Thème 2 41000079 - Odyssee - GP - Batweb - 042 - 065 - Hist2

HISTOIRE • Manuel pages 54-55
1 Qu’entrainent la découverte et l’utilisation

de nouvelles énergies au xixe siècle ?
Cette leçon permet de comprendre comment l’apparition de nouvelles énergies, et
notamment l’électricité, modifie en profondeur la production industrielle et a des
conséquences lourdes sur l’organisation des transports.
quaient des infrastructures lourdes (alimentation en com-

Objectifs bustible, système de refroidissement, distribution de la
– Comprendre les conséquences sur l’industrie force motrice…). Dans les usines et les ateliers, la force
de la découverte de nouvelles énergies. motrice électrique est distribuée à la demande et seule-
– Connaitre le rôle du développement ment là où elle est nécessaire. L’agencement des lieux de
des transports. production se simplifie et respecte mieux les étapes de la
– Découvrir l’importance de la maitrise production qui, elle, se rationnalise. On assiste alors à une
de l’électricité. explosion du nombre de produits manufacturés de qualité
fabriqués à moindre cout. Parallèlement, le développe-
ment des réseaux de distribution d’électricité améliore le
Compléments pour le maitre confort des foyers et favorise le développement de
Le terme de « révolution industrielle », qui qualifie le passage moyens de communication modernes. Des loisirs nou-
d’une société agricole et artisanale à une société industrielle veaux apparaissent.
et commerciale, incarne, plus qu’une rupture, l’accélération
d’une évolution déjà en œuvre au xviiie siècle, notamment Exploitation des documents
dans l’industrie textile. Doc. 1 : L’utilisation des machines permet de réduire les
A Une première révolution industrielle frais de main-d’œuvre et de baisser les couts de produc-
Les historiens et les économistes décrivent l’apparition tion (ici divisés par deux).
d’une succession de systèmes qui mettent en évidence Doc. 2 : Trois personnes sont visibles, qui semblent se
l’interdépendance technique de matériaux, d’énergies et consacrer à la surveillance des machines qui produisent
de forces motrices. Ainsi, le début du xixe siècle est carac- de façon automatique.
térisé par le passage de moyens de production classiques Doc. 3 : Cette automobile s’inspire des carrosses tirés par
(énergie hydraulique et animale, bois) à un système les chevaux. La machine à vapeur puis le moteur à explo-
moderne (fer, charbon et vapeur) marqué par le début de sion sont à l’origine de la naissance de l’automobile.
la mécanisation. Doc. 4 : Les inventions, qui sont encore toutes utilisées de
nos jours, sont particulièrement nombreuses dans le
B Une seconde révolution industrielle
domaine des transports.
La fin du siècle voit l’apparition d’un système caractérisé
Doc. 5 : Paris est la ville la mieux desservie par les lignes
par la diminution progressive de sources d’énergie pri-
de chemin de fer. Ce réseau en étoile est la caractéristique
maire, comme celle du charbon, au profit de ressources
du réseau ferré français (voir doc. 1 page 146). Trente-
transformées (pétrole, moteur à explosion, électricité et
trois ans séparent ces deux cartes. En 1870, le réseau
chimie) qui relancent la production industrielle.
ferré couvre l’ensemble du territoire français.
C La révolution des transports Doc. 6 : Cette ligne dessert les villes de Londres, Paris,
Le xixe siècle connait une véritable transformation des Munich, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest, Constanti-
modes de déplacements terrestres et maritimes, limités nople. Son trajet peut-être reconstitué sur la carte d’Eu-
jusqu’alors à la force animale et éolienne. Les transports, rope en page de garde arrière du manuel et sur le doc. 1
qui se mécanisent grâce au charbon et au moteur à explo- page 148. Elle tire son nom de son orientation vers l’Orient
sion, permettent d’augmenter les quantités transportées et et de sa rapidité.
la vitesse des déplacements. Ils font aussi changer les Doc. 7 : En montrant une femme apprêtée manipulant la
habitudes puisque la lenteur et l’inconfort des déplace- lampe, cette affiche publicitaire insiste sur le caractère
ments précédents amenaient la population à ne se dépla- propre et luxueux de ce nouveau moyen d’éclairage.
cer que par nécessité.
D La révolution de l’électricité Pour aller plus loin
La maitrise de l’électricité représente un gigantesque bou- • Les Transports au xixe siècle : la France transformée, TDC,
leversement, sans doute le plus important de tous. Le n° 797, 2000.
moteur électrique permet de s’affranchir de toutes les • La Naissance du cinéma (L’invention d’un art populaire),
contraintes des moteurs à vapeur et à explosion qui impli- TDC, n° 696, 1995.
42 Thème 2 • L’âge industriel en France

Qu’entrainent la découverte et l’utilisation
de nouvelles énergies au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Lis le texte et réponds aux questions.
La minoterie
Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur sur la route de Tarascon.
« Tout beau, tout nouveau ! » Les gens prirent l’habitude d’envoyer leurs blés aux minotiers, et les pauvres
moulins à vent restèrent sans ouvrage. Pendant quelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la
plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre* ! Ils furent tous obligés de fermer... On ne vit plus venir les petits
ânes... Les belles meunières vendirent leurs croix d’or... Plus de muscat ! Plus de farandoles !... Le mistral avait
beau souffler, les ailes restaient immobiles... Puis, un beau jour, la commune fit jeter toutes ces masures à bas,
et l’on sema à leur place de la vigne et des oliviers.
* Expression qui exprime la peine.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, 1866.
1. À l’aide d’un dictionnaire, recherche le sens du mot « minoterie ».

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2. Quelles sont les conséquences de l’apparition de la minoterie ?
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Exercice 2 • Après avoir lu les deux textes ci-dessous, réponds aux questions.
Texte 1 : L’arrivée du chemin de fer

Est-ce qu’on s’imagine nous faire croire que ce grand chemin de fer, qui doit traverser nos champs, enlever
notre grain, notre bétail, nos planches, nos madriers, jusqu’aux poissons de nos rivières, jusqu’au gibier de nos
bois, moyennant quelques poignées de liards*, qu’on nous jettera en passant, est-ce qu’on s’imagine nous
faire croire que c’est pour notre intérêt qu’on veut l’établir ? Il faudrait nous supposer bien stupide.
* Pièce de monnaie.
D’après William Werger, Les Chemins de fer dans le monde, Mondo, 1969.
Texte 2 : L’approvisionnement en lait de Paris

Depuis douze ans, des changements notables se sont produits dans le mode d’approvisionnement du lait ; la
mise en activité des grandes lignes de chemins de fer a procuré des moyens de transport puissants et écono-
miques. Des entrepreneurs ont pu acheter aux fermiers tout le lait disponible provenant de leurs étables et
l’amener à Paris. Ce nouvel état de choses, en étendant le cercle de l’approvisionnement et en augmentant
considérablement les arrivages, a eu pour effet d’abaisser, dans une forte proportion, le prix de cet objet de
consommation.
D’après Armand Husson, Les Consommations de Paris, 1856.
1. D’après le texte 1, le développement des chemins de fer est-il toujours bien accueilli ? Pourquoi ?
© Éditions Belin/Humensis, 2017
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2. D’après le texte 2, quelles sont les conséquences du développement des chemins de fer sur la commercialisation
du lait dans la capitale ?
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43
2 Comment l’industrialisation
transforme-t-elle la France au xixe siècle ?
Le développement de l’industrie au xixe siècle modifie en profondeur les structures de
l’économie française. L’industrialisation donne naissance à de grandes régions indus-
trielles, fait évoluer le système bancaire et apparaitre de nouvelles classes sociales.
le niveau de scolarisation de leurs enfants, leur épargne et

Objectifs leur mode de vie qui se rapproche de celui de la
– Savoir quels sont les principaux secteurs bourgeoisie.
économiques touchés par l’industrialisation. Le monde ouvrier (domestiques, artisans, ouvriers), en pleine
– Localiser les régions industrielles en développement. croissance, n’a pour seule richesse que sa force de travail. Il
– Découvrir le nouveau rôle des banques. est hiérarchisé : les ouvriers qualifiés mieux rémunérés béné-
– Comprendre les raisons de l’essor ficient souvent d’une plus grande stabilité de l’emploi ; les
de la bourgeoisie et du monde ouvrier. ouvriers peu ou pas qualifiés cantonnés aux travaux répétitifs,
mal payés, aux longues journées de travail, subissent quant à
eux de longues périodes de chômage.
Compléments pour le maitre
Exploitation des documents
A L’apparition de grandes régions industrielles
Doc. 1 : Les industries sont concentrées dans l’est du
La concentration des moyens de production dans de grandes
pays, à droite d’une ligne qui va du Havre à Montpellier.
régions industrielles débute plus tardivement en France que
Elles sont installées dans les régions minières à proximité
dans les pays voisins comme la Grande-Bretagne ou la Bel- des sources d’énergie, près des grandes villes qui four-
gique. Le pays paye les conséquences démographiques et nissent la main-d’œuvre, le long des fleuves ou près des
économiques des guerres révolutionnaires et napoléo- ports pour bénéficier de moyens de transport adaptés.
niennes. Par ailleurs, le blocus continental mis en place par Doc. 2 : Le Creusot est spécialisé dans l’industrie minière
Napoléon provoque une perte de débouchés pour les grands et sidérurgique. Les usines sont plus imposantes que les
ports français. Bordeaux, Nantes et Marseille voient leur acti- maisons d’habitation. Elles sont bâties sur de grands
vité décliner et leur population migrer en partie dans les espaces selon un plan très organisé qui facilite les
régions du nord-est du pays, proches des sites d’extraction circulations.
minière. Les pôles de l’industrie française se déplacent de la Doc. 3 : Pour Adolphe Thiers, « le riche », parce qu’il pos-
façade atlantique et de la Méditerranée vers l’intérieur des sède bien plus que nécessaire pour vivre, peut investir
terres. Dès lors, le commerce français s’oriente davantage dans le développement des industries.
vers le commerce continental. Doc. 4 : Ce tableau présente une scène de vie quotidienne
B Le développement des banques qui se déroule dans une pièce commune (lit, table et
chaises dans la même pièce). Il n’y a pas d’éléments déco-
Le xixe siècle est la période du triomphe du capitalisme, qui
ratifs, les vêtements sont simples et le mobilier strictement
se caractérise par l’accumulation de ressources immobi-
utilitaire.
lières et monétaires et leur réinvestissement dans les
Doc. 5 : Les personnages prennent la pose dans un jardin
entreprises industrielles ou les sociétés de commerce. Les
où plusieurs éléments sont caractéristiques de la bour-
banques d’affaires et de dépôts se développent et les
geoisie : les vêtements de qualité, le décor dans un jardin
prêts à l’industrie se généralisent. Une nouvelle forme juri-
aménagé, les accessoires (mobilier, panière, bouquet,
dique d’entreprise apparait, la société anonyme (SA), dans
chapeau).
laquelle les investisseurs engagent leur responsabilité à
Doc. 6 : La description de la fabrication d’épingles montre
hauteur des capitaux investis. Néanmoins, l’État joue aussi
la décomposition de la production industrielle en de nom-
un rôle important (création de la Banque de France, poli-
breuses opérations élémentaires, limitées et complémen-
tique de grands travaux, etc.).
taires. Elle se réalise étape par étape, chaque ouvrier
C L’essor de la bourgeoisie accomplissant un geste particulier. Avec peu d’employés,
et la naissance de la classe ouvrière la production est importante.
La grande bourgeoisie industrielle et d’affaires domine le
paysage économique, même si certains aristocrates se Pour aller plus loin
reconvertissent. La création de nouveaux emplois plus • P. Verley, La Première Industrialisation (1750-1880),
qualifiés (commerce, industrie, fonction publique) favorise La Documentation photographique, 2008.
l’émergence d’une classe moyenne. Celle-ci se distingue • J.-M. Dequeker-Fergon, La Société française au xixe siècle,
des ouvriers et des paysans par un travail moins physique, La Documentation par l’image, 2002.

Comment l’industrialisation
transforme-t-elle la France au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • À partir de la légende et à l’aide de ton manuel, replace sur la carte les industries textiles,
et les industries minières et sidérurgiques.
ROYAUME-UNI
BELGIQUE
Lille ALLEMAGNE
Tourcoing
e Roubaix
nch
Ma Rouen LUX.
Metz
Se
ine
Paris
Nancy
Mulhouse
Loir
Nantes e
Tours Le Creusot
SUISSE
OCÉAN
ATLANTIQUE
Saint- Lyon
Étienne
Ga ITALIE
ro
Rhône
nn
e
Nîmes
Carmaux
Grandes régions
industrielles Marseille
Industries textiles
ESPAGNE Mer
Industries minières 0 200 km Méditerranée
et sidérurgiques
Exercice 2 • Relève tous les groupes nominaux qui montrent le caractère industriel du lieu.
Une usine métallurgique

Là-bas, on dirait un grand incendie. Dans le silence de la nuit, on entendait comme des sifflements, des plaintes
haletantes, des grondements formidables. Nous sommes en face du Creusot, la plus grande usine de France et
peut-être d’Europe. Il y a ici une quantité de machines et de fourneaux, et plus de seize mille ouvriers qui tra-
vaillent nuit et jour pour donner à la France une partie du fer qu’elle emploie. Il y a trois grandes usines dis-
tinctes dans l’établissement du Creusot : fonderie, ateliers de construction et mines ; chacune des parties est
reliée à l’autre par des chemins de fer ; c’est un va-et-vient perpétuel.
G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, 1905.
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45
3 Quels sont les progrès de l’agriculture

au xixe siècle ?
Cette leçon décrit l’évolution de l’agriculture au xixe siècle. Elle présente les consé-
quences de la mécanisation et de l’amélioration des techniques agricoles et permet de
mieux comprendre par la suite l’évolution de l’ensemble de la société française dans la
seconde moitié du siècle.
À partir de 1840, l’industrie chimique fournit des engrais
Objectifs et pesticides de synthèse qui augmentent encore la pro-
– Connaitre les effets de la mécanisation ductivité des terres.
sur l’agriculture. C L’augmentation de la production agricole
– Savoir comment les techniques agricoles évoluent. L’augmentation du produit brut agricole augmente la ren-
– Comprendre les conséquences de l’augmentation tabilité et la valeur des terres. Elle permet de dégager des
de la production agricole. possibilités financières pour des investissements tournés
vers des moyens de mécanisation qui stimulent à leur tour
la production industrielle et agricole. De plus, un seul tra-
Compléments pour le maitre vailleur agricole peut fournir de quoi faire vivre un nombre
A La mécanisation de la production de plus en plus grand d’habitants, qui se consacrent donc
C’est vers le milieu du xixe siècle que la révolution méca- à d’autres secteurs de l’économie.
nique de l’agriculture prend son essor en France, soit bien Par ailleurs, l’essor de la production agricole se répercute
après la Grande-Bretagne. Elle se caractérise par la mise sur l’industrie agroalimentaire. Les matières premières
au point ou le perfectionnement de quelques engins agri- agricoles sont moins chères et sont transformées à
coles et l'utilisation de nouvelles forces d’énergie. On peut moindre cout en produits plus élaborés, comme le montre
l’évolution de la production de betteraves destinée à fabri-
réduire ce progrès à trois types d’engins : la charrue, la
quer le sucre. Enfin, la baisse des prix alimentaires permet
moissonneuse, la batteuse.
aux industriels de conserver des salaires bas et donc de
L’utilisation du tractage à vapeur accroit l’efficacité du
maitriser leurs couts de production. En analysant l’en-
labour en permettant une culture profonde de manière
semble de ces mécanismes, certains historiens de l’éco-
plus régulière et plus puissante que celle obtenue par
nomie considèrent que la révolution agricole, par certains
l’usage de la force animale. La charrue métallique tractée
aspects, a constitué un préalable à la révolution indus-
mécaniquement augmente les rendements du sol et
trielle par l’apport de nouveaux profits, la commande de
apporte un gain de temps appréciable. La moissonneuse
matériels et l’exode rural.
est aussi source de gain de temps mais surtout d’écono-
mie de bras. L’agriculteur se retrouve, ainsi, moins dépen-
dant des ouvriers jusque-là indispensables pendant les Exploitation des documents
moissons. Il en est de même pour la batteuse agricole plus Doc. 1 : La comparaison du travail fait par les batteurs
tard dans l'année. La plus grande rapidité d’exécution des avec celui réalisé par les machines démontre l’efficacité
opérations agricoles explique l’accroissement régulier de de ces dernières. L’une d’entre elles, la machine Petts, est
la surface travaillée. 13 fois plus productive.
Doc. 2 : Huit personnes font fonctionner cette batteuse.
B Une nouvelle organisation des cultures
Elle réduit la main-d’œuvre et permet d’augmenter la pro-
La pratique de la jachère était commune avant l’apparition ductivité : il faut moins de monde pour produire plus.
de l’agriculture moderne. Elle permettait de reconstituer Doc. 3 : Sans jachère, la terre est exploitée en continu.
naturellement les réserves minérales utilisables du sol. Les Doc. 4 : Entre 1820 et 1900, la production de céréales est
terrains en jachère constituaient aussi un espace de vaine doublée, celle de betteraves est multipliée par 3 et celle
pâture où chacun pouvait faire paitre gratuitement son de pommes de terre par 5. La betterave est transformée
bétail en dehors de ses terres. Cette pratique a permis en sucre.
pendant longtemps aux plus pauvres d’entretenir des Doc. 5 : Cette publicité s’adresse aux producteurs de
bêtes même sans posséder de terre. Petit à petit, le sol en fleurs, fruits et primeurs.
jachère accueille la culture de plantes fourragères (luzerne, Par le développement du chemin de fer, les produits agri-
maïs, avoine…) qui favorisent l’élevage. coles arrivent frais et rapidement dans des endroits
Si, traditionnellement, les sols sont enrichis par l’apport de jusqu’alors inaccessibles. Ces nouveaux débouchés
fumier (ou d’algues le long des côtes), ces apports sont incitent les agriculteurs à augmenter leur production.
complétés par l’importation de guano (excréments d’oi-
seaux marins concentrés en azote) d’Amérique du Sud.

Quels sont les progrès de l’agriculture
au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Explique ce schéma en quelques phrases.
Abandon de la jachère
Cultures fourragères Bétail mieux nourri

à la place de la jachère et plus nombreux
Meilleur rendement
des terres cultivées et Plus de fumier
jachère devenue inutile
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Exercice 2 • Après avoir lu le texte, relève toutes les raisons pour lesquelles l’utilisation des machines
agricoles est ralentie.
Témoignage d’un cultivateur

La culture recherche les machines mais pas encore autant qu’elle le voudrait, d’abord parce qu’elles ne sont
pas volontiers acceptées par les travailleurs qui souvent, y voyant ou croyant y voir une concurrence, les dété-
riorent exprès ou n’apportent pas les soins nécessaires à leur bon fonctionnement. Ensuite par le défaut, dans
nos campagnes, d’ouvriers capables de faire de suite à ces instruments les réparations dont ils ont trop fré-
quemment besoin. Aussi voyons-nous quantité d’excellents cultivateurs continuer de faire faire leur moisson à
la main, bien que possédant une ou même deux moissonneuses. Cela afin de les ménager et de les tenir en
réserve pour les grandes occasions et d’en faire surtout une sorte d’épouvantail destiné à montrer aux ouvriers,
s’ils devenaient trop exigeants ou voulaient quitter, qu’au besoin on pourrait se passer d’eux.
Journal L’Union agricole, 1884.
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47
4 Comment vit-on dans les campagnes

au xixe siècle ?
Cette leçon expose les conditions de vie des paysans et la manière dont, associées aux
évolutions techniques et économiques du xixe siècle, elles expliquent l’exode rural.

Objectifs Doc. 1 : De nombreuses expressions montrent la misère
– Connaitre les conditions de vie de la paysannerie. des paysans : certains vêtements se transmettent encore
– Comprendre les raisons de l’exode rural. de père en fils, les ustensiles de ménage se limitent à des
cuillères en bois, les meubles sont sommaires, les draps
n’existent pas ainsi que les chaussures, le breuvage se
Compléments pour le maitre limite à de l’eau, la viande et le pain blanc sont rares.
A Une population rurale isolée Doc. 2 : L’angélus, ou prière de l’ange, est une prière de
l’Église catholique qui était récitée trois fois par jour : à six
Avec l’abolition des privilèges, le monde paysan, qui se
heures, à midi et à dix-huit heures. À ces heures, une « clo-
libère des contraintes de la féodalité, est apparemment le
che de l’angélus » était sonnée au clocher des églises. La
principal bénéficiaire de la Révolution. Mais la vente des
posture des paysans montre qu’ils sont en train de réciter
biens nationaux (ensemble des biens de l’Église et des cette prière. On ne voit qu’une fourche, une brouette et un
nobles émigrés mis à disposition de la Nation), qui donne panier. Ces outils rudimentaires sont très éloignés de la
lieu à une vaste redistribution des terres, favorise surtout batteuse mécanique présentée page 58.
le haut de l’échelle sociale paysanne et les bourgeois sans Doc. 3 : Le personnage principal, le vieux moissonneur
profiter à la majorité des paysans les plus pauvres. Le accablé de fatigue, au visage vide marqué par l’épuise-
poids des guerres révolutionnaires et napoléoniennes est ment, personnifie la dureté du métier de paysan. Les deux
en outre essentiellement porté par la paysannerie, popula- hommes en blouse bleue rétribuent les ouvriers agricoles
tion la plus touchée par les levées en masse de soldats et payés à la journée.
les réquisitions de bêtes. La pression fiscale augmente et En favorisant ce genre de représentation de la paysanne-
pèse aussi sur eux. Enfin, jusqu’au milieu du xixe siècle, le rie, les gouvernements de la IIIe République aiment à don-
monde rural est peu politisé et encore largement influencé ner l’image d’une France rurale laborieuse éloignée des
par les nobles, les notables ruraux ou les curés, tout en bouleversements sociaux de l’époque et attachée à un
restant éloigné des progrès naissants. régime stable promouvant la morale familiale et le travail.
Doc. 4 : Le fils ne veut plus s’épuiser au travail en gagnant
B Après 1850, une société en évolution peu. Il souhaite être son propre maitre en n’étant pas
Plusieurs facteurs expliquent le phénomène d’exode rural : contraint de financer l’entretien de la ferme. Il veut s’éman-
l’augmentation de la population par la baisse de la morta- ciper en partant avec une jeune fille. Le jeune homme a
lité, le manque de terres, la diminution des besoins en trouvé un emploi dans les chemins de fer et la jeune fille
main-d’œuvre, les crises économiques, l’attrait des villes. travaillera dans un café. La répétition des points d’excla-
Si la croissance urbaine et le développement du chemin mation traduit l’exaspération du jeune homme et montre
de fer offrent de nouveaux débouchés aux produits agri- sa détermination à quitter la ferme.
coles, la concentration des exploitations, dont le nombre Doc. 5 : La représentation du père, qui semble demander
diminue en même temps que progresse leur superficie protection pour sa fille, et de la mère, qui montre son cha-
moyenne, et l’augmentation de la productivité agricole grin, traduit leur inquiétude pour leur enfant qui part vers
réduisent les besoins de main-d’œuvre. La crise écono- la ville.
mique des années 1880, qui se traduit par la chute des Doc. 6 : Alors que la population globale augmente, la
population rurale baisse régulièrement quand la popula-
cours des produits agricoles et la ruine des exploitations
tion urbaine ne cesse de croitre.
les plus petites, marque le début de la grande phase de
l’exode rural. Cela concerne d’abord les régions surpeu-
plées ou touchées par les calamités agricoles. Les pre- Pour aller plus loin
miers concernés sont les journaliers, les domestiques et • Analyse du tableau La Paye des moissonneurs :
les valets de ferme payés à la tâche ou à la journée ainsi www.histoire-image.org/etudes/paysans-vus-troisieme-
que les employés de l’artisanat et du commerce. L’exode republique
est donc un moyen d’échapper à la précarité, à la misère,
voire à la famine. Ce flux migratoire se poursuit malgré la
reprise économique d’après 1890.

Comment vit-on dans les campagnes
au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Deux familles de paysans

Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d’une colline, proches d’une petite ville de bains. Les deux
paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits. Chaque ménage en avait quatre.
Devant les deux portes voisines, toute la marmaille grouillait du matin au soir.
Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas ; et les deux pères confondaient tout à fait. Les
huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans cesse ; et, quand il fallait en appeler un, les hommes sou-
vent en criaient trois avant d’arriver au véritable.
Tout cela vivait péniblement de soupe, de pommes de terre et de grand air. À sept heures, le matin, puis à midi,
puis à six heures, le soir, les ménagères réunissaient leurs mioches pour donner la pâtée, comme des gardeurs
d’oies assemblent leurs bêtes. Les enfants étaient assis, par rang d’âge, devant la table en bois, vernie par
cinquante ans d’usage. Le dernier moutard avait à peine la bouche au niveau de la planche. On posait devant
eux l’assiette creuse pleine de pain molli dans l’eau où avaient cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois
oignons.
Guy de Maupassant, Aux champs, 1882.
1. Souligne dans le texte les éléments qui montrent la vie misérable de ces paysans.
2. Encadre tous les synonymes du mot « enfant » utilisés dans le texte ? Comment sont-ils considérés ?
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3. De quoi se nourrissent ces familles paysannes ?
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La croissance des villes

Le voisinage d’un puissant bassin houiller a développé à Lyon les industries nouvelles. La cité vivait jusque-là
uniquement par la soierie et la banque ; elle est devenue une gigantesque usine où toutes les productions se
rencontrent. Depuis quarante ans, un flot continu de Savoyards, de Dauphinois, d’Auvergnats, de Suisses et
d’Italiens se porte sur Lyon. Et l’accroissement se poursuit d’une façon régulière. Chaque jour des industries
nouvelles se créent, recrutant sans peine des milliers de bras venus de tous les points de l’immense région que
parcourent le Rhône, la Saône et la Loire. Les communes de la périphérie se sont accrues. Villeurbanne, qui
n’avait que 5 000 habitants avant la guerre de 1870, atteint peut-être 50 000 aujourd’hui. Lyon est une énorme
agglomération de près de 600 000 âmes.
D’après V-E. Ardouin-Dumazet, Voyage en France, 1896.
1. Comment se transforme la région lyonnaise ?

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2. D’où vient la nouvelle population qui s’y installe ?
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49
Méthode Réaliser une frise

L’évolution des techniques agricoles au xixe siècle
Compétences du socle commun que creuser la terre en surface, la charrue la retourne en

profondeur. Celle-ci est tractée par une paire de bœufs.
• Comprendre un document : en comprendre le sens Doc. 2 : Une batteuse permet de séparer les grains des
général ; extraire des informations pertinentes pour balles qui l’enveloppent et de la paille. Le blé est introduit
répondre à une question ; savoir que le document en haut, les grains ressortent en « K » dans un sac et les
exprime un point de vue, en identifier le sens implicite. balles et la paille en « E ». Avant l’invention de la batteuse,
En observant les documents, l’élève doit être capable de ici actionnée par trois chevaux, le battage était effectué à
comprendre le fonctionnement de chaque invention et en la main avec des fléaux.
quoi l’évolution des techniques agricoles constitue un Doc. 3 : Cette moissonneuse est mue par un tracteur à
progrès. vapeur. C’est une technique révolutionnaire puisque, pour
• Se repérer dans le temps : construire des repères his- la première fois dans l’histoire de l’agriculture, ni la force
toriques ; situer chronologiquement des grandes animale, ni la force humaine ne sont utilisées.
périodes historiques ; utiliser des documents donnant à Il sera intéressant de faire remarquer aux élèves la taille
voir une représentation du temps (dont les frises chro- très impressionnante de ces premières machines.
nologiques) à différentes échelles, et le lexique relatif à Doc. 4 : C’est essentiellement au Royaume-Uni et en
la mise en perspective des faits. Amérique du Nord (États-Unis et Canada) qu’apparaissent
Cette compétence est au centre du travail de construction les premières machines agricoles au xixe siècle.
d’une frise. Celle que nous proposons de construire dans La précocité du Royaume-Uni dans la mécanisation de son
cette fiche méthode ne traite pas d’évènements histo- agriculture s’explique notamment par l’avance prise par le
riques à proprement dits mais renvoie à la notion d’évolu- pays dans le processus d’industrialisation. Aux États-Unis,
tion et de progrès. Elle rappellera aux élèves le travail la taille importante des exploitations justifie la nécessité
effectué au cycle 2 où une approche spiralaire et théma- de cultiver plus efficacement. À l’inverse, en France, le
tique était privilégiée. morcellement important des terres restera longtemps un
• Pratiquer différents langages en histoire et en géo- frein au progrès et à la mécanisation, faisant de l’agriculture
graphie : écrire pour structurer sa pensée et son savoir, hexagonale l’une des moins performantes à la veille de la
pour argumenter, pour communiquer et échanger. Première Guerre mondiale.
La réalisation d’une frise nécessite de la rigueur et de la Ressources : Cette rubrique propose d’effectuer une
précision dans le choix de l’échelle et du tracé. L’élève recherche iconographique. Il sera important d’insister
auprès des élèves sur la nécessité d’indiquer la date
s’initie à un outil propre à l’histoire qui permet la présenta-
d’invention afin de ne pas tomber sur des images
tion d’informations sous une forme synthétique et visuelle.
anachroniques.
• S’informer dans le monde du numérique : trouver,
sélectionner et exploiter des informations dans une
ressource numérique.
Dans un moteur de recherche, en tapant une requête pré-
cise, l’élève doit effectuer un choix pertinent sur les images
trouvées.
Objectifs La fiche méthode

– Analyser un document iconographique.
Il s’agit pour les élèves de se familiariser avec la
– S’entrainer à la réalisation d’une frise.
construction d’une frise. La liste des inventions étant
donnée, la difficulté consiste à choisir l’échelle et à
veiller à une représentation proportionnelle du temps.
Ce travail sur l’échelle est l’occasion de mettre en
Doc. 1 : Il s’agit, avec ces deux documents iconographiques œuvre la notion de proportionnalité au programme du
et ce texte, de replacer l’évolution des techniques CM2.
agricoles dans un contexte historique plus large que Cette production est aussi un prétexte pour entrainer
le seul xixe siècle. Deux outils anciens sont montrés : le les élèves à utiliser un outil de traitement de texte
vallus et la charrue. Le premier est spécifique à la culture pour gérer des images, l’idée étant de les rassembler
gauloise, il est l’ancêtre de la moissonneuse. Le second, dans un même document et d’en harmoniser les
qui date du xve siècle, constitue un progrès par rapport à dimensions.
l’araire utilisée jusque-là : en effet, alors que celle-ci ne fait

Réaliser une frise
L’évolution des techniques agricoles au xixe siècle
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice • Découpe la frise et les étiquettes. Colle la frise sur une feuille puis place les étiquettes au bon
endroit après avoir associé chacune des inventions à sa date de création. Colle ensuite les images
correspondantes que tu auras trouvées sur Internet.
Première batteuse à vapeur

1900
Première charrue entièrement métallique
Première moissonneuse
Engrais chimiques
Première moissonneuse lieuse
Premier tracteur à vapeur
Premier tracteur à moteur à explosion

1800
51
5 Quelles sont les conditions

de travail dans les mines ?
L’industrie minière est emblématique de la révolution industrielle et du xixe siècle.
Cette leçon propose une approche concrète de la vie des mineurs en présentant tout
d’abord leur métier puis leurs conditions de vie.

Objectifs Doc. 1 : Les mineurs ne sont pas bien protégés, leur équi-
– Savoir en quoi consiste le travail du mineur. pement est très sommaire : ils n’ont qu’une barrette de
– Connaitre leurs difficiles conditions de travail cuir bouilli (ancêtre du casque) qui ne leur protège pas
et d’existence. beaucoup la tête. Torse nu, ils peuvent se blesser
facilement.
Que ce soit l’extraction du charbon proprement dite, le
Compléments pour le maitre transport ou le boisage, les différentes tâches nécessitent
A Un travail pénible et dangereux une grande force physique. Les conditions dans lesquelles
Tout au long du xixe siècle, le charbon devient indispensable le mineur travaille sont elles aussi éprouvantes : plus les
à l’industrialisation du pays : il est le combustible permettant galeries de mine sont profondes, plus la température est
de faire fonctionner les machines à vapeur, la matière pre- élevée (elle atteint 30 °C vers 700 m de profondeur). Cer-
mière permettant de fabriquer l’acier et la fonte, et il fournit taines veines de charbon sont difficiles à atteindre et les
le gaz d’éclairage (gaz de houille). Cela conduit à une exploi- galeries qui y mènent sont très étroites, obligeant les
tation de plus en plus industrielle des puits de mine et à mineurs à travailler dans des positions inconfortables.
l’augmentation du nombre de mineurs : 30 000 au milieu du Les accidents sont nombreux, que ce soient les explosions
siècle et plus de 100 000 dans les années 1880. provoquées par le grisou (CH4), les éboulements, les inon-
Le mineur est l’ouvrier qui travaille soit directement dans dations ou l’inhalation de gaz toxiques comme l’oxyde de
les galeries soit à l’extérieur (sur le « carreau ») au triage du carbone (CO) et le gaz carbonique. Les mineurs souffrent
de maladies particulières, notamment des maladies pul-
charbon ou à la lampisterie (lieu de stockage des lampes).
monaires comme la silicose, due à l’inhalation de pous-
Chaque mineur a une fonction : il peut être « piqueur » et
sières de silice.
extraire la houille, « hersheur » et transporter le charbon
Enfin, les rythmes imposés, même si le temps de travail
extrait dans des berlines, « boiseur » et être chargé de la
diminue au cours du siècle, sont épuisants.
consolidation des galeries, ou encore « boutefeux » et
Doc. 2 : Les habitations sont toutes identiques, elles
déclencher les exposions nécessaires à l’ouverture de
semblent assez petites et de mauvaise qualité. On peut en
nouvelles galeries.
déduire que les mineurs ne sont pas très bien logés.
B Une vie misérable Doc. 3 : Cinq personnes travaillent dans cette famille :
Les salaires des mineurs, versés par quinzaine, sont faibles Maheu, deux de ses fils (Zacharie et Jeanlin), sa fille Cathe-
et varient en fonction de la tâche. Aux mines de Carmaux rine et son père. Maheu et le fils ainé gagnent 3 francs
en 1856, par exemple, un mineur gagne en moyenne chacun, la fille et le grand-père, deux francs chacun et le
1,74 franc par jour (à la même époque, un maçon gagne plus jeune fils un franc. Chacun est payé en fonction du
2,30 francs et un menuisier 3 francs). Les salaires sont travail fourni et de sa force physique supposée, c’est pour
souvent amputés d’amendes (pour non-respect des cela que les personnes plus âgées, les femmes et les
horaires ou des consignes de sécurité) et de frais d’outil- enfants étaient moins bien payés. Les jours chômés
lage. L’absence d’assurance, de mutuelle ou de congés (dimanche, fêtes ou chômage technique subi) font perdre
payés génère une misère endémique chez les mineurs. de l’argent aux mineurs.
Toute la famille étant obligée de travailler, les enfants ne Les expressions montrant la misère de la famille sont :
peuvent aller à l’école. Les mineurs restent dépendants « une voix morne », « la clarté triste », « le buffet vide », « le
des gens qui savent lire et écrire et ne peuvent échapper café manquant », « l’eau qui donnait des coliques », « les lon-
à leur condition : on est mineur de père en fils. L’alcoo- gues journées passées à tromper la faim ».
lisme touche durement cette population. L’alimentation du
mineur est peu variée même si les petits jardins des corons Pour aller plus loin
permettent parfois d’améliorer l’ordinaire. Les logements • F. Grégoire, Les Enfants de la mine, L’école des loisirs,
proposés par les sociétés gérant les mines passent au 2003.
cours du siècle de baraquements insalubres à des mai- • Germinal, film de Claude Berri, 2004.
sons en dur. Mais celles-ci sont souvent de mauvaise qua-
lité et n’empêchent pas la promiscuité entre voisins.

Quelles sont les conditions
de travail dans les mines ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Associe les différents éléments de légende au bon numéro sur le dessin.
^
@
! $ *
&
# %
Berline : �� Gourde : �� Rivelaine : ��
Galerie : �� Lampe : �� Étai : ��
Veine de houille : �� Barrette : ��
Betty Harris, 37 ans : je me suis mariée à 23 ans et c’est seulement après que je suis descendue à la mine ; je ne
sais ni lire ni écrire. Je tire les wagonnets de charbon, et je travaille 12 heures par jour. J’ai une ceinture autour
de la taille, une chaine qui me passe entre les jambes et j’avance avec les mains et les pieds. Le chemin est très
raide, et nous sommes obligés de nous tenir à une corde, et quand il n’y a pas de corde, nous nous accrochons
à tout ce que nous pouvons saisir. Dans le puits où je travaille, il y a six femmes et une demi-douzaine de gar-
çons et filles ; c’est un travail très dur pour une femme. À l’endroit où je travaille, la fosse est très humide et
l’eau noire passe parfois jusqu’aux cuisses. Mes vêtements sont trempés presque toute la journée.
Témoignage d’une Anglaise en 1845.
1. Quel est le travail précis de Betty Harris ?
��
2. Comment se déplace-t-elle à l’intérieur des galeries ?
��
3. Quelles difficultés de son travail décrit-elle ?

��
��
53
6 Qu’est-ce qui différencie le travail

en atelier du travail à l’usine ?
Au xixe siècle, l’atelier se voit en partie concurrencé par l’usine pour certaines produc-
tions. Cette leçon propose d’étudier les spécificités de chacun et évoque les condi-
tions de travail des ouvriers dans ces deux contextes.
C À l’atelier et à l’usine,
Objectifs des conditions de travail difficiles
– Comprendre ce qui est spécifique au travail Dans les ateliers comme à l’usine, le travail des enfants est
en atelier et au travail à l’usine. inévitable car le salaire des parents ne suffit pas à subvenir
– Connaitre la dureté des conditions de vie des aux besoins de la famille. Le temps de travail journalier est
ouvriers au xixe siècle. très long : en 1834, la durée moyenne du temps de travail
est de 14 h 30 à Roubaix par exemple. Les conditions
d’hygiène et de sécurité sont extrêmement mauvaises et
Compléments pour le maitre les pathologies liées au travail nombreuses. La discipline à
A L’atelier, une organisation familiale l’intérieur de l’usine est sévère et les ouvriers ne bénéfi-
très répandue cient d’aucune protection sociale. Le chômage chronique
Alors que la grande industrie se développe, les ateliers, accentue encore la pression sur la classe ouvrière.
espaces de travail qui existent depuis le xviiie siècle, restent
majoritaires. À la fin du siècle, à Paris, 90 % des ateliers Exploitation des documents
comptent moins de 10 salariés et plus de la moitié d’entre Doc. 1 : Dans cet atelier, trois personnes travaillent : le
eux n’en comptent qu’un seul. Dans les grandes villes, ils père de famille, M. Boichon, sa fille Claudine qui a 11 ans
sont souvent regroupés en fonction de leur production et et l’apprenti de 18 ans, Toni.
peuvent aussi tenir lieu de boutique dans laquelle on vend Doc. 2 : Le chef d’atelier, le compagnon et l’ouvrier
directement ce qui est fabriqué sur place. fabriquent du tissu sur les métiers à tisser. Généralement,
La production en atelier peut aussi être une production de la valeur et la préciosité de la soie tissée dépendaient de
sous-traitance qui alimente des fabriques de taille plus la maitrise du canut. Ainsi, le chef d’atelier se réservait la
importante. Cette sous-traitance favorise la dispersion du fabrication des tissus très précieux avec des motifs (bro-
travail : de nombreuses tâches sont alors effectuées à cards, velours, etc.) qui nécessitaient l’usage de métiers à
domicile et rétribuées à la pièce. tisser complexes, et le simple ouvrier tissait de la soie
B L’usine, une nouvelle manière de travailler simple unie sur des métiers moins perfectionnés et plus
faciles d’utilisation. Dans le fond de la pièce, on aperçoit
La découverte du moteur à vapeur, la mécanisation qui en
une femme en train de faire la cuisine, ce qui nous montre
découle et l’extension du marché entrainent tout au long
que l’atelier se situe dans le logement même du canut.
du xixe siècle un lent bouleversement dans la manière de
Doc. 3 : La punition la plus courante est l’amende. Le
produire. L’historien Serge Chassagne décrit ainsi le nou-
salaire moyen d’un ouvrier est d’1,5 franc (450 : 300 = 1,5).
veau lieu de production qu’est l’usine : « La force de l’inno-
L’amende évoquée dans le texte correspond à deux jours
vation technique, irrésistible après 1800, diffuse partout le
de salaire, ce qui est colossal dans la mesure où le salaire
modèle de la fabrique surmontée ou flanquée de sa clo-
couvre à peine les besoins quotidiens.
che "pour l’appel des ouvriers" : une entreprise de taille
moyenne […] pratiquant l’embauche familiale, offrant une Doc. 4 : On voit des ouvrières à perte de vue. Par rapport
rémunération tarifée proportionnelle au sexe et au rende- à l’atelier, le personnel est uniquement féminin et beau-
ment ». Les premiers secteurs à s’industrialiser sont ceux coup plus nombreux. L’outil de travail est moins imposant.
du textile et de la sidérurgie. Dans cette usine, il s’agit de machines à coudre.
L’usine permet quant à elle la concentration des moyens Doc. 5 : Dans cette famille, les principales difficultés sont
de production et donne naissance à un espace de travail le manque de temps et d’argent. Ceci s’explique par des
d’un nouveau genre, à la discipline particulière. Même si conditions de travail très dures : les journées de travail
les ouvriers travaillant dans des usines de grande taille sont très longues et les salaires très faibles.
(comme au Creusot où, dès le début du siècle,
1 500 ouvriers produisent 5 000 tonnes de fonte par an) Pour aller plus loin
restent minoritaires, le principe de mécanisation, qui existe • M.-C. Helgerson, Claudine de Lyon, Bayard, 1984
aussi dans les entreprises de taille moyenne, bouleverse le (roman).
rapport de l’homme au travail. La division du travail en • J.-M. Gourden, Le peuple des ateliers : les artisans du
tâches distinctes devient la règle. xixe siècle, éd. Creaphis, 1992.

Qu’est-ce qui différencie le travail
en atelier du travail à l’usine ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Lis attentivement ce texte et fais, d’après le modèle ci-dessous, un tableau de synthèse
recensant toutes les amendes. Tu y incluras aussi celles des articles 16 et 17 du doc. 3 p. 67.
Art. 7 : La journée de travail se compose de treize heures ; […] dans aucun cas, [les ouvriers] ne pourront refuser
un excédent de travail, quand les circonstances l’exigeront, sous peine de deux francs d’amende.
Art. 8 : Tout ouvrier en retard de dix minutes sera mis à une amende de vingt-cinq centimes ; s’il manque com-
plètement, il paie une amende de la valeur du temps d’absence.
Art. 9 : Une fois entré, un ouvrier ne peut sortir sans une permission écrite, sous peine d’une amende de la
valeur de sa journée. […]
Art. 11 : L’ouvrier qui se présenterait ivre dans les ateliers sera conduit hors de la fabrique, et paiera trois francs
d’amende. Il est expressément défendu d’aller dans le cabaret qui est en face de la grille. [...]
Art. 22 : Il est expressément défendu de sortir de l’atelier, sous quelque prétexte que ce soit, pendant les heures
de travail, d’aller plus d’une fois par tiers aux lieux*, et de s’y trouver plusieurs en même temps, sous peine de
vingt-cinq centimes d’amende ; il y a dans chaque atelier une ouvrière chargée spécialement de remplacer
celle qui désire sortir ; en conséquence, avant d’arrêter son métier, l’ouvrière doit s’assurer que la remplaçante
est libre, et la mettre à sa place avant de quitter, sous peine d’un franc d’amende. […]
Art. 24 : Quiconque arrêtera son métier sans nécessité, s’habillera avant l’heure, paiera vingt-cinq centimes
d’amende.
* Toilettes.
Règlement d’une filature de l’Essonne (1828).
Nature de la « faute » Amende correspondante
Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions suivantes.
Budget d’une famille ouvrière (2 parents et 4 enfants) dans la région de Lille

Un ouvrier filtier* gagne 2 francs et sa femme dentellière, 10 à 15 centimes par jour. La famille mange 24 kg de
pain par semaine à 22≈ centimes le ½ kg, des débris de viande trois fois par semaine, 75≈ centimes, du beurre, de
la mélasse ou fruits, 1,30 ≈franc, pommes de terre et haricots secs 1 franc, une demie-pinte de lait par jour, 0,35,
loyer d’une cave à trois mètres au-dessous du sol, 1,50, charbon, 1,35 et éclairage 1,10.
* Qui fabrique du fil à coudre.
D’après A. Blanqui, Des classes ouvrières en France, 1848.
1. Calcule combien gagnent les parents en une semaine (6 jours de travail).
��
2. Calcule les dépenses hebdomadaires de la famille.
��
3. Que peux-tu dire sur les conditions de vie de cette famille ?
��
��
55
7 Quels changements la naissance

des grands magasins entraine-t-elle ?
Comme l’usine et la mine, le grand magasin est emblématique du xixe siècle. Cette
leçon montre en quoi les grands magasins révolutionnent la façon de vendre et per-
mettent de créer de nouveaux emplois.
breux à la morte-saison), un salaire indexé sur les perfor-

Objectifs mances (la « guelte »), ils sont considérés comme « l’aristo-
– Connaitre l’origine des grands magasins. cratie » des employés de commerce. Le lieu luxueux où ils
– Savoir quels bouleversements en matière exercent leur métier et la clientèle aisée qu’ils côtoient,
de commerce et d’emploi les grands magasins comme l’organisation du travail qui autorise des perspec-
ont apportés. tives d’évolution, renforcent encore cette idée. Les
« œuvres sociales » des patrons, qui consistent à proposer
aux employés des caisses de retraite, des caisses
Compléments pour le maitre d’épargne, des soins médicaux gratuits, l’accès à une can-
A La naissance du commerce moderne tine, voire le logement à très faible cout (moyen de surveil-
ler les employés d’origine populaire et de leur inculquer
À partir du milieu du xixe siècle, l’urbanisation, la produc-
les codes bourgeois de la clientèle) rendent aussi ces
tion de masse, la disponibilité de capitaux via les banques
emplois attractifs. On assiste à la naissance d’une classe
ainsi que le développement des transports (de marchan-
dises comme de personnes) facilitent la naissance des moyenne salariée.
grands magasins. Ceux-ci favorisent le commerce de En plus de leurs propres salariés, les grands magasins font
détail, jusque-là dominé par les commerces spécialisés, en vivre de nombreux artisans qui produisent les « articles de
inventant une nouvelle façon de vendre. Paris », petits objets allant de la boite à bonbons décorative
Leur taille leur permet de passer des commandes impor- au bouton en nacre en passant par l’ombrelle, et qui ren-
tantes, voire de fabriquer eux-mêmes les produits vendus, contrent un vif succès.
ce qui fait mécaniquement baisser les prix, offrant des
opportunités d’achat aux classes sociales plus modestes. Exploitation des documents
En invitant le client à déambuler dans le magasin sans Doc. 1 : On peut voir des parapluies, des étoffes, des tapis,
intention d’acheter, en affichant les prix, en autorisant les des gants.
échanges, en créant des animations dans les différents Doc. 2 : C’est la spécificité de l’entrée libre qui est mise en
rayons et en proposant une quantité et une variété, inhabi- avant. Avant l’apparition des grands magasins, il n’était pas
tuelles pour l’époque, de produits nouveaux, ils transfor- possible de rentrer dans une boutique sans intention
ment l’acte même d’achat. De corvée, celui-ci se trans- d’acheter.
forme en loisir. Doc. 3 : Le nombre élevé d’attelages prêts à partir montre
La présentation des produits, quasi inexistante dans les que la quantité de marchandises vendues est très
boutiques classiques, devient un art : cascades de tapis et importante.
de soieries, pyramides d’ombrelles, etc. Le métier d’éta- Doc. 4 : Bourdoncle, individu d’extraction modeste origi-
lagiste, chargé de créer des vitrines attrayantes, nait à naire de province, réussit à franchir tous les échelons de la
cette époque-là. hiérarchie, c’est donc une réussite sociale indiscutable.
Enfin, la publicité devient centrale : les grands magasins Doc. 5 : « La Maison » désigne le Bon Marché. La caisse de
font appel à des artistes, comme Mucha par exemple, pour prévoyance permet aux employés de se constituer une
réaliser leurs affiches. L’accueil du client devient un véri- retraite ou un capital équivalent aux assurances-vie
table enjeu et des services supplémentaires, comme la actuelles, à une époque où la protection sociale est
livraison, sont proposés à faible prix, voire gratuitement. inexistante.
Pour toutes ces raisons, les grands magasins connaissent Doc. 6 : Grâce à la cantine, les employés peuvent se nour-
rapidement un vif succès. Dans les années 1890, le Bon rir correctement à peu de frais. Pour l’employeur, c’est un
Marché enregistre 70 000 visiteurs par jour ! moyen de s’attacher les salariés mais aussi de les contrô-
B L’apparition de nouveaux emplois ler d’une certaine manière, puisqu’ils restent en perma-
À la veille de la Première Guerre mondiale, dans les grands nence sur leur lieu de travail.
magasins parisiens, le nombre de salariés est 100 fois plus
important que dans un magasin classique. Leur statut est Pour aller plus loin
un peu à part et ne peut être associé à celui de l’ouvrier. • J. Whitaker, Une histoire des grands magasins, Citadelles
Malgré la précarité qu’ils subissent (licenciements nom- et Mazenod, 2011.

Quels changements la naissance
des grands magasins entraine-t-elle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • En t’inspirant des

documents p. 68 et 69 ainsi que
des affiches p. 70 et 71, crée l’affiche
publicitaire d’un grand magasin qui
met en valeur un ou plusieurs des
nouveaux principes commerciaux
qu’il adopte (affichage des prix,
livraison, retours autorisés, etc.).
Mouret, le patron du Bonheur des Dames, un grand magasin parisien, et son bras droit discutent d’une nou-
velle stratégie de vente.
– Si nous donnons cette soie à cinq francs soixante, c’est comme si nous la donnions à perte, puisqu’il faudra
prélever nos frais qui sont considérables… On la vendrait partout à sept francs.
Du coup, Mouret se fâcha. Il tapa de sa main ouverte sur la soie, il cria nerveusement :
– Mais je le sais, et c’est pourquoi je désire en faire cadeau à nos clientes… En vérité, mon cher, vous n’aurez
jamais le sens de la femme. Comprenez donc qu’elles vont se l’arracher, cette soie !
– Sans doute, interrompit l’intéressé, qui s’entêtait, et plus elles se l’arracheront, plus nous perdrons.
– Nous perdrons quelques centimes sur l’article, je le veux bien. Après ? Le beau malheur, si nous attirons
toutes les femmes et si nous les tenons à notre merci, séduites, affolées devant l’entassement de nos marchan-
dises, vidant leur portemonnaie sans compter ! Le tout, mon cher, est de les allumer, et il faut pour cela un
article qui flatte, qui fasse époque. Ensuite, vous pouvez vendre les autres articles aussi cher qu’ailleurs, elles
croiront les payer chez vous meilleur marché.
Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883.
1. Mouret veut-il gagner de l’argent en vendant la soie ?
��
2. À quoi la vente de cette soie doit-elle lui servir ?
��
3. Pourquoi les petits magasins ne peuvent-ils pas adopter cette stratégie ?
��
57
8 Comment le mouvement ouvrier

nait-il au xixe siècle ?
Cette leçon retrace la naissance des mouvements ouvriers et des syndicats en en posant
d’abord le contexte : conditions de travail très rudes, précarité, absence de protection
sociale, pour expliquer ensuite l’émergence d’un élan collectif de revendications.
devenir des « sociétés de résistances ». En tant que

Objectifs représentant de l’État, le maire ou le commissaire de
– Comprendre la précarité et les conditions de travail police peut assister de droit aux réunions qu’elles
des ouvriers au xixe siècle. organisent entre leurs membres. Les mutuelles amorcent
– Découvrir la naissance des mouvements ouvriers. un premier éveil du mouvement ouvrier.
– Comprendre ce qu’est un syndicat. Au départ, la classe ouvrière est formée surtout d’individus
déracinés, illettrés, sans tradition de luttes, habitués à subir
les évènements avec résignation. Ce sont donc surtout les
Compléments pour le maitre artisans et les compagnons qui constituent l’avant-garde et
jettent les bases du mouvement ouvrier. En France, la sup-
A Des conditions de travail très dures pression du délit de coalition et la reconnaissance du droit
Le monde ouvrier affronte des conditions de travail très de grève n’ont lieu qu’en 1864. En 1879, au congrès de
pénibles. Le temps de travail journalier est long, en Marseille, le mouvement ouvrier définit son idéologie. Des
moyenne 12 heures. Les cadences imposées par les syndicats se constituent alors petit à petit. Le premier est
machines sont éreintantes et les conditions de travail dan- celui des chapeliers en 1871. Ce sont ensuite celui du
gereuses. Les accidents sont fréquents. Les salaires sont livre en 1881 et celui des mineurs en 1883. En 1884,
faibles et les règlements des usines, qui imposent des l’existence légale des syndicats est reconnue.
amendes, sont sévères (voir p. 67 du manuel).
B Des conditions de vie misérables Exploitation des documents
Le monde ouvrier est composé de ruraux qui ont quitté la Doc. 1 : Les ouvriers risquent des amendes qui diminuent
misère de leur campagne pour trouver un emploi dans les leur maigre salaire. La journée de travail pendant l’été dure
industries naissantes. Ils s’entassent alors dans les villes ou 14 heures, de 5 heures à 19 heures.
dans leurs banlieues et, pour beaucoup d’entre eux, les Doc. 2 : Cette forge, plongée dans une semi-obscurité,
conditions d’existence sont misérables. Au milieu du expose les ouvriers à une fausse manipulation qui pourrait
xixe siècle, leur vie quotidienne est très difficile, notamment les blesser. La température doit y être très élevée, le local
dans les grandes villes. L’insalubrité des logements reflète est très mal ventilé, et certainement très sale. Les ouvriers
la précarité et la misère de cette classe sociale. Les risquent donc d'avoir un accident ou de tomber malade.
ouvriers sont mal payés et consacrent la quasi-totalité de Doc. 3 : Ce logement comprend très peu de meubles, la
leur budget au logement et à la nourriture. Celle-ci se famille est installée à même le sol. Il n’y a pas de lit, pas de
borne aux aliments essentiels, comme les céréales et les rangement. L’habitation est sous les toits, donc très mal
pommes de terre, alors que la viande et les graisses sont isolée : il fait chaud l’été et froid l’hiver. Il y a très peu d’ob-
consommées en quantité plus réduite. Les dépenses non jets du quotidien.
nécessaires comme la santé, les transports et les loisirs Doc. 4 : Les demandes concernent la réduction du temps
sont très faibles voire inexistantes au milieu du xixe siècle. de travail d’une journée. Dans la première image, on voit
C La naissance des mouvements ouvriers que le retour de l’ouvrier épuisé ne lui permet pas d’avoir
et des syndicats une vie de famille harmonieuse. La seconde image montre
Pour survivre, dès le début du xixe siècle, les ouvriers ont au contraire une vie de famille apaisée et joyeuse, avec du
l’idée de s’entraider. Ils fondent dans ce but les premières temps possible pour s’occuper des enfants et partager un
sociétés de secours mutuel, appelées aussi « mutuelles ». moment autour du diner.
Pour en être membre, il faut payer un droit d’entrée puis Doc. 5 : Zola décrit les grévistes en colère comme une
une cotisation mensuelle. Cette mise en commun d’une vague bruyante qui déferle, comme un tonnerre qui s’abat.
partie de leurs ressources permet de constituer un fonds Les mineurs réclament « du pain » car ils ont faim.
de réserve qui peut être utilisé pour secourir l’un d’eux,
malade, accidenté ou au chômage. Le nombre des Pour aller plus loin
mutuelles s’accroit assez rapidement. On en compte • G. Noiriel, Les Ouvriers dans la société française. xixe-
quarante-cinq à Paris en 1815 et cent-trente-deux en xxe siècles, Seuil, 1986.
1823. L’État les tolère mais il les surveille, car elles peuvent • L’Âge industriel, TDC, n° 1 095, 2015.

Comment le mouvement ouvrier
nait-il au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Observe cette affiche du syndicat CGT de 1906 et réponds aux questions.
1. Quelle image la CGT veut-elle donner du « patron » dans l’image de gauche ?
��
2. Pourquoi, selon la CGT, l’ouvrier doit-il adhérer à un syndicat ?
��
3. Quelle revendication trouve-t-on sur cette affiche ?
��
Le 12 avril 1842, à St-Martin du Vivier, chez Monsieur Duboc, un jeune homme nommé Dauphin fut enlevé par
une courroie, fit une vingtaine de tours avec le tambour moteur, eut le bras gauche et deux cuisses cassés. Plus
tard, chez Monsieur Engammare, à Darnétal, le même fait arrive à son contremaitre, le nommé Thomas.
En 1843, encore un fait semblable arrive chez Monsieur Capron, à Darnétal au jeune Morin. Adolphe, il était dans
un état tellement déplorable qu’on désespérait de ses jours.
Témoignage de Louis Viève, ouvrier-menuisier, sur les accidents du travail, 1852.
1. Quel aspect du travail en usine ce témoignage montre-t-il ?
��
2. Pourquoi, selon toi, cet ouvrier tient-il à témoigner ?
��
59
9 Quelles sont les conditions de travail

des enfants au xixe siècle ?
Cette leçon montre qu’au xixe siècle, un grand nombre d’enfants étaient contraints de
travailler, dans l’agriculture comme dans les ateliers, les mines ou les usines.
Doc. 2 : Cet enfant est exposé à des températures très éle-

Objectifs vées dans l’atelier. Il travaille à même le sol dans une posi-
– Découvrir les conditions de travail des enfants tion fatigante, à proximité d’une pâte de verre qui pourrait
dans l’artisanat, l’agriculture ou l’industrie. le bruler. Il n’a aucune protection.
– Identifier la règlementation du travail des enfants Doc. 3 : L’auteur qualifie ce travail de « torture ». Les enfants
en vigueur au xixe siècle en France. peuvent être employés à partir de 6 ans.
– Établir des liens entre l’histoire et le temps présent, Doc. 4 : Les entreprises minières emploient des enfants
à travers cette thématique. car leur petite taille leur permet de se glisser dans d’étroites
galeries. Par ailleurs, elles les paient moins que les adultes.
Dans son poème « Melancholia », Victor Hugo compare
Compléments pour le maitre l’usine à l’enfer, les machines à des monstres terribles, les
enfants étant leurs petites victimes sans défense.
A Dans l’artisanat et dans l’agriculture Doc. 5 : La loi Guizot fixe l’âge minimum du travail à 8 ans.
Le travail des enfants a toujours existé, et ce depuis l’Anti- En fonction de leur âge, la durée légale du travail varie.
quité, qu’il s’agisse du travail dans les champs ou dans les
ateliers. L’enfance est alors une période courte et les
Pour aller plus loin
enfants participent aux tâches domestiques et agricoles
• K. Delobbe, Des enfants du xvie au xviiie siècle, PEMF,
dans le cadre familial. C’est à partir du Moyen Âge que les
2000.
enfants commencent à travailler hors du foyer pour subve-
• Droits devant ! : un jeu des sept familles sur le thème de
nir aux besoins des familles pauvres : souvent les garçons
la Convention internationale des droits de l’enfant.
sont affectés aux travaux des champs et les filles travaillent
comme servantes, l’éducation ne bénéficiant qu’aux
enfants de milieux favorisés.
EMC
B À l’usine ou à la mine Le droit des enfants dans le monde
La période de l’industrialisation en France s’accompagne La leçon montre comment au xixe siècle, en France,
de l’augmentation du nombre d’activités exigeant beau- l’enfant était encore considéré comme une force de
coup de main-d’œuvre. Les industriels recrutent en masse travail peu couteuse, dont les droits à se développer
dans les usines, les mines ou les chantiers. harmonieusement étaient bafoués. L’objet est alors ici
Les ouvriers ayant un faible revenu et de nombreux enfants
de montrer que l’exploitation des enfants par le travail,
encouragent ceux-ci à entrer avec eux à l’usine où ils
si elle n’existe qu’à la marge aujourd’hui en France, se
effectuent les tâches subalternes dans les mêmes mau-
pratique toujours dans certains pays du monde et
vaises conditions que les adultes. Un phénomène iden-
reste une cause à défendre tout à fait d’actualité.
tique s’observe dans les régions minières, où les enfants
sont souvent mis à contribution dans les mines. Le site de l’Unicef, qui propose articles, images et
Le travail des enfants, comme celui des femmes, a trois vidéos sur le sujet ainsi que les actions mises en œuvre
avantages pour les industriels. Il permet de faire pression pour agir, peut donner lieu à des exposés par groupe
à la baisse sur les salaires des ouvriers adultes masculins ; qui devraient facilement parvenir à impliquer les élèves.
il permet de livrer la famille entière au travail ouvrier. Enfin, – Sujet 1 : Combien d’enfants travaillent aujourd’hui dans
il fournit une main-d’œuvre plus abondante, permettant le monde ? Dans quels continents ? Dans quels domaines ?
d’utiliser les machines à plein rendement. – Sujet 2 : Comment agir contre le travail des enfants ?
La souplesse et la petite taille des enfants sont utilisées Choisis un exemple d’action menée par l’Unicef et
pour des travaux précis que les adultes ne pourraient pas expose-la à tes camarades.
effectuer. www.unicef.fr/dossier/exploitation-et-travail-des-
enfants
Exploitation des documents – Sujet 3 : Quels sont les principes défendus par la
Doc. 1 : Ces enfants sont occupés aux travaux des champs. Convention internationale des droits de l’enfant ?
Ils aident leurs parents paysans aux moissons. Ils ne sont www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Conv_Droit_
pas à l’école car leur éducation passe après le travail à la Enfant.pdf
ferme.

Quelles sont les conditions de travail
des enfants au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Lis ces deux textes et réponds aux questions suivantes.
Texte 1
La première conséquence de l’industrialisation fut d’enlever les enfants de l’école. Les fonctions de l’instituteur
installé à la verrerie de La Rochère-Passavant (Haute-Saône), en 1843, se réduisaient presque à la surveillance
des petits enfants ; aussitôt que les plus grands pouvaient prendre part aux travaux de l’usine, ils cessaient de
se rendre à l’école. Le surlendemain du passage de l’inspecteur du travail, les enfants étaient repartis dans les
fabriques.
Rapport d’un inspecteur de l’académie du Nord, moitié du xixe siècle.
Texte 2
C’est la première conséquence de la pauvreté : 72 millions d’enfants, dans le monde, en âge d’aller à l’école
primaire, n’y vont pas, et plus encore ne vont pas au collège.
Soit parce qu’ils travaillent et n’ont pas le temps, soit parce que les parents n’ont pas les moyens de la leur
payer. Car même si l’école semble gratuite, il est souvent nécessaire d’acheter des livres, des stylos… et de
fournir le repas du midi. Cela coute trop cher à de nombreuses familles.
C’est pour cette raison que cette année, la Journée mondiale contre le travail des enfants a décidé de réfléchir
à comment offrir une école totalement gratuite pour un maximum d’enfants.
N. Michel, « Comment lutter contre le travail des enfants », www.1jour1actu.com, 2015.
1. Dans le texte 1, pourquoi cet instituteur ne sert-il qu’à « surveiller les petits enfants » ?
��
2. Cherche dans ta leçon comment s’appelle la loi qui réglemente le travail des enfants en 1841. Que prévoit-elle ?
��
3. Selon le texte 2, combien d’enfants en âge d'aller à l'école primaire ne vont pas à l’école dans le monde ?
Comment est-ce expliqué ?
��
4. Quelle initiative a été lancée en 2015 pour lutter contre ce phénomène ?
��
Exercice 2 • Apprends ce texte par cœur et récite-le à tes camarades en respectant son rythme.
Le maitre est brutal, l’enfant est maladroit. Le maitre méprise cette faiblesse, l’enfant a peur de cette force. Il
fait ce qu’on lui dit de faire, serre sa vis du mieux qu’il peut, mais les mains sont remplies d’ampoules, d’écor-
chures, à lui donner la fièvre, à le faire pleurer.
Par moments, il n’a plus conscience de sa vie. Il lui semble qu’il fait partie lui aussi de cet outillage compliqué,
qu’il est instrument parmi les instruments, quelque chose comme une petite poulie sans conscience, sans
volonté, tournant, sifflant avec tout l’engrenage, dirigée par une force occulte, invisible, qu’il connait main-
tenant, qu’il admire et redoute : la vapeur !
A. Daudet, Jack, mœurs contemporaines, 1876.
61
10 Quelles sont les conséquences

de l’industrialisation sur les villes ?
L’industrialisation entraine l’accroissement de la population urbaine. Cette leçon en
explique les mécanismes et les conséquences.
d’immeuble peut donner l’illusion d’une mixité sociale. Il

Objectifs s’agit en réalité d’une simple cohabitation qui s’explique
– Expliquer comment se développent les villes. par la dépendance des classes sociales entre elles, les uns
– Connaitre les raisons du développement étant au service des autres. Par ailleurs, l’exploitation éco-
des banlieues. nomique des propriétaires est ainsi maximisée : tous les
– Comprendre l’organisation sociale des villes. espaces de l’immeuble sont occupés, même les plus
insalubres.
Cette organisation spatiale des lieux de vie reste minoritaire.
Compléments pour le maitre De même que la division du travail cantonne de plus en plus
les hommes à une spécialité, il se produit quelque chose
A Des villes de plus en plus peuplées d’analogue dans les habitudes et les modes de vie. Dans les
À la fin du xviiie siècle, le pays compte une population à villes, les quartiers se « spécialisent » économiquement et
90 % rurale. Ce n’est que progressivement que la popula- socialement. Apparaissent ainsi le quartier de la finance,
tion urbaine augmente. En 1800, on dénombre 5 millions celui du commerce, plus loin, celui des petits employés,
d’urbains pour une population totale de 29 millions d’habi- plus loin encore, celui des ouvriers. Il faudra préciser aussi
tants. En 1914, ils sont 18 millions pour 41 millions d'ha- que la bourgeoisie, principale bénéficiaire du développe-
bitants. L’inversion de la tendance est lancée vers 1840 et ment des investissements immobiliers, ne représente que
s’accélère dans les années 1870-1880. On assiste alors à 3 % de la population française à la fin du xixe siècle.
l’accroissement du processus d’industrialisation avec une
augmentation de l’offre d’emplois vers les lieux d’activité Exploitation des documents
plus intenses et plus productifs : les usines, situées à proxi- Doc. 1 : Entre 1800 et 1896, la population parisienne est
mité des villes industrielles, les mines et certains ports. La multipliée par cinq, celle de Toulouse triple et celle de
main-d’œuvre rurale se voit ainsi contrainte de rejoindre la Marseille quadruple.
ville pour travailler. L’industrie y importe aussi des services Doc. 2 : Au premier plan, sur le terrain vague, sont instal-
comme le commerce, les banques, les assurances favo- lées des baraques faites de matériaux de récupération. Ce
rables à l’emploi. Ce n’est que vers 1930 que la propor- sont les plus pauvres qui y vivent. À l’arrière-plan, on dis-
tion d’urbains devient plus importante que la proportion tingue les immeubles de la périphérie parisienne où habite
de ruraux. une population plus fortunée.
Doc. 3 : Cette représentation d’un immeuble du xixe siècle
B La naissance des banlieues
mélangeant réalisme et caricature est à elle seule un
Les villes au début du xixe siècle sont peu étendues et
résumé de la société de l’époque. Au rez-de-chaussée
enserrées dans des murailles. Les logements, commerces,
habitent les concierges. On trouve au premier étage, dans
industries et institutions sont concentrés au même endroit
un décor luxueux conçu pour les réceptions, des repré-
et la population augmente sur un même espace. Si la
sentants désœuvrés de la grande bourgeoisie ou de l’aris-
croissance économique stimule la construction immobi-
tocratie. Au deuxième, la famille complète incarne la bour-
lière, les logements construits ne correspondent pas à la
geoisie aisée. La petite bourgeoisie se trouve au troisième
demande : ils sont situés surtout dans les quartiers riches
étage. Elle est parfois endettée (venue de l’huissier) et vit
pendant que les habitants les plus pauvres s’entassent
dans un logement plus modeste. Au quatrième et dernier
dans le centre insalubre des grandes villes. Pour désen-
niveau sont logés les plus pauvres : un artiste, une per-
gorger les centres, des logements sont créés à la hâte
sonne isolée, une famille désargentée.
dans les périphéries des villes. L’urbanisation se fait de
On fera remarquer aux élèves comment l’escalier symbo-
manière anarchique, sans gestion prévisionnelle des lise les différents niveaux de la pyramide sociale : des élé-
besoins en équipements collectifs. Parmi les nouveaux gants visiteurs montant au premier et au deuxième
citadins, les plus pauvres s’y installent. jusqu’au chat accédant au dernier niveau populaire.
C Dans les villes,
la cohabitation des classes sociales Pour aller plus loin
Il faudra veiller, au moment de l’étude du document qui • Dossier très complet sur les immeubles parisiens :
présente l’immeuble haussmannien en coupe, à ce que http://grial4.usal.es/MIH/parisBuildings/
les élèves ne produisent pas des contresens. Cette coupe presentation.html

Quelles sont les conséquences
de l’industrialisation sur les villes ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Après avoir lu le texte, explique en quelques lignes le point de vue de l’auteur.
La transformation des centres-villes

On démolit les quartiers populaires et, à leur place, on construit des boutiques, des grands magasins, des bâti-
ments publics. Il en résulte que les travailleurs sont refoulés du centre-ville vers la périphérie. Les ruelles et les
impasses les plus scandaleuses disparaissent et la bourgeoisie se glorifie hautement de cet immense succès.
Mais ruelles et impasses ressurgissent aussitôt ailleurs.
D’après Engels (1820-1895).
��
��
��
Exercice 2 • Lis les deux textes suivants puis dresse la liste des éléments qui montrent les conditions de vie
misérables des ouvriers.
Texte 1 : Un logement ouvrier

J’ai vu à Mulhouse, à Dornach et dans des maisons voisines, de ces misérables logements, où deux familles
vivent chacune dans son coin, sur de la paille jetée sur le carreau et retenue par deux planches. Des lambeaux
de couverture et souvent une espèce de matelas de plumes d’une saleté dégoutante, voilà tout ce qui recou-
vrait cette paille. Du reste, un mauvais et unique grabat pour toute la famille, un petit poêle qui sert à la cuisine
comme au chauffage, une caisse ou une grande boite en guise d’armoire, une table, deux ou trois chaises, un
banc, quelques poteries composent communément tout le mobilier qui garnit la chambre des ouvriers employés
dans les filatures et les tissages de la même ville.
L.-R. Villermé, La Vie ouvrière au xixe siècle, 1840.
Texte 2 : Des conditions de vie difficiles

Le premier hiver, ils firent encore du feu quelquefois, se pelotonnant autour du poêle, aimant mieux avoir
chaud que de manger ; le second hiver, le poêle ne fut jamais utilisé. Le propriétaire avait toujours le mot d’ex-
pulsion à la bouche, pendant que la neige tombait dehors, comme si elle préparait aux locataires un lit sur le
trottoir, avec ses draps blancs.
Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s’être donnés le mot
pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s’ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des
odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence et les murs sonnaient creux, comme des ventres
vides.
D’après E. Zola, L’Assommoir, 1877.
Texte 1 Texte 2
��
��
��
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63
11 Comment les villes se transforment-elles

au xixe siècle ?
Cette leçon sur la transformation des villes au xixe siècle montre les effets de l’industriali-
sation sur l’urbanisation et en explique les raisons. La rénovation « haussmannienne » de
Paris permet d’illustrer ce phénomène.
ments. Pour les immeubles, il impose un code architectu-

Objectifs ral : hauteur standard en rapport avec la largeur des rues,
– Expliquer les rénovations urbaines du xixe siècle. utilisation de la pierre de taille, angle des toits à 45°, obli-
– Connaitre les transformations réalisées à Paris. gation de ravalement… C’est l’esthétique du rationnel.
Les opérations d’urbanisme menées par Haussmann ont
des conséquences démographiques et sociales qui
marquent aujourd’hui encore la sociologie parisienne :
rénovation du centre-ville qui entraine la hausse des loyers
A De grands travaux et le rejet des familles pauvres en périphérie, déséquilibre
La loi du 16 septembre 1807 impose à toutes les villes de entre l’Ouest, riche, et l’Est, défavorisé, ayant peu bénéfi-
plus de 2 000 habitants d’indiquer pour chaque rue la cié de la rénovation haussmannienne.
ligne que les façades ne peuvent dépasser. C’est la pre-
mière mesure favorisant l’organisation rationnelle des Exploitation des documents
villes. Dans les années 1830, la dénonciation de l’insalu-
Doc. 1 : De nouvelles rues sont créées, la ville est plus
brité est renforcée par l’apparition de l’épidémie de cho-
aérée, les vieux murs sont abattus et les quartiers insalu-
léra. Des commissions sont nommées qui insistent sur les
bres disparaissent. Des maisons neuves sont bâties. Pour
problèmes de densité de population, de concentration du
l’auteur, la ville est plus saine et les habitations sont plus
bâti, d’insalubrité des logements, de circulation, de réseaux
respectueuses des hommes.
d’eau potable et des eaux usées. Progressivement, tout au
Doc. 2 : L’étroitesse de la rue, la taille réduite des ouver-
long du siècle, une politique volontariste de rénovation
tures, les murs dégradés, l’absence de trottoir et de gout-
urbaine est adoptée dans les principales villes françaises.
tière ainsi que la rigole centrale sont caractéristiques d’un
B Le développement des transports quartier insalubre.
En France, le premier réseau de transport collectif urbain Doc. 3 : Les transports collectifs urbains apparaissent pour
est créé à Nantes en 1825. Il s’agit d’un omnibus tracté répondre aux besoins de déplacements d’une population
par des chevaux. Avec l’accélération des migrations vers urbaine qui augmente sans cesse. Les nouvelles énergies
les villes, le besoin en transports urbains connait une forte et l’essor du machinisme au xixe siècle favorisent leur
expansion et la concurrence est très vite acharnée sur les développement.
lignes des centres urbains les plus rentables. La situation Ce moyen de transport existe toujours aujourd’hui, il est
devient rapidement ingérable. En 1855, le baron Hauss- même en vogue puisque la plupart des grandes villes fran-
mann décide à Paris la fusion des 17 compagnies et confie çaises, qui avaient supprimé leur tramway, reconstituent
le monopole des transports par omnibus à la Compagnie leur réseau : Bordeaux, Nantes, Paris, Orléans, etc.
générale des omnibus, ce qui permet l’organisation d’un Doc. 4 : Sur la seconde photographie, les bâtiments les
réseau cohérent de 25 lignes. L’évolution des transports plus anciens sont abattus et de nouveaux sont construits.
dans les villes de province est similaire à celle de la capi- Une large avenue est créée, bordée de trottoirs où sont
tale. Par la suite, le tramway viendra compléter et parfois plantés des alignements d’arbres. La rue est pavée et des
remplacer l’omnibus. Il sera mécanisé à la fin du xixe siècle. rails de tramway y sont installés.
Ces aménagements embellissent la ville et permettent une
C L’exemple de Paris
circulation séparée des piétons et des véhicules. Les bâti-
Admirateur de la modernité britannique, impressionné par
ments sont de plus grande taille. Un transport collectif
le modèle londonien, Napoléon III lance le grand chantier
urbain circule sur la chaussée.
du réaménagement de Paris. Il déclare vouloir améliorer
les conditions de vie dans la capitale en favorisant une
meilleure « circulation de l’air et des hommes ». Sans Pour aller plus loin
l’avouer, il désire également contrôler d’éventuels soulè- • P. de Moncan, Le Paris d’Haussmann, éd. du Mécène,
vements de la population parisienne comme ceux de 2002.
1830 et 1848. En 1853, il nomme le baron Haussmann • B. Marchand, Paris, histoire d’une ville : xixe-xxe siècles,
préfet de Paris, qui le restera jusqu’en 1870. Seuil, 1993.
Haussmann fait percer de larges avenues en privilégiant la
ligne droite et en améliorant la visibilité de certains monu-

Comment les villes se transforment-elles
au xixe siècle ?
Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................
Exercice 1 • Lis ce texte et réponds aux questions suivantes.
La rénovation de Paris
Ce n’est pas seulement le palais du souverain qui s’embellit, la ville aussi s’aère, se nettoie, s’assainit et fait sa
toilette de civilisation : plus de quartiers lépreux, plus de ruelles miasmatiques*, plus de masures** humides où
la misère s’accouple à l’épidémie, et trop souvent au vice. Les murailles pourries, salpêtrées*** et noires sont
marquées du signe purificateur et s’effondrent pour laisser surgir de leurs décombres des habitations dignes
de l’homme, dans lesquelles la santé descend avec l’air, et la pensée sereine avec la lumière du soleil.
* Qui dégagent de mauvaises odeurs.
** Petites habitations misérables.
*** Couvertes de poudre de salpêtre.
D’après T. Gauthier, Paris démoli, 1855.
1. De quoi souffraient principalement les Parisiens avant les travaux réalisés par Haussmann ?
��
��
��
2. Quel avantage principal Théophile Gauthier trouve-t-il à la rénovation de Paris ?
��
��
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Exercice 2 • Classe dans le tableau ci-dessous les rénovations entreprises au xixe siècle en fonction de leur
objectif.
1. Création de réseaux d’eau potable. 6. Installation de l’éclairage public.
2. Développement de lignes de transport collectif. 7. Création de trottoirs.
3. Élargissement des rues. 8. Rénovation des égouts.
4. Adoption de règles de construction des immeubles. 9. Distribution du gaz dans les immeubles.
5. Plantation d’arbres.
Combattre l’insalubrité Faciliter la circulation Embellir la ville
��
��
��

��
65

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HISTOIRE • Manuel pages 54-55

1 Qu’entrainent la découverte et l’utilisation

quaient des infrastructures lourdes (alimentation en com-

42 Thème 2 • L’âge industriel en France

Exercice 1 • Lis le texte et réponds aux questions.

1. À l’aide d’un dictionnaire, recherche le sens du mot « minoterie ».

Texte 1 : L’arrivée du chemin de fer

Texte 2 : L’approvisionnement en lait de Paris

le niveau de scolarisation de leurs enfants, leur épargne et

44 Thème 2 • L’âge industriel en France

Une usine métallurgique

3 Quels sont les progrès de l’agriculture

46 Thème 2 • L’âge industriel en France

Exercice 1 • Explique ce schéma en quelques phrases.

Cultures fourragères Bétail mieux nourri

Témoignage d’un cultivateur

4 Comment vit-on dans les campagnes

Exploitation des documents

48 Thème 2 • L’âge industriel en France

Exercice 1 • Lis le texte et réponds aux questions.

Deux familles de paysans

Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions.

La croissance des villes

D’après V-E. Ardouin-Dumazet, Voyage en France, 1896.

1. Comment se transforme la région lyonnaise ?

Méthode Réaliser une frise

Compétences du socle commun que creuser la terre en surface, la charrue la retourne en

Objectifs La fiche méthode

50 Thème 2 • L’âge industriel en France

Nom : .................................................. Prénom : ............................................................... Date : ...........................

Première batteuse à vapeur

Première charrue entièrement métallique

Première moissonneuse lieuse

Premier tracteur à vapeur

Premier tracteur à moteur à explosion

5 Quelles sont les conditions

Exploitation des documents

52 Thème 2 • L’âge industriel en France

Veine de houille : ������������������������ Barrette : �����������������������������������

Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions.

1. Quel est le travail précis de Betty Harris ?

2. Comment se déplace-t-elle à l’intérieur des galeries ?

3. Quelles difficultés de son travail décrit-elle ?

6 Qu’est-ce qui différencie le travail

54 Thème 2 • L’âge industriel en France

Nature de la « faute » Amende correspondante

Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions suivantes.

Budget d’une famille ouvrière (2 parents et 4 enfants) dans la région de Lille

1. Calcule combien gagnent les parents en une semaine (6 jours de travail).

2. Calcule les dépenses hebdomadaires de la famille.

3. Que peux-tu dire sur les conditions de vie de cette famille ?

7 Quels changements la naissance

breux à la morte-saison), un salaire indexé sur les perfor-

56 Thème 2 • L’âge industriel en France

Exercice 1 • En t’inspirant des

Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions suivantes.

1. Mouret veut-il gagner de l’argent en vendant la soie ?

2. À quoi la vente de cette soie doit-elle lui servir ?

3. Pourquoi les petits magasins ne peuvent-ils pas adopter cette stratégie ?

Veine de houille : �� Barrette : ��