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Analyse Du Cycle de Vie: Épuration Des Eaux Usées Urbaines

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26/09/2008

Analyse du cycle de vie


Épuration des eaux usées urbaines
par Marie-Noëlle PONS
Docteur-ès-Sciences, Directeur de Recherche CNRS
Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Mehdi BELHANI
Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Jacques BOURGOIS
Docteur-ès-Sciences, Professeur
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne
et Estelle DUPUIT
Docteur, Ingénieur de Recherche
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne

1. Réglementation sur l’eau ....................................................................... G 5 820 - 2


1.1 Eaux résiduaires........................................................................................... — 2
1.2 Réglementation française appliquée aux systèmes d’assainissement ... — 2
1.3 Conditions de rejet des effluents urbains .................................................. — 3
1.4 Qui est responsable ? .................................................................................. — 3
2. Épuration des eaux urbaines ................................................................. — 4
2.1 Traitement des eaux usées ......................................................................... — 4
2.2 Traitement des boues .................................................................................. — 6
2.3 Autosurveillance .......................................................................................... — 6
2.4 Réutilisation des eaux traitées .................................................................... — 7
3. Analyse de cycle de vie .......................................................................... — 7
3.1 Définition des objectifs et du champ d’étude ............................................ — 7
3.2 Inventaire ...................................................................................................... — 8
3.3 Analyse des impacts .................................................................................... — 10
3.4 Interprétation des résultats ......................................................................... — 14
4. Exemple ....................................................................................................... — 14
4.1 Définition de l’objectif et du champ de l’étude.......................................... — 14
4.2 Scénarios ...................................................................................................... — 14
4.3 Inventaire ...................................................................................................... — 16
4.4 Résultats ....................................................................................................... — 16
5. Conclusion générale ................................................................................ — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 5 820
1 - 2008

e dossier est destiné à illustrer l’utilisation de l’analyse du cycle de vie


C (ACV) [1] pour la comparaison des technologies d’épuration d’eaux usées
urbaines en prenant en compte leurs effets environnementaux.
Après un rappel de la réglementation sur l’eau et une présentation sommaire
des principales technologies mises en œuvre dans les installations de traite-
G 5 820

ment des eaux usées urbaines, les étapes de l’ACV sont résumées. Un exemple
d’application, s’appuyant sur la simulation de deux scénarios de traitement, est
présenté et discuté.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. G 5 820 – 1

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ___________________________________________________________________________________________________________

1. Réglementation sur l’eau ticides pour usage domestique et de solvants pour le bricolage
(xyloprotecteurs, peintures, vernis, colles, ...) ; ces eaux peuvent
également contenir des polluants cosmétiques et médicamenteux ;
Compte tenu des modifications climatiques (multiplication des – les eaux « vannes » (rejets des toilettes) qui sont chargées de
sécheresses avec pour conséquence la diminution des niveaux des diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.
nappes phréatiques) et de la croissance démographique mondiale, la
gestion de la ressource en eau constitue un enjeu majeur. Il devient Les eaux usées industrielles peuvent également être introduites
primordial de conserver « un bon état écologique et chimique » des dans les systèmes d’assainissement collectif publics uniquement
milieux aquatiques. Cette problématique de préservation des res- avec l’autorisation des maîtres d’ouvrage concernés (art. L. 35-8 du
sources en eau est dictée par la directive cadre 2000/60/CE du code de la santé publique). La pollution des ces eaux varie forte-
23 octobre 2000. En France, la loi du 30 décembre 2006 renforce les ment en fonction du type d’industrie et de l’utilisation de l’eau [4]
obligations d’entretien et de restauration des milieux aquatiques. [5] (métaux lourds, micropolluants organiques, hydrocarbures, ...)
70 % de l’eau potable distribuée est puisée dans les nappes Les eaux pluviales se chargent d’impuretés au contact de l’air
souterraines par forage ou captée aux sources. Le reste provient (fumées industrielles) et de résidus (huiles, carburants, résidus de
des eaux de surface (lacs et rivières). Ainsi prélevée dans le milieu pneus, métaux lourds, ...) en ruisselant sur les toits et les chaussées
naturel, elle est transportée dans des usines d’affinage, stockée des villes. Ces eaux sont traitées dans une station d’épuration
dans des réservoirs pour être ensuite distribuée aux usagers. urbaine lorsque le système d’assainissement est dit « unitaire ».
Après utilisation, l’eau est collectée dans un réseau qui l’achemine La variation du flux polluant entrant dans les STEP est liée à
vers des stations d’épuration avant retour dans le milieu naturel. l’activité humaine (variations journalière, hebdomadaire, saison-
Sa consommation, en France, est estimée entre 150 et 250 litres nière) même par temps sec et pour les installations ne traitant ni
par personne et par jour [2]. En 2003, 90 % de la population fran- les eaux pluviales et industrielles. Les différentes natures de pollu-
çaise était raccordée à un réseau public d’assainissement tion sont résumées dans le tableau 1.
collectif [3]. Depuis 2005, dans toutes les agglomérations de plus
de 2 000 équivalent-habitants, les eaux rejetées par les utilisateurs 1.2 Réglementation française appliquée
devraient être traitées dans des stations d’épuration (STEP).
aux systèmes d’assainissement
1.1 Eaux résiduaires La directive du Conseil des Communautés Européennes 91/271/
CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines rési-
Les eaux résiduaires entrant dans une station d’épuration duaires impose aux services d’assainissement des obligations de
urbaine sont différenciées par rapport à leur origine (urbaines, résultats : assurer une évacuation rapide des eaux souillées et pré-
industrielles ou pluviales). venir tout risque de contamination des eaux de surface et souter-
Les eaux usées domestiques proviennent des différents usages raines. Cette directive impose un traitement des eaux usées
de l’eau. Elles peuvent être subdivisées en deux catégories : urbaines avec des normes de rejet strictes en fonction du milieu
– les eaux ménagères des salles de bain et des cuisines qui sont récepteur. Elle est transposée en droit français dans la loi sur l’eau
généralement chargées de substances biodégradables (graisses, du 3 janvier 1992. Le décret d’application no 94-469 du 3 juin 1994
savons, ...), de détergents, de produits nettoyants, désinfectants organise la programmation de l’assainissement dans les agglomé-
(hypochlorites, perborates, alcools, glycols, ammoniaque, rations. Il apporte également des précisions sur les notions de zones
aldéhydes, ...), décapants et détartrants ainsi que d’engrais, de pes- d’assainissement collectif et non collectif et de zones sensibles.

Tableau 1 – Description des principales pollutions des eaux urbaines


Nature de la pollution Paramètres de pollution
Pollution organique oxydable Demande chimique en oxygène (DCO)
Demande biologique en oxygène (DBO)
Pollution insoluble Matières en suspension (MES)
Pollution chimique (pollution toxique) Métaux lourds (Cd, Hg, Pb, ...)
Hydrocarbures et polluants organiques persistants (HAP, pesticides)
Détergents
Solvants aromatiques ou non
Produits phytosanitaires
...
Pollutions azotée et phosphorée Azote global (NGL)
Phosphore total (PT)
Pollution microbiologique (engendrée par les germes Bactéries (coliformes intestinaux, salmonelles, ...)
pathogènes) [6] Virus (hépatite A, rotavirus, ...)
Parasite (Protozoaires, Helminthes)
Champignons
Pollution médicamenteuse Stéroïdes synthétiques
Antidépresseur
Analgésique
Antibiotique
...
Pollution cosmétique Parabènes
HAP hydrocarbure aromatique polycyclique

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Tableau 2 – Prescriptions techniques des STEP

> 120
Charge brute de pollution organique .... (kg/jour) < 120 < 600 > 600
< 600

> 2 000
Équivalent-habitant (EH) < 2 000 < 10 000 > 10 000
< 10 000

eaux douces eaux douces


Milieu récepteur eaux côtières zone sensible
ou estuaires ou estuaires

traitement
traitement
biologique
Traitement approprié approprié biologique + secondaire
avec décantation
+ traitement tertiaire
secondaire

applicables applicables
Objectif de qualité aux eaux aux eaux fixé par l’arrêté du 22 décembre 1994
réceptrices réceptrices

Depuis cette loi (codifiée dans la section 1 du chapitre 4 du livre 1.3 Conditions de rejet
2 du code de l’environnement), toutes les stations d’assainissement
dont le rapport débit rejeté à débit du milieu récepteur est supérieur
des effluents urbains
à 25 %, sont soumises à déclaration ou à autorisation au titre de la
police des eaux. Quant aux stations d’épuration recevant un flux
Le lecteur se reportera aux références [7] et [8].
polluant supérieur à 120 kg/jour (2 000 EH), elles constituent des ins-
tallations classées pour la protection de l’environnement (loi ICPE
du 19 juillet 1976). Pour les ouvrages recevant un flux polluant supérieur à 120 kg/jour
en DBO5 (2 000 EH), les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel
Les stations d’épuration ont des objectifs de réduction des flux doivent respecter soit les valeurs limites en concentrations, soit les
de substances polluantes à respecter, en fonction des zones de valeurs limites en rendement fixées par l’arrêté du 22 décembre
rejet. De plus, les arrêtés du 22 décembre 1994 et du 21 juin 1996 1994 (tableau 3).
déterminent les prescriptions techniques des stations de traite-
ment des eaux usées par rapport à la charge brute de pollution Ces valeurs limites de rejet sont le minimum acceptable. Elles
organique et au milieu récepteur (tableau 2). peuvent être plus contraignantes dans la réglementation locale
(arrêté préfectoral). De plus, seules la pollution organique, les
Le recours à un traitement alternatif est autorisé dans la mesure matières en suspension et les substances contribuant à l’eutrophi-
où il contribue à une réduction de la charge polluante équivalente sation sont obligatoirement contrôlées. L’arrêté préfectoral peut
aux traitements proposés dans le tableau 2. fixer des seuils de rejet pour d’autres polluants tels que les métaux
lourds, les hydrocarbures, les micropolluants organiques, les pro-
duits biocides et phytopharmaceutiques. Des contrôles bactériolo-
giques peuvent également être effectués afin de vérifier les
proportions de germes pathogènes dans les effluents rejetés.
Définitions d’après le décret no 2006-503 du 2 mai 2006 rela-
tif à la collecte et au traitement des eaux usées mentionnées
aux articles L. 2224-8 et L. 2224-10 du code général des collecti-
vités territoriales.
1.4 Qui est responsable ?
Agglomération d’assainissement : zone dans laquelle la
population et les activités économiques sont suffisamment D’après la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 renforcée par la
concentrées pour qu’il soit possible de collecter les eaux usées nouvelle loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre
pour les acheminer vers une station d’épuration ou un point de 2006, les collectivités locales sont responsables de la gestion de
rejet final. l’eau et de l’assainissement. Elles ont l’obligation d’assurer la col-
Charge brute de pollution organique : c’est la masse d’oxy- lecte, le stockage et l’épuration des eaux usées domestiques ainsi
gène correspondant à la demande biologique en oxygène sur que leur rejet ou leur réutilisation dans les zones d’assainissement
cinq jours (DBO5) calculée sur la base de la charge journalière collectif. Depuis le 31 décembre 2005, elles sont tenues de
moyenne de la semaine au cours de laquelle est produite la contrôler les dispositifs d’assainissement non collectif (assainis-
plus forte charge de substances polluantes dans l’année. sement autonome) et si elles le décident, leur entretien.
Équivalent-habitant (EH) correspond à la charge organique Il appartient donc aux communes de définir les moyens néces-
biodégradable ayant une demande biochimique d’oxygène sur saires à la protection de l’environnement et à la préservation de la
cinq jours de 60 grammes d’oxygène par jour. salubrité publique, via l’assainissement.

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Tableau 3 – Valeurs limites de rejet et de rendement d’après l’arrêté du 22 décembre 1994


Charge de pollution Valeur limite de rejet Rendement minimal
Type de zone Paramètre reçue moyenne/24 h de dépollution
(EH) (mg/L) (%)
DBO5 2 000 à 10 000 25 70
> 10 000 80
Zone normale
de pollution carbonée DCO Toute charge 125 75
MES Toute charge 35 90
NGL 10 000 à 100 000 15 70
Zone sensible à l’azote > 100 000 10
et/ou phosphore PT 10 000 à 100 000 2 80
> 100 000 1
Caractéristiques générales des rejets :
– pH 5,5 à 8,5 ;
– température < 30 oC ;
– couleur < 100 mg Pt/L.

2. Épuration des eaux Tableau 4 – Caractéristiques des eaux usées


urbaines françaises
urbaines
Paramètres Domaine
Le lecteur pourra se reporter aux dossiers :
– lutte contre la pollution de l’eau. Inventaire des traitements [G 1 250] ; pH.............................................. 7,5 à 8,5
– traitements physico-chimiques de la pollution insoluble [G 1 270] ;
– lutte contre la pollution des eaux. Traitement des boues d’épuration [G 1 450] ; Extrait sec......................(mg/L) 500 à 1 500
– lutte contre la pollution des eaux. Élimination finale des boues d’épuration [G 1 451].

MES ...............................(mg/L) 150 à 500


La réglementation (§ 1) impose une épuration des eaux usées
urbaines dans une station dédiée avant rejet dans le milieu naturel DBO5..............................(mg/L) 100 à 400
du fait des risques sanitaires et environnementaux (pollution des
eaux superficielles et naturelles, modification des milieux, risques DCO................................(mg/L) 300 à 1 000
pour les êtres vivants). Le débit de ces effluents ainsi que la pollu-
tion présente sont variables selon la taille des agglomérations, leur
COT ................................(mg/L) 100 à 300
situation géographique, la saison et les conditions climatiques. Les
variations journalières sont également importantes. Les caractéris-
tiques moyennes des eaux usées urbaines françaises arrivant en NK ..................................(mg/L) 30 à 100
station sont rassemblées dans le tableau 4 [9].
N-ammonium................(mg/L) 20 à 80
La station d’épuration est installée généralement à l’extrémité
d’un réseau de collecte sur l’émissaire principal, en amont de la
Lipides ...................................... 50 à 120
sortie des eaux vers le milieu naturel. Elle rassemble une succes-
sion de dispositifs empruntés par les eaux usées. Ils sont conçus
pour extraire au fur et à mesure les différents polluants contenus NK azote de Kjeldahl
COT carbone organique total
dans les eaux usées. L’épuration se compose de plusieurs étapes
de traitement (ne sont pas décrites dans ce dossier les stations
d’épuration autonomes) [10] :
– traitement de l’eau : étapes de dépollution des eaux usées ;
– traitement des boues produites : conditionnement en vue de
leur élimination ou de leur valorisation ; Traitements
– procédés connexes : amélioration de la qualité de service de
l’usine d’épuration (désodorisation, traitement des graisses, recy- primaire secondaire tertiaire
clage des sables, ...). Eau Eau
usée épurée

2.1 Traitement des eaux usées Prétraitement

La dépollution des eaux usées se décompose généralement en Boues


(valorisation, stockage)
quatre étapes distinctes : prétraitements, traitements primaire,
Traitement des boues
secondaire et tertiaire (figure 1). Plus de 50 % des stations de plus
de 10 000 équivalent-habitants sont construites selon ce schéma
en France. Figure 1 – Principales étapes de l’épuration des eaux usées urbaines

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2.1.1 Prétraitements provenant de l’effluent, soit dans un réacteur placé en aval du


réacteur aéré avec ajout d’une source carbonée externe (méthanol,
Les prétraitements visent à éliminer des eaux usées les maté- par exemple), soit dans le même réacteur en alternant les
riaux solides ou particulaires pouvant nuire aux traitements situés conditions aération/anoxie. Le rendement est voisin de 95 %.
en aval : objets encombrants, graisses, huiles ou autres matières
flottantes, sables et matières facilement décantables. Ces traite- 2.1.3.3 Traitement de la pollution phosphorée
ments sont effectués par les dégrilleur, dégraisseur/déshuileur (éli-
mination de 80 à 90 % des graisses et matières flottantes) et Le phosphore ne pouvant être rejeté dans l’atmosphère à l’état
dessableur (élimination des particules de diamètre supérieur à gazeux, il doit être concentré dans les boues. Bien que 20 à 30 %
200 µm) qui produisent des déchets envoyés soit en centre de la pollution phosphorée soit éliminée en même temps que la
d’enfouissement technique de classe 2, soit en incinération selon pollution carbonée, il convient souvent d’affiner le traitement. Deux
leur nature. solutions sont alors possibles, le traitement biologique ou le traite-
ment chimique. Le traitement chimique consiste à ajouter des sels
métalliques (fer ou aluminium) pour former un complexe insoluble
2.1.2 Traitement primaire avec les phosphates. Cet ajout peut être réalisé dans le réacteur
biologique ou dans une unité de traitement tertiaire (voir § 2.1.4).
Le traitement primaire consiste à réaliser l’étape de décantation Le traitement biologique, avec des rendements de l’ordre de 60 à
qui élimine jusqu’à 60 % des matières en suspension (MES), et 70 %, doit souvent être suivi d’un traitement chimique.
environ le tiers de la DBO5 entrante. Les boues produites fortement
organiques et fermentescibles sont acheminées vers l’unité de
traitement des boues. La phase aqueuse résultante, non conforme 2.1.4 Traitement tertiaire
aux seuils de rejet, est acheminée vers le traitement secondaire.
Ce type de traitement a pour but d’améliorer certains paramètres
Si le traitement secondaire n’existe pas, comme c’est le cas dans spécifiques de la qualité des rejets dans un milieu naturel vulné-
de nombreuses villes côtières ou riveraines d’un grand fleuve, la rable. Parmi ces traitements, les plus importants sont les suivants :
décantation est optimisée par ajout de coagulant et de floculant
qui améliorent notablement l’épuration. – désinfection lorsque le rejet a lieu dans un milieu aquatique à
usage balnéaire, pour diminuer les risques de contamination (eau
La décantation a lieu dans des décanteurs circulaires raclés ou potable, conchyliculture...) ou pour réduire les risques liés aux
dans des décanteurs lamellaires. perturbateurs endocriniens. L’oxydation par les UV ou par l’ozone
Le traitement primaire est une étape facultative. Dans de est la plus utilisée actuellement ;
nombreuses stations, le flux prétraité est directement envoyé vers – traitement de finition afin de diminuer au maximum les MES,
la phase de traitement secondaire. la DBO5, la DCO (filtre à sable), les teneurs en phosphore (précipi-
tation chimique)... ;
– traitement sur charbon actif utilisé pour éliminer par adsorp-
2.1.3 Traitement secondaire tion les molécules résistantes aux traitements biologiques (c’est le
À l’issue des traitements précédents, la majorité des polluants cas lorsque les STEP recueillent des eaux usées industrielles). Ce
est présente à l’état dissous. Le traitement secondaire de nature traitement élimine également couleurs et odeurs des rejets.
biologique a pour but d’éliminer les pollutions carbonée, azotée et
phosphorée. Il utilise la capacité auto-épuratrice de microorganis-
mes dédiés dont l’activité est améliorée en les plaçant dans des Un schéma de STEP est représenté sur la figure 2.
conditions optimales. De nombreux procédés peuvent être
utilisés [9] : boues activées, lit bactérien, lagunage, biofiltration,
disques biologiques, ... Selon le procédé choisi, les opérations de
maintenance seront fortement différentes : par exemple, tous les Eau à traiter
10 ans pour un lagunage, tous les ans pour une phytoremédiation.

2.1.3.1 Traitement de la pollution carbonée Dégrillage Dégrillat

Cette pollution est éliminée à l’aide de bactéries hétérotrophes en


milieu aérobie. Les composés polluants sont dégradés en molé- Sable Dessablage
cules simples dans un premier temps, puis ces dernières sont uti- Graisse Dégraissage
Surverse
lisées par les bactéries comme source d’énergie en présence Surverse d'orage
d’oxygène. Ces réactions assurent la multiplication des bactéries Bassin
tampon
engendrant une augmentation de la biomasse. Elle doit être extraite
régulièrement du réacteur afin de conserver un état d’équilibre. Le FeCl3 Boues
carbone issu de la pollution est soit transformé en biomasse, soit Air activées
en dioxyde de carbone.
La charge (massique ou volumique) est un paramètre de fonc- Boues
Clarificateur
tionnement particulièrement important. C’est le rapport entre la (vers traitement)
quantité de polluants à éliminer et la concentration en biomasse.
Les experts conseillent un fonctionnement à faible charge afin de Filtres à Eau de lavage
favoriser la nitrification des composés azotés. sable
Lavage

2.1.3.2 Traitement de la pollution azotée


Oxydation :
Le traitement des composés azotés se déroule en deux UV
étapes [11]. La première phase est la nitrification en milieu aérobie
(formation de nitrites puis de nitrates à partir de l’azote organique
et ammoniacal). Dans une seconde phase en conditions anoxiques, Rejet
les nitrates sont réduits en azote moléculaire en présence de car- eau industrielle
eau agricole
bone. La dénitrification peut avoir lieu soit dans un réacteur situé
en amont du réacteur aéré pour bénéficier de l’apport de carbone Figure 2 – Schéma de principe d’une STEP

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2.1.5 Procédés annexes Il existe une réglementation stricte concernant l’épandage


(arrêté du 8 janvier 1998). Les boues ne peuvent être épandues :
Il peut exister dans les STEP de nouveaux postes de traitement – si les teneurs en éléments-traces métalliques dans les sols
qui assurent l’amélioration de la qualité de service de l’usine : dépassent l’une des valeurs limites figurant au tableau 5 ;
– la désodorisation par adsorption sur tourbe, lavage des gaz ; – tant que l’une des teneurs en éléments ou composés-traces
– le traitement des graisses par hydrolyse biologique (puis organiques dans les boues excède les valeurs limites figurant au
retour au traitement primaire) ; tableau 6 ;
– le lavage des sables avant réutilisation. – dès lors que le flux, cumulé sur une durée de 10 ans, apporté
par les boues sur l’un de ces éléments ou composés excède les
valeurs limites figurant au tableau 6.
2.2 Traitement des boues Il convient de noter que les boues ne doivent pas être épandues
sur des sols dont le pH avant épandage est inférieur à 6, sauf
Les boues à traiter sont constituées de la pollution particulaire lorsque les trois conditions suivantes sont simultanément
provenant du décanteur primaire et des boues biologiques en remplies :
excès provenant du clarificateur. Différentes étapes sont alors – pH des boues supérieur à 5 ;
nécessaires afin de les éliminer ou éventuellement de les valoriser : – boues ayant reçu un traitement à la chaux ;
– réduction de volume : épaississement gravitaire ou dynami- – flux cumulé inférieur aux valeurs du tableau 6.
que, déshydratation (filtration, centrifugation), digestion anaérobie
ou aérobie, séchage thermique ;
– réduction des nuisances olfactives : compostage ; 2.3 Autosurveillance
– réduction des germes pathogènes : chaulage, digestion aérobie
ou anaérobie ; L’autosurveillance, qui concerne l’ensemble du système d’assai-
– incinération. nissement, consiste à mesurer l’efficacité de l’épuration, à s’assurer
Il existe également des procédés innovants pour répondre aux du respect des seuils de rejet, de la bonne évacuation des sous-
nouvelles contraintes environnementales, mais ces technologies produits et de détecter les éventuels dysfonctionnements des ins-
n’offrent pas encore de retour d’expérience suffisant pour conclure tallations. Les paramètres généralement mesurés sont les
sur leur viabilité : stabilisation aux nitrites (alternative au chaulage), suivants : débits amont et aval, MES, DCO, DBO5, azote total, azote
oxydation par voie humide à température et pression élevées (alter- ammoniacal, nitrites, nitrates et phosphore. La fréquence des
native à l’incinération), pyrolyse (alternative à l’incinération). analyses est fixée par la réglementation et varie en fonction de la
taille des installations.
L’élimination des boues de STEP se réalise selon trois voies
principales : Par exemple, au quotidien pour une station de capacité supérieure
– l’épandage ; à 300 000 équivalents-habitants.
– la mise en décharge ;
– l’incinération dans un four dédié ou en co-incinération avec les Les préfectures peuvent renforcer les exigences de l’auto-
ordures ménagères. surveillance.

Tableau 5 – Valeurs limites de concentration en éléments-traces métalliques dans les sols


Métal Cd Cr Cu Hg Ni Pb Zn

Valeur limite ...............(mg/kg MS) 2 150 100 1 50 100 300

MS Matière sèche.

Tableau 6 – Seuils en éléments-traces et en composés-traces organiques dans les boues


(épandage hors pâturage)
Cr + Cu + Ni
Éléments Cd Cr Cu Hg Ni Pb Zn
+ Zn

Valeurs limites ..............................(mg/kg MS) 10 1 000 1 000 10 200 800 3 000 4 000

Flux cumulé sur 10 ans......................... (g/m2) 0,015 1,5 1,5 0,015 0,3 1,5 4,5 6

Composés PCB HAP1 HAP2 HAP3

Valeurs limites ..............................(mg/kg MS) 0,8 5 2,5 2

Flux cumulé sur 10 ans......................(mg/m2) 1,2 7,5 4 3

PCB polychlorobiphényl
HAP1 fluoranthène
HAP2 benzo (b) fluoranthène
HAP3 benzo (a) pyrène

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2.4 Réutilisation des eaux traitées L’ACV a été développée à l’origine pour analyser le cycle de vie
des produits puis des services. Son application aux procédés est
La loi sur l’eau de 2006 impose le rejet ou la réutilisation des eaux plus récente et présente des similitudes et des différences. Comme
collectées par les stations. Actuellement et dans le monde, seule- pour les produits, le procédé remplit une fonction qui dans le cas
ment 2 % des eaux traitées sont « recyclées ». La méthode des installations de traitement des eaux usées est l’épuration d’un
employée pour retraiter l’eau dépend à la fois de la qualité des eaux effluent. Il s’agit là de la fonction principale, à laquelle on peut
usées initiales et du type de réutilisation projeté [12]. adjoindre des fonctions secondaires, comme le traitement des
boues ou la désodorisation. Deux systèmes ne peuvent être
Si une désinfection classique suffit pour assurer l’arrosage d’un comparés que s’ils remplissent les mêmes fonctions.
golf ou de pelouses, plusieurs traitements sont obligatoires pour une L’unité fonctionnelle d’un procédé est plus délicate à définir que
utilisation industrielle ou agricole afin de supprimer polluants toxiques celle d’un produit, laquelle est basée le plus souvent uniquement
et germes pathogènes. sur un paramètre de quantité. Dans le cas du procédé, la quantité
de produit fabriqué ou de flux entrant traité ainsi que la taille de
Techniquement, l’eau recyclée peut être utilisée comme source l’installation ont aussi leur importance. Le flux de référence d’une
d’eau potable, c’est le cas à Windhoek (Namibie), Goulburn station d’épuration est défini à partir de plusieurs grandeurs (DCO,
(Australie) ou Singapour, mais le frein psychologique de la popula- MES, azote). La capacité et la qualité de dépollution doivent être
tion subsiste. prises en compte comme cela a été mentionné précédemment. Les
spécifications à respecter dépendent non seulement des limites de
En France, cette option n’est pas encore envisagée. L’eau
rejet mais aussi des rendements épuratoires (§ 1). Il s’agit de limites
retraitée est quelquefois utilisée pour arroser des golfs, des pelou-
de rejet à ne pas dépasser sous peine d’amendes et non de
ses, pour irriguer des cultures ou sert à un usage industriel.
consignes fixes. Une installation est dimensionnée à la fois pour
des caractéristiques moyennes de temps sec mais aussi pour
pouvoir supporter des conditions moins favorables comme le
temps de pluie dans le cas d’un réseau unitaire. Dans les premiers
3. Analyse de cycle de vie temps d’application de l’ACV, la localisation de l’objet analysé
n’était pas prise en compte. Cela est de moins en moins le cas du
Selon les normes ISO 14040 à 14043 [13] [14] [15] [16], une ana- fait de l’amélioration de la régionalisation des bases de données
lyse de cycle de vie se déroule suivant quatre étapes : la définition concernant l’énergie et les matériaux. La performance environne-
des objectifs, l’inventaire, l’analyse des impacts et l’interprétation. mentale d’une filière de traitement des eaux usées est liée à son
emplacement géographique. Ainsi, les normes de rejet à respecter
dépendent de la localisation (zones sensibles, rejet dans un cours
d’eau avec un débit d’étiage, comme précisé dans le tableau 3). Si
3.1 Définition des objectifs le mode de fabrication d’un produit ne dépend pas de la quantité
et du champ d’étude produite, la quantité d’eau usée à traiter influe sur le choix de la
technologie de traitement. À partir du concept de base de boues
Dans le cadre du traitement des eaux usées, l’utilisation possible activées, des technologies différentes sont proposées suivant la
d’une ACV peut être : taille de la communauté à laquelle l’installation est destinée. Des
– en interne : systèmes compacts sont proposés pour les installations de 100 à
10 000 habitants [9]. Pour les plus grosses installations, on organise
• l’amélioration de la performance environnementale de pro-
le procédé suivant plusieurs chaînes fonctionnant en parallèle en
cédés existants,
répartissant la charge à traiter entre ceux-ci.
• la conception de nouveaux procédés moins impactants pour Comme pour les produits, on distingue pour les procédés les
l’environnement afin d’orienter le choix entre plusieurs phases de construction, d’utilisation ou fonctionnement et de
technologies ; démantèlement, qui définissent les limites temporelles du système.
– en externe : Il est important de préciser la durée prévue d’utilisation afin
• la communication auprès du public, d’affecter un poids réaliste aux impacts de ces trois phases. Une
opération sur 20 ans, sans rénovation majeure du gros œuvre
• une réponse à une nouvelle réglementation (quota CO2), semble être un bon compromis [17] [18] [19].
• l’enrichissement des propositions technico-économiques lors Certains éléments tels que des pompes ou des compresseurs
de la réponse à un appel d’offre. peuvent avoir à être remplacés pendant ce laps de temps. La phase
Cette première étape de définition est primordiale. En partant du de construction incorpore les travaux d’excavation, de transport
principe qu’une ACV s’applique par comparaison, on distingue des déblais, de production des matériaux (béton, acier, etc.) etc.
donc deux principaux objectifs : Dans le cas d’une installation réelle et bien que l’on dispose de ses
plans, il est souvent difficile d’obtenir une valeur précise de la
– l’évaluation, sur un même procédé ou scénario, des différentes
quantité de béton ou d’acier utilisé dans les ouvrages. Cela est
phases de son cycle de vie (construction, opération, démantèle-
d’autant plus délicat lorsqu’il s’agit d’un projet nouveau. Un calcul
ment) ou des différentes unités qui le compose, afin de déterminer
simple peut être effectué à partir des volumes et des formes. La
laquelle est la plus polluante ;
phase de démantèlement pose aussi des problèmes. Il existe peu
– la comparaison de plusieurs scénarios ayant la même fonction de données [20]. Souvent d’ailleurs une STEP est rénovée, à la suite
afin de déterminer la meilleure technologie en terme d’impact sur d’un durcissement de la réglementation ou d’une augmentation du
l’environnement. Il peut s’agir notamment de comparer une instal- bassin de collecte, plutôt que complètement détruite. Certains
lation existante à un projet basé sur une nouvelle technologie ouvrages peuvent changer de destination (par exemple, décanteurs
n’existant qu’à l’échelle pilote. primaires transformés en bassins d’orage). De plus, les techniques
On définit aussi lors de cette étape la base de comparaison, de recyclage des décombres évoluant, il est difficile de prédire ce
c’est-à-dire l’unité fonctionnelle. La méthode d’évaluation des qu’elles seront dans une vingtaine d’années. Il apparaît que la
impacts doit être choisie et ce choix doit être si possible argu- phase d’utilisation d’un procédé est souvent la plus impactante [10]
menté. Le destinataire de l’étude est également spécifié. Dans le [17] [21] [22]. Certaines situations peuvent cependant amener à
cas d’une STEP, ce peut être une municipalité, une administration considérer la phase de construction plus en détail, comme dans le
(par exemple, DRIRE), une agence de bassin, etc. L’étude peut cas des installations complètement enterrées, pour lesquelles les
avoir une finalité purement interne à une société. travaux d’excavation sont lourds. Certains systèmes demandent

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peu d’énergie ou de réactifs lors de leur utilisation (comme les ment, réacteurs, moteurs, pompes, tuyauteries, etc. à partir des
lagunes ou les filtres plantés de macrophytes) et le poids relatif de matières premières... à leur utilisation (énergie)... à leur rejet [23]
leur phase de construction peut devenir important. [24] [25].
Les frontières physiques du système à étudier doivent être défi- Nous donnons ci-après les modes d’obtention des principales
nies afin d’inclure tous les processus qui influent significativement matières premières nécessaires à la fabrication ou au fonctionne-
sur les résultats de l’analyse. Les flux entrants et sortants du ment d’une STEP et ne développons qu’un seul exemple.
système doivent être définis. La norme (ISO 14041) préconise l’uti-
lisation de flux élémentaire, c’est-à-dire puisé dans l’environne- 3.2.2.1 Chaux
ment sans transformation humaine ou rejeté dans l’environnement
sans transformation ultérieure. Cependant dans la pratique, on doit La chaux est issue du calcaire (CaCO3) le plus pur possible
rechercher un compromis entre le temps nécessaire à la réalisation (moins de 3 % d’impuretés). La roche est chauffée dans des fours à
de l’étude, les moyens mis en œuvre et les données auxquelles il chaux à une température d’environ 900 oC ; il y a alors transforma-
est possible d’accéder. On peut différencier deux types de flux : les tion de la roche en chaux vive ou oxyde de calcium (CaO) avec
flux fonctionnels, liés à la fonction, comme l’eau usée entrante et évacuation du gaz carbonique. Ensuite, la chaux vive est éteinte
des flux de fonctionnement (énergie, réactifs tels que floculants, par hydratation pour fournir de l’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2),
chaux, chlorure ferrique). Dans le cas de systèmes centralisés, on dénommée chaux aérienne (ou chaux grasse).
peut considérer que la frontière « amont » du flux fonctionnel prin-
cipal (eau usée) se situe à l’interface avec le réseau d’assainisse- CaCO 3 → CaO + CO 2
CaO +H2O → Ca (OH)2
ment (en général, le poste de relevage des eaux). La frontière
« aval » se situe au point de rejet dans le système naturel. La situa-
tion est différente si l’ACV s’applique à des systèmes décentralisés
(traitement dit « à la source » ou réseau de petites unités de traite- 3.2.2.2 Ozone
ment). Dans ce cas la frontière « amont » peut se situer chez l’habi-
tant et le réseau d’assainissement doit être intégré au système. L’ozone est obtenu par l’action d’une décharge électrique sur de
l’air sec ou de l’oxygène. L’air est séché (température de rosée
< 50 oC) au moyen des équipements suivants : compresseur, réfri-
3.2 Inventaire gérant primaire, groupe frigorifique, dessiccateur. L’air passe
ensuite entre deux électrodes d’acier (électrode de masse refroidie
Dans la phase d’inventaire, on dresse d’abord un arbre précis du à l’eau, électrode centrale recouverte d’un diélectrique à forte per-
procédé, en définissant tous les entrants et les sortants. En fait, il mittivité) où ont lieu les décharges.
faut définir un arbre pour chaque période (construction, utilisation,
démantèlement). À partir de là, on établit les bilans (matière et 3 O2 → 2 O3
énergie). Cette étape est la plus lourde, car on s’aperçoit vite que
de nombreuses données sont difficilement accessibles. De façon 3.2.2.3 Ciment
générale, il faut se souvenir que toute donnée, toute hypothèse
Le ciment est le matériau universel pour construire les ouvrages
doit être consignée et documentée. Les sources (terrain, littérature,
de génie civil. Il est issu de la cuisson à température élevée
experts) doivent être indiquées, ainsi que leur domaine de validité
d’oxyde de calcium issu de la calcination de son carbonate, de la
géographique, leur âge et leur précision, afin que l’on puisse en
silice, de l’alumine et de l’oxyde de fer (figure 3).
évaluer la qualité. En effet, pour que l’ACV soit diffusable au grand
public, un rapport précis doit être réalisé. Il est examiné par un
expert externe (revue critique).

Calcaire + argile
3.2.1 Collecte des données
L’ACV s’applique a priori ou a posteriori. Une ACV a priori Eau
Voie Voie
s’adresse à une installation à l’état de projet, qui n’existe donc pas humide sèche
encore ou alors uniquement à l’échelle pilote. Il s’agit alors
d’extrapoler les données en faisant appel à une étape de modélisa- Broyage Concassage
tion et de simulation. Une ACV a posteriori utilise les données col-
lectées sur un site réel en fonctionnement. Compte tenu de la
variabilité de la quantité et de la qualité des eaux usées, il convient Délayage Broyage
d’utiliser des valeurs moyennes sur une ou plusieurs années. Un
tel horizon permet de s’affranchir des variations liées à la météoro-
logie, notamment dans le cas de réseaux d’assainissement unitai- Stockage Homogénéisation
res. L’utilisation de valeurs moyennes obtenues sur plusieurs sites
est par contre à proscrire. Les performances d’une même filière
peuvent être très différentes d’un site à l’autre. Une généralisation Cuisson
hâtive peut conduire à des résultats contradictoires entre les
études, ce qui a été le cas dans le passé. Cela est préjudiciable à la
confiance accordée à la méthodologie ACV par les destinataires Refroidissement
des études. Dans le cas des STEP, s’il est relativement facile de se
ramener au même débit de référence entre deux sites, la Cendres volantes
composition des eaux usées est elle différente et influe sur les Clinker Gypse
Laitier
performances observées sur les deux sites.
Broyage
3.2.2 Fabrication des « matières premières »
des STEP
Stockage
L’ACV traitant un problème du berceau à la tombe, il convient de
s’intéresser à la fabrication des unités de production ou de traite- Figure 3 – Fabrication du ciment

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L’industrie cimentière est consommatrice d’énergie (30 à 40 % 3.2.2.6 Polychlorure de vinyle


des coûts de production).
Les combustibles peuvent être le coke de pétrole (39 %), le Le PVC est synthétisé par polymérisation de son monomère pro-
charbon (36 %), le mazout (7 %), le lignite (6 %), le gaz (2 %) et duit par réaction entre le chlore et l’éthylène (figure 4).
divers déchets (10 %) comme les pneumatiques ou les boues de
STEP. 3.2.2.7 Polypropylène
Les principales étapes chimiques de préparation du ciment sont
les suivantes : Le PP est issu de la polymérisation du propylène obtenu à partir
du pétrole après vapocraquage du naphta (figure 5).
– production d’aluminate monocalcique, de silicate bicalcique et
de chaux :
3.2.2.8 Aluminium
CaCO3 + Al2O3 → CaO.Al2O3 + CO2 (réaction à 600 ° C )
Le minerai utilisé pour produire l’aluminium est la bauxite (alu-
CaCO3 + SiO2 → CaO.SiO2 + CO2 (réaction à 750 ° C ) mine mono ou tri hydratée + oxydes de silicium, fer, titane, cal-
CaCO3 → CaO + CO2 (réaction à 900 ° C ) cium). Après broyage et digestion à chaud en milieu sodique de la
bauxite (cycle Bayer), l’hydrargillite est cristallisée puis calcinée
– production d’aluminate et de silicate tricalciques : dans des fours pour donner l’alumine qui est ensuite électrolysée
en aluminium métallique.
2 CaO + CaO.Al2O3 → (CaO)3 .Al2O3 (réaction à 1 00
00 ° C ) Al2O 3 , 3 H2O + 2 NaOH → 2 AlO 2Na + 4 H2O
Al2O 3 , H2O + 2 NaOH → 2 AlO 2Na + 2 H2O
2 CaO + 2 CaO.SiO2 → (CaO)3 .SiO2 (réaction à 1 300 °C )
Par refroidissement, la réaction est inversée et fournit de
Aluminate et silicates tricalciques finement broyés forment le l’hydrargillite Al2O3 , 3H2O qui est ensuite calcinée à 1 050 oC pour
clinker. produire l’alumine.

3.2.2.4 Chlorure ferrique Al2O 3 , 3 H2O → Al2O 3 + 3 H2O


Le chlorure ferrique est synthétisé en solution par oxydation du
fer ferreux (obtenu par l’attaque de ferrailles par l’acide chlor- L’alumine est dissoute dans un électrolyte fondu composé prin-
hydrique) par le chlore (produit par électrolyse du chlorure de cipalement de cryolythe (AlF3 , 3NaF) ; la réaction de production de
sodium). l’aluminium métallique par électrolyse est la suivante (électrode
consommable en carbone) :
NaCl → Na + 1/ 2 Cl2
Fe + 2 H+ → Fe++ + H2 2 Al2O 3 + 3 C → 4 Al + 3 CO 2
2 Fe++ + Cl2 → 2 Fe+++ + 2 Cl–

L’attaque acide directe de minerai de fer est de plus en plus


employée. Le chlorure ferrique est également préparé anhydre par
attaque de ferrailles par le chlore vers 500-700 oC.
Pétrole NaCl
3.2.2.5 Fonte/acier Raffinage
Électrolyse
La fonte est obtenue par réduction de l’oxyde ferrique au moyen Naphta
de coke dans un haut fourneau. C’est un alliage principalement
Vapocraquage Cl2 NaOH
constitué de fer et de carbone (environ 3,5 %). Les différentes
étapes sont les suivantes : Éthylène
– dessiccation du minerai de fer ;
Synthèse du monomère
– réduction de l’oxyde Fe2O3 en magnétite FeO puis en fer par
l’oxyde de carbone :
Chlorure de vinyle
3 Fe2O 3 + CO → 2 Fe3O 4 + CO 2
Polymérisation
Fe3O 4 + CO → 3 FeO + CO 2
PVC
FeO + CO → Fe + CO 2

– carburation du fer :
Figure 4 – Fabrication du PVC

3 Fe + 2 CO → Fe3C +CO 2

– formation de la fonte et du laitier.


La fonte est ensuite épurée dans un convertisseur par injection Raffinage Vapocraquage
Pétrole Naphta Propylène
d’oxygène. L’acier dit sauvage est ainsi obtenu (0,15 à 0,85 % de
carbone). Ce type d’acier peut également être obtenu par traitement Polymérisation
sous oxygène et sous arc électrique des vieilles ferrailles (filière
électrique). Il est ensuite mis à nuance (opération d’affinage) par PP
addition de divers autres métaux (3 000 nuances existent actuelle-
ment pour les divers usages de ce matériau). La mise en forme a
ensuite lieu par laminage. Figure 5 – Fabrication du polypropylène

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3.2.3 Exemple d’inventaire pour l’acier des résultats de l’inventaire du cycle de vie pour chaque catégorie
sélectionnée.
Les données du tableau 7 sont relatives à la production d’1 kg
d’acier [26]. Dans le cas de l’épuration des eaux usées urbaines, la variété
dans le choix de technologies pour élaborer ces filières (§ 2 Épura-
tion des eaux urbaines) engendre des impacts environnementaux
3.3 Analyse des impacts différents ou d’intensités variables [10]. Parmi l’ensemble des
impacts (présentés dans le tableau 8 et décrits dans l’article [27],
L’analyse des impacts se déroule en trois grandes étapes : la seules quelques unes des catégories d’impact causées par les
classification, la caractérisation et l’évaluation globale [27]. Dans la stations d’épurations en exploitation sont détaillées.
norme ISO 14042 [15] qui mentionne les lignes directrices de cette
analyse, les deux premières étapes sont obligatoires tandis que la Catégorie d’impact [15] : classe représentant les points envi-
troisième étape est facultative. Ces trois étapes sont décrites suc- ronnementaux étudiés dans laquelle les résultats de l’analyse
cinctement ci-après et détaillées dans les dossiers [G 5 605] de l’inventaire du cycle de vie peuvent être affectés.
réf. [27], [G 5 610] réf. [28], [G 5 615] réf. [29].

3.3.1 Classification ■ Consommation des ressources naturelles non renouvelables


La classification comprend le choix des catégories d’impact à Les ressources naturelles définissent les produits (matières et
évaluer en fonction des objectifs de l’étude ainsi que l’affectation énergies) dont l’homme a besoin pour assurer son développement

Tableau 7 – Inventaire pour la production d’1 kg d’acier

Groupe Substance Quantité Groupe Substance Quantité

Entrants Sortants (suite)

Électricité 3,3 MJ HAP 0,1 mg


Émissions gazeuses
Énergie Pétrole 3,1 MJ Poussières 1,5 g

Gaz naturel 4,8 MJ Particules 11,7 mg

Charbon 517 g Déchets dangereux 1,6 g


Résidus solides
Ressources Calcaire 162 g Déchets industriels 96,4 g

Minerais de fer 2 170 g Déchets minéraux 1 100 g

Sortants Al 0,5 mg

As 19 ng As 2 mg
CH4 4g Cl 181 mg
CO 0,05 g DCO 25,6 mg

CO2 1 180 g Cr 49 mg

Cr 0,4 mg Cu 0,1 mg

Cu 0,2 mg F 2 mg
Hydrocarbures 62,6 mg Fe 7,2 mg

HCl 41,8 mg Rejets liquides Mn 3,1 mg


Émissions gazeuses
HF 56,2 mg Ni 0,1 mg

Hg 0,03 mg NH3 5,2 mg


Mn 3,1 mg Pb 0,4 mg
Ni 0,4 mg P total 0,4 mg

Pb 0,5 mg SO –4 259 mg

Zn 3,7 mg Sr 5,2 mg

NOx 1,5 g Zn 1 mg
SO2 1,5 g MES 43,3 mg

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Les objectifs d’une station d’épuration sont la lutte contre la pol-


Tableau 8 – Classement des impacts [30] lution des eaux due aux activités humaines (domestiques et indus-
trielles) et la protection des populations. En effet, elle constitue un
Facteur Échelle outil d’hygiénisation destiné à écarter les risques pathogènes. Ces
Catégorie
de dommage géographique stations sont élaborées de façon à traiter et contrôler les rejets des
eaux usées dans le milieu aquatique avec obligation de respecter
Consommation globale les normes de rejet pour toutes substances toxiques. Cependant,
des ressources naturelles les effets potentiels de ces effluents urbains ne sont pas négli-
non renouvelables geables (tableau 9).

Consommation globale ■ Nuisances (odeurs et bruits)


Épuisement des ressources naturelles ou régionale Par l’émission de substances nauséabondes tels que l’ammoniac,
des ressources renouvelables le sulfure d’hydrogène, les mercaptans, etc., les STEP peuvent être
naturelles à l’origine de nuisances olfactives. Les principales sources d’odeur
Consommation d’eau globale sont l’arrivée des eaux usées et tous les traitements en bassin
ou régionale ouvert.
Les STEP peuvent être également sources de nuisances sonores
Consommation d’espace globale
dues aux fonctionnements de moteurs, d’appareils électro-
ou régionale
mécaniques et du trafic routier.
Toxicité humaine locale ■ Changement de climat (effet de serre)
L’effet de serre, phénomène naturel, s’est amplifié par l’augmen-
Pollution photochimique locale tation de la concentration atmosphérique moyenne de diverses
substances d’origine anthropique. Ces gaz à effet de serre (GES)
Nuisance olfactive locale sont responsables du réchauffement climatique (augmentation de
Santé humaine 0,5 oC depuis 100 ans). Le Groupe Intergouvernemental d’Experts
Nuisance sonore locale sur le Climat (GIEC ou IPCC en anglais) travaille sur cette probléma-
tique. Les études sur la contribution à l’effet de serre distinguent
Nuisance visuelle locale deux types d’émissions de CO2 : celles provenant d’un cycle de car-
bone long et celles provenant d’un cycle de carbone court comme
Radiation locale par exemple issues de la matière organique. Ces dernières ne sont
généralement pas comptabilisées dans l’estimation de l’augmenta-
Changement climatique globale tion de l’effet de serre par les différentes méthodes considérant que
l’impact net sur l’effet de serre est nul. Cependant, les stations
Destruction de la couche globale d’épuration biologique émettent de grandes quantités de CO2
d’ozone stratosphérique biogène provenant de l’oxydation de la pollution carbonée. De ces
mêmes bassins biologiques est émis de l’oxyde nitreux (N2O)
Acidification régionale appartenant aux six principaux GES (établis par le protocole de
Kyoto). La combustion d’énergies fossiles (due aux transports, au
Eutrophisation locale mode de production électrique et à la fabrication des divers réactifs
Qualité des utilisés) participe également fortement aux émissions du CO2 .
écosystèmes Écotoxicité aquatique locale
marine ou en eau douce ■ Acidification
L’acidification est une diminution du pH par dépôts de gaz acides
Écotoxicité terrestre locale
(oxydes de soufre, oxydes d’azotes, ammoniac, acide chlor-
ou régionale
hydrique, ...) dans le sol et dans les eaux entraînant des mortalités
de certains organismes sensibles, des carences nutritives, des aug-
Altération physique globale
mentations de la teneur en espèces toxiques et des déséquilibres
(désertification ;
du rapport calcium/aluminium.
déforestation)
Lors de l’épuration des eaux, cet impact peut être induit par le
traitement des boues dans le cas de l’incinération (dégagement de
NOx et SOx) ou du chaulage (rejet d’ammoniac).
et qu’il obtient en les prélevant dans l’environnement. La notion de
non renouvelable est représentée par le rapport entre les quantités ■ Eutrophisation
des réserves disponibles sur les quantités extraites de ces res- Le problème particulier des procédés de traitement de déchets
sources par les activités humaines. (qu’ils soient liquides, solides ou gazeux) est qu’ils ont par essence
Exemple : les ressources énergétiques non renouvelables sont le un effet bénéfique sur l’environnement. Cela doit être rendu visible.
pétrole, le gaz naturel, le charbon et l’uranium. Les matières minéra-
les sont également non renouvelables mais certaines peuvent être L’eutrophisation d’un écosystème aquatique se produit
recyclées. lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives assimilables
par les algues (phosphore et azote). Celles-ci prolifèrent et
Dans le cas du traitement des eaux, les procédés peuvent être asphyxient les cours d’eau entraînant un déséquilibre des
énergivores et utilisateurs de réactifs (chlorure ferrique, chaux, ...). cycles biogéochimiques.
Cet impact dépend donc des quantités de matières consommées
par le système.
L’eutrophisation est un impact particulier puisque l’une des
■ Toxicité humaine/Écotoxicité fonctions de l’épuration des eaux usées est d’éviter cet impact par
Ces deux notions vont de paire puisqu’elles font référence à tout l’élimination des substances chimiques azotées ou phosphorées.
ce qui peut se révéler toxique pour l’environnement (homme, En fonction des différents traitements réalisés par la STEP qui
faune, flore). influencent les rendements épuratoires, cet impact est plus ou

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Tableau 9 – Effets potentiels des effluents urbains [31]


Environnement ou santé Effets potentiels

• Augmentation des concentrations d’éléments nutritifs (azote, phosphore)


et des concentrations de substances toxiques
• Épuisement de l’oxygène attribuable à la décomposition des matières végétales
• Transparence réduite de l’eau
• Érosions des berges du lit des cours d’eau qui provoque un augmentation des MES
Effets sur l’environnement : qualité de l’eau
• Inondations
et des sédiments
• Sédimentation causée par la variation des débits
• Réduction de la quantité d’oxygène dissous
• Augmentation de la température ambiante de l’eau
• Valeur esthétique réduite
• Augmentation des concentrations de pathogènes

• Changements dans la composition, l’abondance et la diversité des espèces


• Augmentation de la croissance des plantes nuisibles immergées
Effets sur l’environnement : plantes
• Nombre accru de fleurs d’eau qui sont parfois toxiques
• Bioaccumulation de contaminants/substances toxiques

• Changements dans la composition, l’abondance et la diversité des espèces


• Modification des disponibilités alimentaires
• Mortalités massives des poissons
• Troubles de la reproduction et du développement, malformations et mortalités
embryonnaires
• Bioaccumulation et bioamplification des contaminants toxiques
• Perturbation des fonctions thyroïdiennes et immunitaires chez les oiseaux piscivores
Effets sur l’environnement : animaux
• Féminisation des oiseaux et reptiles males
• Pertes d’habitat et affouillement
• Dérives vers l’aval des invertébrés vivants au fond des cours d’eau
• Envasement des frayères
• Blocages des voies de migration ou évacuation par les sédiments accumulés
• Remplacement des poissons d’eau froide par des poissons d’eau chaude
• Concentrations accrues de pathogènes dans les mollusques filtreurs

• Risques pour la santé liés à la consommation d’eau de poisson, de crustacés ou de


mollusques contaminés
• Problèmes d’odeur et de goût de l’eau potable
Effets sur la santé humaine
• Risques pour la santé liés à la présence de déchets sur les plages
• Risques pour la santé liés à une exposition à de l’eau ou à des sédiments
contaminés pendant les loisirs

moins élevé. L’implantation d’une STEP va ponctuellement aug- 3.3.2 Caractérisation


menter la concentration en azote et en phosphore dans le cours
d’eau, même si la STEP respecte la réglementation. Par ailleurs, La caractérisation convertit les résultats de l’analyse de l’inven-
les utilités nécessaires au fonctionnement de la STEP vont être une taire affectés à une catégorie d’impact, en un indicateur de cette
source potentielle d’eutrophisation. Cependant, il y aura un gain catégorie (point environnemental).
global si on prend comme référence l’impact qu’aurait eu le rejet
s’il n’y avait pas eu de traitement. Comme pour les flux, on peut Pour réaliser cette caractérisation, différentes méthodes ont été
définir deux types d’eutrophisation : eutrophisation fonctionnelle développées dans un secteur spécifique de l’ACV appelé LCIA (Life
et eutrophisation de fonctionnement. Cycle Impact Assessment ). Ces méthodes permettent la transfor-
mation des flux entrants et sortants en fonction de coefficients qui
■ Toxicité et écotoxicité leur sont propres. Les méthodes présentées dans le tableau 10
Il reste difficile de prendre en compte un certain nombre de (non exhaustif) permettent d’analyser différents impacts avec des
substances toxiques susceptibles d’être présentes dans les systè- possibilités d’agrégation d’impacts donnant des résultats plus ou
mes de traitement des eaux usées, car elles ne sont pas présentes moins robustes selon les données collectées. Pour valider les
dans les bases de données. Il s’agit notamment : résultats de calcul d’impact, une des stratégies est d’utiliser plu-
sieurs méthodes et voir si ces résultats convergent tout en restant
– des caractéristiques telles que les MES, la DCO ou la DBO5 ; attentif sur la façon de calculer ces impacts. En effet, certaines de
– des pathogènes (virus, bactéries, protozoaires) ; ces méthodes évaluent uniquement des indicateurs de flux (cas de
– des micropolluants organiques reconnus comme perturbateurs Ecopoint 97), d’autres estiment des catégories d’impact à partir
ou ceux d’origine pharmaceutique ou provenant des produits des indicateurs de flux (CML2001, EDIP’97, TRACI) et enfin quel-
d’hygiène personnelle. ques-unes peuvent aller jusqu’à la quantification des facteurs de
Il faut d’ailleurs reconnaître, qu’il est difficile non seulement de dommage par agrégation des impacts (Éco-Indicator 99, EPS2000).
trouver les composés des deux dernières catégories dans les bases Ces dernières méthodes intègrent l’évaluation globale des impacts
de données, mais aussi d’établir leurs bilans matière sur l’installa- (§ 3.3.3). Par ailleurs, si les différentes méthodes donnent des
tion car on ne connaît pas toujours leur devenir. résultats assez cohérents (même si les catégories d’impacts n’ont

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Tableau 10 – Méthodes d’évaluation des impacts [32]


CML2001 Éco-indicator 99 Écopoint 97

Destruction de la couche d’ozone Qualité de l’écosystème Cd (air)


Changement climatique Acidification & eutrophisation Cd (eau)
Potentiel d’acidification Écotoxicité CO2
Potentiel d’eutrophisation Occupation des sols DCO
Écotoxicité aquatique (eaux douces) Total (qualité de l’écosystème) Cr (eau)
Toxicité humaine Cu (eau)
Occupation des sols Santé humaine Poussières
Écotoxicité aquatique marines Substances cancérigènes Hg(air)
Oxydation photochimique Changement climatique Hg(eau)
Ressources Rayonnement ionisant Fort rayonnement
Écotoxicité terrestre Destruction de la couche d’ozone Faible/moyen rayonnement
Écotoxicité des sédiments d’eau douce Effet respiratoire Métaux (sol)
Nuisances olfactives Total (Santé humaine) N
Écotoxicité des sédiments marins NH3
Rayonnement ionisant Ressources Ni (eau)
Énergie fossile Nitrate (sol)
Extraction de minerais COVNM
Total (Ressources) NOx
Couche d’ozone
Pb (air)
Pb (eau)
Pesticides (sol)
SOx
Déchets
Déchets spéciaux
Zn (air)
Zn (eau)
Laitiers/Cendres

EDIP’97 EPS2000 TRACI

Accidents Accroissement des zones de cultures Destruction de la couche d’ozone


Allergie Diminution des réserves Réchauffement de la planète (GES)
Cancer Production de poissons et de viandes Acidification
Dommage au système nerveux Espérance de vie Substances cancérigènes
Dommage au système reproductif Mortalité Critère de non-cancérogénicité
Trouble de l’audition Nuisance Eutrophisation
Travaux répétitifs Capacité de production d’eau potable Formation de « Smog »
Acidification Capacité de production d’eau d’irrigation Écotoxicité
Écotoxicité aquatique aiguë chronique Mortalité sévère Énergie fossile
Écotoxicité chronique dans les sols Sévères nuisances Utilisation de l’eau
Écotoxicité dans une station d’épuration des eaux usées Acidification des sols
Réchauffement de la planète (GES) Extinction des espèces
Toxicité humaine/contamination aérienne Capacité de production de bois
Toxicité humaine/contamination des nappes souterraines
Toxicité humaine/contamination des sols
Enrichissement en substance nutritive
Formation d’ozone par photochimie
Destruction de la couche d’ozone
Occupation des sols
Ressources non renouvelables/métaux
Ressources non renouvelables/énergie fossile
Ressources renouvelables/bois

CML2001 http://www.leidenuniv.nl/interfac/cml/ssp/index.html
Éco-indicator 99 http://www.pre.nl/eco-indicator99/
Écopoint 97 http://www.umwelt-schweiz.ch/buwal/eng/fachgebiete/fg_produkte/umsetzung/oekobilanzen/index.html
Edip’97 http://ipl.dtu.dk/~mic/Projects.htm#EDIP97
EPS2000 http://eps.esa.chalmers.se/
TRACI http://epa.gov/ORD/NRMRL/std/sab/iam_traci.htm
GES gaz à effet de serre
COVNM composé organique volatil sans méthane

pas forcément la même dénomination) pour des catégories telles 3.3.3 Évaluation globale des impacts
que l’effet de serre, l’eutrophisation ou l’acidification, il n’en est Les objectifs de l’ACV sont :
pas de même pour ce qui relève de la toxicité humaine et de
l’écotoxicité [10]. – si l’ACV est réalisée sur une seule filière, de déterminer quel
est le procédé le moins respectueux de l’environnement ;

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des objectifs définis initialement (comparaison de plusieurs pro-


Tableau 11 – Évaluation globale cédés entre eux ou de sous-systèmes à l’intérieur d’un procédé
notamment). On rappelle aussi les limites des résultats, compte
Phase Description tenu des hypothèses que l’on a été amené à faire, en particulier du
fait de la non-disponibilité de certaines données.
Part relative d’un impact donné par rapport
Normation à la somme des impacts étudiés sur une aire
géographique et un temps donné
4. Exemple
Possibilité d’affecter un coefficient
Pondération Afin d’illustrer l’application de l’ACV à des installations de traite-
de pondération à chaque impact caractérisé
ment d’eaux usées par boues activées, un exemple basé sur la simula-
Tri et/ou classement par ordre de priorité tion de deux scénarios est proposé. L’analyse de cycle de vie a été
Groupement effectuée à partir de Simapro 6 (Préconsultants, Amersfoot, Pays-Bas).
des catégories d’impact

Quantification d’un « facteur de dommage » 4.1 Définition de l’objectif


Agrégation
(damage factor ) par agrégation des impacts
et du champ de l’étude
La finalité de cet exemple est de montrer l’importance du traite-
– si l’ACV est réalisée sur deux ou plusieurs filières, de répondre ment des boues dans le bilan environnemental du procédé global.
à la question : quel est le système d’épuration le plus respectueux L’objectif est de comparer deux systèmes d’épuration des eaux
de l’environnement ? usées qui diffèrent par leurs méthodes de traitement des boues
Pour atteindre ces objectifs, les indicateurs des catégories (digestion anaérobie ou stabilisation à la chaux). L’Unité Fonction-
d’impacts sont comparés ou classés les uns par rapport aux autres, nelle (UF) correspond au traitement du volume d’eau usée urbaine
critère après critère : travail fastidieux et limité à cause du nombre généré par un habitant en France pendant une année, à partir
important de critères à prendre en compte. d’une « production » journalière de 200 litres (tableau 12) (soit
La phase d’évaluation globale, s’appuyant sur des méthodes 73 m3 par an). Une analyse de sensibilité entre le traitement de
mathématiques d’analyse multicritère, permet de traduire et syn- cette eau usée concentrée avec celui d’une eau usée diluée (cor-
thétiser les résultats de l’ACV en paramètres décisionnels [27]. Des respondant à une production de 300 litres/jour par équivalent-
analyses de sensibilités et d’incertitudes doivent être effectuées habitant) à flux entrant égal sera également présentée.
pour conforter les résultats de l’analyse de l’ACV. Seule la phase d’opération de la STEP est prise en compte dans
l’étude. Elle tient compte du traitement des eaux résiduaires et de
3.3.3.1 Agrégation la stabilisation de boues (système principal), de la production de
Les indicateurs de catégorie d’impact calculés dans l’étape de l’électricité utilisée (évaluée selon le modèle énergétique français),
caractérisation peuvent être agrégés de façon partielle ou totale. de la fabrication des produits chimiques, du séchage ou du
Auparavant, ces indicateurs peuvent subir des traitements mathé- chaulage de boues et de l’épandage (destination finale de boues).
matiques présentés dans le tableau 11. Cette étape rassemble le transport des boues avec des camions
diesel d’une capacité de 16 t.km sur une distance de 30 km, le stoc-
Les méthodes d’agrégation utilisées sont issues de la discipline kage des boues et leur épandage (l’effet indirect de la substitution
de « l’aide à la décision multicritère ». De nombreuses méthodes des engrais synthétiques est considéré).
existent [30] et la difficulté est donc le choix de la méthode à
appliquer dans l’analyse de l’ACV. Rousseaux [27] propose trois Les scénarios ont été simulés à l’aide du logiciel GPS-X version
pistes de sélection d’une méthode d’analyse multicritère : 4.0.2 (Hydromantis, Hamilton, Canada). Les impacts ont été estimés
avec Simapro 6 à partir de la méthode CML 2 Baseline 2001. Les
– type de compensation entre les critères ; émissions causées par le stockage et l’épandage des boues sont
– choix des coefficients de pondération ; estimées à partir des données de littérature [2]. Le transport des
– étude de l’indépendance des critères. produits chimiques de leur lieu de fabrication jusqu’à la STEP est
3.3.3.2 Sensibilité et incertitude effectué avec les camions diesel d’une capacité de 16 t.km sur une
distance de 50 km. Pour le polymère ajouté comme aide lors de la
L’analyse de sensibilité consiste à faire varier certains paramètres centrifugation et l’épaississement des boues, on utilise l’inventaire
du problème tels que la composition ou le débit de l’eau usée proposé par Bengtsson [24]. Dans le scénario 1, on valorise sur site
entrant dans l’installation quand on utilise un modèle pour simuler le biogaz produit par le digesteur pour sécher les boues (brûleur
son comportement afin d’examiner l’effet de telles variations sur les conventionnel). Le traitement des odeurs, les nuisances sonores et
résultats. Certaines données d’inventaire, c’est-à-dire les quantités la surface au sol utilisée ne sont pas pris en compte, de même que
de matière et d’énergie sont, quant à elles, entachées d’incertitude. l’énergie consommée pour pomper les eaux usées depuis la fosse
C’est le cas lorsque l’on utilise des données collectées sur des sites de réception. On ne considère pas non plus les aspects de mainte-
réels et qui connaissent une variabilité due à la pluviométrie (cas nance des appareils et des ouvrages. Le dioxyde de carbone bio-
des installations connectées à des réseaux unitaires) ou des varia- gène et le protoxyde d’azote émis par le réacteur aérobie ne sont
tions de population. Dans le cas de l’utilisation d’un modèle de l’ins- pas considérés dans le calcul d’impact. On applique la même hypo-
tallation, les paramètres du modèle possèdent eux aussi une thèse pour les gaz d’échappement de l’unité de valorisation.
certaine incertitude. Il en est de même des modèles utilisés pour le
calcul des impacts. Il y a deux façons d’approcher la question : par
intervalles (valeur basse et valeur haute du paramètre en cause) et 4.2 Scénarios
par la méthode de Monte-Carlo, en supposant que les valeurs prises
par le paramètre en cause peuvent être représentées par une distri- Les scénarios (tableau 12), dimensionnés pour 100 000 équiva-
bution de probabilité (normale, log-normale, uniforme...). lent-habitants, comportent chacun une filière de traitement des
eaux et une filière de traitement des boues (figure 6).

3.4 Interprétation des résultats La filière de traitement des eaux est composée des unités
suivantes disposées en série : décanteur primaire, bassin biolo-
Dans cette étape, on analyse les résultats de l’inventaire et du gique à boues activées comportant une zone d’anoxie suivie d’une
calcul des impacts afin d’établir des recommandations en fonction zone aérobie, déphosphatation chimique, clarificateur. Dans l’unité

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Tableau 12 – Caractéristiques (débit et composition) des eaux usées à traiter


Eaux usées
Eaux usées diluées Charge massique
Paramètres concentrées Paramètres
(analyse de sensibilité) journalière
(cas de référence)
Débit ............................ (m3/j) 20 000 30 000
DCO ............................. (g/m3) 783 522 DCO ...........................(kg) 15 660
DBO5............................ (g/m3) 342 228 DBO5..........................(kg) 6 840
MES ............................. (g/m3) 450 300 MES ...........................(kg) 9 000
MVS............................. (g/m3) 270 180 MVS...........................(kg) 5 400
Azote total................... (g/m3) 75 50 Azote total.................(kg) 1 500
Azote ammoniacal ..... (g/m3) 48,75 32,5 Azote ammoniacal ...(kg) 975
Nitrates........................ (g/m3) 0 0 Nitrates......................(kg) 0
Phosphore total.......... (g/m3) 20 13,3 Phosphore total........(kg) 400
Phosphore soluble ..... (g/m3) 15 10,5 Phosphore soluble ...(kg) 300
MVS matière volatile en suspension

Décanteur Bassin Précipitation


Clarificateur
primaire biologique du phosphore
Chlorure
Méthanol Rejet en
Eau usée ferrique
à traiter rivière

Gaz
Polymère

Épaississeur
Centrifugeuse

Sécheur Digesteur
Boues
séchées
a traitement des boues par digestion anaérobie (scénario 1)

Décanteur Bassin Précipitation


Clarificateur
primaire biologique du phosphore
Chlorure
Méthanol Rejet en
Eau usée ferrique
à traiter rivière

Polymère

Épaississeur

Centrifugeuse

Chaux
Boues
b traitement des boues par chaulage (scénario 2)
chaulées

Figure 6 – Schémas des scénarios utilisés

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de déphosphatation chimique, la précipitation phosphore est


assurée par l’ajout de chlorure ferrique, sachant qu’environ 13 à Tableau 13 – Composition des effluents
15 % du phosphate entrant est éliminé par déphosphatation biolo- pour les deux scénarios
gique dans le bassin biologique. Une source de carbone externe
(méthanol) est rajoutée pour améliorer les performances de la déni- Valeurs
trification. Les boues récupérées au fond du clarificateur sont en maximales
grande partie recyclées en tête du bassin biologique. Scénario 1 Scénario 2
Paramètres de rejet
(digesteur) (chaulage)
La filière de traitement des boues est différente selon le scénario. (zone
Dans les deux cas, les boues activées en excès sont envoyées, sensible)
comme celles issues du décanteur primaire, vers un épaississeur.
Dans le scénario 1 (figure 6a ), ces boues épaissies sont dirigées
DCO..........................(g02/m3) 26,27 28,78 125
vers un digesteur anaérobie. Le gaz produit par cette unité
(mélange de méthane et de gaz carbonique) est utilisé pour le
DBO5 ........................(g02 /m3) 2,10 2,06 25
séchage des boues digérées, après leur déshydratation dans des
centrifugeuses. Pour ce scénario, les boues sont déshydratées
MES ............................ (g/m3) 6,06 5,14 35
jusqu’à une siccité de 30 %. Le sécheur est dimensionné pour les
amener à une siccité de 97 %. La vapeur surchauffée purgée est uti-
MVS ............................ (g/m3) 2,49 2,72
lisée pour maintenir la température du digesteur à 35 oC. Dans le
scénario 2 (figure 6b ), les boues épaissies sont centrifugées et
Azote total ................(gN/m3) 9,84 8,87 10
chaulées par ajout de 300 kg de chaux éteinte par tonne de matiè-
res sèches. Le processus de chaulage augmente le pH et la tempé-
Azote ammoniacal...(gN/m3) 2,06 0,35
rature des boues car la réaction est exothermique. Il augmente la
siccité et la masse des boues en permettant d’obtenir des boues
Nitrates .....................(gN/m3) 6,86 7,56
chaulées ayant une siccité de 30 % à partir de boues brutes ayant
une siccité comprise entre 16 % et 21 %. C’est cette dernière valeur
Phosphore total ....... (gP/m3) 0,76 0,62 1
qui a été retenue pour la simulation de l’unité de déshydratation.
En plus de l’hygiénisation des boues, le chaulage améliore la
Phosphore soluble .. (gP/m3) 0,387 0,38
qualité agronomique des boues (amendement calcique). Un déga-
zage des boues lié aux émissions d’ammoniaque est observé. On
trouve dans la littérature différentes valeurs pour ce taux d’émis-
sion. On a retenu celle de 1,4 kg de NH3/t de matières sèches, citée scénarios. Le tableau 13 permet de juger des écarts obtenus après
par Houillon [33] et Renou [10]. Dans chaque scénario, on ajoute du optimisation des conditions opératoires (tableau 14). Le dimen-
polymère lors de la centrifugation pour améliorer ses perfor- sionnement des unités communes aux deux scénarios (décanteur
mances. primaire, bassin biologique, bassin de déphosphatation, clarifica-
Les résidus liquides récupérés au niveau de l’épaississeur et des teur et épaississeur) est donné dans le tableau 15. Pour ces trois
centrifugeuses sont renvoyés en tête et mélangés, avant le tableaux, seules les informations les plus significatives sont
décanteur primaire, à l’eau usée (« retours en tête »). Les boues données.
séchées (scénario 1) ou chaulées (scénario 2) sont destinées à une
valorisation agricole, par épandage.
Le modèle utilisé dans le réacteur biologique à boues activées est
4.4 Résultats
le « New General Model » de GPS-X qui est basé sur le modèle de
Après une présentation globale des résultats obtenus, les
Dold [34]. Il résulte de la combinaison du modèle ASM1 [35] qui
impacts sont discutés individuellement. Une analyse de sensibilité
décrit le comportement des bactéries hétérotrophes et autotrophes
est ensuite menée en examinant l’effet d’une dilution de la pollu-
ne participant pas au traitement biologique du phosphore et du
tion (débit entrant plus élevé mais concentrations plus faibles). Un
modèle de Wentzel et coll. [36] pour les bactéries hétérotrophes
calcul d’incertitude sera enfin effectué en prenant le cas des émis-
impliquées dans ce traitement.
sions d’ammoniac lors du chaulage (scénario 2) et du stockage et
Le réacteur biologique est représenté par une cascade de de l’épandage (scénarios 1 et 2).
réacteurs parfaitement agités, chacun pouvant fonctionner en ana-
érobiose, en anoxie ou en aérobiose. Une alimentation en métha-
nol permet d’assurer une concentration suffisante en substrat 4.4.1 Comparaison globale des scénarios
rapidement biodégradable pour la dénitrification. L’oxygénation
des zones aérées du réacteur ainsi que le brassage dans les zones La comparaison globale des impacts des deux scénarios est pré-
non aérées nécessitent la fourniture d’électricité. sentée dans le tableau 16 (données chiffrées) et dans la figure 7 (en
termes de pourcentage).
La digestion anaérobie est représentée à l’aide du modèle
« basic » de GPS-X, qui est une version modifiée des modèles
proposés par Andrews [37] [38]. L’hydrolyse des matières organi- 4.4.2 Épuisement des ressources abiotiques
ques produit des acides gras volatils, du dioxyde de carbone et de
l’azote ammoniacal. La croissance des bactéries méthanogènes à Le scénario avec une stabilisation par digestion anaérobie a un
partir des acides gras volatils produit essentiellement du méthane impact légèrement plus important en terme d’épuisement des
et du dioxyde de carbone. Les variables d’état des modèles choisis ressources naturelles ou abiotiques que le scénario avec une stabi-
pour le réacteur à boues activées et le digesteur sont compatibles lisation de chaulage.
entre elles. Les phases gazeuse et liquide du digesteur se La production d’électricité est le sous-système qui a le plus
comportent comme des réacteurs parfaitement mélangés. d’impact, principalement à cause de l’aération. L’électricité pro-
duite à partir du charbon en cause la plus grande part avec 64,9 %
pour le scénario 1 et 44,5 % pour le scénario 2. Cela est dû au fai-
4.3 Inventaire ble pouvoir calorifique du charbon, bien que la part du nucléaire
dans la production de l’électricité soit de 76 %. La consommation
Il est extrêmement difficile d’obtenir des valeurs identiques en ce d’électricité est plus importante dans le scénario avec digestion
qui concerne la composition de l’effluent de la STEP pour les deux anaérobie à cause de l’ammonium, produit dans le digesteur et

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Tableau 14 – Paramètres opératoires des deux scénarios

Paramètre Scénario 1 (digesteur) Scénario 2 (chaulage)

Décanteur primaire

Débit entrant............................................................................ (m3/j) 20 000 20 000

Débit sortant............................................................................ (m3/j) 19 600 19 600

Débit d’extraction des boues primaires ............................... (m3/j) 400 400

Bassin biologique

Débit entrant............................................................................ (m3/j) 22 355 21 389

Débit sortant............................................................................ (m3/j) 44 710 427 789

Débit de recyclage interne de la liqueur


mixte ............................................................ (m3/j)/boues en excès 67 064 64 168

Débit du recyclage de la boue en excès .............................. (m3/j) 22 355 21 389

Débit méthanol........................................................................ (m3/j) 130 100

Consommation pompes...........................................................(kW) 32,7 31,2

Consommation aération...........................................................(kW) 1 810 1 192

Déphosphatation

FeCl3 ..................................................................................... (kg/Fe/j) 4 200 1 100

Clarificateur

Débit d’extraction des boues 2 252 1 350

Épaississeur

Débit entrant............................................................................ (m3/j) 2 706 1 784

Débit sortant............................................................................ (m3/j) 398 268

Débit d’eau de retour ............................................................. (m3/j) 2 308 1 517

NH4-N dans eau de retour ................................................ (gN/m3) 11,0 11,4

Digesteur

Débit entrant............................................................................ (m3/j) 398

CO2 ........................................................................................... (m3/j) 2 278

CH4 ........................................................................................... (m3/j) 3 177

Biogaz....................................................................................... (m3/j) 5 454

NH4-N dans eau de retour ................................................ (gN/m3) 758

Ajout de polymère

Polymère.................................................................................(g/m3) 57 3

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Tableau 15 – Dimensionnement des unités Tableau 16 – Comparaison des scénarios basée


sur les catégories d’impact
Dimension Valeur
Catégorie Scénario 1 Scénario 2
Unité
Décanteur primaire d’impact (digesteur) (chaulage)

Hauteur ........................................................(m) 4 Épuisement


des ressources kg Sb eq(*) 0,168 0,159
Surface....................................................... (m2) 500 abiotiques

Diamètre ......................................................(m) 25,23 Potentiel de


réchauffement kg CO2 eq 27,2 29,8
Épaisseur des murs de béton....................(m) 0,2 (GWP100)
Volume du béton ...................................... (m3) 167
Détérioration
Masse volumique du béton................ (kg/m3) 1 500 de la couche mg CFC-11 eq 4,68 5,23
d’ozone (ODP)
Masse du béton ............................................ (t) 250
Acidification kg SO2 eq 0,906 1,23
Bassin biologique
Eutrophisation
kg PO 3–
4 eq 0,752 0,723
Hauteur ........................................................(m) 4

Surface....................................................... (m2) 3 500 Oxydation


g C 2 H2 7,41 5,34
photochimique
Largeur.........................................................(m) 10
Toxicité
Longueur .....................................................(m) 350 kg 1,4-DB(**) eq 135 230
humaine
Volume....................................................... (m3) 14 000
Écotoxicité
Type de la base Rectangulaire aquatique kg 1,4-DB(**) eq 37,1 63,8
(eau douce)
Épaisseur des murs de béton....................(m) 0,2
Écotoxicité
Volume du béton ...................................... (m3) 577 aquatique t 1,4-DB(**) eq 32,4 38,2
marine
Masse du béton ............................................ (t) 865
Écotoxicité
Clarificateur kg 1,4-DB(**) eq 24,1 41,8
terrestre

Hauteur ........................................................(m) 4 * Sb = antimoine..


** 1,4-DB = 1,4 dichlorobenzène.
CFC chlorofluorocarbone
Surface....................................................... (m2) 3 800 GWP100 gaz warning potential sur une échelle de 100 ans
ODP ozone depletion potential
Diamètre ......................................................(m) 69,5

Épaisseur des murs de béton....................(m) 0,2


présent dans les « retours en tête ». Le chaulage des boues est le
Volume du béton ...................................... (m3) 943,6 deuxième sous-système qui contribue le plus à cet impact pour le
scénario 2 (25,6 %).
Masse volumique du béton................ (kg/m3) 1 500
4.4.3 Potentiel de réchauffement global
Masse du béton ............................................ (t) 1 415
Le scénario avec une stabilisation par chaulage présente un
Digesteur (1) potentiel de réchauffement global un peu plus important que celui
avec une stabilisation par digestion anaérobie. La production d’élec-
Hauteur ........................................................(m) 15,2 tricité à partir du charbon est le sous-système qui contribue le plus
à cet impact pour le scénario 1 (48,8 %), tandis que le chaulage de
Surface....................................................... (m2) 722 boues est celui qui contribue le plus pour le scénario 2 (47,9 %). La
précipitation du phosphore par le chlorure ferrique est le deuxième
Diamètre ......................................................(m) 30,3 sous-système qui contribue à cet impact pour le scénario 1 (20,3 %)
tandis que la production d’électricité à partir du charbon est en
Volume....................................................... (m3) 10 937 deuxième position dans le scénario 2 (30 %). Dans le scénario par
chaulage, on utilise moins de chlorure ferrique que dans le scénario
Type de la base Fond plat avec digestion anaérobie : ce dernier procédé induit un retour
(circulaire) important de phosphates dans les « retours en tête ».
Masse du béton ............................................ (t) 285 Le dioxyde de carbone est la substance qui contribue le plus à
cet impact avec 94,1 % et 95,6 %, respectivement, pour les scéna-
(1) Le dimensionnement du digesteur ne concerne que le scénario 1. rios 1 et 2. La répartition en pourcentages des charges en CO2 est
donnée dans le tableau 17.

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Épuisement des ressources abiotiques

Potentiel de réchauffement (GWP100)

Destruction de la couche d'ozone (ODP)

Toxicité humaine

Ecotoxicité aquatique (eau douce)

Ecotoxicité aquatique marine

Ecotoxicité terrestre

Oxydation photochimique

Acidification

Eutrophisation

0 20 40 60 80 100
Scénario 1 % de l'impact
Scénario 2

Pour chaque impact, la valeur 100 est attribuée au scénario pour lequel l’impact est le plus élevé

Figure 7 – Comparaison des scénarios en termes d’impact

31,3 % respectivement). Le scénario avec chaulage produit plus de


Tableau 17 – Contribution en pourcentages boues que le scénario avec digestion anaérobie. De plus, les boues
du dioxyde de carbone dans le potentiel issues du chaulage ont une siccité de 30 % tandis que celles qui
de réchauffement global sont issues du scénario avec digestion anaérobie sont séchées
jusqu’à une siccité de 97 %.
Chlorure La production d’électricité à partir du pétrole est le deuxième
Scénario Polymère Électricité Chaulage
ferrique sous-système qui cause le plus grand impact dans le scénario 2
(36 %). Le deuxième sous-système qui est à l’origine de la plus
Scénario 1 29,3 3,72 66,4 – grande part de cet impact dans le scénario 1 est la production du
polymère (20,5 %). La quantité de polymère utilisée dans la dés-
Scénario 2 5,93 < 0,2 43,1 49,6 hydratation est plus grande dans les scénarios avec digestion ana-
érobie que dans ceux avec du chaulage. En effet, la siccité des
boues déshydratées est 30 % et 21 % respectivement.
4.4.4 Destruction de la couche d’ozone La substance qui contribue le plus à cet impact est le bromotri-
fluro-méthane (Halon 1301) avec 100 % dans le scénario 1 et
Le scénario avec une stabilisation par la chaux éteinte participe 98,4 % dans le scénario 2. Les répartitions en pourcentage des
plus potentiellement à la destruction de la couche d’ozone que charges assignées à ce flux sont données dans le tableau 18.
celui avec une stabilisation par digestion anaérobie.
La production d’électricité à partir du pétrole cause la plus grande
partie de cet impact dans le scénario 1 (61,6 %), tandis que le trai- 4.4.5 Eutrophisation
tement final des boues est le sous-système qui en cause la plus Le scénario avec une stabilisation par digestion anaérobie cause
grande part dans le scénario 2 (37,8 %). Cela est dû à la légèrement plus d’eutrophisation potentielle que celui avec une sta-
consommation du diesel. Cette consommation est répartie entre le bilisation par chaulage. L’azote total est la substance qui contribue
stockage, le transport et l’épandage des boues (12,5 %, 56,2 % et le plus à cet impact avec 37,2 % et 35 % pour, respectivement, les

Tableau 18 – Contribution en pourcentages du Halon 1301


dans l’épuisement de la couche d’ozone
Traitement final
Scénario Chlorure ferrique Polymère Électricité Chaulage
des boues

Scénario 1 9,64 18 65,3 – 6,84

Scénario 2 1,92 <1 41,7 17,3 38,4

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ___________________________________________________________________________________________________________

95,1 % et 97,4 % pour les scénarios 1 et 2. Comme on ne peut pas


Tableau 19 – Contribution en pourcentages modéliser le devenir de ces métaux lors du traitement des eaux
des sous-systèmes responsables de la production usées, on a utilisé les valeurs limites données par la norme fran-
d’oxydes de soufre çaise. Ces teneurs sont données par rapport à la quantité des matiè-
res sèches (MS) des boues. La matière sèche est plus importante
Sous-système Scénario 1 Scénario 2 dans les scénarios avec chaulage des boues pour deux raisons. On
a vu que ce scénario produit plus de matière sèche que celui avec
Production d’électricité à partir digestion anaérobie. La seconde raison est que la siccité des boues
31,4 34,13
du charbon dans le scénario avec chaulage augmente après cette dernière
opération. Le tableau 20 donne la masse (en kg MS/UF) des
FeCl3 41 13,9 matières sèches dans les scénarios avant et après chaulage.
Le plomb représente la substance qui cause la plus grande part
Production d’électricité de cet impact, avec 64 % et 65,5 %, respectivement, pour les scé-
20,72 22,52
à partir du pétrole narios 1 et 2. Il est suivi, en ordre décroissant, par le nickel, le cad-
mium, le zinc et le cuivre.
Chaulage des boues – 21,6
4.4.9 Écotoxicité
Le scénario avec une stabilisation par la chaux éteinte est poten-
tiellement plus toxique que celui avec une stabilisation par diges-
Tableau 20 – Masse de matières sèches produites tion anaérobie en ce qui concerne l’écotoxicité des eaux douces et
(en kg MS/UF) eaux marines et l’écotoxicité terrestre.
Scénario Avant chaulage Après chaulage En ce qui concerne l’écotoxicité des eaux douces, le sous-
système qui cause la plus grande part de cet impact est aussi celui
Scénario 1 28,65 – du traitement final des boues à cause des métaux lourds contenus
dans les boues avec, respectivement, 97,9 % et 98,7 % pour les
scénarios 1 et 2.
Scénario 2 45,02 55,28
En ce qui concerne l’écotoxicité des eaux marines, la production
d’électricité à partir du pétrole est le sous-système qui cause la
plus grande part de l’impact dans le scénario 1 (57,9 %) à cause du
scénarios 1 et 2. Le phosphore total est la deuxième substance qui fluorure d’hydrogène. Le traitement final des boues est le sous-
contribue à cet impact dans les scénarios 1, et 2 avec 30,8 % et système qui cause la plus grande part de cet impact pour le scéna-
26,7 %. rio 2 (56,8 %) à cause des métaux lourds contenus dans les boues.
Inversement, les métaux lourds viennent en seconde position dans
le scénario 1 (36,4 %). La production d’électricité à partir du pétrole
4.4.6 Acidification
cause 30,8 % de cet impact, pour le scénario 2.
Le scénario avec une stabilisation par la chaux éteinte cause Pour l’écotoxicité terrestre, le sous-système qui cause la plus
potentiellement plus d’acidification que celui avec une stabilisation grande part de cet impact est aussi celui du traitement final des
par digestion anaérobie. boues à cause des métaux lourds contenus dans les boues avec,
La substance qui est responsable de la plus grande partie de cet respectivement, 99,6 % et 99,9 % pour les scénarios 1 et 2.
impact est l’ammoniac avec 75,7 % et 88,6 % respectivement, pour
les scénarios 1 et 2. Les oxydes de soufre contribuent pour 20 % et
4.4.10 Impacts évités par l’épandage
9,2 %, respectivement, pour les scénarios 1 et 2.
L’ammoniac est entièrement dû aux émissions à partir des boues L’effet fertilisant des boues du scénario avec une stabilisation par
durant la période de stockage dans le scénario 1. Les 88,6 % du scé- la chaux est plus grand que celui avec une digestion anaérobie. Le
nario 2 sont partagés entre 80,2 % qui sont directement émis durant tableau 21 donne les impacts évités lorsque l’on produit des boues
la période de stockage des boues et 8,4 % qui sont produits lors de chaulées ou séchées au lieu d’engrais chimiques classiques
l’opération du chaulage à cause du dégazage (à partir de l’hypo- (tableau 21). Les impacts évités les plus importants concernent
thèse de 1,4 kg de NH3 généré par tonne de matière sèche). Les oxy- l’acidification et l’oxydation photochimique, qui sont dus, dans le
des de soufre sont causés par la production d’électricité à partir du cas des engrais chimiques, au dioxyde de soufre émis lors de la
charbon et du pétrole et par la production de chlorure ferrique. fabrication d’engrais phosphatés. Sur la figure 8, on a représenté
un critère d’évitement (Cevit) calculé de la façon suivante :
4.4.7 Oxydation photochimique Impact évité
C evit = / 100
Le scénario avec une stabilisation par digestion anaérobie cause Impact scénario + Impact évité
potentiellement plus d’oxydation photochimique que celui avec qui permet de mieux visualiser ce que l’on gagne à utiliser les
une stabilisation par chaulage. boues de STEP.
Les substances qui contribuent le plus à cet impact sont les
oxydes de soufre avec, respectivement, 91 % et 84,7 % pour les scé-
4.4.11 Analyse de sensibilité et d’incertitude
narios 1 et 2. Les sous-systèmes qui sont responsables de la forma-
tion de ces substances sont donnés dans le tableau 19 avec leurs Une analyse de sensibilité a été effectuée en supposant une
contributions respectives. dilution de l’eau usée à l’entrée de la STEP (tableau 12). Le dimen-
sionnement n’a pas été modifié et seules les conditions opératoi-
4.4.8 Toxicité humaine res ont été adaptées. Qu’il s’agisse du scénario 1 ou du scénario 2,
les impacts utilisés dans cet exemple diminuent : ils sont en
Le scénario avec une stabilisation par la chaux éteinte cause un moyenne égaux à 65 % ± 7 % (scénario avec digesteur) et à
impact plus important que celui avec une stabilisation par digestion 67 % ± 5 % (scénario avec chaulage) des valeurs de référence don-
anaérobie. Les métaux lourds contenus dans les boues épandues nées dans le tableau 16. Seule l’eutrophisation est moins affectée :
causent la plus grande part de cet impact avec, respectivement, 83 % (scénario avec digesteur) et 81 % (scénario avec chaulage).

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Potentiel de réchauffement (GWP100)

Destruction de la couche d'ozone (ODP)

Acidification

Eutrophisation

Oxydation photochimique

Toxicité humaine

Ecotoxicité aquatique (eau douce)

Ecotoxicité aquatique marine

Ecotoxicité terrestre

0 20 40 60 80 100
Scénario 1 Critère d'évitement (%)
Scénario 2

Figure 8 – Visualisation des impacts évités par l’utilisation de boues conditionnées à la place d’engrais chimique par un critère d’évitement

L’influence de l’incertitude sur les émissions d’ammoniac durant


le chaulage, le stockage et l’épandage a ensuite été examinée. Tableau 21 – Comparaison des impacts évités
Dans tous les cas, une distribution normale a été supposée avec
un écart-type égal à 10 % de la valeur moyenne. Elle est de 1,4 kg Catégorie d’impact Unité Scénario 1 Scénario 2
NH3/t MS pour le chaulage lui-même et de 0,44 kg NH3/UF pour le
scénario 1 et de 0,62 kg NH3/UF pour le scénario 2. Les émissions Épuisement
lors du stockage et de l’épandage dépendent en effet, selon le des ressources g Sb eq 18,3 28,7
modèle de Bengtsson [24], de la quantité d’azote présente dans les abiotiques
boues. Les résultats sont montrés sous forme d’histogramme dans
Potentiel
la figure 9 en ce qui concerne l’acidification, qui dépend beaucoup
de réchauffement kg CO2 eq 6,42 9,87
des émissions d’ammoniac. C’est l’incertitude sur les émissions
d’ammoniac pendant le chaulage qui influe le plus sur l’acidifi- (GWP100)
cation. Destruction
Aucun des scénarios n’est le meilleur sur l’ensemble des de la couche d’ozone mg CFC-11 eq 1,23 2,14
impacts. Le choix définitif va dépendre des poids attribués lors de (ODP)
l’analyse multicritère. Nous pouvons simplement remarquer
(figure 7) que le scénario 1 avec digesteur est meilleur pour tous Acidification kg SO2 eq 3,85 6,68
les impacts, exceptés pour l’épuisement des ressources abioti-
ques, l’oxydation photochimique et l’eutrophisation. Eutrophisation
g PO 3–
4 eq
15,5 22,1

Oxydation photo-
g C 2 H2 155 268
chimique
5. Conclusion générale Toxicité humaine kg 1,4-DB eq 0,817 1,38
Pour les systèmes de traitement des eaux usées (comme pour Écotoxicité aquatique
g 1,4-DB eq 24,8 42,8
ceux du traitement de déchets de façon générale), il faut se (eau douce)
souvenir que :
Écotoxicité aquatique
– le procédé influe sur la qualité « aval » du flux traité ; kg 1,4-DB eq 138 230
marine
– la qualité « amont » du flux à traiter influe sur les performan-
ces du procédé. Écotoxicité terrestre g 1,4-DB eq 2,4 3,85
En respectant les normes d’application, la méthodologie de
l’ACV est un outil globalement adapté pour l’étude des impacts
environnementaux des filières d’épuration des eaux usées. Il conviendrait cependant de faire des efforts afin de compléter
Même si l’eutrophisation potentielle, calculée dans le cadre les bases de données actuelles concernant la toxicité et l’écotoxi-
d’une ACV, reste un impact important lors du traitement des eaux cité pour mieux tenir compte de composés chimiques particuliers
usées, il convient de noter que les procédés utilisés évitent par comme les substances pharmaceutiques, les perturbateurs endo-
essence l’eutrophisation réelle des cours d’eau. criniens ou les microorganismes pathogènes.

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Probabilité

0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

0
0,71 0,73 0,75 0,76 0,78 0,79 0,81 0,82 0,84 0,85 0,87 0,89 0,90 0,92 0,93 0,95 0,96 0,98 0,99 1,01 1,03 1,04 1,06 1,07 1,09
a stockage et épandage pour le scénario 1 Acidification (kg SO2 eq)
Probabilité

0,06

0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

0
1,19 1,20 1,21 1,22 1,23 1,24 1,25 1,26 1,27
b chaulage pour le scénario 2 Acidification (kg SO2 eq)
Probabilité

0,06

0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

0
0,84 0,87 0,89 0,92 0,95 0,98 1,01 1,04 1,07 1,10 1,13 1,15 1,18 1,21 1,24 1,27 1,30 1,33 1,36 1,38 1,41 1,44 1,47 1,50 1,53
Acidification (kg SO2 eq)
c chaulage, stockage et épandage pour le scénario 2

Figure 9 – Incertitude sur l’acidification évaluée à partir de l’incertitude sur les émissions d’ammoniac

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