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Cours Topologie

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U NIVERSITÉ M OULAY I SMAÏL

FACULTÉ DES S CIENCES ET T ÉCHNIQUES -E RRACHIDIA

COURS DE TOPOLOGIE

M ODULE M510

Présenté par

Abdellatif SADRATI

————————————————————————————————–

F ILIÈRE : LST–M.A–S5

A NNÉE UNIVERSITAIRE : 2022-2023


————————————————————————————————–
TABLE DES MATIÈRES

TABLE DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii

CHAPITRE 1 : ESPACES MÉTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1


1.1 Notion de distance et d’espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Partie bornée, distance de deux parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Sous-espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Limite et continuité dans un espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

CHAPITRE 2 : ESPACES TOPOLOGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . 12


2.1 Notion de Topologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2 Base d’une topologie, voisinages et base de voisinages . . . . . . . . . 13
2.2.1 Base d’ouverts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2.2 Voisinages et base de voisinages . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3 Intérieur, Adhérence et Frontière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4 Points frontières, Points d’accumulation, Points isolés . . . . . . . . . . 16
2.5 Espaces topologiques séparés, métrisables . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.6 Densité topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

CHAPITRE 3 : APPLICATIONS CONTINUES ET HOMÉOMORPHISMES 22


3.1 Applications continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.2 Applications ouvertes, fermées et homéomorphismes . . . . . . . . . . 23
3.3 Comparaison de topologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.4 Sous-espace topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.5 Produit fini d’espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.6 Limites et continuité dans un espace topologique . . . . . . . . . . . . 26
3.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

CHAPITRE 4 : ESPACES TOPOLOGIQUES COMPACTS, CONNEXES 34


4.1 Espaces compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.1.1 Propriété de Borel-Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.1.2 Propriéités des espaces topologiques compacts . . . . . . . . . 35
4.2 Compacité et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.3 Espaces métriques compacts, complets . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.3.1 Espaces métriques compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.3.2 Espaces métriques complets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.4 Espaces connexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.4.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
iii

4.4.2 Composantes connexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45


4.4.3 Espaces connexes par arcs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

CHAPITRE 5 : ESPACES VECTORIELS NORMÉS . . . . . . . . . . . . 51


5.1 Norme sur un espace vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5.1.1 Défintion et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5.1.2 Produit fini d’espaces normés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.2 Espaces normés de dimensions fines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.3 Continuité des applications linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
5.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
CHAPITRE 1

ESPACES MÉTRIQUES

Dans tout le chapitre, E est un ensemble non vide.

1.1 Notion de distance et d’espace métrique

Définition 1.1.1. On appelle distance (ou métrique) sur E toute application d : E × E →


R+ vérifiant :

(i) Pour tous x, y ∈ E, d(x, y) = 0 ⇔ x = y (séparation) ;

(ii) Pour tous x, y ∈ E, d(x, y) = d(y, x) (symétrie) ;

(iii) Pour tous x, y, z ∈ E, d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) (inégalité triangulaire).

• On dit alors que d(x, y) est la distance de x à y, et (E, d) est un espace métrique.
• Si la propriété (i) est remplacée par : x = y ⇒ d(x, y) = 0, on dit que d est une
semi-distance sur E et que (E, d) est un espace semi-métrique.

Exemples 1.1.2. 1) Distance usuelle sur K = R ou C : d(x, y) = |x − y|.

2) Distance de Manhattan sur R2 : x = (x1 , x2 ), y = (y1 , y2 ),

d1 (x, y) = |y1 − x1 | + |y2 − x2 |.

3) Distance Euclidienne sur Rn , n ≥ 1 : x = (x1 , ...xn ), y = (y1 , ...yn ),


s
n
d2 (x, y) = ∑ (yi − xi)2.
i=1

4) Distance de Hölder sur Kn , n ≥ 1, (K = R ou C) : x = (x1 , ...xn ), y = (y1 , ...yn ) et


α ≥ 1,
!1
n α
α
dα (x, y) = ∑ |xi − yi| .
i=1

5) Sur Rn , n ≥ 1 :x = (x1 , x2 , ...xn ), y = (y1 , y2 , ...yn )

d∞ (x, y) = sup |xi − yi | est une distance.


1≤i≤n
2

6) Distance discrète : sur( tout ensemble non vide E, on peut définir la distance
0 si x = y
discrète par : d(x, y) =
1 si x 6= y.

7) Distance produit : Soit (E, d) un espace métrique. Pour (x, y), (x0 , y0 ) ∈ E × E,
l’application
δ ((x, y), (x0 , y0 )) = max{d(x, x0 ), d(y, y0 )}
est une distance sur E × E.

8) Soit B(E, K) l’ensemble des applications bornées de E dans K. Pour f , g ∈ B(E, K),
d( f , g) = supx∈E | f (x) − g(x)| est une distance.

Proposition 1.1.3. Dans tout espace métrique (E, d) on a les propriétés suivantes.

a) ∀(x1 , x2 , ..., xn ) ∈ E n , d(x1 , xn ) ≤ d(x1 , x2 ) + d(x2 , x3 ) + ... + d(xn−1 , xn ) ;

b) ∀(x, y, x0 , y0 ) ∈ E 4 , |d(x, y) − d(x0 , y0 )| ≤ d(x, x0 ) + d(y, y0 ) ;

c) Si f est une injection de E dans un espace métrique (E 0 , d 0 ), l’application d définie


par d(x, y) = d 0 ( f (x), f (y)) est une distance sur E.

Définition 1.1.4. Soient (E, d) un espace métrique, a ∈ E et r > 0. On dit que


• B(a, r) = {x ∈ E/d(x, a) < r} est la boule ouverte de centre a et de rayon r ;
• B(a, r) = {x ∈ E/d(x, a) ≤ r} est la boule fermée de centre a et de rayon r ;
• S(a, r) = {x ∈ E/d(x, a) = r} est la sphère de centre a et de rayon r.

Exemples 1.1.5. a) Dans R muni de la distance usuelle, on a : B(a, r) =]a − r, a + r[,


B(a, r) = [a − r, a + r] et S(a, r) = {a − r, a + r}.

b) Dans E muni de la distance discrète, pour tout a ∈ E et tout r > 0, on a :


( (
{a} si r ≤ 1 {a} si r < 1
B(a, r) = et B(a, r) =
E si r > 1 E si r ≥ 1

Remarque 1.1.6. Ces ensembles dépendent de l’ensemble E et de la distance d. Par


exemple, sur (R, d) avec d(x, y) = |x − y|, B(1, 2) =] − 1, 3[ alors que sur ([0, 3], d) on a
B(1, 2) = [0, 3[.

Propriété élémentaire : Si 0 < r < r0 , alors

B(a, r) ⊂ B(a, r) ⊂ B(a, r0 ) et S(a, r) ⊂ B(a, r).


3

1.2 Partie bornée, distance de deux parties

Définition 1.2.1. On dit qu’une partie A d’un espace métrique E est bornée si elle est
contenue dans une boule.

Comme conséquence, on établit que si A ⊂ E est une partie bornée alors, pour tout
point a ∈ E, il existe une boule de centre a qui contient A.
En effet, si A est bornée, alors A est contenue dans une boule convenable B(x0 , r0 ).
Si a ∈ E, la boule B(a, d(a, x0 ) + r0 ) contient A.

Définition 1.2.2. Le diamètre d’une partie A de (E, d) est donné par la formule :

δ (A) = sup d(x, y).


x,y∈A

Proposition 1.2.3. Une partie A de E est bornée si et seulement si son diamètre est fini.

Démonstration. Si δ (A) désigne le diamètre de A, alors pour tout a ∈ A, la boule ouverte


B(a, δ (A) + 1) contient A. Donc A est bornée. Inversement, si A est bornée alors A est
contenue dans une boule B(a, r) et on vérifie qu’on a δ (A) ≤ 2r. En effet, pour tous
x, y ∈ A, on a d(x, y) ≤ d(x, a) + d(a, y) < 2r < +∞.

Définition 1.2.4. Soit (E, d) un espace métrique.

1) Soit A une partie non vide de E. On appelle distance d’un point x ∈ E à A le


nombre positif
d(x, A) = inf{d(x, a)/a ∈ A}.

2) Soient A et B deux parties non vides de E. On appelle distance de A à B le nombre


positif
d(A, B) = inf{d(a, b)/a ∈ A et b ∈ B}.

Remarque 1.2.5. Si A ∩ B 6= ∅, alors d(A, B) = 0, mais la réciproque n’est pas vraie.

Définition 1.2.6. Soit (E, d) un espace métrique et A une partie de E.

• On dit que A est un ouvert ou A est une partie ouverte de E, si pour tout x ∈ A, il
existe r > 0 tel que B(x, r) ⊂ A.

• On dit que A est un fermé ou A est une partie fermée de E, si son complémentaire
{AE = E \ A est un ouvert de (E, d).

Exemples 1.2.7. 1) Dans (R, |.|).

a) ]0, 1[ et ] − ∞, 0[ sont des ouverts.


b) [0, 1] et [1, +∞[ sont des fermés.
4

c) R est à la fois ouvert et fermé.


d) [0, 1[ n’est ni ouvert ni fermé.

2) Dans un espace métrique (E, d), toute boule ouverte est un ouvert et toute boule
fermée est un fermé.

Remarque 1.2.8. La notion d’ouvert est un point clé de ce cours. L’ensemble de tous
les ouverts de (E, d) s’appelle la topologie de (E, d).

Proposition 1.2.9. Soit (E, d) un espace métrique.

1) ∅ et E sont des ouverts de (E, d).

2) Une intersection finie d’ouverts est un ouvert de (E, d).

3) Une réunion quelconque d’ouverts est un ouvert de (E, d).

Démonstration. 1) est évident.


2) Soit (Oi )i∈I une famille finie d’ouverts de E. Soit x ∈ ∩ Oi . Pour chaque i ∈ I,
i∈I
x ∈ Oi qui est ouvert, donc il existe un nombre ri > 0 tel que la boule B(x, ri ) ⊂ Oi . En
posant r = min{ri , i ∈ I}, on a r > 0 (car I est fini) et B(x, r) ⊂ ∩ Oi .
i∈I
3) Soit (Oi )i∈I une famille quelconque d’ouverts de E. Soit x ∈ ∪ Oi . Il existe donc
i∈I
i0 ∈ I tel que x ∈ Oi0 . Comme Oi0 est un ouvert de (E, d), alors il existe r0 > 0 tel que
B(x, r0 ) ⊂ Oi0 ⊂ ∪ Oi .
i∈I

Attention : Une intersection quelconque d’ouverts n’est pas nécessairement un ou-


vert. En effet, ∩ ] − n1 , 1n [= {0} n’est pas un ouvert de (R, |.|).
n≥1

Proposition 1.2.10. Soit (E, d) un espace métrique.

1) ∅ et E sont des fermés de (E, d).

2) Une intersection quelconque de fermés est un fermé de (E, d).

3) Une réunion finie de fermés est un fermé de (E, d).

Démonstration. Par passage aux complémentaires.

Définition 1.2.11. Soient d1 et d2 deux distances sur E.

1) On dit que d1 et d2 sont métriquement équivalentes, s’il existent α > 0, β > 0 tels
que, pour tous x, y ∈ E, on a : αd1 (x, y) ≤ d2 (x, y) ≤ β d1 (x, y).

2) On dit que d1 et d2 sont topologiquement équivalentes, si elles définissent les


mêmes parties ouvertes.
5

1.3 Sous-espace métrique

Définition 1.3.1. Soit (E, d) un espace métrique et soit A une partie de E. La restriction
dA de d à A × A est une distance sur A, appelée distance induite sur A. Cette distance
fait de A un espace métrique, et (A, dA ) est appelé sous espace métrique de (E, d) (ou
tout simplement A est un sous espace métrique de E).

Remarque 1.3.2. Si A est une partie de E et si B est une partie de A, alors il faut préciser
quand on dira que B est une partie ouverte ou fermée.

Théorème 1.3.3. Soit (E, d) un espace métrique et soit A une partie de E. Les assertions
suivantes sont vraies.

a) V est une partie ouverte de A si et seulement s’il existe une partie ouverte U de E
tel que V = U ∩ A.

b) G est une partie fermé de A si et seulement s’il existe une partie fermé F de E tel
que G = F ∩ A.

c) Si A est une partie ouverte de E, alors V est une partie ouverte de A si et seulement
si V ⊂ A et V est une partie ouverte de E.

d) Si A est une partie fermée de E, alors G est une partie fermée de A si et seulement
si G ⊂ A et G est une partie fermée de E.

Démonstration. a) Soient x ∈ A et r > 0. Soit BA (x, r) = {y ∈ A; d(x, y) < r}. Il est clair
que BA (x, r) = B(x, r) ∩ A.
⇒) Si x ∈ V , alors il existe un nombre rx tel que {x} ⊂ BA (x, rx ) ⊂ V . On a donc,

V = ∪x∈V {x} ⊂ ∪x∈V BA (x, rx ) = (∪x∈V B(x, rx )) ∩ A.

D’où V = U ∩ A, avec U = ∪x∈V B(x, rx ) une partie ouverte de E.


⇐) Soit x ∈ V = U ∩ A, avec U une partie ouverte de E. On a x ∈ U, donc il existe
un nombre r > 0 tel que B(x, r) ⊂ U. Il s’ensuit que BA (x, r) ⊂ U ∩ A = V .
b) Par passage aux complémentaires dans a) : G une partie fermée de A ⇔ {G A = A\G
est une partie ouverte de A ⇔ il existe une partie ouverte U de E tel que A \ G = U ∩ A
⇔ (en posant F = {U E ) il existe une partie fermée F de E telle que G = F ∩ A.
c) ⇒) Si V est une partie ouverte de A, alors il existe une partie ouverte U de E telle
que V = U ∩ A et donc clairement V est une partie ouverte de E.
⇐) On a V = V ∩ A, et donc V est une partie ouverte de A.
La preuve de d) est identique à celle de c).
6

1.4 Limite et continuité dans un espace métrique

Définition 1.4.1. Soit (E, d) un espace métrique et soit (xn )n≥0 une suite dans E. La
suite (xn )n≥0 converge vers a ∈ E si et seulement si,

∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, d(xn , a) < ε.

Autrement dit (xn )n≥0 converge vers a ∈ E si et seulement si, lim d(xn , a) = 0.
n→+∞

Définition 1.4.2. Soient (E, d) et (E 0 , d 0 ) deux espaces métriques. On dit qu’une appli-
cation f : E → E 0 est continue en x0 ∈ E si et seulement si

∀ε > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ E, d(x, x0 ) < η =⇒ d 0 ( f (x), f (x0 )) < ε.

• L’application f est continue si elle est continue en tout point x ∈ E.


• L’application f est uniformément continue si et seulement si

∀ε > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, d(x, y) < η =⇒ d 0 ( f (x), f (y)) < ε.

Remarque 1.4.3. 1. Pour la continuité uniforme, η dépend uniquement de ε.

2. Si f est uniformément continue sur E, alors f est continue en tout point de E. Mais
la réciproque est fausse.

Définition 1.4.4. Soit f : E → E 0 une application entre deux espaces métriques (E, d) et
(E 0 , d 0 ). On dit que f est Lipschitzienne si et seulement s’il existe une constante k > 0
telle que :
∀x ∈ E, ∀y ∈ E, d 0 ( f (x), f (y)) ≤ kd(x, y).
(Eventuellement on précise : k-lipschitzienne).

Proposition 1.4.5. Une application lipschitzienne est uniformément continue.

Démonstration. Immédiate.

Définition 1.4.6. On dit que f est une isométrie de (E, d) sur (E 0 , d 0 ) si

1) f est une bijection de E sur E 0 ;

2) f conserve les distances c-à-d,

∀(x1 , x2 ) ∈ E × E, on a d 0 ( f (x1 ), f (x2 )) = d(x1 , x2 ).

• On dit alors que (E, d) et (E 0 , d 0 ) sont isométriques.

Proposition 1.4.7. Soit f une isométrie de (E, d) sur (E 0 , d 0 ). On a


7

1. f −1 est une isométrie de (E 0 , d 0 ) sur (E, d).

2. f et f −1 sont uniformément continues (on dit que f est bi-uniformément continue).

Démonstration. Immédiate.

1.5 Exercices

Exercice 1.5.1. Soit E = {ai / i ∈ N} un ensemble dénombrable et soit d : E × E → R+


définie par (
0 si i = j
d(ai , a j ) = 1
δ + 1+i + 1+1 j si i 6= j,
avec δ ∈]0, +∞[. Montrer que d est une distance sur E.

Solution
(i) d(ai , a j ) = 0 ⇔ i = j ⇔ ai = a j .
(ii) d(ai , a j ) = d(a j , ai ).
(iii) Soient ai , a j , ak ∈ E. Si deux indices parmi i, j et k coïncident, c’est fini. Sinon,
on a
1 1 2 1 1
d(ai , a j ) = δ + + ≤ 2δ + + +
1+i 1+ j 1+k 1+i 1+ j
= d(ai , ak ) + d(ak , a j ).

Exercice 1.5.2. Soient (Ei , di )1≤i≤n une famille d’espaces métriques et E = ∏ni=1 Ei .
Pour x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ) ∈ E, on note par :
!1
n n 2
2
δ1 (x, y) = ∑ di (xi , yi ), δ2 (x, y) = ∑ di(xi, yi) et δ∞ (x, y) = max di (xi , yi ).
i=1 i=1 1≤i≤n

1) Montrer que δ1 , δ2 et δ∞ sont des distances sur E.

2) Montrer que δ1 , δ2 et δ∞ sont métriquement équivalentes.

Solution
Soient x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ), z = (z1 , ..., zn ) ∈ E.
i) Montrons que δ1 est une distance. Il est clair que δ1 (x, y) = 0 ⇔ di (xi , yi ) = 0
∀i = 1, ..., n, ⇔ xi = yi ⇔ x = y et δ1 (x, y) = δ1 (y, x). Pour l’inégalité triangulaire, on a
di (xi , yi ) ≤ di (xi , zi ) + di (zi , yi ). En additionnant terme à terme, on obtient le résultat.
8

ii) Montrons que δ2 est une distance. Il est facile de voir que δ2 (x, y) = 0 ⇔ x = y et
δ2 (x, y) = δ2 (y, x). Pour l’inégalité triangulaire, on a
n
δ22 (x, y) = ∑ di(xi, yi)2
i=1
n
≤ ∑ [di(xi, zi) + di(zi, yi)]2
i=1
n n n
= ∑ di(xi, zi)2 + ∑ di(zi, yi)2 + 2 ∑ di(xi, zi)di(zi, yi).
i=1 i=1 i=1

1 1
Comme pour tous ai , bi ∈ R (i = 1, ..., n), ∑ni=1 ai bi ≤ ∑ni=1 a2i 2
∑ni=1 a2i 2
, on a
!1 !1
n n n 2 n 2

δ22 (x, y) ≤ ∑ di(xi, zi)2 + ∑ di(zi, yi)2 + 2 ∑ di(xi, zi)2 ∑ di(zi, yi)2
i=1 i=1 i=1 i=1
 !1 ! 1 2.
n 2 n 2

=  ∑ di(xi, zi)2 + ∑ di(zi, yi)2 


i=1 i=1

D’où δ2 (x, y) ≤ δ2 (x, z) + δ2 (z, y).


iii) Il est facile de vérifier que δ∞ (x, y) = 0 ⇔ x = y et δ∞ (x, y) = δ∞ (y, x). Pour
l’inégalité triangulaire, on a di (xi , yi ) ≤ di (xi , zi ) + di (zi , yi ) (i = 1, ..., n). Il vient que
max di (xi , yi ) ≤ max di (xi , zi ) + max di (zi , yi ). D’où δ∞ (x, y) ≤ δ∞ (x, z) + δ∞ (z, y).
1≤i≤n 1≤i≤n 1≤i≤n
2) Pour tous x, y ∈ E, on a : δ∞ (x, y) ≤ δ1 (x, y) ≤ nδ∞ (x, y),√donc δ1 et δ∞ sont métri-
quement équivalentes. De même, on a : δ∞ (x, y) ≤ δ2 (x, y) ≤ nδ∞ (x, y), ce qui montre
que δ2 et δ∞ sont métriquement équivalentes. On en déduit ensuite par transitivité que
δ1 et δ2 sont métriquement équivalentes.
Exercice 1.5.3. Soit ϕ : [0, +∞[→ R une application strictement croissante telle que
ϕ(0) = 0 et ϕ(x + y) ≤ ϕ(x) + ϕ(y), pour tous x, y ∈ [0, +∞[
1) Montrer que si d est une distance sur un ensemble E, alors ϕ ◦ d l’est aussi.
2 Application :
a) Montrer que d 0 = d 00
1+d et d = ln(1 + d) sont deux distances sur E.
b) Montrer que d et d 0 sont topologiquement équivalentes.
c) Est-ce que d et d 0 sont métriquement équivalentes.
Solution
1) Soient x, y ∈ E. On a (ϕ ◦ d)(x, y) = 0 ⇔ x = y et (ϕ ◦ d)(x, y) = (ϕ ◦ d)(y, x) sont
évidentes.
9

Pour l’inégalité triangulaire, soient x, y, z ∈ E. On a d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y), donc

(ϕ ◦ d)(x, y) = ϕ(d(x, y)) ≤ ϕ(d(x, z) + d(z, y)) ≤ ϕ(d(x, z)) + ϕ(d(z, y)).

D’où, (ϕ ◦ d)(x, y) ≤ (ϕ ◦ d)(x, z) + (ϕ ◦ d)(z, y).


x
2) a) Soit ϕ : [0, +∞[→ R, x → 1+x . Alors on a, ϕ(0) = 0 et

x+y x y x y
ϕ(x + y) = = + ≤ + = ϕ(x) + ϕ(y).
1+x+y 1+x+y 1+x+y 1+x 1+y

De plus, ϕ 0 (x) = (1+x)


1 0
2 > 0 ⇒ ϕ est strictement croissante, donc d est une distance
d’après 1).
Pour d 00 , on considère g : [0, +∞[→ R, x → ln(1 + x). On a aussi g(0) = 0, et comme
1 + x + y ≤ (1 + x)(1 + y) alors

ln(1 + x + y) ≤ ln(1 + x) + ln(1 + y) ⇒ g(x + y) ≤ g(x) + g(y).

g est strictement croissante, car g0 (x) = 1+x 1


> 0. On en déduit donc que d 00 est une
distance.
b) Il est clair que d 0 ≤ d, donc tout ouvert pour d 0 est un ouvert pour d. En effet,
soit O un ouvert pour d 0 , alors pour tout x ∈ O, il existe r > 0 tel que Bd 0 (x, r) ⊂ O. Or,
Bd (x, r) ⊂ Bd 0 (x, r) ⊂ O, donc O est ouvert pour d.
Inversement, considérons O un ouvert pour d et montrons qu’il est ouvert pour d 0 .
r
Soit x ∈ O, alors il existe r > 0 tel que Bd (x, r) ⊂ O. Prenons 0 < ε < 1+r , alors nous
d(x,z)
avons d 0 (x, z) < ε < 1+r
r
⇒ 1+d(x,z) < ε ⇒ d(x, z) < 1−εε
< r ⇒ Bd 0 (x, ε) ⊂ Bd (x, r).
0
c) Supposons que d et d soient métriquement équivalentes, alors ils existent α, β > 0
tels que pour tous x, y ∈ E, αd(x, y) ≤ d 0 (x, y) ≤ β d(x, y). Si on considère par exemple
E = R muni de la distance usuelle d(x, y) = |x − y|, alors pour x > 0 et y = 0, on obtient
x 1
αx ≤ 1+x ⇒ α ≤ 1+x . En faisant tendre x vers +∞, on trouve α ≤ 0, contradiction. Donc
0
d et d ne sont pas métriquement équivalentes.
Exercice 1.5.4. Soit (E, d) un espace métrique.
1) Montrer que toute boule ouverte est un ouvert de E.
2) Soient A et B deux parties bornées de E. Montrer que A ∪ B est bornée avec

δ (A ∪ B) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B)

Solution
1) Soit B(a, r) une boule ouverte de E de centre a et de rayon r. On a donc pour tout
x ∈ B(a, r), d(a, x) < r. Posons rx = r − d(a, x) et montrons que B(x, rx ) ⊂ B(a, r). Pour
cela, soit y ∈ B(x, rx ), donc d(x, y) < rx . Par suite, d(a, y) ≤ d(a, x) + d(x, y) < r. Donc
y ∈ B(a, r).
10

2) Soit x0 ∈ E et x ∈ A. Alors pour tout a ∈ A, an a

d(x0 , x) ≤ d(x0 , a) + d(a, x) ≤ d(x0 , a) + δ (A)


≤ inf d(x0 , a) + δ (A)
a∈A
= d(x0 , A) + δ (A).

Il vient que A ⊂ B (x0 , d(x0 , A) + δ (A)). De même, on obtient B ⊂ B (x0 , d(x0 , B) + δ (B)).
Par suite, A ∪ B ⊂ B (x0 , δ (A) + δ (B) + d(x0 , A) + d(x0 , B)), par conséquent A ∪ B est
bornée.
Montrons que δ (A ∪ B) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B). Pour cela, soit x, y ∈ A ∪ B.
i) Si x, y ∈ A (resp. x, y ∈ B), alors d(x, y) ≤ δ (A) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B) (resp
d(x, y) ≤ δ (B) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B)). Par suite, sup d(x, y) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B)
x,y∈A
(resp. sup d(x, y) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B) ).
x,y∈B
ii) Supposons que x ∈ A et y ∈ B (de même si x ∈ B et y ∈ A). Alors pour tout a ∈ A
et tout b ∈ B, on a

d(x, y) ≤ d(x, a) + d(a, b) + d(b, y) ≤ δ (A) + δ (B) + d(a, b)


≤ δ (A) + δ (B) + inf d(a, b)
a∈A,b∈B
= δ (A) + δ (B) + d(A, B).

Donc, δ (A ∪ B) ≤ δ (A) + δ (B) + d(A, B).

Exercice 1.5.5. On considère le sous ensemble E = [0, 1] ∪ [2, 4[ muni de la distance


usuelle d(x, y) = |x − y|.

1) La partie A = [2, 4[ est-elle ouverte dans l’espace métrique (E, d) ?

2) Montrer que B = [0, 1] est une partie à la fois ouverte et fermée dans (E, d).

3) La suite xn = 4 − 3−n est-elle convergente dans (E, d).

Solution
1) On a A ⊂ E et A = B(3, 32 ) ∩ E, avec B(3, 32 ) est la boule ouverte de R de centre 3
et de rayon 32 , donc A est ouvert dans E. Aussi, on a A = B(3, 23 ) ∩ E, avec B(3, 32 ) est la
boule fermée de R de centre 3 et de rayon 32 , donc A est fermée dans E.
2) De même, la partie B est à la fois ouverte et fermée dans E. En effet, B c’est
l’intersection de E avec la boule ouverte (resp. fermée) de R de centre 12 et de rayon 32 .
3) Il est clair que la suite (xn )n ⊂ E. Si (xn )n convergeait dans E vers un point a,
elle convergeait aussi dans R vers ce point. Mais dans R la suite tend vers 4. Comme la
limite est unique, alors a = 4, ce qui est absurde puisque 4 ∈ / E.
11

Exercice 1.5.6. Soient (E, d) et (E 0 , d 0 ) deux espaces métriques, f : E → E 0 une appli-


cation et x ∈ E. Montrer que les propriétés suivantes sont équivalentes :

a) f est continue en x ∈ E.

b) Pour toute suite (xn ) d’éléments de E qui converge vers x, la suite ( f (xn )) converge
vers f (x).

Solution
a) =⇒ b). Supposons tout d’abord que f est continue en x. Fixons une suite (xn ) qui
converge vers x et soit ε > 0.
D’une part, il existe η > 0 tel que d 0 ( f (x), f (x0 )) < ε dès que d(x, x0 ) < η ; et d’autre
part il existe N ∈ N tel que d(xn , x) < η pour tout n ≥ N.
Alors, pour tout n ≥ N, on a d 0 ( f (xn ), f (x)) < ε, ce qui prouve que ( f (xn )) converge
vers f (x).
Réciproquement, supposons que f ne soit pas continue en x :

∃ε > 0, ∀η > 0, ∃y ∈ E, d(x, y) < η et d 0 ( f (x), f (y)) ≥ ε.

Pour η = 1n (n ∈ N∗ ), on obtient une suite (yn ) telle que d(x, yn ) < n1 , en particulier (yn )
converge vers x, mais d 0 ( f (yn ), f (x)) ≥ ε. Par conséquent, ( f (yn )) ne converge pas vers
f (x).
CHAPITRE 2

ESPACES TOPOLOGIQUES

Dans tout ce chapitre E est un ensemble non vide.

2.1 Notion de Topologie

Définition 2.1.1. On appelle topologie sur E toute partie τ de P(E) vérifiant les trois
propriétés suivantes.
(O1 ) ∅ et E appartiennent à τ ;
(O2 ) L’intersection de toute famille finie d’éléments de τ appartient à τ ;
(O3 ) La réunion de toute famille quelconque d’éléments de τ appartient à τ.
• Le couple (E, τ) est appelé un espace topologique.
• Les éléments de τ sont appelés les ouverts de (E, τ) ou de E.
Exemples 2.1.2. 1) τ = {∅, E} est une topologie sur E appelée Topologie grossière.
2) τ = P(E) est une topologie sur E appelée Topologie discrète, c’est la topologie
sur E qui possède le plus d’ouverts.
3) τ = {A ⊂ E/ {AE est fini} ∪ {∅} est une topologie sur E.
4) τ = {A ⊂ R/ ∀x ∈ A, ∃ ]a, b[ tel que x ∈]a, b[⊂ A} est une topologie sur R appelée
Topologie euclidienne ou Topologie usuelle.
5) Les espaces métriques sont des espaces topologiques.
Définition 2.1.3. Une partie A d’un espace topologique (E, τ) est dite fermé si c’est le
complémentaire d’un ouvert.
Proposition 2.1.4. Soit (E, τ) un espace topologique. On a les propriétés suivantes.
1) ∅ et E sont des fermés de E.
2) Toute réunion finie de fermés est un fermé de E.
3) Toute intersection quelconque de fermés est un fermé de E.
Remarque 2.1.5. La réunion d’une famille quelconque et même dénombrable de fermés
n’est pas toujours fermé. Par exemple, dans R muni de la topologie usuelle :

Q = {r0 , r1 , ..., rn , ...} = ∪n∈N {rn };

{rn } est fermé mais Q n’est pas fermé.


13

2.2 Base d’une topologie, voisinages et base de voisinages

2.2.1 Base d’ouverts


Définition 2.2.1. On appelle base d’une topologie τ toute partie B de τ telle que, tout
ouvert O ∈ τ soit la réunion d’une famille d’ouverts appartenant à B.

Exemples 2.2.2. 1) τ est une base de τ.

2) {{x}/x ∈ E} est une base de la topologie discrète.

3) L’ensemble des intervalles ouverts de R est une base de la topologie usuelle de R.

Proposition 2.2.3. Pour qu’une partie B de τ soit une base de τ il faut et il suffit que
pour tout O ∈ τ et tout x ∈ O, il existe w ∈ B tel que x ∈ w ⊂ O.

Démonstration. ⇒) évident (revenir à la définition).


⇐) Soit O ∈ τ. Pour tout x ∈ O, il existe wx ∈ B tel que x ∈ wx ⊂ O (par hypothèse).
On a donc O = ∪ wx , d’où B est une base de τ.
x∈O

2.2.2 Voisinages et base de voisinages


Définition 2.2.4. Soit (E, τ) un espace topologique.

• On appelle voisinage d’un point x ∈ E toute partie de E qui contient un ouvert


contenant x.

• On appelle voisinage d’une partie A de E toute partie de E qui contient un ouvert


contenant A.

• On désigne par ϑ (x) l’ensemble des voisinages de x et par ϑ (A) l’ensemble des
voisinages de A.

Remarque 2.2.5. Toute partie qui contient un voisinage de x (resp. de A) est un voisinage
de x (resp. de A).

Exemple 2.2.6. a) Dans E muni de la topologie grossière, le seule voisinage d’un


point x de E est E.

b) Dans E muni de la topologie discrète, toute partie contenant x est un voisinage de


x, en particulier {x} est un voisinage de x.

Proposition 2.2.7. Pour qu’une partie v de E soit un voisinage d’une partie A de E il


faut et il suffit que v soit voisinage de tout point de A.
14

Démonstration. ⇒) évident (voir la définition d’un voisinage).


⇐) On suppose que pour tout x ∈ A, v ∈ ϑ (x). Donc pour tout x ∈ A, il existe un
ouvert Ox tel que x ∈ Ox ⊂ v. On a O = ∪ Ox est un ouvert tel que A ⊂ O ⊂ v. D’où
x∈A
v ∈ ϑ (A).
Proposition 2.2.8. Pour qu’une partie A de E soit un ouvert il faut et il suffit qu’elle soit
voisinage de chacun de ses points.
Démonstration. Pour que A soit voisinage de chacun de ses points il faut et il suffit que
A ∈ ϑ (A) (voir la proposition précédente), c-à-d il existe un ouvert O tel que A ⊂ O ⊂ A
⇒ A = O. Donc A est un ouvert.
Exercice 2.2.9. Soit (E, τ) un espace topologique.
a) Montrer que l’intersection de toute famille finie de voisinages de x ∈ E est aussi
voisinage de x.

b) Montrer que tout voisinage v de x, il existe un autre voisinage u de x tel que pour
tout y ∈ u on ait v ∈ ϑ (y).
Définition 2.2.10. On appelle base (ou système fondamental) de voisinages d’un point
x ∈ E toute partie S(x) de ϑ (x) telle que, tout voisinage v de x contient un voisinage w
de x appartenant à S(x) : ∀v ∈ ϑ (x), ∃w ∈ S(x) tel que w ⊂ v.
Exemples 2.2.11. a) S(x) = ϑ (x).

b) S(x) = {O ∈ τ/ x ∈ O}.

c) Dans R muni de la topologie usuelle : S(x) = {]x − 1n , x + n1 [; n ∈ N∗ }.

d) Dans E muni de la topologie discrète : S(x) = {{x}}.

e) Dans un espace métrique : S(x) = B(x, 1n ), n ∈ N∗ ; S(x) = {B(x, r), r > 0}.


2.3 Intérieur, Adhérence et Frontière

Soient A et B deux parties d’un espace topologique E.


Définition 2.3.1. Soit x ∈ E. On dit que x est intérieur à A si A est voisinage de x (A ∈

ϑ (x)). L’ensemble des points intérieurs à A s’appelle l’intérieur de A et noté A ou int(A).

Proposition 2.3.2. L’intérieur A de A est la réunion de la famille (Oi )i∈I des ouverts
inclus dans A.

Démonstration. x ∈ A ⇔ A ∈ ϑ (x) ⇔ ∃i ∈ I, x ∈ Oi ⊂ A (Oi ouvert dans A) ⇔ x ∈
∪i∈I Oi .
15


Corollaire 2.3.3. a) L’intérieur A est le plus grand ouvert inclus dans A.

b) A est un ouvert si et seulement si A = A.
◦ ◦
c) Si A ⊂ B alors A ⊂ B.
◦ ◦ ◦ ◦
◦ ◦
∩ B = A ∩ B et A ∪ B ⊂ A[
d) A[ ∪ B.

Démonstration. Se déduit de la proposition précédente.


◦ ◦

Remarque 2.3.4. On n’a pas en général A ∪ B = A[
∪ B. On peut prendre par exemple le
cas de E = R, A = [0, 1] et B = [1, 2].
◦ ◦ ◦
◦ ◦
On a A =]0, 1[, B =]1, 2[ et A ∪ B =]0, 1[∪]1, 2[ 6= ]0, 2[= A[
∪ B.

Définition 2.3.5. On dit qu’un point x ∈ E est adhérent à A si tout voisinage de x ren-
contre A (∀v ∈ ϑ (x), v ∩ A 6= ∅).
L’ensemble des points adhérents à A est appelé adhérence ou fermeture de A et noté
A ou adh(A).

Exemples 2.3.6. a) Dans R muni de la topologie usuelle, l’adhérence d’un intervalle


borné quelconque de bornes a et b est [a, b].

b) Dans R l’adhérence de Q et R.

c) Si A est une partie bornée de R, inf A ∈ A et sup A ∈ A.

Proposition 2.3.7. Soit A une partie d’un espace topologique E.

1) L’adhérence de A est le plus petit fermé contenant A.

2) L’adhérence de A est l’intersection des fermés contenant A.

Démonstration. 1) Soit F un fermé tel que A ⊂ F. Soit x ∈/ F, c-à-d x ∈ {FE ⊂ {AE , il vient
que O = {FE est un voisinage de x et O ∩ A = ∅, par suite x ∈
/ A. D’où A ⊂ F.
2) Montrons que A = ∩ F (F fermé). L’inclusion A ⊂ ∩ F est évidente. Montrons
A⊂F A⊂F
que ∩ F ⊂ A. Soit x ∈
/ A, il existe donc v ∈ ϑ (x) tel que v ∩ A = ∅. Par suite, il existe
A⊂F
un ouvert O contenant x et O ∩ A = ∅, donc A ⊂ {O
E = F et x ∈
/ F, par conséquent
x∈/ ∩ F.
A⊂F

Proposition 2.3.8. 1) A est fermé si et seulement si A = A.

2) A ⊂ A, A = A et A ⊂ B ⇒ A ⊂ B.
16

3) A ∪ B = A ∪ B et A ∩ B ⊂ A ∩ B.
◦ ◦
4) {AE A et {A = {A .
= {c
E E E
Démonstration. 1), 2) et 3) sont immédiates. Montrons 4). Comme A = ∩ F (F fermé),
A⊂F
alors {AE = ∪ {FE . Posons {FE = O un ouvert de E, alors {AE = ∪O avec O ⊂ {AE , donc
A⊂F

A
{E = {AE .
c L’autre égalité est identique.

2.4 Points frontières, Points d’accumulation, Points isolés

Soit A une partie d’un espace topologique E.


Définition 2.4.1. Un point x ∈ E est un point frontière de A si x est adhérent à la fois à
A et à {AE . Lensemble des points frontières de A est appelé la frontière de A et noté A∗
ou Fr (A).
Exemples 2.4.2. a) Dans R, la frontière d’un intervalle borné de bornes a et b est
{a, b}.
b) Dans R, Fr (Q) = R.
Proposition 2.4.3. 1) On a Fr (A) est fermé.
2) Fr ({AE ) = Fr (A).
Démonstration. Se déduit de la définition.
Définition 2.4.4. 1) Un point x ∈ E est un point d’accumulation de A si pour tout
voisinage v ∈ ϑ (x), v ∩ A \ {x} 6= ∅.
2) Un point de A est un point isolé s’il existe un voisinage v ∈ ϑ (x) tel que v∩A = {x}.
Remarque 2.4.5. L’adhérence A d’une partie A est égale à la réunion de l’ensemble des
points d’accumulation de A et de l’ensemble des points isolés de A.

2.5 Espaces topologiques séparés, métrisables

Définition 2.5.1. On dit qu’un espace topologique E est séparé si pour tous points dis-
tincts x et y, ils existent u ∈ ϑ (x) et v ∈ ϑ (y) tels que u ∩ v = ∅.
Exemples 2.5.2. a) Tout espace discret est séparé.
b) Tout espace métrique est séparé.
Définition 2.5.3. La topologie canonique d’un espace métrique E est celle dont une base
d’ouverts est constituée des boules ouvertes.
Un espace topologique est dit métrisable si sa topologie est induite par une distance.
17

2.6 Densité topologique

Soit A une partie d’un espace topologique E.

Définition 2.6.1. 1) On dit que A est partout dense (ou dense) dans E si A = E.

2) On dit qu’un espace topologique est séparable s’il existe une partie dénombrable
A de E dense dans E (A ⊂ E et A = E).

Remarque 2.6.2. Toute partie qui contient une partie dense dans E est dense dans E.

Exemples 2.6.3. a) Q et {Q
R sont denses dans R.

b) Dans E muni de la topologie grossière toute partie non vide est dense.

c) Dans E muni de la topologie discrète la seule partie dense dans E est E tout entier.

Proposition 2.6.4. Pour q’une partie A de E soit dense dans E il faut et il suffit que tout
ouvert non vide de E rencontre A.

Démonstration. Soit O un ouvert non vide de E et soit x ∈ O. Comme A = E, alors


x ∈ A, d’où le voisinage O de x rencontre A. Inversement, soit x ∈ E et soit v ∈ ϑ (x),
alors il existe un ouvert non vide O de E tel que x ∈ O ⊂ v. On a donc O ∩ A 6= ∅ c-à-d
v ∩ A 6= ∅, d’où x ∈ A.

2.7 Exercices

Exercice 2.7.1. On considère dans R l’ensemble Σ ⊂ P(R) :

Σ = {∅, R} ∪ {] − x, x[ / x ∈ R, x > 0}.

1) Montrer que Σ est une topologie de R.



2) Soient a, b ∈ R, a > 0. Pour A = {a} et A = [a, b] déterminer A et A.

Solution
1) Montrons que Σ est une topologie de R.
(O1 ) On a ∅, R ∈ Σ.
(O2 ) On a pour x > 0, y > 0 , ] − x, x[∩] − y, y[=] − inf(x, y), inf(x, y)[∈ Σ.
(O3 ) Soit (xi )i∈I une famille quelconque de R∗+ .
- Si (xi )i∈I est majorée alors ∪ ] − xi , xi [=] − sup xi , sup xi [∈ Σ.
i∈I
- Si (xi )i∈I n’est pas majorée alors ∪ ] − xi , xi [= R ∈ Σ, car sinon il existe un nombre
i∈I
x > 0 tel que x ∈ R \ ∪ ] − xi , xi [, donc x > xi pour tout i ∈ I, impossible car (xi )i∈I
i∈I
n’est pas majorée.
18

2) On a lensemble des fermés est le suivant :

Γ = {∅, R} ∪ {] − ∞, −x] ∪ [x, +∞[/ x ∈ R∗+ }.

Soit F =] − ∞, −x] ∪ [x, +∞[. On a a ∈ F ⇔ x ≤ a, donc

A = {a} = ∩ ] − ∞, −x] ∪ [x, +∞[=] − ∞, −a] ∪ [a, +∞[.


x≤a

De même on a [a, b] =] − ∞, −a] ∪ [a, +∞[.


◦ ◦
Il est facile de voir que {a} = [a, b] = ∅.

Exercice 2.7.2. Soit τ l’ensemble des parties de l’intervalle [0, 1[ de la forme [0, α[,
α ∈ [0, 1].

1) Montrer que τ est une topologie sur [0, 1[.

2) Déterminer les fermés et montrer que ([0, 1[, τ) n’est pas séparé.

3) Soit A = [a, b], détrminer A et A.

Solution
1) Montrons que τ est une topologie sur [0, 1[.
- On a ∅ ∈ τ et [0, 1[∈ τ, avec α = 0 et α = 1.
- Soient α1 , α2 ∈ [0, 1], [0, α1 [∩[0, α2 [= [0, inf(α1 , α2 )[∈ τ.
- Soit (αi )i∈I une famille quelconque dans [0, 1]. On a supi∈I αi existe car cette famille
est majorée dans R. Donc ∪ [0, αi [= [0, sup αi [∈ τ.
0≤αi ≤1
2) A est fermée si et seulement s’il existe α ∈ [0, 1] tel que {A[0,1[ = [0, α[. Or, A =
{A
[0,1[ [0,α[
{[0,1[ = {[0,1[ = [α, 1[, donc les fermées sont de la forme [α, 1[ avec α ∈ [0, 1].
Supposons que ([0, 1[, τ) est séparé, alors pour tous α, β ∈ [0, 1[ , avec α 6= β , il
existe α1 , α2 ∈ [0, 1] tels que α ∈ [0, α1 [, β ∈ [0, α2 [ et [0, α1 [∩[0, α2 [= ∅, ce qui est
absurde.
3) Soit A = [a, b].
- A est le plus petit fermé contenant A, donc A = [a, 1[.
◦ ◦ ◦
- A est le plus grand ouvert contenu dans A. Si a = 0, A = [0, b[. Si a 6= 0, A = ∅.

Exercice 2.7.3. Soit (E, τ) un espace topologique et soit B une partie de τ.


Montrer que B est une base d’ouverts si et seulement si, pour tout point a ∈ E, la
famille des éléments de B qui contiennent a est une base de voisinages de a.

Solution
Pour tout a ∈ E, notons Fa = {w ∈ B/ a ∈ w}.
19

⇒) Supposons que B est une base d’ouverts et fixons a ∈ E. Soit v ∈ ϑ (a) un


voisinage de a, alors il existe un ouvert O tel que a ∈ O ⊂ v. Comme B est une base
d’ouverts, il existe donc w ∈ B tel que a ∈ w ⊂ O ⊂ v, ce qui montre que Fa est une base
de voisinages de a.
⇐) Supposons que pour tout a ∈ E, Fa est une base de voisinages de a. Soit O un
ouvert de E, alors O est voisinage de chacun de ses points, autrement dit, pour tout a ∈ O
il existe w ∈ Fa ⊂ B tel que a ∈ w ⊂ O. D’où B est une base d’ouverts.

Exercice 2.7.4. Soient E un espace topologique et soit (Ai )i∈I une famille quelconque
de parties de E.

1) Montrer que
◦ ◦ ◦ ◦
a) ∩
\i∈I Ai ⊂ ∩i∈I Ai , b) ∪i∈I Ai ⊂∪
\i∈I Ai ,
c) ∩i∈I Ai ⊂ ∩i∈I Ai d) ∪i∈I Ai ⊂ ∪i∈I Ai .

2) On suppose que la famille (Ai )i∈I est finie. Montrer que


◦ ◦
e) ∩
\i∈I Ai = ∩i∈I Ai , f ) ∪i∈I Ai ⊂ ∪i∈I Ai .

Solution

1) a) ∩
\i∈I Ai est un ouvert contenu dans ∩i∈I Ai , il est donc contenu dans chacun
◦ ◦
des Ai , donc dans Ai , donc dans ∩i∈I Ai .
◦ ◦
b) Pour tout i ∈ I, Ai est un ouvert inclus dans Ai , ∪i∈I Ai est un ouvert contenu
◦ ◦
dans ∪i∈I Ai et donc ∪i∈I Ai ⊂ ∪ \ i∈I Ai .
c) Pour tout i ∈ I, Ai est un fermé contenant Ai , donc, ∩i∈I Ai ⊂ ∩i∈I Ai , d’où ∩i∈I Ai ⊂
∩i∈I Ai .
d) Pour tout j ∈ I, A j ⊂ ∪i∈I Ai , donc A j ⊂ ∪i∈I Ai et donc ∪i∈I Ai ⊂ ∪i∈I Ai .

2) e) Lorsque I est fini, ∩i∈I Ai est un ouvert et il est contenu dans ∩i∈I Ai , donc il
◦ ◦ ◦
est contenu dans ∩
\ i∈I Ai . Comme on a déjà montré que ∩ \i∈I Ai ⊂ ∩i∈I Ai , on en déduit
l’égalité.
f ) Lorsque I est fini, ∪i∈I Ai est un fermé, qui contient ∪i∈I Ai , donc il contient
∪i∈I Ai . Comme on a déjà montré que ∪i∈I Ai ⊂ ∪i∈I Ai , on en déduit l’égalité.

Exercice 2.7.5. Soient E un espace topologique et A une partie de E.

1) Montrer que A est ouvert si et seulement si, pour toute partie B de E, A∩B ⊂ A ∩ B.

2) On suppose que A est un ouvert de E et B une partie de E.


20

a) Montrer que si B est dense dans E, alors A = A ∩ B.


b) Montrer que si A et B sont denses dans E, alors A ∩ B est dense dans E.

Solution
1) Supposons que A est ouvert et soit x ∈ A ∩ B, alors on a A ∈ ϑ (x). Soit v ∈ ϑ (x)
quelconque, donc v ∩ A ∈ ϑ (x), et puisque x ∈ B alors v ∩ A ∩ B 6= ∅, d’où x ∈ A ∩ B.
Inversement, si A ∩ B ⊂ A ∩ B pour toute partie B de E, alors pour B = {AE on a
◦ ◦ ◦
A ∩ {AE ⊂ A ∩ {AE = ∅, et puisque {AE = {AE alors A ∩ {AE = ∅. Donc A = A et A est un
ouvert.
2) a) Supposons que B est dense dans E et montrons que A = A ∩ B. Comme B = E
et A ∩ B ⊂ A ∩ B d’apès 1), alors A ∩ E ⊂ A ∩ B, c-à-d A ⊂ A ∩ B, donc A ⊂ A ∩ B. D’autre
part, on a A ∩ B ⊂ A, c-à-d A ∩ B ⊂ A, on en déduit donc que A = A ∩ B.
b) D’après a), si B est dense alors A = A ∩ B, et Comme A est dense alors E = A =
A ∩ B, d’où le résultat.

Exercice 2.7.6. Pour toute partie A de l’espace topologique (E, τ) on pose α(A) = A et

β (A) = A.

1) a) Montrer que A ⊂ B ⇒ α(A) ⊂ α(B) et β (A) ⊂ β (B)


b) Montrer que si A est ouvert, on a A ⊂ α(A) et si A est fermé, on a β (A) ⊂ A.
c) En déduire que pour toute partie A de E, α(α(A)) = α(A) et β (β (A)) = β (A).

2) Montrer que si U et V sont deux ouverts tels que U ∩ V = ∅, alors on a aussi


α(U) ∩ α(V ) = ∅.

Solution
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
1) a) Ona A ⊂ B implique que A ⊂ B et A ⊂ B ou encore A ⊂ B et A ⊂ B, donc
α(A) ⊂ α(B) et β (A) ⊂ β (B).
◦ ◦ ◦ ◦
b) On a A ⊂ A implique que A ⊂ A, et comme A est un ouvert alors A = A ⊂ A, donc
A ⊂ α(A).
◦ ◦
De même, on a A ⊂ A implique que A ⊂ A = A (A est fermé), donc β (A) ⊂ A.

c) α(A) = A est un ouvert, alors d’après a) on a α(A) ⊂ α(α(A)). D’autre part,

◦ ◦ ◦ ◦
α(A) = A ⊂ A, donc A ⊂ A et encore A ⊂ A, d’où α(α(A)) ⊂ α(A).

De même, on a β (A) = A est un fermé, alors d’aprs̀ b), β (β (A)) ⊂ β (A). D’autre
◦ ◦
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
part, A ⊂ A = β (A), donc A ⊂ A et encore A ⊂ A, d’où β (A) ⊂ β (β (A)).
21

2) Montrons que si U et V sont deux ouverts disjoints alors α(U) et α(V ) sont
disjoints.
Puisque U est un ouvert, d’après l’exercice 2.7.5, on a U ∩V ⊂ U ∩V = ∅, et comme
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
U ∩ V ⊂ U ∩V alors U ∩ V = ∅. De même, on a V ∩U ⊂ V ∩U = ∅, et comme V ∩ U ⊂
◦ ◦ ◦
V ∩U, alors V ∩ U = ∅, c-à-d α(U) ∩ α(V ) = ∅.
CHAPITRE 3

APPLICATIONS CONTINUES ET HOMÉOMORPHISMES

3.1 Applications continues

Soient E, F et G trois espaces topologiques et f une application de E dans F.


Définition 3.1.1. f est continue en un point x0 ∈ E si pour tout voisinage v de f (x0 ) il
existe un voisinage u de x0 tel que f (u) ⊂ v (⇔ u ⊂ f −1 (v)).
On dit que f est continue sur E si elle est continue en tout pont de E.
Exemples 3.1.2. a) Toute application constante de E dans F est continue sur E.
b) idE : x → x est continue.
c) Si E est discret, toute application f : E → F est continue.
d) Si F est grossière, toute application f : E → F est continue.
Théorème 3.1.3. Les propriétés suivantes sont équivalentes.
1) f est continue sur E.
2) Pour toute partie A ⊂ E, on a f (A) ⊂ f (A).
3) L’image réciproque par f de tout fermé w de F est un fermé de E.
4) L’image réciproque par f de tout ouvert O de F est un ouvert de E.
Démonstration. 1) ⇒ 2). Soit A ⊂ E. Pour tout x ∈ A et tout v ∈ ϑ ( f (x)) on a f −1 (v) ∈
ϑ (x) (la continuité de f ), et comme x ∈ A alors f −1 (v) ∩ A 6= ∅, donc v ∩ f (A) 6= ∅. Il
vient que f (x) ∈ f (A) et par conséquent f (A) ⊂ f (A).
2) ⇒ 3). Soit w un fermé de F, montrons que A = f −1 (w) est un fermé de E. On a
f (A) = f ( f −1 (w)) ⊂ w ; d’après 2) f (A) ⊂ f (A) ⊂ w, donc A ⊂ A, d’où A est fermé.
3) ⇒ 4). Soit O un ouvert de F, on a {O −1 ({O ) est un
F est un fermé de F, donc f F
f −1 (O)
fermé de E, donc {E = f −1 ({O
F ) est un fermé de E, d’où f
−1 (O) est un ouvert de E.

4) ⇒ 1). Soit x0 ∈ E et soit v ∈ ϑ ( f (x0 )), alors il existe un ouvert O de F tel que
f (x0 ) ∈ O ⊂ v. Il vient que {x0 } ⊂ f −1 (O) ⊂ f −1 (v), or f −1 (O) est un ouvert, donc
f −1 (v) ∈ ϑ (x0 ), d’où f est continue en x0 et par conséquent f est continue sur E.
Proposition 3.1.4. Soient f : E → F et g : F → G deux applications. Si f est continue
sur E et g est continue sur F alors g ◦ f est continue sur E.
Démonstration. Soit x ∈ E. Montrons que g ◦ f : E → G est continue en x. Pour cela,
soit v ∈ ϑ (g ◦ f (x)), alors g−1 (v) ∈ ϑ ( f (x)) et f −1 (g−1 (v)) = (g ◦ f )−1 (v) ∈ ϑ (x), d’où
g ◦ f est continue.
23

3.2 Applications ouvertes, fermées et homéomorphismes

Définition 3.2.1. a) On dit que f est ouverte si l’image par f de tout ouvert de E est
un ouvert de F.
b) On dit que f est fermée si l’image par f de tout fermé de E est un fermé de F.
Définition 3.2.2. f est un homéomorphismes de E dans F si f est une bijection bi-
continue, c-à-d telle que f et f −1 sont continues.
On dit que E et F sont homéomorphe s’il existe un homéomorphisme de E dans F.
Proposition 3.2.3. Soient E et F deux espaces topologiques. On suppose que F est
séparé. Si pour tous x, x0 ∈ E, avec x 6= x0 , il existe une application continue f de E dans
F vérifiant f (x) 6= f (x0 ), alors E est séparé.
Démonstration. Soient x 6= x0 dans E et f : E → F continue telles que f (x) 6= f (x0 ).
Soient v ∈ ϑ ( f (x)) et v0 ∈ ϑ ( f (x0 )) tels que v ∩ v0 = ∅. Comme f est continue, alors
f −1 (v) ∈ ϑ (x), f −1 (v0 ) ∈ ϑ (x0 ) et on a f −1 (v) ∩ f −1 (v0 ) = f −1 (v ∩ v0 ) = ∅.
Corollaire 3.2.4. a) Soient E et F deux espaces topologiques avec F est séparé. S’il
existe une injection continue de E dans F, alors E est séparé.
b) Tout espace homéomorphe à un espace séparé est séparé.

3.3 Comparaison de topologies

Soient τ1 et τ2 deux topologies sur E.


Définition 3.3.1. On dit que τ1 et τ2 sont comparables si τ1 ⊂ τ2 ou τ2 ⊂ τ1 . Si τ1 ⊂ τ2 ,
on dit que τ1 et moins fine que τ2 ou encore τ2 et plus fine que τ1 , on note τ1  τ2 .
Exemple 3.3.2. La topologie grossière est la moins fine de toutes les topologies sur E et
la topologie discrète est la plus fine de toutes les topologies sur E.
Proposition 3.3.3. τ1 et moins fine que τ2 si et seulement si idE : (E, τ2 ) → (E, τ1 ) est
continue.
Démonstration.

idE est continue ⇔ ∀O ∈ τ1 , idE−1 (O) ∈ τ2


⇔ ∀O ∈ τ1 , O ∈ τ2
⇔ τ1 ⊂ τ2 .

Remarque 3.3.4. Une application continue de E dans F reste continue si on remplace


la topologie de E par une topologie plus fine ou la topologie de F par une topologie
moins fine.
24

3.4 Sous-espace topologique

Soient (E, τ) un espace topologique, A une partie de E et soit i l’injection canonique


de A dans E, i : A → E, x → x. L’ensemble des topologies sur A qui rendent continue
l’injection canonique i n’est pas vide, la topologie discrète lui appartient.

Définition 3.4.1. On appelle Topologie induite par τ sur A la topologie T la moins


fine parmis celles rendant continue l’injection canonique. (A, T ) s’appelle sous-espace
topologique (ou sous-espace) de E.

Dans la suite de ce paragraphe A est supposé muni de la topologie induite.

Proposition 3.4.2. Les ouverts dans A sont les traces sur A des ouverts de E, c-à-d

T = {O ∩ A/ O ∈ τ}.

Démonstration. T est une topologie sur A (immédiate).


Pour tout O ∈ τ, on a i−1 (O) = O ∩ A ∈ T , d’où i : (A, T ) → (E, τ) est continue.
Soit T 0 une topologie sur A telle que i : (A, T 0 ) → (E, τ) soit continue. Soit O ∩ A ∈ T
avec O ∈ τ. Alors on a O ∩ A = i−1 (O) ∈ T 0 , donc T 0 est plus fine que T .

Proposition 3.4.3. Les fermés de A sont les traces sur A des fermés de E.

Démonstration. Soit FA l’ensemble des fermés de A, on a alors w ∈ FA ⇔ {wA est un


ouvert de A ⇔ il existe O ouvert de E tel que {A = O ∩ A ⇔ w = {A = {E ∩ A ({O
w O∩A O
E est
un fermé de E).

Proposition 3.4.4. Soient (E, τ) un espace topologique, A et B deux parties de E telles


A
que B ⊂ A. L’adhérence B de B par rapport à A est égale à la trace sur A de l’adhérence
E
B de B par rapport à E.

Démonstration. Soit {Fi / i ∈ I} l’ensemble de tous les fermés de E contenant B, alors


{Fi ∩ A/ i ∈ I} est l’ensemble des fermés de A qui contiennent B, d’où
A E
B = ∩i∈I (Fi ∩ A) = (∩i∈I Fi ) ∩ A = B ∩ A.

Proposition 3.4.5. Tout sous-espace topologique d’un espace topologique séparé est
séparé.

Démonstration. Soit A un sous-espace d’un espace E séparé. On a i : A → E l’injection


canonique est continue, on applique donc le corollaire précédent (corollaire 3.2.4 )
25

3.5 Produit fini d’espaces topologiques

Soient (Ei , τi ), 1 ≤ i ≤ n, des espaces topologiques et E = E1 × ... × En = ∏ni=1 Ei le


produit Cartésien.
Définition 3.5.1. On appelle ouvert élémentaire de E toute partie de E de la forme
P = ∏ni=1 Oi , où Oi est un ouvert quelconque de Ei .
Remarque 3.5.2. L’intersection de deux ouverts élémentaires est un ouvert élémentaire.
En effet, si P = ∏ni=1 Oi et P0 = ∏ni=1 O0i alors, P ∩ P0 = ∏ni=1 Oi ∩ O0i .
Proposition 3.5.3. L’ensemble des réunions d’ouverts élémentaires de E définit une
topologie sur E dite Topologie produit sur E.
Démonstration. Soit τ = { des réunions d’ouverts élémentaires de E}. Les propriétés
(O1 ) et (O3 ) sont évidentes.
Pour (O2 ) : Soient A = ∪ j∈J Pj et B = ∪k∈K Pk0 , avec les Pj et les Pk sont des ouverts
élémentaires de E. On a

A ∩ B = (∪ j∈J Pj ) ∩ (∪k∈K Pk0 ) = ∪( j,k)∈J×K Pj ∩ Pk0 .

Or, pour tout ( j, k) ∈ J × K, Pj ∩ Pk0 est un ouvert élémentaire de E, donc A ∩ B ∈ τ.


Théorème 3.5.4. Soit x = (x1 , ..., xn ) ∈ E, alors l’ensemble des parties de E de la forme
∏ni=1 vi , où vi ∈ ϑ (xi ) est un système fondamental de voisinages de x pour la topologie
produit.
Démonstration. Soit v = ∏ni=1 vi , avev vi ∈ ϑ (xi ), alors pour tout i ∈ {1, ..., n}, il existe
wi ouvert de Ei tel que xi ∈ wi ⊂ vi . Par suite, x ∈ ∏ni=1 wi ⊂ v, c-à-d v contient un ouvert
élémentaire contenant x, donc v est un voisinage de x.
Inversement, soit v ∈ ϑ (x), il existe donc un ouvert O de E tel que x ∈ O ⊂ v. Or,
O est une réunion d’ouverts élémentaires de E, il existe donc un ouvert élémentaire
P = ∏ni=1 wi tel que x ∈ P ⊂ O ⊂ v. Il suffit de prendre pour chaque i = 1, ..., n, vi = wi ∈
ϑ (xi ).
Remarque 3.5.5. Pour tout i ∈ {1, ..., n}, soit pri la projection de E sur Ei (x → xi ),
alors pri est continue.
Proposition 3.5.6. Soient F un espace topologique et f une application de F vers E =
∏ni=1 Ei . Pour que f soit continue en un point a ∈ F il faut et il suffit que les applications
coordonnées fi : F → Ei , x → fi (x) soient continues en a.
Démonstration. ⇒) Pour tout i ∈ {1, ..., n}, fi = pri ◦ f est continue en a comme com-
posée de deux applications continues.
⇐) Soit v un voisinage de f (a) dans E, alors v contient un ouvert élémentaire P =
n
∏i=1 wi contenant f (a). Par suite, on a pour tout i ∈ {1, ..., n}, wi est un ouvert de Ei et
26

contient fi (a), donc fi−1 (wi ) est un voisinage de a dans F, d’où f −1 (P) = ∩ni=1 fi−1 (wi )
est un voisinage de a dans F. Par conséquent, f −1 (v) ⊃ f −1 (P) est un voisinage de a
dans F, ce qui montre que f est continue en a.
Proposition 3.5.7. Tout produit fini E = ∏ni=1 Ei d’espaces topologiques séparés et sé-
paré.
Démonstration. Soient x et x0 deux éléments de E tels que x 6= x0 , alors il existe i ∈
{1, ..., n} tel que pri (x) 6= pri (x0 ). Comme pri : E → Ei , x → xi , est continue et Ei est
séparé, alors E est séparé.

3.6 Limites et continuité dans un espace topologique

Définition 3.6.1. Soient (xn )n∈N une suite d’éléments d’un espace topologique E et ` ∈
E. On dit que (xn )n∈N tend vers ` (ou converge vers `) si pour tout voisinage v ∈ ϑ (`), il
existe n0 ∈ N tel que xn ∈ v pour tout n ≥ n0 . On note ` = lim xn .
n→+∞

Proposition 3.6.2. Si E est un espace topologique séparé, alors la limite d’une suite si
elle existe est unique.
Démonstration. Soient ` 6= `0 deux limites d’une suites (xn )n∈N ⊂ E. Comme E est sé-
paré, alors il existe deux voisinages v ∈ ϑ (`) et v0 ∈ ϑ (`0 ) tels que v ∩ v0 = ∅. On a
` = lim xn implique qu’il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , xn ∈ v et `0 = lim xn
n→+∞ n→+∞
implique qu’il existe n1 ∈ N tel que pour tout n ≥ n1 , xn ∈ v0 . Impossible.

Théorème 3.6.3. Soient E un espace topologique, A une partie de E et x ∈ E.


1) Pour que x soit adhérent à A, il suffit qu’il existe une suite de points de A qui
converge vers x.

2) Si E est métrisable (ou plus généralement tout point de E admet une base dénom-
brable de voisinages) cette condition est nécessaire.

Démonstration. 1) Soit (xn )n∈N une suite de points de A convergeant vers x et soit
v ∈ ϑ (x), alors il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , on a xn ∈ v, c-à-d pour
tout n ≥ n0 , xn ∈ v ∩ A, donc v ∩ A 6= ∅ et x ∈ A.

2) soit x ∈ A et soit (vn )n∈N un système fondamental dénombrable de voisinages de


x (on peut supposer que (vn )n∈N est décroissante, car sinon on prend u0 = v0 et
un = ∩ni=0 vi ). On a vn ∩ A 6= ∅. On considère pour chaque n ∈ N, xn ∈ vn ∩ A,
ainsi on obtient une suite (xn )n∈N de point de A qui converge vers x. En effet, si
v ∈ ϑ (x), alors il existe n0 ∈ N tel que vn0 ⊂ v pour tout n ≥ n0 , donc xn ∈ v pour
tout n ≥ n0 , d’où lim xn = x.
n→+∞
27

Corollaire 3.6.4. Dans un espace topologique métrisable E, si la limite de toute suite


de points d’une partie A ⊂ E appartient à A, alors A est fermé.
Définition 3.6.5. Soit (xn )n∈N une suite d’éléments d’un espace topologique E. On dit
qu’un élément α ∈ E est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N si pour tout voisi-
nage v ∈ ϑ (α), on a {n ∈ N/ xn ∈ v} est infini.
Remarque 3.6.6. Pour tout n ∈ N, on pose An = {xk / k ≥ n}. Alors, α est une valeur
d’adhérence de (xn )n∈N si et seulement si α ∈ ∩ An .
n∈N

Exemples 3.6.7. a) Si E = R et xn = (−1)n , alors les valeurs d’adhérence sont −1


et 1.
b) Si E = R et xn = n, il n’y a pas de valeur d’adhérence.
c) La limite d’une suite convergente est une valeur d’adhérence, c’est la seule valeur
d’adhérence si E est séparé.
Théorème 3.6.8. Soit (xn )n∈N une suite de points d’un espace métrique (E, d), alors
α ∈ E est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N si et seulement si α est la limite d’une
sous-suite (xnk )k∈N de (xn )n∈N .
Démonstration. ⇒) Si α est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N , on peut construire par
récurrence une suite strictement croissante (nk )k d’entiers telle que pour tout k ≥ 1,
xnk ∈ B(α, 1k ). En effet,
Pour k = 1, on a {xn / n ≥ 1} ∩ B(α, 1) 6= ∅. Soit n1 ≥ 1 telle que xn1 ∈ B(α, 1).
Pour k > 1, on a {xn / n ≥ nk−1 }∩B(α, 1k ) 6= ∅. Soit nk ≥ nk−1 telle que xnk ∈ B(α, 1k ).
On obtient donc une sous-suite (xnk )k∈N qui converge vers α.
⇐) (Il est valable pour tout espace topologique) Si α est limite d’une sous-suite
(xnk )k∈N , alors pour tout v ∈ ϑ (α), il existe k0 ∈ N tel que pour tout k ≥ k0 , xnk ∈ v. Il
existe donc une infinité d’entiers n tels que xn ∈ v, donc α est bient une valeur d’adhé-
rence de (xn )n∈N .
Définition 3.6.9. Soient E et F deux espaces topologiques, A ⊂ E et f : A → F une
application. Soit α ∈ A, on dit que f (x) converge vers ` ∈ F, quand x tend vers α par
valeur dans A et on note lim f (x) = `, si pour tout voisinage v ∈ ϑ (`), il existe un
x→α
x∈A
voisinage u ∈ ϑ (α) dans E tel que f (u ∩ A) ⊂ v.
Remarque 3.6.10. Si α ∈ A, on a f est continue en α si et seulement si lim f (x) = f (α).
x→α
x∈A

Proposition 3.6.11. Soit A une partie d’un espace métrique (E, d), F un espace topo-
logique et f : A → F une application. Soit α ∈ A et ` ∈ F. Pour que lim f (x) = ` il
x→α
x∈A
faut et il suffit que pour toute suite (xn )n∈N de points de A convergeant vers α on ait
lim f (xn ) = `.
n→+∞
28

Démonstration. ⇒) Soit (xn )n∈N ⊂ A telle que lim xn = α. On va montrer que lim f (x) =
n→+∞ x→α
` ⇒ lim f (xn ) = `. Pour cela, soit v ∈ ϑ (`), par hypothèse il existe u ∈ ϑ (α) tel que
n→+∞
f (u ∩ A) ⊂ v. or, il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , xn ∈ u, donc xn ∈ u ∩ A pour
tout n ≥ n0 , c-à-d f (xn ) ∈ f (u ∩ A) ⊂ v pour tout n ≥ n0 , d’où lim f (xn ) = ` (vraie dans
n→+∞
tout espace topologique).
⇐) On veut montrer que, pour tout voisinage v ∈ ϑ (`), il existe u ∈ ϑ (α) tel que
f (u ∩ A) ⊂ v. Pour cela, on suppose qu’il existe v ∈ ϑ (`) tel que pour tout u ∈ ϑ (α),
f (u∩A) n’est pas inclus dans v, donc en particulier pour u = B(α, 1n ), on a f (B(α, 1n )∩A)
n’est pas inclus dans v pour tout n ≥ 1, ce qui veut dire que f (xn ) ne converge pas vers
`. Contradiction.
Corollaire 3.6.12. Pour qu’une application f soit continue sur un espace métrique
(E, d) il faut et il suffit que pour toute suite (xn )n∈N ⊂ E qui converge vers α ∈ E, on a
lim f (xn ) = f (α).
n→+∞

Démonstration. Il suffit d’appliquer la remarque et la proposition précédentes.

3.7 Exercices

Exercice 3.7.1. On considère un ensemble E = {a, b, c} à trois éléments distincts. Pour


in formation, l’ensemble E peut être muni de 29 topologies distinctes.
Construire sur E deux topologies τ et τ 0 , qui sont toutes deux distinctes de la topolo-
gie discrète et de la topologie grossière, et qui sont ajustées de façon à ce qu’il n’existe
pas d’homéomorphisme entre (E, τ) et (E, τ 0 ).
Solution
On peut prendre τ = {∅, {a}, {a, b}, E} et τ 0 = {{a}, {a, b}, {a, c}, E}. Comme τ
contient 4 ouverts tandis que τ 0 en contient 5, les espaces topologiques (E, τ) et (E, τ 0 )
ne peuvent pas être homéomorphes.
Exercice 3.7.2. Soient E et F deux espaces topologiques et f : E → F une applica-
tion. Pour tout x0 ∈ E, soient S(x0 ) et S( f (x0 )) deux bases de voisinages de x0 et f (x0 )
respectivement. Montrer que les trois propriétés suivantes sont équivalents :
1) f est continue en x0 .
2) Pour tout v0 ∈ S( f (x0 )) il existe u0 ∈ S(x0 ) tel que f (u0 ) ⊂ v0 .
3) Pour tout v0 ∈ S( f (x0 )), f −1 (v0 ) ∈ ϑ (x0 ).
Solution
1) ⇒ 2). Soit v0 ∈ S( f (x0 )) ⊂ ϑ ( f (x0 )), comme f est continue en x0 , il existe u ∈
ϑ (x0 ) tel que f (u) ⊂ v0 , et puisque u est un voisinage de x0 il existe u0 ∈ S(x0 ) tel que
u0 ⊂ u. On a alors f (u0 ) ⊂ f (u) ⊂ v0 .
29

2) ⇒ 3). Soit v0 ∈ S( f (x0 )), d’après 2) il existe u0 ∈ S(x0 ) tel que f (u0 ) ⊂ v0 ou encore
u0 ⊂ f −1 (v0 ), d’où f −1 (v0 ) ∈ ϑ (x0 ) ( f −1 (v0 ) n’est pas nécessairement dans S(x0 )).
3) ⇒ 1). Soit v un voisinage de f (x0 ), alors il existe v0 ∈ S( f (x0 )) tel que v0 ⊂ v, et
d’après 3) on a u = f −1 (v0 ) ∈ ϑ (x0 ), donc f (u) = f ( f −1 (v0 ) ⊂ v0 ⊂ v.

Exercice 3.7.3. Soit A un sous-espace topologique d’un espace topologique E. Montrer


que les voisinages d’un point x ∈ A sont les traces sur A des voisinages de x dans E.

Solution
Soient ϑA (x) l’ensemble des voisinages de x dans A et ϑ (x) l’ensemble des voisi-
nages de x dans E. Soit v ∈ ϑA (x), alors il existe O un ouvert de E tel que x ∈ w =
O ∩ A ⊂ v. Considérons u = v ∪ O qui appartient à ϑ (x), alors on a u ∩ A = v.
Réciproquement, soit v = u ∩ A avec u ∈ ϑ (x). Alors il existe un ouvert O de E tel
que x ∈ O ⊂ u, donc v = u ∩ A ⊃ O ∩ A, d’où v ∈ ϑA (x).

Exercice 3.7.4. Soient E et F deux espace topologiques, avec F est séparé, f et g deux
applications continues de E dans F.

1) Montrer que G = {x ∈ E/ f (x) = g(x)} est fermé dans E.

2) Déduire que s’il existe une partie A dense dans E telle que f (x) = g(x) pour tout
x ∈ A, alors f ≡ g.

Solution
1) Montrer que G est un fermé revient à montrer que {G E est ouvert. On va donc
montrer que {E est voisinage de chacun de ses points. Soit x ∈ {G
G
E , alors f (x) 6= g(x).
Comme F est sépaé, ils existent deux ouverts u ∈ ϑ ( f (x)) et v ∈ ϑ (g(x)) tels que u ∩
v = ∅. De plus, f −1 (u) et g−1 (v) sont des ouverts, car f et g sont continues, et x ∈
f −1 (u) ∩ g−1 (v). Montrons que O = f −1 (u) ∩ g−1 (v) ⊂ {GE . Soit a ∈ O, alors f (a) ∈ u
et g(a) ∈ v. Or u ∩ v = ∅, donc f (a) 6= g(a), ce qui prouve que a ∈ {G E . Il en résulte que
G G
x ∈ O ⊂ {E . Il vient donc que {E est un ouvert et G fermé.
2) f (x) = g(x) pour tout x ∈ A implique que A ⊂ G, par suite A ⊂ G = G. Comme
A = E, alors E ⊂ G, donc f ≡ g.

Exercice 3.7.5. Soient E et F deux espaces topologiques et f : E → F une application.


Montrer que les trois propriétés suivantes sont équivalentes :

1) f est continue.


2) Pour toute partie B de F, f −1 (B) ⊂ −1 (B).
f\

3) Pour toute partie B de F, f −1 (B) ⊂ f −1 (B).


30

Solution
◦ ◦
1) ⇒ 2) On a B ⊂ B implique que f −1 (B) ⊂ f −1 (B), et puisque que f est continue


◦ ◦ \ ◦
sur E, alors f −1 (B) est un ouvert, il vient donc que f −1 (B) = f −1 (B) ⊂ f\
−1 (B).
◦ ◦

◦ −1 (B)
f\ f −1 (B)
2) ⇒ 3) Supposons que f −1 (B) ⊂ −1 (B),
f\ alors {E ⊂ {E , ce qui implique

f −1 (B)
que {E ⊂ f −1 ({BE ), ce qui implique encore que f −1 ({BE ) ⊂ f −1 ({BE ). Ainsi, en posant
B0 = {BE , on obtient f −1 (B0 ) ⊂ f −1 (B0 ).
3) ⇒ 1) Montrons que f est continue. Pour cela, soit w un fermé de F, d’après 3),
on a f −1 (w) ⊂ f −1 (w) = f −1 (w), donc f −1 (w) = f −1 (w) c-à-d f −1 (w) est frmé et f
est continue.
Exercice 3.7.6. Soit E un ensemble non vide et soient d et d 0 deux distances sur E.
1) Montrer que d et d 0 sont métriquement équivalentes si et seulement si l’application
identité idE : (E, d) → (E, d 0 ) est bilipschitzienne (idE et idE−1 sont lipschitziennes).
2) Montrer que d et d 0 sont topologiquement équivalentes si et seulement si l’appli-
cation identité idE : (E, d) → (E, d 0 ) est un homéomorphisme.
Solution
1) L’application idE : (E, d) → (E, d 0 ) est lipschitzienne équivaut à l’existence d’une
constante k > 0 tel que d 0 ≤ kd. De même son application inverse idE−1 : (E, d 0 ) → (E, d)
est lipschitzienne équivaut à l’existence d’une constante ` > 0 tel que d ≤ `d 0 . Par consé-
quent, idE : (E, d) → (E, d 0 ) est bilipschitzienne si et seulement s’il existe k, ` > 0 tels
que 1` d ≤ d 0 ≤ kd.
2) L’application idE : (E, d) → (E, d 0 ) est continue si et seulement si l’image ré-
ciproque de tout ouvert de (E, d 0 ) est un ouvert de (E, d), ce qui revient à dire que
τd0 ⊂ τd . De même on a idE−1 : (E, d 0 ) → (E, d) est continue si et seulement si τd ⊂ τd0 .
Par conséquent, idE est un homéomorphisme si et seulement si τd = τd0 , c-à-d d et d 0
sont topologiquement équivalentes.
Exercice 3.7.7. Soient (E, d) un espace métrique et A une partie non vide de E.
1) Montrer que pour tout x ∈ A, d(x, A) = 0 si et seulement si x ∈ A et que d(x, A) =
d(x, A).
2) Montrer que l’application x → d(x, A) de E dans R est uniformément continue (on
pourra montrer qu’elle est lipschitzienne).
Solution
1) Dans un espace métrique, x ∈ A si et seulement s’il existe une suite (xn )n∈N dans A
telle que lim d(xn , x) = 0. Il en résulte immédiatement que d(x, A) = 0 si et seulement
n→+∞
si x ∈ A.
31

Montrons que d(x, A) = d(x, A). On a A ⊂ A, donc d(x, A) ≥ d(x, A). Reste à montrer
que d(x, A) ≥ d(x, A) ou encore pour tout r > 0, d(x, A)+r > d(x, A). Fixons un tel r > 0,
et soit y ∈ A tel que d(x, y) < d(x, A) + 2r . comme y ∈ A, il existe z ∈ A tel que d(z, y) < 2r .
Par suite, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) < d(x, A) + r. D’où le résultat en passant à l’inf.
2) Il suffit de montrer qu’elle est 1-lipschitzienne. On a pour tout a ∈ A et x, y ∈ E,
d(x, a) ≤ d(x, y) + d(y, a). En passant à l’inf à gauche, on obtient d(x, A) ≤ d(x, y) +
d(y, a) et en passant à l’inf à droite, on obtient d(x, A) − d(y, A) ≤ d(x, y). En inversant
les rôles de x et y, on obtient |d(x, A) − d(y, A)| ≤ d(x, y).

Exercice 3.7.8. Soit E un espace topologique. Montrer que les trois propriétés suivantes
sont équivalentes :

1) E est séparé.

2) Pour tout x ∈ E, l’intersection des voisinages fermés de x est égale à {x}.

3) La diagonale ∆ = {(x, x)/ x ∈ E} de E × E est fermé (E × E est supposé muni de


la topologie produit).

Solution
1) ⇒ 2) Soit A = ∩v∈ϑ (x) v (v fermé). On a {x} ⊂ A. Montrons que A ⊂ {x}, ce qui
{x}
revient à montrer que {E ⊂ {AE .
{x}
Soit x0 ∈ {E , donc x 6= x0 et par suite il existe deux voisinages ouverts u ∈ ϑ (x) et
0 0
u0 ∈ ϑ (x0 ) tels que u ∩ u0 = ∅, c-à-d x ∈ u ⊂ {uE , donc {uE est un voisinage fermé de x qui
ne contient pas x0 ⇒ x0 ∈ / A, d’où x0 ∈ {AE .
2) ⇒ 3) Montrons que {∆E×E est ouvert. Soit (x, x0 ) ∈ {∆E×E , alors x 6= x0 . D’après 2),
0
x ∈/ A = ∩v∈ϑ (x) v (v fermé). Il existe donc un voisinage fermé v de x tel que x0 ∈ /v⇒
0 v v 0 v
x ∈ {E , d’où v × {E est un voisinage de (x, x ) et v × {E ⊂ {E×E .∆

3) ⇒ 1) Soit x 6= x0 , donc (x, x0 ) ∈


/ ∆ ⇒ (x, x0 ) ∈ {∆E×E qui est un ouvert, il existe donc
un ouvert O × O0 de E × E tel que (x, x0 ) ∈ O × O0 ⊂ {∆E×E , c-à-d O ∩ O0 = ∅, donc E est
séparé.

Exercice 3.7.9. Un espace topologique est dit irréductible si deux ouverts non vides ont
toujours un point commun. Soit E un espace topologique et A ⊂ E. Montrer qu’il y a
équivalence entre

a) A est irréductible (pour la topologie induite).

b) Pour toute famille finie (Fi )i∈I de fermés de E tel que A ⊂ ∪i∈I Fi , il existe i ∈ I tel
que A ⊂ Fi .

c) Si U et V sont deux ouverts de E rencontrant A alors U ∩V rencontre A.

d) A est irréductible.
32

Solution
a) ⇒ b) Supposons que A est irréductible. Soient F1 et F2 deux fermés de E tels que
A ⊂ F1 ∪ F2 .
- Si A ∩ F1 = ∅ ou A ∩ F2 = ∅, c’est fini.
- Si A ∩ F1 6= ∅ et A ∩ F2 6= ∅, alors A ∩ {FE1 6= ∅ et A ∩ {FE2 6= ∅. On a A ∩ {FE1 et
A ∩ {FE2 sont deux ouverts de A et comme A est irréductible, alors A ∩ {FE1 ∩ {FE2 6= ∅, par
suite A ∩ {FE1 ∪F2 6= ∅. Impossible car A ⊂ F1 ∪ F2 .
b) ⇒ c) Soient U et V deux ouverts tels que A ∩ U 6= ∅ et A ∩ V 6= ∅. Supposons
que U ∩V ∩ A = ∅, donc A ⊂ {U∩V E = {U V U
E ∪ {E . D’après l’hypothèse, A ⊂ {E ou A ⊂ {E ,
V

donc A ∩V = ∅ ou A ∩U = ∅, absurde.
c) ⇒ d) Soient U ∩ A 6= ∅ et V ∩ A 6= ∅ deux ouverts de A, avec U et V sont deux
ouverts de E. On a U ∩ A 6= ∅ ⇒ U ∩ A 6= ∅, car sinon, on a U ∩ A ⊂ U ∩ A = ∅ (voir
l’exercice 2.7.5).
De même, V ∩ A 6= ∅ ⇒ V ∩ A 6= ∅. D’après c), U ∩V ∩ A 6= ∅, donc U ∩V ∩ A 6= ∅.
d) ⇒ a) Soient U et V deux ouverts de E tels que U ∩ A 6= ∅ et V ∩ A 6= ∅, donc
U ∩ A 6= ∅ et V ∩ A 6= ∅. D’après d), U ∩V ∩ A 6= ∅, donc U ∩V ∩ A 6= ∅.
Exercice 3.7.10. Soit E un ensemble et d une application de E × E dans R+ telle que
(α) ∀(x, y) ∈ E × E, d(x, y) = 0 ⇔ x = y.

(β ) ∀(x, y) ∈ E × E, d(x, y) = d(y, x).

(γ) ∀(x, y, z) ∈ E × E × E, d(x, z) ≤ sup (d(x, y), d(y, z)).

1) Montrer que l’application d est une distance sur E. Une telle distance est appelée
distance ultramétrique.

2) Soient x, y, z trois points de E tels que d(x, y) 6= d(y, z). Montrer que d(x, z) =
sup (d(x, y), d(y, z)).

3) Soient x ∈ E et r > 0. Montrer que la boule fermée B(x, r) est un ensemble ouvert
et que pour tout y ∈ B(x, r), la boule fermée B(y, r) est égale à B(x, r).

4) Soient x ∈ E et r > 0. Montrer que la boule ouverte B(x, r) est un ensemble fermé
et que pour tout y ∈ B(x, r), la boule ouverte B(y, r) est égale à B(x, r).

Solution
1) On va montrer que d vérifie l’inégalité triangulaire. Comme d prend des valeurs
positives, il est clair que

∀x, y, z ∈ E, d(x, z) ≤ sup(d(x, y), d(y, z)) ≤ d(x, y) + d(y, z).

2) Puisque d(x, y) 6= d(y, z), on suppose d(x, y) < d(y, z). D’après la propriété (γ),
d(x, z) ≤ d(y, z) et d(y, z) ≤ sup(d(y, x), d(x, z)). Mais comme d(y, x) < d(y, z), alors
33

la deuxième inégalité est forcément d(y, z) ≤ d(x, z), ce qui joint à la première donne :
d(x, z) = d(y, z) = sup(d(x, y), d(y, z)).
3) Si y est un élément de B(x, r) et z un élément de E tel que d(y, z) < 2r , on a d(x, z) ≤
sup(d(x, y), d(y, z)), donc z ∈ B(x, r). Ceci prouve que la boule ouverte B(y, 2r ) ⊂ B(x, r)
et par suite B(x, r) est voisinage de chacun de ses points, donc c’est un ouvert de E.
Soit maintenant y ∈ B(x, r). Si z ∈ B(x, r), on a d(y, z) ≤ sup(d(y, x), d(x, z)) ≤ r, donc
z ∈ B(x, r) et B(x, r) ⊂ B(y, r).
Inversement, soit u ∈ B(y, r). On a d(x, u) ≤ sup(d(x, y), d(y, u)) ≤ r, donc u ∈ B(x, r)
et B(y, r) ⊂ B(x, r). Par conséquent, B(x, r) = B(y, r).
4) On va montrer que B(x, r) contient tous ses points d’accumulation. Soient (an )n
une suite convergente d’éléments de B(x, r) et a la limite de cette suite. On a pour tout
n ∈ N, d(x, an ) < r. Comme a = lim an , il existe n0 ∈ N tel que d(a, an0 ) < 2r . On a alors,
n→∞
d(x, a) ≤ sup(d(x, an0 ), d(an0 , a)) < r, ce qui prouve que a est un élément de B(x, r) qui
est donc une partie fermée de E.
Une démonstration analogue à celle de la question 3) montre que B(x, r) = B(y, r).
CHAPITRE 4

ESPACES TOPOLOGIQUES COMPACTS, CONNEXES

4.1 Espaces compacts

4.1.1 Propriété de Borel-Lebesgue


Définition 4.1.1. • Soit E un ensemble et (Ai )i∈I une famille de parties de E. On dit
que (Ai )i∈I recouvre E (ou constitue un recouvrement de E) si ∪i∈I Ai = E.

• Si (Ai )i∈I est un recouvrement d’un ensemble E, une sous-famille (Ai )i∈J (J ⊂ I)
de la famille (Ai )i∈I , qui est elle même un recouvrement de E s’appelle un sous-
recouvrement de E du recouvrement (Ai )i∈I .

• Un recouvrement (Ai )i∈I d’un ensemble E est fini si l’ensemble d’indices I est fini.

• Lorsque (E, τ) est un espace topologique, un recouvrement de E constitué d’ou-


verts de E s’appelle un recouvrement ouvert de E.

Définition 4.1.2. Soit E un espace topologique. On dit que E satisfait la propriété de


Borel-Lebesgue si

« De tout recouvrement ouvert de E, on peut extraire un sous-recouvrement fini».

Autrement dit :
∀(Oi )i∈I une famille d’ouverts de E telle que ∪i∈I Oi = E, ∃J ⊂ I, avec J fini, tel que
∪i∈J Oi = E.

Définition 4.1.3. Un espace topologique (E, τ) est dit compact si :

1) E est séparé.

2) E vérifie la propriété de Borel-Lebesgue.

Exemples 4.1.4. a) Si E est fini et muni de la topologie discrète, alors E est compact.
En effet, E est bien séparé et si E = ∪i∈I Oi , alors pour tout x ∈ E, il existe ix ∈ I
tel que x ∈ Oix ⇒ E = ∪x∈E Oix qui est un recouvrement fini.

b) Si E est infini et discret, alors E n’est pas compact, car du recouvrement de E par
la famille d’ouverts ({x})x∈E on ne peut pas extraire de sous-recouvrement fini.

c) R muni de la topologie usuelle n’est pas compact, car du recouvrement constitué


de (] − n, n[)n∈N∗ on ne peut pas extraire de sous-recouvrement fini (sinon R serait
borné).
35

Proposition 4.1.5. Un espace topologique E est compact si et seulement si

- E est séparé.

- De toute famille de fermés de E dont l’intersection est vide on peut extraire une
sous-famille finie dont l’intersection est vide. Autrement dit :
∀(Fi )i∈I une famille de fermés de E qui est telle que ∩i∈I Fi = ∅, ∃J ⊂ I avec J fini
tel que ∩i∈J Fi = ∅

Démonstration. Immédiate (par passage aux complémentaires dans E).

Définition 4.1.6. Une partie A d’un espace topologique E est une partie compacte de E
si le sous-espace topologique A de E est compact. On dit que A est compacte dans E ou
que c’est un compact de E.
On dit qu’une partie A de E est relativement compacte si A est compact.

Proposition 4.1.7. Soit E un espace topologique séparé. Pour qu’une partie A de E soit
compacte dans E il faut et il suffit que, pour toute famille (Oi )i∈I d’ouverts de E telle
que A ⊂ ∪i∈I Oi , il existe J ⊂ I, avec J fini, tel que A ⊂ ∪i∈J Oi .

Démonstration. E est séparé, donc A est séparé.


⇒) Soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts de E telle que A ⊂ ∪i∈I Oi , alors on a A =
A ∩ ∪i∈I Oi = ∪i∈I (A ∩ Oi ). Comme A est compacte, il existe J ⊂ I, avec J fini, tel que
A = ∪i∈J (A ∩ Oi ) = A ∩ ∪i∈J Oi , donc A ⊂ ∪i∈J Oi .
⇐) Soit (Wi )i∈I = (Oi ∩ A)i∈I un recouvrement de A par une famille d’ouverts de A,
c-à-d A = ∪i∈I (Oi ∩ A), donc A ⊂ ∪i∈I Oi . Par l’hypothèse, il existe J ⊂ I (J fini) tel que
A ⊂ ∪i∈J Oi , ce qui montre que A = ∪i∈J (A ∩ Oi ) = ∪i∈JWi , d’où A est compacte.

Remarque 4.1.8. Si E est un espace topologique et B ⊂ A ⊂ E, avec A et B sont deux


parties de E, alors B est compact dans A si et seulement si B et compact dans E. En effet,
les topologies de E et de A induisent la même topologie sur B.

4.1.2 Propriéités des espaces topologiques compacts


Définition 4.1.9. Soit E un espace topologique. On dit que deux parties A et B de E sont
topologiquement disjoints, s’il existe vA ∈ ϑ (A) et vB ∈ ϑ (B) deux voisinages disjoints
de A et B tels que vA ∩ vB = ∅.

Exemple 4.1.10. Dans un espace topologique séparé, si x 6= y alors {x} et {y} sont
topologiquement disjoints.

Lemme 4.1.11. Soient E un espace topologique séparé et K un compact de E. Pour tout


k0 ∈
/ K, on a {k0 } et K sont topologiquement disjoints.
36

Démonstration. E étant séparé, soit k ∈ K, alors k 6= k0 , il existe donc deux voisinages


uk ∈ ϑ (k) et u0k ∈ ϑ (k0 ) tels que uk ∩ u0k = ∅. Comme K est compact et K ⊂ ∪k∈K uk , il
existe n ∈ N∗ tel que K ⊂ ∪ni=1 uki = vK (c’est un voisinage de K) et on prend vk0 = ∩ni=1 u0ki
(c’est un voisinage de k0 ). On a donc vK ∩ vk0 = ∅.
Théorème 4.1.12. 1) Toute partie compacte K d’un espace topologique séparé E est
fermée dans E.
2) Toute partie fermée F d’un espace compact est compacte.
Démonstration. 1) Montrons que K est un fermé de E, cela revient à montrer que {K E est
un ouvert de E. Soit k0 ∈ {K E , c-à-d k 0 ∈
/ K, alors d’après le lemme précédent, il existe
deux voisinages vk0 ∈ ϑ (k0 ) et vK ∈ ϑ (K) de k0 et K tels que vk0 ∩ vK = ∅. Par suite, on
a vk0 ∩ K = ∅ ⇒ k0 ∈ vk0 ⊂ {K K
E , donc {E est voisinage de chacun de ses points, il vient
donc que {KE est un ouvert et K est fermé.
2) Montrons que F est compacte. Comme E est compact, alors F est séparé.
Soit (Fi )i∈I une famille de fermés de F, qui sont aussi des fermés de E (car F est
fermé), telle que ∩i∈I Fi = ∅. Or, E est compact, il existe donc J ⊂ I, J fini, tel que
∩i∈J Fi = ∅, d’où le résultat.
Attention ! Il n’est pas vraie que tout fermé d’un espace séparé est compact.
Théorème 4.1.13. (de Borel-Lebesgue) Tout intervalle fermé et borné [a, b] (a < b) de
R est compact.
Démonstration. R est séparé. Soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts de R qui est telle que
[a, b] ⊂ ∪i∈I Oi .
Considérons lensemble F = {x ∈ [a, b]/ ∃ Jx fini ⊂ I vérifiant [a, x] ⊂ ∪i∈Jx Oi }. On a
F 6= ∅ (car a ∈ F) et F est majoré par b, donc F possède une borne supérieure c = sup F,
avec c ∈ [a, b], par suite ils existent ic ∈ I et ε > 0 tels que c ∈]c − ε, c + ε[⊂ Oic (car Oic
est ouvert). Or, d’après la définition de la borne supérieure, pour notre ε > 0, il existe x ∈
F tel que x ∈]c − ε, c]. Il vient donc que [a, x] ⊂ ∪i∈Jx Oi et ]x, c + ε2 ] ⊂]c − ε, c + ε[⊂ Oic ,
donc [a, c + ε2 ] ⊂ ∪i∈J Oi , avec J = Jx ∪ {ic }, et par suite [a, b] ∩ [a, c + ε2 ] ⊂ F ⊂ [a, c],
ceci implique que [a, inf(b, c + ε2 ] ⊂ [a, c], qui donne b = c, donc b ∈ F. D’où, il existe
Jb fini ⊂ I tel que [a, b] ⊂ ∪i∈Jb Oi .
Proposition 4.1.14. Pour qu’une partie K de R soit compacte de R il faut et il suffit que
K soit fermé et borné.
Démonstration. ⇒) Si K est compacte dans R, alors elle est fermée (car R est séparé).
Reste à montrer que K est bornée. On a K ⊂ ∪n∈N∗ ] − n, n[, et comme K est com-
p
pacte, il existe p ∈ N∗ tel que K ⊂ ∪i=1 ] − ni , ni [=] − q, q[, donc K est bornée, avec
q = sup{ni / 1 ≤ i ≤ p}.
⇐) Puisque K est bornée, alors il existe (a, b) ∈ R2 tel que K ⊂ [a, b]. De plus,
puisque K est fermée dans R, alors K est un fermé de [a, b]. Or, [a, b] est compact, donc
K est un compact de [a, b], d’où K est un compact de R.
37

4.2 Compacité et continuité

Théorème 4.2.1. Soit f : E → F une application continue d’un espace topologique


compact E dans un espace topologique séparé F. Alors f (E) est une partie compacte
de F.

Démonstration. Comme F est séparé, alors f (E) est séparé. Il suffit de montrer donc
que de tout recouvrement généralisé de f (E) par une famille d’ouverts de F on peut
extraire un sous-recouvrement généralisé fini.
Soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts de F telle que f (E) ⊂ ∪i∈I Oi , alors on a E ⊂
f (∪i∈I Oi ) = ∪i∈I f −1 (Oi ), par suite E = ∪i∈I f −1 (Oi ). Or, f −1 (Oi ), i ∈ I, sont des
−1

ouverts de E qui est compact, il vient donc qu’il existe J ⊂ I, J est fini, tel que E =
∪i∈J f −1 (Oi ) ce qui implique que f (E) = f (∪i∈J f −1 (Oi )) = ∪i∈J f ( f −1 (Oi )) ⊂ ∪i∈J Oi .

Corollaire 4.2.2. a) Tout espace homéomorphe à un espace topologique compact est


compact (on dit que la compacité est une propriété topologique).

b) Toute bijection continue f d’un espace topologique compact E dans un espace


topologique séparé F est un homéomorphisme.

Démonstration. a) est immédiat.


b) Il suffit de montrer que f est fermé. Soit A une partie fermée de E (qui est com-
pact), alors A est compacte dans E, par suite f (A) est compacte dans F (car f est conti-
nue). Or, F est séparé, donc f (A) est fermée et f −1 est continue.

Théorème 4.2.3. Toute application continue f d’un espace topologique compact E dans
R est bornée et atteint ses bornes.

Démonstration. On a f : E → R, avec E est compact et R est séparé, alors f (E) est


un compact de R, c’est donc un fermé et borné de R. Soient m = infx∈E f (x) et M =
supx∈E f (x). Comme f (E) est fermée et m, M ∈ f (E), alors m, M ∈ f (E).

Lemme 4.2.4. Soient E et F deux espace topologique et a ∈ E. Alors {a} × F et F sont


homéomorphes.

Démonstration. Considérons l’application ia : F → {a} × F, ia (x) = (a, x). On a ia est


bijective et continue car ses composantes le sont. De plus, l’injection i : {a}×F → E ×F
et la projection pr : E × F → F sont continues et i−1 −1
a : {a} × F → F vérifie ia = pr ◦ i,
donc continue.

Théorème 4.2.5. (de Tychonoff) Tout produit fini d’espaces topologiques compacts et
compact.
38

Démonstration. Il suffit de montrer le théorème pour le produit de deux espaces. Soit


E = E1 × E2 le produit de deux espaces compacts E1 et E2 .
- E est séparé (proposition 3.5.7).
- Soit (Oi )i∈I un recouvrement ouvert de E. Pour tout m = (x, y) ∈ E, il existe im ∈ I
tel que m ∈ Oim et il existe deux voisinages ouverts Vm ∈ ϑ (x) et Wm ∈ ϑ (y) de x et y tels
que m = (x, y) ∈ Vm ×Wm ⊂ Oim .
Soit Um = Vm × Wm et soit x ∈ E1 , le sous-espace Ex = {x} × E2 de E1 × E2 est
homéomorphe à E2 (lemme précédent), il est donc compact et Ex ⊂ ∪m∈Ex Um , il vient
donc qu’il existe Jx ⊂ Ex tel que Jx est fini et Ex ⊂ ∪m∈Jx Um . Soit Vx = ∩m∈Jx Vm , c’est un
voisinage ouvert de x et on a Vx × E2 ⊂ Vx × ∪m∈Jx Wm ⊂ ∪m∈Jx Um ⊂ ∪m∈Jx Oim .
p
Or, E1 ⊂ ∪x∈E1 Vx et comme E1 est compact, il existe p ∈ N∗ tel que E1 ⊂ ∪r=1 Vxr ,
p p
donc E = E1 × E2 ⊂ ∪r=1 Vxr × E2 ⊂ ∪r=1 ∪m∈Jxr Oim .
p
Soit J = ∪r=1 Jxr , on a J est fini et E = E1 × E2 ⊂ ∪m∈J Oim , d’où E = E1 × E2 est
compact.

Corollaire 4.2.6. Pour tout n ∈ N, les parties compactes de Rn sont exactement ses
parties fermées et bornées.

Démonstration. ⇒) Supposons que A = [a, b] × [c, d] est compacte. Soit zn = (xn , yn )


une suite d’éléments de A, alors il existe une sous suite (xnk ) de (xn ) convergeant vers
` ∈ [a, b], et il existe une sous suite (ynki ) de (ynk ) convergeant vers `0 ∈ [c, d]. Par suite,
on a (zn ) admet une sous suite (znki ) qui converge vers (`, `0 ) ∈ A.
⇐) Soit K une partie fermée et bornée de Rn , donc il existe a ∈ Rn et r > 0 tels
que K ⊂ B(a, r) = {x ∈ Rn / max |ai − xi | ≤ r} = ∏ni=1 [ai − r, ai + r]. Comme, pour tout
1≤i≤n
i = 1, ..., n, [ai − r, ai + r] est un compact de R, alors K est compact comme fermé dans
un compact.

4.3 Espaces métriques compacts, complets

4.3.1 Espaces métriques compacts


Soit (E, d) un espace métrique.

Lemme 4.3.1. Si toute suite de points de l’espace métrique (E, d) admet au moins une
valeur d’adhérence, alors pour tout recouvrement ouvert (Oi )i∈I de E on a :

∃r > 0, ∀x ∈ E, ∃i ∈ I tel que B(x, r) ⊂ Oi .

Démonstration. Supposons le contraire : Pour tout r > 0, il existe x ∈ E tel que, pour
tout i ∈ I, B(x, r) n’est pas contenue dans Oi . Donc en particulier, pour tout n ∈ N∗ , il
existe xn ∈ E tel que, pour tout i ∈ I, B(xn , 1n ) n’est pas contenue dans Oi .
Par hypothèse, la suite (xn )n∈N∗ admet un point d’adhérence α ∈ E, donc il existe
j ∈ I tel que α ∈ Oj et par suite, il existe ` > 0 tel que B(α, `) ⊂ Oj . Or, α est la limite
39

d’une sous-suite (xni )i∈N∗ de (xn )n∈N∗ , donc il existe i1 ∈ N∗ tel que d(α, xni ) < 2` , pour
tout i ≥ i1 . De plus, il existe i2 ∈ N∗ tel que n1i < 2` , pour tout i ≥ i2 . Il vient que, pour
tout i ≥ max(i1 , i2 ), B(xni , n1i ) ⊂ B(α, `) ⊂ Oj . En effet, si x ∈ B(xni , n1i ), alors d(xni , x) <
1 `
ni < 2 , par suite d(α, x) ≤ d(α, xni ) + d(xni , x) < `. Contradiction.

Théorème 4.3.2. ( de Bolzano-Weierstrass) Soit (E, d) un espace métrique. Alors E est


compact si et seulement si toute suite infinie de points de E admet au moins une valeur
d’adhérence.

Démonstration. ⇒) (vrai dans tout espace topologique). Soit E un espace compact et


soit (xn )n∈N une suite de points de E. Pour tout n ∈ N, soit An = {xk / k ≥ n}.
On sait que ∩n∈N An = { des valeurs d’adhérence de (xn )n∈N }, il s’agit donc de mon-
trer que ∩n∈N An 6= ∅.
Supposons que ∩n∈N An = ∅, puisque E est compact et (An )n∈N est une suite décrois-
sante de parties fermées non vides de E, alors il existe des entiers n1 < n2 < ... < n p tels
p
que ∩i=1 Ani = ∅, ce qui donne An p = ∅. Absurde.
⇐) (E, d) étant séparé, il suffit de prouver que tout recouvrement ouvert (Oi )i∈I de
E admet un sous-recouvrement fini. D’après le lemme précedent (lemme 4.4.6), il existe
r > 0 tel que, pour tout x ∈ E, B(x, r) est contenue dans au moins un Oi , il suffit donc de
montrer qu’on peut extraire un sous-recouvrement fini du recouvrement (B(x, r))x∈E .
Raisonnons par l’absurde : Soit x1 ∈ E, alors B1 = B(x1 , r) 6= E, donc il existe x2 ∈ E
/ B1 (x2 ∈ E − B1 ). Soit B2 = B(x2 , r), alors B1 ∪ B2 6= E, donc il existe x3 ∈ {EB1 ∪B2
et x2 ∈
et de proche en proche on va construire une suite (xn )n∈N∗ telle que xn ∈ / ∪n−1
i=1 Bi . On

a alors pour tous p, q ∈ N avec p 6= q, d(x p , xq ) ≥ r (car, si p > q, xq ∈ / B(x p , r)). Il
en résulte que la suite (xn )n∈N n’a pas de valeur d’adhérence. Absurde. En effet, si

α valeur d’adhérence de (xn )n∈N∗ , alors I = {n ∈ N/ xn ∈ B(α, 2r )} est infini. Soient


p, q ∈ I, p 6= q, donc d(x p , xq ) ≤ d(x p , α) + d(α, xq ) < r, ce qui contredit la construction
de (xn )n∈N∗ .

Proposition 4.3.3. Tout espace métrique compact (E, d) est séparable.

Démonstration. On suppose que (E, d) est compact. Pour tout n ∈ N∗ , on a (B(x, 1n ))x∈E
est un recouvrement ouvert de E et on peut extraire un sous-recouvrement fini. Il existe
donc une partie fini An ⊂ E telle que E = ∪x∈An B(x, 1n ). Soit A = ∪n∈N∗ An , alors A est
dénombrable. Montrons que A est dense dans E. Pour cela, soient x0 ∈ E, r > 0 et n ∈ N∗
avec n1 ≤ r.
On a x0 ∈ E = ∪x∈An B(x, 1n ), alors il existe x ∈ An tel que x0 ∈ B(x, 1n ), donc x ∈
B(x0 , 1n ) ⊂ B(x0 , r) et par suite, x ∈ B(x0 , r) ∩ A, d’où B(x0 , r) ∩ A 6= ∅ et A est dense
dans E.

Théorème 4.3.4. (de Heine ) Toute application continue f d’un espace métrique compact
(E, d) dans un espace métrique (F, δ ) est uniformément continue.
40

Démonstration. Raisonnons par l’absurde : Supposons qu’il existe ε > 0, pour tout η =
1 ∗ 0 0 1 0
n (n ∈ N ), il existe xn ∈ E et xn ∈ E tels que d(xn , xn ) < n et δ ( f (xn ), f (xn )) ≥ ε.
Comme (E, d) est compact, la suite (xn )n∈N∗ admet une valeur d’adhérence α ou
encore, il existe une sous-suite (xnk )k∈N qui converge vers α. par suite, d(xn0 k , α) ≤
d(xn0 k , xnk ) + d(xnk , α) < n1k + d(xnk , α), et comme lim xnk = α, alors lim xn0 k = α.
k→+∞ k→+∞
Or, f est continue en α, donc lim f (xnk ) = lim f (xn0 k ) = f (α). Par suite, il existe nk0
k→+∞ k→+∞
assez grand tel que δ ( f (xnk0 ), f (xn0 k )) < ε, ce qui est absurde.
0

4.3.2 Espaces métriques complets


Définition 4.3.5. Soit (E, d) un espace métrique. On dit qu’une suite (xn )n de points de
E est de Cauchy dans E si pour tout ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que pour tous n, m ≥ n0 ,
d(xn , xm ) < ε. Autrement dit :

(∀ε > 0)(∃n0 ∈ N)(∀n, m ≥ n0 ), d(xn , xm ) < ε.

Remarque 4.3.6. a) La propriété précédente est équivalente à

(∀ε > 0)(∃n0 ∈ N)(∀n ≥ n0 , ∀p ∈ N), d(xn+p , xn ) < ε.

b) Toute suite de Cauchy est bornée, cela résulte nécessairement du fait que pour
n ≥ n0 , xn ∈ B(xn0 , ε) et {x0 , x1 , ..., xn0 −1 } sont en nombre fini.

c) Soit Sn = {xn , ..., xn+p , ...}. On a (xn )n est une suite de Cauchy si et seulement si
lim δ (Sn ) = 0, où δ (Sn ) est le diamètre de Sn .
n→+∞

d) Toute suite convergente est de Cauchy, mais la réciproque est fausse. Prendre
E =]0, 1] muni de la distance usuelle, la suite ( n1 ) est de Cauchy dans E mais
ne converge pas dans E.
Proposition 4.3.7. Dans un espace métrique (E, d), pour qu’une suite de Cauchy soit
convergente il faut et il suffit qu’elle admette une valeur d’adhérence et une seule.
Démonstration. ⇒) est évident.
⇐) Soit ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que pour tous n, m ≥ n0 on ait d(xn , xm ) < ε2 .
Puisque (xn )n admet une valeur d’adhérence α, il existe m0 ≥ n0 tel que d(xm0 , α) < ε2 . Il
vient que pour tout n ≥ n0 , d(xn , α) ≤ d(xn , xm0 ) + d(xm0 , α) < ε, d’où lim xn = α.
n→+∞

Définition 4.3.8. On dit qu’un espace métrique (E, d) est complet si toute suite de Cau-
chy dans (E, d) est convergente dans (E, d).
Exemples 4.3.9. a) R est complet. En effet, soit (xn )n une suite de Cauchy dans R,
alors (xn )n est bornée, donc ses points sont tous dans un intervalle compact [a, b].
41

Par suite, (xn )n admet une valeur d’adhérence α ∈ [a, b]. Il en résulte, d’après la
proposition 4.3.7, que (xn )n est convergente.
b) E muni de la (topologie) distance discrète est complet, car toute suite de Cauchy
est stationnaire, donc convergente.
c) Le sous-espace ]0, 1] de R n’est pas complet, considérer la suite ( 1n )n∈N∗ .
Théorème 4.3.10. 1) Tout espace métrique compact (E, d) est complet.
2) Tout sous-espace métrique fermé A d’un espace métrique complet E est complet.
3) Tout sous-espace métrique complet d’un espace métrique E (E complet ou non)
est fermé.
Démonstration. 1) Soit (xn )n une suite de Cauchy dans E. Comme E est compact, alors
(xn )n admet une valeur d’adhérence dans E, elle est donc convergente d’après la propo-
sition 4.3.7, donc E est complet.
2) Soit (xn )n une suite de Cauchy dans A, alors (xn )n est de Cauchy dans E qui est
complet, donc (xn )n converge vers un point α ∈ E. Comme A est fermé on a α ∈ A, il en
résulte que (xn )n converge vers α dans A, donc A est complet.
3) Soit α la limite dans E d’une suite (xn )n de points de A qui est complet, donc (xn )n
converge vers α 0 ∈ A, par suite (xn )n converge vers α 0 dans E qui est séparé, et l’unicité
de la limite donne α = α 0 .
Corollaire 4.3.11. Les sous-espaces métriques complets d’un espace métrique complet
E sont les sous-espaces métriques fermés de E.
Remarque 4.3.12. Le sous-espace métrique Q de R n’est pas complet, car Q n’est pas
fermé dans R.
Définition 4.3.13. Soient (E, d) un espace métrique et f : E → E une application. On
dit que f est une contraction s’il existe une constante k, 0 < k < 1, telle que pour tous
x, y ∈ E, d( f (x), f (y)) ≤ k d(x, y).
Remarque 4.3.14. Toute contraction f d’un espace métrique E est uniformément conti-
nue, donc continue.
Théorème 4.3.15. Toute contraction f d’un espace métrique complet E admet un point
fixe unique.
Démonstration. Soit x0 ∈ E et pour tout n ∈ N∗ , soit xn = f (xn−1 ). On a pour tout
n ≥ 1, d(xn+1 , xn ) = d( f (xn ), f (xn−1 )) ≤ kd(xn , xn−1 ), il vient donc que d(xn+1 , xn ) ≤
kn d(x1 , x0 ). Par suite, pour tous n, p ∈ N,
p p
d(xn+p , xn ) ≤ ∑ d(xn+i , xn+i−1 ) ≤ ∑ kn+i−1d(x1, x0)
i=1 i=1
p
n1−k d(x1 , x0 )
= k d(x1 , x0 ) < kn .
1−k 1−k
42

Or lim kn = 0, donc pour tout ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que, ∀n ≥ n0 , ∀p ∈ N,


n→+∞
1 ,x0 )
d(xn+p , xn ) < kn d(x1−k < ε, il en résulte que (xn )n est une suite de Cauchy dans E (qui
est complet), donc il existe α ∈ E tel que lim xn−1 = α. Comme f est une contraction
n→+∞
(donc continue), alors on a f (α) = lim f (xn−1 ) = lim xn = α, d’où α est un point
n→+∞ n→+∞
fixe pour f .
Soit α 0 un point fixe de f tel que α 6= α 0 , donc on a d(α, α 0 ) = d( f (α), f (α 0 )) ≤
kd(α, α 0 ) < d(α, α 0 ). Impossible, d’où l’unicité du point fixe.
Remarque 4.3.16. a) Le théorème est faux si (E, d) n’est pas un espace complet.
Prendre E =]0, 1[ et f (x) = 2x , on a f est une contraction, mais son point fixe est
0∈/ E.

b) Le théorème est faux si k ≥ 1. Prendre :


(i) E = R et f (x) = x + 1 (on a k = 1), mais f n’a pas de point fixe.
(ii) E = R et f (x) = x (on a k = 1) et il y a une infinité de points fixes.

4.4 Espaces connexes

4.4.1 Définitions et propriétés


E désigne un espace topologique et {0, 1} sera muni de la topologie induite.
Définition 4.4.1. 1) On dit que E est connexe, s’il n’existe pas de partition de E
formée de deux ouverts de E.

2) Une partie A ⊂ E est connexe si le sous-espace topologique A de E est connexe.

3) Une partie D ⊂ E est un domaine si D est ouverte et connexe.


Remarque 4.4.2. Si B ⊂ A ⊂ E, alors B est une partie connexe de A si et seulement si B
est une partie connexe de E.
Exemples 4.4.3. - ∅ et connexe ; {x} est connexe ;

- E muni de la topologie grossière est connexe ;

- Tout espace topologique discret possédant au moins deux points n’est pas connexe.
Proposition 4.4.4. Les propriétés suivantes son équivalentes.
1) E est connexe.

2) Il n’existe pas de partition de E formée de deux fermés.

3) Les seules parties de E à la fois ouvertes et fermées sont ∅ et E.


43

4) Toute application continue de E dans {0, 1} est constante.

Démonstration. 1) ⇒ 2) Supposons qu’il existe F1 et F2 deux fermées de E telles que


F1 ∩ F2 = ∅ et E = F1 ∪ F2 , donc {FE1 et {FE2 sont deux ouvertes qui forment une partition
de E, absurde.
2) ⇒ 3) S’il existe une partie A 6= ∅, A 6= E et A est à la fois ouverte et fermée, alors
A et {AE (qui sont deux fermées) forment une partition de E, absurde.
3) ⇒ 4) Soit f une application continue non constante de E dans {0, 1}, on a {0} est
à la fois ouvert et fermé de {0, 1}, donc f −1 ({0}) 6= ∅ et f −1 ({0}) 6= E et c’est ouvert
et fermé à la fois de E, ce qui est absurde.
4) ⇒ 1) Supposons que E n’est pas connexe, donc il existe deux ouverts non vides et
disjoints O1 et O2 tels que O1 ∪ O2 = E. Considérons l’application f : E → {0, 1} définie
par : (
0 si x ∈ O1
f (x) = (∀x ∈ E).
1 si x ∈ O2
Cette application f est continue sur E puisque l’image réciproque de tout ouvert de
{0, 1} est un ouvert de E (en effet f −1 (∅) = ∅, f −1 ({0}) = O1 , f −1 ({1}) = O2 et
f −1 ({0, 1}) = E sont des ouverts de E), mais f n’est pas constante.

Définition 4.4.5. Une application f d’un espace topologique E vers un espace topolo-
gique F est localement constante si et seulement si pour tout x ∈ E, il existe un voisinage
de x sur lequel f prend la même valeur f (x).

Lemme 4.4.6. Soient E et E 0 deux espaces topologiques avec E 0 est discret. Alors toute
application continue f : E → E 0 est localement constante.

Démonstration. Soient x ∈ E et x0 = f (x). Puisque E 0 est discret alors {x0 } est un voisi-
nage de x0 dans E 0 . La continuité de f implique que v = f −1 ({x0 }) est un voisinage de x
dans E et on a pour tout y ∈ v, f (y) = x0 .

Définition 4.4.7. Une partie A de R est un intervalle si pour tous a, b ∈ A tels que a ≤ b,
on a [a, b] ⊂ A.

Théorème 4.4.8. Les parties connexes de R sont les intervalles de R.

Démonstration. Soit A une partie connexe de R, si A n’est pas intervalle il existerait


(a, b) ⊂ A × A tel que [a, b] n’est pas inclus dans A, par suite il existerait c ∈]a, b[ tel que
c∈/ A, donc ] − ∞, c[∩A et ]c, +∞[∩A est une partition de A formée de deux ouverts de A,
ce qui est absurde.
Réciproquement, soit A = [α, β ] un intervalle de R. Si α = β , alors A réduit à un
point donc connexe. Si α < β , soit ϕ une application continue de A vers {0, 1}. On va
montrer que ϕ est constante. Pour cela, soient a, b ∈ A tels que a < b et considérons
B = {x ∈ [a, b]/ ϕ(x) = ϕ(a)}. B 6= ∅ (car a ∈ B) et majorée par b, soit c = sup B. On a
44

B = ϕ −1 ({ϕ(a)}) est un fermé de E, or c = sup B ∈ B = B, et d’après le lemme précédent


(lemme 4.4.6 ), ϕ : E → {0, 1} est localement constante, donc il existe ε > 0 tel que pour
tout x ∈]c − ε, c + ε[, ϕ(x) = ϕ(c) = ϕ(a), il vient que ]c − ε, c + ε[∩[a, b] ⊂ B ⊂ [a, c],
ceci donne b = c et b ∈ B, donc ϕ(b) = ϕ(a), par conséquent ϕ est constante.
Remarque 4.4.9. - R est connexe.

- Q n’est pas connexe, car tout intervalle [a, b] de R contient un irrationnel donc
[a, b] n’est pas inclus dans Q.

- {Q
R n’est pas connexe.

Théorème 4.4.10. Soit f : E → F une application continue d’un espace topologique


connexe E dans un espace topologique F. Alors f (E) est une partie connexe de F.
Brièvement dit : L’image d’un connexe par une application continue est connexe.
Démonstration. Soient A = f (E) et ϕ : A → {0, 1} une application continue. On a ϕ ◦ f
est continue, donc ϕ ◦ f est constante sur E. Par suite, si a1 , a2 ∈ f (E) alors il existe
x1 , x2 ∈ E tels que a1 = f (x1 ) et a2 = f (x2 ), donc ϕ(a1 ) = ϕ ◦ f (x1 ) = ϕ ◦ f (x2 ) = ϕ(a2 ),
d’où ϕ est constante et A = f (E) est connexe.
Corollaire 4.4.11. a) Tout espace homéomorphe à un espace connexe est connexe.

b) L’image d’un espace connexe E par une application continue f : E → R est un


intervalle.
Proposition 4.4.12. Soit (Ai )i∈I une famille de parties connexes d’un espace topologique
E. Si les Ai sont deux à deux non disjoints, alors A = ∪i∈I Ai est connexe.
Démonstration. Soit ϕ : A → {0, 1} une application continue. Pour tout i ∈ I, l’applica-
tion ϕ/Ai : Ai → {0, 1} est continue sur Ai , or Ai est connexe, donc ϕ prend une valeur
constante λi ∈ {0, 1} dans Ai .
Soient i, j ∈ I, alors il existe a ∈ Ai ∩ A j 6= ∅, donc λi = f (a) = λ j , d’où ϕ est
constante dans A.
Corollaire 4.4.13. Si (Ai )i∈I est une famille de parties connexes d’un espace topologique
E telle que ∩i∈I Ai 6= ∅, alors A = ∪i∈I Ai est connexe.
Lemme 4.4.14. Soit ϕ : E → F une application continue d’un espace topologique E
dans un espace topologique discret F. Si ϕ est constante dans une partie A dense sur E,
alors elle est constante dans E.
Démonstration. Soit x00 la seule valeur prise par ϕ dans A, alors ϕ −1 ({x00 }) est un fermé
de E qui contient A, donc contient aussi A = E, d’où ϕ est constante dans E.
Proposition 4.4.15. Soient E un espace topologique et A ⊂ E une partie connexe. Alors
toute partie B de E telle que A ⊂ B ⊂ A est connexe.
45

Démonstration. Soit ϕ : B → {0, 1} une application continue, alors ϕ/A : A → {0, 1}


est continue (A est connexe), donc ϕ est constante dans A. Il suffit, d’après le lemme
B
précédent (lemme 4.4.14), de montrer que A est dense dans B, ce qui est vraie car A =
A ∩ B = B.
Remarque 4.4.16. L’adhérence d’une partie connexe d’un espace topologique E est
connexe.

4.4.2 Composantes connexes


Définition 4.4.17. On dit que deux points x et y d’un espace topologique E sont connec-
tés dans E, s’il existe une partie connexe de E qui les contient.
Proposition 4.4.18. La relation "x et y sont connectés dans E" (qu’on note x ≡ y) est
une relation d’équivalence sur E.
Démonstration. - Réflixivité : Pour tout x ∈ E, x ≡ x car x et x appartiennent à {x}.
- Symétrie : évidente.
Transitivité : Soient x, y, z ∈ E tels que x ≡ y et y ≡ z, alors il existe deux parties
connexes A et B de E telles que x, y ∈ A et y, z ∈ B. On a donc x, z ∈ A ∪ B qui est
connexe, car y ∈ A ∩ B 6= ∅.
Notation : On notera C(x) la classe d’équivalence de x ∈ E.
Proposition 4.4.19. Soient E un espace topologique et x0 ∈ E, alors C(x0 ) est la plus
grande partie connexe de E qui contient {x0 }.
Démonstration. Soit (Ai )i∈I la famille des parties connexes de E qui contiennent {x0 }
et soit A = ∪i∈I Ai . On a :
- A est connexe (car {x0 } ⊂ ∩i∈I Ai 6= ∅) et comme x0 ∈ A, alors tous les points de A
sont connectés à x0 . Ainsi, A ⊂ C(x0 ).
- Soit x ∈ C(x0 ), alors x appartient à une partie connexe contenant x0 , donc il existe
i ∈ I tel que x ∈ Ai , d’où C(x0 ) ⊂ A. Ainsi, C(x0 ) = A qui est bien la plus grande partie
connexe de E contenant {x0 }.
Définition 4.4.20. Soient E un espace topologique et x ∈ E.
1) La composante connexe de x ∈ E est la plus grande partie connexe de E contenant
{x}, c-à-d C(x).

2) Les composantes connexes de E sont les composantes connexes des points de E.


Remarque 4.4.21. a) Les composantes connexes d’un espace topologique E consti-
tuent une partition de E formées des parties connexes.

b) E est connexe si et seulement si E n’a qu’une seule composante connexe.


46

Proposition 4.4.22. Les composantes connexes d’un espace topologique E sont fermées
dans E.
Démonstration. Soit A une composante connexe dans E et soit x ∈ A. On a A est une
partie connexe de E contenant {x}, ce qui entraine que A ⊂ A = C(x), donc A est fermée.

4.4.3 Espaces connexes par arcs


Définition 4.4.23. On appelle arc (ou chemin) dans un espace topologique E toute ap-
plication continue γ : [0, 1] → E. On dit que γ(0) est l’origine de l’arc, γ(1) son extrimité
et Γ0 = γ([0, 1]) son image. On dit aussi que γ(0) et γ(1) sont les extrimités de γ.
Remarque 4.4.24. L’image Γ0 deγ est une partie connexe de E (car, c’est l’image du
connexe [0, 1] par γ continue).
Définition 4.4.25. On dit qu’un espace topologique E est connexe par arcs si pour tous
x, y ∈ E, il existe un arc γ : [0, 1] → E d’origine x et d’extrimité y.
Théorème 4.4.26. Tout espace topologique E connexe par arcs est connexe.
Démonstration. Soit x0 ∈ E, pour tout x ∈ E il existe un arc γ : [0, 1] → E tel que γ(0) =
x0 et γ(1) = x. Donc, x0 et x appartiennent à l’image Γ0 de γ (qui est connexe), par suite
x0 et x sont connectés dans E, c-à-d x ∈ C(x0 ), d’où E possède une seule composante
connexe et E est connexe.
Remarque 4.4.27. Il existe des espaces topologiques connexes qui ne sont pas connexes
par arcs. (Voir l’exercice 4.5.9)

4.5 Exercices

Exercice 4.5.1. Soit E un espace topologique séparé.


1) Montrer que la réunion de toute famille finie (K j ) j∈J de compactes de E est com-
pacte.
2) Montrer que l’intersection de toute famille (Ki )i∈I de compactes de E est com-
pacte.
3) a) Montrer que, si K et K 0 sont deux compacts disjoints de E, alors K et K 0 sont
topologiquement disjoints.
b) En déduire que, si E est compact, alors deux parties disjointes et fermées F1 et
F2 dans E sont topologiquement disjointes.
4) Montrer que, si (xn )n est une suite d’élément de E convergeant vers a ∈ E, alors
A = {xn , n ∈ N} ∪ {a} est compact.
47

Solution
1) Soit F = ∪ j∈J K j et soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts de E telle que F ⊂ ∪i∈I Oi ,
alors pour tout j ∈ J, K j ⊂ ∪i∈I Oi , et comme K j est compact, il existe I j ⊂ I, I j fini, tel
que K j ⊂ ∪i∈I j Oi . Soit I 0 = ∪ j∈J I j , alors I 0 ⊂ I, I 0 est fini et F ⊂ ∪i∈I 0 Oi .
2) Pour tout i ∈ I, Ki est fermée dans E, donc F 0 = ∩i∈I Ki est fermée dans E. Fixons
i0 ∈ I, alors F 0 ⊂ Ki0 et par suite, F 0 est fermée de Ki0 , il vient que F 0 est compacte dans
Ki0 , donc F 0 est compacte dans E.
3) a) Supposons que K et K 0 sont deux compacts disjoits tels que K ∩ K 0 = ∅, alors
pour tout k0 ∈ K 0 on a k0 ∈ / K. D’après le cours (Lemme 4.1.11), il existe deux voisinages
ouverts vk0 ∈ ϑ (k ) et uk0 ∈ ϑ (K) de k0 et K tels que vk0 ∩ uk0 = ∅. Or, K 0 est compact et
0
p
K 0 ⊂ ∪k0 ∈K 0 vk0 , il existe donc p ∈ N∗ tel que K 0 ⊂ ∪i=1 vki0 = OK 0 (c’est un voisinage de
p
K 0 ) et soit OK = ∩i=p uki0 (c’est un voisinage de K) et on a OK ∩ OK 0 = ∅.
b) Si F1 et F2 sont deux parties fermées dans E (compact), alors elles sont compactes
et on applique a).
4) On a A est séparé, car E est séparé.
Soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts de E telle que A ⊂ ∪i∈I Oi . Montrons qu’il existe
J ⊂ I, J fini, tel que A ⊂ ∪i∈J Oi . puisque a ∈ A, alors il existe j0 ∈ I tel que a ∈ Oj0 et par
suite Oj0 est un voisinage de a. Comme lim xn = a, alors il existe n0 ∈ N tel que pour
n→+∞
tout n ≥ n0 , xn ∈ Oj0 . De plus, pour tout 0 ≤ k ≤ n0 − 1, il existe ik ∈ I tel que xk ∈ Oik .
0 −1
On a donc, A ⊂ Oj0 ∪ (∪nk=0 Oik ).
Exercice 4.5.2. Montrer que dans un espace topologique compact, tout point admet un
système fondamental de voisinages compacts.
Solution
Il suffit de montrer que, tout pont a de E admet un système fondamental de voisinages
fermés.
Soit (vi )i∈I la famille des voisinages fermés de a et soit w un voisinage ouvert de a.
Supposons que w ne contient aucun voisinage fermé de a. On a F = {w E est fermée dans
E et puisque, pour tout i ∈ I, vi n’est pas inclus dans w, alors vi ∩ F 6= ∅. Il vient donc
que pour tout J ⊂ I, avec J est fini, ∩i∈J (vi ∩ F) = (∩i∈J vi ) ∩ F 6= ∅. Par suite, d’près la
Proposition 4.1.5, ∩i∈I (vi ∩ F) 6= ∅, donc (∩i∈I vi ) ∩ F 6= ∅. Or, a ∈ w et a ∈/ F, il existe
donc b 6= a tel que b ∈ ∩i∈I vi , absurde car E est séparé et ∩i∈I vi = {a} (Exercice 3.7.8)
Exercice 4.5.3. Soient (E, d) et (F, δ ) deux espaces métriques. Soit f : E → F une ap-
plication uniformément continue. Montrer que, si (xn )n est une suite de Cauchy dans E,
alors ( f (xn ))n est une suite de Cauchy dans F.
Solution
Soit ε > 0, comme f est uniformément continue, alors il existe η > 0 tel que pour
tous x, y ∈ E, d(x, y) < η ⇒ δ ( f (x), f (y)) < ε. Or, (xn )n est de Cauchy, il existe donc
n0 ∈ N tel que pour tous n, m ≥ n0 , on a d(xn , xm ) < η. On en déduit que pour tous
n, m ≥ n0 , δ ( f (xn ), f (xm )) < ε, donc ( f (xn ))n est de Cauchy.
48

Exercice 4.5.4. Soit (E, d) un espace métrique complet et soit (Fn )n∈N une suite décrois-
sante de fermés non vides de E.

1) Montrer que, si lim δ (Fn ) = 0, où δ (Fn ) est le diamètre de Fn , alors ∩ Fn est


n→+∞ n∈N
non vide et qu’il réduit à un point.

2) Le résultat de 1) est-il vrai si :


a) (E, d) n’est pas complet ?
b) δ (Fn ) ne tend pas vers 0 ?

Solution
1) Soient, pour tout n ∈ N, xn ∈ Fn (Fn est non vide). Comme (Fn )n∈N est décroissante,
alors pour tout (n, p) ∈ N2 , xn+p ∈ Fn+p ⊂ Fn , donc d(xn+p , xn ) ≤ δ (Fn ), et puisque
lim δ (Fn ) = 0, alors la suite (xn )n est de Cauchy dans E qui est complet, il vient que
n→+∞
(xn )n est convergente vers un point a ∈ E vérifiant a ∈ F = ∩n∈N Fn . En effet, soit p ∈ N
tel que pour tout n ≥ p, xn ∈ Fp , comme Fp est fermé, alors a ∈ Fp , donc a ∈ F. Or,
pour tout n ∈ N, on a δ (F) ≤ δ (Fn ), et comme lim δ (Fn ) = 0, alors δ (F) = 0, donc
n→+∞
F = {a}.
1
2) a) C’est faux. Prendre E =]0, 1] et Fn =]0, n+1 ], on a (Fn )n est une suite décrois-
sante de fermés von vides de E et lim δ (Fn ) = 0, mais ∩n∈N Fn = ∅.
n→+∞
b) C’est faux. Prendre E = R et Fn = [n, +∞[, on a ∩n∈N Fn = ∅.

Exercice 4.5.5. Soient (E, d) un espace métrique compact, f : E → E une application


continue et (Fn )n∈N une suite décroissante de fermés de E. Montrer que

∩ f (Fn ) = f ( ∩ Fn ).
n∈N n∈N

Solution
On a ∩ Fn ⊂ Fn , ∀n ∈ N, donc f ( ∩ Fn ) ⊂ f (Fn ), ∀n ∈ N, d’où f ( ∩ Fn ) ⊂ ∩ f (Fn ).
n∈N n∈N n∈N n∈N
Inversement, soit y ∈ ∩ f (Fn ), donc y ∈ f (Fn ), ∀n ∈ N. Par suite, il existe xn ∈ Fn
n∈N
tel que y = f (xn ). Il vient que (xn )n est une suite d’élément de E qui est compact, donc
il existe une sous suite (xnk )k convergeant vers un point x ∈ E.
Comme (Fn )n∈N est une suite décroissante, alors pour tout p ∈ N et tout k ≥ p,
xnk ∈ Fp qui est fermé, donc x ∈ Fp et par suite, x ∈ ∩ Fp . Puisque f est continue, alors
p∈N
f (xnk ) converge vers f (x), d’où y = f (x) ∈ f ( ∩ Fp ). On obtient donc le résultat.
p∈N

Exercice 4.5.6. Soit (E, d) un espace métrique. On suppose qu’il existe un réel r > 0 tel
que, toutes les boules frmées de rayon r sont compactes dans E. Montrer que (E, d) est
complet.
49

Solution
Soit (xn )n une suite de Cauchy dans E. On a donc, pour tout ε > 0, il existe nε ∈ N
tel que pour tous n, m ≥ nε , d(xn , xm ) < ε. En particulier, pour ε = r on a : ∀n ≥ nr ,
d(xn , xnr ) < r ⇒ ∀n ≥ nr , xn ∈ B(xnr , r) ⇒ (xn )n≥nr ⊂ B(xnr , r) qui est compacte, donc
(xn )n≥nr admet une valeur d’adhérence. Or (xn )n est de Cauchy, elle converge donc vers
cette valeur. Donc (E, d) est complet
Exercice 4.5.7. Soient (E, d) un espace métrique complet et f : E → E une application.
On suppose qu’il existe n ∈ N∗ tel que g = f n soit une contraction.
1) Montrer que f admet un point fixe unique a qui est aussi un point fixe de g.

2) Montrer que, si f est continue en a, alors lim f m (x) = a, ∀x ∈ E.


m→+∞

Solution
1) Comme g est contractante, alors il existe a ∈ E tel que g(a) = a, c-à-d f (g(a)) =
f (a). Ainsi, g( f (a)) = f n ( f (a)) = f ( f n (a)) = f (g(a)) = f (a), donc f (a) est aussi un
point fixe de g, d’où f (a) = a.
On suppose qu’il existe b ∈ E tel que f (b) = b, alors b = f (b) = f ( f (b)) = ... =
n
f (b) = g(b), c-à-d b est un point fixe de g, d’où b = a.
2) D’après le cours, on a lim g p (x) = a, ∀x ∈ E. Soit m = np+r, avec 0 ≤ r ≤ n−1,
p→+∞
on a donc lim f np (x) = a. Puisque f est continue, alors lim f np+1 (x) = f (a) = a, ...,
p→+∞ p→+∞
lim f np+(n−1) (x) = a, donc lim f m (x) = a.
p→+∞ p→+∞

Exercice 4.5.8. Montrer que tout produit fini d’espaces topologiques connexes est connexe.
Solution
Il suffit de montrer que le produit de deux espaces connexes est connexe. Soit E =
E1 × E2 le produit de deux espaces connexes E1 et E2 .
Soit f = E1 ×E2 → {0, 1} une application continue et soient a = (a1 , a2 ), b = (b1 , b2 ) ∈
E1 × E2 et c = (b1 , a2 ), alors on a a, c ∈ E1 × {a2 } qui est connexe, car il est ho-
méomorphe à E1 , par suite f : E1 × {a2 } → {0, 1} qui est continue est constante sur
E1 × {a2 }, ce qui donne f (a) = f (c). De même on obtient f (c) = f (b), ce qui montre
que f (a) = f (b) et que f est constante, d’où E = E1 × E2 est connexe.
Exercice 4.5.9. L’objectif de l’exercice est de donner un exemple (classique) d’un espace
topologique connexe qui n’est pas connexe par arcs.
Soient A = {(x, sin( 1x )) ∈ R2 / 0 < x ≤ 1} et F = A ⊂ R2 .
1) Montrer que F = A ∪ {(0, y)/ − 1 ≤ y ≤ 1}.

2 Montrer que F est connexe.

3) Montrer que F n’est pas connexe par arcs.


50

Solution
1) Soit (x, y) ∈ F = A, alors il existe une suite ((xn , yn ))n de A qui converge vers (x, y).
Si x > 0, alors yn = sin( x1n ) converge vers sin( 1x ) (par continuité de sin), d’où (x, y) ∈ A.
Dans le cas x = 0, on a yn = sin( x1n ), donc yn ∈ [−1, 1]. Par conséquent, à la limite on
a y ∈ [−1, 1], ainsi (x, y) ∈ {0} × [−1, 1], d’où A = F ⊂ A ∪ {(0, y)/ − 1 ≤ y ≤ 1}.
Réciproquement, soit (x, y) ∈ A ∪ {(0, y)/ − 1 ≤ y ≤ 1}. Montrons qu’il existe une
suite ((xn , yn ))n de A qui converge vers (x, y).
- Si x > 0, une telle suite existe trivialement (il suffit de prendre la suite constante
égale à (x, y)).
- Supposons que x = 0 et y ∈ [−1, 1]. Soit z ≥ 1 tel que sin(z) = y. Soit alors xn =
1 1 1
z+2πn , on aura sin( xn ) = sin(z) = y. Par conséquent, la suite ((xn , sin( xn )))n est une suite
de A qui converge vers (0, y), d’où A ∪ {(0, y)/ − 1 ≤ y ≤ 1} ⊂ F.
2) Considérons l’application continue f : R → R2 définie par f (x) = (x, sin( 1x )). On
a f (]0, 1]) = A, donc A est connexe comme image du connexe ]0, 1] par f .
3) Par l’absurde, supposons que F est connexe par arcs. Il existe donc un arc γ :
[0, 1] → F continue tel que γ(0) = (1, sin(1)) et γ(1) = (0, 0). Notons γ(t) = (x(t), y(t))
et T0 = {t ∈ [0, 1]/ x(t) > 0}. On a T0 6= ∅ puisque 0 ∈ T0 , on considère alors t0 = sup T0 .
Supposon que x(t0 ) > 0, alors par continuité de x on aurait x > 0 sur un voisinage de
t0 , ce qui en contredit la définition. Par conséquent, x(t0 ) = 0 et par continuité de x, on a
lim x(t) = 0. Ainsi, il existe une suite (τn )n qui converge en croissant vers t0 telle que la
t→t0
suite (x(τn ))n converge en décroissant vers 0.
Notons γ(t0 ) = (0, y0 ) et soit y ∈ [−1, 1] \ {y0 }. Soit z > 0 tel que sin(z) = y, alors
1
pour tout n ∈ N, il existe kn ∈ N assez grand pour que xn = z+2πk n
< x(τn ). Par le théo-
rème des valeurs intermédiaires appliqué à x, il existe tn ∈ [τn ,t0 ] tel que x(tn ) = xn . On
a alors γ(tn ) = (xn , sin(z + 2πkn )) = (xn , y). On obtient donc, la suite (tn )n converge vers
t0 et γ(tn ) converge vers (0, y) 6= γ(t0 ). Contradiction.
CHAPITRE 5

ESPACES VECTORIELS NORMÉS

Pour ce qui suit, K désigne R ou C et la notation |.| représente la valeur absolue ou


le module selon les cas K = R ou C.

5.1 Norme sur un espace vectoriel

5.1.1 Défintion et propriétés


Définition 5.1.1. Soit E un K-espace vectoriel. On appelle norme sur E toute applica-
tion k.k : E → R+ qui vérifie les propriétés suivantes :

(i) ∀x ∈ E, kxk = 0 ⇔ x = 0E .

(ii) ∀x ∈ E, ∀λ ∈ K, kλ xk = |λ |kxk.

(iii) ∀x, y ∈ E, kx + yk ≤ kxk + kyk.

On dit que (E, k.k) est un espace vectoriel normé (e.v.n).

Remarque 5.1.2. a) Dans la propriété (i), l’équivalence peut être remplacée par
l’implication directe (⇒), car l’implication inverse peut s’obtenir de (ii) avec
λ = 0.

b) Si k.k : E → R+ est une application vérifiant seulement (ii) et (iii), on dit que k.k
est une semi-norme sur E.

c) L’inégalité de (iii) est connue sous le nom de l’inégalité triangulaire.

Proposition 5.1.3. Dans un espace vectoriel normé (E, k.k), les propriétés suivantes
sont vraies :

a) ∀x, y ∈ E, |kxk − kyk| ≤ kx − yk.

b) L’application x → kxk est uniformément continue sur E, l’application (x, y) →


x+y est uniformément continue sur E ×E et l’application (λ , x) → λ x est continue
sur K × E.

c) Pour tout a ∈ E, l’application x → x + a est un homéomorphisme de E.

Démonstration. a) On a pour tous x, y ∈ E,

kxk = kx − y + yk ≤ kx − yk + kyk et kyk = ky − x + xk ≤ kx − yk + kxk.


52

b) D’après a), l’application x → kxk est lipschitzienne.


Pour l’application (x, y) → x + y, on a

kx + y − (x0 + y0 )k ≤ kx − x0 k + ky − y0 k, ∀x, x0 , y, y0 ∈ E.

Pour l’application (λ , x) → λ x, on a

kλ x − λ0 x0 k = k(λ − λ0 )(x − x0 ) + λ0 (x − x0 ) + (λ − λ0 )x0 k


≤ |λ − λ0 |kx − x0 k + |λ0 |kx − x0 k + |λ − λ0 |kx0 k.

c) x → x + a est bijective, de plus on a kx + a − (y + a)k = kx − yk, donc continue.


De même l’application réciproque x → x − a est continue.
Remarque 5.1.4. Soit (E, k.k) un e.v.n. L’application d(x, y) = kx − yk est une distance
sur E invariant par translation (c-à-d ∀a, x, y ∈ E, d(x + a, y + a) = d(x, y)). On dit que
d est la distance associée à la norme k.k.
Si E est complet pour cette distance, on dit que E est un espace de Banach.
Définition 5.1.5. On dit que deux normes k.k1 et k.k2 sur un espace vectoriel E sont
équivalentes si leurs distances associées sont équivalentes.
Proposition 5.1.6. Dans un espace vectoriel E, deux normes k.k1 et k.k2 sont équiva-
lentes si et seulement s’ils existent α > 0 et β > 0 tels que, pour tout x ∈ E, kxk1 ≤ αkxk2
et kxk2 ≤ β kxk1 .
Démonstration. ⇐) Soit d1 et d1 deux distances associées aux normes k.k1 et k.k2
respectivement. Supposons qu’ils existent α > 0 et β > 0 tels que, kxk1 ≤ αkxk2 et
kxk2 ≤ β kxk1 , on a donc α1 kxk1 ≤ kxk2 ≤ β kxk1 , ce qui implique que α1 d1 ≤ d2 ≤ β d1 .
⇒) Supposons que k.k1 et k.k2 sont équivalentes. Considérons B1 (0, 1) = {x ∈
E/ kxk1 ≤ 1}, c’est un voisinage de 0 dans (E, k.k1 ), c’est donc aussi voisinage de 0
dans (E, k.k2 ). Par suite, il existe r > 0 tel que B2 (0, r) ⊂ B1 (0, 1), ainsi pour tout y ∈ E,
kyk2 ≤ r ⇒ kyk1 ≤ 1.
Soit x ∈ E, avec x 6= 0, et soit y = r kxk x
2
, alors on a kyk2 = r kxk 2
kxk2 = r ⇒ kyk1 ≤ 1
c-à-d r kxk1 1 1
kxk2 ≤ 1, donc kxk1 ≤ r kxk2 . on prend α = r .
Si x = 0, l’inégalité est vérifiée. Même démonstration pour β .
Corollaire 5.1.7. Soient k.k1 et k.k2 deux normes équivalentes sur l’espace vectoriel E.
a) Toute suite de Cauchy pour k.k1 est de Cauchy pour k.k2 .
b) Si (E, k.k1 ) est complet, alors (E, k.k2 ) est aussi complet.
c) Si A est une partie bornée dans (E, k.k1 ), elle est aussi bornée dans (E, k.k2 ).
Définition 5.1.8. Soient (E, k.k) un e.v.n et F un sous-espace vectoriel de E. La restric-
tion de la norme de E à F est une norme sur F, qui induit sur F la distance induite par
la distance de E.
53

5.1.2 Produit fini d’espaces normés


Soient E1 , ..., En des espaces vectoriels normés sur K. Pour tout i ∈ {1, ..., n} et tout
xi ∈ Ei , on note kxi kEi la norme dans Ei . Sur l’espace produit E = E1 ×...×En = ∏ni=1 Ei ,
on peut définir la norme

kxk = max kxi kEi = max(kx1 kE1 , ..., kxn kEn ), x = (x1 , ..., xn ) ∈ E.
1≤i≤n

Cette norme induit sur E la distance

d(x, y) = kx − yk = max(kx1 − y1 kE1 , ..., kxn − yn kEn ), où y = (y1 , ..., yn ) ∈ E,

c’est la distance produit, qui définit la topologie produit.

5.2 Espaces normés de dimensions fines

Soient E un espace vectoriel de dimension finie n sur K, {e1 , ..., en } une base de E,
(x1 , ..., xn ) les coordonnées d’un point x ∈ E et kxk∞ = max |xi |.
1≤i≤n

Proposition 5.2.1. (E, k.k∞ ) est isomorphe à Kn muni de sa norme usuelle.


Démonstration. Considérer l’application ϕ : E → Kn , x → (x1 , ..., xn ) ∈ Kn .
Corollaire 5.2.2. Soit (E, k.k) un e.v.n de dimension finie. Alors,
a) Les parties compactes de E sont les parties fermées et bornées de E.
b) La sphère unitée S(0, 1) est compacte dans (E, k.k).
Démonstration. a) L’application ϕ : (E, k.k) → Kn , x → ∑ni=1 xi ei est un homéomor-
phisme, donc pour toute partie A ⊂ E on a A est compacte ⇔ ϕ(A) est compacte dans
Kn ⇔ ϕ(A) est fermée et bornée dans Kn . Par suite, ϕ −1 (ϕ(A)) = A est un fermé de E,
elle est bornée car ϕ −1 est une isométrie (δ (ϕ(A)) = δ ϕ −1 (ϕ(A)) ).
b) S(0, 1) est bornée, de plus on a S(0, 1) = {x ∈ E/ kxk = 1} = k.k−1 {1}. Or, k.k
est continue, donc S(0, 1) est fermée, d’où elle est compacte.
Théorème 5.2.3. Sur un espace vectoriel de dimension finie E, toutes les normes sont
équivalentes.
Démonstration. Montrons que toutes les normes sont équivalentes à la norme kxk∞ =
max |xi |.
1≤i≤n
Soient N une norme quelconque sur E et x ∈ E. On a donc, N(x) = N (∑ni=1 xi ei ) ≤
∑ni=1 |xi |N(ei ) ≤ αkxk∞ , avec α = ∑ni=1 N(ei ).
D’autre part, l’application N : (E, k.k∞ ) → R+ est continue (c’est même uniformé-
ment continue) et la sphère S(0, 1) est compacte, soit donc m = infx∈S(0,1) N(x) = N(x0 ),
54

avec x0 ∈ S(0, 1) (l’inf est atteint dans un compact). On a m = N(x0 ) > 0, car N est une
norme et x0 6= 0 puisque kx0 k∞ = 1. Par suite, pour tout x ∈ S(0, 1), N(x) ≥ m > 0. Soit
y ∈ E.
N(y)
Si y 6= 0E , on pose x = kyky ∞ . Donc, kxk∞ = 1 ⇒ N(x) = kyk∞
≥ m ⇒ kyk∞ ≤ m1 N(y).
On prend β = m1 .
Si y = 0E , l’inégalité est vérifiée.

Proposition 5.2.4. Un K-espace vectoriel normé (E, k.k) est de dimension finie si et
seulement si la boule unité fermée B(0, 1) est compacte.

Démonstration. ⇒) D’après le corollaire 5.2.2, on a B(0, 1) est fermée et bornée, donc


elle est compacte.
⇐) Supposons que B(0, 1) est une partie compacte de E et montrons que E est de
dimension finie.
On a B(0, 1) ⊂ ∪ B(x, 21 ), donc il existe un nombre fini de points x1 , ..., xn de
x∈B(0,1)
B(0, 1) tels que B(0, 1) ⊂ ∪ni=1 B(xi , 12 ).
Soit F le sous-espace vectoriel de E engendré par {x1 , ..., xn }. Montrons que E = F.
Supposons qu’il existe x ∈ E \ F. Comme F est fermé, alors α = d(x, F) > 0. Ainsi,
Par la définition de d(x, F), il existe y ∈ F tel que α ≤ kx − yk < α + 21 α = 32 α. Posons
x−y
z = kx−yk . On a z ∈ B(0, 1), donc il existe i0 ∈ {1, ..., n} tel que z ∈ B(xi0 , 21 ), c-à-d
kz − xi0 k < 12 . Par suite, on a x = y + kx − ykz = y + kx − ykxi0 + kx − yk(z − xi0 ), avec
y + kx − ykxi0 ∈ F. Il vient que kx − (y + kx − ykxi0 )k = kx − ykkz − xi0 k, ce qui donne
α ≤ kx−ykkz−xi0 k < 34 α, c-à-d α < 34 α. Impossible. Donc E = F et dim E est finie.

5.3 Continuité des applications linéaires

Théorème 5.3.1. Soient E et F deux espaces vectoriels normés et f : E → F une appli-


cation linéaire. Les propriétés suivantes sont équivalentes :

1) f est continue sur E ;

2) f est continue en un certain point de E (en prticulier au point 0) ;

3) f est bornée sur la boule unité B(0, 1) ;

4) f est bornée sur toute boule de centre 0 (donc sur toute partie bornée) ;

5) f est lipschitzienne (⇒ qu’il existe une constante k > 0 tel que : ∀x ∈ E, k f (x)k ≤
kkxk) ;

6) f est uniformément continue.


55

Démonstration. 5) ⇒ 6), 6) ⇒ 1), 1) ⇒ 2) sont immédiates.


2) ⇒ 3) Soit η > 0 tel que kxk ≤ η ⇒ k f (x)k ≤ 1. Alors, kxk ≤ 1 ⇒ kηxk ≤ η ⇒
k f (x)k ≤ η1 .
3) ⇒ 5) Supposons qu’il existe une constante M telle que kxk ≤ 1 ⇒ k f (x)k ≤ M.
y−x
Alors, k f (y) − f (x)k = k f (y − x)k ≤ Mky − xk (si y 6= x, prendre ky−xk ).
3) ⇒ 4) Soit M une constante telle que kxk ≤ 1 ⇒ k f (x)k ≤ M. Alors pour tout réel
R, kxk ≤ R ⇒ f (x) ≤ MR.

Définition 5.3.2. La norme d’une application linéaire continue f : E → F, notée k f k,


est sa constante de Lipschitz, c’est à dire le plus petit réel k ≥ 0 tel que

∀x ∈ E, k f (x)kF ≤ kkxkE .

Autrement dit :
k f (x)kF
k f k = sup = sup k f (x)kF = sup k f (x)kF .
x∈E,x6=0 kxkE x∈E,kxkE =1 x∈E,kxkE ≤1

Définition 5.3.3. Soient E et F deux K-e.v.n. L (E, F) désigne l’espace vectoriel des
applications linéaires et continue, et l’application f → k f k = sup k f (x)kF est la
x∈E,kxkE =1
norme usuelle de L (E, F).

Proposition 5.3.4. Soient E et F deux K-e.v.n et f ∈ L (E, F). On a :

1) ∀x ∈ E, k f (x)kF ≤ k f k kxkE .

2) Si M ∈ R+ vérifie k f (x)kF ≤ M kxkE (∀x ∈ E), alors k f k ≤ M.

Démonstration. 1) Comme f est linéaire, alors f (0) = 0, donc l’inégalité est vraie. Si
x 6= 0, alors
k f (x)k k f (y)k
≤ sup = k f k,
kxk y∈E,y6=0 kyk

ce qui donne k f (x)k ≤ k f k kxk.


2) Soit M ∈ R+ tel que pour tout x ∈ E, k f (x)k ≤ M kxk, alors pour tout x 6= 0,
k f (x)k k f (x)k
≤ M, d’où supx∈E,x6=0 = k f k ≤ M.
kxk kxk
Théorème 5.3.5. Si F est complet, alors l’e.v.n. L (E, F) est complet.

Démonstration. Soit ( fn )n une suite de Cauchy dans L (E, F), alors : ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N,
∀n, m ≥ n0 on a k fn − fm k < ε. Il vient que k fn (x) − fm (x)k ≤ k fn − fm kkxk < εkxk,
∀x ∈ E. Ceci montre que ( fn (x))n est une suite de Cauchy dans F qui est complet, donc
elle est convergente. Soit f (x) = lim fn (x). Par suite, on a f ∈ L (E, F). En effet,
n→+∞
56

f (αx + β y) = lim fn (αx + β y) = α lim fn (x) + β lim fn (y) = α f (x) + β f (y), ce


n→+∞ n→+∞ n→+∞
qui prouve que f est linéaire. D’autre part, puisque pour tout x ∈ E et tous n, m ≥ n0 on
a k fn (x) − fm (x)k ≤ k fn − fm kkxk < εkxk, alors en faisant tendre m → +∞, on obtient
k fn (x)− f (x)k ≤ εkxk. Donc pour tout n ≥ n0 , fn − f est continue, d’où f = fn −( fn − f )
est continue. Enfin, puisque k fn (x) − f (x)k ≤ εkxk, alors k fn − f k ≤ ε pour tout n ≥ n0 ,
ce qui montre que ( fn )n converge vers f dans L (E, F).

Theorem 5.3.6. Soit (E, k.kE ) et (F, k.kF ) deux e.v.n. Si dim E est fini, alors toutes les
applications linéaires de E vers F sont continues.

Démonstration. Sur E, toutes les normes sont équivalentes. Soit {e1 , ..., en } une base de
E et x = ∑ni=1 xi ei un élément de E. On pose kxkE = max |xi | = kxk∞ . On a,
1≤i≤n

n n
k f (x)kF = k ∑ xi f (ei )k ≤ kxk∞ ∑ k f (ei )k.
i=1 i=1

D’où, pour tout x ∈ E, k f (x)kF ≤ kkxk∞ .

5.4 Exercices

Exercice 5.4.1. Soit (E, d) un espace vectoriel muni d’une distance vérifiant :

(i) Pour tous x, y ∈ E et λ ∈ R, d(λ x, λ y) = |λ |d(x, y).

(ii) Pour tous x, y, z ∈ E, d(x + z, y + z) = d(x, y).

Montrer que d provient d’une norme, c’est-à-dire qu’il existe une norme N sur E telle
que pour tous x, y ∈ E, d(x, y) = N(x − y).

Solution
Si une telle norme existe, elle est nécessairement définie par :

N(x) = N(x − 0) = d(x, 0).

Montrons donc que N : E → R+ , N(x) = d(x, 0) est une norme sur E telle que pour tous
x, y ∈ E,
d(x, y) = N(x − y). (∗)
Tout d’abord, l’égalité (∗) est vérifiée car pour tous x, y ∈ E, en utilisant (ii) on obtient :

N(x − y) = d(x − y, 0) = d(x − y + y, y) = d(x, y).

Il reste seulement à vérifier que N est une norme.


- Pour tout x ∈ E, on a N(x) = d(x, 0) ≥ 0 et N(x) = 0 ⇔ d(x, 0) = 0 ⇔ x = 0.
57

- Pour tous x ∈ E et λ ∈ R, N(λ x) = d(λ x, 0) = d(λ x, λ 0) = |λ |d(x, 0) = |λ |N(x).


- Soient x, y ∈ E. En utilisant l’inégalité triangulaire pour d, on a

N(x + y)d(x + y, 0) ≤ d(x + y, y) + d(y, 0)


= d(x, 0) + d(y, 0)
= N(x) + N(y).

Ce qui prouve le résultat. N est donc bien une norme qui a les propriéteés demandées.
Exercice 5.4.2. Montrer qu’une partie non vide A d’un e.v.n (E, k.k) est bornée si et
seulement s’il existe un réel positif M tel que :

∀x ∈ A, kxk ≤ M.

Solution
⇒) Supposons que A est bornée, alors son diamètre δ (A) < +∞. En fixant x0 ∈ A,
on a pour tout x ∈ A

kxk = kx − x0 + x0 k ≤ kx − x0 k + kx0 k ≤ δ (A) + kx0 k.

On prend M = δ (A) + kx0 k.


⇐) Supposons qu’il existe M > 0 tel que, kxk ≤ M pour tout x ∈ A, alors on a pour
tout x ∈ A, x ∈ B(0E , M), donc A ⊂ B(0E , M), d’où A est bornée.
Exercice 5.4.3. Soient A et B deux parties non vides d’un e.v.n E.
1) Montrer que si A ou B est ouverte, alors A + B est ouverte.
2) Montrer que si A et B sont connexes, alors A + B est connexe.
3) Montrer que si A et B sont compactes, alors A + B est compacte.
4) Montrer que si A est compacte et B est fermée, alors A + B est fermée.
5) Donner un exemple de deux fermées A et B telles que A + B n’est pas fermée.
Solution
1) Si A est un ouvert, alors pour tout b ∈ B, A + b est ouvert. En effet, l’application
f : A → A + b est un homéomorphisme, donc f (A) = A + b est un ouvert. D’où A + B =
∪ A + b est un ouvert.
b∈B
Autre méthode : On a a + b ∈ A + B pour tous a ∈ A et b ∈ B. Comme A est ouvert,
alors il existe r > 0 tel que a + B(0, r) ⊂ A. Par suite, a + B(0, r) + b ⊂ A + B, donc A + B
est ouvert.
2) Si A et B sont connexes, alors A × B est connexe (voir exercice 4.5.8). De plus,
l’application ϕ : A × B → A + B, (a, b) → a + b est continue, donc ϕ(A × B) = A + B est
connexe.
58

3) Si A et B sont compactes, alors A × B est compacte (théorème de Tychnoff), donc


ϕ(A × B) = A + B est compacte.
4) Supposons que A est compacte et B est fermée. Soit (zn ) une suite déléments de
A + B telle que zn → z. Montrons que z ∈ A + B.
On a zn ∈ A + B, alors il existe an ∈ A et bn ∈ B tels que zn = an + bn . Puisque A
est compacte, il existe une sous suite (ank ) de (an ) qui converge vers a ∈ A. Il vient que
bnk = znk − ank converge vers b ∈ B (car B est fermée). Donc, znk = bnk + ank converge
vers a + b ∈ A + B. Par conséquent, limzn = limznk = z = a + b ∈ A + B.
n k
5) Dans l’e.v.n R, on considère A = N∗ et B = { 1n − n, n > 1}. Vérifions que A et B
sont des fermés et que 0 ∈ A + B, mais 0 ∈
/ A + B.
On a {R =] − ∞, 1[∪ ∪ ]n, n + 1[ qui est ouvert, donc A est fermé. De même, {BR =
A
n≥1
1
∪ ] n+1 − (n + 1), n1 − n[∪] − 1, +∞[ qui est ouvert, bonc B est fermé.
n≥1
Si 0 ∈ A + B, alors il existe m ∈ A et n > 1 tel que m + 1n − n = 0, ce qui implique
1
n = n − m ∈ Z, impossible, donc 0 ∈ / A + B. Mais 0 ∈ A + B, car 1n = ( n1 − n) + n ∈ A + B
et n1 → 0.

Exercice 5.4.4. On considère le système d’équations suivant :


(
x = 14 sin(x + y)
(S) .
y = 1 + 23 arctan(x − y)

Montrer que (S) admet une unique solution.

Solution
Considérons la fonction f : R2 → R2 définie par :
 
1 2
f (x, y) = sin(x + y), 1 + arctan(x − y) , (x, y) ∈ R2 .
4 3

Il est clair que f est continue. En appliquant le théorème des accroissement finis, on
obtient

k f (x, y) − f (x0 , y0 )k = d( f (x, y), f (x0 , y0 ))


1 2
= sin(x + y) − sin(x0 + y0 ) + arctan(x − y) − arctan(x0 − y0 )
4 3
1 2
≤ x + y − x0 − y0 + x − y − x0 + y0
4 3
11 11
≤ x − x0 + y − y0
12 12
11 11
= d((x, y), (x0 , y0 )) = k(x, y) − (x0 , y0 )k.
12 12
59

Donc f est une contraction, par suite elle admet un point fixe unique f (x, y) = (x, y). Ce
point fixe ne sera rien qu’une solution du système (S).

Exercice 5.4.5. Soit (E, k.k) un R-espace vectoriel normé. On note B(0, 1) la boule unité
fermée de E. Soit F un sous-espace vectoriel fermé de E vérifiant F 6= E. On pose

d(x, F) = inf{kx − yk, y ∈ F}.

1) Soient x ∈ E, y ∈ F et λ ∈ R, établir les trois propriétés suivantes :

(i) d(x, F) ≤ kxk, (ii) d(λ x, F) = |λ |d(x, F), (iii) d(x − y, F) = d(x, F).

2) Soient x ∈ E et x0 ∈ E. Montrer que

(iv) d(x + x0 , F) ≤ d(x, F) + d(x0 , F).

3) Soit x ∈ B(0, 1) tel que α = d(x, F) > 0. Montrer que

∀ε > 0, ∃y ∈ F / α ≤ kx − yk < α(1 + ε).

4) Soit x ∈ B(0, 1) tel que αd(x, F) > 0. Montrer que pour tout ε > 0, on peut trouver
x∗ ∈ B(0, 1) tel d(x∗ , F) = (1 + ε)−1 < 1.
5) Déduire de ce qui précède l’égalité sup{d(x, F), x ∈ B(0, 1)} = 1.
6) Démontrer à l’aide de ce qui précède le théorème du cours qui permet d’affirmer que
si la boule B(0, 1) est compacte, alors le R-espace vectoriel E est de dimension finie.

Solution
1) (i) Tout sous-espace vectoriel contient 0, on a donc,

d(x, F) = inf{kx − yk, y ∈ F} ≤ kx − 0k = kxk.

(ii) Pour λ = 0, en appliquant (i), on obtient

d(0x, F) = d(0, F) ≤ k0k = 0 = |0|d(x, F).

Pour λ 6= 0, on a

d(λ x, F) = inf{kλ x − yk, y ∈ F} = inf{|λ |kx − λ −1 yk, y ∈ F}


= |λ | inf{kx − λ −1 yk, y ∈ F} = |λ | inf{kx − yk, y ∈ F}
= |λ |d(x, F).
60

(iii) Comme y ∈ F et puisque {y + z, z ∈ F} = F, on a

d(x − y, F) = inf{kx − y − zk, z ∈ F} = inf{kx − (y + z)k, z ∈ F}


= inf{kx − zk, z ∈ F} = d(x, F).

2) Par définition, on peut trouver deux suites (yn )n ⊂ F et (y0n )n ⊂ F telles que

d(x, F) = lim d(x, yn ) et d(x0 , F) = lim d(x, y0n ).


n→+∞ n→+∞

Comme yn + y0n ∈ F, on peut écrire

d(x + x0 , F) ≤ kx + x0 − (yn + y0n )k ≤ kx − yn k + kx0 − y0n k.

L’inégalité (iv) s’obtient en passant à la limite quand n → +∞.


3) Par la définition de d(x, F), on a

∀ε 0 > 0, ∃y ∈ F / kx − yk < d(x, F) + ε 0 .

Ainsi, pour tout ε > 0, on a α > 0ε > 0, car α > 0. On peut donc appliquer ce qui
précéde avec ε 0 = αε pour obtenir

∀ε > 0, ∃y ∈ F / kx − yk < α(1 + ε).

D’autre part, puisque y ∈ F, on a par définition α = d(x, F) ≤ kx − yk.


4) Avec ε comme en 3), le choix x∗ = α −1 (1 + ε)−1 (x − y) convient. En effet, l’in-
égalité de droite de la question 3) garantit x∗ ∈ B(0, 1). D’autre part, en appliquant (ii)
et (iii), on obtient

d(x∗ , F) = α −1 (1 + ε)−1 d(x − y, F) = α −1 (1 + ε)−1 d(x, F) = (1 + ε)−1 < 1.

5) Pour x ∈ B(0, 1), la condition d(x, F) = 0 implique l’existence d’une suite (xn )n ⊂
F qui converge vers x. Comme F est fermé, cela implique x ∈ F. Ainsi, si pour tout
x ∈ B(0, 1) on a d(x, F) = 0, c’est que B(0, 1) ⊂ F. Comme E = ∪{B(0, n), n ∈ N}, cela
conduit à E ⊂ F, c-à-d E = F. contradiction.
On peut donc trouver x ∈ B(0, 1) avec d(x, F) > 0. En appliquant la question 4) pour
les choix ε = (1 + n)−1 , on obtient une suite (xn∗ )n ∈ B(0, 1) vérifiant :

sup{d(x, F), x ∈ B(0, 1)} ≥ lim d(xn∗ , F) = lim (2 + n)(1 + n)−1 = 1.


n→+∞ n→+∞

Or, d’après (i) de la question 1), on a

∀x ∈ B(0, 1), d(x, F) ≤ kxk ≤ 1.


61

6) Supposons que B(0, 1) soit compacte. Fixons ε > 0, alors du recouvrement ouvert
B(0, 1) ⊂ ∪{B(x, ε), x ∈ B(0, 1)}, on peut extraire un sous-recouvrement fini :

B(0, 1) ⊂ ∪{B(xi , ε), xi ∈ B(0, 1), i ∈ I} I = {1, ..., n}.

On considère le sous-espace F de E engendré par {x1 , ..., xn }. Comme F est de dimen-


sion fini, il est fermé. Par construction, B(0, 1) ⊂ F + εB(0, 1).
Pour le choix de ε = 12 , cela implique

1
sup{d(x, F), x ∈ B(0, 1)} ≤ .
2
Pour F 6= E, ceci est en contradiction avec les conclusions de la question 5). Donc F = E
et dim E = n < +∞ .

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