Analyse Du Cycle de Vie: Épuration Des Eaux Usées Urbaines
Analyse Du Cycle de Vie: Épuration Des Eaux Usées Urbaines
Analyse Du Cycle de Vie: Épuration Des Eaux Usées Urbaines
DOCUMENTATION
26/09/2008
ment des eaux usées urbaines, les étapes de l’ACV sont résumées. Un exemple
d’application, s’appuyant sur la simulation de deux scénarios de traitement, est
présenté et discuté.
1. Réglementation sur l’eau ticides pour usage domestique et de solvants pour le bricolage
(xyloprotecteurs, peintures, vernis, colles, ...) ; ces eaux peuvent
également contenir des polluants cosmétiques et médicamenteux ;
Compte tenu des modifications climatiques (multiplication des – les eaux « vannes » (rejets des toilettes) qui sont chargées de
sécheresses avec pour conséquence la diminution des niveaux des diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.
nappes phréatiques) et de la croissance démographique mondiale, la
gestion de la ressource en eau constitue un enjeu majeur. Il devient Les eaux usées industrielles peuvent également être introduites
primordial de conserver « un bon état écologique et chimique » des dans les systèmes d’assainissement collectif publics uniquement
milieux aquatiques. Cette problématique de préservation des res- avec l’autorisation des maîtres d’ouvrage concernés (art. L. 35-8 du
sources en eau est dictée par la directive cadre 2000/60/CE du code de la santé publique). La pollution des ces eaux varie forte-
23 octobre 2000. En France, la loi du 30 décembre 2006 renforce les ment en fonction du type d’industrie et de l’utilisation de l’eau [4]
obligations d’entretien et de restauration des milieux aquatiques. [5] (métaux lourds, micropolluants organiques, hydrocarbures, ...)
70 % de l’eau potable distribuée est puisée dans les nappes Les eaux pluviales se chargent d’impuretés au contact de l’air
souterraines par forage ou captée aux sources. Le reste provient (fumées industrielles) et de résidus (huiles, carburants, résidus de
des eaux de surface (lacs et rivières). Ainsi prélevée dans le milieu pneus, métaux lourds, ...) en ruisselant sur les toits et les chaussées
naturel, elle est transportée dans des usines d’affinage, stockée des villes. Ces eaux sont traitées dans une station d’épuration
dans des réservoirs pour être ensuite distribuée aux usagers. urbaine lorsque le système d’assainissement est dit « unitaire ».
Après utilisation, l’eau est collectée dans un réseau qui l’achemine La variation du flux polluant entrant dans les STEP est liée à
vers des stations d’épuration avant retour dans le milieu naturel. l’activité humaine (variations journalière, hebdomadaire, saison-
Sa consommation, en France, est estimée entre 150 et 250 litres nière) même par temps sec et pour les installations ne traitant ni
par personne et par jour [2]. En 2003, 90 % de la population fran- les eaux pluviales et industrielles. Les différentes natures de pollu-
çaise était raccordée à un réseau public d’assainissement tion sont résumées dans le tableau 1.
collectif [3]. Depuis 2005, dans toutes les agglomérations de plus
de 2 000 équivalent-habitants, les eaux rejetées par les utilisateurs 1.2 Réglementation française appliquée
devraient être traitées dans des stations d’épuration (STEP).
aux systèmes d’assainissement
1.1 Eaux résiduaires La directive du Conseil des Communautés Européennes 91/271/
CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines rési-
Les eaux résiduaires entrant dans une station d’épuration duaires impose aux services d’assainissement des obligations de
urbaine sont différenciées par rapport à leur origine (urbaines, résultats : assurer une évacuation rapide des eaux souillées et pré-
industrielles ou pluviales). venir tout risque de contamination des eaux de surface et souter-
Les eaux usées domestiques proviennent des différents usages raines. Cette directive impose un traitement des eaux usées
de l’eau. Elles peuvent être subdivisées en deux catégories : urbaines avec des normes de rejet strictes en fonction du milieu
– les eaux ménagères des salles de bain et des cuisines qui sont récepteur. Elle est transposée en droit français dans la loi sur l’eau
généralement chargées de substances biodégradables (graisses, du 3 janvier 1992. Le décret d’application no 94-469 du 3 juin 1994
savons, ...), de détergents, de produits nettoyants, désinfectants organise la programmation de l’assainissement dans les agglomé-
(hypochlorites, perborates, alcools, glycols, ammoniaque, rations. Il apporte également des précisions sur les notions de zones
aldéhydes, ...), décapants et détartrants ainsi que d’engrais, de pes- d’assainissement collectif et non collectif et de zones sensibles.
> 120
Charge brute de pollution organique .... (kg/jour) < 120 < 600 > 600
< 600
> 2 000
Équivalent-habitant (EH) < 2 000 < 10 000 > 10 000
< 10 000
traitement
traitement
biologique
Traitement approprié approprié biologique + secondaire
avec décantation
+ traitement tertiaire
secondaire
applicables applicables
Objectif de qualité aux eaux aux eaux fixé par l’arrêté du 22 décembre 1994
réceptrices réceptrices
Depuis cette loi (codifiée dans la section 1 du chapitre 4 du livre 1.3 Conditions de rejet
2 du code de l’environnement), toutes les stations d’assainissement
dont le rapport débit rejeté à débit du milieu récepteur est supérieur
des effluents urbains
à 25 %, sont soumises à déclaration ou à autorisation au titre de la
police des eaux. Quant aux stations d’épuration recevant un flux
Le lecteur se reportera aux références [7] et [8].
polluant supérieur à 120 kg/jour (2 000 EH), elles constituent des ins-
tallations classées pour la protection de l’environnement (loi ICPE
du 19 juillet 1976). Pour les ouvrages recevant un flux polluant supérieur à 120 kg/jour
en DBO5 (2 000 EH), les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel
Les stations d’épuration ont des objectifs de réduction des flux doivent respecter soit les valeurs limites en concentrations, soit les
de substances polluantes à respecter, en fonction des zones de valeurs limites en rendement fixées par l’arrêté du 22 décembre
rejet. De plus, les arrêtés du 22 décembre 1994 et du 21 juin 1996 1994 (tableau 3).
déterminent les prescriptions techniques des stations de traite-
ment des eaux usées par rapport à la charge brute de pollution Ces valeurs limites de rejet sont le minimum acceptable. Elles
organique et au milieu récepteur (tableau 2). peuvent être plus contraignantes dans la réglementation locale
(arrêté préfectoral). De plus, seules la pollution organique, les
Le recours à un traitement alternatif est autorisé dans la mesure matières en suspension et les substances contribuant à l’eutrophi-
où il contribue à une réduction de la charge polluante équivalente sation sont obligatoirement contrôlées. L’arrêté préfectoral peut
aux traitements proposés dans le tableau 2. fixer des seuils de rejet pour d’autres polluants tels que les métaux
lourds, les hydrocarbures, les micropolluants organiques, les pro-
duits biocides et phytopharmaceutiques. Des contrôles bactériolo-
giques peuvent également être effectués afin de vérifier les
proportions de germes pathogènes dans les effluents rejetés.
Définitions d’après le décret no 2006-503 du 2 mai 2006 rela-
tif à la collecte et au traitement des eaux usées mentionnées
aux articles L. 2224-8 et L. 2224-10 du code général des collecti-
vités territoriales.
1.4 Qui est responsable ?
Agglomération d’assainissement : zone dans laquelle la
population et les activités économiques sont suffisamment D’après la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 renforcée par la
concentrées pour qu’il soit possible de collecter les eaux usées nouvelle loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre
pour les acheminer vers une station d’épuration ou un point de 2006, les collectivités locales sont responsables de la gestion de
rejet final. l’eau et de l’assainissement. Elles ont l’obligation d’assurer la col-
Charge brute de pollution organique : c’est la masse d’oxy- lecte, le stockage et l’épuration des eaux usées domestiques ainsi
gène correspondant à la demande biologique en oxygène sur que leur rejet ou leur réutilisation dans les zones d’assainissement
cinq jours (DBO5) calculée sur la base de la charge journalière collectif. Depuis le 31 décembre 2005, elles sont tenues de
moyenne de la semaine au cours de laquelle est produite la contrôler les dispositifs d’assainissement non collectif (assainis-
plus forte charge de substances polluantes dans l’année. sement autonome) et si elles le décident, leur entretien.
Équivalent-habitant (EH) correspond à la charge organique Il appartient donc aux communes de définir les moyens néces-
biodégradable ayant une demande biochimique d’oxygène sur saires à la protection de l’environnement et à la préservation de la
cinq jours de 60 grammes d’oxygène par jour. salubrité publique, via l’assainissement.
MS Matière sèche.
Valeurs limites ..............................(mg/kg MS) 10 1 000 1 000 10 200 800 3 000 4 000
Flux cumulé sur 10 ans......................... (g/m2) 0,015 1,5 1,5 0,015 0,3 1,5 4,5 6
PCB polychlorobiphényl
HAP1 fluoranthène
HAP2 benzo (b) fluoranthène
HAP3 benzo (a) pyrène
2.4 Réutilisation des eaux traitées L’ACV a été développée à l’origine pour analyser le cycle de vie
des produits puis des services. Son application aux procédés est
La loi sur l’eau de 2006 impose le rejet ou la réutilisation des eaux plus récente et présente des similitudes et des différences. Comme
collectées par les stations. Actuellement et dans le monde, seule- pour les produits, le procédé remplit une fonction qui dans le cas
ment 2 % des eaux traitées sont « recyclées ». La méthode des installations de traitement des eaux usées est l’épuration d’un
employée pour retraiter l’eau dépend à la fois de la qualité des eaux effluent. Il s’agit là de la fonction principale, à laquelle on peut
usées initiales et du type de réutilisation projeté [12]. adjoindre des fonctions secondaires, comme le traitement des
boues ou la désodorisation. Deux systèmes ne peuvent être
Si une désinfection classique suffit pour assurer l’arrosage d’un comparés que s’ils remplissent les mêmes fonctions.
golf ou de pelouses, plusieurs traitements sont obligatoires pour une L’unité fonctionnelle d’un procédé est plus délicate à définir que
utilisation industrielle ou agricole afin de supprimer polluants toxiques celle d’un produit, laquelle est basée le plus souvent uniquement
et germes pathogènes. sur un paramètre de quantité. Dans le cas du procédé, la quantité
de produit fabriqué ou de flux entrant traité ainsi que la taille de
Techniquement, l’eau recyclée peut être utilisée comme source l’installation ont aussi leur importance. Le flux de référence d’une
d’eau potable, c’est le cas à Windhoek (Namibie), Goulburn station d’épuration est défini à partir de plusieurs grandeurs (DCO,
(Australie) ou Singapour, mais le frein psychologique de la popula- MES, azote). La capacité et la qualité de dépollution doivent être
tion subsiste. prises en compte comme cela a été mentionné précédemment. Les
spécifications à respecter dépendent non seulement des limites de
En France, cette option n’est pas encore envisagée. L’eau
rejet mais aussi des rendements épuratoires (§ 1). Il s’agit de limites
retraitée est quelquefois utilisée pour arroser des golfs, des pelou-
de rejet à ne pas dépasser sous peine d’amendes et non de
ses, pour irriguer des cultures ou sert à un usage industriel.
consignes fixes. Une installation est dimensionnée à la fois pour
des caractéristiques moyennes de temps sec mais aussi pour
pouvoir supporter des conditions moins favorables comme le
temps de pluie dans le cas d’un réseau unitaire. Dans les premiers
3. Analyse de cycle de vie temps d’application de l’ACV, la localisation de l’objet analysé
n’était pas prise en compte. Cela est de moins en moins le cas du
Selon les normes ISO 14040 à 14043 [13] [14] [15] [16], une ana- fait de l’amélioration de la régionalisation des bases de données
lyse de cycle de vie se déroule suivant quatre étapes : la définition concernant l’énergie et les matériaux. La performance environne-
des objectifs, l’inventaire, l’analyse des impacts et l’interprétation. mentale d’une filière de traitement des eaux usées est liée à son
emplacement géographique. Ainsi, les normes de rejet à respecter
dépendent de la localisation (zones sensibles, rejet dans un cours
d’eau avec un débit d’étiage, comme précisé dans le tableau 3). Si
3.1 Définition des objectifs le mode de fabrication d’un produit ne dépend pas de la quantité
et du champ d’étude produite, la quantité d’eau usée à traiter influe sur le choix de la
technologie de traitement. À partir du concept de base de boues
Dans le cadre du traitement des eaux usées, l’utilisation possible activées, des technologies différentes sont proposées suivant la
d’une ACV peut être : taille de la communauté à laquelle l’installation est destinée. Des
– en interne : systèmes compacts sont proposés pour les installations de 100 à
10 000 habitants [9]. Pour les plus grosses installations, on organise
• l’amélioration de la performance environnementale de pro-
le procédé suivant plusieurs chaînes fonctionnant en parallèle en
cédés existants,
répartissant la charge à traiter entre ceux-ci.
• la conception de nouveaux procédés moins impactants pour Comme pour les produits, on distingue pour les procédés les
l’environnement afin d’orienter le choix entre plusieurs phases de construction, d’utilisation ou fonctionnement et de
technologies ; démantèlement, qui définissent les limites temporelles du système.
– en externe : Il est important de préciser la durée prévue d’utilisation afin
• la communication auprès du public, d’affecter un poids réaliste aux impacts de ces trois phases. Une
opération sur 20 ans, sans rénovation majeure du gros œuvre
• une réponse à une nouvelle réglementation (quota CO2), semble être un bon compromis [17] [18] [19].
• l’enrichissement des propositions technico-économiques lors Certains éléments tels que des pompes ou des compresseurs
de la réponse à un appel d’offre. peuvent avoir à être remplacés pendant ce laps de temps. La phase
Cette première étape de définition est primordiale. En partant du de construction incorpore les travaux d’excavation, de transport
principe qu’une ACV s’applique par comparaison, on distingue des déblais, de production des matériaux (béton, acier, etc.) etc.
donc deux principaux objectifs : Dans le cas d’une installation réelle et bien que l’on dispose de ses
plans, il est souvent difficile d’obtenir une valeur précise de la
– l’évaluation, sur un même procédé ou scénario, des différentes
quantité de béton ou d’acier utilisé dans les ouvrages. Cela est
phases de son cycle de vie (construction, opération, démantèle-
d’autant plus délicat lorsqu’il s’agit d’un projet nouveau. Un calcul
ment) ou des différentes unités qui le compose, afin de déterminer
simple peut être effectué à partir des volumes et des formes. La
laquelle est la plus polluante ;
phase de démantèlement pose aussi des problèmes. Il existe peu
– la comparaison de plusieurs scénarios ayant la même fonction de données [20]. Souvent d’ailleurs une STEP est rénovée, à la suite
afin de déterminer la meilleure technologie en terme d’impact sur d’un durcissement de la réglementation ou d’une augmentation du
l’environnement. Il peut s’agir notamment de comparer une instal- bassin de collecte, plutôt que complètement détruite. Certains
lation existante à un projet basé sur une nouvelle technologie ouvrages peuvent changer de destination (par exemple, décanteurs
n’existant qu’à l’échelle pilote. primaires transformés en bassins d’orage). De plus, les techniques
On définit aussi lors de cette étape la base de comparaison, de recyclage des décombres évoluant, il est difficile de prédire ce
c’est-à-dire l’unité fonctionnelle. La méthode d’évaluation des qu’elles seront dans une vingtaine d’années. Il apparaît que la
impacts doit être choisie et ce choix doit être si possible argu- phase d’utilisation d’un procédé est souvent la plus impactante [10]
menté. Le destinataire de l’étude est également spécifié. Dans le [17] [21] [22]. Certaines situations peuvent cependant amener à
cas d’une STEP, ce peut être une municipalité, une administration considérer la phase de construction plus en détail, comme dans le
(par exemple, DRIRE), une agence de bassin, etc. L’étude peut cas des installations complètement enterrées, pour lesquelles les
avoir une finalité purement interne à une société. travaux d’excavation sont lourds. Certains systèmes demandent
peu d’énergie ou de réactifs lors de leur utilisation (comme les ment, réacteurs, moteurs, pompes, tuyauteries, etc. à partir des
lagunes ou les filtres plantés de macrophytes) et le poids relatif de matières premières... à leur utilisation (énergie)... à leur rejet [23]
leur phase de construction peut devenir important. [24] [25].
Les frontières physiques du système à étudier doivent être défi- Nous donnons ci-après les modes d’obtention des principales
nies afin d’inclure tous les processus qui influent significativement matières premières nécessaires à la fabrication ou au fonctionne-
sur les résultats de l’analyse. Les flux entrants et sortants du ment d’une STEP et ne développons qu’un seul exemple.
système doivent être définis. La norme (ISO 14041) préconise l’uti-
lisation de flux élémentaire, c’est-à-dire puisé dans l’environne- 3.2.2.1 Chaux
ment sans transformation humaine ou rejeté dans l’environnement
sans transformation ultérieure. Cependant dans la pratique, on doit La chaux est issue du calcaire (CaCO3) le plus pur possible
rechercher un compromis entre le temps nécessaire à la réalisation (moins de 3 % d’impuretés). La roche est chauffée dans des fours à
de l’étude, les moyens mis en œuvre et les données auxquelles il chaux à une température d’environ 900 oC ; il y a alors transforma-
est possible d’accéder. On peut différencier deux types de flux : les tion de la roche en chaux vive ou oxyde de calcium (CaO) avec
flux fonctionnels, liés à la fonction, comme l’eau usée entrante et évacuation du gaz carbonique. Ensuite, la chaux vive est éteinte
des flux de fonctionnement (énergie, réactifs tels que floculants, par hydratation pour fournir de l’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2),
chaux, chlorure ferrique). Dans le cas de systèmes centralisés, on dénommée chaux aérienne (ou chaux grasse).
peut considérer que la frontière « amont » du flux fonctionnel prin-
cipal (eau usée) se situe à l’interface avec le réseau d’assainisse- CaCO 3 → CaO + CO 2
CaO +H2O → Ca (OH)2
ment (en général, le poste de relevage des eaux). La frontière
« aval » se situe au point de rejet dans le système naturel. La situa-
tion est différente si l’ACV s’applique à des systèmes décentralisés
(traitement dit « à la source » ou réseau de petites unités de traite- 3.2.2.2 Ozone
ment). Dans ce cas la frontière « amont » peut se situer chez l’habi-
tant et le réseau d’assainissement doit être intégré au système. L’ozone est obtenu par l’action d’une décharge électrique sur de
l’air sec ou de l’oxygène. L’air est séché (température de rosée
< 50 oC) au moyen des équipements suivants : compresseur, réfri-
3.2 Inventaire gérant primaire, groupe frigorifique, dessiccateur. L’air passe
ensuite entre deux électrodes d’acier (électrode de masse refroidie
Dans la phase d’inventaire, on dresse d’abord un arbre précis du à l’eau, électrode centrale recouverte d’un diélectrique à forte per-
procédé, en définissant tous les entrants et les sortants. En fait, il mittivité) où ont lieu les décharges.
faut définir un arbre pour chaque période (construction, utilisation,
démantèlement). À partir de là, on établit les bilans (matière et 3 O2 → 2 O3
énergie). Cette étape est la plus lourde, car on s’aperçoit vite que
de nombreuses données sont difficilement accessibles. De façon 3.2.2.3 Ciment
générale, il faut se souvenir que toute donnée, toute hypothèse
Le ciment est le matériau universel pour construire les ouvrages
doit être consignée et documentée. Les sources (terrain, littérature,
de génie civil. Il est issu de la cuisson à température élevée
experts) doivent être indiquées, ainsi que leur domaine de validité
d’oxyde de calcium issu de la calcination de son carbonate, de la
géographique, leur âge et leur précision, afin que l’on puisse en
silice, de l’alumine et de l’oxyde de fer (figure 3).
évaluer la qualité. En effet, pour que l’ACV soit diffusable au grand
public, un rapport précis doit être réalisé. Il est examiné par un
expert externe (revue critique).
Calcaire + argile
3.2.1 Collecte des données
L’ACV s’applique a priori ou a posteriori. Une ACV a priori Eau
Voie Voie
s’adresse à une installation à l’état de projet, qui n’existe donc pas humide sèche
encore ou alors uniquement à l’échelle pilote. Il s’agit alors
d’extrapoler les données en faisant appel à une étape de modélisa- Broyage Concassage
tion et de simulation. Une ACV a posteriori utilise les données col-
lectées sur un site réel en fonctionnement. Compte tenu de la
variabilité de la quantité et de la qualité des eaux usées, il convient Délayage Broyage
d’utiliser des valeurs moyennes sur une ou plusieurs années. Un
tel horizon permet de s’affranchir des variations liées à la météoro-
logie, notamment dans le cas de réseaux d’assainissement unitai- Stockage Homogénéisation
res. L’utilisation de valeurs moyennes obtenues sur plusieurs sites
est par contre à proscrire. Les performances d’une même filière
peuvent être très différentes d’un site à l’autre. Une généralisation Cuisson
hâtive peut conduire à des résultats contradictoires entre les
études, ce qui a été le cas dans le passé. Cela est préjudiciable à la
confiance accordée à la méthodologie ACV par les destinataires Refroidissement
des études. Dans le cas des STEP, s’il est relativement facile de se
ramener au même débit de référence entre deux sites, la Cendres volantes
composition des eaux usées est elle différente et influe sur les Clinker Gypse
Laitier
performances observées sur les deux sites.
Broyage
3.2.2 Fabrication des « matières premières »
des STEP
Stockage
L’ACV traitant un problème du berceau à la tombe, il convient de
s’intéresser à la fabrication des unités de production ou de traite- Figure 3 – Fabrication du ciment
– carburation du fer :
Figure 4 – Fabrication du PVC
3 Fe + 2 CO → Fe3C +CO 2
3.2.3 Exemple d’inventaire pour l’acier des résultats de l’inventaire du cycle de vie pour chaque catégorie
sélectionnée.
Les données du tableau 7 sont relatives à la production d’1 kg
d’acier [26]. Dans le cas de l’épuration des eaux usées urbaines, la variété
dans le choix de technologies pour élaborer ces filières (§ 2 Épura-
tion des eaux urbaines) engendre des impacts environnementaux
3.3 Analyse des impacts différents ou d’intensités variables [10]. Parmi l’ensemble des
impacts (présentés dans le tableau 8 et décrits dans l’article [27],
L’analyse des impacts se déroule en trois grandes étapes : la seules quelques unes des catégories d’impact causées par les
classification, la caractérisation et l’évaluation globale [27]. Dans la stations d’épurations en exploitation sont détaillées.
norme ISO 14042 [15] qui mentionne les lignes directrices de cette
analyse, les deux premières étapes sont obligatoires tandis que la Catégorie d’impact [15] : classe représentant les points envi-
troisième étape est facultative. Ces trois étapes sont décrites suc- ronnementaux étudiés dans laquelle les résultats de l’analyse
cinctement ci-après et détaillées dans les dossiers [G 5 605] de l’inventaire du cycle de vie peuvent être affectés.
réf. [27], [G 5 610] réf. [28], [G 5 615] réf. [29].
Sortants Al 0,5 mg
As 19 ng As 2 mg
CH4 4g Cl 181 mg
CO 0,05 g DCO 25,6 mg
CO2 1 180 g Cr 49 mg
Cr 0,4 mg Cu 0,1 mg
Cu 0,2 mg F 2 mg
Hydrocarbures 62,6 mg Fe 7,2 mg
Pb 0,5 mg SO –4 259 mg
Zn 3,7 mg Sr 5,2 mg
NOx 1,5 g Zn 1 mg
SO2 1,5 g MES 43,3 mg
CML2001 http://www.leidenuniv.nl/interfac/cml/ssp/index.html
Éco-indicator 99 http://www.pre.nl/eco-indicator99/
Écopoint 97 http://www.umwelt-schweiz.ch/buwal/eng/fachgebiete/fg_produkte/umsetzung/oekobilanzen/index.html
Edip’97 http://ipl.dtu.dk/~mic/Projects.htm#EDIP97
EPS2000 http://eps.esa.chalmers.se/
TRACI http://epa.gov/ORD/NRMRL/std/sab/iam_traci.htm
GES gaz à effet de serre
COVNM composé organique volatil sans méthane
pas forcément la même dénomination) pour des catégories telles 3.3.3 Évaluation globale des impacts
que l’effet de serre, l’eutrophisation ou l’acidification, il n’en est Les objectifs de l’ACV sont :
pas de même pour ce qui relève de la toxicité humaine et de
l’écotoxicité [10]. – si l’ACV est réalisée sur une seule filière, de déterminer quel
est le procédé le moins respectueux de l’environnement ;
3.4 Interprétation des résultats La filière de traitement des eaux est composée des unités
suivantes disposées en série : décanteur primaire, bassin biolo-
Dans cette étape, on analyse les résultats de l’inventaire et du gique à boues activées comportant une zone d’anoxie suivie d’une
calcul des impacts afin d’établir des recommandations en fonction zone aérobie, déphosphatation chimique, clarificateur. Dans l’unité
Gaz
Polymère
Épaississeur
Centrifugeuse
Sécheur Digesteur
Boues
séchées
a traitement des boues par digestion anaérobie (scénario 1)
Polymère
Épaississeur
Centrifugeuse
Chaux
Boues
b traitement des boues par chaulage (scénario 2)
chaulées
Décanteur primaire
Bassin biologique
Déphosphatation
Clarificateur
Épaississeur
Digesteur
Ajout de polymère
Polymère.................................................................................(g/m3) 57 3
Toxicité humaine
Ecotoxicité terrestre
Oxydation photochimique
Acidification
Eutrophisation
0 20 40 60 80 100
Scénario 1 % de l'impact
Scénario 2
Pour chaque impact, la valeur 100 est attribuée au scénario pour lequel l’impact est le plus élevé
Acidification
Eutrophisation
Oxydation photochimique
Toxicité humaine
Ecotoxicité terrestre
0 20 40 60 80 100
Scénario 1 Critère d'évitement (%)
Scénario 2
Figure 8 – Visualisation des impacts évités par l’utilisation de boues conditionnées à la place d’engrais chimique par un critère d’évitement
Oxydation photo-
g C 2 H2 155 268
chimique
5. Conclusion générale Toxicité humaine kg 1,4-DB eq 0,817 1,38
Pour les systèmes de traitement des eaux usées (comme pour Écotoxicité aquatique
g 1,4-DB eq 24,8 42,8
ceux du traitement de déchets de façon générale), il faut se (eau douce)
souvenir que :
Écotoxicité aquatique
– le procédé influe sur la qualité « aval » du flux traité ; kg 1,4-DB eq 138 230
marine
– la qualité « amont » du flux à traiter influe sur les performan-
ces du procédé. Écotoxicité terrestre g 1,4-DB eq 2,4 3,85
En respectant les normes d’application, la méthodologie de
l’ACV est un outil globalement adapté pour l’étude des impacts
environnementaux des filières d’épuration des eaux usées. Il conviendrait cependant de faire des efforts afin de compléter
Même si l’eutrophisation potentielle, calculée dans le cadre les bases de données actuelles concernant la toxicité et l’écotoxi-
d’une ACV, reste un impact important lors du traitement des eaux cité pour mieux tenir compte de composés chimiques particuliers
usées, il convient de noter que les procédés utilisés évitent par comme les substances pharmaceutiques, les perturbateurs endo-
essence l’eutrophisation réelle des cours d’eau. criniens ou les microorganismes pathogènes.
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0
0,71 0,73 0,75 0,76 0,78 0,79 0,81 0,82 0,84 0,85 0,87 0,89 0,90 0,92 0,93 0,95 0,96 0,98 0,99 1,01 1,03 1,04 1,06 1,07 1,09
a stockage et épandage pour le scénario 1 Acidification (kg SO2 eq)
Probabilité
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0
1,19 1,20 1,21 1,22 1,23 1,24 1,25 1,26 1,27
b chaulage pour le scénario 2 Acidification (kg SO2 eq)
Probabilité
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
0,01
0
0,84 0,87 0,89 0,92 0,95 0,98 1,01 1,04 1,07 1,10 1,13 1,15 1,18 1,21 1,24 1,27 1,30 1,33 1,36 1,38 1,41 1,44 1,47 1,50 1,53
Acidification (kg SO2 eq)
c chaulage, stockage et épandage pour le scénario 2
Figure 9 – Incertitude sur l’acidification évaluée à partir de l’incertitude sur les émissions d’ammoniac