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CONTEMPORAINE
Isabelle Thomas-Fogiel
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La tournure empiriste
de la phénoménologie
française contemporaine
La matrice commune
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 25/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 93.22.38.213)
De la monstration à l’attestation
Pour comprendre ce problème, il convient brièvement de revenir
à Husserl pour mieux faire saillir l’originalité de ses actuels succes-
seurs dans leur passage d’un réalisme des essences à un empirisme
du donné. Certes, avec et par Husserl, la phénoménologie, en décou-
vrant une sphère autre que celle de l’être de la conscience ordinaire
a ouvert un champ d’expérience illimité. Mais, chez Husserl, cette
illimitation est organisée par une division entre différents phénomè-
nes : ceux validés par l’évidence et ceux qui ne le sont pas ou le
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38. « S’il est vrai que c’est en s’imposant les contraintes phénoménales les
plus strictes que l’œuvre d’art porte l’humain à ses plus hautes possibilités, le
travail phénoménologique renouvelé ne devra-t-il pas se faire lui-même art ? » :
Dominique Janicaud, La Phénoménologie éclatée, op. cit., p. 116. Nous insistons
au passage sur cette citation, car Janicaud dénonce toute tentation de réunir, en
un seul domaine, philosophie et théologie, mais n’hésite pas à s’orienter vers une
indistinction entre phénoménologie et littérature, indice que le problème de la
phénoménologie aujourd’hui n’est pas celui de son théologisme, mais bien celui de
sa propension à se confondre avec d’autres discours.
Revue philosophique, n° 4/2013, p. 527 à p. 548
- © PUF -
3 octobre 2013 10:10 - Revue philosophique n° 4 - Collectif - Revue philosophique - 155 x 240 - page 541 / 624
44. Concepts, Cerf, 2010, Éléments de philosophie réaliste, Paris, Vrin, 2011.
Pour une étude plus approfondie de Concepts, voir notre recension in Revue de
métaphysique et de morale, n° 4-2010, pp. 570-589.
Revue philosophique, n° 4/2013, p. 527 à p. 548
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50. L’analyse des actes (visée, construire pour atteindre la visée) ne vaut qu’à
ce niveau méta-théorique (comme réponse à la question « que fait le philoso-
phe ? ») et ne peut évidemment se reporter sur toute prestation cognitive, comme,
par exemple, la sensation, l’émotion, qui n’appellent pas nécessairement ce type
de structure en terme de « visée » et de procédures mises en place pour accéder à
une finalité (intention). Nos prestations mentales ne doivent pas toutes être pensées
selon un seul mode de fonctionnement en ramenant toute prestation cognitive à du
perçu, ou, à l’inverse, tout perçu à du concept, etc. L’esprit comprend différentes
strates, qu’il convient de ne pas écraser l’une sur l’autre. Nous disons donc sim-
plement que, puisque cette forme de réalisme radical ne peut se dire sans faire
disparaître la philosophie dans une multitude d’autres discours, il faut ou en pro-
poser une autre ou renoncer à la spécificité du discours philosophique.
Revue philosophique, n° 4/2013, p. 527 à p. 548