عع 1 23
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Tableau 3.2 Les six types de personnaLité de hoLLand et Les groUpes d’aCtivités
professionneLLes
Réaliste Pratique, timide, Travaille avec ses mains, des machines ou des outils ; Travailleur à la chaîne,
matérialiste, stable vise des résultats tangibles. nettoyeur à sec, ingénieur
mécanique
Investigateur Analytique, introverti, Découvre, recueille et analyse des données ; résout Biologiste, dentiste, analyste
réservé, curieux, précis, des problèmes. de systèmes
indépendant
Artiste Créatif, impulsif, idéaliste, Crée de nouveaux produits ou génère de nouvelles Journaliste, architecte,
intuitif, émotif idées, la plupart du temps dans un milieu non directeur de publicité
structuré.
Social Sociable, extraverti, Sert ou aide d’autres personnes ; travaille en équipe. Travailleur social, infirmière,
consciencieux, besoin enseignant, orienteur
d’appartenance
Entrepreneur Confiant, incisif, énergique, Dirige d’autres personnes ; atteint des objectifs grâce Vendeur, courtier, politicien
besoin de pouvoir à d’autres personnes dans un milieu orienté vers les
résultats.
Conventionnel Fiable, discipliné, ordonné, A un travail qui implique la manipulation systématique Comptable, banquier,
pratique, efficace de données ou d’informations. administrateur
Sources : Basé sur D.H. Montross, Z.B. Leibowitz et C.J. Shinkman, Real People, Real Jobs, Palo Alto, Davies-Black, 1995 ; et J.H. Greenhaus, Career Management, Chicago,
Dryden, 1987.
Certaines personnes peuvent être au bon poste, posséder des traits de personnalité
qui leur permettent même d’être efficaces et néanmoins avoir un caractère qui rend
leur fréquentation pénible, pour leur entourage et parfois pour elles-mêmes. Ce sont des
personnalités difficiles.
L’agressif ou le compétitif Arrogant, n’a jamais tort, directi, aime contrôler, dénigre Entraîner ces personnes dans des décisions
autrui ouvertement ou subtilement, bruyant, impatient, sûr d’équipe, exiger d’elles du respect, interrompre
de lui, sarcastique. leurs attaques et être erme.
Le geignard Toujours de mauvaise humeur, se plaint de situations où Orienter les échanges vers la résolution de
il n’apporte par ailleurs pas de solutions, démoralise les problèmes.
autres, blâme autrui indirectement.
L’apathique Se prononce rarement, semble indiérent aux choses et Poser des questions précises et exiger des
aux autres. réponses claires.
Le complaisant Veut plaire à tout le monde et en toutes choses ; évite la Exprimer son appréciation ; établir des
conrontation ; prend des engagements qu’il ne peut tenir. échéances et des objectis précis.
Le négatif Pessimiste envers le travail et l’organisation ; décourage les Exprimer son optimisme sans dire à cette
personnes motivées (« ça ne marchera pas »). personne qu’elle a tort ; utiliser ses ressources.
Le prétentieux Intelligent, mais pense avoir toutes les réponses ; dédaigne Reconnaître les qualités de la personne ;
l’autorité (considérée comme ignorante) ; peut être agréable. l’utiliser là où elle sera le plus eicace.
L’indécis A des diicultés à prendre des décisions, qu’il peut remettre Établir un climat de coniance, d’initiative et de
indéiniment ; appuie celles des autres ; peu airmati. soutien.
Source : Adaptation des synthèses de B.L. Raynes, « Predicting difcult employees : The relationship between vocational interests, sel-esteem, and problem communication styles »,
Applied H.R.M. Research, vol. 6, no 1, 2001, p. 33-66.
mes valeurs est la famille, j’aurais une attitude favorable envers mon entreprise qui a
institué des horaires flexibles pour les parents ou des garderies en milieu de travail. À
l’heure où les citoyens et les employés sont choqués des récentes conduites amorales et
immorales de chefs d’entreprises et de leurs organisations, il faudra aussi examiner la
question des valeurs morales, de l’éthique et de la responsabilité sociale des institutions.
Les vaLeurs
Dans la littérature administrative ou dans l’histoire des sociétés performantes, on men-
tionne aujourd’hui de plus en plus l’importance des valeurs comme guides pour la direc-
tion des entreprises et pour leurs employés. La responsabilité sociale des organisations,
par exemple, est aussi souvent citée comme l’une d’entre elles.
valeurs Croyances stables et Les valeurs sont des croyances stables et durables d’un individu sur ce qui est impor-
durables d’un individu (ou d’une tant pour lui et qui guident jusqu’à ses choix de vie51. Elles gouvernent nos conceptions
société) à propos de ce qui est du bien et du mal. Les valeurs ne représentent pas seulement ce que nous voulons ; elles
important pour lui. indiquent aussi ce que nous « devons » faire.
système de valeurs Hiérarchie L’ensemble de nos valeurs forme une hiérarchie de préférences appelée système de va-
des croyances d’un individu. leurs. Par exemple, les valeurs familiales peuvent être plus importantes que le travail acharné
(autre valeur) chez un employé d’une culture donnée. Chaque individu possède son propre
système de valeurs, qui est créé ou renforcé par l’éducation, le milieu familial, l’appartenance
religieuse, les amis, les expériences personnelles et la société dans laquelle il vit.
La hiérarchie des valeurs d’une personne est stable et permanente. Par exemple, une
étude révèle que les systèmes de valeurs d’un échantillon d’adolescents étaient demeurés
Chapitre 3 La personnalité, les valeurs, l’éthique et les attitudes 103
remarquablement similaires vingt ans plus tard52. Les valeurs sont importantes parce qu’elles
exercent une profonde influence sur plusieurs aspects de la vie au sein de l’organisation :
les perceptions, la prise de décision, le comportement des dirigeants d’entreprise, la citoyen-
neté organisationnelle, l’éthique et les transactions avec d’autres cultures53, etc.
Stimulation Bienveillance
Conformisme
Hédonisme Tradition
Accomplissement
Sécurité
Valorisation de soi Continuité
Pouvoir
Source : S.H. Swartz, « Universals in the content and structure of values : Theorical advances and empirical tests in 20 countries »,
Advances in experimental social psychology, vol. 25, 1992, p. 1-65 ; S.H. Swartz et G. Sagie, « Values consensus and importance : A
cross national study », Journal of cross-cultural psychology, vol. 31, juillet 2000, p. 465-497.
104 partie 2 Le comportement individuel
Une étude mondiale rapporte que seulement 55 % des employés pensent que la haute
direction agit conformément aux valeurs essentielles de l’entreprise61.
Un troisième type de convergence est celle qui survient entre les valeurs de l’entreprise
et celles de la communauté où elle exerce ses activités62. Par exemple, une entreprise qui
essaie d’imposer sa culture à un pays où elle fait affaire risque de rencontrer de nom-
breux problèmes, voire des conflits avec la communauté environnante, comme le
montrent les déboires de Toys R Us en Suède (voir la rubrique Autour du globe 3.1). Nous
U Lbe 3.1
aUtUr
• 94 % des 1 943 étudiants au MBA au Canada, aux États-Unis et en • 83 % des employés des 10 « meilleurs employeurs » canadiens
Grande-Bretagne pensent que des confits entre leurs obligations pro- disent que leurs valeurs personnelles coïncident avec celles de leur
essionnelles et leurs valeurs personnelles seraient une source de stress. organisation.
• 65 % des 1 508 employés canadiens interrogés pensent qu’il y a une • 36 % seulement des employés des 10 entreprises au dernier rang
discordance entre les valeurs de leur employeur et les leurs. du classement des « meilleurs employeurs » disent que leurs valeurs
• 83 % des 1 943 étudiants au MBA, au Canada, en Grande-Bretagne et coïncident avec celles de leur organisation.
aux États-Unis pensent que leurs obligations proessionnelles et leurs
valeurs personnelles sont parois en confit.
reviendrons au chapitre 15 sur cette question des valeurs à travers le prisme de la culture
des entreprises nationales et internationales.
On peut voir dans l’encadré 3.2 à quel point les divergences de valeurs peuvent être
courantes.
Faut-il comprendre que les organisations les plus prospères font en sorte d’harmoniser
parfaitement leurs valeurs et celles de leurs employés ? Ce serait souhaitable, mais
jusqu’à un certain degré seulement. En effet, comme nous le verrons au chapitre 8, les
employés qui nourrissent des valeurs divergentes apportent des points de vue différents,
voire des conflits constructifs. De plus, une convergence trop grande risque de créer un
« culte d’entreprise » qui peut finir par saper la créativité, la souplesse organisationnelle
et même l’éthique64.
Caractéristiques de la Caractéristiques
Contexte
problématique éthique des personnes
Comportement éthique
• Ce comportement tient
compte des trois facteurs
ci-dessus.
pour résoudre le problème. Voler son employeur est généralement considéré comme un
problème d’une grande intensité morale, tandis qu’utiliser un stylo de la société pour
son usage personnel est un acte beaucoup plus bénin. L’intensité morale perçue d’un
problème dépend de plusieurs facteurs :
• le problème entraîne clairement de grandes conséquences, positives ou négatives ;
• plusieurs membres de la société jugeront de ce qui est bon ou mauvais ;
• le décideur se sent concerné par le problème et il a une certaine influence sur la
situation ;
• plusieurs personnes seront affectées par la décision.
intensité morale Mesure Même si un problème possède une forte intensité morale, il est possible que certains
dans laquelle un problème exige employés dotés d’une faible sensibilité éthique ne reconnaissent pas son importance.
l’application de principes moraux. La sensibilité éthique est une caractéristique personnelle qui permet de recon-
naître l’existence et l’importance relative d’un problème d’ordre moral 72. Les per-
sensibilité éthique
sonnes pourvues de sensibilité éthique n’ont pas nécessairement un comportement
Caractéristique personnelle
plus responsable que les autres. Cependant, elles peuvent déterminer si un problème
qui permet à une personne
est d’ordre moral et évaluer avec justesse son intensité morale. En général, elles
de reconnaître l’existence et
font preuve d’une plus grande empathie. Dans une situation donnée, elles peuvent
l’importance relative d’un
également détenir plus d’information sur le sujet. Par exemple, les comptables mani-
problème d’ordre moral.
festent une plus grande sensibilité éthique à l’égard des opérations comptables que
les profanes.
Un autre facteur qui pousse les gens à commettre des actes non éthiques est la baisse
de la vigilance à cet effet. On ne pense pas toujours consciemment que l’on s’engage
dans cette voie, car nous agissons souvent de façon automatique, sans nous poser de
questions sur l’intensité morale d’une décision73. Par exemple, l’employé ne remet pas
en question des façons de faire son travail, car il présume que ses chefs les ont déjà
avalisées en fonction de l’éthique. Cependant, une des plus grandes fraudes comptables
a été précisément commise par le vice-président aux finances d’une grande entreprise,
personne hautement respectée dans l’industrie74 !
Les caractéristiques des personnes Une conduite éthique dépend aussi de la person-
nalité des individus. La littérature à ce sujet mentionne deux facteurs pertinents : le lieu
de contrôle et le stade de développement moral.
Chapitre 3 La personnalité, les valeurs, l’éthique et les attitudes 109
Postconventionnel
Préconventionnel
Source : Adapté de L. Kohlberg, « Moral stages and moralization : The cognitive-developmental approach », dans T. Lickona (éd.), Moral
development and behavior : Theory, research, and social issues, New York, Holt, Rinehart et Winston, 1976, p. 34-35. Librement traduit
de S. Robbins, Organizational behavior, 5e édition canadienne, Pearson Canada, 2010, p. 472.
110 partie 2 Le comportement individuel
Une étude ranco-américaine ébranle une perception répandue selon idées innovantes pour améliorer la productivité, écrit-on. Les contacts entre
laquelle respecter des critères environnementaux pourrait réduire la pro- employés peuvent (aussi) améliorer leur satisaction et leur motivation. »
ductivité. Ce serait plutôt… l’inverse.
Un cercle vertueux
Les employés d’entreprises « vertes » sont 16 % plus productis que la
Le ait d’être une entreprise « verte » acilite aussi le recrutement, selon
moyenne, conclut une étude signée par Magali Delmas, proesseure à
Mme Delmas. Elle cite l’exemple du manuacturier caliornien d’équipement de
l’école de gestion de l’Université de Caliornie à Los Angeles. Mme Delmas,
plein air Patagonia, qui recueille 900 candidatures pour chaque poste oert,
d’origine rançaise, et sa collègue Sanja Pekovic, de l’Université Paris-
ce qui lui permet de sélectionner des candidats de premier ordre. « Du coup,
Dauphine, ont tiré leur conclusion des résultats d’un sondage rempli en
poursuit-elle, ceux-ci sont plus productis, les relations interpersonnelles dans
2006 par plus de 7 700 entreprises rançaises privées comptant au moins
l’entreprise sont meilleures, ils sont plus motivés… C’est un cercle vertueux. »
20 employés. Elles en ont conservé 5 220 et ont scruté plus attentivement
les réponses de plus de 10 000 de leurs employés. La grande question est touteois de savoir si ces entreprises sont plus pro-
ductives parce qu’elles sont vertes ou si elles sont vertes parce qu’elles sont
Par des procédés mathématiques avancés, les deux chercheuses ont
plus productives. Lequel est venu en premier ? « On ne le sait pas, car notre
isolé une multitude de acteurs qui auraient également pu aecter la pro-
étude est ondée sur les données d’une seule année, reconnaît Mme Delmas.
ductivité : le nombre d’heures travaillées, le nombre d’employés, les reve-
On ne peut savoir quelle ormation avait été dispensée avant, par exemple. »
nus de l’entreprise, ses exportations, son secteur d’activité, le sexe des
employés, etc. L’écart de productivité de 16 % à l’avantage des entre- Dans les circonstances, un gestionnaire d’une entreprise « non verte » qui
prises vertes a été calculé en excluant tous ces critères. Une méthode lirait ces résultats devrait-il être incité à adopter l’une de ces certifca-
diérente afchait un accroissement de la productivité de 21 %, mais les tions dans l’espoir de voir sa productivité augmenter ? Mme Delmas hésite.
auteures ont prééré l’option conservatrice. « Ça ne peut pas nuire, dit-elle. Très clairement, il y a dans les entreprises
vertes des systèmes de gestion sophistiqués et des mécanismes qui ont
Trois raisons que les employés sont plus motivés, qu’on attire les meilleurs, etc. Le
« Notre thèse principale, à savoir que les entreprises vertes étaient asso- cercle vertueux doit commencer quelque part. »
ciées à de meilleurs taux de productivité du travail, est confrmée par nos
résultats », écrivent les chercheuses. Elles avancent pour cela au moins
trois raisons.
Premièrement, les auteures avancent que le ait de travailler dans une
entreprise verte crée « une association émotionnelle plus orte entre
les employés et l’entreprise », laquelle se traduirait en une plus grande
productivité du travail. Leur deuxième hypothèse est plus concrète. Les
chercheuses ont considéré comme « vertes » les entreprises dotées de la
certifcation ISO 14001 ou encore d’étiquettes telles que « bio » et « com-
merce équitable ». Or, dans la plupart des cas, le processus de certifca-
tion ou d’obtention de ces étiquettes implique des séances de ormation
du personnel qui ont un eet direct sur la productivité.
Finalement, l’adoption de ces normes suppose généralement une
meilleure communication entre les employés, « ne serait-ce que parce
que les responsables de diérents services doivent se parler et travailler
ensemble », explique au téléphone Mme Delmas. « Les relations interper-
sonnelles et la communication entre employés avec des habiletés dié-
rentes acilitent les échanges de connaissances et peuvent mener à des
Engagement
organisationnel
Catégories
Satisfaction d’attitudes Implication
au travail au travail de l'employé
Préjugé
(attitude
négative)
114 partie 2 Le comportement individuel
Environnement perçu
Croyances
(composante
cognitive)
Sentiments Réactions
Attitude
(composante affective) émotionnelles
Intention
d’agir
Comportement
Chapitre 3 La personnalité, les valeurs, l’éthique et les attitudes 115
pas, car ce comportement est inadmissible (norme) et si vous le faisiez, vous risqueriez
d’être sanctionné pour cause de discrimination. Les intentions sont également soumises
aux contraintes (réelles ou supposées) perçues par la personne (dans notre exemple, ce
pourrait être le fait que le processus de sélection soit mené par plusieurs personnes).
Le phénomène psychologique de la dissonance cognitive permet de mieux com-
prendre la relation entre les attitudes et le comportement.
La dissonance cognitive
OA6 C’est le psychologue Leon Festinger qui a introduit cette notion de dissonance cogni-
tive99. Il y a dissonance cognitive lorsqu’une personne perçoit une incohérence, une
dissonance cognitive contradiction ou une incompatibilité entre ses attitudes ou entre ses croyances, ses sen-
Contradiction perçue, d’une part, timents et ses comportements. Cette contradiction crée une tension désagréable qu’on
entre les attitudes et, d’autre cherche à atténuer en modifiant l’attitude générale ou l’un de ces facteurs. Prenons le
part, entre les attitudes et le cas d’Emmanuelle, qui travaille pour ce patron dont elle apprend qu’il n’est pas favo-
comportement. rable au recrutement de jeunes femmes, ce qu’elle réprouve fortement. Pourtant, elle
trouve que c’est un bon patron. Cette discordance de points de vue pourra entraîner
une modification de comportement chez elle visant à réduire la dissonance : elle peut
convaincre son chef d’agir autrement, ou encore changer de poste. Si cela lui est difficile
pour plusieurs raisons (dont les motifs d’ordre économique), elle peut aussi justifier la
situation pour réduire la dissonance : « Le chef est d’une autre génération et il ne peut
comprendre que les choses ont évolué. » Elle peut enfin modifier ses sentiments et ses
croyances en se disant qu’elle est bien payée grâce à lui (et à son travail) et que ce n’est
pas si important que ça, que les gens exagèrent, etc.
Les attitudes sont relativement persistantes, mais elles sont modifiables. Les attitudes
liées au travail ont fait l’objet de nombreuses recherches, du fait qu’elles produisent plu-
sieurs effets (positifs ou négatifs) en entreprise : performance, absentéisme, roulement
du personnel, etc. Parmi les attitudes les plus étudiées en comportement organisation-
nel se trouve la satisfaction au travail, qui fait l’objet de la prochaine section.
La satisfaCtiOn au travaiL
satisfaction au travail La satisfaction au travail décrit l’attitude (positive ou négative) d’une personne à l’égard
Attitude d’une personne à l’égard de son emploi et de son milieu de travail. C’est probablement l’attitude la plus étudiée
de son emploi et de son milieu de en psychologie du travail100. Il s’agit essentiellement d’une évaluation, d’un jugement sur
travail. les caractéristiques de l’emploi, les conditions de travail et les expériences marquantes
dans le milieu de travail. Chez les employés satisfaits, cette évaluation, fondée sur leurs
observations et leurs expériences affectives, est plutôt favorable. En fait, la satisfaction
au travail est un ensemble d’attitudes à l’égard de certains aspects précis du travail.
Par exemple, une personne peut être satisfaite de ses relations avec ses collègues, mais
moins apprécier la charge de travail ou d’autres facettes de l’emploi. Pour la plupart
d’entre nous, la satisfaction au travail est une partie importante de notre vie.
Les employés sont-ils satisfaits au travail ? Cela dépend des personnes, de l’employeur et
du pays. Des enquêtes globales indiquent de façon constante que la satisfaction au travail
est plus élevée au Danemark et dans les pays scandinaves (Suède, Norvège et Finlande), en
Inde et aux États-Unis. Les indices les plus bas de satisfaction se retrouvent dans plusieurs
pays asiatiques101 (la Chine et la Corée du Sud). La satisfaction au Canada est en général
plus élevée qu’ailleurs dans le monde (bien que 40 % seulement de Canadiens se disent très
satisfaits de leur emploi), mais inférieure à celle des États-Unis102 (47 % des États-Uniens
se disent très satisfaits). Au Québec, un sondage révèle que plus de 9 travailleurs sur 10 se
disent satisfaits de leur travail actuel, 50 % se disant très satisfaits et 42 %, satisfaits. Aussi,
90 à 95 % des sujets se disent motivés par leur travail et la même proportion de personnes
affirme trouver un sentiment d’accomplissement personnel dans leur emploi103.
Ces résultats signifient-ils que nous sommes satisfaits de notre travail ? Peut-être bien,
mais sans doute pas autant que les statistiques le laissent croire. Le problème est que
les sondages se composent souvent d’une seule question directe telle que : « Dans quelle
mesure êtes-vous satisfait de votre travail ? » Or, de nombreux employés mécontents
116 partie 2 Le comportement individuel
hésitent à révéler leurs sentiments en répondant à une question ainsi formulée. En effet,
une réponse négative reviendrait à admettre qu’ils ont mal choisi leur emploi et qu’ils
n’éprouvent pas de plaisir dans la vie.
Comment peut-on savoir si les taux globaux de satisfaction ont été surestimés ? En
voici un indice : alors que la plupart des employés canadiens se disent satisfaits au tra-
vail, la moitié d’entre eux répondent qu’ils quitteraient leur emploi si une autre organi-
sation leur offrait un emploi semblable avec un salaire légèrement plus élevé104.
Il faut aussi garder à l’esprit que les valeurs culturelles compliquent la comparaison
de la satisfaction au travail d’un pays à l’autre. Par exemple, les Chinois, les Sud-Coréens
et les Japonais ont tendance à dissimuler leurs émotions en public ; aussi ils évitent sans
doute les réponses extrêmes comme « très satisfait105 ».
Donner aux employés des tâches qui représentent un défi, qui requièrent
leurs compétences et correspondent à leurs intérêts.
Comment susciter
la satisfaction Établir un milieu de travail sain, c’est-à-dire sécuritaire,
au travail ? confortable et commode.
Des employés heureux = une entreprise plus riche ? Il a procédé le plus simplement du monde pour en avoir une idée. Il a tout
d’abord mis la main sur la liste des « 100 Best Compagnies to Work or in
Quand un employé est épanoui dans son travail, il est toujours plus peror-
America », de 1984 à 2009. Cette liste est publiée chaque année depuis
mant. Il y a des études à la pelle qui le démontrent. Mais peut-on pousser
1998 par le magazine Fortune. Elle est établie à partir de questionnaires
le raisonnement plus loin ? Oui. Peut-on armer que des employés heu-
soumis à toutes sortes d’employés et comporte donc un grand nombre
reux rendent automatiquement l’entreprise plus perormante, et même
de questions permettant d’évaluer le niveau de satisaction au travail de
plus rentable ? Impossible à dire, pensez-vous probablement. Eh bien si,
ceux-ci. À noter que, selon l’institut qui dresse cette liste, un « lieu de tra-
la réponse existe. Je l’ai dénichée dans une étude passionnante intitulée
vail agréable » est caractérisé par le ait que « les employés ont conance
The link between job satisaction and frm value, with implications or
envers les personnes pour lesquelles ils travaillent, sont ers de ce qu’ils
corporate social responsability, signée par Alex Edmans, proesseur de
ont et apprécient leurs collègues ».
nance à Wharton. Et elle a des implications intéressantes en matière
de management… Puis, il a compilé tous les résultats mensuels des titres boursiers des
entreprises gurant dans le palmarès de Fortune. Et ce, entre 1984 et
Ainsi, le proesseur de nance a eu la curiosité de se demander si le
2009. Enn, il a regardé s’il y avait une corrélation entre les deux banques
niveau de satisaction des employés pouvait avoir un impact direct sur
de données. C’est-à-dire qu’il a scruté à la loupe si, quand le niveau de
la valeur du titre boursier de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. S’ils
satisaction des employés d’une entreprise bougeait, la valeur du titre
sont globalement heureux, le titre grimpe-t-il en Bourse ? Et inversement,
coté en Bourse évoluait systématiquement dans le même sens.
s’ils sont maussades au travail, le titre a-t-il tendance à reculer ?
Résultat ? Son intuition avait visé dans le mille ! Oui, il y a corrélation : des
employés heureux entraînent une hausse de la valeur de l’action de l’entre-
prise. Le chercheur est même allé plus loin, en comparant la perormance
boursière des entreprises du palmarès de Fortune à d’autres comparables
qui n’y étaient pas. Et il a découvert que celles du «100 Best» voyaient en
moyenne leur titre boursier croître chaque année de 2,4 à 3,7 points de
pourcentage de plus que les autres. Une diérence majeure. M. Edmans
ne s’est pas contenté de ces résultats bruts. Il a tenu à vérier par ailleurs
que cette corrélation n’était pas le ruit du hasard, qu’elle était bel et bien
réelle […]. On peut par conséquent armer (selon lui) sans se tromper
que des employés heureux entraînent toujours des actionnaires heureux !
Le proesseur de Wharton a enn réféchi aux implications de sa décou-
verte pour ceux qui dirigent l’entreprise, en particulier pour les managers.
Il en a identié trois : rendre les employés heureux au travail, miser sur
la responsabilité sociale de l’entreprise et viser le long terme en aaires.
Une deuxième raison tient au fait qu’un bon rendement engendre de la satisfaction
au travail (plutôt que l’inverse), mais seulement quand ce rendement est lié à des récom-
penses appréciées121. Le lien entre la satisfaction au travail et le rendement demeure
faible également parce que de nombreuses organisations ne récompensent pas toujours
la performance.
La troisième raison est liée au fait que la variation de la performance peut dépendre
de causes autres que la satisfaction au travail de l’individu : variations économiques
(comme à la bourse), améliorations de la machinerie ou des structures, etc. Le lien entre
la satisfaction au travail et la performance est généralement plus fort dans les emplois
complexes où les employés disposent d’autonomie122.
L’engagement OrganisatiOnneL
OA8 Vers le milieu des années 1800, Samuel Cunard fondait Cunard Lines, la meilleure flotte
de paquebots ayant jamais sillonné l’océan Atlantique. Ce Néo-Écossais plein d’entrain
a réussi à rendre le transport par bateau fiable et sûr, bien avant qu’on ait cru cela pos-
sible. Pour ce faire, il utilisa les meilleurs navires et il tria sur le volet ses officiers et
ses équipages. Il fit passer la sécurité avant le profit et, en suivant les conseils de ses
experts, il profita des plus récentes innovations techniques. Par-dessus tout, Samuel
Cunard s’appuyait sur la conviction, peut-être démodée, qu’en choisissant les bonnes
engagement organisationnel personnes, en leur versant un salaire décent et en les traitant bien, celles-ci le rendraient
Attitude qui reflète la force en loyauté et en fierté125.
du lien entre l’employé et son Près de 150 ans plus tard, les hypothèses de Samuel Cunard sur l’engagement
organisation. organisationnel ont été solidement étayées par les recherches sur le comportement
Étant donné sa complexité, la satisaction au travail est un concept di- qui appréhende également divers aspects du travail127. L’avantage de ces
cile à saisir. Mais elle est d’une importance cruciale quant à son infuence questionnaires est qu’ils peuvent être administrés rapidement et qu’ils
sur les comportements proessionnels et l’ecacité de l’entreprise. Cette orent des normes de satisaction pour plusieurs corps d’emploi.
attitude peut être mesurée à l’aide de divers instruments, notamment
des questionnaires et des incidents critiques. Un des instruments de La technique de l’incident critique consiste à aire relater par les employés
mesure de la satisaction au travail les plus populaires est le JDI (ou des situations où ils se sont sentis particulièrement satisaits ou insa-
Job Descriptive Index), qui sonde l’opinion des employés sur le travail tisaits (c’est la technique utilisée par Herzberg). L’entrevue (y compris
lui-même, ainsi que sur la paie, les possibilités de développement, le type celle de départ) est une technique qui privilégie le dialogue direct et qui
de supervision et les collègues. Cet instrument s’est avéré able126. Un est riche en enseignement pour détecter les causes de satisaction ou
autre outil bien connu est le Minnesota Satisfaction Questionnaire (MSQ), d’insatisaction.
75 %
65 %
60 %
60 %
53 %
45 % 47 %
45 %
43 %
40 %
38 %
36 %
30 %
25 %
15 %
0%
Hongrie Moyenne Singapour Royaume Moyenne Canada Moyenne Chine Inde Pologne
Europe -Uni globale Asie
Pays sondés*
* Plus de 134 000 personnes dans 29 pays ont fait l’objet de cette enquête menée par Kelly Services en 2009-2010.
Chapitre 3 La personnalité, les valeurs, l’éthique et les attitudes 121
la loyauté des employés s’accroît si ces derniers sont tenus informés de ce qui se
passe dans l’entreprise (buts, projets, etc.) et qu’ils ont la possibilité d’interagir avec
des collègues de l’ensemble de l’organisation139,140.
• La participation des employés. Les employés ont l’impression de faire partie de
l’organisation quand ils participent aux décisions qui déterminent l’avenir de celle-
ci. De plus, en faisant participer les employés, l’entreprise démontre qu’elle leur fait
confiance, et cela a un impact direct sur leur loyauté141.
confiance Conviction qu’un • Faire confiance aux employés. Faire confiance, c’est être convaincu qu’autrui (organi-
tiers ne nuira pas à nos intérêts sations ou personnes) ne nuira pas à nos intérêts. Nous avons confiance quand nous
en fonction d’accords tacites ou avons des attentes positives par rapport aux intentions et aux actions de l’autre partie
explicites. à notre égard, et plus encore dans des situations menaçantes142. Il s’agit aussi d’une
relation réciproque. Pour gagner la confiance des autres, il faut leur faire confiance.
La confiance joue un rôle crucial dans l’engagement organisationnel, parce qu’elle est
au cœur de la relation employeur-employé. Les employés s’identifient à une organisa-
tion et se sentent tenus de travailler pour elle seulement s’ils font confiance à leurs
dirigeants.
contrat psychologique • Le respect du contrat psychologique. Le contrat psychologique renvoie aux
Croyances d’une personne en croyances de l’employé concernant les obligations réciproques entre lui et son organi-
ce qui concerne les modalités sation (par exemple, celles qui concernent les rôles, les rétributions, l’adhésion aux
et les conditions d’une entente valeurs proclamées, et notamment la sécurité d’emploi, etc.). S’il y a non-respect ou
réciproque entre elle-même et violation du contrat psychologique, l’engagement organisationnel risque d’être forte-
une autre partie. ment touché et de diminuer.
Comme le contrat psychologique repose surtout sur des perceptions, des attentes
et souvent des non-dits, la compréhension de celui-ci peut différer d’un individu à
l’autre. Par exemple, le passage soudain de Richard Dufresne, ex-numéro 2 de la chaîne
d’alimentation Métro, chez son plus grand concurrent Loblaws, en tant que chef de
la direction financière, a fait couler beaucoup d’encre. Il n’aurait donné aucun préa-
vis pour accepter l’offre de George Weston limitée, propriétaire de Loblaws. Peut-on
parler, dans ce cas particulier, de rupture d’un contrat psychologique de la part de ce
cadre ?
Il existe au moins deux types de contrats psychologiques : le contrat transactionnel
et le contrat relationnel143. Le contrat transactionnel repose surtout sur des accords
économiques et des obligations formelles réciproques entre les deux parties. Le contrat
relationnel est une entente à long terme, tacite et explicite à la fois. Il englobe une vaste
gamme d’obligations et d’attentes réciproques, au-delà des considérations économiques.
Les employés démontrent alors un engagement normatif (moral) et des comportements
relevant de la citoyenneté organisationnelle. Selon une étude canadienne, un engage-
ment de continuité de la part des employés est lié à la perception d’un contrat transac-
tionnel, tandis qu’un engagement de type affectif est associé à un contrat psychologique
relationnel144. Les contrats psychologiques changent en fonction des cultures nationales
et de l’évolution des valeurs de la main-d’œuvre. Par exemple, les jeunes travailleurs
canadiens ne s’attendent plus à un contrat à vie avec l’employeur, pas plus qu’ils ne
veulent s’engager jusqu’à leur retraite envers l’entreprise. Une étude de Towers Watson
publiée en juillet 2012 montre que 67 % des Canadiens ne s’engagent pas complètement
dans leur travail parce que l’employeur ne remplit pas ses promesses145.
On peut se questionner quant à la tendance de certaines entreprises à soutenir
par-dessus tout l’engagement de continuité. En effet, de nombreuses entreprises lient
leurs employés financièrement à l’organisation en leur offrant des prêts à faible taux
d’intérêt et des options d’achat d’actions. Ces « menottes en or » sont efficaces pour
diminuer le roulement, mais elles favorisent aussi l’engagement de continuité plutôt que
l’engagement affectif146.
Enfin, l’engagement organisationnel poussé à l’extrême peut avoir certains effets
négatifs. En effet, la loyauté organisationnelle entraîne une baisse du roulement de la
main-d’œuvre, ce qui limite l’apport de nouvelles connaissances et d’idées originales
qui découlent de l’embauche de nouveaux employés. De plus, la loyauté engendre le