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Le Cygne Par Baudelaire

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Charles Baudelaire, « Le Cygne »

Analyse du texte
1. Introduction

A. Présentation
Ce poème est extrait de la deuxième édition du recueil intitulé les « Les fleurs du
mal » dans la section Tableaux parisiens qui a été ajouté après le procès qui a subi la
première édition. Il a été écrit au moment où Paris faisait face aux changements
drastiques menés par le Baron Haussmann dans sa structure et son paysage pour
devenir une ville moderne. Baudelaire décrit donc la modernité de la capitale qui est
en pleine rénovation. - signe de l'évocation mélancolique du passé. Il dédie ce
poème à Victor Hugo qui se trouvait à l’époque en exile.

B. Caractérisation et annonce de l’axe de lecture


C'est un poème en deux parties, 14 quatrains au total ; tous des alexandrins en rimes
croisées. L'ampleur d'un vers long (alexandrin), associée à la régularité des rimes
ABAB fait naître une sorte de rythme incantatoire.
Un peu l'effet miroir par le fait que ce qui est écrit au début revient à la fin
(Andromaque-cygne puis cygne - Andromaque).
Dans la 1ère strophe : Le poète évoque le Paris qui change. Il se réfugie dans ses
souvenirs et dans ses créations
Strophes 2 à 5 : Enumération des exilés avec lesquels il se sent en solidarité (cygne-
Andromaque-négresse-orphelins) : il fait une généralisation.
Strophe 6 : Conclusion : dans l'exil (celui du poète aussi). Le souvenir prend toute sa
place et aide le poète à vivre.
Notre axe d’analyse est « Le ressenti du poète face aux changements à Paris ».

2. Développement

1) Le Paris moderne
- Pour le poète ce nouveau Paris provoque en lui de la mélancolie. « Le vieux Paris n’est plus
là » (7), il ne reste que « tout ce camp de baraques » (9) « ces tas de chapiteaux ébauchés et
de fûts » (10) et un « bric-à-brac confus » (12) un mélange entre le nouveaux et vieux.
Les travaux sont évoqués dans toute leur laideur, « le sombre ouragan » vers 16 évoque le
nuage de poussière produit par les travaux, la couleur « verdis » donne l’impression de non
achevé « ébauché » vers 10 mais aussi « pavés secs », vers 18 « sols raboteux » vers 19, les
termes de « voirie » contribuent à évoquer Paris en travaux.
- La vue « en esprit » (9) de ce souvenir le fait souffrir, on le sent par son hyperbole au vers 7
et 8, « la forme d’une ville change plus vite, hélas que le cœur d’un mortel » et cette douleur
s’accentue plus dans la deuxième partie du poème, première strophe « Paris change ! mais
rien dans ma mélancolie N’a bougé ! » (29,30), il utilise une N majuscule pour faire appuie
sur le fait que bien que Paris ait changé, chez lui tout reste pareil.
- À chaque strophe sa douleur ne fait que croître, une sorte de crescendo, « mes chers
souvenirs sont plus lourds que des rocs » (32), « Aussi devant de Louvre une image
m’opprime » et finalement « un vieux Souvenir sonne à plein du cor ! » car il sait qu’il ne
retrouvera plus jamais le vieux Paris, il est perdu a jamais
2) L’allégorie du cygne

- Dans ce poème le cygne est utilisé pour montrer le mal-être du poète et son sentiment
d’exile dans sa ville natale dû aux changements inarrêtables. Comme le cygne il se sent en
dehors de son milieu naturel, jeté dans un milieu hostile, le Paris moderne, on le voit au vers
18 « pavé sec », au vers 19 « sol raboteux », au vers 20 « ruisseau sans eau » et au vers 21
« dans la poudre » qui s’opposent au « beau lac natale » au vers 22.
- Dans ce nouveau milieu devenu le sien, le cygne se sent désorienté, au vers 21 « Baignait
nerveusement ses ailes » et au vers 31 « avec ces gestes fous » maladroit, au vers 19
« traînait son blanc plumage » et malheureux au vers 23 par une apostrophe « Eau, quand
donc pleuvras-tu ? quand tonneras-tu, foudre ? » qui montre le désespoir (le spleen)
ressentit par ce « sublime » (35) animale qui « adresse de reproches à Dieu » (28). Hors de
son élément naturel il devient ridicule puis Il se métamorphose comme les chimères d’Ovide
et devient mythe, vers 24 « mythe étrange et fatal », et symbole des exilés, au vers 35
« comme les exilés », c’est son souvenir, au vers 34 « Je pense à mon grand cygne » qui
déclenche une série de souvenir chez le poète comme on peut le constater dans les trois
dernières strophes, et aussi dans la première strophe.

3) Les exilés

- Baudelaire se sert des figures exilées pour exprimer l’étendue de sa souffrance


« Andromaque, je pense à vous ! (1), à « l’immense majesté de vos douleurs de veuve » (3)
au « Simoïs menteur qui par vos pleures a grandi » (4), il donne l’adjectif menteur au fleuve
pour montrer qu’Andromaque pleure depuis son exile la perte de ses choses précieuses
(Troie, son mari et son enfant) comme lui qui pleure dans son exile, Paris.
- Il utilise l’hyperbole pour insister sur la souffrance d’Andromaque. Il utilise un personnage
de mythologie grecque pour montrer la tragédie qu’il vit actuellement, il ne peut pas
changer le destin de Paris qui est devenu « un Vil bétail » (38) en main de la modernité. Il
pleure « auprès d’un tombeau vide » (39) « rongé d’un désir sans trêve » (36) de retrouver
sa ville natale comme tous les personnages du poème.
- Puis il pense aux malheureux qui ont « perdu ce qui ne se retrouve Jamais, jamais ! » (46)
cette répétition du mot jamais signale que c’est une perte définitive et non modifiable. « À
ceux qui s’abreuvent de pleures et tètent la douleur » (47) « Aux maigres orphelins » « à la
négresse, amaigrie et phtisique » (41) « aux matelots oubliés dans une île » (51) « à bien
d’autres encore » (52)

4) Un poète omniprésent

Le poème est écrit à la première personne c’est donc bien la parole du poète qui apparaît : «
je pense à vous ! » Vers 1 « je ne vois » vers 9. Comme le cygne Baudelaire est perturbé par
les bouleversements provoqués par les travaux dans Paris ainsi, l’exclamation « hélas ! » à la
césure du vers huit en témoigne

Le souvenir passe du pluriel au singulier, du poids à la légèreté, de la matière à la musicalité,


de la banalisation à la valorisation. Les correspondances, les allégories et les images
redonnent vie aux souvenir figés par le spleen.
Le Simoïs féconde la mémoire du poète ainsi : « a fécondé soudain ma mémoire fertile ». Le
« Je pense à vous Andromaque » V5 montre alors la force du souvenir. La ville va donc par le
mécanisme d’association d’idée stimuler la mémoire du poète, et faire ressurgir des
souvenirs enfouis :
1. Il traverse la place du Carrousel.
2. Fait rejaillir en sa mémoire une scène s'étant déroulée sur ce même lieu, mais par le
passé. Il se rappelle d’un cygne évadé de sa cage.
3. Ce souvenir va, à son tour, faire rejaillir un autre souvenir : celui d’Andromaque
3. Conclusion
Ainsi ce poème montre bien le ressenti de Baudelaire face aux transformations faites à Paris
et comme il se sent en dehors de ce milieu naturel, plus à sa place, exilé, représenté par le
cygne et tous les exilés mentionnés. Son malaise et sa maladresse au milieu de cette
modernité, tel un Albatros sur une planche, ridicule et sans grâce. Il exprime aussi sa
mélancolie pour les choses perdues qui vivent encore dans sa mémoire et qui tourmente son
esprit. Finalement son empathie pour les malheureux qui se trouvent dans une même
situation que lui.

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