La Génétique: Une Brève Histoire en Pleine Expansion: Bull. Acad. Natle Méd., 2015, 199, N
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La Génétique: Une Brève Histoire en Pleine Expansion: Bull. Acad. Natle Méd., 2015, 199, N
En 1820 par lettres patentes, Louis XVIII regroupait dans notre compagnie
l’ancienne Société Royale de Médecine et l’Académie de Chirurgie, mettant ainsi fin
à un certain antagonisme historique entre médecins et chirurgiens et ouvrant la voie
à un abord rationnel de la pathologie qu’elle soit interne ou externe comme on le
disait à l’époque. Notons au passage que jusqu’au 1er janvier 2015 l’Académie de
Médecine est restée sous le seul régime juridique et administratif de ces lettres
patentes ; mais depuis cette date nous sommes régis par un nouveau statut, sembla-
ble à celui de l’Institut de France.
Le début du xixe siècle marque l’amorce d’une science médicale dont l’évolution,
aujourd’hui très accélérée, n’a jamais été régulièrement continue, mais au contraire
a procédé par paliers successifs, plus ou moins intriqués dans le temps. Depuis 1820
trois grandes phases peuvent ainsi être distinguées :
La première phase est celle de la méthode anatomo-clinique, initiée par Laennec et
l’invention du stéthoscope ; elle a conduit, en particulier avec Trousseau, Breton-
neau, Charcot et bien d’autres, à l’établissement de la séméiologie, à la description
des maladies et à leur classification, c’est-à-dire à leur nosologie.
La deuxième phase débute en 1865 avec la publication de l’Introduction à l’étude de
la médecine expérimentale de Claude Bernard, fondateur de la médecine scientifique.
Élève de François Magendie dont le portrait orne le bureau du président de notre
Académie, Claude Bernard fut en effet l’initiateur de la physiologie ; il suffit de citer
à son actif : la fonction glycogénique du foie, le diabète, les propriétés du suc
pancréatique, la pharmacologie du curare, la définition du milieu intérieur et de
l’homéostasie, la fonction respiratoire du sang, le système vaso-sympathique.
Une troisième phase est celle de l’ère pastorienne. Rappelons que Louis Pasteur était
chimiste de formation, raison pour laquelle il fût admis dans cette compagnie en
qualité de membre libre, et qu’au début de sa carrière il fût l’initiateur de la
stéréochimie avec la description des isomères dextrogyres et lévogyres, avant d’être le
fondateur de la microbiologie moderne, conduisant à la description des maladies
infectieuses, à la sérothérapie, au développement des vaccinations, aux règles d’anti-
septie et d’aseptie, avant l’apparition des sulfamides et des antibiotiques.
La quatrième phase, que nous vivons aujourd’hui, au-delà de multiples progrès
médicaux, est celle de la génétique moléculaire au sens large du terme et de ses outils
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ments d’un ADN coupés par une endonucléase une séquence génique particu-
lière par hybridation avec une sonde spécifique complémentaire ;
— technique de séquençage de l’ADN par la méthode de Sanger et Coulson en
1975, puis par la méthode de Maxam et Gilbert en 1977.
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thérapie génique somatique, qui malgré quelques succès remarquables comme ceux
de notre confrère Alain Fischer, sont restés limitées ; mais elle offre également et
théoriquement la possibilité d’une thérapie germinale (ce qui a été très rapidement
fait chez l’animal). Cette intervention ciblée peut bien sûr être envisagée pour
corriger toute anomalie génétique, mais aussi éventuellement pour améliorer le
patrimoine génétique des individus et des espèces ; les applications en biologie
végétale et en agriculture devraient être rapides et nombreuses. Nous sommes ainsi
revenus, après des progrès scientifiques considérables, aux questions d’eugénisme
qui, au début du xxe siècle faisaient l’objet d’un large consensus dans le milieu des
généticiens, essentiellement dans les pays anglo-saxons et d’Europe du Nord.
Arrivé au terme actuel de cette histoire, je me garderai de la conclure car l’évolution
technologique, conceptuelle et médicale de la génétique se poursuit très rapide-
ment ; si les circonstances m’amenaient à refaire un tel exposé, nul doute qu’il
comporterait quelques pages supplémentaires. Ma conclusion sera d’une nature
différente. L’évolution scientifique, en particulier de la génétique, a de multiples
implications sociétales, éthiques, réglementaires, philosophiques ou religieuses.
Il me parait important que le corps médical n’y soit pas systématiquement impliqué
et qu’il soit rappelé que le rôle de notre profession est simplement de diagnostiquer,
de soigner et si possible de prévenir.
Jean-Yves Le Gall
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