Enviro17c D2 Agriculture-Bio
Enviro17c D2 Agriculture-Bio
Enviro17c D2 Agriculture-Bio
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies, en général au plus près de leurs valeurs réelles. Le résultat arrondi d’une
combinaison de chiffres (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut être légèrement différent de celui que donnerait la
combinaison de leurs valeurs arrondies.
* Marie-Sophie Dedieu, Alice Lorge, Olivier Louveau, Vincent Marcus, Service de la Statistique et de la Prospective,
ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Pour être pertinente, la comparaison entre les modes de production conventionnelle et biologique
doit tenir compte du fait que les exploitations en agriculture biologique ont des caractéristiques qui
les distinguent nettement des autres. Les exploitations en agriculture biologique sont notamment
davantage concentrées dans certaines productions. Ainsi, dans la population étudiée, 24 %
d’entre elles sont spécialisées dans les productions viticoles, 5 % dans les productions fruitières et
4 % en maraîchage, contre respectivement 12 %, 2 % et 1 % des exploitations conventionnelles
(figure 1). À l’inverse, elles sont moins souvent spécialisées en grandes cultures (blé, maïs, orge,
colza, etc.) : 13 % contre 30 % des exploitations conventionnelles.
Cet article se concentre sur trois productions au sein desquelles la proportion d’exploitations
en agriculture biologique est significative : le maraîchage (11 % d’exploitations en agriculture
biologique), la viticulture (6 %) et le lait de vache (3 %). Ces productions représentent également
les postes d’achats des ménages en produits biologiques les plus importants [Agence Bio, 2016] :
792 millions d’euros pour le vin, 626 millions d’euros pour les légumes frais, 328 millions d’euros
pour le lait (et 483 millions d’euros pour les produits laitiers), devant les œufs (333 millions
d’euros), la viande bovine (282 millions d’euros) et la volaille (177 millions d’euros).
1. R
épartition des exploitations selon les principales productions
et proportion d’exploitations en bio par production en 2013
en % en %
30 12
Agriculture conventionnelle
Agriculture biologique
25 10
Proportion de bio (échelle de droite)
20 8
15 6
10 4
5 2
0 0
Grandes Bovins Polyculture, Viticulture Bovins Ovins, Aviculture Bovins Élevages Arbori- Autres Horti- Maraîchage
cultures lait polyélevage viande caprins mixtes porcins culture culture
et autres
herbivores
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des bénéfices réels agricoles (BRA).
Lecture : 24 % des exploitations biologiques et 12 % des exploitations conventionnelles sont spécialisées en viticulture. La proportion d’exploitations
biologiques au sein des exploitations spécialisées en viticulture est de 6 %.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
12 000 6 000
8 000 4 000
4 000 2 000
0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Alsace Bordelais Bourgogne- Languedoc- Sud-Est Val-de-Loire
(hors mations ajoutée d’exploitation brut Beaujolais Roussillon
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en viticulture.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
Les légumes recouvrent des modes de production qui peuvent être très différents d’un point
de vue économique : ils peuvent être cultivés sur une même surface en complément d’autres
productions agricoles (« plein champ ») ou bien sur des surfaces exclusivement dédiées aux
légumes (« maraîchage »), et dans ce cas, ils peuvent être cultivés sous serres (chauffées ou non,
voire « hors sol » en production conventionnelle) ou en plein air. Or, les producteurs de légumes
6 000 4 000
4 000
2 000
2 000
0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Non bio Bio
(hors mations ajoutée d’exploitation brut
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en maraîchage de plein air.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
Les élevages spécialisés dans la production biologique de lait de vache présentent généralement
une productivité moyenne par animal plus faible, inférieure de 20 % à 25 % à la productivité des
élevages conventionnels, principalement en raison d’un recours moins important aux aliments
concentrés et au maïs ensilage dans l’alimentation des animaux et du choix de races plus rustiques
(également plus résistantes aux maladies et s’adaptant plus facilement aux milieux naturels).
En 2013, le prix du lait biologique était supérieur de 18 % en moyenne au prix du lait
conventionnel, ce qui était cependant insuffisant pour compenser le différentiel de productivité1 :
les élevages biologiques ont donc réalisé en moyenne un chiffre d’affaires par vache inférieur de
10 % à celui des élevages conventionnels, de l’ordre de 3 400 euros par vache (figure 4).
1. Ce différentiel de prix au bénéfice du lait biologique s’est sensiblement accru sur la période récente entre mi-2014 et
mi-2016 dans un contexte de forte baisse du prix du lait conventionnel.
0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Non bio Bio
(hors mations ajoutée d’exploitation brut
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en bovins production laitière.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
En revanche, le niveau plus faible (– 20 %) des charges externes (achats d’aliments, frais
vétérinaires, etc.), qui s’élèvent à 2 200 euros par vache dans les exploitations bio, permet
de compenser la différence de chiffre d’affaires. En effet, en agriculture biologique, 60 % de
l’alimentation doit être constituée de fourrages grossiers (herbes des prairies ou fourrages annuels)
et 60 % de l’alimentation doit provenir de l’exploitation (ou d’exploitations bio de la même
région) : les élevages bio utilisent donc davantage de surface herbagère par animal (1,6 hectare
par vache contre 1,2 hectare en conventionnel) et achètent de fait moins d’aliments concentrés.
Ainsi, l’EBE par vache des producteurs de lait de vache biologique est en moyenne supérieur de
près de 20 % à celui des éleveurs conventionnels, en partie soutenu par les aides spécifiques à
l’agriculture biologique (encadré 2).
Par ailleurs, le modèle économique des exploitations en agriculture biologique s’appuie davantage
sur la commercialisation en circuit court : plus de 90 % des maraîchers bio commercialisent tout
ou partie de leur production en circuit court (figure 5), et dans 80 % des cas, plus de 50 % du
chiffre d’affaires est réalisé via ce mode de commercialisation. En conventionnel en revanche,
moins de la moitié des maraîchers ont recours aux circuits courts, comme en viticulture.
5. P
art d’exploitations pratiquant les circuits courts dont la vente directe
dans les principales productions en 2013
en %
100
80
60
40
20
0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Vente directe (VD) Circuits courts (hors VD) Filières longues
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
200
100
0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Paiement unique à l’hectare et aides aux productions Aide aux zones défavorisées (ICHN)
Aides agro-environnementales Autres subventions Aides bio
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
L’excédent brut d’exploitation rapporté aux facteurs physiques de production (hectare ou tête)
n’exprime pas toutes les dimensions de la performance économique d’une exploitation.
En ramenant l’EBE au nombre d’exploitants ou « unité de travail agricole non salarié » (Utans)
pour s’approcher d’un « revenu » agricole, le différentiel de performance en faveur de l’agriculture
biologique se réduit nettement – il est de 34 % pour la viticulture biologique et de 6 % pour le
lait bio – voire s’inverse en maraîchage (figure 7) : l’EBE par Utans est 2 fois plus important en
conventionnel (52 000 euros) qu’en bio (26 000 euros).
Néanmoins, les comparaisons simples fondées sur cet indicateur sont en partie faussées par
les différences structurelles de taille des exploitations entre biologique et conventionnelle, car
les effectifs de non-salariés par exploitation évoluent en fait assez peu avec la taille physique de
l’exploitation. En maraîchage, l’écart d’EBE par Utans est beaucoup plus réduit au sein de groupes
d’exploitations de taille plus homogène (figure 7).
7. E BE moyen par actif non salarié selon la classe de taille pour le maraîchage
de plein air en 2013
en euros par Utans
70 000
60 000
Non bio Bio
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
Moins de 4 ha De 4 à 8 ha 8 ha ou + Ensemble
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en maraîchage de plein air.
Note : Utans = unité de travail agricole non salarié.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.
8. EBE rapporté aux capitaux permanents dans les principales productions en 2013
en %
70
Non bio Bio
60
50
40
30
20
10
0
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.