent
autour des plantations sans jamais franchir la clôture. Il fut inopérant contre les chèvres qui semblaient pren-
dre plaisir à subir des décharges électriques en sautant a travers les fils. Fixée sur des piquets métalliques espa-
cés de 7 m, la clôture électrique revient à moins de 100.000 CFA le kilomètre. Elle n’exclut pas la présence
d’un surveillant car il faut chaque jour parcourir le périmètre avec un contrôleur de tension pour réparer éven-
tuellement les fils mais il en est de même avec les clôtures barbelées et le grillage URSUS que les bergers sec-
tionnent fréquemment.
Dans les régions tropicales à longue saison sèche, les plants forestiers sont très sensibles aux termites au
cours de la première année, en particulier après l’arrêt des pluies quand les insectes circulent à la surface du
sol. Ultérieurement les arbres résistent assez bien aux attaques quand ils sont en bon état végétatif et, si l’écor-
ce est parfois rongée superficiellement assez haut sur le tronc, elle est assez épaisse pour préserver le liber.
Toutes les plantations non arrosées doivent être poudrées au niveau du collet avec un insecticide au début de
la première saison sèche. Le traitement est souvent insuffisant avec les Eucalyptus qui sont très vulnérables,
aussi faut-il incorporer dans le potet, au moment de la mise en place des plants, un produit ayant un effet
remanent comme la DIELDRINE pour empêcher que le système racinaire soit attaqué.
Il existe très certainement de nombreux insectes vivant dans le bois qui parasitent plus ou moins les
arbres dans les domaines soudanien et sahélien. Jusqu’à présent, à notre connaissance, aucune attaque n’a été
signalée au Sénégal dans les reboisements effectués avec des essences exotiques. Nous avons décrit Hypsipy/a
robusta, le borer du caïlcédrat, qui est responsable de l’échec des iplantations de Khaya senega/ensis. Nous
mentionnerons Phyto/yma /ata, Psyllidé qui provoque une galle chez Chlorophora regia.
Xerus erythropus, le rat palmiste, cause d’importants dégâts dans les plantations d’Anacardium occidentale.
Les plants sont coupés pendant la nujt au niveau du collet quand ils atteignent 4 à 5 mois. Il semble que le
rongeur ne prélève qu’un peu de sève car, fréquemment, ii sectionne à la suite 15 à 20 plants sur une ligne, les
364
laissant sur place sans toucher au feuillage ou à l’écorce. Nous avons également remarqué des attaques de rats
palmistes dans des parcelles de Me/a/euca /eucadendron âgées de 4 à 5 ans. Les rongeurs creusent des galeries
sous les Niaouli, coupant progressivement les racines superficielles si bien que les arbres se couchent.
Dans certains districts, la densité de Xerus erythropus est importante. C’est ainsi qu’à Orcogne, en 1964,
le traitement d’un boisement de 400 ha de Darcassou avec des appâts empoisonnés permit de dénombrer 507
bêtes mortes, sans compter celles qui avaient dû succomber dans des trous ou en dehors de la parcelle. Après
avoir essayé, sans beaucoup de succès, de lutter avec différentes sortes de pièges, le Service forestier a utilisé
le TURAGYL, raticide commercialisé par PECl-llNEY-PROGIL, composé de grains de blé enrobés de Coumafè-
ne, produit anticoagulant. Les appâts doivent être répartis par petit tas, surtout à proximité des trous des
rongeurs et dans les zones mal désherbées. Le traitement n’est vraiment efficace que lorsqu’il porte sur la tota-
lité de la plantation et sur ses abords.
La protection des plantations contre les incendies est l’un des soucis majeurs cles forestiers, même dans
les régions où la saison sèche ne dure que quelques mois. Le meilleur moyen de les préserver du feu est de les
maintenir propres, avec le minimum de matériaux combustibles en surface. Avec la plupart des essences locales
ou exotiques utilisées au Sénégal, on ne peut escompter que le couvert sera suffisamment dense pour étouffer
le tapis graminéen ou lorsque c’est le cas, comme avec Tectona grancfis, Gmeha arborea ou Casuarina equise-
tifoba, la litière qui se décompose lentement demeure inflammable. La solution idéale serait de labourer les boi-
sements chaque année pour enfouir les herbes ou les feuilles mais elle est inacceptable sur le plan économique,
sauf peut-être pour de rares parcelles d’essences de valeur. On peut toutefois réduire le volume de la strate her-
bacée en autorisant le pâturage des bovidés pendant la saison des pluies a partir du moment où les arbres sont
assez grands pour que les cimes soient hors d’atteinte des animaux.
Les arbres réagissent plus ou moins bien au feu. Aucune essence ne supporte un incendie au cours des
trois années qui suivent la mise en place des plants; il est donc nécessaire de nettoyer complètement les
365
plantations pendant cette période, soit en les faisant cultiver par les paysans, soit en les désherbant à l’hilaire,
soit, peut-être, en empêchant le développement des adventices avec des désherbants chimiques. Ultérieurement,
les espèces peuvent être classées en trois groupes, celles qui résistent à un feu itinérant quand leur état végéta-
tif est bon comme Melaleuca /eucadendron, Gmeha arborea et Tectona grandis, celles dont la partie aérienne
meurt souvent mais dont la souche rejette après recépage comme les Acacia et Anacardium occidenta/e, celles
enfin qui sont éliminées comme Cawarina equi.setifo/ia et souvent les Eucalyptus. Un pare-feu périphérique de
30 à 40 m de largeur au minimum et des coupe-feu intercalaires de 15 a 20 m pour les grandes plantations sont
seuls capables d’arrêter les flammes et de limiter les dégâts dans les domaines soudanien et sahélien.
8 - ECLAIRCIES
Nous estimons que les plants doivent être mis en place à l’écartement définitif dans les reboisements de
protection et dans les plantations destinées à produire du combustible forestier car les faibles équidistantes aug-
mentent le prix de revient de la reforestation et la compromettent parfois dans les stations marginales sans,
pour autant, réduire le coût des façons culturales nécessaires à leur entretien au cours des premières années. On
détermine l’espacement entre les plants en foncion de l’espèce et surtout de la fertilité et de la teneur en eau
du sol de manière a ce que les arbres se développent dans les meilleures conditions possibles.
Les essences de bois d’oeuvre et d’industrie doivent, par contre, être amenées progressivement a une den-
sité idéale de façon à fournir un rendement optimum en quantité et en qualité. Elles ont besoin d’être assez
serrees au début pour prendre une forme élancée et perdre leurs branches basses par élagage naturel; elles
doivent ensuite disposer d’un volume satisfaisant de sol pour croître en diamètre et en hauteur sans se gêner.
C’est ainsi qu’une plantation de Teck réalisée à la densité de 2.000 ou 2.500 plants à l’hectare ne portera guè-
re plus de 150 arbres au moment de l’exploitation.
La conduite des éclaircies est délicate, en particulier dans les pays où les sylviculteurs ne peuvent utiliser
l’expérience de leurs prédécesseurs. Quand on maintient les arbres trop serrés, la concurrence freine leur déve-
loppement. Quand on les dégage brutalement, ils réagissent à l’accroissement de luminosité en émettant des
bourgeons qui provoquent une ((descente de cime)) nuisible à la valeur technologique du bois. Il est difficile et
très long de choisir les sujets qui méritent d’être conservés et de les répartir d’une façon uniforme sur le ter-
rain, On a toujours tendance à intervenir avec trop de modération aussi, pour la première éclaircie qui élimine
le tiers ou la moitié du peuplement, on conseille de supprimer systématiquement une rangée sur trois ou sur
deux car il est moins grave de couper çà et là un arbre d’avenir que de freiner la croissance de l’ensemble du
boisement. Ultérieurement, les éclaircies sont faites de façon sélective en tenant compte de la forme des arbres,
de leur volume et de leur état végétatif.
Les premières parcelles de Teck plantées en Basse-Casamance ont été éclaircies trop tard et trop timide-
ment, ce qui impose aujourd’hui de fréquentes interventions pour tenter de régulariser le peuplement. On a
retenu pour les reboisements effectués depuis 1960 des passages à 8,12,20 et 30 ans qui laisseront selon les
stations 1.100 & 1.300, 600 a 800, 350 à 500 puis 250 à 300 tiges sur pied a l’hectare. Le calendrier établi
de manière empirique en se basant sur des expérimentations menees en Inde n’est peut-être pas le mieux adapté
au Sénégal aussi le C.T.F.T. a-t-il mis en place en 1967 en forêt des Bayottes dans une plantation de 1962 un
dispositif C.C.T. Plot (Correlated Trend Plots) imaginé par les forestiers Sud-africains qui permet de comparer
pendant toute la durée d’une révolution une série de parcelles ayant des densités variables et de calculer de
façon rigoureuse la réaction des arbres quand on supprime toute concurrence entre eux.
CHAPITRE TROISIEME
Nous exposerons les techniques de pépinière et de plantation applicables aux essences forestières qui sont
actuellement utilisées en reboisement ou qui ont parfois été employées dans le passé. La plupart de ces métho-
des ont été mises au point de façon empirique, souvent à la suite d’échecs. Les recherches sylvicoles entreprises
depuis 1966 dans les différentes zones écologiques du Sénégal et sur divers types de sols, en particulier les
essais d’introduction d’espèces et de provenances de contrées sèches d’Afrique et d’Australie dont certains
résultats sont dé@ exploitables, devraient permettre d’augmenter au cours de la prochaine décennie la gamme
des arbres qui pourront être propagés. Plusieurs éléments se rapportant à la sylviculture ont été exposés dans
les chapîtres précédents. Nous ne les reprendrons pas. Le lecteur pourra les retrouver en consultant l‘index
botanique situé à la fin de l’ouvrage.
l- LES ACACIA
La plupart des Acacia, notamment ceux qu’on rencontre au Sud du Sahara dans les domaines soudanien
et sahélien, ne supportent pas d’être repiqués dans leur jeune âge et ne tolèrent pas d’être complantés à racines
nues. On doit entreprendre les reboisements par semis directs ou utiliser des plants semés dans des mottes. Nous
décrirons les techniques sylvicoles applicables à Acacia a/bida et à ,4cac;a senega/, les deux espèces employées
par Ie Service forestier, mais les expérimentations menées depuis 1967 montrent qu‘elles sont valables pour
d’autres comme Acacia nihtica, Acacia seya/ ou Acacia sieberiana et pour la plupart des Acacia exotiques.
Il est inutile de revenir sur l’intérêt de l54cacia a/bida pour la restauration des sols et sur la valeur four-
ragère de son feuillage et de ses fruits. Le nom ((d’arbre miracle)) qui lui a été attribué parfois au Sénégal se
justifie pleinement. Les Sultans de Zinder s’en étaient rendu compte il y a plusieurs siècles, n’hésitant pas à
trancher la tête 21 ceux qui coupaient un arbre sans autorisation.
La graine, protégée par une cuticule cireuse imperméable, conserve son pouvoir germinatif pendant plu-
sieurs années. Elle a besoin pour germer d’une longue période pluvieuse ou d’un milieu humide, ce qui est
rarement le cas dans l’aire de dispersion de l’espèce. La nature y supplée grâce à l’action du bétail qui rejette
avec les excréments des semences dont l’enveloppe a été attaquée par le suc gastrique. Si une forte averse sur-
vient avant que les insectes n’aient détruit l’embryon, la plantule se développe et la radicule s’enfonce dans le
sol à la recherche de l’humidité. Il faut un extraordinaire concours de circonstances pour que ces différents
facteurs soient réunis dans le Sahel sur des terrains de parcours mais dans le domaine soudanien où les préci-
pitations sont plus précoces et plus abondantes, où les semenciers sont’assez nombreux sur les terrains de
culture, où les animaux pâturent sous les Kad à l’époque de la fructification et où le sol est ameubli par les
paysans au début de l’été, les possibilités de régénération naturelle sont plus fréquentes.
Une forte proportion des semis est étouffée par les adventices ou détruite par le bétail car les jeunes plan-
tules résistent mal à la concurrence et meurent quand on détériore leur système radiculaire. Ultérieurement,
quand les racines se sont implantées en profondeur, le plant rejette facilement si on sectionne la tige. C’est
ainsi qu’on rencontre souvent dans les champs et dans les jachères des Acacia a/bida qui, après avoir été coupés
plusieurs saisons de suite, présentent à quelques centimètres au-dessous du collet un pivot de la taille du bras
alors que les rejets ne dépassent guère la grosseur d’un doigt. Il suffit alors de quelques années de protection
pour que la cépée se développe. Pour devenir un arbre, le baliveau a toutefois besoin d’être redressé et taillé
370
jusqu’à ce qu’il soit capable de former une cime car son port est naturellement rampant ou buissonnant dans
le jeune âge. Cette tâche d’élaboration systématique est traduite dans le vocabulaire sérer (PELISSIER - 19661.
On dit ((Yaram sas)), j’élève un ,4cacia a/bida, de la même manière que l’on dit ((Yaram on n’diay)), j’elève un
enfant. La croissance devient en revanche spectaculaire dès qu’un brin a réussi à s’affranchir. C’est ainsi qu’à
Diourbel, dans un placeau suivi par le C.T.F.T., la hauteur moyenne de 10 rejets qui était de 414 cm après
neuf années de protection est passée en cinq ans à 765 cm alors que la circonférence moyenne des arbres à
hauteur d’homme progressait de 24,7 cm à 48,3 cm. En relevant bimensuellement des rubans dendromètres
pendant six ans, nous avons constaté sur des arbres adultes que l’accroissement sur la circonférence, continu
entre décembre et juillet, cessait totalement de septembre à novembre, l’écorce ayant même tendance à se
contracter, et que les variations mensuelles étaient comparables d’une saison à l’autre dans une même station,
dépassant 100 mm/an sur sol fertile, n’atteignant que 5 mm/an sur des dunes squelettiques.
La politique de protection des rejets d’,4cacia a/bida entreprise entre 1966 et 1971 dans le Centre-Ouest
du Sénégal par le Service forestier sur financement F.E.D. s’est révèlée efficace dans des districts où la régéné-
ration naturelle était abondante. Dix mille hectares furent ainsi reboisés pour environ 1.200 F. CFA l’hectare
en confiant des blocs de 500 ha à des surveillants qui marquèrent le plus beau brin dans chaque cépée et le
dégagèrent périodiquement, empêchant les bergers de mutiler les baliveaux pendant la saison sèche et les
cultivateurs de les couper au moment de la préparation des champs. Cette technique n’est toutefois applicable
que dans des zones où l’espèce préexiste.
On tenta entre 1952 et 1957 d’introduire des Kad par semis directs sur des sols épuisés par la culture de
l’arachide dans le département de Louga et au Niger aux environs de Zinder, Magaria et Maradi. Les graines,
traitées à l’acide sulfurique, germèrent dans une proportion de 70 % mais les plants disparurent toujours au
cours de la première saison sèche? C’est ainsi que des 1.000 ha que nous avions enrichis en 1953 dans la Mise
en défens de Dogo au Niger, il ne restait rien cinq moisaprès le semis. A la même époque, CASTAN proposait
une technique d’élevage en pépinière. Semées en septembre dans des pots constitués d’un cylindre de tôle de
30 cm de longueur rempli de terre et maintenu fermé par un anneau de fil de fer, les graines donnaient des
plants que l’on mettait en place l’été suivant. Bien que l’expérimentation ait permis, d’obtenir un coefficient
de reprise de 90 % et un taux de survie de 40 % en fin de saison sèche sans aucun apport d’eau, le procédé
n’obtint aucune audience car il était plus onéreux que le semis direct.
371
En 1956, devant reboiser les abords de plusieurs forages dans le Ferlo Occidental, GROSMAIRE utilisa
la méthode de CASTAN mais, la transplantation n’ayant pu avoir lieu avant le mois de novembre, seuls survé-
curent quelques plants qui furent arrosés. Les premières plantations sans apport d’eau furent effectuées en 1961
en Haute-Volta et en 1962 au Sénégal avec des plants élevés dans des sacs de polyéthylène. Les résultats furent
encourageants à Orcogne dans le département de M’Backé où SIDIBE, Chef de l’lnspection de Diourbel, obtint
90 % de reprise et 75 % de survie après quinze mois sur une parcelle d’un hectare complantée sur culture de
mil. Nous écrivions en 1964 à son sujet : ((Il est encore trop tôt pour conclure; des essais devront être entrepris
dans diverses stations mais, les conditions écologiques du placeau étant peu favorables, il semble qu’on puisse
avoir bon espoir d’introduire cette essence là OG elle est trop peu abondante pour se multiplier d’elle-même)).
Les techniques d’élevage et de plantation sont aujourd’hui au point; elles font leurs preuves au Sénégal, permet-
tant la reforestation de près de 1.500 ha dans la région de Diourbel.
Les semences conservent leur pouvoir germinatif pendant plusieurs années. La germination est capricieu-
se; elle commence le sixième jour mais elle peut demander six semaines et même plus longtemps. Pour la régu-
lariser, on plonge les vieilles graines pendant quatre minutes dans de l’acide sulfurique à 66’ Baumé puis on
les rince et on les sèche ou on laisse macérer les semences de l’année dans de l’eau pendant 24 heures avant de
les semer. Quand la fructification coïncide avec la période du semis, il est recommandé de cueillir des gous-
ses non encore lignifiées et d’utiliser immédiatement les graines après les avoir décortiquées à la main. Il est
aisé de s’approvisionner en semences dans les dkpartements de Tivaouane, de Bambey et de Diourbel où les
Acacia fructifient en mars et avril.
L’élevage des plants ne demande aucun soin particulier. Il faut compter quatre mois à quatre mois et
demi entre le jour du semis et celui de la complantation. Les graines doivent être enterrées à 1 cm de profon-
deur. On en utilise trois par sac de façon à se prémunir contre une mauvaise germination si bien qu’un kilo-
gramme de semences permet d’obtenir environ 3.500 plants. Essence de pleine lumière, Acacia a/bida n’a pas
besoin d’être protégé par une ombrière au moment de la germination. Il importe toutefois d’effectuer les arro-
sages en dehors des heures chaudes et de préserver les jeunes plantules du vent et de la déshydratation par des
écrans verticaux. Les gaines doivent être maintenues sans aucune herbe et binées en surface toutes les semaines.
Les plants excédentaires sont éliminés un mois après la germination. Quelques attaques de rongeurs ont été
signalées sur des plantules de 3 à 6 semaines” Il faut traiter l’ensemble de la pépinière et ses abords avec des
appâts enrobés d’un anticoagulant et, lorsque les dégâts sont importants, entourer les planches avec un grillage
à mailles fines. Des chenilles peuvent également apparaître sur le feuillage à n’importe quel stade du dévelop-
pement; on doit immédiatement poudrer les plants avec un insecticide.
Dans les zones actuellement retenues au Sénégal pour les plantations, les sols, du type ((Dior)), n’imposent
aucune préparation mécanique du terrain. L’introduction des plants sur culture de mil ou d’arachide sur ((sim-
ple trouaison)) dans les districts où la pluviom&trie atteint 600 mm, sur ((grands potetw dans les stations où
les précipitations sont comprises entre 350 et 600 mm donne d’excellents résultats. Des essais menés par le
C.T.F.T. à Bambey sur sol (Deck)) ont par contre montré que l’action d’un sous-solage était bénéfique à la
reprise et à la croissance. Un apport de 150 g d’engrais NPK au fond du potet et surtout une fertilisation avec
100 g de sulfate d’ammoniaque semblent positifs sur la résistance à la sécheresse des Acacia et sur leur dévelop-
pement au cours des premières années, sans pour autant régulariser le peuplement car on constate dans tous
les reboisements, sans qu’aucune raison puisse être avancée, que certains sujets démarrent rapidement alors que
d’autres végètent pendant plusieurs saisons.
Le Service forestier a adopté au Sénégal un écartement de 10 m entre les plants pour la régénération des
terres agricoles cultivées selon la méthode traditionnelle, afin de couvrir le sol avec environ 50 arbres adultes
à l’hectare qui ne gêneront pas les façons aratoires, mais aucune recherche sur l’équidistante optimale n’a été
entreprise pour la mise en place d’écrans brise-vent où le rôle fertilisant de l’Acacia a/bida doit être associé à
son action sur l’amélioration du microclimat, Dans les districts $I vocation pastorale comme les dunes semi-
fixées du Dunkerquien qui surplombent les cuvettes des Niayes de la région de Thiès, on préconise une den-
sité de 400 arbres à l’hectare pour que le boisement se ferme assez vite.
373
Une surveillance s’impose pour contrôler les paysans et redresser les piquets pendant la période de culture
puis, après enlèvement des récoltes, pour empêcher les bovins de piétiner les plants, les ovins de les sectionner
et les caprins de les arracher, Les sondages que nous avons effectués dans plusieurs plantations réalisées par le
Service forestier indiquent que le taux de survie des Acacia est compris entre 44 et 77 % selon les parcelles.
Les arbres manquants étant toujours groupés, on peut supposer que les échecs sont essentiellement imputa-
bles à la négligence ou à la mauvaise volonté des cultivateurs associés à l’opération de reboisement.
La mise en culture du Cayor au début du siècle, les travaux entrepris depuis 1954 dans le Ferlo
pour rendre la zone sylvo-pastorale accessible aux éleveurs, la phase de sécheresse qui marque le Sahel depuis
1968 se sont traduits par une importante régression des peuplements de Gommiers dans tout le Nord du Séné-
gal. Les Verecks ont totalement disparu aux abords des forages en raison de la surcharge en bétail; ils sont
devenus rares dans le District occidental du domaine sahélien; ailleurs, les feux itinérants, les ébranchages
inconsidérés et répétés ont compromis leur régénération et des espèces pyrophiles et moins appétées du bétail
comme Ba/anites aegyptiaca les ont progressivement remplacés dans la strate arborée.
Disposant de faibles moyens financiers pour des opérations de reboisement, les forestiers qui travaillaient
dans les pays francophones avant et pendant la seconde guerre mondiale pensèrent qu’il serait peut-être pos-
sible d’aider la nature en dispersant des semences dans les zones qui convenaient le mieux à l’espèce. La régé-
nération naturelle est en effet aléatoire dans l’aire de dispersion de l’Acacia senega/, Les arbres ne fructifient
abondamment qu’après un été normalement arrosé, beaucoup de graines sont attaquées par des charançons
avant que les gousses ne s’ouvrent et il est vraisemblable qu’un fort pourcentage est ensuite détruit sur le sol
par des insectes ou des rongeurs. Les semences qui se sont maintenues intactes jusqu’à la saison des pluies
germent rapidement après les premières averses mais si une phase de sécheresse de deux à trois semaines inter-
vient avant que les plants aient développé un pivot d’une dizaine de centimètres, la plupart d’entre eux dis-
paraissent. Il faut donc qu’un été à précipitations régulièrement réparties succède à un été bien arrosé pour
que les Acacia se propagent.
Les épandages de graines sur terrain non préparé se sont toujours soldés par un échec. Des semis en
poquets, après grattage du sol à l’emplacement destiné à recevoir les graines, ont rarement réussi. Les meil-
leurs résultats furent obtenus à Méderdra, en Mauritanie, en 1938 et à N’Dioum, au Sénégal, en 1939 avec des
densités de 200 à 350 plants survivant deux ans après leur installation. Les années suivantes, par contre, pres-
que tous les Acacia étaient morts avant la fin de la première saison sèche. La pluviosité, correcte entre 1938
et 1940, déficitaire en 1941 et en 1942, fut à l’origine de la réussite et de l’insuccès de ces enrichissements.
Des expérimentations que nous avons entreprises au Niger, à Kellé, entre 1952 et 1954 ont montré qu’il était
à peu près impossible d’enrichir un peuplement sans intervention sylvicole car les jeunes Gommiers sont inca-
pables de lutter contre les herbes et les arbres préexistants qui mobilisent à leur profit la totalité de l’eau
apportée par les précipitations. Du reste on trouve rarement des traces de régénération naturelle dans des peu-
plements denses, celle-ci s’effectuant par taches sur des parcelles déboisées ou en lisière.
La plupart des pays sahéliens envisagent des programmes de plantations de Gommiers pour reconstituer
dans certaines zones la végétation forestière détruite par la sécheresse et aussi parce que les cours actuels de
la gomme arabique autorisent la création de boisements économiquement valables. A ce jour, en dehors de
parcelles expérimentales, aucune reforestation n’a, à notre connaissance, été réalisée ailleurs qu’au Soudan où
la sylviculture des Acacia senegaf et /aeta a été mise au point il y a plus de cinquante ans.
La gommeraie couvre de vastes superficies au Soudan. La régularité des peuplements, la netteté de leurs
limites, l’équiancienneté des arbres montre que le boisement résulte d’une intervention humaine. Connue sous
le nom de ((verger à gomme)) et décrite par HS. BLUNT en 1926, la technique constitue en fait un aménage-
ment sylvo-agricole qui a été défini par les paysans eux-mêmes. Lorsqu’un cultivateur a besoin de terres
375
nouvelles, il est obligé de choisir un terrain boisé en Gommiers. il élimine les arbres, les recépant rez-terre,
utilisant le bois comme combustible et les branches pour clôturer les parcelles défrichées, Durant une période
de 3 h 10 ans selon la fertilité du sol, la rapidité avec laquelle celui-ci est envahi par une Scrofulariacée qui
parasite les racines des céréales et aussi, de plus en plus, fonction des surfaces disponibles et de la densité des
populations, le paysan occupe le terrain.
Quand il l’abandonne, les Acacia se réinstallent rapidement, soit à partir de souches anciennes, soit par
semis naturels, les gaines étant apportées par le vent ou par les animaux depuis les semenciers qui demeurent
abondants dans les environs. Un fourré dense couvre les jachères en quelques saisons car, si la première année
est défavorable à la fructification ou à la germination, le sol ameubli permet l’établissement des plants l’été
suivant. Le ((verger)), propriété du cultivateur, est nettoyé vers l’âge de cinq ans. Les arbres en excédent sont
éliminés, les branches basses sont élaguées. La saignée commence alors, d’abord modérée, puis plus intense jus-
qu’au jour où le terrain sera remis en culture,
Cette méthode sylvicole simple, efficace et gratuite ne peut être appliquée au Sénégal car on ne rencontre
nulle part aujourd’hui des peuplements assez denses et assez étendus pour permettre leur régénération après
abattage et mise en culture de certaines parcelles. Dans les meilleures stations, la densité moyenne des Gom-
miers atteint 50 pieds à l’hectare et souvent elle ne dépasse pas 10 arbres.
Des essais de semis sur culture de mil ont été tentés dans le Nord du Nigéria en 1938, dans l’Est du Niger
en 1952 et récemment au Tchad dans la province du OuaddaÏ. La technique préconisée est la même, à peu de
choses près, le Service forestier intervenant pour le piquetage, la matérialisation des potets, la mise en place de
50 à 75 graines à l’emplacement de chaque jalon, le démariage des plants et les traitements insecticides. Les
résultats furent en général corrects chaque fois qu’il fut possible de protéger les placeaux contre le bétail pen-
dant trois ans mais partout, dès qu’une brèche apparut dans la clôture, les Gommiers disparurent. DESPIERRE
(1969) évalue le coût de l’hectare reboisé avec une densité de 625 plants à environ 120 hommes/jour. La
méthode <(taungya)) demandant des surfaces cultivées relativement importantes dans des districts où les popu-
lations sont peu abondantes, on a tenté au Tchad en 1966 et en 1967 d’effectuer les semis sur des jachères
récemment abandonnées. Les réussites furent rares et seulement sur des terrains légers et perméables, libérés
l’année précédente, La protection contre les animaux et contre les feux itinérants incombant $I I’Administra-
tion puisque les cultivateurs n’étaient pas associés aux plantations, leur coût fut presque aussi élevé.
Une tentative de reboisement avec des plants élevés en mottes eut lieu au Sénégal en 1958 à M’8idi,
Tatqui et Lagbar où il subsiste aujourd’hui de petits placeaux de Gommiers a proximité des logements des
agents forestiers mais elle ne fut suivie d’aucune action d’afforestation car, les arbres ayant été arrosés durant
plusieurs mois après leur mise en place, le coût des plantations fut jugé prohibitif et la méthode impossible à
vulgariser dans des contrées où l’eau est déjà insuffisante pour les hommes et le bétail. C’est pourquoi, dès son
installation au Sénégal, le C.T.F.T. a inscrit à son programme de recherches la sylviculture des Gommiers. Celle-
ci est aujourd’hui au point. Elle a été expérimentée à Bambey, à Linguère et à Ross-Béthio. Le Service fores-
tier doit l’appliquer ZI partir de 1974 en vraie grandeur dans le Delta et dans la zone sylvo-pastorale.
La technique d’élevage des plants est la même que celle de l’,4cacia a/bida. La germination étant plus
rapide et plus régulière, on compte toutefois seulement 100 à 120 jours entre la date du semis et celle de la
complantation. Les graines de l’année n’ont pas besoin d’être trempées et les vieilles semences ne demandent
que 12 a 24 heures de macération dans de l’eau. Les fruits sont murs en décembre et en janvier. Il faut les
récolter dès que les gousses peuvent se détacher en secouant les branches et les décortiquer immédiatement
car, souvent, 30 à 40 % des graines sont déjà attaquées par des charançons. Après traitement avec un insec-
ticide, les semences se conservent pendant plusieurs années. En semant 3 graines par godet, un kilogramme per-
met d’obtenir environ 4.000 plants.
La méthode des ((grands potets)) paraît être la seule technique de plantation qui soit capable d’assurer
la survie des Acacia les étés où les précipitations sont déficitaires et, bien qu’aucun essai d’équidistante n’ait été
376
réalisé, il semble que l’écartement entre les arbres ne doit pas être inférieur à 5 m. L’élimination des herbes
est indispensable dans les semaines qui suivent la mise en place des plants et très utile a la croissance les
deux années suivantes. La protection contre le bétail conditionne le maintien et l’avenir du peuplement; elle
doit être efficace pendant les trois premières années
Le tableau 111 montre que les taux de reprise et de survie des ,4cacia senega/ et /aeta sont satisfaisants.
La croissance des deux espèces est comparable mais elle varie selon les stations et l’abondance des précipita-
tions enregistrées dans les semaines qui suivent la plantation ainsi que l’année suivante.
TABLEAU 111
Croissance des Gommiers
Une station de recherches sur les Gommiers est en cours de construction à M’Bidi sur financement
C.R.D.I. canadien. Elle doit permettre d’améliarer les méthodes de reboisement et surtout de sélectionner les
meilleures provenances d’Acacia producteurs de gomme arabique.
2 - ANACARDIUM OCCIDENTALE L.
Anacardium occidenta/e s’est révèlé être la plus rustique de toutes les essences forestières introduites au
Sénégal, la seule à pouvoir être propagée par semis directs aussi bien en Basse-Casamance que dans certaines
stations de la région du Fleuve et surtout une de celles dont la multiplication s’effectue au coût le plus bas.
Le fait que le Darcassou ait pû être implanté avec succès sur des sables presque stériles et dans des zones où la
pluviométrie moyenne ne dépasse pas 500 mm a cependant entraîné parfois un excès d’optimisme quant aux
possibilités d’utilisation de l’espèce comme arbre fruitier.
L’Administration conseilla des plantations d’Anacarde dès 1939 pour améliorer la ration alimentaire des
ruraux en fin de saison sèche, époque de fructification des pommes-cajou et période où les réserves alimentaires
détenues par les paysans sont généralement en voie d’épuisement. Des années 1939/1945, il subsiste un cer-
tain nombre de gros arbres disséminés au milieu des terrains de culture dans le Cap-Vert, le Sine-Saloum, les
régions de Thiès et de Diourbei. Ils se sont développés sans concurrence et ils ont été protégés des feux iti-
nérants par les façons aratoires aussi leurs cimes dépassent-elles souvent 10 m de diamètre. Respectés par les
paysans qui les utilisent pour s’abriter aux heures chaudes, ils fructifient en abondance.
Le Service forestier employa pour la première fois le Darcassou en 1949 pour matérialiser les limites des
forêts de Vélor, de Sokone et de Sangako dans le département de Foundiougne. Les noix furent généralement
377
semées à l’écartement de deux mètres sur deux rangées espacées de trois mètres et les plants furent entretenus
en même temps qu’on désherbait le pare-feu périphérique. Il reste aujourd’hui environ dix kilomètres de haies
d’assez belle venue qui fructifient régulièrement malgré le manque d’élagage et l’absence d’entretien. Ces clôtu-
res sont toutefois discontinues car elles ont été détruites par place par des incendies venus de l’intérieur de la
forêt ou des jachères voisines. Le programme n’a pas été poursuivi au-delà de l’année 1950 mais plusieurs person-
nes s’en sont inspirées pour délimiter les propriétés, en particulier dans les régions du Sine-Saloum et de Thiès.
Il est impossible de chiffrer le nombre d’Anacardes qui furent implantés de cette façon mais il est important
et leur production fruitière est loin d’être négligeable.
Quand en 1950 on décida de reboiser le Périmètre de M’Bao, près de Dakar, on choisit Ca.suwi~~~ equise
tifolia, accessoirement Cassia siamea et Eucalyptus camaldulensis, pour des zones fertiles assez humides,.réser-
vant Anacardium occidenta/e pour les sols dunaires. Le but recherché étant de couvrir rapidement le terrain
avec un taillis exploitable comme combustible, les semis furent réalisés à l’écartement de 2 x 06 m, soit à la
densité de 8.300 plants à l’hectare. Les 508 hectares qui furent afforestés en Darcassou après préparation du
sol avec une débroussailleuse ROME PLOW de 1.500 kg tirée par un tracteur CATERPILLAR D 2 sont presque
totalement boisés mais le peuplement présente un aspect très différent selon les parcelles. Quand les arbres
furent protégés de l’alizé par un obstacle ou lorsque les racines tombèrent sur un horizon sous-jacent assez
riche, ils atteignent 3 a 4 m de hauteur et leurs houppiers sont étoffés. Partout ailleurs, les cimes étant régu-
lièrement rabotées par le vent et les plants ne disposant que de peu d’élément minéraux dans le sol, le boise-
ment ne dépasse guère 1,50 m de hauteur. Aucune éclaircie n’ayant été marquée depuis 1960 et le taillis
n’ayant jamais été exploité car sa valeur marchande est nulle, la densité atteint fréquemment 2.000 pieds à
l’hectare et la fructification demeure insignifiante. Les pommes-cajou sont récoltées par les habitants des villa-
ges riverains qui les commercialisent sur le bord de la route.
Sollicité par les Pouvoirs publics pour ouvrir certaines forêts classées aux cultivateurs, le Service forestier
employa l’espèce à partir de 1955 pour enrichir des savanes dans le domaine soudanien. Les superficies conver-
ties en peuplements d’Anacardiumentre 1955 et 1967 représentent environ 3.000 ha (Tab. II 2). Ce chiffre
est inférieur à celui qu’on trouve dans les rapports des Inspections car certaines sufaces furent calculées en se
37%
basant sur les contrats de culture attribués alors que tous ne donnèrent pas lieu à des défrichements ou ne
furent pas suivis de plantation et aussi parce qu’on considéra parfois comme reboisement ce qui, en fait,
n’était qu’une reprise ou un complément d’une plantation antérieure. Il est difficile d’évaluer les zones SusceP-
tibles d’être aménagées pour une exploitation fruitière car, les peuplements n’ayant pû être entretenus depuis
1967 faute de crédits, nombre d’entre eux sont en voie de disparition ou de régression. Lors d’une enquête
effectuée en 1969, nous avons estimé à 1.550 ha les boisements subsistants mais, très certainement, plusieurs
ont été éliminés depuis par la sécheresse dans la région de Diourbel, par des feux itinérants dans le Sine-Saloum.
Les Darcassou sont également utilisables pour la protection des abords des dépressions interdunaires a
vocation maraîchère dans le district des Niayes. 940 hectares furent reboisés entre 1957 et 1968, essentielle-
ment dans la region de Thiès, en employant la méthode ((taungya)> sur culture d’arachide. L’installation des
plantations fut facile et les feux itinérants furent rares. Les seuls problèmes à résoudre furent la lutte contre les
rongeurs, très abondants à proximité des lacs et des zones marécageuses, et la préservation des semis contre
les troupeaux de bovins transhumants. Nous avons recensé en 1969 environ 750 ha aménageables, souvent en
bon état végétatif mais toujours maintenus à une densité trop élevée (tab. 113).
Un ambitieux programme de plantations d’Anacardium fut lancé dans les années qui suivirent l’indépen-
dance dans le cadre de la campagne de reboisement réalisée au début de la saison des pluies par investissement
humain. D’après les communiqués publiés par les préfets et les chefs d’arrondissement responsables de l’opéra-
tion, des centaines d’hectares furent semés sous forme de petites parcelles allant de 0,5 à 3 ha mais, le plus
souvent, les plants introduits dans les cultures à proximité des villages disparurent dès le premier sarclage ou
furent broutés par les animaux domestiques au cours de la première saison sèche. Il subsiste environ 80 ha
disséminés dans les départements de Foundiougne, Nioro du Rip, Sédhiou et Kolda; partout ailleurs, il ne reste
aucun Darcassou,
Une opération antiérosive basée sur la création d’écrans brise-vent de 25 a 50 m de largeur fut financée
à partir de 1966 par la Communauté Economique Européenne. Les travaux qui portaient sur 3.450 ha furent
exécutés en régie par le Service forestier à Thiénaba dans la région de Thiès, à N’Gabou dans la région de
Diourbel et aux environs de Gossas dans le Sine-Saloum au cours d’une période marquée par une sécheresse
TA5LEAU 112
Surfaces enrichies en Anacardium occidentale dans les forêts
S U P E R F I C I E (Ha,)
REGION FORET ANNEE
Reboisée Valable en 1969
Pana1 . . . . . . . u . 61-65 61
Malème Niani. . . . 60-65 97
Sénégal-Oriental Koussanar . . . . . . 64-65 10 45
Tambacounda. . . . 60-65 78
Botou . . . . . . . . . 63-65 25
379
TABLEAU 113
Plantations d’Anacardium dans le district des Niayes
SUPERFICIE (Ha.)
REGION ANNEE
Reboisée Valable en 1969
1957 26 26
1958 60 60
1959 45 45
1960 96 96
1961 97 97
Thiès 1962 115 110
1963 95 48
1965 114 87
1966 90 30
1967 120 115
1968 18 18
1959 7 4
1960 8 4
1961 8 4
Diourbel 1962 8 4
1965 20 4
1966 10 6
1967 10 5
jusqu’alors inconnue dans le secteur soudano-sahélien si bien que plusieurs des reboisements furent rapidement
anéantis et qu’il est difficile de se prononcer sur l’avenir des autres.
La faculté germinative des noix d‘Anacardium occidenta/e ne persiste guère au-delà d’une année en rai-
son de la teneur de l’amande en lipides. C’est ainsi qu’en 1969, après la sécheresse de 1968, la récolte ayant
été insuffisante pour assurer le tonnage de semences nécessaire au programme de reboisement, l’utilisation de
noix stockées depuis 2 ou 3 ans se traduisit par une germination irrégulière bien que les conditions climatiques
aient été favorables au moment des semis. On a donc intérêt à employer des graines fraîches, ce qui est aisé
puisque la fructification intervient entre mars et juin dans les régions de Diourbel et du Sine-Saloum.
Il faut semer le plus tôt possible au début de la saison des pluies car, si les semis tardifs rattrapent par-
fois en hauteur les plants ayant germé de bonne heure, ils demeurent grêles et ils résistent mal pendant la pério-
de sèche. Il y a une quinzaine d’années, on recommandait de semer les noix à sec car elles ne sont détériorées
ni par les insectes ni par la chaleur une fois mises en terre. Elles germent 15 à 20 jours après les premières
averses lorsque le sol demeure humide mais, quand le début de l’été est marqué par des précipitations irrégu-
lièrement réparties ou par une phase de sécheresse prolongée après la levée, les graines pourrissent ou les plan-
tules meurent. On préfère aujourd’hui entreprendre les plantations dans la seconde quinzaine de juillet dans
le Sud-Est du pays, au début d’août dans le Centre et dans l’Ouest. Il arrive néanmoins que certaines années
on doive reprendre les semis.
La méthode {(taungya)) qui fut généralement utiliséa convient très bien à l’espèce à condition de maté-
rialiser l’emplacement des potets par un jalon pour éviter que les paysans ne sectionnent les plantules au moment
des sarclages. L’essence étant de pleine lumière, le démarrage des Darcassou est plus rapide et les plants sont plus
vigoureux après l’enlèvement de la récolte dans les champs d’arachide que sur culture de mil ou de sorgho. Deux
ou trois graines sont enterrées à trois centimètres de profondeur dans chaque potet. Les semences n’étant pas
triées et les noix étant souvent de petite taille, il en faut environ 12 kg pour obtenir une densité de 1.100 plants.
A défaut de graines sélectionnées, il serait souhaitable de choisir, comme à Madagascar, des semenciers en bon
état végétatif caractérisés par un feuillage vert foncé et une floraison abondante sur toute l’étendue de la cime
et de ne retenir que les noix pesant plus de cinq grammes.
Le désherbage ne pose aucun problème quand les cultivateurs sont associés au reboisement mais il est
indispensable d’éliminer les plantes adventices autour de chaque potet tout au long de la première saison des
pluies dans les plantations dont le sol n’est pas cultivé car les jeunes Darcassou sont très sensibles à la
concurrence. Il faut poudrer les plants au niveau du collet avec un insecticide dans les semaines qui suivent
l’arrêt des précipitations pour empêcher les attaques de termites et démarier les semis un an après leur instal-
lation en ne conservant que le plus beau plant. Des essais de fertilisation effectués en Tanzanie et à Madagas-
car ont mis en évidence l’intérêt d’une fumure de fond apportée à la dose de 200 g d’engrais NPK dans le
potet.
Les rongeurs, en particulier Xerus erythropus, furent à l’origine de la disparition de plusieurs plantations
cinq à six mois après leur réalisation. En traitam les zones à reboiser avec des appâts enrobés d’un anticoagulant
au début de la saison seche, on arrive à limiter les dégâts A proximité de la mer où les crabes viennent déterrer les
noix pendant la nuit, la seule parade consiste à rnettre les semences dans une brique creuse mais la méthode est
coûteuse. On signale dans tous les pays des attaciues d’insectes piqueurs Thrips, pucerons et cochenilles. Les domma-
ges causés au feuillage sont généralement peu importants, et toujours limités dans le temps. On assiste par contre
depuis 1964 en Côte d’ivoire, dans la région de Bouaké, à une multiplication massive d’un coléoptère Cerambyci-
de, Analeptes trifasciata f., qui décortique les jeunes pousses et qui annèle les troncs et les branches, entraînant
la mort de la partie de l’arbre située au-dessus de la zone atteinte. Les animaux domestiques, surtout les bovidés,
sont friands des bourgeons, des feuilles et des jeunes rameaux. Il faut assurer la protection des arbres jusqu’à ce que
les houppiers soient hors d’atteinte. Le coût du dernier programme de reboisement, celui qui fut financé par le
F.E.D. en 1965, fut estimé à 34.506 F. CFA l’hectare dont 12.680 F. CFA pour l’enttztien et 13.200 F. CFA
pour la surveillance au cours des trois premières années.
Anacardium occidenta/e se défend mal contre le recru de la végétation naturelle et, en Basse-Casamance,
presque toutes les plantations réalisées en forêt furent rapidement étouffées. L’espèce résiste mal aux incendies.
Quand le tapis graminéen est peu fourni, le passage d’un feu itinérant précoce compromet la fructification mais,
lorsque les herbes sont hautes et denses, les cimes sont calcinées e’t, souvent, les arbres dépérissent et meurent. On
doit donc entretenir les peuplements tout au long de leur existence. Il faut, pour que la production de fruits soit
intensive, que les Darcassou soient amenés progressivement à la densité de 90 à 120 pieds à l’hectare vers la dixiè-
me année. Aucune plantation n’ayant subi un tel traitement, un C<alendrier d’éclaircies a été proposé pour régula-
riser les parcelles les plus récentes implantées à l’équidistante de trois mètres en enlevant ?r 4 ans une ligne sur
trois selon chaque axe puis en intervenant a 7 ans et à 10 ans en supprimant un arbre sur deux. La conversion en
vergers des boisements plus âgés sera sans doute difficile et on ne pourra operer que de façon sélective, à inter-
valles rapprochés, car la concurrence a souvent joué entre les plants, entraînant leur dépérissement et leur dispa-
rition par taches.
Le Neem est l’espèce qui a été la plus cultivée dans les pépinières depuis 1962 et celle qu’on a le plus propa-
gée à travers le Sénégal au cours des Semaines Forestières pour reboiser les villages, les villes et les axes routiers
car elle est très rustique, s’acclimatant aussi bien dans des zones où les précipitations annuelles dépassent 1.300 mm
que dans celles où elles atteignent 400 mm. Nous avons vu qu’on pourrait également l’employer pour créer des
boisements périurbains dans le Centre-Ouest afin d’assurer le ravitaillement des populations en combustible. On
utilise généralement des plants effeuillés de 2 à 3 ans, parfois des baliveaux âgés de 5 a 6 ans. La reprise des bar-
batelles étant aléatoire, quelques sylviculteurs ont préconisé l’usage de plants en mottes de 3 à 4 mois pour les
stations arides mais l’expérience prouve, tout au moins au Sénégal, que les striplings résistent bien sans arro-
sage dans le Sahel quand ils sont complantés à la bonne période sur un sol soigneusement préparé.
Le pouvoir germinatif des graines étant limité à quelques semaines, il faut réaliser les semis le plus
rapidement possible après la récolte. La fructification se situant en avril et en mai dans le Sénégal-Oriental
et dans le département de Linguère, en août et en septembre dans les régions de Thiès et du Cap-Vert, il est
possible d’ensemencer les planches, soit avant la saison des pluies, soit pendant l’été. En semant de bonne heu-
re, on gagne souvent une année dans l’élevage des plants. Azadirachta ir~dica est produit en pleine terre. Il est
recommandé de transplanter les plantules un an après la germination et de les disposer à 30 cm les unes des
autres pour qu’elles se développent plus régulièrement, car, souvent, la réussite du reboisement est liée à la
vigueur végétative des plants. La complantation sur grands potets est la meilleure technique aussi bien en zone
sahélienne que dans le domaine soudanien. On doit veiller à préserver le système racinaire de la dessiccation pen
dant les transports et à sectionner lors de la mise en place toutes les parties blessée%
On rencontrait, il y a une trentaine d’années encore, d’importantes rôneraies dans l’Ouest africain. &a-
blies sur des sols sédimentaires souvent fertiles elles ont presque partout été défrichées par les paysans. Seules
se sont maintenues celles qui furent incorporées au domaine forestier à condition toutefois, qu’on ait pû inter-
dire l’installation, même temporaire, des cultivateurs. L’exemple le plus frappant de la dégradation des peuple-
ments ayant reçu un aménagement sylvo-agricole est donné par la palmeraie de Pire, dans le département de
Tivaouane. Alors qu’en 1950 on escomptait obtenir 40 à 60 pieds exploitables à l’hectare en établissant une
rotation des jachères, on est arrivé aujourd’hui à la disparition totale des rôniers malgré une importante régé-
nération naturelle. Les stipes adultes furent coupés clandestinement, les jeunes plants furent brûlés au moment
de la p¶tion des cultures, les feuilles des rejets furent surexploitées pour la vannerie. Il semble donc qu’à
proximité des villes et dans les régions à forte densité démographique l’élimination des palmeraies suscepti-
bles de produire du bois de service soit un ph&nomène irréversible, Sur le plan économique, le maintien de tels
boisements est du reste difficilement défendable car le rônier demande des terres riches et humides donc exploi-
tables pour l’agriculture alors que le matériau de construction qu’on peut en retirer est très long à produire
et ne présente qu’une faible valeur. Par contre, en raison des multiples emplois du palmier dans l’artisanat et
des ressources complémentaires qu’il peut apporter aux populations rurales, il est indispensable d’assortir toute
mise en culture d’une rôneraie d’un plan d’aménagement destiné à récolter le maximum de feuilles.
Borassus aethiopum est facile à multiplier par semis. La noix demande environ un mois pour germer,
émettant un axe hypocotyle qui s’enfonce dans le sol jusque vers 40 cm de profondeur tandis qu’une ébauche
de feuille se dirige vers la surface. Le stipe demeure enfoui pendant six à huit ans et seules une vingtaine de
palmes bien développées apparaissent, formant un bouquet de 2 à 3 m d’envergure. ((Le tronc commence alors
à sortir du sol et s’élève en hauteur à la façon d’une colonne qui serait construite en empilant des disques les
uns sur les autres, chaque disque correspondant à l’empreinte foliaire d’une feuille qui reste visible sur fe tronc)).
(BELLOUARD - 19501, La croissance en hauteur est fonction de la fertilité du sol et de la quantité d’eau
disponible dans les horizons sous-jacents car l’enracinement est peu profond. Elle dépasse rarement 30 cm par
an. Elle est compromise quand on supprime les feuilles avant qu’elles aient atteint la seconde année si bien que,
lorsqu’on prélève les palmes au fur et à mesure qu’elles sortent de terre, le tronc ne se développe jamais,
Les reboisements imposent une continuité dans l’effort pendant une dizaine d’années car ils peuvent être
anéantis tout d’abord par les enfants qui déterrent les noix pour manger les bourgeons puis par les villageois
qui récoltent les palmes. Essence de pleine lumière, le Rônier ne supporte pas le recru de la végétation natu-
relle et de fréquents dégagements sont indispensables quand on l’installe en forêt. Peu sensible aux feux itiné-
rants lorsque le bouquet terminal est hors de portée des flammes, le jeune palmier est une proie facile pour
l’incendie quand il est enfoui au milieu des graminées. Les jeunes feuilles enfin sont recherchées par le bétail.
Des plantations ont été réalisées dans tous les pays du domaine soudanien mais nulle part les résultats
furent encourageants. Au Sénégal, il ne subsiste à peu près rien des 2.000 ha reboisés en Casamance et dans le
Sine-Saloum entre 1952 et 1958 et l’essence est maintenant abandonnée par le Service forestier. Seuls quelques
paysans sérers continuent à renouveler aux environs de Thiès les Borassus qu’ils cultivent dans leurs champs
pour l’exploitation du vin de palme.
Cassis siamea fut jusqu’en 1955 l’essence que la plupart des forestiers recommandaient pour des planta-
tions dans les régions tropicales, en particulier dans le domaine soudanien chaque fois qu’on envisageait de pro-
duire du bois de feu ou des perches car elle rejette bien de souche. On l’utilisa au Sénégal pour des reboisements
dans certaines forêts de Basse-Casamance et de la région de Thiès; on la propagea dans toutes les villes et par-
fois le long des routes au cours des premières ((Semaines forestières)). Considérée comme plast(que, l’espèce
fut souvent introduite en Afrique de l’Ouest dans des stations marginales au point de vue climatique et sur-
tout sur des sols impropres à sa croissance. Beaucoup de ces boisements ayant rapidement dépéri ou ayant été
attaqués par des parasites, Cassis siamea n’est plus aujourd’hui cultivé dans aucune pépinière sénégalaise.
Des plantations par semis directs furent entreprises avec succès dans des pays où il est facile de se pro-
curer des semences, où les pluies sont régulièrement réparties au cours de l’été et où les précipitations annuel-
les dépassent 1 .OOO mm. La technique impose toutefois un défrichage complet des parcelles, un labour du sol
et de fréquents désherbages au cours des semaines qui suivent la mise en place des graines. Il faut environ
500 grammes de semences à l’hectare en utilisant 5 à 6 graines par potet. L’élevage des plants en pleine terre
et leur complantation en barbatelles âgées d’un an constitue la méthode de reboisement la plus courante, celle
qui fut adoptée au Sénégal. L’espèce supporte mal le dépaysement quand on la transplante en stripplings et
seuls peuvent être déplacés sans risque des baliveaux de grande taille dont le bois est bien aoûté.
Cassis siamea est sensible à la concurrence de l’herbe dans le jeune âge et il résiste mal au feu. Sur le
plan phytosanitaire, on signale des attaques de champignons, en particulier Pdyporus sp., Phoedus manihotis,
Phomopsis sp, des défoliations causées par un Piéridé, des annellations du bois provoquées par un Ceramby-
cide et surtout des maladies à virus.
384
Casuarina equiset/fd/a est la meilleure essence qu’on puisse utiliser dans la zone littorale pour fixer les
dunes, protéger les cultures maraîchères et souvent produire du bois de feu et de carbonisation car elle se
développe rapidement sur des sols squelettiques quand ils sont légers et pourvus d’une nappe phréatique à fai-
ble profondeur, elle supporte les embruns, elle résiste au vent, elle se taille facilement et elle donne un maté-
riau au pouvoir calorifique élevé, apprécié des b’ûcherons. Ayant besoin d’un taux d’humidité atmosphérique
important, le filao ne peut toutefois être employé en dehors des districts côtiers. C’est ainsi qu’à Thiès la
plupart des brise-vents qui entourent des vergers ont dépéri au cours de la période 1970-1973 anormalement
sèche et qu’à Keur-Mactar, dans le point d’essai du C.T.F.T., l’espèce accuse 34 % de mortalité entre la seconde
et la troisième année alors que le peuplement dépasse trois mètres de hauteur.
Le Filao ne supporte pas d’être complanté à racines nues dans les contrées à longue saison sèche. Les
techniques appliquées au Sénégal pour l’élevage des plants et la réalisation des reboisements sont encore celles
qui furent employées entre 1949 et 1958 pour l’afforestation des dunes littorales du Cap-Vert. Les semis sont
entrepris en janvier dans des gaines de 10 à 15 cm de longueur emplies d’un mélange de sable et d’humus pré-
levé sous des peuplements de Casuarina puis les, plantules sont démariées et repiquées dans d’autres sacs quand
elles atteignent 7 à 8 cm de hauteur. La complantation a lieu en juillet sur simple trouaison. Le coefficient de
reprise est en général excellent mais les plants doivent être arrosés régulièrement jusqu’à la saison des pluies
suivante, ce qui nécessite environ 500 journées de manœuvre par hectare (MAHEUT et DOMMERGUE - 1959).
Les semis en sacs et non en germoirs enticainent un important gaspillage de graines car, les apports d’eau
étant dispensés avec des arrosoirs, beaucoup de semences sont entraînées par le liquide avant d’avoir pu germer.
Cet inconvénient est considéré comme négligeable car il est aisé de récolter des fruits à Dakar et dix kilogram-
mes de cônes cueillis verts donnent en moyenne, après 3 à 4 jours de séchage, 3OO”OOO à 700900 graines fer-
tiles dont le pouvoir germinatif se conserve pendant une année. Nous pensons par contre qu’en utilisant des
plants élevés dans des gaines de 30 cm de longueur, pourvus d’un système radiculaire beaucoup plus développé
et mieux équilibré, il serait presque partout possible de reboiser sans arrosage ou tout au moins de limiter les
apports d’eau a quelques mois dans les stations les plus arides en effectuant les plantations en avril et en mai.
Un petit boisement réalisé en ‘l964 sur sous-solage près du lac Tamna par l’inspection de Thiès, des essais
d’implantation sur grands potets entrepris à Ross-Béthio en 1969 et à Keur Mactar en 1971 par le C.T.F.T.
ont prouvé que l’espèce pouvait très bien reprendre et résister à la première saison sèche sans arrosage.
7- LES EUCALYPTUS
Espèces à croissance rapide, les Eucalypt,us sont très employés dans les régions méditerranéennes et tro-
picales pour produire du combustible, pour alimenter des usines de pâte à papier et pour protéger les cultures.
Les peuplements ne se régénèrent pas par semis dans la plupart des pays où on les a implantés mais ils peuvent
généralement être exploités en taillis pendant ,trois ou quatre révolutions avant que les souches ne s’épuisent.
Une cinquantaine d’espèces furent expérimentees à Dakar entre 1930 et 1958 dans le Parc de Hann mais aucun
reboisement ne fut entrepris en dehors de la region du Cap-Vert, Ce n’est qu’à partir de 1966 que le C.T.F.T.
mit en place un programme pour tester des Eucalyptus dans les différentes zones écologiques. Trente et une
espèces ont déjà été introduites dans diverses stations, en particulier à Bambey, à L.inguère, à Ross-Béthio et à
Keur-Mactar. Trente cinq nouvelles espèces récoltees en 1973 dans le Nord de l’Australie au cours d’une mis-
sion effectuée par un représentant du C.T.F.T. travaillant en collaboration avec l’Institut de Recherches Fores-
tières de Canberra seront essayées en 1974 et en 1975. Il faudra attendre 7 à 8 ans avant de connaître celles qui
sont les mieux adaptées mais, dès à présent, certaines provenances d*E. camakkdensis et d’E. micmtheca peu-
vent être conseillées pour des plantations, les premières sur sol ((Dior)), les secondes sur sol ((Deck)), dans tou-
tes les régions où les précipitations sont supérieures à 600 mm et dans quelques stations sahéliennes où le défi-
cit pluviométrique est compensé par la présence d’une nappe phréatique proche de la surface.
385
L’élevage des Eucalyptus est délicat en raison de la finesse des graines de la plupart des espèces et de la
fragilité des plantules. Seuls des plants en mottes peuvent être utilisés mais ils ne reprennent, ils ne résistent à
la sécheresse et ils ne se développent correctement que lorsque leur système radiculaire atteint un développement
optimum au moment de la complantation. Il faut reconnaître que les pépiniéristes qui sont capables de pro-
duire de tels sujets sont actuellement très rares au Sénégal. Les fruits sont des capsules de 0,5 à 1,5 cm de dia-
mètre qui s’ouvrent quelques jours après la récolte, libérant des graines dont la faculté germinative persiste 3
ou 4 ans. Les semis doivent être réalisés dans des germoirs et l’eau doit être distribuée avec des pulvérisateurs
jusqu’au moment où les plantules atteignent 3 cm de hauteur. On parvient ainsi à obtenir plus de 200.000
plants avec un kilogramme de semences d’f. cama/du/ensis ou d’f. microtheca, alors qu’en épandant les grai-
nes à la surface des godets et en mouillant celle-ci avec des arrosoirs on arrive a peine à repiquer 5.000 plants
avec la même quantité de semences. La germination commence vers le cinquième jour. Elle nécessite un abri
vertical et une protection latérale dans la zone continentale mais il faut maintenir une bonne aération au-dessus
des germoirs pour empêcher la fonte. Les repiquages sont entrepris quand les plantules ont quatre feuilles extra-
cotylédonaires, soit environ un mois après le semis. La transplantation est plus minutieuse que celle des autres
essences. On doit travailler sous ombrière, presque toujours en dehors des heures chaudes, exposer le moins
longtemps possible les radicules à l’air, veiller à ce que le pivot ne forme pas une crosse et arroser avec un pul-
vérisateur jusqu’à ce que les brins se soient redressés. On compte entre 120 et 135 jours entre le semis et la
complantation, Les Eucalyptus mesurent alors 40 à 80 cm selon les espèces. Plus développés, ils reprennent
difficilement et ils dépérissent souvent au cours des trois premières années; plus petits, ils résistent mal à la
sécheresse.
La mise en place sur grands potets est la technique qui nous paraît la plus appropriée, la seule qui soit
valable dans le domaine sahélien et dans le secteur soudano-sahélien. Il est nécessaire dans presque toutes les
stations d’incorporer 20 g de Dieldrine au sol au moment de la plantation et d’effectuer un poudrage au niveau
du collet après l’arrêt des pluies car toutes les espèces sont très sensibles aux termites. Des essais de fertilisa-
tion ont montré qu’un apport de 150 g d’engrais complet au fond du potet entraînait un démarrage plus rapi-
de des plants qui se traduisait généralement par une meilleure résistance à la sécheresse et par une croissance
supérieure au cours des cinq premières années. Les expérimentations que nous avons menées ont prouvé qu’il
était presque partout possible de planter des Eucalyptus au Sénégal sans les arroser à condition d’éliminer tou-
te concurrence dans les semaines qui suivent la mise en place. La méthode ((taungya)) peut être envisagée au
sud du 14e parallèle mais au nord, le terrain doit être maintenu sans aucune herbe, sans aucune plante sarclée.
E. cama/du/ensis, synonyme E, rcxtrata Schlecht, que les Australiens nomment ered gum)), ((Murray red
grum)) ou ((river gurn)) selon les provinces, est un arbre à la cime fortement charpentée et au tronc relativement
court, surtout dans les formations ouvertes, qui atteint 24 à 40 m de hauteur et 90 à 210 cm de diamètre.
C’est l’espèce la plus répandue en Australie et celle qui est aujourd’hui la plus utilisée pour des reboisements
dans les contrées méditerranéennes et tropicales. Son aire de distribution couvre plus de 5 millions de kilomè-
tres carrés, soit toutes les régions du continent à l’exclusion de la partie méridionale de l’Australie-Occidentale,
des lisières littorales du Victoria, de la Nouvelle Galles du Sud et de l’Est du Queensland, mais les peuplements
étendus sont rares, l’essence colonisant essentiellement les berges des cours d’eau et des plaines d’inondation.
Cet Eucalyptus accepte une gamme de conditions climatologiques allant du climat tropical au climat
tempéré. Les principales zones sont toutefois caractérisées par des températures comprises entre - 6’r.I pour
les minima et + 54’C pour les maxima. La hauteur de la lame d’eau enregistrée dans l’année se situe entre
250 et 650 mm mais les arbres doivent compter sur des inondations saisonnières ou sur une nappe phréatique
proche de la surface dans les secteurs où la pluviométrie est inférieure à 400 mm. E. cama/du/ensis se dévelop-
pe sur des sols argileux lourds, sur des terrains alluvionnaires sableux, parfois même sur des sols peu profonds
reposant sur des roches calcaires. Bien que l’humidité soit un élément indispensable $I la croissance du jeune
386
Plantation d’Eucalypws camaidulensis âgée de 3 ans Placeau d’Eucalyptus microtheca âgé de 5 ans
à Ross-Béthio
plant, l’essence peut subsister dans des régions où les précipitations sont très faibles et aléatoires (TURNUBULL,
1973).
PRYOR et BYRN (1969) ont mentionng des différences dans la couleur de l’kcorce et des feuilles juvé-
niles, dans la forme de l’opercule et du feuillage ainsi que la présence ou l’absence de tubérosités ligneuses.
KARSHON (1972) envisage une division en deux sous-espèces situées de part et d’autre d’une ligne allant de
Rockhampton dans le Queensland à Broome dans [‘Australie-Occidentale qui sépare approximativement les
zones à pluies d’été de celles à pluies d’hiver. Les études de BANKS et HILLIS (19691 sur les polyphénols des
feuilles et des graines confirment la division Nord-Sud mais ces chercheurs estiment qu’il existe à l’intérieur des
deux régions des variations entre les principaux réseaux de drainage dûes au fait que l’espèce est liée aux cours
d’eau et qu’il n’y aurait eu au cours des âges aucune occasion d’échanges génétiques entre certaines populations
appartenant à des bassins voisins.
E. cama/du/ensis a été introduit au début du siècle dans la presqu’île du Cap-Vert où il s’est acclimate.
ADAM (1956) a montré que l’espèce est aujourd’hui souvent hybridée avec E. rudis et E. tereticornis, ce qui
explique que les descendances soient très héterogènes. Nous n’avons retrouvé aucun renseignement sur l’origine
des graines mais nous pensons qu’elles avaient dû être récoltées dans un arboretum d’Europe méridionale ou
d’Algérie car il existe une affinité entre la coloration et la forme des jeunes feuilles des plants issus des semen-
tiers du Parc de Hann et celles des provenances méditerranéennes. 26 origines de I’Hinterland tropical austra-
lien fournies par Forestry and Timber Bureau de Canberra ont été testées au Sénégal depuis 1968 et une nou-
387
velle collection de 31 provenances, récoltées en 1973 par le C.T,F.T. dans le district de Kimberly, le Territoire
du Nord et le Queensland septentrional, sera mis en place en 1974 et en 1975. Les essais d’élimination effec-
tués à Ross-Béthio, Bambey, Keur-Mactar et même M’Bao ont prouvé que les provenances du nord de I’Austra-
lie sont toutes supérieures a la ((variété Hann)) et aux origines marocaines et tunisiennes. Parmi elles, le
n”8298/FTB et le no841 l/FTB semblent particulièrement résistants à la sécheresse et intéressants par leur
croissance (Tab. 114). Il faut attendre les résultats des nouveaux essais d’introduction avant de conclure mais,
dès à présent, une plantation conservatoire de ces deux origines a été installée à Koutal par le C.T.F.T. dans
une station où aucune hybridation n’est possible de façon à assurer le ravitaillement en semences du Service
forestier. L’espèce fructifie abondamment au Sénégal en avril.
Dénommé Coolibah en Australie, E. r-rkrotheca est une essence des régions arides et semi-arides dont
l’aire s’étend entre le 14e et le 33e parallèle Sud, couvrant la partie septentrionale de l’Australie-Occidentale,
le Territoire du Nord et le Queensland à l’exclusion des districts littoraux, le nord de la Nouvelle-Galle du
Sud et de l’Australie Méridionale. On le retrouve en Australie-Occidentale dans le secteur de Gascoyne. On ne
le rencontre pas en peuplements purs mais associé avec des Acacia, divers Eucalyptus et parfois, à la limite
des forêts soumises à la mousson, avec des Melaleuca. Sa taille et sa forme varient considérablement d’une sta-
tion à l’autre. Tantôt il se présente sous l’aspect d’un arbre de 15 à 20 m de haut et d’un mètre de diamètre,
au fût dégagé sur le tiers ou le quart de la hauteur; tantôt il ne dépasse pas 10 m et son tronc se ramifie dès
la base.
TABLEAU 114
Y=
STATION
‘% Ht % Ht Cir. % Ht Cire. % Ht Cire. %
Le climat est généralement du type continental dans la zone de dispersion de l’espèce. Il est marqué par
des étés chauds au cours desquels les températures maximales moyennes atteignent 38’C et par des hivers où
le thermomètre dépasse 26’C pendant la journée mais peut descendre au-dessous de O’C pendant la nuit. La
pluviométrie moyenne est de l’ordre de 250 à 625 m. E. microtheca est caractéristique des formations de sava-
ne ouverte dans des stations inondées saisonnièrement, en bordure de marécages, de lagunes et de cours d’eau.
Il se développe depuis le niveau de la mer jusque vers 600 m d’altitude sur différents types de sols mais il sem-
ble préférer les terrains lourds d’origine sédimentaire, en particulier les argiles alluviales et alcalines.
Le bois étant considéré comme n’offrant guère de valeur commerciale en Australie, les forestiers ne se sont
pas occupés de la sylviculture de cet Eucalyptus. Il a été introduit dans de nombreux arboretum des régions
388
méditerranéennes et tropicales mais il n’a été utilisé en reboisement qu’en Irak, dans la vallée de I’Euphrate, et
au Soudan, dans la plaine du Nil, pour produire du combustible. Expérimenté pour la première fois au Sénégal
en 1967 à Bambey et à Déni-Youssouf, sur sol ((Deckr), puis en 1968 à Ross-Béthio, sur les berges de Lampsar,
et à M’Bao, dans une niaye sèche, il s’est révèlé être l’espèce la plus résistante à la sécheresse au cours de la
période 1970-I 973 sur des terrains lourds et compacts. Euca/yptus microtheca semble par contre ne présenter
aucun intérêt sur les sols ((Dior)). Parmi les provenances que nous avons testées, l’origine pakistanaise ((Dera
lsmaël Khan)) est celle dont la forme est la meilleure et celle dont le développement est le plus rapide. 95 %
des arbres sont vivants à RossBéthio et à M’Bao cinq ans après la complantation. Ils mesurent 10 à 12 m de
hauteur et ils atteignent en moyenne 33,7 cm sur la circonférence dans la première station et 43,6 cm dans la
seconde. La fructification intervient au mois d’octobre.
Essence à croissance rapide dont le bois est susceptible d’être utilisé en menuiserie ordinaire et en cais-
serie, dans les industries du déroulage et de la pâte à papier, comme poteau de mine et comme combustible,
Gmeha arborea est aujourd’hui largement propagé en Afrique de l’Ouest dans les zones guinéennes et prégui-
néennes, en particulier au Nigéria, en Côte d’lvoire et en Sierra-Leone. Les échecs qui ont été signalés çà et là
dans des reboisements tiennent essentiellement au fait que les conditions climatologiques et édaphiques néces-
saires à un développement correct de l’espèce n’avaient pas été respectées. Enthousiasmés par son accroissement
spectaculaire, abusés par sa prétendue plasticité, plusieurs forestiers ont en effet planté du Gmelina sur des sols
pauvres ou dans des stations marginales, oubliant que l’arbre était sensible à un excès d’humidité atmosphéri-
que, qu’il supportait mal la sécheresse et que s’il était tolérant quant au terrain, il preférait des sols bien drai-
nés dont l’acidité croît avec la profondeur.
La complantation a lieu généralement avec des plants effeuillés âgés d’un an, rarement avec des barba-
telles car les peuplements issus de stumps sont souvent moins réguliers que ceux installés à partir de striplings.
Il y a une vingtaine d’années, des essais de semis directs furent entrepris en Sierra-Leone en enterrant dix grai-
nes par potet sur divers sols de savane guinéenne dégradée, préparés selon fa méthode ((taungya)). Les résul-
tats furent décevants, ne donnant guère plus de 60 % de réussite dans les meilleures stations. L’expérience a
prouvé, tant en Asie qu’en Afrique, que le Yemane était très sensible à la concurrence des adventices et du
recru de la végétation préexistante au cours des premières années. Il faut donc, soit associer les cultivateurs au
reboisement, soit effectuer plusieurs désherbages dans les mois qui suivent la mise en place des plants. Les plan-
tations de Basse-Casamance sont réalisées sur ri.z pluvial après défrichement par les paysans, celles de Gambie
sur arachide après exploitation du peuplement par des bûcherons et une première culture de mil. La seconde
technique permet d’avoir un terrain plus propre au départ, plus facile à nettoyer ultérieurement.
Les plants sont élevés en pleine terre dans des pépinières volantes installées en forêt. Les semis ont
lieu en juin. La germination intervient après deux semaines et les plantules atteignent 80 à 120 cm de hauteur
quand on les arrache l’année suivante au début de la saison des pluies. Aucun arrosage n’est nécessaire mais
les planches doivent être désherbées régulièrement tant que durent les précipitations puis poudrées avec un insec
ticide en début de période sèche. Les forestiers anglophones conseillent de repiquer les plantules quelques
semaines après la germination pour obtenir des sujets plus vigoureux et plus homogènes. On compte environ
450 fruits, soit 1.300 graines, dansun kilogramme. Le pouvoir germinatif des semences fraîches atteint 90 %
mais il ne dépasse guère 30 % après un an, même lorsque les graines ont été dépulpées, lavées et séchées après
la récolte.
Il est indispensable de maintenir le terrain aussi propre que possible jusqu’à ce que le couvert se referme
et étouffe les graminées car, bien que Gme/ina arbcwea ait la réputation de résister au feu dans son aire d’ori-
gine, en Basse-Casamance, les plantations sont entièrement détruites quand un incendie les parcourt au cours
des deux premières années. Une équidistante de 2 m entre les plants est généralement adoptée pour couvrir
389
Khaya senegalensis
390
rapidement le sol et favoriser l’élagage des branches basses qui est médiocre. Il faut toutefois très vite éclair-
cir les peuplements car, la croissance initiale des arbres étant forte, leur maintien à l’état serré nuit à kur
développement. Aucun calendrier n’a encore eté établi pour la conduite des plantations sénégalaises mais il est
probable qu’on devra intervenir tous les trois ans à partir de la quatrième année pour amener le boisement à
une densité de 225 plants à l’hectare à l’âge de 12 ans. La forme de l’essence étant souvent médiocre, les
éclaircies doivent être sélectives dès le second passage. A Bignona, les responsables des plantations de la
C.A.F.A.L. estiment qu’il est rentable de marquer de bonne heure les sujets d’avenir et de les élaguer. Aucune
recherche n’a été entreprise dans l’Ouest-africain sur Yamélioration génétique de Gme/ina arborea et tous les
reboisements sont issus de graines provenant a l’origine de semenciers implantés en Nigéria. Etant donnée l’éter-
due de l’aire de dispersion de l’espèce dans le Sud-Est asiatique, il devrait être possible de sélectionner des pro-
venances plus résistantes à la sécheresse que celle qui est actuellement utilisée.
Khaya senega/ensis, l’un des meilleurs bois d’œuvre du domaine soudanien, fut employé en reboisement
jusque vers 1955 dans tous les pays situés au Sud du Sahara entre les isohyètes 650 et 1 300 millimètres. Au
Sénégal on l’a multiplié dans toutes les régions, en particulier dans les forêts de Djibélor, des Bayottes, des
Kalounayes et de Bandia. Attaquée par Hypsipy/a robusta, l’essence est aujourd’hui partout délaissée par les
sylviculteurs qui lui préfèrent, selon les stations, Tectana grandis, Gme/ina arborea ‘ou divers Eucalyptus et elle
n’est guère plus utilisée que pour des plantations en alignement. Nous avons vu qu’il serait vraisemblablement
possible de lutter contre le borer au moyen de traitements insecticides mais leur application jusqu’à ce que
le tronc ait une taille marchande serait beaucoup plus onéreuse que la valeur du matériau qu’on retirerait des
boisements.
Les plantations forestières furent exécutées avec des plants effeuillés de 0,50 à 1 m de hauteur, âgés de
1 à 2 ans, parfois avec des stumps; les plantations urbaines sont réalisées avec des hautes tiges ayant séjourné
3 à 4 ans en pépinière, quelquefois plus longtemps. L’élevage des plants est facile en pleine terre. Les capsules
doivent être récoltées avant qu’elles ne s’ouvrent. En séchant, elles libèrent des graines dont la faculté germinati-
ve, excellente au début, décroît rapidement pour devenir à peu près nulle après six mois. L’espèce demande un
sol profond, filtrant et riche ce qui explique que certains peuplements aient végété ou rapidement dépéri quand
on les a implantés sur des terrains superficiels ou mouilleux. Elle supporte mal la concurrence et elle est très
sensible au feu au cours des premières années,,
10 - LES MELALEUCA
Nous avons vu que les Melaleuca dont le bois constitue un excellent matériau pour la carbonisation
étaient susceptibles d’être employés pour l’afforestation de certains districts aux sols salés et inondés saison-
nièrement. Des expérimentations sont menées depuis 1971 pour tester des provenances d’Australie et de Nou-
velle-Calédonie. Ces essais ne sont guère aisés à conduire car les sylviculteurs et les Instituts de Recherche
Forestière travaillant dans l’aire de dispersion de ces espèces ne s’étant jamais intéressés à elles en tant qu’essen-
ce de reboisement, il est très difficile de se procurer des semences, même en petite quantité. Une collection de
dix provenances a pu être rassemblée après la mission effectuée en 1973 par le C.T.F.T. en Australie. Elle
sera installée dans différentes stations mais, dès à présent, l’origine introduite en 1933 dans le Parc de Hann
peut être retenue pour des plantations dans les Niayes et sur certains tannes du Sine-Saloum. Sa croissance,
variable selon les sols, est correcte et les rendements en bois sont importants dans des zones submergées un à
trois mois chaque année (Tab. II 5). Elle ne peut toutefois être employée que sur des terraines légers et humi-
des car elle semble exigeante en eau. Quand le site lui convient comme à Hann ou à Kabatoki, elle se régénère
naturellement par graines.
391
TABLEAU 115
A G E (années) 2 3 4 5 6 7 a
STATIONS Ht Ht H t Cire. H t Cire. H t Cire. H t Cire. H t Cire.
- M’BAO . . . . . . . . . . . . . . . 261 295 326 23,5 535 25,0 600 28,4 641 30,3 670 30,8
(niaye parfois inondée)
- TAMNA . . . . . . . . . . . 224 274 300 13,2 348 16,7 390 19,2 408 21,2 432 22,2
(sable et coquillage stérile)
- KABATOKI . . . . . , . . . . . 203 288 370 17,5 500 23,8 563 27,l 651 33,2
(sol salé, régulièrement inondé)
- KOUTAL .. . . . . . . . . . . . . . . .
(A. seyal et C. glutinosum)
La technique d’élevage des Niaouli est la même que celle des Eucalyptus. La fructification, souvent abon-
dante, intervient en toutes saisons et les capsules qui mesurent 0,5 cm de diamètre s’ouvrent rapidement, libé-
rant des graines très fines dont le pouvoir germinatif se conserve pendant près de deux ans. Il faut surveiller
attentivement les semis car la germination demande trois semaines et la croissance initiale des plantules est très
lente, surtout pendant la période fraîche. Les repiquages sont par contre beaucoup plus faciles qu’avec les
Eucalyptus car le pivot n’a pas tendance à former une crosse. Deux types de reboisements peuvent être envi-
sagés, l’un en août pendant la saison des pluies, l’autre en octobre et décembre dans des zones submergées, au
fur et à mesure que le terrain s’assèche. Dans le premier cas, il faut entreprendre les semis en janvier; dans le
second cas en mai Les sols réservés aux Melaleuca ayant une valeur agricole médiocre ou nulle, la méthode
392
((Taungya)) peut rarement être appliquée. Sur les sols non inondés, en particulier sur ceux dont la teneur en
eau est faible, nous recommandons des plantations sur grands potets avec apport de 150 g d’amendement miné-
ral au fond du trou et deux désherbages avant l’arrêt des pluies mais, dans des stations humides afforestées en
automne, on peut se contenter d’installer les plants sur simple trouaison et il semble inutile d’éliminer les
adventices, celles-ci favorisant la reprise en protégeant les Niaouli de la déshydratation (GIFFARD - 19721.
Introduit au Sénégal depuis le XVIIIe siècle et devenu subspontané dans plusieurs régions, en particulier
dans le Delta où on trouve de vieux arbres de forte taille en bordure du Lampsar, Prosopis chi/ensis est souvent
employé pour entourer des jardins mais il n’a jamais été employé pour des reboisements forestiers. En Améri-
que latine, les peuplements naturels sont exploités pour fabriquer des encadrements de portes et de fenêtres,
des traverses de chemin de fer, des pavés et des piquets de clôture. Au Cameroun, l’essence a été plantée pour
produire du combustible et récemment, au Niger, on l’a multipliée pour créer des écrans brise-vent et fixer des
SOIS érodés. La variété ve/utina, originaire de l’Arizona, a été cultivée en Inde comme arbre fourrager.
Bien que l’espèce se régénère naturellement dans la plupart des stations où elle a été implantée, on a
rarement entrepris des plantations par semis directs car les plants sont sensibles à la concurrence des herbes au
cours des deux premières années. On emploie soit des plants en mottes âgés de 4 à 5 mois, éduqués dans des
gaines de polyéthylène de 30 cm de longueur, soit des stumps préparés avec des plants de 2 ans ayant 15 à
2,5 cm de diamètre au niveau du collet dont on ne garde que le pivot. L’élevage en pleine terre ou en godets
est facile. Les semences ne peuvent être extraites qu’après trempage des fruits dans de l’eau pendant 3 à 4
jours ou mieux, après les avoir déshydratés dans une étuve maintenue à 4O’C durant 24 heures aussi les semis
sont-ils généralement effectués avec des segments de gousses, sans éliminer la pulpe. On compte dans un kilo-
gramme environ 35.000 graines ou 500 gousses renfermant 8.000 graines. La fructification intervient en avril
et en mai dans le Delta, en août et en septembre dans le Cap-Vert. Elle est abondante sur les arbres âgés. La
germination qui commence vers le 8è jour, est régulière quand les semences sont fraîches et non attaquées par
des charançons. Les graines décortiquées se conservent pendant plusieurs années.
Dans les zones arides, les reboisements doivent être exécutés sur grands potets, de préférence après trai-
tement des parcelles selon la méthode des ((arêtes de poisson)) pour collecter les eaux de ruissellement. Le
développement de Prosopis chIensis varie considérablement d’un point à l’autre dans une plantation, souvent à
distances très rapporchées. Nous avons constaté à Ross-Béthio, à Koutal et à Keur-Mactar dans les essais du
C.T.F.T. que certains plants végétaient, les extrémités de leurs branches séchant régulièrement après l’arrêt des
pluies, alors que d’autres dont les rameaux sont plus foncés, partent rapidement. Il semble que les sols argilo-
siliceux ou limoneux soient plus favorables à l’essence que les sols ((Dior)) et les sables dunaires. D’après SAR-
LIN (1969), la croissance dépend en premier lieu de l’eau disponible dans le sol puis de la structure du terrain
et de sa composition chimique. Le potassium, l’azote et peut-être le bore représenteraient les éléments condi-
tionnant la production de bois, NaCl serait un obstacle, sauf à très faible dose. Nous avons tenté d’introduire
Prosopis tamarugo, une espèce voisine qu’on rencontre au Chili sous climat très sec dans des marécages salés.
Tous les plants disparurent dans les semaines qui suivirent la complantation, peut-être parce que la provenance
était issue d’une zone d’altitude.
12 - TECTONA GRANDIS L.
Le bois de teck étant l’un des matériaux d’ébénisterie et de décoration les plus cotés sur les marchés
européens et américains, Tectona grandis est depuis une quinzaine d’années l’essence forestière qui a été la plus
utilisée pour des reboisements en Afrique de l’Ouest, surtout dans les pays francophones, dans des zones où
les précipitations, comprises entre 1.300 et 2.000 mm, sont caractérisées par une saison sèche de 2 à 4 mois.
393
Tous ces peuplements sont issus de semenciers introduits en 1901 au Nigéria ou en 1907 au Togo dont on a
perdu la trace de l’origine asiatique. L’espèce s’est acclimatée en Basse-Casamance mais la provenance employée
n’est plus valable au Nord et à l’Est de Bignona où la pluviométrie est trop faible et l’aridité trop accentuée
pendant la période sèche, La F.A.O. a entrepris en 1971 avec l’Institut de Recherches Forestières du Danemark
une collecte de graines dans l’aire de distribution actuelle du Teck afin d’établir des vergers grainiers et des
plantations comparatives de provenances, escomptant assurer un approvisionnement continu en semences, amé-
liorer la forme des arbres et peut-être pouvoir btendre les introductions dans des contrées plus sèches. TecYona
grandis exige des terrains meubles, perméables, bien aérés, fertiles et légèrement basiques, ce qui explique l’ori-
gine de certains échecs enregistrés en Casamance dans des stations où le climat est acceptable mais où le sol ne
convient pas à l’espèce. HORNE (1966) estime qu’il existe une corrélation très nette entre la croissance en
hauteur et la profondeur du sol jusqu’à. l’horizon impénétrable aux racines.
L’élevage des plants s’effectue dans des pépinières volantes non arrosées, installees en forêt. La technique
est simple, ne demandant qu’une bonne préparation du terrain et deux ou trois désherbages pendant la saison
des pluies. Les semis ont lieu en juin à la densité de 60 graines au mètre carré, ce qui correspond à environ
450 kg de graines à l’hectare et permet d’obtenir 100.000 à 120.000 plants que l’on arrache et taille en stumps
quand ils atteignent 1,5 à 2 cm de diamètre au. collet. Les semences, faciles à récolter et à conserver, sont
dotées d’un pouvoir germinatif persistant plusîeurs années. Elles germent lentement et irrégulièrement aussi les
soumet-on dans certains pays à un traitement avant de les enterrer : au Nigéria et en Tanzanie, on les plonge
pendant plusieurs jours dans de l’eau courante; au Dahomey on les trempe durant deux jours puis on les met
en tas pendant une semaine pour leur faire subir une légère fermentation. Au Sénégal où les graines sont semée!;
intactes, 30 % des plants sont utilisables après un an de pépinière, les autres l’année suivante.
Les plantations sont exécutées selon la méthode ((taungya)) dans la plupart des zones où les boisements
portent sur de faibles surfaces mais en Côte drlvoire où les chantiers sont importants et au Dahomey où il est
difficile de trouver des cultivateurs volontaires, on entreprend des reboisements directs. De plus en plus, les
sylviculteurs de Teck arrivent à ta conclusion qu’il importe de travailler complètement le sol par des tabours
profonds après élimination de la végétation préexistante ligneuse et herbacée, d’où l’utilisation de matériel
mécanique lourd (CHOLLET - 1967). Les écartements font encore l’objet de discussions. On emploie générale-
ment 2.500 stumps à l’hectare avec la méthocle {(taungya)) mais la tendance actuelle, accentuée par la nécessité
de faire appel & des engins pour les reboisements étendus, serait d’espacer d’avantage les plants en les mettant
à 3 x 3 m sur terrain fertile et à 3 x 2,5 m sur des sols moyens. Essence de pleine lumière, Tectona grandis
redoute la concurrence dans le jeune âge et il est nécessaire de procéder à plusieurs sarclages au cours des trois
premières années donc intéressant de maintenir les paysans sur les parcelles ou d’employer du matériel méca-
nique jusqu’à ce que les arbres étouffent le recru et les adventices avec leurs grandes feuilles qui se décompo-
sent lentement. Le Teck résiste aux feux itinérants après la troisième année mais il faut protéger les plantation:
de l’incendie car les troncs sont souvent fendus à la base, ce qui déprécie le bois et le rend impropre à de nom-
breux usages en ébknisterie. Aucune maladie n’a jusqu’à présent été signalée au Sénégal. Parfois, les coups de
vents brutaux qui interviennent au moment des premières pluies endommagent tes peuplements déracinant ou
brisant les arbres.
Les techniques d’éclaircie font actuellement l’objet de recherches dans tous les pays possédant des plan-
tations d’une vingtaine d’années ou des boisements plus âgés, car on s’est rendu compte que les méthodes
mises au point en tnde étaient difficilement transposables en Afrique où elles se traduisent par des interventiors
trop tégères. Presque tous les forestiers sont d’accord pour marquer une première éclaircie ((mécanique)) par
élimination en diagonale d’une ligne sur deux et pour l’appliquer dès que le boisement est fermé, c’est-à-dire
entre ta quatrième et la septième année selon la fertilité du sol. Les avis divergent par contre sur la date des
autres passages et surtout sur les volumes à enlever mais la tendance semble se confirmer qu’il faut agir énergi-
quement. Nous avons vu qu’un dispositif C.C.T. Plot avait été installé en 1967 en forêt des Bayottes pour sui-
vre la croissance d’une plantation et définir un calendrier d’éclaircies applicables en Basse-Casamance. En atten.
dant les résultats, nous conseillons d’utiliser le même rythme qu’en Côte d’bvoire en intervenant à 7, 12, 20 et
395
3 0 ans de façon à maintenir 1.100 à 1.300, 6 0 0 à 800, 3 5 0 à 5 0 0 puis 2 5 0 à 3 0 0 pieds par hectare. La coupe
définitive devrait se situer aux environs de 80 ans et porter sur 150 à 200 tiges par hectare.
On dispose de peu de renseignements sur les rendements des peuplements africains. Les forestiers anglo-
phones qui se sont servis des tables indiennes de TROUP établies sur ta hauteur moyenne des arbres à un âge
déterminé évaluent l’accroissement annuel à environ 15 ms/ha pour une teckeraie implantée sur sol propice et
sous climat favorable lorsque les éclaircies sont correctement marquées. Dans la région de Bouaké, on classe les
boisements en deux séries, la première donnant au cours des sept premières années 10 m3/ha/an ou plus, la
seconde produisant des quantités inférieures. Au Sénégal, les premières études du C.T.F.T. ont montré que la
surface terrière d’un peuplement maintenu sans aucune concurrence entre les arbres variait considérablement
d’une année à l’autre selon l’abondance des précipitations enregistrées au cours de l’été, dépassant 2,5 rn’ par
hectare les saisons normalement arrosées mais pouvant atteindre 0,5 m2 à la suite d’un fort déficit pluviomé-
trique.
ANNEXE
A.
Acacia albida ............... kad sas tiaski babilik
Acacia a taxacan tha . . . . . . . . . . . . ded ingol gubidaney butulao
Acacia macrostachya . . . . . . . . . . sama sim kédi fungo
Acacia nilotica, adansonii. . . . . . . . nepnep nef nef gaoudi
Acacia nilo tica, tomen tosa . . . . . . gonaké gaddé
Acacia raddiana . . . . . . . . . . . . . seing sên tili
Acacia senegal .............. vérek dogorâgayog patu ki
Acacia seyal ................ surur ndôb bulbi budenkan
Acacia sieberiana ............. sâtâdur SUI aluki
Adansonia digitata . . . . . . . . . . . . gui bak boki bubak
A frormosia laxiflora . . . . . . . . . kulukulu tal kokoli bukulélé
A fzelia africana . . . . . . . . . . . . . bol ngolôndô lingé buléu
Albizia zygia . . . . . . . . . . . . . . . ku ket bu bada lat
Anarcadium occidentale . . . . . . . darkasu daf durubab bu kayu
Annona senegalensis ......... digor dôg dokumi fulolok
Anogeissus leiocarpus . . . . . . . . . ngégan goda l godoli
An thostema senegalense ....... kindin bufena bupembo
An tiaris a fricana . . . . . . . . . . . . . kan gétâ bufo
Avicennia africana . . . . . . . . . . . sanar burhan bubek
B.
Balanites aegyp tiaca. . . . . . . . . . . sump mode1 golétéki
Bauhinia reticulata . . . . . . . . . . . ngigis wwo barkeji burekatod
Bauhinia rufescens . . . . . . . . . . . râda ndindi namari
Bauhinia thonningii. . . . . . . . . . . ngigis bugor ngayo gôr barkéo kafalataku
Bombax costatum ........... garab laobé nondul bumbuvi bunabu
Borassus aethiopum . . . . . . . . . . ron ndof dubé dul
Boscia senegalensis . . . . . . . . . . . ndâdam banâ gidili
c.
Cadaba farinosa . . . . . . . . . . . . . ndébargé ndégaré sinsini
Calotropis procera . . . . . . . . . . . faftan bodafot bâbâdi
Capparis decidua. . . . . . . . . . . . . gurmel gumi
Cassia sieberiana . . . . . . . . . . . . . sédên sélé bosé kaséit
Cassia tora . . . . . . . . . . . . . . . . ndur Forhut dambaduro ékâgul
Ceiba pen tandra . . . . . . . . . . . . . bêténé buday bâtinévi busana
Celtis in tegri folia . . . . . . . . . . . . mbul ingan gâki butohol
Chlorophora regia . . . . . . . . . . . buléken
Chrysobalanus orbicularis. . . . . . . vorac vanara
Cola cordifolia ............. ntaba mbâb tabai bubemb
Combre tum aculea tum. . . . . . . . . sawat nélafum laonâdi
Combretum glutinosum . . . . . . . rat w doki kalâkudum
Combretum micranthum . . . . . . . késeu séded talli butek
Combretum nigricans . . . . . . . . . tap 3ès buiti funt
Commiphora africana . . . . . . . . . ngotot Ggh badi
Cordyla pinna ta . . . . . . . . . . . . . dimb iar duki butiu
Cra taeva religiosa . . . . . . . . . . . kulel mgorel dâta kulagé
400
D.
Daibergia meianox ylon. . . . . . . . . . dalâban c4 ndélemban dalâban
Daniellia oliveri . . . . . . . . . . . . . . sâtân sâbam téwi bubalin
Detarium microcarpum . . . . . . . . dâx dâg doli bubunkut
De tarium senegalense . . . . . . . . . . détâx ndoy mobodey bugungut
Dialium guineense . . . . . . . . . . . . solorn galu méko buparâ
Dispyros mespiliformis. . . . . . . . . . alom nen kukui
E.
Ekebergia senegalensis . . . . . . . . . . harkey gata koy batola bukuluf
Elais guineensis .............. tir êglên jubékel
En tada a fricana . . . . . . . . . . . . . . batar batar mbuda buléanau
Erythrina senegalensis . . . . . . . . . . hund6l dédé mbototay
Erythrophleum guineense . . . . . . . kulêten sâgay téli buren
Euphorbia balsamifera . . . . . . . . . . salan ndamol bada karey
F.
Fagara xan thox yloides . . . . . . . . . . horâpolé ala inok bulébarkalé busan
Ficus capensis. . . . . . . . . . . . . . . . soto adana bahut urki bupundum
Ficus dicranostyla ............ suru ngas tcékoi érot
Ficus thonningii . . . . . . . . . . . . . . dibale dubalé biskevi dikikilik
Ficus vogelii . . . . . . . . . . . . . . . . dob badat bupend
G.
Gre wia bicolor . . . . . . . . . . . . . . kel ngel kéli
Guiera senegalensis . . . . . . . . . . . . iger hud eloko Fafanikav
H.
Holarrhena africana ........... ;éulu kena tarki kerko
K.
Khaya senegalensis ........... kail garim kail bukay
L.
Landolphia heudelotii ......... toi folé poré bufemb
Lannea acida ................ SOtl dugun’ bembey bubu ka
Lonchocarpus laxiflorus . . . . . . . . feferfay ninah banigolôbi enibey
Lophira alata ............... mané wi malâga bulimâg
M.
Mitragyna inermis ........... hos ngau l koéli c.hv
Morus mesoz ygia . . . . . . . . . . . . . sâda sâd busélora
0.
Oxythenanthera abyssinica ..... wa PI kéwé bubul
401
P.
Parinari excelsa .............. lw 10 mâpatadé busongay
Parinari macrophylla .......... néu daf neudi baabu
Parkia biglobosa ............. ul séu nété énokay
Phoenix dactylifera . . . . . . . . . . . . tandarma sumareg tomarovi
Poupartia birrea . . . . . . . . . . . . . . ber arik béri findibasu
Prosopis africana. . . . . . . . . . . . . . ir som têlentélénaj bulik
Pterocarpus erinaceus .......... ven ban bani bukon
Pterocarpus lucens ............ sâgari tani
R.
Rhizophora racemosa . . . . . . . . . . mâgo das fus01
S.
Sahx colu teoides . . . . . . . . . . . . . kélélé kelelé maya
Salvadora persica . . . . . . . . . . . . . ngao gudi
Sterculia setigera . . . . . . . . . . . . . mbep bob bobori kogosito
Strychnos spinosa ........... temba ngoba datokuléwi kalitemaboy
Syzygium guineense . . . . . . . . . . . sédada ndasdéri kadoday butul
T.
Tamarindus indica ............ dakkar sob dabé budahar
Tamarix senegalensis .......... bardu
Terminalia avicennoides ........ robrob mbulem pulémi kanôg
Terminalia macrop tera. . . . . . . . . . wolo mbalak bodévi
U.
Uvaria chamae .............. hasao m,bélam kélenbaley buriay
v.
Voacanga africana ............ garada kagis
X.
Ximenia americana . . . . . . . . . . . . golôn sas téné bundugul
2.
Zizyphus mauritiana .......... sédem ngic dabi busédem
Zizyphus mucronata .......... sédem ngic mon dabiforu
KERHARO J. et ADAM J.G. - ((La Pharmacopée sénégalaise traditionnelle, plantes médicinales et toxiques)) -
Vigot Frères - Paris - 1974.
BERHAUT J. - ((F/ore du Sénégal)) - Editions Clairafrique - Dakar - 1970 .
402
LEXIQUE FRANÇAIS
LEXIQUE WOLOF
LEXIQUE SÉRER
LEXIQUE PEUL
LEXIQUE DIOLA
l
406
INDEX BOTANIQUE
Les chiffres soulignés correspondent aux pages où certaines caractéristiques de l'espèce sont décrites; les
chiffres non soulignés indiquent les pages où l'essence est mentionnée dans le texte.
El A
Acacia spp. .................. 154 . 329 - 338 - 341 . 345 . 353 - 354 . 359 - 365 - 369 - 387.
Acacia albida . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6r 75 - 76 -85 -90 - 94 - 98 - 99 - 123 - 106 - 107 - 116 - 154
à 156
- - 204 - 218 - 241 - 245 - 291 à 304 - 329 - 330 - 342 -G -
359 - 360 - 369 à 374 - 399.
Acacia ataxacantha . . . . . . . . . . . . . . 69 - 71 - 102 - 105 . II 3 - 204 - 399.
Acacia cyanophylfa . . . . . . . . . . . . . . 282.
Acacia laeta . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 . 242 - 374 à 376.
Acacia macrostachya . . . . . . . . . . . . 108 - 112 - 113 - 205 - 399.
Acacia nilo tica . . . . . . . . . . . . . . . . 7lM72-78-79-88+90-94-95-99-102-105-113-155-
13- 162 - 163 - j&6 - IN - 204 - 205 - 216 - 217 - 240 - 241 - 246
329 - 330 - 342 - 369 - 399.
Acacia raddiana . . . . . . . . . . . . . . . . 72 - 85 . 88 - 90 - 95 . 99 - 101 - 102 - 157 - - 162 - 163 - 204 - 216
241 - 342 - 399.
Acacia senegal . . . . . . . . . . . . . . . . 72 - 85 - 88 - 90 . 94 - 95 - 99 - 101 - 102 - 104 - 158 - 162 - 163 -
187àl97-216-329-330-342-343-359-360-374à376-
399.
Acacia seyal . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 - 72 - 85 -88 -90 - 93 à 96 - 99 - 102 - 104 à 106 - 108- 111 -
158-162-163-216-329-330-342-369-399.
Acacia sieberiana . . . . . . . . . . . . . . . . 88-94-105-162-216-294-330-342-369-399.
Adansonia digitata . . . . . . . . . . . . . . 85 - 95 - 96 - 105 - 127 à 130 - 205 - 217 -294 - 342 - 399.
Adenium obosetum . . . . . . . . . . . . . . 102.
Afrormosia laxiffora . . . . . . . . . . . . 112 - 116 - 399.
A fzelia a fricana . . . . . . . . . . . . . . . . 105 - 118 - 161 . 239 - 240 - 241 . 247 - 342 - 399.
Albizia lebbek . . . . . . . . . . . . . . . . 261 - 309 - ii-ï - 325 - 342. -
Albiziazygia . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 -G- z - 399.
Alstonia boonei . . . . . . . . . . . . . . . . 115 - 240.
Anacardium occidentale . . . . . . . . . . 98-107-127-13Oàl37-285-287-309-329-340-342-360
363 - 376 à 381 - 399.
Annona senegalensis . . . . . . . . . . . . 112 - 116 - 399.
Anogeissus leiocarpus . . . . . . . . . . . . 71-79-85-99-102-105-106-108-F -179-204-330-
342 - 399.
Anthostema senegalensis . . . . . . . . . . 115 - 399.
An tiaris a fricana . . . . . . . . . . . . . . . . 96-105-Ill-115-118-239-240-24l-247-248-253-342- - -
399.
Antiaris welwitschii. . . . . . . . . . . . . . 247.
Aphania senegalensis . . . . . . . . . . . . 97.
Arundinaria alpina . . . . . . . . . . . . . . 262.
Avicennia africana . . . . . . . . . . . . . . 93 - 113 - 116 - 172 - 179 - 238 - 399.
Azadirach ta indica . . . . . . . . . . . . . . 7-Il-90-99-102-105-107-114-218-220-261-279- - -
311
- - 312- - 323 - 325 - 338 - 340 à 342 - 360 - 361 - 381
- - 382.-
407
cl
B
El
C
Dalbergia melanox ylon. . . . . . . . . . . . 102 - 166 - 240 - 241 - 356 -~ - 357 - 342 - 400.
Dalbergia sissoo . . . . . . . . . . . . . . . . 340 - 342.
Daniellia oliveri . . . . . . . . . . . . . . . . 77 - 104 - III à 113 - 116 - 120 - 166 - 204 - 205 - 216 - 237 - 239
à 241 - 257 à 259 - 342 - 400.
408
CII E
El F
Gmelina arborea 119 - 236 - 261 - -268 - 269- - 338 - 341 - 342 ~ 353 - 360 - 361 - 364,
. . . . . . . . . . . . . . . .
388 à 390.
Gre wia bicolor . . . . . . . . . . . . . . . . 85 - 102 - 104 - 127 - 179- - 180 -- 241 - 400.
Grewia mollis. . . . . . . . . . . . . . . . . . 127.
409
CII P
Palmier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 - u - 3x - 323.
Parinari exceisa . . . . . . . . . . . . . . . . 115 - 143 - 342 - 401,
Parinari macroph ylla . . . . . . . . . . . . 97 - 99 - 111 - 115 - 116 - 127 - 143 à 145 - 205 - 401.
Parkia biglobosa . . . . . . . . . . . . . . . . 75 - 99 - 104 - 106 - 112 - 113 - 116 - 127 - 145 - 166 - 204 - 205 -
342 - 401.
Parkinsonia acuelata . . . . . . . . . . . . 88 - 93 - 94 - 166
-- 342.
Peltophorum ferrugineum. . . . . . . . . . 317 - 318 - 323.
Phoenix reclinata . . . . . . . . . . . . . . i-7.
Pithecellobium saman . . . . . . . . . . . . 318 - 323 - 342.
Poinciana regia . . . . , . . . . . . . . . . . 3’l8 - 323.
Poupartia birrea . . . . . . . . . . . . . . . . 85-95-'lO2-Ill-127-204-240-241-263à266-330-401.
Pritchardia filifera . . . . . . . . . . . . . . 317.
Prosopis africana. . . . . . . . . . . . . . , . 77 - 85 - 96 - 102 - 104 - 111 - 112 - 116 - 163 - 167
- - 204 - 205 -
241 - 265
- - 266- - 342 - 401.
Prosopis chilensis . . . . . . . . . . . . . . 88-90-94-168-285-307-318à320-323-325-337-340-
341 - 342 - 39r
Pterocarpus erinaceus . . . . . . . . . . . . 85 - 102 - 104- 106 - 108 - 111 à 113 - 116 - 145 - 163 - 168 -
169-180-204-216-237-239à241-266-267-340-342-
- -
401.
Pterocarpus lucens . . . . . . . . . . . . . 90 - 102 - 108 - 163 - 169 ~ - 401.
El R
r-l
S
El T
v
E l
Voacanga africana . . . *. . . . . . . . . . 96 - 115 - 401.
X
CII
2
El
Zizyphus mauritiana . . . . . . . . . . . . 96 - 101 - 127 - 180 - 181 - 182 - 342 - 401.
Zizyphus mucronata . . . . . . . . . . . . 90 - 102 - 113 . 1 8 2 - 401. -
Zizyphus Spina Christi. . . . . . . . . . . . 127 - 182 -
L
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SOMMAIRE
- Lesvents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
!‘ 1 - Le régime des vents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ill- L’alizé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
112- Lamous~n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
113 - L’harmattan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12 - Action du vent sur la végétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
121 - Réaction physiologique des plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
122 - Action physique du vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’humidité atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
.
5- La rosée.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . 44
6 - La durée d’insolation et le rayonnement global. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
7 - L’évapotranspiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1 - Historique géologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
2- Les sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
21 - Formation des sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
211 - Nature du matériau originel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
212 - Action du drainage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
213 - Influences anciennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
214 - l nfluences diverses. . . . . . . ,, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
22 - Classification des sols, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
221 - Sols minéraux bruts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
221 .l - sols bruts d’érosion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
221.2 - sols bruts d’apport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
421
1 - Le domaine sahélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
11 - La vallée du fleuve Sénégal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
I~l-LeOualo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
112- LeDiéri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
12 - Le Pseudo-delta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
121 - Le Cordon littoral. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
122 - La mangrove. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
123 - Les grandes dépressions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
124 - Les plaines basses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
125 - Les dunes et les piémonts dunaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
126 - La cuirasse fossile enfouie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
13- LesNiayes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
14 - Le District occidental du Domaine Sahélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
15 - La zone sylvo-pastorale septentrionale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
151 -- Le Ferlo sableux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
152 - Le Ferlo cuirassé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3 - Le domaine guinéen
- Le busch des dunes littorales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
31
116
32 - La mangrove . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- Les palmeraies d’E/aeis guineensis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II8
33
- La forêt demi-sèche dense. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
34
120
35 - Les peuplements de Daniellia oliveri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
aethiopum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
\ 138
4 - Borassus
5 - Cordyla pinnata . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
Chapitre troisième : les produits accessoires de l’arbre dans l’artisanat et dans l’industrie
2 - Préparation du sol
21 - Techniques basées sur le travail manuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352
211 - Plantation sur simple trouaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353
212 - Méthode des ((grands potetsn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353
z%$
213 - Méthode des ((arêtes de poisson)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
214 - Méthode ((taupinière)) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
427
3 - Fertilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358
4- Piquetage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359
8-~claircies.............................................................. 365
l- LesAcacia...~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369
11 - Acacia a/bida Del . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369
1 2 - A c a c i a senega/ Willd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 374
FIGURES
TABLEAUX
105 Dimensions des arbres à utiliser dans les alignements . . . . . . . . . . . . . . . ............. 309
106 Nombres d’arbres distribués au cours des Semaines Forestières efitre 1959 et 1972. ......... 325
107 Répartition des essences distribuées en 1972. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325
108 Époque des semis forestiers au Sénégal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
109 Nombre approximatif de graines par kilogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
110 Nombre de graines d’Acacia senega/ par kilogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
111 Croissance des gommiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
112 Surfaces enrichies en Anacardium occidentale dans les forêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378
113 Plantations d’Anacardium dans le district des niayes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379
114 Croissance des Eucalyptus camaldulensis no841 1 et 8296lFTB. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387
115 Croissance de Melaleuca leucadendron (Hann) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 391