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« Polyphonies : voix et valeurs du discours littéraire : introduction »

Francis Langevin et Raphaël Baroni


Arborescences : revue d’études françaises, n° 6, 2016, p. 1-12.

Pour citer ce document, utiliser l'information suivante :


URI: http://id.erudit.org/iderudit/1037501ar

DOI: 10.7202/1037501ar

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Arborescences N˚6 — Septembre 2016
Revue d’études françaises Polyphonies : voix et valeurs du discours littéraire
Numéro dirigé par Francis Langevin et Raphaël Baroni

SOMMAIRE
SOMMAIRE
Francis Langevin et Raphaël Baroni.
01 University of British Columbia et Université de Lausanne
Julie LeBlanc. Université de Toronto
Introduction
Présentation
Alain Rabatel. Université de Lyon 1
13Liliane Louvel. Université
L’énonciation de Poitiers : en dialogue avec
problématisante
Déclinaisons et figures
Le Royaume ekphrastiques
d’Emmanuel Carrère: quelques modestes propositions

Laurence Petit.
Émilie Université
Goin. PaulduValéry
Université – Montpellier 3
Luxembourg
39Sublime et abjection
Analyse dans «d’action
d’un discours The Chinese Lobster
collective mis»en
derécit.
A. S. Byatt
L’Anarchie dans Les Cloches de Bâle d’Aragon
Cécile Meynard. Université Stendhal – Grenoble 3
L’Africain
Davidde Le Clézio
Bélanger. : une quête
Université des origines
du Québec entre images et mots
à Montréal
54 En contre-jour : la représentation évanescente de l’écrivain
Kirstydans
Bell.le
Université Mount Allison
roman québécois contemporain
Des ateliers et arbres : traces d’artistes dans Le livre des branches de Louise Warren
Raphaël Baroni. Université de Lausanne
72Julie St-Laurent. Université delaToronto
Comment débusquer voix d’un auteur dans sa fiction ?
« J’écris
Uneavec mes
étude deyeux » : écriture
quelques du soi etde
provocations photographie chez Nicole Brossard
Michel Houellebecq

NancyLiesbeth
Pedri. Memorial University
Korthals Altes. of Newfoundland
Rijksuniversiteit Groningen
94Re-Visualizing the Map in
Actes de cadrage, Guy Delisle’s
narratologie Pyongyang Cartoon
et herméneutique Maps de
— à propos
l’indétermination énonciative dans Sujet Angot de Christine Angot
Anthony J. Wall. Université de Calgary
Hubert Robert
Marion et la notion
Sauvaire deFalardeau.
et Érick crise (essai de « lecture
Université Laval » avec Mikhaïl Bakhtine)
121
Susciter le moment critique. De l’investissement de ressources axiologiques
Marion Colas-Blaise. Université du Luxembourg
Le verbal
FranketWagner.
l’iconique : le sens
Université et ses
Rennes 2 déplacements
148 Quand le narrateur boit(e)… (Réflexions sur le narrateur non fiable
et/ou indigne de confiance)

Département d’études françaises — Université de Toronto Web arbo.erudit.org


ISSN: 1925-5357 Twitter @revue_arbo
Langevin et Baroni Introduction

Polyphonies : voix et valeurs du discours littéraire


Francis Langevin. University of British Columbia
Raphaël Baroni. Université de Lausanne

50. Les voix des acteurs d’un vieux film muet sont doublées
d’après les dialogues qu’ils ont réellement prononcés, que des
sourds décryptent sur leurs lèvres. Le doublage n’a de rapport
ni avec les images ni avec les intertitres.

— Édouard Levé (Œuvres. Paris : P.O.L. 2015 [2002] : 26)

C’est là que ça devient fou. Oui, c’est une des choses


impossibles à démêler, comment un homme peut se laisser
embarquer comme ça, sans presque résister à l’absurde, et ce
chemin tracé à l’avance, humilié de plaisir. Ça fait partie, c’est
vrai, des choses que je ne comprends pas, c’est comme des
rails impossibles à quitter. Mais est-ce que ça me ferait dire
un instant que c’en est un moins bon film, parce que quelque
chose résiste à la compréhension, est-ce que ça me ferait dire
que je n’ai pas trouvé ça formidable ? Au contraire, d’autant
plus formidable qu’il se permet d’incroyables omissions, et
que, franchement, réussir à tenir un spectateur avec une telle
absurdité, voilà un tour de force.

— Tanguy Viel (Cinéma. Paris : Minuit. 1999 : 38-39)

Le roman Cinéma de Tanguy Viel présente le monologue quasi


inépuisable d’un homme qui a visionné compulsivement le même film, Sleuth
(Mankiewicz 1972), et qui cherche à nous convaincre, comme tous ses amis
avant nous, qu’il s’agit là d’un film formidable. On s’en doute, l’objet du
roman, ce n’est plus tellement ce film, mais son spectateur et les
interprétations qu’il produit. Œuvres, d’Édouard Levé, décrit 533 œuvres
potentielles, dont cette cinquantième, qui met l’accent sur une interprétation
originale qui cherche à écouter une voix dans la fiction à laquelle personne
n’avait encore prêté attention, mais qui est cependant lisible (du moins pour
ceux qui savent lire sur les lèvres des acteurs). Cacophonies orchestrées par des
lecteurs aux aptitudes discutables à travers des cadres incompatibles, ces
fictions mettent en évidence des scripts énonciatifs plus complexes qu’ils n’y
paraissent lorsque tout se passe sans incongruité. En effet, même les lectures
les plus conventionnelles peuvent se caractériser par leur hétérogénéité
lorsqu’on les compare avec celles produites par des « communautés

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interprétatives » différentes (pour reprendre un concept élaboré par Stanley


Fish). Par exemple Céline mérite-t-il d’être lu ? Le Voyage au bout de la nuit
est-il une œuvre antisémite ? Houellebecq a-t-il du style ? Soumission est-il un
roman islamophobe ? De nombreuses réponses contradictoires peuvent être
apportées à ces questions essentielles sans que chacune des interprétations,
prise isolément, ne paraisse dériver vers l’incohérence, l’excès ou la folie.
L’apparent dysfonctionnement des interprétations les plus surprenantes ne
fait donc que pointer la médiateté du récit et les rouages de son
interprétation.
Si les récits de fiction peuvent potentiellement produire des
interprétations aussi divergentes, et s’ils semblent avoir été programmés en
partie pour cela, c’est entre autres en raison de leur indétermination
énonciative et de la multiplicité des significations et des jugements de valeur
qui en découlent. En effet, ainsi que le souligne Stanley Fish, n’importe quel
énoncé, même l’assertion la plus banale, peut déboucher sur une pluralité
interprétative que l’on peut rapprocher du concept de dialogisme chez
Bakhtine.

Quand un homme dit à sa femme : « ce n’est pas toi, c’est ta mère qui
parle », il témoigne, premièrement, du fait que les significations que
l’on attribue aux mots varient suivant le locuteur auquel ils sont
assignés et, deuxièmement, du fait que les mots ne vous disent pas qui
est ce locuteur. (Fish 2007 : 135)

On notera que dans le cas mentionné par Fish, le problème n’est pas limité au
marquage linguistique de la polyphonie – ce que Jacqueline Authier-Revuz
(1982) appellerait l’hétérogénéité montrée du discours – mais inclut également
une hétérogénéité constitutive, propre à la nature même du langage humain.
En effet, tout énoncé peut être rattaché à une instance énonciative différente
de la personne qui l’articule sans que le texte et le contexte – qui certes
orientent l’interprétation – suffisent à confirmer de manière absolue cette
attribution : la femme pense probablement s’exprimer en son nom propre,
mais son mari n’est pas de la même opinion, car il prétend avoir déjà entendu
ces paroles ailleurs. Ainsi, l’hétérogénéité du discours dépend autant, en
amont, de l’origine dialogique de la parole, qu’en aval, de la manière plus ou
moins imprévisible dont elle sera interprétée dans un contexte singulier. Ce
qui, dans la conversation et les communications quotidiennes, débouche
souvent sur des malentendus plus ou moins malheureux, produit au contraire,
en littérature, de riches problématisations. Car il faut rappeler que le récit
fictionnel est d’emblée placé sous le signe de la complexité et de l’équivoque,
ce qui a amené Umberto Eco à décrire le roman comme une « machine
paresseuse » (1985 : 29) qui requiert, pour signifier quelque chose, la
coopération d’un lecteur plus ou moins modèle, ou au contraire rebelle. Et
l’hétérogénéité des interprétations se vérifie non seulement dans la manière de
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se représenter les mondes possibles de la fiction, mais surtout dans la manière


de percevoir le dispositif énonciatif du récit. En effet, ainsi que le relève Alain
Rabatel :

Le sujet racontant, par cela même qu’il raconte, et surtout par le fait
même de raconter, en mettant en scène des centres de perspective
différents, ouvre potentiellement une boîte de Pandore d’où sortent des
voix autorisées et d’autres qui le sont moins, mais qui néanmoins
sapent l’autorité des premières, en sorte que le récit, loin d’être
l’illustration d’une vérité préétablie, ouvre sur les possibles infinis de
l’interprétation. (Rabatel 2009 : 17)

Il est certainement impossible de déterminer, de manière objective et


définitive, la voix authentique qui se dissimule derrière tel ou tel énoncé
fictionnel, mais il ne s’agit pas non plus d’affirmer, à l’instar de Roland
Barthes (1986 : 63), que l’écriture serait « destruction de toute voix » et « de
toute origine ». En effet, pour donner du sens au discours, l’interprète relie
spontanément les énoncés fictionnels à des instances qui pourraient en être
tenues responsables (auteur, narrateur, personnage, doxa, vérité, etc.) et c’est
la valeur du texte qui se joue au moment de cette attribution déterminante.
Dans le cas de la fiction, ainsi que l’a montré Wayne C. Booth (1977 : 92-
93), on peut toujours soupçonner que l’auteur, en tant que producteur
implicite de l’énoncé, se cache derrière l’instance fictionnelle qui est censée
assumer le discours : « Même un roman dans lequel aucun narrateur n'est
représenté suggère l'image implicite d'un auteur caché dans les coulisses, en
qualité de metteur en scène, de montreur de marionnettes, ou comme dit
Joyce, de dieu indifférent curant silencieusement ses ongles ». C’est ce qui
faisait dire à Platon que le poète se camoufle « lorsqu’il rapporte un discours
particulier comme s’il était quelqu’un d’autre » (République, livre III, 393b-c)
et l’on se souvient de la conséquence dramatique, sur le plan politique, que le
philosophe tirait de cette manière indirecte de faire usage du langage. Ainsi,
entendre l’ironie d’un auteur implicite derrière la description apparemment
objective du flux de conscience d’un personnage immoral ou au contraire voir
dans ce personnage un porte-parole de l’écrivain, cela peut avoir des
conséquences non seulement esthétiques, mais également éthiques, voire
juridiques ; ce n’est pas Flaubert qui dira le contraire, ni Houellebecq,
d’ailleurs. Dominique Maingueneau (2004) rappelle quant à lui que la
« scénographie » romanesque est toujours une « mise en scène », construite
par l’auteur en vue de légitimer son discours. Dans ce concert polyphonique
des voix romanesques, il s’agit donc de s’interroger sur les stratégies
discursives (scénographie, éthos) et contextuelles (posture publique,
paratextualité, etc.) mobilisées par l’auteur dans l’espoir de canaliser le sens de
l’œuvre, stratégie qu’il faut pouvoir également contraster avec les

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interprétations des lecteurs empiriques ou des communautés de lecteurs qui se


dessinent à travers l’histoire de la réception.
Dans ce numéro nous avons donc souhaité nous intéresser à ce lieu de
rencontre entre les questions relatives à la polyphonie énonciative et la
négociation des valeurs qui en découle dans le récit de fiction. Si la
polyphonie peut être envisagée – en raison de la tradition de lecture
engendrée à partir de la notion bakhtinienne du dialogisme – comme la
confrontation d’idéologies et de voix concurrentes, elle est aussi l’occasion,
ainsi que le suggère Alain Rabatel (ce numéro), de « mettre l’accent sur la
multiplication des points de vue et la complémentarité des perspectives pour
penser le complexe ». Pour le linguiste, qui s’intéresse depuis longtemps à la
question du point de vue dans l’énonciation, il s’agit ici moins de s’adonner à
un inventaire des voix que d’aborder le rapport qu’entretiennent points de
vue, vérité et valeurs, « sans céder au relativisme ni au sectarisme ». Face à une
énonciation problématisante, c’est-à-dire lorsque le locuteur (source de la
voix) et l’énonciateur (source du point de vue) ne forment pas une mais
plusieurs combinaisons qui sont l’objet d’autant d’hypothèses interprétatives,
Rabatel place l’empathie au cœur de sa lecture. Le Royaume, roman
d’Emmanuel Carrère (2014), est entièrement consacré à l’interprétation. Le
Carrère non croyant actuel relit le Carrère croyant du passé au moyen d’un
récit qui raconte, à partir d’une copieuse recherche, les premiers temps de la
chrétienté. Carrère suit l’apôtre Paul et l’évangéliste Luc – et c’est cette
démarche qui alimente la quête interprétative. La lecture d’Alain Rabatel
aborde ce roman en suivant les actes d’interprétation empathiques
représentés, mais aussi ceux qui sont utiles à l’interprétation du roman lorsque
l’énonciation se fait problématisante ; il fait valoir la pertinence de la question
des points de vue, qui permet au lecteur d’articuler voix et valeurs en
« reconstructions hypothétiques » qui s’enrichissent de la polyphonie. La
construction délibérément subjective de l’objet du roman est une façon pour
Carrère de « penser son rapport complexe à l’altérité », affirme Alain Rabatel ;
cela est également visible quand le romancier « déplace » ou décentre son
regard sur l’objet et modifie les modalités de son empathie. Cette « grande
diversité des mouvements empathiques » est à la fois construite et montrée :
elle est montrée par le récit qu’élabore Carrère des diverses reconstructions
imaginaires, mais plausibles, des motivations de Luc, par exemple, mais elle
est aussi construite par la variabilité du point de vue dans le récit, qui
assemble, commente et croise les témoignages. Se pose essentiellement la
question de la vérité de la parole de Jésus, rapportée par de multiples
intermédiaires. L’enjeu, après tout, est celui de la croyance, et c’est la croyance
qui fait exister son objet et les conditions mêmes de la croyance. Il est là, le
Royaume. Le roman, lui, pose essentiellement cette question à l’ensemble des
« scènes énonciatives » que le narrateur Carrère assemble en les observant
selon des perspectives diverses, en développant pour elles des points de vue
(voix + point de vue) qui nourrissent une réflexion polyphonique prenant
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appui sur des énonciations problématisantes. Cette réflexion dialogique sur les
valeurs, la vérité et la relativité permet en définitive de « mieux entrer dans la
complexité des choses », écrit Alain Rabatel, dont la posture interprétative,
comme celle de Carrère dans Le Royaume, s’apparente à l’éthos de Luc, puis à
celui de Jésus que dessine petit à petit le romancier : « figure d’un honnête
homme toujours en recherche, qui prend en compte la relativité des choses,
des vérités, et s’oblige à d’incessantes, inconfortables synthèses ». C’est aussi la
conciliation des contraires, une ouverture aux « plusieurs manières d’accéder à
Dieu, au salut, à la vérité, à la sagesse ».
Si Le Royaume se présente d’emblée comme un foisonnement heureux
de pistes interprétatives au sein d’un cadre qui en relance les énergies
divergentes, le roman Les Cloches de Bâle (1934) de Louis Aragon, abordé
dans une perspective énonciative par Émilie Goin, ne jouit pas de la même
réputation. L’étiquette de « roman à thèse » pèse sur l’interprétation de ce
roman jugé trop esthétique par le Parti communiste et trop politique par la
critique littéraire… Goin prend le parti d’explorer le dispositif du collage qui,
dans le roman d’Aragon, donne lieu à un déplacement axiologique du cadre
interprétatif initial. La transposition étudiée est la citation (sans trace), dans le
discours d’un personnage, du texte de l’annonce d’un meeting, parue en 1906
dans le journal L’Anarchie. L’article d’Émilie Goin montre que la radicalité du
positionnement politique du journal (anarchiste et antisyndicaliste, négation
de la lutte des classes) d’où est tirée cette annonce, est en contradiction avec
ce qu’elle annonce : une mobilisation. Le personnage de Libertad, dans Les
Cloches de Bâle, devient le locuteur individuel d’un discours collectif qui
s’exprime à travers lui. L’analyse fine des points de vue de Libertad se déroule
au croisement de contradictions de voix et de valeurs qui sont ici mises en
relation avec l’image de l’écrivain Aragon qui, au début des années 1930,
« cherche à rompre avec son passé surréaliste et anarchiste pour s’engager dans
le communisme ». Si la mise en récit des points de vue de Libertad illustre
une critique du discours anarchiste, elle présente aussi un éthos qui n’est pas
sans rappeler la posture d’Aragon lui-même, parfois ambivalente, et du
programme politique et esthétique du réalisme socialiste qu’il théorise et
souhaite mettre en pratique.
Jérôme Meizoz a bien décrit ces postures qui sont aptes à modifier
l’interprétation des textes : externes à l’œuvre, elles résultent d’une
« présentation de soi dans des contextes où la personne incarne la fonction-
auteur » ; internes à l’œuvre, elles sont le résultat d’une « construction de
l’image de l’énonciateur dans et par le texte » (Meizoz 2007 : 23). Tant
Emmanuel Carrère que Louis Aragon jouissent d’un éthos d’écrivain qui les
précède et que leur œuvre nourrit, ces rôles préconstruits et toujours en
construction. C’est parce qu’elles peuvent être plurivoques que ces postures
retiennent l’attention, qu’elles peuvent générer une adhésion et qu’elles
peuvent aussi pointer en direction des valeurs. Qu’il s’agisse de fictions ou des
formes variées de l’autobiographie ou de l’essai personnel, les stratégies
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rhétoriques de présentation de soi portent avec elles les effets qu’elles


souhaitent engendrer. Ces régimes d’auctorialité sont sans cesse en jeu dans la
narration, comme l’écrit Ruth Amossy dans sa définition de l’éthos : « la
posture qu’adopte le narrateur à travers les modalités de sa parole écrite
module sa relation avec le lecteur et sa capacité à l’influencer et l’émouvoir. »
(Amossy 2002 : 201)
David Bélanger s’intéresse quant à lui à des figures délibérément
fictives de l’écrivain : l’écrivain négatif (qui n’écrit pas) et l’écrivain frauduleux
(qui n’a pas écrit), parties d’une posture – ou d’une paratopie (Maingueneau
2004) – plus vaste : celle de l’anti-écrivain dont l’auctorialité, au surplus, est
mise en doute. L’examen de ces trois types de posture permet à Bélanger de
présenter à nouveaux frais un panorama critique des représentations du
romancier dans le roman québécois contemporain. Dans Une estafette chez
Artaud de Nicolas Tremblay (2011), la multiplication des récits impersonnels
et paratextuels semble viser l’effacement de l’écriture du personnage « Nicolas
Tremblay », et constituerait une « autogénèse littéraire négative » (Bélanger,
ce numéro). Pleurer comme dans les films de Guillaume Corbeil (2009),
deuxième roman abordé par Bélanger, pourrait être rapproché du Quichotte
de Pierre Ménard (1939) et de Pseudo d’Émile Ajar (1976) : le narrateur
personnage se projette dans une écriture qui n’est jamais la sienne, et qui est
chaque fois conditionnée par un désir de « faire écrivain ». Ces jeux sur la
figure du romancier, sur les écrivains imaginaires (effacement,
surdétermination, renversement) remettent en question le statut de l’auteur –
et de la littérature – parmi les discours. Pour ces écrivains contemporains,
désigner les zones frontalières de ce discours (le roman québécois) en
montrant le procès d’attribution des voix et des valeurs du romancier, produit
paradoxalement une contribution propre à nourrir ce que l’on tente
d’invalider en s’y inscrivant, en s’y positionnant, en proposant des
scénographies limites, etc. Le moyen d’y échapper ? Ce non-discours sur
l’auctorialité qui produit une méta-auctorialité nous invite à revenir à la
notion de discours constituant présentée par Dominique Maingueneau et
Frédéric Cossutta, qui écrivaient à ce sujet : « l’énonciation se déploie comme
dispositif de légitimation de l’espace de sa propre énonciation, à l’articulation
d’un texte et d’une manière de s’inscrire dans un univers social »
(Maingueneau et Cossutta 1995 : 115). Ainsi, la littérature, le discours
littéraire et le roman en particulier ne sauraient, semble-t-il, échapper à cette
circularité de l’institution. L’autorité discursive du discours littéraire, selon
Dominique Maingueneau, dépend de ce qu’il appelle une « paratopie », c’est-
à-dire une « appartenance paradoxale, qui rend possibles des énonciations

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prétendant excéder l’espace qu’elles ont pour fonction de fonder ».1 Dans Le
discours littéraire, il insiste sur la productivité du paradoxe de l’auctorialité :

Condition de l’énonciation, la paratopie de l’écrivain en est aussi le


produit ; c’est à travers elle que l’œuvre peut advenir, mais c’est aussi
elle que cette œuvre doit construire dans son développement même.
Énonciation foncièrement menacée, la littérature ne peut dissocier ses
contenus de la légitimation du geste qui les pose, l’œuvre ne peut
configurer un monde que si ce dernier est déchiré par le renvoi à
l’espace qui rend possible sa propre énonciation. (Maingueneau 2004 :
94)

Dans leurs contributions respectives, Raphaël Baroni et Liesbeth Korthals


Altes s’interrogent quant à eux sur la place qu’occupe la figure de l’auteur –
dans le texte et hors du texte – dans l’interprétation d’œuvres dont la
réception fait polémique. Baroni montre que le lecteur des romans de Michel
Houellebecq – qui a fait de la provocation, ou du moins du « politiquement
incorrect », sa marque de fabrique – peut toujours soupçonner que derrière les
propos (plus ou moins scandaleux) tenus par les personnages romanesques se
dissimule une origine auctoriale n’échappant pas, elle, à une évaluation
éthique. Cela est d’autant plus important que la valeur esthétique de l’œuvre
est directement corrélée à la manière dont elle s’inscrit dans les valeurs de son
époque. Chez Houellebecq, en raison de la confusion opérée entre les voix des
personnages, des narrateurs et de l’écrivain, la frontière est poreuse qui sépare
« les opinions des personnages de celles de l’auteur, au risque de renforcer
l’écrasement de la polyphonie », écrit Baroni. En examinant différentes
« provocations » que l’on rencontre dans Les Particules élémentaires (1998), il
suggère cependant qu’en dépit de l’indétermination énonciative qui
caractérise les énoncés fictionnels, l’auteur peut tenter de canaliser
l’interprétation en recourant à différentes stratégies textuelles et contextuelles.
En d’autres termes, en jouant sur des scénographies différenciées, certaines
provocations fictionnelles apparaîtraient plus ou moins assumées par un
auteur pas aussi implicite qu’on ne le croirait d’emblée, puisqu’il peut
également commenter publiquement ses romans, voire reprendre à son
compte tel ou tel discours fictif, ou au contraire s’en distancer. Néanmoins, ce
dispositif ne permet pas de canaliser totalement la lecture, et d’autres « cadres
interprétatifs », pour utiliser une notion issue des sciences sociales, demeurent
possibles.
C’est justement sur l’opérativité de cette notion de « cadrage » pour
une réflexion métaherméneutique (c’est-à-dire pour l’étude de la manière

1
Définition tirée du glossaire que l’on trouve sur le site de Dominique Maingueneau. URL :
http://dominique.maingueneau.pagesperso-orange.fr/glossaire.html#Para. Page consultée le
16 août 2016.

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dont nous interprétons les textes) que se concentre l’article de Liesbeth


Korthals Altes. Comme dans les analyses que propose Rabatel, Korthals Altes
éclaire la multiplication des instances d’énonciation – de leurs voix et de leurs
choix, si l’on veut – qui problématisent l’interprétation d’un roman : Sujet
Angot de Christine Angot (1998). L’œuvre, polémique elle aussi, sert de
terrain de discussion pour présenter les thèses défendues dans Ethos and
Narrative Interpretation (2014), où Korthals Altes explore les linéaments de ce
« don particulier d’entendre et de comprendre toutes les voix ensemble » que
reconnaît Bakhtine à Dostoievski (Bakhtine 1970 : 64). Elle se penche ici sur
le rôle joué par l’éthos (de l’écrivain, du narrateur) dans la négociation des
valeurs au sein du discours de fiction, en proposant l’hypothèse « qu’en cas de
brouillage ou de dilemme de cadrage générique et énonciatif, le lecteur se
réfère, entre autres, à l’éthos et à la posture qu’il pense pouvoir attribuer à
l’auteur » (Korthals Altes, ce numéro). L’interprétation des textes où le statut
des voix est problématique place le lecteur au cœur d’interactions entre des
cadres interprétatifs qui dépassent la littérature. Cette herméneutique
convoque d’autres cadres nécessitant de la lecture calculs, positionnements et
« actes de cadrage » personnels et collectifs divers, informés par d’autres
situations d’énonciation, en particulier en face de « points de vue idéologiques
ou éthiques controversés dans l’opinion ». Voix narratives (leur imbrication,
leur crédibilité), points de vue, genre (fiction ou référentialité ?
autobiographie ou autofiction ?), posture d’auteur (ironie ou sincérité ?) : ces
cadrages issus des théories littéraires sont mis en face des « régimes de valeurs
qu’ils impliquent conventionnellement ». Les fictions dont les voix et les
valeurs font procès et relancent l’interprétation désignent, selon Korthals
Altes, la direction que pourrait prendre les recherches narratologiques :

À la lumière de ce que l’on comprend des mécanismes de la production


du sens et des valeurs grâce à la sociologie, à la sémiotique et aux
sciences cognitives, il semble plus prometteur et judicieux de s’attacher
à reconstituer les schémas, en grande partie conventionnels, selon
lesquels des lecteurs font sens à partir des textes.

C’est sur ces « sujets lecteurs » que se penchent Marion Sauvaire et Érick
Falardeau dans leur article, qui présente les résultats d’une étude empirique
visant à observer quelles ressources axiologiques des élèves de lycée (France) et
de cégep (Québec) mettent en œuvre pour interpréter la nouvelle fantastique
« La plage des songes » de Stanley Péan (1998). Il s’agit plus précisément
d’observer comment ces lecteurs en formation « prennent conscience
réflexivement du caractère subjectif de leur lecture et en particulier des
présupposés idéologiques et axiologiques qui influencent leurs
interprétations ». Cette compétence « métaherméneutique », pour reprendre
le terme employé dans ce numéro par Korthals Altes, est analysée dans des
textes réflexifs rédigés par les élèves. Les travaux antérieurs de Sauvaire (2013)
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Langevin et Baroni Introduction

avaient déjà montré l’importance de l’accès à des cadres interprétatifs variés


dans l’interprétation des textes littéraires : « les élèves qui produisent plusieurs
interprétations riches et complexes sont ceux qui mobilisent des ressources de
différents types » (Sauvaire et Falardeau, ce numéro). La nouvelle de Péan
s’inscrit au croisement des diverses poétiques de l’écriture caraïbe québécoise
et de l’indécidabilité caractéristique du fantastique. Elle mobilise chez les
lecteurs en formation des ressources axiologiques en raison de quelques défis
interprétatifs liés aux valeurs motivant l’action du protagoniste (Christian) et
à la crédibilité du point de vue de la narratrice (Évelyne). Or, de façon assez
importante pour ce numéro, Sauvaire et Falardeau montrent que « [p]our
construire du sens, les élèves relient assez spontanément des énoncés à des
instances qui en seraient responsables, l’auteur au premier rang ». Outre cette
interprétation fondée sur une recherche des intentions par un cadrage
auctorial (biographie de l’écrivain) et une identification aux personnages, où
la direction de l’œuvre et les motivations des personnages sont unies par les
notions d’intentionnalité et d’unité, les lecteurs en formation recourent aussi
à des ressources axiologiques personnelles (jugements, valeurs, comportements
exemplaires) afin de donner sens aux actions des personnages. L’apprentissage
de la lecture littéraire « offre une médiation privilégiée pour mettre à distance
de manière critique les normes et les valeurs plus ou moins partagées par une
communauté interprétative ». Autrement dit, l’activité réflexive propre à ce
cadrage énonciatif – la lecture littéraire – suscite un « moment critique » de
mise à distance du texte et une prise de conscience de l’hétérogénéité
énonciative ; la lecture de l’hétérogénéité énonciative permet également aux
apprenants d’appréhender les valeurs en circulation dans l’univers social, au-
delà de leur propre investissement subjectif ou de l’intentionnalité pure.
On ne doit pas se surprendre que de jeunes lecteurs recourent à la
figure de l’auteur et à leurs propres régimes de valeurs pour faire sens de textes
dont les enjeux éthiques sont problématiques. La narratologie s’y égare elle-
même lorsque vient le temps de décrire le récit en suivant un modèle
communicationnel, en particulier en présence de narrateurs non fiables ou
indignes de confiance. La réflexion que présente Frank Wagner, en clôture de
ce numéro, propose un état des lieux des diverses approches de l’« unreliable
narrator », relativement peu discutées dans la critique francophone. Wagner
explore les dimensions sémiotique et pragmatique des critères de repérage, de
« diagnostic » et d’interprétation de la non fiabilité narrative. Le narrateur
non fiable ou indigne de confiance se trouve en effet à la croisée de la
polyphonie (qui parle ?) et des valeurs (qui pense ?), notamment parce que
c’est la valeur du point de vue exprimé qui fait procès. Cet état des lieux nous
guide au cœur du désaccord entre les tenants d’une narratologie immanente
et textualiste, pour laquelle les cadres interprétatifs sont des représentations
textuelles de la communication supposées déclencher des effets déterminés, et
les approches dites cognitives, pour lesquelles les cadres interprétatifs
englobent plus largement l’expérience de lecture elle-même. Les théories de
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l’effet et les théories de la réception correspondent à deux démarches


distinctes, selon Wagner : repérer des indices textuels de non fiabilité et
étudier la façon dont les lecteurs réagissent à ces « signaux » en fonction de
leurs valeurs. Suivant cette approche cognitive, le narrateur non fiable ou
indigne de confiance serait alors non pas un effet du texte (Jouve 2001), mais
une stratégie interprétative disponible, une posture ou une instance mise en
œuvre par la lecture, ce qui n’est pas sans rappeler le décodage de l’ironie (A.
Nünning 1999). Qu’elle soit envisagée comme une mention ou comme un
simulacre, c’est parce que la figure de l’ironie est disponible dans le contexte
qui la voit naître qu’elle peut faire partie des hypothèses interprétatives. Après
un examen de diverses typologies des figures de narrateur non fiable et/ou
indigne de confiance (Mercier et Fortier 2011 ; Langevin 2011), Wagner suit
la piste de l’ironisation – un surplomb des voix – qui peut survenir et être
repérée plus aisément chez les narrateurs homodiégétiques, garants de leurs
propres voix. Mais que faire des narrateurs hétérodiégétiques indignes de
confiance, sinon recourir à la notion de l’auteur impliqué,2 cette image de
l’auctorialité projetée sur une énonciation dite impersonnelle qui dépend de la
bienveillance et de la perspicacité des lectrices et lecteurs ? Séduire et éveiller
le lecteur : il pourrait s’agir là, écrit Wagner, de la convergence des fonctions
du narrateur non fiable dans la littérature contemporaine. Ces
indéterminations sont responsables d’accrochages dans le discours sur les
œuvres des écrivains, elles jouent de cette zone franche où se brouillent
l’origine des voix et leur vectorialité. L’étude des divergences interprétatives
diachroniques (V. Nünning 2004) et synchroniques (Bayard 1998) que
présente Wagner pointe en direction du relativisme dont souhaite aussi se
garder Alain Rabatel dans l’article qui inaugure ce numéro. Tant Rabatel,
Baroni, Korthals Altes que Wagner mettent en œuvre le mode de lecture
bakhtinien, qui consiste à maintenir active l’indétermination des intentions de
l’œuvre, la possibilité qu’entre le projet, sa réalisation et ses interprétations, il
puisse y avoir un espace où le lecteur doit faire des choix.
Les lieux d’indéterminations identifiés par les collaboratrices et les
collaborateurs de ce numéro consacré à la polyphonie ont tous ceci de
commun qu’ils conditionnent « un espace interprétatif en tension » (Baroni
2014 : §17), un « espace d’échange » inclusif ou exclusif (Langevin 2009 :
§21) où l’expérience de lecture est loin d’être une activité passive. Le lecteur
est plutôt invité à construire sa propre Komplementärgeschichte (Stanzel 2004 :
203) autour de l’attribution des voix, des points de vue et des valeurs. Pris
dans les fils de l’intrigue, assujettis à des « cadres herméneutiques »
(Maingueneau 2004 : 56), nous engendrons une « fiction herméneutique »

2
En français, l’« implied reader » de Booth est tantôt traduit par « auteur implicite » (ce qui
semble être la traduction la plus littérale, et c’est d’ailleurs le terme que l’on trouve dans le
seul article de Booth publié en version française dans la revue Poétique) tantôt par « auteur
impliqué » (terme utilisé notamment par Genette dans Nouveau discours du récit).

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(Langevin 2015 : 51) où l’enjeu est un double positionnement : nous devons


d’abord déterminer qui parle, et selon quels points de vue. L’acte interprétatif,
dès lors, nous engage : nous devons nous révéler, nous devons prêter attention
« aux présupposés qui structurent nos interprétations » (Wagner, ce numéro)
lorsque nous choisissons d’entendre telle ou telle voix ou d’adopter tel ou tel
point de vue.

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