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Bac Théo de Mano Authentique Et Déposé

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2

REMERCIEMENTS

« Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom » (Ps 34,4).

Au Seigneur qui est à l’origine de notre existence et de notre vocation,


honneur, gloire et action de grâce pour son amour infini, sa fidélité constante, sa
sollicitude paternelle et ses bienfaits à notre égard.

Infinie gratitude :

 A Monseigneur Paul DACOURY-TABLEY et à son successeur


Monseigneur Raymond AHOUA, qui nous ont permis d’acquérir une
formation de qualité dans les différents séminaires que nous avons
fréquentés.
 Au Père Paul-Roger VANGAH qui a contribué à l’éveil et à la maturation de
notre vocation.
 Au Père Honoré TANOH Kpangni, notre curé, pour son soutien, ses
encouragements et son attention.
 A tous nos Pères formateurs, nos accompagnateurs spirituels et aux pères du
diocèse de Grand-Bassam pour leurs conseils avisés, le savoir et les
expériences partagés.
 Au Père Luc CAMARA, notre directeur de mémoire, pour sa disponibilité et
ses remarques constructives.
 A tous nos parents, oncles, tantes, frères, sœurs, amis, connaissances,
bienfaiteurs et bienfaitrices pour les marques d’affection et de générosité,
ainsi qu’à tous ceux qui ont apporté leur contribution en critique et correction
lors de la rédaction de ce travail.
 Et à tous nos amis de promotion avec qui nous avons partagé des moments
de joie et de difficulté durant le parcours au séminaire.
3

SIGLES ET ABREVIATIONS

BNETD = Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement


CD = Compact disque
CEB = Communauté ecclésiale de base
CEC = Catéchisme de l’Eglise Catholique
FCFA = Franc de la Communauté Financière Africaine
GS = Gaudium et Spes
RGPH = Recensement Générale de la Population et de l’Habitat
1 Co = 1 Corinthiens
Col = Colossiens
Ex = Exode
Ez = Ezéchiel
Ga = Galates
Gn = Genèse
Is = Isaïe
Jn = Jean
Jr = Jérémie
Lv = Lévitique
1P = 1 Pierre
Ps = Psaumes
Rm = Romains
1 Th = 1 Thessaloniciens
1 Tm = 1 Timothée
art. = Article
Cf. = Confère
Ibid. = Ibidem
n. = Numéro
trad. = Traduction
4

INTRODUCTION GENERALE

1.PROBLEMATIQUE

Le corps humain, dans notre société actuelle, fait l’objet d’un intérêt tout à fait
nouveau. Il est de plus en plus méticuleusement exploré, soigné et choyé : « Pour un
observateur comme J.P. Aron par exemple, les quarante dernières années auraient
été celles de la "libération du corps" et même d’un "triomphe des corps" »1. Jean
Baudrillard renchérit en ajoutant que notre culture est devenue celle du corps2.
De fait, aujourd’hui plus que jamais, le bien-être et la beauté du corps sont
devenus l’une des préoccupations majeures de nombre de nos contemporains qui,
pour cela, dépensent beaucoup d’argent et d’énergies. Parallèlement à cette attitude
vis-à-vis du corps qui nous paraît plutôt légitime et louable, une autre tendance
commence à prendre de l’ampleur au nom d’une certaine modernité et évolution des
mœurs. Il s’agit notamment de la mise en spectacle, pis de l’exhibition partielle ou
totale du corps. Ce phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui, prend toutefois des
proportions démesurées et inquiétantes dans notre société ivoirienne.
En effet, depuis quelques décennies, l’environnement social ivoirien laisse
transparaître les signes d’une décadence morale sans précédent. Pour s’en
apercevoir, il suffit de jeter un regard attentif sur la rapide prolifération des lieux de
distractions (bars, boîtes de nuit, etc.) proposant des services de strip-tease et
d’autres pratiques exposant impudiquement le corps. En outre, les concours de
beauté (miss Côte d’Ivoire, miss campus, miss ''choco'', etc.), les publicités et les
séries télévisées aux accents romantiques voire érotiques sont devenus des espaces
tout trouvés et savamment exploités pour habituer les regards et la conscience du
public ivoirien aux pratiques exhibitionnistes. Par ailleurs, en parcourant les rues de
nos cités, il n’est pas rare de constater que sous l’influence de la mode, certaines
parties du corps soient publiquement exhibées sans aucune gêne. Ce qui offre sans

1
Xavier LACROIX, Le corps de chair. Les dimensions éthique, esthétique et spirituelle de l’amour, Cerf, Paris
2001, 48.
2
Pascal IDE, Le corps à cœur. Essai sur le corps humain, Saint-Paul, Versailles 1996, 11, citant Jean
BAUDRILLARD, De la séduction, Denoël, Paris 1979, 21.
5

doute un spectacle alléchant aux adeptes du voyeurisme mais choque les âmes
encore pudiques.
Cet état de fait déplorable suscite en nous plusieurs interrogations
essentielles : comment comprendre que le corps humain qui est tant chéri à notre
époque soit en même temps si dévalorisé et dénudé ? Comment ce corps est-il
appréhendé aujourd’hui ? Quelle est, selon l’Eglise, sa signification et sa valeur
réelle? Quel regard éthique pouvons-nous porter sur les tendances exhibitionnistes
en vogue dans notre milieu social et comment pouvons-nous les endiguer ?

2. MOTIVATIONS

Si autrefois l’exhibition était taxée d’indécente, elle semble être actuellement


tolérée voire encouragée par une bonne partie de la société. Il nous est donc paru
nécessaire d’aborder la question pour mieux la cerner, la confronter à
l’enseignement moral de l’Eglise afin d’interpeller la conscience collective des
ivoiriens qui semble être minée et viciée. Aussi voulons-nous apporter notre
modeste contribution pour la défense de la dignité du corps humain qui est galvaudé
au nom d’une certaine liberté mal assumée. Aujourd’hui, des initiatives sont prises
pour sensibiliser et éduquer nos concitoyens au respect du corps et des valeurs
morales. Ainsi retrouve-t-on fréquemment à l’entrée ou à l’intérieur de nos églises
des pancartes ou affiches prohibant le port de certaines tenues vestimentaires jugées
indécentes. Malheureusement, les résultats produits ne sont pas toujours durables et
efficients, car n’ayant d’effets qu’au sein du cadre paroissial. Il convient donc
d’approfondir la réflexion afin de trouver des voies et moyens pour lutter
efficacement contre ce phénomène. Quel intérêt motive-t-il notre argumentaire ?

3. INTERET

La société ivoirienne est en proie à une dépravation grandissante des mœurs


dont l’une des manifestations les plus tangibles paraît être l’exaltation obscène du
corps avec son corollaire de problèmes (débauche, prostitution, culte de la nudité,
etc.). Cette situation qui n’épargne aucune classe d’âge (enfants, jeunes, adultes) ne
cesse de s’étendre en infestant plusieurs secteurs de la vie sociale notamment le
6

monde socioprofessionnel, les milieux scolaire et estudiantin, le monde de la


communication et même les espaces religieux. Ce phénomène se présente donc
comme un véritable défi pour toute la société et surtout pour l’Eglise qui devra
apporter une aide considérable dans l’œuvre de moralisation de la vie publique de
notre pays. S’inscrivant dans cette dynamique, cette étude nous conduira à réfléchir
davantage sur la dignité de l’être humain et de son corps, afin d’attirer l’attention de
ceux qui considèrent le corps comme un objet, un instrument commercial ou un
''passeport'' pour la réussite sociale. Egalement, dans la perspective de notre futur
ministère, ce travail nous permettra d’approcher de plus près certains problèmes
moraux entamant les valeurs fondamentales de notre milieu de vie, afin d’assumer
avec aisance notre rôle de guide, d’éducateur et d’éveilleur de conscience.

4. LIMITES

En menant cette réflexion, nous ne prétendons aucunement aborder tous les


aspects de ce sujet dont les manifestations peuvent varier d’un pays ou d’un
continent à un autre. Pour ce faire, nous limiterons notre champ d’étude à la Côte
d’Ivoire et spécifiquement à la ville d’Abidjan, véritable miroir de ce pays, afin
d’être plus efficace dans nos investigations. Notre travail se voulant scientifique, il
requiert une démarche ordonnée et une méthodologie adéquate.

5. METHODOLOGIE ET STRUCTURE

Pour cette étude, nous avons opté pour la méthode inductive qui obéit à la
trilogie Voir-Juger-Agir. Ainsi exposerons-nous la situation de crise morale que
connaît notre société au niveau de l’exposition licencieuse de la nudité. Nous
baserons notre description sur des faits observés dans la société, des analyses parues
dans des articles de revues et de journaux, des ouvrages individuels et collectifs, des
sites web et bien d’autres sources qui traitent de notre thème. Ensuite, nous
analyserons ce phénomène en nous référant à l’enseignement de l’Eglise sur le
corps et sa dignité. Pour réaliser une telle entreprise, nous nous appuierons sur les
Saintes Ecritures, la réflexion des Pères et des documents du Magistère de l’Eglise.
7

Enfin, nous proposerons des perspectives morales et pastorales en vue de remédier


au problème de l’exhibition.

PREMIERE PARTIE : APPROCHE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE


DU PHENOMENE DE L’EXHIBITION DU CORPS DANS LA
SOCIETE ABIDJANAISE

La conception de l’exhibition varie généralement d’un individu à un autre,


d’une société ou d’une culture à une autre. L’approche socio-anthropologique que
nous effectuerons nous aidera non seulement à circonscrire notre champ d’étude,
mais aussi à mieux appréhender les manifestations du phénomène de l’exhibition du
corps de façon générale et particulièrement dans la ville d’Abidjan. Nous pourrons
de ce fait en dégager les causes et les conséquences.

CHAPITRE I : PHENOMENOLOGIE DE L’EXHIBITIONNISME


DANS LA VILLE D’ABIDJAN

I.1- La présentation du cadre d’étude

Décrite dans les écrits et les discours officiels comme la ''Perle des Lagunes'',
l’agglomération abidjanaise est caractérisée par une abondance de signes relevant
d’une architecture moderne étrangère appréhendée comme le symbole de
''l’occidentalisation'' du pays. Elle est située au sud de la Côte d’Ivoire en bordure
du Golfe de Guinée dans la région des Lagunes et demeure de loin la plus
importante ville du pays3. Elle est probablement la deuxième grande cité ouest-
africaine après Lagos (Nigeria) avec une population avoisinant les six millions
d’habitants4. Devenue capitale économique du pays après son indépendance, la ville
3
La majeure partie des institutions ivoiriennes se situe à Abidjan (en attendant le transfert de la capitale à
Yamoussoukro) : la Présidence, la Primature, le Parlement, le Conseil constitutionnel, la Cour Suprême, la
Grande Chancellerie de l'ordre national, le Conseil économique et social, etc.
4
Selon les statistiques du RGPH de 1998, la population était estimée à plus de 3 millions d’habitants. Ce
chiffre a doublé avec l’arrivée massive des déplacés et victimes de guerre depuis la crise de septembre 2002.
8

d’Abidjan a connu en un demi-siècle, une croissance et un développement


impressionnants qui se confondent avec l’histoire de l’expansion de la Côte d'Ivoire.
Ainsi, les multiples réalisations et activités économiques ont attiré une main-
d’œuvre considérable venue non seulement des pays frontaliers (Mali, Ghana,
Guinée, Burkina Faso) mais également des autres villes et villages de l’intérieur du
pays. Depuis 2001, la cité abidjanaise a été érigée en district et englobe, en plus des
dix communes urbaines (Abobo, Adjamé, Attécoubé, Cocody, Koumassi, Marcory,
Plateau, Port-Bouët, Treichville et Yopougon), les trois nouvelles sous-préfectures
d'Anyama, Songon et Bingerville. Ce district regorge de nombreux édifices
religieux (Eglises, sanctuaires, temples et mosquées), écoles et universités mais
aussi d'une quantité très importante de night-clubs, de maquis, d’espaces plein-air et
de bars climatisés. Aussi est-il considéré comme un carrefour culturel ouest-
africain.

Après cette brève présentation de la ville d’Abidjan, il convient d’expliciter la


notion de l’exhibitionnisme et d’observer ses différentes manifestations dans la
capitale économique.

I.2- L’exhibitionnisme et ses différentes formes

Selon le dictionnaire Le Petit Robert, l’exhibitionnisme est « une impulsion,


souvent d’ordre obsessionnel, qui poussent certains sujets à exhiber leurs organes
génitaux à des inconnus »5 en privé ou en public. Sur le plan psychanalytique, on
considère l’exhibitionnisme comme l’envers du voyeurisme, les deux pulsions étant
complémentaires et relevant du même mécanisme : l’érotisme du ''voir/être vu''. Le
terme a été employé en effet pour la première fois par Charles Ernest Lasègue dans
son œuvre intitulée Union médicale, parue en 18776 et il renvoie aujourd’hui à une
tendance dont les manifestations sont variées. Ainsi, à côté de l’exhibitionnisme
''classique'' que nous avons défini plus haut, des spécialistes comme Krafft-Ebing

Cf. BNETD, Atlas des villes, Mici, Abidjan 2008, 122.


5
''Exhibitionnisme'' in Le Petit Robert, Le Robert, Paris 2012, 976.
6
Cf. Philippe CARRIÈRE et Yves TYRODE, “Existe-t-il des caractéristiques cliniques et psychopathologiques
des auteurs d’exhibitionnisme et d’autres conduites d’agression sexuelle que pédophilie et viol ?’’ in http://
psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm /conf/confagrsex/RapportsExperts/Carriere.html, consulté le dimanche
27 novembre 2011.
9

parlent également de l’exhibitionnisme ''psychique'', relationnel, ''culturel'' ou


corporel7.

En effet, l’exhibitionnisme ''psychique'' concerne les individus qui prennent


plaisir à choquer leurs interlocuteurs en racontant des obscénités. Cela se réalise
généralement par des appels téléphoniques anonymes à des femmes, souvent
accompagnés d’une masturbation.
S’agissant de l’exhibitionnisme relationnel, il fait référence aux personnes qui
se délectent de la réalisation d’actes sexuels en public. Il s’agit entre autres des
adeptes de l’échangisme ou d’autres pratiques semblables.
Quant à l’exhibitionnisme ''culturel'', il fait allusion aux pratiques comme le
strip-tease ou le gogo-dancing, aux clubs libertins.
Pour ce qui est de l’exhibitionnisme corporel, Krafft-Ebing l’appréhende
comme le fait de montrer à d’autres, non les parties génitales, mais tout le corps nu
ou d’autres parties du corps8. Cette forme d’exhibitionnisme, beaucoup plus
remarquable dans notre société, sera le principal objet de cette étude. Quelles en
sont donc les manifestations ?

I. 3- Les manifestations de l’exhibitionnisme corporel dans la société abidjanaise

La dépravation galopante des mœurs et principalement le phénomène de


l’exhibition du corps sont nettement perceptibles au niveau de la mode
vestimentaire et des médias.

Si autrefois il était rare de voir les ivoiriens revêtir des tenues légères et
indécentes, cette tendance s’est aujourd’hui incrustée dans les habitudes. En effet,
nombre d’accoutrements appréciés dans notre pays sont aux antipodes de la décence
et exposent très souvent la nudité de ceux qui les revêtent. Nous en voulons pour
preuve les tenues fendues à caractère suggestif9. Il y a également les pantalons ou
jupes taille-basse10 qui ont la triste particularité de dévoiler aussi bien le bas-ventre
7
Il s’agit ici de quelques types d’exhibitionnisme. Cf. Philippe CARRIÈRE et Yves TYRODE, “Existe-t-il...
8
Cf. Philippe CARRIÈRE et Yves TYRODE, “Existe-t-il des caractéristiques cliniques et psychopathologiques
des auteurs d’exhibitionnisme et d’autres conduites d’agression sexuelle que pédophilie et viol?’’ in http://
psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm /conf/confagrsex/RapportsExperts/Carriere.html, consulté le dimanche
27 novembre 2011.
9
Cf. Annexes Image A.
10
Cf. Annexes Image B et C.
10

que le postérieur ; les vêtements exagérément décolletés11 qui mettent en vue, à


dessein, la poitrine et les seins sans toutefois en montrer les mamelons. D’autres
encore revêtent de petites culottes destinées à mettre en valeur les cuisses et souvent
portées au ras des fesses pour faire admirer le tatouage ou les perles qui entourent
les reins. Bref, le constat est triste, car beaucoup de tenues proposées actuellement
par la mode laissent entrevoir ce qui reste de l’ordre de l’intimité. Ces styles
vestimentaires extravagants sont hélas très prisés par la gent féminine qui ne semble
aucunement perturbée par les critiques réprobatrices formulées contre elle. De fait,
certaines jeunes filles et femmes n’éprouvent plus de gêne à porter « des habits si
transparents qu’il est presqu’impossible de ne pas voir en filigrane tous leurs
dessous [soutien-gorge, slip, ''string'', etc.] aussi poreux que leurs dessus »12.
D’autres n’hésitent pas à recourir à des vêtements qui leur collent pratiquement à la
peau, laissent transparaître les rondeurs, ou qui exhibent le nombril, le ventre, le
dos, les fesses13. Ce qui leur a valu le sobriquet ''gos VCD ou DVD'' 14. Ainsi, sous le
couvert de la mode, des adolescentes et des dames se promènent mi vêtues mi nues
dans les rues et parfois dans les lieux de culte, exposant les parties les plus secrètes
de leur corps aux regards flattés ou dégoûtés de l’entourage.
Mais dans cette dégénérescence morale que connaît la société abidjanaise, la
gent masculine n’est pas exempte de reproches, car maints jeunes gens endossent
des vêtements serrés laissant apparaître leur morphologie ou ils revêtent des
pantalons sans ceinture pour mettre en valeur leurs dessous de marque (caleçons,
slips). En outre, ils transforment souvent les tenues dites de plages (débardeurs,
shorts) en vêtements de ville, de sortie et livrent des matches de football torse nu
pour faire admirer leurs abdominaux. Toutes ces turpitudes sont entretenues et
valorisées par les mass médias.

En effet, les médias constituent certes une réelle source d’informations et


d’instructions dont on ne peut se passer. Cependant, ils deviennent subtilement et
insidieusement des voies de propagande de l’érotisme et de l’exhibitionnisme. De
11
Cf. Annexes Image D.
12
Bob TRAORE, « Les ivoiriennes sont nues habillées. Quel drame ! », in
http://regardscroises.ivoire-/blog.com/archive/2009/07/06/Les-ivoiriennes-sont-nues-
habillées.queldrame.htlm, consulté le samedi 30 juillet 2011.
13
Cf. Annexes Images C, E et F.
14
''Go VCD'' fait allusion à ''Fille aux Ventre et Cul Dehors'' ; ''Go DVD'' renvoie à ''Fille aux Dos et Ventre
Dehors''.
11

facto, que ce soit à la télévision, dans la presse ou sur internet, le corps humain est
constamment offert en spectacle et est devenu « la proie des médias »15. Pour s’en
convaincre, il suffit de jeter un regard sur certains panneaux d’affichages16 exposés
dans les rues d’Abidjan ou d’observer des images publicitaires diffusées sur les
écrans de télévision. On y voit fréquemment le corps et surtout celui de la femme
presqu’entièrement nu, comme c’est le cas dans certaines publicités de produits
cosmétiques : celles-ci mettent parfois en scène une femme en sous vêtement
appliquant une pommade sur elle ou encore une dame sous la douche et dont les
« seins [et tout le corps] sont sensuellement caressés par la mousse d’un savon »17.
Il est donc clair qu’aujourd’hui « l’exhibition apparaît comme le ressort des
spectacles publicitaires »18. Cette réalité se vérifie également dans l’univers de la
presse écrite ivoirienne. En effet, ces dernières années ont vu émerger une kyrielle
de journaux ou de magazines dévolus au public féminin 19, dans lesquels on n’hésite
pas à présenter des images à caractère érotique et dont la trivialité avoisine la
pornographie. Il arrive même que des quotidiens, se réclamant du domaine sportif et
culturel, proposent pourtant à leurs lecteurs des photos de femmes dénudées et
exposant leurs sous-vêtements20.

De plus, à travers le cinéma et particulièrement les Télénovelas21, des scènes


de nudité, des baisers mouillés et les attouchements des acteurs sont constamment
distillés sur les chaînes de la télévision nationale 22 à des heures de grande audience.
Cette conjoncture devient encore plus dramatique avec la vulgarisation des chaînes
câblées qui proposent dans leurs programmes des films obscènes ou des émissions 23
dénuées de toute moralité, incitant au dévergondage.

15
Pascal IDE, Le corps…, 32.
16
Cf. Annexes Image J
17
Dominique PICARD, Du code au désir. Le corps dans la relation sociale, Dunod, Paris 1983, 2.
18
Claude HABIB, La pudeur, la réserve et le trouble, Autrement, Paris 1992, 16.
19
On peut citer par exemple Star Magazine, Prestige Magazine, etc. Cf. Annexes Images H et I.
20
Cf. Annexes image G.
21
Le mot « Telenovelas » est un mot espagnol qui fait allusion à une histoire d’amour racontée dans un film
(généralement des séries ou feuilletons) diffusé à la télévision. Dans ces films à sensation se mêlent la haine
et l’amour, la trahison et la fidélité, le mensonge et la vérité, le vice et la vertu, etc. Les plus récents diffusés
en Côte d’Ivoire sont Rubi, Uno dos tres , Luna, Barbarita, El diablo…
22
Cf. Christine Adjobi NEBOUT, « La banalisation du sexe, la putréfaction de notre société », in Fraternité
Matin, Abidjan, Jeudi 20 Avril 2006, 6.
23
Il s’agit des émissions proposées sur le bouquet canalplus telles que ''Dismissed'', ''Parental control'' sur la
chaîne musicale MTV ; ''Secret story'', ''L’île de la tentation'' sur la chaîne TF1 ; ''Les girls de playboy'', ''La
famille Kardashian'' sur la chaîne E.
12

Il convient en outre de signaler que certains cybercafés de la capitale se sont


mués en de véritables ''sanctuaires'' de strip-tease et d’exhibitionnisme, où des
jeunes filles et jeunes gens s’adonnent, sans scrupule, à des scènes aussi grivoises
que pitoyables. A ce propos, le chroniqueur Bob Traoré nous éclaire
davantage : « Ces filles, agissant par une ingénue béatitude, ne se gênent même pas
à diriger l’objectif de la webcam tout droit sur leurs seins sortis du vêtement ou
entre leurs jambes, les jupes remontées, sans que la preuve de leur féminité ne soit
couverte par le moindre dessous »24. Les jeunes gens, quant à eux, arrivent jusqu’à
se masturber devant des webcams pour satisfaire les ignobles fantasmes oculaires de
leurs correspondantes généralement de l’Occident25. Aussi, pour permettre à leurs
clients d’être à l’abri des regards indiscrets quand ils se livrent à des séances de
sensuo-exhibition ou d’auto-attouchements des parties intimes, certains gérants ont-
ils eu l’ingénieuse astuce de dresser un rideau devant chaque ordinateur26.

L’analyse de tous ces faits nous pousse à affirmer que la décrépitude morale
en Côte d’Ivoire a atteint un seuil alarmant. Mais quelles en sont les causes
principales ?

24
Bob TRAORE, « L’Internet en Afrique, outil de développement ou d’égarement » in
http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:TmTmHkukcE8J:www.criticafric.com/profiles/
blogs/ l’internet-en-Afrique-outil-de-développement-ou-d’egarement.html, consulté le samedi 30 juillet 2011.
25
Cf. Ibidem
26
Cf. Ibidem.
13

CHAPITRE II : CAUSES DU PHENOMENE

II.1- Le libertinage et la crise de la conscience

La société ivoirienne actuelle, fortement marquée par la permissivité, tend de


plus en plus à brader les exigences morales les plus élémentaires et à définir comme
valeurs culturelles des tendances, des conduites et des attitudes qui invitent à
l’hédonisme et à un relativisme outrancier.

Cette situation est due à l’obscurcissement de la conscience morale d’un grand


nombre d’ivoiriens qui confondent liberté et libertinage. De fait, ils chérissent la
liberté d’une manière maladroite, comme licence de faire n’importe quoi pourvu
que cela plaise ; même le mal. Ainsi, sous prétexte de modernisme, les uns et les
autres s’habillent sans se soucier des normes de la décence. Et au-delà de ces
comportements immondes, il y a toute une philosophie qui est véhiculée : « il faut
choquer pour plaire, pour exister et se faire remarquer »27. Du coup, les jeunes filles
rivalisant d’ardeur, ne lésinent pas sur les moyens pour faire subir à leur corps
toutes sortes de traitements afin de se doter de meilleurs atouts physiques pour
attirer ainsi le regard des hommes. Dans ces conditions, les valeurs éthiques qui
caractérisaient autrefois la société traditionnelle à savoir le respect du corps et de la
dignité de la personne, la sacralité de la sexualité, etc., sont reléguées au second
plan voire banalisées. D’ailleurs, lorsqu’on leur fait des remarques à propos de leurs
comportements exhibitionnistes, la plupart des jeunes réagissent avec désinvolture
et insolence en disant : « C’est la mode ! » ou pire encore « C’est mon corps, je suis
libre d’en faire ce que je veux ! ». Il y a là une volonté manifeste de s’affirmer, de
se libérer des normes établies et de se réaliser en dehors d’une morale convenue.

A côté de la crise morale qui frappe de plein fouet la Côte d’Ivoire, la situation
socioéconomique du pays apparaît aussi comme un facteur favorisant le phénomène
de l’exhibition.

27
Cf. Jack LOUAMY, «Prostitution à Abidjan : voici les gos VCD et DVD » in http://
www.abidjancontinu.unblog.fr/26-06-2008, consulté le jeudi 03 novembre 2011.
14

II.2- La précarité de la situation socioéconomique du pays

La Côte d’Ivoire a connu ces dernières années une grave crise militaro-
politique qui a fortement ébranlé ses assises sociales et économiques. Cette situation
a généré non seulement un accroissement du chômage et des inégalités sociales
mais aussi une grave paupérisation28.

Pour y faire face et dans le souci d’acquérir plus facilement de l’argent ou


quelques privilèges, certains abidjanais sacrifient leur dignité et s’adonnent à des
pratiques abjectes. En effet, aujourd’hui si les phénomènes comme le lesbianisme,
l’homosexualité, la pédophilie, la prostitution et l’exhibitionnisme connaissent une
avancée considérable dans le pays, c’est sans doute parce que nombre de nos
concitoyens(nes) s’y aventurent pour fuir la misère ambiante afin de subvenir à
leurs besoins et à ceux de leur famille. Ainsi de nombreuses jeunes filles s’activent-
elles à travailler de nuit dans les bars climatisés ; certaines d’entre elles vont jusqu’à
mettre leur corps ainsi que leur sexe au service de la clientèle, à travers des
spectacles de strip-tease ou des partouzes pour un salaire variable29. S’il arrive que
quelques unes soient poussées par leurs parents ou un proxénète, d’autres par contre
le font par mimétisme ou pour un besoin de survie 30. Ces quelques témoignages de
jeunes filles recueillis dans le quotidien ''Nord-Sud'' illustrent nos propos :

« Angéline évoque des problèmes de pauvreté : ''Je


n'avais plus rien comme argent pour subvenir à mes
besoins, alors que j'ai un enfant, qu'il faut nourrir. Je
n'avais pas d'autre choix que de basculer dans ce
travail de la nuit''. Sandrine pour sa part parle de
problèmes familiaux : ''Ma maman ne vit plus avec
mon père et sa nouvelle femme ne veut pas me voir.
Pour toutes ces raisons, j'ai quitté le domicile familial
pour me débrouiller''. Nadia, quant à elle, vit un drame
selon ses explications : ''Je suis étudiante dans un
établissement de la place. Faute de moyens pour payer
mes cours, j'ai mis un terme à ma scolarité cette
année. Le temps pour moi de trouver un peu d'argent
pour reprendre le chemin de l'école''. Enfin Myriam

28
Le taux de pauvreté est passé de 38% en 1998 à 48,9% en 2008. Cf. BNETD, Atlas…,5.
29
Les danseuses sont payées à 3.000 Fcfa par jour contre 2.000 Fcfa pour les serveuses. Le prix des relations
sexuelles varie entre 10. 000 et 15. 000 Fcfa. La partie de partouze, quant à elle, coûte 30.000 Fcfa. Cf. Issa
YEO, « Strip-tease, alcool, partouze…-Le sexe envahit les bars climatisés d’Abidjan » in http://www.parti-
ecologiqque-ivoirien.org/Cotedivoire/Strip-tease-partouze-le sexe-envahit-les-bars-climatises-d-Abidjan.php,
consulté le samedi 30 juillet 2011.
30
Cf. Bernard TONDE, Diaconie de la famille dans la formation de la conscience morale en Côte d’Ivoire ,
Tipografica Liberit, Rome 2001, 74-79.
15

explique qu'elle exerce ce métier pour fuir la misère :


''Je vivais dans une situation extrêmement misérable.
Je n'avais pas d'autre choix que de trouver un point de
chute. C'est ce qui m'a amenée dans le strip-tease'' »31.

Par ailleurs, certaines filles ont trouvé une autre parade pour acquérir des biens
matériels et vivre aisément. Elles monnayent leurs charmes et leur physique
aguichant pour séduire des hommes nantis prêts à satisfaire leurs moindres caprices.
Tous ces faits évoqués prennent de l’ampleur au fil des jours et révèlent l’influence
des cultures étrangères et des médias sur notre environnement social.

II.3- Le snobisme et l’influence néfaste des médias

La globalisation et la vulgarisation des médias ont sans doute eu le mérite de


rapprocher davantage les peuples et de favoriser les échanges culturels. Cependant,
dans ce rendez-vous du donner et du recevoir, les sociétés africaines apparaissent
comme le réceptacle des mœurs et des tendances en vogue dans les pays
développés. La société abidjanaise n’échappe pas non plus à cette triste réalité.

En effet, ils sont peu nombreux les ivoiriens qui ne se laissent pas influencer
par tout ce qui vient de l’Occident, perçu désormais comme la référence en matière
de civilisation et de mode. Du coup, on assiste à une aliénation identitaire et
culturelle qui s’exprime dans un suivisme aveugle du modèle de vie et des
comportements frivoles plébiscités dans certaines sociétés occidentales. Ainsi les
jeunes n’hésitent-ils plus à copier les styles vestimentaires délurés des stars
américaines 32 présentés dans les clips vidéo, les émissions télévisées, les magazines
et sur internet. Pour ne pas être taxés de ringards, ils sont constamment pressés
d’adopter les nouvelles tendances mettant en valeur le corps : piercing, tatouage,
dépigmentation, etc.

Aujourd’hui donc, si les pratiques comme le strip-tease, et le port des tenues


inconvenantes n’inspirent plus la honte, c’est parce que la télévision a habitué les
regards à de tels spectacles au point que même des adolescentes s’y emploient de

31
Issa YEO, « Strip-tease, alcool, partouze…-Le sexe envahit les bars climatisés d’Abidjan » in
http://www.parti-ecologiqque-ivoirien.org/Cotedivoire/Strip-tease-partouze-le-sexe-envahit-les-bars-
climatises-d-Abidjan.php, consulté le samedi 30 juillet 2011.
32
On peut citer entre autres les stars comme Beyonce, Lady Gaga, Rihanna, Britney Spears, Shakira, Lil
Wayne, Kany-West, Sean Paul…
16

plus en plus. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que les nombreux tapages
médiatiques orchestrés de nos jours contribuent en grande partie à l’usage dévoyé et
pervers du corps humain. Cela n’est pas sans conséquence sur les mentalités des
individus et sur la société abidjanaise.
17

CHAPITRE III : CONSEQUENCES NEFASTES DU PHENOMENE

III.1- La perte progressive de la pudeur

La pudeur, qui se définit comme un sentiment de gêne qu’une personne


éprouve à faire, à envisager ou à être témoin de choses de nature sexuelle, de la
nudité 33, est une valeur éthique essentielle qui malheureusement est mise à mal
dans notre société contemporaine. En effet, les comportements et pratiques
exhibitionnistes à la mode dans notre milieu social favorisent considérablement la
perte progressive de la pudeur, si bien que l’agir et l’habillement de beaucoup de
nos concitoyens riment souvent avec vulgarité, indécence et lascivité. Les fêtes de
fin d’année 2011 nous ont donné l’occasion de découvrir de nouvelles tendances
vestimentaires qui mettaient un point d’honneur à l’exhibition des jambes, du dos et
de la poitrine34. En interrogeant une jeune fille dénommée Tina qu’il a rencontrée
dans la rue, un journaliste interloqué par son accoutrement trop osé recevait cette
réponse : « Laisse ça, on se met à l’aise, et puis, si j’ai de belles jambes pourquoi les
mettre en berne ? »35. Cette phrase qui résume un peu l’opinion d’une grande partie
de la jeunesse ivoirienne en matière de mode, démontre à quel point la pudeur est
banalisée et souvent rangée aux oubliettes. Ainsi le sens de la pudicité et le respect
de la sensibilité des autres ne semblent plus être un souci partagé par tous nos
contemporains. Beaucoup ne réalisent malheureusement pas que l’exhibition du
corps, partiellement ou totalement dénudé, agit de façon gênante voire agressante
sur celui ou celle qui n’a pas demandé à voir un corps étranger et nu. Ce
mouvement d’impudeur transparaît également dans le langage courant où certaines
expressions du jargon populaire sont employées sans gêne bien qu’elles soient
grossières et licencieuses. On peut citer par exemple les termes comme ''kpêtou'',
''débout kéhi'', ''wolosso'', ''wohoua'', ''tchoucou tchoucou'' qui renvoient
généralement au sexe féminin ou invitent à la débauche. De telles incartades
contribuent inéluctablement à l’avilissement du corps et à son instrumentalisation.
33
Cf. ''Pudeur'' in Nouveau Petit Robert, Le Robert, Paris 1995.
34
On parle ainsi de DJD c’est-à-dire Dos et Jambes Dehors ou de PJD c’est-à-dire Poitrine et Jambes Dehors.
Cf. Annexes Images A, D, et F.
35
Thérèse NABI, « Saint Sylvestre et nouvel an. La foire aux jambes », in La Nouvelle, Abidjan, Mardi 03
Janvier 2012, 4.
18

III.2- L’instrumentalisation du corps

La culture moderne, en favorisant l’omniprésence et la valorisation du corps à


travers la mode, la publicité, les soins diététique et thérapeutique, etc., a fini par
réduire celui-ci à la dimension d’un objet commercial. Ainsi, l’image corporelle est
de plus en plus utilisée à des fins mercantiles pour vanter et vendre divers produits
(cosmétiques, sous-vêtements, diètes, régimes amincissants, etc.). Jean Baudrillard
le reconnaît aisément lorsqu’il affirme que « le corps fait vendre. La beauté fait
vendre […] »36. Dans cette entreprise, le corps féminin est davantage sollicité et mis
en vue, en particulier sur les affiches publicitaires ou dans les clips vidéo. L’image
de la nudité féminine y est utilisée comme appât, comme instrument pour la
promotion de certaines œuvres musicales. A ce propos, il n’est pas rare de
rencontrer dans nos rues des marchands ambulants qui proposent des compacts
disques (CD) avec des images de femmes dans des positions très suggestives 37, afin
de stimuler les consommateurs à acheter leurs produits. Une telle exploitation
érotique de l’image corporelle féminine pousse à considérer la femme comme un
objet de séduction, de plaisir, voire « l’instrument d’un profit plus sûr »38. Aussi
arrive-t-il que dans certaines publicités mettant en scène la figure féminine, le lien
entre le produit présenté et le personnage ne soit pas toujours clairement perçu 39.
Cela est fait dans le but d’attirer l’attention des clients. La promotion de ce genre
d’érotisme de type visuel et mercantile peut entraîner la réduction de la personne
(surtout la femme) à son corps, et pire à la banalisation de la sexualité.

III.3- La banalisation de la sexualité

Si autrefois la sexualité était entourée de tout un mystère, aujourd’hui le sexe


et la nudité ont envahi l’univers musical, cinématographique, publicitaire et
médiatique de notre environnement social. De plus, avec le développement des
nouvelles technologies de l’information, les jeunes générations ont facilement accès
à tout ce qui est réservé à un public adulte tels que les sites pornographiques, les CD
exposant la nudité des corps et les accouplements des acteurs, etc. Une telle
36
Jean BAUDRILLARD, La société de consommation, ses mythes, ses structures, Denoël, Paris 1970, 211.
37
Cf. Annexes image K.
38
Jean Marie AUBERT, La femme. Antiféminisme et Christianisme, Cerf/Desclée, Paris 1975, 137.
39
Cf. Annexe image G.
19

conjoncture s’apparente à un encouragement au voyeurisme dont les effets pervers


immédiats sont entre autres le mimétisme, la masturbation, les relations sexuelles
précoces, les dérapages sexuels, etc. Ainsi, les visions récurrentes de scènes de
nudité finissent par dévaluer la sexualité. Bien plus, elles font progressivement
perdre de vue ses finalités principales à savoir la génération, l’union, l’ouverture à
l’autre, pour ne se limiter qu’à son objectif secondaire : le plaisir . Les nombreux
scandales sexuels40 qui ont secoué la Côte d’Ivoire ces dernières décennies et
l’avancée vertigineuse de la prostitution ne sont-ils pas des preuves indiscutables de
la dénaturation de la sexualité et du corps humain à Abidjan ?

Par ailleurs, avec les styles vestimentaires paillards adoptés par une partie de
la gent féminine, les risques d’agression ou de harcèlement sexuels sont énormes.
Des études ont montré qu’une femme a 46% de chance d’être violée ou d’être
victime d’une tentative de viol n’importe où, dans la rue ou à domicile 41. En outre,
la sexualité atteint un niveau encore plus alarmant quand on voit des mineures
porter des grossesses ou pis quand des filles arrivent à coucher avec des chiens pour
une somme de 10.000 F.CFA42.

Tous ces faits ahurissants et dévalorisants constituent de véritables offenses à


la dignité de l’être humain et de son corps.

Conclusion partielle

40
Nous faisons ici allusion aux films des ébats sexuels d’une employée avec son patron dans un bureau
administratif de la commune du plateau, ceux d’un professeur d’épreuves physiques et sportives avec ses
élèves ainsi qu’avec des femmes mariées dans la ville de Fresco, et ceux d’une ex-star de télé réalité (star
tonnerre) dénommée Abiba avec deux hommes.
41
Bernard TONDE, Diaconie…, 77.
42
Cf. Edouard LEVRY, « Pleurons nos enfants », in Le Jour, Abidjan, 13 Octobre 1998, 9.
20

Au terme de cette première partie de notre étude, nous retenons que le


phénomène de l’exhibition du corps est une réalité qui prend de l’ampleur dans la
cité abidjanaise. Ses manifestations les plus expressives sont visibles à travers la
mode, la publicité et les médias (télévision, internet, presse écrite, etc.).

L’analyse de cette situation nous a révélé quelques causes qui favorisent son
accentuation et expliquent les proportions démesurées qu’elle prend aujourd’hui. Il
s’agit entre autres du libertinage et de la crise de la conscience qui sévissent dans
notre société, de la précarité de la situation socioéconomique, du snobisme et de
l’influence néfaste des médias. Il importe aussi de souligner que cet usage dévoyé et
licencieux du corps humain a des corollaires négatifs aussi bien pour l’Ivoirien que
pour la société en général. Nous en avons dégagé principalement trois qui nous
semblent plus significatives : la perte progressive de la pudeur, l’instrumentalisation
du corps et la banalisation de la sexualité.

Il nous revient donc, dans la deuxième partie de notre travail, d’exposer


l’enseignement de l’Eglise sur la réelle dignité et vocation du corps.

DEUXIEME PARTIE : CONCEPTION, VALEUR ET VOCATION DU


CORPS HUMAIN DANS LA REVELATION ET L’ENSEIGNEMENT
DE L’EGLISE
21

Comment les Saintes Ecritures appréhendent l’homme et son corps ? Quelle


est la vocation du corps humain ? Quel est le message de l’Eglise sur la dignité et la
valeur du corps humain ? Telles sont les questions fondamentales auxquelles nous
tenterons de répondre dans cette deuxième partie de notre travail.

CHAPITRE I : DANS LES SAINTES ECRITURES

I.1- La conception unitaire de l’homme

Contrairement à la conception grecque de l’homme, notamment avec le


dualisme platonicien qui établit une dichotomie et une séparation radicale entre le
corps et l’âme, l’anthropologie biblique envisage toujours la personne humaine dans
son unité. Autrement dit, dans la pensée juive, l’homme est un. Il est un être
personnel dont l’unité comporte deux composants : l’un matériel et l’autre
spirituel43. Ces deux composants ne sont aucunement perçus comme séparés mais
étroitement unis et dépendants l’un de l’autre. Cette absence d’opposition entre le
corps et l’âme ressort des passages dans lesquels ces deux réalités sont traitées
comme des équivalents : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche. Mon âme a soif de
toi. Ma chair après toi languit » (Ps 63, 2) ou encore « Que tes demeures sont
aimables, Seigneur des armées. Mon âme se consumait, elle languissait après les
parvis du Seigneur. Mon âme et ma chair poussent des cris de joie pour le Dieu
vivant » (Ps 84, 2-3)44. Il n’est pas inutile de rappeler que l’opposition établie par les
textes néotestamentaires entre chair et esprit (Ga 4, 21-31. 5, 17 ; Rm 7, 17-20. 8, 4-
17) ne vise pas un conflit de l’âme et du corps mais bien le combat des tendances
bonnes et mauvaises45. Aussi, signalons que généralement lorsque la Bible emploie
l’expression bâsâr, c’est pour désigner le corps-vivant, animé de l’esprit. Elle fait
ainsi allusion à la personne tout entière. Il en est de même pour les termes soma ou
sarx, qui chez Paul désignent originellement la personne entière de l’homme, en
tant que distincte de Dieu46. Ainsi bâsâr (corps ou chair vivante), soma ou sarx
apparaissent comme le mode de présence à autrui et à Dieu, et dans la pensée
43
Cf. Robert GUELLUY, La création, Desclée, Tournai 1963, 95.
44
Cf. Georges PIDOUX, L’homme dans l’Ancien Testament, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel 1953, 18-19.
45
Cf. Robert GUELLUY, La création …, 97.
46
Cf. Guy DURAND, Sexualité et foi. Synthèse de théologie morale, Fides, Montréal 1977, 87.
22

hébraïque, bâsâr est appréhendé comme la manifestation extérieure ou sensible de


l’être profond néfesh47. Avec l’anthropologie biblique, nous percevons que l’homme
est corps et âme, chair et esprit. Le corps n’est donc pas le tout de l’humanité,
puisque, sans cesse, notre désir nous porte au-delà des limites de notre biologie 48.
Cette vérité devrait être enseignée ou réaffirmée davantage aujourd’hui car
l’exaltation excessive du corps fait oublier qu’il est l’expression de la personne tout
entière, physique, psychique et spirituelle. La révélation biblique ne manque
toutefois pas de souligner l’éminente dignité et la glorieuse destinée du corps
humain.

I.2- La dignité et la destinée du corps humain

Dès les premières pages de la Bible, le livre de la Genèse affirme


clairement la bonté et la dignité du corps. En effet, celui-ci est créé par Dieu
(cf. Gn 1, 26-28), tel le potier façonnant l’argile (cf. Is 64, 7) ; et le Seigneur
approuve avec satisfaction l’œuvre de ses mains (cf. Gn 1, 31). Ainsi, ce corps
modelé à l’image et à la ressemblance de Dieu reçoit-il une vocation particulière
consistant à rendre visible ici-bas la présence du Dieu invisible 49, ou encore à être,
selon l’expression du cardinal Martini, « le miroir de la beauté divine »50. Cette
mission de confiance assignée aux hommes depuis les origines atteindra sa
perfection en l’humanité de Jésus, qui « dans sa singularité corporelle [apparaît
comme] un modèle [idéal] pour une manière humaine d’habiter son corps »51. De
fait, Dieu prend un corps humain pour nous dire qui Il est (Jn 1, 14). Autrement dit,
Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, révèle le véritable visage de Dieu, en
épousant notre condition charnelle. Ainsi le corps devient « lieu de la
communication de Dieu »52, de la révélation du Père (cf. Jn 14, 9) et il acquiert une
dignité toute particulière. De ce fait, l’apôtre Paul exhorte les fidèles à traiter leur
corps avec une profonde déférence : « Que chacun de vous sache user du corps qui
lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion,
47
Cf. Ibid., 85.
48
Cf. André BEAUCHAMP, La morale entre héritage et nouveauté, Médiaspaul, Paris 1998, 171.
49
Cf. Michel LEGRAIN, Le corps humain. Du soupçon à l’évangélisation, Centurion, Paris 1983, 13-14.
50
Carlo Maria MARTINI, Simple propos sur le corps, Saint-Paul, Versailles 2001, 32.
51
Adolphe GESCHÉ et Paul SCOLAS, Le corps, chemin de Dieu, Cerf, Paris 2005, 25.
52
Luc CREPY et Marie-Noëlle FABRE, La sexualité, L’Atelier, Paris 2002, 78.
23

comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu » (1 Th 4, 4-5). Car le corps est
« membre du Christ » (1 Co 6, 15) et « temple du Saint-Esprit » (1 Co 6, 19).

On comprend aisément pourquoi l’apôtre des Nations s’oppose avec force à


la dévalorisation du corps. Il condamne alors les cas d’impudicité et de licence
(Cf. 1 Co 5 ; 6) et va même jusqu’à recommander les parures que doivent revêtir les
chrétiens en vue de glorifier Dieu par leur apparence : « Quant aux femmes, qu'elles
aient une tenue décente, qu'elles se parent avec pudeur et modestie […] comme il
convient à des femmes qui font profession de piété. » (1 Tm 2, 9-10). L’apôtre
Pierre s’inscrit également dans cette logique (cf. 1 P 3, 3-4). Car l'apparence
extérieure se présente comme un témoignage visible et silencieux des valeurs
morales qui caractérisent l’homme. Les écrits vétérotestamentaires avaient déjà
donné le ton en assimilant l’indécence vestimentaire à l'adultère spirituel et à
l'apostasie (cf. Ez 23, 40-42 ; Jr 4, 30). En outre, ils proscrivaient de ''découvrir la
nudité'' de ses proches (cf. Lv 18, 6-19), au risque de s’attirer une malédiction
(cf. Gn 9, 21-27) ; ou de laisser voir la sienne (cf. Ex 20, 26), puisque « être nu
apparaît comme la suprême déchéance d’un corps que le Seigneur ne vêt plus
[…]»53. C’est en s’inspirant de ces données scripturaires que les Pères de l’Eglise
vont bâtir leur enseignement sur le corps et la pudeur.

CHAPITRE II : VALEUR DU CORPS ET DE LA PUDEUR CHEZ


LES PERES DE L’EGLISE

II.1- La valorisation du corps dans la catéchèse de saint Cyrille de Jérusalem

53
Jean Thierry MAERTENS, Dans la peau des autres. Essai d’anthropologie des inscriptions vestimentaires,
Aubier Montaigne, Paris 1978, 115.
24

Dans ses catéchèses baptismales, l’évêque Cyrille de Jérusalem


(348/350-387) ne tarit pas d’éloge pour le corps humain face à ses auditeurs au
IVème siècle. De fait, son enseignement sur ce sujet se présente comme une
exhortation à toujours reconnaître et défendre la noblesse et la beauté du corps, ainsi
que son lien indéniable avec Dieu. Il explicite sa pensée en ces termes :

« Ne laisse dire à personne que ce corps n’a rien à voir


avec Dieu. Ceux qui, en effet, croient que le corps n’a
rien à voir avec Dieu et que l’âme y habite comme
dans un vase étranger, en abusent évidemment au
profit de l’impureté. Qu’ont-ils donc à reprocher à cet
admirable corps ? Que manque-t-il à sa beauté ? En
quel point sa structure manque-t-elle de
perfection ? »54

L’argumentation de l’évêque vise donc à innocenter le corps que l’on


présentait à tort comme étant cause du péché. Pour lui, en effet, « ce n’est pas le
corps qui pèche par lui-même, mais l’âme par le corps […]. S’il est par elle livré à
la fornication, il devient impur ; si au contraire il habite une âme sainte, il devient
temple du Saint-Esprit »55. Il fait ainsi référence à l’enseignement de l’apôtre Paul et
propose à chaque catéchumène la conduite idoine à observer vis-à-vis du corps :
« Respecte donc ton corps comme un temple du Saint-Esprit qu’il est. Ne souille
pas ta chair dans la luxure, ne salis pas cette très belle robe qui t’appartient. Et si tu
l’as souillée, lave-la maintenant par la conversion ; purifie-la pendant que s’en offre
l’occasion »56. A la suite de saint Cyrille de Jérusalem, d’autres Pères accorderont
dans leurs écrits une place de choix à la pudeur corporelle en exposant ses
avantages.

II.2- Les avantages de la pudeur dans l’enseignement de saint Cyprien et saint


Ambroise

54
CYRILLE de Jérusalem, Catéchèses baptismales, IV, XXII, 484-A 1 (trad. J. Bouvet, Namur, Soleil levant,
1962) cité par Michel SALES, « Le mystère du corps humain. Paradoxes » in Communio, n. V, 6,
(novembre-décembre 1980), 23.
55
CYRILLE de Jérusalem, Catéchèses baptismales, IV, XXIII, 484-B 15, cité par Michel SALES, « Le
mystère du corps humain. Paradoxes » in Communio, n. V, 6, (novembre-décembre 1980), 24.
56
Ibidem.
25

La question de la pudeur corporelle n’est pas étrangère à la littérature


patristique. Elle est traitée par les évêques Cyprien de Carthage (248-258) et
Ambroise de Milan (374-397).

En effet, saint Cyprien présente la pudeur comme l’honneur des corps, la


parure des sexes, la mère de l’innocence, le signe pour tous d’une âme saine 57.
Selon l’évêque de Carthage, la pudeur est cette honnêteté de l’âme qui veille à la
garde du corps afin que les sens, contenus dans les limites de l’honneur, conservent
à la race humaine toute sa pureté58. Elle rend agréable à Dieu et unit intimement au
Christ. Ainsi saint Cyprien exhorte-t-il les hommes et les femmes à la rechercher
avec ardeur et à détester l’impureté, sa mortelle ennemie 59. Pour conserver ou
développer cette vertu qui, selon lui, est au-dedans de chaque homme, il indique
comme moyen la réserve, la méditation des préceptes divins, l’esprit de foi et le
respect de la religion.

Quant à saint Ambroise, il emploie généralement le terme « modestie » pour


désigner la pudeur. Cette belle vertu selon lui doit être observée non seulement dans
les actes, le regard, mais aussi dans les mouvements, les gestes et la démarche, car,
renchérit-il, le mouvement du corps est une sorte de langage de l’âme 60. Bien plus,
pour l’évêque de Milan, la modestie est une bonne compagne capable de guider la
chasteté et d’empêcher que la pureté soit attaquée. Conscient des dommages qu’elle
peut subir, il souligne que cette vertu est appropriée à tous les âges, à toutes les
personnes, à tous les temps et à tous les lieux, et qu’elle convient surtout aux années
de jeunesse et de maturité61.

Tous ces propos des Pères ont été exploités et développés dans le Magistère
de l’Eglise.

CHAPITRE III : ENSEIGNEMENT DU MAGISTERE SUR LA


DIGNITE DE L’HOMME ET SON CORPS

57
Cf. CYPRIEN de Carthage, Sur les avantages de la pudeur, in Sacra Doctrina - Verbum Domini XP 4. 01
[CD], s. l, février 2006, n. 2.
58
Cf. Ibidem.
59
Cf. CYPRIEN de Carthage, Sur les avantages …, n. 3.
60
Cf. AMBROISE de Milan, Les devoirs. Livre I (tome I), Les Belles Lettres, Paris 2002, 127-129.
61
Ibid., 130.
26

III.1- La dignité de la condition corporelle de l’homme dans le Concile Vatican II et


le Catéchisme

Le corps humain est une réalité sexuée qui permet de déterminer l’identité
d’une personne. Il est ce par quoi l’homme entre en relation avec ses semblables,
l’univers créé et même son Créateur. Face aux opinions fluctuantes qui rabaissent
exagérément ce corps, ou au contraire l'exaltent sans mesure62, le Concile Vatican II
rappelle avec clarté que « l’homme est dans sa condition corporelle même, un
résumé de l’univers des choses, qui trouvent ainsi en lui leur sommet, et peuvent
librement louer le Créateur »63. Il lui est donc interdit de mépriser la vie corporelle,
« mais au contraire, il doit estimer et respecter son corps qui a été créé par Dieu et
qui doit ressusciter au dernier jour »64. Bien plus par le mystère de l’Incarnation,
Jésus le Fils de Dieu a confirmé la dignité du corps et de l’âme, constitutifs de l’être
humain65.

En effet, le Christ, en qui « habite corporellement toute la plénitude de la


divinité » (Col 2, 9) n’a pas dédaigné le corps ; il en a pleinement révélé le sens et la
valeur66. Ainsi dans l'union au Christ, les chrétiens doivent glorifier Dieu par leur
corps (cf. 1 Co 6, 20). Le Catéchisme de l’Eglise Catholique explicite bien cette
idée en affirmant que « le corps et l'âme du croyant participent déjà à la dignité
d'être ''au Christ''; d'où l'exigence de respect envers son propre corps, mais aussi
envers celui d'autrui […] »67.

À la lumière de ces données de la foi, les pontifes romains approfondiront la


réflexion sur le mystère et le respect dû au corps humain.

III.2- Le respect et le mystère du corps dans la pensée des pontifes romains

62
Cf. CONCILE VATICAN II, Gaudium et Spes (Rome, 7 décembre 1965), Constitution pastorale sur l’Eglise,
Bayard, Paris 2002, n. 41.
63
GS, n.14.
64
Ibidem.
65
Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Dignitas personae, Instruction sur certaines questions
de bioéthique, n.7 in http:// www. vatican. va, consulté le jeudi 01 mars 2012.
66
Cf. Ibidem.
67
Catéchisme de l’Eglise Catholique, Mame / Plon, Paris 1992, n. 1004.
27

Dans cette partie, notre tâche consistera à proposer quelques éléments des
réflexions sur le corps humain menées par les pontifes romains les plus récents. Il
s’agira entre autres de Jean-Paul II et Benoît XVI. En effet, le premier cité a
patiemment élaboré une « théologie du corps » à travers certaines œuvres68 et
surtout cent trente catéchèses qu’il a données au cours des cinq premières années de
son pontificat, à l’occasion des audiences générales du mercredi.

Pour le bienheureux pape Jean Paul II, si « l’être humain apparaît dans le
monde visible comme l’expression la plus haute du don divin […], le corps en effet
– et seulement lui – est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et
le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère
caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible »69. Ainsi le corps est-il
''sacrement'' non pas seulement de la personne mais aussi du mystère divin 70. Par
ailleurs, dans une herméneutique du texte de 1 Co 6, 12-20, le souverain pontife
souligne ceci :

« Aux yeux de Paul ce qui décide de la dignité du


corps humain ce n’est pas seulement l’esprit humain
grâce auquel l’homme se constitue comme sujet
personnel, mais aussi et plus encore la réalité
spirituelle que sont la demeure et la présence
continuelle de l’Esprit Saint dans l’homme — dans
son âme et dans son corps —, ceci étant le fruit de la
rédemption accomplie par le Christ. Il en résulte que
désormais le ''corps'' de l’homme n’est plus seulement
son propre ''corps''. Et ce n’est pas seulement parce
qu’il est corps de la personne qu’il mérite ce respect,
dont la manifestation dans l’attitude de l’homme et de
la femme constitue, à l’égard de l’un et l’autre, la
vertu de pureté »71.

De plus, le pape rappelle que « le fait que nous ayons été ''achetés à prix élevé''
(cf. 1 Co 6, 19), c’est-à-dire au prix de la rédemption du Christ, fait précisément
jaillir un engagement spécial c’est-à-dire le devoir ''d’user du corps qui nous
appartient avec sainteté et respect'' (cf. 1 Th 4, 5) »72. Il est donc primordial, pour le
bienheureux Jean Paul II, de traiter le corps avec égard, en évitant de le livrer à
68
Nous pensons par exemple à l’œuvre intitulée Amour et responsabilité, Société d’Edition Internationale,
Paris 1968, ou encore Personne et Acte, Centurion, Paris 1983.
69
JEAN PAUL II, Homme et femme Il les créa. Une spiritualité de corps, Cerf, Paris 2010, catéchèse du 20
février 1980, 105.
70
Cf. Ibidem.
71
JEAN PAUL II, Homme et femme Il les créa…, catéchèse du 11 février 1981, 309.
72
Cf. JEAN PAUL II, Homme et femme Il les créa…, catéchèse du 11 février 1981, 310-311.
28

l’impudicité et à tout ce qui compromet sa dignité ; une dignité qui a été


éminemment attestée et rehaussée par le mystère de l’Incarnation. C’est ce qu’il
précise en ces termes :

« On ne saurait que difficilement exprimer avec plus


de concision ce que le mystère de l’Incarnation
entraîne pour tout croyant. Le fait que le corps humain
devienne en Jésus-Christ, corps de Dieu-homme
provoque ipso facto en chaque homme une nouvelle
élévation surnaturelle dont tout chrétien doit tenir
compte dans son attitude à l’égard de son ''propre''
corps et, évidemment, à l’égard du corps d’autrui :
l’homme à l’égard de la femme, la femme à l’égard de
l’homme »73.

L’enseignement de Jean Paul II dans sa « théologie du corps » traduit


indéniablement toute l’estime que le christianisme accorde au corps humain et à la
sexualité et cela vient battre en brèche l’idée selon laquelle l’Eglise serait l’ennemie
forcenée du corps et du plaisir.

A l’occasion du trentième anniversaire de la fondation de ''l’Institut pontifical


Jean Paul II'' pour les études sur le mariage et la famille, le souverain pontife Benoît
XVI, reconnaissant l’œuvre immense accomplie par son prédécesseur dans ce
domaine, n’a pas manqué de rappeler que « nos corps cachent un mystère. En eux,
l’esprit se manifeste et est à l’œuvre. Ils sont appelés à être des corps spirituels,
comme le dit saint Paul (1 Co 15, 44) »74.

III.3- Le regard éthique sur le phénomène de l’exhibition

Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, le corps est pourvu d’une grande


dignité et mérite un profond respect. Malheureusement, ces dernières années, ce
corps est maladroitement mis en valeur et exhibé sans gêne. Cette exposition de la
nudité corporelle dans notre société contemporaine est un fait qui interpelle et
constitue une véritable offense à la pudeur. En effet, ce qu’il est convenu de
préserver et de garder dans le secret, pour le respect de son intimité ou celle d’autrui
est aujourd'hui porté au grand jour. L’Eglise considère cette attitude ou tout autre
comportement exhibitionniste comme une pratique infâme. Aussi juge-t-elle

73
Ibid., 310.
74
Marine Soreau, « Nos corps cachent un mystère » : Le pape évoque la Théologie du corps, in
http://www.zenit.org/article-27902?l=french, consulté le mardi 17 mai 2011.
29

inacceptable et inadmissible la tendance des médias à vouloir imposer le critère et


la mesure de ce que devrait être un corps pour être beau, ainsi que le fait de le
réduire à un objet de commerce. « En aucun cas la personne humaine ne peut être
manipulée [et exploitée] à des fins étrangères à son développement »75.
Par ailleurs, avec la libération des mœurs, le corps humain est considéré
comme une propriété privée. Le souverain pontife en fait le constat et fustige cette
réalité en ces termes:
« L’homme considère maintenant le corps et la
sexualité comme la part seulement de lui-même, qu’il
utilise et exploite de manière calculée. Une part,
d’ailleurs qu’il ne considère pas comme un espace de
sa liberté, mais comme quelque chose que lui, à sa
manière, tente de rendre à la fois plaisant et inoffensif.
En réalité, nous nous trouvons devant une dégradation
du corps humain, qui n’est plus intégré dans le tout de
la liberté de notre existence, qui n’est plus
l’expression vivante de la totalité de notre être, mais
qui se trouve comme cantonné au domaine purement
biologique »76.

Le fait de vouloir disposer de son corps, sans aucune contrainte, sans se


soucier de l’impact que cela crée sur les autres, dénote une compréhension tronquée
et un mauvais usage de la liberté. Or « une liberté qui prétend être absolue finit par
traiter le corps humain comme un donné brut, dépourvu de signification et de valeur
morales »77

Conclusion partielle

75
CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, Ceda/Nei,
Abidjan 2008, n. 33.
76
BENOÎT XVI, Deus caritas est (Rome, 25 décembre 2005), Lettre encyclique, Cerf, Paris 2006, n. 5.
77
JEAN PAUL II, Veritatis splendor (Rome, 6 août 1993), Lettre encyclique sur l’enseignement moral de
l’Eglise, Cerf, Paris 1993, n. 48.
30

La réflexion menée dans cette partie de notre travail nous a permis de mieux
cerner la dimension unitaire de l’homme qui est à la fois corps et âme selon
l’anthropologie biblique juive. Si la philosophie grecque a pendant longtemps
marginalisé le corps en le considérant comme une prison pour l’âme, la Bible
affirme, dès ses premières pages et dans de nombreux autres livres inspirés, la
valeur et la dignité de la condition corporelle. Celle-ci est créée et appréciée par
Dieu (cf. Gn 1, 27. 31) ainsi qu’assumée par Lui dans l’Incarnation du Verbe
(cf. Jn 1, 14). Elle est aussi habitée par l’Esprit Saint qui en fait sa demeure
(cf. 1 Co 6, 19). Et elle doit être transformée à la Parousie (cf. 1 Co 15, 42-54 ; GS,
n. 14).

Les Pères de l’Eglise, notamment saint Cyrille de Jérusalem, saint Cyprien


de Carthage et saint Ambroise de Milan n’ont pas cessé de souligner la noblesse et
la beauté de ce corps en invitant leurs contemporains à un plus grand respect vis-à-
vis de celui-ci et à la pratique de la pudeur. A leur suite et en s’appuyant sur la
révélation biblique, l’Eglise, à travers son Magistère et les pontifes romains (entre
autres Jean Paul II et Benoît XVI) va corroborer et approfondir cet enseignement
capital qui doit être amplement diffusé dans notre société actuelle où le corps
humain est de plus en plus exhibé et outrancièrement exalté. Le phénomène de
l’exhibition constitue une véritable offense à la pudeur, voire à la dignité humaine
qu’il convient d’éradiquer.

Dans la troisième partie de cette étude, nous dégagerons quelques


perspectives morales et pastorales pour une redécouverte de l’insigne valeur et
dignité du corps.
31

TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS MORALES ET


PASTORALES POUR UNE ERADICATION DU PHENOMENE DE
L’EXHIBITION DANS LA SOCIETE IVOIRIENNE

Le but de cette dernière partie de notre réflexion est de proposer des directives
morales et pastorales pouvant aider à redécouvrir la valeur et le rôle du corps
humain afin de résorber le problème de l’exhibition, ses causes et ses corollaires. La
participation active de l’Etat, des familles et de l’Eglise est indispensable pour la
réalisation d’un tel projet.

CHAPITRE I : PERSPECTIVES POUR UNE REDECOUVERTE DE


LA DIGNITE DU CORPS HUMAIN

I.1- L’éducation à la pudeur et à la liberté responsable

Ces dernières années, la propagation d’une morale permissive, basée sur la


recherche d’une satisfaction individuelle à tout prix, a énormément dégradé le sens
de la liberté et la valeur de la pudeur. Pour y remédier, il est indispensable de
rappeler avec insistance ces principes essentiels : l’homme ne peut disposer de son
corps comme le sculpteur dispose d’un bloc de marbre pour faire la statue qu’il
désire ; ou encore le corps n’est pas un vêtement dont on peut disposer à sa guise 78.
Ces vérités fondamentales pourront imprégner et orienter les mœurs de nos
contemporains si ces derniers sont formés d’une part au sens de la pudeur.

En effet, perçue comme « le refus de dévoiler ce qui doit rester caché »79, la
pudeur nous enseigne non seulement que notre propre personne ne doit pas devenir
objet de jouissance mais aussi qu’il ne faut pas traiter ainsi le semblable 80. Elle
guide les regards et les gestes conformes à la dignité des personnes, et inspire le
choix des vêtements81. Dans notre civilisation fortement érotisée, elle s’avère

78
BLOG CATHOLIQUE, « Les fondamentaux de l’éducation chrétienne », in
http://www.blog-catholique.com/post/Les-fondamentaux-de-l%E2%80%99%C3%A9ducation-chr
%C3%A9tienne, consulté le lundi 16 avril 2012.
79
CEC, n. 2521.
80
Cf. Ghislain de BARMON, Jean-Paul II professeur d’Amour. Une lecture d’Amour et Responsabilité,
François-Xavier de Guibert, Paris 2004, 53.
81
Cf. CEC, nn. 2521-2522.
32

essentielle dans la mesure où « elle proteste par exemple contre les explorations
''voyeuristes'' du corps humain dans certaines publicités ou contre la sollicitation de
certains médias à aller trop loin dans la révélation des confidences intimes. [De
plus, elle] inspire une manière de vivre qui permet de résister aux sollicitations de la
mode et à la pression des idéologies dominantes »82. L’inculquer aux enfants et aux
adolescents éveillera à coup sûr en eux le sens du respect de la personne humaine 83
et de son intimité ; la restaurer chez les adultes qui la dévoient, les disposera à
reconnaître le corps humain, le leur et celui d’autrui, comme un temple de l’Esprit
Saint, une manifestation de la beauté divine84 à entretenir.

D’autre part, pour faire face au relativisme moral qui caractérise notre société
moderne, il est nécessaire de s’engager en faveur d’une éducation à la liberté
authentique, édifiée sur le socle de la morale naturelle et chrétienne. Il s’agira ici
d’instruire chaque individu sur le vrai sens de la liberté et sur la manière idoine de
l’exercer. Car comme le souligne René Coste, « la liberté n’est pas l’anarchie ni le
débridement des instincts. Elle est effort de maîtrise de soi. Elle est discipline […].
Dans un monde qui change, il ne s’agit pas de se laisser entraîner par les flots, mais
de les obliger à nous porter là où nous voulons aller ».85

Le pape Benoît XVI renchérit en soulignant que la vraie liberté ne pourrait


conduire l'individu à une quête insatiable de nouveauté 86. Elle « nous appelle à
choisir, non pas aveuglément mais de manière délibérée, tout ce qui est bon, vrai et
beau »87.

Il est donc clair que « l’exercice de la liberté n’implique pas le droit de tout
dire et de tout faire »88. Comme le faisait remarquer l’apôtre des Nations, tout est
permis mais tout n’est pas profitable (cf. 1 Co 6, 12). La liberté se manifeste aussi
par le refus de ce qui est moralement négatif 89. Un meilleur usage de ce bien
82
Ibid., n. 2523.
83
Cf. Ibid., n. 2524.
84
Cf. Ibid., n. 2519.
85
René COSTE, Une morale pour un monde en mutation, Duculot-Gembloux, Belgique 1969, 64.
86
Cf. BENOIT XVI, « Les enfants et les moyens de communication sociale: un défi pour l'éducation »,
message pour la 41ème journée mondiale des communications sociales, 20 Mai 2007, n. 2, in
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/communications/documents/hf_ben-
xvi_mes_20070124_41st-world-communications-day_fr.html.
87
Ibidem.
88
CEC, n. 1740.
89
CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la Doctrine sociale…, n. 200.
33

précieux fait à l’homme nécessite cependant une véritable éducation. C’est une
œuvre de longue haleine, jamais achevée et ardue. Elle a besoin d’être renforcée par
une formation spirituelle et religieuse des personnes, pour aiguiser en celles-ci le
sens de la responsabilité individuelle et collective.

I.2- L’éducation spirituelle et religieuse

Mise souvent en veilleuse, voire négligée, « l’éducation religieuse doit


[pourtant] faire partie intégrante de tout système éducatif qui se veut authentique et
intégral […] »90. Elle a une valeur irremplaçable dans la mesure où elle constitue «
le fondement, l’âme, et le couronnement de toute vraie éducation humaine »91. De
fait, l’éducation religieuse et spirituelle aide à développer en l’homme une certaine
intériorité, qui le rendra capable d’accéder à l’autonomie et à la responsabilité.
Grâce à une vie intérieure intense qui est capable de régler, inspirer et diriger ses
actes extérieurs, l’être humain parvient à analyser les modes et les comportements
sociaux avec « le bon œil de l’Evangile »92. Quand cette éducation fait défaut dans
une famille ou une communauté, il serait difficile d’y trouver des personnes
sensibles aux valeurs éthiques et spirituelles telles que la piété, la probité morale, le
respect de soi et des autres, la pureté, etc. Il faut donc lui redonner une plus grande
importance afin d'éclairer l'intelligence et de fortifier la volonté des jeunes
générations au moyen des vérités surnaturelles et avec le secours de la grâce, sans
laquelle il est impossible de dominer les mauvaises inclinations 93. Bien plus, une
juste connaissance et intégration des principes de la religion et des normes
évangéliques feront nettement prendre conscience du caractère inconvenant des
nombreuses tendances ou conduites promues par la culture moderne. Au demeurant,
l’éducation spirituelle et religieuse apparaît comme un moyen idoine pour la
formation d’une conscience droite et éclairée de l’Ivoirien.

90
Bernard TONDE, Diaconie…, 136.
91
Ibid., 137.
92
GS, n. 11.
93
PIE XI, Divini Illius Magistri (Rome, 31 décembre 1929), Lettre encyclique sur l’éducation chrétienne de la
jeunesse in http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_31121929_divini-
illius-magistri_fr.html, 11.
34

I.3- La formation de la conscience morale

La conscience se présente comme « le centre le plus intime et le plus secret de


l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre »94.
Elle est donc une réalité noble et un bien inestimable. Elle est « le juge ou la norme
ultime de la moralité »95, le lieu où la personne prend la décision de donner sens et
valeur à son agir. Lorsqu’elle est droite, elle permet de faire la différence entre le
bien et le mal et d’éviter ce qui n’honore pas la morale, par extension, ce qui
dévalorise la personne humaine. De ce fait, il est primordial d’œuvrer pour sa
rectitude et sa continuelle conversion au bien, à la vérité. Cela passe
inéluctablement par son éducation ou sa formation récurrente, puisque l’homme est
en permanence confronté à de multiples influences négatives dérivant des
conditionnements politiques, économiques, socioculturels. Cette tâche apparaît
comme un impératif dans notre pays, vu la prolifération des comportements
immoraux favorisés par l’exaltation excessive ou maladroite du corps. Il est alors
urgent d’affiner la conscience morale collective et individuelle des ivoiriens afin
qu’ils soient en mesure de refuser toutes les attitudes, modes ou idéologies
avilissantes, contraires aux normes éthiques les plus élémentaires. Cela nécessite
une assimilation et une docilité constante à l’enseignement de la morale basée
essentiellement sur les lois naturelles et les commandements divins. En ce sens, le
Concile invite « les fidèles du Christ […] à prendre en sérieuse considération la
doctrine sainte et certaine de l'Eglise. De par la volonté du Christ, en effet, l'Eglise
catholique est maîtresse de vérité […]»96. Cette formation de la conscience morale
s’impose si l’on veut parvenir à un changement des mentalités et à l’éveil du sens
du discernement surtout chez les enfants et les jeunes. Toutes ces orientations
données pour une redécouverte de la dignité du corps ne pourraient être réalisées
efficacement sans le concours de toutes les instances de la société : l’Etat, la
famille, l’Eglise, etc.

94
GS, n. 16.
95
COMMISSION FAMILIALE DE L’EPISCOPAT DE FRANCE, « Les divorcés remariés dans la communauté
chrétienne », in La Documentation Catholique, n. 2054, (juillet 1992), 705.
96
Cf. CONCILE VATICAN II, Dignitatis humanae, (Rome, 7 décembre 1965), Déclaration sur la liberté
religieuse, Bayard, Paris 2002, n. 14.
35

CHAPITRE II : DIMENSION PARTICIPATIVE DES DIFFERENTES


INSTANCES DE LA SOCIETE DANS LA LUTTE CONTRE
L’EXHIBITION ET L’IMMORALITE

II.1- Le rôle de l’Etat et des responsables des médias dans la moralisation de la vie
publique

Parmi les divers devoirs qui incombent à l’Etat, figurent ceux de promouvoir
le bien moral des enfants et des jeunes, de garantir le respect des femmes, de la vie
privée et de lutter pour la sauvegarde des bonnes mœurs. Ainsi existe-t-il en Côte
d’Ivoire une législation pour la protection des mœurs. Celle-ci condamne vertement
les atteintes à la moralité publique97 précisément les incitations à la dépravation des
mœurs, par voies d’images, de photographies, de gravures et de films 98. Le code
pénal ivoirien va jusqu’à sommer la police judiciaire de mettre aux arrêts tous les
contrevenants à ces lois, surtout quand ces attitudes licencieuses sont faites sur des
mineurs.99 Malheureusement, ces sanctions légales ne sont pas toujours appliquées
convenablement et rigoureusement.

Il est donc capital que l’Etat prennent des mesures, par le biais de la police des
mœurs et des municipalités, pour donner force à ces lois et réprimer les conduites
immorales. L’imposition d’amende et de punitions aux promoteurs des journaux et
CD pornographiques, la censure des séries télévisées et clips vidéo inconvenants, ou
encore la fermeture des maquis et bars contribuant à la dégradation constante des
mœurs sont des solutions à envisager. Mais en même temps, il importe de lutter
contre les fléaux de la pauvreté et du chômage qui constituent l’une des causes de la
déliquescence des mœurs dans notre pays. D’où la nécessité de créer des conditions
d’une justice sociale et économique dans le partage équitable des biens.

En somme, l’Etat se doit, en tant que personne morale, de veiller à la


promotion des valeurs éthiques et à la moralisation de la vie publique.
L’accomplissement de cette charge requiert l’appui de tous les acteurs de la vie
sociale et particulièrement des responsables des moyens de communication. Car les
97
Cf. Code pénal ivoirien, Livre II, section IV, art. 334-340, 31 juillet 1981.
98
Cf. Ibid., art. 334, alinéa I.
99
Cf. Ibid., art. 334, alinéa 4.
36

défis complexes auxquels l'éducation est confrontée aujourd'hui sont en partie liés à
l'influence dominante des médias qui contribuent malencontreusement à l’expansion
de l’immoralité. Dès lors, les professionnels de la communication s’efforceront de
respecter la déontologie de la communication en évitant de diffuser des publicités
ou émissions importunes qui blessent la pudeur et exploitent l’instinct sexuel à des
fins commerciales100.

En outre, sachant que les médias constituent une force de persuasion qui
façonne les attitudes et les comportements101, ils pourront, à travers des publications,
des spots, sensibiliser et former les citoyens aux saines valeurs éthiques. Ils aideront
à réaliser « le désir sincère des parents et des enseignants [qui cherchent à] conduire
les enfants sur les voies du beau, du vrai et du bien […] »102.

II.2- La mission spécifique des parents et enseignants pour la sauvegarde des


bonnes mœurs

Aujourd’hui, on ne peut passer sous silence les défaillances ou les difficultés


qu’éprouvent les instances éducatives telles que la famille, l’école, l’université, etc.
dans l’accomplissement de la mission qui leur incombe.

De facto, certains parents, accaparés par leurs multiples occupations


socioprofessionnelles ou politiques, ne consacrent plus assez de temps pour la
formation humaine et morale de leurs progénitures. Il y a de leur part une véritable
attitude démissionnaire. D’autres, quant à eux, font preuve d’un effarant laxisme
dans le domaine éducatif, qui se traduit par leur mutisme devant des comportements
ou styles vestimentaires libertins de leurs fils et filles ; et ce, par crainte de se voir
bouder, ou parce qu’eux-mêmes n’agissent pas différemment. D’autres encore sont
plutôt désarçonnés par l’évolution rapide de la technologie. Malgré leur bonne
volonté, ils n’arrivent pas à contrôler et réglementer ce qu’écoutent, lisent et
regardent leurs enfants. Ils n’en discutent pas avec eux afin de les aider à discerner
les bonnes ou mauvaises mœurs véhiculées à travers les médias.
100
Cf. CONSEIL PONTIFICAL POUR LES COMMUNICATIONS SOCIALES, Ethique en publicité, Téqui, Paris 1997,
n. 3.
101
Cf. Ibid., n. 1.
102
BENOÎT XVI, « Les enfants et les moyens de communication social: un défi pour l'éducation »…, n. 3.
37

Du côté des enseignants, le travail éducatif est également devenu très


complexe. Car ceux-ci se retrouvent souvent impuissants face des jeunes
réfractaires, hostiles à toute autorité, désireux de s’afficher, d’être en phase avec la
mode.

En dépit de tous les problèmes évoqués ci-dessus, les parents et les éducateurs
sont appelés à prendre au sérieux leurs différentes tâches et à les assumer avec plus
de rigueur et de dévouement. En clair, il leur revient de former les jeunes
générations au sens des valeurs essentielles de la vie humaine 103 et de les aider à
adopter un style de vie simple et pondéré. Concrètement, ils s’appliqueront à
enseigner à ceux qui leur sont confiés « la valeur de la modestie chrétienne, d’un
habillement sobre, de la nécessaire liberté vis-à-vis des modes »104. Leur message
sera davantage crédible s’ils s’efforcent eux-mêmes d’être des modèles à tous points
de vue, et surtout par l’exemple de leur vie. Aussi, pour faire croître l’estime des
normes morales chez leurs protégés, « les parents [et les professeurs] veilleront à ce
que certaines modes et certains comportements immoraux ne violent pas l’entrée de
leur maison [ou de l’école], en particulier par le mauvais usage des mass
medias »105. Plus encore, ils s’évertueront à éveiller chez leurs enfants une attitude
critique et une capacité de discernement dans leur utilisation des moyens de
communication. A ce propos, le pape Jean-Paul II rappelle avec force et clarté
qu’« il est du droit et du devoir des parents d’assurer une utilisation prudente des
médias, en formant la conscience de leurs enfants à exercer un jugement sain et
objectif qui les guidera alors dans le choix ou le rejet des programmes qui sont à
leur disposition »106. Cela favorisera à n’en point douter leur développement moral,
spirituel et culturel107. Par ailleurs, ce service éducatif portera les fruits escomptés
s’il n’est pas coercitif ni répressif, mais s’il fait place à un dialogue franc entre
parents et enfants, qui tient compte de la sensibilité, des découvertes, interrogations
et aspirations des jeunes. Aussi tous les membres de la famille seront-ils sensibilisés

103
Cf. JEAN PAUL II, Familiaris consortio (Rome, 22 novembre 1981), Exhortation apostolique sur les tâches
de la famille chrétienne, Médiaspaul, Kinshasa 1995, n. 37.
104
CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE, Vérité et signification de la sexualité humaine. Des orientations
pour l’éducation en famille, Médiaspaul, Kinshasa 1997, n. 97.
105
Ibid., n. 56.
106
Cf. JEAN PAUL II, Familiaris consortio …, n. 76.
107
Cf. BENOÎT XVI, « Les enfants et les moyens de communication social: un défi pour l'éducation »…, n. 2.
38

au respect dû au corps et à la sexualité. Dans ce domaine, l’Eglise a également un


rôle spécifique à remplir108.

II.3- La tâche des agents pastoraux dans l’apprentissage d’une vie corporelle saine
et authentique

En tant qu’éveilleuse de conscience, l’Eglise a pour mission de dénoncer les


maux qui minent la société, et d’apporter la lumière de l’Evangile à tous les
hommes. À une époque où règnent le laxisme et la confusion sur les valeurs
morales, les pasteurs veilleront à rappeler avec perspicacité les principes de la
morale chrétienne et à inciter les fidèles au respect la dignité de la personne
humaine, à la pratique de la chasteté 109. Les initiatives prises pour interpeller ces
derniers au sens de la pudeur sont à saluer : usages de pancartes prohibant le port de
certaines tenues ou d’affiches portant des citations bibliques relatives à la dignité du
corps. Mais celles-ci doivent être approfondies et suivies de continuelles catéchèses
pour qu’au-delà des interdits, les chrétiens y découvrent le sens profond de ce qui
conduit au vrai bonheur afin de s’y soumettre librement. De plus, par le biais des
différentes tribunes (homélies, enseignements, causerie-débats, rencontres de
CEB…) qui leur sont offertes, les agents pastoraux exhorteront les parents à
s’engager de manière véritable et personnelle dans l’éducation morale des enfants et
des jeunes. A cet effet, une pastorale sera mise en place en collaboration avec les
familles, pour aider les jeunes à se construire une identité et une personnalité fortes,
capables de résister à l’influence des idéologies mondaines. En outre, une attention
particulière sera accordée à ceux qui vivent dans le libertinage sexuel et le stupre
dans l’optique de les ramener avec délicatesse sur le chemin de la foi chrétienne. En
somme, les pasteurs de l’Eglise s’appliqueront à former des chrétiens matures dans
la foi et exemplaires au niveau des mœurs. Ces derniers pourront alors influencer
positivement la vie de leurs contemporains et être des modèles de pureté à tous les
niveaux.

Conclusion partielle

108
Cf. JEAN PAUL II, Gravissimam sane (Rome, 2 février 1994), Lettre aux familles, Téqui, Paris 1994, 58.
109
Cf. GS, n. 49 § 3.
39

Cette troisième et dernière partie a consisté essentiellement à émettre quelques


pistes qui contribueront, nous osons l’espérer, à remédier au problème complexe de
l’exhibition du corps. Il s’agit en effet de promouvoir dans notre monde en quête de
repères l’éducation à la pudeur et à la liberté responsable, la formation de la
conscience morale, sans oublier d’intégrer la dimension spirituelle et religieuse au
système éducatif. Cette tâche incombe à la société tout en entière et singulièrement
à l’Etat, aux familles et à l’Eglise.

CONCLUSION GENERALE
40

La présente étude a été suscitée et motivée par une série de constats sur
l’exaltation impudique du corps humain. Parvenu au terme de cette réflexion
comportant certainement quelques limites, nous nous proposons d’en faire une
synthèse.

La première partie nous a révélé que le phénomène de l’exhibition est


entretenu par la mode vestimentaire, la publicité et les médias. De plus,
l’inquiétante ampleur qu’il prend aujourd’hui est due au libertinage et à la crise de
la conscience qui sévissent dans notre société, à la précarité de la situation
socioéconomique, ainsi qu’à l’influence néfaste des médias. Du coup, le corps est
considéré comme une propriété privée à mettre en valeur qu’elle qu’en soit le prix,
et aussi comme un appât pour séduire et obtenir de l’argent. Cela engendre alors la
perte progressive de la pudeur, l’instrumentalisation du corps et la banalisation de la
sexualité.

Dans la seconde partie, nous avons découvert à travers la Révélation et le


Magistère chrétien que le corps humain est créé par Dieu, à son image et à sa
ressemblance. Il est ce par quoi l’homme entre en relation avec ses semblables et
son Créateur. Assumé par le Christ et promis à ressusciter au dernier jour, il mérite
donc un profond respect et jouit d’une particulière dignité. Par ailleurs, il est le
temple de l’Esprit et est appelé à rendre visible ici-bas la présence du Dieu invisible.
Malheureusement, la manière dont on use du corps aujourd’hui porte atteinte à sa
vocation. Bien plus, l’exhibitionnisme corporel constitue une offense à la pudeur et
à la dignité humaine.

C’est pourquoi, il nous est paru indispensable de proposer dans la troisième


partie de cette étude quelques perspectives morales et pastorales comme exutoires
de ce phénomène social. Elles consistent à offrir une éducation morale, spirituelle et
religieuse plus approfondie à nos contemporains et à former en eux une conscience
droite et sensible aux valeurs éthiques. Autrement dit, il s’agit d’abord de
développer en eux le sens de la pudeur et de les aider à exercer de façon idoine et
responsable leur liberté. Ensuite, il convient d’intégrer dans l’éducation les
principes de la religion et les normes évangéliques. Enfin, il importe d’affiner la
conscience morale de nos concitoyens afin qu’ils soient en mesure de discerner les
41

bonnes mœurs des mauvaises et d’orienter leurs conduites vers le bien, le beau et
tout ce qui respecte la dignité humaine.
Par ailleurs, nous avons mis l’accent sur la dimension participative des
différentes instances de la société dans la lutte contre l’exhibition. A ce propos,
l’Etat et les responsables des médias ont un rôle important dans la moralisation de la
vie publique. Aussi, les parents et les professeurs, bien que confrontés à des
difficultés dans leur mission éducative, doivent s’y engager résolument et enseigner
à leurs protégés les règles de la décence. Quant à l’Eglise, sa contribution dans
l’apprentissage d’une vie corporelle saine et authentique demeure primordiale.
42

ANNEXES
Voici quelques modèles de tenues extravagantes et indécentes fièrement
revêtues par des filles, que l’on retrouve de plus en plus dans la cité
abidjanaise.

Image A Image B Image C


(Tenue fendue) (Pantalon taille-basse) (Jupe taille-basse)

Image D Image E Image F


(Exhibition de la poitrine) (Exhibition du ventre) (Exhibition du dos)
43

Un aperçu de quelques magazines, couvertures de CD et panneaux


publicitaires qui jalonnent les rues d’Abidjan. Des corps partiellement ou
totalement nus sont vulgairement exposés au regard de tous et utilisés comme
appât pour attirer la clientèle.

Image G Image H Image I

Image J Image K
(Panneaux publicitaires) (Couvertures de CD de musique)
44

BIBLIOGRAPHIE

1- BIBLES

 Bible de Jérusalem, Desclée de Brouwer, Paris 2000.

 Traduction Œcuménique de la Bible (TOB), Edition intégrale, Cerf/Société


Biblique Française, Paris 2004.

2- MAGISTERE

 CONCILE VATICAN II, Gaudium et Spes (Rome, 7 décembre 1965),


Constitution pastorale sur l’Eglise, Bayard, Paris 2002.

 CONCILE VATICAN II, Dignitatis humanae, (Rome, 7 décembre 1965),


Déclaration sur la liberté religieuse, Bayard, Paris 2002.

 BENOÎT XVI, Deus caritas est (Rome, 25 décembre 2005), Lettre encyclique,
Cerf, Paris 2006.

 JEAN-PAUL II, Familiaris consortio (Rome, 22 novembre 1981), Exhortation


apostolique sur les tâches de la famille chrétienne, Médiaspaul, Kinshasa
1995.

 ____________, Gravissimam sane (Rome, 2 février 1994), Lettre aux


familles, Téqui, Paris 1994.

 ____________, Veritatis splendor (Rome, 6 août 1993), Lettre encyclique


sur l’enseignement moral de l’Eglise, Cerf, Paris 1993.
 ____________, Homme et femme Il les créa. Une spiritualité du corps, Cerf,
Paris 2010.

 Catéchisme de l’Eglise Catholique, Mame / Plon, Paris 1992.

 CONSEIL PONTIFICAL POUR LES COMMUNICATIONS SOCIALES, Ethique en


publicité, Téqui, Paris 1997.
45

 CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE, Vérité et signification de la


sexualité humaine. Des orientations pour l’éducation en famille, Médiaspaul,
Kinshasa 1997.

 CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la Doctrine


sociale de l’Eglise, Ceda/Nei, Abidjan 2008.

3- OUVRAGES

 AMBROISE de Milan, Les devoirs. Livre I (tome I), Les Belles Lettres, Paris
2002.

 AUBERT Jean Marie, La femme. Antiféminisme et Christianisme,


Cerf/Desclée, Paris 1975.
 BAUDRILLARD Jean, La société de consommation, ses mythes, ses structures,
Denoël, Paris 1970.
 BEAUCHAMP André, La morale entre héritage et nouveauté, Médiaspaul,
Paris 1998.
 BNETD, Atlas des villes, Mici, Abidjan 2008.
 Code pénal ivoirien, Livre II, section IV, art. 334-340, 31 juillet 1981.
 COSTE René, Une morale pour un monde en mutation, Duculot-Gembloux,
Belgique 1969.
 CREPY Luc et FABRE Marie-Noëlle, La sexualité, L’Atelier, Paris 2002.
 DE BARMON Ghislain, Jean-Paul II professeur d’Amour. Une lecture
d’Amour et Responsabilité, François-Xavier de Guibert, Paris 2004.
 DURAND Guy, Sexualité et foi. Synthèse de théologie morale, Fides,
Montréal 1977.
 GESCHE Adolphe et SCHOLAS Paul, Le corps, chemin de Dieu, Cerf, Paris
2005.
 GUELLUY Robert, La création, Desclée, Tournai 1963.
 IDE Pascal, Le corps à cœur. Essai sur le corps humain, Saint-Paul,
Versailles 1996.
 HABIB Claude, La pudeur, la réserve et le trouble, Autrement, Paris 1992.
46

 LACROIX Xavier, Le corps de chair. Les dimensions éthique, esthétique et


spirituelle de l’amour, Cerf, Paris 2001.
 LEGRAIN Michel, Le corps humain. Du soupçon à l’évangélisation,
Centurion, Paris 1978.
 MAERTENS Jean Thierry, Dans la peau des autres. Essai d’anthropologie des
inscriptions vestimentaires, Aubier Montaigne, Paris 1978.

 MARTINI Carlo Maria, Simple propos sur le corps, Saint-Paul, Versailles


2001.

 PICARD Dominique, Du code au désir. Le corps dans la relation sociale,


Dunod, Paris 1983.
 PIDOUX Georges, L’homme dans l’Ancien Testament, Delachaux et Niestlé
S.A, Neuchâtel 1953.
 TONDE Bernard, Diaconie de la famille dans la formation de la conscience
morale en Côte d’Ivoire, Tipografica Liberit, Rome 2001.

4- ARTICLES DE JOURNAUX

 LEVRY Edouard, « Pleurons nos enfants », in Le Jour, Abidjan, 13 Octobre


1998.
 NABI Thérèse, « Saint Sylvestre et nouvel an. La foire aux jambes », in La
Nouvelle, Abidjan, Mardi 03 Janvier 2012.
 NEBOUT Christine Adjobi, « La banalisation du sexe, la putréfaction de notre
société », in Fraternité Matin, Abidjan, Jeudi 20 Avril 2006.

5- ARTICLES DE REVUES

 COMMISSION FAMILIALE DE L’EPISCOPAT DE FRANCE, « Les divorcés


remariés dans la communauté chrétienne », in La Documentation Catholique,
n. 2054, (juillet 1992), 699-710.
 CYRILLE de Jérusalem, Catéchèses baptismales, IV, XXII-XXIII, 484- A1 et
B 15, cité par Michel SALES, « Le mystère du corps humain. Paradoxes » in
Communio, n. V, 6, (novembre-décembre 1980), 20-33.
47

6- DICTIONNAIRES

 Le Petit Robert, Le Robert, Paris 2012.

 Nouveau Petit Robert, Le Robert, Paris 1995.

7- Sites on line et CD-ROM

 BENOIT XVI, « Les enfants et les moyens de communication sociale: un défi


pour l'éducation », message pour la 41ème journée mondiale des
communications sociales, in
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/communications/
documents/hf_ben-xvi_mes_20070124_41st-world-communications-
day_fr.html.

 BLOG CATHOLIQUE, « Les fondamentaux de l’éducation chrétienne », in


http://www.blog-catholique.com/post/Les-fondamentaux-de-l
%E2%80%99%C3%A9ducation-chr%C3%A9tienne.

 CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Dignitas personae,


Instruction sur certaines questions de bioéthique, n.7 in http:// www. vatican.
va.

 CYPRIEN de Carthage, Sur les avantages de la pudeur, in Sacra Doctrina -


Verbum Domini XP 4. 01[CD], s. l, février 2006.

 CARRIÈRE Philippe et TYRODE Yves, “Existe-t-il des caractéristiques


cliniques et psychopathologiques des auteurs d’exhibitionnisme et d’autres
conduites d’agression sexuelle que pédophilie et viol ?’’ in http:// psydoc-
fr.broca.inserm.fr/conf&rm /conf/confagrsex/RapportsExperts/Carriere.html.

 LOUAMY Jack, «Prostitution à Abidjan : voici les gos VCD et DVD » in


http:// www.abidjancontinu.unblog.fr/26-06-2008.

 PIE XI, Divini Illius Magistri (Rome, 31 décembre 1929), Lettre encyclique
sur L’éducation chrétienne de la jeunesse, in
http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-
xi_enc_31121929_divini-illius-magistri_fr.html.
48

 SOREAU Marine, « Nos corps cachent un mystère » : Le pape évoque la


Théologie du corps, in http://www.zenit.org/article-27902?l=french.

 TRAORE Bob, « Les ivoiriennes sont nues habillées. Quel drame ! », in


http://regardscroises.ivoire-/blog.com/archive/2009/07/06/Les-ivoiriennes-
sont-nues-habillées.queldrame.htlm.

 ___________, « L’Internet en Afrique, outil de développement ou


d’égarement » in http://webcache.googleusercontent.com/search?
q=cache:TmTmHkukcE8J:www.criticafric.com/profiles/blogs/l’internet-en-
Afrique-outil-de-développement-ou-d’egarement.html.

 YEO Issa, « Strip-tease, alcool, partouze…-Le sexe envahit les bars


climatisés d’Abidjan » in
http://www.parti-ecologique-ivoirien.org/Cotedivoire/Strip-tease-partouze-le
sexe-envahit-les-bars-climatises-d-Abidjan.php
49

TABLE DES MATIERES


REMERCIEMENTS...................................................................................................2
SIGLES ET ABREVIATIONS...................................................................................3
INTRODUCTION GENERALE................................................................................4
1. PROBLEMATIQUE.........................................................................................4
2. MOTIVATIONS...............................................................................................5
3. INTERET..........................................................................................................5
4. LIMITES...........................................................................................................6
5. METHODOLOGIE ET STRUCTURE............................................................6
PREMIERE PARTIE : APPROCHE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DU
PHENOMENE DE L’EXHIBITION DU CORPS DANS LA SOCIETE
ABIDJANAISE...........................................................................................................7
CHAPITRE I : PHENOMENOLOGIE DE L’EXHIBITIONNISME DANS LA
VILLE D’ABIDJAN...................................................................................................7
I.1- La présentation du cadre d’étude......................................................................7
I.2- L’exhibitionnisme et ses différentes formes.....................................................8
I. 3-Les manifestations de l’exhibitionnisme corporel dans la société abidjanaise.9
CHAPITRE II : CAUSES DU PHENOMENE........................................................13
II.1- Le libertinage et la crise de la conscience.....................................................13
II.2- La précarité de la situation socioéconomique du pays..................................14
II.3- Le snobisme et l’influence néfaste des médias..............................................15
CHAPITRE III : CONSEQUENCES NEFASTES DU PHENOMENE..................17
III.1- La perte progressive de la pudeur................................................................17
III.2- L’instrumentalisation du corps.....................................................................18
III.3- La banalisation de la sexualité.....................................................................18
Conclusion partielle...............................................................................................20
DEUXIEME PARTIE : CONCEPTION, VALEUR ET VOCATION DU CORPS
HUMAIN DANS LA REVELATION ET L’ENSEIGNEMENT DE L’EGLISE...21
CHAPITRE I : DANS LES SAINTES ECRITURES.............................................21
I.1- La conception unitaire de l’homme................................................................21
I.2- La dignité et la destinée du corps humain.......................................................22
50

CHAPITRE II : VALEUR DU CORPS ET DE LA PUDEUR CHEZ LES PERES


DE L’EGLISE...........................................................................................................24
II.1- La valorisation du corps dans la catéchèse de saint Cyrille de Jérusalem.....24
II.2- Les avantages de la pudeur dans l’enseignement de saint Cyprien et saint
Ambroise...............................................................................................................25
CHAPITRE III : ENSEIGNEMENT DU MAGISTERE SUR LA DIGNITE DE
L’HOMME ET SON CORPS...................................................................................26
III.1- La dignité de la condition corporelle de l’homme dans le Concile Vatican II
et le Catéchisme.....................................................................................................26
III.2- Le respect et le mystère du corps dans la pensée des pontifes romains.......27
III.3- Le regard éthique sur le phénomène de l’exhibition....................................28
Conclusion partielle...............................................................................................30
TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS MORALES ET PASTORALES POUR
UNE ERADICATION DU PHENOMENE DE L’EXHIBITION DANS LA
SOCIETE IVOIRIENNE..........................................................................................31
CHAPITRE I : PERSPECTIVES POUR UNE REDECOUVERTE DE LA
DIGNITE DU CORPS HUMAIN............................................................................31
I.1- L’éducation à la pudeur et à la liberté responsable.........................................31
I.2- L’éducation spirituelle et religieuse................................................................33
I.3- La formation de la conscience morale............................................................34
CHAPITRE II : DIMENSION PARTICIPATIVE DES DIFFERENTES
INSTANCES DE LA SOCIETE DANS LA LUTTE CONTRE L’EXHIBITION ET
L’IMMORALITE.....................................................................................................35
II.1- Le rôle de l’Etat et des responsables des médias dans la moralisation de la
vie publique...........................................................................................................35
II.2- La mission spécifique des parents et enseignants pour la sauvegarde des
bonnes mœurs........................................................................................................36
II.3- La tâche des agents pastoraux dans l’apprentissage d’une vie corporelle saine
et authentique.........................................................................................................38
Conclusion partielle...............................................................................................39
CONCLUSION GENERALE...................................................................................40
ANNEXES............................................................................................................42
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................44
TABLE DES MATIERES.....................................................................................49

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