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La Méthodologie en Droit

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LE GUIDE DE LA
MÉTHODOLOGIE
JURIDIQUE

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PRÉFACE
Guide ultime pour réussir en DROIT, ce document de méthodologie a été
spécialement conçu pour vous permettre une bonne maîtrise des exercices du cas
pratique, de la dissertation juridique, du commentaire de texte, de la fiche d'arrêt
ainsi que du commentaire d'arrêt. Chacune de ces méthodologies étant suivie
d'exemples illustratifs. Avec des méthodologies clairement expliquées et illustrées
par des schémas, ce manuel va vous garantir une réussite dans vos différents
exercices de réflexion juridique.

3
Ce document numérique est soumis à des droits d'auteur.

La loi n° 96-564 du 25 juillet 1996 relative à la protection des œuvres


de l'esprit et au droit des auteurs, des artistes-interprètres et des
producteurs de phonogrammes et vidéogrammes, interdit en effet
expressément la photocopie à l'usage collectif sans l'autorisation des
ayants droits.

COPYRIGHT - Ivoire-Juriste.

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Cliquez sur l'une de ces méthodologies pour la consulter :

LA MÉTHODOLOGIE

DU CAS PRATIQUE

LA MÉTHODOLOGIE

DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

LA MÉTHODOLOGIE

DU COMMENTAIRE TEXTE

LA MÉTHODOLOGIE

DE LA FICHE D'ARRÊT

LA MÉTHODOLOGIE

DU COMMENTAIRE D'ARRÊT

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LA MÉTHODOLOGIE
DU CAS PRATIQUE

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MÉTHODOLOGIE : LE CAS PRATIQUE

Exercice très formateur, le cas pratique est souvent inspiré de faits réels ou divers.
Sa méthode d'élaboration peut se concevoir selon les différents points du sommaire
ci-dessous proposés.

A- Généralités sur le cas pratique

Comme son nom l'indique, le cas pratique est un exercice qui a pour objet de
soumettre à l’étudiant une situation ou une question concrète à laquelle on voudrait
le voir donner une solution concrète.

Il s'agit d'un fait ou d'un ensemble de faits auxquels l'étudiant doit trouver des
solutions fondées en droit. Résoudre, donc, un cas pratique revient à appliquer le
droit à une situation concrète afin de proposer une solution. Son travail consiste
alors à analyser la conformité des faits qui lui sont soumis à la loi et d’en tirer la
conséquence qui s’impose

Ici, l'étudiant doit être impartial et objectif. Il ne doit pas prendre position suivant
sa conviction, mais il doit analyser les faits à la lumière de la règle de droit y
correspondant. Ce n’est donc pas un travail de naturaliste, de défenseur ou
d’avocat qui est demandé à l’étudiant.

Le travail préalable consiste alors à :

- Lire attentivement le texte proposé et souligner les mots-clés,

- Relever le ou les problème(s) du cas pratique en les traduisant sous leurs


expressions juridiques adéquates,

- Rechercher les textes applicables, et si possible la tendance jurisprudentielle


adéquate ainsi que les courants doctrinaux y relatifs ;

- Et enfin, dégager les solutions applicables aux problèmes que pose le cas pratique.

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B- Présentation du devoir

Il faut une introduction suivie du développement.

1. L'introduction

Elle doit contenir les éléments suivants :

- Le résumé des faits : ils doivent être représentés dans leur chronologie propre et
être composés des idées essentielles. Les détails et les répétitions d'idées ne sont
pas nécessaires pour le résumé.

- La qualification juridique des faits (domaine) : Les faits, une fois résumés,
doivent faire l'objet de qualification juridique, c'est-à-dire les intégrer dans la
réalité juridique à laquelle ils renvoient.

Exemple 1 : les faits tels que présentés sont relatifs à l'intégrité du consentement
dans la conclusion du contrat.

Exemple 2 : les faits ci-dessous exposés sont relatifs à l'acquisition et la perte de la


personnalité juridique.

NB : certains enseignants exigent qu’on commence par présenter le domaine,


c’est-à-dire situer les faits avant de les exposer. Ainsi, on commence par : «
l'exercice soumis à notre analyse est un cas pratique. II porte sur l'acquisition de la
personnalité juridique. Des faits, il ressort que...». Pour d'autres enseignants, il faut
commencer directement par présenter le résumé des faits suivi de la qualification
juridique des faits. Ainsi, l'introduction commence par : « M. X, un commerçant a

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vendu un........... qui finalement n’est pas de bonne qualité. Les faits tels qu'exposer
sont relatifs au vice de consentement en matière de conclusion de Contrats ».

Dans l’un ou l’autre cas, les éléments de l'introduction du cas pratique demeurent
les mêmes. Seul leur emplacement change. Il faut donc pouvoir s'y adapter sans
que cela ne vous déroute.

- Le ou les problème(s) de droit : ils doivent être posés clairement à la suite des
faits. Si des questions sont posées assez clairement par l’exercice, l’étudiant doit
leur trouver une formulation personnelle en conformité avec les cadres juridiques
ordinaires.

- Le plan : Il y a autant de parties qu'il y a de problèmes à résoudre.

NB : Le plan peut être fait en fonction des différentes personnes citées dans les
faits tout comme il peut être fait en fonction des actes juridiques commis ou des
problèmes à résoudre.

2- La rédaction du corps du devoir

Il faut à chaque étape :

- Rappeler les faits nécessaires à la compréhension du titre formulé ;

- Poser le problème résultant de ces faits ;

- Évoquer la règle de droit applicable aux faits ;

- Dire si oui ou non les faits correspondant à la règle exposée pour ainsi déduire la
solution qui s'impose.

NB : une conclusion générale n’est pas utile.

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3- Le schéma du cas pratique

Introduction : Exposer les faits :

 Dans l’ordre chronologique

 En procédant à leur qualification juridique

 En se limitant à ceux qui soulèvent un problème de droit

 Poser le problème de droit

 Annoncer le plan.

Développement

Question 1 :

- Résumé des faits à traite

- Problème de droit tiré des faits

- Règle de droit applicable

- Solution concrète au problème de droit

- Exception possible si le principe ne résout pas totalement le problème de droit


tiré des faits.

Question II : même raisonnement

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C- Récapitulons

Le cas pratique nécessite, outre la maîtrise des connaissances de base, de mener un


raisonnement juridique rigoureux en trois étapes. Il s'agit de l'analyse de la
situation, la détermination du droit applicable et de la proposition d'une solution.

Concernant l'analyse de la situation, il s'agit, d'une part, de procéder à une prise de


connaissance des faits, suivie d'une qualification juridique des faits et de poser le
problème qui en résulte.

La prise de connaissance des faits repose sur le fait que le lecteur doit se mettre à
l’idée que tous les éléments du cas sont, a priori, importants. En effet, certains
détails peuvent conduire à exclure l’application d’un texte ou conditionner la
reconnaissance d'un droit ou d’une obligation. Il s’agit ici, après une lecture
attentive du cas, de savoir distinguer l’essentiel qu’il faut retenir des futilités qu'il
faut exclure.

Exemple : “M. Silla avait épousé une belle femme, aux traits fias, dont le seul
regard est enivrant, à l'allure de gazelle. Il s'affinait de tout son cœur ; mais malgré
cette dévotion, le couple a été obligé de se retrouver après 6 ans de vie conjugale,
devant le juge pour le prononcé du divorce”.

Le juriste retiendra de tout ce qui précède que le couple légalement marié est en
instance de divorce après 6 ans de vie conjugale. Il ne s’intéressera pas à la
description physique de la femme, car cela n’a pas d’incidence juridique.

Ensuite, après avoir résumé les faits, il faut pouvoir procéder à leur qualification.
Les activités humaines étant diverses, le droit s’efforce de leur donner des
qualifications devant lui permettre de les cerner. Ainsi, le droit a élaboré de
grandes classifications afin de déterminer un régime, c'est-à-dire, un ensemble de
règles applicables, propre à chacune des activités humaines. Par exemple : actes ou
faits juridiques : actes de commerce ou actes civils ; meubles ou immeubles, faute
civile ou faute pénale, etc.

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Pour mieux analyser une quelconque situation à la lumière du droit, le juriste ou
l'étudiant en droit se doit de la qualifier, de déterminer la catégorie juridique dans
laquelle les faits peuvent être classés afin de déterminer, naturellement et à juste
titre, quelles sont les règles applicables.

Enfin, il faut poser le problème. Le problème désigne la question de droit à


laquelle il faut répondre, et ce, conformément au droit. Si l'analyse des faits doit,
bien sûr, conduire à formuler un problème de droit, le problème de droit, comme
son nom l’indique, doit avoir sa réponse en droit, et donc relever du domaine
juridique. Il ne s'agit pas de s'interroger de façon vague et incongrue.

Il faut poser une question qui a un sens en droit parce que sa réponse est prévue par
le droit. En définitive, il doit exister un lien de connexité (un rapport direct) entre
les faits, la question ou les questions que soulèvent ces faits et le droit qui
s’applique à ces faits.

La deuxième étape consiste à pouvoir déterminer le droit applicable. Il existe en


droit une diversité de sources du droit. La référence aux seuls textes de loi est
souvent insuffisante. Les décrets, les conventions collectives, les usages, les textes
de droit national ou communautaire ( UEMOA, OHADA, CEDEAO, etc.) ou la
jurisprudence, peuvent également conduire à la proposition de la solution. Il faut
pouvoir déceler parmi cette multitude de règles laquelle s'applique au cas étudié.
Une fois trouvé, il faut appliquer la règle.

Parfois, la règle trouvée s'applique directement et exactement à la situation en


cause. Parfois, au contraire, il faudra se demander si l’on ne se trouve pas hors du
champ d'application de la règle. Lorsque l’on fait référence à la jurisprudence, il
convient de se demander dans quelle mesure on peut s’en prévaloir.

Et enfin, une fois la règle de droit appliquée, il faut arriver à retenir une solution
qui est la réponse à la question posée dans les faits.

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Répondre strictement aux questions posées est la règle de base. Il ne s'agit pas de
faire un exposé de connaissances. Ce qui veut dire qu'il est formellement interdit à
l'étudiant ou au juriste de procéder à cette étape de l’exercice à la récitation écrite
de son cours, d'un ouvrage ou de plusieurs textes ayant un lien avec le problème
posé.

Ce qu’on attend de lui, c'est de dire concrètement qu’est-ce qu’on retient


finalement comme solution à la lumière du droit applicable en la matière. La
solution doit être argumentée. Lorsque plusieurs solutions semblent possibles, le
choix de l’une d'elles doit être justifié.

D- Exemple de cas pratique corrigé

Pour une meilleure compréhension de la méthodologie du cas Pratique, lisez


attentivement le texte ci-dessous et la correction proposée. Il s’agit du sujet de
droit civil de la licence 1 année de droit de l’université de Cocody Abidjan ; sujet
de la session de décembre 1992.

"Monsieur BAGNON BOGOSS a vu le jour à GAGNOA le 05 février 1960. Dès


l’âge de 20 ans, il s'est follement épris de Mademoiselle TINCLERE AWLABA
alors âgée de 18 ans. Le 12 juin 1986 est née des œuvres de BAGNO BOGOSS et
de TINCLERE AWLABA, un enfant de sexe féminin, dénommée BAGNON
Trésor, tel que l'atteste son extrait de naissance établi sur déclaration du père.

Le couple BAGNON BOGOSS et TINCLERE AWLABA, bien que non mariés et


ayant des domiciles distincts, vivait en parfaite harmonie. Malheureusement, le 15
mars 1991, la mort arracha TINCLERE AWILABA à l'affection de sa fille et de
son concubin.

Encore sous le poids de cette douleur insurmontable qu'il tente vainement de noyer
dans l'alcool et la musique assourdissante des boîtes de nuit, monsieur BAGNON
sera soumis à une nouvelle épreuve à travers la requête en date du 19 octobre 1991,

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présentée par la demoiselle TINCLERE WEREWERE, sœur aînée de la défunte,
aux fins d'obtenir la garde juridique de BAGNON Trésor.

Monsieur BAGNON entend résister aux prétentions de Mademoiselle TINCLERE


WEREWERE.

Les deux protagonistes viennent vous voir. Que leur conseillez-vous ?

PROPOSITION DE CORRECTION DU SUJET

Monsieur BAGNON BOGOSS et Mademoiselle TINCLERE AWLABA sont des


concubins, majeurs, et parents de la mineure BAGNON Trésor qu'ils ont reconnue.
Suite au décès de sa concubine, monsieur BAGNON BOGOSS mène une vie de
débauche. Aussi, la sœur aînée de sa concubine, mademoiselle TINCLERE
WEREWERE, mène contre le gré de monsieur BAGNON une demande en justice
aux fins d’obtenir la garde de sa fille.

La question de droit qui se pose en l'espèce est celle de savoir si une tante peut
obtenir la garde de sa nièce contre le gré du père naturel. Afin de conseiller
utilement les deux protagonistes, il convient, dans un premier temps, d'affirmer le
droit pour monsieur BAGNON d’assurer la garde de sa fille, puis dans un second
temps, d’examiner la possibilité d'un transfert de ce droit à mademoiselle
WEREWERE.

I- MONSIEUR BAGNON, TITULAIRE DU DROIT DE GARDE DE SA


FILLE

Le droit pour monsieur BAGNON d'avoir la garde de sa fille trouve son fondement
dans la puissance paternelle et ses limites dans l’intérêt de l’enfant. Pour les

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enfants nés hors mariage (cas de BAGNON Trésor). L’article 9 de la loi n° 70-483
du 3 août 1970 sur la minorité prévoit que la puissance paternelle appartient, en
principe, à celui des deux parents qui a reconnu en premier l’enfant : en l’espèce,
BAGNON Trésor a été reconnu par son père dès la naissance. C'est donc monsieur
BAGNON qui en principe exerce la puissance paternelle.

Or la garde de l’enfant est l’un des attributs de la puissance paternelle. Le droit de


garde revient donc en principe à monsieur BAGNON BOGOSS. Certes, l’article 9
de la loi du 3 août 1970 sur la minorité dispose que “le juge des tutelles peut
toutefois, si l'intérêt de l’enfant l’exige, confier la puissance paternelle à celui des
parents qui n’en est pas investi par la loi”.

Mais la notion de parents doit s’entendre ici du père ou de la mère de l’enfant


mineur. Aussi, la garde de l’enfant mineure BAGNON Trésor qui serait confiée à
sa tante ne saurait trouver un fondement juridique dans l’article 9 alinéa 6 de la loi
précitée.

Il est cependant possible, eu égard aux faits de l'espèce, de transférer à


mademoiselle TINCLERE WEREWERE la garde de sa nièce BAGNON Trésor.

II- LE TRANSFERT POSSIBLE A MADEMOISELLE TINCLERE DU


DROIT DE GARDE SUR LA MINEURE BAGNON TRESOR

Deux possibilités :

- L’assistance éducative ;

- La déchéance de monsieur BAGNON et le retrait partiel de ses droits de la


puissance paternelle.

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A- L'ASSISTANCE EDUCATIVE (article 10 de la loi)

- Le comportement de Monsieur BAGNON (vie de débauche) compromet la


sécurité, la moralité et l’éducation de BAGNON Trésor.

- Le juge des tutelles peut confier la garde de BAGNON BOGOSS à sa tante


(placement du mineur)

- Monsieur BAGNON BOGOSS sera cependant obligé de continuer à entretenir sa


fille en versant une pension alimentaire (article 12).

B- LA DECHEANCE ET LE RETRAIT DES DROITS DE LA PUISSANCE


PATERNELLE (article 20 à 26 de la loi sur la minorité)

- Déchéance facultative qui interviendra à la demande de la tante, en dehors de


toute condamnation pénale, parce que monsieur BAGNON compromet la sécurité
et la moralité de sa fille (article 21 alinéa 7).

- Monsieur BAGNON pourra à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la


décision, intenter une action en restitution de ses droits.

NB : cette correction propose les réponses évidentes aux questions que soulèvent
les faits exposés dans le cas pratique. Traiter intégralement le sujet consiste à aller
au-delà des tirés pour faire une analyse complète de la situation. Cette correction
expose tout de même les étapes du raisonnement de la méthodologie du cas
pratique.

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DEUXIÈME EXEMPLE DE SUJET DE CAS PRATIQUE (DROIT PÉNAL)

"Un jeune délinquant dénommé ISMO SAYA est réputé dans le vol de biens dans
les véhicules de transport commun. Un jour, il eut l’idée d’emprunter le Bus n°49
dans l’intention de voler des téléphones portables et autres objets de valeur
appartenant aux usagers du bus qui sont en général des étudiants en partance pour
l’université de Cocody.

Une fois dans le Bus, il aperçut un étudiant dont la poche du pantalon par sa
rondeur donnait l’impression de contenir un téléphone portable. Malheureusement
pour lui, il s’agissait d’un gris-gris.

Lorsqu’il mit lentement la main et se saisit de l’objet, l’étudiant poussa un cri, se


saisit aussitôt de sa main et lui demanda : “espèce de voleur, que cherche ta main
dans ma poche ?

Ah, tu voles aussi les porte-bonheur ?” Surpris, il n’a eu pour motifs que de
dire ”non dès, je n’ai pas voulu voler ton gris-gris. Je voulais plutôt voler ton
portable”. Et les étudiants saisirent la balle au rebond.” Donc c’est toi qui voles nos
portables dans Ie bus ? Allons, on va régler ça au campus”. En chemin, ISMO
préparait un coup pour échapper à la punition des étudiants.

À quelques mètres du quai du Bus, il fit semblant d’être évanoui. Au moment où


les étudiants affolés s’activaient à le ramener à la vie, il se leva brusquement,
bouscula trois d’entre eux pour se frayer un chemin, se saisit du téléphone portable
de l’un d’entre eux et s’échappa aussitôt à pas de course. Arrêté quelques instants
après par la police, ISMO déclare qu’il n’a rien volé dans le Bus, mais qu’il
reconnaît avoir volé un portable au quai du bus. A-t-il vraiment raison ? Justifiez
votre position.”

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NB : Ce qu’il faut noter, c’est que le cas pratique repose sur des faits à analyser.
Les faits posent des problèmes. Il revient à l’étudiant ou juriste de déceler les
différents problèmes de droit qui sont d’ailleurs des cas de manquements au droit
dont les responsabilités doivent être situées conformément au droit, ou encore des
situations qui doivent être réglées en conformité au droit.

Ainsi, l’objectif de l’exercice de cas pratique est d’apprendre à l’étudiant à déceler


des situations susceptibles de porter atteinte au droit ou qui le sont déjà et
d’envisager la règle de droit qui peut éviter la situation préjudiciable ou la réparer.
Le cas pratique, tel que présenté, se distingue de la consultation juridique, malgré
quelques similitudes entre ces deux types de sujets.

TROISIÈME EXEMPLE DE SUJET DE CAS PRATIQUE (DROIT CIVIL)

CAS PRATIQUE

Monsieur MELESS DIDIRO, jeune étudiant en Sciences et Technique, âgé de 25


ans, a été l'un des premiers étudiants ivoiriens à obtenir en 1963 une bourse pour
faire des études d’ingénieur en France.

Deux semaines avant son voyage, le 07 août 1963, il a contracté, avec l’accord de
la grande famille, un mariage coutumier avec sa cousine AKPA MARIE JEANNE,
jeune couturière âgée de 22 ans.

Ce mariage, célébré conformément à la coutume Adjoukrou, ethnie de M.


MELESS et de Mlle AKPA, a été déclaré à l’officier de l'état civil de la mairie de
DABOU. Un enfant est né de cette union le 17 mai 1964, MELESS ESSIS
GAETAN.

À la fin de ses études, M. MELES de retour en Côte d’Ivoire le 6 juin 1970, est
nommé Directeur Général de la société d’exploitation minière de l'Afrique de
l’Ouest.

Lors de ses missions à l’intérieur, M. MELESS tombe amoureux d’une sage-


femme, Mlle POKOU MARIE LAURE, âgé de 20 ans.

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Cette dernière était fiancée depuis deux ans à M. Honoré Henri ABLO, instituteur
à San-Pédro. Au cours de ces fiançailles, M. ABLO avait offert à la jeune fille une
chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 F, il avait également assuré pendant un an
les frais de scolarité de la jeune fille dans un lycée privé.

Depuis quelques mois, les fiancés ont découvert qu'ils n’ont pas la même
conception du mariage. Très attaché aux traditions, M. ABLO rêve de vivre avec
les nombreux neveux et nièces dont il a la charge. Il rêve également d’avoir au
moins sept enfants. Quant à Mlle POKOU, elle rêve d'un foyer à l’européenne.

Eu égard à cette divergence de conception, M. ABLO et Mlle POKOU, décident


d’un commun accord de rompre leurs fiançailles.

Après cette rupture douloureuse, Mlle POKOU accepte la demande en mariage de


M. MELESS DIDIRO et le 25 février 1990, leur mariage est célébré à la mairie de
San-Pédro en présence du père de la mariée qui a donné son consentement
oralement.

Deux enfants sont nés de cette union : Reine née le 5 décembre 1991 et julien né le
10 août 1992.

En apprenant la nouvelle de ce mariage, deux personnes viennent vous voir :

- M. ABLO qui veut intenter une action en responsabilité contre Mlle POKOU
pour rupture abusive des fiançailles. Il voudrait également que celle-ci lui restitue
la chaîne stéréo et les frais engagés pour sa scolarité.

- Mlle AKPA Marie-Jeanne, mariée coutumièrement le 7 août 1963 avec M.


MELESS, voudrait annuler ce second mariage. Elle voudrait également connaître
la situation des enfants nés du second mariage par rapport à son fils.

- Mlle POKOU Marie-Laure, qui vient juste d'apprendre l'existence de ce premier


mariage, voudrait à son tour demander la nullité de ce mariage, par la disposition
de la loi sur le mariage.

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Quels sont les problèmes juridiques posés dans ce cas pratique et leurs
solutions ?

Correction du cas pratique

Résumé des faits

M. MELESS DIDIRO a contracté un mariage coutumier le 7 août 1963 avec sa


cousine AKPA Marie Jeanne conformément à la coutume Adjoukrou : ce mariage
a été déclaré à l'officier de l'état civil de la mairie de Dabou. Un enfant est né de
cette union le 17 mai 1964.

Le 25 février 1990, M. MELESS a contracté un second mariage à la mairie de San-


Pédro avec Mlle POKOU Marie Laure, 20 ans, en présence du père de la mariée
qui a donné son consentement oralement. Mlle POKOU ignorait l'existence du
premier mariage. Deux enfants sont nés de ce second mariage en 1991 et 1992.

Avant ce mariage, Mlle POKOU était fiancée à M. ABLO, instituteur, lequel a


assuré les frais de scolarité de la jeune fille et lui a offert par ailleurs une chaîne
stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA. Par la suite, le couple a rompu les
fiançailles d'un commun accord en raison de leur divergence de conception de la
vie.

En apprenant le mariage de M. MELESS et de Mlle POKOU, M. ABLO veut


intenter contre celle-ci une action en responsabilité pour rupture abusive des
fiançailles et obtenir la restitution des cadeaux offerts à celle-ci.

Quant à Mlle AKPA, la première épouse, elle voudrait annuler le second mariage.
Il en est de même de Mlle POKOU qui demande la nullité du premier mariage par
application de la loi sur le mariage.

Problèmes juridiques :

20
- 1er Problème : La rupture des fiançailles engage-t-elle la responsabilité de
Mlle POKOU ? Quelles sont les conséquences de cette rupture notamment en
ce qui concerne les cadeaux offerts ?

- 2e Problème : Il concerne la validité des deux mariages contractés par M.


MELESS.

I- LA RUPTURE DES FIANÇAILLES

En l'espèce, M. ABLO et Mlle POKOU ont rompu leurs fiançailles d’un commun
accord en raison de leur divergence d'opinion. Cette rupture engage-t-elle la
responsabilité de Mlle POKOU (A) et quelles en sont les conséquences en ce qui
concerne les cadeaux (B) ?

A- Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité de Mlle POKOU

- Énoncé du principe : Liberté de la rupture des fiançailles puisqu'il s’agit d'un


simple fait juridique. Par application du principe, la rupture des fiançailles ne peut
engager la responsabilité.

- Exception : La rupture fautive : C’est le cas lorsque l'auteur de la rupture a rompu


à quelques jours du mariage ou lorsque celle-ci est fondée sur des motifs
illégitimes (Article 1382 du Code Civil).

- En l'espèce, la rupture n'émane pas uniquement de Mlle POKOU. Elle a eu lieu


d'un commun accord des fiancés. Elle ne revêt donc pas par conséquent un
caractère fautif. Elle ne peut donc entraîner la mise en œuvre de la responsabilité
de Mlle POKOU. Nous appliquons en l’espèce le principe.

B- Le sort des cadeaux

- Un principe :

Restitution des cadeaux de valeur : appréciation => eu égard au train de vie, à la


fortune du donateur.

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- Application du principe :

Les frais de scolarité plus la chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA ne
peuvent être considérés comme de menus cadeaux. Eu égard au salaire d’un
instituteur (environ 150 000 FCFA), il s’agit de cadeaux de valeur qui donnent lieu
à restitution, peu importe que la rupture soit fautive ou non => Mlle POKOU devra
restituer à M. ABLO les sommes dépensées pour sa scolarité et la somme de 800
000 FCFA représentant la chaîne stéréo.

II - LA VALIDITÉ DES MARIAGES CONTRACTES

Deux mariages :

 Le premier avec Mlle AKPA le 7 août 1963 (A)

 Le deuxième avec Mlle POKOU, le 25 février 1990 (B).

A- La validité du premier mariage

Sera examinée au regard des articles 11 et 10, confère mariage coutumier antérieur
à 1964 : (loi 64-381 sur le mariage).

1) Validité du mariage coutumier antérieur à 1964 eu égard aux coutumes


applicables

Condition de l’Article 11 : "La validité au fond, des mariages visés à l'Article


précédent, s’appréciera conformément aux coutumes en vigueur à l’époque à
laquelle ils auront été contractés".

- Application en l’espèce

Il est indiqué dans le cas pratique que ce mariage a été contracté conformément à la
coutume Adjoukrou, ethnie des deux époux => validité du mariage.

2) Validité à l’égard de l'Article 10

22
=> Enoncé des conditions prévues par l’Article 10.

Le mariage coutumier antérieur à 1964 a les mêmes effets qu’un mariage conclu
sous l'empire de la loi de 1964 lorsque ce mariage a été :

- Soit déclaré à l’officier de l'état civil ;

- Soit constaté par le jugement transcrit sur les registres de l'état civil.

=> Position de la jurisprudence depuis 1976

Les formalités alternatives prévues par l’Article 10 n’ont pas seulement une valeur
probante, elles conditionnent la validité même du mariage coutumier.

=> Application des dispositions de l’Article 10 et de la jurisprudence postérieure à


1976.

Le mariage de MELESS et de Mlle AKPA, ayant été déclaré à l’officier de l'état


civil de Dabou, il constitue un mariage valable surtout qu’il a été conclu
conformément aux coutumes Adjoukrou comme le prévoit l’Article 11. Si le
premier mariage est valable, par conséquent le second est nul.

B- La nullité du second mariage

Mariage contracte par Mlle POKOU plus MELESS.

1) Causes de la nullité

a) Causes exclues

Mlle POKOU a 20 ans : Elle a atteint l’âge requis par la loi pour se marier (article
1er de la loi sur le mariage).

Mais à 20 ans, Mlle POKOU est mineure : Cause de nullité exclue également
puisqu'il est indiqué que le Père de Mlle POKOU a donné son consentement
oralement lors de la cérémonie.

b) Cause de nullité retenue : La bigamie

23
Ne peut contracter de mariage celui qui est dans les liens d’un premier mariage non
dissous soit par divorce, soit par décès => cas de M. MELESS.

2) Les conséquences de la nullité du second mariage

a) Effets normaux de la nullité : rétroactivité

Anéantissement du mariage aussi bien dans le passé que dans l'avenir tant en ce qui
concerne les époux que les enfants.

b) Exception à la rétroactivité : le mariage putatif

Définition : Le mariage putatif est un mariage nul, mais sans les effets rétroactifs.

Conditions de la putativité :

Pour bénéficier en principe de la putativité, il faut être de bonne foi.

- La bonne foi s'apprécie au moment de la célébration du mariage => démontrer


qu'on ignorait en ce moment la cause de nullité du mariage.

- Application à Mlle POKOU : Au moment de la célébration de son mariage, elle


ignorait que M. MELESS était déjà marié. Elle ne l'a appris que par la suite à
l’occasion de la demande en nullité de la première épouse.

- Situation de l’épouse de bonne foi : concerne les effets produits par le mariage
dans le passé, le mariage ne disparaît que pour l’avenir : ainsi, Mlle POKOU
conserve la qualité d’époux pour le passé. Elle pourra ainsi invoquer l’existence de
son mariage pour la liquidation du régime matrimonial.

24
Puisqu’elle est de bonne foi, Mlle POKOU conservera sa qualité de mère légitime
envers les deux enfants du mariage.

L'exception : Les enfants issus du mariage nul, conservent la qualité d'enfants


légitimes, peu importe la bonne ou la mauvaise foi de leurs parents.

Application : les deux enfants issus du second mariage MELESS-POKOU


conservent la qualité d’enfants légitimes au même titre que l'enfant né du premier
mariage.

25
LA MÉTHODOLOGIE
DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

26
MÉTHODOLOGIE : LA DISSERTATION JURIDIQUE

Pour une personne ayant déjà effectué des études secondaires, le mot « dissertation
» lui est bien familier. Cette personne a d’ailleurs tendance à croire que toute
dissertation obéit au même plan et à la même méthode de raisonnement.

Mais la dissertation juridique s'inscrit en faux contre une telle perception des
choses. Contrairement à l’essai littéraire ou dissertation littéraire tout comme à la
dissertation philosophique, la dissertation juridique est soumise à une série de
règles bien particulières.

Ici, l’on demande à l’étudiant en droit ou au professionnel de droit de montrer sa


capacité à adapter ses connaissances tirées du cours et de ses lectures personnelles
à une question théorique.

Généralement pour comprendre le sujet, l’impétrant doit successivement :

- lire attentivement le sujet ;

- rechercher le lien qu’il y a entre le sujet et ses connaissances juridiques ;

- faire une synthèse de ses connaissances de sorte à n’exprimer que celles qui ont
un apport direct avec la question posée à travers le sujet de dissertation ;

- éviter de se précipiter sur sa copie d’examen et dire tout ce qu’il pense, réciter ou
recopier aveuglement la partie de son cours qui est en relation avec le sujet ;

- montrer qu’il est capable de raisonner en droit à partir de ce qu’il sait.

Il ne s’agit donc pas d’un bavardage inutile sur une copie, d’une tricherie
irréfléchie, mais de prouver qu’on est un juriste éclairé, qu’on sait faire la
distinction entre l’essentiel et l’accessoire, ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.

27
I- Le corps de la dissertation juridique

La dissertation juridique comprend une introduction et un développement


permettant au juriste d'organiser ses idées pour convaincre son lecteur.

A- L’introduction

Trop souvent négligée, l'introduction a autant d'importance que chacune des parties
de la dissertation. Une bonne introduction fait une excellente impression sur le
correcteur et facilite toute la suite du devoir. L’introduction comprend les éléments
suivants :

- Partir de la généralité, une idée générale englobant le sujet ou partir de la


définition du mot-clé du sujet : On utilise, généralement, la méthode de l'entonnoir.
Il s'agit d'avoir une vision large au départ, mais pointu à l’arrivée, c’est-à-dire,
situer progressivement le sujet à traiter dans l'ensemble de la matière en centrant,
surtout jusqu’à cerner ledit sujet avec précision et clarté.

- Présenter le sujet et l’expliquer brièvement :

- Si possible délimiter le sujet en expliquant pourquoi l’on rejette certains aspects


que son considère être hors sujet, ou pas, nécessaire en l’espèce ;

- Si possible évoquer l'historique du sujet si l’on sait que la question a fait l'objet
d’une évolution législative ou doctrinale ou jurisprudentielle,

- L’intérêt du sujet : il s’agit à ce niveau « de présenter les intérêts théoriques et


pratiques, c’est-à-dire, l’actualité (revirement de jurisprudence, réforme législative
sociologique, etc.) et l'importance juridique ou numérique (en termes de
contentieux de la question posée n’hésitez pas à démontrer éventuellement la
spécificité du sujet dans son contexte, dans son domaine, par rapport à son
environnement juridique.

Le but est de mettre en relief le sujet : vous devez ici expliquer que le sujet est
intéressant, mais surtout pourquoi et en quoi il est » (Support de séminaire de
méthodologie universitaire assuré par Melle Hélène POUJADE, année
universitaire 2012-2013, Droit Licence 2, P. 9).

28
NB : L’intérêt du sujet peut se placer avant ou après le ou les problème(s) de droit.

- Faire suivre les interrogations importantes (problème(s) de droit) que reflètent les
idées qui vont être développées,

- Faire l’annonce du plan : présenter ainsi les deux ou trois axes de réflexion à
suivre. Il faut retenir que le plan annonce les étapes à suivre pour répondre aux
questions qui constituent le problème de droit.

NB :

- Il faut éviter les fausses annonces qui consistent à annoncer un intitulé et


développer des choses étrangères : Il faut s’assurer que les idées développées
correspondent au sujet, si elles sont contraires au sujet donné ou si l’on constate
qu’on tourne en rond sans pouvoir répondre au problème soulevé par le sujet, alors
c’est cela le hors sujet. Il faut s’arrêter, revoir la compréhension du sujet ou les
intitulés du plan de développement pour mieux s’orienter.

B- Le développement

Le développement se fait dans un plan comportant des intitulés et des sous-intitulés.


Ainsi, les (I) et (II) représentent les grandes idées à développer. Les (A) et (B)
contenus dans les (I) et (II) sont les sous-idées de ces grandes idées.

29
On aura donc le plan de développement suivant :

I- Première idée essentielle

A- Sous-idée

B- Sous-idée

II- Deuxième idée essentielle

A- Sous-idee

B- Sous-idée

EXEMPLE DE DÉVELOPPEMENT D'UN SUJET DE DISSERTATION :

Sujet : L’acquisition de la personnalité juridique.

Le développement pourrait se faire présenté selon le plan ci-dessous proposé :

I- Le principe de l'acquisition de la personnalité juridique à la naissance

A- La signification du principe

B- Les conditions d’application du principe

30
II- L’exception au principe de l’acquisition de la personnalité juridique

A- La règle Infans conceptus

B- La portée de la règle Infans conceptus

Ce plan n’est pas le seul qui puisse permettre de traiter ce sujet. Ce qui compte, le
plan doit pouvoir permettre de couvrir le sujet, de rendre compte de ce qu’on a une
maîtrise de la matière. On ne traite pas le sujet à moitié.

On ne fait pas non plus un plan vague pour parler de tout sauf l’essentiel. Le plan
doit traduire les différentes articulations de la pensée de l’étudiant sur un sujet
précis : le sujet de dissertation. Ce qu’il faut retenir également, c’est que lors de la
rédaction du développement, à la fin de chaque sous-division, on prend soin de
placer une phrase de transition pour éviter un trop brusque changement d’idée.

C- La conclusion

En principe, dans le cadre de la dissertation juridique, la conclusion n’est pas


nécessaire. On dit qu’elle est facultative. Mais si l'étudiant décide de faire une
conclusion à son devoir, celle-ci ne doit pas être le résumé ou le catalogue des
idées non développées dans le corps du devoir. Elle doit principalement permettre
d'aborder un problème nouveau qu’on n’a pas traité dans le sujet, mais qui est en
rapport avec le sujet.

II- Règles à suivre pour la rédaction de la dissertation juridique

La dissertation doit être écrite en tenant compte de la présentation, du style et de


son contenu.

31
1- La présentation

- Laissez une marge et écrivez lisiblement, sans erreur ;

- Aller à la ligne dès que vous abordez une idée nouvelle (faire des paragraphes) ;

- Faire apparaître le plan très nettement en sautant des lignes à la fin de chaque
partie ou sous-partie ;

- Choisissez soigneusement les titres des parties et sous-parties, inscrivez-les et


soulignez-les clairement ;

- N’hésitez pas à écrire (I) et (II), (A) et (B) devant les intitulés, le plan n’en sera
que plus clair.

2- Le style

- Écrivez dans un langage simple, concis et non pompeux ou désuet (dépassé) ;

- Faites des phrases courtes et précises :

- Évitez les abréviations et le style télégraphique.

3- Le contenu

- Progressez régulièrement dans votre exposé et annoncez la question que l’on va


examiner. C'est le chapeau ;

- Traitez successivement les divers points de votre plan détaillé avec clarté,
précision, sans tourner en rond et faire revenir les mêmes informations, les mêmes
arguments ;

- Évitez de vous contredire ;

32
- Sachez nuancer une affirmation autrement qu'en la contredisant brutalement ;

- Veillez à ne pas dire dans la première partie des choses qui doivent être dites dans
la seconde ou à répéter dans la seconde partie ce qui a été déjà dit dans la première
partie ;

- Donner des exemples et faire référence à la jurisprudence, à la loi, à la coutume, à


la doctrine.

III- Exemple de sujets corrigés de dissertation

SUJET 1:

Sujet de droit constitutionnel : La désignation du Premier ministre français

Correction du sujet 1

Introduction :

- le Premier ministre français est une institution qui prend place dans le cadre
constitutionnel établi en 1958, il s’agit d'un cadre fait d'apports divers (le Général
de Gaulle, Michel Debré, les anciens Présidents du Conseil devenus Ministres
d’État), mêlant des éléments de présidentialisme et des éléments de
parlementarisme...

- le Premier ministre, posé par le Général de Gaulle comme procédant en tous


points du président de la République, n’est au regard de la constitution et de la vie
politique, dépendant du Président de la République qu’en partie.

- aussi, le statut du Premier ministre en porta-t-il la marque s'agissant précisément


de sa désignation, les textes permettent de noter qu’elle relève de la compétence du
Président de la République. C’est ce point qu’il faudrait examiner en premier lieu,
après quoi, on s’interrogera sur la nature même de cette compétence.

33
I- UNE COMPETENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A- Un pouvoir propre du Président de la République

B- Un pouvoir non assorti de contreseing

II- LA NATURE DE CETTE COMPETENCE

A- Une compétence formellement discrétionnaire

B- Une compétence de nature variable

1. Lorsque le P.R. a la majorité à l’Assemblée Nationale : compétence


discrétionnaire ;

2. Lorsque la majorité à l’Assemblée nationale n’est pas favorable au P.R. :


compétence liée.

Conclusion

- Propos libre, mais en rapport avec le sujet.

34
IV- Les différents types de sujets de dissertation

Trois types de sujets théoriques sont susceptibles d’être proposés dans le cadre de
la dissertation juridique comme thème a traiter. Ce sont le sujet titre, le sujet-
question, le sujet-citation.

1- Le sujet-titre (ou sujet intitulé) :

Le sujet-titre est un thème dont l’énoncé, très général, laisse au candidat une marge
de liberté : sous réserve de ne pas le dénaturer, le thème offre plusieurs approches
possibles. Des connaissances très précises sont certes attendues par le correcteur,
mais le candidat dispose d’une grande latitude pour poser une problématique, pour
donner une dynamique au sujet dont l'intitulé pourrait être le titre d’un livre, d’un
article de doctrine.

Exemples de sujets-titres : « L’État fédéré », « les pouvoirs normatifs du Président


de la République », « la liberté contractuelle », « la notion de capacité en droit »...

2- Le sujet-question (ou sujet-interrogation)

Le sujet-question est plus sécurisant que le sujet-titre, mais il laisse moins de


liberté au candidat. L’approche du sujet-question est, en effet, prédéterminée par le
correcteur. Le candidat doit rédiger un devoir-réponse, l’exercice se rapportant
directement et précisément à la question posée, cependant, le plus souvent des
réponses variées peuvent être données à condition qu’elles soient solidement
argumentées.

Le sujet question permet de tester l’aptitude du candidat à utiliser ses


connaissances dans un cadre très strict, sa capacité à défendre une véritable thèse,
ce qui interdit au candidat de réciter ses connaissances, sans discernement.
Exemples de sujets-questions : « La séparation des pouvoirs, mythe ou réalité ? » ,
« le conseil constitutionnel est-il un juge politique ? » , « le conseil constitutionnel

35
est-il un juge politique ? » ou « existe-t-il un vrai pouvoir judiciaire en Côte
d'Ivoire ? ».

3- Le sujet-citation

Le sujet-citation consiste à soumettre à l’étudiant un texte très court : une phrase


extraite d’une déclaration d'une personnalité politique, une phrase tirée d'un article
de revue ou d’un article de presse.

La citation est toujours précédée de la mention « commentez la phrase suivante


extraite de ... »

Le thème « commentez » ne doit pas perturber l’étudiant : il ne s'agit pas d'un


véritable commentaire de texte, mais plutôt d'un sujet théorique « déguisé », « vrai-
faux » commentaire de texte ? « Vrai ou faux » sujet théorique ?

En tout cas, l’étudiant devra exploiter ses connaissances pour étudier la phrase
comme il s’agissait d’un commentaire de texte... Mais l’exercice est plus proche de
la dissertation que du commentaire, bien qu’il soit nécessaire de se référer
fréquemment au texte et que le sujet théorique soit très précis, voir pointu ....

Le sujet-citation est rarement proposé comme sujet d’examen ou de concours en


droit. Il est tout de même quelques rares fois utilisé en droit public et sciences
politiques. Exemple de sujet citation : commentez cette phrase du Président
américain Abraham Lincoln « la démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple
et pour le peuple ».

NB : Peu importe le type de sujet, ce qui compte, c’est l’effort d’attention que doit
fournir l’étudiant en droit à sa rédaction pour l’assimiler, le traiter sans le dénaturer
en se laissant emporter par son désir de citer son cours ou de paraphraser des textes
ayant un rapport avec le thème.

Avant d’écrire tout ce que vous voulez, demandez-vous deux choses : que me
demande-t-on à travers ce sujet ? Ce que je veux avancer comme idée répond-il à

36
la question que renferme ce sujet ? Si ces deux réponses sont positives, alors vous
êtes sur la bonne voie.

Mais si vous n’arrivez pas à savoir ce qu’on vous demande dans le sujet, vous
n’avez donc pas compris le sujet et vous risquez de naviguer dans le vide sans
direction d'accostage. Si vous savez ce qu’on vous demande, veuillez alors de ne
pas passer à côté.

Réunissez les éléments de réponse utiles et renoncez à tout ce qui peut vous faire,
parler ou écrire autre chose que ce qui concerne le sujet soumis à votre analyse.
C'est le corps-à-corps avec le sujet qui est le secret de la réussite de la dissertation,
et d'ailleurs même de tout autre raisonnement juridique.

SUJET 2 :

Les effets juridiques du mariage conformément à la loi n° 64-375 du 7 octobre


1964 relative au mariage et modifié par la loi n° 83-800 du 2 août 1983.

NB : Aucun document n'est autorisé.

Correction du sujet 2 :

INTRODUCTION

Les effets de l'institution que constitue le mariage sont nombreux et divers. Le


mariage crée notamment un lien d’alliance entre chacun des époux et les parents de
son conjoint. Cette alliance interdit par là même un éventuel mariage entre les
membres des familles ainsi alliés, (article 10 et 11 alinéa 2).

Elle institue une obligation alimentaire à caractère réciproque entre les gendres ou
les belles-filles et leurs beaux-pères ou leurs belles-mères (article 53 mêmes lois).

37
Le mariage a encore pour conséquence par exemple de légitimer les enfants que les
époux ont pu avoir ensemble antérieurement à leur mariage ou d'émanciper de
plein droit la personne mineure qui le contracte.

Mais principalement, le mariage crée la famille légitime, situation qui implique des
droits et devoirs d'ordre aussi personnel que pécuniaire.

I- LES EFFETS PERSONNELS DU MARIAGE

Les effets du mariage à l’égard des personnes s'inscrivent à la fois dans les rapports
entre les époux (A) et dans les rapports entre les époux et leurs enfants (B).

A- LES EFFETS PERSONNELS ENTRE EPOUX

Dans les rapports personnels entre époux, le mariage entraîne aussi bien des
devoirs que des droits.

1- Les devoirs des époux

À ces devoirs d’ordre personnel entre époux sont au nombre de 3 : le devoir de


cohabitation, le devoir de fidélité et le devoir d'assistance, (article 51 sur le
mariage) :

a- Le devoir de cohabitation

Conformément à l'article 51, par le mariage les époux s'obligent à la communauté


de vie. Cela signifie que les époux ont la double obligation de vivre sous le même
toit et de partager le même lit. L’époux qui s'y refusera pourrait y être contraint par
le recours à la force publique du moins en ce qui concerne l'obligation de vivre
sous le même toit. Il s’exposerait par ailleurs aux reproches d'abandon domicile
conjugal ou d’injures graves qui sont des causes de divorce.

38
Mais il est à préciser que l'obligation de cohabitation des époux n'est pas absolue.
D’une part, la femme peut être autorisée par le juge à avoir une résidence autre que
celle choisie par le mari (article 60 alinéa 2 et 28 lois, sur le divorce et la
séparation de corps).

D'autre part, l'époux qui justifie de motifs légitimes est dispensé de l'obligation de
se prêter à des relations sexuelles avec son conjoint (appréciation du juge).

b- Le devoir de fidélité

Par devoir de fidélité, il faut entendre essentiellement l’obligation de chacun des


époux de se consacrer exclusivement à son conjoint corps et âme dans le domaine
particulier des relations d’amour.

Cela implique plus spécialement de relations sexuelles avec une personne autre que
son conjoint sous peine d'être convaincu d'adultère. Or, l'adultère est non
seulement une cause de divorce (article 1 alinéa 1er de la loi relative au divorce et
séparation de corps) mais également un délit pénal assorti de peines d'amende ou
de prison (article 390 et 391 Code Pénal).

c- Le devoir d’assistance

Par le devoir d'assistance, le législateur impose aux époux une solidarité réciproque
face aux difficultés de la vie et surtout face aux épreuves que pourrait avoir à
traverser chacun des conjoints. Cette obligation se traduit notamment par l'aide
matérielle ou le réconfort moral que les époux doivent s’accorder mutuellement en
cas de maladie voire d’infirmité de l’un d’entre eux. C’est ce qui explique en droit
ivoirien le rejet du divorce pour cause d’aliénation mentale ou de maladie
incurable du conjoint.

Lorsque les conjoints vivent séparés, le devoir d’assistance revêt une nature
pécuniaire et s'exécute par la prise en charge éventuelle des frais médicaux de
l'époux malade par son conjoint. Il se confond alors avec le devoir de secours qui
est l’un des effets pécuniaires du mariage.

39
Précisons enfin que l'inexécution du devoir d’assistance peut être examinée en une
injure grave cause de divorce. (Cour Suprême 4 août 1964 Arrêt N° 63 bulletin
de la Cour Suprême de 1964, 3e et 4e trimestre P. 57). Mais, outre les devoirs
réciproques ci-dessus évoqués. Le mariage a pour effet d'octroyer des droits à
chacun des époux dans leurs rapports personnels.

2- Les droits des époux

Les effets du mariage, sur le terrain des droits reconnus à chacun des époux
laissent apparaître une distribution inégalitaire. Institué chef de famille le mari
recueille les prérogatives les plus importantes dans la direction de la famille.

Quant aux prérogatives de la femme mariée, elles portent les stigmates du rôle
secondaire qui est le sien dans le foyer.

a- Les droits du mari

C'est au mari qu'il revient d’assurer, en sa qualité de chef de famille la direction


morale et matérielle de la famille. Il doit cependant agir dans l’intérêt commun du
ménage et des enfants (article 58, loi sur le mariage).

À ce titre, le choix de la résidence de la famille appartient au mari et la femme est


obligée d'habiter avec lui sauf toutefois, lorsque cette résidence « présente pour la
famille des dangers d'ordre physique ou d’ordre moral », auquel cas la femme peut
être autorisée par le juge à avoir une autre résidence pour elle et les enfants (article
60, loi sur le mariage).

C'est encore à ce titre que dans la famille légitime le mariage exerce


principalement les droits de la puissance paternelle sur les enfants mineurs (article
5, loi sur la minorité).

Enfin, le mari est légalement fondé à s'opposer en justice à l’exercice par la femme
d'une profession séparée de la sienne à condition que l’exercice de cette profession
soit contraire à l’intérêt de la famille (article 37, nouvelle loi relative au mariage).

40
Généralement, il s'agira d’empêcher la femme de faire du commerce (article 4 et
87 Code du commerce) qui dispose que la femme mariée peut faire du commerce
sauf si son mari s'y oppose.

b- Les droits de la femme

Elle assure conjointement avec le mari la direction morale et matérielle de la


famille (article 58). Ainsi, en pratique, il est reconnu à la femme un rôle complexe
et non négligeable d'adjoint du mari, mais également de conseil, et même une
mission de contrôle des décisions du mari.

En effet, c'est à elle de veiller au respect par le mari de l'intérêt du ménage et des
enfants éventuellement à travers une action en justice (Article 58 alinéa 1er).

Par ailleurs, la femme est appelée à prendre la direction de la famille ainsi que
l'exercice des droits de la puissance paternelle sur les enfants en cas de défaillance
du mari ou lorsque ce dernier est hors d’état de manifester sa volonté, (Article 58,
loi sur le mariage et article 6, loi sur la minorité).

En outre, la femme mariée n’est pas rendue incapable par le mariage (Article 61
même loi). Elle a cependant, le droit notamment d'exercer une profession séparée
de celle de son mari sauf lorsqu'il est judiciairement établi que l'exercice de ce
droit est contraire à l’intérêt de la famille.

Enfin, la femme mariée a le pouvoir de représenter le mari pour les besoins du


ménage en accomplissant seule des actes juridiques qui engagent le mari à l’égard
des tiers. C’est ce qu’on appelle le mandat domestique de la femme mariée (le mari
est censé avoir donné à sa femme un mandat tacite pour accomplir les actes
nécessaires à la vie de la famille).

Mais, en cas de mauvais usage de ce pouvoir, il peut être retiré à la femme par le
mari, et les tiers qui en auraient été informés ne pourront prétendre être créancier
du ménage (article 65, loi sur le mariage).

41
B- LES EFFETS PERSONNELS AU REGARD DES ENFANTS

Le mariage met à la charge des époux des devoirs à l'égard de leurs enfants. En
retour, ils recueillent contre enfants des droits.

En ce qui concerne les devoirs des époux envers leurs enfants, on doit retenir
principalement que le mariage entraîne pour les époux « l'obligation de nourrir,
entretenir et élever leurs enfants » (article 52, loi sur le mariage).

Cette charge pèse sur chacun des époux et s'incorpore à la direction matérielle et
morale de la famille. Elle s’intègre également aux attributs de la puissance
paternelle précédemment exposés (article 3, loi sur la minorité).

En ce qui concerne les droits des parents à l'égard de leurs enfants, ils apparaissent
d’une part dans les aliments que les enfants doivent à leurs ascendants dans le
besoin (article 55, même loi) et d’autre part dans le droit de jouissance légale que
la loi reconnaît à l’administrateur légal des biens des enfants mineurs relativement
aux revenus de ces biens (article 38 et 44, loi sur la minorité).

Mais ces considérations finales se situent déjà sur le terrain patrimonial et


pourraient bien être citées au nombre des effets pécuniaires du mariage.

Mais, indépendamment du régime matrimonial choisis par les époux, la loi fait
peser sur tous les époux un certain nombre de règles générales qu'on appelle le
régime matrimonial primaire ou encore statut matrimonial de base (article 552, 53,
59, 66, 67, 68, loi sur le mariage).

II- LES EFFETS PECUNIAIRES DU MARIAGE

L'incidence pécuniaire du mariage entre les époux se manifeste d'une part à travers
le devoir réciproque de secours que la loi impose aux conjoints et d’autre part à
travers les dispositions touchant aux régimes matrimoniaux.

42
A- LE DEVOIR DE SECOURS

C’est une manifestation de l’obligation alimentaire que la loi instaure entre parents
à un certain degré.

D'après l'article 51, loi sur le mariage, les époux se doivent mutuellement secours.

Tout comme le devoir d'assistance, le devoir de secours impose entre époux une
solidarité réciproque : solidarité au plan moral (c’est le sens du devoir d’assistance)
mais également solidarité au plan pécuniaire (c’est le sens du devoir de secours qui
est toujours de nature pécuniaire).

Lorsque les époux vivent séparés, l'obligation de secours prend la forme d'une
pension alimentaire que celui des époux qui a le plus de moyens verse à son
conjoint si celui-ci est dans le besoin.

L'inexécution du devoir de secours peut être analysée en une injure grave cause de
divorce. Elle constitue par ailleurs un délit pénal à savoir celui d'abandon de
famille.

Au-delà du secours, les effets pécuniaires du mariage se manifestent également et


surtout à travers les régimes matrimoniaux.

B- LE RÉGIME MATRIMONIAL

On appelle régime matrimonial l'ensemble des règles qui régissent les intérêts
pécuniaires des époux.

Le droit ivoirien offre la possibilité aux époux de choisir entre deux régimes
matrimoniaux distincts :

D'une part, le régime de la communauté de biens, (article 75 et suivant, loi sur le


mariage) et d'autre part, le régime de la séparation de biens (article 103 et
suivants, loi sur le mariage).

43
LA MÉTHODOLOGIE
DU COMMENTAIRE DE TEXTE

44
MÉTHODOLOGIE : LE COMMENTAIRE DE TEXTE

Le commentaire consiste à analyser un texte, à l’expliquer à le restituer, à en


dégager la portée. Il s’agit de ce fait d’un exercice destiné à donner le sens et la
portée d’un texte, de développer et approfondir à l’aide de connaissances acquises
les idées qui sont contenues dans le texte à commenter.

L’exercice peut porter sur un texte de loi, de doctrine ou sur un ensemble de textes
d’auteurs différents portant sur le même thème. Cela soulève le problème du
contenu du commentaire de texte et de la méthode d’élaboration du commentaire
de texte.

I- Le contenu du commentaire de texte

Comme le souligne si bien un auteur, les conceptions du commentaire de texte


existent. Selon la conception étroite et rigoureuse, le commentaire doit se centrer
sur le texte et le commentaire doit toujours prendre appui sur le texte.

Tout le travail se fait, dans ce cas, sur le texte sans recours à des éléments externes.
Dans une conception plus large, le commentaire peut être synthétique et fait appel
aux connaissances générales. Dans ce cas, on se sert d’un texte pour faire appel à
toutes les connaissances utiles tant interne qu’externe au texte pour analyser ce
dernier.

La bonne méthode du commentaire de texte est à mi-chemin entre ces deux


conceptions. Le texte doit être restitué dans un contexte général, mais il faut
toujours le faire à partir d’une analyse du texte.

Le commentaire, par conséquent, doit faire ressortir les intérêts du texte à


commenter. Il s’agira d’abord des intérêts juridiques : qu’apporte le texte au droit ?
Quelles en sont les conséquences juridiques ?

45
Il faut également dégager les autres intérêts, du texte. Ceux-ci peuvent être d’ordre
politique, d’ordre social, d'ordre économique, d’ordre pratique. Le commentaire de
texte doit, de ce fait, contenir une analyse du texte.

Il faut d’abord dégager la nature du texte. Cela revient à se poser les probables
interrogations suivantes : Est-ce un ou plusieurs articles d’un code ou d’une loi ?
Est-ce un décret ? S'agit-il d’un article de doctrine ? Etc.

Après avoir dégagé la nature du texte, il convient ensuite d’analyser le contenu


même du texte. Il faut reconnaître la démarche du texte et pour cela dégager son
plan. Le texte contient toujours une ou plusieurs idées maîtresses. Le commentaire
doit les mettre en valeur en dégageant les idées et les mots-clés du texte. Les mots
techniques doivent être expliqués.

Le commentaire doit également indiquer le plan du texte. S’il s’agit d’un texte
court, un article de loi par exemple, le plan peut être expliqué facilement et
brièvement. Lorsque le texte est plus long, le commentaire doit consacrer
davantage de développements au plan du texte. Le commentaire de texte doit
contenir un commentaire proprement dit.

Le commentaire doit, dans la partie réservée au développement, expliquer le


contenu du texte. Chaque fois que le texte prête à interprétation, les différentes
interprétations possibles doivent être expliquées. Il faut choisir entre elles et
donner les raisons du choix.

Les différentes parties du texte sont normalement complémentaires entre elles.


Ainsi, le commentaire a pour finalité de montrer et expliquer cette
complémentarité. Une partie importante du commentaire est l’étude de la portée du
texte.

Quelles solutions le texte apporte-t-il dans le domaine juridique considéré ?

Quel est son domaine d’application ?

Est-il susceptible d’avoir des conséquences dans d’autres domaines ?

46
C’est dans le commentaire proprement dit qu’il est important de bien doser
l’analyse du texte et les connaissances générales. Une bonne méthode consiste,
donc, à partir du texte, à remonter aux connaissances générales, puis à revenir au
texte.

II- La méthode d’élaboration du commentaire de texte

Différentes étapes à franchir participent à l’élaboration d‘un commentaire de texte,


bien que ces étapes ne constituent pas le plan du commentaire.

La première phase est celle de la compréhension du texte et de son organisation.


Elle débute par une lecture attentive du texte. À ce stade, il est recommandé au
lecteur de ne pas souligner des mots ou marquer les divisions du texte. Cela paraît,
à notre sens, trop tôt.

Après cette première lecture, il faut ensuite procéder à une deuxième lecture du
texte, cette fois le crayon à la main. Il faut ainsi souligner les mots-clés, les mots à
expliquer. Il ne faut pas souligner trop de mots. Sinon, la compréhension
synthétique du texte devient difficile.

Le commentaire ne nécessite pas l’explication de tous les mots du texte, seuls ceux
qui ont une importance dans l’analyse du texte doivent l’être.

Parallèlement, on recherche le plan du texte. On peut, à ce niveau, encadrer de


crochets les différentes parties du texte. Ici encore, il ne faut pas aller trop vite. Il
convient, en fait, de prendre son temps pour vérifier si les différentes parties
trouvées correspondent bien au texte.

Dans la deuxième phase, il contient de “questionner” le texte pour en tirer les


éléments du commentaire.

On peut utilement recourir à la méthode QQQOCP ?

— Quoi ? De quoi s’agit-il dans ce texte ? Quels sont les domaines juridiques
concernés ?

47
— Qui ou quel est l’auteur du texte ? À qui le texte s’adresse-t-il ?

— Quand ? Quand le texte a-t-il été écrit ? Est-ce que la durée du texte a une
importance ?

— Où ? De quel pays, le texte est-il originaire ? Où a-t-il été publié ?

— Comment ? Par quels raisonnements et par quels procédés de technique


juridique, le texte parvient-il à ses objectifs ?

— Pourquoi ?

Dans cette méthode du questionnement du texte, on se sert à la fois des apports du


texte à commenter et de ses propres connaissances. Pour chaque question, on
essaie de se souvenir de ses connaissances utiles pour le commentaire.

Il faut bannir ici, tout comme dans tout travail intellectuel, la paraphrase. Une fois
les matériaux rassemblés grâce aux deux premières phases, il convient de
construire le plan du commentaire de texte.

Comme le souligne si bien un auteur, "il n’y a pas de plan-type valable pour tous
les commentaires de texte. Le plan doit être adapté à chaque texte. On peut
simplement indiquer une méthode pour trouver le plan". Et pour y arriver, il
propose les cas suivants :

— Le premier cas, le plus fréquent, est celui où le texte traite de deux ou trois
problèmes. Ces problèmes feront les parties du commentaire. Sauf obstacle logique,
on traite les problèmes par ordre d’intérêt décroissant.

— Le deuxième cas, par exemple celui d’un texte court ne traitant que d’un
problème, peut faire l'objet d’un plan technique.

48
Par exemple, on peut traiter :

I. Les conditions d’application du texte ;

II. La portée du texte.

Le plan doit être détaillé de manière à faciliter la rédaction. Ce plan est précédé de
l’introduction qui a pour objet de situer le texte : genre, date, auteur, etc. Elle
(l'introduction) dégage les intérêts du texte, le plan du texte. Elle annonce et justifie
le plan.

La dernière phase de l’élaboration du commentaire de texte est la rédaction du


commentaire. Il est inutile de rédiger au brouillon. Il vaut mieux, à ce niveau,
consacrer plus de temps à l'élaboration du plan détaillé.

Les paragraphes rédigés doivent être clairs et pas trop longs. Il est recommandé de
ne jamais s’éloigner du texte. Il faut toujours revenir au texte. En ce qui concerne
le style de la rédaction, il doit être clair et précis.

Quel que soit, le type de texte à commenter un travail préparatoire est


indispensable.

Ce travail doit être effectué au brouillon. Il est commun aux différents types de
commentaires, il consiste, principalement, à analyser le texte. Il faut donc
distinguer ce qu'il ne faut pas faire de ce qu’il faut faire.

Ce qu’il faut alors éviter :

Trois choses :

- Ne pas paraphraser le texte, c’est-à-dire reprendre des pan entiers du texte pour
les reproduire ;

- Éviter de s’éloigner du texte pour disserter. Le risque ici, c’est le hors sujet ;

49
- Ne pas s’élancer dans un style obscur pour vouloir impressionner. La meilleure
manière d'impressionner consiste à faire simplement et correctement son devoir
sans procéder par un étalage de ses limites intellectuelles à travers un écrit pédant,
plein d’absurdité.

Ce qu’il convient donc de faire :

Il faut être patient en procédant de la façon suivante :

- Lire attentivement le texte pour le comprendre au besoin 2 ou 3 fois ;

- Dégager la ou les idées essentielles du texte ;

- Lire à nouveau le texte, mais cette fors-ci paragraphe par paragraphe en


dégageant la ou les idées essentielles. Ce corps-à-corps doit se faire, au besoin, en
soulignant les mots ou phrases clés ;

- Faire appel à toutes les connaissances se rapportant aux idées retenues ;

- Enfin, rassembler les idées en 2 ou 3 parues pour en extraire le plan.

III- La rédaction finale

La structure du devoir comprend 3 parties bien distinctes : l’introduction, le corps


du devoir et la conclusion.

50
A- L'introduction

Il faut indiquer les points suivants :

1- La nature du texte (extrait de...)

2- Le contexte de la loi, de la convention ou de la page doctrinale à commenter,


c’est-à-dire la thèse ou l’opinion généralement défendue par l’auteur et en rapport
avec le sujet ;

3- Indiquer l’intérêt, l’actualité, l’importance du thème ;

4- Les solutions annoncées dans le texte sont utilisées comme énoncé du plan
(annonce du plan).

NB : seule l’introduction du commentaire d’arrêt n’exige pas un problème de droit


expressément posé. On n’est donc pas obligé de poser, de façon expresse, une
question dans l’introduction même s’il est évident que tout raisonnement n’a de
sens que s’il répond à une interrogation, une inquiétude sérieuse.

B- Le corps du devoir

- Ici, le plan énoncé dans l’introduction permet de présenter les différentes parties
du commentaire ;

- Les solutions contenues dans le texte à commenter vont faire l’objet de


développement ;

- L’on cherche à relever leur crédibilité à la lumière de la pratique juridique en


vigueur de la doctrine, de la législation et de l’histoire du droit (droit comparé).

51
C- La conclusion

Deux points essentiels sont à retenir ici :

1- Il s’agit d’établir une sorte de bilan sur l’application du texte ;

2- Faire également une ouverture, une perspective d’avenir.

EXEMPLE DE SUJET DE COMMENTAIRE DE TEXTE (DROIT


CONSTITUTIONNEL)

Commentez l’article 25 suivant de la Constitution ivoirienne du 3 novembre


1960.

Article 25 : « Les fonctions du Président de la République sont incompatibles avec


l’exercice de tout mandat parlementaire, de tout emploi public et de toute activité
professionnelle. Les fonctions de membre de gouvernement sont incompatibles
avec l’exercice de tout emploi public et de toute activité professionnelle. Le
parlementaire nommé membre du Gouvernement ne peut siéger au parlement
pendant la durée de ses fonctions ministérielles ».

52
CORRIGÉ PROPOSÉ

Introduction

- Situer l’article 25 de la constitution dans le système politique établi par la Côte


d’Ivoire.

- Mais, noter que son contenu va au-delà du régime présidentiel choisi par la Côte
d’Ivoire, d'autant que les incompatibilités qu’il prévoit transcendent le niveau du
régime politique choisi.

- Énoncer les deux axes qu’offre l’article 25 de la constitution. Ce sont :

* l’affirmation des incompatibilités touchant le pouvoir exécutif ;

* le régime des incompatibilités.

I- L’AFFIRMATION DES INCOMPATIBILITES TOUCHANT LE


POUVOIR EXÉCUTIF

A- Le principe des incompatibilités

1. L’affirmation tranchée du Principe (voir l’usage de l’indicatif qui vaut impératif);

2. Les incompatibilités touchent le Président de la République autant que les


membres du gouvernement.

53
B- L’étendue des incompatibilités

1. L'incompatibilité tenant au régime politique : l'incompatibilité avec le mandat


parlementaire

2. Les incompatibilités tenant à la mission du pouvoir exécutif : incompatibilité


avec tout emploi public, incompatibilité avec toute activité professionnelle.

II- L’ORIGINE DES INCOMPATIBILITES

A- Des incompatibilités absolues

1. Leur domaine d’application personnel

2. Leur domaine d’application matériel

B- Une incompatibilité relative

1. Elle ne concerne pas le statut

2. Elle n’affecte pas la fonction

Conclusion

- Le bilan

- Ouverture, perspective.

54
2e EXEMPLE DE COMMENTAIRE DE TEXTE NON TRAITÉ (DROIT
CIVIL)

Commentez l’article 69 de la loi du 02 août 1983 relative au mariage : « Le


mariage a pour effet de créer entre époux une communauté de biens à moins que
ceux-ci ne déclarent expressément opter pour le régime de la séparation de biens ».

3e EXEMPLE DE COMMENTAIRE DE TEXTE (DROIT


CONSTITUTIONNEL)

SUJET : Commentez le texte ci-dessous

Le dépassement de l'analyse des seules règles juridiques : Sous l'action de plusieurs


influences, la doctrine dépassa au XXe siècle l'étude exclusive des textes
constitutionnels. La prise de conscience du décalage entre l'aménagement juridique
de l'exercice du pouvoir et la réalité fut la cause déterminante de ce changement.

La constitution ne pouvait plus être considérée comme l’œuvre de la seule raison et


l'expression d'un idéal, mais bien plutôt comme une œuvre de circonstance
manifestant les rapports des forces sociales à un moment donné, ainsi que
l'idéologie dominante.

Il était dès lors impossible de s'attacher à l'étude des seules règles


constitutionnelles pour connaître l'aménagement et l’exercice du pouvoir politique
puisqu'elles n'étaient pas toujours respectées et qu'un contrôle de la
constitutionnalité n'existait pas. La transformation fut lente.

Il fallut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que les institutions
politiques trouvent officiellement leur place dans les programmes d'enseignement à
côté du droit constitutionnel (1954). Ce changement d'apparence anodine était en
fait très important, car il mettait fin à la confusion de la règle juridique et de la
réalité que l'on avait maintenue depuis plus d'un siècle.

55
Pendant longtemps, la modification des méthodes d’analyse fut plus apparente que
réelle. L’adjonction des institutions politiques au droit constitutionnel n’empêchait
pas de considérer l'aménagement juridique comme constituant l'essentiel de la
réalité.

Bien sûr, on introduisait l'action des partis politiques dans l'explication des
mécanismes constitutionnels, on faisait une part de plus en plus large à l’étude de
la pratique politique, mais les schémas généraux d’analyse n’avaient pas changé.

L'illustration la plus éclatante de cet état de fait se trouve dans la persistance de


typologies classiques fondées sur l’aménagement des rapports juridiques entre les
organes établis par les constitutions. Or, ces typologies sont difficilement
utilisables.

Le régime Parlementaire, défini par l'existence de la responsabilité politique du


gouvernement devant le Parlement, compensée par le droit pour l'exécutif de
dissoudre les assemblées parlementaires, recouvre des réalités aussi différentes que
le régime constitutionnel de la Ve République et celui de la Grande-Bretagne. On
pourrait multiplier les exemples.

Correction du commentaire de texte (3e exemple)

INTRODUCTION

- Texte de doctrine tiré du manuel de Dmitri Georges LAVROFF, spécialiste du


Droit constitutionnel français qui a intégré les méthodes de la Science politique au
droit constitutionnel ;

- L’auteur s’est par ailleurs intéressé aux régimes politiques africains ;

- L'ouvrage d'où le texte a été tiré est récent. Il porte, sur le droit constitutionnel de
la Ve République française ; mais les développements qui s'y trouvent valent pour
tous les systèmes politiques ;

56
- Le texte est organisé autour de deux (2) idées : le dépassement de l'analyse
exclusivement juridique et la portée limitée de ce dépassement ou du changement
de perspective.

I- LE DEPASSEMENT DE L'ANALYSE EXCLUSIVEMENT JURIDIQUE

A- Les facteurs du changement

1- La prise en compte de la réalité sociale

- Le décalage entre la norme juridique et la réalité ;

- La transposition des modèles d’analyse des régimes politiques européens dans les
systèmes politiques africains.

2- La constitution, comme le fruit des rapports de force

B- Les effets du changement

1- L'effet sur la substance

Il s'agit du contenu des règles, de la pratique politique, de la coutume


constitutionnelle associées aux normes juridiques.

2 - L'effet sur la méthode du droit constitutionnel

Il s'agit de l’enseignement du droit constitutionnel qui dépasse l'analyse des seules


règles.

57
II- LA PORTÉE LIMITÉE DU DEPASSEMENT

A- Une évolution lente

Évolution lente et progressive

B- La permanence de typologies classiques en droit constitutionnel

- Régime parlementaire / régime présidentiel ;

- Typologies existent à l'intérieur même des régimes parlementaires.

58
LA MÉTHODOLOGIE
DE LA FICHE D'ARRÊT

59
MÉTHODOLOGIE : COMMENT CONFECTIONNER SA FICHE
D'ARRÊT ?

Faire une fiche d’arrêt, c’est dégager les informations essentielles d'une décision de
justice (Jugement ou arrêt).

Concrètement, la fiche d'arrêt est un exercice qui consiste à disséquer une décision
de justice en ces différentes rubriques que sont les faits (1), la procédure (2), le ou
les problèmes de droit (3) et la solution (4). Ainsi, cette fiche constituera
l'introduction au commentaire d’arrêt.

1- Les faits

Ce sont les éléments événementiels qui sont à la base de l'histoire. Ils sont à relater
dans leur ordre chronologique et peuvent être représenté sur un schéma pour en
faciliter la compréhension. Les faits d'une fiche d'arrêt doivent toujours se terminer
par une situation anormale, qui présage déjà de la venue d'un procès.

2- La procédure

Ce sont les différentes péripéties de l'histoire en justice, ou devant les tribunaux. La


procédure peut se présenter jusqu'à trois (3) étages, en fonction de la nature de la
décision à mettre en fiche.

60
SCHÉMA SIMPLIFIÉ DE LA PROCÉDURE CIVILE :

Juges de
Cour Suprême. Chambre judiciaire Arrêt
la
légalité

Pourvoi
2nd degré: Cour d'Appel
Arrêt

Juges
de fait Appel

1er dégré: T.P.I (Tribunal de Première Instance) ou S.D (section détachée) Jugement

Faits

a- Au premier étage (1er décret) : devant le Tribunal de Première Instance


(TPI)

À ce niveau, on doit faire ressortir les éléments suivants :

- Le demandeur (demanderesse) : c'est celui ou celle qui prend l'initiative pour


saisir le Tribunal. On doit mentionner son nom, l'objet de sa demande et ses
arguments juridiques. La demande principale est celle qui émane du demandeur.

61
- Le défendeur (défenderesse) : c'est celui ou celle contre lequel, l'action en
justice est engagée. On doit mentionner son nom, l'objet de sa demande dit
reconventionnel, et ses arguments juridiques.

- Le TPI ou sa section détachée saisie : on doit mentionner son nom, la date et le


sens de sa décision appelée jugement.

b- Au deuxième étage (2nd degré) : devant la Cour d'Appel

À ce niveau, doivent figurer les éléments suivants :

- L'appelant (e) : c'est celui qui décide de déférer devant la Cour d'Appel, le
jugement du Tribunal. On doit mentionner son nom, l'objet de son appel et ses
moyens juridiques. L'appel principal émane de l'appelant.

- L'intimé (e) : c'est celui contre lequel l'appel est interjetté. On doit faire ressortir
son nom, l'objet de son appel dit incident et ses arguments juridiques.

- La Cour d'Appel saisie : On doit mentionner son nom, la date et le sens de sa


décision appelée arrêt. Un arrêt peut ressortir l'un des trois (3) sens : soit il est
infirmatif, soit confirmatif, soit partiellement infirmatif ou confirmatif.

c- Au troisième étage : devant la Cour de Cassation

À ce niveau, on doit mentionner :

- Le demandeur au pourvoi : on doit mentionner son nom, l'objet de son pourvoi


et ses arguments juridiques.

- Le défendeur au pourvoi : on doit mentionner son nom, l'objet de son pourvoi et


ses arguments juridiques.

- La chambre judiciaire de la Cour Suprême : il faut mentionner la date et le


sens de sa décision appelée arrêt.

62
3- Le ou les problèmes de droit

C'est le point le plus important du travail, c'est le point de droit sur lequel
s'opposent les parties, et qui est soumis au juge pour qu'il apporte des solutions.
Pour y parvenir, on part toujours des demandes initiales en présence. Et on montre
en quoi elles s'opposent. À cette première opposition, on ajoute celles des
différentes juridictions saisies et alors se dessine le problème qui sera formulé
interrogativement.

4- La solution

C'est la réponse donnée par les juges aux problèmes posés en quelques phrases. On
peut pour répondre au problème posé, prendre un extrait significatif de la décision
rendue.

À ces quatre (4) rubriques de la fiche d'arrêt, il faut ajouter deux (2) autres pour
atteindre la méthodologie du commentaire d'arrêt.

5- Annonce du plan

6- Plan détaillé

I.........................

A.......................

B.......................

II.......................

(...)

63
RÉCAPITULATIF DE LA MÉTHODOLOGIE DE LA FICHE D'ARRÊT

Fiche d'arrêt

1- Faits

2- Procédure

3- Problème de droit

4- Solution

5- Annonce du plan

6- Plan détaillé

I---------

A-------

B-------

II--------

64
Exemple d'un arrêt + sa fiche d'arrêt:

Faites en 3h, la fiche de l’arrêt de la Cour d'Appel d'Abidjan du 2 juillet 1982


(inédit)

LA COUR

Ou les parties en leurs conclusions ;

Le Ministère Public entendu ;

Vu les pièces du procès ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Statuant publiquement contradictoirement à l'égard de YATTIEM AMIGUET


François, la Société « Communication et MEDIA INTERNATIONAUX »,
l'Agence Ivoire-Médiat et la Revue AFRICAINE en matière civile et en dernier
ressort, sur l'appel régulièrement interjeté le 30 juillet 1981 par YATTIEM
MIGUET François, directeur de l’école de la statistique à Abidjan, du jugement
n°4277 non assigné, rendu le 4 décembre 1980 par le Tribunal de Première
Instance d'Abidjan qui a débouté YATTIEM MIGUET François, de sa demande de
dommage-intérêt ;

Considérant qu'il est constant que dans une lettre datée du 5 mars 1976,

Le sieur Pière BOUSEZ, rédacteur en chef de la « REVUE GENERALE


AFRICAINE des Travaux Publics, de l'Industrie et des Mines », faisait savoir au
sieur YATTIEM MIGUET François, directeur de l'École de Statistique à Abidjan,
que sa revue se proposait, avec l'accord du Ministre ivoirien des finances, de faire
paraître un reportage sur l'École de Statistique à Abidjan : buts poursuivis,
connaissances requises pour y entrer, niveau de l'enseignement répartition des
disciplines, diplômes sanctionnant les études, carrières offertes aux lauréats,
moyens dont dispose l'établissement, etc.

Dans sa compétence, le sieur BOUSEZ précisait « enfin, il nous est nécessaire pour
donner plus de vie à notre revue, de pouvoir illustrer cet article par des
photographies des bâtiments, du matériel, des principaux dirigeants, etc. Je vous

65
serais tout particulièrement obligé, si vous pouviez accorder une attention toute
particulière à notre revue et nous faire parvenir ces éléments dans les délais les
plus rapides pour nous permettre une très prochaine publication ».

Des bâtiments et la photographie du Directeur (en l'occurrence YATTIEM


AMIGUET François) furent adressés à la Revue Générale Africaine ; que le 12
février 1978, YATTIEM AMIGUET François découvrait avec surprise sa photo
publiée par l’hebdomadaire « Ivoire Dimanche », dans son numéro 366 du 12
février 1978, à la page consacrée au programme de la télévision ; que cette société
EFET (Société de Cour par Correspondance) avec la légende « ce jeune cadre a
réussi, pourquoi pas vous » ; qu’à la carrière enseignée par la société EFET :

Considérant que dans un premier temps, YATTIEM AMIGUET François éleva


une vive protestation auprès de la Revue Générale Africaine par lettre en date du
13 février 1978, dans laquelle il demandais la restitution de sa photographie et la
cessation immédiate de la publicité faite par Ivoire Dimanche, que dans un
deuxième temps, il assignait en dommages-intérêts devant le Tribunal de Première
Instance d’Abidjan et par exploit du 24 octobre 1978, la « Revue Générale
Africaine, la société « communication et média internationaux » dite CMI, la
société EFET, et la Revue « Ivoire -Dimanche » ; qu’il a exposé devant le premier
Juge que la Revue Générale Africaine et autres avaient porté atteinte aux droits
imprescriptibles qu’il a sur son image ;

Considérant que la CMI et Ivoire - Dimanche ont soutenu que YATTIEM


AMIGUET François avait de toute façon accepté la publication de sa photographie
dans une revue ; que cette publication n’a été faite qu'une seule fois et qu'elle a
cessé immédiatement dès les premières protestations de YATTIEM AMIGUET
François ; que le placard publicitaire n'a pu causer aucun préjudice à la personne
qu'il concerne et qu'au contraire, il ne pouvait être que flatteur ;

Considérant que le premier Juge, après avoir relevé que la publication de l'image
d'une personne sans son autorisation constitue une faute délictuelle, a néanmoins
estimé que cette faute n’avait causé aucun préjudice à YATTIEM AMIGUET
François ;

66
Considérant que celui-ci sollicite l'infirmation de la décision entreprise ; qu'il fait
valoir, par le canal de ses constantes que toute personne possède sur son image et
sur l'utilisation qui en est faite un droit de propriété absolue dont nul ne peut
disposer sans son consentement, même s'il n’y a pas eu atteinte à la vie privée et à
la considération de la personne ;

Que la reproduction non autorisée de l'image constitue un quasi-délit générateur


d'un préjudice ouvrant droit à réparation ; que dans le cas d'espèce, il n’a autorisé
que la Revue Générale Africaine à publié sa photo, mais dans le cadre précis d'un
reportage sur l'école de statistique d’Abidjan ; que cette autorisation n’était donc ni
générale, ni impersonnelle ; que le préjudice qu’il a subi est fonction du caractère
désobligeant de la légende figurant en dessous de la photographie ;

que le placard publicitaire laisse supposer que lui YATTIEM AMIGUET François
a suivi les cours par correspondance de l'École EFET (École Française
d'enseignement Technique) : qu'il l'expose aux railleries des étudiants qui pensent
que leur directeur, après avoir suivi des cours par correspondance a accédé aux
responsabilités qui sont les siennes grâce à ses relations ; que pendant une semaine ;
il a été offert en spectacle aux lecteurs d'Ivoire-Dimanche, la page contenait
l'encart publicitaire étant consacrée au programme hebdomadaire de la télévision ;
que tous les intimés sont solidairement responsables du préjudice, qui lui a été
ainsi causé qu'en effet, la revue générale africaine à qui il avait remis la
photographie n'explique pas comment celle-ci est sortie de ses archives ; qu'elle a
fait preuve de négligence ; qu'Ivoire-Média qui a le monopole de la publicité dans
la presse écrite n'explique pas non plus comment son Directeur Monsieur LARGY
a pu donner la photographie dont-il s'agit à la Société « Communication et Média
Internationaux », que cette dernière aurait dû, en préparant la campagne de
publicité de l'École EFET, obtenir au préalable le consentement du sujet
photographié : que sa faute engage son mandant l'École EFET ; qu'Ivoire
Dimanche aurait dû vérifier l’existence de l'accord du sujet photographié avant de
publier le placard publicitaire ;

Considérant que les sociétés « communication et média internationaux » et «


Ivoire-Média » soutiennent en ce qui les concerne, par la voix de leur conseil
Maître Mariana, que YATTIEM AMIGUET François, qui avait joint sa

67
photographie à une demande tendant à valoriser l'institution qu'il dirige, ne peut
prétendre qu'il désirait impérativement ne pas paraître son image dans une revue ;
qu’il n'a subi aucun préjudice, puisqu'il n’y a eu qu’une seule parution de son
image dans un seul numéro ; que la bonne foi des auteurs a été surprise puisqu'ils
n’ont voulu aucun moment causé un préjudice à l’appelant ; que la décision du
premier juge doit être confirmée ;

Considérant que la revue " Ivoire-Dimanche " affirme par l'organe de ses conseils
Maître DOGUE et ELGHOZI, qu’elle n'a commis aucune faute, que la marquette
n'a pas été conçue par elle qu'elle lui a été transmise par CMI avec ordre de la
publier ; qu'en outre, YATTIEM AMIGUET François ne rapporte pas la preuve
qu'il a subi un préjudice ; qu’il n’était pas opposé au principe de la publication de
la photographie dans une revue, puisqu'il l'avait fourni lui-même ; qu'à titre
subsidiaire, il ne peut lui être alloué que le franc symbolique ;

Considérant que la Revue générale africaine, la société EFET et la Société Ivoire


Média ne comparaissent pas, bien sûr l’acte d'appel leur ait été signifié, à parquet
en ce qui concerne les deux premières et à son siège Social en ce qui concerne la
dernière ; qu'il y a lieu de statuer par défaut à l'égard des deux premières, et
contradictoirement à l'égard de la dernière ;

Considérant qu’il est exact que d’après une jurisprudence constante, toute personne
possède sur son image et sur l'utilisation qui en est faite « un droit de propriété
absolue dont nul ne peut disposer sans son consentement » ; que la diffusion de
cette image, sans autorisation de la personne photographiée, constitue » un quasi-
délit générateur d'un préjudice donnant lieu à réparation » (Tribunal de Commerce
de la Seine, 20 février 1963, D. 1963, sommaire P. 85) que dans le cas d'espèce, il
est faux de soutenir que YATTIEM AMIGUET François avait accepté de toute
façon la publication de sa photographie dans une revue, alors qu'il n'avait autorisé
la diffusion de son image que dans la seule « Revue Générale Africaine », à la
demande expresse de celle-ci, et uniquement dans le cadre d'une étude sur l'École
de statistique dont il est le Directeur ; que contrairement aux allégations des
intimés, la diffusion de la photographie de l'appelant dans la revue « Ivoire
Dimanche», loin d’être flatteur, était plutôt désobligeante, puisqu’elle faisait voir
aux lecteurs que YATTIEM AMIGUET François avait suivi les cours par
correspondance de la société EFET et qu’il s’était « arrangé » pour accéder au

68
poste de responsabilité qui est aujourd’hui le sien ; qu'il est exact qu’il n’y a eu
qu’une seule diffusion, mais que cette circonstance diminue, il est vrai
l’importance de la réparation du préjudice, mais ne supprime pas la responsabilité
des auteurs, qui est constante et ne peut être éludée ; ...

Correction proposée de la fiche d'arrêt

Fiche d’arrêt : cour d'appel d'Abidjan

I- La nature de la décision

La décision qui nous est soumise est un arrêt de la cour d'appel d’Abidjan rendu le
2 juillet 1982, sur appel interjeté par Yattien Amiguet François contre le jugement
du tribunal de 1ère instance d’Abidjan du 04 décembre 1980.

II - Les faits

Y.A.F. est un jeune cadre ivoirien. Il est le directeur de l'École de la Statistique


d'Abidjan. Par lettre, on date du 05-03-1970, le Rédacteur en chef de la Revue
Générale Africaine des travaux publiques, de l'industrie et des mines lui demande
sa photographie et des images des bâtiments qui abritent l’école pour les besoins
d'un reportage initié par la RGA avec l'accord du ministre ivoirien des finances.

L’objectif visé serait de valoriser en faisant connaître l’ESA par le grand public.

C'est ainsi que Y.A.F. a remis à la disposition de l’organe de presse les documents
sollicités. Le 12-04-1978, il est surpris de découvrir la même photographie publiée
par Ivoire Dimanche à la page consacrée au programme de la télévision.

Cette photographie, qui a transité par Ivoire Média, la société Communication et


Média Internationaux, illustrait un encart publicitaire au bénéfice de la société
EFET (société de cours par correspondance) avec la légende : « Ce jeune cadre a
réussi, pourquoi pas vous ? ». Cette publicité était accompagnée de la liste des

69
carrières enseignées par la société EFET. En date du 13 février 1978, Y.A.F. éleva
une vive protestation auprès de la RGA à laquelle il réclamait la restitution de sa
photographie et la cessation immédiate de la publicité faite par ID. Il initie par la
suite une action en justice.

III- La procédure

Par exploit du 24 octobre 1978, Y.A.F. saisit le T.P.I d’Abidjan d'une action en
réparation du préjudice que lui cause cette situation. Il sollicite la condamnation
solidaire à lui verser des dommages-intérêts de la RGA: la CMI, la Société EFET
et ID.

Pour lui, ces organes de presse ont porté atteinte aux droits imprescriptibles qu’il a
sur sa propre image. Les défendeurs ont repoussé cet argument en soutenant que le
demandeur a accepté une 1ère publication de sa photographie dans une revue. Par
ailleurs, selon eux, la publication litigieuse a cessé immédiatement si bien que le
sujet photographié ne peut se prévaloir d'un préjudice. En plus, l'encart publicitaire
ne pouvait être que flatteur pour lui.

- Le 04 décembre 1980, le TPI d’Abidjan l'a débouté de sa demande au motif que


même si la publication de l'image d’une personne sans son consentement constitue
une faute délictuelle, celle-ci, en l’espèce n’a causé aucun préjudice au demandeur.

- Le 30 juillet 1981, Y.A.F. interjette appel de ce jugement devant la cour d’Appel


d’Abidjan. L'appelant demande à cette juridiction l’infirmation de la décision du
1er juge.

Au soutien de sa demande, il avance qu’il est de jurisprudence constante que toute


personne possède, sur son image et l'utilisation qui en est faite, un droit de
propriété absolue dont nul ne peut disposer sans son consentement, même s’il n'y a
pas eu atteinte à la vie privée et à la considération du sujet photographié.

Selon lui, la reproduction non autorisée de l'image constitue un quasi-délit


générateur d'un préjudice ouvrant droit à réparation.

70
Or, en l’espèce, il n'a autorisé que la RGA à publier sa photographie, et ce, dans un
cadre bien précis. Cette autorisation n'était ni générale ni impersonnelle. Par
ailleurs, continue t-il, il en subit un préjudice eu égard au caractère désobligeant de
la légende figurant au-dessus de la photographie, puisque cet encart publicitaire
insinuait que lui, Y.A.F., directeur d'une grande école, avait suivi des cours par
correspondance.

Cette situation l'a exposé aux railleries de ses étudiants qui pensent que leur
directeur a accédé à ce poste de responsabilité grâce à des relations. Ce préjudice
est aggravé par le fait qu’il a été offert en spectacle aux lecteurs d'Ivoire Dimanche.
Il conclut donc à la responsabilité solidaire de tous les organes de presse qui ont
concouru à la réalisation de ce préjudice.

Les intimés soutiennent, chacun pour sa part :

+ Quant à la CMI et Ivoire Média, ils affirment que Y.A.F., qui a joint sa
photographie à une publication visant à valoriser son établissement, ne peut
prétendre qu’il ne désirait pas voir son image republiée. Par ailleurs, l’appelant n’a
subi aucun préjudice puisqu'il n'y a eu qu'une seule parution du numéro litigieux.
En outre, ils se déclarent de bonne foi puisqu'ils n'ont jamais entendu causer un
préjudice à l’appelant.

+ Concernant ID, elle ne reconnaît aucun but dans la mesure où la maquette


publicitaire, qu’elle n'a pas conçue, lui a été transmise par la société CMI avec
ordre de la publier. Par ailleurs, l'appelant n’etait pas, opposé à une 1ère
publication de sa photographie et ne rapporte la preuve d'aucun préjudice. Dès lors,
il ne peut être alloué que le franc symbolique.

Le problème juridique

De ces différentes oppositions, la cour d'appel retient la question de droit suivante :


un organe de presse peut-il, sans engager sa responsabilité délictuelle publier
l'image d'un sujet photographie en dehors de toute autorisation préalable de

71
l'intéressé, sous prétexte que d'une part, celui-ci avait consenti à une première
publication et que d’autre part, il n'a subi aucun préjudice du fait de la publication
litigieuse ?

IV- La solution

À cette question, la Cour d'Appel, a répondu par la négative au motif qu'il a été
affirmé de manière constante en jurisprudence que chacun est titulaire d’un droit
de propriété absolue sur son image, si bien que toute publication de celle-ci sans
une autorisation préalable du sujet photographié est constitutive d'une faute. Par
ailleurs, le consentement donné pour une 1ère publication n'est pas extensible à de
futures publications afin de justifier celles-ci.

La responsabilité civile des mis en cause est d'autant plus réelle que, par leur faute
l'appelant a subi un préjudice matériel eu égard à l'utilisation de son image à des
fins commerciales et un préjudice moral en raison du caractère désobligeant de la
publicité tendancieuse le faisant paraître, aux yeux du public, comme quelqu’un
qui a suivi des cours par correspondance et qui a accédé à un poste de
responsabilité par des moyens indélicats.

Dès lors, la cour, après avoir mis hors de cause deux des organes de presse dont la
responsable délictuelle n’est pas établie, à condamné insolidum la RGA et la CMI
à verser à la victime de l'atteinte, une indemnité de 250 000 F CFA.

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LA MÉTHODOLOGIE
DU COMMENTAIRE D’ARRÊT

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MÉTHODOLOGIE : LE COMMENTAIRE D’ARRÊT

Le commentaire d’arrêt se définit comme étant un jugement de valeur porté sur une
décision rendue par une juridiction.

Quelle est la méthode du commentaire d’arrêt ? Comment détermine-t-on son


introduction et comment se fait sa rédaction ?

I- La méthode du commentaire d’arrêt

L'étude de la jurisprudence représente une part importante du travail du juriste et


plus particulièrement du civiliste, qui doit étudier et éventuellement critiquer les
décisions de justice.

En effet, les plus intéressantes de ces décisions sont publiées dans des recueils de
jurisprudence et sont souvent suivies de “notes” rédigées par des théoriciens ou des
praticiens appelés les "arrêtistes”. Ces notes constituent des commentaires d’arrêt
et c’est à des exercices de ce genre que l’étudiant se trouve convié.

C’est un travail à la fois très formateur et très délicat. Il diffère de celui de


"l’arrêtiste" en ce que ce dernier commente et critique des décisions très récentes et
ignore les incidences qu’elles auront dans l’avenir.

Alors que l’étudiant commentera en général des arrêts déjà anciens et devra
indiquer quelle a été leur portée.

Il est donc difficile, assez difficile de définir une méthode de commentaire d’arrêt,
car celui-ci variera selon chaque décision.

Le commentaire d’arrêt porte sur une décision de justice qui peut être un jugement
ou un arrêt.

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- Avant tout, il faut lire attentivement la décision à commenter pour comprendre
son sens ;

- Ne pas paniquer face au langage technique que caractérise ce genre de texte ;

- Distinguer les intérêts en jeu afin de déterminer ce que veut chacune des parties
en litige tranché par le juge.

II- La fiche d’arrêt ou la marche vers l’élaboration de l’introduction du


commentaire d’arrêt

La fiche d‘arrêt a pour objet de formuler, en termes juridiques, le problème posé à


la juridiction qui a rendu la décision et la solution qui y est apportée.

Les fiches d’arrêts comprennent :

1- Les faits

On y expose seulement les événements rapportés par la décision et indispensables


à la compréhension de la situation. Il faut, en premier lieu, faire un historique des
faits de la cause. Ils figurent en général au début de la décision dans les premiers
"attendus que"... ou "considérant que"... Mais il peut se faire que certains faits
soient exposés ailleurs.

Aussi, la décision doit-elle être lue et relue avec la plus grande attention. Lorsque
la situation est complexe, il est bon de prendre des notes, et même de dresser un
tableau chronologique des faits (dans la phase préparatoire du travail).

2- La procédure suivie jusqu’à la décision étudiée (exposée très rapidement)

Il faut ensuite dégager le déroulement de la procédure jusqu’à la décision à


commenter, en indiquant quelles sont les juridictions saisies successivement, leur
décision et leur motivation, les voies de recours utilisées et s’il s’agit d’un arrêt de
la Cour de cassation, les moyens du pourvoi dans la mesure où ils sont exposés
dans la décision.

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Ces éléments se trouvent en général dans les attendus au début ou à la fin de l’arrêt,
mais il faut parfois les compléter en déduisant certains éléments inconnus d’autres
qui sont connus.

Ainsi, si la décision mentionne un arrêt d’appel sans donner d’indication sur le


jugement de première instance, mais en précisant le caractère infirmant ou
confirmatif de l’arrêt de la cour d’appel, cette indication permettra de déduire la
solution donnée en première instance. Ces diverses indications doivent permettre
de passer à une 3 étape qui consiste à poser :

3- Le problème juridique

Il doit être déterminé et être énoncé d’une façon aussi claire et précise que possible,
la question de droit qui se pose.

4- La solution donnée par la juridiction et les motifs sur lesquels elle est
fondée

Enfin, il faut indiquer sommairement quelle est la solution apportée par la décision
et les motifs sur lesquels elle se base. Ce n’est qu’ensuite que l’on Peut passer à la
phase de discussion qui va constituer l’essentiel du devoir.

5- L’application de la décision

Par rapport à la loi, par rapport à la jurisprudence. L’appréciation revient à préciser


que toute cette analyse doit être aussi concise que possible, car elle ne constituera
que l’introduction du devoir.

Le corps du sujet étant constitué par la discussion qui sera traitée suivant un plan
annoncé à la fin de l’introduction. Ainsi, l’introduction du commentaire d’arrêt doit
suivre les étapes de raisonnement suivantes :

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1. S’il s’agit de l’introduction du commentaire d’un seul arrêt :

- Indiquer la nature de la décision juridictionnelle en usant de la terminologie


juridique appropriée (jugement, arrêt (appel, cassation), décision du Conseil
constitutionnel) ;

- Indiquer la place ou l’importance du thème général de l’arrêt ;

- Rappeler ou reconstituer les faits et la procédure suivie ;

- Poser le problème juridique soulevé par l’affaire (la question à laquelle le juge
devait répondre) ;

- Envisager la ou les solutions sous forme de plan (le commentaire portera sur la
décision du juge).

2. S’il s’agit de l’introduction d’un commentaire conjoint d’Arrêts :

1- La situation (on situe les deux Arrêts cumulativement).

Exemple : le texte soumis à notre analyse est composé de deux arrêts de la cour
suprême d’Abidjan. Le 1er a été rendu le.......... par la chambre civile et le second a
été rendu trois mois plus tard, le........ par la même chambre civile.

2- Donner simultanément les faits des deux Arrêts.

Exemple : des faits du premier arrêt, il ressort que :«.............................». Dans le


second arrêt, il est reproché à «............................».

3- Procédure : donner successivement, comme cela a été fait au niveau des faits,
la procédure des deux Arrêts ;

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4- Le problème de droit est unique aux deux Arrêts ;

5- Donner successivement les deux solutions des deux Arrêts ;

6- Annoncer un plan conjoint aux deux Arrêts.

III- Le corps du commentaire d’arrêt : La discussion

Selon Jacques VOULET, "le commentaire d’un arrêt n’est rien d’autre que la
discussion de son sens et de sa portée. Aussi, une décision a-t-elle été analysée et le
problème juridique posé, on va pouvoir réellement “commenter” la décision, c’est-
à-dire la discuter.

Le plan à suivre est très variable, il sera toutefois en général en 2 ou 3 parties. Il


faut éviter soigneusement le procédé qui consiste à faire autant de parties qu’il y a
d’attendus, par contre si la décision pose plusieurs problèmes juridiques, on pourra
les traiter successivement en autant de parties.

Quel que soit le plan adopté, il faut garder présent à l’esprit quelques principes
directeurs : le commentaire d’un arrêt doit essentiellement en préciser : le sens, la
valeur et la portée, mais ces trois notions ne doivent pas constituer le plan.

1- Le sens

Il conviendra de replacer la décision dans son cadre, c’est-à-dire d’examiner si elle


est conforme aux textes d’abord, mais aussi à l’ensemble de la jurisprudence
antérieure à la doctrine.

Cette première étude permettra de déterminer s’il s’agit d’une décision novatrice
ou au contraire conforme aux solutions acquises, si elle constitue une étape de
l’évolution jurisprudentielle, un revirement de jurisprudence, ou s‘il s’agit d’une
décision isolée.

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2- La valeur

C’est là que s’instaure réellement la discussion à partir des éléments connus qui
viennent d’être dégagés. Chaque motif doit être étudié et critiqué. Une appréciation
juridiquement motivée doit être donnée sur chaque argument, les lacunes
éventuelles doivent être soulignées. Toutefois, cette partie du travail, qui, est
certainement la plus délicate, doit être menée avec prudence et mesure et surtout
très solidement étayée.

3- La portée

Enfin, il faut tenter de déterminer l’influence qu’aura cette décision en ce qui


concerne le problème posé. Mais cette partie du travail, très intéressante pour
"l’arrêtiste” qui commente une décision toute récente, qui lui permet de tenter de
prédire le sort réservé à la solution qu’elle apporte, est plus restreinte pour
l’étudiant qui commente une décision déjà ancienne et dont l’influence est connue.

Toutefois, selon que cette décision exprime un revirement de jurisprudence ou au


contraire, une étape dans une évolution, ou encore n’est qu’une décision isolée qui
n’a pas de suite, il sera parfois intéressant d’indiquer quelles ont été ses incidences.

Il sera même parfois possible, en guise de conclusion, d’indiquer l’influence de la


décision non plus dans le domaine précis où elle a été prise, mais sur la solution de
problèmes connexes ou même dans les domaines voisins.

En conclusion, on notera que bien que le devoir ne sera pas, en réalité, divisé en
deux parties : analyse et discussion, l’analyse constituera l’entrée en matière ou
l’introduction, c’est-à-dire environ une bonne page.

La discussion constituera le devoir proprement dit, c’est-à-dire la plus importante


de la copie et c’est là que l’étudiant devra choisir un plan qu’il n’oubliera pas
d‘indiquer à la fin de son introduction.

Le devoir ne doit pas non plus être divisé en trois parties : sens, valeur, portée. Ces
éléments, une fois dégagés, doivent, seulement servir à étoffer le devoir. Le plan à

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adopter peut varier selon qu’il y a un ou plusieurs problèmes juridiques à
étudier :

- S’il y a deux ou plusieurs problèmes à résoudre, les distinguer nettement en deux


ou plusieurs parties : dans le cas d’un arrêt de la cour suprême ou de la Cour de
cassation les moyens du pourvoi ou les branches d’un moyen sont de bons
indicatifs.

Car ils tendent généralement à démontrer que telle règle de droit n’a pas été
observée ou a été mal appliquée dans le cas d’un arrêt de la cour suprême ou de la
Cour de cassation les moyens du pourvoi ou les branches d’un moyen sont de bons
indicatifs. Il sera donc possible de reprendre ces distinctions du moins lorsque les
arguments présentés sont de nature différente.

- S’il n’y a qu’un problème juridique, le plan doit s’y adapter et être conçu selon 2
ou plusieurs axes, en relation étroite avec le point de droit discuté. Il s’agira
souvent de 2 aspects complémentaires (par exemple, une faute a pu être analysée
comme la violation d’une règle à laquelle s’est ajoutée une erreur de conduite) ou
de 2 aspects opposés (par exemple : le nom est considéré par le pourvoi comme
l’objet d’un droit de propriété, alors que la Cour de cassation en fait un droit de la
personnalité.)

Un autre plan possible. On pourrait consacrer une 1re partie à indiquer le sens de
l’arrêt d’après le contexte antérieur : loi, doctrine, jurisprudence et se livrer dans
une 2e partie à une étude critique de la valeur de l’arrêt en motivant juridiquement
toute prise de position.

Enfin la portée de l’arrêt, c’est-à-dire son influence sur la doctrine et la


jurisprudence postérieure, voire sur les textes, peut généralement constituer une
conclusion ; toutefois si elle est très importante, on aura intérêt à la traiter dans la
2e partie sous forme de sous-partie”.

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Ces développements, ci-dessous montrent comment un commentaire d’arrêt doit
être mené. De façon plus simple, les étapes du raisonnement se présentent comme
suit :

 Une introduction :

- Quelques phrases pour situer le sujet et “amener” la décision ;

- Le résumé très rapide mais très complet et très précis des faits de la cause ;

- Le déroulement chronologique de la procédure jusqu’à la décision analysée, aussi


complet que possible ;

- Le ou les problèmes juridiques posés et en quelques mots très brefs, la ou les


solutions.

 Un développement :

Pour réussir le développement du commentaire d’arrêt

S’il s’agit d’un Arrêt unique :

- Il s’agit d’apprécier la solution donnée par le juge ;

- Dire si oui ou non, elle correspond à la réalité des faits et du droit.

En somme, il faut :

1- Dans un premier temps, donner le sens de la décision en expliquant ce que le


juge a voulu dire dans sa décision.

2- Dans un second temps, critiquer la décision, c’est-à-dire rechercher sa


conformité au droit, (qui est le texte légal ou la jurisprudence), en prendre la

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défense ou au contraire l’attaquer en droit surtout bien entendu et éventuellement
sur d’autres plans.

3- Dans un dernier temps ; découvrir la portée que cette décision a eue ou peut
avoir dans l’avenir dans le domaine du droit considéré ou ailleurs.

S’il s’agit d’un commentaire conjoint :

Analyser conjointement les solutions des deux Arrêts en suivant les mêmes étapes
de raisonnement que le commentaire d’un seul Arrêt.

 Une conclusion :

Elle sera axée essentiellement sur l’apport de l’arrêt, c’est-à-dire de nous dire si
nous sommes en présence d’arrêt de principe ou d’un arrêt confirmatif ou d’un
arrêt de revirement jurisprudentiel.

NB : Ces quelques indications, très sommaires, ont essentiellement pour but de


donner une méthode de travail, mais il est évident qu’il ne s’agit là que d’un cadre
souple et non des règles rigides. Il conviendra d’adapter ces conseils à l’arrêt à
commenter, mais en conservant toujours à l’esprit trois idées (nécessité
absolue) :

- D’un plan très net ;

- D’une analyse aussi précise et concise que possible ;

- D’une discussion toujours parfaitement motivée.

L’étudiant aura d’ailleurs intérêt à lire des "notes de jurisprudence” pour se


familiariser avec la technique de cet exercice si particulier qu’il aborde pour la
première fois.

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- Pour mener la discussion, il faut d’abord faire le point des divers arguments en
présence, en général, ces arguments sont reproduits dans l’arrêt, qui expose les
thèses des parties, puis celle de l’arrêt, (arrêt de la cour d’appel) ou la thèse du
pourvoi et celle de la Cour de cassation (arrêt de la Cour de cassation).

On recherchera donc dans le texte de l’arrêt ces divers arguments que l’on
s’efforcera de séparer et de clarifier s’ils se présentent sous forme enchevêtrée.

Parfois, au contraire, l’arrêt affirme une solution sans la justifier. Il faut alors
chercher en dehors de l’arrêt (dans des arrêts antérieurs, dans le cours, dans les
manuels) sa justification. De toute façon, il n’est jamais interdit d’ajouter d’autres
arguments à ceux de l’arrêt.

- Les divers arguments étant réunis, il faut les ordonner, pour que le commentaire
soit présenté logiquement.

Plusieurs plans sont possibles :

Arguments de droit, puis arguments de fait ou d’équité ;

Arguments pour, puis arguments contre (ou inversement) ;

Arguments contenus dans l’arrêt, puis autres arguments.

Le premier type de plan parait le meilleur, car il peut toujours être utilisé. Mais,
selon les espèces, les deux autres (la liste n’est d’ailleurs pas limitative) pourront
lui être préférés. L'exposé de ces arguments, discutés un à un, doit se terminer par
votre opinion sur l’intérêt. Le commentaire est un jugement de valeur porté sur une
décision.

Si le jugement porté sur un arrêt doit être ferme et motivé, il doit aussi être exprimé
avec mesure et discrétion. Les expressions telles que "la Cour de cassation a été
mal avisée de ...” ou "la cour a commis une erreur grossière en jugeant que " sont à
proscrire absolument.

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En toute hypothèse d’ailleurs, une critique exprimée en termes mesurés a beaucoup
plus de poids qu’une affirmation agressive, polémique ou désobligeante.

 La portée de l’arrêt

Un commentaire n’a de valeur que s’il est orienté vers l’avenir, et s’il permet de
mesurer la portée de l’arrêt, c’est-à-dire les conséquences qu’il est susceptible
d’entraîner, et, éventuellement, les développements futurs qu’il annonce.

L’étude de la portée de l’arrêt complète ainsi heureusement celle de ses précédents


et de son sens actuel, et achève de le situer dans la vie juridique. Pour cela, il faut
d’abord se demander si l’on est en présence d’un arrêt d’espèce ou d’un arrêt de
principe.

L'arrêt est un arrêt d’espèce s’il se contente d’apporter une entorse à un principe,
en fonction d'une hypothèse de fait particulièrement favorable, et qui ne risque pas
de se reproduire trop souvent. Il en est ainsi, assez fréquemment, des arrêts de rejet
de la Cour de cassation. La Cour de cassation statue en équité lorsqu’elle constate
que la décision entreprise est juste et que, mieux rédigée, elle échapperait à sa
censure.

Mais il arrive également qu’un revirement de jurisprudence se fasse annoncer par


des arrêts d'espèce. Une grande prudence est donc nécessaire dans l’appréciation
des arrêts de rejet.

Les arrêts de cassation en revanche, sont généralement des arrêts de principe, en


raison de la pratique du “chapeau” dans lequel la Cour de cassation indique à la
cour de renvoi la règle juridique à suivre.

De toute façon, lorsque le commentaire porte sur un arrêt ancien, il faut rechercher
les décisions postérieures à l’arrêt commenté.

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