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Enviro17c D2 Agriculture-Bio

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Dossier

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Signes conventionnels utilisés

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/// Absence de résultat due à la nature des choses
e Estimation
p Résultat provisoire
sd Résultat semi-définitif
n.s. Résultat non significatif
€ Euro
K Millier
M Million
Md Milliard
Réf. Référence
Les exploitations en agriculture biologique :
quelles performances économiques ?
Marie-Sophie Dedieu, Alice Lorge, Olivier Louveau, Vincent Marcus*

L’agriculture biologique ne cesse de progresser en France depuis 20 ans en réponse à la


demande croissante des consommateurs et sous l’impulsion des politiques publiques incitant
au développement de pratiques plus respectueuses de l’environnement. Avec des surfaces
et/ou des cheptels plus petits qu’en conventionnel, les exploitations bio spécialisées en
viticulture, en maraîchage ou dans la production de lait de vache ont enregistré en moyenne
en 2013 une meilleure rentabilité par unité physique de production et par capitaux engagés
que les exploitations conventionnelles. Ce différentiel de performance peut avoir plusieurs
sources : une meilleure valorisation des productions biologiques du fait de prix plus élevés
qui compensent une productivité plus faible, une meilleure maîtrise des consommations
intermédiaires, parfois des subventions dédiées qui viennent soutenir les résultats, ou encore
un recours plus systématique à la commercialisation des produits en circuit court. D’autres
facteurs, indépendants du mode de production, sont néanmoins susceptibles de contribuer
aux différences observées.

L’importance économique de l’agriculture biologique (AB) dans l’agriculture française


n’a cessé de se renforcer depuis 20 ans. Dans son dernier bilan annuel pour 2016, l’Agence
Bio recensait 32 262 exploitations engagées en bio (certifiées ou en conversion) sur plus de
1,5 million d’hectares, soit 7,3 % des exploitations françaises, 10,8 % de l’emploi agricole et
5,7 % de la surface agricole utilisée. En 1995, moins de 5 000 exploitations couvraient tout
juste 100 000 hectares. La consommation de produits bio, satisfaite à 80 % par des productions
nationales (hors produits exotiques), enregistre elle aussi une croissance très dynamique depuis
plusieurs années : les achats de produits alimentaires biologiques atteignent près de 7 milliards
d’euros en 2016, en hausse de 20 % par rapport à 2015, et représente 3,5 % des achats alimentaires
à domicile des ménages.
L’agriculture biologique est un mode de production agricole fondé sur des pratiques de culture
et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels et de la biodiversité, de la santé humaine
et du bien-être animal. Elle obéit à un cahier des charges strict, défini au niveau européen depuis
1991, qui interdit notamment l’usage des produits chimiques de synthèse et des OGM.

* Marie-Sophie Dedieu, Alice Lorge, Olivier Louveau, Vincent Marcus, Service de la Statistique et de la Prospective,
ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Insee Références, édition 2017 - Dossier - Les exploitations en agriculture biologique... 35


Les politiques publiques agricoles des années récentes ont cherché à promouvoir l’adoption
de pratiques agro-écologiques, dont l’agriculture biologique constitue une des modalités, en
soulignant que les pratiques agricoles bénéfiques pour l’environnement pouvaient également
être source de meilleurs résultats économiques pour les exploitations qui les mettent en œuvre,
être davantage créatrices d’emplois et leur permettre ainsi de réaliser une double voire triple
performance, à la fois environnementale, sociale et économique.
Ce dossier propose une analyse des performances économiques de l’agriculture biologique
en 2013, en regard de celles de l’agriculture conventionnelle, à partir d’un échantillon de plus
de 30 000 exploitations dont le chiffre d’affaires dépasse 76 500 euros, et parmi elles près de
1 800 exploitations en agriculture biologique (encadré 1).

Les exploitations en agriculture biologique présentent des caractéristiques


particulières

Pour être pertinente, la comparaison entre les modes de production conventionnelle et biologique
doit tenir compte du fait que les exploitations en agriculture biologique ont des caractéristiques qui
les distinguent nettement des autres. Les exploitations en agriculture biologique sont notamment
davantage concentrées dans certaines productions. Ainsi, dans la population étudiée, 24 %
d’entre elles sont spécialisées dans les productions viticoles, 5 % dans les productions fruitières et
4 % en maraîchage, contre respectivement 12 %, 2 % et 1 % des exploitations conventionnelles
(figure 1). À l’inverse, elles sont moins souvent spécialisées en grandes cultures (blé, maïs, orge,
colza, etc.) : 13 % contre 30 % des exploitations conventionnelles.
Cet article se concentre sur trois productions au sein desquelles la proportion d’exploitations
en agriculture biologique est significative : le maraîchage (11 % d’exploitations en agriculture
biologique), la viticulture (6 %) et le lait de vache (3 %). Ces productions représentent également
les postes d’achats des ménages en produits biologiques les plus importants [Agence Bio, 2016] :
792 millions d’euros pour le vin, 626 millions d’euros pour les légumes frais, 328 millions d’euros
pour le lait (et 483 millions d’euros pour les produits laitiers), devant les œufs (333 millions
d’euros), la viande bovine (282 millions d’euros) et la volaille (177 millions d’euros).
1. R
 épartition des exploitations selon les principales productions
et proportion d’exploitations en bio par production en 2013
en % en %
30 12
Agriculture conventionnelle
Agriculture biologique
25 10
Proportion de bio (échelle de droite)

20 8

15 6

10 4

5 2

0 0
Grandes Bovins Polyculture, Viticulture Bovins Ovins, Aviculture Bovins Élevages Arbori- Autres Horti- Maraîchage
cultures lait polyélevage viande caprins mixtes porcins culture culture
et autres
herbivores
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des bénéfices réels agricoles (BRA).
Lecture : 24 % des exploitations biologiques et 12 % des exploitations conventionnelles sont spécialisées en viticulture. La proportion d’exploitations
biologiques au sein des exploitations spécialisées en viticulture est de 6 %.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

36 Les acteurs économiques et l’environnement, édition 2017 - Insee Références


Encadré 1
Sources et méthodologie
Le rapport « Vers des agricultures à hautes performances » [Inra et France Stratégie, 2013] avait souligné
que les travaux existants sur les performances économiques de l’agriculture biologique étaient insuffisants
en termes de qualité des analyses, en raison notamment « d’échantillons d’exploitations en agriculture
biologique de (très) faible taille, […], et de différenciation trop rare entre en conversion et certifiées ». Le
rapport concluait ainsi qu’il s’avérait « impossible, sur la base de la revue de la littérature, de dégager une
conclusion claire, simple et générale quant à des performances économiques supérieures ou au contraire
inférieures des exploitations en agriculture biologique versus en agriculture conventionnelle ».
Pour pallier ce manque d’information, un appariement inédit a été réalisé entre l’enquête sur la structure des
exploitations agricoles (ESEA) relative à 2013, conduite par le service statistique du ministère de l’Agriculture
et de l’Alimentation, et les déclarations fiscales des exploitations agricoles (régime des bénéfices réels
agricoles (BRA)). L’enquête sur la structure des exploitations, réalisée tous les trois ans entre deux recensements
agricoles, permet de disposer des caractéristiques structurelles des exploitations (cultures, cheptels, main-
d’œuvre) et d’identifier les modes de production (agriculture biologique ou conventionnelle). Les déclarations
fiscales permettent de disposer des principales variables économiques en valeur (chiffre d’affaires, charges,
subventions, etc.), mais sans détail sur les produits ou les charges et sans information sur les volumes.
Les petites exploitations dont le chiffre d’affaires est inférieur à 76 500 euros ne relèvent pas de ce régime
fiscal et sont donc exclues du champ de l’étude. Les exploitations retenues représentent un peu plus de 50 %
de l’ensemble des exploitations de France métropolitaine, mais représentent plus des trois quarts de la surface
agricole totale, des cheptels et du chiffre d’affaires. Ces proportions sont identiques au sein des exploitations bio.
Le rapprochement de ces deux sources permet de disposer d’une base de données économiques et
techniques sur un échantillon de 31 432 exploitations agricoles de France métropolitaine, pour une
population de référence de plus de 220 000, soit un taux de sondage de 14 %.
Au sein de cette population, les exploitations en conversion vers l’agriculture biologique ou mixtes
agriculture biologique / agriculture conventionnelle (environ 8 000 exploitations) sont exclues du
champ de l’étude. Les exploitations bio retenues dans l’étude sont donc uniquement celles dont la
totalité de leur production est certifiée en agriculture biologique : elles constituent un échantillon
de 1 790 exploitations pour une population de référence d’environ 6 200 exploitations, soit un
taux de sondage de près de 30 %. Elles sont comparées aux exploitations dites « conventionnelles »
(27 787 exploitations échantillonnées pour une population de référence de 206 490 exploitations).

Structure de l’échantillon issu de l’appariemment ESEA 2013 - déclarations fiscales 2013


Ensemble Non bio Bio
Échantillon Effectif représenté Échantillon Effectif représenté Échantillon Effectif représenté
Grandes cultures 7 267 63 213 6 953 62 403 314 809
Maraîchage (ensemble) 646 2 303 527 2 052 119 251
dont maraîchage de plein air 268 1 023 185 849 83 174
Horticulture 1 525 3 541 1 479 3 455 46 86
Arboriculture 960 4 008 868 3 689 92 319
Viticulture (ensemble) 3 861 25 456 3 538 23 987 323 1 469
dont : Alsace 217 1 180 187 1 089 30 90
Bordelais 414 3 260 378 3 021 36 240
Bourgogne-Beaujolais 462 2 803 421 2 650 41 153
Languedoc-Roussillon 438 3 253 408 2 930 30 324
Sud-Est 409 2 036 370 1 838 39 198
Val-de-Loire 296 1 637 266 1 519 30 119
Bovins lait 3 357 31 106 3 163 30 095 194 1 011
Bovins viande 2 299 19 269 2 172 18 826 127 443
Bovins mixtes 936 7 337 881 7 093 55 244
Ovins caprins 1 061 6 488 991 6 219 70 269
Autres herbivores 446 6 338 425 6 187 21 151
Élevage porcins 774 4 230 747 4 185 27 45
Aviculture 1 737 7 756 1 628 7 407 109 349
Granivores mixtes 534 3 530 509 3 446 25 85
Polyculture, polyélevage 4 144 28 019 3 877 27 316 267 703
Non classées 30 132 29 130 1 2
Ensemble 29 577 212 726 27 787 206 490 1 790 6 237
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, hors exploitations mixtes ou en conversion.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

Insee Références, édition 2017 - Dossier - Les exploitations en agriculture biologique... 37


Dans ces trois secteurs de production, comme dans les autres d’ailleurs, la taille des exploitations
bio est généralement plus réduite que celle des exploitations conventionnelles. Les exploitations
viticoles biologiques utilisent en moyenne 20 % de surfaces en moins, et la surface moyenne d’une
exploitation maraîchère bio est de 10 hectares contre 30 hectares en conventionnel ; un élevage
de vaches laitières bio comprend en moyenne 52 vaches contre près de 60 en conventionnel.
Le différentiel de performance s’appréciera donc en rapportant les grandeurs économiques aux
facteurs physiques de production pour tenir compte de cette différence de taille.

Une meilleure valorisation des produits en viticulture biologique

Les viticulteurs en agriculture biologique génèrent en moyenne un chiffre d’affaires de


17 000 euros par hectare, soit 46 % de plus qu’en conventionnel, notamment grâce à des prix de
vente supérieurs (de 10 % à 40 % selon les produits).
Malgré des frais de personnel plus d’une fois et demie supérieurs en bio (près de 0,14 ETP
salarié par hectare en bio contre 0,08 en conventionnel), cette meilleure valorisation des vins
bio permet d’obtenir un excédent brut d’exploitation (EBE) de 6 400 euros à l’hectare contre
3 700 euros pour les viticulteurs conventionnels (figure 2).
Cet écart en faveur de l’agriculture biologique s’observe dans les différents bassins viticoles : il
est très faible dans le Bordelais (2 %), mais supérieur à 60 % dans le Sud-Est, le Val-de-Loire ou
l’Alsace. Dans le Sud-Est et en Languedoc-Roussillon, l’écart provient également en partie d’un
positionnement plus important des viticulteurs bio sur les produits sous appellation d’origine
protégée (AOP) (89 % des surfaces de vignes en bio dans le Sud-Est contre 77 % des surfaces en
conventionnel).

2. Performances économiques en viticulture en 2013


a. Indicateurs économiques b. EBE dans les bassins viticoles
en euros par hectare en euros par hectare
20 000 10 000

Non bio Non bio


16 000 8 000
Bio Bio

12 000 6 000

8 000 4 000

4 000 2 000

0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Alsace Bordelais Bourgogne- Languedoc- Sud-Est Val-de-Loire
(hors mations ajoutée d’exploitation brut Beaujolais Roussillon
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en viticulture.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

Une meilleure maîtrise des consommations intermédiaires en maraîchage


biologique

Les légumes recouvrent des modes de production qui peuvent être très différents d’un point
de vue économique : ils peuvent être cultivés sur une même surface en complément d’autres
productions agricoles (« plein champ ») ou bien sur des surfaces exclusivement dédiées aux
légumes (« maraîchage »), et dans ce cas, ils peuvent être cultivés sous serres (chauffées ou non,
voire « hors sol » en production conventionnelle) ou en plein air. Or, les producteurs de légumes

38 Les acteurs économiques et l’environnement, édition 2017 - Insee Références


biologiques se concentrent sur le maraîchage de plein air (70 %) tandis que la production
conventionnelle se répartit davantage entre les deux modes, plein air (41 %) et sous serres (52 %).
En 2013, en maraîchage de plein air, le chiffre d’affaires des producteurs de légumes bio s’élève
en moyenne à 10 900 euros à l’hectare (figure 3), légèrement inférieur à celui des producteurs
conventionnels (12 500 euros à l’hectare). En revanche, les maraîchers bio parviennent à maîtriser
leurs consommations intermédiaires (6 300 euros à l’hectare contre 8 100 euros à l’hectare)
du fait d’une moindre utilisation des intrants de synthèse (engrais, amendements, produits de
protection des plantes, etc.) et compensent ainsi la plus faible valeur de la production. Avec des
besoins de main-d’œuvre salariée qui sont importants quel que soit le mode de production (les
charges salariales représentant un peu plus de 40 % de la valeur ajoutée dans les deux cas), un
hectare en maraîchage de plein air génère finalement 3 300 euros d’excédent brut d’exploitation
(EBE) contre 2 500 euros en production conventionnelle.
La grande diversité des légumes produits et de la localisation des productions conduit toutefois
à une dispersion importante des résultats entre exploitations. Alors que 25 % des exploitations
légumières bio dégagent moins de 1 800 euros d’EBE par hectare, 25 % en retirent plus de
7 900 euros, soit un rapport de 1 à presque 5. Cette dispersion est encore plus importante en
agriculture conventionnelle (figure 3).

3. Performances économiques en maraîchage de plein air en 2013


a. Indicateurs économiques b. Dispersion de l’EBE dans le maraîchage de plein air
en euros par hectare en euros par hectare
14 000 10 000
Non bio
12 000
Bio 8 000
3e quartile (Q3)
10 000
Médiane
8 000 6 000
1er quartile (Q1)

6 000 4 000
4 000
2 000
2 000

0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Non bio Bio
(hors mations ajoutée d’exploitation brut
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en maraîchage de plein air.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

Des élevages moins intensifs pour la production biologique de lait de vache

Les élevages spécialisés dans la production biologique de lait de vache présentent généralement
une productivité moyenne par animal plus faible, inférieure de 20 % à 25 % à la productivité des
élevages conventionnels, principalement en raison d’un recours moins important aux aliments
concentrés et au maïs ensilage dans l’alimentation des animaux et du choix de races plus rustiques
(également plus résistantes aux maladies et s’adaptant plus facilement aux milieux naturels).
En 2013, le prix du lait biologique était supérieur de 18 % en moyenne au prix du lait
conventionnel, ce qui était cependant insuffisant pour compenser le différentiel de productivité1 :
les élevages biologiques ont donc réalisé en moyenne un chiffre d’affaires par vache inférieur de
10 % à celui des élevages conventionnels, de l’ordre de 3 400 euros par vache (figure 4).

1. Ce différentiel de prix au bénéfice du lait biologique s’est sensiblement accru sur la période récente entre mi-2014 et
mi-2016 dans un contexte de forte baisse du prix du lait conventionnel.

Insee Références, édition 2017 - Dossier - Les exploitations en agriculture biologique... 39


4. Performances économiques en production laitière en 2013
a. Indicateurs économiques b. Dispersion de l’EBE dans la production laitière
en euros par vache laitière en euros par vache laitière
4 000 2 500
3e quartile (Q3)

Non bio 2 000 Médiane


3 000
Bio 1er quartile (Q1)
1 500
2 000
1 000
1 000
500

0 0
Production Consom- Valeur Subvention Excédent Non bio Bio
(hors mations ajoutée d’exploitation brut
subvention) intermé- d’exploitation
diaires
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en bovins production laitière.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

En revanche, le niveau plus faible (– 20 %) des charges externes (achats d’aliments, frais
vétérinaires, etc.), qui s’élèvent à 2 200 euros par vache dans les exploitations bio, permet
de compenser la différence de chiffre d’affaires. En effet, en agriculture biologique, 60 % de
l’alimentation doit être constituée de fourrages grossiers (herbes des prairies ou fourrages annuels)
et 60 % de l’alimentation doit provenir de l’exploitation (ou d’exploitations bio de la même
région) : les élevages bio utilisent donc davantage de surface herbagère par animal (1,6 hectare
par vache contre 1,2 hectare en conventionnel) et achètent de fait moins d’aliments concentrés.
Ainsi, l’EBE par vache des producteurs de lait de vache biologique est en moyenne supérieur de
près de 20 % à celui des éleveurs conventionnels, en partie soutenu par les aides spécifiques à
l’agriculture biologique (encadré 2).

Un recours plus important aux circuits courts pour la commercialisation en


agriculture biologique

Par ailleurs, le modèle économique des exploitations en agriculture biologique s’appuie davantage
sur la commercialisation en circuit court : plus de 90 % des maraîchers bio commercialisent tout
ou partie de leur production en circuit court (figure 5), et dans 80 % des cas, plus de 50 % du
chiffre d’affaires est réalisé via ce mode de commercialisation. En conventionnel en revanche,
moins de la moitié des maraîchers ont recours aux circuits courts, comme en viticulture.

5. P
 art d’exploitations pratiquant les circuits courts dont la vente directe
dans les principales productions en 2013
en %
100

80

60

40

20

0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Vente directe (VD)   Circuits courts (hors VD)   Filières longues
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

40 Les acteurs économiques et l’environnement, édition 2017 - Insee Références


Encadré 2

Des aides générales à l’hectare ou par tête équivalentes en agriculture biologique


et conventionnelle, et des compléments apportés par les aides au bio
En production laitière, les subventions représentent un peu plus de 40 % de l’EBE, quel que soit le mode
de production. Hors aides spécifiques à l’agriculture biologique, le niveau moyen de subventions (près
de 600 euros par tête) et la part des différentes catégories d’aide sont globalement équivalents. Sans ces
subventions, un peu moins de 10 % des exploitations, biologiques comme conventionnelles, auraient eu un
EBE négatif. Les soutiens spécifiques à l’agriculture biologique constituent une subvention supplémentaire
de 150 euros par tête en moyenne (soit 20 % du total des subventions). Ce montant inclut l’aide au maintien
et l’aide à la conversion pour les exploitations récemment certifiées : celle-ci est en effet versée pendant une
durée de cinq ans, pendant lesquels l’exploitation fait face à des surcoûts économiques et des manques à
gagner liés à la conversion, soit davantage que la durée de mise en conformité agronomique au cahier des
charges pour l’obtention de la certification. Les coûts liés à la conversion que l’aide compense se retrouvent
ainsi lissés sur ces cinq années.
L’importance des subventions dans les résultats économiques est beaucoup plus réduite en production
maraîchère (moins de 20 % de l’EBE) et viticole (6 % environ), aussi bien en agriculture biologique qu’en
agriculture conventionnelle. Les soutiens spécifiques à l’agriculture biologique constituent en moyenne un
complément significatif de l’ordre de 190 euros à l’hectare en maraîchage et de 130 euros à l’hectare en
viticulture (soit près d’un tiers du total des subventions) mais pèsent assez peu sur les résultats économiques.
Sans ces aides spécifiques, 10 % des exploitations maraîchères bio auraient eu un EBE négatif, et 9 % d’entre
elles sont encore dans ce cas-là en intégrant ces aides bio (8 % en conventionnel).
Montant moyen de subventions dans les principales productions
en euros par hectare ou par tête
800
700
148
600
191
500
400
300 132

200
100
0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Paiement unique à l’hectare et aides aux productions Aide aux zones défavorisées (ICHN)
Aides agro-environnementales Autres subventions Aides bio
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

Le circuit court permet au producteur de capter davantage de la valeur finale du produit et


donc d’améliorer ses résultats économiques, même s’il doit également supporter des charges
additionnelles spécifiques à la vente directe (livraison, conditionnement, publicité, etc.).
En considérant uniquement les exploitations utilisant les circuits courts pour une partie
au moins de leur production, le différentiel de résultats en faveur de l’agriculture biologique
s’observe toujours, même s’il se réduit parfois (figure 6). En viticulture, l’écart d’EBE par hectare
de 2 700 euros toutes exploitations confondues (+ 73 % en AB) est ainsi ramené à 2 400 euros
(+ 54 %) sur les exploitations pratiquant le circuit court. En viticulture biologique, le bénéfice
économique du circuit court par rapport à la filière longue est peu significatif, la part de la
production vendue en vente directe restant en effet le plus souvent modeste (8 fois sur 10, elle
représente moins de 50 % du chiffre d’affaires).

Insee Références, édition 2017 - Dossier - Les exploitations en agriculture biologique... 41


6. E BE moyen par unité de production selon le mode de commercialisation
dans les principales productions en 2013
en euros par hectare ou par tête
7 000
Filières longues   Vente directe
6 000

5 000

4 000

3 000

2 000

1 000

0
Non bio Bio Non bio Bio Non bio Bio
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

Un retour sur investissement globalement favorable en agriculture biologique

L’excédent brut d’exploitation rapporté aux facteurs physiques de production (hectare ou tête)
n’exprime pas toutes les dimensions de la performance économique d’une exploitation.
En ramenant l’EBE au nombre d’exploitants ou « unité de travail agricole non salarié » (Utans)
pour s’approcher d’un « revenu » agricole, le différentiel de performance en faveur de l’agriculture
biologique se réduit nettement – il est de 34 % pour la viticulture biologique et de 6 % pour le
lait bio – voire s’inverse en maraîchage (figure 7) : l’EBE par Utans est 2 fois plus important en
conventionnel (52 000 euros) qu’en bio (26 000 euros).
Néanmoins, les comparaisons simples fondées sur cet indicateur sont en partie faussées par
les différences structurelles de taille des exploitations entre biologique et conventionnelle, car
les effectifs de non-salariés par exploitation évoluent en fait assez peu avec la taille physique de
l’exploitation. En maraîchage, l’écart d’EBE par Utans est beaucoup plus réduit au sein de groupes
d’exploitations de taille plus homogène (figure 7).

7. E BE moyen par actif non salarié selon la classe de taille pour le maraîchage
de plein air en 2013
en euros par Utans
70 000

60 000
Non bio   Bio
50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0
Moins de 4 ha De 4 à 8 ha 8 ha ou + Ensemble
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA, exploitations spécialisées en maraîchage de plein air.
Note : Utans = unité de travail agricole non salarié.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

42 Les acteurs économiques et l’environnement, édition 2017 - Insee Références


En outre, l’excédent brut d’exploitation ne rémunère pas seulement le travail des exploitants
mais doit également servir à payer les remboursements d’emprunts et les intérêts associés, dont
l’importance relative dépend aussi du modèle économique de l’exploitation.
L’indicateur de rentabilité économique (figure 8), qui rapporte l’EBE aux capitaux permanents
(y compris les dettes de moyen-long terme), atteste lui d’un meilleur retour sur investissement
pour les maraîchers biologiques (64 %) que les conventionnels (47 %).
Les producteurs de lait bio présentent quant à eux une rentabilité de 41 %, légèrement
supérieure à celle des éleveurs laitiers en conventionnel (38 %). Bien que quelques investissements
matériels soient potentiellement nécessaires lors de la conversion, il s’agit le plus souvent d’une
adaptation à la réglementation biologique de la structure d’exploitation existante. La valeur des
immobilisations corporelles est similaire entre les deux modes de production et celle des capitaux
permanents également.

8. EBE rapporté aux capitaux permanents dans les principales productions en 2013
en %
70
Non bio   Bio
60

50

40

30

20

10

0
Maraîchage de plein air Viticulture Bovins lait
Champ : France métropolitaine, exploitations au régime fiscal des BRA.
Source : SSP, ESEA 2013 - Agrfin 13-14.

En viticulture, la conversion vers le mode de production biologique s’inscrit généralement


dans un projet plus large, induisant souvent d’importants remaniements au sein de l’exploitation
(nouveaux chais de vinification, nouveaux bâtiments, etc.). Pour financer ces équipements, les
viticulteurs biologiques s’endettent davantage (taux d’endettement de 41 % contre 31 % pour
les conventionnels) et leurs capitaux permanents sont plus importants (27 000 euros à l’hectare
contre 18 000 euros à l’hectare en viticulture conventionnelle). Néanmoins, le supplément
de résultat à l’hectare en viticulture bio par rapport au conventionnel permet d’obtenir une
rentabilité économique légèrement supérieure (24 % en biologique contre 20 % en agriculture
conventionnelle).
Les analyses développées dans ce dossier ont mis en regard les performances économiques
des exploitations en mode de production biologique et conventionnel, à partir d’indicateurs
permettant de prendre en compte les écarts de structure en termes de taille d’exploitation ou
de mode de commercialisation. Pour autant, d’autres facteurs sont susceptibles de contribuer
aux différences observées entre les modes de production (niveau de formation de l’exploitant,
ancienneté de l’exploitation, etc) et mériteraient d’être analysés. En outre, les constats réalisés
sur la viticulture, le maraîchage et la production laitière ne peuvent se généraliser aux autres
productions en agriculture biologique, qui ont également des spécificités, par exemple en
termes de contraintes agronomiques, qui rendent certaines cultures très difficiles à conduire en
agriculture biologique (colza), ou en termes de débouchés.

Insee Références, édition 2017 - Dossier - Les exploitations en agriculture biologique... 43


Définitions
Agriculture biologique (AB) : mode de production fondé sur des principes de respect des équilibres
naturels. Elle se caractérise par des pratiques culturales spécifiques : interdiction des produits chimiques
de synthèse et des OGM, utilisation d’engrais verts, lutte naturelle contre les parasites. En élevage,
les animaux doivent disposer d’un accès au plein air et d’espace, être nourris avec des aliments bio
principalement issus de la ferme et soignés en priorité avec des médecines douces.
Capitaux permanents : capitaux propres engagés pour l’entreprise et les emprunts à long terme ou
moyen terme.
Circuit court : mode de commercialisation des produits agricoles qui désigne soit une vente directe du
producteur au consommateur (à la ferme, sur les marchés, par Internet, etc.), soit une vente n’impliquant
qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La vente directe est largement
prédominante au sein du recours aux circuits courts.
Consommations intermédiaires : achats externes faits par l’entreprise pour son activité de production.
Conversion à l’AB : période de transition entre un mode de production conventionnel et l’obtention de
la certification « agriculture biologique » pendant laquelle l’opérateur suit les règles de production de
l’agriculture biologique mais ne bénéficie pas encore de la mention « bio » pour vendre ses produits.
Cette période est de 2 à 3 ans pour les cultures, et de 6 semaines à 1 an selon les espèces pour les
animaux.
Excédent brut d’exploitation (EBE) : somme de la valeur ajoutée et des subventions d’exploitation moins
les charges salariales. Il permet de rémunérer les exploitants, rembourser les annuités d’emprunts et
constituer une réserve pour l’autofinancement.
Production de l’exercice : somme du chiffre d’affaires obtenu, de la valeur de la production immobilisée
(travaux effectués par et pour l’entreprise) et de la variation des stocks des biens produits par l’exploitation.
Rentabilité économique : capacité de l’exploitation à transformer les capitaux dont elle dispose en
résultat économique (=EBE/capitaux permanents).
Surface agricole utilisée (SAU) : comprend les terres labourables, les superficies consacrées au
maraîchage et à l’horticulture, les cultures permanentes (vignes, vergers), les prairies et les pâturages.
Unité de travail annuel (UTA) : travail agricole effectué par une personne employée à plein temps
pendant une année. Une UTA = 1 600 heures. Les unités de travail agricole non salariés (Utans) sont les
effectifs en équivalent temps plein des exploitants, coexploitants, et autre main-d’œuvre non salariée,
travaillant sur l’exploitation.
Valeur ajoutée (VA) : différence entre la production de l’exercice et les consommations intermédiaires.

Pour en savoir plus


Agence Bio, Les chiffres clés de la bio 2016, mai 2017, http://www.agencebio.org/la-bio-en-france
Agence Bio, « La bio en France, de la production à la consommation », carnet n° 4, in Les chiffres de
la bio en 2013, 2014.
Agence Bio, « La bio dans les territoires », Fiches régionales et de production, 2014.
Forray L., « Lait biologique en France : Collecte, fabrications et commercialisation - Année 2013 », in
L’agriculture biologique en Europe et en France, Cniel, 2014.
Guyomard H. (dir.), « Vers des agricultures à hautes performances », vol. 1, Inra et France Stratégie,
2013.
Hild F., Massis D., « La pratique de l’agriculture biologique créatrice d’emploi ? Une évaluation de
l’impact du bio sur la quantité de travail agricole », Service de la Statistique et de la Prospective-
MAAF, Agreste Les Dossiers, n° 35, juillet 2016.
Mahé T., Lerbourg J., « Des agriculteurs bio diplômés, jeunes et tournés vers les circuits courts »,
Service de la Statistique et de la Prospective-MAAF, Agreste Primeur n° 284, juin 2012.

44 Les acteurs économiques et l’environnement, édition 2017 - Insee Références

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