Grossesse Et Médicaments
Grossesse Et Médicaments
Grossesse Et Médicaments
Pr. N. Loumi
I. Introduction
II.Modifications pharmacocinétiques chez la femme enceinte
1. Absorption
2. Distribution
3. Métabolisme
4.Elimination
VI. Conclusion.
I. Introduction
Des études aux Etats-Unis montrent que plus de 45 % des femmes enceintes consomment des
médicaments en vente libre, des médicaments prescrits (incluant les vitamines prénatales et
les antibiotiques) et les produits de sante naturels, respectivement. Et si on exclut les
multivitaminés, 25 a 50 % des grossesses sont exposées au moins un médicament dont ces
femmes souffrant de maladies chroniques nécessitent un traitement médicamenteux à long
terme et peuvent avoir tendance à vouloir cesser leur traitement pendant la grossesse.
Tandis que l’arrêt brutal d’un traitement chronique ou ≪ sous-traiter ≫ une femme enceinte
peut entrainer un risque de décompensation de la pathologie avec des conséquences pour la
mère et/ou l'enfant. Et donc la règle générale est de prendre le temps avant de décider car peu
de médicaments justifient d'envisager une interruption de grossesse. Puisqu'on ne peut pas
connaitre tous les risques, il faut minimiser toute exposition inutile et utiliser des
médicaments nécessaires et efficaces.
II. Modifications pharmacocinétiques chez la femme enceinte (2)
Les modifications des fonctions physiologiques qui se produisent au cours de la grossesse vont
s’accompagner de variations dans les différentes phases du devenir du médicament dans l’organisme
(pharmacocinétique) des médicaments à savoir :
a. L’absorption :
Paramètres
pharmaco- Modifications physiologiques Conséquences
cinétoques
Absorption ↓ motilité gastrique et intestinale ↓la vitesse de résorption
gastro-
intestinale ↑ Le temps de vidange gastro- ↑Cmax en raison de la prolongation de la
intestinal est allongé de 30-50% présence du médicament sur son site de
résorption
↑ temps de contact.
↑ la résorption
↓sécrétion acide40% (↑ du pH
gastrique) ↑l’absorption des bases faibles
Absorption Réduction du flux sanguin dans les ↓la résorption IM au niveau des
intramusculaire membres inférieurs (stase veineuse). membres inferieurs. Elle est plus
efficace au niveau des membres
supérieurs.
Absorption ↑en raison de la vasodilatation de
cutanée et la peau et de toutes les
muqueuse muqueuses, notammentvaginale.
b. Distribution :
1. Chez la mère :
Paramètres Modifications physiologiques Conséquences
pharmaco-
cinétoques
↑volume plasmatique à partir de la ↑Vd médicaments hydrosolubles
12 e semaine avec un max (50%) à (dilution).↓Cmax (exp : aminosides,
volume de la 28-30 e semaines. céphalosporines, vancomycine)
distribution
(Vd) ↑volume d'eau corporelle totale ↑Vd médicaments
liposolubles,↓Cmax(exp :amiodarone,
↑ la masse adipeuse3 à 4 Kg diazépam)
liaison ↓ l’albumine : ↓ Concentration totale
protéique
↓capacité à lier les médicaments ↑fraction libre (exp :acide salicylique,
dexaméthasone, lidocaine, propranolol)
↑ l’α 1et α 2 lipoprotéines
↑l’efficacité thérapeutique et ↑la toxicité
↓des α 1 glycoprotéine.
↑la distribution.
↑Débit sanguin cardiaque est de 30-
40% (24SA)
La présence du liquide amniotique, constitue une réserve où les médicaments et leurs métabolites
peuvent s’accumuler.
Le placenta c’est une membrane d’échange laissant passer la plupart des médicaments pris par la
mère vers le fœtus. Ce passage se fait par diffusion passive selon le gradient de concentration et
dépend de :
La différence de pH entre la mère et le fœtus (pH sanguin fœtal est d’environ 0,1 à 0,15 unité
inferieur au pH sanguin maternel 7,4), peut modifier sensiblement le transfert des substances
faiblement basiques comme les anesthésiques locaux. En cas d’alcalose maternelle, elles peuvent
passer plus facilement chez le fœtus.
c. Métabolisme
1. Chez la mère :
Paramètres Modifications physiologiques Conséquences
pharmaco-
cinétiques
La ↑la fraction
progésterone induction des enzymes du cytochrome P450 métabolisable du
↑ d’activitéprincipaux isoenzymes, les CYP3A4, médicament.
CYP2D6, CYP2A6 et CYP2C
-Augmentation de la FG d’environ 50
% dès le 1 er trimestre, puis
diminution dans les 3 dernières
semaines -Inchangée
L’état nutritionnel :
les carences vitaminiques (acide folique, vitamine A), ainsi que les carences en fer et en
calcium, sont des facteurs de toxicité. Les folates ont un rôle prépondérant dans le
développement harmonieux du SNC, expliquant la toxicité des antifoliques comme le
méthotrexacte ou le cotrimoxazole.
Les médicaments peuvent être classés selon leur transfert placentaire en trois
groupes (Jacqz-aigrain, 1998) (6)
4. Le fœtus:
Au début de la grossesse, le produit de conception est vulnérable à l’action de certains
médicaments et / ou de leurs métabolites car l’équipement enzymatique responsable de
la métabolisation est encore immature et les systèmes d’excrétion ne sont pas bien
développés
1. La durée d’exposition :
Elle correspond à la durée de prise, plus 7 demi-vies (temps au bout duquel 99 % du produit
est éliminé).
la survenue de malformations chez l’embryon lors de son développement in-utero liées aux
expositions en début de grossesse (la période pendant laquelle le risque est maximal
correspond au 1 trimestre de la grossesse).
Effets chez le nouveau-né liés, le plus souvent, à des expositions survenus en fin de
grossesse ou pendant l’accouchement.
Lithium : cœur.
Valproate de sodium, carbamazépine : tube neural.
Tétracyclines : dents (bougeant relativement tardif) et os long.
IEC : rein et os du crâne.
2. La facilité de passage au niveau embryo-fœtal.
3. La date de prise du produit par rapport à l’organogenèse.
4. La durée d’exposition.
5. La posologie.
6. Du terrain génétiquement prédisposé.
2.3/ la période fœtale(2) : (de la fin du 2e mois à l'accouchement) :
La maturation des organes se poursuit au stade fœtal, ils sont pour la plupart déjà
différenciés, sauf les organes génitaux externes et les tissus du système nerveux central.les
agents tératogènes à ce stade ont :
Les antiparasitaires
Médicaments autorisés Médicaments autorisés sous Médicaments formellement
sans réserve réserve déconseillés
Chloroquine (nivaquine) (100 Métronidazole : Pyriméthamine : antifolique.
mg/j ou 300 mg/semaine) En cas de nécessité absolue, ne pas Sulfadiazine : il appartient à la famille
elle est indisponsable en utiliser à fortes doses. des sulfamides et c’est un antifolique.
cas de voyage en zone Traitement locale, s/f d’ovules Primaquine : risque d’hémolyse
d’endémie à plasmoduim gynécologiques, inoffensif. intravasculaire et de
sensibles. Quinine : il existe un risque méthémoglobinémie fœtale, elle est
Niclosamide (Trédémine) théorique faible pour le fœtus, contre-indiquée.
Remarque : l’état de la mère justifie la prise .
la quinine et la quinidine : La méfloquine doit être évitée. En
risque de surdité et cas de chimioprophylaxie
d’anomalies oculaires à indisponsable, contraception
fortes doses indisponsable, contraception
La chloroquine : efficace poursuivie 3 mois après
risque de surdité et une l’arrêt chez la femme non
VI. Vaccinations et grossesse :
La grossesse est une période de la vie très particulière pour les vaccinations. Les réactions
de défense de l'organisme sont modifiées à ce moment-là et le vaccin va concerner deux
personnes: la maman et son bébé.
1. Les vaccins dits "vivants" atténués : ils sont produits avec des virus dont la virulence a été
diminuée par des procédés particuliers.
2. Les vaccins dits “tués“ : ils sont produits avec des virus tués.
3. Les vaccins dits“ inactifs“ : ils sont produits avec une fraction de virus ou de bactérie
(inactive) récupérée sur des virus ou des bactéries fragmentés. Cette fraction qui est
généralement une protéine peut dans certains cas être produite artificiellement .
Bibliograghie
(2) Caroline Bertoux. Automédication de la femme enceinte : enquête sur les habitudes de délivrance
des pharmaciens Haut-Normands et réalisation de fiches synthétiques de bon usage. Sciences
pharmaceutiques.2016. dumas-01319599 P(49-55).
(4) Cl. Le jeune : « médicaments, grossesse et lactation ». Thérapeutique générale, chapitre 5(b),
page 119. Edition Frison-Roche, Paris.