Trauma Thorax
Trauma Thorax
Trauma Thorax
TRAUMATISMES DU THORAX.
J.F. DYON
Les atteintes traumatiques du thorax de l’enfant se répartissent en traumatismes fermés, les plus
fréquents, et traumatismes ouverts ou pénétrants. Quelle que soit la lésion, il faut parfois savoir évoquer
un sévice.
I - LES TRAUMATISMES FERMES
Fréquents, ils peuvent entraîner une impotence fonctionnelle respiratoire pouvant mettre en
danger la vie du blessé. Ils se voient à tout âge surtout entre 5 et 7 ans ou 12 et 15 ans, les traumatismes
obstétricaux ou néonatals sont également connus, parfois iatrogènes.
L’agent en cause est le plus souvent un accident de la voie publique, un franchissement, une
chute d’une hauteur parfois importante, un accident de sport ou un accident domestique. Les atteintes
thoraciques graves de l’enfant sont très souvent en relation avec un polytraumatisme, mais à la
différence de l’adulte, la gravité est surtout dûe aux traumatismes crânio-cérébraux associés plutôt qu’au
nombre de lésions.
La souplesse de la cage thoracique de l’enfant explique la relative bénignité de la plupart des
traumatismes du thorax, la rareté des fractures de côtes et des volets thoraciques. Par contre les lésions
internes peuvent être graves (épanchements pleuraux, contusions pulmonaires), même en l’absence de
lésion pariétale. Le petit calibre de l’arbre aérien explique également le risque précoce d’encombrement
et d’obstruction.
Du point de vue physiopathologique, 3 grands principes vont guider la prise en charge et le
traitement :
- la paroi thoracique doit rester mobile, le jeu du diaphragme étant primordial. La douleur est un facteur
aggravant car elle diminue l’ampliation thoracique,
- la cavité pleurale doit être vidée pour maintenir solidaire le poumon et la paroi. Tout épanchement,
sanglant ou gazeux, sera évacué,
- les voies aériennes doivent rester libres : étage supérieur (fosses nasales, bouche, pharynx), étage
inférieur (trachée et bronches). L’inhalation du contenu gastrique est une complication particulièrement
redoutable d’où la nécessité de vider l’estomac.
A - L’examen clinique
Il doit être rapide, lié aux conditions de l’urgence, mais précis et rigoureux. Il apprécie :
- le degré d’insuffisance respiratoire : le degré d’encombrement des voies aériennes, signes de détresse
respiratoire, dyspnée, respiration anormale, cyanose, trouble de la conscience parfois. La valeur de
l’inspection, percussion, auscultation, est à souligner. Cet examen apprécie l’état de l’hématose du
blessé.
- l’état hémodynamique : existence d’un choc, recherche de signes d’hémorragie interne, évaluation
rapide des pertes sanguines éventuelles.
Cet examen correspond à l’ABC des anglo-saxons (Airway, Breathing, Circulation).
La recherche de lésions associées, fréquentes, doit être systématique, atteinte crânienne. en
particulier. L’état de conscience est un facteur important pouvant être d’ordre neurologique central ou lié
à une anémie aiguë.
Le traitement d’urgence est actuellement souvent mis en oeuvre sur les lieux de l’accident grâce
aux moyens médicalisés (SAMU). Le transport sera ensuite effectué le plus rapidement possible en
milieu hospitalier bien équipé.
2 - Le diagnostic étiologique
Les lésions possibles sont nombreuses, étant donné la complexité anatomophysiologique du
thorax. Il est néanmoins nécessaire d’en connaître l’existence et de les rechercher de façon
systématique.
1 - Les atteintes de la paroi thoracique.
Elles sont relativement peu fréquentes chez l’enfant, d’autant que les fractures de côtes peuvent
être invisibles au début (fracture en bois vert). Le diagnostic est clinique, douleur exquise à la palpation,
et le traitement simple calmer la douleur pour préserver la mobilité du thorax.
Le volet thoracique est rare chez l’enfant, observé surtout chez l’adolescent au thorax plus rigide.
Résultant de la fracture en série de 3 côtes ou plus, son diagnostic doit être précoce par l’observation
d’une respiration paradoxale. Quelquefois le volet est engrené et peut se mobiliser secondairement, qu’il
soit latéral, antérieur ou sternal. Le traitement consiste en une stabilisation pneumatique interne par
ventilation assistée, le traitement chirurgical étant rarement nécessaire chez l’enfant.
a) les contusions cardiopéricardiques surviennent surtout lors d’un choc frontal, après un traumatisme
majeur, et peuvent être la cause de mort immédiate. Un tableau de tamponnade nécessite un diagnostic
immédiat avec décompression par ponction péricardique. Dans les cas moins sévères, le diagnostic est
suspecté cliniquement : souffle, douleur sternale et scapulaire gauche, insuffisance cardiaque. Le
diagnostic fait appel à l’échocardiographie, dosage des SGOT, fraction MB des isoenzymes CPK, voire
angiographie.
Selon les lésions, une réparation sous circulation extracorporelle peut être nécessaire.
b) La rupture de l’aorte thoracique au niveau de l’isthme. On ne l’observe que chez l’adolescent après un
traumatisme violent et décélération brutale. Seules les formes incomplètes (fissuration) survivent. Le
diagnostic est orienté par un souffle systolique postérieur, asymétrie des pouls entre les membres
supérieurs et les membres inférieurs, élargissement du médiastin à la radio.
L’angiographie reste l’examen nécessaire pour un diagnostic formel et une cure chirurgicale urgente.
c) Les lésions de l’œsophage. Elles sont exceptionnelles, parfois iatrogènes. Elles sont observées en cas
de baro traumatisme à glotte fermée avec rupture basse de l’œsophage entraînant douleur, pneumo-
médiastin, épanchement pleural. Le diagnostic est radiologique, transit œsophagien et endoscopique. La
réparation chirurgicale doit être précoce.
d) Les lésions du système lymphatique, canal thoracique, sont rarissimes. Elles se manifestent par un
épanchement pleural laiteux (chylothorax).
c) La rupture diaphragmatique
Rare, elle n’est pas toujours de diagnostic aisé. Elle majore la détresse respiratoire et doit être décelée
précocement. Le cliché thoraco-abdominal montre la surélévation d’une coupole, l’ascension de
l’estomac et de la sonde gastrique en cas de rupture gauche la plus fréquente. Parfois des clartés
digestives sont observées dans le thorax.
On peut s’aider de l’échographie, TOGD, péritonéographie. Le traitement est chirurgical par voie
abdominale.
d) Le syndrome de MORESTIN
Il est du à une hyperpression brutale du système cave supérieur lors d’un écrasement thoracique violent
avec effet de blast. Il se révèle par des pétéchies cervico-faciales, hémorragie conjonctivale, et peut se
compliquer de cécité. Il nécessite toujours un examen ophtalmologique rapide (fond d’œil).
e) Les polytraumatismes
Variés, ils peuvent faire passer au second plan la cage thoracique, qu’il ne faudra pourtant pas négliger.
La gravité est surtout liée à l’atteinte crânienne concomitante (score de Glasgow). Les lésions de
l’appareil locomoteur et du rachis sont également fréquentes.
3 - Le pronostic des traumatismes du thorax de l’enfant :
Il est meilleur que chez l’adulte en cas d’atteinte isolée. Par contre la fréquence des associations
lésionnelles et surtout crâniennes explique la mortalité (10 à 15 % des cas).
4 - La surveillance ultérieure
Elle doit surtout rechercher trois types de lésions passées inaperçues et évolutives à bas bruit.
- sténose trachéo-bronchique par rupture incomplète
- lésion du diaphragme avec découverte d’une éventration
- lésion vasculaire artérielle, anévrisme de l’aorte
La révélation de ces anomalies peut en effet être tardive et dramatique et justifie une surveillance
à long terme. Un cliché thoraco-abdominal à distance doit être conseillé.