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J 10 213

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Ohadata J-10-213

DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET DU GIE - SOCIETE ANONYME -


ACTES SOCIAUX - ACTION EN NULLITE - DELIBERATIONS, ACTES ET
DECISIONS SUBSEQUENTES - DECISION D’ANNULATION - AUGMENTATION
DE CAPITAL - RADIATION DE LA MENTION SOUS ASTREINTE - DOMMAGES
INTERETS (OUI) - EXECUTION PROVISOIRE - APPEL - RECEVABILITE (OUI) -
DEMANDES DE SURSIS A STATUER ET DE RENVOI - PRODUCTION D’UNE
PIECE - CLOTURE DE LA MISE EN ETAT - ARTICLE 462 ALINEA 2 CPC -
RECEVABILITE DE PIECES (NON) - EFFET RELATIF DES CONTRATS - REJET
DES DEMANDES (OUI) -
CONVENTION DE CESSION D'ACTIONS - CESSION AGREEE PAR LES
ACTIONNAIRES - QUALITE D'ACTIONNAIRE - NON CONTESTATION AU SEIN
DE LA SOCIETE - EXISTENCE DE PREUVE (OUI) - TRANSMISSION DES
ACTIONS NOMINATIVES - FORMALITES SUBSEQUENTES - ARTICLE 764
AUSCGIE - RESPONSABILITE DE LA SOCIETE - PROPRIETE DES ACTIONS -
OPPOSABILITE AUX AUTRES ACTIONNAIRES (OUI) -
ASSEMBLEES D’ACTIONNAIRES - DEFAUT DE CONVOCATION D’UN
ACTIONNAIRE - ARTICLES 125, 519, 552 ET 892 AUSCGIE - NULLITE DES
DELIBERATIONS, ACTES ET DECISIONS SUBSEQUENTES (OUI) - PREJUDICE
SUBI - ABSENCE DE JUSTIFICATIFS CHIFFRES - DOMMAGES-INTERETS
ALLOUES - JUSTE REPARATION (OUI) - CONFIRMATION DU JUGEMENT.

A partir du moment où l'instruction a mis le litige en état d'être jugé, l'objet de


l'ordonnance de clôture est de cristalliser le litige jusqu'à l'audience des plaidoiries. Il
s'ensuit qu'aucune pièce ne peut dès lors être produite aux débats à peine d'irrecevabilité
prononcée d'office. Il y a cause grave de révocation de l'ordonnance lorsque l'évolution du
litige fait obstacle à ce que l'affaire soit plaidée en l'état. En l'espèce, l’appelante produit un
protocole d'accord qui s'analyse comme une transaction qui serait intervenue entre sa société
mère et l’intimée. Outre le fait que la transaction faite par l'un des intéressés ne lie point,
selon l'article 2051 du code civil, les autres intéressés, la transaction intervenue entre les
parties au litige se suffit à elle-même pour mettre fin au litige sans qu'il soit besoin d'une
intervention volontaire d'une partie tierce. C'est donc à bon droit que le premier juge a rejeté
le sursis à statuer ainsi que la demande de renvoi.
La convention de cession d'actions conclue entre les parties stipule en son article 3
que le cessionnaire sera subrogé dans tous les droits et obligations attachés aux actions
cédées et qu'en vertu de cette convention, le cessionnaire deviendra propriétaire des actions
ainsi cédées et aura la jouissance des droits y attachés, à compter des présentes…, et
percevra seul la totalité des dividendes attribuées relativement aux dites actions à compter de
cette date (art. 5). L'article 8 quant à lui soumet la cession d'actions à l'agrément préalable
des actionnaires, à la diligence du cédant. En l'espèce, la cession d'actions intervenue entre
les parties a été agréée par la majorité des actionnaires, et la qualité d'actionnaire de
l’intimée n'a pas été contestée au sein de la société. Au demeurant les formalités prévues à
l'article 764 alinéa 1er AUSCGIE consacrant la transmission des actions nominatives par le
transfert sur le registre de la société incombent aux dirigeants de la société qui détiennent ses
registres dès lors que le conseil d'administration a donné son agrément pour la cession des
actions.
La qualité d'actionnaire ayant été reconnue à l’intimée, le défaut de convocation de
cette dernière aux assemblées générales ordinaire et extraordinaire vicie les décisions prises
lors desdites assemblées. Sur le fondement des articles 125, 519, 552 et 892 AUSCGIE, c'est
donc à bon droit que le premier juge a annulé les délibérations de ces assemblées générales
ainsi que les actes et décisions subséquentes.

ARTICLE 125 AUSCGIE


ARTICLE 246 AUSCGIE
ARTICLE 519 AUSCGIE
ARTICLE 552 AUSCGIE
ARTICLE 554 AUSCGIE
ARTICLE 764 AUSCGIE
ARTICLE 892 AUSCGIE
ARTICLE 1165 CODE CIVIL BURKINABÈ
ARTICLE 1583 CODE CIVIL BURKINABÈ
ARTICLE 2051 CODE CIVIL BURKINABÈ
ARTICLE 42 CODE DE PROCEDURE CIVILE BURKINABÈ
ARTICLE 462 CODE DE PROCEDURE CIVILE BURKINABÈ
ARTICLE 536 CODE DE PROCEDURE CIVILE BURKINABÈ
ARTICLE 550 CODE DE PROCEDURE CIVILE BURKINABÈ

(COUR D'APPEL DE OUAGADOUGOU, Chambre commerciale (BURKINA FASO), Arrêt


n° 030 du 15 mai 2009, Société ATLANTIQUE TELECOM c/ Société PLANOR AFRIQUE
et Société TELECEL FASO)

LA COUR,

FAITS - PROCEDURE - PRETENTIONS ET MOYENS DES PARTIES

Par acte d'huissier en date du 24 avril 2008 signifié à la société PLANOR AFRIQUE SA et à
la société TELECEL FASO, la société ATLANTIQUE TELECOM SA a interjeté appel du
jugement rendu le 27 février 2008 par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou en ces
termes :
« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière commerciale et en premier ressort ;
En la forme :
Déclare irrecevable les pièces produites par ATLANTIQUE TELECOM SA et TELECEL
FASO SA le 29 janvier 2008 parce qu'intervenues après l'ordonnance de clôture du juge de la
mise en état ;
Rejette la fin de non recevoir soulevées par les défendeurs ;
Au fond :
Annule les délibérations des assemblées générales extraordinaires et du conseil
d'administration de la société TELECEL FASO SA du 27 janvier 2006 ;
Annule, toutes les décisions prises en assemblées postérieurement à l'assemblée générale
extraordinaire et au conseil d'administration du 27 janvier 2006 ;
Ordonne à la société TELECEL FASO SA de procéder à la radiation de la mention
augmentation de capital au registre de commerce de Ouagadougou, ainsi que des actes
subséquents sous astreinte de cinq cent mille (500.000)francs CFA par jour de retard ;
Condamne solidairement les défendeurs à payer à la société PLANOR AFRIQUE SA la
somme de vingt cinq millions (25.000.000) Francs CFA à titre de dommages-intérêts ;
Ordonne l'exécution provisoire de la décision à intervenir nonobstant toutes voies de recours ;
Déboute PLANOR AFRIQUE du surplus de sa demande ;
Condamne les défendeurs aux dépens ».

Au préalable ATLANTIQUE TELECOM fait valoir qu'à l'audience du Tribunal du 29 janvier


2008, elle a communiqué au tribunal et à PLANOR AFRIQUE copie du protocole d'accord
définitif et irrévocable signé entre la société ETISALAT, actionnaire majoritaire de
ATLANTIQUE TELECOM, et PLANOR AFRIQUE le 05 septembre 2007 à Abu Dhabi en
vue du règlement définitif des différends l'opposant à PLANOR AFRIQUE ; que sur cette
base elle a demandé sans succès le suris à statuer ou le renvoi de l'affaire à une date ultérieure
ne serait-ce que pour permettre l'intervention de la société ETISALAT ; que le tribunal a
passé outre en rendant le jugement querellé au motif que la production du protocole est
tardive pour avoir été fait après la clôture de la mise en état ; que cependant, et au regard des
dispositions des alinéas 2 et 3 de l'article 42 du code de procédure civile, le tribunal peut d'une
part, et de façon exceptionnelle, rapporter l'ordonnance de renvoi pour cause grave, et d'autre
part retenir à l'audience, sans rapporter l'ordonnance de clôture, la demande en intervention
volontaire lorsqu'il estime qu'il peut immédiatement statuer sur le fond ; que le jugement sera
purement et simplement infirmé pour violation du protocole d'accord du 05 septembre 2007 ;

L'appelante expose que PLANOR AFRIQUE prétend, pour obtenir la nullité des délibérations
des assemblées générales et de réunion du conseil d'administration de la société TELECEL
FASO tenues le 27 janvier 2006, que lesdites assemblées ont eu lieu en fraude à ses intérêts
d'actionnaire de TELECEL FASO, qualité qu'elle aurait acquise suite à la convention de
cession d'actions signée entre elle et ATLANTIQUE TELECOM le 24 août 2004 ; que s'il est
vrai qu'il y eu cession de parts sociales, cette cession seule ne suffit pas à conférer à
l'acquéreur la qualité d'actionnaire en l'absence d'accomplissement des formalités
subséquentes légalement requises par l'article 764 alinéa 1er de l'Acte uniforme OHADA sur
les sociétés commerciales et groupement d'intérêt économique (AU/SCGIE) qui prévoit que la
transmission des actions s'opère, pour les sociétés ne faisant pas appel public à l'épargne, par
transfert sur les registres de la société pour les actions nominatives, les droits du titulaire
résultant de la seule inscription sur les registres de la société ; que seul l'accomplissement de
cette formalité par PLANOR AFRIQUE rend la cession opposable à TELECEL FASO et lui
confère la qualité d'actionnaire ; que cette formalité n'a été accompli par PLANOR AFRIQUE
que le 06 mars 2006, date à laquelle il a acquis la qualité d'actionnaire ; que pourtant, les
assemblées dont les délibérations sont mises en cause se sont tenues le 27 janvier 2006,
antérieurement à l'entrée de PLANOR AFRIQUE dans l'actionnariat de TELECEL FASO ;
qu'au surplus, il a été établi que tous les actionnaires étaient présents ou représentés aux
assemblées du 27 janvier 2006 ; qu’il résulte de l'article 519 dernier alinéa de l’AU/SCGIE
que l'action en nullité fixé à l'article 246 du même Acte uniforme n'est pas recevable lorsque
tous les actionnaires étaient présents ou représentés ; qu'il s'ensuit que l'action de PLANOR
AFRQUE est simplement irrecevable et le jugement attaqué mérite d'être infirmé ;

ATLANTIQUE TELECOM fait valoir que sur le fond et fort curieusement, PLANOR
AFRIQUE prétend par ailleurs que les assemblées générales du 27 janvier auraient été
convoquées par un organe incompétent ; qu'il y a lieu de rappeler sur ce point que ces
assemblées ont été convoquées par l'administrateur judiciaire de TELECEL FASO qui a
ouvert et présidé ces réunions jusqu'à 17h 32, heure à laquelle il a annoncé aux actionnaires
déjà réunis que le président du Tribunal de grande instance de Ouagadougou lui aurait enjoint,
téléphoniquement, de ne pas tenir les assemblées tout en lui suggérant de les transformer en
simples réunions ; que les assemblées se sont néanmoins tenues jusqu'à leur parfaite clôture,
en l'absence de l'administrateur provisoire qui a quitté la salle face aux refus des actionnaires
d'obtempérer à ses injonctions ; que dans ces circonstances, PLANOR AFRQIUE ne peut
faire la preuve d'une quelconque irrégularité ayant entaché les délibérations de ces
assemblées ;

En réplique PLANOR AFRIQUE expose que jusqu'en juillet 2004, les 250.000 actions
constituant le capital de TELECEL FASO étaient reparties entre ATLANTIQUE TELECOM
(162.000 actions), Soyaf Communication (75.000 actions) et West Africa Growth Fund
(12.500 actions) ; que par acte sous seing privé en date du 26 août 2004, ATLANTIQUE
TELECOM a cédé à PLANOR AFRIQUE 111.000 actions pour le prix de deux milliards
quatre cent onze millions neuf cent quarante huit mille (2.411.948.000) francs CFA ; que dans
un même temps Soyaf Communication a cédé à ATLANTIQUE TELECOM l'intégralité de
ses actions ; que ces deux cessions ont été agréées par le conseil d'administration de
TELECEL FASO le 27 août 2004, date à partir de laquelle le capital de TELECEL FASO
s'est retrouvé reparti à hauteur de 51% pour ATLANTIQUE TELECOM, 44% pour PLANOR
AFRIQUE et 5% pour West Africa Growtth Fund ;

PLANOR AFRIQUE fait valoir que dès le début de l'année 2005 elle a rencontré
d'importantes difficultés pour recevoir des informations sur la gestion et le fonctionnement de
la société TELECEL FASO, tout en constatant dans le même temps des abus de biens
manifestes de ses dirigeants et la plus grande confusion dans les comptes avec le premier
actionnaire, ATLANTIQUE TELECOM ; qu'elle a été dès lors contrainte de solliciter du
Tribunal de grande instance de Ouagadougou la désignation d'un expert comptable à l'effet de
procéder à l'expertise de gestion de TELECEL FASO sur la période d'août 2003 au 31 juillet
2005 dans un premier temps, puis face aux blocages, la désignation d'un administrateur
provisoire le 22 août 2005 avec pour mission d'administrer la société et de permettre le
fonctionnement régulier de ses organes sociaux dans un second temps ; que c'est à cette
occasion qu'elle a pu prendre connaissance et obtenir communication de plusieurs documents
faisant apparaître que les deux autres actionnaires de TELECEL FASO (ATLANTIQUE
TELECOM et WAGF), se seraient réunis en assemblée générale sans que PLANOR
AFRIQUE ne soit convoquée à ses assemblées, bien que les procès-verbaux stipulent de façon
inexacte que tous les actionnaires étaient présents ou représentés ; que c'est dans les mêmes
conditions que se seraient tenues le 27 janvier 2006 une assemblée générale ordinaire ainsi
qu'une assemblée générale extraordinaire à l'initiative de Mr Joël CADIER, représentant de
ATLANTIQUE TELECOM, lequel rédigeait seul et signait seul au nom des sociétés
ATLANTIQUE TELECOM, SOYAF Communication et WAGF le procès-verbal d'assemblée
et la feuille de présence ; que l'assemblée générale ordinaire a décidé de la recomposition du
conseil d'administration en nommant quatre administrateurs et l'assemblée générale
extraordinaire de l'augmentation du capital social de TELECEL FASO à trois milliards
(3.000.000.000) de francs CFA par la création de 300.000 actions nouvelles, avec une prime
d'émission de trois milliards cinq cent soixante dix huit millions quarante mille
(3.578.040.000) francs CFA et avec comme possibilité de libérer les actions souscrites par
compensation avec des créances certaines, liquides et exigible sur la société ; que cette
décision a eu pour effet de diluer la participation de PLANOR AFRIQUE qui est passé ainsi
de 44% à 20% par l'effet de cette fausse augmentation de capital, ATLANTIQUE TELCOM
s'octroyant 80% du même capital social ;

PLANOR AFRIQUE fait valoir, s'agissant de sa qualité d'actionnaire de TELECEL FASO,


que la vente d'actions intervenue entre elle et ATLANTIQUE TELECOM était parfaite en
application de l'article 1583 du code civil dès le 26 août 204, date de la cession et est
opposable à ATLANTIQUE TELECOM sans nul besoin de formalités supplémentaires ; que
c'est ainsi que conformément aux statuts de TELECEL FASO (article13-4) le conseil
d'Administration a donné le 27 août 2004, le lendemain de la cession, son agrément à cette
cession de 44% des actions à PLANOR AFRIQUE, tout en désignant un représentant de ce
dernier en qualité de nouvel administrateur ; que le 28 août 2004 ATLANTIQUE TELECOM
et PLANOR AFRIQUE signaient un pacte d'actionnaire relatif au reporting du Directeur
général et au contrôle de PLANOR AFRIQUE sur TELECEL FASO ; que l'on conçoit mal
qu'un tel accord ait pu être signé si PLANOR n'avait pas eu dès le 26 août 2004 la qualité
d'actionnaire

Sur l'obligation d'inscription de la cession sur les registres des actions de TELECEL FASO,
PLANOR AFRIQUE fait valoir qu'en effet si l'article 764-1er de l'AU/SCGIE prévoit que la
transmission des actions s'opère par transfert sur le registre de la société pour les actions
nominatives, ce transfert n'est effectué ni par l'actionnaire cédant encore moins par
l'actionnaire cessionnaire, mais pas la société elle-même ; que le registre est tenu au siège de
la société par le Directeur général ou la personne qu'il désigne à cet effet ; que ce n'est qu'en
mars 2006 que TELECEL FASO a procédé à son inscription dans son registre d'actionnaire et
ce à l'initiative de l'administrateur judiciaire qui a découvert cette défaillance ; que le retard
dans l'accomplissement de cette formalité, non imputable à PLANOR AFRIQUE, ne saurait
signifier que la cession des actions prend effet à la date du 26 mars 2006 ;

PLANOR AFRIQUE soutient que ATLANTIQUE TELECOM ne peut à l'évidence se


prévaloir de la fausse affirmation de son représentant, monsieur CADIER, suivant laquelle
tous les actionnaires seraient présents et représentés aux assemblées générales pour en déduire
l'irrecevabilité prévue par l'article 519 de l'AU/SGIE ; qu'en effet il est établi que PLANOR
AFRIQUE, détenteur de 110.000 actions représentant 44% du capital n'était ni présent ni
représentée car non convoquée à cette assemblée ; que le défaut de convocation aux
assemblées générales ordinaires et extraordinaires des 27 janvier 2006 se trouve triplement
sanctionné par l'AU/SCGIE en ses articles 125, 552 et 892 ;

Sur le protocole d'accord qu'elle a signé le 05 septembre 2007 à Abou Dhabi avec la société
Emirati ETISALAT, l'intimée explique qu’ATLANTIQUE TELECOM, bien que non partie à
ce protocole, soutient que celui-ci mettrait fin à la présente instance ; que ce faisant, son
argument méconnaît le principe civiliste de l'effet relatif des contrats prévu à l'article 1165 du
code civil qui dit que les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes et ne
peuvent profiter au tiers que dans le cas prévu par l'article 1121, non applicable en l'espèce ;
qu'au surplus, si l'appelant analyse cet accord comme une transaction, le principe
d'inopposabilité rendrait alors inapplicable cet accord au présent litige conformément à
l'article 2051 du code civil qui précise que « la transaction faite par l'un des intéressés ne lie
pas les autres intéressés et ne peut être opposée par eux » ; qu'en outre, et à titre subsidiaire, il
y a lieu de préciser que cet accord est devenu caduque de fait de sa non exécution par
ETISALAT (article 3 in fine) ; que l'argument tiré de ce protocole caduc ne pourra qu'être
rejeté par la Cour ;

PLANOR AFRIQUE estime qu'en prenant l'initiative le 27 janvier 2006 de rédiger deux
procès-verbaux d'assemblée générale d'actionnaires, ATLANTIQUE TELECOM a gravement
engagé sa responsabilité civile, comportement illicite dans lequel il a persévéré en prenant
l'initiative de former une défense à exécution provisoire du jugement du 27 février 2008,
toutes choses qui ont causé tant à PLANOR AFRIQUE qu'à TELECEL FASO un préjudice
considérable ; qu'en estimant à seulement un montant de vingt cinq millions (25.000.000) de
francs CFA ce préjudice, le tribunal a largement sous évalué le dommage ainsi causé ; qu'en
effet sa qualité d'actionnaire, presque égalitaire (44%) lui permettait vis-à-vis des tiers,
notamment des banques, de valoriser cet actif à dû proportion de sa participation réelle dans le
capital ; qu'en ignorant cette participation de moitié par l'effet de l'augmentation du capital
litigieux, ATLANTIQUE TELECOM lui a manifestement causé un préjudice important ; qu'il
est constant par ailleurs que détenant 44% des actions, elle aurait pu s'opposer au projet
d'augmentation du capital si elle avait été régulièrement convoquée a l'assemblée générale
extraordinaire du 27 janvier 2006 et ce conformément aux dispositions de l'article 554 de
l'AU/SCGIE ; qu'au surplus la formalité prévue à l'article 8 des statuts de TELECEL FASO
qui veut que toute augmentation de capital par compensation fasse l'objet d'un arrêté des
comptes établis par le conseil d'administration et certifié exacte par les commissaires aux
comptes, a été sciemment omise par ATLANTIQUE TELECOM ; qu'en l'espèce cette
dernière n'a pas apporté de l'argent frais mais s'est permise tout simplement de compenser des
créances par ailleurs contestées pour s'octroyer illégalement le contrôle de plus des trois quart
du capital de TELECEL FASO ; que ce comportement qui a permis à ATLANTIQUE
TELECOM de spolier pendant plus de deux ans les droits de PLANOR AFRIQUE, justifie
que lui soit alloué des dommages-intérêts qui ne soient pas inférieurs à cinq cent millions
(500.000.000) de francs CFA ; qu'enfin elle sollicite au titre des frais irrépétibles par elle
engagé au cours de la. présente instance, la condamnation de ATLANTIQUE TELECOM au
paiement de la somme de vingt cinq millions (25.000.000) de francs CFA ainsi qu'en tous les
dépens ;

DISCUSSION

EN LA FORME

Attendu que l'appel interjeté par ATLANTIQUE TELECOM le 24 avril 2008 est intervenu
dans le délai et selon la forme prévue respectivement aux articles 536 et 550 du code de
procédure civile ; qu'il y a lieu de le déclarer recevable ;

AU FOND

SUR L’INFIRMATION DU JUGEMENT POUR VIOLATION DU PROTOCOLE


D’ACCORD DU 05 SEPTEMBRE 2007

Attendu que ATLANTIQUE TELECOM soutient qu'elle a demandé sans succès, lors de
l'audience des plaidoiries, le sursis à statuer et le renvoi de l'affaire à une date ultérieure pour
lui permettre de produire un protocole d'accord signé entre ETISALAT, dont elle est la filiale,
et PLANOR AFRIQUE en vue de mettre fin aux différend qui les opposent ;
Mais attendu qu'après ordonnance de renvoi, qui vaut clôture de la mise en état, aucune
conclusion, selon, l'article 462 alinéa 2 du code de procédure civile, ou aucune pièce ne
pourra être déposées ni aucune pièce communiquée ou produite, sauf dans les cas où le
tribunal rapporte l'ordonnance de renvoi pour cause grave ;
Attendu qu'à partir du moment où l'instruction a mis le litige en état d'être jugé, l'objet de
l'ordonnance de clôture est de cristalliser le litige jusqu'à l'audience des plaidoiries ; qu'il
s'ensuit qu'aucune pièce ne peut dès lors être produite aux débats à peine d'irrecevabilité
prononcée d'office ; qu'il y a cause grave de révocation de l'ordonnance lorsque l'évolution du
litige fait obstacle à ce que l'affaire soit plaidée en l'état ; qu'en l'espèce ATLANTIQUE
TELECOM produit un protocole d'accord qui s'analyse comme une transaction qui serait
intervenue entre sa société mère et PLANOR ; qu'outre le fait que la transaction faite par l'un
des intéressés ne lie point, selon l'article 2051 du code civil, les autres intéressés, la
transaction intervenue entre les parties au litige suffit à lui-même pour mettre fin au litige sans
qu'il soit besoin d'une intervention volontaire d'une partie tiers ;
Attendu que c'est donc à bon droit que le premier juge a rejeté le sursis à statuer ainsi que la
demande de renvoi afin de permettre l'intervention volontaire de ETISALAT ;

SUR LA QUALITE D’ACTIONNAIRE DE PLANOR AFRIQUE

Attendu que la convention de cession d'actions de TELECEL FASO par ATLANTIQUE


TELECOM au profit de PLANOR AFRIQUE stipule en son article 3 que le cessionnaire sera
subrogé dans tous les droits et obligations attachés aux actions cédées et qu'en vertu de la
présente convention, le cessionnaire deviendra propriétaire des actions ainsi cédées et aura la
jouissance des droits y attachés, à compter des présentes (26 août 2004) et percevra seul la
totalité des dividendes attribuées relativement aux dites actions à compter de cette date
(article 5 convention de cession) ; que l'article 8 de la convention soumet la cession d'action à
l'agrément préalable des actionnaires, à la diligence du cédant ; qu'en l'espèce la cession
d'action intervenue entre les parties a été agréée par le conseil d'administration de TELECEL
FASO le 27 août 2004 par la majorité des actionnaires ;
Attendu que suite à cela la qualité d'actionnaire de PLANOR AFRIQUE n'a pas été contestée
au sein de la société ainsi que l'attestent :
- l'acte d'accord Groupe ATLANTIQUE et PLANOR AFRIQUE en date du 28 août 2004 sur
le contenu des missions de contrôle à TELECEL FASO à intégrer au pacte d'actionnaires
signé entre ATLANTIQUE TELECOM et WAGF le 10 février 2004 ;
- le protocole d'accord entre les mêmes parties qui prévoit en son point 3 que le Groupe
PLANOR à qui revient la présidence du conseil d'administration de TELECEL FASO, sera
régulièrement informé du fonctionnement de cette société et cela même en dehors des
conseils d'administration ;
Attendu qu'au demeurant les formalités prévues à l'article 764 alinéa 1er de l'Acte uniforme
OHADA consacrant la transmission des actions nominatives par le transfert sur le registre de
la société incombent aux dirigeants de la société qui détiennent ses registres dès lors que le
conseil d'administration a donné son agrément pour la cession des actions le 27 août 2004,
date à laquelle la propriété des actions cédées est devenue opposable à TELECEL FASO,
ainsi qu'aux autres actionnaires qui ne sauraient dès lors contester la qualité d'actionnaire de
PLANOR AFRIQUE ; que le jugement attaqué sera confirmé sur ce point ;

SUR LA NULLITE DES DELIBERATIONS DU 27 JANVIER 2006

Attendu que la qualité d'actionnaire ayant été reconnue à PLANOR AFRIQUE, le défaut de
convocation de cette dernière aux assemblées générales ordinaire et extraordinaire du 27
janvier vicie les décisions prises lors desdites assemblées ; que c'est donc à bon droit que le
premier juge sur le fondement des articles 125, 519, 552 et 892 de l'AU/SCGIE a annulé les
délibérations de ces assemblées générales ainsi que les actes et décisions subséquentes ;

SUR LA RECLAMATION DE PLANOR AFRIQUE

Attendu que PLANOR AFRIQUE allègue de ce que ATLANTIQUE TELECOM de par son
comportement a spolié pendant plus de deux ans ses droits ce qui justifie que lui soit alloué
des dommages-intérêts dont le montant est supérieur ou égal à cinq cent millions
(500.000.000) de francs CFA, sans pour autant apporter de justificatifs chiffrés ;
Attendu qu'il est indéniable que PLANOR AFRIQUE a subi un préjudice ; que la Cour estime
que la somme de vingt cinq millions (25.000.000) de francs CFA a lui alloué par le premier
juge constitue une juste réparation de son préjudice ;

SUR LES FRAIS EXPOSES ET NON COMPRIS DANS LES DEPENS

Attendu qu'en vertu de l'article 6 nouveau de la loi 10-93/ADP du 17 mai 1993 portant
organisation judiciaire au Burkina Faso, le juge peut, dans toutes les instances, sur demande
expresse et motivée, condamner la partie tenue aux dépens à payer à l'autre partie la somme
qu'il détermine au titre des frais exposés et non compris dans les dépens, et ce sans égard pour
la convention qui lie le justiciable à son conseil ;
Attendu que PLANOR AFRIQUE réclame à ce titre la somme de vingt cinq millions
(25.000.000) de francs CFA ;
Attendu cependant que PLANOR AFRIQUE n'apporte nullement les justificatifs de la somme
réclamée ;
Attendu que le barème indicatif des frais et honoraires des avocats du 20 décembre 2003
précise en son article 33 que les avocats du demandeur et du défendeur ont droit à des
honoraires fixes de quatre cent mille (400.000) francs CFA en appel ; qu'en application de
cette disposition il convient de lui allouer cette somme et de la débouter du surplus de sa
demande ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement en dernier ressort ;


Déclare l'appel recevable ;
Confirme le jugement attaqué ;
Condamne la société ATLANTIQUE TELECOM aux dépens ;
La condamne à payer à la Société PLANOR AFRIQUE la somme de quatre cent mille
(400.000) francs au titre des frais exposés et non compris dans les dépens.

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